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Pratique et connaissance de la consommation de

paracétamol en automédication dans la population


française
Mélusine Wysocka

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Mélusine Wysocka. Pratique et connaissance de la consommation de paracétamol en automédication
dans la population française. Sciences pharmaceutiques. 2023. �dumas-04053220�

HAL Id: dumas-04053220


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par l’intermédiaire de l’archive ouverte DUMAS (Dépôt
Universitaire de Mémoires Après Soutenance).

Si vous désirez contacter son ou ses auteurs, nous


vous invitons à consulter en ligne les annuaires de
l’ordre des médecins, des pharmaciens et des sages-
femmes.

Contact à la Bibliothèque universitaire de Médecine


Pharmacie de Grenoble :

[email protected]
UNIVERSITÉ GRENOBLE ALPES

UFR DE PHARMACIE DE GRENOBLE

Année : 2023

PRATIQUE ET CONNAISSANCE DE LA CONSOMMATION DE


PARACÉTAMOL EN AUTOMÉDICATION DANS LA POPULATION
FRANÇAISE

THÈSE
POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

SPÉCIALITÉ : OFFICINE

Par Mme Mélusine WYSOCKA


[Données à caractère personnel]

THÈSE SOUTENUE PUBLIQUEMENT À LA FACULTÉ DE PHARMACIE DE GRENOBLE


Le 23/03/2023

DEVANT LE JURY COMPOSÉ DE :


Président du jury :
M. le Dr Serge KRIVOBOK
Membres :
M. le Pr Benoît ALLENET (directeur de thèse)
Mme le Dr Béatrice BELLET
Mme le Dr Lyse-Marie CARRON

L’UFR de Pharmacie de Grenoble n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les
thèses ; ces opinions sont considérées comme propres à leurs auteurs.
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Remerciements

À Monsieur KRIVOBOK Serge, président du jury,

Pour m’avoir fait l’honneur d’accepter la présidence de ce jury de thèse, ainsi que pour

l’intérêt que vous portez à ce travail. Pour vos enseignements durant ces années

universitaires.

À Monsieur ALLENET Benoît, directeur de thèse,

Pour m’avoir proposé ce sujet, et pour m’avoir fait l’honneur d’accepter de diriger cette

thèse. Merci pour votre aide, votre disponibilité et votre bienveillance tout au long de

cette rédaction.

À Madame BELLET Béatrice, membre du jury

Je vous remercie d’avoir accepté de participer à ce jury, ainsi que pour l’intérêt que

vous portez à ce travail. Pour vos enseignements durant ces années universitaires.

À Madame CARRON Lyse-Marie, membre du jury

Je te remercie d’avoir accepté de participer à ce jury. Merci à toi et à ton équipe de la

pharmacie de Ruy pour votre accueil, votre gentillesse et votre bienveillance durant

l’année où j’ai travaillé avec vous. Je garde ces bons souvenirs précieusement.

À la pharmacie des Charmettes,

Isabelle et Benjamin ainsi que toute l’équipe de m’avoir accueillie dans votre

pharmacie pour mon stage de sixième année. Merci pour vos enseignements et votre

bienveillance.

À tous les participants ayant accepté de répondre à l’enquête,

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Dédicaces

À ma famille,

Mes parents, pour votre amour, votre soutien inconditionnel. Merci d’avoir toujours cru

en moi, c’est grâce à vous si j’ai pu réussir tout ça.

Pour Athénaïs,

Qui sait toujours comment me faire rire, merci pour notre belle complicité, pour nos

chamailleries aussi, je suis très fière de t’avoir comme sœur.

Pour Éric,

Pour le soutien que tu m’as toujours apporté malgré la distance parfois. Pour tous les

bons moments que je passe avec toi. Merci d’être le grand frère que tu es, j’en suis

très fière.

Pour Amaury,

Pour ton amour, pour toute l’aide et le soutien que tu m’as apportés pour ce travail et

pendant ces années d’études. Merci pour tout le bonheur que tu m’apportes tous les

jours.

Mes amis, et tout particulièrement,

Anaïs, Camille, Clémence, Jade et Mathilde, que j’ai eues la chance de rencontrer

pendant ces études de pharmacie. Merci pour tous les bons moments que nous avons

passés ensemble.

Pour Héloïse et Lara,

Mon trio avec qui tout a commencé, merci d’être les amies que vous êtes.

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Sommaire
Remerciements…………………………………..…………………………………………..5

Dédicaces……………………………………………….…………………………………….6

Sommaire…………………………………………………...………………………………...7

Liste des figures ......................................................................................................... 9

Liste des abréviations ............................................................................................... 11

I) Introduction ..................................................................................................... 12

II) Rappels bibliographiques................................................................................ 13

I.1 Les données clés du paracétamol .................................................................... 13

I.2 Les raisons de l'utilisation du paracétamol ....................................................... 15

I.3 Le mésusage et ses raisons ............................................................................. 17

III) Matériel et méthode ........................................................................................ 21

III.1 Élaboration du questionnaire .......................................................................... 21

III.2 Canal de diffusion : ......................................................................................... 21

III.3 Recueil des données ...................................................................................... 22

III.4 Traitement des données ................................................................................. 22

IV) Résultats ......................................................................................................... 23

IV.1 Profil des répondants ..................................................................................... 23

IV.2 L’utilisation du paracétamol............................................................................ 25

a) Traitement de la douleur et de la fièvre ....................................................... 25

c) Connaissances théoriques sur les posologies de bon usage ...................... 30

V) Discussion ...................................................................................................... 33

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V.1 Les Biais de l’étude ......................................................................................... 33

V.2 Des difficultés d’identification de la molécule .................................................. 34

V.3 Utilisation du paracétamol dans la pratique : des résultats rassurants ........... 35

V.4 Connaissance des règles de bon usage : des résultats imparfaits ................. 35

V.5 Comment remédier à ce manque de connaissances ? ................................... 37

a) Échelle nationale : ....................................................................................... 37

b) Échelle locale : ............................................................................................ 38

VI) Conclusion ...................................................................................................... 40

VII) Bibliographie ................................................................................................... 41

ANNEXE 1 : Questionnaire....................................................................................... 46

ANNEXE 2 : Brochure de l’OFMA ............................................................................ 54

Serment de Galien……………………………………………………………...…………..56

Résumé……………………………………………………………………………………...57

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Liste des figures

Figure 1 : Consommation d'analgésiques non-opioïdes en France, 2006-2015

Figure 2 : Consommation de médicaments non-opioïdes en vente libre ou sur

ordonnance, selon les substances actives et les doses, 2006-2015

Figure 3 : Métabolisme du paracétamol à dose thérapeutique

Figure 4 : Pictogramme figurant sur les boîtes de paracétamol seul

Figure 5 : Pictogramme figurant sur les boîtes de paracétamol associé à une autre

substance

Figure 6 : Répartition des répondants en fonction de la tranche d'âge

Figure 7 : Répartition des répondants en fonction de leur niveau d’étude

Figure 8 : Rythme de fréquentation de l’officine en fonction de la tranche d'âge

Figure 9 : Utilisation des médicaments par voie orale pour traiter la douleur ou la

fièvre

Figure 10 : Consommation de médicament par voie orale pour soigner la douleur ou

la fièvre

Figure 11 : Consommez-vous des médicaments contenant du paracétamol

Figure 12 : Les différentes raisons d’utilisation du paracétamol

Figure 13 : Fréquence de prise de paracétamol

Figure 14 : Quantité de paracétamol en une prise

Figure 15 : Quantité de paracétamol consommée par jour

Figure 16 : Quantité de paracétamol prise en fonction du poids

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Figure 17 : Connaissance sur la quantité maximale par prise

Figure 18 : Connaissance sur la quantité maximale par jour

Figure 19 : Connaissance sur les intervalles de dose entre chaque prise

Figure 20 : Adaptation des posologies

Figure 21 : Effets indésirables connus par les répondants

Figure 22 : Logigramme d’aide pour une dispensation sécurisée de paracétamol en

officine

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Liste des abréviations

OTC : Over The Counter

NAPQI : N-acétyl-p-benzoquinone imine

OFMA : Observatoire Français des Médicaments Antalgiques

ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

SSP : Semaine de la Sécurité des Patients

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I) Introduction

En France, le médicament le plus vendu est le paracétamol ou acétaminophène

pour sa DCI (dénomination commune internationale). La France est également le

premier pays consommateur de paracétamol au niveau européen (1)(2).

Le paracétamol est considéré comme un antalgique et antipyrétique sûr et

efficace et sa consommation est bien tolérée lorsque les posologies, doses maximales

quotidiennes et intervalles entre deux prises sont respectées. Il a la particularité de

pouvoir être pris par les enfants en adaptant les posologies et son utilisation est

possible pendant toute la grossesse (2). Cependant, chaque année, le mésusage du

paracétamol est la première cause de greffe du foie d’origine médicamenteuse en

France (2). Les causes en sont essentiellement la surconsommation volontaire et

aussi involontaire, liée à une mauvaise connaissance de son utilisation et/ou à une

association de plusieurs spécialités contenant du paracétamol.

La présente étude vise à évaluer quelles sont les connaissances et

comportements des Français concernant l'utilisation du paracétamol en

automédication. Pour répondre à cette question, nous ferons un bilan sur l’état des

connaissances actuelles sur l’utilisation du paracétamol. Nous créerons un

questionnaire que nous soumettrons à un échantillon de personnes, visant à comparer

les connaissances théoriques à la pratique. Enfin, nous analyserons les réponses au

questionnaire et proposerons des axes d'amélioration pour sécuriser le bon usage du

paracétamol.

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II) Rappels bibliographiques

I.1 Les données clés du paracétamol

Le paracétamol a été commercialisé pour la première fois aux U.S.A en 1955.

Il fait son apparition en France en 1957, premièrement en association avec un anti-

histaminique (Algotropyl®), puis il est commercialisé pour la première fois seul en 1964

(3)(4). Le paracétamol est donc un médicament ancien pour lequel il y a de

nombreuses années de recul sur son utilisation. Il est rentré peu à peu dans les

habitudes de consommation, cela expliquant en partie son large recours en France.

Le paracétamol représente 22 % du marché total du médicament en France,

soit 500 millions de boîtes délivrées en 2013. C’est également le médicament le plus

prescrit en France : sur les 500 millions de boîtes, 84 % sont délivrées après une

prescription et 16 % en OTC (over the counter en anglais) (5).

Figure 1 : Consommation d'analgésiques non-opioïdes en France, 2006-2015 (5)

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C’est la molécule non-opioïde la plus utilisée et sa consommation est en

continuelle augmentation (+ 53 %) entre 2006 et 2015 (figure1) (5).

Figure 2 : Consommation de médicaments non-opioïdes en vente libre ou sur ordonnance, selon les

substances actives et les doses, 2006-2015 (5)

Au fil des années, nous remarquons qu’il y a une augmentation de la

consommation de comprimés de un gramme (+ 140%) et une diminution de l’utilisation

de comprimés de 500 mg (- 20%) (figure 2) (5).

Depuis 2008, le paracétamol n’est plus fabriqué en France. Pour produire les

médicaments à base de cette molécule, les usines françaises s’approvisionnent

majoritairement aux États-Unis et en Chine, ces deux pays concentrant, avec l’Inde et

la Turquie, la totalité des producteurs de ce principe actif. Avec la crise sanitaire liée

au Covid-19, des craintes de pénurie de paracétamol ont été réelles avec notamment

des restrictions à la vente mises en place par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité

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du Médicament) afin de les éviter (6). La crise sanitaire a mis en lumière la dépendance

des Européens vis-à-vis des laboratoires étrangers où est fabriquée cette molécule

indispensable à la fabrication de nombreuses spécialités consommées en

France. C’est pourquoi un projet de relocalisation d’une usine de fabrication de

paracétamol à Roussillon en Isère devrait voir le jour en 2025 (7)(8).

I.2 Les raisons de l'utilisation du paracétamol

Le paracétamol est utilisé pour ses propriétés antalgiques et antipyrétiques. C’est

le traitement symptomatique de première intention pour traiter les douleurs légères à

modérées ainsi que pour les douleurs aiguës ou chroniques; c’est également le

traitement antipyrétique de premier choix en particulier chez l’enfant (9). C'est un

médicament sûr et efficace lorsqu’il est utilisé aux doses thérapeutiques (10). Le

paracétamol a une absorption rapide et presque totale au niveau de l’intestin grêle

avec une biodisponibilité absolue par voie orale de 80 % et par voie rectale de 60-70

%. Le pic plasmatique est atteint en 15 minutes à 2 heures en fonction de la

formulation. Sa liaison aux protéines plasmatiques est faible, il a ainsi une diffusion

rapide dans les tissus (11). À dose thérapeutique, la métabolisation est

essentiellement hépatique, via deux voies majeures et mineures :

- La voie majeure où plus de 85 % du paracétamol sera gluco- ou sulfo-conjugué,

générant ainsi des métabolites excrétés dans les urines.

- La voie mineure où 5-8% du paracétamol sera métabolisé via le cytochrome P-

450 en un intermédiaire réactif et toxique : le N-acétyl p-benzoquinineimine

(NAPQI). Celui-ci, conjugué au glutathion hépatique, donne lieu à des

conjugués de mercaptate pouvant être également éliminés dans les urines.

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À dose supra thérapeutique, il se produit une saturation de la voie majeure. Une

fraction plus importante de paracétamol est dérivée vers la voie mineure, la

concentration de NAPQI dépasse alors les capacités de prise en charge par le

glutathion. Ce réactif toxique s’accumule au niveau du foie, donnant lieu à des lésions

irréversibles (12).

Figure 3 : Métabolisme du paracétamol à dose thérapeutique (12)

La dose quotidienne recommandée est de 60mg/kg/jour, à répartir en 4 ou 6

prises soit environ 15 mg/kg toutes les 6 heures ou 10 mg/kg toutes les 4 heures. À

partir de 50 kg, poids généralement atteint vers l'âge de 15 ans, on considère que l’on

peut prendre une dose adulte. La posologie est donc de 1 g par prise, toutes les 4

heures minimum, limitée à 3 g par jour. Toutefois, la dose maximale peut atteindre 4 g

par 24 heures pour une douleur plus intense après avis médical sur une courte période

(13). En cas d’automédication, la durée de traitement ne doit pas excéder 5 jours pour

la douleur et 3 jours en cas de fièvre, passé ce délai un avis médical est nécessaire

(13). Le paracétamol possède une liste exceptionnellement courte de contre-

indications, à savoir : l’hypersensibilité au paracétamol et l’insuffisance

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hépatocellulaire sévère (11). Aux doses thérapeutiques, le paracétamol est

habituellement très bien toléré avec de rares effets indésirables (13). Il peut donc être

utilisé sans danger chez l’enfant, la personne âgée et chez la femme allaitante et

enceinte quel que soit le terme de la grossesse (14).

I.3 Le mésusage et ses raisons

Chaque année, cette molécule est responsable d’un mésusage volontaire dans

des tentatives de suicide, mais aussi involontaire. Selon une étude menée par un

observatoire multi sources qui recueille les cas d’intoxications aiguës en Île-de-France,

le paracétamol est le deuxième médicament à l’origine des appels au Centre

antipoison de Paris, derrière le bromazépam et devant l’ibuprofène et l’hydroxyzine en

cas d’ingestion volontaire, mais c’est le premier médicament pour des expositions

accidentelles (15). Il demeure encore aujourd’hui la première cause d’insuffisance

hépatique aiguë dans les pays occidentaux et l’une des premières causes de décès

toxique (16). Ces informations nous interrogent sur les connaissances et

comportements de la population française en termes d'utilisation de cette molécule.

En 2012, à Lyon, une étude a visé les connaissances des patients venant consulter

dans un service d’urgences. Cette étude a montré que le niveau de connaissance des

patients est fragmentaire et est très insuffisant pour garantir un usage sûr en soins

ambulatoires (17). Plus récemment en 2021, une enquête a été réalisée par l’OFMA

(Observatoire Français des Médicaments Antalgiques) dans le but d’évaluer les

connaissances sur le paracétamol dans la population générale. Cette étude conclut à

une connaissance imparfaite des médicaments contenant du paracétamol, et les

auteurs concluent sur la nécessité de renforcer la connaissance des bonnes pratiques

d’automédication (18).

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Ces informations alarmantes nous amènent à nous interroger sur les grandes

causes racines qui pourraient expliquer ces mésusages.

Une des causes pourrait être la relative facilité d'accès à ce médicament.

Plusieurs critères sont nécessaires pour permettre la mise en libre accès d’un

médicament :

• Ces médicaments, du fait de leurs indications thérapeutiques, peuvent être

utilisés sans intervention d'un médecin pour le diagnostic, l'initiation ou la

surveillance d'un traitement ;

• Ils présentent une posologie, une durée prévue de traitement et une notice

adaptée ;

• Le conditionnement correspond à la posologie et à la durée prévue de

traitement (19).

En France, contrairement à de nombreux pays, le paracétamol ne peut être

délivré qu’en officine, avec une ordonnance médicale ou non. Il est donc disponible à

la vente. C’est un médicament dit de “prescription médicale facultative“. Pendant de

nombreuses années, les spécialités contenant cette molécule étaient disponibles en

“libre accès”, c’est-à-dire devant le comptoir. Cependant, pour l'ANSM, la possibilité

de présenter des médicaments sans ordonnance médicale en libre accès est une

incitation à l'automédication (20). Il n’existe pas de définition unique de

l’automédication dans la littérature. Pour l’OMS (organisation mondiale de la santé), «

Elle consiste pour une personne à choisir et à utiliser un médicament pour une

affection ou un symptôme qu’elle a elle-même identifié » (21). L'utilisation du

paracétamol en automédication expose à un risque de surdosage et de toxicité pour

le foie. Les posologies et les modalités de prise des médicaments contenant du

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paracétamol doivent être connues et respectées pour assurer leur efficacité et leur

sécurité d'emploi (20).

C’est pourquoi depuis le 15 janvier 2020 les médicaments contenant du

paracétamol, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou de l’alpha-amylase,

ne sont plus disponibles en accès libre dans les pharmacies. Cette mesure vise à

favoriser le bon usage de ces médicaments d’utilisation courante, en renforçant le rôle

de conseil du pharmacien au moment de leur dispensation (22).

Une seconde cause de mésusage pourrait être la multitude de produits

commercialisés, pouvant créer des confusions ainsi que de la mésinformation. On

retrouve du paracétamol dans plus de 100 produits en vente libre et plusieurs dizaines

sur ordonnance (23), sous différentes voies d’administrations et pouvant être en

association avec d'autres molécules telles que le tramadol, la codéine, la poudre

d’opium, la caféine… L'existence de plusieurs noms de marque : Efferalgan ®,

Dafalgan ® Doliprane ® que l’on peut citer en exemple peuvent faire croire que ces

boîtes contiennent des molécules différentes. Ainsi, des associations de molécules et

cette multitude de noms de marques peuvent rendre complexe son identification,

conduisant à un risque cumulatif pouvant conduire à un surdosage, si le patient n’est

pas suffisamment informé.

C’est pourquoi l’ANSM a demandé aux laboratoires concernés de faire figurer

des messages d’alerte sur les boîtes des médicaments contenant du paracétamol (24).

Pour les médicaments contenant du paracétamol seul, la mention :

"SURDOSAGE = DANGER - Dépasser la dose peut détruire le foie"

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Ce message sera également assorti d’informations visant à réduire le risque de

surdosage, sur le verso de la boîte : dose maximale par prise et par jour, respect du

délai entre deux prises, exclusion de la prise d’un autre médicament contenant du

paracétamol….

Figure 4 : Pictogramme figurant sur les boîtes de paracétamol seul (24)

Pour les médicaments contenant du paracétamol et une autre substance la mention :

"SURDOSAGE = DANGER - Ne pas prendre un autre médicament contenant du

paracétamol".

Figure 5 : Pictogramme figurant sur les boîtes de paracétamol associé à une autre substance (24)

De fait, les instances publiques ont, au fil du temps, renforcé les mesures

visant à sécuriser et à accompagner l’usage du paracétamol. Qu’en est-il de l’impact

de ces mesures sur le terrain ? Quel est le niveau de connaissances et quels sont les

comportements effectifs en pratique courante, dans la population française, en

2022 ? C’est l’objet de la présente étude.

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III) Matériel et méthode

L’étude est de type descriptif et vise la population courante.

III.1 Élaboration du questionnaire

Le questionnaire comprend 28 questions et est divisé en deux parties. La

première partie cible les informations personnelles : sexe, âge, poids, niveau d’étude,

profession en lien avec les médicaments, fréquence de venue en pharmacie.

La deuxième partie cible spécifiquement le paracétamol et vise à questionner :

a) Les médicaments consommés contre la douleur et la fièvre, les comportements de

recours des individus vis-à-vis de cette molécule : raison et fréquence d’utilisation.

b) Les doses et posologies utilisées en pratique.

c) Les connaissances théoriques sur le bon usage de la molécule : dose maximale par

prise/par jour, intervalle entre deux prises, effets indésirables, adaptations

posologiques éventuelles ( questionnaire disponible en annexe 1).

Nous avons choisi de créer le questionnaire avec Google Forms, compte tenu

de la simplicité d’usage de cet outil. Ce questionnaire a préalablement été testé avant

diffusion, auprès de 5 personnes de tranche d'âge et de catégorie socioprofessionnelle

différentes.

Le temps pour répondre au questionnaire était d'environ 5 minutes et le

questionnaire était anonyme.

III.2 Canal de diffusion :

Une revue systématique a été réalisée afin d'identifier les études qui ont utilisé

Facebook pour recruter des participants de tout âge, pour toute recherche

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psychosociale, ou dans le champ de la santé. 110 études ayant utilisé Facebook

comme source de recrutement ont été incluses dans l'analyse.

Parmi les études qui ont examiné la représentativité de leur échantillon, la

majorité d'entre elles ont conclu (86 %) que leurs échantillons recrutés par Facebook

étaient aussi représentatifs que les échantillons recrutés par des méthodes

traditionnelles.

La conclusion de cette étude indique que Facebook est une méthode de

recrutement efficace (25). De fait, nous avons choisi d’expérimenter ce type de

recrutement.

III.3 Recueil des données

Le lien du questionnaire a été diffusé sur ma page Facebook personnelle,

accompagné d’un message invitant les participants à le partager également.

III.4 Traitement des données

Nous avons réalisé un tri à plat des données recueillies puis l’analyse bivariée

de certaines variables. Pour la partie spécifique au paracétamol, nous avons fait le

choix d’exclure les répondants ayant un lien avec les médicaments par leur métier,

justifié par le fait que tous les répondants de cette catégorie citaient une bonne réponse

et donc faussaient nos résultats. Notre objectif est de connaître les comportements et

connaissances de la population française standard et non des personnes travaillant

avec les médicaments. À partir de « IV. 2 » (l’utilisation du paracétamol) les

résultats annoncés sont donnés pour 138 répondants.

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IV) Résultats

Cent quatre-vingt-six réponses au questionnaire ont étés collectées.

IV.1 Profil des répondants

Sur l’ensemble des répondants au questionnaire, 67 % des répondants étaient

des femmes et 33% étaient des hommes.

Figure 6 : Répartition des répondants en fonction de la tranche d'âge

Nous avons une majorité de répondants entre 18-25 ans (49,5 %) (figure 6).

Figure 7 : Répartition des répondants en fonction de leur niveau d’étude

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Pour la répartition des répondants en fonction de leur niveau d’étude, nous

avons une majorité de niveau BAC supérieur (somme des études supérieures : 72,1

%) ainsi qu’une grande partie de niveau BAC (19,9 %) (figure 7).

Figure 8 : Rythme de fréquentation de l’officine en fonction de la tranche d'âge.

Sur la figure 8, nous avons croisé les données du rythme de fréquentation de la

pharmacie en fonction de la tranche d'âge pour plus de pertinence. Ainsi, nous avons

une majorité de fréquentation trimestrielle pour la tranche d'âge la plus jeune, une

proportion équivalente de fréquentation mensuelle et trimestrielle pour la tranche d'âge

26-45 ans et pour finir une fréquentation majoritairement mensuelle pour les tranches

d'âge 46-60 ans et 61-80 ans.

NB : nous avons un seul répondant de la classe d’âge plus de 80 ans.

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IV.2 L’utilisation du paracétamol

Dans cette deuxième partie, nous avons choisi d'exclure les personnes ayant

un lien avec les médicaments par leur métier (pharmacien, médecin, infirmier,

préparateur en pharmacie, ...). Leurs réponses exactes faussaient les résultats du

commun de la population. Pour cela, nous avons posé les questions suivantes : votre

métier est-il en lien avec les médicaments ? Si oui quel est votre métier ? Il ressort que

sur 186 participants, 26 % des répondants ont un métier en lien avec les médicaments.

Les résultats suivants représentent 138 répondants.

a) Traitement de la douleur et de la fièvre

Figure 9 : Utilisation des médicaments par voie orale pour traiter la douleur ou la fièvre

Pour la question : quels produits utilisez-vous à la maison pour traiter la douleur

ou la fièvre ? 92 % des participants utilisent des médicaments par voie orale pour

traiter la douleur ou la fièvre, mais certains d’entre eux utilisent également d'autres

moyens. 8 % n'utilisent pas de médicaments par voie orale pour traiter la fièvre ou la

douleur, mais ont recours à d'autres méthodes (figure 9).

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Nous avons comparé les produits utilisés pour lutter contre la douleur ou la

fièvre en fonction de la tranche d'âge. Les moyens utilisés en majorité sont les

médicaments par voie orale suivie des pommades, huile essentielle, homéopathie,

plantes et autres moyens.

Figure 10 : Consommation de médicament par voie orale pour soigner la douleur ou la fièvre

À la question : parmi ces médicaments par voie orale lesquels utilisez-vous ?

Une liste de spécialités constituée exclusivement de paracétamol était proposée. Nous

retrouvons les marques les plus connues, Doliprane® en tête suivie du Dafalgan® et

Efferalgan®. Dans les autres médicaments cités spontanément, nous retrouvons

l'Ibuprofène, l'Aspirine, Tramadol, Morphine, Codéine (la somme des réponses est

supérieure à 138 car les répondants utilisent plusieurs médicaments) (figure 10).

À la suite de cette question, nous avons demandé quel était le composant actif

des médicaments de la liste précédente, la réponse attendue étant le paracétamol :

54 % ont eu la bonne réponse, 6 % ont donné une mauvaise réponse et 40 % ne

connaissent pas la réponse. Parmi les mauvaises réponses, nous avions l'ibuprofène,

la codéine, la morphine, l’aspirine, le diprosone et le tramadol étaient cités.

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Figure 11 : Consommez-vous des médicaments contenant du paracétamol

Pour la question, consommez-vous des médicaments à base de paracétamol ?

et si oui, lesquels utilisez-vous ? 92 % des personnes disent utiliser du paracétamol.

Sur ces 92 %, 96,2 % citent un médicament contenant du paracétamol, mais 3,8 %

d’entre eux citent une autre molécule (Codéine, Drill, Ibuprofène, Tramadol). Pour les

8 % de personnes déclarant ne pas utiliser de paracétamol, 22,4 % citent une autre

molécule, mais 77,8 % citent une spécialité contenant du paracétamol (Dafalgan,

Efferalgan, Doliprane) (figure 11).

Figure 12 : Les différentes raisons d’utilisation du paracétamol

Les raisons principales d’utilisation du paracétamol sont les maux de têtes (42

%) (figure 12).

Page 27 sur 57
Figure 13 : Fréquence de prise de paracétamol

Cinquante pourcent des répondants décrivent une utilisation récurrente du

paracétamol (au moins une fois par mois) (figure 13).

Nous avons croisé la fréquence de prise de paracétamol à la tranche d'âge.

Nous retrouvons une utilisation homogène entre les différentes classes d'âge, la

majorité étant une utilisation mensuelle.

b) Pratique d’utilisation

Concernant les questions liées à

l’utilisation du paracétamol dans

la pratique, la grande majorité des

répondants consomment des

doses journalières qui ne

dépassent pas les règles de bon


Figure 14 : Quantité de paracétamol consommée
par jour
usage (94 %). Seulement 5 %

prennent une dose de 4 g par jour et 1 % prennent 5 g (figure 14).

Page 28 sur 57
Pour la quantité de

paracétamol consommée en

une prise, 98 % des

répondants ne dépassent

pas la dose et seulement 2 %

utilisent des posologies en

surdosages (respectivement

2 g et 4 g par prise) (figure


Figure 15 : Quantité de paracétamol
15). en une prise

Figure 16 : Quantité de paracétamol prise en fonction du poids

Nous avons comparé les prises en fonction du poids, pour des personnes

pesant moins de 50 kilos ; 2 individus sur 5 prennent une posologie en surdosage par

rapport à leur poids (figure 16).

À la question, avez-vous déjà lu la notice, 60 % des répondants déclarent que oui.

Page 29 sur 57
c) Connaissances théoriques sur les posologies de bon usage

Les questions suivantes visent à mettre en évidence, par rapport aux résultats

précédents touchants aux comportements d’usage des répondants, leur niveau de

connaissance sur le recours au paracétamol.

Figure 17 : Connaissance sur la quantité maximale par prise

Soixante-dix-huit pourcent des répondants connaissent la posologie maximum

par prise de 1 g, contre 14 % qui répondent une posologie qui correspond à un

surdosage (figure 17).

Figure 18 : Connaissance sur la quantité maximale par jour

Page 30 sur 57
Pour la dose maximum par jour, les réponses sont plus mitigées avec 40 %

des répondants qui répondent que la dose est de 4 g, 3 % de 5 g, 8 % de 6 g et 1 %

de 8 g (figure 18).

Figure 19 : Connaissance sur les intervalles de dose entre chaque prise

La grande majorité des répondants citent le bon intervalle entre deux doses

entre 4 et 6 heures (figure 19).

Le croisement des données correspondant aux figures 17,18,19, avec le sexe,

la tranche d’âge et la catégorie socioprofessionnelle ne permet pas de mettre en

évidence de liens statistiquement significatifs.

Figure 20 : Adaptation des posologies

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Pensez-vous qu’il faut diminuer la dose pour ?

- un enfant de moins de 15 ans : globalement une bonne réponse générale

avec 89 % répondant oui.

- une femme enceinte : 67 % de oui.

- personne de moins de 50 kilos : 75 % de oui (figure 20).

Figure 21 : Effets indésirables connus par les répondants

Concernant les effets indésirables connus, 24 % des répondants ne


connaissent pas d’effets indésirables, 24 % pensent également qu’il n’y en a aucun et
18 % citent des problèmes de foie (figure 21).

Soixante-quatorze pourcent des répondants considèrent que le paracétamol

peut être dangereux, 9 % répondent non et 17 % ne savent pas.

Et pour finir, 51 % des personnes déclarent avoir déjà reçu des conseils de la

part d’un professionnel de santé sur l’utilisation du paracétamol.

Page 32 sur 57
V) Discussion

V.1 Les Biais de l’étude

Notre étude comporte certaines limites, notamment concernant le mode de

recueil. Lors de la création du questionnaire s’est posée la question de la manière de

le diffuser. Distribuer le questionnaire uniquement dans les officines ciblait uniquement

les personnes fréquentant ces points de vente, et n’était donc pas forcément

représentatif de la population générale. Nous avons donc pensé qu'une diffusion plus

large serait intéressante pour toucher une plus grande diversité de personnes, de tout

âge, de toutes catégories socioprofessionnelles ainsi que des personnes ne venant

pas régulièrement en pharmacie.

Nous avons donc fait le choix de diffuser ce questionnaire sur un réseau social

très populaire : Facebook. Avec 40 millions d’utilisateurs actifs mensuels en France, il

est l’un des réseaux sociaux le plus utilisé. C’est un réseau social qui touche toutes

catégories socioprofessionnelles ainsi que toutes tranches d'âge (26). Cependant,

nous avons finalement touché un public jeune, majoritairement de la tranche d'âge 18-

25 ans (49,5 %). Du fait d’un nombre de réponses limité, nous ne pouvons pas

conclure à la représentativité de notre échantillon. De plus, nous ne pouvons pas

certifier que les participants n’ont pas été influencés dans leurs réponses par une

source d'information extérieure (internet, proche…). Autre élément lié à l’utilisation de

Facebook : nous avons eu 26 % de répondants ayant un métier en lien avec les

médicaments. Cela représente une proportion élevée qui peut être expliquée par le fait

que l’étude a été diffusée sur ma page Facebook personnelle. Faisant moi-même des

études dans le domaine de la santé, mon réseau comporte une plus grande proportion

de cette catégorie de personnes. Après vérification, tous avaient des réponses

correctes aux différentes questions. Il a été fait comme choix de ne pas les inclure pour

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la partie des questions liées au paracétamol. Afin de faciliter l’analyse, il aurait été

judicieux de spécifier que ce questionnaire n’est pas destiné aux personnes ayant des

connaissances médicamenteuses de par leur métier.

Il aurait été pertinent dans notre étude de poser des questions liées au mode

d'accès au paracétamol, et si, notamment, la consommation de paracétamol fait suite

à une prescription médicale, ou à un achat autonome. Les types de connaissances et

surtout, de comportements concernant le bon usage du paracétamol pourrait, selon

ces 2 catégories de population, différer. Nous ne pourrons pas le vérifier.

Malgré ces limites, notre étude apporte un certain nombre de résultats

intéressants. Les personnes interrogées gèrent plutôt bien la prise de ce médicament,

tout en ayant des connaissances peu fiables sur le sujet.

V.2 Des difficultés d’identification de la molécule

Il ressort de cette étude que la grande majorité des répondants utilisent des

médicaments par voie orale, pour traiter une douleur ou une fièvre, et cela, quelle que

soit la tranche d'âge ; parmi ce type de médicaments, ceux à base de paracétamol

étant les plus utilisés. Cependant, de nombreuses personnes consomment du

paracétamol sans le savoir. En effet, sur 138 participants, 8 % déclarent ne pas utiliser

de paracétamol mais parmi eux 78 % citent une spécialité en contenant (Dafalgan,

Efferalgan ou Doliprane). On observe également qu’il persiste des confusions avec

d’autres molécules, telles que l’ibuprofène, le tramadol, la codéine, la morphine ou

l’aspirine. De plus, 46 % des répondants ne sont pas en mesure de citer le paracétamol

comme principe actif parmi les médicaments suivants : Dafalgan, Doliprane,

Efferalgan, Claradol, Fervex, Prontadol.

Page 34 sur 57
Cela met en évidence que l’existence de multiples noms commerciaux rend

complexe l’identification de cette molécule. Ceci peut conduire à un risque cumulatif

involontaire pouvant conduire à un surdosage.

V.3 Utilisation du paracétamol dans la pratique : des résultats rassurants

Les résultats obtenus concernant l’utilisation pratique sont rassurants sur les

138 répondants ; 94 % consomment des doses journalières qui ne dépassent pas les

règles de bon usage et 98 % ne dépassent pas la dose recommandée en une prise.

La principale indication de l’utilisation du paracétamol est la céphalée (42 % des

participants). Nous retrouvons des chiffres similaires avec l’étude menée par l’OFMA

en 2021, dans laquelle les céphalées étaient également la première cause d’utilisation

de la molécule (18). En ce qui concerne la fréquence de consommation, 37 % de nos

répondants disent recourir au paracétamol tous les mois, quelle que soit la tranche

d'âge, chiffre que l’on retrouve également dans l’étude de l’OFMA (18).

V.4 Connaissance des règles de bon usage : des résultats imparfaits

Pour la connaissance de la dose maximale par prise, 14 % des 138 répondants

citent une dose supérieure à 1 g (6 % ne la connaissent pas). Pour la dose maximale

par jour, 40 % citent une dose de 4 g, 12 % une dose au-delà de 4 g (6 % ne la

connaissent pas). Si nous comparons nos résultats avec l’étude menée par Y

Boudjemai en 2012 ainsi que l’étude de l’OFMA, nous obtenons des résultats

supérieurs à ces deux études (17)(18). Néanmoins, en ce qui concerne les intervalles

entre les prises, on constate de meilleurs résultats au fil des années : dans l’étude

menée par Y.Boudjemai, 25 % des répondants citent un intervalle de prise inférieur ou

égal à 3 heures, dans l'étude de l’OFMA ainsi que la nôtre, nous obtenons des chiffres

similaires (un intervalle entre 4 et 6 heures) (17)(18).

Page 35 sur 57
Concernant les adaptations posologiques, une grande majorité des répondants

a bien conscience qu’il faut adapter une posologie pour un enfant (89 %). Cependant,

d’autres chiffres de notre étude sont plus inquiétants. Ainsi, 13 % des répondants

pensent qu’il est inutile d'adapter une posologie chez une personne de moins de 50

kilos et 12 % ne le savent pas. De plus, 24 % considèrent que le paracétamol ne peut

pas causer d’effets indésirables et 9 % des répondants jugent la consommation de

paracétamol comme sans danger.

Afin de déterminer les facteurs qui influencent les résultats obtenus, nous avons

comparé ces connaissances à l’âge, au sexe et au niveau d’étude des participants.

Nous n’avons pas obtenu de résultats significatifs pour conclure à une influence de

ces paramètres sur les réponses à ces questions.

Pour conclure, notre étude soulève de réelles lacunes chez les répondants en

termes de connaissance des bonnes pratiques d’utilisation de cette molécule, avec un

vrai risque de surdosage, notamment sur la connaissance des doses par prise, ainsi

que sur l’adaptation de la posologie chez une personne de moins de 50 kilos.

Dans cette étude, nous mettons en évidence que les comportements

d’utilisation du paracétamol sont conformes aux recommandations, tout en révélant

paradoxalement de grosses lacunes de connaissance de cette molécule.

Nous pouvons émettre des hypothèses sur ce fait :

• Il est possible qu’une partie des répondants aient eu accès au paracétamol sur

prescription et, de fait, aient consommé le produit comme indiqué par le

médecin ou le pharmacien, sans se poser plus de questions ;

• Il se peut que les personnes interrogées, du fait d’un manque de

connaissances, préfèrent minimiser leur consommation ; c’est un

Page 36 sur 57
comportement que l’on peut associer à de la prudence ou à un biais de

désirabilité sociale (le patient répondant plutôt dans la « norme » et pas sur son

réel comportement) ;

• La population de répondants est plutôt jeune ; ces personnes sont donc plus

rarement malades. Il est possible qu’ils aient moins l'occasion d’utiliser cette

molécule. Les répondants ont donc des connaissances erronées, mais ont des

consommations correctes, car ils ne ressentent pas le besoin de consommer

les doses qu’ils pensent être les bonnes.

Dans ces trois cas, un patient qui « fait » et qui « ne sait pas » est un patient à

risque. Au premier incident de parcours, à la première situation complexe (douleur

massive par exemple), il n’aura pas les ressources pour adapter en autonomie ses

prises. De fait, il risque de surconsommer (augmentation des fréquences de prises et

des quantités unitaires ; associations de plusieurs spécialités contenant du

paracétamol) et, ainsi, de mettre en danger son foie. C’est la triste réalité chez les

patients algiques chroniques non informés.

V.5 Comment remédier à ce manque de connaissances ?

a) Échelle nationale :

Au vu de l’état des connaissances des répondants, il semble nécessaire de

sensibiliser le grand public sur le côté non-banal de l’usage du paracétamol et de

rappeler les règles de bon usage. Une brochure a été créée par l’OFMA dans le cadre

de la semaine de la sécurité des patients (SSP) en novembre 2018, proposant les

règles de bon usage des antalgiques : paracétamol, ibuprofène et opioïdes (disponible

en annexe 2) (27). Il s'agit d’une campagne organisée chaque année par le Ministère

de la Santé dont l’objectif est de promouvoir l’implication des patients, des résidents et

Page 37 sur 57
usagers et des professionnels de santé autour de thématiques fortes en faveur de la

sécurité des patients (28). Entreprendre de telles actions fait partie des moyens mis

en œuvre pour sécuriser la prise de médicaments. Il est important de continuer à en

organiser à l'échelle nationale, comme cela a pu être le cas lors de la semaine de la

sécurité du patient, par exemple avec des campagnes de publicité.

b) Échelle locale :

Dans les officines, nous pouvons proposer des animations et/ou distribuer des

brochures concernant le bon usage lors de la dispensation d’antalgiques.

De même, c’est à nous, professionnels de santé, de communiquer sur le bon

usage du paracétamol. Dans notre étude, à la question : Avez-vous reçu des conseils

de votre médecin ou pharmacien concernant l'utilisation de ce médicament ? 49 % des

répondants déclarent n'avoir reçu aucun conseil. Lors de la délivrance au comptoir, il

est nécessaire d'insister sur le rappel systématique de la posologie, tout

particulièrement chez les enfants et les sujets de moins de 50 kilos. Il pourrait être

également intéressant d’adopter une posture de pédagogie active : ne pas donner

directement les informations au consommateur, mais plutôt faire en sorte qu’il

verbalise lui-même les règles de consommation de la molécule, en évitant les

questions fermées. Nous recommandons de poser des questions sur la quantité et la

fréquence de la prise (Par exemple : « Combien de comprimés prenez-vous par jour ?

Par prise ? » ou « Tous les combien de temps renouvelez-vous la prise ? ») puis de

proposer une réadaptation des informations données s'il y a des erreurs ou des

approximations. Nous proposons ci-après un outil qui pourrait être utilisé en officine

pour sécuriser la dispensation de paracétamol.

Page 38 sur 57
Figure 22 : Logigramme d’aide pour une dispensation sécurisée de paracétamol en officine

Page 39 sur 57
VI) Conclusion

Page 40 sur 57
VII) Bibliographie

1. COMPARAISON DES DONNÉES DE VENTES DES ANTALGIQUES OPIOÏDES

ENTRE LA FRANCE ET 6 PAYS EUROPÉENS EN 2015 [Internet]. OFMA. 2018 [cité

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2. Bien utiliser le paracétamol - VIDAL [Internet]. [cité 11 août 2022]. Disponible sur:

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3.Une petite boîte jaune toujours leader du marché français - Théragora [Internet]. [cité

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6. Actualité - Paracétamol : limiter les tensions d’approvisionnement qui se prolongent

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qui-se-prolongent

7. Nouvelle L. Comment le principe actif de Doliprane, Efferalgan et Dafalgan s’est

retrouvé délocalisé en Chine et aux Etats-Unis. 18 juin 2020 [cité 13 oct 2022];

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15. Legout C, Villa A, Baud F, Baffert E, Eftekhari P, Langrand J, et al. Observatoire

multisources des intoxications aiguës en Île-de-France : une étude exploratoire. Bull

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hospital emergency department. Ann Pharm Fr. juill 2013;71(4):260‑7.

18. Infographie-sondage-paracetamol-OFMA-Analgesia-090321-version-pdf.pdf

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090321-version-pdf.pdf

19. Médicaments en accès direct - ANSM [Internet]. [cité 25 août 2022]. Disponible

sur: https://ansm.sante.fr/documents/reference/medicaments-en-acces-direct

20. Paracétamol, ibuprofène et aspirine : fin du libre accès en pharmacie à partir du 15

janvier 2020 [Internet]. VIDAL. [cité 25 août 2022]. Disponible sur:

https://www.vidal.fr/actualites/24050-paracetamol-ibuprofene-et-aspirine-fin-du-libre-

acces-en-pharmacie-a-partir-du-15-janvier-2020.html

21. De l’autodiagnostic à l’automédication : risques et impact sur la relation

pharmacien-patient – Académie nationale de médecine | Une institution dans son

temps [Internet]. [cité 25 août 2022]. Disponible sur: https://www.academie-

medecine.fr/de-lautodiagnostic-a-lautomedication-risques-et-impact-sur-la-relation-

pharmacien-patient/

22. Actualité - Paracétamol, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et alpha-

amylase : accessibles uniquement sur demande aux pharmaciens à compter du 15

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janvier 2020 - ANSM [Internet]. [cité 30 août 2022]. Disponible sur:

https://ansm.sante.fr/actualites/paracetamol-anti-inflammatoires-non-steroidiens-ains-

et-alpha-amylase-accessibles-uniquement-sur-demande-aux-pharmaciens-a-

compter-du-15-janvier-2020

23. Intoxication par le paracétamol - Blessures; empoisonnement [Internet]. Édition

professionnelle du Manuel MSD. [cité 29 sept 2022]. Disponible sur:

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/blessures-

empoisonnement/intoxications-empoisonnements/intoxication-par-le-

parac%C3%A9tamol

24. Actualité - Paracétamol et risque pour le foie : un message d’alerte ajouté sur les

boîtes de médicament - Communiqué - ANSM [Internet]. [cité 6 sept 2022]. Disponible

sur: https://ansm.sante.fr/actualites/paracetamol-et-risque-pour-le-foie-un-message-

dalerte-ajoute-sur-les-boites-de-medicament-communique

25.Thornton L, Batterham PJ, Fassnacht DB, Kay-Lambkin F, Calear AL, Hunt S.

Recruiting for health, medical or psychosocial research using Facebook: Systematic

review. Internet Interv. mai 2016;4:72‑81.

26. Asselin C. Facebook les chiffres essentiels en 2022 en France et dans le Monde

[Internet]. [cité 24 juin 2022]. Disponible sur:

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27. Documents Bon Usage [Internet]. OFMA. [cité 4 déc 2022]. Disponible sur:

http://www.ofma.fr/documents-bon-usage/

28. Semaine de la Sécurité des Patients [Internet]. [cité 4 déc 2022]. Disponible sur:

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patients-0

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29. Revue Médicale de Liège - Welcome ! [Internet]. [cité 12 févr 2023]. Disponible sur:

https://rmlg.uliege.be/article/3096?lang=en&fbclid=IwAR3bQwne0MgCP8OxSCqAZM

p-ZdXEERXNILYcd1A6ZbxsTOoyD1kkoey-2As

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ANNEXE 1 : Questionnaire

Questionnaire diffusé le 2 mai 2022, au 5 juin 2022.

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ANNEXE 2 : Brochure de l’OFMA (27)
v

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Mélusine Wysocka

PRATIQUE ET CONNAISSANCE DE LA CONSOMMATION DE


PARACÉTAMOL EN AUTOMÉDICATION DANS LA POPULATION
FRANÇAISE.
RÉSUMÉ :

En France, le médicament le plus vendu est le paracétamol. La France en est

également le premier pays consommateur au niveau européen. Avec cette molécule,

le risque de surdosage est important, les causes sont essentiellement liées à une

mauvaise connaissance de son utilisation, et/ou à une association de plusieurs

spécialités en contenant. La présente étude vise à évaluer les connaissances et

comportements des Français concernant l’utilisation du paracétamol en

automédication. Pour cela, nous avons réalisé une enquête à l’aide d’un questionnaire

en ligne diffusé sur le réseau social Facebook, permettant d’évaluer les habitudes de

consommation, les comportements et les connaissances sur le bon usage de la

molécule. Les résultats obtenus pour l’utilisation de cette molécule dans la pratique

sont rassurants. Cependant, notre étude montre de réelles lacunes en termes de

connaissances des bonnes pratiques d’utilisation du paracétamol notamment sur la

connaissance des doses par prise, par jour et d’adaptation de la posologie en fonction

du poids, avec un réel risque de surdosage. Devant de tels résultats, il est primordial

de continuer à sensibiliser les consommateurs sur les règles de bon usage de cette

molécule, en menant des actions de manière nationale et locale via les professionnels

de santé en renforçant leurs compétences pédagogiques.

MOTS-CLÉS : Paracétamol, Automédication, Officine, Facebook, Questionnaire, Bon

usage

SPÉCIALITÉ : Officine

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