Distrib
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1
Introduction
Les équations aux dérivées partielles constituent la généralisation naturelle des équa-
tions différentielles dans le cas où l’inconnue dépende de plusieurs variables. Elles modé-
lisent de très nombreux phénomènes physiques, chimiques, biologiques ou économiques.
Classiquement, une solution d’une e.d.p d’ordre m est une fonction m-fois continument
différentiable. Cependant, il est apparu au début du XXème siècle que cette notion était
trop restrictive et que si l’on voulait rendre compte, de manière satisfaisante, de certains
phénomènes il convenait d’affaiblir la notion de solution afin d’y inclure des objets plus
singuliers- par exemple des fonctions discontinues. C’est ainsi que dans les années 1930,
sous l’impulsion notamment des mathématiciens Jean Leray et Leonid Sobolev, est
apparue la notion de solution faible qui contenait en germe celle de distribution. Ins-
piré par ces travaux, le mathématicien Laurent Schwartz a élaboré dans les années
1945 − 50, une théorie générale, rigoureuse et d’utilisation aisée qu’il a baptisée « théorie
des distributions».
1.1 Rappels-Notations
1.1.1 Notations
Un multi-indice α est un n-uplet d’entiers, α = (α1 , ..., αn ) ∈ Nn . Pour α, β ∈ Nn on
pose :
|α| = α1 + ... + αn et α! = α1 !...αn !.
α ≤ β ⇐⇒ αi ≤ βi , pour tout i = 1, ..., n.
α!
si α ≥ βalors α − β = (α1 − β1 , ..., αn − βn ) et {βα = .
β!(α − β)!
!α1 !αn
α ∂ ∂
∂ = ... .
∂x1 ∂xn
Pour x ∈ Rn , on note : q
|x| = x21 + . . . + x2n
1
1.1.2 Rappels
Soit Ω un ouvert de Rn .
Lemme: 1
Pour i ∈ N∗ , on pose
1
Ki = {x ∈ Rn : |x| ≤ i} ∩ x ∈ Ω : d(x, Ωc ) ≥ }
i
où d est la distance Euclidienne sur Rn . Alors,
1. Chaque Ki est un compact et Ki ⊂ int(Ki+1 ).
∞
S ∞
S
2. Ω = Ki = int(Ki ).
i=1 i=2
3. Pour tout compact K de Ω il existe i0 ∈ N∗ tel que K ⊂ Ki0 .
Définition: 1
1. C 0 (Ω) désigne l’ensembles des fonctions f : Ω −→ C continues.
∂f
2. C 1 (Ω) est l’ensemble des fonctions f : Ω −→ C dérivables telles que ∂xi
∈ C 0 (Ω),
pour tout i = 1, . . . , n.
3. Pour k ∈ N, k ≥ 2, C k (Ω) est l’ensemble des fonctions f : Ω −→ C, de classe
C k , c’est à dire k-fois dérivables telles que ∂ α f ∈ C 0 (Ω), pour tout α ∈ Nn avec
|α| = k.
4. C ∞ (Ω) = C k (Ω), l’ensemble des fonctions de classe C ∞ sur Ω.
T
k∈N
Remarque: 1
f ∈ C k (Ω) si et seulement si, ∂ α f ∈ C 0 (Ω), pour tout α ∈ Nn tel que |α| ≤ k.
∂ α (f g) = {βα ∂ β f ∂ α−β g.
X
β≤α
2
2. x0 ∈
/ supp(f ) ⇐⇒ ∃ Vx0 : f (x) = 0, ∀x ∈ Vxo .
3. (supp(f ))c est le plus grand ouvert ou f est nulle.
Remarque: 2
Les propriétés suivantes sont faciles à vérifier :
1. supp(f ) = ∅ ⇐⇒ f = 0 dans Ω,
2. supp(f g) ⊂ supp(f ) ∩ supp(g),
∂f
3. supp( ∂xj
) ⊂ supp(f ), j = 1, ..., n, si f ∈ C 1 (Ω).
Définition: 3
1. Pour k ∈ N ∪ {∞}, C0k (Ω) désigne l’ensemble des f ∈ C k (Ω) tels que supp(f ) est
un compact contenu dans Ω.
2. Si K est un compact de Ω, C0k (K) désigne l’ensemble des éléments f ∈ C0k (Ω) tels
que supp(f ) ⊂ K.
Définition: 5
On appel approximation de l’identité toute suite de fonctions (ρε ) définie par :
1 x
ρε (x) = ρ( ),
εn ε
où ρ ∈ C0∞ (Rn ) telle que : supp(ρ) ⊂ {x ∈ Rn : |x| < 1}, ρ ≥ 0 et
R
Rn ρ(x)dx = 1.
3
Proposition: 3
Soit k ∈ N ∪ {∞}.
1. Pour tout i ∈ N∗ , pi définie une semi-norme sur C k (Ω).
2. Muni de la famille (pi )i∈N∗ , C k (Ω) est un espace de Fréchet.
Preuve :*
Proposition: 4 (convergence dans C k (Ω))
Soient Soit k ∈ N ∪ {∞}, (fj )j≥0 une suite de C k (Ω) et f ∈ C k (Ω). Les deux conditions
suivantes sont équivalentes.
1. La suite (fj )j≥0 converge vers f dans C k (Ω).
2. Pour tout |α| ≤ k (tout α si k = ∞) et pour tout compact K ⊂ Ω, la suite
(∂ α fj )j≥0 converge uniformément sur K vers ∂ α f .
Preuve :*
Définition: 6
On dit qu’un sous ensemble B de C k (Ω), (k ∈ N ∪ {∞}), est borné si,
∀i ∈ N∗ ∃Mi > 0 : pi (f ) ≤ Mi , ∀f ∈ B.
Théorème: 2 (Proprièté de Montel)
Soit B un sous ensemble de C ∞ (Ω). Il y a équivalence entre :
1. B est compact,
2. B est fermé et borné.
Preuve :*
Remarque: 3
L’implication 2) =⇒ 1) est fausse en général dans les espaces C k (Ω) lorsque k < ∞.
i=1
4
Théorème: 3
Il existe une unique topologie τ sur C0k (Ω) (appelée toplogie limite inductive stricte des
topologies τi ) la plus fine rendant continues le injections canoniques, C0k (Ki ) −→ C0k (Ω).
Preuve :*
Corollaire: 1
1. La restriction de τ sur chaque C0k (Ki ) coïncide avec la topologie de C0k (Ki ).
2. Une suite (fj )j∈N de C0k (Ω) converge dans C0k (Ω) si et seulement si
(a) il existe i0 ∈ N∗ tel que supp(fj ) ⊂ Ki0 , pour tout j ∈ N.
(b) La suite (fj )j∈N converge dans C0k (Ki0 ).
3. Une forme linéaire T sur C0k (Ω) est continue si et seulement si la restriction de T
à chaque C0k (Ki ) est continue.
4. Un sous-ensemble B de C0k (Ω) est borné si et seulement s’il existe io ∈ N∗ tel que
B ⊂ C0k (Ki0 ) et B y est borné.
Preuve :*
Théorème: 4
C0∞ (Ω) est est un espace vectoriel topologique complet, mais non métrisable.
Preuve :*
Définition: 8
L’ensemble des fonctions à décroissance rapide sur Rn est appelé espace de Schwartz, il
se note S(Rn ).
5
Exemple: 1
1. C0∞ (Rn ) ⊂ S(Rn ).
2. Les fonctions de la forme ϕ(x) = P (x) exp(−a|x|2 ) avec P ∈ R[X1 , ..., Xn ] et a > 0
sont dans S(Rn ).
Définition: 9
Une fonction f : Rn −→ C est dite à croissance lente s’il est de classe C ∞ et si pour tout
α ∈ Nn , ∃Cα , ∃qα ∈ N tels que
|∂ α f | ≤ Cα . (1 + |x|)qα
Proposition: 5
1. (S(Rn ), +, ., ×) est une algèbre commutative.
2. Pour tout 1 ≤ p ≤ +∞, S(Rn ) ⊂ Lp (Rn ).
Preuve :*
Théorème: 6
1. Pour tout k ∈ N, Nk définie une semi-norme sur S(Rn ).
2. Muni de la famille des semi-normes (Nk )k∈N , S(Rn ) est un espace de Fréchet.
Preuve :*
Remarque: 4
1. Soit φ ∈ OM (Rn ) telle que pour tout β ∈ Nn , ∂ β φ ∈ OM (Rn ). Alors l’opérateur
défini par f 7−→ f φ est continu de S(Rn ) dans lui-même.
2. Pour α ∈ Nn , les opérateurs définies par f 7−→ xα f et f 7−→ ∂ α f sont continus
de S(Rn ) dans lui-même.
3. L’application S(Rn ) × S(Rn ) −→ S(Rn ), (f, g) 7−→ f ∗ g est bilinéaire continue.
Proposition: 6
1. S(Rn ) s’injecte continûment dans C ∞ (Rn ).
2. C0∞ (Rn ) s’injecte continûment dans S(Rn ).
Preuve :*
6
Théorème: 7
L’espace C0∞ (Rn ) est dense dans l’espace S(Rn ).
Preuve :*
Théorème: 8
Pour tout 1 ≤ p < +∞, S(Rn ) est dense dans l’espace Lp (Rn ).
Preuve :*
Proposition: 7
Les compacts de S(Rn ) sont les fermés bornés.
Preuve :*
Enfin, les isomorphismes F et F −1 sont continues sur S(Rn ), i.e. pour tout k ∈ N, il
existe Ck > 0 tel que :
max Nk (F(f )), Nk (F −1 ) ≤ Ck Nk+n+1 (f ), pour tout f ∈ S(Rn ).
Preuve :*
7
Théorème: 10 (formule de Plancherel)
Soient f, g ∈ S(Rn ). Alors
Preuve :*
Théorème: 11 (Paley-Wiener)
1. Soit ϕ ∈ C0∞ (Rn ) avec supp(ϕ) ⊂ B(0, r). Alors il existe une fonction F : Cn −→
C, entière (holomorphe sur Cn ) telle que :
(a) F (ξ) = F(f )(ξ), ∀ξ ∈ Rn .
(b) ∀N ∈ N, ∃CN > 0 : |F (z)| ≤ CN (1 + |z|)−N exp(r|Im(z)|), ∀z ∈ Cn .
2. Réciproquement ; Soit F : Cn −→ C, une fonction entière vérifiant :
Exemple: 2
(
ln |x|, si x 6= 0
1. g(x) = est localement intégrable sur R, mais non intégrable.
0, si x = 0
(
1
x
,si x 6= 0
2. f (x) = n’est pas localement intégrable sur les ouverts de R conte-
0, si x = 0
nant 0.
3. les fonctions mesurables localement bornées sur Ω (en particulier continues) sont
localement intégrables sur Ω.
8
Remarque: 5
Soit 1 ≤ p ≤ +∞.
1. Lploc (Ω) est un espace vectoriel.
2. Lp (Ω) ⊂ Lploc (Ω).
3. Lploc (Ω) ⊂ L1loc (Ω).
4. C0∞ (Ω) ⊂ Lploc (Ω).
Théorème: 12
1. Pour tout i ∈ N∗ , pi définie une semi-norme sur Lploc (Ω).
2. Muni de la famille (pi )i≥1 , Lploc (Ω) est un espace de Frechet.
Preuve :*
Proposition: 9
Soient f ∈ C0k (Ω) et g ∈ L1loc (Ω). Alors f ∗ g ∈ C k (Ω).
Preuve :*
Théorème: 13
Soit 1 ≤ p ≤ +∞. Lp (Ω) est dense dans Lploc (Ω).
Corollaire: 2
Pour tout p ∈ [1, +∞[, on a :
1. S(Rn ) est dense dans Lploc (Rn ).
2. C00 (Ω) est dense dans Lploc (Ω).
Preuve :*
1.6 Résumé
— C0∞ (Ω) ⊂ C k (Ω), pour tout k ∈ N ∪ {∞}.
— C0∞ (Ω) ⊂ Lp (Ω), pour tout p ∈ [1, +∞].
— C0∞ (Ω) est dense dans C k (Ω), pour tout k ∈ N ∪ {∞}.
— C0∞ (Ω) est dense dans Lp (Ω), pour tout p ∈ [1, +∞[.
— C00 (Ω) est dense dans Lploc (Ω), pour tout p ∈ [1, +∞[.
— C0∞ (Ω) s’injecte dans S(Rn ) et S(Rn ) s’injecte dans C ∞ (Rn ).
— C0∞ (Ω) est dense dans S(Rn ).
— S(Rn ) est dense dans Lp (Rn ), pour tout p ∈ [1, +∞[.
— S(Rn ) est dense dans Lploc (Rn ), pour tout p ∈ [1, +∞[.