32 - Eczemas
32 - Eczemas
Eczéma aigu :
- Ds l’épiderme: l* constante = spongiose, qui résulte de l’œdème inter¢ (exosérose), écartant les Kc. + marquée n° couches inf.
- Accumulation plus importante de liquide vésicules spongiotiquesBulles spongiotiques (=coalescence de +ieurs vésicules)
- Accumulation des¢ inflammatoires : essentiellement lymphocytes, +/- PNN et PNE dans les vésicules spongiotiques: Exocytose
- Les puits eczématiques de Devergie, consécutifs à la rupture des vésicules apparaissent comme des perforations de l’épiderme.
Au dessus des papilles épidermiques, il existe des puits par lesquels s’écoulent les sérosités du derme papillaire.
Eczéma chronique :
- Les caractères histologiques s’atténuent.
- Spongiose et vésiculisa°↙, CC épaissie, parakératosique (tb kératinisa°: Cornéocytes conservent noyau squames +/- épaisses)
- Parfois existe des signes de lichénification d’allure psoriasiforme.
B. CLASSIFICATION DES ECZEMAS
B. EPIDEMIOLOGIE
- Prévalence : entre 2 à 10% de la population
- Eczéma de contact au nickel+++ : Population féminine adulte
- Eczéma des mains: 1e cause de dermatose professionnelle
- CHU Ibn Sina, en 2008 : 114 cas/ 4573 Consultants = 2,5%
- CHU Hassan II Fès, de 2002 à 2005, 14 cas hospitalisés (F. sévères)
C. PHYSIOPATHOLOGIE
- Eczéma de contact : hypersensibilité cellulaire retardée de type Th1 du fait du profil des cytokines produites par les LT
spécifiques de l’allergène (IFN, TNF).
- # DA : phase de révélation dépendante de lymphocytes Th2 (IL-4, IL-5, IL-13).
D. ETIOLOGIES
1- Les métaux : sont les allergènes les plus fréquentes. Le nickel surtout chez la
femme. Les chromates et le cobalt.
Eczéma des seins penser au téléphone portable
2- Les cosmétiques : surtout chez les femmes, prédominent sur le visage. Les produits
responsables sont : parfums, conservateurs, excipients, vernis à ongle, déodorants,
shampooing, laques, baume du Pérou (rouge à lèvre, crèmes), paraphénylène diamine
(teintures), lingettes…
Eczema de contact
3- Les médicaments topiques : les plus fréquemment au henné
Eczema de contact à l'eau de toilette
en cause sont : néomycine, antiseptiques,
sparadrap (colophane), topiques antiprurigineux,
baume du Pérou, AINS. ! Les dermocorticoïdes
peuvent induire des sensibilisations !
Les lésions débutent sur la zone d’application mais
s’étendent souvent à distance
4- Les produits vestimentaires :
a. Sur le tronc et les plis : colorants textiles
b. Sur les pieds : cuir, colle des chaussures, caoutchouc
5- Les photo allergènes : substances qui deviennent antigéniques sous l’action des radiations solaires.
Les principaux photo-allergènes sont médicamenteux : sulfamides locaux, phénothiazines, cyclines, kétoprofène et
autres AINS, filtres solaires chimiques et certains végétaux
6- Les allergènes professionnels : Parmi les plus fréquentes des maladies professionnelles indemnisables. Débutent et
prédominent aux mains et s’améliorent pendant les congés. Les professions le plus souvent en cause sont :
a. Métiers du bâtiment : sels de chrome (ciment), cobalt (peinture, émail), résines époxy (colle, vernis, peinture),
formaldéhyde (colle, textile), térébenthine (menuiserie, peinture),
caoutchouc (gants, pneus)
b. Coiffeurs : PPD (teintures), thioglycolate (permanentes), ammonium
persulfates (décolorants), caoutchouc (gants), conservateurs et
agents moussants (shampooings), nickel (instruments)
c. Professions de santé : antiseptiques, antibiotiques, AINS,
anesthésique locaux, caoutchouc (gants), acrylates des résines
composites (prothésistes)…
d. Horticulteurs : pesticides, gants
E. ASPECTS CLINIQUES
1. Forme typique : Eczéma aigu
− Le diagnostic est clinique : ce sont des lésions très prurigineuses réalisant des nappes ou des placards érythémateux à
contours émiettés, évoluant en 4 phases successives souvent intriquées :
o Phase érythémateuse : placard érythémateux
o Phase vésiculeuse : vésicules remplies de liquide clair, confluant parfois en bulles
o Phase suintante : rupture des vésicules spontanément ou après grattage
o Phase croûteuse ou desquamative suivie d’une guérison sans cicatrice
− Evolue en 4 phases successives, souvent intriquées :
• Phase érythémateuse: placard érythémateux
• Phase vésiculeuse: vésicules remplies de liquide clair, confluant parfois en bulles
• Phase suintante : rupture des vésicules, spontanément ou après grattage
• Phase croûteuse ou desquamative suivie d’une guérison sans cicatrice
2. Formes cliniques
Forme chronique
- En cas d’exposition persistante à l’allergène.
- On distingue :
• Eczéma lichénifié : le grattage entraîne un épaississement cutané en plaques plus ou moins larges
quadrillées par des sillons qui sont en fait l’exagération du relief normal de la peau, avec une
composante dyschromique hyperpigmentée et squameuse | L’eczéma lichénifié peut aussi se
manifester par de petites papules fermes et monomorphes séparées par des sillons profonds
• E.C des paumes et plantes : L* fréquemment fissuraires et hyperkératosiques
Kératodermie palmo-plantaire
Eczéma chronique des mains (ECM) :
- Maladie multifactorielle définie par Diepgen et al par la persistance de troubles
exclusivement localisées aux mains ayant duré plus de 3 mois et plus de 2 récidives
annuelles malgré un traitement adéquat chez un patient observant
- Les lésions sont hyperkératosiques +/- fissuraires sources de douleurs parfois insomniantes avec peu ou pas de prurit
+++. Sur ces lésions peuvent se greffer des poussées inflammatoires aggravant l’inconfort du patient
- L’eczéma chronique des mains est le plus souvent réfractaire aux traitements topiques
Formes topographiques
o Eczéma des paupières : Aspect oedémateux ; les premiers suspects
sont les produits appliqués à même la peau : cosmétiques pour le
contour des yeux, mascaras, ombres à paupières, démaquillants,
produits ophtalmologiques (collyres betabloquants, cholinergiques…)
| Mais parfois allergène manuporté ou aéroporté en milieu
professionnel ou non (allergie au vernis à ongles). | Les photoallergies
épargnent généralement les paupières
Le diagnostic différentiel est la dermatite atopique ou la dermatite d’irritation
Si atteinte simultanée de la conjonctive et la paupières penser à un allergène appliqué dans l’œil
o Eczéma du cou : la peau du cou réagit aussi
facilement que la peau des paupières. Il s’agit d’une
allergie de contact ou aéroportée surtout aux
parfums et au nickel
Formes particulières
o Eczéma aéroporté : distribution topographique particulière due à
l’accumulation des molécules ou particules aéroportées
préférentiellement dans les plis cutanés à savoir les rides du
front, les sillons nasogéniens, l’espace sous-mentonnier, les paupières et les zones
rétroauriculaires.
De nombreux allergènes peuvent être responsables : les parfums, les vapeurs
diverses, les sels de chrome du ciment, les résines époxydiques, la sciure de bois,
les médicaments comme le propacétamol. Les tests épicutanés sont positifs à
l’allergène responsable. Les photopatch-tests sont négatifs. Les lésions
disparaissent en général dans les jours ou semaines qui suivent la cessation du contact avec l’agent
responsable et il n’y a pas d’évolution vers une dermatite actinique chronique.
o Eczéma photoallergique : disposition de l’eczéma très suggestive : les zones exposées sont prioritairement
atteintes puis débordent sur les zones couvertes. L’atteinte du visage épargne les plis, la zone sous-
mentonnière, le haut du cou, la zone rétroauriculaire ; les paupières sont peu atteintes. Les molécules en jeu,
posées sur la peau ou administrés par voie interne (tétracyclines, quinolones, IEC, sulfamides, thiazides…) ne
donnent pas de réactions lorsqu’elles n’ont pas été exposées à la lumière (surtout l’UVA, UVB moins). Les tests
épicutanés sont négatifs et les photopatch-tests sont positifs au photoallergène responsable. Les lésions
disparaissent en général dans les jours ou les semaines qui suivent la cessation du contact avec l’agent
responsable. Une évolution est possible vers une dermatite actinique chronique.
o Eczéma manuporté : atteint surtout le
visage +++ (avec prédilection au niveau
des paupières) et le cou avec des
manifestations eczémateuses tardives
sur le pourtour des ongles. Parmi les allergènes en cause : la résine tosylamide et le formaldéhyde des vernis à
ongles
o Eczéma par procuration : en cas de localisation asymétrique d’un eczéma penser à la possibilité d’un
contact avec un produit véhiculé par quelqu’un d’autre. [Ex : cas rapporté de dermite de contact
lymphomatoide par procuration due à la PPD retrouvée dans la coloration capillaire de l’épouse du patient]
o Dermatite de contact aux protéines : l’atteinte est d’allure chronique due aux protéines animales (boucherie,
poissonnerie, vétérinaires) ou végétales (latex, alpha-amylase qui est un améliorant de la farine). Il donne un
prurit suivi d’une papule urticarienne suivi d’une réaction eczémateuse et siège au niveau périunguéal et
s’étend au niveau de dos des mains. La détection se fait par prick-tests ou tests de scarification +/- occlusion
subséquente (scrach chamber test)
F. DIAGNOSTIC
1. DIAGNOSTIC POSITIF (Recherche de l’allergène indispensable)
a. Interrogatoire et examen clinique : +++
• Caractère des lésions bricolage, menuiserie, peinture, application d’un
Mal délimitées et émiettées en bordures. cosmétique ou d’un parfum
• Topographie initiale++ : • Chronologie :
Initialement localisées à zone de contact ac allergène; Minimum 7j au 2ème contact et 24- 48 h au 3ème contact.
peuvent ensuite diffuser à distance. Préciser l’évolution des lésions au cours du tps, leur
• Circonstances de déclenchement amélioration ou leur aggravation pdt WE ou vacances
Préciser les activités ayant pu conduire à un contact
• Ttt locaux utilisés
avec un allergène particulier 24heures à quelques jours
Avant et après l’apparition de la dermatose, ainsi que les
avant le début des lésions : profession, jardinage,
produits d’hygiène, parfums et cosmétiques appliqués.
b. Tests épicutanés : patch tests
[Identifier l’allergène en reproduisant, en miniature, l’eczéma de contact, lors d’une nvelle application sur la peau du patient]
• Principes à respecter : doivent se faire sur peau saine loin des poussées aiguës d’eczéma (2mois). Toute
thérapeutique doit être interrompue avant les tests. Les substances à tester sont diluées dans un
véhicule non réactogène (vaseline) à concentration non irritante et appliquées sous occlusion par un
matériel non sensibilisant. Il faut les laisser en place pendant 48heures
• Lecture des tests : se fait 15mn après avoir retiré les patchs, avec un contrôle à 72heures et à 96heures.
Un test positif au 7 è m e jour traduit une sensibilisation au test
• Sites d’application : partie haute du dos, face externe du bras et face interne ou externe de la cuisse
• Interprétation des tests :
2. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
a. Dermatite d’irritation +++
Fréquente sur les mains, secondaire à des agressions physiques ou chimiques directes, qui ne
nécessitent pas l’intervention de mécanismes immunologiques spécifiques d’un allergène. Elle peut se
compliquer d’un eczéma de contact
Eczéma de contact Dermatite d’irritation
Epidémiologie Atteint quelques sujets en Atteint la majorité des sujets en
contact avec le produit contact avec le produit
Délai d’apparition Sensibilisation préalable puis 24- Rapide (minute ou heures après
48h après une nouvelle l’exposition)
exposition à l’allergène
Lésions cutanées Bords émiettés Bords nets
Topographie Déborde la zone de contact avec Limitée à la zone de contact
l’allergène, avec possibilité de
lésions à distance
Symptomatologie Prurit Brûlure
Tests épicutanés Positifs (lésions d’eczéma) Négatifs ou lésion d’irritation
Histologie Spongiose, exocytose Nécrose épidermique
b. Autres eczémas :
c. Œdème du visage : -Érysipèle (Sx Infl, unilat) - œdème Quincke (pâle, indolore, non chaud) –Zona (Dlrs, unilat
segmentaire)
d. Palmoplantaire : Psoriasis, dermatophyties
e. Eruption généralisée : Lymphome , toxidermie, gale
G. EVOLUTION
- Eviction de l’allergène Guérison sans cicatrice en 7 à 15 jours.
- En l’absence d’éviction Passage à la chronicité.
H. COMPLICATIONS
1. Surinfection ou impétiginisation
- Suspectée devant des croûtes jaunâtres, parfois associées à des ADP et fièvre.
- Peu fréquente, doit être distinguée des croûtes succédant à la phase suintante.
2. Érythrodermie
- Généralisation progressive des lésions sous forme d’érythème disséminé prurigineux,
squameux ou vésiculeux.
- S’accompagne de fièvre et de frissons. Non spécifique de l’eczéma de contact et le complique
rarement
3. Retentissement socioprofessionnel
- C’est un handicap pour les eczémas de contact chroniques, et professionnels, en particulier des mains.
- Peut conduire à une adaptation du poste de travail ou à une déclaration de maladie professionnelle indemnisable
I. TRAITEMENT
1. BUTS : EVICTION DE L’ALLERGENE +++++
• A la phase aigu ë :
- Assécher les lésions.
- Réduire l’inflammation.
- Calmer le prurit.
• Ultérieurement :
- Amélioration de la qualité de vie.
- Guérison durable.
2. MOYENS:
a. Traitement symptomatique
TRT locaux
- Antiseptiques : bains aux antiseptiques non irritants appliqués sous forme de compresses humides (hexamidine,
chlorhexidine, nitrate d’argent 0,5- 1%)
- Dermocorticoïdes: +++
*Effets indésirables
Locaux : Atrophie, télangiectasies, acné, allergie, purpura, Dermatite.péri buccale, cataracte.
Généraux : infectieux, digestifs, ostéo-articulaires, métaboliques…
*Contre-indications:
- Classe I et II CI chez le nourrisson : risque de dermatose infectieuse et dermatose vasomotrice du visage.
- Si infection juguler l’infection avant l’application des DC
*Facteurs influençant la pénétration cutanée des dermocorticoîdes:
- Patient: (Variabilité interindividuelle) en fonction de
- La structure de la peau
- L’âge : (absorption ↙ avec l’âge)
- Etats pathologiques: absorption ↗ si dermatose érythémato-squameuse
- Excipient: - Pommade > Crème
- Sous occlusion : absorption x10
- Concentration du DC (non linéaire)
TRT généraux :
- Corticoïdes généraux : pas de place sauf : 15 à 30mg/jr le matin pendant 3 à 7 jours puis
- Eczéma aigu du visage très oedémateux dégression Adulte Enfant
- Eczéma aigu généralisé Classe I : eczéma
lichénifié chronique
Classe II : corps
- PUVAthérapie : Classe II : corps
de courte durée
*Bains généraux ou locaux *Dose de la PUVA Classe III: visage
Classe III : corps
*Administration de psoralène. varie en fonction Classe IV : paupières
et visage
*Actions: AI, IS, Photosensibilisant du phototype.
*Méladinine : 0,6 mg/kg, 2H avant exposition *Début : 1/3 de DEM puis dose cumulative du 20j/cm2.
- Photothérapie UVB : UVB à spectre étroit (311 nm) Doses progressives jusqu’à 30j/ cm2.
- ATB : Si infection.
*Macrolides : érythromycine : 50 mg/kg/j.
*Péni M : à éviter risque de toxidermie.
- Antihistaminique sédatifs: peuvent aider à calmer le prurit Atarax 25 mg 1cp le soir si prurit
- Immunosuppresseurs :
*Cyclosporine: - Thérapeutique d’exception, à envisager à court terme car néphrotoxicité et risque d’HTA
- Susceptible de ↙ considérablement les symptômes, malgré le maintien du contact avec l’allergène.
- Surveillance : tension artérielle et taux sanguins d’urée et de créatinine.
- Dose initiale: 2,5 à 5 mg/kg/j Modulée à la baisse en fonction de la réponse thérapeutique
*Azathioprine (IMUREL) à la dose 100 à 150 mg/j.
*Méthotrexate
*Mycophénolate mofétil (cell-cept)
*Rétinoïdes
- Acitrétine : utilisation possible mais effet asséchant limitant
- Alitrétinoïne : 9-cis acide rétinoïque :
moins asséchant, permet rémission à moyen et long terme si résistance aux stéroïdes topiques.
Bilan préttt : hépatique, lipidique, TSHus.
Posologie : 10 à 30mg/jour.
Suivi de la biologie hépatique et lipidique
b. L’éviction et recommandations aux patients :
Eviction : +++
- Phase essentielle et incontournable du TTT, SI allergène identifié
- Tout TTT à visée symptomatique est voué à un échec +/- complet si les mesures d’éviction ne sont pas prises.
Recommandations aux patients:
- Essentiel d’informer le patient sur les diverses sources et expositions auxquelles il pourrait être confronté.
- Remise de feuillets spécifiques relatifs aux sources et aux usages des allergènes
c. Désensibilisation : Il n’existe aucune possibilité de désensibilisation.
O. ECZEMA NUTRITIONNEL
• Groupe complexe, étiopathogénie mal définie
• Association: - Malabsorption intestinale globale (Ex: Mie coeliaque)
- Malnutrition sévère liée à l’alcool ou lors d’une intolérance au lactose
III. CONCLUSION
EC est une dermatose fréquente.
Dc est svt facile mais l’identification et l’éviction de l’allergène causal sont beaucoup plus délicates.
Progrès dans la compréhension de la physiopathologie.
Les TRT immunosuppresseurs les plus modernes restent symptomatiques.
Retentissement sur la qualité de vie.