LA7 Roman Doc Élève
LA7 Roman Doc Élève
LA7 Roman Doc Élève
Nous avons affaire à une description picturale et pittoresque. Ces sensations qui se répondent et qui se
mêlent rappellent les synesthésies baudelairiennes (« Les parfums, les couleurs et les sons se répondent »),
donnant l’impression que l’adolescent vit des moments intenses le poussant à l’amour.
1
Séquence VI : Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai
éphémère : le poème prend donc la forme d’un récit
d’une rencontre amoureuse dans lendemain.
Dans ce poème, Rimbaud nous retrace le « roman » de son adolescence qui culmine avec la rencontre de
cette demoiselle.
Poème lyrique
• Syntaxe marquée par l’enthousiasme du jeune homme
« Des cafés tapageurs aux lustres Exclamatives La construction des phrases met en évidence
éclatants ! », « Les tilleuls sentent l’exaltation du jeune homme qui découvre les émois
bons dans les bons soirs de amoureux. Cette expérience est représentée comme
juin ! » (et vers 13, 28) un bouleversement intérieur. Cela semble imiter le
« Nuit de juin ! Dix-sept ans ! » Phrases nominales pétillement naissant produit par les diverses
« la sève est du champagne et Points de suspension sensations.
vous monte à la tête… », « qui
palpite là, comme une petite
bête… » (et vers 8, 12, 20, 23,
24…)
« — Un beau soir, foin des bocks Tirets Les tirets marquent de brusques changements et des
et de la limonade, » « — On va incohérences dans le comportement et la pensée.
sous les tilleuls verts de la Ces ruptures cherchent à mettre en évidence le
promenade. » bouleversement de l’adolescent qui se laisse
emporter par ses émotions.
2
Séquence VI : Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai
3
Séquence VI : Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai
• Un poème autobiographique ?
« 17 ans » Eléments qui renvoient à la vie Caractère autobiographique du poème
« vos sonnets » de Rimbaud : jeunesse + activité
poétique
« on va sous les tilleuls… », « les Présent de narration Rimbaud semble présenter des souvenirs proches. Il
tilleuls sentent bon… » choisit le présent afin de faire coïncider le moment
de l’action (la rencontre) avec le moment de
l’écriture.
« on n’est pas sérieux, quand on Pronom indéfini « on » Le poème n’est pas écrit à la 1e personne du singulier,
a dix-sept ans » Présent de vérité générale Rimbaud généralise ce portrait de l’adolescent.
Rimbaud adopte un point de vue externe sur
l’aventure qu’il rapporte.
« sur vos lèvres », « Vous êtes Pronom personnel de 2e Rimbaud semble prendre à parti le lecteur. Il
amoureux » personne du plur généralise encore son propos en invitant son lecteur
à se reconnaître dans le portrait qu’il dresse de
l’adolescent amoureux. Il cherche à montrer que tout
adolescent peut s’y reconnaître.
• Autodérision du poète
« sur vos lèvres », « Vous êtes Pronom personnel de 2e On peut aussi considérer que Rimbaud se prend à
amoureux » personne du plur parti lui-même, en adoptant un point de vue externe
vis-à-vis de sa propre expérience. Dès lors, le poète,
se moque de son innocence et de sa maladresse. Il
jette sur lui un regard amusé et tendrement ironique.
« un tout petit chiffon », « petite Répétition extrêmement Cette répétition traduit aussi l’autodérision de
branche », « petite et toute fréquente de l’adjectif Rimbaud qui se moque de lui-même. En effet, il
blanche » « petit(e) » traduit la maladresse de l’adolescent cherchant à
traduire dans ses vers son émoi, (sa propre
maladresse ?) En imitant la lourdeur et la maladresse
« Vos sonnets La font rire. » de l’adolescent, il dresse un autoportrait ironique
emprunt de tendresse.
4
Séquence VI : Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai
« - Puis l’adorée, un soir, a daigné Ellipse narrative Les points de suspension mettent en évidence
vous écrire… ! », « Ce soir-là, … Au vers 29, césure déplacée l’ellipse narrative. Le poète n’évoque pas le contenu
- vous rentrez aux cafés après 3 syllabes de la lettre, conférant une dimension mystérieuse à ce
éclatants, » moment. Il laisse le lecteur dans le doute : lettre de
rupture ou indifférence de l’adolescent qui délaisse la
jeune fille.
La césure déplacée mime le bouleversement du poète,
mais le vers s’achève sur une chute désinvolte, le
retour aux cafés.
Rimbaud joue avec les attentes du lecteur et la
désinvolture de l’adolescent coïncide avec la
désinvolture du poète qui ne donne pas de réponses
claires. Ce qui importe c’est l’aventure et les émotions
éprouvées. Celles-ci correspondent au portrait
convenu de l’adolescent. Il s’agit aussi de mettre en
évidence l’attitude de l’auteur vis-à-vis de son œuvre,
attitude distante et ironique.
• Un roman ?
« Roman » Titre 1) Le terme « roman » peut signifier qu’ici
Rimbaud invente un roman, une aventure,
au sens de vie romanesque : pleine de
rebondissements.
2) On peut aussi considérer qu’il propose une
réflexion métapoétique sur le genre
poétique et ses liens avec les autres genres
littéraires. Dès le titre, Rimbaud joue avec
les codes de manière effrontée.
« I, II, III, IV » Numérotation des parties du La confusion générique se poursuit à l’intérieur du
poème comme des chapitres. poème puisque Rimbaud numérote ses strophes.
Jeu avec la forme et les codes génériques.
• Appel à l’imagination
« Le cœur fou Robinsonne » Néologisme Rimbaud fait ici référence à l’œuvre de Defoe,
Majuscule Robinson Crusoe. Il associe donc son poème à un récit
d’aventure et par extension à l’imagination. Cela peut
être une définition de l’inspiration poétique, qui
viendrait des errances du poète et de son imagination
libéré de toutes contraintes. En partant à la recherche
de sensations à travers l’aventure, le poète nourrit son
inspiration et sa création.
5
Séquence VI : Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai
« Et, comme elle vous trouve Rejet de « et » au début d’une Rimbaud joue avec le rythme régulier et solennel de
immensément naïf » strophe l’alexandrin. Le rythme disloqué est à la fois un jeu
« Ce soir-là… » Déplacement de la césure avec les codes poétiques et une recherche
d’immédiateté de la langue, plus simple et plus à
même de traduire les élans d’un jeune poète.
Recherche d’une langue nouvelle, simple et immédiate afin de traduire au mieux les mouvements
intérieurs du poète et son rapport au monde. La poésie apparaît comme un jeu, une forme ludique.
Rimbaud invente une langue nouvelle qui s’accorde avec ses errances.