Toute La Physique Sans Les Équations Antoine Moreau
Toute La Physique Sans Les Équations Antoine Moreau
Toute La Physique Sans Les Équations Antoine Moreau
TOUTE
LA PHYSIQUE
SANS LES
ÉQUATIONS
TOUTE LA PHYSIQUE
SANS LES ÉQUATIONS
Antoine Moreau
ISBN 9782340-063532
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2022
8/10 rue la Quintinie 75015 Paris
A
Le livre que vous tenez entre les mains est celui que j’ai toujours eu
envie d’écrire, et si j’ai mis du temps, c’est qu’il représente un triple pari.
Le premier pari, c’est qu’il est possible de raconter, sans aucune équa-
tion, les raisonnements et les idées les plus fondamentaux sur lesquels la
physique se base – même s’il s’agit de l’électromagnétisme, de la relativité
générale ou de la mécanique quantique.
Le deuxième pari, c’est de ne négliger aucune partie de la physique
parce qu’elles sont toutes passionnantes. La vulgarisation moderne s’ape-
santit souvent sur les dernières découvertes, les dernières spéculations à
la mode, mais on en oublie les subtilités qu’il peut y avoir dans la notion
d’énergie ou dans la façon qu’on a de produire de l’électricité.
Le troisième pari, c’est qu’il soit possible de relever les deux premiers
en ennuyant le lecteur le moins possible. C’est le pari qui me tient le plus à
cœur. J’ai essayé d’écrire le livre que j’aurais aimé lire quand j’étais au col-
lège et que la physique commençait à m’intriguer, pour mieux comprendre
en quoi elle est si importante et si élégante.
Il faut aussi admettre que cet ouvrage est le prolongement logique
d’une expérience : je me suis lancé il y a maintenant quelques années dans
la rédaction d’un site web de vulgarisation de physique 1 qui a attiré plus
d’un million et demi de visites. J’ai reçu des messages de remerciements de
personnes ne connaissant pas du tout la physique, surprises d’avoir réussi
à la comprendre facilement. A mon tour de les remercier, c’est ce qui m’a
nalement poussé à écrire ce livre en me disant qu’il pouvait être utile ou
apprécié.
Finalement, si ce livre “fonctionne” comme prévu, il vous fera voir
le monde comme les physiciens le voient. Et on voit vraiment l’univers
diéremment quand on en connaît les mécanismes. J’aimerais que vous
1. www.e-scio.net
4
É
L’énergie se conserve
dans la boule sous la forme d’énergie “potentielle” liée au poids. Plus une
boule est en hauteur, plus elle a d’énergie potentielle.
Pourquoi “potentielle” ? Pour comprendre, il faut lâcher la boule, la
laisser tomber droit vers le sol. Vous voyez bien qu’elle se met en mou-
vement, et qu’elle va de plus en plus vite vers le sol : elle acquiert donc
une énergie cinétique en descendant. Comme elle descend, elle est de plus
en plus proche du sol et son énergie potentielle diminue. En fait, toute
l’énergie potentielle qui disparaît au cours de la descente est transformée
en énergie cinétique. C’est pour cela que l’énergie est potentielle : il faut
la laisser s’exprimer pour voir qu’en fait, la boule était capable de prendre
de la vitesse toute seule. L’énergie potentielle est en un sens parfaitement
invisible : elle ne correspond pas à du mouvement, à de la chaleur, ou à
quelque chose qu’on puisse sentir.
F 1.2 – Juste avant d’arriver au sol, la boule a une grande énergie
cinétique. Après avoir heurté le sol, elle n’en a plus. Par contre, le sol est plus
chaud à l’endroit où la boule a frappé : les constituants du sol s’agitent un
peu plus. Ils ont donc plus d’énergie cinétique : l’énergie s’est conservée !
peuvent vaincre la force qui fait se repousser les noyaux. Et nalement faire
qu’ils se collent violemment, qu’ils tombent l’un vers l’autre. Il y a donc là
aussi une forme d’énergie potentielle. Les étoiles, les bombes atomiques et
les centrales nucléaires sont des signes tangibles de l’importance de cette
énergie potentielle : elle est énorme. Tous ces phénomènes sont en fait de
la conversion d’énergie potentielle nucléaire en chaleur, rayonnement, etc.
Ce qu’il faut retenir, c’est que quel que soit le phénomène, les forces
mises en jeu, l’énergie ne disparaît ou n’apparaît jamais. Elle ne fait que
passer d’une forme à une autre. On dit que l’énergie se conserve et c’est
le premier principe de la discipline qui étudie les échanges d’énergie : la
thermodynamique. Ce domaine a été créé pour étudier le fonctionnement
des machines à vapeur (et à charbon comme source d’énergie). Depuis des
siècles, le rêve de beaucoup d’hommes était d’inventer le mouvement per-
pétuel : une machine capable de conserver son mouvement éternellement,
et mieux, de mettre en mouvement d’autres machines sans perdre son
élan. Si une telle machine existait, cela signierait qu’elle serait capable de
fournir de l’énergie à volonté. Et de la sortir de nulle part nalement. Or
cela contredirait le fait que l’énergie se conserve ! Bref, à partir du moment
10 1. É
Le sens du temps, le désordre et le billard
Nous allons jouer à un petit jeu. Je vais vous proposer trois cas. Pour
chaque cas, je vais vous donner deux situations. Vous devez rééchir et dire
laquelle s’est produite en premier à votre avis si personne n’est intervenu
entre les deux.
Le premier cas est celui d’une boule de pétanque.
Vous allez me dire que la boule était en l’air et qu’elle est tombée, donc
que la première situation est antérieure. Facile.
Le deuxième cas est celui d’un verre d’eau.
1. Un nom qui peut induire en erreur : il ne s’agit pas seulement de conserver indé-
niment le même mouvement, ça, les satellites le font très bien par exemple, mais de
fournir de l’énergie en réalité. Ce que ce nom ne laisse pas transparaître.
L , 11
F 1.5 – Dans une première situation le verre est légèrement teinté, dans
une seconde une goutte de colorant concentré est clairement visible.
Cette fois, vous serez d’accord pour dire que la seconde situation est
chronologiquement la première et que la goutte s’est diluée.
Le dernier cas est celui de deux cubes de métal accolés (voir gure 1.6).
F 1.6 – La première situation est celle où les deux blocs ont des tempé-
ratures diérentes : l’un est froid (le bloc 1, mettons), l’autre est chaud (le bloc
2). Dans la seconde situation les deux blocs sont à une même température,
intermédiaire (tiède, disons).
Cette fois, vous me direz que le bloc le plus chaud a fourni de la chaleur
à celui qui était le plus froid, et qu’ainsi leurs températures sont devenues
égales. La première situation était donc antérieure à l’autre.
12 1. É
F 1.7 – Voici une situation qui ne se produirait pas très souvent : toutes
les boules sont dans la même moitié du billard. Et plus le nombre de boules
est grand, plus il est rare qu’elles soient toutes du même côté !
F 1.8 – Représenté ainsi, il paraît évident que la première situation (a)
est antérieure à la seconde (b). Pourtant, ça n’est pas parfaitement sûr ! C’est
juste beaucoup plus probable.
Reprenons nos deux blocs métalliques l’un chaud, l’autre froid. Dans
ce cas, l’énergie ne s’est pas encore bien répartie. Autrement dit, elle est
encore partiellement rangée, et donc il y a une part de cette énergie qui
est récupérable. Comment faire ? Il surait de séparer les deux blocs et de
mettre par exemple un thermocouple entre les deux. C’est un dispositif
très simple à base de ls métalliques (diérents alliages), qui produit de
l’électricité dès qu’on le soumet à une diérence de température. Si on
avait mis un thermocouple sans accoler les deux blocs, il aurait tiré de
l’énergie de la diérence de température. Ce faisant, le bloc chaud se serait
refroidi, le bloc froid se serait réchaué. Mais leur température nale serait
moindre que si on les avait laissé échanger de la chaleur sans récupérer
l’énergie, bien sûr !
La thermodynamique a été inventée pour étudier exactement ce cas :
celui des machines thermiques, qui tirent leur énergie d’une diérence
de température. C’était le cas des premières machines à vapeur : elles
vaporisaient l’eau pour pousser des pistons, qui mettaient des machines
en mouvement. C’est une façon de voir les choses. D’un point de vue
énergétique, on peut dire qu’elles utilisaient une diérence importante
de température entre le charbon en train de se consumer et l’eau froide
qu’elles emportaient.
Et saviez-vous qu’en fait une centrale nucléaire est une machine à
vapeur ? Elle utilise la diérence de température entre le réacteur nucléaire
L’ T 17
F 1.10 – Si le bloc chaud avait vraiment été très chaud on aurait pu
en mettant de l’eau dessus, la faire s’évaporer à l’intérieur d’un piston et
ainsi mettre le piston en mouvement. Puis la vapeur aurait pu être condensée
(retransformée en eau) sur le bloc froid et on aurait pu recommencer. C’est
une autre façon de tirer de l’énergie d’une diérence de température, et c’est
le principe des machines à vapeur !
qui est chaud et de l’eau fraîche. C’est pour cela que les centrales sont
toujours placées soit au bord d’une rivière, soit au bord de la mer. La
vaporisation de l’eau permet de mettre en mouvement l’alternateur qui
transforme ce mouvement en énergie électrique. On voit la vapeur produite
s’échapper des tours de refroidissement des centrales, en leur donnant
cet aspect d’ ”usines à nuages”. Bref, même si ce n’est pas très sexy, les
centrales nucléaires sont avant tout des machines à vapeur.
Pour résumer, si l’entropie d’un système isolé 1 est maximale il n’y a
pas d’énergie récupérable, il ne contient que de l’énergie désordonnée. Il
ne peut donc plus évoluer à nos yeux. La boule de pétanque reste collée au
sol et les blocs sont à la même température. Par contre, tant que l’entropie
d’un système n’est pas à son maximum, cela signie en général qu’il y a de
l’énergie récupérable, qu’on peut en tirer de l’énergie bien rangée.
L’énergie sur Terre
1. Un système, c’est le truc qu’on regarde, comme les deux blocs ou la boule de
pétanque et le sol.
18 1. É
puisque c’est cette partie précise de la Terre qui nous concerne le plus. Eh
bien la croûte terrestre reçoit de l’énergie de trois sources bien distinctes.
1. La première est la chaleur qui nous parvient de l’intérieur de la Terre.
Essentiellement, elle est produite par la désintégration des éléments
radioactifs qui se trouvent dans le manteau (loin sous terre). Ce
sont ceux-là même qu’on utilise dans les centrales nucléaires où
l’on accélère en fait leur désintégration. La désintégration libère
de l’énergie sous forme de chaleur. Sans cette source de chaleur, la
Terre se serait depuis longtemps refroidie et solidiée, alors que
loin sous terre, les roches sont liquides 1 . Comme les roches sont
liquides, elles bougent et entraînent les continents et les "plaques
tectoniques" dans leur mouvement. C’est ce qui provoque des trem-
blements de terre, des éruptions volcaniques. Et puis toute cette
chaleur se manifeste aussi par des sources chaudes (la géothermie
les utilise), des geysers et autres phénomènes volcaniques. Le champ
magnétique de la Terre est dû aux mouvements du manteau égale-
ment. Bref, la désintégration des éléments radioactifs est la source
d’énergie principale du fonctionnement "interne" de la Terre 2 .
2. La deuxième source d’énergie est celle qui est pour nous de très
loin la plus importante : c’est la lumière que nous recevons du soleil.
Nous allons voir qu’elle est convertie en plein de types d’énergie
diérents.
Hydraulique. La plus grande part de l’énergie lumineuse que nous
recevons est convertie en chaleur, en agitation des molécules. C’est
ce qui fait s’évaporer l’eau de la surface des océans, qui monte et
gagne ainsi de l’énergie potentielle, puis se condense et tombe sous
forme de pluie. Des barrages retiennent cette eau dans des vallées
en l’empêchant de perdre cette énergie potentielle que le soleil lui
a donnée. En quelque sorte, par ce mécanisme, le soleil apparaît
comme un ascenseur à eau ! Une part de l’énergie nous venant du
soleil est donc convertie en énergie potentielle de l’eau. Grâce aux
barrages, nous récupérons cette énergie plutôt que de la laisser
perdre en empêchant l’eau de tomber plus bas.
1. Elles bougent ce qui fait qu’on peut dire qu’elles sont liquides, mais ça ne peut
même pas s’attaquer au marteau piqueur à cause de la pression. Il ne faut donc pas
imaginer que ces roches sont uides comme de la lave.
2. Les éléments radioactifs sont donc très très dangereux ! Pas seulement parce qu’ils
émettent des rayonnements ou qu’on en fait des bombes, mais parce qu’ils sont respon-
sables des tremblements de terre, des éruptions et des tsunamis (raz de marée) !
L’ T 19
1. Comme c’est une source d’énergie qui ne se renouvelle que très très lentement,
elle sera bientôt rare et le mode de développement que nous avons choisi ressemblera
alors à une impasse - sans compter les dégâts inigés à la planète.
L’ T 21
Vous, moi, le monde et l’entropie
La conséquence de tout ceci, c’est une Loi. Non pas exactement une loi
physique, mais une loi empirique - tirée de l’expérience - et qu’on appelle
Loi de l’Emmerdement Maximum (ou loi de Murphy chez les anglophones).
L’énoncé principal en est : "Si quelque chose est susceptible de mal tourner,
alors cela tournera nécessairement mal". En gros, c’est le pessimisme même
érigé en loi. Il y a toute une collection de constatations qui suivent ce premier
énoncé, dont deux nous intéressent particulièrement.
La première c’est que "Laissées à elle-mêmes, les choses ont tendance à
aller de mal en pis.". Il s’agit selon moi de façon évidente d’une formulation
du second principe : pour un système laissé à lui-même (et donc isolé) le
désordre ne peut que croître ! D’ailleurs, cette loi ne s’appelle-t-elle pas de
"l’Emmerdement Maximum" ? Et que fait l’entropie ? Elle croît ! L’entropie est
donc sans doute une mesure de l’emmerdement. C’est une conclusion logique.
La seconde constatation c’est que "La Nature n’est pas indiérente à
l’intelligence, elle lui est activement hostile.". Mais c’est normal ! Nous avons
vu que ce que nous cherchons en permanence à faire, c’est à créer de l’ordre.
Mais justement, cela va à l’encontre de ce que la "Nature" fait : elle, elle
24 1. Énergie
crée du désordre ! Il est normal que nous ayons l’impression que les choses
se liguent contre nous. Il y a beaucoup de catastrophes naturelles (incendies,
inondations) mais aucun “miracle naturel” (Oh, une ville tout équipée qui
surgit dans le désert !).
Je pense que personne ne peut plus soutenir après ça que la Loi de l’Em-
merdement Maximum ne trouve pas son origine dans la thermodynamique !
C 2
M
Inertie, forces et blagues en apesanteur
F 2.1 – Un objet a tendance à continuer tout droit (c’est ce qu’on appelle
l’inertie) comme en (a) sauf si on agit sur lui par une force qui modie sa
trajectoire comme en (b). En (c) on voit qu’avec la même force, on change
plus nettement la trajectoire si l’objet a une plus petite masse.
Ceux-ci sortent alors à très grande vitesse du réacteur, et pour cela, s’ap-
puient desssus. Le réacteur ressent alors une force qui le propulse dans
l’autre direction 1 .
Dans l’espace, où par dénition il n’y a rien sur quoi s’appuyer, le
seul moyen d’avancer est donc de se séparer d’un peu de matière. Si vous
propulsez un tout petit peu de matière à très grande vitesse, cela peut
être très ecace ! C’est le principe des derniers “moteurs” spatiaux, les
moteurs ioniques. Ils propulsent des ions, c’est à dire des atomes de gaz,
tout petits et très légers, à de très grandes vitesses... Ça évite d’avoir
beaucoup de matière à emporter ( parce que plus il y a de matière, plus il
faut de carburant pour la faire avancer, donc plus il faut de carburant, plus
il faut de carburant 2 , eh !).
Frottements
1. C’est aussi la force que ressent le pommeau de douche quand on se met en position
“jet” et qu’on met le débit au maximum. Et c’est plus facile à se procurer qu’un réacteur.
2. Et réciproquement.
F 29
F 2.3 – Avec votre pied, vous appuyez sur le sol, un peu vers l’arrière.
En retour et parce que votre pied ne dérape pas grâce aux frottements, le
sol pousse votre pied vers l’avant et donc, il vous propulse. Ce sont bien les
frottements qui vous font avancer : sans eux, vous auriez l’impression d’être
sur une patinoire...
Mais c’est bien parce que le sol "colle" à vos chaussures et s’oppose à
ce qu’elles dérapent. C’est donc le sol qui vous fait avancer ! La glace, par
exemple, accroche beaucoup moins bien aux chaussures et quand vous
vous trouvez au milieu d’une patinoire, vous êtes presque aussi démuni
que l’astronaute au milieu de sa cabine.
Ce qui peut paraître paradoxal, c’est qu’on considère généralement
les frottements comme des forces qui s’opposent au mouvement. Prenons
deux exemples.
— Lors d’un saut en parachute, vous tombez à cause de votre poids.
Mais vous êtes aussi soumis au frottement de l’air qui vous freine.
C’est ce qui fait que votre vitesse n’augmentera pas indéniment :
plus vous allez vite, plus le frottement augmente et vous empêche
d’accélérer encore. On atteint assez vite une "vitesse limite", la vi-
tesse maximale de chute dans l’atmosphère pour un homme qui est
de l’ordre de 200 kilomètres par heure (ça dépend beaucoup de la
position qu’il prend). C’est l’exemple d’un frottement uide - qui
intervient lorsque l’on traverse un uide comme l’eau ou l’air.
— Lorsque vous faites glisser une chope sur un bar, vous savez bien
que sa vitesse diminue rapidement et c’est d’ailleurs pour cela que
vous la lancez fort. Les frottements qui arrêtent votre bière sont
plutôt là de l’ordre du frottement "solide" - qui intervient lorsque
deux solides sont en contact.
Dans ces deux cas, on peut dire que le frottement fait disparaître de la
quantité de mouvement, et de l’énergie cinétique par la même occasion. Il
s’oppose donc nettement au mouvement.
30 2. M
La force qui fait que votre pied s’accroche au sol et l’empêche de glisser,
c’est une autre sorte de frottement solide. Ce type de frottement intervient
quand les solides en question ne bougent pas l’un par rapport à l’autre -
donc frottement est un très mauvais terme. Ils ne sont pas frottés l’un contre
l’autre, ils sont accrochés. On devrait sans doute l’appeler l’accrochement,
mais on l’appelle plutôt le frottement solide statique. Évidemment, le
frottement d’une chope sur un bar est un frottement solide dynamique
car les deux solides bougent l’un par rapport à l’autre. Comme on l’a vu
ci-dessus, le frottement statique ne s’oppose pas toujours au mouvement :
c’est lui qui vous permet de vous accrocher, donc il peut aussi bien vous
propulser que vous freiner.
Cette diérence entre frottement statique et dynamique va nous per-
mettre d’établir que la roue est au traineau ce que la jambe est à l’es-
cargot. En eet, l’escargot se déplace lentement et cela lui demande
de l’énergie car son ventre frotte sur le sol et que le frottement dyna-
mique dissipe forcément l’énergie. Ça freine, quoi. Par rapport à un es-
cargot, vous allez vraiment vite (même si on en imagine un de votre
taille 1). C’est parce que vos jambes vous permettent de vous aranchir
du frottement solide dynamique. À tout instant, même quand vous cou-
rez, un pied en contact avec le sol a une vitesse nulle par rapport à
celui-ci. Le pied accroche au sol, mais il ne frotte pas au sens propre.
Vous ne perdez donc pas d’énergie à cause du frottement solide dyna-
mique, mais vous avancez grâce au frottement statique 2 .
Jadis les hommes ne savaient que trainer les objets lourds, ils construi-
saient des traineaux pour transporter des blessés ou des objets qu’ils ne
pouvaient pas porter. Et c’est beaucoup plus fatigant que de porter car le
frottement dissipe l’énergie. Puis est arrivée la roue. Le point de la roue
qui est en contact avec le sol est, comme votre pied, toujours immobile par
rapport au sol. La roue ne frotte donc pas contre le sol (sinon on dit que ça
dérape). Il y a donc besoin de peu d’énergie pour déplacer un objet monté
sur roues et c’est pour ça que c’est une super invention ! Il reste toujours
quelques frottements : le frottement de l’essieu ou la déformation du pneu
qui dissipe aussi de l’énergie. N’empêche que ces frottements sont bien
moins importants que ceux d’un traineau.
1. Belle bête !
2. C’est pour ça qu’il ne pas faut traîner des pieds. Paradoxalement, ça dépense plus
d’énergie que de les lever juste ce qu’il faut. Les vrais emmards ne traînent pas des pieds.
F 31
Le poids, la gravitation
Le poids est la force attractive qui explique que la Terre vous attire,
vous et les cailloux. Cette force est proportionnelle à votre masse : plus
un objet est dicile à arrêter, plus il a d’inertie, et plus, en fait, il est
attiré par la Terre. Cela peut même paraître bizarre, non, que ces deux
propriétés soient ainsi liées ? Ça a paru bizarre à un certain Einstein, et
cette constatation est à la base de la relativité générale.
La conséquence majeure c’est que si on prend une plume et une bille
de plomb et qu’on les laisse tomber dans le vide, elles tombent à la même
vitesse et arrivent en même temps au sol. Le poids est proportionnel à la
masse : la bille de plomb a beau avoir un poids plus grand et être attirée
plus fort par la Terre, elle a une masse plus grande donc elle est plus dicile
à mettre en mouvement. La plume est plus facile à mettre en mouvement,
mais du coup son poids est moindre. Bilan : les deux tombent à la même
vitesse. Au quotidien, les plumes tombent eectivement moins vite que
les billes de plomb - mais c’est dû au frottement de l’air, qui agit bien plus
fortement sur une plume, légère et avec une grande surface, que sur une
bille de plomb, ronde et lourde.
Ce que Newton avait compris, c’est que la même force qui fait tomber
une pomme par terre est celle qui fait tourner la Lune autour de la Terre.
Si vous prenez la pomme et que vous la lancez horizontalement, elle va
décrire une parabole et tomber sur le sol un peu plus loin. Si vous la
lancez plus fort, elle tombera plus loin. Mais la Terre est ronde, donc au
bout d’un moment, si on lance très très fort la pomme elle va aller si loin
que l’attraction ne la fera pas retomber sur Terre, ou plus exactement
la pomme va “rater” la Terre et se mettre à tourner autour. Vous l’avez
satellisée. En fait, les satellites tombent sur la Terre en permanence, mais
ils la ratent - c’est ce qu’on appelle être en orbite. La Terre, elle, rate le
Soleil en permanence et c’est heureux.
Imaginez maintenant que vous soyez dans une sorte de boîte metallique
en chute libre, sans qu’elle soit freinée par le frottement de l’air. Vous tom-
bez exactement à la même vitesse que la boîte. Par rapport à la boîte, vous
êtes donc en apesanteur ! Comme une station spatiale est une grosse boîte
métallique qui rate la Terre en permanence, voilà pourquoi les astronautes
L , 33
F 2.5 – La trajectoire d’un satellite en orbite autour de la Terre peut être
circulaire, mais ce n’est en général pas le cas. Elle est en général elliptique.
Un satellite en orbite circulaire à une altitude de 36000 km dans le plan de
l’équateur a une orbite “géostationnaire” : il parcourt son orbite en 24 heures
exactement, donc il reste toujours à la verticale du même point sur Terre !
Même si en fait, il tombe dessus et la rate en permanence...
1. Pour être précis, si on double la distance entre deux objets, l’attraction gravitation-
nelle entre eux est divisée par quatre.
2. Un avion par exemple.
34 2. M
changer de vitesse ou de trajectoire que sur Terre parce que vous avez
toujours la même masse. Par contre, votre poids est diérent, il est environ
6 fois moindre ! Donc vous accrochez moins au sol : les frottements de vos
pieds sur le sol aussi six fois moindres. Il vous sera donc plus dicile de
vous arrêter ou de tourner. Vous risquez de voir le mur de très très près !
Sachez de plus que si la Terre vous attire, vous attirez aussi la Terre avec
la même force. Quand vous sautez, par exemple, vous vous appuyez sur la
Terre. Vous et la Terre partez alors dans des directions opposées. Pour vous,
cela se voit. La Terre, par contre, on ne voit pas bien qu’elle bouge parce
qu’elle est quand même un peu plus lourde, hein. Une fois que vous êtes en
l’air, la Terre vous attire. Mais dans ce cas, cela signie que vous attirez la
Terre avec exactement la même force ! Donc non seulement vous revenez
vers elle, mais elle revient aussi un peu vers vous. Un peu. D’accord, je
doute que ça puisse arriver à se mesurer même en y mettant des moyens.
Mais dans l’absolu, c’est bien ce qui se passe. Il y a quelques temps, pour
faire une blague, un allemand a monté un site web où il racontait qu’en
sautant tous ensemble en même temps un jour donné, nous pouvions faire
changer la trajectoire de la Terre. Il proposait de s’inscrire... Au moment
où nous aurions sauté, la Terre aurait peut-être bougé ! Mais aussitôt après,
elle serait revenue à sa position initiale et nous aussi...
D’ailleurs, vous attirez tout le monde 1 , et tous les objets qui vous
entourent. C’est juste un peu trop léger pour faire concurrence à l’attraction
terrestre, mais cette force existe bel et bien.
Il en a fait un pendule
multipliait exactement par deux le temps mis par la lampe pour faire un
aller-retour, ce qu’on appelle sa période. En inventant ce qu’on appelle le
pendule, Galilée a inventé la mesure précise du temps. On peut dire que
c’est le premier physicien, parce que cette relation mathématique entre la
longueur du l et la période du pendule lui a suggéré l’idée que “la nature
est un livre écrit dans le langage des mathématiques”. Et la physique, c’est
exactement ça : utiliser les mathématiques pour décrire le monde, pour
mieux le comprendre et tenter de le prédire.
Le centre de gravité : ça va vous faire marée
Vous ne tenez debout que parce que votre centre de gravité est situé
à la verticale de votre polygone de sustentation : c’est une zone qui fait le
“tour” de vos pieds (voir la gure 2.7). Tant que votre centre de gravité
est situé au-dessus de cette zone, votre poids pointe vers cette zone. La
force que le sol exerce sur vous, il l’exerce depuis cette zone sur laquelle
vous vous appuyez. Donc il est capable de contrer le poids, et vous tenez
debout. Si jamais le centre de gravité sort de au-dessus de ce polygone, la
réaction du sol n’est plus capable de compenser complètement le poids, qui
vous attire maintenant en dehors du polygone. Ça s’appelle aussi “tomber”.
Une façon de faire est alors de faire un pas : vous agrandissez ainsi votre
polygone de sustentation, pour rester debout ! On en a même fait un sport.
Il y a des gens qui passent pas mal de temps à essayer de pousser le centre
de gravité des autres hors de leur polygone de sustentation. Ils appellent
ça du judo.
F 2.7 – En (a), voici représentée la surface du sol en contact avec vos
pieds (entourée en noir). Le polygone de sustentation est représenté en gris.
Tant que votre centre de gravité est situé au-dessus ce polygone, vous pouvez
tenir debout. Si jamais par exemple il est situé au-dessus de votre pied gauche,
vous pouvez même lever le pied droit. Mais le polygone est alors beaucoup
plus petit : c’est plus dicile ! En (b), justement en haut on voit le polygone de
sustentation si vous êtes sur un pied, au milieu si vous avez écarté les pieds
et en bas, quand vous faites l’étoile de mer et qu’il est le plus grand possible
(pas tout à fait à l’échelle cependant).
Terre-Lune. Comme la Terre est bien plus lourde, ce centre d’inertie est en
fait bien plus proche du centre de la Terre que de celui de la Lune. Ce point
est même situé à l’intérieur de la Terre. Toujours est-il que la Terre et la
Lune tournent autour de ce point. Elles mettent 28 jours environ à en faire
le tour. On dit pour simplier que la Lune met 28 jours à faire le tour de la
Terre, mais vous comprenez que c’est un tout petit peu plus compliqué -
et ça a des conséquences !
au plus près, mais aussi au plus loin de la Lune, vous êtes un peu tiré vers
le haut. Et pas seulement vous, mais toute la Terre. Si la Terre ne tournait
pas, ces forces auraient tendance à lui donner une forme un peu allongée
en direction de la Lune. Ce n’est pas le cas, mais du coup, tout endroit de
la Terre ressent deux fois par jour des forces de marée qui le tirent vers le
haut. La Terre elle-même se déforme en permanence à cause de ces forces.
Nous nous soulevons et nous abaissons deux fois par jour d’une trentaine
de centimètres parfois, même sur la terre ferme. Évidemment, comme l’eau
est beaucoup plus déformable que les roches, les forces de marée ont plus
d’inuence sur elle. C’est ainsi qu’il y a en gros deux marées hautes par
jour 1 .
Les marées sont donc dues à la rotation de la Terre sur elle-même et
à la présence de la Lune 2. Or vous savez que si vous agitez l’eau dans
un verre d’eau, les mouvements nissent par disparaître parce que l’eau
“frotte” contre le verre, et les molécules d’eau frottent les unes contre les
autres. Les marées sont des mouvements d’eau, elles n’échappent pas à la
règle : ils perdent de l’énergie cinétique, les mouvements ont naturellement
tendance à cesser. Comme c’est la rotation de la Terre qui est responsable
1. À cause des forces “deux marées”.
2. Pour être complet, le Soleil crée aussi des forces de marées sur Terre. Il est plus loin,
mais il est beaucoup plus gros. Son inuence est environ la moitié de celle de la Lune.
40 2. M
La rotation
F 2.10 – Un bâton demande moins d’eorts à faire tourner sur son
axe (à gauche) parce que quand il tourne sur lui-même, comme il est n, ça
représente moins de quantité de mouvement à donner. Le bâton a un petit
moment d’inertie dans ce cas. Cela demande plus d’eorts de le faire tourner
sur l’axe représenté à droite, parce que quand il tourne ses extrêmités vont
vraiment vite, ce qui représente plus de quantité de mouvement, et donc
de rotation au nal. Dans ce cas, le bâton a un grand moment d’inertie.
La dénition du moment d’inertie dépend donc de l’axe de rotation qu’on
considère, sauf pour une boule.
Il est très dicile de faire tenir un objet sur un seul point d’appui. C’est
un équilibre (très) instable. La moindre perturbation va faire tomber votre
objet. Sauf... s’il tourne très vite ! Une toupie, par exemple, est capable de
tenir debout avec un seul point d’appui. C’est que pour faire tomber la
toupie, il faudrait modier son axe de rotation. Or, si elle tourne vite, c’est
très dicile. Elle a plutôt tendance à le conserver, et à ne pas tomber du
tout.
42 2. M
Au lieu de la faire tomber, son poids a même plutôt des eets inattendus :
lorsque l’axe de rotation de la toupie n’est pas parfaitement vertical, le
poids “tire” la toupie plus fortement vers le bas. Au lieu de tomber, son
axe de rotation tourne. Il tourne autour d’un axe vertical. C’est ce qu’on
appelle un mouvement de précession.
F 2.11 – La toupie se tient sur un seul point d’appui. Si elle ne tournait
pas, elle tomberait immédiatement. Le poids d’une toupie qui tourne ne sut
pas à faire changer notablement l’axe de rotation de la toupie. Elle ne tombe
donc pas. L’eet du poids est seulement de faire tourner l’axe de rotation
lui-même autour de la verticale.
Si vous vous asseyez sur un fauteuil qui tourne sur lui-même (et qui
est vraiment bien huilé), vous allez vous apercevoir que vous ne pouvez
pas vous mettre à tourner sans vous appuyer sur le sol. Vous pouvez
vous démener, c’est un peu comme si vous étiez immobile au milieu de
la station spatiale. En eet, tant que vous restez sans contact avec le sol,
votre quantité de rotation reste constante, et nulle en l’occurence : vous
ne tournez pas. C’est un peu le même principe que pour la quantité de
mouvement : si vous voulez de la rotation, il faut vous pousser sur quelque
chose. Imaginez que vous teniez à la main une petite roue qui tourne
autour d’un axe et que vous mainteniez cet axe vertical. Faire tourner la
roue avec votre main, c’est un peu comme vous appuyer sur la roue : vous
allez vous mettre à tourner dans l’autre sens ! Si vous arrêtez la roue, vous
vous arrêtez aussitôt. En fait, lorsque vous tournez tous les deux dans des
sens opposés, vos quantités de rotation s’annulent. La quantité de rotation
totale, nulle au départ ici, reste en fait toujours nulle !
Si vous prenez une toupie et que vous la faites tourner très vite sur un
dispositif qui lui permet de se placer comme elle veut dans l’espace, on
L 43
F 2.12 – Vous êtes sur un siège tournant avec une roue dans les mains.
Lorsque vous lancez la roue dans un sens, vous vous mettez à tourner dans
l’autre sens parce que vous vous êtes appuyé sur la roue. La quantité de
rotation totale reste toujours nulle, cenpendant.
1. Et il est encore plus juste d’ajouter que leur inuence est en fait négligeable par
rapport à la dissipation naturelle de l’énergie des marées !
C 3
O les gaz et les liquides sous le nom de uides parce qu’ils
sont inniment déformables : la moindre contrainte sut à les dé-
former, on dit qu’ils s’écoulent, bref qu’ils sont uides. C’est parce que les
molécules qui les composent ne sont pas attachées à leurs voisines : elles
peuvent bouger plus ou moins librement les unes par rapport aux autres.
La pression
les pots de contures sont si diciles à ouvrir : ils ont été fermés alors
qu’ils etaient très chauds. L’air chaud qu’on a enfermé s’est refroidi, et la
pression est devenue très faible. Il faut souvent arriver à faire pénétrer un
peu d’air pour rendre l’ouverture bien plus facile.
F 3.1 – Quand vous avez chassé l’air sous la ventouse, les quelques
molécules qui restent à l’intérieur ne tapent plus beaucoup sur la ventouse.
Par contre, les molécules extérieures sont très nombreuses à appuyer sur la
ventouse. Il devient très dicile de la décoller : c’est comme si vous aviez un
kilogramme posé sur chaque centimètre carré de votre ventouse !
La poussée d’Archimède
essayez de l’aplatir sur le sol, les molécules vont transmettre votre force
vers le côté, et pousser les parois horizontalement.
Tout cela est valable dans n’importe quel uide soumis à la pesanteur, y
compris dans l’air : lorsque vous allez en montagne, les acons en plastique
souples arrivent gonés (quand ce n’est pas ouverts dans la trousse de
toilette). C’est bien le signe que la pression en bas (qui est celle dans le
acon) est plus forte que celle en altitude 1 .
Dans l’eau par exemple, la pression augmente d’une atmosphère tous
les 10 mètres. C’est beaucoup ! Si vous prenez un gaz dans un sac, à pression
athmosphérique, cela signie que son volume sera diminué par deux à 10
mètres sous l’eau. Il y a toujours autant de gaz dans le sac, mais il sera
comprimé par l’eau !
Si maintenant vous imaginez un objet plongé dans l’eau, la pression de
l’eau à sa base est forcément un peu plus grande qu’à son sommet. L’eau
appuie un peu plus sur le bas de l’objet que sur le haut. L’eau exerce sur cet
objet une force dirigée vers le haut qu’on appelle la poussée d’Archimède.
Et c’est normal : si à la place de l’objet on mettait de l’eau, l’eau resterait
immobile, en subissant la même force. Cela signie que le poids de cette
eau est exactement compensé par la poussée d’Archimède à laquelle ce
volume d’eau est soumis.
F 3.2 – Imaginez un objet dans l’eau (une enclume par exemple). Si
vous remplaciez cet objet par de l’eau, cette eau ne bougerait pas : son poids
serait exactement compensé par la force exercée par le reste de l’eau (à droite).
Cette force est due à la pression de l’eau : c’est la poussée d’Archimède. Elle
s’exerce aussi bien sur l’eau que sur l’enclume elle-même - mais pour une
enclume, cette force ne sut pas à compenser le poids. L’enclume coule.
1. Il vous surait de chasser l’air du acon avant de partir pour diminuer la pression
à l’intérieur et ne plus avoir de problème, et c’est pareil pour les voyages en avion.
L ’A 51
Si vous considérez un caillou, son poids est plus grand que son volume
rempli d’eau. On dit qu’il est plus dense que l’eau. Une fois le caillou plongé
dans l’eau, la poussée d’Archimède (égale au poids de l’eau qu’on peut
mettre dans le volume du caillou) est plus petite que le poids du caillou : il
coule. Pour un morceau de bois, c’est le contraire : il est moins dense que
l’eau. Si vous le mettez sous l’eau, la poussée d’Archimède le fait monter
vers la surface.
Comme la glace est un peu moins dense que l’eau, elle otte. Seul un
dixième de tout glaçon dépasse de la surface, cependant. C’est déjà assez
extraordinaire qu’un solide soit moins dense que le liquide qui correspond.
Un jour, ça a même semblé surprendre un très gros bateau dans l’Atlantique
nord : les icebergs ottent aussi.
C’est la poussée d’Archimède qui explique bien entendu que les bateaux
ottent, même s’ils sont constitués de métal. Un bateau s’enfonce, comme
un glaçon, jusqu’à ce que la poussée d’Archimède compense son poids.
Et en réalité un bateau contient surtout beaucoup beaucoup d’air grâce
à sa forme. Sa densité, en moyenne, est donc bien inférieure à celle de
l’eau. C’est bien pour cette raison qu’il peut otter. Si on remplace l’air par
de l’eau, par contre, on sait ce qui se passe : le bateau devient plus dense
que l’eau. C’est pour ça qu’il ne faut pas faire de trou dans la coque d’un
bateau.
52 3. M
F 3.3 – Quand vous essayez de faire otter une barque, elle s’enfonce.
Plus la barque s’enfonce, plus elle prend la place de l’eau, plus la poussée
d’Archimède est forte. Elle compense exactement le poids de la barque et de
ce qu’elle contient. Si vous montez dedans, la barque va s’enfoncer pour que
la poussée d’Archimède augmente, jusqu’à un nouvel équilibre.
plus légères, comme l’hélium 1 . L’hydrogène est encore plus léger, mais il
est inammable 2 ...
Quelques propriétés de l’eau
Il est dicile de parler des uides sans parler un peu plus de l’eau -
d’un point de vue microscopique. Si les atomes et les électrons ne vous
sont pas familiers, allez voir le chapitre 7 d’abord !
La molécule d’eau est une molécule constituée d’un atome d’oxygène
lié à deux atomes d’hydrogène. L’oxygène attire toujours beaucoup les
électrons, et là c’est le cas aussi : les électrons des atomes d’hydrogène (ils
n’en ont qu’un chacun) sont très proches du noyau de l’oxygène et assez
peu des noyaux d’hydrogène (en général un proton seul).
Bilan : c’est comme si l’oxygène portait une charge négative, et si du
côté de chaque hydrogène il y avait une charge positive. Ainsi, quand
une molécule d’eau croise une autre molécule d’eau elles ont tendance
à se coller parce que les atomes d’hydrogène de l’une sont très attirés
par l’atome d’oxygène de l’autre. Elles se comportent un peu comme des
aimants avec un pôle sud et un pôle nord. C’est ainsi que les molécules
d’eau collent entre elles : un atome d’hydrogène se retrouve collé à un
atome d’oxygène d’une autre molécule d’eau. On appelle ça une liaison
hydrogène. Cette liaison explique plein plein plein de propriétés de l’eau.
1. En fait, ça n’est pas si évident que ça. Si vous prenez de l’eau et de l’huile, les
molécules d’eau sont individuellement plus légères que les molécules d’huile. Mais les
molécules d’eau s’attirent fortement, elles sont donc plus tassées. Au nal, l’eau est plus
dense que l’huile alors que ses molécules prises individuellement sont plus légères. Pour
les gaz c’est diérent : comme leurs constituants sont très éloignés les uns des autres,
leurs propriétés ne dépendent pas tellement des molécules qui les composent. Il y a donc
à peu près autant de molécules dans un volume d’air et un même volume d’hélium à
la même température et à la même pression. Comme les molécules d’hélium sont plus
légères, le volume d’hélium est plus léger !
2. Et suite à l’accident du dirigeable géant Hindenburg qui a brulé en 34 secondes en
1936, on a dénitivement arrêté d’utiliser l’hydrogène !
54 3. M
F 3.4 – Voici deux molécules d’eau. Les atomes d’oxygène sont nettement
plus gros et ils ont tendance à se coller aux atomes d’hydrogène des autres
molécules d’eau, exactement comme un aimant.
D’abord, l’eau est un des très rares composés dont le solide est plus léger
que le liquide. Vous le savez : la glace otte. Cela signie qu’à l’intérieur
les molécules sont plus éloignées les unes des autres que dans le liquide !
Si la glace est solide, c’est que les molécules à l’intérieur ne sont plus
capables de bouger. Elles sont toutes collées les unes aux autres par des
liaisons hydrogène et c’est ce qui fait la solidité (relative) de la glace. Pour
établir un maximum de liaisons hydrogène, les molécules sont obligées de
se placer de façon très précise, et cela les oblige à n’avoir que 4 voisines 1 .
C’est ça qui leur impose d’être plus éloignées les unes des autres que dans
le liquide où il y a beaucoup moins de liaisons hydrogène. C’est pour cela
que la glace est plus légère pour un même volume et qu’elle otte.
D’ailleurs, connaissez vous le problème du verre plein d’eau dans lequel
otte un glaçon ? Si le glaçon fond, est-ce que le verre va déborder ?
Lorsque le glaçon otte, sa partie immergée représente 90% de son
volume. Elle occupe un volume sous l’eau tel que la poussée d’Archimède
compense exactement le poids total du glaçon. Autrement dit, si de l’eau
se trouvait à la place de cette partie immergée, elle aurait exactement le
poids du glaçon. Donc si le glaçon fond et se transforme en eau, il aura
exactement ce volume. Le verre ne débordera donc pas. C’est pour cette
raison que si la banquise fond, le niveau des eaux ne montera pas. C’est
1. Dans l’eau liquide, toutes les liaisons hydrogène entre les molécules ne sont pas
établies, mais il y en a un certain nombre. Dans l’eau liquide, ces liaisons se font et se
défont très rapidement, ce qui fait que deux molécules ne restent pas côte à côte, même
s’il y a des liaisons. Ce n’est que quand toutes les liaisons possibles sont établies que les
molécules sont immobilisées.
C 55
Capillarité et tension supercielle 4
Vous savez que les molécules d’eau s’attirent entre elles et se lient avec
leurs voisines. Chaque molécule va donc spontanément s’entourer du plus
grand nombre possible de voisines. Seulement, une molécule qui se trouve
à la surface du liquide a forcément moins de voisines qu’une molécule qui
se trouve au milieu du liquide. Pour qu’il y ait un maximum de molécules
avec un maximum de voisines il faut donc qu’il y ait un minimum de
molécules qui se trouve en surface. Un liquide comme l’eau s’organise
donc spontanément de manière à minimiser sa surface extérieure. Tout
se passe comme si la surface était “tendue” - un peu comme un ballon
de baudruche. On parle alors de tension supercielle (parce qu’elle se
manifeste en surface seulement).
1. Le titre de la section n’a rien à voir avec l’ambiance chez mon coieur.
56 3. M
F 3.5 – Le let d’eau s’amincit parce que la vitesse de l’eau augmente au
fur et à mesure qu’elle tombe. Seulement, si on considère une section du let
d’eau, son débit (le nombre de molécules qui passent par seconde) doit être le
même partout. Si les molécules vont plus vite, pour qu’il en passe toujours
autant, c’est que la section diminue. Si le let d’eau s’amincissait indéniment,
on nirait par avoir un let d’eau d’une seule molécule - donc les molécules
n’auraient plus de voisines. Comme elles s’attirent, elles préfèrent se grouper
en goutelettes.
Lorsqu’on met de l’eau en contact avec un solide elle s’y accroche plus
ou moins. L’eau accroche relativement bien au verre, par exemple. On
dit qu’elle “mouille” le verre. La surface de l’eau n’est pas parfaitement
horizontale sur les bords du verre. Elle remonte un peu : c’est le ménisque.
C’est le signe que l’eau a une certaine anité pour le verre, elle s’y colle
volontiers.
Pour vous en convaincre, vous pouvez prendre un verre, le remplir
à ras bord et mettre un carton par dessus - puis retourner le tout. Si le
carton est assez léger, rien ne devrait tomber. C’est bien le signe que l’eau
s’accroche au verre.
Si on met l’eau en présence d’un tube très n, elle va alors naturellement
monter dans le tube par anité avec le verre. Elle montera d’autant plus
C 57
haut que le tube sera n. C’est un phénomène qui explique en partie
comment la sève des arbres peut monter jusqu’aux feuilles en empruntant
des capillaires - des tubes aussi ns que des cheveux 1 .
Sur certaines surfaces comme le téon des poêles anti-adhésives, l’eau
n’accroche pas. Les gouttes d’eau ne s’étalent pas comme sur une table,
c’est comme si elles fuyaient le contact avec le téon. Elles sont le plus
sphérique possible. Si vous prenez une matière comme ça et que vous en
faites un vêtement tissé, vous aurez un tissu imperméable à l’eau. Il laisse
en général la vapeur d’eau s’échapper, mais pas l’eau liquide entrer. Ce qui
peut se révéler très pratique !
F 3.6 – (a) Sur une surface que l’eau peut mouiller, les gouttes d’eau
sont écrasées. (b) Sur une surface non mouillante comme du téon, les gouttes
ont une forme qui laisse à penser que l’eau fait tout pour éviter le contact !
C’est aussi la forme d’une goutte de mercure sur du verre, par exemple.
Pour plonger une partie de son corps dans l’eau, il faut vaincre la
tension supercielle pour “crever” la surface. En général on n’y pense pas
trop quand on rentre dans son bain mais c’est une question d’échelle : pour
un insecte, crever la surface de l’eau est quelque chose de très dicile.
Au point qu’à condition d’avoir des pattes hydrophobes (un peu comme
si elles étaient recouvertes de téon), un insecte peut même marcher sur
l’eau. C’est le cas du Gerris, un petit insecte qui se balade à la surface
des mares - et c’est la tension supercielle qui l’empêche de couler, pas
la poussée d’Archimède. Cela dit, pour un insecte, crever la surface est
en général catastrophique : une fois mouillé il aura énormément de mal à
échapper à l’eau.
1. Et l’eau qui s’évapore dans les feuilles crée essentiellement l’aspiration qui fait
monter la sève.
58 3. M
La convection, les bougies, le vent
Les liquides et les gaz sont en général moins denses lorsqu’ils sont plus
chauds (l’eau en dessous de 4˚C est vraiment un cas à part). Si une partie
d’un uide est plus chaude, la poussée d’Archimède la pousse donc vers le
haut. Lorsqu’on chaue un uide par le bas, le uide chaué va monter
pour être remplacé par du uide plus froid. Le uide va donc se mettre en
mouvement : c’est la convection.
F 3.9 – La convection forme pour les continents comme un tapis roulant.
Ce phénomène est responsable de la formation d’océans au niveau des dorsales,
et de montagnes quand les plaques entrent en collision. En prenant une carte
du monde indiquant les reliefs (et les fosses sous-marines) on arrive assez
bien à délimiter les plaques...
1. C’est pour cela qu’on les appelle parfois “convecteurs” quand ils sont électriques.
2. C’est ce qui s’appelle manquer de convection...
V 61
Vitesse et pression
F 3.10 – Quand on soue entre deux feuilles de papier, elles se rap-
prochent ! C’est le signe que la pression est plus faible entre les feuilles, là où
l’air se déplace rapidement, qu’à l’extérieur des feuilles, où l’air est immobile.
L’air appuie plus à l’extérieur, donc les feuilles se rapprochent.
encore plus vite dans les virages et ça rend le tout encore plus dangereux.
C’est donc limité par le règlement.
C’est aussi pour ça que les courants d’air sont si ecaces pour faire
claquer les portes. Il ne sert à rien de les laisser ouvertes en espérant
qu’elles ne claqueront pas, parce que l’air qui passe rapidement devant
la porte l’aspire ! Même si elle est grande ouverte, elle va commencer à
se fermer. L’air passe alors encore plus rapidement puisqu’il reste encore
moins d’espace, ce qui aspire la porte encore plus fort. Jusqu’à ce qu’elle
claque un grand coup !
Considérons maintenant une balle de tennis à qui on a donné de l’eet :
elle tourne sur elle-même en avançant. Mettons qu’elle ait été “coupée”,
c’est-à-dire que le haut de la balle revienne en arrière. Si vous prenez un
point de vue lié à la balle, l’air arrive sur la balle avec une certaine vitesse.
Comme la balle tourne, elle modie l’écoulement de l’air autour d’elle. Et
comme le haut de la balle tourne vers l’arrière, l’écoulement de l’air est
facilité : il est plus rapide au-dessus de la balle que si elle ne tournait pas.
Inversement, sous la balle l’écoulement de l’air est contrarié et il se fait
moins vite que sans rotation et surtout qu’au-dessus de la balle. La pression
étant plus faible là où l’écoulement est plus rapide, la balle est poussée
par en dessous et aspirée par au-dessus. Elle est comme portée par l’air.
Suivant la façon dont on fait tourner une balle sur elle-même, elle peut
ainsi monter un peu plus (elle est coupée) ou descendre plus rapidement
(liftée) on peut lui faire faire des virages. Les joueurs de football utilisent
aussi cet eet, surtout lors des coups francs pour contourner les obstacles.
F 3.11 – Voici une balle coupée. L’écoulement de l’air est facilité au-
dessus, il est plus rapide. La pression en haut de la balle et qui la pousse vers
le bas est diminuée. L’écoulement est contrarié en dessous (donc plus lent) et
la pression est donc plus grande en dessous. La balle a acquis une portance,
l’air la pousse vers le haut. On appelle ça l’eet Magnus en mécanique des
uides.
V 63
d’avion est un outil très ecace pour envoyer beaucoup, beaucoup d’air
vers le bas - non seulement celui qui passe sous les ailes, mais aussi celui
qui passe au-dessus. S’il en envoie susamment vers le bas, c’est un peu
comme si un réacteur le poussait vers le haut.
Pour nir, une voile de bateau se comporte exactement comme une aile
d’avion, mais à la verticale 1. Quand la voile se gone, c’est le signe qu’il se
crée une surpression d’un côté et une dépression de l’autre. Évidemment,
on n’a plus une portance, mais une force qui tire le bateau dans une
direction perpendiculaire à la voile, en gros. C’est beaucoup plus ecace
que de se laisser pousser par le vent comme les bateaux de l’antiquité.
Grâce à ce type de voile, on peut aller plus vite que le vent et même aller
presque contre - ce qui n’est pas envisageable quand on se laisse pousser
par les vents!
F 3.13 – Quand une voile se gone, c’est rarement parce que le vent
soue directement dedans. Avec un angle du vent presque rasant, comme
pour une aile d’avion, on obtient une force perpendiculaire à la voile. Vu sa
forme, le bateau est poussé vers l’avant, dans une direction presque opposée
au vent.
Turbulence et météo
même sens. Si on prend un point donné et qu’on regarde le uide qui passe
par là, il a toujours plus ou moins la même vitesse. Elle peut changer, mais
de façon raisonnable.
Par opposition, quand l’écoulement est imprévisible, plein de tour-
billons comme dans un torrent, on dit qu’il est turbulent. En un point
donné, le uide a une vitesse qui n’arrête pas de changer.
Dans les uides, la turbulence est la règle bien plus que les écoulements
laminaires. Dans la turbulence de l’air ou de l’eau qui nous environnent,
il y a des tourbillons. Et ceux-ci ont tous le même comportement, quelle
que soit leur taille : ils se divisent en tourbillons plus petits. Quand les
tourbillons sont vraiment très petits, ils commencent à ressentir la viscosité
du uide. L’air ne nous paraît pas visqueux parce que nous sommes grands.
Pour les tout petits tourbillons, l’air est comme de la peinture : très visqueux.
C’est ce qui fait disparaître les tourbillons nalement. Parce que dans un
pot de peinture, vous pouvez toujours essayer de faire un tourbillon. La
viscosité, ça freine.
Mais tant qu’ils sont assez grands, un tourbillon de 10 cm dans de l’eau
se comporte en gros de la même façon qu’un tourbillon de 5cm. Il se divise
en tourbillons plus petits, et ainsi de suite. C’est la cascade turbulente. Cela
donne une propriété rigolote aux photos de turbulence. Si vous prenez
en photo la surface d’une eau turbulente et que vous faites deux images,
l’une dont le côté fait 3 mètres et l’autre dont le côté fait 50cm vous ne
pourrez pas dire laquelle est la plus grande parce que les tourbillons sur
les deux images auront l’air d’avoir le même comportement ! On dit que
la turbulence est auto-similaire : un morceau d’une photo de turbulence
ressemble à la photo tout entière. Un peu comme une fractale !
La cascade turbulente donne des propriétés intéressantes à la turbu-
lence. D’abord, elle freine les euves. L’eau n’est en eet pas très visqueuse.
Si elle avait un écoulement laminaire dans les euves, elle coulerait à plus
d’une centaine de kilomètres à l’heure au niveau des embouchures parce
que rien ne la freinerait vraiment. Mais des tourbillons se créent dans un
euve et se divisent en plus petits, qui sont nalement dissipés. Et l’énergie
cinétique des gros tourbillons initiaux se retrouve dissipée sous forme de
chaleur. Bref, ça freine : la turbulence diminue la vitesse des euves parce
qu’elle dissippe très ecacement leur énergie cinétique. Tout se passe un
peu comme si les euves étaient plus visqueux que de l’eau parce qu’ils
contiennent plein de tourbillons !
La turbulence permet aussi de mélanger très ecacement : quand vous
ajoutez de l’eau chaude dans votre bain, vous faites des gros tourbillons.
66 3. M
Ceux-ci vont se diviser en plus petits, etc. Chacun de ces petits tourbillons
va lui-même mélanger le chaud et le froid à son échelle. C’est ainsi que le
chaud et le froid vont se retrouver très bien mélangés et que vous n’avez
pas seulement un patchwork de zones chaudes et froides !
F 3.14 – Simulation d’un mélange turbulent. Y’a rien de vrai là dedans,
c’est juste un calcul sur ordinateur qui reproduit l’eet de la turbulence sur
des zones de températures diérentes. Mais au moins, on peut visualiser le
phénomène et c’est joli.
Pour nir, maintenant que nous avons vu tout ça, essayons de com-
prendre pourquoi le travail du météorologue est dicile et ingrat. Il y a
deux raisons.
Tout d’abord la turbulence, comme beaucoup de choses en mécanique
des uides, est un phénomène chaotique, c’est-à-dire par essence imprévi-
sible. Un phénomène chaotique est un phénomène dont le déroulement
dépend très fortement de son état initial. Un météorologue observe le ciel
avec des satellites puis il rentre les données dans un ordinateur qui essaie
de prévoir la suite des choses - ce qui donne un premier résultat. Mais ces
données initiales ne sont pas très précises : il y a une part d’incertitude sur
ce qui se passe vraiment. Alors le météorologue fait d’autres simulations,
avec des données initiales légèrements diérentes. Et les simulations lui
donnent alors des résultats complètement diérents ! On appelle ça le
chaos.
T 67
En fait, toutes les simulations sont en général d’accord sur les quelques
heures qui suivent. Mais quand il s’agit de prédire le futur à quelques jours,
tout se complique, et les simulations donnent parfois des résultats très
diérents. C’est en partie ce qui fait l’indice de conance de la météo :
plus les simulations sont d’accord entre elles, plus l’indice de conance
est élevé. Sinon, l’indice est bas.
L’autre gros problème pour prédire le temps qu’il va faire, c’est que
lorsqu’un tourbillon est vraiment gros dans l’atmosphère terrestre, il ne se
divise plus en petits tourbillons. C’est la rotation de la Terre qui stabilise
les gros tourbillons, et fait qu’ils se regroupent pour en faire des plus gros !
Pour améliorer ses prévisions, le météorologue devrait donc surveiller des
tourbillons plus petits que ceux qu’il voit avec des satellites, et arriver
à simuler le futur de tous ces tourbillons. Nos ordinateurs actuels n’y
susent pas...
Bref soyez indulgents avec la météo : c’est vraiment très dicile. Certains
disent même qu’un battement d’aile de papillon est capable de créer une
tempête quelques semaines plus tard. Si c’était vrai, il faudrait iquer tous
les papillons pour faire une prévision météo correcte 1 ...
1. L’idée est rigolote, mais en fait, les tourbillons créés par les papillons ont tendance
à se diviser puis à disparaître. Ils ne sont quand même pas assez gros. Ouf pour les
météorologues et pour les papillons !
C 4
É
Charges et champ électrique
F 4.2 – On représente le champ électrique avec des èches aussi. Elles
indiquent la direction dans laquelle une charge positive serait poussée. Une
charge négative irait dans le sens contraire des èches. Une charge positive
génère donc un champ avec des èches qui s’éloignent d’elle puisqu’elle
repousse les charges positives. C’est le contraire pour une charge négative.
F 4.3 – Voici une représentation possible d’un atome : un noyau constitué
de protons (avec écrit “+” dessus) et de neutrons (avec rien d’écrit dessus) et
exactement autant d’électrons qui tournent autour du noyau que de protons
dans le noyau. Là il y a 3 protons, 3 neutrons et 3 électrons, mais c’est juste
un exemple.
Le courant électrique
1. Surtout dans l’eau salée, c’est-à-dire bourrée d’ions chlore, qui ont un électron de
plus que l’atome (neutre) de chlore, et d’ions sodium, qui ont un électron de moins que
l’atome de sodium. L’eau minérale contient aussi plus d’ions (ce sont les minéraux, utiles
au fonctionnement de notre corps) que de l’eau sortant du robinet.
74 4. É
L’électricité circule dans des ls parce qu’elle est soumise à une certaine
pression qu’on appelle la tension, qui pousse les électrons et qu’on mesure
en volts. Le débit d’électricité qui circule à travers un l est appelé l’intensité
(on dit aussi souvent le courant), et on la mesure en ampères. Avec la
tension et l’intensité, on peut décrire tout ce qui se passe dans un circuit
électrique.
Lorsqu’un interrupeur est ouvert, le circuit est interrompu. Même si il
y a une tension dans le l qui arrive, qui pousse les électrons, le courant
ne peut pas passer : l’intensité est nulle. C’est comme un robinet fermé.
centrale électrique. Ce sont ceux qui étaient dans le l juste avant, mais ils
sont poussés par leurs camarades. La tension s’établit dans le l presque à
la vitesse de la lumière (300 000 km par seconde). C’est pour cette raison
que l’établissement de l’électricité paraît instantané quand on allume une
lampe. En réalité la vitesse moyenne des électrons dans les ls est très
petite : leur vitesse est de l’ordre du mètre par heure !
Dans les installations électriques telles que nous les connaissons, il y a
même l’analogue du tuyau d’arrivée d’eau et du tuyau d’évacuation ! Le l
d’arrivée s’appelle la phase, et il correspond en général à un l rouge ou
noir, alors que le tuyau d’évacuation 1 s’appelle le neutre et est souvent
bleu.
Pourquoi l’électricité c’est dangereux
Pour éviter d’être traversé par le courant, vous pouvez aussi sauter en
l’air avant de toucher un l électrique (mais toujours un seul à la fois). Bien
1. Claude François si tu nous écoutes...
2. Ce disjoncteur saute aussi si vous tirez plus de courant que ce que vous permet
votre abonnement. S’il saute, il faut éteindre quelques appareils très consommateurs, et
tenter de remettre le courant. Si le disjoncteur re-saute aussitôt, c’est qu’il y a un vrai
problème.
78 4. É
entendu, ça n’est pas très pratique pour bricoler 1 . Quand vous rencontrerez
un l à vache, dites vous bien que tant que vous êtes en l’air, vous pouvez le
toucher sans prendre de décharge. C’est bien pour cela que les oiseaux ne
s’électrocutent pas quand ils se posent sur les ls : ils ne peuvent pas servir
de circuit puisqu’ils ne touchent pas la terre ou un autre l. Enn, il faut
que je modère mon propos : les cigognes sont assez grandes pour toucher
deux ls à la fois. Et c’est pour cela que les cigognes s’électrocutent, alors
que les moineaux, jamais.
Le courant alternatif
Éclairs et étincelles
L’air est un isolant électrique, parce qu’il n’y a pas de porteurs de charge
libres de bouger dans l’air. Tous les électrons sont solidement accrochés
aux molécules de l’air. Pas moyen pour le courant électrique de passer.
Enn, presque... Un champ électrique a tendance à faire aller les charges
positives dans une direction (celle dans laquelle il pointe) et les charges
négatives dans la direction opposée. Quand le champ électrique est assez
fort, il est alors capable d’arracher les électrons des molécules de l’air, qui
se retrouvent libres de bouger. Le courant électrique peut alors passer :
l’air est devenu conducteur.
C’est ce qu’on appelle une étincelle : le courant qui passe chaue
très fortement l’air. La zone chaude devient alors lumineuse (c’est du
rayonnement thermique). L’air se dilate brutalement, ce qui produit un
petit “clac” caractéristique. Quand l’étincelle est vraiment grosse, on appelle
ça un éclair, et le petit bruit caractéristique s’appelle le tonnerre.
Un champ électrique très fort, on peut en obtenir un si on sépare
susamment des charges positives et négatives. C’est ce que fait souvent
le frottement entre des matières diérentes. Quand vous enlevez un pull
ou une polaire, vous arrachez des électrons au vêtement, et vous vous êtes
chargé d’électricité statique, c’est-à-dire de charges électriques. Mettons
que ce soient des électrons 1 . Si vous avez des électrons en excès, ils vont
1. Il est dicile de dire qui va vraiment prendre les électrons, de vous ou du pull. Ça
dépend beaucoup trop de la matière qui constitue le pull.
80 4. É
se répartir sur tout votre corps, jusqu’au bout de vos cheveux. Mais les
électrons se repoussent entre eux ! Donc vos cheveux se repoussent entre
eux, et pour peu qu’ils soient assez légers, ils vont se dresser sur votre tête.
Quand vous approchez ensuite de quelqu’un d’autre, le champ devient très
intense et les électrons vont vous quitter en créeant une petite étincelle
douloureuse.
Quand vous roulez, le frottement peut aussi charger votre voiture, ce
qui fait qu’au moment où vous mettez le pied sur le sol, vous servez de l
entre la voiture (chargée, pressée de se débarasser de ces charges) et le sol.
Vous vous prenez une petite décharge. C’est pareil quand vous choisissez
le chariot maudit, quand vous faites vos courses, celui qui se charge dès
que vous roulez. Sa roue en plastique frotte contre le métal du chariot et le
charge, et comme les roues sont en plastique le courant ne peut pas partir
dans le sol. Le chariot passe son temps à vous envoyer des châtaignes.
L’étincelle apparaît toujours là où le champ est le plus fort, et il est
le plus fort là où la distance est la plus courte et là où il y a des pointes.
Le champ est en général plus fort au sommet des pointes. C’est d’ailleurs
comme cela qu’on attire les éclairs : avec une pointe placée en haut d’un
édice, bref un paratonnerre.
Les orages fonctionnent comme un pull en laine. Un orage se forme
lorsque des masses d’air chaud rencontrent des masses d’air froid. L’air
chaud, plus léger, est soulevé par l’air froid. Il monte très rapidement, et
en se refroidissant, toute la vapeur d’eau qu’il contenait se condense : c’est
un nuage. Ce sont ces violents mouvements qui créent le frottement (un
nuage est plein de poussières, de gouttes d’eau, de cristaux de glace et
tout ça frotte avec les mouvements rapides de l’air). Au nal, le haut du
nuage se retrouve chargé positivement et le bas négativement. Lorsque le
champ est assez fort, c’est l’éclair. La majorité des éclairs se produisent à
l’intérieur du nuage, mais certains se font entre le bas du nuage et la terre !
Le champ magnétique
une attraction électrique, parce que les aimants n’attirent pas les charges
électriques. Les aimants génèrent un champ qu’on appelle magnétique, et
ils sont sensibles au champ magnétique généré par les autres aimants. Un
peu comme les charges électriques génèrent un champ électrique et y sont
sensibles.
La grosse diérence c’est que les aimants sont des dipôles : ils un pôle
nord et un pôle sud. Ils ont tendance à être attirés par les zones où le champ
est le plus fort, et ils s’alignent sur la direction du champ. Si vous tenez
fermement un aimant et que vous en approchez un second, le second va
avoir tendance à présenter son pôle sud au pôle nord de l’aimant, c’est-à-
dire à s’aligner avec le champ magnétique. C’est pour cela qu’on dit que
les pôles opposés s’attirent et que les pôles identiques se repoussent.
Une fois le retournement eectué, il sera attiré par l’aimant que vous
tenez car le champ magnétique augmente lorsqu’on s’approche de l’aimant.
F 4.6 – Le champ magnétique est caractérisé par une direction et une
intensité. On le représente donc aussi avec des èches ! En un endroit de
l’espace, la èche indique comment s’orienterait un aimant si on le mettait
là. La taille de la èche indique si le champ est fort ou pas. Voici comment
s’orienteraient des petits aimants (des boussoles, quoi) pris dans le champ
magnétique d’un gros aimant.
s’annulent mutuellement en général, sauf pour les atomes que nous avons
évoqués (fer, nickel, néodyme...). Dans un aimant permanent, la plupart de
ces aimants microscopiques sont orientés dans la même direction : plein
d’aimants en font un gros.
Vous savez aussi que les aimants sont capables d’attirer des objets mé-
talliques qui ne sont pas naturellement aimantés. C’est parce ces derniers
contiennent en leur sein des mini-aimants (souvent des atomes de fer) qui
ont la possibilité d’orienter leur moment magnétique librement. Quand
on approche un aimant, tous les atomes de fer s’orientent dans le sens du
champ. L’objet métallique lui-même devient alors un aimant et il est attiré
par celui que vous tenez. Lorsque vous éloignez votre aimant, l’objet mé-
tallique perd son aimantation : les atomes ne sont plus forcés à s’orienter.
Une preuve ? Prenez un aimant avec des trombones. Vous pouvez coller un
premier trombone à l’aimant, c’est normal : lui-même est maintenant un
aimant. Mais vous pouvez aussi coller un deuxième trombone au premier,
et ainsi faire une petite chaine de trombones. Décollez l’aimant du premier
trombone... tous perdent alors leur aimantation, et boum, tout tombe.
Mais il n’y a pas que les aimants qui puissent produire un champ
magnétique. Le courant électrique s’accompagne toujours d’un champ ma-
gnétique. Si vous prenez un cylindre autour duquel on a enroulé un l
électrique (entouré d’une gaine plastique, sinon le courant sautera d’un
l à l’autre et ça ne marchera pas) et que vous faites passer du courant
continu dans le l, votre bobine de l va se comporter comme un aimant,
avec un pôle sud et un pôle nord. En général, on met en plus un barreau de
fer au centre de la bobine : quand la bobine produit un champ magnétique
les atomes de fer s’orientent et en produisent un à leur tour. Le champ
magnétique de la bobine est ainsi amplié : c’est un électro-aimant.
Pour produire des champs magnétiques très importants, on utilise donc
des bobines de l dans lesquelles ont fait passer de très grosses intensités,
donc un grand nombre d’électrons. Si on faisait ça avec du l de cuivre
à température normale, le cuivre chauerait tellement qu’il fondrait vite.
En fait, on utilise des bobines supra-conductrices. On s’est aperçu qu’à
très très basse température 1 certains matériaux avaient une résistance
nulle ! En gros, les électrons se mettent à passer sagement entre les atomes
sans même les toucher. Ainsi, rien ne s’oppose à leur passage, la chaleur
dissipée est faible et le circuit ne fond pas, malgré les courants énormes
qui y circulent.
1. Pas bien loin au-dessus du zéro absolu, la température (−273, 15◦ C) à laquelle les
molécules et les atomes ne s’agitent même plus !
L 83
Il faut donc bien retenir que les deux origines des champs magné-
tiques sont les particules elles-mêmes, intrinsèquement, et les courants
électriques. Dans un atome, le noyau émet un champ magnétique très
faible, mais chaque électron est aussi un petit aimant pour deux raisons.
La première raison, c’est “parce que”. Chaque électron est un petit aimant,
on dit qu’il a un spin, et voilà. La deuxième c’est qu’un électron qui tourne
autour d’un atome, c’est un peu comme un électro-aimant, puisqu’un élec-
tron qui bouge, c’est du courant. Et si il y a du courant, il y a un champ
magnétique.
Prenons un exemple essentiel, mais beaucoup plus gros. Le centre de la
terre est surtout constitué de fer et de nickel. Ces métaux sont solides au
centre de la Terre, dans ce qu’on appelle la graine, et liquides autour de la
graine. Les mouvements qui agitent cette partie liquide et conductrice de
l’électricité engendrent des courants électriques. Ces courants électriques
sont forcéments accompagnés d’un champ magnétique et c’est ainsi que
la Terre elle-même se comporte globalement comme un gros, gros aimant.
Si on laisse un aimant très léger s’orienter, comme dans une boussole, il
s’oriente suivant le champ magnétique engendré par la Terre. Un des deux
pôles de l’aimant indiquera approximativement le nord, et l’autre le sud.
84 4. É
C’est pour cette raison qu’on a appelé les pôles des aimants “nord” et “sud”.
Cela dit, si on rééchit bien à ce choix, comme les pôles nord des aimants
sont attirés par les pôles sud des autres aimants, le pôle nord géographique
est en fait un pôle sud magnétique. Ce pôle magnétique (l’endroit où les
lignes de champ magnétique sortent verticalement du sol) ne se situe pas
exactement au pôle nord géographique et en plus, il bouge en permanence.
Et de temps en temps (géologiquement parlant, c’est-à-dire pas de mémoire
d’homme) le champ magnétique terrestre s’inverse. Il faudra sans doute
encore attendre quelques milliers d’années pour que cela se produise, mais
des indices laissent penser que nous ne sommes peut-être pas très loin
d’une inversion... alors le pôle nord géographique correspondra enn à
un pôle nord magnétique, mais les pôles nord des boussoles pointeront
alors vers le sud. Comme les inversions sont liées à ce qui se passe dans
les mouvements de Fer liquide loin sous terre, il est très dicile de savoir
quand et pourquoi exactement les inversions se produisent.
F 4.8 – Voici une coupe de la terre où on a représenté les lignes de champ
magnétique : ce sont des lignes tangentes partout au champ magnétique
(représenté par des èches). C’est plus pratique à dessiner que des èches
partout (ça n’indique cependant que la direction du champ, pas sa force).
L’intérieur de la terre contient une partie métallique partiellement liquide.
Ses mouvements créent un champ magnétique grossièrement dipôlaire qu’on
peut utiliser pour orienter sa boussole ! Comme on le voit, puisque les lignes
de champ vont des pôles nord au pôles sud, elles rentrent en fait dans la
Terre au nord et en sortent au sud. Le pôle nord géographique est un pôle sud
magnétique !
D 85
Dipôle électrique
1. Si votre système pileux le permet, vous pouvez aussi le frotter sur votre bras nu...
C 87
F 4.10 – Voici ce que vous devriez constater lorsque vous approchez
un sac plastique chargé d’un let d’eau : celui-ci est dévié, attiré par le sac
plastique. C’est le signe que la molécule d’eau est fortement polarisée et qu’elle
se comporte comme un petit “aimant électrique” (un dipôle). Elle est attirée
par les zones de champ électrique fort, donc par le sac.
Champ magnétique & particules chargées
F 4.11 – Une particule chargée qui arrive dans un champ magnétique
(qu’on considère ici comme pointant partout vers le haut perpendiculairement
au plan de la feuille) se met à faire un virage. Pour être précis, le sens de ce
virage dépend de la charge de la particule. Avec ce champ magnétique, les
particules positives tournent vers la droite, les négatives vers la gauche. Sur
le schéma, la particule négative est moins déviée par le champ magnétique.
Cela peut être le signe que sa charge est plus faible, ou que sa masse est plus
grande puisqu’une particule plus massive est plus dicilement déviée.
Produire de l’électricité
des bobines. Dans les deux cas en eet, un courant prend naissance dans
les ls de cuivre.
C’est de cette façon qu’on produit l’électricité dans les centrales ou les
barrages, et même sur les vélos 1 ou dans certaines lampes de poche : on
fait tourner un aimant à proximité de bobinages, dans lesquels un courant
prend naissance. Dans une centrale, ce type de dispositif est appelé un
alternateur, parce que c’est lui qui crée le courant électrique alternatif 2 .
courant électrique alternatif, dans des bobines de l. Le champ est évi-
demment variable parce que le courant qui passe dans les ls est variable
(puisqu’alternatif et de fréquence très élevée). Ces bobines sont situées
dans ce qu’on appelle les plaques à induction. Aussitôt, dans tout objet
métallique à proximité, des courants induits prennent naissance. Mais
comme les métaux présentent une certaine résistance, ces courants sont
en partie dissipés par eet Joule : le métal chaue donc. C’est pour cela
que les couverts placés dans un tiroir en dessous de la plaque chauent
aussi. Mais cela chaue surtout les casseroles et autres poêles que l’on peut
mettre sur la plaque - et qui ont un fond spécialement étudié pour que les
courants qui y prennent naissance soient importants et vite dissipés.
Produire du mouvement avec de l’électricité
magnétique est orienté vers le haut les électrons vont tourner vers la
gauche et se masser du même côté du l. Seulement ils n’ont pas le droit
d’en sortir, donc ils entraînent le reste du l vers la gauche. Conclusion :
lorsqu’un l métallique dans lequel passe un courant est placé dans un
champ magnétique, il subit une force qui le pousse 1 .
1. À vrai dire, beaucoup de micros utilisent plutôt des cristaux appelés “piézo-
électriques”, parce qu’ils produisent une tension quand on appuie dessus. Ils peuvent
donc directement transformer un son en tension variable, donc en signal électrique. Et
on peut faire des micros moins sensibles, mais susamment petits pour tenir dans un
téléphone...
C 5
O
I n’est pas simple de dénir ce que sont les ondes - en réalité, il s’agit
essentiellement de phènomènes ayant tous un comportement com-
mun. Le son, les vagues, les vibrations d’une corde et ondes radio sont
des phénomènes ondulatoires : ils ont, même si ça n’est pas évident, fon-
damentalement le même comportement. Il s’agit de perturbations (de la
pression de l’air, de la hauteur de l’eau, de la hauteur de la corde et du
champ électro-magnétique) qui se déplacent, souvent sans se déformer.
Ces perturbations se déplacent sans transporter de matière et donc très
ecacement : c’est seulement la perturbation qui se déplace, pas la matière
(la pression de l’air, mais pas l’air ; la hauteur de l’eau mais pas l’eau ; la
hauteur de la corde mais pas la corde). Les ondes sont ainsi le moyen idéal
pour transporter de l’information, et c’est pour cela que nos deux sens les
plus évolués sont ceux qui captent les types d’onde les plus courants dans
notre environnement : le son et la lumière. Et d’un point de vue conceptuel,
les ondes sont au coeur de tout le reste de la physique, particulièrement
de la mécanique quantique.
Longueur d’onde et fréquence
Prenons tout d’abord le cas très simple des ondes qui se propagent à la
surface de l’eau : ce sont les vagues. Vous avez déjà jeté un caillou dans
l’eau calme, pour voir des vagues s’éloigner doucement de l’endroit où le
caillou est tombé... Ces vagues constituent un excellent exemple d’onde.
Si vous imaginez des vagues à la surface de l’eau, vous imaginez sans
doute une succession de creux et de bosses qui se déplacent à la même
vitesse sans trop se déformer. Une vague est donc une perturbation de la
95
96 5. O
F 5.1 – La longueur d’onde est la distance qui sépare deux creux ou
deux bosses dans un système de vagues bien périodique.
1. Je vous vois venir : quand vous êtes au bord de la mer et que les vagues déferlent
c’est eectivement un déplacement de matière. Mais le comportement (compliqué) des
vagues quand elles déferlent est très diérent de ce qu’elles font quand elles sont loin du
bord, comme ici.
I 97
Interférences
F 5.3 – Voici des schémas plus précis parce que calculés grâce à un
ordinateur. A gauche, le haut des vagues est représenté par des lignes, comme
sur la gure précédente. Au milieu, voici ce que vous verriez si vous preniez
une photo (là, le haut des vagues est en blanc). Là où les interférences sont
destructives, on ne voit pas bien les vagues, on dirait que c’est ou. A droite,
les zones où les interférences sont constructives (en blanc) et celles où elles
sont destructives (en noir).
Les interférences peuvent se produire pour tous les types d’ondes. Par
exemple, dans un casque à réduction de bruit active, le bruit extérieur
est capté par un micro, et un bruit est généré en opposition de phase
dans le casque. Les interférences destructives entre le bruit extérieur et
le bruit généré par le casque, qui se produisent au niveau de vos oreilles,
permettent alors d’atténuer énormément le bruit extérieur. Moins de son
avec plus de son, c’est tout le paradoxe et la magie des interférences !
Ces interférences expliquent aussi pourquoi il y a des endroits où on
ne capte pas, alors qu’en bougeant de quelques mètres la réception est
meilleure. Les ondes émises par les antennes se rééchissent sur des obs-
tacles. Les réexions ainsi créées peuvent croiser l’onde qui va directement
de l’antenne à vous, et toutes ces ondes vont interférer entre elles – et
parfois vous priver de signal 1.
Corde vibrante
onde se rééchit, elle revient sur ses pas et interfère avec elle-même, tout
simplement ! Prenons l’exemple d’une corde qu’on agite par un bout, mais
qui est accrochée au bout opposé. Les ondes qu’on génère en agitant la
corde se propagent et arrivent au côté accroché. Là, elles se rééchissent. Si
on agite la corde périodiquement sans s’arrêter, on va voir des interférences
entre l’onde qui arrive et l’onde qui repart. Du coup, il y a sur la corde des
endroits où elle oscille fortement qu’on appelle des ventres de vibration (les
endroits où les deux ondes interfèrent constructivement) et des endroits
où la corde n’oscille plus du tout (qu’on appelle des noeuds de vibration,
et où les ondes interfèrent destructivement). C’est un exemple simple
d’interférence.
F 5.4 – Quand on agite la corde pour y faire une jolie onde sinusoïdale,
celle-ci se rééchit au bout. Quand elle revient sur elle-même, il y a des
endroits qui reçoivent les bosses de l’onde des deux ondes en même temps : les
ventres. Et il y a des endroits qui reçoivent des bosses de l’une et des creux de
l’autre, ce sont les noeuds.
Mais on peut aller un tout petit peu plus loin encore, pour arriver à
l’une des idées les plus importantes de la physique. Imaginons que la corde
soit accrochée aux deux bouts puis tendue. Si on génère une onde d’une
fréquence particulière sur cette corde, en l’agitant avec le doigt en un
endroit, on peut imaginer qu’elle va devoir faire des aller-retour le long
de la corde, en se rééchissant à chaque extrêmité. A ce moment, il faut
se poser une question extrêmement importante : quand l’onde a fait un
aller-retour, est-elle en phase avec elle-même ? Est-ce que quand une bosse
aura fait un aller-retour elle sera en face d’une bosse, ou d’un creux ?
Si la bosse se retrouve en face d’un creux : interférence destructive !
Et donc, pas d’onde qui puisse se propager sur la corde, puisqu’en faisant
C 101
F 5.5 – Un doigt envoie une onde sur la corde – un creux. Elle se rééchit
à un bout et un creux devient alors une bosse (et vice-versa) à cause de la
réexion. Puis la bosse se rééchit de nouveau à l’autre bout et redevient un
creux. Si le doigt en prote pour relancer un creux, il va renforcer le premier
creux. Donc si le doigt envoie des creux périodiquement, toute la question
sera de savoir combien de temps les creux mettent à faire l’aller-retour pour
savoir si l’interférence sera constructive ou destructive.
Il n’y a qu’un seul moyen pour que cela n’arrive vraiment, vraiment
jamais. C’est qu’après avoir fait un aller-retour une bosse se retrouve
exactement en face d’une bosse. Dans ce cas, l’onde se renforce elle-même,
il y a interférences constructives et tout va bien. Plus précisément, on
sait que si on avance d’une longueur d’onde sur la corde en partant d’une
bosse, on va trouver une autre bosse. Dire qu’après un aller-retour, une
bosse est en face d’une bosse, c’est dire que la longueur de l’aller-retour est
un nombre entier de longueur d’onde. Au minimum une. Mais peut-être
deux, trois et encore plus...
S’il y a pile une longueur d’onde dans un aller-retour, on obtient ce
qu’on appelle le mode fondamental de la corde. C’est la façon de vibrer
la plus simple de la corde, à une fréquence qu’on appelle fréquence fon-
damentale, bien sûr. Si on a deux longueurs d’onde dans un aller-retour,
102 5. O
cela signie que la longueur d’onde est deux fois plus courte, et puisque
la longueur de la corde n’a pas changé, alors la fréquence est deux fois
plus élevée. C’est une nouvelle façon possible de vibrer pour la corde. On
appelle ça un mode de vibration. Et ainsi de suite : avec trois longueurs
d’ondes dans l’aller-retour, le mode suivant a une fréquence trois fois
supérieure au fondamental. Les fréquences de tous les modes sont des
multiples du fondamental.
F 5.7 – La forme initiale qu’on donne à la corde peut être décomposée
en une somme de tous les modes. Après ça, chacun vit sa vie séparément.
Ils ont tous des fréquences diérentes, mais comme elles sont multiples du
fondamental, tout le monde revient à son point de départ en même temps,
périodiquement. Le son produit par la vibration de la corde (en gros “chtouing”)
comporte toutes ces fréquences de façon indépendante.
1. En fait, c’est un mode de raisonnement. Comme les ondes se croisent sans se voir,
on peut comprendre la vibration compliquée d’une corde comme des ondes plus simples
qui se croisent et qui vivent leur vie indépendamment. Les interférences, c’est plus un
mode de raisonnement qu’un phénomène physique. L’onde existe et fait ce qu’elle veut,
mais nous la comprenons comme une superposition.
104 5. O
Ondes acoustiques
Quand vous entendez un son, c’est que votre oreille a capté une onde
acoustique, une onde sonore. L’onde acoustique est évidemment une sorte
d’onde et la perturbation qui se déplace est dans ce cas une perturbation
de la pression dans l’air. Le son est créé par un objet qui met l’air en
mouvement. Prenons l’exemple d’un haut-parleur : quand sa membrane
avance, elle comprime l’air légèrement puis elle recule et aspire donc
légèrement l’air. Et en faisant cela quelques centaines de fois par secondes,
la membrane va créer dans l’air l’analogue des vagues à la surface de
l’eau : un creux correspond à un endroit où la pression est un peu plus
faible (ainsi que la densité des molécules d’air) que la normale, une bosse
un endroit où elle est un peu plus forte (et où les molécules sont plus
rapprochées). Évidemment, cette onde se déplace sans trop se déformer,
comme les vagues - et c’est ainsi que quand vous dites “bonjour” à votre
voisin il n’entend pas “choucroute”, même si vous êtes très loin.
La vitesse des ondes sonores est d’environ 300 mètres par seconde. Elle
est importante, ce qui fait que pour des évènements qui se passent tout
H 105
près de nous, il ne nous est pas possible de saisir le décalage entre ce que
nous voyons et ce que nous entendons. Par contre quand vous regardez
un feu d’artice de loin, vous vous apercevez très nettement que le son
arrive bien après la lumière. C’est aussi le cas lorsque vous voyez un éclair :
le tonnerre, auquel l’éclair donne naissance, n’arrive que bien après la
lumière. Pour savoir à quelle distance en gros (et en kilomètres) l’éclair
a eu lieu, il sut de compter le nombre de secondes qui s’écoulent avant
d’entendre le tonnerre, et de diviser par trois : l’onde parcourt en gros un
kilomètre toutes les trois secondes 1 .
Harmoniques et timbre
1. À cause de cette vitesse assez limitée, il est impossible que toutes les personnes
d’un stade chantent la même chose de façon synchronisée. Et même si c’était le cas, un
endroit donné du stade ne pourrait jamais s’en apercevoir : avec les diérentes distances,
les sons arriveraient toujours décalés. C’est le drame des stades.
106 5. O
Quand vous faites un “a” avec votre bouche, vous entendez directement
le son des cordes vocales, presque “pur”. Il est très riche en harmoniques
(les harmoniques de fréquence élevée ont une grande amplitude dans
la décomposition du son, ils sont très présents). Quand vous faites un
“ou”, votre bouche ltre le son, et ne laisse passer pratiquement que le
fondamental. Selon la forme de votre bouche, des harmoniques diérents
passent ou pas, ce qui permet de faire l’ensemble des voyelles. Ce sont
des timbres diérents. Vous comprenez maintenant que la même corde,
suivant qu’elle soit frottée ou pincée ne va pas avoir le même timbre, parce
qu’elle n’aura pas la même forme, donc les modes seront plus ou moins
excités, donc le fondamental et les harmoniques auront des amplitudes
diérentes. Donc des timbres diérents.
Nous avons vu que, quand notre oreille identie le fondamental et
ses harmoniques ensemble, nous trouvons le résultat agréable. Prenons
maintenant deux cordes ou deux instruments qui jouent chacun une note
diérente. Si ces deux sons ont beaucoup d’harmoniques en commun, nous
trouvons cela forcément très harmonieux. Quand on joue une note à 440
hertz (un “la”), on a des harmoniques à 880 hertz, 1320 hertz, 1760 hertz...
Si on joue en même temps un son à 880 hertz, son premier harmonique
est à 1760 hertz ! Et en fait, tous les harmoniques de ces deux sons ont
exactement la même fréquence. C’est presque comme si on avait joué juste
une note. C’est parfaitement harmonieux. Du coup, on a donné le même
nom à la note à 880 hertz. C’est aussi un “la”.
Un son à 660 hertz est un mi. Entre un la à 440 hertz et ce mi à 660
hertz, il y a un rapport de 1,5. C’est le même rapport qu’entre le premier
harmonique de n’importe quel son (celui avec le numéro 2) et le deuxième
(celui avec le numéro 3). À cause de ce rapport mathématique de 32 , le “la”
et le “mi” ont beaucoup d’harmoniques avec la même fréquence. Pas tous,
mais beaucoup. C’est très joli de les jouer ensemble, aussi. On appelle ce
dernier intervalle une quinte. C’est ainsi qu’on peut construire ce qu’on
appelle la gamme : un ensemble de notes qui sont en général harmonieuses
quand elles sont jouées ensemble 1 .
Un bruit est un son qui n’est en général pas périodique : il n’est pas
produit par une vibration, mais par un frottement ou un choc. Pour notre
oreille, il contient un grand nombre de fréquences, mais sans rapport
1. Histoire vraie : les trois intervalles les plus harmonieux sont les octaves, les quintes
et les quartes. Pendant très longtemps, il a été mal vu de jouer d’autres accords, parce
qu’ils étaient moins harmonieux. La tierce, l’intervalle suivant le plus harmonieux a eu
du mal à s’imposer. Pourtant c’est très joli, une tierce.
108 5. O
F 5.10 – Pour résumer, cette gure présente, en haut, les signaux de deux
sons de même fréquence donc de même hauteur, mais de timbres diérents :
les motifs sont diérents parce que les harmoniques ne sont pas du tout les
mêmes dans les deux cas. Le deuxième son est plus fort que le premier : son
amplitude est plus grande. Enn un bruit est présenté en bas : il n’est pas
possible d’identier de motif, il n’y a aucune périodicité. C’est du bruit.
Eet Doppler
Il reste une dernière chose à vous expliquer pour que vous compreniez
à peu près tout ce que vous entendez. Imaginez votre grand-mère sur
un chariot, qui vous adresse un “mon petit” à chaque seconde. Vous la
voyez arriver vers vous sur son chariot. Le “mon petit” qu’elle vient de
vous envoyer voyage à travers l’air et arrive jusqu’à vous et vous répondez
“mamie” ! Votre grand mère vous adresse un second “mon petit” mais depuis
le dernier, elle a bougé. La distance qu’il faut au son pour arriver jusqu’à
vous est donc moindre que la fois précédente. Il met moins de temps et
vous le recevez donc moins d’une seconde après le premier. Inversement,
1. Un “s” dière d’un “f” seulement par les très hautes fréquences, celles qui ne passent
pas dans un téléphone ou dans une radio. D’où l’invention d’un alphabet international
Alpha, Bravo Charlie... très utile pour ceux qui utilisent la radio pour communiquer.
E D 109
si votre mamie s’éloigne de vous, plus elle s’éloignera, plus les sons qu’elle
fait auront de chemin à parcourir pour vous arriver. Ils vous arriveront
donc avec une fréquence moins grande qu’un par seconde.
F 5.11 – Quand votre grand-mère se déplace, elle envoie des signaux
plus “tassés” que si elle était immobile. Un signal ainsi compressé vous arrive
forcément, si vous êtes immobile, avec une fréquence plus élevée ! C’est l’eet
Doppler.
110 5. O
Les ondes électro-magnétiques
Micro-ondes
Rayonnement thermique
Vous savez que lorsqu’un objet est chaud, les particules qui le com-
posent sont agitées. Or les molécules ou les atomes sont en fait constitués
de particules chargées, protons et électrons. Comme tous ces objets sont
chargés, ils génèrent un champ électro-magnétique. S’ils bougent, ce champ
va changer. Or les particules qui nous composent ne s’arrêtent jamais de
bouger - sinon, c’est qu’elles sont au zéro absolu en matière de tempéra-
ture, soit environ -273˚C. Donc en permanence, nous baignons dans ces
uctuations du champ électromagnétique qu’elles engendrent et qui se
propagent. C’est un rayonnement qu’on appelle le rayonnement thermique.
On l’appelle aussi rayonnement du corps noir parce que c’est le rayon-
nement émis par un objet noir (qui absorbe toute la lumière qui arrive)
mais chaud, donc qui en émet forcément 1 . Ce rayonnement contient un
continuum de fréquence : toutes les fréquences possibles ou presque dans
une certaine fenêtre, même si toutes les fréquences ne sont pas également
représentées. Ce rayonnement thermique est en fait une sorte de bruit
électromagnétique permanent.
Plus un corps est chaud, plus ses particules bougent, et plus elles
bougent rapidement donc plus le rayonnement est important, et plus la
fréquence moyenne du rayonnement est grande.
L’univers baigne d’ailleurs en permanence dans un bruit de fond, un
rayonnement thermique émis il y a très très longtemps quand l’univers a
commencé à être transparent. Depuis le temps, parce que l’univers s’est
dilaté, la longueur d’onde de ce rayonnement a augmenté, donc le rayon-
nement s’est “refroidi”. Il correspond maintenant à celui qu’émettrait un
objet à la température de -271˚C : ce sont des ondes radio (des micro-ondes
en fait) de longueur d’onde 3 millimètres. Quand un objet émet plus de
rayonnement thermique qu’il n’en reçoit, il perd de l’énergie, il se refroidit
donc. Dans l’espace, quand aucune étoile n’éclaire un objet, il va perdre
son énergie très rapidement, parce que le rayonnement qu’il reçoit est
celui d’un objet à -271˚C. L’espace est “froid” pour cette raison. Mesurer
ce rayonnement, c’est en fait mesurer la température du fond de l’espace,
et le fond de l’espace est frais. Très frais.
Vous émettez vous aussi un rayonnement thermique important mais il
est lui aussi invisible. Il correspond à une température plus élevée, donc à
1. Et là, les petits malins me feront remarquer que jamais de la vie il est noir puisqu’il
émet de la lumière. Oui, mais bon. Il est noir quand il est froid, c’est tout.
114 5. O
une longueur très courte (un centième de millimètre) : ce sont des infra-
rouges. Une caméra spéciale appelée caméra thermique peut permettre de
capter ce rayonnement. Elle vous verra plus brillant que votre environne-
ment parce que vous serez plus chaud(e). Ceci dit, votre environnement
émet aussi beaucoup d’infrarouges, en permanence : avec une caméra
thermique, la nuit n’existe pas, il y a toujours de la lumière ! C’est très utile
pour les pompiers, les militaires, ou pour détecter les défauts d’isolation
dans les maisons...
Ces infrarouges sont ce que vous sentez quand vous vous chauez
devant une cheminée. Ce n’est pas l’air chaud de la cheminée que vous
sentez : il monte, et donc part justement par la cheminée. Vous sentez en
fait les infrarouges que le feu vous envoie. Comme le feu est plus chaud
que vous, il émet plus d’infrarouges que vous ne lui en envoyez : il vous
réchaue. Et presque toujours, il y a une plaque en fonte au fond des che-
minées : cette plaque capte la chaleur du feu et de l’air qui s’échappe. Cette
chaleur se répartit dans toute la plaque parce que le métal conduit bien
la chaleur. Et ensuite la plaque rayonne de l’infrarouge, que vous sentez !
C’est aussi le principe de ce qu’on appelle des panneaux rayonnants : on
chaue électriquement une plaque, qui au lieu de chauer l’air comme
le ferait un convecteur, émet naturellement des infrarouges qui viennent
vous chauer directement. La cheminée est donc une version rustique des
panneaux rayonnants.
Les infrarouges peuvent aussi transmettre de l’information sur de très
longues distances en passant dans des bres optiques. La plupart des com-
munications à grande distance (téléphone, internet) se font ainsi. Ce sont
des infrarouges que vous ne pouvez pas émettre : ils ont une longueur
d’onde de 1 micron et demi (soit 1 millionième et demi de millimètre).
Plus modestement, votre télécommande utilise des infrarouges pour com-
muniquer avec votre téléviseur. La preuve ? Il se trouve que les capteurs
d’image numérique (sur votre téléphone par exemple) sont sensibles à
ces infrarouges. Si vous regardez la diode de votre télécommande avec un
appareil photo numérique ou votre téléphone et que vous appuyez sur une
touche, vous verrez la diode clignoter !
Revenons à la cheminée. Il y a toujours des braises qui traînent. Elles
sont parfois sombres, mais lorsque vous souez dessus vous apportez de
l’oxygène à la réaction chimique en train de se produire (ce qu’on appelle
la combustion, le feu, quoi). La réaction s’accélère, elle libère de l’énergie,
la braise chaue et elle devient brillante si elle dépasse 1000 degrés celsius :
c’est l’incandescence.
R X 115
Rayons X et gamma
Pour des longueurs d’ondes plus courtes que celles de la lumière visible,
les ondes électro-magnétiques commencent même à pouvoir casser les
liens entre les atomes dans les molécules - donc à casser les molécules
elles-mêmes. Ce sont des rayonnements ionisants.
Les photons UV par exemple peuvent casser les molécules. C’est pour
cela qu’ils sont cancérigènes : ils peuvent perturber l’ADN de la peau au
point de provoquer des cancers. Notre peau s’en protège en produisant
une molécule qui absorbe beaucoup les UV : la mélanine. C’est grâce à
cette molécule qu’on bronze ou que certaines personnes ont la peau noire.
Les peaux très blanches contiennent peu de mélanine, elles n’ont donc pas
“d’amortisseurs à UV” et sont donc plus sensibles. C’est aussi la mélanine
qui fait la couleur des cheveux.
En dessous de 10 nanomètres de longueur d’onde, les ondes électro-
magnétiques sont appelées rayons X. À cause de leur longueur d’onde
si petite, les rayons X peuvent traverser notre corps complètement. Une
faible partie s’arrête, et elle s’arrête plus volontiers là où notre corps est le
plus dense, là où il y a le plus de matière - notamment les os. Une radio-
graphie aux rayons X, c’est très simple : on vous éclaire avec des rayons
X et on regarde votre ombre X. Votre ombre X est essentiellement celle
de votre squelette, mais pas seulement. On peut distinguer des détails des
poumons, notamment. Il ne faut cependant pas en abuser, parce que les
rayons X sont dangereux : ils restent ionisants ! Cependant leur intérêt
médical est tel qu’on peut se permettre d’y être exposé de temps en temps.
Enn quand un noyau atomique a trop d’énergie, il émet parfois une
lumière particulière qu’on appelle rayonnement gamma. C’est une sorte
de radioactivité. Ce rayonnement peut tout traverser ou presque, grâce
à sa longueur d’onde minuscule. Il se glisse entre les atomes sans souci,
et les contourne ou passe à travers. Pour se protéger des rayonnements
gamma, il faut plusieurs centimètres de plomb, et encore, une partie du
116 5. O
L
Réfraction
Il faut garder à l’esprit pour le comprendre, que la lumière est une onde.
Nos yeux sont sensibles à une certaine gamme de lumière : celle dont la
longueur d’onde dans le vide ou l’air est comprise entre 400 nanomètres 1
et 750 nanomètres. C’est ce qu’on appelle la lumière visible. Nous sommes
sensibles à cette gamme de longueurs d’onde parce que c’est celle qui est
essentiellement émise par le Soleil.
Il est très pratique de repérer les couleurs de l’arc-en-ciel, les couleurs
pures, en donnant leur longueur d’onde dans le vide – parce qu’on arrive
mieux à se gurer à quelle échelle les interférences risquent de se produire,
par exemple. Mais ça n’est pas une très bonne idée, parce que, comme on
1. On aurait pu choisir de faire des traits sur les creux, on aurait aussi obtenu des
fronts d’ondes, évidemment.
R 119
F 6.2 – Voici ce qui arrive quand une onde lumineuse rencontre un
nouveau milieu : elle y rentre en changeant de longueur d’onde. L’espacement
entre les fronts d’ondes n’est pas le même au-dessus du trait (l’interface entre
les deux milieux) et en dessous. Mais comme les fronts d’ondes sont continus,
il faut changer de direction... C’est ce qu’on résume par le schéma à droite.
F 6.4 – Un arc en ciel, c’est de la lumière blanche qui arrive sur une
goutte et qui est rééchie à l’intérieur. Quand elle ressort, elle ressort de la
goutte avec un angle qui dépend de sa couleur (ici, gris clair et noir, on manque
un peu de moyens). Les diérentes couleurs partent donc dans des directions
diérentes. Vous ne pouvez pas percevoir toutes les couleurs qui sortent d’une
goutte donnée. Ce que vous voyez, c’est plutôt une couleur diérente pour
chaque goutte – donc un arc coloré.
Miroir, mon beau miroir
Pour être complet, il faut ajouter que lorsque la lumière arrive ainsi
sur une interface entre deux milieux transparents, un partie de la lumière
est aussi rééchie.
M, 123
F 6.5 – À gauche, on voit qu’il y a en général une onde rééchie lorsque
la lumière arrive sur une interface entre deux matériaux. Les èches indiquent
la perpendiculaire aux fronts d’onde, la direction des rayons lumineux. On
résume ces trois èches par le schéma à droite, qui montre ce qui arrive à la
direction de propagation de la lumière. Le rayon qui repart est le symétrique
du rayon qui arrive par rapport à la verticale.
Cette réexion est très forte sur les métaux à cause des électrons libres
qu’ils contiennent. Ceux-ci s’agitent quand l’onde lumineuse arrive, elle les
met en mouvement parce qu’ils y sont très sensibles. Ils empêchent l’onde
de se propager dans le métal et renvoient l’onde lumineuse. C’est pour
cette raison que les métaux sont brillants et qu’on les utilise pour faire des
miroirs. Ce sont les matériaux pour lesquels la réexion spéculaire est la
plus forte.
Quelle taille de miroir choisir pour votre garde-robe ? Eh bien quand
vous vous regardez dans un miroir, le rayon lumineux qui vient de vos
pieds se rééchit en un point qui se situe exactement à mi-distance entre
vos pieds et vos yeux. C’est parce que les rayons doivent être symétriques
par rapport au point où ils se rééchissent. Il faut donc que ce point soit
exactement à la moitié de la distance entre vos pieds et vos yeux. Ceci reste
vrai quelle que soit votre distance au miroir. S’approcher ou s’éloigner
n’y changera rien, c’est toujours en ce point que les rayons qui viennent
de vos pieds passeront. Donc la partie qui est en dessous de ce point est
inutile. Finalement, pour se voir complètement dans un miroir, il n’y a pas
besoin qu’il fasse votre hauteur en entier, la moitié sut !
124 6. L
F 6.6 – La lumière qui vient de vos pieds se rééchit à mi-hauteur entre
vos pieds et vos yeux. Même chose pour voir le haut de votre tête. Un miroir
qui fait la moitié de votre taille, s’il est bien placé, vous permettra de vous
voir en entier ! Et s’approcher ou s’éloigner ne change rien...
Réexion totale
Prenons maintenant une onde (de la lumière) qui tente de passer d’un
milieu où elle va lentement à un milieu où elle va plus vite – c’est-à-dire
d’un indice élevé à un indice plus faible. Elle avait une longueur d’onde
courte dans le premier milieu, et elle passe à une longueur d’onde plus
grande. Le rayon lumineux se propage donc de plus en plus parallèlement
à l’interface. L’angle de la lumière réfractée est plus grand que l’angle
d’incidence par rapport à la perpendiculaire à l’interface. Elle ressort plus
rasante. Et il y a même un moment où cela coince : à partir d’un certain
angle d’incidence, appelé angle limite, il n’est plus possible de dessiner des
fronts d’onde continus et espacés d’une distance plus grande que dans le
milieu initial. C’est simplement impossible. Dans ce cas, il n’y a juste pas
de lumière réfractée, il n’y a que de la lumière rééchie : c’est la réexion
totale. L’interface se comporte comme un miroir parfait : tout la lumière
est rééchie. À la diérence d’un miroir métallique, qui absorbe une toute
petite partie de la lumière, dans le cas de la réexion totale, absolument
tout est rééchi !
R 125
Quand vous êtes dans l’air et que vous regardez vers l’eau, il y a une
réexion, mais elle n’est pas totale parce que vous êtes dans le milieu
d’indice le plus faible, dans lequel la longueur d’onde est la plus grande et
la lumière la plus rapide. Pour voir une réexion totale, il faut absolument
être dans le milieu d’indice élevé. Et c’est là qu’on peut se demander ce
que voient les poissons, exactement. Parce que eux sont dans un milieu
d’indice élevé, l’eau.
On renverse donc la situation : en haut on a de l’air, en bas on a de
l’eau. Les rayons lumineux qui traversent l’interface entre l’air et l’eau
alors qu’ils sont rasants ressortent avec un angle proche de l’angle limite.
C’est la situation précédente, renversée. Cet angle limite, pour l’interface
entre l’eau et l’air est proche de 45 ◦. À cause de cette réfraction, aucun
rayon venu de l’extérieur ne peut entrer dans l’eau puis avoir un angle
(par rapport à la normale) plus grand que l’angle limite. Pour un poisson,
donc, toute la lumière venant de l’air arrive dans un cône dont l’angle au
sommet est de 45 ◦. En pratique, ils ne voient pas ce cône, mais il y a un
cercle en surface par lequel arrive toute la lumière de l’extérieur de l’eau.
Et tous les objets proches de la surface apparaissent donc en bord de ce
cercle, puisque les rayons qu’ils émettent sont rasants.
Quand le Soleil se couche à l’horizon pour nous, pour les poissons il se
couche en bord de cercle, à 45◦ ! Et pour eux, tout ce qui est en dehors de ce
cercle lumineux n’est qu’un miroir qui rééchit le fond. En eet, tous les
rayons lumineux qui arrivent au poisson sans provenir du cercle lumineux
126 6. L
arrivent avec un angle plus grand que l’angle limite. Cela signie que ces
rayons ont subi une réexion totale ! On peut le voir dans les aquariums :
il est dicile de voir le cercle en surface, mais on voit eectivement que la
surface se comporte comme un miroir parfait 1 .
F 6.8 – Les rayons du soleil sont peu déviés par la réfraction. Le poisson
voit la partie de la botte qui est sous l’eau, pas de problème. Mais la partie juste
au-dessus de l’eau, il la voit au bord du cercle par où toute la lumière rentre.
Et avec les vagues, les bords du cercle bougent énormément. Si le poisson
regarde la surface au delà de ce cercle, il va voir le fond - et les bottes du
pêcheur de nouveau. Pour un poisson, le pêcheur est donc en deux morceaux
séparés !
F 6.9 – Quand on regarde assez loin, et que l’air chaud monte d’une
route, les rayons lumineux ne viennent pas de la route, ils viennent du ciel.
On a l’impression de voir une aque d’eau bleue.
La réexion totale est aussi ce qui vous permet d’avoir Internet : une
bre optique est essentiellement un milieu d’indice élevé (du verre) sous
forme de bre. Si la lumière s’y propage de façon susamment rasante, à
chaque fois qu’elle essaie de sortir de la bre elle subit une réexion totale 1 .
C’est parce que la réexion est totale que la lumière peut se propager sur
des dizaines de kilomètres. La plupart des signaux sur Internet se propagent
ainsi sous forme lumineuse dans des bres optiques.
F 6.10 – Quand la lumière entre dans la bre, elle subit une réfraction.
Mais ensuite, son angle de réexion sur les côtés de la bre est très grand : il
y a réexion totale à chaque fois. Avec une réexion parfaite et sans pertes,
le signal lumineux peut se propager très loin.
1. Et comme une bre optique, c’est tout petit (de l’ordre du micron pour le coeur), et
qu’on essaie d’y conner la lumière que se passe-t’il ? Eh bien la nature ondulatoire de
la lumière ne peut pas être négligée et des modes apparaissent : la lumière ne peut se
propager qu’à certaines vitesses bien dénies dans la bre qu’on peut numéroter, il y a
donc quantication...
128 6. L
L’œil
Nous avons vu tout à l’heure que lorsque la lumière passait d’un milieu
où elle allait vite à un milieu où elle allait plus lentement, donc d’indice
plus élevé, la direction de propagation de la lumière changeait. Si jamais
l’interface entre les deux milieux est courbée, des rayons diérents qui
viennent d’un même endroit peuvent être amenés à re-converger en même
point. C’est le principe de la lentille ou du cristallin de votre œil (aidé par
la forme naturelle de la surface de l’œil).
F 6.11 – Le cristallin est une petite lentille transparente qui fait conver-
ger les rayons lumineux venant d’un même point lumineux sur la rétine, tout
au fond. Une image de l’objet apparaît, mais elle est renversée ! Heureusement,
votre cerveau sait très bien que ce qui est en bas sur la rétine est en haut en
réalité. C’est comme ça depuis que vous avez des yeux, il est habitué !
1. Chez un myope, le cristallin est trop courbé, il fait trop vite converger les rayons
lumineux. Le myope voit net même en dessous de 20 cm, mais il ne peut pas voir net de
loin : les rayons convergent avant la rétine et forment plutôt une tache à la place d’un
point sur la rétine. L’image est oue.
2. En plus, les pixels de couleur sont séparés spatialement. Mais ils sont tellement
proches que leurs images se confondent sur notre rétine. Même sur un livre ou une ache,
ce sont des taches de couleur qui ne se recouvrent pas. Mais vu de loin...
3. Vous savez, les trois couleurs primaires...
130 6. L
Instruments d’optique
Si vous prenez une boule de verre (une bille) et que vous la mettez au
soleil, vous verrez que les rayons lumineux qui proviennent du soleil se
concentrent en un seul point, un peu à l’arrière de la bille, qu’on appelle
le foyer. Pour concentrer ainsi les rayons du soleil, il n’y a pas besoin
d’avoir une bille de verre, une lentille plus mince peut sure. Grâce à la
réfraction de la lumière quand elle entre puis sort du verre, les rayons
du soleil sont déviés et nissent pas converger au foyer. C’est donc une
lentille convergente.
D’autre part, comme la lumière peut aller dans un sens ou dans l’autre,
il y a un foyer des deux côtés de la lentille.
F 6.12 – À gauche, les rayons lumineux arrivent d’un objet situé très
loin, tellement loin qu’ils ont tous l’air parallèles. Une lentille a la propriété
de les faire tous converger au même point, le foyer. La lumière reste cependant
une onde. Dire que la lentille a transformé les rayons parallèles en rayons
convergents signie qu’elle a transformé les fronts d’ondes parallèles en arc
de cercle. Pourquoi ? La lumière va plus lentement dans le verre. Plus il est
épais, plus elle met de temps à traverser. Les fronts d’onde sont alors en retard
au centre où la lentille est plus épaisse.
C’est ainsi que fonctionne une lunette astronomique. Les étoiles étant
très loin et absolument immenses, il faut imaginer, même si nous les voyons
comme des points tout petits, que leur lumière baigne tout l’espace (ce sont
des objets immenses qui émettent une quantité de lumière dingue). Les
rayons qui viennent d’une étoile sont parallèles tellement elle est loin. Si on
met une lentille convergente, elle fait converger tous les rayons lumineux
parallèles en un même point. Bref, elle fait l’image de chacune des étoiles.
Il y a un double intérêt à faire ça, comparé à regarder les étoiles à l’œil
I ’ 131
nu. Tout d’abord la lentille est grande, ce qui fait qu’elle capte plus de
lumière, c’est comme si vous aviez de très grandes pupilles 1. Ensuite c’est
un peu comme si vous aviez une énorme rétine 2 et donc une meilleure
résolution parce que l’image est plus grande. Pour résumer, l’ensemble
lentille plus écran fonctionne comme un gros, gros œil et pour que votre
lunette astronomique fonctionne bien, vous avez intérêt à avoir le plus de
distance possible entre la lentille et le foyer.
F 6.13 – Une lunette astronomique fait l’image d’une étoile dans le plan
de l’écran, situé au foyer. C’est ce qu’on appelle le plan focal. Plus le foyer est
loin, plus l’image sera grande. Plus la lentille est grande plus elle capte de
rayons lumineux et plus l’image est lumineuse (et précise). C’est pour cela
qu’on construit des téléscopes de 30 m de diamètre.
Un point lumineux, quel qu’il soit, émet des rayons lumineux dans
toutes les directions. Ce sont des rayons divergents. Ceux qui arrivent sur
la lentille sont d’autant plus divergents que l’objet est proche de la lentille.
Tant que l’objet est situé en avant du foyer, la lentille est assez puissante
pour faire reconverger les rayons de l’autre côté de la lentille. Si on met
un écran là où les rayons convergent, on obtient une image.
Si l’objet est très près du foyer mais toujours avant, l’image obtenue
est très loin et très agrandie. On appelle distance focale la distance entre le
foyer et la lentille. Si l’image apparaît de l’autre côté de la lentille à 10 fois
la distance focale, vous pouvez retenir qu’elle est agrandie 10 fois. Comme
c’est vous qui choisissez cette distance, vous pouvez agrandir autant que
vous voulez. C’est le principe du microscope.
1. Que vous avez de grandes pupilles...
2. Que vous avez une grande rétine...
132 6. L
F 6.14 – L’objet qu’on regarde est situé tout à gauche. Il est situé avant
le foyer. Donc la lentille est capable de refaire converger les rayons issus de
l’escargot qui divergeaient. Plus on approche l’escargot du foyer, plus l’image
est lointaine.
Il faut ajouter, et c’est important, que vous n’avez pas vraiment besoin
d’un écran pour voir cette image. Si vous ne mettez pas d’écran, les rayons
lumineux qui se sont croisés au niveau de l’image continuent leur route.
L’image est alors comme un objet qu’on peut regarder à l’œil nu ! Pour
cela, vous avez besoin d’être susamment loin, puisque l’œil ne peut pas
faire la mise au point sur un objet trop près de lui. Si vous êtes à plus de
20 cm, votre œil sera capable de voir parfaitement cette image renversée
qui otte en l’air.
Revenons à la lentille. Si vous approchez encore votre objet de la lentille,
vous pouvez le placer entre le foyer et la lentille. Les rayons divergent alors
tellement, parce que l’objet est proche, que la lentille n’est plus capable
de refaire converger les rayons. Elle ne peut plus faire d’image projetable
sur un écran. Mais comme il s’agit d’une lentille convergente, les rayons
ressortiront tout de même nettement moins divergents, exactement comme
s’ils venaient d’un objet plus lointain. Tout se passe en fait comme s’ils
venaient d’un objet plus lointain et plus grand. Si vous avez du mal à voir
les objets quand ils sont trop près, la lentille peut vous aider. Si vous ne
voyez pas les objets qui sont à moins de 20 cm, la lentille les rejette pour
vous plus loin et vous pouvez les voir mieux parce qu’ils sont grands : c’est
une loupe !
P- ? 133
F 6.15 – Pour voir bien un objet petit, il faut s’approcher, mais pas à
moins de 20 cm. Solution : intercaler une lentille. Si l’objet est plus proche de
la lentille que son foyer, alors les rayons ressortent exactement comme si ils
venaient du même objet agrandi mais placé plus loin. C’est une loupe, et ça
sert essentiellement à reculer les objets pour pouvoir s’approcher de plus près
et les voir un peu plus gros.
Peut-on voir sans être vu ?
sont des miroirs qui laissent passer une partie (relativement faible) de la
lumière. Pour que vous puissiez voir sans être vu, il faut que la pièce que
vous voulez observer soit lumineuse et que celle où vous êtes soit sombre.
Ainsi, votre image sera complètement noyée dans le reet du miroir du
côté lumineux. Alors que vous, au contraire, proterez pleinement de ce
qui se passe dans la pièce éclairée sans être gêné par votre propre reet.
Si jamais on inversait la pièce sombre et la pièce éclairée, on inverserait
ceux qui voient et ceux qui ne voient pas. Pensez-y en regardant votre
prochaine série policière américaine...
De même, l’homme invisible est forcément aveugle. Si ses yeux étaient
capables de voir, alors il capterait une partie de la lumière avec sa rétine,
et sa rétine ne serait donc pas tout à fait transparente, il ne serait donc pas
invisible. Si jamais vous avez une cape d’invisibilité à la Harry Potter, elle
peut vous permettre de vous cacher, mais pas vous permettre de voir 1 !
Polarisation
Les ondes sur une corde ont une propriété très importante que les
vagues n’ont pas. Vous pouvez en eet agiter une corde verticalement,
et les ondes que vous aurez ainsi générées vont rester dans plan vertical.
Vous pouvez aussi agiter la corde horizontalement, et créer des ondes
horizontales - ce qui n’a pas d’équivalent chez les vagues. Les vagues,
ce sont des ondes verticales, des creux et des bosses, et c’est tout. Avec
une corde, vous pouvez même agiter la corde en faisant des cercles avec
votre bras, et donner naissance à une onde en hélice. Cette propriété,
c’est la polarisation. Une vibration dans un plan vertical est une onde
polarisée verticalement. Une onde dans un plan horizontale est dite polarisée
horizontalement. Et si vous faites des cercles, c’est une onde polarisée
circulairement, qu’on dit droite ou gauche selon que vous tournez dans le
sens des aiguilles d’une montre ou non.
F 6.16 – Quand on agite une corde en faisant des cercles, on obtient ce
qu’on appelle une onde polarisée circulairement : ça donne une hélice, comme
en (c). Bien sûr, on pourrait aussi agiter la corde horizontalement comme en
(a) ou verticalement comme en (b). Ou n’importe comment.
La lumière est exactement comme une onde sur une corde. Elle peut
être polarisée, mais comme nos yeux n’y sont pas sensibles, nous ne pou-
vons pas nous en apercevoir. De toutes façons ça ne nous serait pas très
utile, parce que la lumière polarisée n’est pas très abondante dans notre
environnement. La lumière qui vient du soleil n’est pas polarisée du tout.
Si vous vouliez faire sur la corde quelque chose qui ressemble à la lumière
du soleil, il faudrait simplement que vous fassiez des mouvements com-
plètement désordonnés - et surtout pas des mouvements verticaux ou
circulaires réguliers.
Il existe ce qu’on appelle des polariseurs. Ce sont des morceaux d’un
plastique a priori plutôt transparent. Un polariseur ne laisse en fait passer
qu’une direction de vibration de la lumière. Pour la corde, l’analogue d’un
polariseur serait un ensemble de deux plaques placées de chaque côté de la
corde, qui la forceraient à ne vibrer que dans une direction donnée. Même
si avant les plaques vous agitez la corde n’importe comment, après les
plaques la vibration sera contenue dans un plan. Bien sûr, cela élimine une
partie des vibrations, et c’est pour cela qu’un polariseur paraît teinté.
136 6. L
F 6.17 – Un polariseur est l’équivalent de deux plaques placées sur une
corde. La direction de vibration que les deux plaques laissent passer dépend
de leur orientation. En bas à gauche, quand une polarisation circulaire arrive
sur un polariseur, elle ressort rectiligne : elle ne fait plus une hélice de l’autre
côté. C’est pareil avec une lumière non polarisée (qui fait n’importe quoi). En
haut à droite, si une polarisation verticale arrive sur un polariseur horizontal,
l’onde est bloquée.
F 6.18 – La vibration représentée ici est en fait une onde lumineuse. Elle
arrive en faisant un peu n’importe quoi (ici, on dirait plutôt une polarisation
circulaire), et après la réexion, elle repart en étant polarisée dans le sens de
la surface, ici horizontalement !
Il se trouve aussi que le bleu du ciel est polarisé. Le ciel est bleu parce
que les molécules de l’air diusent la lumière du Soleil : elles l’empêchent
d’aller tout droit et l’envoient dans d’autres directions. La lumière arrive
sur les molécules de l’air, qui se mettent à vibrer. Elles diusent alors la
lumière perpendiculairement à celle qui arrive. Mais la lumière qu’elles
diusent est polarisée : la molécule ne vibrant que dans une direction, elle
émet une lumière qui n’a qu’une direction de vibration.
F 6.19 – Quand la lumière du soleil arrive sur une molécule, celle-ci se
met à osciller. Elle se comporte alors comme une antenne, et émet alors une
lumière polarisée dans le sens de la vibration, et pas dans toutes les directions.
C’est le bleu du ciel que vous recevez - il est forcément polarisé.
138 6. L
1. Et que les couchers de soleil sont rouges. La lumière qui vient directement du soleil
quand il se couche doit traverser beaucoup plus d’atmosphère, il ne reste que celle qui
est le moins diusée : le rouge.
1. C’est vrai surtout si tout est bien agencé et si les matériaux utilisés sont de bonne
2.
qualité. C’est donc en regardant le noir d’un écran allumé qu’on peut juger de la qualité
de l’écran.
2.
34 Pour les écrans de montres ou de calculatrice, le dernier polariseur est orienté per-
pendiculairement au premier. Ainsi, le fonctionnement est inversé : l’écran est transparent
au repos, donc quand l’écran est éteint, et noir en présence du champ électrique.
P 139
F 6.20 – En haut, l’écran ne laisse pas passer la lumière. Elle traverse
le premier polariseur à gauche, sa polarisation tourne lorsqu’elle se propage
dans le cristal liquide et elle est nalement bloquée par le deuxième polariseur,
qui ne laisse passer que les vibrations verticales. En bas, quand un champ
électrique est appliqué entre les deux polariseurs, il empêche le cristal liquide
de former des hélices et celui-ci ne peut plus faire tourner la polarisation de
la lumière. La partie de l’écran ou existe ce champ électrique est transparente.
Le pixel est allumé !
droite destinée à un œil et une circulaire gauche pour l’autre. Les lunettes
ont toujours la même allure mais pas les mêmes propriétés. Et cette fois,
vous pouvez parfaitement pencher la tête ou la poser sur l’épaule de votre
voisin, chaque œil continuera de percevoir la bonne image !
Diraction et interférences
F 6.21 – Quand la lumière arrive sur une ouverture, elle ne garde pas
ses jolis fronts d’onde tout droits. Ils s’incurvent : la lumière part dans presque
toutes les directions. L’onde lumineuse ressemble un peu à l’onde que créerait
dans l’eau un caillou...
1. À cause de la diraction, quand on fait l’image d’une étoile, on n’a pas une image
parfaite. À la place, on obtient une tache de diraction. Elle est d’autant plus grande que
la lentille ou le miroir du téléscope est petit. C’est une des raisons pour lesquelles on
essaie de faire des miroirs de 30 mètres pour les téléscopes. Et même un miroir de 30
mètre diracte...
D 141
Si on met deux fentes côte à côte, derrière chacune des deux fentes, on
a une onde avec des fronts d’onde sphériques - donc l’équivalent des deux
caillous qu’on a jetés dans l’eau en même temps, mais avec de la lumière.
On peut alors comprendre ce qui se passe derrière les deux fentes en
pensant qu’il s’agit d’interférences entre les ondes diractées par chacune
des fentes. Comme on ne peut pas voir les vagues de lumière elles-mêmes,
on voit juste de la lumière là où les interférences sont constructives, et pas
de lumière là où elles sont destructives. Sur un écran placé après les fentes,
on a donc une alternance de bandes brillantes et sombres.
F 6.22 – À gauche, les ondes lumineuses passant à travers un écran percé
de deux fentes. Dans certaines directions les ondulations sont très visibles, dans
d’autres pas. Au milieu, les endroits où les interférences sont constructives
apparaissent blancs. Là où les interférences sont destructives c’est noir. Sur
un écran, on trouve le genre de gure montrée à droite : on voit très bien
l’alternance de bandes brillantes et sombres.
S ’
Des quarks aux atomes
145
146 7. S ’
retenir, on se demande bien où ils sont allés le chercher, celui-là... des couacs ?
Non, ça devait pas être ça...
Toute la matière qui nous entoure est constituée pour l’essentiel de 4
types de particules : les électrons, les quarks haut et bas et les neutrinos 1 .
Expédions tout de suite le cas des neutrinos : ils sont très légers, se
déplacent à une vitesse proche de celle de la lumière et sont capables de
traverser la terre sans la voir. Ils interagissent en eet très faiblement avec
la matière et même si leur nombre est gigantesque, très peu d’entre eux
sont arrêtés par quelques milliers de kilomètres de roche. Leur rôle dans
ce que nous pouvons percevoir est donc très très limité.
Les quarks sont beaucoup plus importants. Il y a beaucoup de types
de quarks, mais les deux plus légers s’appellent haut et bas et ce sont
ceux que l’on trouve dans la matière usuelle. L’interaction qui les lie est
une des quatre forces fondamentales, avec l’interaction électromagnétique
(l’interaction entre particules chargées) et la gravitation : c’est l’interaction
forte.
L’attraction entre quarks est si forte qu’on ne trouve aucun quark isolé :
ils se combinent pour former les protons (2 quarks haut et un bas) et les
neutrons (2 quarks bas et un haut). La force qui fait s’attirer les quarks
entre eux ne s’arrête pas aux limites du proton ou du neutron : elle déborde.
C’est ce qui fait que les neutrons et les protons s’attirent entre eux très
fortement, et qu’on les trouve regroupés par paquets. Ce sont les noyaux
atomiques, des groupements de protons et de neutrons 2.
Une chose est extrêmement importante : les neutrons sont neutres
d’un point de vue électrique, alors que les protons ont une charge positive,
qu’on appelle la charge élémentaire. Presque toutes les charges positives
de l’univers viennent ainsi des protons. À cause de cette charge positive,
tous les noyaux se repoussent entre eux 3 - mais ils attirent les charges
négatives.
1. Dans les accélérateurs de particules entre autres, on crée bien d’autres particules,
plus exotiques, mais elles ne constituent pas de la matière usuelle, comme celle qui nous
entoure vraiment.
2. Heureusement pour les neutrons d’ailleurs, parce qu’un neutron tout seul nit par
se désintégrer en quelques minutes pour devenir un proton.
3. Oui, les protons au sein d’un même noyau, se repoussent entre eux. Mais cette force
répulsive est très faible comparée à l’interaction forte qui lie les protons entre eux dans
un noyau. Par contre l’interaction forte agit à courte distance seulement. Pour résumer :
les protons susamment éloignés se repoussent à cause de leur charge, alors que des
protons susamment proches s’attirent à cause de l’interaction forte.
D 147
Les charges négatives sont essentiellement portées par une autre par-
ticule : les électrons. La charge portée par un électron est exactement
l’opposée de celle du proton : une charge élémentaire négative. Et mieux,
il y a autant d’électrons dans l’univers que de protons, ce qui fait que la
charge de l’univers est nulle. Les électrons sont très très légers. Ce n’est
cependant pas vis-à-vis de leur poids que cette précision est importante.
À leur échelle, la gravitation ne joue pas tellement : elle est très faible
comparée à l’interaction entre charges, elle-même très faible devant l’inter-
action forte (sinon les protons d’un même noyau ne pourraient pas rester
ensemble puisqu’ils se repoussent). Mais si les électrons sont légers, ils
peuvent facilement être mis en mouvement - leur inertie est faible. Comme
ils sont deux mille fois plus légers qu’un proton ou qu’un neutron, les
électrons sont des particules très mobiles. C’est pour cela que ce sont eux
en général qui constituent le courant électrique : ils sont en général les
premiers à bouger.
F 7.1 – À gauche, une image très pratique où les particules sont des pe-
tites billes sympathiques. Mais nous verrons dans le chapitre sur la mécanique
quantique que ça n’est pas réaliste. C’est pratique pour compter les particules,
et montrer que les électrons ont des orbites à eux. Mais il est plus réaliste
d’imaginer le noyau comme un petit nuage très concentré entouré d’un nuage
électronique très mouvant. Ou à la limite un gros nuage électronique tout
rond avec un noyau presque ponctuel au milieu...
Les électrons sont pour la plupart piégés autour des noyaux parce que
les noyaux sont positifs. Les noyaux vont ainsi attirer en général autant
d’électrons qu’il y a de protons dans le noyau et cette attraction va garder
tous ces électrons a proximité. Ainsi l’ensemble de l’édice sera neutre.
148 7. S ’
1. Le nombre de neutrons dans le noyau est important, mais il ne joue pas sur la façon
dont l’atome tout entier interagit avec les autres. Le nombre de neutrons compte juste
pour la masse de l’atome (parce qu’un neutron, c’est lourd) et pour la stabilité du noyau.
2. Et on peut éventuellement s’en servir pour faire des bombes nucléaires.
3. Dit autrement : c’est un caillou.
L 149
La liaison chimique et les molécules
F 7.2 – Ceci n’est pas une cacahuète. Les noyaux d’hydrogène ne res-
tent jamais seuls dans la nature. Parce que si deux atomes d’hydrogène se
rencontrent, ils forment aussitôt une molécule à deux atomes. Les noyaux se
repoussent parce qu’ils sont positifs, donc ils ne peuvent pas trop s’approcher.
Mais si les deux noyaux sont assez proches, les électrons peuvent se mettre
autour des deux à la fois, formant une liaison chimique.
Parce que pour établir une liaison, il faut avoir un électron à mettre en
commun avec un autre atome, les atomes ne peuvent pas établir plus de
liaisons qu’ils n’ont d’électrons. Un atome d’hydrogène (un seul proton
dans le noyau, donc un seul électron) ne peut établir qu’une seule liaison,
par exemple. Mais tous les électrons ne sont pas disponibles pour établir
une liaison. Il faut d’abord que l’électron soit susamment éloigné de son
noyau : ce sont les électrons les plus à l’extérieur qui peuvent participer
aux liaisons et encore, il faut qu’ils soient “célibataires” 1 . En pratique, les
atomes n’établissent que de 1 à 4 liaisons 2 . L’oxygène peut en établir deux,
et le carbone ou le silicium peuvent chacun en établir quatre !
Lorsqu’on regarde le nombre de liaisons chimiques qu’un atome est
capable d’établir en fonction du nombre de protons du noyau, on s’aperçoit
que cette propriété est périodique. Le carbone (6 protons) peut établir
quatre liaisons, comme le silicium (14 protons, 8 protons de plus que le
carbone). L’azote (7 protons) peut établir trois liaisons, comme le phosphore
(15 protons, 8 protons de plus que l’azote). L’oxygène (8 protons) peut
établir deux liaisons, tout comme le soufre (16 protons, 8 protons de plus
que l’oxygène). La période, ici, est de 8 : tous les 8 protons supplémentaires,
1. Les électrons ont tendance à former des paires, un peu comme les pies. Une fois
qu’une paire est formée, les électrons n’ont plus vraiment intérêt à participer à des liaisons
chimiques : si un des deux électrons pourrait y trouver un avantage en occupant une
meilleure place, l’autre aurait forcément dans ce cas une place moins bonne, plus éloignée
des deux noyaux, et il n’y aurait plus d’avantage global à coller les deux atomes.
2. Plus, c’est possible pour certains atomes, mais ce n’est pas très commun.
L 151
Chiralité
F 7.4 – Les deux escargots sont très semblables, mais aussi fondamen-
talement diérents. Celui de droite a sa coquille qui s’enroule dans le sens
des aiguilles d’une montre, celui de gauche a la coquille qui s’enroule dans
l’autre sens. Vous pouvez les retourner comme vous voulez, vous ne pourrez
pas les superposer. C’est pareil avec les molécules de sucre ! Celle de gauche
est du glucose “droit” (je sais...), celle de droite est du glucose “gauche” (c’est
une technique pédagogique).
la version droite 1, pas l’autre. Ceci dit, les plantes ne produisent que du
sucre droit, pas besoin de s’en faire...
Finalement, la personne que vous avez en face de vous tous les matins
dans la glace, elle est très diérente de vous : toutes ses molécules sont
du type gauche, si on y rééchit bien. Ainsi, si comme Alice vous pouviez
passer de l’autre côté du miroir, le monde vous paraîtrait normal, mais rien
n’aurait de goût ou d’odeur habituelle, et vous seriez incapable de digérer
correctement ce que vous mangeriez 2 !
Réactions chimiques
L’eau est un peu plus fraîche, maintenant que vous y faites attention.
Mais c’est encore très supportable, et de toutes façons, une fois hors de l’eau,
vous aurez l’occasion de vous réchauer près d’un feu...
Parfois, quand deux molécules s’approchent, les électrons extérieurs
d’un des atomes de la première molécule commencent à sentir la proximité
d’un atome de l’autre molécule... une nouvelle liaison peut même se créer
entre deux atomes qui viennent de se rencontrer. En général, cela se fait
en brisant une liaison qui existait déjà. À la n de l’opération, on a souvent
deux molécules diérentes de celles qu’on avait au départ. Parfois, c’est
simplement un électron qui passe d’un atome à un autre parce qu’il s’y
trouve mieux. Parfois un noyau d’hydrogène part se balader en laissant
éventuellement un électron sur place. Parfois les molécules se piquent des
atomes ou des paquets d’atomes, se lient tout simplement...
Tous ces types d’évènement sont ce qu’on appelle des réaction chi-
miques. Bien souvent les réactions chimiques libèrent de l’énergie : c’est le
cas du feu devant lequel vous comptez bientôt vous réchauer. Mais des
fois c’est le contraire : une plante utilise l’énergie solaire pour forcer des
réactions à se produire et fabriquer des molécules organiques. C’est la pho-
tosynthèse et ça consomme de l’énergie. À l’intérieur de notre corps, nous
brûlons doucement les molécules organiques que nous avons avalées pour
libérer leur énergie et l’utiliser pour fabriquer des molécules utiles, nous
1. La dextrose ! Qu’on appelle “droite” juste parce que c’est la bonne, celle qu’on digère
eectivement.
2. On trouve des acides aminés absolument partout, y compris dans des météorites.
Il y a donc fort à parier que si des extra-terrestres débarquent un jour, ils seront fait
des mêmes acides aminés... ou presque. Si ça se trouve, les êtres vivants auront choisi la
version “gauche” des acides aminés. Une chance sur deux pour que les extra-terrestres ne
puissent pas nous manger, après tout !
R 155
La matière dans tous ses états
1. À condition que ce qui brûle ne otte pas trop ! L’essence par exemple otte sur
l’eau. Si vous mettez de l’eau sur de l’essence qui brûle, elle va surnager et brûler tout en
restant à la surface de l’eau. C’est raté, c’est même hyper dangereux, il faut essayer une
autre solution.
L 157
Les atomes, les ions 1 et les molécules ont tendance à s’attirer entre
eux, les atomes se lient même parfois par des liaisons chimiques. Lorsque
la température est susamment basse ou la pression susamment forte
ces atomes forment alors des solides : les atomes de fer se lient entre eux
en mettant tous leurs électrons extérieurs en commun, dans une sorte
d’immense liaison chimique, les atomes de carbone se lient entre eux par
des liaisons plus classiques pour donner (parfois) du diamant, les ions
sodium et chlorure s’assemblent parce qu’ils ont des charges opposées
pour donner un cristal de sel, enn les molécules de sucre (ou d’eau) se
collent entre elles pour donner un cristal de sucre (ou de la glace). Un
solide, parce que les atomes ou les molécules qui le composent n’ont pas
la possibilité de changer de place, n’est pas facile à déformer. Bref, il est
solide.
Pour faire fondre un solide, il sut de le chauer susamment. C’est
un peu comme le babyfoot : si le ballon ne rentre pas, c’est qu’on a pas
tapé assez fort. Ben si un solide ne fond pas, c’est qu’on ne l’a pas chaué
assez fort. Quand on chaue un solide, on fait s’agiter ses constituants - et
si on chaue susamment, ils s’agitent susamment pour casser les liens
qui les retiennent à leurs voisins. La glace ou le sucre fondent facilement
car les molécules qui les composent sont juste légèrement collées. Le sel
fond facilement aussi, mais nettement moins en l’absence d’eau (il faut
atteindre 800 ◦C). Enn, il faut atteindre des températures très élevées
pour faire fondre un métal et c’est encore plus élevé pour le diamant.
Dans un liquide comme l’eau, les molécules ne sont pas liées toujours
aux mêmes voisines. C’est parce que les molécules peuvent changer de
voisines facilement qu’un liquide est un uide, mais c’est parce que les
molécules sont quand même collées les unes aux autres qu’on ne peut pas
beaucoup compresser un liquide.
Si on chaue susamment un liquide, on le transforme en gaz. On
casse les dernières liaisons entre molécules qui deviennent complètement
indépendantes les unes des autres : c’est un gaz. Le gaz est un uide égale-
ment - il est déformable sans limite. Il est constitué de molécules éparpillées
et qui n’interagissent que rarement (quand elles se cognent entre elles).
Une conséquence intéressante est que tous les gaz se comportent prati-
quement de la même manière : la nature des molécules importe assez peu,
puisqu’elles sont isolées les unes des autres.
1. Les atomes qui ont égaré un électron ou qui en ont chopé un qui traînait...
158 7. S ’
La chaleur latente
Une pompe à chaleur crée une diérence de température entre deux en-
droits en utilisant le même principe que la sueur. Un même uide, dit
caloporteur, circule entre l’endroit qu’on veut refroidir et l’endroit qu’on
veut réchauer (parce qu’on ne peut pas faire l’un sans l’autre). À l’endroit
qu’on veut refroidir, on le force à s’évaporer, en diminuant la pression par
exemple. Pour se vaporiser il prend de la chaleur à son environnement.
Il faut ensuite évacuer la chaleur. On transporte le uide à l’arrière du
réfrigérateur, et on le comprime grâce à un compresseur (le truc qui fait du
bruit). En se condensant, en redevenant liquide, le uide libère la chaleur 1
dans le radiateur.
Globalement, ouvrir votre réfrigérateur ne pourra jamais refroidir votre
maison : la chaleur dégagée par le radiateur à l’arrière du frigo est toujours
supérieure à celle pompée à l’intérieur. Un réfrigérateur ouvert se comporte
en fait comme un chauage. Pour pouvoir refroidir votre intérieur il faut
que le radiateur qui évacue la chaleur se trouve à l’extérieur de votre
habitation : c’est le principe des climatiseurs air-air (il prend de la chaleur
à l’air intérieur pour la donner à l’air extérieur).
La Lune
De nouveau, la Lune attire votre regard. Elle n’est ce soir qu’un n crois-
sant suspendu dans le ciel - et la partie de la Lune qui n’est pas éclairée vous
apparaît toujours grisâtre pourtant, ce qui fait que vous arrivez à distinguer
la Lune dans toute sa rondeur !
La Lune est le satellite naturel de la Terre. Elle vient très probablement
de la Terre. Ce n’est pas qu’un jour les cailloux se soient mis à s’envoler
- mais presque. Un jour, la Terre est sans doute entrée en collision avec
une autre planète en formation. La collision a dû être quelque chose de
titanesque - deux planètes qui se rentrent dedans, imaginez! Une partie
de la Terre a été projetée dans l’espace - et tous ces morceaux se sont
alors réunis pour donner la Lune. C’est pour l’instant la seule façon d’ex-
pliquer pourquoi la terre a un satellite si gros pour sa taille, pourquoi le
système terre-lune “tourne” si vite, et pourquoi la Terre et la Lune ont une
composition si semblable.
1. On parle de chaleur latente parce qu’elle attendait d’être libérée, justement. Remar-
quez, moi aussi la chaleur me tente, souvent.
160 7. S ’
À ses débuts, la Lune était plus proche de la terre et elle tournait sans
doute sur elle même. De nos jours, la lune est plus éloignée de la Terre,
elle en fait le tour en 28 jours et elle nous montre toujours la même face.
Depuis que l’Homme a fait le tour de la Lune, on sait que la face cachée
est criblée de cratères 1.
Quand vous regardez la Lune dans le ciel, vous ne voyez en fait que la
partie éclairée de la face que la Lune nous montre. Lorsque la lune est à
l’opposé du soleil par rapport à la Terre, la face qu’elle nous montre est
forcément toute entière éclairée par le Soleil : c’est la pleine Lune. Comme
la Lune et le Soleil sont à l’opposé l’un de l’autre, vous ne pouvez pas
vraiment voir les deux en même temps : la Lune se lève au moment ou
le Soleil se couche. Dit autrement, vous commencez à voir la Lune quand
vous passez du bon côté de la Terre, celui qui n’est pas éclairé.
Quand un mince croissant de Lune est visible, c’est que la Lune est
toujours plutôt entre la Terre et le Soleil. Dans ce cas, la Lune est visible
pendant le jour (mais elle n’est pas facile à trouver) et elle se couche (ou se
lève) juste après (ou juste avant) le soleil. Bref, vous ne pouvez la voir qu’en
début ou en n de nuit. Même si vous êtes dans ce cas du côté non éclairé
de la Terre (puisque c’est la nuit), le Soleil continue d’éclairer l’autre partie
de la Terre, celle où il fait jour. La Terre renvoie une partie importante de
la lumière du Soleil - et cette lumière éclaire forcément la Lune, puisque
celle-ci est du côté éclairé de la Terre ! Du coup, la partie de la lune qui
n’est pas éclairée par le soleil est en fait légèrement éclairée par la terre.
C’est pour ça qu’on peut la distinguer et qu’elle apparaît grisâtre : elle est
éclairée par un clair de Terre 2 !
1. C’est parce qu’à une époque, la face que nous voyons était plus souvent en éruption,
ce qui a gommé les impacts. Ceux de l’autre face sont restés.
2. Ne tortillez pas.
L L 161
F 7.6 – Tout le monde ne voit pas la Lune orientée de la même façon !
Pour savoir comment chacun la voit, tournez votre livre de manière à mettre
le trait pointillé qui vous intéresse à la verticale.
F 7.7 – Quand la Lune passe dans le plan de l’écliptique qui contient la
Terre et le Soleil à la pleine Lune on a une éclipse de Lune que tous les gens
pour qui c’est la nuit peuvent voir (à gauche). Quand la Lune passe entre le
Soleil et la Terre, pour les chanceux qui sont dans l’ombre de la Terre, le Soleil
n’est plus visible. C’est l’éclipse de Soleil.
Saisons
À vrai dire, il n’y a pas que la durée du jour qui compte, même si moins
vous voyez le soleil, moins il vous réchaue. Il y a aussi l’inclinaison du
sol par rapport au Soleil. L’endroit de la Terre qui est au plus près du
Soleil est un endroit qui lui fait exactement face. Tous les rayons arrivent
perpendiculairement à la surface. C’est là qu’un carré d’un mètre de côté
reçoit le maximum de lumière du Soleil. Si on considère le même carré,
mais penché par rapport au Soleil de 45◦ , il reçoit 1,4 fois moins de Soleil
parce qu’il est penché. En hiver, non seulement la durée du jour est plus
courte, mais en plus, on est beaucoup plus penché par rapport au Soleil et
on reçoit moins d’énergie.
Le ciel nocturne
F 7.10 – Même si le Soleil est caché parce que c’est la nuit, en regardant
la face éclairée de la Lune, on devine dans quelle direction il est ! Les planètes
sont aussi éclairées par le Soleil. Vénus est sur une orbite intérieure, Mars est
souvent un peu rouge ou orange, ça permet de la reconnaître. Jupiter est plus
loin du Soleil. Mais toutes ces planètes tournent dans le même plan, donc elles
sont pratiquement alignées quand on regarde le ciel.
Maintenant, vous pouvez focaliser votre attention sur les étoiles, les
vraies. Comme le Soleil, ce sont des boules de gaz (essentiellement de
l’hydrogène) en fusion. Toutes celles que vous voyez sont bien plus loin
que les planètes : la plus proche des étoiles, Proxima du Centaure est située
à quatre années lumière – c’est-à-dire qu’il faudrait voyager quatre ans
à 300 000 kilomètres par seconde pour l’atteindre. Cela signie aussi que
nous voyons l’étoile telle qu’elle était il y a quatre ans.
En réalité, toutes les étoiles que nous voyons distinctement sont en fait
nos voisines de ce coin de l’Univers et appartient à notre galaxie. Elles ont
en général des planètes qui leur tournent autour - souvent des planètes
gazeuses, mais aussi des planètes telluriques.
Notre Soleil appartient à une galaxie spirale. C’est un groupe de plu-
sieurs centaines de milliards d’étoiles, une bonne grosse galaxie. Une
168 7. S ’
Des galaxies au Big Bang
Quand on est tout occupé par ces magniques points scintillants que sont
les étoiles, on en oublierait presque la beauté tout aussi surprenante de ce
noir si profond, un peu comme un écrin dans lequel toutes ces étoiles seraient
enchâssées...
Au-delà des étoiles de la Voie Lactée, on peut donc distinguer des
galaxies. Celles-ci s’organisent en groupes, puis en amas, en super amas de
plusieurs milliers de galaxies. Mais une chose est sûre : en moyenne, toutes
ces galaxies s’éloignent les unes des autres. On dit que l’univers est en
expansion. Les galaxies de notre groupe local ne s’éloignent pas de nous
- elles sont au contraire attirées par la Voie Lactée. Mais cette attraction
n’est pas susante pour retenir des galaxies plus lointaines.
D B B 169
Nucléosynthèse
Décidément, face à un tel spectacle, on se sent à la fois tout petit, mais aussi
très grand – ou peut-être juste à sa place, malgré les soucis de ottabilité...
Au commencement (disons peu après), l’univers a dû ressembler à
une soupe de particules élémentaires : des quarks notamment. Il y avait
probablement beaucoup de matière et aussi beaucoup d’anti-matière. Pour
chaque particule élémentaire, il existe une anti-particule avec la même
masse mais une charge opposée. Lorsque qu’une particule et son anti-
particule se rencontrent elles s’annihilent : elles disparaissent en émettant
beaucoup de lumière. On ne sait pas encore bien dire pourquoi, mais
il y avait un peu plus de matière que d’anti-matière et tout ne s’est pas
annihilé (ouf). L’univers a commencé à se refroidir et les quarks, qui étaient
tellement chauds (et donc agités) qu’ils ne pouvaient pas tenir en place,
ont commencé à se grouper pour former des protons et des neutrons,
qui se sont regroupés pour former les premiers noyaux. Les protons sont
beaucoup restés seuls, en formant donc des noyaux d’hydrogène. Une plus
petite proportion s’est groupée en noyaux d’hélium (deux protons, deux
neutrons), qui représentent quand même un gros quart de la masse des
noyaux au début. Et c’est presque tout.
Les premiers nuages de gaz se sont alors contractés et, sous la pres-
sion, les atomes d’hydrogène et d’hélium ont commencé à fusionner : les
noyaux atomiques se repoussent parce qu’ils sont chargés positivement,
mais si on les approche susamment l’interaction forte entre protons
et neutrons devient assez puissante pour que les noyaux fusionnent. Ils
donnent alors un noyau atomique plus lourd. Les noyaux d’hydrogène
fusionnent pour donner de l’hélium, les noyaux d’hélium fusionnent pour
donner du Béryllium, puis du carbone et de l’oxygène et ainsi de suite.
C’est la nucléosynthèse, la fabrication des noyaux atomiques. L’étoile pro-
R 171
cède méthodiquement, en fusionnant les éléments les uns après les autres
parce qu’il faut pour cela des températures de plus en plus élevées. C’est
un processus qui ne peut pas durer éternellement : chaque étape fournit de
moins en moins d’énergie, et une fois que l’étoile en arrive à former du fer,
sa vie est terminée. Le fer est un poison pour les étoiles parce qu’elles ne
peuvent pas le faire fusionner et en tirer de l’énergie. Même la formation
du fer va refroidir le coeur de l’étoile et accélérer sa n en une explosion
énorme : une supernova 1.
Lorsqu’une supernova se produit, c’est vraiment violent. Elle peut
être plus brillante, pendant quelques jours ou mois, qu’une galaxie toute
entière - au point qu’elle peut être visible en plein jour. Il se produit
quelques supernovas par siècles et on a trouvé dans le passé mention
de tels phénomènes. Ce qui est intéressant c’est que, dans la violence
du phénomène, les noyaux atomiques sont projetés les uns contre les
autres pour donner tous les éléments plus lourds que le fer (enn de
numéro atomique plus grand que 26 celui du fer, justement) qu’on trouve
aujourd’hui sur Terre - comme l’or, le plomb, mais aussi l’uranium ou le
thorium.
Ainsi, les atomes qui nous composent sont soit aussi vieux que l’univers
ou presque, comme les atomes d’hydrogène ou d’hélium, soit ont été forgés
au coeur des étoiles 2, comme le carbone et l’oxygène ou encore le fer, si
précieux pour transporter l’oxygène dans tout notre corps.
Radioactivité
Tous les noyaux atomiques ne sont pas aussi stables : tous ne peuvent
pas rester éternellement les mêmes, même si on les laisse tranquilles (si
on ne les met pas au coeur d’une étoile). Après un temps qui peut aller de
quelques instants à plusieurs milliards d’années, certains noyaux se brisent
en plusieurs morceaux spontanément, ou certains protons du noyau se
transforment en neutrons. Bref, le noyau atomique change de nombre de
protons, il ne s’agit plus du même élément. On dit qu’il y a eu désintégration.
1. Toutes les étoiles ne terminent pas en feu d’artice comme ça, beaucoup ne sont
pas assez grosses pour pouvoir fusionner l’oxygène et le carbone, par exemple. Elles
explosent bien un jour, mais moins fortement.
2. Il faut admettre que les atomes créés par fusion provoquée sur Terre sont une
exception. Une bombe H (qui fusionne le deutérium et le tritium, des atomes d’hydrogène
avec 1 ou 2 neutrons en plus du proton) est un des très rares phénomènes qui peuvent
fusionner des noyaux en dehors des étoiles.
172 7. S ’
1. Le Radon est un gaz radioactif dangereux pour la santé. Il est lourd et se concentre
donc dans les caves qui ne sont pas aérées, particulièrement quand la cave est creusée
dans la roche (granitique ou volcanique) parce que, contrairement au calcaire, cette roche
contient des éléments radioactifs. Il faut absolument aérer sa cave ou son sous-sol dans
ces cas là.
C 14 173
Carbone 14
Nous sommes donc bien un édice atomique complexe, dont les noyaux
proviennent soit directement des origines des temps, soit du coeur des étoiles.
Les molécules qui nous composent, avec leur squelette de carbone, sont très
souvent chirales. Et ça ne nous empêchera jamais de proter du spectacle
que peut orir une nuit étoilée, ce mignon panorama sur notre petit coin
d’univers.
1. “Puissiez vous longtemps encore incorporer du carbone 14 !” est donc une salutation
bienveillante.
C 8
R
Relativité galiléenne
Imaginez maintenant un tapis roulant très long, comme ceux que l’on
trouve dans les stations de métro où il faut marcher beaucoup, à Paris.
Nous supposerons que ce tapis avance à 1 mètre par seconde. Pour les
besoins de notre exposé, il nous faut des observateurs, nous allons prendre
des observatrices : Sophie et Delphine. Sophie est sur le tapis, et elle ne
marche pas. Delphine est à côté du tapis, elle ne marche pas non plus. Vous
êtes sur le tapis, et vous marchez dessus à un mètre par seconde aussi.
175
176 8. R
F 8.1 – Vous marchez sur un tapis roulant qui vous fait avancer d’un
mètre à chaque seconde, sur lequel vous marchez à la vitesse d’un mètre par
seconde. Sophie est sur le tapis, Delphine est hors du tapis.
est sur le tapis et que pour elle vous êtes immobile, elle en conclut que la
balle devrait tomber à vos pieds.
À votre avis, qui a raison ?
F 8.2 – Vous êtes sur le tapis, vous lâchez la balle. Delphine pense que
la balle va tomber tout droit, mais que comme vous aurez avancé pendant la
durée de la chute, la balle ne tombera pas à vos pieds. Sophie dit aussi que la
balle va tomber tout droit, mais qu’elle tombera alors à vos pieds.
En fait, comme il n’est pas possible pour vous de faire une expérience
simple qui vous dise si c’est vous qui bougez ou le sol autour de vous qui
déle dans l’autre sens, alors tout doit se passer pour vous comme si vous
étiez immobile sur le sol.
C’est Sophie qui avait raison : l’objet doit tomber à vos pieds, et pas du
tout en arrière. Ce que Delphine a supposé et qui n’allait pas, c’était que
l’objet allait tomber tout droit : en fait, pour elle il avait une vitesse initiale,
celle du tapis. Pour Delphine, il ne va pas tomber tout droit, mais décrire
une parabole. C’est seulement pour Sophie qu’il tombera tout droit. Au
nal, je vous rassure, tout le monde sera d’accord sur ce qui s’est passé :
vous avez lâché l’objet, et il est tombé à vos pieds. Mais la trajectoire suivie
n’est pas la même pour tous les points de vue : elle est relative.
Pour résumer ce qu’il faut retenir : il n’est pas possible de savoir si
vous êtes en mouvement 1 ou pas, parce que l’idée de mouvement est une
idée relative !
1. Uniforme, comme celui d’un tapis roulant, pas celui d’une voiture qui tourne. Voyez
la suite...
178 8. R
F 8.3 – Ce que Delphine a vu quand la balle est tombée, c’est qu’elle a
décrit une parabole. Elle n’est pas tombée tout droit parce qu’elle avait une
vitesse initiale par rapport à Delphine.
Point de vue galiléen ou pas
jetée vers l’avant. Vous n’êtes clairement pas dans un référentiel galiléen,
parce que dans les référentiels galiléens, il n’y a pas de force qui apparaisse
soudainement, par dénition.
Quelqu’un qui est resté sur le bord de la route pendant le freinage ne
voit pas exactement les choses de la même manière que vous. Il voit la voi-
ture qui ralentit, et vous qui avez tendance à continuer vers l’avant, à cause
de votre inertie, votre tendance naturelle à conserver votre mouvement.
Les deux points de vue donnent le même résultat : tout le monde est
d’accord pour dire que vous vous êtes rapproché de l’avant de la voiture.
Dans un référentiel galiléen, cela s’explique à cause de votre inertie. Dans
un référentiel non galiléen comme celui de la voiture, cela s’explique par
une force d’inertie. Il ne s’agit pas vraiment d’une force parce qu’elle
disparaît quand on change de point de vue : elle est relative.
Imaginez vous maintenant dans un de ces manèges constitués d’un
gros disque qui tourne vite. Vous, sur le disque, vous vous sentez plaqué
contre les bords par une force, la force centrifuge. Mais une personne
qui est à l’extérieur du manège ne “voit” pas cette force, parce qu’elle
n’interprète pas les choses de la même manière. De son point de vue, vous
avez tendance à continuer votre trajectoire en ligne droite à cause votre
inertie. Le manège se met en quelque sorte sur votre route. Dans les deux
interprétations, le résultat est le même : vous avez la tête un peu écrasée
contre la paroi. La force centrifuge est aussi une force d’inertie.
F 8.4 – Dans un manège, la vitesse, à tout instant, est tangente au cercle
que chacun décrit. Comme les objets ont tendance à continuer tout droit, on
est écrasé contre l’extérieur du manège parce qu’il se met sur votre route.
C’est la façon de voir d’une personne qui serait extérieure. De votre point de
vue, vous avez l’impression qu’une force surgie de nulle part vous plaque
contre les bords : la force centrifuge (représentée par la double èche).
180 8. R
F 8.5 – Le poids est donc constitué de l’attraction de la Terre, qui pointe
franchement vers le centre la Terre et de la force centrifuge, qui pointe vers
l’extérieur du cercle que vous décrivez tous les jours. La force centrifuge est
maximale à l’équateur et nulle aux pôles. Donc le poids est plus important
aux pôles qu’à l’équateur !
J’ai mal au cœur
La force de Coriolis
Si la balle ne va pas tout droit, on est obligé de faire comme si une force
d’inertie, qui ne s’applique cette fois qu’aux objets en mouvement, déviait
la balle : c’est la force de Coriolis. Comme on ne peut pas faire strictement
l’expérience de la balle sur Terre on a eu l’idée d’observer un pendule
géant : un poids attaché à une corde, qui oscille pendant très longtemps.
Un pendule dans un référentiel galiléen oscille toujours dans le même plan.
Si il y a une force de Coriolis, le plan d’oscillation du pendule va se mettre
à tourner autour de la verticale. C’est l’expérience du pendule de Foucault,
menée pour la première fois en 1851 au Panthéon, à Paris, et qui prouve
que la Terre tourne 1 .
Imaginez-vous au-dessus du pôle Nord. Vous voyez la Terre tourner
dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. La force de Coriolis agit
en déviant les objets en mouvement vers la droite. Mais c’est une force
très faible : nous ne la sentons absolument pas. Il faut pour sentir ses
eets bouger vite, longtemps et sur de grandes distances. C’est le cas du
vent : l’air va des zones de haute pression vers les zones de basse pression
en subissant une force qui le fait dévier en permanence vers la droite.
Bilan, l’air part d’une zone de haute pression en tournant dans le sens des
aiguilles d’une montre : c’est un anticyclone. Et les cyclones tournent dans
le sens inverse : une fois que l’air a trop dévié vers la droite, la dépression
l’attire en le faisant s’enrouler dans l’autre sens.
F 8.7 – À gauche, la Terre vue depuis au-dessus du pôle Nord. Elle
tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, donc les vents sentent
une force de Coriolis qui les fait tourner vers la droite. La dépression les attire
nalement en les faisant tourner dans l’autre sens, en allant contre la force
de Coriolis. La Terre, vue depuis au-dessus du pôle Sud, tourne dans l’autre
sens. La force de Coriolis fait donc tourner les vents dans l’autre sens.
1. Et que Galilée avait nalement un petit peu tort : on peut sentir que la Terre
tourne...
R 183
Relativité restreinte
1. Plutôt que le temps dégueulasse ou le sale temps, deux temps qu’il fait aussi parfois.
184 8. R
F 8.8 – À gauche, voici ce que votre grand-mère pense qu’il s’est passé.
Elle a tiré une impulsion laser, qui est allée tout droit jusqu’à la cible. Mais
vous n’êtes pas tout à fait d’accord. Oui, elle a tiré une impulsion, qui est allée
au centre de la cible. Bien joué, Mamie ! Mais comme le train et la cible se
sont déplacés, la lumière a parcouru plus de chemin que le mètre qui séparait
initialement votre grand-mère de la cible.
déduire que par rapport à la Terre le vaisseau qui vous a doublé allait à
une fois et demie la vitesse de la lumière. Les vitesses ne s’additionnent
pas. Par rapport à la Terre, le modèle va à 0,96 fois la vitesse de la lumière
seulement.
Et pour tout objet ayant une masse, c’est-à-dire de l’inertie, il faut
fournir de plus en plus d’énergie pour gagner un tout petit peu plus de
vitesse. On a beau accélérer toujours davantage, on ne gagne pas beaucoup
de vitesse. La lumière se propageant à la vitesse de la lumière, on en déduit
qu’elle n’a pas de masse. Pas besoin de la pousser, donc.
Cela dit, on ne constate ces eets “relativistes” de contraction du temps
ou de non addition des vitesses que si les vitesses qu’on considère sont de
l’ordre d’un dizième de la vitesse de la lumière, soit 30000 km par seconde.
Dans la vie de tous les jours, si vous marchez à 1 mètre par seconde sur
un tapis qui va à 1 mètre par seconde, vous marcherez par rapport au sol à
2 mètres par seconde moins un pouillème non mesurable. À notre échelle,
la précision de la mécanique classique ne peut pas être mise en défaut.
Par contre, dans un accélérateur de particules, ou pour les particules très
rapides qui nous viennent de l’espace, on s’aperçoit que plus une particule
va vite, plus elle met de temps à se désintégrer. On peut observer des
particules pendant plusieurs secondes parce qu’elles sont très très rapides,
alors qu’elles ne mettent en fait dans leur référentiel qu’une minuscule
fraction de seconde pour se désintégrer.
Le “paradoxe” des jumeaux
Imaginez deux jumeaux, Balïn et Dwalïn. Balïn reste sur place, sur Terre,
pendant que Dwalïn eectue un petit voyage à vitesse quasi-luminique,
un petit aller-retour. Et ils n’arrêtent pas de se faire coucou en agitant les
bras toujours au même rythme.
Dans toute la suite, quand je vous parlerai de ce que Balïn voit, je
parlerai de ce qu’il verrait si on oubliait que la lumière met un certain
temps à se propager - ce qu’on fait dans la vie de tous les jours, en fait.
Évidemment, si on ne le faisait pas, ça serait intéressant, mais beaucoup
plus compliqué.
Passons au déroulement du voyage, vu par Balïn, resté sur place. Si
vous êtes à côté de Balïn, vous allez d’abord voir Dwalïn bouger de plus en
plus lentement au fur et à mesure qu’il va de plus en plus vite. On admet
qu’il accélère très vite puis fait son voyage à une vitesse grande mais
186 8. R
F 8.9 – Pour résumer, lorsqu’un objet se déplace à grande vitesse par
rapport à soi, on le voit évoluer plus lentement. Comme le jumeau resté sur
Terre voit l’autre faire son voyage toujours à grande vitesse, il le voit moins
évoluer, donc le voyage semble durer plus longtemps pour le jumeau qui reste
sur place que pour celui qui voyage !
Bon, ben jusque là, pas de paradoxe. C’est vraiment ce qui se passerait.
Non, la question vraiment intéressante, c’est : “Mais alors, qu’est-ce que
Dwalïn a vu ?”. Ca va nous imposer de passer d’un point de vue qui se
contente de la relativité restreinte à un point de vue qui fait intervenir un
soupçon de relativité générale.
Nous allons tenter de reconstituer ce qu’a vu Dwalïn à partir de ce
que nous connaissons. Pendant la première partie du voyage, pendant
laquelle Dwalïn voyageait à vitesse constante il a forcément dû voir bouger
Balïn plus lentement. En eet, si pour Balïn, Dwalïn s’éloignait de lui,
1. En relativité, on peut donc dire que non seulement les voyages forment la jeunesse,
mais aussi qu’ils la préservent - bien mieux que les crèmes anti-rides.
R 187
Relativité générale
Imaginons que vous soyez dans une boîte fermée. Si vous êtes posé sur
le sol, vous allez sentir une force (le poids) qui vous plaque au fond de la
boîte. C’est aussi ce que vous ressentiriez si en fait vous étiez dans l’espace
et que la boîte était en train d’accélérer : vous seriez plaqué par la force
d’inertie au fond de la boîte. Sans fenêtres, pas moyen de savoir si vous
êtes en train d’accélérer ou si vous êtes juste posé sur une planète !
Imaginons maintenant que votre boîte soit en train de tomber et vous
avec (si vous êtes en orbite autour d’une planète, c’est le cas). Dans ce cas,
bien que vous soyez soumis au poids, vous ne vous en apercevez pas parce
que tous les objets tombent à la même vitesse, ce qui fait que la boîte tombe
à la même vitesse que vous, et donc que le poids ne vous plaque pas contre
un côté de la boîte.
1. Et d’autant plus vite qu’ils sont loin, mais oubliez vite cette remarque, elle complique
beaucoup les choses !
188 8. R
M
Fentes d’Young
Prenons une expérience célèbre : celle des fentes d’Young. C’est une
expérience classique d’interférence que l’on fait avec de la lumière. Les
interférences qui apparaissent (une alternance de zones sombres et de
zones claires) sont le signe que la lumière est une onde. On peut refaire
ce type d’expérience avec le son ou les vagues, et on a le même type de
résultat.
Essayons avec des électrons. On lance des électrons un par un vers deux
fentes très rapprochées. Si les électrons étaient des particules classiques
(des points ou des billes) on devrait voir deux taches bien distinctes, une
192 9. M
pour chaque fente. Dans la réalité, ce n’est pas du tout ce qu’on observe.
Évidemment, à chaque fois qu’un électron heurte l’écran, un point lumi-
neux apparaît. Quand on laisse l’expérience se dérouler pendant un certain
temps, on obtient une répartition comme sur la gure 9.1.
F 9.1 – Voici l’experience des fentes d’Young pour les électrons. Un
canon à électrons bombarde les deux fentes. Bien sûr, un paquet d’électrons
s’écrase sur ce premier écran percé. Mais un certain nombre d’électrons passe
le premier écran et va s’écraser sur le second. Au début, on voit juste quelques
points, on a envie de dire que les électrons sont des petites billes. Mais si
on attend, apparaît une gure d’interférence faite de points - ce qui prouve
surtout que les électrons sont capables de passer par les deux fentes à la fois
et d’interférer avec eux-mêmes. Et donc que les électrons sont des ondes.
On voit donc les points d’impact des électrons se répartir suivant une
gure d’interférence : il y a une alternance d’endroits qui reçoivent beau-
coup d’électrons et d’endroits qui n’en reçoivent presque jamais. Comment
interpréter cette expérience?
Tout d’abord, on est obligé d’admettre que les électrons se comportent
comme des ondes puisqu’on observe des interférences. Comme on a envoyé
les électrons un par un, il faut en conclure qu’un électron est en fait un
paquet d’onde qui va se diviser en deux, passer par les fentes et produire
L 193
des interférences. Un électron n’a donc rien à voir avec une petite bille ou
un point quelconque. Il a une certaine extension spatiale, il est déformable,
il fait des interférences. Cette simple expérience nous conduit donc à
abandonner l’idée de particules ponctuelles. Si on ne le fait pas, beaucoup
de paradoxes surgissent et rendent la compréhension de la mécanique
quantique vraiment très très dicile.
On peut imaginer un électron comme un blob aux contours très ous.
Ça, c’est pour son extension spatiale. Mais c’est aussi une onde : il faut donc
imaginer que certains endroits de ce blob sont des creux, d’autres des bosses.
Autant il est simple d’imaginer des creux et des bosses sur une surface à
deux dimensions (des vagues à la surface de l’eau par exemple), autant se
représenter des creux et des bosses dans un nuage à trois dimensions, ce
n’est pas simple. Mais après tout, est-ce que c’est vraiment plus simple de
se dire que les électrons sont des points inniment petits ? En fait, il vaut
mieux imaginer des petits nuages un peu spéciaux !
La quantication & la superposition
La seule diérence avec la corde, c’est que les fréquences des états
excités ne sont pas des multiples de la fréquence du fondamental, donc
l’énergie des états excités n’est pas un multiple du fondamental.
C’est le concept central de toute la mécanique quantique. Considérer
l’électron comme une onde permet d’expliquer pourquoi l’électron ne peut
pas tomber sur le noyau : il a une énergie minimum, celle de son état
fondamental. Il ne peut pas s’approcher plus du noyau, parce que sa nature
ondulatoire l’interdit ! Rien n’empêche une petite bille de tomber vers le
noyau atomique, mais une onde, si ! Et puis, bien sûr, cette vision des choses
explique pourquoi l’électron a des modes, des orbitales de fréquences et
d’énergies bien dénies.
F 9.3 – Pour ne pas trop s’embêter, les physiciens dessinent les niveaux
d’énergie d’un électron autour d’un atome de cette façon. La barre la plus
basse représente le fondamental, celui qui a pour numéro 1. Ensuite, on trouve
celle de numéro 2, un peu plus haut, et puis les autres. On voit bien que les
niveaux ne sont pas répartis régulièrement.
Quand on regarde une corde qui vibre, elle peut prendre un peu n’im-
porte quelle forme. N’empêche qu’à chaque instant, cette forme peut être
vue comme la somme des modes, qui ont une forme bien dénie, en train de
vibrer indépendamment. C’est exactement la même chose pour un électron.
À chaque instant, il peut prendre pratiquement n’importe quelle forme
autour de son noyau. Mais à chaque instant, cette forme peut être vue
comme une somme d’orbitales. On peut même donner le poids de chaque
orbitale dans la décomposition. Par exemple, on peut dire que l’orbitale
fondamentale d’énergie E1 représente 50% de la forme de l’électron, et que
le premier état excité E2 contribue à hauteur de 50% aussi. Bref, de façon
générale on peut dire que l’électron n’est pas dans un état pur, il n’est pas
que sur une seule orbitale, il est un mélange de plusieurs orbitales. On
appelle ça une superposition d’états.
196 9. M
La mesure et le chat
de mesure doit être prise avec précaution : ça n’est pas parce qu’on observe
un point sur l’écran que l’électron est réellement ponctuel. L’électron est
à un endroit donné mais seulement quand on cherche à savoir où il est. Le
reste du temps, il est à plusieurs endroits à la fois, si on veut. Mais rien de
paradoxal là dedans, si on pense que l’électron est une onde. Dans ce cas,
c’est surtout que la question “où est l’électron” n’a pas vraiment de sens.
C’est un peu la même chose avec l’énergie. On peut imaginer un ap-
pareil de mesure qui réponde à la question “Mais quelle est l’énergie (ou
la fréquence) de l’électron autour du noyau” ? Cet appareil pose là aussi
une question qui n’a pas beaucoup de sens, puisqu’on sait que l’énergie de
l’électron n’est pas vraiment bien dénie. Plus exactement, il a plusieurs
énergies en même temps, puisque, vu sa forme, il est composé de plusieurs
orbitales. L’appareil de mesure va cependant donner une réponse, et un
peu comme l’électron qui s’écrase sur l’écran en un seul endroit bien loca-
lisé, l’appareil va donner comme résultat une seule valeur de l’énergie. Si
l’électron était à 50% dans l’état fondamental, il y aura 50% de chances pour
que l’appareil de mesure trouve que l’électron est dans l’état fondamental.
Même chose pour l’état excité.
Tout le problème de la mesure c’est donc qu’elle nous fait croire qu’il
n’y a que des états avec une énergie bien dénie, ou alors des états avec
une position précise. En plus, on ne sait pas du tout ce qui choisit l’état
nal, celui que l’appareil nous montre, on connaît juste les probabilités de
mesure avant qu’elle se fasse. On ne sait pas pourquoi l’appareil ne fait
que nous montrer ces états précis. Et que pire, on pense qu’on n’a aucun
moyen de le savoir.
On a même imaginé une expérience de pensée pour illustrer le pro-
blème, c’est le fameux chat de Schrödinger. Imaginons un chat dans une
boîte. À côté du chat, on met un atome qui est à moitié dans l’état fonda-
mental (numérotons le “0”) et à moitié dans l’état excité (numéroté “1”).
On imagine aussi un appareil de mesure parfaitement idéal : si l’atome
était dans un état superposé, à la fois “O” et “1”, l’appareil acherait une
superposition des deux. C’est une mesure idéale, qui ne perturberait pas
l’objet mesuré. Si jamais l’état mesuré est “1”, l’appareil déclenche l’ouver-
ture d’une ole de poison qui tue le chat. Ensuite, on ouvre la boîte, et ce
faisant, on mesure l’état du chat, on regarde s’il est mort ou vivant.
Évidemment, quand on ouvre la boîte, soit le chat est mort, soit il est
vivant. Mais soit on suppose que le chat est capable de faire une mesure
tout seul, et alors il était mort ou vivant avant que nous ouvrions la boîte.
Soit ce qui se passe, c’est que comme l’atome est dans un état superposé,
198 9. M
si l’appareil fait une mesure parfaite alors il se met aussi dans un état
superposé : le résultat de la mesure est à la fois “0” et “1” à 50% chacun.
Du coup, le chat est tué à 50% par l’appareil. Il est lui aussi mis dans un
état superposé (comme l’atome, l’appareil de mesure et la ole de poison)
à moitié mort, à moitié vivant. Et dans cette vision des choses, c’est quand
on ouvre la boîte qu’on fait une mesure et que l’état du chat se décide.
La question est donc : avant qu’on ouvre la boîte est-ce que le chat
était déjà mort ou vivant ou est-ce qu’il était mort et vivant ? Le résultat
étant le même à la n, cela veut dire qu’il est impossible de trancher cette
question. On ne peut pas savoir si le chat tout seul est capable de faire la
mesure quand nous ne sommes pas là, puisque justement, nous n’avons
pas le droit d’être là pour le savoir. Et si nous sommes là, nous perturbons
la mesure faite par le chat 1 .
1. C’est comme se demander si les arbres font du bruit quand ils tombent dans la forêt
si rien ni personne ne les écoute. Si je vous dis qu’ils font exprès de tomber doucement
pour ne pas gêner votre voisin, vous allez rigoler, mais vous ne pourrez pas me prouver le
contraire, ça n’est pas possible. Ce que vous avez fait, c’est utiliser le rasoir d’Ockham qui
vous incite à ne considérer que la solution la plus simple. Et c’est compliqué de penser
que les arbres savent tomber doucement quand ils veulent. Parfois, les gens oublient
d’utiliser le rasoir d’Ockham. Ça s’appelle le complotisme.
C 199
Compter des moitiés de chats
plein d’électrons libres dans un métal, de se dire qu’ils sont tous comme
des petites billes. Comme ils sont nombreux, vous avez le droit d’oublier
un peu que chacun d’entre eux est un blob, c’est-à-dire qu’il est à plein
d’endroits “à la fois”’ pour dire que chaque électron est en fait à un endroit
précis. Parce que ça vous arrange de rééchir comme ça. Ce raisonnement
marche tant qu’il n’entre pas en contradiction avec le fait que chaque
électron se comporte comme une onde. Vous pouvez imaginer les électrons
libres dans un métal comme un gaz de petites billes, ça simplie les choses
et c’est en accord avec la mécanique classique. Mais si vous essayez de
rééchir à l’expérience des fentes d’Young, votre raisonnement va vite
trouver ses limites.
Le photon
par une longueur d’onde et une fréquence très précises, un photon c’est
très grand ! En gros, un seul photon a la même taille que toute l’onde
puisque c’est juste un “cran” de l’onde. Évidemment, vous pouvez toujours
mettre des détecteurs pour vous dire “où est le photon”. Et vous aurez une
réponse ! Mais encore une fois, ça n’est pas pour autant qu’il faut imaginer
une petite bille. Parce que vraiment, on ne voit pas bien comment attribuer
une longueur d’onde à une petite bille...
Indiscernabilité
Interaction entre la lumière et les atomes
F 9.7 – À gauche, avant l’absorption, l’atome est dans son état fon-
damental. L’onde lumineuse comporte un certain nombre de photons. Si la
fréquence du rayonnement est la bonne, l’onde décroît d’un photon et l’atome
passe dans un état excité de plus haute énergie (au milieu). Le schéma sur la
droite résume le phénomène.
Fluorescence et lessive
1. Dans ce cas, à chaque collision, les molécules repartent avec un peu plus d’énergie
cinétique qu’avant mais elles sont moins excitées. Elles sont plus agitées, ce qui signie
qu’on a augmenté la température et transformé en chaleur l’énergie potentielle de la
molécule.
F 205
F 9.8 – On résume la uorescence par ce schéma sur lequel on voit très
nettement que la lumière absorbée n’a pas la même couleur que la lumière
émise, qui correspond à une transition d’énergie plus faible. Entre le niveau
supérieur et le premier niveau excité, la molécule a perdu de l’énergie mais
sans émettre de lumière.
C’est d’ailleurs aussi le cas avec les vêtements blancs : ceux-ci contien-
nent des colorants spéciaux qu’on appelle des azurants optiques. Ils sont
aussi uorescents : ils absorbent les ultraviolets (UV) et ré-émettent une
lumière contenant du bleu et du vert. Évidemment, il est très tentant pour
un fabricant de lessive de mettre des azurants optiques dans ses produits.
Une chemise contenant des azurants optiques va transformer les UV du
soleil en lumière visible blanche légèrement bleutée. Au nal la chemise
est vraiment plus blanche que blanche 1 !
Incontestablement les soirées en boîte de nuit doivent beaucoup à la
mécanique quantique. C’est là d’ailleurs qu’on voit bien que toutes les
peluches de tissus blancs contiennent des azurants optiques...
Dans certains matériaux, l’état excité le plus bas est en fait très stable :
les molécules peuvent rester très longtemps dans un tel état et ré-émettre la
lumière quelques minutes après avoir été excitées. C’est ce qu’on appelle la
phosphorescence. La diérence est essentiellement une question de timing.
Lasers
1. Plus blanche qu’un tissu blanc sans les azurants optiques, et donc d’un blanc
particulièrement éclatant, mais c’est tricher un peu...
L 207
F 9.9 – Un laser est constitué d’atomes qu’on “pompe” avec des ashs
lumineux par l’extérieur. Dans la cavité existent, exactement comme pour
la corde vibrante, des modes de vibration pour la lumière. L’und’entre eux a
exactement la bonne couleur, celle capable de faire passer les atomes de l’état
fondamental à l’état excité. Au départ, il n’y a pas tellement de photons dans
ce mode.
On éclaire alors par le côté les atomes avec des ashs. Certains s’ex-
citent, puis émettent de la lumière. C’est de la désexcitation spontanée.
Cette émission spontanée n’a absolument aucune raison de partir vers les
miroirs, au contraire, elle se fait dans toutes les directions, un peu n’im-
porte quand et n’importe comment. Comme, en plus, les atomes bougent,
et à cause notamment de l’eet Doppler, la couleur émise est étroite, mais
pas tant que ça. Certains atomes vont eectivement ajouter des photons
au mode de la cavité qui nous intéresse. Mais s’il y a beaucoup d’atomes
qui sont encore dans l’état fondamental, parce qu’on n’a pas réussi à les
exciter, ceux là vont ré-absorber les photons de la cavité.
Tout change si on fait des ashs susamment forts et susamment
rapprochés pour que la majorité des atomes soient dans un état excité.
Quand on atteint ce seuil, certains atomes commencent à ajouter des
photons au mode de la cavité. Ces photons ne vont pas être ré-absorbés,
puisque la plupart des atomes sont déjà excités. Au contraire, comme il
commence à y avoir pas mal de photons dans le mode, tous les atomes se
mettent à ajouter eux aussi des photons au mode. C’est l’émission stimulée :
plus il y a de photons, plus cela encourage la désexcitation des atomes,
plus il y a encore de photons, et plus la désexcitation est encouragée. Un
truc de dingue. Les atomes amplient l’onde lumineuse. Ils sont alors ré-
excités par les ashs, et ça continue. La lumière au sein de la cavité devient
extrêmement intense, et d’une seule couleur extrêmement précise, puisque
208 9. M
tous les photons émis sont les photons du même mode de la cavité, qui a
une fréquence extrêmement précise.
En réalité, un des miroirs laisse passer disons 1% de la lumière, et
rééchit le reste. Il y a donc une lumière qui sort de la cavité, c’est le fais-
ceau LASER 1. Comme le mode de la cavité a une fréquence extrêmement
précise, et une direction extrêmement précise également, la lumière qui
sort possède aussi cette propriété unique. Alors que l’émission spontanée
est un peu large et part dans toutes les directions, le fait de placer ces
atomes entre deux miroirs leur donne à tous la possibilité de contribuer au
mode de vibration de la cavité par émission stimulée, plutôt qu’à émettre
n’importe comment. À la n le mode est tellement rempli de photons que
c’est lui qui l’emporte sur absolument tout autre façon d’émettre de la
lumière.
L’émission stimulée est un phénomène assez universel, et c’est ainsi
qu’on a réussi à faire “laser” des semi-conducteurs, qui ont l’avantage
de ne pas avoir besoin de ash pour l’excitation, un courant électrique
sut ! C’est ainsi qu’on a maintenant des diodes laser qu’on peut mettre
absolument partout. Avec des lasers on fait des imprimantes, on lit des CD
et des DVD, on fait des opérations chirurgicales, on découpe du métal et
même on transmet l’information sur Internet dans des bres optiques. Les
applications du laser semblent presque illimitées.
Eet tunnel, intrication et téléportation
est bien passé alors que la plus grosse partie a été repoussée ! C’est un peu
grâce à cette mesure que vous avez fait passer l’électron. Bien sûr il faut
avoir un peu de chance. Vous trouverez que la plupart des électrons ont
été repoussés par la barrière. Mais pour ceux qu’on mesure comme étant
passé, c’est un peu magique, comme si ils avaient traversé la barrière par
une sorte de tunnel. C’est pour cette raison qu’on appelle ce phénomène
l’eet tunnel.
L’eet tunnel est sans doute une raison supplémentaire de ne pas se
taper la tête contre les murs. Le mur constitue en eet une barrière pour
vos particules. Bien sûr, les chances pour que vous passiez de l’autre côté du
mur sont très très faibles. Mais si on prend en compte la nature quantique
de vos particules, cette possibilité n’est pas absolument nulle. Cela dit elle
est tellement faible, que si jamais vous arriviez à traverser le mur, vous
n’auriez pratiquement aucune chance de pouvoir vous extraire. Vous seriez
coincé. Pensez-y la prochaine fois !
Pour terminer, la mécanique quantique ouvre beaucoup de perspec-
tives extrêmement futuristes, qui font beaucoup rêver aujourd’hui, dont la
téléportation et l’ordinateur quantique...
Imaginez qu’un atome qui est dans un état excité interagisse avec un
atome dans un état fondamental, les deux atomes étant identiques par
ailleurs. On peut tout à fait imaginer que l’ensemble des deux atomes
passe par un état un peu bizarre, une superposition. Pour 50%, rien n’a
changé (le premier atome est excité et le deuxième est dans un état fon-
damental) et pour 50% l’atome initialement excité s’est désexcité pour
arriver dans l’état fondamental mais le deuxième a été excité. C’est une
sorte d’échange d’énergie, mais inachevé, comme si l’ensemble des deux
atomes était dans une superposition équilibrée entre deux états. Et c’est
parfaitement possible.
Mais dans ce cas, l’état d’un des deux atomes est lié à celui de l’autre.
Si on fait une mesure sur le premier atome, la mesure force à décider si
il est dans l’état fondamental ou dans l’état excité. En faisant cela, on
saura obligatoirement dans quel état est l’autre atome, même si on ne l’a
pas encore mesuré. On sait que si le premier atome est trouvé dans l’état
fondamental, l’autre doit être dans l’état excité, et inversement.
Si vous dites qu’avant la mesure, chacun des deux atomes était à moitié
dans l’état fondamental, à moitié dans l’état excité, la mesure indépendante
de chacun des atomes pourrait tout à fait vous donner que les deux se
retrouvent dans l’état fondamental, ou les deux dans l’état excité. Ici, ce
n’est pas ça : les atomes se retrouveront forcément dans des états inverses
210 9. M
l’un de l’autre. Il n’est donc pas possible de décrire un atome sans décrire
l’autre.
Ce lien entre les deux atomes, lié au fait qu’ils ont interagi, est appelé
la corrélation et on dit que les deux atomes sont intriqués, comme s’ils
s’étaient mélangés et qu’on ne pouvait plus les séparer. Cette intrication
est très fragile parce que si le deuxième atome interagit maintenant avec
d’autres atomes un peu n’importe comment, il va se corréler avec eux - et
perdre le lien qui le liait au premier atome 1 . Mais cette corrélation n’étant
pas une force, c’est une interaction qui ne se propage pas : elle est instanta-
née. Quand deux particules sont corrélées, c’est un peu comme si elles ne
formaient plus qu’un seul système : aussi loin soit le deuxième atome du
premier, si on touche le premier, le deuxième est modié instantanément.
Imaginons qu’on corrèle deux atomes, puis qu’on les éloigne en conser-
vant l’intrication. On peut envoyer un des deux atomes sur Mars, par
exemple. On peut ensuite modier l’état de l’atome resté sur Terre, puis
faire en sorte que les états de l’atome sur Terre et l’atome sur Mars s’in-
versent. Autrement dit, on a réussi dans ce cas à transporter l’état de
l’atome resté sur Terre sur Mars. Comme les atomes sont fondamentale-
ment indiscernables, c’est comme si vous aviez envoyé votre atome sur
Mars instantanément : vous l’avez téléporté. Il faut de toutes façons que
les atomes fassent le voyage avant, on ne peut donc pas décider de se
téléporter comme on veut à n’importe quel endroit. Et puis on n’arrivera
probablement jamais à téléporter autre chose que l’état d’une seule par-
ticule. Mais en échangeant des particules corrélées ou intriquées comme
des photons, on peut aussi communiquer secrètement. C’est pour cela que
les technologies quantiques soulèvent énormément d’intérêt...
Les ordinateurs quantiques sont aussi une application amusante de la
mécanique quantique. Un ordinateur classique code les “0” et les “1” sur
des transistors (en très très gros : si le courant passe c’est “1”, s’il ne passe
pas c’est “0”). On peut faire un peu la même chose avec des atomes : on
appelle “0” l’état fondamental et “1” le premier état excité. Ensuite, on
peut faire des calculs. La seule chose, c’est qu’on peut mettre les atomes de
l’ordinateur quantique dans une superposition de tous les états, donc tous
les nombres possibles et faire ainsi le même calcul sur tous les nombres à la
fois. La grosse diculté, c’est qu’il faut garder tous les atomes constituant
l’ordinateur quantique corrélés : il faut à tout prix éviter qu’ils ne touchent
la carcasse ou tout ce qui entoure les atomes, sinon la superposition serait
détruite et on ne pourrait pas faire de calcul du tout. Il n’est pas sûr qu’un
ordinateur quantique vraiment ecace soit réalisé un jour, mais comme
ils seraient très puissants, beaucoup, beaucoup de gens s’y intéressent.
Vous avez pu le voir, c’est sûr, la mécanique quantique n’est pas intuitive.
Ses prédictions semblent un peu dingues. Mais j’espère vous avoir persuadé
qu’elle peut tout à fait se comprendre, et plus particulièrement si on abandonne
l’idée que les particules sont des points matériels inniments petits. Même un
noyau atomique n’est pas du tout un point : on peut aussi faire l’expérience
des fentes d’Young non pas avec des électrons, mais avec des atomes entiers.
Et on a toujours des interférences...
T
Avant-propos 3
1 Énergie 5
1.1 L’énergie se conserve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Le sens du temps, le désordre et le billard . . . . . . . . . . 10
1.3 Énergie et entropie : le lien . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4 L’énergie sur Terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5 Vous, moi, le monde et l’entropie . . . . . . . . . . . . . . . 22
2 Mécanique 25
2.1 Inertie, forces et blagues en apesanteur . . . . . . . . . . . 25
2.2 Frottements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 Le poids, la gravitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.4 Il en a fait un pendule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.5 Le centre de gravité : ça va vous faire marée . . . . . . . . 36
2.6 La rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4 Électromagnétisme 69
4.1 Charges et champ électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
214 TABLE DES MATIÈRES
TABLE MATIÈRES
5 Ondes 95
5.1 Longueur d’onde et fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.2 Interférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3 Corde vibrante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4 Ondes acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.5 Harmoniques et timbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.6 Eet Doppler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
5.7 Les ondes électro-magnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . 110
5.8 Micro-ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
5.9 Rayonnement thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
5.10 Rayons X et gamma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
6 Lumière 117
6.1 Réfraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
6.2 Miroir, mon beau miroir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
6.3 Réexion totale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
6.4 L’œil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
6.5 Instruments d’optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
6.6 Peut-on voir sans être vu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
6.7 Polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
6.8 Diraction et interférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
8 Relativité 175
8.1 Relativité galiléenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
8.2 Point de vue galiléen ou pas . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
8.3 J’ai mal au cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
8.4 La force de Coriolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
8.5 Relativité restreinte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
8.6 Le “paradoxe” des jumeaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
8.7 Relativité générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Si vous avez déjà eu envie qu’on vous raconte la physique, plutôt que
de vous montrer des équations, ce livre est fait pour vous.
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