Le Moyen Âge Apuntesdocx
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CONTEXTE.
Le Moyen Âge désigne la longue période comprise entre le Ve et le XVe siècle, qui sépare
l'Antiquité des Temps modernes. Le Moyen Âge fascine car il est politiquement et, surtout,
culturellement tout à la fois prolongement fécond des temps anciens et commencement
spectaculaire d'une nouvelle ère.
Si le premier Moyen Âge (Ve-XIe siècle) est à la recherche de stabilité après l'effondrement
des Empires antiques, les XIIe et XIIIe siècles sont en France une période de progrès. Les
XIVe et XVe siècles, marqués par la peste et la guerre de Cent Ans, correspondent au
contraire à une période de recul.
L'accroissement démographique, les progrès techniques et agricoles, l'importance
grandissante des villes, leur relative autonomie politique et commerciale, l'effervescence
intellectuelle et créatrice, témoignent globalement d'une intense vitalité.
Le régime féodal divise la société en trois ordres : ceux qui prient (le clergé, composé des
clercs), ceux qui combattent (les nobles) et ceux qui travaillent (les paysans et les
bourgeois). Dans une société hiérarchisée par de denses réseaux de vassalité, les victoires
guerrières et les récits patriotiques idéalisés contribuent à souder la communauté nationale
autour de la couronne, une monarchie qui se centralise progressivement.
La religion structure la société : vie quotidienne et grandes étapes de l'existence sont
scandées par les rites. L'Église veut contrôler les chevaliers (christianisation, croisades) et
exerce un rôle majeur dans le développement culturel : l'enseignement est son domaine
réservé et les monastères contribuent à l'essor des grands courants artistiques, notamment
pour la musique et l'architecture. La culture profane est cependant de plus en féconde et
autonome, comme en témoignent les fabliaux.
La langue que nous appelons l’ancien français s’est formée peu à peu à partir du latin parlé
qui s’était implanté en Gaule après la conquête. Les premiers documents écrits qui attestent
son existence à côté du latin qui reste la langue écrite datent du IX siècle. Un canon du
concile de Tours en 813 invite les prêtres à prêcher dans la langue des « rustici » (des
paysans), « gauloise » ou « tudesque ». C’est la reconnaissance de l’existence, dans les
deux empires, à côté du latin, d’une autre langue parlée par le peuple, la « langue vulgaire »
ou « langue romane ». On en trouve la première attestation écrite en 842 : ce sont les
fameux - Serments de Strasbourg, échangés entre deux des trois fils de Louis le Pieux,
Louis le Germanique et Charles le Chauve.
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2. Les premiers textes en ancien français
Ces textes sont composés dans deux langues littéraires différentes, l’ancien français et
l’ancien provençal. En effet il n’existe pas à cette époque une langue vulgaire ou romane
unique dans l’ensemble de la France, mais une pluralité de dialectes, que l’on peut
regrouper en deux grandes familles : langue d’oïl dans le Nord, langue d’oc dans le Sud
(« oïl » et « oc » étant les deux formes de « oui » dans ces langues). L’ancien français et
l’ancien provençal sont les formes écrites de ces deux langues, avec pour chacune d’entre
elles des variations dialectales plus ou moins importantes selon les manuscrits. Ils nous ont
été conservés dans des manuscrits souvent beaucoup plus tardifs (parfois un siècle pour les
textes les plus anciens). Il est presque certain qu’ils ont été précédés par des
formes orales. Pendant toute la période médiévale, surtout avant le XIV siècle, la circulation
orale des textes reste très importante. Poèmes, chansons de geste et vies de saints sont
chantés (parfois même mimés) par des jongleurs, qui sont des interprètes itinérants.
Pour la période la plus ancienne, les notions d’œuvre et d’auteur au sens moderne
n’existent pas. Les différents manuscrits d’une même œuvre, effectués par des copistes,
présentent des variantes parfois très importantes ;les œuvres sont souvent anonymes, et
lorsqu’un nom d’auteur apparaît, il pose souvent problème : ainsi, le Turoldus qui signe la
Chanson de Roland ; ou Chrétien de Troyes et Marie de France, dont on ne connaît guère
que les noms ; les vidas (vies) des troubadours ont été rédigées bien après et s’inspirent
souvent des -poèmes eux-mêmes…L’auteur se présente lui-même comme un traducteur ou
comme un continuateur, plutôt que comme un créateur.
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Les premiers textes littéraires en « roman » (la langue vernaculaire) datent de la fin du IXe
siècle. Il s'agit au départ de poèmes liturgiques. Au XIIe siècle, la chanson de geste et l'essor
de la poésie lyrique occitane témoignent de l'essor conjoint de la langue romane littéraire, et
de valeurs profanes comme l'amour courtois.
En poésie, le registre « épique » évoque des œuvres caractérisées par un style soutenu
(également appelé « héroïque »), narrant des hauts faits, des prouesses et des guerres,
faisant intervenir des forces irrationnelles (le destin) ou surhumaines (Dieu, des anges,...), et
proposant une vision du monde où des héros exceptionnels décident du sort des groupes
qu’ils représentent. On appelle ces œuvres des épopées, ou des chansons de geste.
La chanson de geste :
C’est la première forme littéraire écrite en langue d’oïl que nous ayons conservée : la
Chanson de Roland, la plus ancienne et la plus célèbre, date des environs de 1100. Les «
chansons de geste » sont la forme médiévale de l’épopée ; ce sont de longs poèmes
narratifs chantés, célébrant les hauts faits (c’est le sens du mot « geste », du latin gesta), les
exploits guerriers de héros, chevaliers français le plus souvent, devenus des personnages
de légende.
Les premières versions écrites d’épopées en ancien français datent de la fin du XIe siècle.
Les chansons de geste étaient chantées par un récitant (ou jongleur), s’accompagnant de la
vielle. Les textes, assez longs, sont divisés en laisses (strophes de longueur variable), où
les vers – des décasyllabes – ne riment pas mais sont reliés les uns aux autres par des
assonances (répétition de la dernière voyelle accentuée, et non des consonnes qui
l’entourent).
Les chansons de geste reflètent la structure féodale de la société du Moyen Âge et les
rapports qui unissent le seigneur et son vassal, auquel a été accordé un fief, dont il vit et
dont il cède une partie des bénéfices au suzerain. La poésie épique en ancien français
renvoie à l’idéal de la féodalité, en mettant en scène les prouesses du chevalier au ser- vice
de son suzerain et de Dieu. On conserve le texte d’une centaine de chansons de geste, qui
ont la particularité de se dérouler quasi toutes à l’époque carolingienne, pendant le règne de
Charlemagne ou celui de son fils, Louis le Pieux. Le problème des origines des chansons de
geste a suscité́ de nombreux débats, d’autant qu’on n’a jamais retrouvé de modèles latins
que les auteurs français auraient imités ou translittérés.
Les chansons de geste françaises se répartissent en trois cycles principaux (on notera
cependant que certaines chansons ne relèvent d’aucun de ces trois cycles):
- La geste du Roi, centrée sur Charlemagne et ses guerres contre les Sarrasins; c’est
dans cet ensemble que figure la Chanson de Roland.
- La geste de Garin de Monglane, ou cycle de Guillaume d’Orange.
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- La geste de Doon de Maxence, ou cycle des vassaux (ou des barons) révoltés: cet
ensemble rapporte les événements dérivant d’une révolte vassa- lique, dirigée contre
l’empereur Charlemagne ou son fils.
La Chanson de Roland date des dernières années du XIe siècle. Elle fait le récit du retour
d’Espagne des armées de Charlemagne, qui a conquis tout le pays, sauf Saragosse, et
qu’une révolte des Saxons contraint à rentrer rapidement. D’où des négociations avec le roi
sarrasin Marsile, menées par Ganelon, lequel entend se venger de son beau-fils Roland.
Ganelon livre à Marsile les informations permettant à celui-ci de tendre – au défilé de
Roncevaux, dans les Pyrénées – un piège à l’arrière-garde de l’armée française, menée par
Roland et un certain Olivier, et dans laquelle se serait trouvé aussi Tur- pin, l’archevêque de
Reims. L’œuvre fait le récit de cette bataille, à l’issue de laquelle les Français sont
massacrés. L’auteur de la Chanson de Roland est resté anonyme: un certain Turold est
évoqué au dernier vers d’une copie de l’ouvrage (conservée à Oxford), mais le contexte ne
permet pas d’établir s’il s’agit de l’auteur ou si Turold est un jongleur qui a récité la Chanson
lors d’une cérémonie particulière. Les événements qui sont contés dans l’œuvre ont un
fondement historique, mais n’en ont pas moins été transformés.
Par rapport au style on peut dire que l’auteur de la Chanson de Roland aime les répétitions,
les reprises et les refrains. Le vers français est l’héritier du vers latin, mais les principes
métriques ont changé en passant d’une langue à l’autre. Les Latins comme les Grecs
fondaient leur poésie sur des combinaisons de syllabes longues et de syllabes brèves, mais
cette distinction entre syllabes longues et brèves n’a pas été introduite en français car aux
environs du IVe siècle après J.-C., la différence entre syllabe longue et syllabe brève n’est
plus perçue par la majorité des locuteurs du latin. La métrique est fondée sur le décompte
des syllabes et la rime. Le vers de l’épopée est le décasyllabe, avec deux hémistiches
inégaux. Il apparaît dans la Chanson de Roland, et est largement utilisé aussi dans la poésie
lyrique.
La poésie lyrique est celle qui voit l’auteur faire part de sentiments personnels, et
particulièrement de sentiments amoureux. Les premiers représentants de la poésie lyrique
en français sont les trouvères, qui s’inspirent – en langue d’oïl – du « grand chant courtois »
pratiqué par les troubadours, en langue d’oc.
Les troubadours : Les plus anciens poèmes connus en langue vulgaire sont les oeuvres des
troubadours, poètes et musiciens de langue d’oc ; leur nom vient de trobar, « trouver,
inventer, composer » au sens musical et poétique. La poésie des troubadours est une
poésie lyrique au sens premier du terme, c’est-à-dire une poésie chantée. Le genre le plus
important est la canso ou chanson, composée généralement de quatre ou cinq strophes et
d’un envoi. L’amour est le sujet presque unique de la poésie des troubadours. C’est dans
ces poèmes qu’apparaît une nouvelle conception de l’amour, que les poètes eux-mêmes
nomment « la fin’amor » (prononcer « fine amour », amour parfait).
LA CHANSON COURTOISE.
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printemps qui en forme l’entrée en matière, les hyperboles à l’adresse de la dame et les
objurgations au trompeur ou ´ losengier. Les romances et les pastourelles ont beaucoup
moins vieilli que la chanson courtoise.
La lyrique courtoise témoigne des valeurs féodales, dont l'idéal chevaleresque représente
une version sublimée.
- Le fin'amor (amour épuré, parfait) implique des rapports de soumission de nature
féodale de la part de l'amant à l'égard de sa Dame : il lui prête hommage, lui jure
fidélité et obéissance jusqu'à la mort.
- La Dame est objet d'adoration et l'amoureux se complaît dans une espèce d'extase
mystique en pensant à elle, ce qui constitue toute la joie de l'amant.
Ces deux idées suggèrent que la Dame est un personnage lointain et inaccessible,
généralement d'un niveau social supérieur. Il s'agit souvent de la femme du seigneur, donc
d'une femme mariée, ce pourquoi l'Église condamne en général l'expression de ce fin'amor
puisqu'adultère. Ainsi, on peut déduire que l'amour courtois est avant tout l'exaltation du
désir, quête idéalisée d'un amour sublimé et jamais assouvi. Ces amours n'étaient sans
doute pas toujours platoniques.
FRANÇOIS VILLON.
La légende s’est très tôt emparée du personnage de François Villon. Les circonstances de
sa vie étant très mal connues (les documents judiciaires n’ont été découverts qu’au XIXe
siècle), on a amplifié les données « autobiographiques » fournies par les poèmes, surtout Le
Testament (« Pauvre je suis de ma jeunesse/De pauvre et de petite extrace... »). On a mis
l’accent tantôt, comme Rabelais, sur le « bon folâtre » (le joyeux compagnon, Le
Testament), habitué des tavernes et des filles de joie, voleur à l’occasion, poète et mauvais
garçon tout ensemble; tantôt sur le « pauvre Villon », comme il se nomme lui-même à
plusieurs reprises, dont les romantiques et les modernes se sont plu à faire un précurseur
des « poètes maudits ». Mais la fascination pour le personnage ne doit pas faire oublier
l’importance de l’œuvre.
Villon n’a inventé́ ni les formes (les huitains d’octosyllabes à rimes croisées du Lais et du
Testament, les ballades ou les rondeaux), ni les thèmes principaux de sa poésie, déjà traités
par nombre de ses devanciers : la mort, partout présente, la pauvreté, la fuite du temps,
l’amour (et l’ironie de la « fin’amor »)... Il est aussi l’héritier des jongleurs (en particulier
Rutebeuf) et de tout un courant de pensée médiéval (Jean de Meun et les Goliards). Par
bien des aspects, son œuvre, pourtant mince, apparaît comme le point d’aboutissement de
toute une tradition poétique médiévale.
Mais en réécrivant les lieux communs, Villon crée une nouvelle langue poétique; il en
explore toutes les possibilités (on lui attribue même quelques ballades écrites dans le jargon
obscur des Coquillards – une bande de malfaiteurs –, qui n’ont pas fini d’intriguer les
critiques). Par la richesse et la précision admirables de cette langue poétique et de ses
images, par le lyrisme à la fois intense et retenu de certains passages célèbres (le début du
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Testament, la « Ballade des Dames du temps jadis », la « Ballade des Pendus »...), par le
ton très particulier de sa poésie où l’émotion et la dérision se succèdent ou s’entremêlent («
je ris en pleurs... »), il a su toucher les lecteurs de toutes les époques, même les plus
éloignés de la culture médiévale, malgré le caractère obscur des nombreuses allusions à
des personnages ou à des événements contemporains. Une première édition imprimée des
œuvres de Villon est parue dès 1489, et elles ont connu un très grand succès qui ne s’est
pas démenti jusqu’à nos jours. François Villon est aussi un très grand poète moderne.
Le genre narratif apparaît au milieu du XIIème siècle, c’est un genre intellectualisé qui est
utilisé pour une lecture à voix haute. Il renonce à la construction strophique, il y a une
linéarité indéfinie des couplets d’octosyllabes et il existe une grande importance du récit. Il
fait appel à la réflexion du lecteur.
CHRÉTIEN DE TROYES.
Chrétien de Troyes est le créateur du roman arthurien. Il est l’auteur de cinq romans en vers
octosyllabiques.
Le conte du Graal.
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En fin, entre 1182 et 1190, Chrétien de Troyes a composé le Conte du Graal, ou le Roman
de Perceval, ouvrage inachevé, peut-être à cause de la mort de l’auteur. Perceval, dont le
père et les frères sont morts au combat, est élevé dans la forêt par sa mère; celle-ci espère
qu’il ne deviendra jamais chevalier. Mais, le jour où il voit passer des chevaliers, Perceval
veut les suivre et il part, abandonnant sa mère, pour apprendre le métier des armes. Ayant
conquis la gloire par ses prouesses, il est accueilli dans le château mystérieux du roi
Pêcheur, infirme, et dont le pays est dévasté. Au cours de la soirée, pendant un festin
magique, il est tout surpris d’assister à une procession où l’on porte un grand vase – le
Graal – et une lance qui saigne. Perceval se tait, malgré sa curiosité. Or il apprendra plus
tard que des questions de sa part sur cette procession auraient rétabli le roi et rendu la
fertilité à son pays. Il apprendra aussi que c’est son état de péché qui l’a empêché de parler:
il est responsable du décès de sa mère, qui est morte de chagrin après son départ.
Commencent alors des années de pérégrinations, au cours desquelles Perceval cherche à
revoir la fameuse procession et à poser les questions qu’on attendait. En contrepoint,
l’auteur narre les aventures du chevalier Gauvain, qui apparaissait aussi dans Yvain et dans
Lancelot. Quand s’arrête le Conte du Graal (mais le roman est inachevé), les recherches de
Perceval n’ont pas abouti; les progrès de celui-ci en chevalerie, en spiritualité et en charité
suggèrent cependant que ses efforts sont en voie d’être récompensés.
Alors que les auteurs de chansons de geste utilisaient le décasyllabe, les romanciers ont
recours pour leur part au vers octosyllabique.
Le Graal, motif païen, est au départ un vase, un plat à poisson, ou un chaudron celtique. Le
roman de Chrétien de Troyes suggère qu’il s’agit en fait d’un objet central de la liturgie. La
christianisation du Graal devient un fait accompli dès les toutes premières années du XIIIe
siècle, avec le Roman de l’Estoire dou Graal, dû à l’auteur franc-comtois Robert de Boron.
Celui-ci fait du Graal le calice qui aurait été utilisé par le Christ lors de la dernière Cène et
que l’on aurait utilisé ensuite pour recueillir le sang du Seigneur, lors de la crucifixion. Ce
calice aurait été apporté en Bretagne par un beau-frère de Joseph d’Arimathie. Dans un
roman ultérieur de Robert de Boron, Merlin, l’enchanteur prédit qu’un chevalier du roi Arthur
fera la conquête du vase sacré.
Au début du XIIIe siècle, le Graal se trouve ainsi au centre d’une très importante tradition
romanesque. On dénombre d’abord quatre continuations différentes, en vers, du Roman de
Perceval. Mais le Graal est aussi le prétexte, au XIIIe siècle, de cycles romanesques en
prose.