Faillite Internationale
Faillite Internationale
Faillite Internationale
1° Universalité de la procédure ouverte par un tribunal compétent Ouverture d’une procédure collective en UE
2. – Universalité et pluralité dans les règlements (CE) n° 1346/2000 et (UE) n° 2015/848 – Le règlement (CE) n°
1346/2000 , suivi en cela par le règlement (UE) n° 2015/848, a trouvé un compromis différent entre :
- la thèse de l’unité et de l’universalité de la faillite.
- la thèse de la territorialité.
Il s’agit de la mise en place d’une procédure principale de portée universelle, coordonnée avec une ou plusieurs
procédures secondaires de portée territoriale (b), ce qui l’a conduit à n’établir que deux critères de compétence
juridictionnelle (a).
a) Les deux critères de compétence juridictionnelle issue des règlements n° 1346/2000 et n° 2015/848
Définition. L’article 3 du règlement (CE) n° 1346/2000 prévoit la compétence pour ouvrir la procédure principale des
juridictions de l’État où se situe le centre des intérêts principaux du débiteur. Cet article présume que les sociétés et les
autres personnes morales ont le centre de leurs intérêts principaux au lieu de leur siège statutaire. Mais il s’agit d’une
présomption simple (RÉFRAGABLE) qui peut être renversée par la preuve d’une localisation en un autre endroit du
centre des intérêts principaux défini par le considérant 13 du règlement (CE) n° 1346/2000 comme « le lieu où le
débiteur gère habituellement ses intérêts et qui est donc vérifiable par les tiers ».
« Vérifiable par les tiers » fait référence au faisceau d’indice et les éléments pertinents utilisés pour l’appréciation
globale.
- Lieu de conclusion du contrat ;
- Lieu de situation des actifs, notamment immobiliers ;
- Lieu où les tiers peuvent constater la gestion de la société.
« Habituellement » : fait référence à une habitude, or cela nécessite du temps (Cf. infra Interedill).
Tribunal compétent. En droit français, la loi « Macron » n° 2015-990 du 6 août 2015 a institué un nouvel article L. 721-8
du Code de commerce dont le 2° attribue compétence au tribunal de commerce spécialisé où est situé le centre des
intérêts principaux du débiteur pour statuer sur l’ouverture d’une procédure principale, l’ordonnance du 2 novembre
2017, ayant précisé que cette compétence n’existait que dans le cas où le débiteur possède un établissement dans un
autre Etat membre. Sinon n’importe quel tribunal peut traiter de l’affaire.
ATTENT° c’est ≠ de l’article R. 600-1 Com : le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel le débiteur PM a son
siège. Et en cas de changement du siège d’une PM dans les 6 mois avant l’ouverture de la PC, le tribunal du siège social
initial demeure seul compétent.
CCL : COMI (cons. 13) est par présomption simple le lieu du siège statutaire mais sa vraie définition : « lieu ou est géré la
société ». C’est par l’utilisation du faisceau d’indice concordant qu’on le détermine. Par conséquent le COMI est
composé notamment par le siège (art R. 600-1 Com), mais surtout il dépasse la notion de siège réel.
Page 1
Voie de recours contre la décision d’ouverture d’une procédure principale en France ? Article L.691-1 Com. Rédaction
ambiguë « Sans préjudice des voies de recours qui leur sont ouvertes par ailleurs, le ministère public, par la voie de
l’appel, et tout créancier, par la voie de l’appel ou la tierce opposition, peuvent contester la décision d’ouverture de la
procédure d’insolvabilité principale pour un motif de compétence internationale ». On peut croire que seul le motif de
compétence internationale permet de mettre en œuvre le recours. D’où l’article 5 § 2 du règlement de 2015 qui permet
de comprendre que les créanciers peuvent également utiliser les procédures ouvertes en droit interne « sans préjudices
des voies de recours qui leur sont ouvertes par ailleurs ».
Date d’appréciation du COMI. Le centre des intérêts doit être apprécié à la date de la demande d'ouverture de la
procédure et non à la date de la décision ouvrant celle-ci ainsi qu’il en ressort de l’arrêt CJCE, 17 janvier 2006, Staubitz-
Schreiber, en cela confirmé par l’arrêt CJUE, 20 octobre 2011, Interedill qui précise qu’en cas de transfert de siège
statutaire avant la demande d’ouverture de la procédure, c’est la localisation du nouveau siège statutaire qui doit
être prise en compte sauf si le centre des intérêts principaux n’a pas suivi le changement de siège statutaire (cf.
habitude supra). (INTRODUIT DANS LE CONS.30 DU REG 2015).
C'est en ce sens que la Cour de justice a statué dans un arrêt CJUE, 24 mai 2016, Leonmobili Srl. Elle précise au sujet
d'une société qui avait transféré son siège statutaire d'Italie vers la Bulgarie, que la juridiction italienne, saisie par des
créanciers peu de temps après le transfert de siège, reste compétente pour ouvrir une procédure d'insolvabilité. Car il
résulte d’éléments objectifs et vérifiables par les tiers que le centre effectif de direction et de contrôle de ladite
société ainsi que de la gestion de ses intérêts se trouvait encore en Italie à la date à laquelle la juridict° a été saisie.
CA, 26 juin 2013 Colmar : Le transfert du siège par le débiteur de l’Allemagne en France, même s’il remonte à 3 ans avait
pour seul but d’ouvrir une PC en droit FR. C’est donc une fraude contraire au droit communautaire.
Cons 30 du règlement n°2015/848 reprend cela dans le cadre du dispositif anti-forum shopping.
Cass, com 27 mai 2014 : si un débiteur qui obtient l’ouverture d’une procédure principale d’insolvabilité, masque
l’existence de créances étrangères et par conséquent son activité économique en Allemagne. Le juge estime qu’il s’agit
d’une fraude au sens de l’article L.643-11 IV Com qui permet (SANCTION) à la juridiction FR de permettre d’autoriser la
reprise des poursuites individuelles.
Cass, com 8 mars 2017 : Possibilité pour le juge de prendre en compte des éléments postérieurs pour caractériser des
manœuvres frauduleuses et donc la fraude puis de mettre en œuvre la sanction de l’article L.643-11 IV Com.
Dans le nouveau règlement (UE) n° 2015/848, le centre des intérêts principaux du débiteur est mieux défini, notamment
pour les débiteurs personnes physiques et sa détermination s’intègre désormais dans la lutte contre le forum shopping.
En ce sens, est élaboré un dispositif anti-forum shopping.
Son but : éviter les déplacements motivés par la recherche de la législation la plus favorable aux intérêts du débiteur.
Ce dispositif prévoit
i) que la présomption joue en faveur :
- Du siège statutaire des personnes morales.
- Du lieu principal d’activité des personnes physiques exerçant
o une activité indépendante
o une profession libérale.
- De la résidence habituelle des autres personnes physiques
ATTENTION : Ne s’applique pas lorsque le siège statutaire a été transféré au cours des trois mois précédant la
demande d’ouverture de la procédure collective (art 3 supra !!!). Mais ce n’est pas catégorique car le transfert peut
Page 2
emporter dans un certains cas de un effet direct, mais pas de présomption il faut que le db le prouve (lieu de conclusion
du contrat / lieu de situation des actifs notamment immobilier / lieu ou les 1/3 peuvent constater la gest° de la société).
ii) que la juridiction d’ouverture a l’obligation de vérifier sa compétence (innovation du reg 2015 Cass com, mars
2020 : CA ne vérifie pas sa compétence internationale, donc elle est censurée.) + (cons. 32) en cas de doute sur la situat°
réelle demander des éléments supplémentaires du débiteur.
Les règlements (CE) n°1346/2000 et (UE) n° 2015/848 permettent l’ouverture de procédures secondaires dans les États
où se situe un établissement du débiteur même si a déjà été ouverte une procédure principale dans un autre État.
L’existence d’une procédure principale ne fait donc pas obstacle à l’ouverture d’une procédure secondaire et au
contraire la facilite puisqu’il n’est pas nécessaire de prouver l’insolvabilité du débiteur dans les procédures ouvertes
postérieurement à la procédure principale.
Structure organisé et stable. Selon CJUE, 20 octobre 2011, Interedill l’établissement ne peut être caractérisé par « la
seule présence de biens isolés ou de comptes bancaires », ce qui n’était pas douteux, mais requiert « une structure
comportant un minimum d’organisation et une certaine stabilité en vue de l’exercice d’une activité économique ».
ATTENTION On parle de procédure secondaire car une procédure principale a été ouverte dans un E-M, lieu du COMI.
Mais s’il n’y a pas eu de procédure principale ou pas encore eut pour des raisons de retard, on peut ouvrir une
« procédure territoriale ».
Article L.721-8 Com (loi Macron). Compétence des tribunaux spéciaux pour ouvrir une procédure secondaire.
6. – Extension de procédure –
Refus d’un mécanisme de l’extension de procédure « à la française » selon l’article L. 621-2 du Code de commerce :
(Fictivité de PM = absence d’un élément essentiel au contrat de société / Confusion des patrimoines = confusion des
comptes ou entretien de relations financière anormales et relevant d’une volonté systématique).
Admission de la possibilité d’étendre une procédure à une société ayant son siège statutaire dans un autre E-M si elle a
en réalité son COMI localisé, conformément à la jurisprudence Interedill (p.2) dans l’EM de la juridiction qui a ouvert la
procédure initiale c.-à-d. l’EM de son débiteur originel.
Page 3
b) Ordonnancement des procédures d’insolvabilité.
7. – Articulation des procédures principales et secondaires – Alors qu’en droit international NIET.
S’agissant d’atteindre un actif réparti sur le territoire de plusieurs États, le règlement organise la coordination, par
l’action des syndics nommés dans chacune d’elles, entre :
- UNE procédure principale prépondérante et universelle dans les limites de l’UE.
Ante. Com, 22 janvier 2013, Nob : les juridictions de l’EM de la procédure secondaire sont incompétentes pour
sanctionner les dirigeants de la société débitrice, cas d’une action en interdiction de gérer. HHHHHH on fait quoi si dans
l’E-M de la procédure principale il n’y a pas de telle action ?
Hodie. Cons. 47 du règlement n° 2015/848, précise que les juridictions de l’EM de la procédure secondaire sont
compétent pour sanctionner les dirigeants de la société débitrice.
Ca consacre une procédure secondaire entière où toutes les actions peuvent être exercées.
Localisation et répartition des biens entre la procédure principale et la procédure secondaire. CJUE, 11 juin 2015,
Nortel.
- Sur la compétence juridictionnelle. Compétence alternatives entre les juridictions de la procédure secondaire
et de la procédure principale pour statuer sur la détermination des biens du débiteurs.
- Sur l’application des dispositions de l’article 2,9 du règlement n° 2015/848. 3 règles de rattachement :
o Bien corporels : dans l’E-M où sont localisés.
o Bien ou droit inscrits dans un registre : dans l’E-M où le registre est tenu.
o Créances : localisation dans le territoire du COMI.
Empêcher ouverture d’une procédure secondaire. FONCTIONNE DANS LE CADRE DES PROCÉDURES LIQUIDATIVES.
L’article 38 règlement n° 2015/848 permet :
Page 4
o un engagement unilatéral aux créanciers locaux leur garantissant dans la répartition des actifs,
o le respect des droits dont ils auraient bénéficié si une procédure secondaire avait été ouverte.
o Procédé inspiré de l’affaire T.Com Nanterre, 19 mai 2005, SAS ROVER : permettre le super-privilège des
salariés et avantages de l’AGS français dans une procédure principale au R-U.
Suite. Empêchement ouverture d’une procédure secondaire. Ord. du 2 novembre 2017 apportent des précisions sur
cet engagement unilatéral en distinguant selon qu’il est pris :
- Par le praticien de l’insolvabilité d’une procédure principale ouverte en France (C. com., art. L. 691-2 à 691-4).
o Autorisat° doit être donnée par le J-Co à prendre un engagement unilatéral envers les créanciers locaux.
o Demander avis des comités s’ils existent.
o Engagement doit être conforme au droit de l’état de l’établissement.
o Contestation devant le TC.S par créancier locaux + créanciers dans autres E-M à établissement même si
non visés par engagement.
OU
- Par le praticien d’une procédure principale ouverte dans un autre E-M à l’égard de créanciers locaux situés
en France (C. com., art. L. 692-7 à L. 692-9). Entrave car en France on préfère l’ouverture d’une PC secondaire
les conditions à réunir sont pratiquement impossible :
o Unanimité. Recueillir l’accord de tous les créanciers locaux (C+ sur l’exploitation d’un établissement)
concernés hhhhh donc si des créanciers sont concernés mais inconnus pas d’engagement. C’est de
l’excès zèle car article 36 règlement n° 2015/848 fait référence à une simple majorité qualifiée.
o Q° du défaut de réponse dans les 60 j.
Salariés + Créanciers publics = refus.
Créanciers = acceptation.
L’ ouverture d’une procédure secondaire fait perdre au syndic de la procédure principale (malgré portée universelle) le
droit d’appréhender les biens du débiteur désormais intégrés dans la procédure secondaire.
Page 5
- Cas d’une procédure territoriale non liquidative antérieure à une procédure principale liquidative. Syndic peut
demander la conversion si cela est utile aux créanciers de la procédure principale.
Obligation des syndics. La coordination est principalement réalisée par les obligations réciproques qui sont à la charge
des syndics des différentes procédures. A savoir une :
- Obligation d’information réciproque incombe expressément au syndic de la procédure principale et au syndic
de chaque procédure secondaire.
o Communication des informations utiles.
- Obligation de coopération qui pèse à titre principal sur les syndics des procédures secondaires. Elle a pour but
de permettre au syndic de la procédure principale de présenter des propositions relatives à la liquidation ou à
l’utilisation des actifs de la procédure secondaire.
o En outre, la CJUE a reconnu dans l’arrêt Handlowy c/ Christianopol (CJUE, 22 nov. 2012) qu’il existe « un
principe de coopération loyale » entre les juridictions des États membres : procédures secondaires et
primaires.
Procédé de coopération.
- Lignes directrices de la CNUDCI : c’est la loi modèle que les EM peuvent intégrer mais la loi ne l’a pas faite.
- Communication entre les juridictions et entre les organes (art 42 reg 2015) : ex un J-Co peut directement avec
un autre J-Co.
- Coordination de la gestion et la surveillance des actifs et des affaires du débiteur .
o Peut désigner un seul praticiens d’insolvabilités dans plusieurs procédures secondaires.
o Coordonner le déroulement des audiences, l’approbation des protocoles.
Ordonnance du 2 novembre 2017. Art L 695-2 Com. Juge-Co devient le pivot de cette coopération :
- Informé par le mandataire de justice de la PC FR des demandes de coopération et de communication émanant
d’un praticien désigné dans une autre procédure d’insolvabilité.
- Autorise le mandataire de justice à communiquer des informations confidentielles aux praticiens des
procédures d’insolvabilité ouvertes dans d’autres EM.
- Approuve tout accord ou protocole conclus entre praticiens.
Page 6
2° Reconnaissance de plein droit des procédures d’insolvabilité.
9. – Reconnaissance sans formalité ni publicité – Règl (CE) n° 1346/2000 et (UE) n° 2015/848 posent le principe de :
- La reconnaissance immédiate de la décision d’ouverture de la procédure par une autorité compétente dans
tous les autres EM.
- Sans aucune procédure pas d’exequatur ni formalité de publicité obligatoire.
Cass. com 7 février 2018 : rappelle les conséquences qu’emportent le caractère immédiat de la reconnaissance des
procédures d’insolvabilité de la Cour de cassation.
En effet, dès lors qu’une procédure principale a été ouverte dans un Etat membre, toute procédure ultérieurement
ouverte ne saurait être qu’une procédure secondaire. Dès lors, si une juridiction française a qualifié de procédure
principale une procédure d’insolvabilité alors qu’une procédure principale avait été précédemment ouverte dans un
autre Etat membre (dont la juridiction française n’avait pas eu connaissance), « l'autorité de la chose jugée qui s'attache,
dans l'ordre juridique interne, à ce jugement (français) n'est pas de nature, conformément au droit de l'Union, à faire
écarter le caractère secondaire de cette procédure».
En outre, pour conférer une portée complète au principe de la reconnaissance de plein droit de la décision d’ouverture
d’une procédure, l’article 25 du règlement (CE) n° 1346/2000 et l’article 32 du règlement (UE) 2015/848 étendent ce
principe de reconnaissance sans formalité aux :
- Décisions relatives au déroulement.
- Décisions relatives à la clôture d’une procédure d’insolvabilité rendue par la même juridiction.
- Concordat approuvé par cette juridiction.
- Suites de la procédure.
o Le terme de « suites » vise les « décisions qui dérivent directement de la procédure d’insolvabilité et qui
s’y insèrent étroitement même si elles sont rendues par une autre juridiction ». L’incertitude juridique
vient du critère permettant de caractériser l’action qui dérive directement de la procédure
d’insolvabilité et s’y insère étroitement.
Bien que cette dernière solution aient été critiquée, c’est dans le sillage de cet arrêt H que s’est placé l’arrêt Cass soc, 10
janvier 2017, Nortel, la chambre sociale estime que l’action en responsabilité intentée par un salarié relevait de la
compétence de la procédure principale sur le fondement de l’article 3 du règlement n° 1346/2000 dès lors qu’elle avait
été « introduite dans le cadre de la procédure d’insolvabilité ».
La Cass dans Cass, Com 29 novembre, 2016 a préféré surseoir à statuer afin de poser une question préjudicielle. La CJUE
a clarifié sa position dans un arrêt CJUE, 9 novembre 2017, Tinkers confirmée par l’arrêt CJUE, 20 décembre 2017,
Valach.
Citant, dans les deux arrêts Tinkers et Valach, à plusieurs reprises l’arrêt Nickel et ne faisant aucune référence à l’arrêt
H, la Cour en déduit que c’est seulement lorsque le double critère des actions qui :
- « Dérivent directement de la procédure d’insolvabilité (première branche du critère) = critère du fondement
juridique.
Page 7
Et
- S’y insèrent étroitement (deuxième branche du critère) » = intensité du lien existant entre une action
juridictionnelle et la procédure d’insolvabilité.
L’arrêt CJUE, 6 février 2019, NK confirme la solution selon laquelle le critère déterminant pour définir si une action
relève du champ d’application du règlement n° 44/2001 (Bxl) ou du domaine du règlement n° 1346/2000 est son
fondement juridique.
Critique de Menjucq : la décision commentée semble mettre en retrait le critère de l’intensité du lien entre l’action et
la procédure d’insolvabilité, ce qui complique la lecture de la jurisprudence européenne.
Un arrêt CJUE, 18 septembre 2019, Ryel confirme que le fondement juridique est le critère principal pour la
détermination du champ d’application respectif du règlement Bruxelles I et du règlement n° 1346/2000.
CJUE, 16 janvier 2014, SCHMID + CJUE, 4 décembre 2014, H : consacrent l’extension jurisprudentielle du champs
d’application spatial du règlement. Dans les deux arrêts la CJUE estime que :
- Le règlement n°346/2000 s’applique.
- La juridiction :
o ayant ouvert la procédure d’insolvabilité pour statuer…
o sur une action fondée sur l’insolvabilité d’un défendeur domicilié dans un état 1/3 non-membre de
l’UE…
o est compétente.
Cons.35 du règlement : Condamne l’arrêt Schmid en précisant que les juridictions des EM qui ouvrent des procédures
d’insolvabilité devraient également être compétente à l’égard des actions … engage contre un défendeur établi dans
un autre EM.
Q° du conflit temporel entre 2 procédures d’insolvabilité ouvertes Première ouverte osef de la première saisie.
Solution en faveur de la décision d’ouverture déjà intervenue qui doit être internationalement reconnue mais osef des
dates respectives de saisine des juridictions.
CJCE, 2 mai 2006, Eurofood : En application d’un principe de confiance mutuelle. la procédure d'insolvabilité principale
ouverte par une juridiction d'un E-M :
- Doit être reconnue par les juridictions des autres E-M,
- Sans que celles-ci puissent contrôler la compétence de la juridiction de l'État d'ouverture
Par conséquent : la juridiction d’ouverture a l’obligation de vérifier sa compétence
La Cass a fait application de ce principe dans sa décision Cass com, 27 juin 2006, Daisytek.
Cass com, 27 mai 2014 : Q° des saisines parallèle : en cas de saisines parallèles de juridictions d’EM différents, la priorité
est accordée à la juridiction qui, la première, a ouvert la procédure d’insolvabilité et non en faveur de celle saisis en
premier.
Page 8
Q° du recours contre l’ouverture d’une procédure ? En vertu du principe de confiance mutuelle aller devant la
juridiction supérieure de l’EM qui a ouvert.
Q° de la tierce opposition.
1° Relative à la contestation des juridictions françaises.
Cass com, 30 juin 2009, Eurotunnel : Procédures de sauvegarde. Société FR/R-U. Apparait que le COMI des sociétés
anglaises était en réalité à Paris. Les créanciers anglais ont formé tierce opposition, et la CA de Paris la refuse.
Cass juge que les créanciers domiciliés dans un Etat membre autre que celui de la procédure principale ne peuvent
être privés de la possibilité effective de contester la cptc assumée par cette juridiction (règle d’attribut°
internationale).
Cass com, 8 mars 2011, Cœur-défense : Tierce-opposition de créanciers étrangers faisant état de moyens propres
(hors-atteinte à leurs droit inhérents à la procédure collective). Il suffit de montrer que la procédure emporte un
préjudice particulier.
2° Relative à la contestation au fond des conditions d’ouvertures.
Cass, com, 12 juin 2012, Eurotunnel bis : Déclare les créanciers étrangers irrecevables si ne sont pas résident en FR.
Vives critiques car Cass, com, 25 février 2010 : Permet la contestation au fond des conditions d’ouverture de la
sauvegarde dans le cadre d’une tierce-opposition, par un créancier ayant son siège en France.
Facteur de discrimination vis-à-vis de la tiers opposition au fond des conditions d’ouverture de la S, entre :
- créancier domiciliés en FR qui peuvent.
- créanciers domiciliés à l’étranger qui ne peuvent pas.
Effet manifestement contraire à son OP, à ses principes fondamentaux et aux libertés individuelles garanties par la C.
Alors, disposition du règlement (CE) n° 1346/2000 prévoit la possibilité de :
- Ne pas reconnaître une procédure d’insolvabilité ouverte dans un autre État membre
Ou
- Ne pas exécuter une décision prise dans le cadre de cette procédure.
Cass. com., 15 févr. 2011 : cas de la méconnaissance du droit d’accès au juge privant un créancier de toute possibilité
effective de recours
Article 17 du règlement (CE) n°1346/2000 : consacre l’application immédiate des effets de la procédure ouverte dans un
État à l’ensemble des EM.
Ainsi, la reconnaissance de plein droit provoque, immédiatement, dans tous les États :
- Le dessaisissement du débiteur.
- L’arrêt des poursuites individuelles si la loi de la procédure le prévoit.
- Syndic peut agir dès sa nomination, partout dans l’UE, en vertu des pouvoirs accordés par :
o La loi de l’état d’ouverture.
o Le tribunal.
Il en résulte aussi, comme précisé dans un arrêt CJUE, 21 janvier 2010, MG Probud, que les autorités des autres États
membres ne peuvent pas ordonner, conformément à leur législation nationale, des mesures d'exécution portant sur les
biens du débiteur situés sur le territoire de cet État, lorsque la législation de l'État d'ouverture ne le permet pas.
Page 9
Enfin, l’ouverture d’une procédure principale dans un État membre interdit qu’une autre procédure principale soit
ouverte dans un autre État membre CA Paris, 26 février 2013.
Les articles 4, § 2 du règlement (CE) n° 1346/2001 , 7, § 2 du règlement (UE) n° 2015/848 , précisent par une
énumération non limitative le domaine de compétence de la Lex Fori Concursus qui concerne notamment, mais pas
seulement, :
- L’ouverture de la procédure.
- Le déroulement de la procédure.
- La clôture de la procédure.
o Ex : cdt° d’opposabilité d’une compensation ; règles de distribution du produit de la réalisation des
biens ; biens qui font partie de la masse...
Créanciers n’ayant pas participé à la procédure. CJUE, 9 novembre 2016, ENEFI : les effets (déchéance de leur créances
+ suspension de l’exécution forcée d’une telle créance dans un autre EM) de la clôture d’une procédure d’insolvabilité sur
les droits des créanciers qui n’ont pas participé à cette procédure, car sont régis par l’article 4, § 2 préc.
Déclaration de créances et qualité de créancier. Cass, 11 septembre 2011, Belvédère Trustee (agent de change mais
inconnu en FR) en provenance de New-York fait une déclaration dans une PC en FR.
Débiteur conteste la qualité du créancier de Trustee pour remettre en cause la créance déclarée.
Q° = application de la lex fori concursus (4, §2) ou de la loi de N-Y (origine de la créance) pour déterminer s’il dispose
de la qualité de créancier ?
Solution de Belvédère : Opère la séparation qui suit :
- Lex fori concursus. Détermine les règles de la production, la vérification et l’admission des créances.
- Loi de source. Détermine la qualité du créancier.
Page 10
2° Règles matérielles (solution au fond osef du conflit de loi) européennes assurant l’égalité des créanciers
Le règlement (CE) n° 1346/2000 :dispositions si relatives à l’information des créanciers étrangers. Son objectif est
d’améliorer la situation de ces créanciers.
Publicité : faculté ou obligation ? Le syndic dispose de la possibilité de demander que le contenu de la décision
d’ouverture d’une procédure principale ou secondaire et éventuellement de la décision qui le nomme soit publié, aux
frais de la procédure, dans tout autre EM selon les modalités prévues par cet État.
Le règlement n° 2015/848 érige cette faculté en obligation pour le praticien de l’insolvabilité ou le débiteur non dessaisi
à l’égard des EM où est situé un établissement (PE et Cons. UE, règl. (UE) n° 2015/848, art. 28, 1), alors que cette
publication reste simplement facultative dans les autres États membres (PE et Cons. UE, règl. (UE) n° 2015/848, art. 28,
2).
Registre public : faculté ou obligation ? Le syndic peut aussi demander que la décision d’ouverture d’une procédure soit
inscrite sur un registre public tenu dans les autres États membres.
Le règlement (UE) n° 2015/848 rend obligatoire pour le praticien de l’insolvabilité ou le débiteur non dessaisi cette
inscription sur un registre public d’un État membre où est situé un établissement ou un bien immobilier du débiteur si la
loi de l’État membre de situation de l’établissement ou du bien immobilier l’exige (PE et Cons. UE, règl. (UE) n°
2015/848, art. 29, 1). Dans les autres États membres, une telle inscription sur un registre public est facultative pour le
praticien de l’insolvabilité ou le débiteur non dessaisi (PE et Cons. UE, règl. (UE) n° 2015/848, art. 29, 2).
Par qui ? La juridiction ayant ouvert la procédure ou le syndic nommé (Cons. UE, règl. (CE) n° 1346/2000, 29 mai 2000 ,
art. 40) doivent informer sans délais les créanciers étrangers connus.
La note individuelle. Cette information est réalisée au moyen de l’envoi d’une note individuelle précisant notamment les
délais à observer, les sanctions du non-respect de ceux-ci, l’organe habilité à recevoir la production de créance ou
l’indication de la nécessité pour un créancier bénéficiant d’un privilège ou d’une sûreté de produire.
Registre d’insolvabilité. L’article 24 du nouveau règlement prescrit la création de « registres d’insolvabilité » nationaux
par les États membres, dans lesquels seront publiées dès que possible des informations précises concernant les
procédures d’insolvabilité, notamment la date d’ouverture de la procédure, la juridiction, le type de procédure ouverte
ou encore le nom, l’adresse postale ou électronique du praticien désigné dans la procédure.
Page 11
Interconnexion et accessibilité gratuite des registres d’insolvabilité. En outre, l’article 25 du nouveau règlement prévoit
une interconnexion des registres d’insolvabilité, pour laquelle la Commission européenne devra adopter des actes
d’exécution, tandis que l’article 27 précise que ces informations doivent être disponibles gratuitement.
Droit des créancier étranger ou locaux. Les créanciers locaux ou étrangers ont le droit de produire leur créance à toute
procédure principale ou secondaire ouverte dans le cadre du règlement.
Faciliter la production des créanciers étranger. Règlement (CE) n° 1346/2000 facilite la production des créances et
contribue à établir une certaine égalité entre créanciers locaux et créanciers étrangers en permettant aux créanciers
étrangers d’utiliser dans leur production impérativement écrite, la langue officielle de l’État où ils résident sauf à porter
la mention « Production de créance » dans la langue de l’État d’ouverture (Cons. UE, règl. n° 1346/2000, art. 42). Une
traduction de la production de créance peut néanmoins leur être réclamée dans cette dernière langue.
L’article 55, 2 du règlement n° 2015/848 prévoit que cette déclaration doit être effectuée au moyen d’un formulaire, là
encore, uniformisé et informatique.
Conditions. Les modalités de cette production collective est soumise à la loi dans le pays de laquelle le praticien produit
le créancier.
Cas d’école. Combinaison entre le principe d’égalité des créanciers avec celui de la prépondérance de la procédure
principale. Le syndic de la procédure liquidative secondaire a pu payer la totalité avec l’actif qu’il avait, il transfert
alors le supplément à la principale.
Hhhh Never-Never.
Article 20 règlement n° 1346/2000 et article 23 n° 2015/848. Instituer une égalité entre les créanciers qui ont produit
dans une seule procédure et ceux qui ont produit dans diverses procédures :
« Un créancier qui a obtenu, dans une procédure d'insolvabilité, un dividende sur sa créance ne participe aux répartitions
ouvertes dans une autre procédure que lorsque les créanciers de même rang ou de même catégorie ont obtenu, dans
cette autre procédure, un dividende équivalent. »
Page 12
Créancier B chirographaire obtient 20% du paiement de sa créance dans la procédure secondaire. Il ne pourra obtenir un
dividende complet dans la procédure principale que si le créancier A obtient dans la procédure principale 20% du
paiement de sa créance.
Avis du professeur : Il vaut mieux produire partout car il sera traité différemment en fonction du droit national et le
créancier A peut obtenir 20% et le créancier B, chaque fois que créanciers de même rang, obtiendra un paiement
équivalent.
Impossible unification des règles relatives à l’opposabilité par les créanciers de leurs droits à une faillite européenne.
En raison de la diversité des droits matériels nationaux relatifs aux sûretés, les textes du droit de l’Union ont tenu
compte des droits régulièrement acquis par les tiers en dehors du champ territorial immédiat de la procédure.
Les règlements (CE) n° 1346/2000 et (UE) n° 2015/848 instituent 2 ordres d’exception à la compétence de la loi de la
faillite :
- a) Les situations de droit qui ne sont pas affectées par la procédure d’insolvabilité : droits acquis par les
créanciers qui sont assurée par une limitation des effets de la procédure principale (a).
- b) Les situations de droits affectées par la procédure d’insolvabilité mais pour lesquelles les droits acquis par les
créanciers sont préservés par la compétence d’autres lois que celle de la faillite (b).
Dérogations à l’universalité de la procédure d’insolvabilité prévues par le droit de l’UE . Énonce la limitation des effets
de la procédure à l’égard :
- Des droits réels des créanciers.
- De la clause de réserve de propriété sur les biens du débiteur situés, au moment de l’ouverture de la procédure,
sur le territoire d’un autre E-M.
Dans l’arrêt CJUE, Hermann Lutz, 16 avril 2015, la Cour de justice considère que la qualification de droit réel, au sens de
l'article 5 du règlement n° 1346/2000, relève de la lex rei sitae (ex hypothèque au Luxembourg se référer au droit
luxembourgeois pour savoir si droit réel.).
3 critères des « droits réels » pour relever de l’article 5. Sont déterminés dans l’arrêt CJUE, 26 octobre 2016, SCI Senior
Home: la Cour de justice distingue donc entre :
- Les droits qualifiés de réels par la législation nationale applicable mais ne relevant pas de l’article 5.
- Les droit qualifiés de réels par la législation nationale applicable mais relevant de l’article 5 parce qu’ils vérifient
les trois critères définis par la Cour de justice.
o 1° Le droit réel doit grever « directement et immédiatement un bien » (en l’occurrence un immeuble).
o 2° Permettre l’exécution forcée sur le bien en cause.
o 3° Conférer la qualité de « créancier privilégié » à son titulaire.
Cette règle limite l’application de la loi de la faillite sur les biens grevés d’une sûreté
ATTENT°. Règl. n° 1346/2000, art. 4, § 2 : Possible remise en cause des « droits réels » relevant de l’article 5. Par
respect du principe d’égalité il est prévu que les actes évoqués puissent être remis en cause, en application de la loi de
la faillite (lex fori concursus), lorsque celle-ci prévoit la nullité, l’annulation ou l’inopposabilité des actes préjudiciables à
l’ensemble des créanciers, à l’exemple du régime français des nullités de la période suspecte. (IL FAUT DONC
CONSULTER D’ABORD LA LEX FORI).
Page 13
DOUBLE ATTENT°. Article 16 du règlement n° 2015/848 (ancien 13 n° 1346/2000). Possibilité pour le bénéficiaire du
« droit réel » d’échapper à la sanction de la loi de l’Etat d’ouverture de la PC. Il doit prouver que l’acte est soumis à une
autre loi que la lex fori concursus et que cette loi ne permet par aucun moyen d’attaquer l’acte en cause.
Charge de la preuve. CJUE, 15 octobre 2015, Nike : pèse sur le créancier titulaire du droit réel que l’acte n’est pas
soumis à la lex fori concursus. Prouver qu’il est soumis à lex causae + « aucun moyen, ne permet d’attaquer cet acte ».
CJUE, 8 juin 2017 Vinyls Italia : Ou s’il existe un moyen qui permet d’attaque l’acte : ses cdt° ne sont pas réunies en
l’espèce.
b) Règles de compétence concurrentes de la lex concursus
22. – Situations affectées par la procédure d’insolvabilité mais non régies par la lex concursus –
Règlement (CE) n° 1346/2000 pose le principe que « les effets de la procédure sur un contrat de travail et sur le rapport
de travail sont régis exclusivement par la loi de l’État membre applicable au contrat de travail » (art. 10).
Détermine les effets de la procédure d’insolvabilité sur la poursuite ou la cessation de la relation de travail et sur
les droits et obligations des parties contractantes.
En revanche, selon le considérant 28 du règlement no 1346/2000 , les questions d’insolvabilité autres que l’incidence de
l’ouverture d’une procédure sur le contrat et les relations de travail, tels que le fait de savoir si les créances des salariés
bénéficient d’un privilège et quel est le rang de celui-ci, devraient être déterminés par la loi lex fori concursus. Le
considérant 72 du règlement n° 2015/848 énonce le même principe.
L’article 13 du règlement n° 2015/848 prévoit des dispositions similaires sous réserve de l’existence d’un engagement
unilatéral. En effet, dans un tel cas, le privilège et le rang des créances salariales est déterminé selon la loi de l’Etat
membre dans lequel une procédure secondaire aurait pu être ouverte et ne l’a pas été en raison de l’acceptation par les
créanciers locaux d’un engagement unilatéral. (p.4).
Q° de l’AGS. Art.L.3252 et L.3253-18-1 si on retient ces deux textes, aucune compétence de l’AGS pour les salariés
exerçant dans l’UE pour le compte d’un employeur ayant son siège dans l’UE mais hors de France.
Dans tous les autres cas on peut trouver un fondement à l’application avec l’AGS. Dès lors, quel que soit le lieu où le
salarié exerce son activité il peut être compétent.
Cass, 28 mars 2018 atténue cette JP : Dans ce cas-là un salarié domicilié en Allemagne où il est recruté et où il a fait son
activité ne peut se prévaloir de l’AGS.
les règlements n° 1346/2000 et 2015/848 prévoient un certain nombre de règles attribuant compétence à d’autres lois
que celle de la faillite pour déterminer les effets de la procédure d’insolvabilité.
Ainsi, par exemple, les contrats donnant le droit d’acquérir ou de jouir d’un bien immobilier sont régis exclusivement
par la loi de l’État de situation de l’immeuble.
Les droits soumis à inscription (biens immobiliers, navires, aéronefs) dépendent de la loi de l’État où est tenu le
registre.
Page 14
Les droits et obligations des participants à un système de paiement ou de règlement ou à un marché financier relèvent
à titre exclusif de la loi applicable au système ou marché.
Enfin les instances en cours sont régies à titre exclusif par la loi du tribunal saisi.
C. – Applicat° des règlements (CE) n° 1346/2000 et (UE) n° 2015/848 aux groupes de sociétés.
23. – Initiative des juridictions nationales.
Règlement n’avait pas pris en considération les groupes de sociétés, dès les premières applications du règlement par les
juridictions nationales, celles-ci appliquèrent le règlement (CE) 1346/2000 à des groupes de sociétés en renversant la
présomption en faveur du siège statutaire établie par l’article 3 du règlement (CE) n° 1346/2000, pour localiser le centre
des intérêts principaux des filiales au siège de leur société mère.
Cependant, à rebours du courant dominant des juridictions nationales, la Cour de justice dans l’arrêt CJCE, 2 mai
2005Eurofood/Parmalat :
- Affirme le caractère autonome de la notion de centre des intérêts principaux.
- Précise que « lorsqu’une société exerce son activité sur le territoire de l’État où est situé son siège social, le
simple fait que ses choix économiques soient ou puissent être contrôlés par une société mère établie dans un
autre État membre ne suffit pas pour écarter la présomption prévue par le règlement » (consid. 37).
Mais, la Cour de justice n’est pas parvenue à enrayer le courant jurisprudentiel national, notamment en ne permettant
pas de remettre en cause, en application du principe de confiance mutuelle, les premières décisions nationales non
conformes à l’interprétation qu’elle a retenue. Ainsi, tout en se conformant formellement à l’arrêt Eurofood, les
juridictions nationales ont poursuivi leur jurisprudence antérieure en prenant simplement la précaution de motiver
davantage leur décision et en recourant à la technique du faisceau d’indices concordants.
Cette technique est validée par la Cour de justice dans l’arrêt Interedil qui se différencie de l’arrêt Eurofood en
substituant la notion d’administration centrale à celle d’activité.
L’arrêt Interedil permet effectivement de renverser la présomption chaque fois que l’administration centrale est, du
point de vue des tiers, située dans un autre État que le siège statutaire.
Dans cette hypothèse, la localisation du centre des intérêts principaux résulte « d’une appréciation globale de
l'ensemble des éléments pertinents » vérifiables par les tiers tels que :
- La localisation de l’activité économique,
- Celle de biens, notamment immobiliers,
- Contrats relatifs à l’exploitation de ces actifs ou à leur financement.
- D’autre part institue dans un chapitre V une approche entité par entité du traitement des groupes de sociétés
qui peut être mise en œuvre lorsque le centre des intérêts principaux des diverses sociétés d’un groupe ne se
situe pas dans le même État membre, donc en présence d’un groupe qui n’est pas fortement intégré.
Page 15
o Dans ce cas, pas de centralisation de l’ouverture des procédures d’insolvabilité par une seule juridiction,
mais pluralité de juridiction nationales coordonnées par la coopération entre praticiens de
l’insolvabilité, entre juridictions et entre praticiens et juridictions organisée sur le modèle de la
coopération pratiquée dans le cadre de la coordination entre une procédure principale et une procédure
secondaire d’un même débiteur.
o Cette procédure de coordination, mise en place sur une base purement volontaire, a pour objectif
d’améliorer la coordination des procédures ouvertes par plusieurs juridictions contre les différentes
sociétés du groupe et de permettre une restructuration coordonnée du groupe.
Cette procédure de coordination repose sur un consensualisme à double détente : pour chaque praticien de
l’insolvabilité désigné dans une procédure concernant une société du groupe :
- Accepter ou non que la procédure dans laquelle il a été désigné soit intégrée dans le périmètre de la procédure
de coordination.
- Appliquer ou non les recommandations du coordinateur.
Rôle du J-Co.
La procédure de coordination collective ne pouvait manquer d’être envisagée par l’ordonnance du 2 novembre 2017 qui
y consacre toute la section 2 du chapitre IV du titre IX (art. L. 694-2 à L. 694-9). Ces dispositions attribue un rôle central
au juge-commissaire dans la procédure de coordination mise en œuvre en France. Les décisions importantes lui
incombent.
Ainsi, par une décision non susceptible de recours, le juge-commissaire autorise-t-il le mandataire de justice à accepter
ou refuser l’inclusion dans une procédure de coordination de la procédure dans laquelle il est désigné, ainsi qu’à
demander à participer volontairement à la procédure de coordination.
De même, l’accord mutuel désignant la juridiction la plus appropriée pour ouvrir une procédure de coordination, en
application de l’article 66 du règlement n° 2015/848 , ne peut être signée par le mandataire de justice qu’avec
l’autorisation du juge-commissaire. Le juge-commissaire dirige encore la coopération entre le mandataire et le
coordinateur en autorisant, s’il y a lieu, la communication de documents confidentiels.
De manière générale, les acteurs de la procédure de coordination collective sont soumis à la surveillance du juge-
commissaire : celui-ci apprécie les motifs pour lesquels le praticien de l’insolvabilité décide de ne pas suivre les
recommandations du coordinateur ou le programme de coordination collective.
Critère de l’établissement pour les groupes : siège social des filiale permet d’ouvrir une procédure secondaire. Dans
l’arrêt CJUE 4 sept. 2014, Burgo, la Cour de justice interprète largement cette notion d’établissement en l’appliquant
au siège social de filiales contre lesquelles une procédure principale a été ouverte dans un autre État membre. En
effet, elle a considéré que « dans le cadre de la mise en liquidation d’une société dans un État membre autre que celui
dans lequel elle a son siège social, cette société peut également faire l’objet d’une procédure secondaire d’insolvabilité
dans l’autre État membre, où elle a son siège social et où elle est dotée d’une personnalité juridique ».
Page 16