Chapitre I LES AGENTS AGRESSIFS ET LEURS MODES D'ACTION
Chapitre I LES AGENTS AGRESSIFS ET LEURS MODES D'ACTION
Chapitre I LES AGENTS AGRESSIFS ET LEURS MODES D'ACTION
Master 2
Spécialité : Matériaux en Génie Civil
Le pH de la matrice cimentaire est très alcalin, il est voisin de 13, tout autre milieu dont le pH
est inférieur à cette valeur peut être considéré comme un milieu agressif.
Cependant le comportement du béton placé dans un environnement chimiquement agressif
dépend de facteurs complexes et multiples liés d'une part à l'environnement (nature, concentration et
renouvellement ou non des éléments agressifs) et d'autre part au matériau lui-même (nature et dosage
des constituants, conditions de fabrication, durée et paramètres de cure).
Pour réaliser un béton durable, il suffit, dans la majorité des cas, de réaliser un béton
suffisamment dosé en ciment et très compact. Le respect d'exigences supplémentaires, notamment le
choix du ciment, est nécessaire pour maîtriser des situations plus sévères, telle qu'une conservation
en milieu chimique agressif.
Degré d'agressivité A1 A2 A3 A4
* CO2 agressif = excès de CO2 dissous par rapport au CO2 nécessaire au maintien en solution des
hydrocarbonates de Ca et Mg
** T A C titre alcalimétrique complet (norme NF T 90 – 036)
Le titre alcalimétrique complet (TAC) indique la teneur en hydroxyles libres (OH-), carbonates
(CO2-3) et bicarbonates (HCO3-) et s’exprime en degré hydrotimétrique.
1 degré hydrotimétrique = 10 mg / l de CaCO3
*** Extraction par HCl à chaud
**** Extraction par l'eau (rapport eau / solution = 2 / 1).
Le transfert des gaz dans le béton se fait généralement par diffusion et dépend très fortement de
l’humidité relative du matériau. Les transferts par diffusion peuvent intervenir sous deux formes :
en phase liquide et en phase gazeuse.
Mode d’action des liquides
Le transfert de liquide se fait soit par mouvement du liquide sous gradient de pression hydraulique
ou par capillarité d’une part, soit par diffusion d’autre part. L’écoulement ou le mouvement du
liquide se produit lorsque le béton est soumis à un gradient de pression hydraulique (barrage).
L’écoulement en phase liquide est engendré par les tensions capillaires ou encore lorsque le béton est
sec subit une ascension capillaire d’eau d’origine extérieure.
La nocivité des substances solides est directement liée à leur capacité d’extraction et de passage en
solution dans les eaux avec lesquelles ils entrent en contact. Leurs actions se réduisent alors à des
phénomènes voisins de ceux observés dans le cas des agressions par les liquides.
Dissolution
La dissolution d’une base ou d’un acide est une réaction de dissolution ou lixiviation totale ou
partielle. La dissolution d’une base forte ou d’un acide fort est complète ou presque complète. Ainsi
l’hydroxyde de calcium [Ca(OH)2] qui est une base forte se dissout totalement et se dissocie en ions
Ca+2 et OH-. Dans le cas d’une base faible ou d’un acide faible la dissolution n’est que partielle.
Hydrolyse :
C’est le nom particulier donné à la dissolution lorsque les ions provenant de la dissolution d’un sel
agissent sur l’eau. L’eau se décompose avec production de protons (H+) ou (H3O+) ou d’hydroxyles
(OH-).
Dans le cas de réactions d’échanges d’ions trois types d’altération peuvent se présenter séparément
ou simultanément :
𝑹𝑻 𝑪
𝑷= 𝒍𝒐𝒈
𝑽𝑺 𝑪𝑺
P – Pression
R – Constante des gaz
T – Température en °K
VS – Volume molaire du sel
C- Concentration du sel
CS – Concentration du sel au-delà de l’état de saturation
Tableau 1.3 – Pressions de cristallisation de quelques sels
𝟏 𝟏
𝑷 = 𝟐𝝈 −
𝒓 𝑹
P – Pression de cristallisation
σ –Tension superficielle de la solution
r – Rayon moyen des petits pores
R – Rayon moyen des grands pores
La relation ci-dessus montre que la pression de cristallisation est d’autant plus importante que la
différence des rayons entre les pores est grande.
Ces désordres peuvent commencer à se manifester à travers le film d’eau de ressuage non encore
évaporée, ce qui exclue le retrait hydraulique. On observe aussi parfois en surface des creux de
quelques décimètres carrés, localisés au droit des armatures.
Le mécanisme de tassement s’apparente à une percolation de l’eau à travers la suspension faiblement
floculée des grains de ciment. Il s’agit en fait, d’un tassement d’ensemble de la phase solide au cours
duquel l’eau interstitielle s’écoule dans le réseau poreux entre les grains pour venir en surface.
Retrait thermique
La réaction d’hydratation du ciment est exothermique, elle s’accompagne d’un grand dégagement de
chaleur et d’un échauffement du béton. Au fur et à mesure de l’avancement de la réaction
d’hydratation, le dégagement de chaleur ralentit et le béton refroidit. La contraction du matériau due
à ce refroidissement est appelée retrait thermique.
Lorsque cette chaleur n’est pas rapidement évacuée dans les structures massives, la température au
cœur est plus élevée qu’en peau. Le retrait thermique est susceptible d’entraîner, lors du
refroidissement, l’apparition de contraintes de tractions résiduelles et éventuellement une fissuration.
5.3. La porosité
La durabilité du béton dépend essentiellement de la difficulté qu’ont les agents agressifs à pénétrer
dans le réseau poreux du matériau. La porosité est un paramètre déterminant de la durabilité du béton,
plus la porosité diminue, plus les propriétés mécaniques augmentent et plus la perméabilité diminue
(Figure 1.2).
𝑽𝒑 𝑽𝒑
𝑷= =
𝑽𝒕 𝑽𝒑 + 𝑽𝒔
La porosité du béton est constituée de plusieurs familles de vide, qu’on peut classer en fonction de
leurs dimensions, leurs géométries et de leur rôle dans le transport de matière :
Les dimensions sont comprises entre quelques mm et quelques dizaines d'Armstrong (Å). Les plus
petits vides du béton sont donc 1 million de fois plus petits que les plus gros.
Par ordre décroissant de diamètre on retrouve:
les vides d'air ou pores (diamètre > 1mm), ces vides ne sont généralement pas remplis d'eau.
les bulles d'air entraînées (10µ < diamètre < 1mm)
Les pores capillaires (0,01 µ m < diamètre < 5 µ m), si le béton est constamment conservé à
l'humidité, on peut considérer que les pores capillaires sont pratiquement remplis d'eau. Par
contre, si le béton est soumis au séchage, les pores capillaires commencent à se vider
graduellement en commençant par les plus gros.
les pores de gel (diamètre < 40Å), contiennent de l'eau qui est en partie adsorbée à la surface
des feuillets de C-S-H. Cette eau est relativement stable et il est difficile de l'extraire par
séchage.
de pores capillaires interconnectés, qui forment un espace continu dans le réseau poreux,
de pores isolés qui ne communiquent pas avec l’environnement,
de pores aveugles qui sont interconnectés d’un seul côté.
Ce sont surtout les pores capillaires qui influencent le plus la perméabilité du béton. Les pores de gel
n'ont pas une grande influence sur la perméabilité.
La porosité dite capillaire telle que définie dans le paragraphe 2.1, du béton durcie à base de CPA,
peut être estimée par la relation simplifiée suivante :
𝑷 = 𝑷𝒃𝒇 − 𝑽𝑪
P – porosité,
Cette relation montre qu’on limite la porosité en fixant un dosage minimal de ciment, à condition
que :
En l’absence d’un traitement approprié, le béton soumis à la dessiccation dès qu’il est décoffré. La
dessiccation précoce ralentit fortement et peut même arrêter l’hydratation, la réduction du volume du
ciment entrant en réaction augmente très fortement la porosité du béton durci.
En fixant une borne supérieure au rapport E/C, on limite la porosité de la pâte interstitielle dans le
béton (en appelant ainsi la phase interstitielle située entre les grains de gravillons et sable, composée
de ciment et d’eau). Cependant il faut préciser que la quantité d’eau E dans le rapport E/C doit être
définit, il s’agit de la quantité d’eau efficace qui est différente de la quantité d’eau introduite comme
eau de gâchage dans la bétonnière.
On appelle Eeff la quantité d’eau totale contenue dans le mélange de béton frais, diminuée de la
quantité d’eau retenue par la porosité des granulats et des additions.
Eeff = Etotale – EP
L’eau totale contenue dans le malaxeur est égale à la quantité d’eau introduite au moment du
malaxage (appelée aussi eau d’apport) et l’eau apportée par les granulats
Etotale = Ed apport – Eg
Eeff = Ed apport – Eg – EP
La valeur de E/C est difficile à mesurer sur les bétons frais ; d’où l’idée d’associer la valeur de ce
rapport à une autre grandeur qu’est la résistance à la compression minimale à une échéance donnée.
L’avantage de cette solution serait double :
Ce qui nous renvoi à la figure 1. En effet le rapport E/C exerce une grande influence sur la porosité
de la pâte de ciment hydraté car il gouverne directement l'espacement initial entre les grains de ciment
en suspension dans l'eau de gâchage.
On sait que la durabilité dépend essentiellement de la porosité capillaire, il est intéressant d’approcher
l’influence du rapport E/C sur la porosité capillaire
E/C élevé:
Les grains de ciment seront donc très éloignés les uns des autres et, après s'être complètement
hydratés, il restera un surplus d'eau important, donc, une porosité capillaire très importante. La
perméabilité du béton sera très grande et ses propriétés mécaniques seront très faibles.
E/C faible :
Les grains de ciment seront très près les uns des autres. Toute l'eau pourra réagir avec le ciment et il
ne restera que très peu de porosité capillaire. La perméabilité du béton sera très faible et les propriétés
du béton seront très élevées.
Cependant, on aura utilisé beaucoup trop de ciment car une grande partie de celui-ci n'aura pas pu
réagir par manque d'eau. Même une très faible quantité d'hydrates peut permettre de combler les
espaces intergranulaires. C'est en partie ce qui explique que les bétons avec E/C faible développent
très rapidement leur résistance.
E/C optimal :
D’un point de vue strictement chimique, en équilibrant les réactions d'hydratation du ciment, un
rapport E/C=0,22 suffit pour hydrater tout le ciment. Cependant, Power a montré que pratiquement,
et d'un point de vue physicochimique, il faut un rapport E/C minimal de 0,42.
En effet, pour que la réaction d'hydratation se poursuive, une certaine quantité d'eau doit être adsorbée
par les hydrates (eau de pores de gel) sans que celle-ci soit liée chimiquement, sa présence dans les
hydrates étant absolument nécessaire à leur formation.
En pratique, l'hydratation n'est jamais complète car les plus gros grains de ciment ne s’hydratent
jamais complètement. À un certain stade de leur hydratation, ils sont recouverts d'une couche
d'hydrates qui se densifie et devient de plus en plus imperméable, qui empêche l’eau de pénétrer vers
l'intérieur du grain. C'est pour cette raison qu'en pratique, même dans les pâtes fabriquées avec un
E/C très faible (0,25) il subsiste toujours une certaine porosité capillaire. La réduction du rapport E/C
permet non seulement de diminuer le volume total des pores capillaires mais elle permet aussi de
réduire leur diamètre.
Pour un E/C plus faible la porosité capillaire est en fait constituée d'un réseau de pores plus fin et plus
discontinu. Ce phénomène est illustré sur la figure 1.4.
Figure 1.4 - Courbe de porosité au mercure de deux pâtes de ciment conservées pendant 7 jours
dans l'eau
En réduisant le E/C de 0,45 à 0,25, le volume total de la porosité (cumulative porosity) passe de 40%
à moins de 20% et, en même temps, le diamètre moyen des plus gros pores est diminué par un facteur
10.
En général, il est préférable que le réseau de pores capillaires soit constitué de pores les plus petits
possibles car le degré d'interconnections y est plus faible. La perméabilité de la pâte s'en trouve alors
considérablement diminuée car il y a très peu de chemins préférentiels pour le passage des liquides,
des gaz ou des ions potentiellement agressifs