Droit Budgetaire

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UNIVERSITE SIDI MOHAMED BEN ABDELLAH

Faculté des Sciences Juridiques Economiques Et Sociales-- FÈS

TAHER ABDELILAH

DROIT BUDGETAIRE
Droit Public----S3

Année Universitaire

2020-2021
2

INTRODUCTION
Le droit budgétaire a pour objectif l’étude des règles et des opérations relatives aux deniers publics.
Selon le critère organique, le droit budgétaire peut aussi être présenté comme l’ensemble des règles gouvernant
les finances de l’État, des collectivités locales, des organismes de sécurité sociale, des établissements publics et
de toutes autres personnes morales de droit public. L’objectif du droit budgétaire est l’étude des règles, moyens
et institutions par lesquels l’Etat et les autres collectivités publiques se procurent leurs ressources et exécutent
leurs dépenses dans le cadre d’un budget.
C'est un champ à la croisée du droit fiscal, du droit constitutionnel, ainsi que de la comptabilité publique

Une démarche nécessaire pour la compréhension du droit budgétaire, un des composants principaux des finances
publiques qui se sont apparues comme une branche du droit public à côté du droit administratif et du droit
constitutionnel. Le droit budgétaire, détermine et limite le contour du champ d’intervention de certains acteurs
politiques et administratifs et encore plus, la nature même de leurs actions en matière de gestion des deniers
pub1ics c’est le cas des parlementaires, des élus locaux, les ministres et les fonctionnaires d’Etat par exemple.
En dehors du rapport de force régit par les disciplines du droit public, le droit budgétaire a établit des relations
étroites et complémentaires avec d’autres disciplines telles, l’économétrie, l’économie financière... malgré la
divergence de méthodes et d’objectifs...
Si l’économie financière par exemple étudie les phénomènes financiers sous leurs aspects globaux, tels les effets
du prélèvement fiscal global sur l’économie ou les conséquences du déséquilibre budgétaire sur la conjoncture
économique ou encore les répercussions des dépenses publiques d’investissements sur la croissance économique.
Le droit budgétaire au contraire, étudie le mécanisme des opérations financières individuelles, recherche les règles
, détermine les droits de recours ouverts à un contribuable et définisse les techniques de contrôle des opérations
des dépenses publiques. C’est dire que les règles juridiques y tiennent une large place.
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CHAPITRE I :

L’EVOLUTION DU DROIT BUDGETAIRE


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L’histoire du droit budgétaire est une histoire qui ne s’achève pas, elle s’inscrit dans une continuité qui a
toujours était nécessaire.
Il a toujours été nécessaire d’avoir des moyens financiers pour agir, et cette matière porte sur les moyens financiers
pour que les collectivités, puissent agir. A commencer par l’État.
L’état, parce qu’elle la première structure historique a nous avoir permis de sortir du chaos et de l’informe.
De nombreuses collectivités publiques étant apparues par la suite. Les communes, les régions, ainsi que de très
nombreuses entités publiques telles les entreprises publiques. D’après l’économiste autrichien Joseph
Schumpeter, " ce sont les besoins financiers qui ont été à l’origine de l’État ". Ainsi, depuis l’Antiquité, le
pouvoir politique s’est toujours préoccupé de l’organisation de ses finances. L’Empire romain disposait d’un
puissant système fiscal, administrativement unifié et adapté à la diversité et à l’immensité de son territoire. Dès
l’instauration de l’Etat musulman en orient et à partir de la fin du Moyen Âge en occident, un système financier
organisé et performant procure au monarque les ressources stables et dynamiques dont il a besoin pour la guerre
(défendre ou accroître son territoire), ou pour asseoir son pouvoir (financer un appareil judiciaire se substituant
aux justices ecclésiastique et seigneuriale, par exemple). Enfin, le mode de perception de l’impôt permet de mettre
en place un appareil administratif sur tout le territoire.

Section 1 : Les sources du droit budgétaire

Parallèlement aux finances publiques, le droit budgétaire peut être défini comme l’ensemble des règles
juridiques applicables à la prévision, l’autorisation et l’exécution des recettes et les dépenses de l’Etat.
L’évolution du droit budgétaire est avant tout celle des finances publiques, dans la mesure ou le droit
budgétaire est le droit des finances publiques. Cette évolution qui trouve ses origines dans les rapports de forces
essentiellement politiques entre parlement et gouvernement du 13ème siècle.
Car, pendant très longtemps, le budget des différents Etats en voie de formation resta confondu avec les
finances personnelles du Roi.
Mais, c’est du fait d’une défaite militaire que la question des finances publiques surgit en Grande Bretagne. Ainsi,
et devant l’insuffisance des ressources domaniales pour financer les guerres après la défaite de Bouvines (1214),
le roi Jean Sans Terre doit reconstituer le Trésor royal, donc prélever de nouveaux impôts très impopulaires. La
noblesse d’Angleterre s’opposa au roi qui a finit par accepter des compromis successifs sous formes de textes
fondamentaux qui marquèrent l’histoire financière britannique et consacrèrent une règle du droit féodale, selon
laquelle le roi ne peut de sa propre volonté exiger aucun impôt (consentement à l’impôt).
1er texte : la Magna-Carta (la grande charte de 1215) il y était prévu (art12) que le roi ne pourrait lever des
impôts qu’avec l’autorisation du parlement. Ainsi a été instituée la 1° règle budgétaire à savoir le consentement
à l’impôt ; ce consentement est donné spécialement par le parlement qui a reçu ainsi le pouvoir de légiférer en
matière fiscale.
2ème texte : la pétition des droits de 1628 Texte visant compléter la charte et étendre 1’ autorisation parlementaire
à tous les impôts directs et indirects.
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3ème texte : the Bill of rights de 1689 confirme les droits acquis par le parlement, en élargissant la règle de
l’autorisation qui devenait annuelle non seulement à l’impôt mais à l’ensemble des autres ressources y compris
l’emprunt, cette autorisation impliquait un contrôle des dépenses auxquelles ces ressources seront affectées.
En France aussi, le droit budgétaire moderne s’est construit autour du consentement à l’impôt, affirmé tardivement
en 1789 par la révolution française.
Cette évolution n’a pas concerné uniquement, les règles, les procédés techniques et les moyens mais aussi la
conception même du droit budgétaire, les fins qu’on leur assigne dans l’Etat.

Section 2 : Les étapes d’évolution du droit budgétaire.

Deux grandes périodes mais aussi deux conceptions opposées ont caractérisé le droit budgétaire depuis deux
siècles.

S/S1- Les finances classiques dites libérales.

Les finances libérales, lentement élaborées, ont connu leur âge classique tout au long du XIXème siècle jusqu’à
la guerre du 1914-1918. La conception classique des finances publiques sans avoir été explicitement exprimée
par la doctrine, dérive néanmoins des écrits des auteurs libéraux défenseurs de l’initiative privée de l’individu.
Ainsi, les premiers libéraux c’est-à-dire, la première génération, notamment A. Smith, D. Ricardo (G-B) et leurs
disciples, Léon Say et Gaston Jeze (f) étaient en principe hosti1es à toute ingérence de la puissance publique dans
les affaires privées et pour lesquels la règle d’or était « aussi peu d’Etat que possible ». La confiance faite en
l’individu et la conviction des économistes libéraux d’une part dans l’existence des lois économiques fondées sur
un ordre naturel qui commande de « laisser faire, laisser aller » et d’autre part dans la loi de l’offre et la demande,
qui devient le facteur d’incitation et d’équilibre des échanges.
En contrepartie, le rôle de l’Etat a été limité à ses fonctions régaliens (armée, police, justice...).
De cette philosophie vont se dégager un certain nombre de principes sacrés entraînant plusieurs
conséquences sur le plan budgétaire, d’abord la notion non-interventionniste de 1’Etat dans les affaires
économiques ; cette conception d’abstention se concrétise sur le plan financier par la neutralité du budget, qui a
été conçu chez les classiques comme un moyen comptable et administratif démuni de tout rôle économique.
De ce principe découle un autre principe, à savoir la conception minimaliste, c’est-à-dire la limitation des
dépenses et des recettes publiques au strict minimum, seulement pour assurer la marche des services de l’Etat
gendarme. Gaston Jèze a bien résumé ce principe par sa formule célèbre : « il y a des dépenses il faut les couvrir
». A partir de cette formule, le même auteur a défini la science des finances publiques comme « l’étude des
moyens par lesquels l’Etat se procure les ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques et
en répartit les charges entre tous les citoyens ».
Quant aux ressources, elles étaient surtout fiscales (de type impôt réel, indiciaire et proportionnelle) et
domaniale avec le rejet catégorique de tout emprunt ou création monétaire.
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De cette obligation de prélever juste les recettes nécessaires à la couverture des charges régaliennes, les
classiques ont cantonné le budget dans un équilibre comptable et passif, évitant ainsi les déficits et les excédents
jugés néfastes pour l’économie ce qui a infligé au budget le respect obligatoire d’un autre principe à savoir la
neutralité économique et sociale du budget.

S/S2 : Les finances modernes.

Si les libéraux de la seconde génération (J.J. Mille, A. Wagner) ont toléré l’intervention de 1’Etat dans le
bon fonctionnement du marché et parfois on la justifiant comme chez le cas des marginalistes. Plusieurs facteurs
(les guerres, socialisme, décolonisation, concurrence économique, l’instabilité économique, et les PVD) à partir
de 1914 vont altérer la stabilité et la cohérence du système économique et obliger 1’Etat à sortir de sa neutralité
et mettre en cause l’orthodoxie financière classique.
La grande crise de 1929 fut le point de départ de théories et pratiques interventionnistes (théories keynésiennes,
politique de Roosevelt) et la consécration finale du recul du principe d’abstention d’Etat.
A l’abstention volontaire de l’Etat Gendarme du XIXème siècle, s’est substitué donc la conception d’un Etat
interventionniste.
C’est ainsi que les fonctions nouvelles de l’Etat supplantent ses fonctions traditionnelles. L’Etat devenait
le principal client des industries nationales, et se donnait des missions qui jusque là étaient réservées au secteur
privé.
L’émergence d’un vaste secteur public dans les domaines clefs de l’économie, témoigne de cette ingérence
des pouvoirs publics soucieux de parer aux crises et déséquilibres répétés de celle-ci.
Grâce à cette prise de conscience du rôle actif de l’Etat, une évolution progressive des finances publiques
du l9 siècle, se substitua, une conception socio-économique qui remet en cause le bien fondé des règles financières
de la période libérale.
Avec les finances dites modernes, la science financière change de définition, d’objectifs, de masse et de méthodes.
Dorénavant, la nouvelle définition du droit budgétaire est de nature économique de la sorte : « l’étude de
moyens par lesquels l’Etat cherche à réaliser en même temps que le financement des dépenses publiques
par des ressources publiques, des interventions dans le domaine économique et sociale ».
Les recherches selon cette conception vont s’orienter vers les problèmes jusqu’alors négligés, comme les
effets des dépenses et des recettes publiques, le rôle de l’équilibre budgétaire dans la conjoncture...
Par ailleurs, le volume et la nature de la dépense s’en trouvent affectés. Les budgets de 1’Etat connaissent
une augmentation sans précédent, de 10 à 15% durant la période classique, les budgets vont avoisiner 40% du
P.N.B. En même temps, les dépenses d’équipement et d’investissement supplantent de plus en plus les dépenses
de fonctionnement.
Quant aux ressources publiques, les recettes fiscales et domaniales demeurent les ressources
prépondérantes de l’Etat interventionniste, sans pour autant écarter la création monétaire et l’emprunt de la
politique financière. L’impôt lui-même ne joue plus uniquement le rôle de pourvoyeur du trésor, il est devenu un
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stimulant de l’économie, une arme sélective (taxer, détaxer, exonérer...) moralisateur et protecteur (droit de
douane...)
Cette nouvelle tendance des dépenses et des recettes budgétaires n’a pas épargné la vieille théorie de
l’équilibre budgétaire, devenue caduque c’est la nouvelle théorie du déficit systématique qui est responsables de
l’accroissement des dépenses publiques. Selon cette nouvelle conception, l’équilibre budgétaire n’est pas une fin
en soi, ce qui est recherché c’est un équilibre économique est financier à moyenne terme (le plein emploi).
Cette évolution philosophique des finances a contribué en parallèle au développement du droit financier
fondé sur quelques grandes règles fondamentales qualifiées de principes budgétaires.
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Chapitre II
Les principes budgétaires
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Ces principes constituent le fondement du droit budgétaire, ils trouvaient leurs origines dans le conflit
perpétuel d’une part entre parlement et monarques du13éme siècle et d’autre part entre parlement et gouvernement
de 1’Etat gendarme du 19eme siècle.
Si, les principes budgétaires avaient pour but principal le maintien des pouvoirs publics dans les limites de
leur propre compétence à travers un contrôle continu et mutuel entre parlement et gouvernement, ces principes
constituent aussi des méthodes claires et cohérentes de présentations du document budgétaire. Depuis les premiers
textes de lois organiques (L.O) régissant les lois de finances, le Maroc a adopté ces principes budgétaires tout en
y introduisant des assouplissements.
Avec la nouvelle loi organique n° 130-13le2juin2015le législateur a réaffirmé son attachement aux
principes budgétaires en éliminant une grande partie de ces assouplissements qui avaient comme but le
dépouillement du budget de toute crédibilité.
Ces principes sont les suivants : 1) l’unité budgétaire 2) l’annualité 3) l’universalité et 4) la spécialité.5) la sincérité

Section 1 : Le principe de l’unité.

C’est la règle suivant laquelle, l’ensemble des dépenses et des recettes du pays doivent être présentées
dans un seul document, appelé le Budget Général. Ce principe répond à deux séries de motifs, les uns
financiers, les autres politiques. Au point de vue financier, l’unité budgétaire est une règle d’ordre et de clarté.
En multipliant les budgets et comptes particuliers, on peut arriver à rendre difficile une vue d’ensemble sur la
situation financière de l’Etat ce qui favorise le gaspillage.

Au point de vue politique, l’unité budgétaire est encore plus importante. En fractionnant les dépenses et les
recettes dans des documents multiples, on rend plus difficile le contrôle du gouvernement par le parlement.

Pratiquement, l’unité budgétaire, ainsi conçue, n’était utilisable que dans le contexte de l’Etat gendarme
qui avait uniquement des dépenses administratives.
Avec la prise en charge des activités de caractère industriel et commercial de la part de l’Etat interventionniste,
l’unité de compte s’est vite dépassée. A côté du budget Général, se sont constitués des comptes parallèles qui
devenaient indépendants de celui-ci. Parmi ces comptes on cite notamment les comptes spéciaux du Trésor, les
budgets annexes et les budgets autonomes et les services d’Etat gérés d’une manière autonome(S.E.G.MA). Les
principes de la gestion de ces nouvelles activités font même que ces budgets échappent à la décision parlementaire
et bénéficient d’une complète autonomie.
Au Maroc, les précédentes lois organiques relatives aux lois de finances ont respectivement signalé cette
unité sous forme du Budget général, tout en adoptant des dérogations à cette règle, par l’intégration dans la loi de
finances, des comptes spéciaux du Trésor des budgets annexes. Les budgets autonomes représentent la principale
exception à cette unité.
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Cependant la règle de l’unité a été renforcée dernièrement par la suppression totale et progressive (loi de
finances 1997-1998 et 1998-1999) des budgets annexes dont le nombre a été quatre, et la réduction de comptes
spéciaux du Trésor ramenés de neuf à six.

S/S1 : Les comptes spéciaux du Trésor (C.S. T)

Les comptes spéciaux du Trésor (CST) constituent aux côtés du budget général, des services gérés de
manière autonomes et les fonds publics les composantes du budget de l’Etat. Ils visent conformément aux
dispositions de l’article 25de la loi organique n° 2juin2015 relative à la loi de finances :
-soit à décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d’un lien de cause à effet réciproque entre la
recette et la dépense, ne peuvent être commodément incluses dans le cadre du budget général ;
-soit à décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur continuité d’une année budgétaire
sur l’autre ;
-soit à garder traces, sans distinction d’année budgétaire, d’opérations qui se poursuivent pendant plus d’une
année.
La pluralité des domaines d’intervention des CST et la souplesse qui caractérise les procédures de leur gestion,
permettent auxdits comptes de contribuer au développement économique et social durable, à l’amélioration des
conditions de vie des populations vulnérables dans le cadre d’une vision intégrée de l’économie sociale et
solidaire, à la création d’emplois, à la cohésion territoriale, au rayonnement culturel, à la défense de l’intégrité
territoriale et à l’adhésion du pays aux institutions financières internationales et régionales.
Le nombre des CST a enregistré une baisse très significative de 41,67% au cours de la période 2002–2011,
passant de 132 en 2002 à 77 en 2011. Cette diminution substantielle est due principalement aux efforts déployés
par l’Etat en matière de rationalisation de la gestion desdits compte.

Le solde de chaque compte spécial est reporté d'année en année. Toutefois, les profits et les pertes constatés,
au titre d'une année budgétaire considérée, sur les comptes d'opérations monétaires, sont pris en recette ou en
charge au budget général au plus tard la deuxième année suivante celle au cours de laquelle ils sont dégagés.

Les soldes des comptes d'affectation spéciale et des comptes de dépenses sur dotation sont toujours
créditeurs. Les comptes d'affectation spéciale et les comptes de dépenses sur dotation qui n'ont pas donné lieu à
dépenses pendant trois années consécutives peuvent être soldés au terme de la troisième année et leur solde pris
en recette au budget général.

Sauf dérogations prévues par une loi de finances, il est interdit d'imputer directement à un compte spécial
du Trésor les dépenses résultant du payement des traitements ou indemnités à des agents de l'Etat, des collectivités
locales, des établissements publics et des entreprises publiques.
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En plus, les comptes spéciaux du Trésor sont crées par la loi de finances et par décret en cas d’urgence (Art
26 L.O) Aussi ils sont prévus, autorisés et exécutés dans les mêmes conditions que les opérations du budget
général (Art 20 L.O) donc au point de vue de forme, il y a relation mutuelle entre C.S.T et le budget Général.

Les comptes spéciaux du Trésor, ne remplissant plus l'objet pour lequel ils ont été créés sont supprimés.
Leur solde et, le cas échéant, leurs recettes ou leurs dépenses, afférentes aux opérations antérieures à leur
suppression, sont pris en recettes ou en charges au budget général.

La loi organique sur les Lois de Finances prévoit la classification de ces comptes en cinq catégories, à savoir
les comptes d'affectation spéciale (CAS), les comptes de dépenses sur dotations (CDD), les comptes de prêts et
d'avances (CPA), les comptes d'adhésion aux organismes internationaux (CAOI) et les comptes d'opérations
monétaires (COM).

1) Les comptes d’affectation spéciale (CAS) : qui retracent les recettes affectées au financement d’une
catégorie déterminé de dépenses et l’emploi donné des recettes. Les comptes d’affectation spéciale (CAS)
constituent la principale composante des CST eu égard à l’importance de leur contribution dans l’exécution des
orientations du gouvernement visant à assurer une meilleure allocation des ressources propres et budgétaires et à
la rationalisation des dépenses programmées dans ce cadre.

L’analyse de la ventilation, en 2011, du nombre des CST, par catégories de comptes, montre une prépondérance
des comptes d’affectation spéciale qui représentent 70% du total contre près de 35% en 2002.

Les programmes opérationnels d’investissement financés dans le cadre des comptes d’affectation spéciale
(CAS) portent essentiellement sur la mise à niveau de l’espace territorial,( Part des Collectivités Locales dans le
Produit de la Taxe sur la Valeur Ajoutée, Fonds Spécial Relatif au Produit des Parts d’Impôts Affectées aux Régions )
le renforcement de l’habitat social, développement social et humain(Fonds de Soutien à l’Initiative Nationale pour
le Développement Humain, Fonds de Soutien des Prix de certains Produits Alimentaires-Caisse de compensation-,-
Financement des Dépenses d’Equipement et de la Lutte Contre le Chômage -Promotion Nationale-, Fonds d’entraide
familiale,) l’extension du réseau routier national, le soutien d’actions relevant des secteurs de l’agriculture, de la
pêche maritime et des eaux et forêts, l’expansion de l’audiovisuel, la diversification des édifices culturels,
sportifs(le fonds spécial des prélèvements sur le pari mutuel) et éducatifs, l’aide aux jeunes promoteurs et
l’encouragement à la création et à la mise à niveau des PME.

Les ressources desdits comptes sont composées essentiellement :

• Des recettes fiscales, des taxes spéciales ou des redevances affectées aux dits comptes. Il s’agit notamment
de :

• La part du produit de la Taxe sur la Valeur Ajoutée affectée aux Collectivités Locales ;
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• La taxe à l’essieu et la part du produit des taxes intérieures de consommation sur les produits pétroliers et de
la taxe additionnelle d’immatriculation affectées au Fonds spécial routier ;
• La taxe sur le ciment allouée au Fonds Solidarité Habitat ;
• La moitié du produit de la taxe sur les assurances accordée au Fonds de solidarité des assurances ;
• Une partie du produit de la taxe judiciaire affectée au Fonds spécial pour le soutien des juridictions et des
établissements pénitentiaires ;
• Les prélèvements à l’importation au titre des équivalents tarifaires institués sur le sucre et le blé tendre affectés
au Fonds de soutien des prix de certains produits alimentaires ;
• Les redevances versées par la Marocaine des Jeux et des Sports et la Loterie Nationale, ainsi que les recettes
perçues au titre des prestations publicitaires à l’intérieur des infrastructures relevant du Ministère de la
Jeunesse et des Sports, allouées au Fonds National du développement du sport.
• Des produits de ventes, de services rendus ou d’amendes, dont notamment le produit de vente des terrains du
domaine privé de l’Etat affecté au Fonds de remploi domanial ;
• D’une partie du produit des amendes transactionnelles versées au Fonds de soutien à la gendarmerie Royale
et au Fonds de soutien à la sûreté nationale ;
• Des emprunts émis par l'Etat et affectés au financement de programmes socio-économiques ;
• Des versements du budget général ;
• Des recettes prévues par les conventions conclues entre l’Etat et les opérateurs publics ou privés destinées au
financement des actions et programmes de développement énergétique ;
• D’autres recettes telles que, les transferts provenant du Fonds Hassan II pour le développement
économique et social, les versements des collectivités locales, les fonds versés dans le cadre de la coopération
internationale, ainsi que les contributions sous forme de dons et legs.

2) Les comptes de dépenses sur dotation (CDD) : Ils retracent les opérations relatives à une catégorie spéciale
de dépenses dont le financement est assuré par des dotations budgétaires. Les dépenses programmées dans le
cadre desdits comptes sont réalisées dans la limite des ressources e f f e c t i v e m e n t r e c o u v r é e s . L’excédent
d e r e s s o u r c e s d e c h a q u e année budgétaire réalisé dans le cadre d’un compte de dépenses sur dotation est
reporté sur l'année suivante.

Les principaux comptes de dépenses sur dotations sont : le fonds de développement régional, le fonds de
développement des collectivités locales et leur groupements, …Etc.

3) Les comptes adhésion aux organismes internationaux (CAOI) : Ces comptes décrivent les versements et
les remboursements au titre de la participation du Maroc aux organismes internationaux. Ils retracent au
débit, le montant des souscriptions initiale et additionnelle et, au crédit, les dotations budgétaires destinées à
l’apurement des souscriptions.

A partir de l’année 2005, lesdits comptes ont été groupés en trois comptes suivants :
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- Compte d’adhésion aux institutions de Bretton Woods

- Compte d’Adhésion aux Organismes Arabes et Islamiques

-Compte d’adhésion aux institutions multilatérales

Les revenus éventuellement produits par les sommes inscrites aux comptes d'adhésion aux organismes
internationaux sont pris en recette au budget général au titre du produit des participations financières.

4) Les comptes d’opérations monétaires (COM). Ils décrivent les mouvements de fonds d'origine monétaire
qui sont de différentes natures. Au n i v e a u d e cette catégorie de CST, deux types d’opérations sont
prises en compte :

-Les différences de change sur vente et achat de devises ;

-Les opérations relatives aux contrats d’échange, de taux d’intérêt des emprunts extérieurs et aux contrats
d’échange de devises des emprunts extérieurs.

5)Les comptes de prêts et d’avance (CPA), Les comptes de prêts décrivent les versements, sous forme de
crédits octroyés sur une durée supérieure à 2 ans, par l’Etat pour des raisons d’intérêt public ou de prêts
extérieurs rétrocédés à des tiers pour contribuer au financement des projets de développement des entreprises et
établissements publics.

Quant aux comptes d’avances, ils décrivent, les versements, sous forme d’avances remboursables sur une
durée égale ou inférieure à 2 ans, faites par l’Etat sur les ressources du Trésor et accordées pour résorber les
difficultés de trésorerie des organismes relevant de la tutelle de l’Etat (collectivités locales et certains offices ou
entreprises nationales.

L’attribution de prêts et avances fait l’objet d’un contrat entre le Ministère chargé des Finances et le
bénéficiaire. Ce contrat, précise, notamment, le montant du prêt ou de l’avance, le taux d’intérêt et les modalités
de remboursement.

S/S2 : Les Services d’Etat gérés d’une manière autonomes-SEGMA-


Selon l'article 16 bis de la loi organique n° 14-00 modifiant et complétant la loi organique n° 7-98 relative à la loi
de finances, "les SEGMA sont des services de l'Etat non dotés de la personnalité morale, dont certaines dépenses,
non imputées sur les crédits du budget général, sont couvertes par des ressources propres. L'activité de ces services
doit tendre essentiellement à produire des biens ou à rendre des services donnant lieu à rémunération.

Les ressources propres doivent représenter, à compter de la 3cmc année budgétaire suivant la création
desdits services, au moins trente pour cent (30%) de l'ensemble de leurs ressources autorisées au titre de la loi de
finances de ladite année, et ce pour les services de l'Etat gérés de manière autonome créés à partir du 1er janvier
2016. Les services de J'Etat gérés de manière autonome qui ne répondent pas à cette condition sont supprimés par
la loi de finances suivante.
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Les opérations des budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome sont prévues, autorisées et
exécutées dans les mêmes conditions que les opérations du budget général sous réserve des dispositions qui
suivent.

Le budget de chaque service de l'Etat géré de manière autonome comprend une partie relative aux recettes et
aux dépenses d'exploitation et, le cas échéant, une deuxième partie concernant les dépenses d'investissement et
les ressources affectées à ces dépenses.

Les autorisations d'engagement par anticipation ne peuvent être accordées aux services de l'Etat gérés de
manière autonome.

L'insuffisance des recettes d'exploitation est compensée par le versement d'une subvention d'équilibre prévue au
titre 1du budget général.

L'excédent éventuel des recettes d'exploitation sur les dépenses est affecté au financement des dépenses
d'investissement, le cas échéant.

L’insuffisance des recettes propres affectées aux dépenses d'investissement est compensée par une subvention
d'équilibre prévue au titre II du budget général.

L'excédent des recettes réalisées sur les paiements effectués est reporté d'année en année.

Le solde du budget des services de l'Etat gérés de manière autonome supprimés par une loi de finances est
pris en recette au budget général.

Les services de l'Etat gérés de manière autonome peuvent être dotés de crédits d'engagement correspondant à leurs
programmes d'investissement pluriannuels.

Les engagements n'ayant pas donné lieu à ordonnancement au titre d'une an née budgétaire sont imputés en
priorité sur les crédits ouverts au titre du budget de l'année suivante.

Il ressort de ces dispositions, que les SEGMA présentent deux caractéristiques : La première concerne l'octroi
de l’autonomie de gestion financière à ces services et la seconde est relative au recouvrement d'une partie des
couts des prestations rendues par ces services.

De même que les SEGMA constituent un outil privilégié pour contribuer à la mise en œuvre des stratégies
sectorielles dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'agriculture, du tourisme, de l'artisanat, de l'énergie
et des mines.

Le nombre total des SEGMA est passé de 177 en 2008 à 190 au titre de l'année budgétaire 2009. Ainsi, la
répartition du nombre des SEGMA par secteur se présente comme suit :

• 145 services soit 76% du nombre total des SEGMA opérant dans le secteur social ;
• 26 services, soit 14% du nombre total des SEGMA opèrent dans la promotion des activités économiques ;
• 14 services, soit 7% du nombre total des SEGMA relèvent du secteur de l’infrastructure ;
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• 5 services, soit 3% du nombre total des SEGMA opèrent notamment dans le secteur de la documentation et
de la recherche.

-Royale Golf Dar Essalam

-Les 20 cités universitaires érigées chacune en SEGMA (enseignement supérieur)

-La division de l’alimentation scolaire (éducation nationale)

-56centre hospitaliers et autres.

-5complexes sportives.

-L’ENA, l’INSEA, l’ESI, l’INUA et autres instituts de formation.

En outre, les SEGMA ont d'importantes données budgétaires. En effet, au cours de la période 2006-2008, les
ressources propres des SEGMA ont évolué de 1.041,87 millions de dirhams (MDH) en 2006, 1.468,62 MDH en
2007 à 1.590,36 MDH en 2008.

En revanche, les dépenses d'exploitation et d'investissement réalisées par l'ensemble des SEGMA se sont élevées
en 2008 à 1.821,08 MDH, soit un taux de réalisation de 56%.

S/S3 : Les budgets autonomes : la principale exception à l’unité budgétaire.

Ce sont des budgets propres aux services à gestion administrative, commerciale et industrielle. Ils ne figurent
pas dans la loi de finances. La décision à leurs égards n’est pas prise ni par le gouvernement ni par le parlement
et ne sont pas publiés par le bulletin officiel. Ils sont discutés et votés par le conseil d’administration du service
concerné en dehors du contrôle parlementaire.

Il existe trois grandes catégories de personnes publiques qui bénéficient d’un budget autonome :
• Les collectivités locales.
• Les établissements publics à caractère industriel et commercial.
• Les établissements publics administratif
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Section 2 : Le principe de l’annualité

L’origine de ce principe est d’abord politique. Il tire ses origines du consentement de l’impôt en1215. Lorsque les
premiers impôts révolutionnaires ont été créés en 1628, il a été décidé qu’ils seraient levés pour une année. Cela
concernait par conséquent les ressources, et il a été ensuite été étendu aux dépenses.
Ce principe consiste en effet à fixer en une année la durée de l’exercice budgétaire, c’est à dire, l’obligation faite
au gouvernement d’obtenir chaque année pour la durée d’un an appelée « exercice » l’autorisation d’exécuter les
dépenses et de percevoir les recettes.
Le cadre annuel s’est avéré très pratique à cet égard. D’abord, parce qu’il correspond au rythme essentiel de la
vie sociale ; à la division fondamentale du temps adoptée par les hommes ; ensuite, parce qu’il coïncide précisément
avec la période financière retenue par les entreprises privées. Enfin, l’année est une période suffisamment brève pour
que les prévisions aient une certaine valeur et suffisamment longue pour introduire une relative continuité dans la vie
financière.
L’annualité budgétaire a un double aspect :
1) D’abord elle signifie que le budget doit être décidé par un vote annuel au parlement. Dans la plupart des Etats, et
notamment en France, l’année budgétaire coïncide avec l’année civile, et va du janvier au 31 décembre. Dans les autres
pays, cette coïncidence n’existe pas, par exemple, la Grande-Bretagne, le Japon, l’Australie et le Canada font débuter
l’exercice budgétaire le 1er avril, et les États-Unis, le 1er octobre.
Au Maroc, l’année budgétaire correspond à l’année civile c’est-à-dire qu’elle commence le 1er Janvier et se
termine le 31 Décembre (art 3, de L.O).
2) L’annualité signifie ensuite que le gouvernement doit s’en tenir à une exécution annuelle du budget : c’est-à-dire
rapporter au budget de l’année toutes les dépenses et les recettes effectuées durant cet exercice.
A cet égard, un problème se pose, quand une recette ou une dépense enjambe en quelque sorte le cadre annuel,
prenons par exemple le cas d’un marché de travaux publics qui sont engagés en 2015, mais payés seulement en 2016 ;
doivent-ils être imputés sur le budget de 2015 ou sur celui de 2016 ? Deux procédés s’opposent à cet égard, celui de
l’exercice et celui de la gestion.
 Le procédé de l’exercice : ce système consiste à rattacher à l’année budgétaire concernée toutes les dépenses et toutes
les recettes qui tirent leur origine d’un acte accompli pendant cette année, quel que soit le moment du paiement effectif
(dans l’exemple précité, la dépense est imputée sur le budget de 2015) ; on a ainsi une vue d’ensemble, quelle que soit
leur échéance.
 Le procédé de la gestion ou système des comptes de caisse : ce système consiste à rattacher toutes les opérations
de dépenses et de recettes effectuées à l’année où elles sont effectivement soldées. Ce procédé permet de rattacher les
opérations d’exécution à une loi de finances autre que celle qui les a autorisées.
D’après l’article 32 de la loi organique 130-12 du 2juin2015 le Maroc a adopté le procédé de la gestion pour les recettes
comme pour les dépenses : « les recettes sont prises en comptes au titre de l’année budgétaire au cours de laquelle
elles sont encaissées par un comptable public. ... »
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« Les dépenses sont prises en comptes au titre de l’année budgétaire au cours de laquelle les ordonnances ou mandats
sont visés par les comptables assignataires ; elles doivent être payées sur les crédits de ladite année, quelle que soit
la date de la créance ».
Cependant, l’application du principe d’annualité est tempérée par certains assouplissements ou exceptions, dans la
mesure ou l’activité économique ou certains mécanismes de gestion s’exécutent au delà d’un an ou en deçà d’un exercice
budgétaire.
S/S1 : Les exceptions dépassant l’exercice budgétaire.
Dans notre droit budgétaire, la pluriannualité est généralement présentée de la manière suivante : l’annualité est la
règle, la pluriannualité est l’exception. A y regarder de plus près, on s’aperçoit que des dépenses pluriannuelles existent
déjà sans qu’elles soient qualifiées comme telles.
- La création d’emplois nouveaux dans la fonction publique. En effet, lorsque l’Etat crée un emploi dans la fonction
publique, et qu’il recrute un fonctionnaire, il prend de fait un engagement pluriannuel car il s’engage à payer le traitement
de ce fonctionnaire puis sa retraite et cela sur une longue durée.
On a admis donc, la pluriannualité budgétaire, en raison notamment ; d’une part, par l’existence d’un
enchainement des opérations budgétaires d’un exercice à l’autre(A) et d’autre part, par l’introduction de certaines
dispositions juridiques pluriannuelles(B).
A) L’enchainement entre opérations budgétaires
L’enchainement entre opérations budgétaires se traduit par l’articulation entre la planification économique des
investissements et le budget (1) et la liaison entre les budgets successifs (2).
➢ L’articulation entre la planification économique des investissements et le budget :
Le problème des crédits pluriannuels c’est à dire dépassant le cadre annuel s’est posé pour des raisons multiples
: économique, technique, budgétaire et politique. Le problème qui s’est posé, par rapport au principe d’annualité, est
que l’Etat est de plus en plus intervenu en réalisant des équipements de plus en plus importants (économique). Or, la
réalisation de ces équipements(technique) nécessitait parfois plusieurs années. En vertu du principe d’annualité, le
budget n’autorise à dépenser que sur une année(budgétaire), ce qui voulait dire que pour réaliser de gros équipements
il fallait voter chaque année pour la tranche à réaliser l’année suivante(budgétaire). On ne pouvait pas adopter
l’ensemble de l’opération. Ainsi, si une nouvelle majorité hostile(politique) à la poursuite des travaux entrait en
fonction, elle pouvait faire cesser ces opérations car l’Etat n’était juridiquement engagé que pour une année.
Dans les économies actuelles, la planification économique des investissements s’étend normalement sur sept, cinq
ou quatre ans, exceptionnellement sur trois; Or, depuis l’indépendance, le Maroc, a adopté la planification économique
pour son développement, soit sous forme d’un plan économique de cinq ans(5ans )ou sous forme d’une stratégie
sectorielle( Plan Maroc Vert, Vision2020,Plan d’accélération industrielle ,Halieutis, Stratégie énergitique2030,Plan
Rawaj…).L’article 17 de la LOF, dispose dans ce sens : « Les dépenses d'investissement sont destinées
principalement à la réalisation des plans de développement stratégiques et des programmes pluriannuels en vue
de la préservation, la reconstitution ou l'accroissement du patrimoine national… ».
Une fois votés, l’exécution graduelle de ces plans économiques se concrétise uniquement dans et par, le budget
d’Etat ; d’où la nécessité d’adapter la période budgétaire aux contraintes de la planification économique. Par conséquent,
il a fallu mettre en place un dispositif permettant de poursuivre les investissements sur plusieurs années et d’engager
18

l’Etat sur la même période par le budget, sans que ces plans d’investissement ne soient l’objet d’une autorisation chaque
année. Ce dispositif s’appelle les autorisations d’engagement.
Ce qu’il faut savoir, que ce dispositif , c’est à dire l’articulation entre la planification économique des
investissements et le budget est une donnée d’ordre institutionnel dictée par la Constitution 2011(art75),qui
dispose : « Le Parlement vote une seule fois les dépenses d’investissement nécessaires ,dans le domaine de
développement, à la réalisation des plans de développement stratégiques ou des programmes pluriannuels, établis
par le gouvernement qui informe le parlement .Les dépenses ainsi approuvées sont reconduites automatiquement
pendant la durée de ces plans et programmes… » .
➢ La liaison entre les budgets successifs
Il est pratiquement inconcevable d’envisager l’arrêt absolu de la vie financière de l’Etat par un strict respect du principe
d’annualité budgétaire, sans tenir compte des différentes lois de finances qui s’inscrivent en soi dans une logique de
continuité. Le futur budget devra être le prolongement du budget actuel est ce dernier est naturellement lié au budget
précédent.
L’une des premières nouveautés de la loi organique n°130-13, dans ce sens concerne l’élaboration de la loi de Finances
selon une approche triennale (sur trois années) actualisée annuellement, d’améliorer la cohérence entre les stratégies
sectorielles tout en préservant l’équilibre financier de l’Etat. Ainsi, la LOF dispose d’après l’article 5 que la loi de
finances de l'année est élaborée par référence à une programmation budgétaire triennale actualisée chaque année en vue
de l'adapter à l'évolution de la conjoncture financière, économique et sociale du pays.
Cette programmation vise notamment à définir, en fonction d'hypothèses économiques et financières réalistes et
justifiées, l'évolution sur trois ans de l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat.
B) L’existence de dispositifs juridiques de pluri annualité
La pluri annualité n’est pas une notion inédite dans notre système budgétaire elle y est présente depuis longtemps,
à travers les multiples lois organiques des finances publiques dont la dernière en date qui adopté les mêmes dispositifs
juridiques, tout en renouvelant certaines notions. C’ est ainsi, d’après l’article7 : « Les dispositions des traités de
commerce, des conventions ou des accords, engageant les finances de l'Etat, et celles relatives aux garanties
accordées par l'Etat, à la gestion de la dette publique ainsi que de la dette viagère, aux autorisations d'engagement
par anticipation pour lesquelles les crédits doivent être ouverts au titre de l'année budgétaire suivante, aux crédits
d'engagement et aux programmes pluriannuels, peuvent engager l'équilibre financier des années budgétaires
ultérieures. »
1)Les dispositions relatives aux traités de commerce, aux et aux accords conventions : qui peuvent engager
l’équilibre financier des années ultérieures. Exemple : dans le cadre d’un accord de coopération internationale, le
parlement peut être amené à approuver la convention. Celle ci engage les deniers publics pour plusieurs années
(cotisations d’adhésion…) et le gouvernement n’est pas tenu de faire ratifier cet engagement à chaque exercice, durant
la période couverte par cette convention.
2)Les garanties accordées par l’Etat : C’est un engagement de l’Etat par lequel celui-ci accorde sa caution à un
organisme dont il veut faciliter les opérations d’emprunts, en garantissant au préteur le remboursement en cas de
défaillance du débiteur. Dans ce cadre, l’Etat supporte un risque de défaut de l’emprunteur qui aurait donc un impact
potentiel sur les finances publiques.
19

3)Les dispositions relatives à la gestion de la dette publiques ainsi que la dette viagère : Le remboursement de la
dette engage le législateur et les deniers publics sur plusieurs années.
4)Les autorisations d’engagement par anticipation : Pour faciliter la transition entre exercice, une dérogation à
l'indépendance des exercices est prévue : des engagements par anticipation sont possibles (article 16 LOLF) pour les
seules dépenses d’investissements autorisées par une disposition de loi de Finances. Autrement dit , les crédits ouverts
au titre des dépenses de fonctionnement du budget général sont annuels et ne peuvent faire l'objet d'autorisations
d'engagement par anticipation.

La loi de finances donne une liste spéciale de « crédits d’engagement » qui sont accordés par anticipation sur les
crédits de l’année suivante. Ainsi on peut, dans l’année 2016, engager sur ces crédits, une dépense d’investissement qui
ne sera payée qu’en 2017.
En ce qui concerne les comptes spéciaux du trésor, des autorisations d'engagement par anticipation peuvent être
accordées au profit des comptes d'affectation spéciale et aux comptes de dépenses sur dotation, par la loi de finances de
l'année, dans la limite d'un montant maximum qu'elle prévoit. Par contre, les autorisations d’engagement par anticipation
ne peuvent être accordées aux services de l'Etat gérés de manière autonome.
5)Le report de crédits : ce mécanisme consiste à la reconduction des soldes budgétaire au delà de l’exercice concernée.
Le but de ce report et d’éviter le gaspillage des crédits par les administrations à la fin de chaque exercice dans la
crainte qu’ils soient annulés. Cependant, et par principe, les crédits ouverts au budget général au titre d'une année
budgétaire donnée ne peuvent être reportés sur l'année suivante.
Toutefois, certaines dépenses peuvent justifier une non-consommation des crédits qui n’est que provisoire et qui
ne signifie nullement que les crédits y afférents avaient été surévalués ou sont devenus inutiles. Dans ces hypothèses, la
dépense est seulement différée et il faudra bien la réaliser par un procédé spécial. Ce procédé, c’est le report de crédits,
c’est ce qui ressort de l’article 63deLOFn°130-13 : « …les crédits de paiement ouverts au titre des dépenses
d'investissement du budget général et les reliquats d'engagement, visés et non ordonnancés, sont reportés, sauf
dispositions contraires prévues par la loi de finances, dans la limite d'un plafond de trente pour cent (30%) des
crédits de paiement ouverts au titre du budget d'investissement pour chaque département ministériel ou
institution au titre de l'année budgétaire.
Le plafond précité peut être revu à la baisse en vertu d'u ne loi de finances.
Les crédits reportés s'ajoutent aux crédits de paiement ouverts par la loi de finances de l'année. »
Ce report de crédit concerne uniquement les autorisations d’engagement par anticipation c’est-à-dire les crédits de
paiement disponibles au titre des dépenses d’investissement, visés et non ordonnancés en revanche les dépenses de
fonctionnement sont annuelles et tombent en annulation lorsqu’elles ne sont pas consommées en fin d’exercice.
Aussi le report de crédit concerne le solde de chaque compte spécial du Trésor.

6) Les dispositions relatives aux autorisations de programme : En principe, le budget ne devrait contenir que des
autorisations valables pour un an. En réalité, à côté de prévisions annuelles, la loi de finances fait place à des prévisions
à plus long terme. Celles-ci peuvent correspondre soit à un plan particulier d’investissement (programme de grands
travaux, par exemple) soit à l’application d’un plan économique général (Plan quinquennal). Ainsi l’art 24 (L.O.)
20

dispose : « les plans approuvés par le Parlement ne peuvent donner lieu à des engagements de l’Etat que dans les
limites fixées par la loi de finances de l’année ». Elle constitue un mode d’échelonnement de la dépense
publique, dans le but de financer des opérations d’investissement lourd.
Au Maroc on dépasse le cadre annuel du budget par la technique des « autorisations de programme » celles-ci
figurent dans les lois de finances.
Les autorisations de programmes constituent la forme sous laquelle s’effectuent les investissements de l’Etat ; il
n’existe pas d’autorisation de programme pour les dépenses de fonctionnement. L’autorisation de programme est
accordée en une seule fois pour la durée totale de l’opération et détermine le coût global et maximum des projets des
investissements retenus. Elles sont valables sans limitation de durée, jusqu’à ce que le Parlement les annule.
Elle constitue un mode d’échelonnement de la dépense publique, dans le but de financer des opérations
d’investissement lourd. L’AP est une « enveloppe » globale autorisée par la loi de finances. Limite supérieure des
crédits pouvant être engagés par un ministre, elle nécessite d’être traduite dans les faits par le déblocage d’un crédit
de paiement destiné à la couvrir partiellement chaque année. Ainsi, l’AP assure une prévision pluriannuelle et le CP
une exécution annuelle, dûment autorisée par la loi de finances,
Elles peuvent être révisées pour tenir compte des modifications techniques ou des variations de prix. Mais
l’autorisation de programme ne permet que l’engagement de la dépense non son ordonnancement, ni son paiement. Il
faut donc obtenir chaque année les crédits de paiement correspondants et les inscrire dans chaque loi de finances durant
toute la période d’exécution ; si ces crédits de paiement ne sont pas inscrits l’autorisation de programme reste inutilisée.

S/S2 : Les exceptions en deçà de l’exercice budgétaire.

Deux cas peuvent présenter une exception au principe de l’annualité budgétaire, mais cette fois ci pour une période
moins courte qu’un an
1) l’ouverture des crédits par décret : Si au 31 Décembre, la loi de finances de l’année n’est pas votée ou n’est pas
promulguée en raison de sa soumission à la cour constitutionnel ; le gouvernement ouvre, par décret, les crédits
nécessaires à la marche des services publics et à l’exercice de leur mission, en fonction des propositions budgétaires
soumises à approbation.
2) La loi de finances rectificative : seules les lois de finances rectificatives peuvent en cours d’année modifier les
dispositions de la loi de finances de l’année à cause des contraintes économiques et financières conjoncturelles
imprévues lors de la préparation de la loi de finances de l’année. (Art4)

Section 3 : Le principe de l’universalité (art 8-LOF)

S/S1 : Signification.

Ce principe consiste à ce que toutes les dépenses et toutes les recettes figurent dans le même document, sans liaison
directe entre une catégorie de recette et une catégorie de dépense. Il revient donc à distinguer deux blocs au sein du
budget. Les dépenses d’un côté et les recettes de l’autre. La règle de l’universalité permet donc de connaître et de
contrôler le montant exact des dépenses publiques. Il devient ainsi impossible au gouvernement de compenser recettes
21

et dépenses, soit d’affecter une recette à une dépense. L’article 09 de la loi organique reprend ce mécanisme financier :
Il est fait recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses, l'ensemble
des recettes assurant l'exécution de l'ensemble des dépenses. Toutes les recettes et toutes les dépenses sont
imputées au budget général

Il est certain que dans la mesure ou le parlement ne serait amené à se prononcer que sur des soldes, le contrôle des
deniers publics serait d’une portée réduite, et l’autorisation donnée, perdrait une partie de son efficacité.
Ainsi la règle de l’universalité comporte deux aspects :
A- La règle du produit brut ou la règle de non-compensation, qui consiste à présenter d’une part l’intégralité des
dépenses et de l’autre l’intégralité des recettes. Il en découle, l’obligation pour tous les ministères d’inscrire dans le
document budgétaire, les dépenses et les recettes de leurs départements pour leur montant brut.

Ainsi, il n’est pas possible de soustraire certaines dépenses de certaines recettes (par exemple, déduire les frais de
recouvrement prélevés par l’État du montant des impositions), et de soustraire des recettes de certaines dépenses pour
ne présenter que le solde des opérations ainsi "compensées. La compensation des ressources et des dépenses permettrait
en effet de dissimuler certaines charges, ce qui nuirait à la lisibilité et à la sincérité du budget.

B- La règle de la non-affectation des recettes, règle qui signifie que telle recette déterminée ne peut être utilisée pour
le financement de telle dépense.

La règle de non-affectation, qui interdit l’affectation d’une recette à une dépense déterminée. Elle implique de
verser toutes les recettes dans une caisse unique où l’origine des fonds est indéterminée (Trésor). Elle permet à l’autorité
budgétaire de conserver son pouvoir de décision et de gérer les fonds publics en respectant les notions de solidarité et
d’unité nationales.

La règle de la non affectation d’une recette à une dépense, constitue d’abord une garantie de la solidarité nationale,
une affectation des recettes aux dépenses publiques pourrait conduire les contribuables, à demander à ce que le produit
de leur contribution soit affecté à leur usage exclusif Encore dans l’hypothèse de soldes positifs, l’affectation des recettes
aux dépenses risque de conduire à l’exagération de certaines dépenses; l’affectation d’une recette à une dépense peut
devenir rapidement une source de gaspillage.

S/S2 : Les assouplissements du principe de l’universalité

Malgré les avantages de ce principe en matière de gestion budgétaire, nombreux sont les exceptions adoptées au
sein de la loi de finances et qui répondent à des nécessités pratiques.

Ainsi lorsque le gouvernement veut assurer la réussite d’un emprunt, il affecte à son remboursement une recette
déterminée capable de rassurer les éventuels souscripteurs.

De même la création d’un nouvel impôt sera psychologiquement mieux supportée si son produit est affecté à une dépense
considérée par l’opinion publique comme prioritaire.
22

Parallèlement, certaines recettes peuvent être affectées à certaines dépenses. Ces affectations prennent la forme de
comptes spéciaux du Trésor. (Compte d’affectation spéciale) ou de procédures comptables particulières (Fonds du
concours) (art 22 L.O).

Section 4 : Le principe de la spécialité

Les crédits autorisés par la loi de finances ne peuvent être utilisés par le gouvernement pour n’importe quel objectif
; cette règle veut que les crédits ouverts par la loi de finances soient affectés à une dépense déterminée.
Afin d’appliquer cette règle, le parlement doit examiner les dépenses publiques non pas par grandes masses mais
de façon détaillée.
Donc la règle de la spécialité concerne non seulement la présentation, le vote mais aussi, et surtout l’exécution des
dépenses publiques, ce qui implique la nécessité d’une nomenclature budgétaire appropriée. Les crédits sont ainsi
ouverts de manière détaillée, spécialisée dans le cadre d’une nouvelle nomenclature structurée de la manière suivante :
Titre-Chapitre-programme- région-projets ou actions et lignes budgétaires. Avant cette réforme, la présentation
du budget de l’Etat était très compliquée, les crédits qui y figuraient étaient dispersés au sein des ministères sous la
forme de 850 comptes que l’on appelait des chapitres. A partir de 2018 (LOLF), les crédits seront répartis à travers un
nombre d’objectifs limités que l’on appelle des programmes et des actions.
A– Les programmes
Un programme est un ensemble cohérent de projets ou actions relevant d'un même département ministériel ou
d'une même institution et auquel sont associés des objectifs définis en fonction des finalités d'intérêt général ainsi que
des indicateurs chiffrés permettant de mesurer les résultats escomptés et faisant l'objet d'une évaluation qui vise à
s'assurer des conditions d'efficacité, d'efficience et de qualité liées aux réalisations Le programme constitue la clé de la
réforme budgétaire car il pose en principe une budgétisation des crédits par objectifs. Cela signifie que les décideurs
publics qu’ils soient gestionnaires ou qu’ils appartiennent à la classe politique, sont conduits à raisonner en termes
d’objectifs et pas seulement comme autrefois seulement en termes de moyens.
Par exemple, lors de la discussion budgétaire les parlementaires sont obligés de raisonner en termes d’objectifs,
de fixer des objectifs, c'est-à-dire de raisonner à travers une culture de la stratégie. A l’ancien budget de moyens succède
ce que l’on appelle un budget de résultats.
Ces programmes sont ensuite divisés en sous-objectifs appelés les actions ou projets, également susceptibles
d’être divisées en sous-actions, appelées lignes budgétaires.
B- Les actions ou projets
Un projet ou une action est un ensemble délimité d'activités et d'opérations entreprises dans le but de répondre à
un ensemble de besoins définis.
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Les crédits afférents à un projet ou à une action d'un même programme sont répartis, selon le cas, à l’intérieur :
- des chapitres relatifs au budget du département ministériel ou institution concerné ;
- des chapitres relatifs aux services de l'Etat gérés de manière autonome rattachés au département ministériel ou
institution concerné ;
- des comptes d'affectation spéciale rattachés
Comme les autres principes, la portée de la règle de la spécialité a connu des limites à travers la multiplication des
exceptions que la gestion budgétaire a imposée.

S/S1 : Les virements des crédits

Cette pratique consiste à modifier la nature initiale de la dépense prévue par la loi de finances de l’année, c’est-à-dire
de modifier la répartition initiale.une somme peut Etre prélevée d’une rubrique pou être transportée à une autre à
l’intérieur d’un chapitre. Le virement peut s’analyser comptablement comme une baisse des crédits disponibles pour la
rubrique débitée et une hausse de même montant pou la rubrique de destination.
D’après l’article 45 de la LOF n°130-13, les virements de crédits entre chapitres sont interdits.

Cependant, sous- conditions, des virements de crédits peuvent être effectués à l'intérieur d'un programme et
entre les programmes d'un même chapitre.

Le ministre chargé des finances peut, à la demande des ordonnateurs intéressés, autoriser par décision des
virements de crédits entre programmes d’un même chapitre. Le montant cumulé, au cours d’une même année, des crédits
ayant fait l’objet de virement, ne peut excéder, pour chacun des programmes concernés, le plafond de dix pour cent
(10%) des dotations initiales ouvertes par la loi de finances en ce qui concerne le chapitre de matériel et dépenses
diverses et le chapitre d’investissement du budget général.

Ce plafond ne s’applique pas aux virements entre programmes du chapitre du personnel.

Le plafond, visé au premier alinéa ci-dessus, s’applique également aux virements entre chacun des programmes des
chapitres relatifs aux dépenses d’exploitation et aux dépenses d’investissement des services de l’Etat gérés de
manière autonome et entre chacun des programmes des comptes d’affectation spéciale.

Le ministre chargé des finances peut, sur proposition des ordonnateurs intéressés, autoriser ces derniers ou leurs sous
ordonnateurs à procéder, par décision, à des virements de crédits entre régions à l’intérieur d’un même programme.

Les dotations des projets ou actions d’un même programme et d’une même région ainsi que celles des lignes d’un même
projet ou action peuvent être modifiées par décision de l’ordonnateur intéressé ou de son sous-ordonnateur.

S/S2 : Les dépenses imprévues et les dépenses urgentes d’intérêt national

En cas de nécessité impérieuse et imprévue d'intérêt national (Art 60LOF), des crédits supplémentaires peuvent
être ouverts par décret en cours d'année conformément de la Constitution (Art70). Les commissions parlementaires
chargées des finances en sont préalablement informées.
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Le non-détermination par le législateur de ces cas d’urgence d’intérêt national donne la possibilité au
gouvernement de dépasser les buts assignés à la loi de finances, en finançant des projets ou des activités non approuvées
par la loi des finances.

Section4 : Le principe de sincérité

La loi organique relative aux lois de finances du 2juin2015 consacre un nouveau principe budgétaire. En effet,
selon l’article10 : « Les lois de finances présentent de façon sincère l'ensemble des ressources et des charges de l'État. La
sincérité des ressources et des charges s'apprécie compte tenu des informations disponibles au moment de leur établissement
et des prévisions qui peuvent en découler ... » Ce principe de sincérité budgétaire, inspiré du droit comptable privé,
implique l’exhaustivité, la cohérence et l’exactitude des informations financières fournies par l’État. Egalement Pour
renforcer la transparence budgétaire, le projet de réforme propose d'introduire de manière explicite le principe de
sincérité budgétaire en vue de conforter la pertinence des hypothèses qui président à la préparation de la loi de finances,
confirmer la qualité des prévisions de ressources et de charges compte tenu des informations disponibles au moment de
leur établissement, et confirmer l'engagement de procéder à la présentation de lois de finances rectificatives en cas de
modifications significatives des priorités et hypothèses de la loi de finances.

Toutefois, son application est limitée par la nature prévisionnelle de la loi de finance (le dernier alinéa de l’article 10
prévoit que : "leur sincérité s’apprécie compte tenu des informations disponibles et des prévisions qui peuvent
raisonnablement en découler.

D’un autre coté l’article 31 de la loi organique n°130 13, souligne que les comptes de l'État doivent être
réguliers, sincères et donner une image fidèle de son patrimoine et de sa situation financière. La Cour des comptes
certifie la régularité et la sincérité des comptes de l'Etat.
25

Chapitre III
La conception de la loi de finances et du budget
26

Longtemps confondue avec le budget dont elle était la forme juridique, la loi de finances est devenue un
instrument essentiel de la conduite de l’Etat.
A l’origine, le budget était la notion centrale des finances publiques en matière de planification financière. Cette notion
n’occupe aujourd’hui qu’une place discrète. Les données de l’équilibre financier incombent désormais à la loi de
finances.
Section 1: Le budget
Le vocable « Budget » est un mot anglais désignant « le sac du Trésorier » qui serait la déformation du vieux mot
français « bougette » signifiant « petit sac » la notion de budget s’est dégagée progressivement en Grande-Bretagne, aux
XVIIe et XVIIIe siècles : elle a été appliquée en France et sur le continent à partir du XIXe siècle.
Dans sa conception traditionnelle, le budget est limité aux seules recettes et dépenses de l’Etat ; c’est un document
purement financier.
Donc, du point de vue juridique, est budget public, le budget des organismes publics : Etat, collectivités locales,
services autonomes.
Cette conception traditionnelle a été exprimée par la formule célèbre du décret français de 31 Mai 1862 : « le budget
est l’acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses de l’Etat et des autres services que les
lois assujettissent aux mêmes règles ».
Cette même formule a été reprise par le dahir de 6 Août 1958 réglementant la comptabilité publique du Royaume
du Maroc.
Par contre, pour les finances modernes et grâce à l’intégration de l’activité financière de l’Etat clans les politiques
économique, le budget public doit être rapproché d’un document plus large, où se reflète toute l’activité économique du
pays. C’est dire que le document budgétaire doit faire apparaître non seulement les comptes de recettes et de dépenses
publiques, mais également les objectifs de nature économique qui sont poursuivis par le gouvernement.
Une nouvelle définition a été donc proposée par le décret-loi (Français) du 15juin 1956 qui s’est efforcé d’amorcer
une rénovation de la notion du budget : « le budget de l’Etat prévoit et autorise en la forme législative, les charges
et les ressources de l’Etat. Il est arrêté par le parlement dans les lois de finances qui traduit les objectifs
économiques et financiers du gouvernement ».
Cette définition dégage une notion nouvelle, celle de la loi de finances, le Maroc s’est inspiré de cet élargissement
dés 1962. Désormais la loi de finances va constituer le document fondamental de l’organisation financière et
économique de l’Etat, par contre le budget se contentera d’un rôle comptable et de constat ; ce rôle va être souligné par
la loi organique du 19 avril 2000relative à la loi de finances : « le budget général comporte deux parties : la première
partie concerne les ressources, la seconde est relative aux dépenses ».

Section 2 : La loi de finances

L’élargissement du rôle économique de l’Etat a imposé une restructuration de ses outils de planification, c’est
ainsi que le budget a été dépassé pour adopter la loi de finances comme outil de programmation financière publique plus
vaste.
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Autrefois, les expressions « budget » et « loi de finances » étaient synonymes : on les emploie encore l’une pour l’autre,
dans le langage courant ; en réalité les deux notions sont distinctes.
Cette différence réside d’abord dans l’objectif de la loi de finances, cet objectif a été souligné dés 1959 par
l’ordonnance française du 2 Janvier : « les lois de finances déterminent la nature, le montant et l’affectation des
ressources et des charges de l’Etat, compte tenu d’un équilibre économique et financier qu’elles définissent ».
Le changement de conception que reflète cette définition, réside dans la priorité de l’équilibre économique comme but
de toutes les lois de finances et non pas l’équilibre budgétaire.
Si le Maroc a adopté l’équilibre budgétaire dans le cadre de la loi organique du 18 septembre de 1972 comme
priorité, cela n’a pas empêche les gouvernements successifs à prendre en considération l’équilibre économique en
relation avec cet équilibre financier...
A partir de la réforme de la loi organique relative à la loi de finances, de26 novembre 1998 cet équilibre économique
a été souligné et reprit par l’article 1erde la nouvelle loi organique du 2 juin 2015 : « La loi de finances détermine,
pour chaque année budgétaire, la nature, le montant et l'affectation de l'ensemble des ressources et des charges
de l'Etat, ainsi que l'équilibre budgétaire et financier qui en résulte. Elle tient compte de la conjoncture
économique et sociale qui prévaut au moment de sa préparation, ainsi que des objectifs et des résultats des
programmes qu'elle détermine ».
Cette différence réside aussi au niveau du contenu, au terme de la loi organique relative à la loi de finances (art6)
: « la loi de finance, ne peut contenir que des dispositions concernant les ressources et les charges ou tendant à
améliorer les conditions de recouvrement des recettes ainsi que le contrôle de l’emploi des fonds publics ».
Autrement dit, la loi de finances comprend d’une part, les trois composants de budget de l’Etat à savoir : le
budget général c’est à dire le budget au sein strict du terme, les comptes spéciaux du Trésor (CST), les services de
l’Etat géré de manière autonome (SEGMA), les fonds publics et d’autre part des dispositions juridiques à caractère
permanent, notamment fiscales ou ayant une incidence financière, et enfin certaines dispositions relatives au contrôle
des fonds publics.
Ainsi si le budget général est la partie comptable de la loi de finances, c’est aussi la partie la plus importante de
cette loi qui doit fixer les objectifs économiques et financiers de l’Etat en déterminant les moyens de les atteindre.
L’aspect juridique de la loi de finances, est clairement définie par l’article 3 de la LOFP du2juin2015 : « La loi
de finances de l'année prévoit, évalue, énonce et autorise, pour chaque année budgétaire, l'ensemble des
ressources et des charges de l'Etat … »

S/S1 : Les Différentes formes de lois de finances

D’après la définition de la loi de finances avancée par l’article 1er de la loi organique, l’article 2, cite trois sortes
de lois de finances :
1-Loi de finances de l’année(art4) : par loi de finances de l’année on désigne la loi de finances débutant le premier
Janvier, et qui a pour finalité d’après l’article 3 de la LOFP « La loi de finances de l'année prévoit, évalue, énonce
et autorise, pour chaque année budgétaire, l'ensemble des ressources-et des charges de l'Etat, par référence à la
programmation budgétaire… »
28

2-Loi de finances rectificative (art4). : Même si elle est bien élaborée, la L.F de l’année ne peut pas toujours tout
prévoir ; c’est la raison pour laquelle on a envisagé la possibilité de la compléter ou de la corriger par une ou plusieurs
autres lois de finances dites rectificatives, « Seules des lois de finances rectificatives peuvent en cours d’année
modifier les dispositions de la loi de finances de l'année. »
Les lois de finances rectificatives sont présentées, en partie ou en totalité dans les mêmes formes que la loi de
finances de l’année.
3-La loi de règlement de la loi de finances (art 64) : Une loi de règlement constate et arrête le montant définitif des
encaissements de recettes et des ordonnancements de dépenses visés se rapportant à une même année budgétaire et
arrête le compte de résultat de l’année.
Le gouvernement soumet annuellement au Parlement en priorité une loi de règlement de la loi de finances au plus
tard, à la fin du premier trimestre du deuxième exercice qui suit celui de l'exécution de la loi de finances concernée.
Cette loi inclut le bilan des budgets d'investissement dont la durée est arrivée à échéance. (65)

S/S2 : La structure de la loi des finances

La loi de finances comprend deux parties.

La première partie arrête les données générales de l'équilibre financier et comporte :

- l’autorisation de perception des recettes publiques et d'émission des emprunts ;

-les dispositions relatives aux ressources publiques que la loi de finances peut créer, modifier ou supprimer ;

-les dispositions relatives aux charges de l'Etat, aux services de l'Etat gérés de manière autonome et aux comptes
spéciaux du Trésor ;

- les dispositions relatives au recouvrement des créances publiques, au contrôle de l'emploi des fonds publics et à la
responsabilité pécuniaire et personnelle des gestionnaires des services de l'Etat, le cas échéant ;

-l'évaluation globale des recettes du budget général, des budgets des services de l'État gérés de manière autonome et des
catégories des comptes spéciaux du Trésor ;
-les plafonds des charges du budget général, par titre, de l'ensemble des budgets des services de l'Etat gérés de manière
autonome groupées par dépenses d'exploitation et dépenses d'investissement et des comptes spéciaux du Trésor, par
catégorie.
Le tableau d'équilibre est présenté de manière à faire ressortir l'intégralité des éléments de l'équilibre budgétaire et des
besoins de financement.
La deuxième partie arrête :
o Par chapitre, les dépenses du budget général ;
o Par service, les dépenses des budgets des services de l'État gérés de manière autonome ;
o Et par compte, les dépenses des comptes spéciaux du Trésor ( art 36la loi organique n° 130-13)
29

Les ressources du budget général sont présentées en chapitres subdivisés, s'il y a lieu, par service et par nature de
recettes.
Les ressources des services de l'Etat gérés de manière autonome sont présentées par service groupés selon les
départements ministériels ou institutions auxquels ils sont rattachés.

Les ressources des comptes spéciaux du Trésor sont présentées à l'intérieur de chaque catégorie par compte spécial
du Trésor. (LOFP130-13.art 37).

(1) Les dépenses du budget général sont groupées sous trois titres :

Titre 1 : dépenses de fonctionnement ;

Titre II : dépenses d’investissement ;

Titre III : dépenses relatives au service de la dette publique.

(2) Les dépenses du budget général sont présentées, à l'intérieur des titres, par chapitres, subdivisés en
programmes, régions et projets ou actions.

Les dépenses des services de l'Etat gérés de manière autonome sont présentées, à J'intérieur de chaque chapitre, dans un
programme et, le cas échéant, dans des programmes subdivisés en régions et projets ou actions.

Les dépenses des comptes d'affectation spéciale sont présentées dans un programme et, le cas échéant, dans des
programmes subdivisés en régions et projets ou actions.
(3) Pour chaque département ministériel ou institution, il est prévu, en ce qui concerne les dépenses de
fonctionnement, un chapitre pour le personnel et un chapitre pour le matériel et les dépenses diverses. Il est prévu pour
les dépenses d'investissement un chapitre par département ministériel ou institution. (Art38) .
Les crédits afférents à un programme sont répartis, selon le cas, à l'intérieur:
-des chapitres relatifs au budget du département ministériel ou institution concerné ;

-des chapitres relatifs aux services de l'Etat gérés de manière autonome rattachés au département ministériel ou
institution concerné ;

-des comptes d'affectation spéciale rattachés au département ministériel ou institution concerné. (Art 39)

Un projet ou une action est un ensemble délimité d'activités et d'opérations entreprises dans le but de répondre
à un ensemble de besoins définis.

Les crédits afférents à un projet ou à une action d'un même programme sont répartis, selon le cas, à l’intérieur :

-des chapitres relatifs au budget du département ministériel ou institution concerné ;

-des chapitres relatifs aux services de l'Etat gérés de manière autonome rattachés au département ministériel ou
institution concerné ;

-des comptes d'affectation spéciale rattachés au département ministériel ou institution concerné. (Art40)

Un projet ou une action est décliné en lignes budgétaires qui renseignent sur la nature économique des dépenses
afférentes aux activités et opérations entreprises. (art41)
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Les dépenses relatives à la dette publique sont présentées en deux chapitres :


- le premier comporte les dépenses en intérêts et commissions se rapportant à la dette publique ;
- le second comporte les dépenses relatives aux amortissements de la dette publique à moyen et long terme. (Art 44)
Chapitre IV
L’établissement du budget
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L’établissement du budget constitue l’acte fondamental de la vie de l’Etat. L’établissement est un


processus comportant d’abord la préparation, la concrétisation du projet du budget et le vote par le parlement
de ce projet.
L’établissement du budget aboutit donc à la distinction de deux stades successifs, l’un gouvernemental l’autre
parlementaire.

Section 1 : La préparation du budget

Au niveau de cette étape deux problèmes peuvent être soulevés. Les uns sont d’ordre politiques :
il s’agit de déterminer l’instance publique habilitée à préparer le projet du budget; les autres sont plus
techniques : ils concernent les procédés employés pour évaluer les recettes et les dépenses inscrites dans le
projet.

S/S1 : La préparation par le ministre des finances

Généralement, l’initiative de préparation du budget revient à l’exécutif. Au sein de cette autorité, le


rôle prépondérant dépend des régimes politiques des Etats. C’est le chef du gouvernement qui s’en charge
comme c’est le cas des Etats-Unis d’Amérique ; cependant, c’est le Ministre des finances qui assume cette
responsabilité dans d’autres régimes politiques, comme c’est le cas par exemple de la Grande Bretagne de la
France et du Maroc etc.
Cette compétence du pouvoir exécutif dans le domaine budgétaire s’explique par des considérations
théoriques et pratiques
• Sur le plan théorique, il appartient au gouvernement de mettre en oeuvre la politique à suivre. Il doit la
définir dans le cadre du budget, compte tenu de la conjoncture économique et des orientations politiques
retenues.
• Sur le plan pratique, il est certain que l’exécutif est beaucoup plus qualifié que le parlement pour établir
le projet du budget du fait que ses services et administrations sont seuls à même d’établir les prévisions
en matière de recettes et de dépenses.
Au Maroc, c’est la loi organique (1) des finances publiques du 19 avril 2000 qui régit et partage les
compétences relatives à la loi de finances, d’une part entre le gouvernement et le parlement et d’autre part
entre le ministre des finances et les autres ministres.

1
- On définit la loi organique des finances comme l’ensemble des dispositions législatives régissant
aussi bien la présentation, le vote et l’exécution de la loi de finances en passant par la détermination
des ressources et des charges de l’Etat la particularité essentielle de la L.O des finances réside dans

32
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Ainsi l’article 46 de la LOF n°130-13, stipule que : « sous l’autorité du Chef du Gouvernement, le
ministre chargé des finances prépare les projets de lois de finances conformément aux orientations
générales ayant fait l'objet de délibérations au Conseil des ministres conformément à l'article 49 de
la Constitution ».
Cette fonction budgétaire confère au ministre des finances une place déterminante au sein du
gouvernement. Cette prédominance ne tient pas seulement à son rôle dans l’évaluation des dépenses mais
aussi à l’évaluation des recettes et la main mise du ministre des finances sur la gestion des finances
publiques.
D’autres pratiques, en marge de la préparation du budget, concourent à conférer au ministre des finances
marocain une grande autorité, laquelle joue au moment de l’élaboration du projet de loi budgétaire. Citons
notamment le fait que de nombreux textes législatifs, décrets et lois de règlement prévoient le « contreseing
» du ministre des finances.
Ainsi, pour la préparation effective du projet du budget, le ministre des finances invite avant le 1e
Avril les ordonnateurs à établir leurs propositions de recettes, ensuite, les différents ministères évaluent leurs
dépenses à la lumière des informations relatives à la situation financière générale contenue dans la note du
ministre des finances.
Une fois les propositions arrêtées, elles sont adressées au ministère des finances, accompagnées
d’états justificatifs et explicatifs, au plus tard le 15 Mai.
Toutes les propositions doivent être centralisées à la direction du budget (relevant du ministère des finances)
qui procède à l’étude des évaluations faites par les différents départements.
D’autre part, le ministre des finances évalue les recettes de l’Etat, sur la base des renseignements fournis par
les services de son ministère, notamment, la direction des impôts, la direction générale des douanes, la
direction des domaines et la Trésorerie Générale du Royaume.
L’évaluation des dépenses conduit généralement à des contacts interministériels pour aboutir à la constitution
du projet du budget lorsque le ministre des finances propose des modifications aux propositions des ministres
concernés. Ces contacts se limitent au niveau des directions (conférences ministérielles). En cas de désaccord,
elles sont portées au niveau des ministres. Le cas échéant, l’affaire est soumise à l’arbitrage du chef du
gouvernement) en conseil du gouvernement et même devant sa Majesté le Roi en conseil des ministres au
plus tard le 20 Octobre.

le fait qu’elle ne peut être promulguée qu’après déclaration par le conseil constitutionnelle de sa conformité
à la constitution.

33
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S/S2 : Les méthodes d’évaluation du budget.

Au XIX siècle, l’élaboration du projet du budget, avait uniquement, pour tache d’une part d’évaluer
le montant des dépenses nécessaires au fonctionnement des administrations au cours de l’année à venir ; et
d’autre part, de déterminer le montant probable des recettes fiscales. Pratiquement, il s’agissait d’une
opération uniquement financière au sens le plus strict. Mais depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la
loi de Finances est devenue le principal instrument de la réalisation de la politique économique du
gouvernement. C’est en fonction des objectifs de celle-ci que sont déterminées la masse et l’orientation des
dépenses publiques, l’importance du prélèvement fiscal etc.

A) L’évaluation des dépenses publiques


Cette évaluation se fait d’une manière directe. En effet, les besoins des différents services dont l’Etat a
la charge sont connus, que ce soit en matériel ou en personnel. Ainsi, au cas où un ministre se contente de
reconduire les crédits obtenus l’année précédente, sa demande sera satisfaite, sans difficulté.
Mais généralement, tous les ministères ont tendance à surestimer leurs besoins financiers. En conséquence,
toutes les estimations présentées par chaque ministère doivent être examinées, et donnent à des débats
houleux voire à des marchandages.
B) L’évaluation des recettes :
Cette évaluation s’avère plus délicate que celle des dépenses, car généralement on ne dispose pas de
tous les éléments nécessaires pour procéder avec précision à l’évaluation des recettes. C’est pour cette raison
que l’on s’est orienté d’abord vers une estimation forfaitaire par le système de la pénultième année (avant
dernière) avant de recourir à la méthode d’évaluation directe.
a) La règle de la pénultième année : Cette méthode consistait à inscrire, comme produit probable de
l’exercice budgétaire à venir, les résultats effectifs du dernier budget exécuté. Comme chaque budget était
préparé en cours d’année, c’était donc l’avant dernier budget qui était retenu comme année d’évaluation.
Donc pour le projet du budget 20011, qui se prépare dans le courant de 2010, on prendrait comme base le
résultat du budget de 2009.
Cette règle a été longtemps prônée comme un modèle de sagesse financière, l’évaluation forfaitaire
sur la base du dernier budget exécuté, a donc un caractère de prudence, qui devrait entraîner de légères plus-
values de recettes, but idéal des finances classiques.
Toutefois, cette règle se révéla un mauvais instrument de prévision d’abord, parce qu’elle supposait
une économie stable ou en léger accroissement continu, alors que les recettes publiques ont tendance à
s’accroître par effet de l’accroissement normal du revenu national d’une année à l’autre.
Ensuite en période d’inflation et en raison de décalage de temps existant entre l’année budgétaire de référence
et l’année en préparation (12 mois maximum), ce qui provoque des écarts considérables entre recettes

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publiques effectives et celles prévues, d’où la nécessité de recourir à une méthode plus fiable et sûre, la
méthode d’évaluation directe.
b) la méthode d’évaluation directe : À partir de 1938, on a institué la méthode consistant à évaluer le
rendement probable de chaque impôt à partir des informations économiques les plus récentes.
Cette méthode est surtout utilisée à l’égard des impôts sur le revenu et des taxes sur le chiffre d’affaires
(C.A). La méthode de la pénultième année n’étant maintenue que pour quelques recettes relativement stables
comme le produit du domaine public. Trois éléments fondamentaux interviennent dans le calcul prévisionnel
: les derniers chiffres connus des rendements fiscaux, l’accroissement probable du produit national brut au
cours de l’année suivante et les effets des modifications de la législation fiscale intervenue en cours d’année.
Parallèlement et par mesure de prudence, les évaluations prévisionnelles des recettes inscrites dans la
loi de finances sont en général sous-estimées, et ce, afin de faire apparaître en cours d’exécution des plus
values fiscales (excédent des recettes perçues sur les recettes prévues).

S/S3 : Les techniques modernes de prévision

La préparation du budget, est une opération essentiellement de prévision Donc, en fin de compte, la
crédibilité du budget reposera sur l’efficacité de cette prévision annuelle.
Le développement des mécanismes de prévision a donnée naissance à des expériences modernes
d’avant-garde dont il faut citer la méthode américaine et française.

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Paragraphe 1 : Les expériences américaines :

L’expérience américaine en matière de prévision budgétaire comporte trois méthodes :


A) Le P.P.B.S: (Planning Programming Budgeting System).
Ce système a été mis au point en 1961 au ministère de la défense des Etats-Unis d’Amérique, puis étendu
aux autres départements civils.
Le P.P.B.S s’inspire des principes de gestion des entreprises privées pour les appliquer à la gestion du budget
et de deniers publics.
Ainsi ce système comporte trois étapes : en premier lieu, identifier les objectifs de l’Etat sur une vingtaine
d’années, ensuite, déterminer les moyens qui permettront la réalisation des objectifs à moyen terme et enfin,
la programmation budgétaire annuelle de la tranche respective du plan global (P.P.B.S)
B) The management by objectives (M.B. Q)
Le M.B.O. s’inspire des expériences de management appliquées à la Générale Motors, puis étendue à
l’Administration Fédérale en 1973.
Cette technique se base sur le raisonnement suivant
• Définir les objectifs star le plan national.
• Définir les objectifs propres à chaque collectivité locale.
• Définir les objectifs propres à chaque service.
• Coordonner ces objectifs de manière à respecter les intérêts locaux, régionaux et sectoriels.
Le M.B.O fut à son tour abandonné par le Président Carter qui Opta pour une troisième technique : Zéro Base
Budget (Z.B.B).

Paragraphe 2 : Expérience Française : la R.C.B.

La « rationalisation des choix budgétaires» a été introduite en France en 1968 à l’image de la méthode
américaine P.P.B.S. Les deux méthodes ont pour trait commun de dépasser le simple cadre de l’évaluation
des recettes et des dépenses. Ainsi la technique budgétaire traditionnelle consistait à distribuer les
crédits annuels entre les services publics en tenant compte de leurs possibilités et de leurs besoins en
personnel et en matériels. Elle part donc des moyens dont disposent l’Etat et ses administrations. La technique
de la RCB par contre prend le problème de l’autre côté; elle part des finalités de l’action publique. Ainsi la
R.C.B tend à substituer un « budget d’objectifs » à un « budget de moyens ».
Par ailleurs, pour éviter l’échec de l’expérience américaine dû à l’application brutale et généralisée,
la R.C.B française s’est progressivement généralisée. Pourtant, les résultats furent aussi décevants que ceux
de l’expérience américaine.
Au Maroc la R.C.B fût utilisée pour la première fois en 1973 au ministère des P.T.T.
Globalement ces méthodes sont aujourd’hui peu délaissées, essentiellement parce que la politique budgétaire
est de plus en plus une politique « de pilotage à vue ». L’Etat a également tendance à se décharger sur d’autres

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organismes des tâches d’investissement. Au demeurant d’autres techniques de rationalisation ont été
introduits, telle « l’évaluation des politiques publiques ». Il ne s’agit plus cette fois-ci de planifier ex ante un
vaste programme d’investissement à moyen et long terme, il s’agit plus modestement d’apprécier ex-post
l’efficacité et l’impact de mesures plus ponctuelles de politique économique. Pour cela les outils de calcul
économique sont précieux.
Paragraphe3 : Expérience marocaine : La CDMT
Le CDMT ou Cadre de Dépenses à Moyen Terme est un instrument de programmation triennal
glissant permettant de placer la gestion budgétaire dans une perspective pluriannuelle, en vue de :
1- Renforcer la pérennité des politiques publiques, en s'assurant de la compatibilité de leur impact budgétaire
futur avec les possibilités financières de l’Etat et les contraintes du cadre macroéconomique ;
2- Renforcer l'efficacité de l'allocation intersectorielle des ressources, en développant les outils permettant la
déclinaison desdites politiques dans les budgets annuels ;
3- Améliorer la performance opérationnelle des services publics, en donnant aux gestionnaires une meilleure
visibilité pour gérer leurs programmes d’action et en fournissant un cadre pour le suivi de la performance des
dépenses publiques en termes d’efficacité et d’efficience.
La préparation du CDMT ne se substitue ni au plan de développement économique et social, ni au
budget annuel. Il vise à établir le lien entre les objectifs stratégiques et le budget annuel en définissant le
cheminement pour l’atteinte de ces objectifs et en encadrant les adaptations du budget requises pour la mise
en œuvre des actions.
Le CDMT préparé annuellement établit des projections des différentes dépenses de l’Etat y compris
celles afférentes à la masse salariale et les charges de fonctionnement courant des administrations sur une
période de trois ans. Les dépenses afférentes à la première année sont conformes à celles du budget. Les
données afférentes aux deux années suivantes sont indicatives et correspondent aux besoins de financement
des programmes d’action découlant des priorités du gouvernement. En tenant compte des objectifs de
soutenabilité du cadre macro-économique, lesdites projections sont établies par ministère sous forme de
CDMT sectoriels et détaillé par programme d’action en vue de s’assurer de la cohérence des allocations intra
sectorielles avec les stratégies sectorielles et améliorer la prévisibilité dans la gestion des programmes.

Section3 : L’examen de la loi de finances par le Parlement


L’autorisation de la loi de finances par les représentants de la nation constituait une pièce maîtresse de
la démocratie du 19ème siècle, démocratie empreinte de méfiance entre l’exécutif et le pouvoir législatif
Au 20ème siècle des transformations profondes se sont intervenues. Ainsi la prévision budgétaire est devenue
complexe et par la suite, l’examen de la loi de finances est devenu une opération purement technique,
incompréhensible par la majorité des parlementaires. Cependant l’opération de vote reste un événement très
attendu malgré la compression de ce pouvoir d’examen.

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La dégradation de cette autorisation parlementaire, tient en premier lieu au fait que le pouvoir financier de
1’Etat s’est ramifié et ne se ramène plus à un simple pouvoir fiscal. Dès lors, en autorisant les prévisions
budgétaires traduisant le plan d’intervention du gouvernement, le parlement n’autorise plus l’exécutif à
prélever de l’argent mais à mettre en oeuvre une certaine politique économique et sociale.
En second lieu, cette dégradation est due à la multiplication des limites juridiques et constitutionnelles
développées depuis le XIX siècle pour réduire le rôle du parlement à un simple visa.

S/S1 : Les limites de l’examen du projet gouvernemental

Le projet de budget établit par le gouvernement doit-il être accepté ou refusé en bloc par le parlement ou ce
dernier a-t-il la possibilité de le modifier plus au moins profondément ?
Le point de vue politique conduit à préférer la seconde solution, plus démocratique, car le pouvoir de
décision des députés est très amoindri s’il se borne à une ratification globale. Le point de vue technique
pousse au contraire vers la première, car le budget est un plan d’ensemble dont toutes les parties sont
solidaires.
Aux Etats-Unis, on fait prédominer le premier point de vue. En Grande-Bretagne, on s’est rallié au second.
En France et au Maroc la tendance est plus proche de la Grande-Bretagne.
Au Maroc, le projet du budget est discuté au préalable par les commissions des finances respectives des deux
chambres. Ces commissions peuvent seulement critiquer le texte gouvernemental par la voie de son
rapporteur et proposer des amendements qui se trouvent placés sur pied d’égalité avec les amendements de
n’importe quel parlementaire sur le plan de la procédure. Cependant l’avis de la commission des finances,
formulé dans un rapport, est décisif soit au cours de la discussion du budget en séance plénière soit lors de la
prise de la décision finale par les parlementaires.
Parallèlement au rôle consultatif de la commission des finances, le droit d’amendement des parlementaires,
c’est-à-dire, la possibilité pour eux de proposer des modifications aux projet gouvernemental se trouve lui
aussi affaibli a deux niveaux :
A) La restriction de l’initiative parlementaire en matière de procédure
Cette restriction de procédure réside dans l’obligation faite aux parlementaires de discuter et de voter en
premier lieu les recettes avant les dépenses.
La priorité des recettes sur les dépenses est le signe d’un abaissement du parlement, il implique en effet, que
celui -ci ne peut voter un montant des dépenses publiques supérieur à celui des recettes publiques.
Ainsi l’article 36 de la loi organique relative aux lois de finances dispose « la seconde partie de la loi de
finances de l’année ne peut être mise en discussion devant une chambre du parlement avant le vote de
la première partie ».
B) La restriction de l’initiative parlementaire en matière des dépenses et des recettes publiques.
Cette limite tend à interdire aux parlementaires d’accroître les dépenses et de diminuer les recettes.

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L’article 77 de la constitution de 2011 a reconduit cette limite signalée dans les constitutions antérieures,
interdisant toute proposition ou amendement ayant pour conséquence: « Le gouvernement peut opposer,
de manière motivée, l'irrecevabilité à toute proposition ou amendement formulés par les membres du
Parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence, par rapport à la loi de finances, soit une
diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation des charges publiques.».
Cette interdiction a été reprise par les diverses lois organiques relatives aux lois de finances. C’est ainsi que
l’article 56 de la L.O dispose : « le Gouvernement peut opposer, de manière motivée, l'irrecevabilité à
des articles additionnels ou amendements ayant pour objet soit une diminution de ressources
publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique. ».
Malgré ces limitations d’origines constitutionnelles et organiques, les parlementaires jouissent pourtant
de la possibilité d’amendement dans le sens d’augmentation des recettes, la suppression ou la diminution des
dépenses publiques, ce qui est naturellement peu faisable ; la démagogie se manifeste surtout en sens inverse.

S/S2 : Le vote de la loi de finances

Le dernier mot revient au parlement en matière budgétaire. Que les parlementaires ou non, ont la possibilité
de modifier le projet gouvernemental, ce sont eux normalement qui lui donnent force de loi, d’après une
procédure bien définie.
A- La procédure du vote
Dans son ensemble, la discussion et le vote de la loi de finances se font suivant la procédure législative
ordinaire, Il y a quelques différences de détails, notamment dans les procédures et les délais.
Le Parlement vote la loi de finances, déposée par priorité devant la Chambre des Représentants,
dans les conditions prévues par une loi organique. Celle-ci détermine la nature des informations, documents
et données nécessaires pour enrichir les débats parlementaires sur le projet de loi de finances.
Le projet de loi de finances de l'année est déposé sur le bureau de la Chambre des représentants, au
plus tard le 20 octobre de l'année budgétaire en cours
Il est immédiatement soumis à l'examen de la commission chargée des finances de la Chambre des
représentants.
La Chambre des représentants se prononce sur le projet de loi de finances de l'année dans un délai
de trente (30) jours suivant la date de son dépôt.

Dès le vote du projet ou à l'expiration du délai prévu à l'alinéa précédent, le Gouvernement saisit la
Chambre des conseillers du texte adopté ou du texte qu'il a initialement présenté, modifié, le cas échéant, par
les amendements votés par la Chambre des représentants et acceptés par lui.

La Chambre des conseillers se prononce sur le projet dans un délai de vingt deux (22) jours suivant
sa saisine.

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La Chambre des représentants examine les amendements votés par la Chambre des conseillers et adopte en
dernier ressort le projet de loi de finances dans un délai n'excédant pas six (6) jours.
Si au 31 Décembre la loi de finances de l’année n’est pas votée ou n’est pas promulguée en raison de sa
soumission à la cour constitutionnelle, le gouvernement ouvre, par décret, les crédits nécessaires à la marche
des services publics et à l’exercice de leur mission, en fonction des propositions budgétaires soumises à
approbation.
Dans ce cas, les recettes continuent à être perçues conformément aux dispositions législatives et
réglementaires en vigueur les concernant à l’exception, toutefois, des recettes dont la suppression est
proposée dans le projet de loi de finances. Quant à celle pour lesquelles ledit projet prévoit une diminution
de taux, elles seront perçues au nouveau taux proposé.
B) Les modalités de vote La seconde partie du projet de loi de finances de l'année ne peut être soumise au
vote de l'une des deux Chambres du Parlement avant le vote de la première partie. Dans le cas où la première
partie est rejetée, la seconde partie ne peut être soumise au vote. Le rejet de la première partie par l'une des
deux Chambres du Parlement est considéré comme rejet du projet dans son ensemble par la même Chambre.
En cas de rejet du projet par la Chambre des conseillers, la Chambre des représentants est saisie pour
examen, dans le cadre de la deuxième lecture, du texte rejeté par la Chambre des conseillers.
D’abord les dispositions de la loi de finances sont votées article par article.
Toutefois, l'une des deux Chambres du Parlement peut procéder au vote d'ensemble de la deuxième
partie à la demande du Gouvernement ou du bureau de la Chambre concernée.
Les évaluations de recettes font l'objet d'un vote d'ensemble pour le budget général et les budgets des services
de l'Etat gérés de manière autonome et d'un vote par catégorie pour les comptes spéciaux du Trésor.
Par contre les dépenses du budget général font l’objet d’un vote par titre et à l’intérieur d’un même titre par
chapitre. Les dépenses des budgets des services de l'État gérés de manière autonome font l'objet d'un vote
d'ensemble par département ministériel ou institution auxquels ils sont rattachés. Par contre, les dépenses des
comptes spéciaux du trésor, elles sont votées par catégories de comptes.

Section 3 : L’exécution de la loi de finances

La crédibilité de tout gouvernement repose dans une grande partie sur l’efficacité de la mise en application
de la loi de finances, dont les auteurs principaux sont les ordonnateurs et les comptables. L’exécution
budgétaire commence une fois la loi de finances promulguée au Journal officiel. Il convient alors de mettre
les crédits à la disposition des gestionnaires, qui doivent ensuite suivre des règles précises pour les
dépenser. Ces opérations se déroulent au sein du pouvoir exécutif, sous le contrôle du juge des comptes,
mais aussi du Parlement. Elles nécessitent la mise en place d’outils informatiques de plus en plus élaborés

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La mise à disposition des crédits

Le Parlement donne au Gouvernement une autorisation budgétaire qui s’apparente à une faculté, et non à une
obligation, de dépenser. Dans ce cadre, le ministre des Finances met à la disposition de ses collègues,
ordonnateurs principaux, les crédits qu’ils pourront dépenser par le biais de décrets de répartition.

Les ministres peuvent ensuite déléguer leur pouvoir d’ordonnancer les dépenses à des hauts fonctionnaires
de leur département ministériel, les ordonnateurs secondaires. Ceci reflète l’organisation administrative
du ministère et notamment son niveau de déconcentration. Avec la loi organique relative aux lois de finances
(LOLF), chaque programme – unité de spécialité des crédits, qui correspond à une politique publique- se
divisera en budgets opérationnels de programme, niveau considéré comme pertinent de l’exercice de la
responsabilité. Au niveau local et à l’étranger, les préfets et les ambassadeurs sont de droits ordonnateurs
secondaires délégués de la plupart des crédits (sauf certaines exceptions, par exemple pour la Justice, la
Défense, le Trésor public, l’Éducation nationale). Ils subdélèguent ce pouvoir aux chefs des services
extérieurs de l’État.

La répartition des crédits doit respecter l’autorisation parlementaire, cette répartition étant présentée par unité
de spécialité (" chapitre " dans l’ordonnance de 1959, " programme " avec la LOLF de 2001). Cependant, le
Gouvernement peut y apporter des modifications – soumises à ratification du Parlement a posteriori – par le
biais de procédures réglementaires :

• Pour changer la répartition des crédits, il peut utiliser les transferts (changer l’unité de spécialité sans
toucher à la nature de la dépense) ou les virements (changer l’unité de spécialité et la nature de la
dépense). La LOLF a rendu plus contraignants ces mouvements, en plafonnant le montant des
virements, en nécessitant le recours à un décret et en prévoyant l’information du Parlement.
• Pour changer le niveau des crédits, le Gouvernement peut recourir à un décret d’avances pour ouvrir
des crédits en cas d’urgence. Ces ouvertures doivent être gagées par des annulations de crédits sur
d’autres chapitres et, à partir de 2006, sur d’autres programmes sauf impérieuse nécessité. La LOLF
prévoit l’avis préalable des commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat et en
plafonne le montant à 1 % des crédits ouverts. Par ailleurs, pour maîtriser l’exécution budgétaire ou
opérer ces gages, le Gouvernement peut, après information du Parlement, mettre en réserve des crédits,
puis les annuler, dans un plafond de 1,5 % des crédits ouverts.
• Enfin, chaque gestionnaire peut bénéficier d’autres crédits que ceux de la loi de finances de l’année,
par le biais de reports des années antérieures (la LOLF les plafonne à 3 % des crédits ouverts), du
rattachement de fonds de concours (évalués cependant en loi de finances initiale depuis la LOLF), du
rétablissement de crédits et de l’attribution de produits.

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S/S1 : Les agents chargés de l’exécution

Les opérations d’exécution du budget, font tout au long de leurs processus l’objet de contrôles précis, grâce
au principal aspect de cette étape à savoir la séparation des agents d’exécution en plusieurs catégories qui se
surveillent mutuellement. Cette séparation s’exécute à travers l’existence de deux catégories d’opérations ou
fonctions distinctes l’une administrative, l’autre est comptable ou technique.
Donc aux deux catégories d’opérations, correspondent, deux grandes catégories d’agents : les ordonnateurs
en tant qu’agents administrateurs et les comptables.
Selon l’article 3 du décret royal portant règlement général de comptabilité publique : « les opérations
financières publiques incombent aux ordonnateurs et aux comptables publics ».
En matière de dépenses, les ordonnateurs sont chargés d’engager, de liquider et d’ordonnancer les
dépenses. Par contre les comptables assument le paiement.
En matière de recettes, les administrateurs effectuent les opérations d’assiette, de liquidation et émettent les
titres de perception. Les comptables poursuivent le recouvrement.
Parallèlement à cette distinction de fonctions, la séparation se vérifie également au niveau des hiérarchies.
Ainsi les ordonnateurs dépendent de leurs supérieures hiérarchiques respectives. C’est-à-dire les ministres,
ordonnateurs principaux de leurs départements, tandis que les comptables relèvent du ministre des finances,
par l’intermédiaire du trésorier général. A ce niveau, l’ordonnateur demeure soumis au statut de la fonction
publique.
Quant au comptable, outre ce même statut, il se trouve soumis à d’autres textes particuliers (Décret Royal pu
21 Avril, 1967), portant règlement général de la comptabilité publique.
Ce principe de séparation répond à des soucis de contrôle mutuel et de division de travail.
A) Le contrôle mutuel :
La séparation des fonctions a d’abord été le résultat de la méfiance du pouvoir législatif à l’égard de tous de
ceux qui étaient appelés à gérer les fonds publics.
En confiant à deux catégories distinctes de fonctionnaires l’exécution des recettes et des dépenses, on a
essentiellement voulu instituer un contrôle réciproque.
D’un côté se trouvent, les ordonnateurs qui ordonnancent les recettes et les dépenses, de l’autre, les
comptables, qui reçoivent les ordres, contrôlent leur régularité, avant d’y donner suite, et si ces ordres ne sont
pas réguliers, les comptables peuvent refuser d’y déférer.
B) La division du travail :
La séparation des fonctions ordonnateur -comptable permet d’obtenir une plus grande compétence des uns
et des autres. Les fonctions de chacun des deux responsables n’exigent pas d’eux, les mêmes aptitudes.
En ce qui concerne les fonctions administratives, ce sont des opérations intellectuelles ou matérielles,
politiques et extrêmement diverses. Il faut concevoir la dépense, l’étudier, la décider.

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Au contraire, les tâches comptables sont beaucoup plus uniformes qu’il s’agisse de payer des traitements,
des travaux publics, ou de fournitures ; les derniers les derniers il s’agit toujours de vérifier des pièces, de
faire des chèques, tenir une comptabilité etc....
C) Exceptions en matière de dépenses :
En principe, l’application de la règle de la séparation est impérative en matière de dépenses publiques.
L’opération de dépenses publiques, comprend quatre phases L’engagement qui rend l’état débiteur, la
liquidation qui permet le calcul du montant de la dépense, l’ordonnancement qui vise l’émission d’un ordre
de paiement et enfin le paiement. Ceux sont les ordonnateurs qui réalisent les trois premières phases de
l’opération, la quatrième est confiée aux comptables publics
Pourtant l’application de la règle comporte en matière de dépenses publiques quelques exceptions
 Les dépenses sans ordonnancement : ce sont des dépenses faites en vertu d’un titre de rente viagère,
par exemple.
 Les ordonnancements globaux : il s’agit tout particulièrement de l’armé ou il est fait un
ordonnancement global pour l’ensemble des officiers et sous-officiers et soldats ; le comptable militaire
assure dans ces cas le paiement individuel de la dépense.
 Les traites de la marine : les comptables de la marine de guerre qui se déplacent à l’étranger,
reçoivent des traites qui leur permettent de couvrir les besoins du bord sans ordonnancement détaillé.
 Les régies d’avance : pour faciliter le paiement des dépenses courantes de faibles montant (menues,
dépenses de matériel, personnel payé à la vacation etc.…), la législation budgétaire donne la possibilité
d’instituer des administrateurs régisseurs d’avances. Ceux ci reçoivent, en avance, d’un comptable public,
des sommes limitées quant à leur montant et leur durée d’utilisation.
D) Exception en matière de recettes :
La règle de la séparation est moins rigoureusement appliquée en matière de recettes, car elle s’impose
uniquement dans le domaine des impôts directs.
En effet, pour les impôts directs les opérations administratives et comptables ressortissent dans ce cas à deux
administrations différentes.
Les services de la direction des impôts assurent l’assiette et la liquidation par contre les services du Trésor
s’occupent du recouvrement.
Toutefois, pour certains impôts indirects, tel que les droits de douane et les droits d’enregistrement, c’est au
contraire, la même administration qui est souvent compétente pour mener, à son terme, tout le processus de
la recette.

Paragraphe 1 : Les ordonnateurs

On considère comme ordonnateur public de recette ou de dépense, les agents des différentes administrations
qui, en qualité de leur fonction, découlant de l’appartenance à la fonction publique et bénéficiant d’un statut
particulier, leur donnant des pouvoirs de décision en matière de finances de l’Etat. D’après l’article 3 du

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décret royal du 21 Avril 1967 portant règlement général de la comptabilité publique est « ordonnateur
public de recettes et de dépenses toute personne ayant qualité au nom d’un organisme public pour
engager, constater, liquider et ordonnancer soit le recouvrement d’une créance, soit le paiement d’une
dette ».
A) Les différentes catégories d’ordonnateurs :
1) Les ordonnateurs principaux : Les ordonnateurs principaux sont les ministres, les gouverneurs, les
Walis, les présidents des collectivités locales et leurs groupements et chefs des établissements...
Les ordonnateurs principaux peuvent déléguer leurs pouvoirs à certains collaborateurs de l’administration
centrale.
2) Les ordonnateurs secondaires : appelés également sous- ordonnateur. Ces fonctionnaires se trouvent à
la tête des services extérieurs et sont nommés par arrêté conjoint du ministre des finances et du ministre
concerné. Ils engagent puis émettent des mandats de paiements qui sont l’équivalents des ordonnances de
paiement pour les ordonnateurs.

Paragraphe 2 : Les comptables publics

A défaut dune définition précise du comptable public, celui-ci est généralement défini par énumération de
ses fonctions. Le comptable public prend en charge et recouvre les ordres de recettes qui lui sont remis par
les ordonnateurs, comme il assure également :
 Les paiements des dépenses
 La garde et la conservation des fonds ;
 Le maniement des fonds et les mouvements de comptes ;
 La conservation des documents comptables.
A) Les différentes catégories de comptables :
Pour l’exécution du budget, on retient comme catégories de comptables publics, les comptables directs ou
principaux et, les comptables secondaires.
1) Les comptables principaux : Les comptables principaux participent directement et exclusivement à
l’exécution de la loi de finances. Le trésorier général du royaume est le comptable supérieur du Royaume.
Il centralise l’exécution comptable du budget de l’Etat, des comptes spéciaux et des opérations de trésorerie.
Les comptables principaux du Trésor sont : le comptable régional pour la région, le comptable préfectoral
pour la préfecture et le comptable provincial pour la province. Ils sont placés sous l’autorité directe du
trésorier général du Royaume. Ils sont chargés de l’exécution du budget de l’Etat à l’échelle qui leur échoit
et de la centralisation des opérations des comptables secondaires qui relèvent d’eux.
2) Les comptables secondaires : Ceux sont notamment les percepteurs et les receveurs communaux. Ces
comptables ont une compétence d’attribution et non une compétence générale. Leur travail est plus important
en matière de recettes qu’en matière de dépenses. Ils assurent la perception des impôts, des amendes et le

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paiement de certaines dépenses. La coordination ainsi que la centralisation de leurs opérations sont assurées
par le comptable direct qui en rend compte directement au trésorier général du Royaume.
3) Les comptables spéciaux : ils sont chargés du recouvrement des taxes, droits, redevances, produits et
recettes diverses, pénalités fiscales et frais de poursuite et de justice. Ils se trouvent dans certaines
administrations qui réalisent des recettes. C’est le cas des receveurs des PTT, des douanes et de tribunaux
etc....)
Ces comptables relèvent de leurs administrations respectives mais rendent compte de leurs opérations au
trésorier général au Royaume.
4) Les agents comptables : les agents comptables sont affectés auprès des établissements publics et relèvent
de la direction des établissements publics du ministère des finances.
5) Les comptables de fait : les comptables de fait, sont les personnes qui, sans avoir la qualité du comptable
se livrent à des opérations à la place du comptable afin de sauvegarder les deniers publics ; on les a soumis
aux mêmes obligations et responsabilités que les comptables titulaires.

S/S2 : Les opérations d’exécution de la loi de finances

La procédure d’exécution du budget est soumise à l’ensemble des règles de la comptabilité publique. Axées
à l’origine sur les encaissements et les décaissements de deniers publics, c’est-à-dire la caisse, ces règles
s’appliquent depuis le début de XXème siècle à l’ensemble des opérations effectuées par les ordonnateurs et
les comptables publics.

Paragraphe 1 : La comptabilité publique

La comptabilité publique est l’ensemble des règles qui régissent les opérations financières des comptables
de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publiques et leurs groupements et déterminent les
obligations et les responsabilités incombant aux agents qui en sont chargés, de manière à prévenir ou à éviter
les gaspillages.
Parmi les textes qui régissent la comptabilité publique, il faut citer la loi organique des finances publiques de
1998 et particulièrement le décret Royal portant règlement général de la comptabilité publique du 21 Avril
1967 et d’autres textes propres aux ordonnateurs et aux comptables et certaines administrations financières,
telles, la cour des comptes, l’inspection générale des finances, le contrôle des engagements de dépenses, les
finances des collectivités locales etc....
Ces textes convergent tous, vers le respect de la légalité d’exécution des opérations des dépenses et des
recettes publiques ; des opérations qui nécessitent le concours de fonctionnaires divers en nombre et en
qualification.
A) Comptabilité des ordonnateurs :
Tout ordonnateur est chargé d’enregistrer les opérations budgétaires de son département dans sa comptabilité.

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Les ordonnateurs principaux centralisent, les écritures de leurs subordonnés dans des livres particulières. Il
s’agit du livre journal comptant les droits constatés, au profit de l’Etat et du livre des comptes relatifs à
l’imputation de recettes.
De leur côté, les opérations de dépenses, font l’objet d’insertion dans le livre d’enregistrement des droits des
créanciers, le livre journal des ordonnances et mandats et le livre de comptes par chapitre de dépenses.
La catégorie des dépenses d’investissement est enregistrée sur des documents spéciaux : les livres de crédits
ouverts pour les dépenses d’investissements autorisées.
Un compte administratif est établi à la fin de chaque gestion. Il fait la synthèse des opérations effectuées au
cours de l’année budgétaire. Ce document est en principe adressé à la cour des comptes.
B) la comptabilité du comptable public :
L’article 120 du règlement général de la comptabilité publique affirme que : « la comptabilité en deniers, du
Trésor est tenue par le trésorier général qui centralise les opérations effectuées par les autres comptables de
l’Etat.
En outre, parallèlement au compte administratif, établi par l’ordonnateur, le comptable supérieur du
Royaume dresse le compte de gestion qui reproduit la situation du comptable au premier jour de l’année
budgétaire, le déroulement des opérations de dépenses et de recettes, de toute nature, effectuées au cours de
l’année et la situation du comptable à la fin de l’exercice.
Ce compte de gestion est accompagné d’une situation de caisse de portefeuille, est soumis au contrôle de la
cour des comptes.
Enfin, le compte de gestion et le compte administratif permettent au ministre des finances d’établir le compte
général du Royaume, document synthétique sur la gestion financière du Royaume.
En tous cas, les opérations d’exécutions diffèrent selon qu’il s’agit des dépenses publiques ou de recettes
publiques.

Paragraphe 2 : L’exécution comptable des dépenses publiques

Une dépense publique s’effectue en deux temps et quatre mouvements


A) Le premier temps est administratif :
Il comporte, l’engagement, la liquidation, l’ordonnancement de la dépense.
1) L’engagement est l’acte par lequel un organisme public crée ou constate à son encontre une obligation de
laquelle résultera une charge ; c’est l’acte qui rend l’Etat débiteur. Cet acte peut prendre les formes les plus
variées décret, arrêté et contrat.
L’engagement ne peut être pris par l’ordonnateur que dans la limite des autorisations budgétaires.

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2) La liquidation : est l’acte qui évalue le montant précis de la dépense. Elle a pour objet de vérifier la réalité
de la dette et d’arrêter le montant de la dépense.
3) L’ordonnancement : est l’acte administratif donnant conformément aux résultats de la liquidation l’ordre
de payer la dette de l’organisme public. Donc c’est l’ordre donné par l’ordonnateur au comptable. Il se
matérialise par un titre remis au créancier, lui permettant d’obtenir le paiement de sa créance.
B) Le deuxième temps est réalisé au cours de la phase comptable qui ne comprend que le paiement
Ce dernier est l’acte par lequel, l’organisme public se libère de sa dette, effectué par le comptable qui procède
à une opération de caisse.

Paragraphe 3 : L’exécution comptable des recettes publiques

Les recettes sont en principe soumises aux mêmes règles que les dépenses.
Cependant, La distinction entre la phase administrative et comptable demeure atténuée, vu la diversité des
ressources publiques : recettes fiscales, revenus du domaine public, revenus des exploitations industrielles et
commerciales et produits divers. Chaque recette connaît ses propres modalités d’exécution ; nous retiendrons
ici comme recettes, les recettes fiscales qui se subdivisent elles-mêmes en impôts directs et impôts indirects
en fonction du critère de l’existence ou de l’absence du rôle nominatif.
La procédure d’exécution diffère selon qu’il s’agit de la perception des impôts directs ou des impôts indirects.
A) La perception des impôts directs :
Les impôts directs sont les impôts perçus par voie de rôle nominatif. Ici le principe de séparation s’applique
; donc il existe comme en matière de dépenses publiques, une phase administrative et une phase comptable.
1) La phase administrative : commence par l’établissement de l’assiette de l’impôt. Le procédé d’assiette
consiste à évaluer les éléments de la matière (base) imposable. Dans ce premier temps, l’administration ne
dispose d’aucune liberté d’appréciation de la créance fiscale de l’Etat. L’existence de celle-ci résulte
indépendamment de la volonté de l’ordonnateur ; car elle découle de la loi de finances de l’année.
Ensuite, la liquidation, l’opération par laquelle l’administration fixe le montant de la dette fiscale du
contribuable, d’après des techniques spécifiques à chaque type d’impôt.
Cette opération (liquidation) conduit à l’émission d’un titre de perception (le rôle nominatif). Ce dernier n’est
autre que le relevé des contribuables avec les éléments retenus pour l’assiette de l’impôt et le montant de
celui-ci et qui donne ordre au comptable d’assurer le recouvrement, il correspond donc à l’ordonnancement
pour la dépense.

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2) La phase comptable : le recouvrement de l’impôt direct est le fait des comptables du trésor, Ces derniers
prennent en charges les rôles c’est-à-dire qu’ils deviennent personnellement responsables des sommes qu’ils
ont à reverser. Bien entendu, le comptable pourra procéder à un recouvrement forcé s’il se trouve en présence
d’un contribuable récalcitrant. C’est une garantie qui lui permet de se dégager de sa responsabilité financière.
Cette dernière est d’ailleurs atténuée dans le cas où le contribuable disparaît ou est totalement insolvable.
D’une manière concrète, pour procéder au recouvrement, le percepteur adresse à chaque contribuable de sa
circonscription un extrait du rôle appelé « avis de paiement » indiquant à la fois le montant d’impôt, la date
de mise en recouvrement ainsi que la date limite de paiement ».
B) La perception des impôts indirects :
Les impôts indirects, se définissent par opposition aux impôts directs ; il s’agit donc, a contrario, de tous les
impôts qui ne sont susceptibles d’être recouvrés par voie de rôle nominatif (Exemple : Droit de Douane, droit
d’enregistrement...).
Ainsi, le principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables ne s’applique pas. En effet, toutes les
opérations relatives à ces impôts indirects sont de la compétence d’une seule et même administration, qui
peut être soit la direction des impôts (pour les droits d’enregistrement) soit la direction générale des douanes
(pour les droits de douane)
Il convient toutefois de noter, qu’il existe une certaine spécialisation des taches des agents et des services un
sein de la même administration. Les uns s’occupent de l’assiette, les autres de vérification et d’autres ont la
qualité des comptables spéciaux des administrations financières, chargés de recouvrement.

S/S3 : Le Trésor public

Le doyen Trotabas écrit : «Le Trésor public présente cette originalité de ne pas exister» C’est vrai, et pourtant,
sans le Trésor, l’exécution du budget ne pourrait s’effectuer.
Le Trésor constitue, en effet, une des principales institutions financières de 1’Etat et repose sur une série de
règles dégagées depuis le XIX siècle. Aussi est-il très difficile d’en donner une définition. C’est ainsi que le
terme « Trésor» est employé dans deux sens. Tantôt il sert à désigner les caisses de l’Etat elles- mêmes, par
exemple on parle du déficit du trésor, etc., tantôt il sert à désigner une administration publique ; dans ce sens
organique, monsieur Devaux définit le Trésor public comme étant « l’ensemble des services financiers de
1’Etat, liées entre eux par l’unité de caisse ». Aussi et selon la Lumière, le Trésor public est « en réalité l’Etat
dans l’exercice de ses responsabilités financières. ». Ce service public de 1’Etat est tout simplement une
direction du ministère des finances sous la dénomination de la Trésorerie Générale du Royaume ; envisagé
sous son aspect fonctionnel, il gère la trésorerie de l’Etat et des collectivités publiques, il coordonne les
interventions de l’Etat dans le secteur public et privé.
Au Maroc le Trésor fut considéré, depuis sa création en 1916, comme un service extérieur. Ce n’est qu’en
1978, qu’il a été érigé en Direction centrale sous la dénomination de la trésorerie générale du Royaume.

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Paragraphe 1 : Les fonctions du Trésor

Le Trésor assure des activités multiples ; envisagé sous son aspect fonctionnel, il gère la trésorerie de I’Etat
et des collectivités publiques, et coordonne les interventions de l’Etat dans le secteur public et privé.
Le Trésor fut à l’origine une caisse qui centralisait les recettes destinées au paiement des dépenses publiques.
Mais le Trésor ne pouvait être seulement une caisse, il était aussi l’organisme par lequel, les moyens de
paiements s’adaptaient aux besoins quotidiens de l’Etat. Pour cela, en attendant les rentrées fiscales le Trésor
devait notamment au moyen d’emprunt, se procurer des ressources de trésorerie.
Mais avec l’évolution continue du rôle économique de l’Etat, le Trésor, a vu son intervention s’élargir
considérablement, c’est lui qui participe directement à l’une des fonctions essentielles que la science moderne
reconnaît aux finances publiques : assurer l’équilibre général de la monnaie et de l’économie, grâce à ses
nouvelles attributions en matière du contrôle du marché monétaire et du marché financier.
Ainsi le Trésor exerce deux fonctions principales
 L’une traditionnelle, en tant qu’agent financier de l’Etat.
 L’autre moderne, en tant qu’intervenant économique.
A) Le rôle traditionnel : le Trésor agent financier de l’Etat:
L’activité première du Trésor est d’assurer l’exécution de la L.F, a cet effet, il doit encaisser les recettes
publiques et résoudre les problèmes de trésorerie qui peuvent être provoqués soit par un décalage dans le
temps entre les recettes et les dépenses, soit par l’existence d’un déficit ou d’un découvert.
Ces problèmes de trésorerie peuvent donc obliger le Trésor soit à se procurer des ressources provisoires, soit
à se procurer des ressources complémentaires pour financer des opérations temporaires pour combler le
déficit budgétaire.
Comme le souligne le Doyen L. Trotabas : « Entre la direction du budget qui détermine les dépenses
inévitables et la direction des impôts qui assure des recettes insuffisantes, la direction du Trésor à la
charge de combler le « Trou » en ajustant celle-ci à celles-là... »
1) L’ajustement des dépenses aux recettes dans l’espace : face aux dépenses qu’il doit effectuer, le Trésor
se trouve en présence de recettes équivalentes. Il lui reste à faire face à la dispersion des postes comptables
sur l’ensemble du territoire, car les recettes ne sont pas nécessairement prévues à l’endroit précis ou les
dépenses doivent être effectuées. Le Trésor doit donc ajuster dans l’espace les recettes aux dépenses. Cet
ajustement est assuré par l’unité de caisse, équilibre obtenu par un jeu d’écriture entre les différents comptes
des comptables reliés au compte courant du Trésor à Bank El Maghrib, ainsi que par les comptes de chèques
postaux (C.C.P).
Le Trésor crée, entre toutes les caisses publiques, et par une compensation générale, une unité permettant la
compensation du déficit des unes par l’excédent des autres.
2) L’ajustement des dépenses aux recettes dans le temps : En cours d’exercice, le déséquilibre est la règle;
les dépenses sont quotidiennes, les recettes définitives ne rentrent que périodiquement. Or les dépenses de
l’Etat s’effectuent massivement en début d’année alors que les rentrées fiscales, sources essentielles, n’ont

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lieu qu’en fin d’année. Le rôle du Trésor donc est d’ajuster ainsi dans le temps recettes et dépenses ; cet
ajustement se fait en empruntant à très court terme ; c’est là, le problème classique de la trésorerie.
B) Le rôle moderne : Le Trésor agent économique de l’Etat :
Les financiers classiques ne considéraient qu’un seul équilibre financier : l’équilibre des recettes et des
dépenses publiques. Par contre les financiers modernes estiment qu’il y en a deux autres : l’équilibre des
entrées et sorties de devises étrangers, l’équilibre des offres et demandes de capitaux. L’intervention de l’Etat
au niveau de ces deux équilibres se concrétise surtout par l’intermédiaire du Trésor.
D’autre part, le développement des entreprises mixtes, dont le capital appartient partie à des particuliers,
partie à l’Etat, a engendré une autre fonction nouvelle du Trésor : c’est lui qui détient les participations
financières que l’Etat possède dans les entreprises mixtes et exerce par la suite, les droits correspondants à la
gestion de celle-ci.
1) Le Trésor et le marché des capitaux :
Au niveau de cet équilibre, le Trésor assume un rôle de contrôle de crédit ; d’abord auprès de banques
publiques en collaboration avec Bank Al Maghrib. Contrôle qui s’effectue de deux manières : quantitatif et
qualitatif. Ensuite auprès de la bourse c’est-à-dire sur le marché des valeurs mobilières. Enfin par la politique
des emprunts publics qui s’exécute par l’émission des bons du Trésor.
2) Le Trésor et l’action sur les changes :
L’équilibre entre les entrées et les sorties de devises étrangères assure l’équilibre de la monnaie nationale par
rapport à ces devises étrangères. Cet équilibre repose avant tout sur l’équilibre des importations et
exportations. Mais des spéculations sont aussi possibles : ceux qui n’ont pas confiance dans le dirham
achètent des euros par exemple, sans qu’ils en aient besoin pour payer des importations. D’où l’idée de
contrôler les changes, c’est-à-dire le marché des devises étrangères.
3) Le Trésor et les participations publiques
L’Etat en tant qu’entrepreneur possède des participations financières au niveau de certaines entreprises sous
formes d’actions, d’obligations etc. C’est le Trésor qui assure le contrôle de la gestion de ces participations
publiques en collaboration avec la caisse de dépôt et de gestion.

Paragraphe 2 : Les ressources du Trésor :

Une des plus importantes évolutions du Trésor a consisté à en faire un moyen pour 1’Etat de se procurer des
ressources financières. Les moyens de financement du Trésor se ramènent presque tous soit à emprunter soit
à obtenir des émissions de billets de Bank Al Maghrib.
A) Les emprunts du Trésor :
Des formes d’emprunts de trésorerie parfois indirectes se sont développées : tel le paiement par traites des
fournisseurs publics, l’utilisation des disponibilités des correspondants etc. Mais la forme la plus courante
des emprunts de trésorerie est le bon du Trésor. En fait il existe deux catégories de bons du Trésor : les bons
en compte courant, et les bons sur formules.

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1) Les emprunts intérieurs Le Trésor public permet la mobilisation des emprunts intérieurs grâce aux
souscriptions. Ces emprunts sont au nombre de trois : les bons du trésor sur formule, les emprunts nationaux
et les obligations à quinze ans.
 Les bons du trésor sur formule : C’est la loi des finances de 1966 qui a autorisé l’émission de ces bons.
Leur échéance est de six mois avec la possibilité de remboursement au bout du troisième mois. Les
principales caractéristiques des bons du Trésor sur formule sont les suivantes :
 Une émission à guichets ouverts sans I imitation du montant.
 L’exemption du paiement de tout impôt ou taxe.
 La transmission et la négociabilité des bons sont facilitées grâce à la forme « au porteur ».
 Une domiciliation dans les services du Trésor.
 Un taux d’intérêt.
 Les emprunts nationaux : les emprunts nationaux sont émis pour trois ou cinq ans. Ils sont généralement
réservés aux personnes physiques. Cependant les personnes morales peuvent acquérir les titres
correspondants après leur cotisation en bourse.
Ces emprunts bénéficient d’un taux d’intérêt, de l’exonération fiscale, de la négociabilité en bourse et de la
facilité de transmission grâce à la forme «au porteur ».
Le plus grand emprunt intérieur fût celui de juillet 1976. Cet emprunt, dit « emprunt National pour le
développement des provinces sahariennes » a été émis pour 15 ans en coupures de 100,00 et 10.000,00
dirhams, remboursable au pair avec une rémunération de 7% l’an. Ses intérêts s’étaient payables
annuellement.
 Les obligations à 15 ans : Depuis 1962, les obligations à 15 sont émises par tranches pour des périodes
fixés en fonctions des besoins de financement de la trésorerie de l’Etat.
Comme pour les autres emprunts précités, les obligations à 15 ans, bénéficient des avantages multiples.
Le montant élevé de ces obligations est la raison pour laquelle elles s’adressent aux organismes financiers.
2) Les emprunts extérieurs :
La politique de stabilisation financière poursuivie depuis 1964 s’est traduite par des déficits budgétaires très
modestes. Leur financement a été relativement équilibré avec une légère prédominance de moyens de
trésorerie.
De 1964-1974, le financement extérieur n’a représenté en moyen que 38% de déficit, d’autant plus qu’il revêt
principalement un caractère traditionnel. Les deux sources de financement extérieur dominantes ont été les
crédits gouvernementaux dont la quasi-totalité provient des pays de l’O.C.D.E et les crédits multilatéraux
consentis principalement par la banque mondiale. Celle- ci a estimé la dette extérieure du Maroc à 1218
millions de dollars U.S en 1974.
L’année 1975 a marqué un tournant en matière de la dette publique, pour cette année le déficit budgétaire a
augmenté de 110,4%. Pour faire face à des déficits budgétaires sans cesse croissants, les pouvoirs publics ont
dû recourir massivement aux emprunts extérieurs qui ont couvert en moyenne les deux tiers des déficits entre

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1975 et 1982. Au cours de cette période, la structure de la dette extérieure a connu des changements
importants. Ainsi le recours à la dette d’origine privée a enregistré une augmentation très sensible de 3% à
38% (Eurodevises) par rapport à l’aide multilatérale qui a régressé d’une manière notable passant de 47% à
22% entre 1973 et 1983 ; par contre l’aide bilatérale a vu sa part se réduire de 47% à 40%.
Cet état de fait, a entraîné au terme de quelques années une crise profonde des finances publiques à partir de
1982. Cette crise a consacré la faillite des finances publiques du Maroc avec et son incapacité à honorer ses
engagements. Le recours au rééchelonnement qui implique la mise en place d’un P.A.S. (programme
d’ajustement structurel) sous le contrôle des institutions financières internationales (F.M.I, B.I.R.D) et qui a
marqué un certain changement dans la politique de financement budgétaire. Ce changement s’est concrétisé
essentiellement par l’arrêt ou du moins la limitation du financement des déficits par des concours extérieurs
à partir de 1983 et l’utilisation de plus en plus des sources internes de financement, telles les ressources
monétaires, l’épargne nationale par le biais d’emprunts publics (moyen terme) et le financement bancaire
comme source prédominante.
B) Le financement monétaire.
Il s’agit principalement des dépôts au Trésor, des émissions de Bank Al Maghreb et du secteur bancaire.
1) Les dépôts au Trésor.
Les dépôts au Trésor sont effectués par les établissements publics, les collectivités locales, les sociétés
d’assurances et les particuliers. Ces dépôts, faits principalement par les établissements publics
(correspondants) participent au financement de la trésorerie de l’Etat et à la couverture des déficits.
2) Les facilités de Bank Al Maghreb.
Considérée comme l’agent financier du Trésor, Bank Al Maghrib gère le compte courant du Trésor.
Lorsque les dépenses excédent les recettes, Bank Al Maghrib accorde au Trésor des avances et des facilités,
dont les principales formes sont les suivants
a- L’avance statutaire: non rémunérée, l’avance statutaire est limitée au dixième des recettes ordinaires de
l’année écoulée à condition que la durée totale de ces avances n’excède pas 300 jours d’une année.
b- L’avance conventionnelle: contrairement à l’avance statutaire, les modalités de remboursement de
l’avance conventionnelle ne sont pas précisées.
Cette avance est accordée après une convention signée par le ministre des finances, et par le gouverneur de
Bank Al Maghrib et approuvée par Décret.
c- L’escompte d’effets publics: Il s’agit des traites de douane(*) (*) et les obligations cautionnées et qui sont
présentées à la banque centrale par le Trésor, lorsque leur échéance atteint 90 jours.
Le taux de la rémunération est fixé par arrêté du ministre des finances.

(*)
Les traites de douane : Des effets publics permettant au redevables de bénéficier de délais de paiement
des droits sur les marchandises déclarées en douane. Les obligations cautionnées permettent de différer
le paiement des prix des importations effectuées dans le cadre de certains accords de prêts.

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3- Les crédits des banques au Trésor :


Les banques souscrivent à ces bons soit dans le cadre du plancher d’effets publics (souscription obligatoire)
soit volontairement (hors plancher).
a- Le plancher d’effets publics: Le plancher est constitué d’un portefeuille minimum des bons du Trésor que
les banques doivent obligatoirement détenir. Il est fixé à 32% de leurs exigibilités telles qu’elles ressortent
de leur situation comptable mensuelle.
Le plancher d’effets publics vise à assurer un financement automatique de la trésorerie de l’Etat.
b- Les bons souscrits hors plancher: Depuis 1989, une procédure d’adjudication des bons souscrits hors
plancher a été introduite dans le but de dynamiser le marché monétaire, de stimuler la concurrence entre les
établissements publics et de réduire le coût des bons.
Tous les établissements de crédit peuvent soumissionner aux adjudications des valeurs du Trésor. Il en est
ainsi également pour les compagnies d’assurances, les organismes de prévoyances sociales, de capitalisation
et d’oeuvres sociales, ainsi que les entreprises publiques et privées par l’intermédiaire des établissements de
crédit.
Les adjudications portent sur des bons à court terme, de moyen terme et à long terme allant de 5 semaines
jusqu’ à 15 ans.

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PLAN
INTRODUCTION: ............................................................................................................................................ 1

CHAPITRE I : L’EVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES ............................................................. 3

Section 1: Les sources du droit budgétaire .............................................................................................................. 4

Section 2 : Les étapes d’évolution des finances publiques. ..................................................................................... 5

S/S1- Les finances classiques dites libérales. .......................................................................................................... 5

S/S2 : Les finances modernes. ................................................................................................................................. 6

Chapitre II : Les principes budgétaires ..................................................................................... 8

Section 1: Le principe de l’unité. ............................................................................................................................. 9

S/S1 : Les comptes spéciaux du Trésor (C.S. T) ................................................................................................... 10

S/S2 : Les budgets autonomes : la principale exception à l’unité budgétaire. ....................................................... 14

Section 2 : Le principe de l’annualité .................................................................................................................... 16

S/S1 : Les exceptions dépassant l’exercice budgétaire. ......................................................................................... 17

S/S2 : Les exceptions en deçà de l’exercice budgétaire. ....................................................................................... 20

Section 3 : Le principe de l’universalité (art 9-L.O).............................................................................................. 20

S/S1 : Signification. ............................................................................................................................................... 20

S/S2 : Les assouplissements du principe de l’universalité..................................................................................... 21

Section 4 : Le principe de la spécialité (Arts 28,29, 39 et 41 L.O) ........................................................................ 22

S/S1 : Les virements des crédits ............................................................................................................................ 23

S/S2 : Les dépenses imprévues .............................................................................................................................. 23

S/S3 : Les dépenses urgentes d’intérêt national............................................................ Erreur ! Signet non défini.

Chapitre III : ................................................................................................................................................ 25

La conception de la lot de finances et du budget .................................................. 25

Section 2 : La loi de finances................................................................................................................................. 26

S/S1 : Les Différentes formes de lois de finances ................................................................................................. 27

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S/S2 : La structure de la loi (le finances (art 27.L.O) ............................................................................................ 28

Chapitre IV : L’éTABLISSEmENT DU BUDgET .............................................................................. 31

Section 1 : La préparation du budget ..................................................................................................................... 32

S/S1 : La préparation par le ministre des finances ................................................................................................. 32

S/S2 : Les méthodes d’évaluation du budget. ........................................................................................................ 34

S/S3 : Les techniques modernes de prévision ........................................................................................................ 35

Paragraphe 1 : Les expériences américaines: ........................................................................................................ 36

Paragraphe 2 : Expérience Française : la R.C.B. ................................................................................................... 36

Section 2 : L’examen de la loi de finances par le Parlement ................................................................................. 37

S/S1 : Les limites de l’examen du projet gouvernemental .................................................................................... 38

S/S2 : Le vote de la loi de finances ....................................................................................................................... 39

Section 3: L’exécution de la loi de finances .......................................................................................................... 40

S/S1 : Les agents chargés de l’exécution ............................................................................................................... 42

Paragraphe 1 : Les ordonnateurs ........................................................................................................................... 43

Paragraphe 2 : Les comptables publics .................................................................................................................. 44

S/S2 : Les opérations d’exécution de la loi de finances......................................................................................... 45

Paragraphe 1 : La comptabilité publique ............................................................................................................... 45

Paragraphe 2 : L’exécution comptable des dépenses publiques ............................................................................ 46

Paragraphe 3 : L’exécution comptable des recettes publiques .............................................................................. 47

S/S3 : Le Trésor public .......................................................................................................................................... 48

Paragraphe 1 : Les fonctions du Trésor ................................................................................................................. 49

Paragraphe 2 : Les ressources du Trésor: .............................................................................................................. 50

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