Les Chemins de L'intersubjectivité
Les Chemins de L'intersubjectivité
Les Chemins de L'intersubjectivité
phénoménologique
Revue électronique de phénoménologie publiée par l’unité de recherche « Phénoménologies » de
l’Université de Liège
Sommaire
John TRYSSESOONE
Les chemins de l’intersubjectivité
dans la philosophie de Husserl 3-76
Les chemins de
l’intersubjectivité
dans la philosophie de
Husserl
Introduction
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
4 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 5
1
F. Dastur, « Réduction et intersubjectivité », dans Husserl, collectif sous la
direction d’É. Escoubas et M. Richir, Grenoble, Millon, 1989, p. 43-64.
2
Certains travaux récents ont montré que le problème de l’intersubjectivité se
posait déjà à l’époque des Recherches logiques. Voir en particulier B. Bouckaert,
« Le problème de l’altérité dans les Recherches logiques de Edmund Husserl »,
dans Revue philosophique de Louvain, 99/4, nov. 2001, p. 630-651 ; et B.
Bouckaert, L’idée de l’autre : La question de l’idéalité et de l’altérité chez
Husserl des « Logische Untersuschungen » aux « Ideen I », Kluwer, Dordrecht,
2003 (Phaenomenologica, 168).
3
F. Dastur, art. cit., p. 61.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
6 JOHN TRYSSESOONE
1
I. Kern, « Les trois voies de la réduction phénoménologique transcendantale
dans la philosophie de Edmund Husserl », dans Alter, n°11, 2003, p. 285-323.
2
N. Depraz, Transcendance et incarnation. Le statut de l’intersubjectivité comme
altérité à soi chez Husserl, Paris, Vrin, 1995.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 7
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
8 JOHN TRYSSESOONE
1. La position du problème
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 9
1
MC, p. 60-61/58. Nous renverrons de façon systématique par les premiers
chiffres à la traduction française (Méditations cartésiennes et Les conférences de
Paris, trad. M. De Launay, Paris, PUF, 1994, abrégé MC) ; et par les seconds à la
pagination du texte allemand dans Hua I, Cartesianische Meditationen und
Pariser Vorträge, éd. par S. Strasser, La Haye, M. Nijhoff, 1950.
2
MC, p. 45-46/45.
3
Il est important de noter que Husserl présente ce parcours du domaine de
l’expérience transcendantale comme un premier mouvement d’exploration, qui
devra être suivi d’une critique de l’apodicticité. Or, cette critique, Husserl recon-
naîtra dans les mots de conclusion (p. 203/177) que les Méditations cartésiennes
ne s’y sont pas encore livrées.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
10 JOHN TRYSSESOONE
1
MC, p. 134/118.
2
MC, p. 137/121.
3
P. Ricœur, op. cit., p. 197.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 11
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
12 JOHN TRYSSESOONE
1
MC, p. 143/125.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 13
1
Nous ne tiendrons pas compte, dans le présent chapitre, des difficultés que
suscite l’expérience transcendantale au niveau de mon propre courant de
conscience. Étant donné toutefois que nous entendrons par la suite la critique que
Husserl adressera lui-même à la voie cartésienne, critique qui portera non
seulement sur le solipsisme, mais encore sur la limitation de l’expérience
transcendantale à la seule perception phénoménologique absolue, il peut être utile
de nuancer cette dernière proposition. En effet, le flux de conscience ne saurait
véritablement répondre au critère de l’apodicticité que dans sa forme structurale.
Le contenu du passé et du futur de mon flux est quant à lui laissé au banc. Cf.
MC, p. 72-73/67, 151-153/133.
2
MC, p. 154-155/136.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
14 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 15
1
MC, p. 156-157/138.
2
Hua XIII, Zur Phänomenologie der Intersubjektivität 1920-1928, Beilage XXX
(autour de 1921), p. 233 ; cité et traduit par N. Depraz, op. cit., p. 323-324.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
16 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 17
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
18 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 19
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
20 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 21
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
22 JOHN TRYSSESOONE
1
MC, p. 163/143.
2
MC, p. 163/144.
3
Vergegenwärtigung et Appräsentation sont en effet des synonymes dans les
Méditations cartésiennes, de même que Gegenwärtigung et Präsentation,
auxquels ils s’opposent.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 23
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
24 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 25
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
26 JOHN TRYSSESOONE
1
MC, 176/155.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 27
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
28 JOHN TRYSSESOONE
1
Nous suivons en cela l’intuition de N. Depraz (op. cit., p. 24). Cette complémen-
tarité nous apparaîtra toutefois plus problématique que N. Depraz veut bien le
reconnaître, dans la mesure où la théorie de l’Einfühlung, dont le motif est
éminemment cartésien, et la réduction intersubjective, propre aux voies de la
psychologie et de l’ontologie, seront finalement renvoyées dos à dos lorsqu’il
s’agira de rendre compte de l’existence absolue d’autrui.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 29
comme nous le verrons, une plus grande place au factum autrui, c’est-
à-dire, en somme, à intégrer dans la méthode ce qui apparaît, en 1929-
30, être une aporie dans le résultat.
Quant à ces nouvelles voies elles-mêmes, voie de la psychologie
et voie de l’ontologie, nous préférons les lier dans le présent chapitre,
choisissant d’envisager à nouveau un approfondissement de la
première par la seconde. La voie de la psychologie nous permettra
d’acquérir le motif de la réduction intersubjective, qui est l’acquisition
d’une sphère universelle de l’expérience transcendantale ; tandis que
la voie de l’ontologie nous la révélera dans sa fonction de subjectivité
universelle ultimement constituante en corrélation avec l’a priori
ontologique du monde de la vie. Nous partirons donc d’abord de la
critique que Husserl formule à l’endroit de la voie cartésienne, afin
d’acquérir le sol problématique sur lequel est née l’idée d’une
réduction intersubjective, d’abord dans les Problèmes fondamentaux
de la phénoménologie puis dans Philosophie première, et finirons par
la voir à l’œuvre dans la question ultimement philosophique, c’est-à-
dire ontologique, de la Krisis.
1
Nous renverrons à nouveau à la traduction française et à l’édition allemande :
Problèmes fondamentaux de la phénoménologie (abrégé PFP) trad. J. English,
Paris, PUF, 1992 ; Hua XIII : Zur Phänomenologie der Intersubjektivität, Erster
Teil : 1905-1920, texte n°6, éd. par I. Kern, La Haye, M. Nijhoff, 1973.
2
Selon le titre du chapitre III, PFP, p. 152/154.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
30 JOHN TRYSSESOONE
1
Nous ignorerons donc celle, par ailleurs importante dans le contexte de ce cours,
sur l’absence de motivation de la réduction phénoménologique.
2
PFP, p. 153/154.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 31
objection, ayant trait à la possibilité d’une telle mise hors circuit du je.
Un je ne doit-il pas, en effet, accompagner nécessairement toute
cogitatio, de telle sorte, comme le précise Husserl, que « ce qui est
absolument donné en fait, c’est, comme le voulait Descartes, le
cogito »1 ? S’il adopte encore une apparente hésitation (qui marque
peut-être le caractère transitoire des Problèmes fondamentaux),
précisant que « sur cela, nous n’avons pas encore à prendre de
décision », la réponse que Husserl esquisse en 1910-1911 est en
réalité beaucoup plus proche de la position qui sera celle d’Idées I que
de celle des Recherches logiques. Suspendant le je empirique de
l’immanence psychologique, Husserl n’en est effectivement pas moins
amené à réintroduire, à l’intérieur de l’immanence phénoméno-
logique, un je pur. L’objection contre la possibilité d’une mise hors
circuit du je, écrit-il en ce sens, « peut donc seulement vouloir dire
que, en face du je empirique, il y a encore à admettre un je pur, en tant
que quelque chose d’inséparable des cogitationes »2. Or, cette
concession à la deuxième objection devrait suffire à ébranler l’appa-
rente évidence avec laquelle fut dissipée la première. Car nous ne
voyons plus, sitôt qu’est associé un ego à toute cogitatio, en quoi
l’immanence phénoménologique serait favorisée par rapport à
l’immanence psychologique ; plus précisément, comment l’ego de
cette conscience parviendrait à sortir au-delà de son immanence
phénoménologique. En somme, le même nuage du solipsisme qui
obscurcira le ciel des Idées I et, de façon plus tempétueuse, celui des
Méditations cartésiennes, ne vient-il pas peser à nouveau sur les
éclaircissements par lesquels nous tentions de le dissiper ?
Mais plutôt que d’en revenir à la rubrique du solipsisme, comme
il le fera dans Philosophie première, Husserl choisit plutôt de
retraduire en quelque sorte cette première objection en une troisième,
qui orientera de façon décisive la marche ultérieure des Problèmes
fondamentaux. La troisième objection qui retient Husserl concerne
maintenant le caractère absolu de la donnée phénoménologique : le
phénoménologue a-t-il, en accord avec l’exigence cartésienne de la
philosophie, chaque fois affaire à une donnée absolue ? Autrement dit,
1
PFP, p. 153/155.
2
Ibid.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
32 JOHN TRYSSESOONE
1
PFP, p. 154/156.
2
Selon le titre du § 34 des PFP, p. 189/177, sur lequel nous nous attarderons un
peu plus loin.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 33
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
34 JOHN TRYSSESOONE
1
Philosophie première (1923-1924), Deuxième partie : Théorie de la réduction
phénoménologique, trad. A. L. Kelkel, Paris, PUF, 1972 (abrégé PP) ; Hua VIII :
Erste Philosophie (1923-1924), Zweiter Teil : Theorie der phänomenologischen
Reduktion, La Haye, M. Nijhoff, 1959.
2
PP, 36e leçon, p. 89/64.
3
PP, troisième section, p. 115/82.
4
Cf. le titre de la 53e leçon, b) : « L’égologie transcendantale (“phénoménologie
solipsiste”) et le passage à la réduction intersubjective. » (PP, p. 239/173.)
5
Ibid.
6
PP, p. 240/174.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 35
1
Ibid.
2
Krisis, p. 176/158. La crise des sciences européennes et la phénoménologie
transcendantale (abrégé Krisis), trad. G. Granel, Paris, Gallimard, 1976 ; Hua
VI : Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die transzendentale
Phänomenologie, éd. par W. Biemel, La Haye, M. Nijhoff, 1954.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
36 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 37
1
Cf. Iso Kern, art. cit.
2
Nous suivons en cela N. Depraz, pour qui, « dans les Leçons de 1910-11, seule
la détermination non cartésienne est clairement marquée : la caractérisation onto-
logique ou psychologique y demeure plus indécise » (N. Depraz, op. cit., p. 200).
Nous aurons l’occasion d’ajouter avec N. Depraz une justification plus positive à
cette première indication sommaire.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
38 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 39
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
40 JOHN TRYSSESOONE
1
Les Ideen I analysent également ce genre de réflexions « dans » les présenti-
fications du type du souvenir ou de l’attente (Ideen I, §§ 77-78). Aussi Husserl y
conclut-il en opposant à la « validité absolue de la réflexion en tant que perception
immanente » et de la « rétention immanente », la « validité relative du ressouvenir
immanent » (Ideen I, p. 256-257). Le ressouvenir possède certes une certaine
« validité », ou encore, pour le dire avec la phénoménologie de la raison, un
certain « poids » rationnel, qu’il emprunte à une perception originaire, mais dont
nous comprenons qu’il ne peut prétendre à l’évidence parfaite, ni à la validité
absolue qui sont alors exigées pour la phénoménologie.
2
PP, p. 121/85.
3
PFP, p. 189/178.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 41
1
Iso Kern, art. cit., p. 297-298.
2
Une note marginale de Husserl précise que les Problèmes fondamentaux, et la
conscience qui y est réduite, ne se tiennent pas encore au niveau d’une phénomé-
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
42 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 43
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
44 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 45
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
46 JOHN TRYSSESOONE
pas, en tout cas, pire non plus1. » Ce dernier aveu, formulé seulement
quelques années avant le projet de fondation systématique des Idées I
— mais aussi quelques années après les cinq leçons de 1907 sur
L’Idée de la phénoménologie, dans lesquelles Husserl annonçait déjà
sa dette envers la démarche cartésienne du doute pour l’acquisition
d’un « terrain absolu » —, a sans doute de quoi surprendre. Dans tous
les cas, cet élargissement de l’expérience phénoménologique au-delà
des données absolues apparaîtra de façon beaucoup plus critique en
1923-1924, lorsque Husserl, bien que contournant explicitement la
voie cartésienne par la voie de la psychologie intentionnelle, n’en
élèvera pas moins des prétentions à réaliser une Philosophie première.
1
PFP, p. 173-174/168-169. Husserl précise à nouveau dans une note marginale
que l’« expérience transcendantale » est à comprendre comme « recherche singu-
lière individuelle sur la conscience à l’intérieur de l’épochè phénoménologique ».
L’analogie avec les sciences empiriques est donc une fois de plus à comprendre
dans le cadre d’une science phénoménologique de la facticité, et non de la
législation éidétique.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 47
1
Pour une exposition plus méthodique du chemin de la psychologie, cf. Iso Kern,
art. cit., p. 301.
2
PP, p. 181-182/130.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
48 JOHN TRYSSESOONE
1
PP, p. 178/128.
2
Cette dernière expression est tirée de Krisis, p. 265/239. Mais dans Philosophie
première, Husserl qualifie déjà une telle réduction aussi bien de « phénoméno-
logique » que de « psychologique ». Sur le passage de la réduction psychologique
à la réduction transcendantale, cf. la 46e leçon de PP, p. 194-202/139-145, ainsi
que le § 71 de Krisis, p. 274-289/247-260.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 49
1
PP, p. 189/135.
2
PP, p. 190/136.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
50 JOHN TRYSSESOONE
1
PP, p. 191-192/137.
2
PP, p. 213/153.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 51
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
52 JOHN TRYSSESOONE
1
PP, p. 224-225/162.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 53
1
PP, p. 225/162.
2
PP, p. 260/189.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
54 JOHN TRYSSESOONE
laquelle leur vie forme une communauté »1. Cette communauté de vie
précède en quelque sorte toute vie individuelle, au sens où chaque ego
implique déjà en lui — de même qu’il est déjà impliqué en elle — la
totalité de la vie intersubjective. Un extrait important de la Krisis
explicite cette reformulation de la vie égologique dans son contexte
intersubjectif où elle se voit maintenant impliquée : « Dans le flux
vivant de l’intentionnalité, en quoi consiste la vie d’un sujet
égologique, se trouve déjà impliqué d’avance intentionnellement, sur
le mode de l’intropathie et de l’horizon d’intropathie, n’importe quel
autre ego. Dans l’épochè universelle qui se comprend véritablement
elle-même il apparaît ainsi que les âmes dans leur essentialité propre
ignorent absolument toute scission de l’extériorité des unes par
rapport aux autres. Ce qui dans l’attitude mondaine naturelle du
monde de la vie avant l’épochè est une extériorité réciproque, à cause
de la localisation des âmes dans les corps, cela se change par l’épochè
en une pure intériorité réciproque intentionnelle. Du même coup le
monde, le monde qui est simplement, se change dans le phénomène
communautaire total “Monde”, “Monde pour tous les sujets réels et
possibles”, dont aucun ne peut se soustraire à l’implication intention-
nelle qui veut qu’il appartienne d’avance à l’horizon de quelque sujet
que ce soit2. » Husserl conclut alors qu’avec cette « uni-totalité » des
âmes, nous avons en fait, « pour notre plus grande surprise », déjà
atteint dans son sens véritable la subjectivité transcendantale, et donc
rejoint du même coup « une philosophie universelle et donc
transcendantale ».
En conclusion, nous pouvons nous-mêmes constater, semble-t-il,
que le chemin par la psychologie, suivi dans Philosophie première
1
Krisis, p. 286/258. Le vocabulaire psychologique que Husserl continue
d’employer après la réduction transcendantale ne doit pas nous étonner : dans la
Krisis, l’épochè psychologique universelle authentiquement comprise n’est autre
que l’épochè transcendantale ; et la subjectivité universelle qu’elle dégage dans sa
pureté est identique à la subjectivité transcendantale. Contrairement, donc, à
Philosophie première qui considère la psychologie comme un passage menant à la
phénoménologie transcendantale, mais dont celle-ci sera le dépassement, la Krisis
considère qu’une psychologie pure menée de façon conséquente finit par se
transmuer en phénoménologie transcendantale.
2
Krisis, p. 287/259.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 55
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
56 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 57
comprenant tout acte de connaissance qui n’est pas guidé par l’idée
d’une connaissance absolue, d’une connaissance fondée sur une
justification absolue et universelle »1. À celle-ci appartiennent dès lors
non seulement les connaissances naturelles, « mais aussi la connais-
sance s’effectuant sur le sol de la subjectivité transcendantale en tant
que celle-ci <cette connaissance> n’est précisément soumise à aucune
critique apodictique et que l’on s’est abstenu de toute espèce d’inter-
rogation sur la justification absolue de la connaissance transcen-
dantale »2. Mais le cours Philosophie première se clôt sans que la
critique apodictique de l’expérience transcendantale ne soit jamais
menée à bien. La connaissance phénoménologique de l’inter-
subjectivité transcendantale, tout comme celle de mon courant de
conscience, semble donc y demeurer attachée à ce niveau de « naïveté
transcendantale ».
On doit cependant remarquer que, dans les Méditations carté-
siennes, une telle critique apodictique de l’expérience transcendantale
était déjà reportée, en tant que « tâche d’un niveau supérieur », à une
« seconde étape » de la phénoménologie, faisant suite à un premier
parcours du domaine de l’expérience transcendantale du moi3. Et
l’ouvrage se concluait, lui aussi, sur l’affirmation de la « nécessité
d’une critique de l’expérience et de la connaissance transcendantale »,
en reconnaissant que celle-ci n’y est, en fait, jamais accomplie4. Les
Méditations cartésiennes peuvent donc elles-mêmes, de l’aveu de
Husserl, être encore affectées « de naïveté (de naïveté apodictique) »5.
Ce qui invite peut-être à remettre en cause la possibilité même d’une
critique apodictique de la phénoménologie, c’est-à-dire d’une critique
de l’expérience transcendantale des vécus inactuels, ainsi que de la
subjectivité étrangère, qu’elle mobilise pourtant. Toutefois, nous
l’avons remarqué dans le chapitre que nous leur avons consacré, les
Méditations cartésiennes anticipent la forme que devrait prendre une
telle critique dans le cadre du souvenir : ne nous est donnée dans une
1
PP, p. 236/171.
2
Ibid.
3
MC, p. 73-74.
4
MC, p. 203/177.
5
Ibid.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
58 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 59
1
Cf. par exemple PP, p. 243-249/176-181, p. 256-261/186-190 ; et Krisis, p.
245/220-221, p. 290-291/262.
2
PP, p. 180/129.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
60 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 61
1
Comme nous l’avons fait précédemment, nous renvoyons pour une caractérisa-
tion générale de la voie de l’ontologie à l’article d’Iso Kern, art. cit., p. 305-307.
Iso Kern commence par en exposer les composantes générales, puis les découvre
dans les différents textes de Husserl qui les mettent en œuvre. Nous nous con-
tenterons pour notre part de l’exposer telle qu’elle se déploie dans la Krisis.
2
Krisis, p. 159/143.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
62 JOHN TRYSSESOONE
n’est pas perceptible »1. Or, ces idéalités non perceptibles ne peuvent
tenir leur sens d’être que d’évidences plus fondamentales, en
renvoyant de façon ultime à la perception. C’est ainsi qu’après avoir
diagnostiqué une situation de crise scientifique du fait de la
désolidarisation des constructions logico-objectives d’avec les évi-
dences fondamentales de l’expérience, Husserl en vient à poser la
consigne d’un retour au monde de la vie quotidien. Ce monde de la
vie n’est autre que le monde de l’expérience, le monde « de l’intuition
qui “éprouve” effectivement »2, et qui acquiert par l’expérience sa
valeur d’être. C’est en ce monde que toutes les validités, y compris les
validités objectives de la science, trouvent leur fondement onto-
logique, en tant qu’il est le monde de toutes les « choses qui sont »,
issues de l’infinité de l’expérience réelle et possible. Il s’agit donc
pour éclairer, pour fonder l’a priori objectif des sciences, de dégager
l’« a priori universel du monde de la vie », en tant qu’il apparaît
comme l’ultime sol sur lequel toute objectivité, réelle ou idéale, peut
avoir validité pour nous. Ce qui exige que l’on mette en œuvre une
épochè de toutes les sciences objectives, que l’on se retienne de toute
participation à l’accomplissement des connaissances des sciences
objectives, afin d’empêcher toute immixtion de l’objectivité « con-
struite » au sein du monde « éprouvé ».
Or, cette première épochè est fort relative, elle n’a rien encore de
l’épochè transcendantale. Nous continuons donc à nous mouvoir sur le
sol du monde, bien que celui-ci ait échangé sa signification de
« monde objectif » contre celle de « monde de la vie ». Tout en se
mouvant sur ce sol pré-réductif, Husserl peut dégager toute une série
de constatations quant au monde de la vie. Notamment sur son
caractère communautaire. En effet, le monde de la vie comprend en
lui-même l’humanité entière, et c’est à ce titre que nous rencontrons
d’abord l’intersubjectivité : en tant qu’elle appartient au monde.
« Nous appartenons toujours — nous, c’est-à-dire chaque “ego
homme” et nous tous ensemble — précisément au monde en tant que
nous vivons ensemble dans ce monde, lequel trouve justement dans ce
“vivre-ensemble” ce qui fait de lui “notre” monde, le monde qui vaut-
1
Krisis, p. 144/130.
2
Krisis, p. 59/50.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 63
1
Krisis, p. 123/110.
2
Krisis, p. 161/145.
3
Krisis, p. 166/149.
4
Krisis, p. 198/177.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
64 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 65
1
Krisis, p. 170-171/153.
2
Krisis, p. 171/153.
3
Krisis, p. 190/170.
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
66 JOHN TRYSSESOONE
1
Krisis, p. 196/175.
2
Krisis, p. 183/163.
3
Krisis, p. 196/175-176.
4
Krisis, p. 191/171.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 67
1
Krisis, p. 204/183.
2
Krisis, p. 174/155-156.
3
Nous pensons donc, pour le dire autrement, que ce serait une erreur de voir dans
le paradoxe de la Krisis une simple reformulation du paradoxe que Husserl avait
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
68 JOHN TRYSSESOONE
déjà à l’esprit dans les Ideen I lorsqu’il s’inquiétait de ce que « d’un côté la
conscience doit être l’être absolu au sein duquel se constitue tout être transcendant
et donc finalement le monde psychophysique dans sa totalité ; et d’autre part la
conscience doit être un événement réel (reales) et subordonné à l’intérieur de ce
monde ». Ce paradoxe (Husserl se demandant « comment concilier les deux »)
trouvait effectivement sa résolution du côté de « l’aperception » de la conscience
transcendantale, en tant qu’elle est la « réalisation (Realisierung) » d’elle-même
en conscience psychologique (Ideen I, p. 178-179). Le paradoxe de la Krisis est, à
notre sens, beaucoup plus menaçant. Si, dans les Ideen I, nous possédons déjà la
conscience en tant qu’être absolu, cet acquis nous fait absolument défaut dans la
Krisis. Aussi, le § 71 que Husserl consacre entièrement à la « résolution du
paradoxe » se composera de deux moments. Le premier, a), reprend une
distinction analogue à celle des Ideen I, c’est-à-dire à celle que nous rappelions
plus haut : « Nous comme hommes, et nous comme sujets fonctionnant de façon
ultime. » Mais ce premier moment se révélera insuffisant, dans la mesure où ce
« nous » n’est justement pas assuré de façon ultime. Dans la voie de l’ontologie,
le même paradoxe se transforme donc en une inquiétude beaucoup plus radicale
que dans les Ideen I, qui remet ici radicalement en cause notre acquisition de
l’(inter)subjectivité transcendantale elle-même. Un second moment, b), est donc
nécessaire, qui marque la spécificité de cette subjectivité fonctionnante (c’est-à-
dire de l’intersubjectivité) atteinte dans la Krisis. Celui-ci s’intitulera : « Ego, en
tant qu’ego-origine, je constitue mon horizon d’autres ego transcendantaux, en
tant que co-sujets de la subjectivité transcendantale qui constitue le monde. » En
fin de compte, ce paradoxe, qui est chaque fois la confrontation de l’être absolu de
la conscience transcendantale avec l’être seulement mondain de la conscience
psychologique, nous révèle ici que nous ne possédons, en fait, pas encore le
premier.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 69
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
70 JOHN TRYSSESOONE
CONCLUSION
1
Krisis, p. 212/190.
2
Ibid.
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 71
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
72 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
LES CHEMINS DE L’INTERSUBJECTIVITE 73
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
74 JOHN TRYSSESOONE
John TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm
BIBLIOGRAPHIE
J. Tryssesoone, « Les chemins de l’intersubjectivité dans la philosophie de Husserl », Bulletin d’analyse phénoménologique, II/5, octobre 2006, p. 3-76
76 JOHN TRYSSESOONE
2006 – http://www.bap.ulg.ac.be/index.htm