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Doi:10.19044/esj.2020.v16n3p84 URL:http://dx.doi.org/10.19044/esj.2020.v16n3p84
Résumé
La déficience hormonale due à l’âge entraîne entre autres une
augmentation de la fragilité osseuse. Pour lutter efficacement contre cette
affection, de nombreux auteurs ont préconisé l’usage des plantes. Dans le but
d’apporter une contribution à la freinée de cette pathologie, cette étude a été
menée en vue de valoriser des plantes médicinales riches en phytœstrogènes
comme une solution alternative contre l’ostéoporose. Pour ce faire, les teneurs
en flavonoïdes et isoflavones de cinq plantes issues de la famille des Fabaceae
ont été déterminées par les méthodes spectrophométriques. Aussi a été évalué
le pouvoir anti-radicalaire de ces plantes en utilisant les méthodes au DPPH et
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Abstract
The hormonal deficiency due to age causes among others an increase
of the fragility bone. To effectively control this disease, many authors have
recommended the use of plants. In order to contribute to the reduction of this
disease, this study was carried out with a view to promoting medicinal plants
rich in phytoestrogens as an alternative solution against osteoporosis. For this
purpose, the flavonoid and isoflavone contents of five plants from the
Fabaceae family were determined by spectrophometric methods. Also the anti-
free radical potency power of these plants was evaluated using DPPH and
ABTS methods. The anti-free radical potency of these plants was also
evaluated using the DPPH and ABTS methods. This study indicates the
presence of isoflavones and flavonoids in the plant extracts except for
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Piliostigma thonningii roots. Uraria picta leaves have the highest flavonoid
contents with 334.48±0.49 mg EQ /100g dry matter, followed by Pericopsis
laxiflora leaves with 210.27±0.71 mg EQ /100g dry matter. These two plants
have also high isoflavone contents with 66.61±1.23 mg GNT /100g DM and
21.05±1.15 mg GNT /100g DM, respectively. The leaves, roots and stem bark
of Pericopsis laxiflora showed the highest antioxidant activities with
95.86±9.27%, 91.02±0.58% and 99.99±0.0% of inhibition, respectively for
the DPPH radical and 100±0,00 %, 92,53±1,26 % and 99,99±0,01 % of
inhibition, respectively for the ABTS radical. The results showed that these
plants may have an interest in the prevention and/or treatment of osteoporosis.
Introduction
De nombreuses études prévoient que d’ici 2050 la population des
personnes âgées de plus de 60 ans passera à deux milliards d’individus
(Domenach H. 2008 ; OMS, 2018). Du fait du vieillissement de la population,
le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie augmentera sensiblement,
notamment en raison d’une mobilité réduite. La prise en charge des maladies
liées à l’âge ainsi que leur impact social et économique devront être
reconsidérés par tous les pays, notamment les pays qui se veulent émergents.
Dans son rapport de 2012, l’OMS demande aux professionnels de la santé de
prendre des mesures appropriées pour prévenir les maladies non
transmissibles, en promouvant, notamment, la santé et les comportements
sains à tout âge pour éviter ou retarder l’apparition des maladies chroniques.
En effet, les maladies qui touchent les personnes âgées sont entre autres les
cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le cancer, le diabète, les
maladies pulmonaires chroniques, la maladie d’Alzheimer, les affectations du
système locomoteur telles que la sarcopénie, et l’ostéoporose (OMS, 2018).
L’ostéoporose est la maladie la plus fréquente du squelette, caractérisée par
une faible masse osseuse et une altération de la microarchitecture du tissu
osseux. Elle entraîne une vulnérabilité aux fractures et une détérioration de la
qualité de vie avec pour corolaire l’invalidité. L’ostéoporose touche
généralement la femme ménopausée. L’accroissement continu de l’espérance
de vie, l’urbanisation, l'occidentalisation du mode de vie et les coûts
importants qu’elle pourrait engendrer font émerger cette affection comme un
réel problème de santé publique. De nombreux médicaments de l’ostéoporose
post-ménopausique existent, mais ils présentent néanmoins des limites (Sigrid,
2013). Le développement de nouveaux traitements s’avère donc essentiel. Le
vieillissement et la physiopathologie de très nombreux organes dont l’os ont
un lien avec le statut redox de l’organisme. Les espèces réactives de l'oxygène
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Materiel Et Methodes
Sélection des espèces végétales étudiées
Les échantillons sont des plantes de la famille des Fabaceae utilisées
par les tradipraticiens pour le traitement des maladies qui pourraient avoir un
lien avec l’ostéoporose. Cette famille a été sélectionnée à la suite d’enquêtes
ethnobotaniques effectuées auprès de 28 guérisseurs de Brobo et Tié N’diékro,
deux localités du centre de la Côte d’Ivoire. Lors de cette enquête plusieurs
familles botanique ont été cités, ce sont les familles des Passifloraceae, des
Zingiberaceae, des Sapindaceae, des Phyllanthaceae, des Connaraceae, des
Chrysobalanaceae, des Sapindaceae, des Apocynaceae, des Pedaliaceae, des
Canabaceae, des Lamiaceae, des Moraceae avec une espèce chacune, des
Malvaceae , des Olacaceae avec 2 especes chacune et, des Fabaceae avec 5
espèces. Les espèces de la famille des Fabaceae qui ont été beaucoup citées
par les praticiens de la médicine traditionnelle sont: Dalbergia hostilis Benth,
Pericopsis laxiflora (Benth.) Meeuwen, Piliostigma thonningii (Schumach.)
Milne-Redh, Pseudarthria hookeri Wight et Am. et Uraria picta (Jacq.) Desv.
(Tableau I)
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Test au DPPH
A 100 µL d’extrait sont ajoutés 2500 µL d’une solution méthanolique
de DPPH à 0,4 Mm. Le mélange obtenu est ensuite incubé à l’obscurité
pendant 30 min à 30 °C puis l’absorbance est mesurée à 517 nm contre un
blanc (méthanol). La solution de DPPH est utilisée comme contrôle. Les essais
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ont été répétés trois fois. Le pourcentage d’inhibition du radical DPPH est
calculé selon la formule suivante :
(3)% Inhibition (DPPH) = [(A0- Ai) / A0)] × 100
A0: absorbance du contrôle, Ai: absorbance de l’extrait.
La capacité à réduire le radical DPPH est exprimée en mg d’équivalent de
Trolox g-1 d’extrait (mg TE g-1 d’extrait) selon la formule de Wangcharoen et
Morasuk, (2007) :
(4) Valeur (mgET.g-1MS) = [((A0-A1) / (Pente)) (V/v)) / (m×1000)]
Test à l’ABTS
Le cation ABTS+ est obtenu par mélange (v/v) d’ABTS (7,0 Mm) et
de persulfate de potassium (2,6 mM), puis on laisse reposer à l’obscurité à
température ambiante durant la nuit. Un volume de 1 mL de la solution ABTS +
est dilué avec 60 mL de méthanol pour obtenir une absorbance comprise entre
1 et 15 à 734 nm. La solution est préparée juste avant les tests et ne peut être
conservée. A 100 µL de l’extrait méthanolique de plante sont ajoutés 2500 µL
de solution ABTS+ puis le tout est incubé à l’obscurité pendant 2 heures.
Le pourcentage d’inhibition du radical ABTS+ est calculé selon la formule
suivante :
(5)% Inhibition (ABTS+) = [(Aa- Ab) / Aa)] × 100
Aa: absorbance du contrôle, Ab: absorbance de l’extrait.
La capacité à réduire le radical ABTS est exprimée en mg d’équivalent de
Trolox g-1 d’extrait (mg TE g-1 d’extrait) selon la formule (4) décrite par
Wangcharoen et Morasuk, (2007).
Analyse statistique
Les analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel STATISTICA. Le
test d’ANOVA a servi à comparer les moyennes des teneurs en flavonoïdes,
isoflavones et les moyennes de pourcentages d’inhibition de l’ABTS et du
DPPH des différents extraits. La plus petite différence significative a été fixée
au seuil de 0,05 (Vessereau, 1992).
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Resultats
Détection des flavonoïdes et isoflavones
Sur les sept extraits d’organes végétaux étudiés, les flavonoïdes ont été
détectés dans six extraits, soit dans quatre des plantes. Les extraits contenant
les flavonoïdes ont été utilisés pour la recherche des isoflavones. Après
investigation, les isoflavones ont été révélées dans cinq extraits issus des
organes de plantes étudiés (Tableau III).
Tableau III : Composition qualitative des flavonoïdes et des isoflavones
Espèces végétales Organes Flavonoïdes Isoflavones
Dalbergia hostilis Feuille + +
Pericopsis laxiflora Feuille + +
Ecorce de tige + +
Racine + +
Piliostigma thonningii Racine - -
Pseudarthria hookeri Racine + -
Uraria picta Feuille + +
(+) : présence ; (-) : absence
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Tableau IV: Teneurs en flavonoïdes et isoflavones (mg EQ/100 g d'extrait) des différents
extraits de plantes étudiées
Teneurs moyennes
Isoflavones
Espèce végétales Organes étudiés
Flavonoïdes (mg EQ /100g) (mg GNT
/100g)
Racine 6,81±0,19a 0,32±0,09a
Pericopsis Feuille 210,27±0,71e 21,05±1,15b
laxiflora
Ecorce de tige 38,42±0,45d 0,33±0,09a
Dalbergia hostilis Feuille 21,62±0,45b 0,54±0,14a
Uraria picta Feuille 334,48±0,49f 66,61±1,23b
Pseudarthria
Racine 24,64±0,44c -
hookeri
Paramètres statistiques d'Anova
Dl 5 4
F 237792,565 4317,92
< 0,001
P
Les moyennes suivies des mêmes lettres sur la même colonne ne sont pas significativement
différentes ; dl : degré de liberté ; F : valeur du test statistique ANOVA
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Discussion
Cette étude a été menée afin d’identifier les potentialités
phytœstrogènes de cinq plantes, issues de la famille des Fabaceae. En effet,
selon Wink (2013) les Fabaceae sont riches en polyphénols (flavonoïdes et
isoflavones) et elles renfermeraient des plantes ayant des propriétés
bénéfiques pouvant améliorer l’état de santé des personnes souffrant de
l’ostéoporose et des maladies apparentées. Or la carence en ces éléments
entraîne des modifications du métabolisme osseux, à l’origine des processus
de décalcification (Riggs et al., 2002; Anses, 2012). Les polyphénols
pourraient exercer des effets protecteurs contre les maladies hormono-
dépendantes telle que l'ostéoporose en modulant la réponse aux œstrogènes
endogènes (Scalbert et Williamson, 2000). Les flavonoïdes ont la capacité de
piéger les radicaux libres (Mpondo et al., 2012 ;Bakchiche and Gherib 2014)
générés par les organismes suite aux agressions (cigarettes, polluants,
infections…) favorisant le vieillissement cellulaires (Burda et Oleszek, 2001).
Quant aux isoflavones, ils ont la capacité de se lier aux récepteurs
œstrogéniques pour manifester une activité phytœstrogénique (Barnes et al.,
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2000; Hwang et al., 2006). Aussi, les cellules impliquées dans le remodelage
osseux étant étroitement régulées par de nombreux facteurs hormonaux, les
phytœstrogènes pourraient avoir un effet contre l’ostéoporose (Dang et Lowik,
2005 ; Marie et Halbout, 2008). Les phyto-œstrogènes (isoflavones) agissent
sur l’activité du tissu osseux en inhibant l’action destructrice de l’os par les
cellules ostéoclastes et en stimulant l’activité des ostéoblastes pour la synthèse
d’une matrice osseuse abondante. Les phyto-œstrogènes agissent aussi sur
l’absorption intestinale du calcium (Omi et al., 1994; Arjmandi et al., 2002)
et sur la diminution de son excrétion urinaire (Kopcewicz, 1971), entraînant
l’augmentation du taux circulant de calcium dans le sang. Par leurs propriétés
phytœstrogéniques, les isoflavones ont suscité beaucoup d’intérêt pour le
soulagement de l’ostéoporose et des troubles liés à la ménopause, tels que les
bouffées de chaleur (Penotti et al., 2003 ; Howes et al., 2006). La présence de
ces éléments dans les Fabaceae pourrait être à l’origine de leur efficacité et
donc de leur sollicitation dans le traitement des maladies liées aux os.
L’activité antiostéoporose d’autres plantes de cette famille dont Arachis
hypogaea, Phaseolus vulgaris et Millettia macrophylla a déjà été rapportée
(Kouakou et al., 2008 ; Zingue et al.,2014).
Les flavonoïdes sont retrouvés dans les feuilles de Dalbergia hostilis,
les feuilles, écorce de tige et racines de Pericopsis laxiflora, les racines de
Pseudarthria hookeri et les feuilles de Uraria picta.
Quant aux isoflavones, à l’exception des racines de Piliostigma
thonningii et Pseudarthria hookeri, ils sont retrouvés dans les organes
sélectionnés des autres plantes étudiées.
On note des quantités importantes de flavonoïdes et d’isoflavones dans les
feuilles de Uraria picta avec respectivement 334,48±0,49 mg EQ /100g et
66,61±1,23 mg GNT /100g et de Pericopsis laxiflora, avec respectivement
210,27±0,70 mg EQ / 100g et 21,05±1,15. mg GNT / 100g. Ces résultats
corroborent ceux de plusieurs auteurs. En effet, Koevi et al., 2015 et Koffi et
al., 2015 ont indiqué la présence de flavonoïdes dans les feuilles de Pericopsis
laxiflora. Aussi, Hari et al., (2014) ont montré la présence de flavonoïdes dans
l’extrait méthanolique des feuilles, tige et racine de Uraria picta. En 2013,
Odubanjo et al. ont indiqué également la présence de flavonoïdes dans les
feuilles de cette même plante. Par ailleurs, deux isoflavones le 5,7-dihydroxy-
2’-methoxy-3’,4’-methylenedioxyisoflavanone et 4’,5’-dihydroxy-2’;3’-
dimethoxy-7-(5-hydroxyoxychromen-7yl)-isoflavanone ont déjà été isolés des
racines de Uraria picta (Rahman et al., 2007). La présence de flavonoïdes
constatés dans les feuilles de Pseudarthria hookeri dans cette étude confirme
les résultats de Dzoyem et al. en 2018 qui ont identifié et isolé des flavonoïdes
de la plante entière. La présence des flavonoïdes et isoflavones et leurs taux
élevés pourraient conférer à ces deux plantes des effets sur le métabolisme
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Conclusion
Ce travail a tenté d’apporter des réponses quant à la mise au point
d’alternatives pour la prise en charge de l’ostéoporose qui affecte le plus
souvent les personnes âgées. La présente étude indique la présence
d’isoflavones et de flavonoïdes dans les extraits de Pericopsis laxiflora,
Dalbergia hostilis, Uraria picta et Pseudarthria hookeri. Tous ces extraits
possèdent une activité antioxydante. Cependant Uraria picta et Pericopsis
laxiflora méritent d’être explorés davantage pour leurs activités remarquables.
Ils pourraient donc jouer un rôle dans la prévention et/ou le traitement de
l’ostéoporose.
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Remerciements
Nous remercions sincèrement le Centre Suisse de Recherches
Scientifiques en Côte d'Ivoire (CSRS) pour l’assistance technique. Aussi nous
sommes reconnaissants à l’Initiative DELTAS Africa [Afrique One-ASPIRE
/DEL-15-008], [107753/A/15/Z] qui soutient Dr Ahoua Constant pour ses
études postdoctorales.
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