Chapitre I LES AGENTS AGRESSIFS ET LEURS MODES D'ACTION

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‫الجمهورية الجزائرية الديمقراطية الشعبية‬

République Algérienne Démocratique et Populaire


‫وزارة التعليم العالي و البحث العلمي‬
Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche
scientifique

Université Mohamed El Bachir El Ibrahimi de Bordj Bou Arreridj


FACULTÉ DE SIENCE ET DE TECHNOLOGIE
Département de Génie Civil

Master 2
Spécialité : Matériaux en Génie Civil

Durabilité des matériaux

Dr. MAAFI NABIL


Année Universitaire 2023/2024
Avant-Propos
Ce polycopié est destiné aux étudiants de
2èmeannée Master-Spécialité Matériaux de Génie
Civil. Il constitue un support de cours permettant
aux étudiants de comprendre les agents agressifs
et leur modes d’action, la durabilité du béton vis
à-vis des eaux agressifs (environnement à
tendance acide, environnement sulfatique, alcali-
réaction…), la durabilité des armatures et du
béton d’enrobage, la durabilité des bétons en
ambiance hivernale rigoureuse et la durabilité du
bois.
CHAPITRE I
LES AGENTS AGRESSIFS ET LEURS
MODES D’ACTION
1. INTRODUCTION

Le pH de la matrice cimentaire est très alcalin, il est voisin de 13, tout autre milieu dont le pH
est inférieur à cette valeur peut être considéré comme un milieu agressif.
Cependant le comportement du béton placé dans un environnement chimiquement agressif
dépend de facteurs complexes et multiples liés d'une part à l'environnement (nature, concentration et
renouvellement ou non des éléments agressifs) et d'autre part au matériau lui-même (nature et dosage
des constituants, conditions de fabrication, durée et paramètres de cure).
Pour réaliser un béton durable, il suffit, dans la majorité des cas, de réaliser un béton
suffisamment dosé en ciment et très compact. Le respect d'exigences supplémentaires, notamment le
choix du ciment, est nécessaire pour maîtriser des situations plus sévères, telle qu'une conservation
en milieu chimique agressif.

2. CLASSIFICATION DES MILIEUX AGRESSIFS


Les milieux agressifs sont variés, ils peuvent être classés en trois catégories :
 Les gaz : d’origine naturelle ou résultant de pollutions atmosphériques et fermentation, dont
les plus fréquemment rencontrés sont les dioxydes de carbone, de soufre, et d’azote,
l’hydrogène sulfuré…
 Les liquides inorganiques ou organiques, qui indépendamment de leurs éventuels effets
purement physiques agissent surtout par leur caractère acide ou basique et par les ions
agressifs qu’ils peuvent contenir.
 Les solides : essentiellement des sols et des déchets d’origines diverses
2.1. Aspectes normatifs
La norme Française NF P 18 – 011 définit les environnements agressifs les plus courants : Quatre
classes d'agressivité sont définies: environnement faiblement agressif, moyennement agressif,
fortement agressif et très fortement agressif. Elles sont regroupées dans le tableau 1.1 qui donne en
outre leurs symboles et les niveaux de protection correspondants
Tableau 1.1 - Définition des classes d'agressivité

Environment Symbole Niveau de protection


Faiblement agressif A1 1
Moyennement agressif A2 2
Fortement agressif A3 3
Très fortement agressif A4 4

2.2. Les milieux agressifs


Trois catégories peuvent être distinguées :
Le tableau 1.2 donne le degré d'agressivité des solutions et des sols les plus courants.
Tableau 1.2 - Agressivité des solutions et des sols
a) agressivité des solutions en fonction de leur concentration en agents et de leur
pH : eaux stagnantes ou à faible courant, climat tempéré, pression normale

Degré d'agressivité A1 A2 A3 A4

Agents agressifs Concentration en mg / l


CO2 agressif * 15 à 30 30 à 60 60 à 100 > 100
SO42- 250 à 600 600 à 1500 1500 à 6000 > 6000
Mg2+ 100 à 300 300 à 1500 1500 à 3000 > 3000
NH42+ 15 à 30 30 à 60 60 à 100 > 100
pH 6.5 à 5.5 5.5 à 4.5 4.5 à 4 <4
La limite est fixée à 3000 mg / l pour l'eau de mer

b) Cas de l'eau douce


T A C ** < 1 méq / l - - -

c) Agressivité des sols en fonction de la teneur en SO 42-


2-
% SO4 dans le sol
0.24 – 0.6 0.8 – 1.2 1.2 – 1.4 > 2.4
sec ***
Mg / SO42- extrait
1200 à 2300 2300 à 3700 3700 à 6700 > 6700
du sol ****
Niveau de
1 2 2 3
protection

* CO2 agressif = excès de CO2 dissous par rapport au CO2 nécessaire au maintien en solution des
hydrocarbonates de Ca et Mg
** T A C titre alcalimétrique complet (norme NF T 90 – 036)
Le titre alcalimétrique complet (TAC) indique la teneur en hydroxyles libres (OH-), carbonates
(CO2-3) et bicarbonates (HCO3-) et s’exprime en degré hydrotimétrique.
1 degré hydrotimétrique = 10 mg / l de CaCO3
*** Extraction par HCl à chaud
**** Extraction par l'eau (rapport eau / solution = 2 / 1).

3. Modes d’action des agents agressifs sur le béton

Mode d’action des gaz

Le transfert des gaz dans le béton se fait généralement par diffusion et dépend très fortement de
l’humidité relative du matériau. Les transferts par diffusion peuvent intervenir sous deux formes :
en phase liquide et en phase gazeuse.
Mode d’action des liquides

Le transfert de liquide se fait soit par mouvement du liquide sous gradient de pression hydraulique
ou par capillarité d’une part, soit par diffusion d’autre part. L’écoulement ou le mouvement du
liquide se produit lorsque le béton est soumis à un gradient de pression hydraulique (barrage).
L’écoulement en phase liquide est engendré par les tensions capillaires ou encore lorsque le béton est
sec subit une ascension capillaire d’eau d’origine extérieure.

Mode d’action des solides

La nocivité des substances solides est directement liée à leur capacité d’extraction et de passage en
solution dans les eaux avec lesquelles ils entrent en contact. Leurs actions se réduisent alors à des
phénomènes voisins de ceux observés dans le cas des agressions par les liquides.

4. Mécanismes élémentaires de l’interaction entre agents agressifs et constituants du beton.

Dissolution

La dissolution d’une base ou d’un acide est une réaction de dissolution ou lixiviation totale ou
partielle. La dissolution d’une base forte ou d’un acide fort est complète ou presque complète. Ainsi
l’hydroxyde de calcium [Ca(OH)2] qui est une base forte se dissout totalement et se dissocie en ions
Ca+2 et OH-. Dans le cas d’une base faible ou d’un acide faible la dissolution n’est que partielle.

Hydrolyse :

C’est le nom particulier donné à la dissolution lorsque les ions provenant de la dissolution d’un sel
agissent sur l’eau. L’eau se décompose avec production de protons (H+) ou (H3O+) ou d’hydroxyles
(OH-).

4.1. Réactions d’échanges de cations entre milieu environnant et la pâte

Dans le cas de réactions d’échanges d’ions trois types d’altération peuvent se présenter séparément
ou simultanément :

Formation des sels de calcium solubles :


Les solutions d’acide peuvent réagir sur les composés hydratés et principalement la portlandite en
donnant des sels de calcium solubles selon le schéma suivant :

Acide + Ca (OH)2 → Ca ++ + eau ou base


La dissolution progressive de la portlandite provoque une diminution de l’alcalinité, un accroissement
de la porosité et une chute des résistances mécaniques.
Formation des sels de calcium non expansifs
Les anions de certains acides donnent lieu à la formation des sels de calcium insolubles ou très peu
solubles, qui précipitent dans les pores et forment une couche inhibitrice de la réaction. Ces acides
sont considérés comme peu agressifs sur le béton.
Substitution d’ions calcium dans les silicates hydratés
Ce type de réaction est le résultat d’un échange de base entre CSH de la pâte de ciment durci et la
solution agressive. Les solutions de sel de magnésium peuvent remplacer les ions Ca++ des CSH par
les ions Mg2+. Le produit de la réaction est un silicate de magnésium hydraté MSH ou un silicate
Calco–magnésien C, MSH, suivant le degré d’avance de la réaction de substitution.

Substitution des ions Ca2+ par les Mg2+


MgSO4 + Ca (OH)2→CaSO4 + Mg (OH)2

Soluble gypse secondaire Cristallisé Précipité

Lixiviation Expansion protection

4.2. Réactions associées à la cristallisation des composés expansifs


Lorsque la concentration d’une solution dépasse la limite de saturation, pour une espèce donnée, des
cristaux se forment à partir de germes de cristallisation suivant les conditions de sursaturation de la
solution environnante. La formation de cristaux peut engendrer des pressions suffisantes pour
provoquer la fissuration d’un matériau.
Trois modèles sont proposés pour décrire les mécanismes et évaluer les pressions de cristallisation :

 Cristallisation dans le cas d’une solution fortement concentrée et sursaturée

𝑹𝑻 𝑪
𝑷= 𝒍𝒐𝒈
𝑽𝑺 𝑪𝑺
P – Pression
R – Constante des gaz
T – Température en °K
VS – Volume molaire du sel
C- Concentration du sel
CS – Concentration du sel au-delà de l’état de saturation
Tableau 1.3 – Pressions de cristallisation de quelques sels

Pression de cristallisation, MPa


Sel Composition C/CS = 2 C/CS = 10 C/CS = 50
0 °C 50 °C 0 °C 50 °C 0 °C 50 °C
Anhydrite CaSO4 33,5 39,8 112,0 132,5 190,0 226,2
Gypse CaSO42.H20 28,2 33,4 93,8 111,0 159,5 190,0
Kiesérite MgSO42.H20 27,2 32,4 91,0 107,9 154,3 184,0
Thénardite Na2SO4 29,2 34,5 97,0 115,0 165,0 196,5
Mirabilite Na2SO410.H20 7,2 8,3 23,4 27,7 39,7 47,3
Bischofite MgCl26.H20 11,9 14,2 39,7 47,0 67,5 80,3
Halite NaCl 55,4 65,4 184,5 219,0 313,5 373,7
Thermonatrite Na2CO3.H20 28,0 33,3 93,5 110,9 159,0 189,1

 Pression de cristallisation dépendant de la distribution dimensionnelle des pores.


Pour des raisons thermodynamiques, la cristallisation s’effectue d’abord dans les pores les plus gros.
La solution contenue dans les plus petits pores sert de réservoir à la croissance cristalline. Si les pores
de grand rayon sont remplis par les cristaux, ces derniers tendent à croître dans les petits pores
adjacents. La pression P est donnée par la relation suivante :

𝟏 𝟏
𝑷 = 𝟐𝝈 −
𝒓 𝑹

P – Pression de cristallisation
σ –Tension superficielle de la solution
r – Rayon moyen des petits pores
R – Rayon moyen des grands pores
La relation ci-dessus montre que la pression de cristallisation est d’autant plus importante que la
différence des rayons entre les pores est grande.

 Cas particulier de la pression de cristallisation par hydratation


La pression d’hydratation développée lors de la fixation de l’eau par un sel provoque une
augmentation de volume molaire, elle s’exerce sur les parois des pores selon la relation suivante :
𝑹𝑻 𝑷𝑯 𝟎
𝑷= 𝒍𝒏 𝟐
𝜟𝑽 𝑷𝑺𝒐𝒍

P – Pression de cristallisation par hydratation


R – Constante des gaz parfait
T – Température en °K
ΔV – Différence du volume molaire du sel, après et avant hydratation
PH2O – Pression de vapeur d’eau réelle
PSol- Pression de vapeur d’eau de la solution
La pression de cristallisation par hydratation peut atteindre 10 MPa.

5. LA POROSITE ET LA FISSURATION : FACTEURS DE DURABILITE


5.1. Introduction
Les transferts dans le béton durci s’établissent par l’intermédiaire :
 d’un réseau de fissures, qui résulte lui-même du fonctionnement normal de certaines structures
en béton armé et éventuellement de diverses causes accidentelles.
 réseau poreux, qui apparaît normalement dans la structuration de la pâte au cours de
l’hydratation
5.2. La fissuration
La fissuration du béton armé est normale lorsqu’elle est maîtrisée, ce qui signifie que les fissures sont
d’ouverture limitée.
En fonctionnement normal, les éléments du béton armé qui travaillent en traction ou en flexion sont
fissurés. Les formules de calcul des structures permettent d’estimer l’ouverture et l’espacement des
fissures, on dispose aussi de règles fixant la limite admissible d’ouverture des fissures en fonction de
l’agressivité du milieu.
Les causes générales de la fissuration précoce auxquelles nous nous intéressons ici sont les causes
physiques. Ces causes sont d’une part le tassement qui accompagne le ressuage et d’autre part les
retraits (chimique, thermique et hydrique)
5.2.1. Rappel
 Ressuage :
C’est un phénomène courant mais qui peut dans certains cas conduire à des désordres. Il se manifeste
par l’apparition d’une pellicule d’eau à la surface horizontale du béton frais, en relation avec un
tassement progressif du squelette sous l’effet de la pesanteur. Cette déformation verticale de
tassement peut être importante et s’accompagner dans les cas extrêmes de la création de fissures
ouvertes au droit des obstacles qui s’opposent au mouvement de tassement du béton (armatures,
variations locales d’épaisseur etc.) (Figure 1.1).

Figure 1.1 – Tassement du béton

Ces désordres peuvent commencer à se manifester à travers le film d’eau de ressuage non encore
évaporée, ce qui exclue le retrait hydraulique. On observe aussi parfois en surface des creux de
quelques décimètres carrés, localisés au droit des armatures.
Le mécanisme de tassement s’apparente à une percolation de l’eau à travers la suspension faiblement
floculée des grains de ciment. Il s’agit en fait, d’un tassement d’ensemble de la phase solide au cours
duquel l’eau interstitielle s’écoule dans le réseau poreux entre les grains pour venir en surface.
 Retrait thermique
La réaction d’hydratation du ciment est exothermique, elle s’accompagne d’un grand dégagement de
chaleur et d’un échauffement du béton. Au fur et à mesure de l’avancement de la réaction
d’hydratation, le dégagement de chaleur ralentit et le béton refroidit. La contraction du matériau due
à ce refroidissement est appelée retrait thermique.
Lorsque cette chaleur n’est pas rapidement évacuée dans les structures massives, la température au
cœur est plus élevée qu’en peau. Le retrait thermique est susceptible d’entraîner, lors du
refroidissement, l’apparition de contraintes de tractions résiduelles et éventuellement une fissuration.

 Retrait chimique (endogène, d'autodessiccation ou contraction LE CHATELIER)


Ce retrait est dû aux réactions d'hydratation créant une dessiccation sans départ d'eau vers l'extérieur.
Lors de l’hydratation, l’eau de gâchage est progressivement consommée pour former des hydrates.
Cette hydratation présente un bilan volumique négatif : le volume des hydrates est inférieur à la
somme des volumes des constituants (ciment anhydre et eau) consommés. Cette autodessiccation peut
provoquer un retrait au même titre que la dessiccation proprement dite.
 Retrait hydrique (plastique ou exogène)
Lors du séchage du béton, le départ d’eau dans la matrice de ciment provoque un retrait appelé retrait
de dessiccation dû à un déséquilibre hydrique entre le béton et l’air ambiant. Ce retrait est la réponse
mécanique du matériau soumis au séchage.
Remarque :
La fissuration la plus pénalisante pour la durabilité des ouvrages en béton est la fissuration précoce.
Elle donne souvent, en effet, des fissures ouvertes.

5.3. La porosité
La durabilité du béton dépend essentiellement de la difficulté qu’ont les agents agressifs à pénétrer
dans le réseau poreux du matériau. La porosité est un paramètre déterminant de la durabilité du béton,
plus la porosité diminue, plus les propriétés mécaniques augmentent et plus la perméabilité diminue
(Figure 1.2).

Figure 1.2 - Relation entre la perméabilité, la résistance à la compression et le niveau de porosité


du béton.

5.3.1. Types de pores


La porosité est définie par le rapport entre le volume des pores (Vp) et le volume total (Vt = Vp +Vs)
comprenant le volume des pores (Vp) et le volume du solide (Vs) :

𝑽𝒑 𝑽𝒑
𝑷= =
𝑽𝒕 𝑽𝒑 + 𝑽𝒔

La porosité du béton est constituée de plusieurs familles de vide, qu’on peut classer en fonction de
leurs dimensions, leurs géométries et de leur rôle dans le transport de matière :

5.3.2. Dimensions des pores :

Les dimensions sont comprises entre quelques mm et quelques dizaines d'Armstrong (Å). Les plus
petits vides du béton sont donc 1 million de fois plus petits que les plus gros.
Par ordre décroissant de diamètre on retrouve:

 les vides d'air ou pores (diamètre > 1mm), ces vides ne sont généralement pas remplis d'eau.
 les bulles d'air entraînées (10µ < diamètre < 1mm)
 Les pores capillaires (0,01 µ m < diamètre < 5 µ m), si le béton est constamment conservé à
l'humidité, on peut considérer que les pores capillaires sont pratiquement remplis d'eau. Par
contre, si le béton est soumis au séchage, les pores capillaires commencent à se vider
graduellement en commençant par les plus gros.
 les pores de gel (diamètre < 40Å), contiennent de l'eau qui est en partie adsorbée à la surface
des feuillets de C-S-H. Cette eau est relativement stable et il est difficile de l'extraire par
séchage.

5.3.3. Géométrie des pores

Les pores sont constitués : (figure 1.3)

 de pores capillaires interconnectés, qui forment un espace continu dans le réseau poreux,
 de pores isolés qui ne communiquent pas avec l’environnement,
 de pores aveugles qui sont interconnectés d’un seul côté.

5.3.4. Rôle des pores dans le transport de la matière

Ce sont surtout les pores capillaires qui influencent le plus la perméabilité du béton. Les pores de gel
n'ont pas une grande influence sur la perméabilité.

Figure 1.3 - Influence du degré d'interconnectivité sur la perméabilité de la pâte.

5.4. Facteurs influençant la porosité

5.4.1. Influence du dosage en ciment

La porosité dite capillaire telle que définie dans le paragraphe 2.1, du béton durcie à base de CPA,
peut être estimée par la relation simplifiée suivante :
𝑷 = 𝑷𝒃𝒇 − 𝑽𝑪

P – porosité,

Pbf – porosité du béton frais

Vc – volume de ciment anhydre

Cette relation montre qu’on limite la porosité en fixant un dosage minimal de ciment, à condition
que :

 le ciment s’hydrate effectivement par une bonne cure,


 la porosité du béton soit considérée comme imposée (moyens de mise en œuvre)

5.4.2. Influence de la cure

En l’absence d’un traitement approprié, le béton soumis à la dessiccation dès qu’il est décoffré. La
dessiccation précoce ralentit fortement et peut même arrêter l’hydratation, la réduction du volume du
ciment entrant en réaction augmente très fortement la porosité du béton durci.

5.4.3. Influence du rapport E/C

En fixant une borne supérieure au rapport E/C, on limite la porosité de la pâte interstitielle dans le
béton (en appelant ainsi la phase interstitielle située entre les grains de gravillons et sable, composée
de ciment et d’eau). Cependant il faut préciser que la quantité d’eau E dans le rapport E/C doit être
définit, il s’agit de la quantité d’eau efficace qui est différente de la quantité d’eau introduite comme
eau de gâchage dans la bétonnière.

 Définition de la quantité d’eau dans le rapport E/C :

On appelle Eeff la quantité d’eau totale contenue dans le mélange de béton frais, diminuée de la
quantité d’eau retenue par la porosité des granulats et des additions.

Eeff = Etotale – EP

Eeff : eau efficace,

Etotale : eau totale dans le malaxeur,

Ep : eau piégée dans les pores des granulats et des additions.

L’eau totale contenue dans le malaxeur est égale à la quantité d’eau introduite au moment du
malaxage (appelée aussi eau d’apport) et l’eau apportée par les granulats
Etotale = Ed apport – Eg

Etotale : eau totale dans le malaxeur,

Eg : eau apportée par les granulats

Ed’apport : eau introduite dans le malaxeur

Eeff = Ed apport – Eg – EP

La valeur de E/C est difficile à mesurer sur les bétons frais ; d’où l’idée d’associer la valeur de ce
rapport à une autre grandeur qu’est la résistance à la compression minimale à une échéance donnée.
L’avantage de cette solution serait double :

 permettre un contrôle facile du critère général de durabilité,


 exprimer le critère de durabilité avec une grandeur physique (résistance mécanique).

Ce qui nous renvoi à la figure 1. En effet le rapport E/C exerce une grande influence sur la porosité
de la pâte de ciment hydraté car il gouverne directement l'espacement initial entre les grains de ciment
en suspension dans l'eau de gâchage.

On sait que la durabilité dépend essentiellement de la porosité capillaire, il est intéressant d’approcher
l’influence du rapport E/C sur la porosité capillaire

 E/C élevé:

Les grains de ciment seront donc très éloignés les uns des autres et, après s'être complètement
hydratés, il restera un surplus d'eau important, donc, une porosité capillaire très importante. La
perméabilité du béton sera très grande et ses propriétés mécaniques seront très faibles.

 E/C faible :

Les grains de ciment seront très près les uns des autres. Toute l'eau pourra réagir avec le ciment et il
ne restera que très peu de porosité capillaire. La perméabilité du béton sera très faible et les propriétés
du béton seront très élevées.

Cependant, on aura utilisé beaucoup trop de ciment car une grande partie de celui-ci n'aura pas pu
réagir par manque d'eau. Même une très faible quantité d'hydrates peut permettre de combler les
espaces intergranulaires. C'est en partie ce qui explique que les bétons avec E/C faible développent
très rapidement leur résistance.
 E/C optimal :

D’un point de vue strictement chimique, en équilibrant les réactions d'hydratation du ciment, un
rapport E/C=0,22 suffit pour hydrater tout le ciment. Cependant, Power a montré que pratiquement,
et d'un point de vue physicochimique, il faut un rapport E/C minimal de 0,42.

En effet, pour que la réaction d'hydratation se poursuive, une certaine quantité d'eau doit être adsorbée
par les hydrates (eau de pores de gel) sans que celle-ci soit liée chimiquement, sa présence dans les
hydrates étant absolument nécessaire à leur formation.

En pratique, l'hydratation n'est jamais complète car les plus gros grains de ciment ne s’hydratent
jamais complètement. À un certain stade de leur hydratation, ils sont recouverts d'une couche
d'hydrates qui se densifie et devient de plus en plus imperméable, qui empêche l’eau de pénétrer vers
l'intérieur du grain. C'est pour cette raison qu'en pratique, même dans les pâtes fabriquées avec un
E/C très faible (0,25) il subsiste toujours une certaine porosité capillaire. La réduction du rapport E/C
permet non seulement de diminuer le volume total des pores capillaires mais elle permet aussi de
réduire leur diamètre.

Pour un E/C plus faible la porosité capillaire est en fait constituée d'un réseau de pores plus fin et plus
discontinu. Ce phénomène est illustré sur la figure 1.4.

Figure 1.4 - Courbe de porosité au mercure de deux pâtes de ciment conservées pendant 7 jours
dans l'eau

En réduisant le E/C de 0,45 à 0,25, le volume total de la porosité (cumulative porosity) passe de 40%
à moins de 20% et, en même temps, le diamètre moyen des plus gros pores est diminué par un facteur
10.
En général, il est préférable que le réseau de pores capillaires soit constitué de pores les plus petits
possibles car le degré d'interconnections y est plus faible. La perméabilité de la pâte s'en trouve alors
considérablement diminuée car il y a très peu de chemins préférentiels pour le passage des liquides,
des gaz ou des ions potentiellement agressifs

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