X27 - ESG - Soins 2022-2023 - 2b

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ELÉMENTS DE SOINS GÉRIATRIQUES - ESG:


PARTIE ASPECTS MÉDICAUX
SYLLABUS 2022-2023

par Dr Fernand STIEVENART

Avec le soutien de

COPYRIGHT IFAPME Syll ESG –Dr STIEVENART 1

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.1


Table des matières
Préambule.......................................................................................................................................... 3
Audition...............................................................................................................................................4
La Vue – prévention et dépistage des pathologies oculaires......... ................................................. 6
La santé Bucco-dentaire chez les personnes âgées............................................................................8
Chutes de la personne âgée ...................................................................................................... 10
Etat Confusionnel agitation..............................................................................................................13
Démences chez le sujet âgé.............................................................................................................15
Dénutrition:............................................................................................................................... .......20
Dépression ................................................................................................................................. 25
Déshydratation et coup de chaleur................................................ ........................................... ......27
Diabète............................................................................................................................................. 29
Douleur des personnes âgées ...................................................................................................... 32
Dysphagie, les troubles de la déglutition et les fausses routes.......................................................36
Escarres de la personne âgée, prévention........................................................................................38
Fragilité et particularités du patient âgé ........................................................................................ 41
Hygiène dans les soins, recommandations générales......................................................................45
Iatrogénie..........................................................................................................................................50
Immobilisation – Effets et conséquences.........................................................................................51
Mourir accompagné......................................................................................................................... 53
Infections dans les soins, la grave réalité. .......................................................................................55
Ostéoporose et fractures................................................................................................................. 55
Maladie de Parkinson et Maladie neurodégénérative.............................................................. 57
Prévention, vaccination 59
Prurit chez les personnes âgées.......................................................................................................61
Soins palliatifs...................................................................................................................................64
Covid-19, Épidémies et maladies infectieuses 65

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Préambule

Votre formation de directeurs de maisons de repos et soins sollicite la rigueur, en


témoignent les matières, comptabilité, financement des soins, droit et réglementation.
Que vient faire un cours d’éléments de soins gériatriques dans ce programme ? Des
directeurs non soignants sont-ils concernés par la santé des résidents ?
Notre responsabilité, quel que soit notre titre ou notre fonction dans ce secteur, touche
au bien-être de la personne âgée, son autonomie, la préservation de sa santé, sa sécurité.
Nous pourrons en être les garants grâce à une bonne équipe, la confiance et la
collaboration des proches, le respect de la réglementation et de la législation. Notre
regard empathique sur la personne âgée que nous croisons au quotidien y participera
tout autant. Essayons pour chaque résident qui se trouve devant nous de voir, au-delà de
la personne abîmée par le temps et les maladies, la personne qu’elle fut et qu’elle est
toujours. En la sollicitant dans toute sa personnalité, nous lui maintenons son humanité
et sa dignité d’être humain. Cette attitude ne prend pas de temps, elle ne coûte pas.
Assortie de votre sourire, elle convoquera toute l’équipe dans une relation positive à la
personne âgée.
Des soignants, nous devons apprécier le travail exigeant, le savoir-faire, le savoir-être et
le savoir-vivre ensemble qui peut générer des synergies insoupçonnables. Nous savons
que la formation permanente enrichit leurs connaissances, nourrit leur motivation et
soutient l’action qu’ils assument, quotidiennement, avec humilité, souvent avec peu de
reconnaissance, au nom de la dignité humaine. Sachons aussi leur octroyer le temps de
parler, d’échanger des informations médicales et relationnelles qui comptent beaucoup
pour eux et l’équilibre de l’équipe.
Les proches du résident sont devenus acteurs et parties prenantes du projet de soins
centré sur le résident. Ils nourrissent le lien social indispensable à la qualité de vie dans le
grand-âge. Le proche accompagne, aide, soulage, ce qui lui confère respect et dignité. La
souffrance des proches, la pénibilité de leur situation doit être prise en considération.
Nous les accompagnerons dans le deuil lors du décès de leur parent.
Le maintien de la santé dans le grand âge déborde du cadre médical, il inclut la prise en
compte des dimensions médicale, psychologique et sociale.
La prévention est souvent une question d’attention à la portée de tous. La prévention est
essentielle pour le maintien de la santé fragile et de l’autonomie des personnes âgées, agir
vite en cas de maladie préviendra les complications au bénéfice du bien être. La prévention
des accidents, des chutes, de l’inconfort d’un résident, une exposition accidentelle au froid
ou à la chaleur excessive se maîtrisent par une attention à la portée de chacun. L’hygiène
dans les soins et la sécurité alimentaire demandent quelques connaissances acquises
durant la formation et de la vigilance à notre portée aussi.
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La fin de la vie sollicite maintes compétences, une culture de responsabilité partagée,
d’entraide et d’écoute envers le résident, sa famille et l’équipe pluridisciplinaire qui les
accompagne. Ici encore, l’attention à la personne malade, le respect de sa liberté, la
sollicitude dans le soin sont accessibles à tous.
Notre mission d’accompagnement des personnes âgées touche à l’essentiel, la vie, la mort
et le sens de notre existence. Elle en appelle à l’estime et à la reconnaissance du travail
des soignants qui donnent sens à la vie malgré l’absurde de la souffrance qui l’écrase, qui
honorent l’humanité des personnes malgré leur image altérée au point que parfois elles
évitent le regard des autres. Face à la maladie qui dévoile la précarité de la vie, les
soignants découvrent parfois la grandeur de certains, plus grands que ce que nous savons
d’eux.
Nous en appelons au respect et à l’encouragement de l’accompagnement des proches, à
la sollicitude envers les résidents et à mettre de la vie à la vie jusqu’au dernier souffle.

Audition
Parmi les déficiences chroniques des pays industrialisés, l’atteinte auditive est la plus
fréquente. La difficulté à comprendre la parole dans le bruit est le premier déficit auditif
perceptible lié à l’âge, l’audiométrie est encore normale à ce stade. Les lésions les plus
précoces, entraînant une perte auditive, semblent commencer par une atteinte de la
micro-vascularisation de l’oreille interne. Ce constat permet de comprendre la relation
fréquente entre surdité et un mauvais état vasculaire général comme chez le diabétique.
La compensation précoce d’une presbyacousie, la forme la plus fréquente d’atteinte
auditive avec l’âge, protège contre l’évolution vers une maladie d’Alzheimer. La difficulté
à comprendre la parole dans le bruit pourrait être un marqueur prédictif d’une future
altération cognitive. La perte acoustique concerne d’abord les fréquences élevées, le
début est insidieux, ces patients comprennent mieux les hommes que les femmes.

Impact de la presbyacousie.
Lorsqu’elle est importante, elle constitue un handicap majeur par ses répercussions
somatiques, fonctionnelles et sociales. Elle prive de communication celui qui en est atteint,
l’isole de ceux qui l’entourent lorsqu’elle n’est pas appareillée. Après un désintérêt pour
les conversations de groupe viendront des difficultés à comprendre certains
interlocuteurs. Le repli social s’installe insidieusement. Vient alors la résignation, le sujet
considère comme normal de ne plus participer, même s’il y ressent une injustice. Les
proches diront qu’il n’entend que ce qu’il veut. En réalité, il ne comprend que lorsque son
attention est fixée mais cela lui est devenu difficile. Il doit faire un effort pour participer.
La détérioration des facultés intellectuelles suivra inéluctablement. Un patient sourd
atteint d’une altération des fonctions cognitives va se dégrader plus rapidement qu’un
patient avec un MMSE comparable mais non sourd. Le déclin cognitif sera atténué si le
patient est correctement appareillé.
Le retentissement social est considérable, les visites se raréfient. La famille perd patience
à force de répéter ce dont le malentendant va également souffrir. Si le malentendant vit
seul, il est facilement en danger en ne percevant pas des signaux d’alerte, téléphone,
sonnette, détecteur d’incendie, intrusion hostile. L’institutionnalisation s’impose.
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La prévention des complications.
Dans ce contexte la prévention est fort importante.
La prévention primaire concerne les personnes qui ont une acuité auditive normale et
qui sont exposées à des risques modifiables tels que l’exposition au bruit ou une
mauvaise hygiène de vie par exemple.
La prévention secondaire concerne celles dont la perception de la parole dans le bruit est
difficile, y remédier sans tarder aura un effet préventif très important, nous le verrons.
La prévention tertiaire concerne les personnes déjà atteintes de surdité : l’appareillage
doit être précoce afin de maintenir une vie familiale et sociale la plus normale possible.
Au-delà des effets bénéfiques sur la fonction auditive et leur vie sociale, les patients
appareillés sans retard bénéficieront d’une protection des fonctions cognitives. La
compensation précoce d’une presbyacousie, la forme la plus fréquente d’atteinte auditive
avec l’âge, sert de protection contre l’évolution vers une maladie d’Alzheimer. La difficulté
à comprendre la parole dans le bruit pourrait être un marqueur prédictif d’une future
altération cognitive.

L’appareillage précoce.
C’est un choix essentiel pour lorsque le patient constate la dégradation de sa
compréhension. A défaut, le cerveau moins plastique chez la personne âgée et sous stimulé
pour la fonction auditive va la perdre. La fonction entretient l’organe, la fonction non
utilisée se perd et il est plus facile de prévenir que de guérir. Grâce à la prothèse auditive
régulièrement portée, le cerveau est aussi stimulé régulièrement, il peut à nouveau trier
les bruits correctement et la vie sociale retrouve ses saveurs et ses joies. Même si la
réhabilitation ne peut être complète ce dont le patient doit être informé. L’audition, c’est
la vie. L’entrainement central est nécessaire à la conservation du plaisir d’entendre et de
comprendre. Il faut quelques semaines de port continu pour s’habituer à l’ambiance
sonore de l’appareil et percevoir des résultats. Au début, le patient doit accepter
d’entendre des bruits parasites, ils seront filtrés peu à peu par le cerveau. Près de 100%
des utilisateurs déclarent que les aides auditives améliorent au moins occasionnellement
la qualité de vie.
En cas d’échec d’une prothèse biauriculaire, il est bon d’essayer sur une seule oreille.
Diverses approches paramédicales avec des compétences spécifiques peuvent aider le
patient en plus du port de la prothèse. Par exemple des ergothérapeutes lors d’ateliers
de stimulation cognitive pour stimuler la plastique cérébrale. Egalement des
psychologues pour les troubles psychoaffectifs secondaires à l’isolement.

Comment repérer une presbyacousie débutante chez une personne âgée. -


Elle dit j’entends mais je ne comprends pas.
- Elle trouve que les autres parlent trop vite.
- Le son de sa TV dérange les autres.
- Elle comprend mieux les hommes que les femmes.
- Elle estime que le bruit ambiant l’empêche de comprendre.
- Elle dit que ses interlocuteurs articulent mal.
- Désintérêt pour les activités sociales.
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Comment communiquer avec un malentendant.
- Se placer face à la personne et face à la lumière.
- Regarder la personne bien en face.
- Veiller à ce que mon visage soit parfaitement visible.
- Réduire le bruit de fond
- Annoncer que l’on va s’exprimer.
- Parler lentement, bien articuler, ne pas crier.
- Reformuler avec d’autres mots en « parlant avec les mains »
- Au besoin écrire.
- S’inquiéter de la compréhension de mon message.

En conclusion, protégeons notre audition en limitant l’exposition aux bruits et en portant


des protections adéquates lorsque nous y sommes exposés. Faisons contrôler notre
audition. Soyons attentif à notre hygiène de vie, limitons l’alcool, supprimons le tabac,
gardons une activité physique régulière et une alimentation raisonnable.

La vue – prévention et dépistage des pathologies oculaires.

L’avancée en âge s’accompagne d’une baisse d’acuité de tous les sens. Raison de plus pour redoubler
d’attention par rapport aux affections qui pourraient accélérer cette perte, et en particulier en ce qui
concerne la vision, sens précieux entre tous pour maintenir l’autonomie et le plaisir de vivre au
quotidien.
Quand les résidents nous disent qu’ils ne voient plus très bien, le premier réflexe est de faire vérifier que
leurs lunettes sont encore bien adaptées. La correction visuelle doit parfois être adaptée mais ce sont
souvent les verres griffés, les plaquettes manquantes, les branches qui tiennent de travers avec un
sparadrap. Certains opticiens se rendent sur place avec un échantillonnage de montures pour les
résidents qui éprouvent des difficultés à se déplacer. Les baisses d’acuité visuelle peuvent aussi cacher
des affections qui menacent carrément leur vision. Elles sont au nombre de trois : la cataracte, le
glaucome et la dégénérescence maculaire ou DMLA (plus familièrement appelée « macula »).
Si la première est une conséquence quasi inéluctable du vieillissement, les deux autres sont de
véritables maladies et peuvent mener à des pertes de vision irréversibles si on ne les traite pas à temps.
La malvoyance multiple par trois le risque de chute et rend dépressif bon nombre de ceux qui en sont
atteints. Les causes sont multifactorielles mais comme l’exposition au bruit pour les oreilles, l’exposition
à la lumière abîme les yeux avec des conséquences sociales, économiques et médicales. L’ensemble
des fonctions visuelles diminue avec l’âge : L’acuité visuelle, la sensibilité aux contrastes, l’adaptation à
l’obscurité, le champ visuel. On qualifie de malvoyant quelqu’un qui a une acuité visuelle inférieure à
3/10 au meilleur œil. Un tiers des nonagénaires sont concernés. La cataracte est la première cause de
cécité dans le monde, inversément proportionnelle au niveau social. Elle est accompagnée d’une autre
pathologie des yeux dans les trois quarts des cas, le plus souvent la dégénérescence maculaire liée à
l’âge et le glaucome chronique.
L’ensemble de ces altérations visuelles, même sans événements pathologiques rend dangereuse la
conduite de véhicule par des patients âgés chez qui les temps de réaction sont souvent allongés.

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La cataracte
Maladie des yeux la plus fréquente, résulte de l’opacification du cristallin, une lentille fixée derrière la
pupille. Le cristallin sert à accommoder la vue pour voir de près ou de loin. Il perd de son élasticité avec
l’âge et force à mettre des verres correctifs pour lire. C’est la presbytie qui n’épargne quasi personne.
Quand la cataracte s’installe, la vue se brouille parce que la lentille perd sa transparence. Les lunettes
ne servent à rien. Le patient à l’impression de voir au travers des vitres embuées, de ne plus
reconnaître les gens au bout d’un couloir ou avoir des sensations d’éblouissement au moindre rayon de
soleil. Le remplacement chirurgical du cristallin est la seule solution. Il se pratique 100.000 opérations
de la cataracte chaque année en Belgique. Le cristallin opacifié est retiré par une incision de moins de 2
mm et remplacé par une lentille. Les résultats sont remarquables, la gêne opératoire est minime pour le
patient.

DMLA La dégénérescence maculaire liée à l’âge


Première cause de cécité après 60 ans dans les pays occidentaux, sa fréquence augmente avec l’âge
en avec les maladies cardiovasculaires et le tabac.
La dégénérescence maculaire de la rétine altère la macula. Zone centrale de la rétine, richement
innervée, elle capte les informations visuelles et les transmet au cerveau. Elle est l’organe de la vision
fine. Le patient qui souffre d’altérations de la macula souffre d’une perte de la vision centrale avec une
tache aveugle au milieu du champ visuel. Les objets, les pages d’un livre, les aliments dans son
assiette, les visages se présentent avec des déformations et des zones noires, par contre, en périphérie
ils sont bien visibles.
Les premiers signes sont des déformations des lignes en forme d’ondulation. L’observation d’une grille
de mots croisés avec un seul œil à la fois constitue un test de dépistage tout simple. Si les lignes restent
bien droites, la macula fonctionne parfaitement.
La DMLA existe sous deux formes. La forme sèche évolue lentement, elle concerne 90% des cas. Il
n’existe pas de traitement curatif. Les aides visuelles optiques permettent de conserver une relative
autonomie.
La forme humide plus grave, est due à la formation de nouveaux vaisseaux sanguins fragiles derrière la
rétine. Ceci provoque des saignements et évolue vers une cicatrice maculaire entraînant la perte de la
vision centrale, le champ visuel périphérique restant normal.
Dans la majorité des cas, lorsque la maladie est diagnostiquée et traitée rapidement, la vue peut être en
grande partie sauvée. Certaines personnes constatent même une amélioration de la vue. Le malade
dont la macula est lésée peut apprendre à utiliser de façon optimale la vision qui lui reste grâce à des
systèmes optiques et une meilleure utilisation de sa rétine périphérique, épargnée par le processus
dégénératif. Cela lui permet de maintenir son autonomie le plus longtemps possible.
Pour les personnes âgées, Il est important de combattre l’idée reçue qu’il n’y a rien à faire, des progrès
ont été réalisés ces dernières années et le patent ne sera jamais complétement aveugle, il pourra
toujours se déplacer et retrouver ses affaires.

Quand on souffre de la DMLA, on se sent vite très seul. On a besoin d’en parler. Vos proches, conjoint,
enfants, dont la vision est restée normale, ne peuvent guère vous comprendre, encore moins vous
aider.
L’Association DMLA.be se veut précisément une plateforme d’échange et d’entraide.

Le glaucome.
Le glaucome entraîne une perte progressive de la vision commençant tout d'abord en périphérie et
progressant graduellement vers le centre. La perte de vision est permanente et irréversible. La maladie
progresse de façon insidieuse et indolore, car la vision centrale, la vision fine est longtemps préservée.
Quand les premières pertes de vision apparaissent, l’atteinte visuelle est déjà bien avancée. Il s’agit un
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défaut dans la circulation du liquide intraoculaire, l’humeur aqueuse. La pression intraoculaire s’élève,
comprime les cellules nerveuses du nerf optique, qui finissent par s’asphyxier et mourir.
Sans traitement, cette maladie peut mener jusqu'à la cécité. En cas de glaucome très évolué, la
conduite devient difficile et dangereuse. Les déplacements sont difficiles car le champ visuel est réduit.
Cette affection touche 2% des plus de 40 ans.
La prévention est fondamentale : une visite annuelle chez l’ophtalmologue est souhaitable pour mesurer
la pression dans les yeux et contrôler l’acuité visuelle. L’examen est indolore. L’administration
quotidienne de gouttes dans les yeux permet de maintenir la tension oculaire à un niveau de pression
normal. Au besoin, un traitement par laser permet d’améliorer la circulation de l’humeur aqueuse.
L’intervention est indolore et ne nécessite pas d’hospitalisation. Dans les cas avancés, une intervention
chirurgicale est envisageable.

https://www.youtube.com/watch?v=2richzuaqRk Cataracte
https://youtu.be/zTNgqORNBdk DMLA
https://youtu.be/pZvhQ3y_b_g Glaucome

La santé Bucco-dentaire chez les personnes âgées

La santé bucco-dentaire compte beaucoup pour la qualité de vie et le bien-être de la


personne âgée, au point que l’OMS s’y intéresse et propose comme objectif pour 2020
pour une population en bonne santé, d’avoir encore 20 dents à l‘âge de 80 ans. En effet,
20 dents semblent le minimum nécessaire au maintien d’une mastication correcte et
d’une bonne nutrition.
Durant leur parcours de vie sans éducation à la santé ni à l’hygiène dentaire pour les plus
âgés, les personnes âgées ont pour la plupart perdu quasi toutes leurs dents, à la suite de
comportements inadaptés, de pathologies dentaires, gingivales ou muqueuses de la
bouche, d’éventuelles difficultés socio-économiques ou pertes d’autonomie rencontrées
ou subies. L’édentement est toutefois en régression depuis quelques années dans les pays
européens.

Le vieillissement normal n’apporte pas que des rides autour de la bouche. Sur le plan
fonctionnel, le goût, la mastication, la salivation et la déglutition s’altèrent, les
articulations des mâchoires ne sont pas épargnées par l’arthrose. Sur le plan anatomique,
les dents se dégradent progressivement, les papilles gustatives au dos de la langue
s’atrophient, les gencives se retractent, deviennent plus fragiles et sensibles aux
agressions mécaniques et microbiennes. Les glandes salivaires s’atrophient mais gardent
un pouvoir de sécrétion salivaire qui deviendra insuffisant sous l’effet de la déshydratation
ou de la polymédication courante dans le grand-âge. Beaucoup de médicaments
produisent une limitation de la production de salive.

Brossons un bref aperçu de certaines pathologies pouvant toucher ces bouches


précarisées.
Les gingivites chroniques touchent les 2/3 des personnes âgées avec altérations de la
jonction gingivodentaire, source de douleurs et de mobilité dentaire. Les affections de
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muqueuses de la bouche touchent dans une même proportion les sujets
institutionnalisés avec des troubles cognitifs. Les plus fréquentes sont des ulcérations
dues à des aphtes ou à des prothèses dentaires amovibles mal adaptées, des mycoses,
diverses affections secondaires aux médicaments et les conséquences de la sécheresse
de bouche. Celle-ci, la xérostomie ou sensation de bouche sèche, accompagnée de
fissures aux lèvres, langue pâteuse, des muqueuses buccales sèches, rouges et fragiles,
provoque des douleurs, des saignements et des mycoses chroniques. La parole est
difficile, le goût est modifié, la mastication d’aliments secs ou durs devient difficile, les
prothèses dentaires deviennent mal tolérées. La personne ressent des brûlures dans la
langue et doit boire fréquemment même la nuit pour garder la bouche un peu humide.
Les difficultés d’alimentation sont évidentes avec éviction de certains aliments, elles
conduisent à la dénutrition. Les fausses déglutitions deviennent fréquentes avec risque
de pneumonie souvent fatale. La xérostomie concerne près de la moitié des personnes
de plus de 65 ans. La bouche peut aussi être le siège de tumeurs bénignes ou malignes
souvent consécutives au tabac et à l’alcool.
Conséquences de ces pathologies de la bouche sur la personne âgée. Les infections
buccodentaires avec inflammation chronique des gencives perturbent le contrôle du
diabète sucré. Elles participent au risque de fausse déglutition lors des repas mais aussi
la nuit. Une pneumonie s’ensuit facilement dans un contexte de réflexe de toux et de
défenses immunitaires affaiblis. Les pneumonies représentent la majorité des infections
en institution, elles sont la première cause de décès chez les plus de 65 ans. Les
personnes édentées porteuses de prothèses mal adaptées constituent des foyers de
germes multirésistants ou de mycoses, ces personnes sont très exposées au risque
d’infection respiratoire. Dans un but de prévention, les prothèses dentaires mal adaptées
seront corrigées ou réparées au plus vite. Les prothèses amovibles seront ôtées pour la
nuit, elles seront nettoyées tous soirs. Le brossage dentaire après chaque repas est
recommandé pour ceux qui ont encore des dents.
La dénutrition. Sans confort oral et sans dents, avec des difficultés masticatoires, avec la
bouche sèche, des gencives infectées ou enflammées, des prothèses mal adaptées, des
ulcérations dans la bouche et des douleurs importantes, une bonne nutrition est
impossible.

Autre cause de dénutrition, vu les difficultés masticatoires et les altérations du goût, le


résident va éliminer certains aliments durs dont les fruits ou la viande riches en fibres et
en protéines au profit des hydrates de carbone plus athérogènes. Ces personnes seront
aussi carencées en fer, vitamine A,B,C et plus exposées au risque de morbidité et de
mortalité.

Il faut veiller à restaurer un bon état buccal pour prévenir les pathologies générales et la
mortalité. Des soins d’hygiène quotidiens et des détartrages améliorent considérablement
la santé de ces patients âgés. Parmi eux, 80% portent des caries radiculaires.
L’administration de produits fluorés en bains de bouche ou vernis est fortement
recommandée. Le fluor à bonne concentration, administré localement, pénètre l’émail
dentaire, renforce la dent et inhibe les caries. Les prothèses fixes, implants, doivent être
préférés aux prothèses amovibles mais les limitations n’échappent à personne. Sachons
qu’une personne porteuse d’une prothèse amovible voit sa force masticatoire limitée à
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moins de 25% d’une personne dentée.
L’équipe soignante doit soulager les bouches douloureuses, souvent sèches et ulcérées.
Les antiseptiques irritants seront évités, un anesthésique local aidera bien sur les
ulcérations.
Les bouches restent souvent sales après les repas, cela mérite une attention particulière.
Les mycoses fréquentes seront traitées de manière spécifique. Les soignants ont un rôle
important dans la prévention de la santé buccale, les directions devront les y sensibiliser,
les y aider avec des protocoles de soins, leur en donner le temps et les moyens en les
formant et en soutenant cette culture spécifique de soins.
Les soins d’hygiène buccale doivent devenir une priorité au même titre que l’hygiène
corporelle. Les soignants surveilleront l’état de la bouche après chaque repas, une toilette
buccale est indiquée deux fois par jour, les prothèses seront nettoyées une fois par jour.
Les soins de bouche sont perçus comme un fardeau, chronophage et psychologiquement
difficile, la collaboration des patients n’est pas spontanément acquise vis-à-vis d’un soin
potentiellement ressenti comme intrusif. Une formation appropriée aidera à dépasser ces
réticences dans une approche plus technique, professionnelle et valorisante. Une
collaboration régulière avec un dentiste est souhaitable, il effectuerait une évaluation
annuelle de l’état buccodentaire et à l’entrée d’un résident.
La responsabilité des directions d’établissement n’est plus à souligner.

Chutes de la personne âgée

Selon l’O.M.S. : La chute est un événement à l’issue duquel une personne se retrouve par
inadvertance au sol ou sur une surface située à un niveau inférieur à celui où elle se
trouvait précédemment.
Après 65 ans, une personne sur trois fait au moins une chute par an. Au-delà de 80 ans,
une personne sur deux fait une chute par an et la moitié rechute dans l’année. Rarement
signalée, la chute est révélée lors d’un interrogatoire minutieux du médecin ou des
proches.
Ces tranches d’âge sont les plus touchées par les chutes mortelles, première cause de
décès accidentels après 75 ans. L’isolement de la personne, l’ostéoporose et la prise
d’anticoagulants augmentent le potentiel de gravité des chutes.
Les traumatismes dus aux chutes représentent un coût énorme pour la santé
publique.
Dans les institutions de soins, près de la moitié des résidents tombe une fois par an, la
moitié de ceux-ci, plusieurs fois par an. Les hospitalisations sont fréquentes. Après une
fracture de hanche, 40% des personnes âgées fragiles décèdent dans l’année !! Même
occasionnelle, la chute est à considérer comme un signe d’appel qui peut révéler un état
de fragilité avec un épuisement des réserves fonctionnelles physiques. La peur de
tomber après une première chute témoigne d’une fragilité psychologique. La chute
induit la perte de confiance, elle crée un sentiment d'incompétence, source de
complexes dévalorisants : fragilité, dérision, honte, c’est un deuil d'une image de soi
alerte et agile. L'aide à se relever symbolise la dépendance. La peur de tomber devient
une obsession. On parle d’un syndrome post-chute.
L’événement renferme un tel potentiel de gravité qu’il justifie la mise en œuvre de

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mesures de prévention visant à éviter des nouvelles chutes et prévenir leurs conséquences
qui pourraient s’avérer le catalyseur d’une spirale de déclin sous l’influence bien
intentionnée d’un entourage surprotecteur remplaçant la personne âgée dans ses
activités et contribuant finalement à sa perte d’autonomie. La chute est une cause
majeure d’entrée en institution.
Diverses maladies peuvent être la cause de la chute ou être révélées par la chute :
Troubles du rythme cardiaque, AVC, pneumonie, hypoglycémie par exemple. Facteurs
intervenant dans le maintien de l’équilibre des séniors.
- Qui chute une fois aura tendance à chuter plusieurs fois : Peur et perte de
confiance.
- La stabilité posturale en station debout décline avec l’âge.
- La musculature peut faiblir de 30% environ entre 40 et 70 ans. - Les pieds, les
muscles et les articulations captent la pression et nous aident à maintenir l’équilibre.
La sensibilité de ces récepteurs diminue avec l’âge et fragilise l’équilibre.
On parle des récepteurs proprioceptifs.
- La baisse de la vue constitue aussi un risque de chutes. – Voir chapitre sur la vue
- L’oreille interne apporte aussi sa contribution à l’équilibre - Voir chapitre sur
l’audition-
- Les automatismes se perdent, marcher demande de la concentration, les pertes
cognitives ne laissent aucune place à la moindre distraction sous peine d’accident.
Après une chute, l’interrogatoire et l’examen médical doivent être complets et détaillés à
visée neurologique, pulmonaire, cardiaque et l’appareil locomoteur. La vigilance s’impose,
les personnes très âgées ont des os fragiles comme du verre et certaines fractures sans
déplacement peuvent être difficiles à diagnostiquer lors de l’examen du patient qui
comportera aussi une partie fonctionnelle pour tester la capacité de se remettre debout
et reprendre la marche si toutefois aucune anomalie n’a été détectée dans la première
partie de l’examen. L’impossibilité de tenir 5 secondes sur une jambe est un puissant
facteur prédictif de chute grave, il faut faire appel aux urgences.
Le 1er examen radiologique ne permet pas toujours la détection d'une fracture.

Le travail de rééducation, essentiel dans la prévention chez le résident à haut risque de


chutes comme chez le chuteur à répétition, sera également utile pour éviter l’installation
d’un syndrome post-chute. Il comporte des exercices de maintien de l’équilibre, de
renforcement de la sensibilité profonde et de la force musculaire.
L’apprentissage des exercices pour se relever seul en 4 étapes après une chute a toute son
importance. La première étape est de se mettre sur le ventre, ensuite à 4 pattes puis à
genoux afin de se hisser en position verticale à l’aide des bras en appui sur les genoux ou
en saisissant un support fixe et stable. Le test de Tinetti est l’outil de référence pour
évaluer le risque de chute, il ne requiert aucun appareil mais prend environ un quart
d’heure.
Parmi les autres mesures d’attention, pensons à surveiller les médicaments risquant de
provoquer de l’hypotension orthostatique ou les tranquillisants. Par contre, la vitamine D
et le calcium seront ajoutés. La carence en vitamine D augmente le risque de chutes.
Pensons encore au déambulateur, des chaussures adaptées, une bonne correction visuelle
avec des verres propres.
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.11
Les chutes des personnes âgées sont presque toujours multifactorielles, le vieillissement
en soi les favorise mais la chute n’est jamais un effet normal du vieillissement.
Les chutes et les risques de chutes à répétition sont un motif fréquent pour recourir à la
contention physique. Les études sur la question concordent, les contentions ne
préviennent pas les chutes de la personne âgée institutionnalisée. La contention affaiblit
et provoque souvent de la confusion. Pour comprendre, pensons aux quelques premiers
pas que nous faisons après 5 heures en voiture ou en avion, regardons aussi la mise en
route de nos proches plus âgés.
La gravité des chutes et leur coût sociétal mobilise de nombreux acteurs de tous secteurs
jusqu’aux instances internationales. Nous vous recommandons de consulter la revue
vie@home, n° 25 Avril 2015, consacrée aux chutes. Rédactrice en Chef : Johanne Mathy

- L’Organisation mondiale de la santé avec son slogan « Vieillir en restant actif »,


indique ainsi qu’il est non seulement possible d’ajouter de la vie aux années, mais
également de la qualité de vie à ces années, en permettant aux personnes
vieillissantes de demeurer actives physiquement, mentalement et socialement.
Cette vision procède d’une reconnaissance des droits de la personne à son
indépendance, son autonomie, sa dignité et son épanouissement.
- Educa Santé, asbl partenaire scientifique de l’école de santé publique de l’ULB,
s’intéresse à la problématique des chutes des aînés, au domicile d’abord pour le
transposer aux maisons de repos ensuite.
- L’ASBL Plain-pied a rédigé un guide d’aide à la conception d’un bâtiment accessible
et un guide d’aide à la conception de bâtiments adaptés pour les déficiences
visuelles. Le bureau peut très bien être sollicité par des maisons de repos.
- Le centre d’expertise flamand pour la prévention des chutes et des fractures (EVV) en
collaboration avec l’institut flamand pour la promotion de la santé et la prévention
de la maladie (VIGeZ) et les structures de concertation locales en matière de santé
(LOGOs), organise chaque année une campagne pour la prévention des chutes.
L’initiative a pour objectif de mobiliser l’ensemble des acteurs impliqués de près
ou de loin dans la prise en charge des plus de 65 ans à collaborer autour de la
prévention des chutes et des fractures.
- Nous vous recommandons aussi dans le même numéro de vie@home, le compte-
rendu de Johanne Mathy, Rédactrice en chef, sur la conférence de Stéphane
Baudry, docteur en sciences de la motricité, chercheur FNRS auprès de la faculté
des sciences de la motricité de l’ULB. Au Salon Soins et Santé en mars 2015 à
Namur. Une fine analyse physiologique des facteurs intervenant dans le maintien
de l’équilibre des séniors.

Ce lien donne accès à l’ensemble des magazines déjà parus :


http://www.vie-at-home.be/magazines/

Etat Confusionnel et agitation


IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.12
La confusion est une perturbation aiguë, fluctuante et habituellement réversible de
l’activité cérébrale. La confusion s’installe en quelques heures, rapidement donc, avec des
troubles de l’attention, un état de vigilance fluctuant et une désorganisation de la pensée.
D’autres symptômes peuvent s’y ajouter, agitation, angoisse, hallucinations,
ralentissement idéatoire, altération des fonctions cognitives, mémoire, orientation,
langage.
Confusion et démence peuvent cohabiter chez un même patient et il n’est pas toujours
facile de faire la différence même si de nombreux symptômes les distinguent. Un tableau
en bas de page vous y aidera.
L’âge avancé, la vie en institution, le déclin fonctionnel, les troubles sensoriels, les troubles
cognitifs, la dénutrition, la dépression sont autant d’éléments de fond qui prédisposent à
l’apparition de confusion. C’est le contexte même de la plupart des résidents en MR/MRS.
Il suffit que s’y ajoute l’un ou l’autre facteur précipitant pour déclencher un état
confusionnel aigu. Il est essentiel et urgent d’identifier la cause et y remédier dans la
mesure du possible car il s’agit d’une situation grave dont le pronostic sera d’autant plus
péjoratif que l’on tardera à prendre les mesures thérapeutiques appropriées. Les facteurs
précipitants courants :
- Associés aux soins : Médicaments, immobilisation, contention, sondage urinaire,
troubles du sommeil ou facteur psychologique.
- Infection respiratoire ou urinaire.
- Déshydratation.
- Rétention d’urine, globe vésical, ou fécalome.
- Fracture non connue.
- Douleur aiguë.
- Perturbation du diabète ou de la fonction rénale ou cardiaque. -
Deuil, changement du cadre de vie.
-
Si la confusion persiste, les complications risquent de s’enchaîner. Le déclin cognitif et
fonctionnel s’installe faisant le lit de nombreuses pathologies médicales, escarres,
dénutrition, déshydratation, infections nosocomiales.
Le pronostic vital est en jeu.
L’hospitalisation peut être évitée si la cause est identifiée, rapidement levée, le patient
étant soigné et suivi pour éviter une récidive. Dans les autres cas, l’hospitalisation s’impose
au plus vite.
Face à un état confusionnel nouveau, les équipes en MR/MRS essaieront de rassurer le
résident en se présentant et en lui parlant posément dans le calme.
Il faut rapidement remédier aux déficits visuels et auditifs si besoin, appeler et informer
la famille. Il faut éviter de placer une contention physique. Les membres de l’équipe
veilleront à hydrater le résident, l’aider à manger et assurer la prévention des escarres.
De manière générale, pour éviter que de tels problèmes se produisent en MR/MRS, les
équipes seront formées à la mise en place et au suivi des mesures de fond : -
Bonne hydratation orale, régulière des résidents.
- Port régulier des lunettes et prothèses auditives.
- Veiller à la qualité de l’environnement sonore et lumineux.

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.13


- Eviter l’immobilisation inutile des résidents
- Approche professionnelle des troubles cognitifs et explication au résident. -
Bonne attention au sommeil de chacun en favorisant les moyens naturels.

L’agitation est une perturbation du comportement physique, verbal, psychique parfois


accompagnée d’agressivité. L’intensité et la durée sont variables. Le résident est anxieux,
d’humeur instable, animé de mouvements répétitifs. L’ensemble peut orienter vers un
état confusionnel.
Les causes sont proches de celles de l’état confusionnel, douleur, changement récent dans
les médicaments, infection, globe urinaire ou fécalome seront toujours recherchés.
L’approche diagnostique, les mesures générales et thérapeutiques sont proches aussi des
mesures expliquées plus haut pour l’état confusionnel.
Etat confusionnel Démences

Début Rapide Insidieux

Durée Quelques jours Des années

Evolution Habituellement réversible Lentement progressif

Propos Incohérents Normal au début

Vigilance Altérée Normale

Hallucinations Souvent Rare

Fluctuations Présentes et importantes Absentes

Activité Augmentée Normal au début


psychomotrice

Déclaration anticipées correctes

FWSP Le document est accessible via ce lien.

Démences chez le sujet âgé


Dans les démences, les fonctions cognitives se dégradent de façon progressive et
irréversible.
La maladie d’Alzheimer est la plus fréquente des démences qui sont les pathologies qui
touchent le plus souvent la population âgée. Leur fréquence augmente avec l’âge pour
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.14
atteindre près de 30% des nonagénaires. Les démences sont la première cause
d’admission en institution.
Les lésions cérébrales se développent lentement, vingt ans peut-être avant l’apparition
des premiers symptômes qui peuvent encore laisser de belles années d’autonomie à la
personne, sans altérer ses capacités dans les actes de la vie quotidienne.
L’entrée dans la démence correspond aux premières perturbations de l’autonomie pour
les actes de la vie journalière en raison des pertes de mémoire et autres troubles cognitifs.

Le diagnostic de syndrome démentiel doit être évoqué sur la base de l’interrogatoire du


patient et de son entourage quand évoluent depuis 6 mois au moins : - Pertes de
mémoire qui affectent la vie de tous les jours,
Oublier des événements, des nouvelles informations.

- Troubles du langage, oublier des mots ou les utiliser mal à propos. -

Non reconnaissance d’objets familiers

- Perte du savoir-faire quotidien : comment préparer un repas ou s’habiller.

Désorientation dans le temps et l’espace, se perdre près de chez soi. -

Rangement inapproprié des objets – mettre une montre dans le frigo.

- Changements d’humeur et de comportement, de personnalité : graves sautes


d’humeur sans raison apparente, se comporter de manière inhabituelle.

- Perte d’initiative – se détacher de sa famille et de ses amis et perdre l’intérêt pour


ses activités préférées.

- Jugement amoindri, mauvaise évaluation d’une situation.

- Difficultés face aux notions abstraites, ne plus comprendre le sens des mots.
Les troubles s’installent de manière insidieuse, les souvenirs d’épisodes vécus par le
patient sont les premiers affectés, mais la mémoire du travail sera rapidement concernée
aussi, c’est la mémoire temporaire et pour une période brève d’une petite quantité
d’information. Exemple, je lis un numéro de compte bancaire pour le recopier tout de
suite. Tous les registres de la mémoire vont être affectés assez vite à l’exception
d’apprentissages comme rouler à vélo qui peuvent persister longtemps. Viennent ensuite,
dans un tableau clinique typique, d’autres atteintes des fonctions cognitives, troubles du
langage, manque de mots, facile à mettre en évidence lors de la présentation d’images,
désorientation dans le temps puis dans l’espace. Plus tard, ce sera des troubles de la
compréhension, l’aphasie devient totale, le patient n’est plus capable de parler.
L’entourage est souvent à l’origine de la première consultation, inquiété par les
changements de comportement de leur proche, lui-même conscient et angoissé par ce qui
lui arrive. Il arrive que le patient sollicite lui-même la consultation pour cette raison. Le

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.15


diagnostic sera confirmé par des examens médicaux comportant un entretien avec le
patient et ses proches, un examen clinique du patient, des examens biologiques, des tests
comme le MMSE et une évaluation neuropsychologique. On ajoute l’imagerie médicale
pour objectiver l’atrophie cérébrale et exclure une autre cause, tumeur ou hydrocéphalie.

Au stade léger de l’évolution, le MMSE est ≥ 20, en principe le patient peut encore vivre
seul avec quelques troubles de la mémoire.
Au stade modéré, 15≥ MMSE <20, d’autres fonction sont affectées. Au stade assez sévère
10> MMSE <15, troubles du comportement et dépendance pour les actes de la vie
quotidienne même élémentaires.
Au stade sévère < 10, forte dépendance, risque de décès par surinfection.

Le patient sera le premier informé de sa maladie, au début il est parfaitement apte à


comprendre et pourra même se sentir soulagé. L’annonce sera adaptée à sa personnalité,
sa capacité de compréhension, son histoire de vie, sa représentation de la maladie. La
famille ou une personne de son choix sera informée si le patient est d’accord.

Les symptômes qui conduisent à l'institutionnalisation :


- La fugue, ramené chez lui par les voisins, perturbe fort les proches -
Patient agressif ou délirant
- Troubles du sommeil : inversion du rythme veille – sommeil
- Le sujet âgé crie ; Dans ce cas, il faut toujours s'inquiéter d'une infection sous-jacente,
un globe vésical, fécalome, constipation, désir de présence vu leur grande anxiété. -
Incontinence urinaire ou fécale avec manipulation des matières.
Parmi les autres démences, La maladie à corps de Lewy, proche de la démence liée à la
maladie de Parkinson, est la seconde en fréquence chez les personnes âgées. Le déclin
cognitif assez fluctuant est au premier plan avec hallucinations visuelles bien élaborées et
auditives. Un coussin dans un fauteuil peut être perçu comme un animal de compagnie,
un arbre ou un lampadaire seront reconnus comme un personnage. Les troubles de
l’humeur et du comportement sont plus précoces et plus sévères que dans la maladie
d’Alzheimer.

La démence vasculaire survient dans un contexte de risque de maladies vasculaires avec


hypertension artérielle ou diabète. Les troubles de la mémoire ne sont pas au premier
plan, l’idéation est ralentie, le patient est irritable, émotionnellement instable, les chutes
sont précoces et les troubles cognitifs fluctuants. Il existe des démences mixtes.

Une prise en charge globale, psychologique, médicale et sociale des sujets déments et le
soutien de leur entourage améliorent indiscutablement la qualité de vie de ces résidents.
Quelques médicaments ont un effet symptomatique modeste mais prouvé sur les troubles
cognitifs et fonctionnels. Commencé à dose minimale, le traitement est augmenté
progressivement. Il doit être réévalué régulièrement selon un avis collégial impliquant le
spécialiste, le médecin de famille, l’aidant proche et si possible le patient.

La prise en charge non médicamenteuse fait appel à des professionnels formés pour un
accompagnement de qualité qui sera dirigé vers le soutien aux aidants. Ils doivent être
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.16
informés et même formés à la connaissance de la maladie et sa prise en charge, connaître
les associations d’aide, dirigés vers des groupes de parole. Le risque de maltraitance du
patient provient de la souffrance psychologique des soignants et de leur isolement. Un
soutien psychologique est nécessaire dans ces cas.
Un logopède intervient très utilement pour les troubles de la parole et de la déglutition.
Son action rend confiance en soi au patient et prévient la dénutrition. La stimulation des
fonctions cognitives ralentit la perte d’autonomie pour les actes de la vie journalière, elle
consiste à aider le patient à réaliser les tâches quotidiennes comme sa toilette, l’usage
du téléphone ou des trajets dans son quartier. L’entretien de l’activité physique est
important, la marche surtout. L’apport personnel de kiné, ergothérapie,
psychomotriciens est recommandé durant toute la maladie. Les promenades avec les
proches sont souvent distrayantes et apaisantes comme la musicothérapie,
l’aromathérapie, les massages, des activités avec des animaux et la stimulation des sens
en général.
Les stimulations sensorielles et sociales sont aussi importantes que le boire et le manger
pour la préservation du bon fonctionnement cérébral, fondamental pour la qualité de vie.
Dans l’accompagnement de ces résidents, une aggravation rapide ou un changement
brutal de comportement doit retenir notre attention. Nous penserons à des douleurs non
formulées, un syndrome dépressif, une cause iatrogène médicamenteuse, une infection
urinaire, dentaire par exemple. Des examens médicaux s’imposent.
Les troubles de l’équilibre et la perte de poids seront particulièrement surveillés. On
pensera aussi à un changement de comportement de l’aidant proche par épuisement.
Dès le début, la conduite d’une voiture doit être déconseillée ou interdite.

LECTURE : Blandine Prévost


Blandine, 38 ans, ingénieure en électronique, mariée à un homme extra, Xavier, et
l'heureuse maman de 3 enfants. Elle est atteinte d'une maladie apparentée Alzheimer, et
a été diagnostiquée il y a bientôt 3 ans.
Billets de blog par Blandine Prévost
J'en fais des efforts pour me maintenir dans le monde!
Publication 19 septembre 2012 | 06h00
Actuellement on n'est plus une personne, ni même une personne malade. On est "un
malade", "un Alzheimer". De telle sorte que le regard des personnes est tronqué. Du reste,
il est déjà influencé par les mots qu'ils utilisent pour me nommer. Ces mots me font
disparaître, et pourtant si la maladie réduit mes capacités intellectuelles, si elle rend
impossible pour moi la lecture d'un bon livre, si elle m'oblige aujourd'hui à me concentrer
pour pouvoir parler, ou comprendre ce que l'on me dit, elle me pousse aussi à grandir. La
maladie m'oblige à trouver des solutions pour essayer de comprendre ce que l'on me dit,
même lorsque les phrases qui m'arrivent n'ont plus de sens. Elle m'oblige à me concentrer
sur ce que le corps trahit de ce que mon interlocuteur essaie de me dire. Je suis plus
attentive à ses émotions pour pouvoir sans cesse m'y accorder. Sans cesse, j'essaye de
faire un pas vers l'autre, d'être attentive à ce qu'il émet comme sentiments.
Parfois le ton d'une phrase, une façon d'être, révèle des émotions. Pour pouvoir être à vos
côtés, je suis plus attentive à tout cela que je ne l'étais avant d'être malade. Je n'ai pas le
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.17
choix: pour essayer de comprendre l'autre je suis obligée de mobiliser tous les sens qui
sont à ma disposition. Je peux le dire, j'en fais des efforts pour me maintenir dans le monde
!
La maladie, me force aussi à développer ma confiance en l'autre. Lorsque l'on entend
"Alzheimer", tout le monde, je crois, associe la maladie à des pertes de mémoire. Or la
perte de mémoire évoque des choses que tout un chacun connaît. Alors on peut
facilement penser que l'on comprend ce que l'autre vit. Après tout, cela arrive à tout le
monde d'oublier quelque chose ! Effectivement lorsque j'oublie un mot, il arrive souvent
que je sache qu'il existe, mais le mot m'échappe, je l'ai oublié au sens classique du terme.
C'est assez frustrant.
En revanche, je suis aussi amenée à vivre des oublis d'un autre type, des oublis qui n'ont
rien de "classique" et qui transforment ma réalité.
Autant le dire tout de suite, je ne vis plus toujours dans votre réalité. Par exemple, pas
plus tard que vendredi, je suis allée chez Décathlon réclamer une

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commande que je suis sûre d'avoir passée. Arrivée là-bas, les vendeurs m'ont assurés que
je n'avais pas fait de commande. Et pourtant je peux affirmer que je suis certaine de moi :
je l'ai passée cette commande ! Que s'est-il donc réellement passé ? En fait je suis perplexe
car je suis là confrontée à une différence entre ma réalité, et celle des autres.

Parfois des objets apparaissent à la maison : d'où viennent-ils ? Comment sont-ils arrivés
là ? L'instant d'avant, ils n'y étaient pas. L'instant d'après, si. Je fais alors appel à toute ma
logique: quelqu'un est-il passé ? D'où peut provenir cet objet ? Parfois je parviens à
reconstruire un parcours hypothétique, tout à fait irréel pour moi, mais dont la logique me
dit qu'il a dû se passer ainsi.

Ce sont juste quelques exemples, de manière à essayer de faire sentir la différence entre
un "simple oubli", et une réalité différente. Pour moi, je n'ai pas oublié ; pour moi je ne l'ai
pas vécu. Si demain on vous annonce que le ciel est vert à pois rouges, saurez-vous faire
suffisamment confiance à l'autre pour le croire, même si pour vous il est bleu ? Ne pensez-
vous pas que vous affirmerez plusieurs fois que le ciel est bleu avant de finalement dire
que oui, il est vert à pois rouges, et qu'il vous sera compliqué de retenir une telle
information en si forte contradiction avec votre réalité intérieure ? Ne risquez-vous pas
d'être amené, dans ce cas à défendre avec force, voire avec agressivité, votre réalité
intérieure, afin de préserver votre cohérence?
Perdre confiance en ma réalité, au profit de la réalité de l'autre. Partir du postulat que je
fais plus confiance à l'autre qu'à moi-même. Convenons-en, il s'agit d'un exercice difficile...
J'espère que les personnes qui m'entourent et d'une manière générale que l'entourage
des personnes touchées par une maladie d'Alzheimer ou apparentée, mesurent la chance
qu'elles ont, la confiance dont elles font l'objet. Qu'elles prennent conscience de cet
exercice que nous faisons et s'émerveillent de cette confiance, plutôt que de se désoler
d'avoir à répéter les choses !

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.18


La peur fait partie de notre vie. La peur de l'avenir, la peur de la perte de nos capacités
intellectuelles que l'on voit diminuer. Ainsi, presque tous les malades jeunes avec qui j'ai
été amenée à discuter, même ceux qui disaient ne pas être malades, m'avouaient
souhaiter mettre fin à leurs jours, lorsque la maladie sera trop avancée. Et même avec un
cerveau qui nous joue des tours je peux vous dire que certains ont déjà bien potassés le
sujet. Ils font preuve de beaucoup d'imagination lorsqu'il s'agit de trouver une solution
pour mourir.
Je crois que c'est révélateur aussi de la façon dont est perçue la maladie d'Alzheimer, et
des peurs que provoquent la perte des capacités intellectuelles et la modification
profonde de notre personnalité.
Mais voilà, mettre fin à mes jours avant que je ne sois plus moi-même... Aujourd'hui,
même si j'ai changée je suis toujours moi-même ; enfin je le crois ! La question alors se
pose : à partir de quand ne serai-je plus moi-même? Demain, quand les différences de
réalité seront plus importantes ? Après-demain, quand les mots ne me permettront plus
de m'exprimer ? Qu'est-ce qui me définit au juste ? Michel Audiard a eu cette
merveilleuse formulation: "Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière."
La maladie va me rendre démente, fêlée... J'espère que cette maladie me permettra de
laisser passer la lumière, d'apporter quelque chose aux autres: un regard, une façon
d'être. Quelque chose de positif dans la vie de ceux qui me côtoieront !

Dénutrition :
Principal facteur pronostique de survie ou de perte d’autonomie
des PA
Une prise alimentaire optimale adaptée aux besoins et aux attentes des résidents réduit les risques
de maladies et de dépendance et améliore leur qualité de vie.
« La dénutrition est un énorme problème social qui accroît le taux de mortalité, allonge les durées
d'hospitalisation, entraîne des complications supplémentaires en cas de maladie et diminue la qualité
de vie”, Professeur Baeyens, président de l’Association internationale de gérontologie et de gériatrie.
Faiblement identifiée et peu traitée, la dénutrition de la personne âgée fait le lit de la dépendance.
La dénutrition augmente les risques de chutes dues à la perte de la masse musculaire, augmente le
nombre de complications, le risque d'infections, les coûts et les durées d’hospitalisation. Elle génère
également d'énormes frais de santé.
Les conséquences sur les plans économique et humain sont considérables.
La dénutrition est un phénomène complexe et multifactoriel, répandu et sous-estimé. Elle
nécessite un dépistage systématique dès l’admission du résident en maison de repos. Une
stratégie d`intervention un suivi attentif.
La dénutrition est un état pathologique provoqué par des apports insuffisants en énergie et/ou en
protéines et/ou en micronutriments pour couvrir les besoins métaboliques de l'organisme. Dans
certaines situations, chirurgie, cancers, escarres, des apports normaux ne suffisent pas à couvrir une
augmentation des besoins métaboliques.
La dénutrition se caractérise par une perte de masse maigre, les muscles, et souvent de masse
grasse.

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.19


De nombreuses complications
surviennent dans la dénutrition. Elles sont
intriquées à la manière d’une spirale et
conduisent souvent au décès.

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IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.20


Bon état nutritionnel = Autonomie de la personne
Maintien de la santé, la masse musculaire, les défenses immunitaires et rétablissement plus rapide
après maladie.
C’est un prérequis pour le bien-être en général.
La dénutrition est le principal facteur pronostique de survie ou de perte d’autonomie des PA Pour
entretenir la masse musculaire, il faut une activité physique adaptée à l’âge et à l’état de santé.

A 70 ans : 10% de population générale est en dénutrition, en mr /mrs le risque de dénutrition


concerne 50% des P.A. Malgré une nourriture suffisante en qualité et en quantité !

Facteurs favorisant la dénutrition de la personne âgée


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Apports alimentaires diminués :
1 Causes psycho-sociales et l’environnement.
Solitude, isolement social, mise à la retraite, décès du conjoint, proche
Moyens financiers réduits, hospitalisation, entrée Mr /Mrs
Changement des habitudes de vie

2 Dépression et autres problèmes de santé mentale


Fréquente, sous diagnostiquée et sous-traitée -> troubles associés : ↓ goût pour la nourriture,

↓ motivation à manger, refus s'alimenter, anorexie, grignotage, boulimie,


alcool ►► apport nutritionnel ↓

3 Troubles cognitifs
Tous les stades de maladie d'Alzheimer, dès le début, le patient souffre de stress Perte de poids
s’aggrave avec évolution maladie, parfois même avant diagnostic + complications : Altération
système immunitaire, atrophie musculaire, chutes, fractures --> Perte d'autonomie. Le plaisir de
manger persiste loin dans la maladie.
Les complications seront retardées si la perte de poids est dépistée et corrigée rapidement.

4 Troubles bucco-dentaires
60% des p.a. en institution complètement édentées. 40% restants, nombre moyen de dents est
10. La mastication est affaiblie et une prothèse dentaire peut blesser les gencives. La salive
participe au goût, elle solubilise les aliments et libère les saveurs
La sécheresse de bouche, (médicaments, déshydratation) altère le goût.
Les mycoses et infections gingivo-dentaires sont fréquentes et douloureuses. Dans ces cas, le
résident perd le plaisir de manger et sélectionne les aliments faciles à manger. Ces choix
engendrent des carences alimentaires.

5 Troubles sensoriels : altération de l’odorat et du goût Le goût et l’odorat


détectent les saveurs et les odeurs alléchantes qui stimulent l’appétit. Le goût et l’odorat et la
perception des saveurs diminuent avec l’âge, -> dégradation de l'appétit. Le goût et l’odorat
sont fragiles et facilement altérés par :
- Les médicaments : un sur trois modifie le goût et diminue la salivation.
- La déshydratation donne de la sécheresse de bouche.
- Le tabac, sinusites, pharyngites, chirurgie, la radiothérapie.
- L’insuffisance rénale, une hernie hiatale, la dépression.
-
6 Troubles de la déglutition
La déglutition est une séquence complexe qui implique la bouche, le pharynx, l’œsophage et le
niveau cérébral.
En institution, 30 à 60 % des personnes âgées ont des troubles de la déglutition en lien avec : Avc,
démences, maladie de Parkinson, cancer du pharynx, du larynx, causes musculaires, psychiques, les
neuroleptiques, les benzodiazépines.
Le début des troubles est parfois insidieux, lent et compensé par certaines astuces de la pa.

7 Maladies du tube digestif et altération fonctionnelles. - L’acidité gastrique et


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sucs digestifs diminuent → : ↓capacité de digestion des protéines et ↓ absorption vitamines
- Gastrite, hernie hiatale sont fréquentes.
- La constipation est fréquente par manque d'activité physique et une faible consommation de
fibres alimentaires

8 Dépendance pour les actes de la vie journalière


Le risque de dénutrition augmente selon le niveau de dépendance pour l’alimentation, la mobilité, la
toilette ou l’habillement. Quand il est difficile de manger avec des couverts, la prise alimentaire sera
réduite.

9 Traitements médicamenteux
Fréquentes Poly-pathologies chroniques des PA
Prise de nombreux médicaments (6-10) au long cours, interactions et effets secondaires mal
connus Appétit coupé, bouche sèche, goût modifié.
Somnifères : somnolence, perte équilibre, chutes, fractures…
Nausées, vomissements, constipation (morphine)

10 Régimes restrictifs
Pour les PA, les raisons de suivre un régime strict (sans sucre, sans sel, pauvre en graisses...) sont
RARES. Ne pas priver les p.a. de ce qui donne goût aux repas.
Régime sans sel, trop fade, réduit l’appétit.
Régime diabétique trop strict manque d'énergie, comme un régime amaigrissant.
Un régime antidiabétique n'a pas de sens > 75 ans, sauf équilibre insulinique
instable. Régime sans résidu au long cours favorise la constipation
Demander une prescription médicale motivée. Un régime restrictif au grand âge n'a plus de
sens.

Augmentation des besoins énergétiques :


Maladie, Intervention chirurgicale, Escarres
Affection aiguë, cancer ou décompensation d’une pathologie chronique, entraînent dans la plupart
des cas une augmentation des besoins en énergie et en protéines.
La cicatrisation post-opératoire augmente les besoins nutritionnels.
Perte pondérale liée au syndrome inflammatoire, au stress opératoire, aux périodes de jeûne, aux
traitements médicamenteux,
à la douleur, à un syndrome confusionnel.
Les antidouleurs (bien nécessaires par ailleurs) peuvent induire somnolence et perte d'appétit.
L’hospitalisation peut changer les habitudes de repas : régimes restrictifs souvent injustifiés,
interruption
des repas et repas sautés en raison d’interventions diagnostiques ou thérapeutiques.
Les escarres engendrent une grosse ↑ besoins en énergie et protéines

Impact de la dénutrition chez la personne âgée


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« Une personne âgée qui perd du poids est en danger de mort. ››
Hélène Lejeune, diététicienne, membre du Groupe des Diététiciens de Gériatrie au sein de l'Union
professionnelle des Diplômés en Diététique de Langue Française (UPDLF)

Fonte de masse musculaire = ↓ force ↓ autonomie, faiblesse, besoin d'aide pour ses gestes
quotidiens, fatigue.
Risque de chute et de fracture. L'immobilisation risque aussi d’aggraver la dénutrition.
Moins d'énergie pour manger, difficulté de terminer l’assiette, surtout le soir. Perte
importante d'appétit, troubles de concentration, de mémoire ou de l'humeur.
Altération système immunitaire source de maladies infectieuses,
Guérison de maladies et cicatrisation de plaies ralenties, les durées d’hospitalisation
augmentent. Surcoût financier de 20 à 30% pour le patient, la société.

Conclusion : Source de perte d'autonomie, de nouvelles pathologies en cascade ou de décès, la


dénutrition des p.a. est un défi majeur, pour tous dans les hôpitaux et les Mr Mrs. Il est très
important de déceler et de traiter précocement, elle peut alors être soignée efficacement et éviter le
cercle vicieux << dénutrition-pathologies-dénutrition ›>.
Source : http://sante.wallonie.be/?q=aines/dispositifs/plan-wallon-nutrition-sante-bien-etre-maison
repos
Plan Wallon Nutrition, Santé et bien-être des Aînés en maison de repos. (PWNS-be-A)

Dépression
La dépression est la pathologie psychiatrique la plus fréquemment rencontrée chez les
personnes âgées. Elle est difficile à diagnostiquer et largement sous-traitée. Dans les
maisons de retraite en France, les enquêtes montrent que 40% environ de la population
est touchée par la dépression.
De nombreuses raisons expliquent cette vulnérabilité élevée des PA à la dépression : - Les
pertes sociales et affectives : retraite, veuvage, deuil, éloignement des enfants.
- La solitude et l’isolement qui en découlent,
- Les conflits interpersonnels,
- Le très grand âge, > 90 ans surtout si cumulé avec la dépendance physique et les
suites d’accidents vasculaires.

De nombreuses fausses idées circulent sur la dépression de la personne âgée : -


Elle est considérée comme normale lors du vieillissement
o Il ne fait plus rien : c’est normal vu son âge.
o Il ne mange plus : c’est normal, les personnes âgées mangent peu. o
Il ne dort plus : les PA se plaignent toutes de ne pas dormir.
o Il est normal d’être triste quand on est vieux.
- Les symptômes sont les mêmes que chez les adultes jeunes.
- Elle est facilement diagnostiquée et bien prise en charge en ambulatoire. -
Les échelles de diagnostic ne sont pas utiles.
- Elle réagit mal aux antidépresseurs.
- Il faut donner des demi-doses.
- Elle ne guérit pas et devient chronique.

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.24


L’approche des médecins influencée par ces idées fausses retarde ou empêche le
diagnostic alors que le ralentissement, le repli, la culpabilité injustifiée, l’apragmatisme
sont des signes importants de dépression. La plainte hypochondriaque et les idées
délirantes font souvent partie du tableau.
Les PA parlent facilement de leurs problèmes physiques aux médecins, mais s’expriment
spontanément avec difficulté s’il s’agit de souffrance morale. Pourtant, lorsque les
questions sont posées, les PA y répondent souvent sans réticence.
Il est essentiel de rechercher les signes de dépression par des questions précises en
recherchant les plaintes non exprimées comme l’humeur dépressive, les troubles du
sommeil et de l’appétit, l’autodépréciation et les idées suicidaires. Un bilan d’imagerie
permettra d’exclure une démence.
Un entretien avec les proches sera également utile.
Certains traitements comme les neuroleptiques peuvent induire une dépression
secondaire.
Notons que l’intrication dépression-démence chez un même patient est fréquente.
Certaines maladies graves sont souvent associées ou la cause d’une dépression sévère :
Accident vasculaire cérébral, cancer, diabète avec complications lourdes, maladie de
Parkinson, par exemples.
La dépression retentit de manière importante sur la qualité de vie. La PA déprimée va
s’isoler, éviter les contacts sociaux et créer une spirale dépressive, la tristesse étant parfois
banalisée par l’entourage et les soignants.
La dépendance psychique, plus que la dépendance physique représente une dimension
majeure de la santé des personnes âgées fragiles.
La dépendance psychique contribue largement à la perte d’autonomie globale,
hospitalisations plus fréquentes et risque d’entrée en institution. La dépendance
psychique devient le facteur principal limitant le maintien à domicile.
Le suicide est un risque évolutif majeur de la dépression. Chez la PA dépressive, la volonté
d’en finir est animée d’une détermination forte vers le passage à l’acte. Le taux de suicide
réussi est supérieur aux autres catégories d’âge. Les moyens employés le plus souvent sont
la pendaison, les armes à feu ou la précipitation d’un lieu élevé.
La dépression majeure est le trouble psychiatrique le plus souvent associé au suicide
abouti.
Dans ces situations, le suicide apparaît comme le seul moyen et la mort comme la seule
issue à cet état de crise et de souffrance.
Les situations de rupture, déménagement, deuil, entrée en établissement, augmentent
le risque suicidaire.
Les deux tiers des personnes âgées suicidées ont consulté leur médecin généraliste durant
le mois précédent leur geste suicidaire pour des symptômes relatifs à des troubles de
l’humeur. Cela situe toute l’importance d’une démarche proactive et compétente à la
prévention.
La crise suicidaire des personnes âgées est souvent discrète et masquée par des plaintes
somatiques au premier plan.
Puisque la personne âgée n’exprime pas spontanément sa souffrance morale ni ses
intentions suicidaires, il est important de poser la question des intentions suicidaires et de
ne pas banaliser les propos de la personne âgée ni de croire qu’en discuter va la conduire
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.25
au suicide. L’approche doit se faire avec tact et délicatesse pour ne pas exacerber la peur
de gêner, la peur d’être jugé où d’être hospitalisé.
La prise en charge d’une personne âgée dépressive demande une collaboration étroite
entre les intervenants de la maison de repos et la famille, un vrai travail d’équipe. On
associera un traitement médicamenteux et un soutien psychothérapeutique même chez
des personnes très âgées ainsi qu’un traitement efficace des pathologies associées.
L’apparition d’un début d’efficacité du traitement peut prendre 4 à 8 semaines pour un
traitement qui va durer au minimum six mois, souvent un an pour obtenir une
amélioration durable de la qualité de vie, éviter les rechutes, prévenir le risque de suicide.

Déshydratation et coup de chaleur


La déshydratation est fréquente et souvent grave chez la personne âgée. Il faut
familiariser son attention aux facteurs favorisants pour y penser suffisamment tôt et agir
rapidement. La prévention est essentielle.

Le vieillissement s’accompagne de troubles de la régulation de l’eau corporelle et des


troubles de l’équilibre ionique, l’élimination d’eau et de sodium est augmentée suite au
moins bon fonctionnement des reins.
De plus, la personne âgée boit peu et son appétit souvent moindre contribue aussi à la
diminution de la prise hydrique journalière.
Avec l’âge, la masse musculaire diminue.
Entre 40 et 70 ans, il est courant de perdre 30% de masse musculaire. Cette diminution
de la masse maigre se fait au profit d’une augmentation de la masse graisseuse.
La réduction de la matière hydrophile réduit la capacité de retenir l’eau corporelle. Il
y a donc une diminution quantitative de l’eau corporelle totale.

D’autres facteurs comme la dépendance physique ou psychique, un accès à l’eau plus


difficile en raison de difficultés de déplacement par exemple, des troubles de la déglutition
ou aussi des facteurs iatrogènes comme la prise de laxatifs, de diurétiques ou un régime
pauvre en sel interviennent dans la survenue d’une déshydratation chez des PA.
Des éléments complémentaires comme de la température, des vomissements, de la
diarrhée, des laxatifs, un déséquilibre diabétique ou simplement la chaleur estivale
provoquent une perte d’eau et favorisent la déshydratation.
Une diminution des apports en eau que l’on peut constater dans des situations de
confusion, de coma ou d’accident vasculaire aura les mêmes conséquences. Nous savons
que certaines personnes âgées ayant des difficultés de déplacement boivent moins pour
aller moins souvent aux toilettes.
La déshydratation est toujours une urgence chez la personne âgée. Les complications
potentielles sont graves : hypotension, état de choc, chute, fracture, confusion,
insuffisance rénale, risque de thromboses, et aussi des risques liés à l’immobilisation
comme des escarres et la dénutrition.
Il faut toujours penser à la déshydratation et sensibiliser les équipes à y penser lors de
signes d’appels. Ces derniers ne sont pas spécifiques comme une altération de l’état
général, un état confusionnel, même modéré mais inhabituel, de l’agitation, de la
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.26
température, une chute, une fatigue inhabituelle, de la perte d’appétit, de l’hypotension
orthostatique, une modification du comportement…
La recherche, par les soignants, d’un pli cutané au niveau de la cuisse ou du creux sous
claviculaire aide au diagnostic de la déshydratation.
Il est possible de réhydrater par voie sous-cutanée mais toujours avec une solution salée.
Il faut aussi arrêter temporairement les diurétiques, les laxatifs ou les régulateurs de la
tension artérielle. En cas d’infection, il faut aussi traiter la cause. Le traitement de la
déshydratation est surtout préventif.

Le coup de chaleur.
Une forte température, comme une activité physique intense, peut élever la température
corporelle au-dessus de 37°, parfois jusqu’à plus de 40°, on parle alors de coup de chaleur.
Une vague de chaleur provoque un nombre de décès en excès par rapport aux
statistiques moyennes d’un pays ou d’une région. En France, suite à la vague de chaleur
couvrant la période du 29 juin au 8 juillet 2015 on a constaté 700 décès en excès. En
Belgique, on parle de vague de chaleur lorsque la température ambiante dépasse 27,5°
pendant deux jours consécutifs. (30° en France).
Si la température nocturne ne descend pas sous les 25°, la mortalité augmente. En milieu
urbain, dans les étages supérieurs des immeubles non climatisés, les températures
relevées peuvent dépasser de 4 à 8 ° les températures mesurées au sol dans la
campagne proche.
Le seul moyen pour le corps humain de se refroidir par ses propres moyens est la
sudation, l’évaporation de la sueur.
Les polypathologies chez un même patient, diabète, insuffisance cardiaque et / ou
respiratoire, les troubles cognitifs empêchant la prise de décisions ou certains
médicaments peuvent aggraver la situation.
La perte d’autonomie de patients grabataires est un facteur de risque majeur. L’accès aux
espaces rafraîchis et la possibilité de se déplacer sont des facteurs de protection.
La solitude, la perte d’autonomie sont des facteurs de risque.
Les facteurs sociaux et environnementaux ont un poids considérable d’où découle un
prototype de personne âgée en danger en période de canicule : une femme âgée, isolée
socialement, en perte d’autonomie intellectuelle et ou physique. Les premiers signes sont
souvent de la confusion, des troubles de la vigilance, les muqueuses sèches, la langue
sèche, des urines de couleur foncée et hypotension orthostatique.
La prévention consiste à veiller à une hydratation suffisante, repérer les situations à
risque et prendre les dispositions nécessaires dans les lieux de vie. Un adulte a besoin
d’un apport hydrique de 2,5L par 24h, soit environ 1,5L en apport de liquides contenus
dans les aliments et 1L en boissons.
Il faut veiller en toutes circonstances à faire boire les personnes âgées, les aider à boire,
passer souvent pour les faire boire un peu, varier le goût des boissons, éventuellement
prendre des repères sur les bouteilles d’eau et inscrire chaque fois que vous faites boire.
Nous veillerons en permanence au libre accès à l’eau potable et l’accès à des pièces plus
fraîches. Nous les ferons boire davantage s’il fait très chaud.
Les risques liés aux diurétiques, laxatifs ou neuroleptiques seront évalués avec le
médecin.
Il faut anticiper en sensibilisant la population sur les risques de canicule. En cas
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.27
d’hyperthermie, le résident recevra une hydratation plus importante. La voie orale est
préférable, un complément d’une solution salée par voie sous-cutanée est souvent utile.
La prévention est un travail d’équipe, la formation et la sensibilisation sont de mise.
Durant les fortes chaleurs, la concentration en ozone augmente. L’ozone est un gaz
toxique dangereux pour la santé. Il entraine une irritation des voies respiratoires (nez,
gorge…) et des yeux. A très forte dose, il entraine des détresses respiratoires, de fortes
toux et des crises d’asthme. Les personnes fragiles (enfants, personnes âgées,
asthmatiques) doivent éviter de sortir en cas de forte chaleur.

Diabète
Nous sommes fortement concernés en institutions par les conséquences multiples de
cette maladie qui évolue souvent depuis des décennies chez les personnes âgées, parfois
non traitée durant les premières années parce que non diagnostiquée et asymptomatique
pour le patient.
Nous pouvons être confrontés aux complications aiguës : hypoglycémies et coma
hyperosmolaire et aux complications chroniques multiples, évoluant à bas bruit, frappant
les personnes âgées au physique et au mental.
Que le diabète touche environ 20 % des hommes et 15 % des femmes dans la septantaine,
masque la fréquence des polypathologies secondaires en augmentation avec l’âge et le
fait que bon nombre de patients prédiabétiques deviennent diabétiques plus tard.
Les diabétiques meurent toujours plus que les non diabétiques du même âge. Les critères
diagnostiques du diabète sont : 2 glycémies à jeun supérieures à 1,26g/l ou une glycémie
1H30 après un repas, supérieure à 2g/L.

Hypoglycémie.
Les complications aiguës sont des toujours urgences. Non traitées ou traitées
tardivement, elles sont potentiellement mortelles. La prévention est essentielle. Une
hypoglycémie est définie par une glycémie capillaire inférieure à 0,6g/L – mesurée au
bout du doigt par exemple – Une glycémie normale se situe autour de 1g/L environ. Les
symptômes cliniques d’une hypoglycémie sont :
- Sueurs, pâleur, palpitations, tremblements, faim, irritabilité, anxiété. -
Troubles de la concentration, de la parole, de la coordination. - Fatigue,
maux de tête…
- Certaines hypoglycémies sont quasi asymptomatiques.
Le coma survient lorsque le taux de glucose sanguin descend encore plus bas. Les
symptômes cliniques d’un coma hypoglycémique sont : coma brutal agité avec sueur,
tremblements, convulsions parfois.
Chez un même patient, les manifestations cliniques se ressemblent d’une fois à l’autre.
Les symptômes d’hypoglycémie sont souvent plus discrets chez les personnes âgées,
limités à des vertiges, une sensation d’instabilité ou moins spécifiques comme de la
confusion ou une chute.
Les conséquences de l’hypoglycémie chez la personne âgée peuvent être graves : chutes,
fractures, infarctus myocardique ou accident vasculaire cérébral. La fréquence des
hypoglycémies augmente avec l’âge, les comorbidités comme l’insuffisance rénale ou la

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.28


dépression, la polymédication, des exigences diététiques ou des objectifs glycémiques
trop strictes.
Le traitement d’urgence de l’hypoglycémie :
- Si le sujet est conscient et peut avaler, 4 morceaux de sucre ou une canette de soda
sucré ou un jus de fruit puis une ou deux tranches de pain.
- Si le patient a perdu connaissance, une injection IV de glucose suivi d’une perfusion
de glucose pour en prolonger l’action.
- En cas d’impossibilité d’administrer une perfusion IV, 1mg de glucagon IM.

Coma hyperosmolaire.
La mortalité est très élevée, autour de 50%.
Il survient souvent chez une personne âgée dont le diabète est inconnu ou négligé,
souvent déclenché par une infection, un accident vasculaire cérébral ou cardiaque. La
glycémie est très élevée autour de 6g/L avec déshydratation. Ces désordres surviennent
plus facilement chez des personnes à l’autonomie réduite, une démence par exemple,
avec accès à la boisson problématique.
L’hospitalisation en urgence s’impose.

Notre responsabilité dans la prévention des complications aiguës. La prévention par la


formation des équipes soignantes est la meilleure façon de faire face à ces urgences en
éduquant les équipes au réflexe de mesurer la glycémie dans toutes les situations de
malaise d’un résident, comme geste de base au même titre que la mesure de la tension
ou la prise de température, à fortiori si le diabète est connu. Pour ce cas, le suivi régulier
de l’équilibre glycémique fait partie de la qualité des soins de base, comme
l’administration régulière du traitement recommandé. Le discernement de l’infirmière
avant l’administration d’un traitement comme l’insuline établira la corrélation entre la
dose thérapeutique à administrer et les paramètres actuels du patient comme sa
température, sa bonne hydratation, son alimentation et ses dépenses énergétiques de la
journée. En cas de doute, un rapide appel téléphonique au médecin la guidera et
couvrira sa responsabilité.

Complications chroniques
Le diabète est facteur de fragilité comme le cancer ou un accident vasculaire cérébral en
ce sens qu’ils sont responsables d’une accélération de la perte d’autonomie. De
nombreux diabétiques âgés se décrivent en mauvaise santé, sous le poids des
contraintes médicales, consultations, examens de surveillance, médicaments. Le
diabétique âgé est plus à risque de chutes, de syndromes confusionnels, de douleurs
chroniques et d’incontinence urinaire. Il est plus souvent hospitalisé que le non
diabétique.
Le diabète provoque des dégâts au niveau des yeux mais aussi au cœur, au cerveau, aux
reins et à tout l’organisme jusqu’aux pieds, par atteinte du réseau vasculaire et des nerfs
périphériques avec les douleurs de la polynévrite ou d’une artérite et une diminution des
possibilités de marche.
Le diabétique prend généralement beaucoup de médicaments d’autant qu’il souffre de
pathologies multiples. La polymédication est elle-même un facteur de fragilité.
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.29
L’association entre diabète et dépression est bien connue comme l’association avec une
démence. Le diabétique a deux fois plus de risque de développer une démence que le
non-diabétique. Dépression et démence sont des facteurs de fragilité. Les diabétiques
présentent risque de vieillissement accéléré sur les plans moteur, fonctionnel et cognitif.
Ces complications chroniques, altération de la vue, infarctus myocardique, accident
vasculaire cérébral ou une insuffisance rénale sont parfois elles-mêmes révélatrices d’un
diabète inconnu.

Les mesures de prévention des complications chroniques.


La prévention des complications au niveau des yeux, des pieds et du système
cardiovasculaire est essentielle.
Un suivi ophtalmologique régulier permettra de limiter la perte d’acuité visuelle, la
rétinopathie diabétique et de diagnostiquer rapidement une cataracte naissante, sources
d’isolement pour le résident.
Les problèmes au niveau des pieds concernent plus de 80% des diabétiques âgés chez qui
l’apparition d’une plaie est dramatique pouvant conduire à des infections graves
menaçant le pronostic vital et à l’amputation. Rappelons que le maintien au lit ou au
fauteuil conduit systématiquement au syndrome de régression psychomotrice. Nous
voyons toute l’importance de soins préventifs attentionnés pour éviter ces complications.
Les risques vasculaires, infarctus, accident vasculaire cérébral, insuffisance rénale, sont au
plus haut niveau chez un diabétique âgé qui cumule souvent avec les conséquences du
diabète, de l’hypertension et des troubles lipidiques. Pour ce type de risques, un équilibre
glycémique et tensionnel raisonnable ainsi que l’activité physique régulière sont fort
importants. Les choix médicamenteux à titre préventifs, statines, antiagrégants
plaquettaires sont du ressort du médecin.
Afin de préserver la qualité de vie du résident, nous porterons également notre attention
sur la prévention de la dénutrition, le repérage des troubles cognitifs et la prévention des
infections en veillant aux soins de bouche et aux vaccinations contre la grippe, le tétanos
et le pneumocoque.
Dans la mesure du possible, le résident et sa famille seront impliqués dans la bonne
conduite des mesures préventives.
L’activité physique sera encouragée, des séances de rééducation fonctionnelle seront
prescrites en prévention des chutes et du maintien de l’autonomie motrice pour éviter la
prise de poids supplémentaire en cas de surcharge pondérale.
Les régimes restrictifs ne sont pas indiqués chez un diabétique âgé.

Douleur des personnes âgées


La prévalence douloureuse augmente avec l’âge et peut atteindre 80 % des résidents en
institutions. Elle est généralement sous-traitée.
Selon l’International Association for the Study of Pain (IASP), la douleur se définit comme
« une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire
existante ou potentielle ou décrite en termes d’une telle lésion ». La douleur est une
expérience personnelle, subjective, qui engage toute la personnalité avec son histoire de
vie, sa sensibilité et sa culture.
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.30
Toute personne exprimant une douleur, par des mots ou des comportements, doit être
considérée comme ayant “mal”, même si la cause n’est pas identifiée, et elle doit être
soulagée d’urgence. La douleur est ce que le patient en dit.
Lorsqu’elle devient chronique viennent : perte de poids, faiblesse, fatigue ou agressivité.
Tout devient effort, manger, parler. La douleur dépersonnalise, mon corps me devient
étranger. La douleur déborde le corps, écrase l'individu, remanie son identité, altère la
relation aux autres.
Douleur psychologique en lien avec la perception de la vis qui se brise, le doute sur ce
que je demeure aux yeux des autres, le sentiment de dévalorisation. Douleur sociale liée
à solitude profonde et persistante.
Douleur spirituelle ou existentielle, plus vaste que le religieux, peut l'inclure en fonction
des croyances de chacun. Vieillesse, douleur, maladie amènent à la relecture de la vie et
au sens qu’elle peut avoir pour chacun.
La souffrance globale est la présence simultanée chez un patient des 4 dimensions de la
souffrance, c'est à la fois, la douleur morale, physique, sociale et spirituelle. Différents
mécanismes de douleur peuvent être relevés.
Les causes des douleurs chroniques
Arthrose des membres et du rachis, rhumatismes inflammatoires. Fractures
du col fémoral, des vertèbres, des os longs, du pelvis et des côtes. La carence
en vitamine D est fréquente et oubliée en institution.
Les douleurs liées aux pathologies cancéreuses croissent avec l’âge et se retrouvent dans
près de 70 % des cas au stade évolué.
Les escarres, les accidents vasculaires, les pathologies artérielles sont responsables de
claudications douloureuses qui limitent le périmètre de marche et conduisent parfois à
l’amputation. Les ulcères de jambe d’origine variqueuse sont une source fréquente
d’inconfort et de douleurs chroniques.
Les douleurs viscérales sont à l’origine de la plupart des douleurs aiguës ; soit 30 % des
motifs de consultation des personnes âgées en urgences.
Les douleurs neurogènes : douleurs persistantes après zona, les séquelles
douloureuses après un accident cérébral, les neuropathies diabétiques, toxiques ou
dégénératives.
Les douleurs psychogènes dans la dépression, sont sous-estimées.

Spécificités de la douleur chez la personne âgée


Le diagnostic de la douleur des PA est compliqué en raison des pathologies multiples
intriquées, des difficultés de communication et des déficiences cérébrales. Les PA
verbalisent peu leurs douleurs, Il faut interroger soigneusement les patients, penser à la
douleur lorsqu’il y a changement de comportement. Comme rien n’empêche que l’on
soit âgé, douloureux, dément, dépressif et en fin de vie, il est primordial d’adapter et de
personnaliser les traitements proposés. Quand la communication verbale est trop
limitée, il faut observer les changements de comportement : refus de se lever, se laver,
se soigner, refus de communiquer ou de manger.
Le retentissement de la douleur est apprécié sur le sommeil, l’appétit, les mouvements,
l’humeur, la qualité de vie.
Il faut écouter les proches et les soignants qui connaissent bien le patient. Plus l’âge
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.31
augmente plus la prévalence de la douleur augmente, pourtant vieillir n’est pas
physiologiquement douloureux.
La douleur est trop peu exprimée, mal repérée, insuffisamment traitée en raison d’idées
reçues tenaces, de manque d’outils adaptés, de déficits de formation, de traitements
inadaptés. Ses répercussions en cascade sont souvent dramatiques. Sur le plan purement
somatique, la douleur des personnes âgées en fin de vie se caractérise par la fréquence
accrue des rétractions tendineuses, des contractures musculaires, des escarres et plaies
artéritiques, des lésions de la cavité buccale, des rétentions d’urine et des syndromes de
sub-occlusion intestinale (constipation opiniâtre, fécalome).
Ce qui est particulier à la fin de vie, c’est l’association de la douleur à d’autres symptômes
pénibles qui sont à l’origine d’une couche supplémentaire d’inconforts majeurs comme
les bouches douloureuses, les nausées-vomissements, la dyspnée, les plaies et mauvaises
odeurs.

L’évaluation de la douleur est indispensable avant le traitement et doit être répétée


régulièrement pour ajuster le traitement. Il existe des échelles pour évaluer la douleur.
L’auto-évaluation sur une échelle numérique visuelle simple doit toujours être tentée, le
recours aux échelles d’hétéroévaluation de la douleur chez les personnes âgées en fin de
vie est fréquemment nécessaire : l’échelle DOLOPLUS est la plus efficiente pour la douleur
chronique, l’échelle ALGOPLUS pour la douleur aiguë.
Les douleurs chroniques des personnes âgées méritent d’être envisagées dans leur
complexité et leurs dimensions psychosociales. Elles peuvent indiquer la présence d’un
trouble affectif ou d’une souffrance personnelle ou relationnelle. Elles ont souvent une
valeur de message qu’il appartient aux thérapeutes de décoder soigneusement.
L’approche thérapeutique portera une attention particulière à l’accueil de la plainte et à
la légitimation de la souffrance.
Il est important de souligner que l’accueil de la plainte représente un acte thérapeutique
en soi. La plainte douloureuse demande en effet à être entendue, “décodée” avant d’être
traitée. Le décodage de son sens nécessite de la prudence, du temps et le respect des non-
dits du patient grâce à une écoute empathique qui permet souvent d’aider les patients à
reconquérir leur dignité et un sentiment de contrôle sur leur destinée.

Le traitement de la douleur
Un soulagement adéquat de la douleur est habituellement possible. Les douleurs aiguës
ou chroniques sont sous-traitées chez les patients âgés, surtout très âgés avec des
déficits cognitifs ou qui résident en institution de soins de longue durée.
Le traitement antalgique de la douleur devrait être adapté à la sévérité de la douleur et
inclure des co-analgésiques comme la cortisone en complément ainsi que des traitements
locaux et des approches non médicamenteuses dans une approche globale
pluridisciplinaire du patient.
La dose quotidienne de paracétamol ne devrait pas dépasser 2,6 grammes. Un opioïde à
longue action devrait être favorisé en présence de douleur constante mais seulement
après s'être assuré que plusieurs doses quotidiennes d'opioïde à courte action sont bien
tolérées.
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.32
Les effets indésirables des opioïdes doivent être surveillés étroitement, prévenus et
traités.
La forme galénique des antalgiques sera adaptée aux possibilités de déglutition du
patient.

Les douleurs induites dans les soins doivent être prévenues. Avant, pendant et après le
geste ou le soin, en entourant le soin pour limiter l’appréhension et pendant le geste ou
le soin, en assurant le confort du soigné et du soignant (installation, matériel adéquat,
travail en binôme, détournement de l’attention, verbalisation, en terminant par quelque
chose d’agréable).
Nous insistons ici sur le savoir être et le savoir-faire des soignants. Les protocoles
médicamenteux sont essentiels. Ils comportent des antalgiques de palier 2 ou 3 selon les
situations, une heure avant le geste ou le soin, des tranquillisants en cas de soins
anxiogènes, de la Lidocaïne-Prilocaïne en application locale.

COPYRIGHT IFAPME Syll ESG –Dr STIEVENART 39

Conséquences des douleurs mal soulagées pour les soignants


Souffrance morale : Impuissance. Colère contre la douleur, contre eux-mêmes
Risque de maltraitance / négligence : change douloureux
Soignant ne pouvant plus soigner : Fuite, évitement, transfert du patient Si la douleur
persiste, la plainte du patient va évoluer, soit vers d'incessants appels à augmenter le
traitement soit en minimisant ses symptômes.
L'évaluation thérapeutique est plus compliquée, intriquée avec les troubles associés,
angoisse, confusion, anorexie, troubles du sommeil.
Pistes de solution : Cohésion et confiance d’équipe, du respect et la connaissance des rôles
de chacun. Une équipe centrée sur la qualité de prise en charge. En association avec des
antalgiques, utiliser le plus possible les traitements locaux et les approches non
médicamenteuses, avoir une approche globale pluridisciplinaire du patient. bonne
communication
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Conséquences des douleurs mal soulagées pour le médecin
Impuissance, colère, sentiment d'échec, image d'incompétence
Culpabilité / patient, famille, équipe et risque de rejet du patient ou prescriptions
désordonnées. Importance d'objectifs clairs par patient, regard pluridisciplinaire, dialogue
pour partager la souffrance.

Conséquences des douleurs mal soulagées pour l'institution


Remise en cause des objectifs de qualité de vie et de qualité de soins annoncés.
Tensions sur les moyens mis à disposition et moyens nécessaires. Crise
institutionnelle qui cristallise malaises antérieurs.
Touche tout le personnel présent avec retentissement sur les soins.

Conséquences des douleurs mal soulagées pour l'entourage familial


Souffrance, colère agressivité envers soignants et médecins.
Image d'incompétence et finalement, situation insupportable.
Espacement des visites, rejet du patient, Demande d'euthanasie par la famille.

CONCLUSION
Quelques mots empruntés à Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale :

COPYRIGHT IFAPME Syll ESG –Dr STIEVENART 40


Témoigner une présence inconditionnelle à la personne et refuser les attitudes
d’indifférence et d’abandon incarne la résistance de l’humain face à ce qui menace de
compromettre le sens d’une vie. L’homme avec ses fragilités, ses détresses, ses peurs,
sollicite notre accompagnement.
Combattre l’indifférence, travailler contre la douleur, c’est affirmer notre attachement aux
valeurs qui inspirent et légitiment notre présence auprès de la personne malade en
demande d’humanité, de sollicitude, d’attention et de respect, mais aussi de soutien
quand elle se sent proche de l’impossibilité de faire face.
Rien n’autorise une moindre prise en charge du sujet âgé avec des présupposés sur le
fatalisme de la vieillesse.

Dysphagie, les troubles de la déglutition et les fausses

routes Avec l'âge il se produit un ralentissement global du processus de la déglutition.


Les troubles de la déglutition sont fréquents en institution, entre 30 à 70 % des
personnes âgées ont des difficultés pour manger.

Lors de la déglutition normale, la nourriture va de la bouche vers l’estomac en passant


par le pharynx et l’œsophage.
Lors d’une fausse déglutition, le « bol alimentaire » avalé passe dans les voies
respiratoires au lieu d’aller dans le tube digestif.
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Cette difficulté à avaler peut parfois avoir des conséquences graves comme la fausse route
également appelée « fausse déglutition » qui peut amener à la mort par étouffement.

Symptômes types :
- Changement des habitudes alimentaires
- Toux ou difficultés de respiration lors des repas ou après.
- Apparition d’une gêne dans la gorge en mangeant
- Bronchites à répétition
- Voix rauque ou mouillée, (chat dans la gorge)
- Perte de poids
- Durée des repas anormalement prolongée

Les causes des troubles de la déglutition :


Accident vasculaire cérébral, démences, maladie de parkinson, tumeur cérébrale
Pathologies et cancers de la sphère O.R.L.
Sécheresse de bouche par diminution de la production de salive
Certains médicaments
- En provoquant de la sécheresse de bouche ou une diminution de la production de
salive : Antidépresseurs tricycliques, neuroleptiques, médicaments contre les
vomissements ou contre la diarrhée médicaments ou contre la maladie de
Parkinson.
- En altérant le niveau de vigilance comme les benzodiazépines, les morphiniques.
- Par une atteinte directe de la muqueuse de l’œsophage comme les anti
inflammatoires non stéroïdiens.

Les complications des troubles de la déglutition.


Asphyxie brutale et parfois mortelle, par l'inhalation trachéo-bronchique d'un corps
étranger, des aliments en général.
C'est une urgence extrêmement grave, un tableau d'asphyxie qui peut être rapidement
mortel.
Pneumonie
Déshydratation, malnutrition, dénutrition,
Difficulté à prendre certains médicaments,
Il y a aussi de fortes répercussions sur la qualité de la vie sur le plan émotionnel et social :
avec dépression, isolement social ou mauvaise qualité de vie par peur des fausses routes.

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La prise en charge des troubles de la déglutition.
La prise en charge nécessite une approche multidisciplinaire.
Dans toute la mesure du possible une alimentation orale même insuffisante doit être
maintenue. Pour manger, le patient est installé en position assise ou semi-assise dans un
environnement paisible.
Il aura la tête légèrement fléchie vers l'avant, cela facilite une déglutition normale. il est
important de choisir un verre à découpe nasale comme celui-ci, pour pouvoir boire sans
avoir à lever la tête.
La personne qui aide le patient sera doit à sa hauteur et du coté paralysé en cas
d’hémiplégie.
Les repas seront fractionnés, 5 petits repas plus collations.
Les médicaments peuvent être administré avec un yaourt, du flan, de la compote. La
présentation des aliments sera soignée et variée.
Il faut favoriser une texture lisse et homogène en mixant les aliments réduits en purée,
hachée, spécialement préparée et enrichie, ainsi que des liquides épaissis (consistance de
nectar, miel, pouding).

La rééducation de la déglutition est souhaitable en vue d'améliorer la fonction de


déglutition, elle suppose la participation active du patient qui doit être coopérant et
motivé.

L’alimentation des patients connus pour être à risque de fausses déglutitions sera fera
sous la surveillance directe d’une infirmière qui administrera elle-même leurs
médicaments.
Quelques recommandations pour une alimentation suffisante et conserver le plaisir de
manger.

ON ÉVITE ON PRIVILÉGIE

Les plats chauds et boissons froides,


Les plats tièdes ou boissons
tempérées.
Les fruits à pépins (kiwi, raisin,
Les aliments de petites tailles (céréales, framboise, pomme…)
graines, riz, petits pois, semoule…)
Les aliments gluants ou collants
(fromage fondu, confiture, miel…)
Les aliments fibreux ou à peau chaudes ou pétillantes. Il faut stimuler
(ananas, asperge, haricot, poireaux…) la sensibilité buccale.

Les aliments saupoudrés (sucre, cacao,


poivre…), ou qui s’émiettent facilement Les aliments appréciés par la personne,
(biscottes, biscuits secs…) pour un moment de plaisir, de détente.

Les aliments faciles à mastiquer, à


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texture lisse (viande hachée, potage, De veiller à ce que la bouche soit bien
purée, œufs, flans, yaourts, lasagnes…) vide avant d’introduire la bouchée
suivante.

Les aliments « humides », non secs


comme les plats en sauces. De manger à sa faim et d’adapter sa
vaisselle au volume souhaité

Escarres de la personne âgée, prévention

L’escarre est une pathologie douloureuse et fréquente en gériatrie, souvent méconnue et


négligée, qui altère la qualité de vie des patients. La charge en soins qu’elles entraînent
est importante. Elles coûtent cher, allongent les durées d’hospitalisations de ces résidents
et compromettent leur pronostic vital.
Une escarre est un mot féminin provenant du grec eskara qui signifie croûte noire. Les
escarres apparaissent chez les personnes alitées ou qui ne savent pas bien bouger ayant
un état de fragilité important associé. On parle de comorbidités telles que : anémie,
accident vasculaire, incontinence ou dénutrition grave. L’apparition d’une escarre dans
ces situations signifie souvent un tournant évolutif péjoratif, le pronostic vital et
fonctionnel est compromis.
L’escarre est une zone de nécrose localisée de la peau et des tissus mous sous-jacents. Elle
débute par une simple rougeur. Elle peut évoluer en surface vers une croûte noire de tissus
morts sous laquelle peut se creuser une profonde cavité souvent infectée, délabrant
parfois en profondeur les tissus de voisinage jusqu’à provoquer le décès par choc septique.
La guérison, pour autant qu’elle puisse être acquise va durer des semaines souvent des
mois.
A l’origine de l’escarre, il y a une compression prolongée des tissus mous de la zone d’appui
du patient entre un plan dur et une saillie osseuse. La pression joue un rôle prédominent
mais d’autres facteurs peuvent intervenir comme le cisaillement ou la friction ou une
combinaison des trois éléments. L’évolution peut être extrêmement rapide avec
apparition de zones escarrifiées en 24h d’immobilisation au lit.
Les vaisseaux sanguins étant écrasés par la pression, les tissus concernés sont mal
irrigués, manquent d’oxygène. Si cette ischémie persiste, la souffrance des tissus sera
suivie de nécrose, c’est à dire mort tissulaire. Tout commence en profondeur. L’ischémie
débutante des tissus mous profonds ne laisse apparaître en surface qu’une discrète
rougeur de la peau. La plaie d’escarre apparaît plus tard. De là l’importance de la
vigilance des soignants à détecter au plus tôt l’apparition d’une rougeur suspecte et à
prendre les mesures préventives pour préserver au mieux la qualité de vie du résident.
⚫ Les escarres siègent principalement au sacrum, aux talons, au trochanter. ⚫ Des
escarres d’oreille ou des ailes du nez se voient en cas d’oxygénothérapie ou
d’alimentation entérale. Le contact de la sonde imprimant une légère pression
persistante sur la peau crée la blessure toujours douloureuse.
De manière préventive, la peau doit être observée au moins une fois par jour, surtout en
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regard des proéminences osseuses, pour un diagnostic sans retard. Une simple rougeur
persistante de la peau est une escarre débutante.

Les escarres causent des douleurs importantes. Les soins d’escarres sont souvent très
douloureux. Prévoir un traitement de la douleur une heure les soins et la toilette avant
soulagera efficacement le patient.
Les facteurs de risques internes :

• L’âge et l’immobilité viennent en tête.


• L’état de conscience, la déshydratation, la dénutrition.
• Pathologies chroniques graves avec un bas débit sanguin ou catabolisme : anémie,
insuffisance cardiaque, T°, cancer

Les facteurs de risque externes :

• La pression : mécanisme principal


• Le frottement : abrasion ou brûlure par échauffement
• Le cisaillement des tissus blesse les vaisseaux : le patient glisse dans son fauteuil.
Pour remonter le patient dans son lit, il est nécessaire de le soulever des draps.

Les autres causes d'escarres :


• Des dispositifs médicaux mal installés ou simplement laissés quelque temps en
place, sonde urinaire ou nasogastrique, tubulure de perfusion.
• Tout matériel qui provoque un écrasement d'une partie du corps. •
La corticothérapie au long cours rend la peau fragile.

La dénutrition provoque une perte de masse grasse et de masse maigre. Ces tissus forment
une couche protectrice des vaisseaux sanguins. Ils permettent une bonne répartition des
forces de pressions entre le support externe et les composants durs du corps (les os),
notamment au niveau des saillies osseuses (trochanter, sacrum). Ils jouent aussi un rôle
d'amortisseurs en cas de choc, évitant des traumatismes du système vasculaire. Les
défenses immunitaires s’effondrent, les plaies s’infectent.
La prévention de l'escarre inclut donc une prévention de la dénutrition.

Evaluation du risque et prévention.


Les échelles de prévention du risque d’escarres comme l’échelle de Norton ou l’échelle de
Braden doivent être utilisées par le personnel infirmier dès l’admission du résident. Le
risque d’escarre sera réévalué régulièrement, l’apparition d’une rougeur de peau dans une
zone à risque sera considérée comme une urgence pour que l’équipe soignante prenne de
façon conjointe les mesures adaptées.
La formation du personnel soignant à la prévention et au traitement des escarres, la mise
en place dans les soins courants de protocoles de prévention des escarres peuvent réduire
fortement leur incidence. L’escarre n’est pas une fatalité, elle est très souvent évitable par
un travail de toute une équipe motivée et bien organisée. Il y a unanimité sur la nécessité
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de diminuer la pression sur les zones d’appui. Le résident sera levé autant que possible.
On alternera, selon les possibilités, des périodes d’alitement limitées avec la mise au
fauteuil et la rééducation à la marche.
Lorsque le patient est alité, les changements de position auront lieu régulièrement, au
minimum toutes les 6 h. Ils sont programmés à l’avance et consignés sur une feuille de
suivi, signée selon les prestations.
La kinésithérapie sera précoce et quotidienne surtout chez les patients alités. La
mobilisation au lit prévient les douleurs musculaires et articulaires comme les rétractions
musculo-tendineuses douloureuses et invalidantes.
Quand il faut modifier la position du patient, il faudra veiller à le soulever du lit au lieu de
le glisser sur le lit. Une potence au-dessus du lit permettra au patient d'aider à la
manœuvre, à défaut, la participation de deux soignants est nécessaire. Les
kinésithérapeutes et ergothérapeutes y participent.
Le confort du résident prime. L’ensemble de l’équipe soignante veillera à l’installation
confortable du résident, sans frottements des draps par exemple qui provoquent des
lésions cutanées superficielles sur des peaux fragiles.
Pour terminer une installation confortable du patient, la protection des zones d’appui,
orteils, genoux, sera assurée par des coussins en mousse de taille et de forme adaptée.
Des cerceaux éviteront aux draps de poser sur la peau.
La peau des points de pression peut être protégée par des films de polyuréthanne
transparents et on veillera en toutes circonstances au contrôle visuel attentif de ces zones.
Les matelas dynamiques ont une efficacité supérieure aux supports statiques mais aucun
ne dispense des changements de position.
Coucher strictement un patient sur le dos ou sur un côté expose au risque d’escarre soit
sur le sacrum et les talons, soit au niveau du trochanter. On cherchera une position
intermédiaire en la stabilisant avec des coussins.
Lever la pression = positionner et mobiliser
« On peut mettre ce que l'on veut sur une escarre, sauf le malade » (R. Vilain)
Les draps doivent être propres et quotidiennement aérés.
Il faut veiller à ce qu'ils ne présentent pas de plis, de miettes de pain qui risqueraient de
créer des points de surpression ou des lésions cutanées.
Le soin d’escarre est un soin propre, non stérile.
Se laver les mains au préalable pour éviter toute contamination par manuportage.
S’assurer d’une position confortable du patient pour la réalisation du soin par deux
soignants au besoin. Il y va aussi du confort de travail pour les soignants.

A ne pas faire

Laisser le patient plusieurs heures dans la même position.


Remonter le patient dans le lit sans le soulever du matelas.
Utiliser des supports trop mous ou trop durs : Un support trop dur ne se déforme pas sous
le poids du corps, à l’inverse, le corps s'enfonce profondément dans le support mou.
Omettre un change d’incontinence de selles ou d’urines. L’humidité prolongée provoque
une macération de la peau et fragilise les tissus.
Frictionner de manière rigoureuse la zone fragilisée est très mauvais car cela «casse» les
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vaisseaux et peut aggraver l’état des tissus. Un massage doux avec une crème hydratante
va protéger la peau des agressions extérieures.
Le décubitus latéral à 90° ou dorsal strict.
Les frictions et massages profonds.

Fragilité et particularités du patient âgé


Le patient âgé appartient à un groupe de population très hétérogène, il doit être abordé
autrement qu’un patient dans la force de l’âge, en intégrant les éléments médicaux,
psychologiques et sociaux. A défaut, on l’expose à des complications sévères conduisant
à la perte d’autonomie, des hospitalisations répétées ou prolongées, l’institutionnalisation
et même le décès.
Le vieillissement des grandes fonctions commence tôt dans la vie adulte, de manière très
variable selon les individus, le capital génétique, les maladies chroniques et les habitudes
de vie comprenant l’alimentation, l’activité physique, le tabac, l’alcool et la vie sociale.
Les performances, les capacités d’adaptation, les réserves fonctionnelles diminuent sans
pour autant conduire à la défaillance sauf maladie surajoutée. Chez la personne âgée, ce
qui n’est pas utilisé se perd, la fonction entretient l’organe. La prévention est essentielle
pour le maintien des capacités.

Polypathologies fréquentes.
Le patient âgé souffre en moyenne de 4 à 6 maladies chroniques associées, par exemple,
diabète, insuffisance cardiaque, malvoyance, polyarthrose. Elles peuvent engendrer des
incapacités ou de la dépendance. Les explications tiennent au vieillissement des organes,
à une exposition au risque prolongée, l’amélioration de l’espérance de vie par les progrès
thérapeutiques dans les maladies chroniques.

Décompensations fonctionnelles multiples.


Le cerveau, d’où la confusion,
Les reins d’où l’insuffisance rénale.
L’équilibre postural d’où les chutes
L’alimentation d’où la dénutrition et la déshydratation.
Le mental d’où la dépression.
Ces décompensations, résultantes de la conjugaison de maladies chroniques auxquelles
viennent se surajouter une pathologie aiguë comme une infection ou un stress, sont à
l’origine de nombreuses hospitalisations.

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Pathologies iatrogènes fréquentes.
Traitements lourds, médications multiples mais aussi maladies nosocomiales ou
complications opératoires sont plus fréquents que chez les jeunes.

Symptomatologie modifiée.
Le patient âgé tousse moins qu’un jeune lors d’une infection respiratoire, il peut ne pas
avoir de température mais devient confus. Cet exemple entre mille illustre les différences
de symptomatologies entre plus jeunes et personnes âgées. La fatigue, l’anorexie ou un
état de malaise seront souvent les seuls signes de maladies très diverses. Des troubles
mnésiques, des troubles de la parole, la surdité ou des troubles visuels compliquent encore
le diagnostic.

Impact psychologique de la maladie.


Le vécu de la maladie chez un patient âgé lui rappelle son âge et l’idée de la mort qui
approche, source d’angoisse, dépression, abandon ou déni.
L’approche du patient âgé est spécifique et demande une attention à ces différents
aspects auxquels les soignants peuvent se familiariser avec l’expérience et une bonne
observation du résident dans ses habitudes quotidiennes. L’œil expérimenté et attentif
aura vite fait de repérer un changement dans les habitudes évoquant une maladie
débutante.

Fragilité, pathologies en cascade avec risque de dépendance.


Le vieillard fragile a des réserves d’adaptation réduites avec incapacité à faire face à un
stress même minime. Chez lui, le risque de décompensation d’organes en cascade est
élevé. On peut parler d’un cercle vicieux ou de spirale comme dans la dénutrition quand
une infection respiratoire déclenche une insuffisance cardiaque qui provoquera de la
confusion et une chute.
Les personnes âgées robustes gardent le potentiel d’un adulte en bonne santé. A l’inverse,
une personne âgée dépendante est en mauvaise santé avec des pathologies irréversibles.
Entre robustesse et dépendance, l’individu fragile se trouve dans un état d’équilibre
instable avec le grand risque de basculer vers la dépendance. Il suffit d’un événement
mineur, changement de traitement, infection urinaire pour que s’ensuivent chute, perte
d’autonomie, ou état confusionnel par exemple. Les effets secondaires de médicaments
ou la perte d’un être cher auront le même effet.
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Une personne fragile ne sait plus faire face aux petits imprévus quotidiens tels que le
retard d’un proche, les tracas de la circulation ou une petite fuite d’eau au domicile. De
tels soucis vont engendrer une véritable panique chez ces gens devenus incapables de
trouver une solution. C’est pourquoi la fragilité est souvent définie comme un état
d’équilibre dynamique précaire entre
• Bonne santé et maladie, autonomie, indépendance et leur perte, •
Existence de ressources et leur épuisement,
• Présence d’un entourage affectif, aidant et l’isolement
Il est prouvé qu’une intervention ciblée sur les facteurs de fragilité aide le patient à
récupérer de ses pertes.

Il est donc précieux de repérer les personnes fragiles.


Parmi les critères, l’âge élevé, les déficits sensoriels, les maladies chroniques avec
polymédication, perte d’activités de la vie journalière et
- Perte de poids involontaire > 5 kg en 1 an.
- Incapacité de se lever 5 fois d’une chaise sans l’aide des mains. - Sujet
pessimiste sur son état avec fatigue et épuisement rapide à l’effort

Ces critères ont une valeur de prédiction péjorative comme l’entrée en institution et le
décès.
Le syndrome de glissement est un facteur prédictif à lui seul. Il s’agit d’un épisode
confusionnel et dépressif survenant après guérison d’une affection qui a épuisé le sujet.
Son état général se dégrade, il ne mange plus et ne communique plus sauf pour dire qu’il
veut mourir.
Lorsque la fragilité plonge vers la dépendance, comment soigner pour prévenir une
situation irréversible ?
- Il faut soigner rapidement toute affection aiguë et décompensation d’un organe ou
dans le registre socio-économique.
- Traiter la cause et assurer une nutrition riche en calories et en protéines avant que
le sujet n’épuise ses réserves.
- Revoir et limiter le traitement médicamenteux.
- Veiller à la vue et l’audition du résident, port de l’appareil auditif et lunettes
propres.
- Eviter l’immobilisation inutile.
- Rééducation motrice progressive et adaptée.
- Plan de soins médical pluridisciplinaire avec objectifs personnalisés.

D’une manière générale, il faudra toujours veiller à


- Avoir une vie sociale, une bonne nutrition et des activités physiques, ou éviter leur
contraire, isolement, mauvaise alimentation et sédentarité.
- Porter de manière permanente les lunettes propres et adaptées et appareils auditifs
en bon état de fonctionnement.
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- Suivi et bon contrôle des maladies chroniques à risque de complications
invalidantes.
- Veiller aux vaccinations contre la grippe, le tétanos et le pneumocoque.

« La vieillesse, disait S. de Beauvoir, est particulièrement difficile à assumer parce que nous
l’avons toujours considérée comme une espèce étrangère : moi, je suis devenue une autre,
alors que je demeure moi-même. »
La conscience d’être devenu une personne âgée vient du regard de l’autre qui me signifie
un sentiment de vieillesse. La société moderne confère à la jeunesse un imaginaire de
toute puissance autant qu’elle refoule la vieillesse comme un enlaidissement.

Hygiène dans les soins, recommandations générales

Les mains sont l’instument de soin le plus employé.


Prévenir la transmission des infections associées aux soins (IAS), aussi connues sous les
dénominations infections nosocomiales. Il s’agit d’une infection acquise par un patient au
cours des soins délivrés à l’hôpital ou dans tout autre établissement de soins, et qui n’est
pas présente, ni en incubation à l’admission ou au moment de délivrer les soins. Cela
comprend l’infection contractée dans un établissement de soins mais qui ne se manifeste
qu’après la sortie. Les IAS touchent des centaines de millions de personnes dans le monde
et représentent un problème majeur pour la sécurité des patients. Dans les établissements
de soins modernes des pays développés, 5 à 10% des patients contractent une ou plusieurs
IAS. Dans les pays en développement, le risque d’IAS est 2 à 20 fois supérieur à celui des
pays développés ; la proportion de patients affectés par ces IAS peut dépasser 25%. Dans
les unités de soins intensifs, les IAS touchent environ 30% des patients et la mortalité
associée peut atteindre 44%.
Les IAS peuvent provoquer :
■ Un prolongement de la durée de séjour en établissement de soins ■
Une invalidité à long terme
■ Une mortalité excessive : tuent + que les accidents de la route en Belgique ■
Une charge financière supplémentaire
■ Une augmentation des coûts pour les patients et leur famille.
Mesures générales s’appliquant dans les soins et en toute circonstance. La transmission
des germes au cours des soins se fait par contact manuporté d’un patient ou de son
environnement proche à un autre patient. Les mains du personnel soignant sont le
vecteur des germes dans 80% des cas.
La plupart des mesures de prévention sont simples et peu coûteuses. On utilise une
solution hydro alcoolique répondant à la norme EN1500, que l’on applique sur des mains
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.43
sèches et visiblement propres en frictionnant durant 30 secondes. La main idéale pour la
prévention des IAS aura :
Des ongles courts, sans vernis ni faux ongles, ni montre, ni bague, ni bijou,
Les avant-bras sont découverts (blouse à manches courtes).
La désinfection des mains pendant 30 secondes avec une solution hydro-alcoolique
remplace le lavage des mains (au savon doux ou antiseptique) si les mains ne sont pas
visiblement souillées. Si les mains sont visiblement souillées, préférer un lavage des mains.
Vous les séchez bien avant la désinfection. L’hygiène des mains se pratique sur le lieu
même où les soins sont dispensés. La solution hydro-alcoolique se trouve au plus près du
soin, à portée de main du soignant, là où les soins sont dispensés. Le produit mis à
disposition sur le lieu de soins est accessible sans que le soignant ne quitte la zone du
patient.
La promotion de l’hygiène des mains comprend aussi l’utilisation correcte des gants : Au
plus près du soin.

• Enlever les gants immédiatement après la fin d’un soin et réaliser une hygiène des
mains.
• Porter des gants n’est pas une alternative à une bonne hygiène des mains.

Mesures complémentaires de prévention de la transmission des bactéries multi résistantes - BMR


- dans les maisons de repos et de soins.
Les souches résistantes prolifèrent en raison d’une consommation très importante
d’antibiotiques.
L’homme est un réservoir naturel de bactéries, dont les staphylococcus aureus : 30 à 40 %
des adultes en bonne santé en sont porteurs, c.-à-d. que l’on peut trouver des
Staphylococcus aureus temporaires ou permanents au niveau de la peau et des
muqueuses (fosses nasales, gorge, périnée, aines, nombril, aisselles). Un porteur ne peut
transmettre le Staphylococcus aureus que de façon directe (transmission directe). Dix à
20% des adultes en bonne santé sont colonisés, malgré l’absence de signes d’infection.

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Ces personnes transmettront le pathogène plus rapidement à d’autres, éventuellement
par l’intermédiaire des mains d’un soignant (transmission indirecte).
Les personnes en bonne santé ne courent pas un grand risque pour elles-mêmes, elles
seront rarement infectées, le plus souvent sous forme d’infections cutanées désagréables
mais limitées. Les personnes affaiblies, avec une immunité réduite, les personnes âgées
dépendantes, les patients avec des plaies ouvertes ou des catheters, courent alors un
risque élevé de contamination avec possibilité de septicémie parfois mortelle à leur
contact.
Parmi les personnes vivant à domicile (donc pas en communauté) et n’ayant pas été
traitées récemment dans un hôpital, le pourcentage de porteurs de MRSA est très faible.
Ce pourcentage est nettement plus élevé dans des hôpitaux et dans des maisons de repos
et de soins.
Les recommandations pour les MRS représentent un véritable défi entre des mesures
assez strictes et simultanément éviter un isolement trop strict des résidents qui sont
dans leur ‘lieu de vie’ contrairement à l’hôpital aigu. Les recommandations doivent donc
être souples et applicables, mais également suffisamment strictes que pour permettre une
prise en charge efficace.
Le MRSA, est principalement responsable d’infections de plaies, mais aussi d’autres
infections, des voies respiratoires, sanguines, urinaires et autres. Les narines sont un site
de portage fréquent ainsi que la gorge et le périnée.
Le constat étant que 15% des résidents des MR/MRS en sont porteurs, la question est :
Comment limiter la propagation des infections à staphylocoques dorés multirésistants en
mrs.

Une politique cohérente de contrôle du MRSA repose sur différents principes : 1.


tendre vers une utilisation très restrictive des antibiotiques. Il ne faut les utiliser que
lorsqu’ils sont absolument nécessaires. On choisira l’antibiotique avec un spectre étroit,
suffisamment dosé et administré à une fréquence et une durée correctes. Il convient
d’éviter des cures d’antibiotiques répétées. Une politique d’antibiothérapie optimale est
certainement importante dans des maisons de repos et de soins, et il serait préférable
de centraliser les données sur l’emploi des antibiotiques. 2. Respecter les précautions
générales d’hygiène en toutes circonstances pour éviter la transmission de micro-
organismes vues plus haut.
L’hygiène des mains.
Prendre des mesures pour éviter des accidents par piqûre ou coupure. Précautions pour
le traitement du linge, l’évacuation des déchets de soins, l’entretien de la chambre et
autres.
Des surfaces fréquemment touchées par le résident (barres de lits, poignée de porte,
perroquet, sonnette, toilette et son environnement, bain, table d’examen…) seront
nettoyés tous les jours. Dans la procédure de nettoyage, l’effet mécanique est très
important.
Les surfaces horizontales peu touchées (ex. sol, le dessus de table, l’appui de fenêtre) sont
nettoyées afin de rester visuellement propres et les surfaces verticales peu touchées (ex.
mur, rideaux) ne sont nettoyées que quand elles sont visiblement souillées.
Les surfaces souillées avec du sang et/ou des liquides biologiques doivent être
immédiatement nettoyées et désinfectées. L’endroit souillé est nettoyé avec du matériel
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.45
d’entretien à jeter.
Les circuits du linge propre et du linge sale doivent être clairement identifiés et séparés.
Le linge utilisé par les résidents est toujours considéré comme étant contaminé. Il est
emballé dans la chambre, dans un sac à linge étanche et acheminé vers la buanderie. Toute
manipulation de linge est limitée à son strict minimum. Ensuite, les mains doivent être
désinfectées.
Il est important de sensibiliser le résident à propos de son hygiène personnelle. Laisser
traîner ses mouchoirs est une mauvaise habitude. Des mouchoirs en papier sont préférés
aux mouchoirs classiques. Au moment de tousser ou d’éternuer, il faut utiliser un
mouchoir ou tenir la main devant la bouche. Le résident doit apprendre à observer une
bonne hygiène des mains, p.ex. après l’utilisation des toilettes et avant les repas.

3. Précautions additionnelles en cas de colonisation ou d’infection à mrsa mais aussi


entérobactéries de type BLSE (productrices de bêta-lactamases à spectre étendu) et CPE
(productrices de carbapénémases), ou d’autres types tels les VRE (entérocoques
résistants à la vancomycine).
Chaque résident porteur de MRSA, résidant en chambre particulière ou non, doit être
facilement identifiable par le personnel et les visiteurs afin que des mesures additionnelles
puissent être appliquées. Un pictogramme à la porte invitant notamment à une bonne
hygiène des mains peut être utilisé.
Les soins administrés à un résident positif pour MRSA, l’entretien de sa chambre et ses
visites doivent toujours être planifiés en fin de session.
La mise en isolement d’un résident peut être très éprouvante pour celui-ci et n’est souvent
pas nécessaire. Des mesures hygiéniques supplémentaires seront le plus souvent
suffisantes.
Des résidents porteurs de MRSA ne seront pas hébergés avec des résidents exempts de
MRSA dans la même chambre. La chambres particulière avec des sanitaires individuels est
la plus adaptée, à défaut, on peut regrouper des résidents colonisés avec du MRSA dans
une même chambre.
Le résident porteur de MRSA pourra participer aux activités sociales et prendre ses repas
au restaurant. Les exceptions, voir le paragraphe de la transmission par gouttelettes.
Le dépistage est indiqué lorsque le résident répond aux critères suivants : Le résident a
été hospitalisé endéans les 6 derniers mois avant son admission et il n’y a pas de
document de transfert attestant de l’absence de MRSA
Ou 3 des 4 facteurs suivants :
1. Le résident a reçu une antibiothérapie à large spectre (p.ex. : fluoroquinolones ou
céphalosporines) au cours du dernier mois
2. Le résident a une sonde urinaire ou présente une plaie ou stomie ou cathéter 3.
Le résident a une mobilité réduite (catégorie B ou C de l’échelle de Katz) 4. Le
résident a une colonisation ou une infection à MRSA dans ses antécédents

Décolonisation d’un résident positif pour MRSA


Il faut éradiquer le MRSA parmi les résidents car la mise en place des précautions
additionnelles est très contraignante et le portage de MRSA constitue un risque d’infection

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.46


à MRSA pour le porteur fragile.
Aussi longtemps que le résident a des plaies dans lesquelles du MRSA est présent ou qu’il
a un MRSA à des endroits impossibles à traiter, une décolonisation a peu de sens. En cas
de portage ou de colonisation, un traitement antibiotique systémique n’est pas indiqué.

Précautions lors des soins aux personnes atteintes d’infections cutanées provoquées par
une bactérie multi-résistante aux antibiotiques, la gale, des diarrhées infectieuses ou le
Clostridium difficile.
Les précautions comprennent l’usage systématique de gants à usage unique, non
stériles, pour toucher le résident ou son environnement proche. L’hygiène des mains par
SHA est conseillée après le retrait des gants, avant même de quitter la chambre. Un
tablier doit être utilisé, à changer au moins toutes les 24 heures, il sera suspendu dans la
chambre côté intérieur contre côté intérieur. Des vêtements à usage unique seraient
préférables mais plus coûteux.

Les précautions contre la transmission par gouttelettes de salive ou de sécrétions des


voies aériennes supérieures, en cas de toux, d’éternuements.
Pour les soins aux résidents porteurs de BMR dans les expectorations avec une toux
productive, logés de préférence seul, le soignant portera toujours masque, gants et tablier.
Il est conseillé d’informer les résidents et visiteurs à l’aide d’une brochure. Les visiteurs ne
doivent pas mettre de vêtements protecteurs, en sortant ils se désinfecteront les mains
avec une solution hydro- alcoolique et n’iront plus dans d’autres chambres. On déconseille
la visite de bébés ou de personnes fortement immunodéprimées. Les déplacements du
résident seront limités, avec port d’un masque.
Le Clostridium Difficile.
Le Clostridium Difficile produit des spores très résistantes et des toxines pathogènes qui
provoquent des lésions intestinales. Le CD se retrouve dans les matières fécales. L’usage
d’antibiotiques en est la cause.
Les porteurs asymptomatiques sont fréquents. Les malades ont des diarrhées aqueuses,
avec du mucus et du sang, des douleurs abdominales. La déshydratation, des troubles
électrolytiques, une perforation intestinale sont les risques. Les récidives sont fréquentes.
La transmission se fait par contact (direct ou indirect) et la voie de contamination est féco-
orale. La transmission par contact indirect est la plus fréquente, via les mains des
soignants, l’environnement (sol, salle de bains, toilette…) et le matériel contaminé
(thermomètre, tensiomètre, panne de lit, sonnette…)
Le principal réservoir de CD est le résident symptomatique. Il présente un très grand
nombre de micro-organismes dans les selles et sur la peau. Son environnement se
contamine massivement et devient un réservoir secondaire.
Prévention de la transmission - Aux précautions standards, s’ajoutent le nettoyage des
mains avec de l’eau et du savon suive de désinfection avec la solution hydro-alcoolique, le
port des gants et une sur-blouse à manches longues. Le port de gants est requis pour tout
contact avec le résident ou son environnement.
Les précautions sont levées lorsque le résident présente des selles formées.
L’hébergement en chambre individuelle, équipée de sanitaires, est nécessaire. Le
résident reste le plus possible dans sa chambre, pas d’activités collectives. Il faut
sensibiliser les résidents à l’hygiène personnelle, lavage des mains avant les repas et
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.47
après l’utilisation des toilettes.
La désinfection de l’environnement se fait avec des dérivés chlorés. Le matériel doit rester
dans la chambre. L’enlèvement du plateau repas se fait avec des gants. Le plateau est
immédiatement déposé dans le chariot de transport des repas. La vaisselle
sera lavée en machine. Les visiteurs ne portent pas d’équipement de protection
individuelle, ils n’utilisent pas les toilettes du résident et ne peuvent pas s’assoir sur son
lit. Ils se lavent les mains avec de l’eau et du savon avant de partir.

Iatrogénie

Iatros en grec : médecin.


Iatrogéne : Se dit d'un trouble, d’une maladie provoquée par un acte médical ou par les
médicaments, même en l'absence d'erreur du médecin. (Larousse) Les effets secondaires
des médicaments sont plus fréquents, plus graves et moins faciles à diagnostiquer chez
les personnes âgées. Les pathologies iatrogènes
représenteraient environ 20 % des motifs d’hospitalisation après 80 ans. La moitié des
effets indésirables des médicaments sont prévisibles et évitables. Ils sont en général
dépendants de la dose du médicament. Les symptômes révélateurs peuvent être
évocateurs comme une hémorragie digestive avec des anticoagulants ou de la
constipation sous morphine mais en général, les symptômes ne sont pas spécifiques. En
cas de problème de santé, il faut toujours y penser. Une cause médicamenteuse doit être
systématiquement évoquée devant toute altération de l'état de santé d'une personne
âgée si l'orientation des symptômes n'est pas d'emblée évidente. Plus de 10 % des cas
sont suffisamment graves pour conduire à une hospitalisation. Les médicaments les plus
souvent les plus impliqués sont les anti-inflammatoires, les diurétiques et les
anticoagulants.
Les facteurs favorisant l’iatrogénie
Facteurs liés aux médicaments eux-mêmes :
La polymédication représente le facteur de risque le plus important, le nombre des effets
secondaires augmente exponentiellement avec le nombre de médicaments administrés.
Il est démontré que la diminution du nombre de médicaments administrés réduit
significativement les effets secondaires sans altérer la qualité de vie.
Les facteurs de risques liés aux patients :
Le vieillissement en soi comporte plusieurs facteurs de risques parmi lesquels : La
fonction rénale qui devient moins efficace alors que beaucoup de médicaments sont
éliminés par les reins. Dans ce cas, puisque l’élimination est retardée, le taux de
médicament actif dans le sang risque vite d’être excessif et dangereux. La personne
dénutrie constitue une autre situation de risque car elle souffre d’un manque de
protéines, elle est en hypoprotéinémie. Les médicaments qui sont fortement lié aux
protéines se trouvent donc libres et en abondance dans le sang avec un risque de
surdosage en produit actif dont les doses deviennent alors toxiques. Des facteurs sociaux
favorisent également l’iatrogénie : L'isolement social ou géographique, la dépendance,
un déménagement ou une institutionnalisation comme également les conditions
climatiques extrêmes sont des situations de fragilisations des comportements.
Les co-morbidités c’est-à-dire le cumul simultané chez un même patient de plusieurs
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.48
pathologies associées va aggraver le risque de survenue d'un accident iatrogène : Il est
aisé de comprendre qu’une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ou d’une
dépendance physique ou encore de la baisse de l’acuité visuelle ou de l'audition ou
quelqu’un qui souffre de troubles de la déglutition risquera plus rapidement de faire un
usage inapproprié de son traitement.
Lors d'une pathologie aiguë, imaginons une pneumonie avec forte température, la
déshydratation surviendra rapidement. SI ce patient souffre également d’une insuffisance
rénale, il éliminera plus lentement certaines molécules dont la concentration sanguine
provoquera une intoxication médicamenteuse.
Les défauts de l’observance de traitement, encore appelé manque de compliance. On
considère que la moitié des patients âgés observe mal le traitement prescrit, il s’agit
dans 90 % des cas de sous-dosage.
Plus que l’âge lui-même, de nombreux facteurs favorisent un mauvais respect des
traitements :
Le nombre, la durée ou la complexité des prescriptions,
Un manque d'informations sur la maladie ou le traitement,
L'incapacité à prendre les médicaments : Pensons aux malvoyants ou un rhumatisant avec
de fortes déformations des doigts, ils ne parviendront pas à ouvrir la boîte s’il faut tourner
un bouchon.
La sous-estimation de la gravité potentielle de la maladie ou l'attitude de déni face à la
maladie
L’observation par un patient d’un effet indésirable dont il n’ose pas parler. Des avis
divergents entre médecins et soignants concernant par exemple, Un syndrome dépressif
ou le coût élevé des médicaments et aussi les hospitalisations au cours desquelles le
traitement est modifié sans que le patient en soit informé. L'automédication : Il s'agit de
la prise de médicaments en l’absence de prescription médicale. Certains médicaments
sont accessibles sans ordonnance, d'autres se trouvent en réserve dans la pharmacie
familiale. L'automédication est fréquente chez les sujets âgés. Les médicaments le plus
souvent impliqué sont les antalgiques, l'aspirine, les anti-inflammatoires et les laxatifs.
Le nomadisme médical où des prescripteurs multiples prescrivent des traitements
multiples sans coordination.
Immobilisation – Effets et conséquences
Une personne âgée alitée risque de développer des complications multiples liées à
l’immobilisation, perdre leur autonomie pour les activités de la vie quotidienne et même
en mourir. Les complications sont graves et d’autant plus nombreuses que son
immobilisation se prolonge.
Elles s’entretiennent mutuellement et mettent en danger les personnes âgées fragiles.
L’immobilisation complète au lit est rarement indispensable, elle doit être évitée, à défaut
être la plus courte possible.
Il est important d’informer les familles et le résident des bienfaits du lever et de la mise au
fauteuil tout en respectant la fatigabilité de la personne. Il ne faut pas le laisser d’emblée
au fauteuil sous prétexte que c’est bon pour lui.
Les risques naissent des fragilités multiples chez une personne âgée, dénutrition,
insuffisance cardiaque, dépression, chez qui se surajoute une pathologie aiguë comme une
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.49
infection.
Des prises en charge inadaptées des soignants sont un autre risque : mauvaise installation,
oubli des corrections visuelles ou auditives, mauvaises manipulations, excès de sédatifs,
découragement, manque de personnel.
Certaines conséquences vont survenir rapidement :
- Thrombose veineuse profonde, formation d’un caillot sanguin dans une grosse veine avec
risque d’embolie pulmonaire souvent mortelle. Le lever précoce et des anticoagulants sont
indiqués.
- Escarres qui peuvent apparaître en quelques heures et s’étendre d’autant plus vite que
l’état général est altéré.
- Les douleurs, sources de souffrances, de dépression et atteinte de l’élan vital
nécessaire à la revalidation. Nous y venons plus bas.
- Confusion. Importance de garder lunettes propres, appareils auditifs en état de
marche, prothèses dentaires également. Aider le résident à garder des repères dans
l’espace et le temps avec une horloge marquant l’heure juste dans la chambre. -
Anorexie, constipation, déshydratation. Outre une bonne hydratation, une alimentation
adaptée, assez riche et en quantité suffisante avec une assistance patiente et
attentionnée, on veillera à une réponse rapide aux appels et à installer le résident aux
toilettes ou sur la chaise percée pour stimuler les réflexes naturels. Conséquences plus
tardives :
- La dénutrition est un risque majeur, favorisant les infections et la faiblesse musculaire
qui rendra plus difficile la reprise de la marche et favorisera les chutes. - Les infections
respiratoires, sans doute la première cause de décès par suite d’alitement prolongé.
Avec l’affaiblissement de la musculature, la respiration perd de son ampleur, la toux son
efficacité, un encombrement bronchique s’installe rapidement ainsi que des fausses
déglutitions.
- Les conséquences urinaires avec stase vésicale liée à la faiblesse musculaire, mais aussi
aux réponses tardives aux appels lorsque le besoin est ressenti ou à certains
médicaments. Il s’ensuit de la rétention urinaire, de l’incontinence et des infections.
Parfois même des lithiases. Les sondages et à fortiori les sondes à demeure sont des
facteurs aggravants.
Les équipes accorderons une vigilance toute particulière à l’hydratation et à l’élimination
urinaire et fécale.
- Les conséquences musculaires et articulaires suivent l’absence de mouvements et la
dénutrition. Outre les complications ci-dessus, les articulations vont perdre de l’amplitude
de mouvement avec une ankylose, un enraidissement progressif. Les muscles, les
ligaments et les tendons vont subir une rétraction d’abord réversible.
Plus tard, des rétractions seront figées avec des douleurs et des attitudes vicieuses d’un
poignet, un coude, un genou ou une cheville réduisant l’autonomie de la personne et ses
possibilités de rééducation.
Un positionnement adéquat du patient, une mobilisation passive précoce, active ensuite
sont les mesures de prévention efficaces contre les contractures, la fonte musculaire et
la déminéralisation osseuse qui augmente le risque de fractures. - Les conséquences
cardiovasculaires, outre la maladie thromboembolique, vont provoquer de l’hypotension
orthostatique, une trouble de la régularisation tensionnelle lors des tentatives de tendre
vers la position verticale. Pour prévenir ces complications à risque de chute, on veillera
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.50
au lever précoce, à surélever la tête du lit, on adjoindra la mobilisation passive et des bas
de contention.
- Les conséquences psychologiques liées à la dégradation de l’image de soi vont provoquer
un repli sur soi, de l’anxiété, de la dépression, de la démotivation et de la confusion. Le
soutien des équipes et de la famille sont fort importants.

Mourir accompagné
La fin de vie s’inscrit naturellement dans le quotidien des soignants dans les institutions
pour personnes âgées. Le plus souvent la vie des résidents très âgés s’étiole avec
l’accumulation des handicaps et des maladies chroniques qui se répètent et s’ajoutent les
unes aux autres.
Les malades d’Alzheimer, comme toutes les personnes en fin de vie, ont besoin d’une
prise en soins attentionnée jusqu’au dernier souffle.
Encore faut-il qu’une autre humanité soit là pour l’entendre. La mort ne peut être
partagée, elle ne peut être qu’accompagnée par une « prise en soins », pas une prise en
charge, visant le confort du patient.
Comment « entendre » quelqu’un qui ne parle plus ?
Un corps en bonne santé est silencieux, c’est le silence des organes. Le corps malade est
un corps bavard, regardons-le, communiquons avec les yeux. Observons sa position, ses
mimiques, son regard, ses yeux désemparés qui appellent au soulagement. Faute
d’échange verbal avec le patient, la communication s’entretient par les yeux, le toucher,
des massages ou des caresses au malade. Il va mourir de faim, il va mourir de soif, disent
souvent les familles. En fin de vie, l’hydratation artificielle prolonge l’agonie et risque de
donner de l’inconfort, un excès d’hydratation qui doit être arrêtée. L’encombrement
bronchique est bien soulagé par la scopolamine.
La sécheresse de bouche est pénible, elle crée des difficultés de communication, elle est
aggravée par certains médicaments et la morphine. Des soins de bouche réguliers
soulagent, avec de l’eau et en tout cas sans antiseptiques souvent irritants. Les études ne
montrent pas de bénéfice à l’alimentation artificielle. Si elle est instaurée, il faut fixer des
objectifs et des conditions d’arrêt en fonction de l’évolution du patient. La dénutrition est
souvent importante en raison des pathologies et de l’anorexie liée à la maladie.
La douleur mine le corps et l’esprit, celui qui souffre ne pense plus qu’à elle. Soulager la
douleur est une exigence absolue d’autant qu’elle est fréquente. La douleur est ce que le
patient en dit. Rendre au malade le sentiment de sa qualité de vie, et par là même de sa
dignité, c’est avant tout soulager sa douleur. Elle sera évaluée et régulièrement réévaluée
à l’aide d’échelles appropriées. Les antalgiques ont une durée d’action limitée, le
principe est de les administrer afin d’obtenir une couverture antalgique constante. Les
soins douloureux seront soulagés par un supplément d’antalgiques administré une heure
avant les soins. La peur de la souffrance et de la solitude sont plus fortes que la peur de
la mort chez les personnes âgées. Ce n’est pas tant la mort qui est crainte que les
conditions de la mort.
La constipation fréquente sous morphine sera anticipée systématiquement chez le patient
âgé conscient. Les soignants sont attentifs à la présence et à l’évacuation d’un fécalome,
source d’inconfort, de douleurs abdominales, de confusion, de rétention urinaire.
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Les escarres sont fréquentes en fin de vie, le seul objectif est la propreté par des soins
sous analgésie anticipée.
La dyspnée est angoissante pour le patient, ses proches et l’équipe. La cause sera traitée
dans la mesure du possible, aérosols, drainage pleural par exemple. La morphine, les
benzodiazépines et une ambiance paisible ont un effet de soulagement. L’oxygène
n’apporte pas d’amélioration évidente.
La personne malade encore lucide, en fin de vie, dont la survie ne tiendrait qu’à la
poursuite d’une alimentation artificielle, est en droit d’en exiger l’arrêt au bénéfice des
seuls soins de confort pour lui assurer une mort digne et accompagnée, sans souffrance.
Les connaissances médicales visant le seul soulagement physique ne suffisent pas pour
apaiser la souffrance d’une fin de vie.
La richesse des échanges en fin de vie est essentielle. Le soin est à la fois technique de soin
et rencontre de l’autre. Le patient appelle à prendre soin et à la présence du soignant. Le
soignant offre des soins et une qualité de présence. Ce lien social chaleureux rompt le
sentiment d’abandon et maintient le malade dans le monde des vivants.
Les familles déstabilisées par les symptômes et la gravité du moment ont aussi besoin du
soutien de l’équipe. Leur présence est encouragée dans le confort. Confrontées à
l’impuissance et à l’aspect du corps dégradé de leur proche, les familles ne parviennent
plus à trouver sens à ce qui se passe, dans leur souffrance elles peuvent en arriver à
demander l’euthanasie, surtout quand la fin de vie se prolonge. La priorité des priorités
reste le soulagement de la douleur du malade sans quoi l’aide aux familles est
impossible. L’équipe peut alors apporter de l’aide aux proches tétanisés par l’angoisse en
les aidant à verbaliser leurs émotions, ce qui les effraie, ce qui est pour eux difficile à
affronter et ainsi redonner sens à la vie. Le lien relationnel de la famille avec le malade
pourra se rétablir, permettant la communication et de retrouver du sens à la situation.
Cette démarche pluridisciplinaire dans le rapprochement les uns des autres permet
d’aborder la situation concrète, la place de chacun et leur devenir après le décès de leur
parent et aussi préparer le deuil.

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Infections associées aux soins, la grave réalité.

Si la gale est exubérante, effrayante même, les maladies nosocomiales sont peu visibles et à priori,
moins inquiétantes pour les profanes. Les conséquences de ces infections sont inversément
proportionnelles aux représentations sociales qu’elles véhiculent. Selon l’OMS, Organisation
mondiale de la santé, les infections associées aux soins de santé (nosocomiales) surviennent en
général par transfert des germes présents sur les mains d’un agent de santé lorsqu’il touche le
patient. Sur 100 patients hospitalisés, au moins 7 dans les pays à revenu élevé et 10 dans les pays à
revenu faible ou intermédiaire vont contracter une infection nosocomiale.
Chez les patients vulnérables dans un état critique et dans les unités de soins intensifs, la
proportion peut atteindre 30%. Chaque année, des centaines de millions de patients dans
le monde sont affectés par ces infections, dont une grande partie est causée par des
agents pathogènes résistants aux antimicrobiens.
Lorsque les patients sont infectés par des germes ne répondant pas bien aux antibiotiques
prescrits, les issues cliniques sont en général plus mauvaises, le coût du traitement plus
élevé et le risque de mortalité aggravé.
L’hygiène des mains contribue à réduire la fréquence des infections

Un cas vécu :Christine Wattiaux raconte son cas, sans animosité, dans le livre « Mages et
dommages à l’hôpital » éditions GabiAndre.

Ce cas vécu vous immerge dans la grave réalité des infections dans les soins, dévastatrices, souvent
fatales pour les personnes âgées. L’hygiène dans les soins, l’hygiène des mains sont un devoir
envers les résidents, chacun a droit à des soins propres. Envers la société à qui les manquements à
l’hygiène coûtent cher. Un devoir envers vous-mêmes aussi, vous les soignants, qui faites tellement
d’efforts pour le bien-être des résidents alors que quelques manquements à l’hygiène peuvent
causer un énorme gâchis dévalorisant tous vos efforts. Le premier instrument des soignants, ce
sont les mains, est-il difficile de leur accorder 30 secondes entre chaque résident pour les
désinfecter et vous protéger en même temps ?

Ostéoporose et fractures
La majeure partie de la masse osseuse s’acquiert durant l’adolescence, le maximum étant
atteint entre 25 et 30 ans, après une phase de plateau, elle diminue progressivement
surtout après la ménopause par privation d’oestrogènes. L’homme est protégé plus
longtemps pour des raisons hormonales et d’os de plus gros diamètre avec une masse
osseuse plus importante que les os féminins.
La masse osseuse est fonction des facteurs suivants :
Mécaniques : activités physiques en charge
Génétiques : antécédent maternel de fracture de hanche.
Nutritionnels : suffisamment de protéines mais pas trop, assez de calcium,
Médicamenteux : effet négatif de la cortisone surtout à forte dose et administration
prolongée.
Environnementaux : Alcool, tabac
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.53
L’ostéoporose est une diminution de la résistance osseuse touchant l’ensemble du squelette. La
diminution de la densité de masse osseuse se mesure par densitométrie. La conséquence
principale est le risque de fractures ostéoporotiques. Leur prévention relève de la prévention des
chutes, du dépistage et de la prise en charge des patients à haut risque de fracture.

On évalue à plus de 100.000 par an, en France, le nombre de fractures par ostéoporose
avec un coût sociétal de plusieurs milliards d’euros. La mortalité consécutive est
importante, la perte d’autonomie motrice concerne quasi la moitié des patients. Une
partie devra être institutionnalisée. Les séquelles sont lourdes : douleurs chroniques,
troubles posturaux avec limitation de la capacité respiratoire…

Le traitement médical de l’ostéoporose repose essentiellement sur l’association calcium-


vitamine D et les bisphosphonates. Ils inhibent l’activité ostéoclastique, c’est à-dire la
déminéralisation de l’os, et constituent à ce jour le traitement de première intention.
L’insuffisance rénale sévère est une contre-indication. L’administration peut se faire en
prise hebdomadaire, mensuelle ou annuelle en perfusion selon les présentations.
L’administration orale se fait à jeun avec un grand verre d’eau, le patient ne se recouche
pas après la prise. C’est la précaution pour éviter une irritation digestive. Les effets
secondaires possibles sont une sensation d’état grippal et un risque d’ostéonécrose de la
mâchoire qui impose l’arrêt du traitement.

Quelques recommandations de prévention sont utiles,


- L’abstention de l’alcool et du tabac.
- L’activité physique en charge est bénéfique sur les muscles et la mobilité. Cela
contribue à la prévention des chutes et contribue au maintien de la robustesse de
la masse osseuse.
- L’usage de coques souples et légères à placer sur la face latérale des cuisses pour
protéger le col du fémur lors d’une chute. L’efficacité est réelle mais limitée aux
contraintes d’un usage permanent.
- Chez les sujets en institution ou vivant confinés à domicile, une prévention efficace
des fractures est assurée par une dose quotidienne de 1g de calcium et 800 UI de
vitamine D minimum.

Les vertèbres, l’humérus, le poignet et l’extrémité supérieure du fémur sont les zones les plus
fracturées, le plus souvent suite de chute chez un sujet fragile dont les os sont atteints
d’ostéoporose. L’indépendance de la personne sera compromise au moins temporairement.
Ces personnes sont exposées aux risques d’une nouvelle fracture et de surmortalité. La
prise en charge sera pluridisciplinaire :
Si une intervention chirurgicale s’impose, le plus vite est le mieux. Il faut soulager la
douleur, les escarres, un état confusionnel aigu, maintenir un bon équilibre nutritionnel,
procéder aux examens pour la recherche d’ostéoporose et de carence en vitamine D.
Veiller à une immobilisation la plus courte possible en mobilisant le patient au lit si
besoin et en organisant une réadaptation en fonction de ses possibilités.

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.54


Maladie de Parkinson et Maladie neurodégénérative
La maladie de Parkinson est une des maladies neurodégénératives les plus fréquentes
après la maladie d’Alzheimer, elle est la deuxième cause de handicap moteur. En France
on estime à 150.000 le nombre de personnes atteintes. En Belgique, on estime à 33.000
le nombre de patients atteints de la maladie de Parkinson et à 50.000 ceux souffrant de
tremblement essentiel.
Elle consiste en une perte de neurones producteurs de dopamine, elle se manifeste par
de la lenteur (bradykinésie) et la perte d’amplitude des mouvements, de la raideur
musculaire, un tremblement de repos et de l’instabilité posturale. Le balancement des
bras à la marche disparaît, la mimique faciale est rigide, le visage est figé. Lorsque le
patient est détendu, on aperçoit un tremblement au repos. La difficulté d’écrire et les
douleurs diffuses sont très fréquentes. Les difficultés de mastication et de déglutition
également, comme dans la maladie d’Alzheimer.
Le vécu du patient :
Avant tout, il se sent diminué, dévalorisé, portant au fond de lui le sentiment pénible d'être
inférieur à son entourage en bonne santé. Il perd confiance en soi, se sent inutile et
inintéressant, ayant perdu son esprit de répartie. Il se sent mal à l'aise en groupe, ce qui
accentue les problèmes relationnels avec l'entourage. Il souffre du décalage de rythme
entre les bien-portants à la répartie alerte et enjouée et son rythme de parkinsonien fait
de lenteur, de manque d'attention, de difficulté de concentration. Ce sentiment
d'incompréhension vis à vis des tiers et de l'entourage proche, en bonne santé, le
démoralise au risque de l’isolement et de la dépression. Comme pour toute personne
douloureuse ou gravement malade, la vie se vit au jour le jour avec les souvenirs du passé.
Il n’y a pas de lendemain, pas de futur vers lequel on aspire. Il est dans l’impossibilité de
se projeter dans l'avenir avec le sentiment de glisser irréversiblement sur une pente sans
que personne ne puisse l’empêcher de tomber.
Un parkinsonien subit l'alternance de moments "hyperactifs", presque euphoriques et de
périodes faites d'apathie, de fatigue, de démotivation au cours d'une même journée. C’est
particulièrement ressenti sous l’effet des médicaments où tout peut aller bien mais leur
durée d’action étant courte, ils peuvent se sentir off, prostré, avant la prise suivante, entre
les deux prises.
Témoignage de patients : « Mais comment expliquer ce que l'on ressent lorsqu'on est off
? C'est indescriptible. Le sentiment que la vie quitte le corps, que l'on devient comme une
statue, une momie. Comment faire comprendre que certains gestes si usuels et banals
deviennent de véritables casse-têtes pour un parkinsonien ? Comment expliquer que
parler à un groupe de personnes discutant toutes ensemble pendant 1 heure peut
représenter un effort plus important que marcher pendant 6h00 avec un sac à dos ?
Comment expliquer le manque de souffle, la dyspnée qui pourtant n'est révélée par aucun
examen médical ? »
Et encore : « Le moindre silence, la réflexion la plus anodine peuvent blesser de façon
disproportionnée. Le contrôle de l'émotivité devient de plus en plus difficile. Lorsque
l'émotion nous submerge, les symptômes sont amplifiés dramatiquement. Nous devenons

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.55


comme des pantins désarticulés, incapables du moindre sang-froid. »
Autre témoignage : « Un problème important dont je souffre comme beaucoup de
parkinsoniens, c'est un besoin d'empathie des proches. En fait, même si notre visage est
figé, nous sommes très sensibles à un geste de sympathie de l'extérieur que ce soit un
simple bonjour ou un sourire. C'est pour nous un véritable rayon de soleil dans la journée.
Le soir nous trouve plus anxieux, plus agressifs. Il faut lutter contre cette tendance même
si l'on sait que c'est le lot commun des parkinsoniens. »
Dans la plupart des cas, l’origine est inconnue, l’exposition prolongée à des pesticides, des
solvants organiques ou des métaux lourds est invoquée. Pour le Pr. Agid, « en l’absence de
facteur de prédisposition génétique, les risques demeurent minimes. Encore faut-il faire
partie des "groupes à risque" et se trouver en état de réception à un toxique".
La fréquence de la MP augmente avec l’âge, un début tardif, après 70 ans, évolue en
général de façon plus sévère, avec des épisodes confusionnels et des hallucinations, une
démence dans un tiers des cas environ. Des chutes, des troubles de la marche, de la parole
et de la déglutition peuvent survenir avec détérioration intellectuelle. Le pronostic est lié
au déclin moteur et au déclin cognitif. Une pneumonie infectieuse est souvent la cause du
décès.
L’apparition de la L-dopa a augmenté l’espérance de vie de 5 ans par son efficacité sur les
signes cliniques, le handicap et la gêne fonctionnelle mais son effet s’épuise avec le temps.
D’autres médicaments complètent les moyens pharmacologiques mais le traitement ne se
résume pas aux médicaments. Des progrès considérables ont été réalisés au cours de ces
dernières décennies, comme le traitement par stimulation cérébrale profonde, qui consiste
à implanter dans le cerveau une électrode pour contrôler les symptômes.
La rééducation motrice avec un kinésithérapeute, de la parole et de la déglutition avec un
logopède sont nécessaires tout au long de la maladie. La prise en charge sera globale visant
également la nutrition et l’aspect psychologique. L’attention sera portée à l’assistance, au
soutien souvent nécessaires aux soignants. Il y a un grand besoin de prise en charge
spécialisée des troubles du mouvement aussi bien en milieu hospitalier qu’en maisons de
repos et/ou de soins.
Une hospitalisation s’impose en cas d’aggravation rapide, lors d’effets secondaires
sévères du traitement ou pour adapter le traitement qui demande souvent une
administration fractionnée en plusieurs prises au cours de la journée. Certains
médicaments comme les neuroleptiques peuvent induire un syndrome parkinsonien.
Parkinson, c'est bien plus complexe que simplement sucrer les fraises", explique Jean
Louis Dufloux lors d'une conférence de presse de l'Institut du cerveau et de la moelle
épinière (ICM) à l'occasion de la journée mondiale dédiée à cette maladie. Atteint de
Parkinson, cet homme de 57 ans a écrit le livre "Cinquante et un" pour montrer, avec
humour, qu'il ne s'agit pas "d'une maladie de vieux".
À la différence du tremblement parkinsonien, qui se manifeste au repos, le tremblement
essentiel, souvent dit sénile, touche d'abord les mains, les bras, parfois le cou et la voix.
Les muscles qui se contractent pour maintenir une position ou permettre un mouvement
se mettent à trembler lors de gestes précis (écrire, se maquiller, s'habiller...). Au fil des
années, le tremblement s'aggrave lentement mais inexorablement. Il peut constituer un
véritable handicap,
Maladies de Parkinson (MP), de Huntington, de Gilles de la Tourette, troubles
obsessionnels compulsifs (TOC), tremblement essentiel, dystonies, elles sont multiples
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.56
et variées, les pathologies auxquelles sont associés des mouvements anormaux. "Si la
prévalence unitaire demeure relativement faible (1), lorsque l’on cumule toutes les
pathologies du mouvement, la prévalence globale s’avère élevée et elle ne fera que
croître vu le vieillissement de la population, avec des impacts socio économiques
considérables", soulignait à ce titre le Dr Michel Gonce, neurologue à l’université de
Liège, dans le cadre du Congrès des 25 ans du Club des mouvements anormaux (CMA),
qui s’est tenu à Bruxelles.

Prévention et vaccinations
La prévention dans le domaine de la santé humaine est une démarche qui a sa place à tout
âge, même à la fin de la vie en maison de repos et de soins pour améliorer la qualité de
vie des derniers jours en soulageant la douleur, la sécheresse de bouche ou par les soins
de prévention des escarres.
Le vieillissement normal ne peut être prévenu.
La prévention consiste à éviter les risques évitables avec l’objectif de bien vieillir, rester
capable, le plus longtemps possible, de vivre et d’accomplir, sans aide, les tâches de la
vie quotidienne. Cela demande un effort pédagogique important. Quand le capital santé
est au plus haut, en pleine jeunesse ou dans la force de l’âge, on pense surtout
prévention primaire. Il s’agit d’entretenir son capital santé par une hygiène de vie saine.
La sédentarité, le tabac ou l’abus d’alcool constituent des facteurs de risques de
maladies cardio-vasculaires. Ces comportements risquent de provoquer prématurément
des maladies cardio-vasculaires, un infarctus, par exemple. La prévention secondaire
concerne la maladie existante soit à un stade précoce, soit une prévention de récidive,
pour éviter l’aggravation. Ex. La personne à qui l’ophtalmologue annonce la découverte
d’un glaucome va soigneusement appliquer les consignes médicales et s’administrer tout
aussi soigneusement le collyre approprié dans ses yeux pour conserver sa vue dans le
meilleur état possible. La prévention tertiaire veille à empêcher les complications, tel ce
patient avec des complications vasculaires du diabète qui va en améliorer le suivi et
adapter son alimentation en vue d’un meilleur équilibre diabétique et retarder
l’aggravation de ses problèmes.

Il est prouvé que la prévention dans le domaine de l’hypertension, de l’ostéoporose ou


des cancers permet souvent d’arriver à un vieillissement de meilleure qualité. Le but est
de lutter contre la morbidité et la mortalité prématurées.

Des recommandations de vaccinations, scientifiques, officielles et précises, existent dans


notre pays. L’automne, en raison de la vaccination annuelle contre la grippe d’un grand
nombre d’individus à risque, est un moment idéal pour effectuer un bilan global de
vaccination individuel auprès de ses patients (grippe, pneumocoque et tétanos)
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.57
• Vaccin contre la grippe : une vaccination annuelle aux personnes qui font partie d'un
groupe à risque (malades chroniques, femmes enceintes dès le 2ème trimestre de la
grossesse, cohabitants de personnes à risque ou d'enfants de moins de 6 mois), à
toute personne à partir de 65 ans et au personnel de santé en contact avec des
personnes à risque.
• Vaccin contre le pneumocoque : une vaccination unique, un rappel une seule fois
après 5-7 ans chez les patients de plus de 65 ans, et un rappel tous les 5-7 ans chez
les patients présentant une affection chronique. Le vaccin contre le pneumocoque
destiné à l'adulte est constitué d'un mélange des 23 antigènes
les plus importants du pneumocoque (vaccin 23-valent). Un vaccin conjugué 13-
valent est également disponible, mais ses indications dans la vaccination des
adultes doivent encore être précisées par le Conseil Supérieur de la Santé.
• Le zona est une pathologie fréquente dans le grand-âge avec un risque de 50% après
85 ans. La principale complication est la douleur qui peut persister malgré un
traitement antiviral adapté et bien conduit. Ces douleurs ont une répercussion
importante sur la qualité de vie et l’autonomie. Le traitement de névralgies post-
zostériennes est lourd et à risque de complications iatrogènes. Il existe un vaccin,
recommandé après 65 ans en une seule injection. L’efficacité globale ne semble
pas encore assez documentée et l’administration du vaccin après 85 ans n’aurait
plus d’intérêt.
• Diphtérie, tétanos, poliomyélite : un rappel tous les 10 ans est indiqué. Le
tétanos est
le plus important chez le sujet âgé à risque à cause d’ulcère de jambes, de chutes
ou le jardinage pour les plus robustes. Le tétanos est mortel dans près d’un tiers
des cas après 70 ans.

Il existe deux périodes propices à la mise à jour des vaccins, l’entrée en retraite et
l’entrée en institution.

Prurit chez les personnes âgées


Le prurit, sensation qui provoque le besoin de se gratter, localisé ou généralisé, est un
symptôme fréquent chez les sujets âgés. Il faut toujours en chercher la cause, son
intensité, sa durée et ses répercussions sur le sommeil nuisent gravement à la qualité de
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.58
vie du patient jusqu’à provoquer une dépression ou nuire aux relations entre la MRS et les
familles, ces dernières reprochant aux soignants leur incapacité à guérir leur parent.
La sécheresse de peau liée au vieillissement contribue au prurit. Elle peut être
aggravée par des irritants, savons, antiseptiques, certains tissus ou par la
température ou l’humidité de l’environnement.
De nombreuses autres causes existent,
- Dermatologiques : eczéma, zona, parasitoses comme la gale,
- Etat général, hépatiques, rénales, néoplasiques, endocriniennes, -
Prise de certains médicaments
- Cause psychologique.

Le diagnostic de prurit sénile est toujours un diagnostic après exclusion d’autres causes
et retrait éventuel de certains médicaments.
Le prurit provoque des lésions de grattage avec des stries parfois sanguinolentes et des
ulcérations. Des papules bulleuses avec des croûtes ou une peau épaissie squameuse
peuvent en être d’autres présentations. Une surinfection des lésions est fréquente.
L’interrogatoire et un examen clinique du patient complétement déshabillé permet de
poser le diagnostic dans la moitié des cas. Mieux vaut souvent faire appel au
dermatologue.
L’examen du traitement du résident, surtout les médicaments ajoutés récemment, est
essentiel vu la polymédication fréquente des personnes âgées.

Le rafraîchissement et des émollients peuvent apporter quelque soulagement. Les


antihistaminiques sont efficaces lors de démangeaisons gênantes d'origine
inconnue et en cas d'urticaire allergique. On sera attentif aux effets secondaires.

La Gale
La gale est une maladie fréquente, elle touche tous les âges et toutes les classes sociales.
Il ne faut pas l’assimiler à un manque d'hygiène ni en avoir honte. Elle est très
contagieuse par contact physique direct de personne à personne et risque de se
propager rapidement en collectivité. Le linge de corps et la literie peuvent aussi
transmettre le parasite, un acarien non visible à l’œil nu, le Sarcoptes scabiei hominis qui
infiltre les couches superficielles de la peau. Les démangeaisons sont dues à la présence
de l'acarien dans la peau et à ses déjections.
Le diagnostic est parfois difficile, il ne faut pas hésiter à faire appel à un dermatologue.
Le traitement se fait en 48 heures.
La gale typique est la plus fréquente, caractérisée par l'existence de démangeaisons
(prurit) exacerbées le soir et la nuit et par des lésions cutanées de grattage en lien avec la
réaction immunitaire de l'organisme. La qualité de vie du malade est très affectée par
l’insomnie qui en découle.
Les lésions de grattage se situent surtout entre les plis, au niveau des espaces
interdigitaux, sur la face antérieure des poignets, sur les plis des coudes, autour de
l'ombilic, sur les fesses, sur la face interne des cuisses, sur les organes génitaux externes
chez l'homme et au niveau du mamelon et de l'aréole mammaire chez la femme. La gale
n’atteint jamais la tête.
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.59
Les sillons minuscules creusés par les parasites sous la peau sont rarement visibles. On voit
parfois de petites vésicules translucides à la base rouge et des nodules ayant un aspect de
bouton rouge brunâtre. La multiplication des cas dans une collectivité ou en famille est
une indication importante.
La période d'incubation silencieuse de la gale est longue, de quatre semaines en
moyenne.

Il existe deux autres formes de gale :


La gale profuse atteint tout le corps, le visage, le cuir chevelu, les ongles. La gale
hyperkératosique touche davantage des personnes âgées, dépendantes avec une
immunité affaiblie vivant en collectivité. Elle est extrêmement contagieuse avec des
milliers, voire des millions de parasites dans la peau. Les lésions peuvent être
surinfectées ou eczématisées.

La gale ne guérit pas spontanément. Un traitement est donc nécessaire et a comme


objectifs d'éliminer le parasite et de prévenir sa transmission. Pour cette raison, le
traitement doit obligatoirement inclure la personne atteinte, les membres de son
entourage proche (même ceux apparemment indemnes) et s'accompagner du traitement
de l'environnement domestique (linge, literie, canapés…). Le lendemain du traitement, ne
porter que des vêtements propres ou décontaminés et changer tous les draps, utiliser des
serviettes propres pour la toilette. Les vêtements ne pouvant être lavés à 60° seront
décontaminés en les enfermant dans des sacs plastiques, avec un acaricide pulvérisé dans
le sac, et hermétiquement clos pour 4 heures. Pour être efficace, le traitement des
personnes et de l'environnement doit obligatoirement se faire de façon simultanée, le plus
tôt possible.

Il existe deux types de traitement : Voie locale et voie orale.


Dans la prise en charge de la gale, l'application d'une crème à 5% de perméthrine est le
traitement de premier choix, en plus de mesures d'hygiène et de désinfection.
L'ivermectine est une option, en cas d'échec ou d'intolérance au traitement local et en cas
de gale croûteuse en plus du traitement local. Le produit n'est pas enregistré ni
commercialisé en Belgique, mais son importation est possible depuis la France ou les Pays-
Bas. La simplicité d'administration de ce médicament favorise l'observance du traitement,
surtout en collectivité, ce qui lui a valu d'avoir une indication en première intention dans
les pays voisins.
Comme tout médicament, il n'est pas dépourvu d'effets secondaires mais ils sont en
général mineurs. En fonction de l'extension des lésions, il peut être utilisé seul ou en
association avec un traitement local. Les traitements doivent être répétés
systématiquement de 7 à 14 jours plus tard.
Il est recommandé, après un contact avec un patient porteur de la gale, de se laver
les mains à l'eau tiède et au savon pour prévenir la transmission de l'infection. Des
solutions antiseptiques ne sont pas efficaces contre les parasites. En plus des
précautions d’hygiène habituelles dans les soins, le port de gants est recommandé
pour les soins et les contacts avec le malade ou son environnement.

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.60


En cas d'apparition de gale dans une institution, il est recommandé d'isoler le patient
jusque 24 à 48 heures après le début du traitement. Le traitement préventif du
personnel n'est pas recommandé. Des gants et un tablier protecteur sont recommandés
pour entrer dans la chambre. Un examen de contact est indiqué chez les co-résidents de
la chambre, le personnel directement impliqué dans les soins et les proches de la
famille.

COPYRIGHT IFAPME Syll ESG –Dr STIEVENART 78

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Photos tirées de Dermato info.fr

Soins palliatifs
Les soins palliatifs sont des soins actifs dans une approche centrée sur la personne atteinte
de maladie au stade terminal ou de maladie évolutive incurable quelle que soit l’espérance
de vie.
L’objectif est la qualité de vie du résident, acceptée comme un objectif supérieur à la durée
de vie. Les principes directeurs des soins palliatifs sont le devoir de non abandon et de non
souffrance** en évitant l’acharnement aussi appelé obstination déraisonnable. Les soins
palliatifs relèvent d’une équipe pluridisciplinaire, compétente, expérimentée et
bienveillante qui va construire avec le patient et sa famille un projet de soins cohérent et
adapté. Le malade, informé sur sa santé et les soins possibles, participe aux choix
thérapeutiques.
Exemples de situations palliatives pour des personnes âgées : les cas évolués
d’insuffisance respiratoire ou cardiaque, de démence ou de maladie de Parkinson ou
encore de pathologies multiples intriquées.
Il est rarement simple de choisir entre soins curatifs et palliatifs. Certains soins curatifs
peuvent d’ailleurs cohabiter avec une démarche palliative. Certains traitements
spécifiques peuvent aider à la qualité de vie du patient : Une fracture sera soignée, voire
opérée pour permettre au résident de préserver l’autonomie compromise et lui éviter des
douleurs prolongées.
La situation médicale, les choix thérapeutiques, le vécu du résident et son désir de soins
seront consignés par écrit, le suivi est souvent prolongé et nécessite de la transparence et
beaucoup de souplesse d’adaptation.
Il faut éviter les pièges que sont l’abandon du patient, les demandes « d’en finir » émanant
de la famille ou l’obstination déraisonnable. S’il est très difficile d’en définir les limites, un
manque de réflexion, d’analyse de la situation par l’équipe médico soignante y conduit
facilement. Les personnes âgées ont surtout peur de souffrir et d’être seules à la fin de
leur vie.
L’étonnante faculté de certains grands malades âgés de se remettre plusieurs fois de
situations considérées comme désespérées perturbent les esprits. Ces patients
dépendants ont généralement une espérance de vie très limitée. Ceux qui sont lucides
participeront aux décisions thérapeutiques. Pour ceux qui sont déments, les deux-tiers de
la population des maisons de repos et soins, la qualité de vie sera l’objectif prioritaire. «
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.62
Repartir pour un tour » est toujours une option. Quel sens y donner ? Quel sens donner à
ce qui reste de vie ? Pour qui fait-on ces soins ? Est-ce dans l’intérêt du résident ou pour
rassurer l’équipe ou la famille ? Ne sera-t-il pas question de soulagement lors du décès ?
Prendre du recul et réfléchir en réunion d’équipe pluridisciplinaire, prendre l’avis d’un
médecin extérieur, recourir aux marqueurs biologiques nutritionnels dont la valeur
pronostique est reconnue vont aider à la décision.
L’écoute et les échanges préventifs avec la famille ne sont pas du temps perdu, ils
éviteront bien des tensions et des conflits avec l’équipe lorsque la situation du résident
sera plus compliquée. Ils aident à l’apprentissage de la collaboration en équipe, à la

Covid-19, Épidémies et maladies infectieuses


Les progrès grâce aux développements scientifique, sanitaire, social.
La crise sanitaire nous a submergés au printemps 2020, elle n’est pas complètement
terminée et risque de durer encore longtemps, les vaccins actuels à eux seuls ne suffiront
pas. Grâce aux vaccins, le nombre de décès et de cas graves a fortement baissé, comme la
saturation des équipes de soins intensifs. Une recrudescence épidémique est à craindre en
automne ou en hiver.
Les maladies épidémiques connaissent essentiellement quatre voies de contamination :
• Contamination par l’eau sanitaire polluée par des germes fécaux
sources de diarrhées, choléra, salmonelloses, etc.
• Transmission sexuelle :
SIDA, syphilis, hépatite B, papillomavirus humains, etc.
• Contamination par des piqûres d’animaux, puces, poux, tiques, moustiques :
malaria, fièvre jaune, dengue, zika, chikungunia, peste.
• La transmission aérogène : Variole, rougeole, tuberculose, grippe, covid-19
Les virus se transmettent de personne à personne par des gouttelettes émises lorsque
quelqu’un parle, chante, crie, tousse, éternue, crache : diphtérie, grippe, rougeole,
tuberculose, variole, la rougeole etc. La contamination se fait en respirant ces gouttelettes
infectées en suspension dans l’air, ou par les mains suite aux retombées sur des aliments
ou des objets. La toux et le toucher sont les sources de contaminations principales. Le
renouvellement de l’air des locaux dilue la concentration virale et diminue le risque de
contamination

Un virus est une toute petite particule d'ARN ou d'ADN, protégée par une enveloppe
extérieure de protéines. Il y a des millions de types de virus, ils se trouvent partout mais
99% d'entre eux sont inoffensifs pour l'homme. Les particules virales sont incroyablement
petites, des milliards peuvent flotter sur de minuscules gouttelettes dans l'air à partir d'une
seule toux.
100 millions de particules virales du nouveau coronavirus peuvent tenir sur une tête
d'épingle. Les virus pénètrent dans les cellules vivantes pour se reproduire, comme des
parasites.

Les coronavirus
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.63
Il existe de nombreux coronavirus, quelques-uns seulement se transmettent d’homme à
homme dont le SRAS, le MERS et le SRAS-CoV2. Jusqu’à présent, l’homme n’avait pas été
contaminé par ce dernier donc nous n’avions pas d’immunité contre ce virus très
contagieux lorsque l’épidémie a commencé, provoquant des infections respiratoires, du
simple rhume à la pneumonie fatale. Le virus SARS Cov-2 est apparu en Chine fin 2019.

La transmission aérogène du SRAS-CoV-2 assure une large propagation virale dans la


population non immunisée.
Les patients asymptomatiques et symptomatiques peuvent transmettre le virus, ce qui
rend difficile le contrôle de la propagation.
Le virus SRAS-CoV-2 se transmet facilement entre les personnes. Le risque de transmission
est directement lié à la quantité de virus à laquelle une personne est exposée. En général,
plus l'interaction avec une personne infectée est étroite et longue, plus le risque de
transmission du virus est élevé. Le nombre de personnes infectées dans la pièce, la
dimension du local et sa ventilation, l'activité génératrice d'aérosol (p. ex., chanter, crier
ou faire de l'exercice), et la direction et la vitesse du flux d'air contribuent aussi à ce risque.
La mesure du co2 dans l’air de ces locaux est un bon indicateur du risque de contamination.
Les locaux à forte fréquentation et peu ventilés, bars, discothèques, restaurants ou
gymnases, sont des lieux à hauts risques de contamination. Les établissements de vie
collective comme les mrs aussi d’autant que les résidents des mrs sont exposés aux formes
graves de la maladie en raison de leur âge, des troubles médicaux sous-jacents et une faible
immunité.
La quarantaine est destinée à séparer et à limiter la circulation des personnes qui ont eu
des contacts avec des personnes contagieuses pour éviter de propager l’infection. Les
modalités sont fixées par les autorités.
Le diagnostic de confirmation est posé par les tests PCR viraux. Ils peuvent rester positifs
pendant au moins trois mois quels que soient les symptômes. Après un contact à risque, la
maladie se déclenche en général dans la première semaine, parfois jusqu’à une semaine
plus tard. Dans 80% des cas le sujet infecté reste asymptomatique, pour les autres, les
symptômes vont de l’état grippal aux difficultés respiratoires avec T°, essoufflement,
fatigue, parfois perte du goût ou de l’odorat, voire nausées, vomissements, diarrhées.
Les plus âgés sont exposés aux formes les plus graves parfois des thrombo-embolies graves
et surtout détresse respiratoire conduisant au décès.
Les cas légers s’améliorent après une semaine, ils sont traités par des soins de confort sauf
si le patient est à haut risque de complications.
Les autres cas présentent le plus souvent des signes de maladie des voies respiratoires
inférieures, lorsque la saturation en oxygène baisse sous 94% l’hospitalisation s’impose.
Les patients avec symptômes persistants ne sont plus considérés contagieux après 10
jours, le virus ayant disparu de leurs voies respiratoires. Ce sont des formes longues de
covid19 avec fatigue, essoufflement, douleurs musculaires ou troubles cognitifs.
La traitements évoluent rapidement en fonction des variants et des progrès
thérapeutiques. Les anticorps monoclonaux neutralisants ont montré leur efficacité en
combinaison parfois avec la dexaméthasone et l’oxygène administré à haut débit et
souvent des anticoagulants.
La prévention
Les mesures de base restent d’application : hygiène des mains, masque couvrant la bouche
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et le nez, le maintien d’une bonne distance sociale, la désinfection fréquente des surfaces
et des mains, ventilation naturelle des bâtiments. Évitons la foule, les locaux fréquentés
mal ventilés.

Le vaccin déclenche une production d’anticorps qui seront protecteurs après 8 à 9 jours,
lors des rappels les anticorps sont actifs instantanément et protégerons d’une infection
grave lors d’une exposition ultérieure au virus. Actuellement des rappels sont nécessaires.
Les sujets en ordre de vaccination sont bien protégés contre les complications graves et le
décès liés au covid19 à tel point que 90% des patients qui meurent du covid ou présentent
une infection grave sont des non vaccinés*.
Des recherches sont en cours sur les vaccins améliorés offrant une protection plus longue
et plus large, sur les anticorps monoclonaux et sur des molécules ayant une action
antivirale.

Comment nous préparer mieux pour faire face à une pandémie ? Nathan Clumck*
- Disposer de réserves de matériel de protection et de soins
- Faire des investissements structurels dans la ventilation de bâtiments
- Soutenir intensément la recherche de médicaments antiviraux
- Renforcer la surveillance épidémiologique pour une détection précoce des risques.
- Renforcer nos systèmes de santé qui sont un bien commun
- Disposer d’un plan stratégique national et multinational global
- Enseigner et renforcer la culture scientifique et le sens critique des jeunes.

Les grandes épidémies : évolution

Le choléra a été maitrisé par le traitement des eaux usées contenant des excréments.
Un égouttage efficace permet d’en séparer l’eau potable pour la consommation.
Le choléra a encore semé la mort en Haïti au 21è siècle par manque de cette hygiène.

Le virus du sida à fait plus de trente millions de morts. Actuellement les porteurs du virus
sont près de quarante millions, vivants sans transmettre le virus avec une espérance de
vie quasi normale grâce à la trithérapie antirétrovirale efficace, bien tolérée et
financièrement accessible. Les recherches pour un vaccin n’ont pas encore abouti.

La Dengue, Zika, Chicungunya ont pour vecteur le moustique tigre et peuvent donner des
cas sporadiques dans nos pays tempéré en raison du changement des conditions
climatiques. La dengue est en forte augmentation en Asie.
Le virus Zika n’est pas mortel mais provoque durant des semaines voire des mois de
douleurs articulaires fort pénibles et des malformations du fœtus.

La peste véhiculée par les poux à partir des rats a décimé près de 40% de la population
européenne vers 1350 et la moitié de la population de Marseille en 1720 dans un contexte
de laxisme et de résistance aux mesures de quarantaine. La maladie n’a pas disparu mais
les antibiotiques et les mesures de santé publique en ont fortement réduit l’impact comme
IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.65
pour le typhus.

La malaria près de la moitié de la population mondiale y est exposée avec près de 230
millions de cas dans le monde et près de 500.000 décès dont plus de 90% en Afrique, même
si depuis 20 ans les décès ont baissé de 60%. L’OMS recommande un vaccin pour les
enfants qui subissent le plus de décès surtout en Afrique.
L’assainissement des zones marécageuses, les moustiquaires imbibés d’insecticides et les
progrès thérapeutiques et les médicaments de prévention pour les voyageurs.

La variole, extrêmement contagieuse avec une mortalité de 30% en raison d’un choc
inflammatoire massif a été éradiquée depuis 1977, plus aucun cas n’a été observé depuis.
En 1980, l’OMS a recommandé l’arrêt de la vaccination systématique.

La rougeole a quasiment disparu grâce au vaccin également. Le refus parental de la


vaccination est une cause croissante des maladies évitables par la vaccination chez les
enfants.
Il en va quasi de même pour la polio

La grippe faussement appelée espagnole a tué 40 millions de personnes en raison de


surinfections, à la fin de la première guerre mondiale, plus que la guerre elle-même. Elle
continue à sévir chez nous lorsque les conditions climatiques sont réunies. La variabilité du
virus oblige constamment à adapter les vaccins qui sont dirigés contre plusieurs souches.
Les plus jeunes enfants en sont les vecteurs les plus importants durant la phase aiguë de
la maladie. Ils devraient être vaccinés pour diminuer la transmission car le vaccin est très
efficace chez eux et beaucoup moins chez les plus âgés. Les surinfections de la grippe sont
bien contrôlées par les antibiotiques et le vaccin contre les pneumocoques.

La tuberculose touche particulièrement les poumons et tuait encore 1,7 million de


personnes dans le monde en 2016 surtout parmi les plus pauvres, mais en diminution dans
les pays industrialisés. La comorbidité avec le vih/sida est fréquente. Le personnel de santé
en contact est plus exposé. Les traitements bien suivis sont efficaces malgré des
résistances. La vaccination est recommandée dans les zones où la maladie est répandue.

Ebola : peu de cas sortent du foyer d’origine, le virus se transmet par le sang, pas par voie
respiratoire. L’usage des gants et l’eau de javel protège les soignants en évitant le contact
direct avec les lésions sanguinolentes d’un malade.

Les microbes les plus dangereux chez nous sont Escherichia coli, les staphylocoques dorés
et klebsiella pneumoniae. Les pneumocoques frappent surtout les personnes âgées, la
vaccination est efficace. Les virus les plus dangereux chez les personnes âgées sont : la
grippe, le virus respiratoire syncytial grand tueur des sujets âgés.

Les pathologies dues aux champignons Candida et le Clostridium sont quasi les seules en
augmentation à l’heure actuelle.
Quelques chiffres complémentaires :

IFAPME/SFPME ESG Dr Stievenart-2022-23 p.66


Sur 250 millions de cas de covid officiellement enregistrés, la mortalité globale est de
l’ordre de 2% contre 95% pour le sida non traité et 30% pour la variole avant la vaccination.
Les vaccins, les antibiotiques ainsi qu’une hygiène et une alimentation meilleures ont fait
chuter la mortalité infantile de 20% vers la moitié du 19è S à 0,37% actuellement.-
L’immunothérapie révolutionne le traitement du cancer.
En 10 ans, les décès par maladies infectieuses ont baissé de 30%
Les vaccins, le progrès du développement scientifique, sanitaire et social ont fait
disparaître ou reculer la plupart des épidémies qui ont décimé les populations pendant des
siècles, mais la canicule de 2003 en France a tué 15.000 personnes âgées.
Les défis du futur
Il se pourrait bien que le monde soit entré dans « l’âge des pandémies » prévient Peter
Piot**
Nous devons nous préparer à affronter d’autres pandémies majeures dans le futur, il n’est
pas exclu qu’à un moment donné apparaisse un virus plus pathogène, plus transmissible.
Il faut espérer le mieux et se préparer au pire. Dans les années et décennies à venir, on
aura des pandémies de plus en plus rapprochées en raison de l’augmentation des
transmissions inter espèces mais aussi de la mobilité. En 24 h, on va d’un côté de la planète
à l’autre. Il est presque certain que l’on aura à un moment donné une pandémie de grippe,
avec un virus Influenza muté avec des recombinaisons chez des oiseaux ou des cochons.
C’est quasi inévitable. D’où l’importance de la recherche sur un vaccin universel contre la
grippe.
La plupart des nouvelles maladies touchent des animaux causant parfois une épidémie
animale qui augmente le risque de contact et de transmission à l’homme dans les élevages
intensifs.

Sources :
*Prof. Nathan Clumek : La menace virale – Ed.Genèse 2022
Membre de l’académie de médecine, prof honoraire svce maladies infectieuses hôpital St-
Pierre Bx.
** Peter Piot
A la tribune des Grandes Conférences Catholiques
Le lundi 28 mars 2022, à Bozar
Le Baron Peter Piot est un médecin et un microbiologiste belge, de renommée
internationale.
Ancien Directeur du programme de l’ONU destiné à lutter contre le sida, il dirige la "London
School of Hygiene & Tropical Medecine".
Fondation Tedmed, une organisation caritative qui se consacre aux "idées qui valent la
peine d'être diffusées" dans les domaines de la santé et de la médecine :"100 Questions of
Peter Piot, LSHTM Director | LSHTM" LSHTM. 2020
Merck Manuel 2021
Prof. Didier Raoult – Épidémies – Document Michel Laffont- avril 2020 – Directeur IHU
Marseille
Dernière mise à jour : 30 Juin 2022

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