FL 1902 VT 1810930

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Cour de cassation

Chambre civile 2

Audience publique du 31 janvier 2019

N° de pourvoi: 18-10.930

ECLI:FR:CCASS:2019:C200131

Publié au bulletin

Rejet

Mme Flise (président), président

SCP Le Bret-Desaché, SCP Lyon-Caen et Thiriez, SCP Yves et Blaise Capron, avocat(s)

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l’arrêt suivant :

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Basse-Terre, 2 mai 2017), que sur des poursuites de saisie
immobilière engagées par la caisse régionale de Crédit agricole mutuel de la Guadeloupe
(la banque) à l’encontre de M. X..., un jugement d’orientation d’un juge de l’exécution a,
notamment, rejeté les demandes de mainlevée de la procédure et de dommages-intérêts
présentées par le débiteur saisi, a fixé à certaines sommes la créance de la banque et
celle de la Bred banque populaire, créancier inscrit, et a ordonné la vente forcée du bien
saisi ; que M. X... a formé contre cette décision un appel limité au débouté de sa demande
indemnitaire fondée sur l’attitude abusive de la banque ;

Attendu que M. X... fait grief à l’arrêt de le déclarer irrecevable en sa demande


indemnitaire contre la banque, alors, selon le moyen :

1°/ qu’aux termes de l’article 566 du code de procédure civile les parties peuvent ajouter
aux demandes et défenses soumises au premier juge toutes les demandes qui en sont
l’accessoire, la conséquence ou le complément ; qu’en l’espèce, pour déclarer irrecevable
la demande de M. X... comme nouvelle en appel, la cour d’appel a relevé que si devant le
premier juge, M. X... demandait des dommages-intérêts de 30 000 euros au motif que la
banque réclamait le paiement d’une créance partiellement prescrite, il ne sollicitait donc
pas d’indemnisation du fait d’une première procédure de saisie non suivie d’effet ; qu’en
statuant ainsi, alors que cette demande qui avait le même fondement, à savoir les
dispositions de l’article L. 121- 2 du code des procédures civiles d’exécution, que sa
demande initiale et qui poursuivait la même fin d’indemnisation du préjudice résultant du
comportement abusif de la saisie pratiquée par la caisse, constituaient le complément de
celles formées en première instance par M. X..., la cour d’appel a violé le texte l’article 566
du code de procédure civile ;

2°/ qu’en faisant application des dispositions de l’article R. 311-5 du code des procédures
civiles d’exécution qui interdit toute contestation ou demande incidente après l’audience
d’orientation à moins qu’elle porte sur les actes de procédures postérieurs à celle-ci tout
en constatant que dès la première instance, M. X..., qui fondait sa demande
d’indemnisation sur les dispositions de l’article L. 121-2 du code des procédures civiles
d’exécution, sollicitait des dommages-intérêts à hauteur de 30 000 euros pour attitude
abusive de la banque, ce dont il résultait que la demande de M. X... n’était pas une
demande formée après l’audience d’orientation la cour d’appel n’a pas tiré les
conséquences légales de ses propres constatations au regard de l’article R. 311-5 du
code des procédures civiles d’exécution ;

Mais attendu qu’en application de l’article R. 311-5 du code des procédures civiles
d’exécution, les contestations et demandes incidentes soulevées après l’audience
d’orientation ne sont recevables que si elles portent sur des actes de la procédure de
saisie immobilière postérieurs à cette audience ou si, nées de circonstances postérieures
à celle-ci, elles sont de nature à interdire la poursuite de la saisie ; que cet article est
exclusif de l’application de l’article 566 du code de procédure civile ;

Que c’est par une exacte application de ces textes que la cour d’appel, qui avait relevé
que de nouveaux moyens étaient invoqués au soutien de la demande indemnitaire, a jugé
qu’elle devait être déclarée irrecevable ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne M. X... aux dépens ;

Vu l’article 700 du code de procédure civile, condamne M. X... à payer à la caisse


régionale de Crédit agricole mutuel de Guadeloupe et à la Bred banque populaire la
somme de 1 000 euros chacune ; rejette la demande de la SCP Le Bret-Desaché ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, deuxième chambre civile, et prononcé par le
président en son audience publique du trente et un janvier deux mille dix-neuf.

MOYEN ANNEXE au présent arrêt

Moyen produit par la SCP Le Bret-Desaché, avocat aux Conseils, pour M. X...

IL EST FAIT GRIEF A l’arrêt attaqué d’avoir déclaré M. Constant X... irrecevable en sa
demande indemnitaire contre de la Caisse régionale de crédit agricole mutuel de la
Guadeloupe ;

AU MOTIF QUE M. X... fait plaider la faute du crédit agricole pour lui avoir délivré un
premier commandement de payer valant saisie le 21 juin 2010, n’avoir pas produit les
éléments nécessaires à la fixation de sa créance, ce qui a conduit le juge à la débouter de
sa demande de saisie par jugement rendu le 30 juin 2011, ensuite relevé appel de ce
jugement, lequel a été infirmé par arrêt rendu le 5 décembre 2011 ordonnant la vente
forcée des biens et droits immobiliers ; laissé périmer le commandement de payer,
entraînant mainlevée de la saisie par jugement du 20 décembre 2012 et engagé une
seconde procédure de saisie en réclamant une créance en partie prescrite et enfin en ne
réclamant pas la vente forcée à l’audience du 27 octobre 2016 alors qu’il n’y était pas
opposé. Le crédit agricole soutient que pour la première fois, M. X... prétend subir un
préjudice du fait d’une première procédure de saisie n’ayant pas aboutie et elle considère
cette demande irrecevable. A l’énoncé de l’article R. 311-5 du code des procédures civiles
d’exécution à peine d’irrecevabilité prononcée d’office, aucune contestation ni aucune
demande incidente ne peut, sauf dispositions contraires, être formée après l’audience
d’orientation prévue à l’article R. 322-15 à moins qu’elle porte sur les actes de procédure
postérieurs à celle-ci. Devant le premier juge, M. X... demandait des dommages-intérêts
de 30.000 euros au motif que le crédit agricole réclamait le paiement d’une créance
partiellement prescrite. Il ne sollicitait donc pas d’indemnisation du fait d’une première
procédure de saisie non suivie d’effet. En conséquence, il convient de déclarer sa
demande irrecevable.

- ALORS QUE D’UNE PART aux termes de l’article 566 du code de procédure civile les
parties peuvent ajouter aux demandes et défenses soumises au premier juge toutes les
demandes qui en sont l’accessoire, la conséquence ou le complément ; qu’en l’espèce,
pour déclarer irrecevable la demande de M. X... comme nouvelle en appel, la cour d’appel
a relevé que si devant le premier juge, M. X... demandait des dommages-intérêts de
30.000 euros au motif que le crédit agricole réclamait le paiement d’une créance
partiellement prescrite, il ne sollicitait donc pas d’indemnisation du fait d’une première
procédure de saisie non suivie d’effet ; qu’en statuant ainsi, alors que cette demande qui
avait le même fondement, à savoir les dispositions de l’article L121-2 du code des
procédures civiles d’exécution, que sa demande initiale et qui poursuivait la même fin
d’indemnisation du préjudice résultant du comportement abusif de la saisie pratiquée par
le Caisse, constituaient le complément de celles formées en première instance par M. X...,
la cour d’appel a violé le texte l’article 566 du code de procédure civile ;

- ALORS QUE D’AUTRE PART en faisant application des dispositions de l’article R 311-5
du code des procédures civiles d’exécution qui interdit toute contestation ou demande
incidente après l’audience d’orientation à moins qu’elle porte sur les actes de procédures
postérieurs à celle-ci tout en constatant que dès la première instance, M. X..., qui fondait
sa demande d’indemnisation sur les dispositions de l’article L 121-2 du code des
procédures civiles d’exécution, sollicitait des dommages-intérêts à hauteur de 30.000 €
pour attitude abusive de la Caisse Régionale de Crédit Agricole de la Guadeloupe, ce dont
il résultait que la demande de M. X... n’était pas une demande formée après l’audience
d’orientation la cour d’appel n’a pas tiré les conséquences légales de ses propres
constatations au regard de l’article R 311-5 du code des procédures civiles d’exécution.
Publication :

Décision attaquée : Cour d’appel de Basse-Terre , du 2 mai 2017

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