Partie 3
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Partie 3
LA PROTECTION
DE L'ENVIRONNEMENT MARIN
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
Les terres émergées apparaissent comme un ensemble d'îles immenses à la surface du globe,
dont 70% est couvert par les eaux océaniques et maritines. Les activités humaines aussi bien sur
terre qu'en mer constituent une menace pour ces milieux marins. Qu'il s'agisse de catastrophes
écologiques d'origine accidentelle ou de rejets délibérés, la pollution sous toutes ses formes
constitue depuis plusieurs décennies la principale cause de dégradation du milieu marin.
L'acuité de ce problème avait retenu l'attention des États au cours des années 70, à la fois
dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 et
au sein du PNUE. La Convention de Montego Bay consacre en effet toute sa Partie XII à la
protection et la préservation du milieu marin. La section 11 de cette Convention et son article
(unique) 237 l'articule aux autres instruments juridiques internationaux conclus antérieurement
en matière de protection et de préservation du milieu marin, ainsi qu'aux accords qui peuvent
être conclus en application des principes généraux qu'elle énonce : non seulement les disposi-
tions de la Convention de Montego Bay n'affectent pas ces obligations particulières, mais
encore les États Parties doivent s'en acquitter en ce qui concerne la protection et la préservation
du milieu marin.
Les rédacteurs de la Convention étaient conscients de ce que plusieurs instruments juridiques
internationaux relatifs à cette matière avaient été adoptés antérieurement à la convention ou
étaient en voie de l'être. De fait, devant l'aggravation des problèmes écologiques du milieu
marin, le PNUE avait élaboré au début des années 70 une stratégie de protection à travers son
programme des mers régionales (chap. 9). Mais pour atteindre pleinement ses objectifs, ce pro-
gramme qui couvre tous les espaces maritimes du pourtour de l'Afrique devrait être appuyé par
des législations nationales appropriées, lesquelles n'existent pas pour l'instant dans tous les
États côtiers africains (chap. 10).
256
Chapitre 9
Aussitôt après la création du PNUE, son conseil d'administration avait désigné les
« océans » comme un des domaines prioritaires de l'Organisation. Afin d'aborder dans leur
ensemble les problèmes complexes de l'environnement marin, le conseil avait décidé d'adopter
une approche régionale inscrite dans le Plan d'Action de Stockholm et dont le Programme pour
les mers régionales est l'illustration. Ce Programme a démarré en 1974. Son objectif et sa stra-
tégie ont été adoptés par le conseil d'aministration du PNUE à sa sixième session ] .
Les caractéristiques fondamentales de tout programme régional sont exposées dans un « plan
d'action » détaillé que les gouvernements adoptent formellement avant que le programme
devienne opérationnel. Plus d'une dizaine de régions du monde sont actuellement dotées de
plans d'action parmi lesquelles quatre zones maritimes régionales africaines : la Méditerranée
(février 1975), l'Afrique de l'Ouest et du Centre (mars 1981), la Mer Rouge et le Golfe d'Aden
(1982), l'Afrique de l'Est (1983). Chacune de ces régions maritimes est dotée d'une
Convention ; certaines de ces conventions sont assorties de protocoles.
Ainsi et dans un ordre chronologique : la Convention de Barcelone de 1976 sur la Méditer-
ranée et ses protocoles d'Athènes du 17 mai 1980 et de Genève du 3 avril 1982 2 ; la Convention
relative à la coopération en matière de protection et de mise en valeur du milieu marin et des
zones côtières de la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre 3 du 23 mars 1981, dite
Convention d'Abidjan, et son Protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre la pol-
lution en cas de situation critique ; la Convention de Djeddah du 14 février 1982 relative à la
mer Rouge et au Golfe d'Aden 4 ; la « convention pour la protection, la gestion et la mise en
valeur du milieu marin et des zones côtières de la région de l'Afrique Orientale » du
21 juin 1985 dite Convention de Nairobi et les protocoles y relatifs.
1. Voir le doc. UNEP/GC.6/7, para. 397 approuvé par la décision 6/2 du conseil en date du 24 mai 1978.
2. Ce protocole est entré en vigueur le 23 mars 1986 ; y étaient parties en 1989 : l'Algérie, Chypre, la Communauté Écono-
mique Européenne (CEE), l'Egypte, l'Espagne, la France, la Grèce, Israël, Malte, la Tunisie, la Turquie et la Yougoslavie.
3. Au total 21 États sont concernés par cette convention : Angola, Bénin, Cameroun, Cap Vert, Congo, Côte-d'Ivoire, Gabon,
Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée-Équatoriale, Liberia, Mauritanie, Namibie, Nigeria, Sao Tomé et Principe,
Sénégal, Sierra-Leone, Togo, Zaïre.
4. Sont signataires de cette Convention : Arabie Saoudite, Somalie, Soudan, Yémen Démocratique, République Arabe du
Yémen, Organisation de Libération de la Palestine (OLP).
5. Neuf États de la région concernée ont participé aux négociations de cette convention et de son protocole : Comores,
France (en raison de sa présence à Mayotte et à la Réunion), Kenya, Madagascar, Maurice, Mozambique, Seychelles, Soma-
lie, Tanzanie. Mais seuls quatre d'entre eux (France, Madagascar, Seychelles, Somalie) avaient signé et ratifié ces instru-
ments juridiques dès le 22 juin 1985.
257
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
Toutes ces conventions sont structurées d'une façon similaire, même si les activités particu-
lières aune région varient en fonction des besoins et priorités de cette région. De façon générale,
il s'agit de conventions-cadres ayant trait à la protection et à la gestion des zones côtières. Elles
déterminent le régime de la protection des régions maritimes concernées (sect. 1) et dégagent
les moyens (sect. 2) permettant d'assurer cette protection.
258
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS REGIONALES
6. Ces accidents sont rappelés par M. Jean-Pélé FOMETE TAMAFO dans sa thèse de doctorat de 3 e cycle, Le droit interna-
tional de l'environnement marin en Afrique de l'Ouest et du Centre, Yaounde, IRIC, 1990, pp. 50-51.
7. Voir OMCI/PNUE : La pollution par les hydrocarbures dans la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre : état actuel et
mesures à prendre, Nairobi, PNUE, Rapports et études sur les mers régionales n°4 1982. p. 7.
8. Voir René RODIERE et Martine REMOND-GOUILLOUD, La mer. Droit des hommes ou proie des États, Paris, Pedone,
1980, p. 128.
9. V. Markous MONO MBOUM, « Prévention et lutte contre la pollution marine. Mesures de protection et de lutte en Répu-
blique du Cameroun ». Communication au symposium sur la Zone Économique Exclusive (ZEE), Abidjan, 18-23 mai 1987,
p. 7.
10. OMCI/PNUE : Rapport et études sur les mers régionales, p. 70.
11. Voir Markous MONO MBOUM, art. précité, p. 7.
259
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
servitude portuaire. Cette forme de déversement constitue une source importante et permanente
de pollution dans les ports et les rades 12.
2. DROIT APPLICABLE
La pollution par les navires est abordée de façon identique dans les conventions étudiées.
Les articles 5 des conventions d'Abidjan et de Nairobi disposent à cet égard : « Les Parties
contractantes prennent toutes les mesures appropriées, conformément au droit international,
pour prévenir, réduire, combattre et maîtriser dans la zone d'application de la convention la pol-
lution causée par les rejets normaux ou accidentels des navires, et assurent l'application effec-
tive, dans ladite zone, des règles et normes généralement admises au niveau international en
matière de lutte contre ce type de pollution ».
Il résulte de ces articles, d'une part, que les mesures à prendre sont laissées aux bons soins
de chaque État puisqu'il lui est demandé de prendre « toutes les mesures appropriées », d'autre
part, que ces mesures doivent être conforme au droit international, ce qui confère ainsi aux droits
régionaux une fonction d'application du droit universel13 en la matière. Au nombre des
conventions internationales dont 1'« application effective » est ainsi requise,figurentla conven-
tion internationale du 12 mai 1954 pour la prévention de la pollution des eaux de la mer par les
hydrocarbures et ses amendements et la Convention de Londres du 2 novembre 1973 pour la
prévention de la pollution par les navires modifiée par le Protocole de 1978.
U.lbid.p. 8.
13. Voir J.P. FOMETE TAMAFO, op. cit. p. 53.
14. ¡bid. p. 56.
15. Voir Jacques BALLENEGGER, La pollution en droit international, Genève-Paris, Librairie DROZ, 1975, p. 126
note 233.
260
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
à « prendre toutes les mesures appropriées pour prévenir, réduire, combattre et maîtriser la pol-
lution dans la zone d'application de la convention », et à assurer « l'application effective, dans
ladite zone, des règles et normes généralement admises au niveau international » en la matière.
D'après le Plan d'Action d'Abidjan par exemple, ces normes sont en l'occurrence celles
contenues dans la Convention de Londres du 29 décembre 1972 sur la prévention de la pollution
des mers résultant de l'immersion des déchets. Ce Plan d'action appelle à son paragraphe 22 les
gouvernements de la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre à procéder à la ratification de
cette Convention de Londres en vue de son application dans l'espace régional. La Convention
en question constate que les capacités de la mer d'assimiler les déchets et de les rendre inoffen-
sifs ne sont pas illimitées (Préambule, al.3). Elle engage par conséquent les signataires à prendre
toutes les mesures possibles pour prévenir la pollution des mers par l'immersion de déchets et
d'autres matières susceptibles de mettre en danger la santé de l'homme, de nuire aux ressources
biologiques, à la faune et à lafloremarines, de porter atteinte aux agréments ou de gêner toutes
autres utilisations légitimes de la mer.
Ce renvoi aux règles et normes du droit international relatives à cette matière, et plus préci-
sément à la Convention de Londres de 1972 laisse perplexe et pourrait être interprété comme
une manière de paresse intellectuelle, en tout cas une solution de facilité, dans la mesure où la
Convention de Londres en question encourage les États ayant des intérêts communs dans des
régions géographiques déterminées à conduire des accords appropriés en vue de les compléter
(Préambule, al.7). L'adoption d'un protocole additionnel complétant et adaptant en un seul texte
la convention internationale serait une solution plus logique 16, ce qui est le cas dans le cadre
de certaines mers régionales, notamment la Méditerranée et la mer de Caraïbes ; la Convention
d'Abidjan de 1981 ouvre également cette possibilité.
261
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
2. DROIT APPLICABLE
En raison de ses causes et de ses caractéristiques, la pollution d'origine tellurique ressortit
principalement au droit régional . Les articles 7 des conventions d'Abidjan et de Nairobi
demandent aux Parties contractantes de prendre toutes mesures appropriées pour prévenir,
réduire, combattre et maîtriser la pollution due aux déversements effectués à partir des côtes ou
provenant des fleuves, des estuaires, des établissements côtiers, des installations de décharge,
ou émanant de toute autre source située sur leur territoire.
20. Voir UNESCO/UNEP, River inputs to the Next and central african marine environnement, Nairobi, UNEP, Regional
Seas reports and Studies, n°83.
21. Voir Jean TINE, «Études de référence et système de surveillance des pollutions chimiques des milieux littoraux et
lagunaires », communication au symposium d'Abidjan sur la ZEE, 18-23 mai 1982, p. 2.
22. Voir Nouvelles du PNUE, avril 1988, n°20 le dossier « Mer ou dépostoirs ? combien de déchets allons-nous encore
déverser? » p . 12.
23. Voir J.-P FOMETE TAMAFO, op. cit., p. 62.
24. Voir Nouvelles du PNUE, p. 12.
25. Voir J.-P FOMETE TAMAFO, op. cit., p. 64.
262
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
L'expression « mesures appropriées » est, comme on l'a noté précédemment, assez vague,
en tout cas suffisamment ample pour couvrir toutes les mesures envisageables. Cette expression,
qui revêt un caractère réthorique dans les conventions étudiées car elle revient inlassablement
et invariablement dans presque toutes leurs dispositions, n'en est pas moins insatisfaisante alors
même qu'elle s'applique à la principale source de dégradation du milieu marin. Celle-ci, en
effet, aurait pu faire l'objet d'un protocole et donner ainsi lieu à une réglementation beaucoup
plus détaillée et techniquement plus contraignante, et donc à la possibilité d'entreprendre des
actions concrètes. L'exemple du Protocole d'Athènes du 17 mai 1980 contre la pollution d'ori-
gine tellurique, adopté dans le sillage de la Convention relative à la Méditerranée, est illustratif
à cet égard et l'on peut aujourd'hui apprécier ses fruits : on a constaté par exemple en 1988,
c'est-à-dire huit ans après l'adoption de ce Protocole, que la Méditerranée était moins polluée
que ne l'envisageaient les prévisions dix années auparavant. Ces sources ont inspiré l'adoption
d'un protocole semblable dans la région du Pacifique du Sud-Est et l'élaboration d'un autre dans
le cadre du Plan d'Action de Koweït. Il n'est donc pas superflu de suggérer un instrument simi-
laire dans le cadre des autres mers régionales africaines.
Au reste, tirant les leçons de ces expériences, les États Parties à la Convention d'Abidjan ont
reconnu qu'un « protocole légalement contraignant qui s'ajouterait à [ladite convention] four-
nirait le cadre juridique nécessaire à une action concertée visant à lutter contre la pollution d'ori-
gine tellurique » 26 . Ils ont alors invité le Directeur du PNUE à entreprendre la rédaction de ce
type d'instrument et à le leur soumettre ultérieurement.
1. FAITS DE POLLUTION
On recense quelques cas similaires dans les eaux maritimes africaines où, sur les seules côtes de
l'océan Atlantique, des réserves off-shore ont été découvertes et sont en exploitation en Angola, au
26. Voir doc. UNEP (OCA) WACA FIG 2/3, Rapport du Directeur général, 1988, p. 8.
27. Voir R. RODIERE et M. REMOND-GOUILLOUD, op. cit. p. 111 ; et A.C. KISS, La protection internationale de l'envi-
ronnement p. 31.
28. Voir R. RODIERE et M. REMOND-GOUILLOUD, op. cit. p. 111 -112.
263
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
Bénin, Cameroun, Congo, Gabon, Ghana, en Côte-d'Ivoire, au Nigeria, Sénégal et Zaïre. En effet,
s ' ils sont moins cités que ceux survenus dans d'autres régions du monde, 1 es accidents résultant des
activités d'exploration et d'exploitation des fonds marins n'en existent pas moins en Afrique.
On note ainsi : l'explosion d'un puits de pétrole off-shore le 17 juin 1980 au large des côtes
nigérianes : 300 000 tonnes de pétrole rejetées causent d'importants dommages aux eaux et à
l'écosystème côtier, aux paysans et aux pêcheurs du bassin du fleuve Niger 29 ; la fuite d'un
flexible de 20 à 10 mètres au-dessous de la mer en août 1981, lors du chargement du M/S Breeze
a provoqué l'épandage de plusieurs mètres cubes de pétrole brut au large des côtes
camerounaises ; le déballastage, un an plus tôt, du M/S Dione avait entraîné l'épandage de
5 000 m de liquide sale 30. Les plates-formes des États voisins constituent parfois une menace
pour d'autres pays, vers lesquels ils exportent leurs pollutions à la faveur des courants marins
côtiers. Ainsi, le Congo a-t-il été victime de cette situation lors de l'explosion, en 1981, de la
plate-forme en exploitation 45-2X au Cabinda, située à 6,5km de la frontière maritime entre
l'Angola et le Congo 31 . Ce type de pollution résulte également des accidents d'oléoducs col-
lecteurs, des déversements associés à des événements naturels tels que les ouragans, des boues
de forage ou de l'écoulement des eaux de plate-forme .
2. DROIT APPLICABLE
Les articles des conventions d'Abidjan et de Nairobi disposent, dans le style laconique et par
trop général déjà souligné, que les Parties contractantes prennent toutes les mesures appropriées
pour assurer la protection du milieu marin contre la pollution résultant directement ou indirec-
tement d'activités relatives à l'exploration et à l'exploitation du fond de la mer et de son sous-
sol. Il en va de même des articles 7 des conventions de Barcelone, de Koweït et de Djeddah. Les
activités ici visées sont celles entreprises non pas dans les grands fonds marins qui font l'objet
d'un régime juridique particulier défini notamment par les articles 150, 155, 209 de la Conven-
tion des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982, mais dans le cadre des zones
maritimes sous juridiction des États ainsi que des îles artificielles, d'installations et d'ouvrages
relevant de leur juridiction 33.
La pratique consistant à consacrer une disposition spécifique à la pollution off-shore, inau-
gurée par l'article 10 de la Convention de 1974 sur la protection du milieu marin de la Baltique,
est donc largement répandue aujourd'hui, notamment dans le cadre du programme du PNUE
pour les mers régionales, ainsi que l'attestent, hormis les conventions sur les mers bordant
l'Afrique, des dispositions des Conventions de Carthagène et de Nouméa, et l'article 4 (e) de la
Convention de Lima. Toutefois, nulle part un protocole d'application d'une telle disposition n'a
encore été adopté ; tout au plus signalait-on en 1990 l'élaboration en cours d'un tel protocole
dans le cadre méditerranéen ainsi que dans celui du Plan d'Action de Koweït34. Quoi qu'il en
soit, un tel instrument, dont l'élaboration et l'adoption s'imposent au regard des risques élevés
de pollution de cette origine devrait s'intéresser aux multiples questions que posent les problè-
mes de la responsabilité et de la réparation du fait des dommages causés par ce type de pollution.
264
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS REGIONALES
En laissant aux États Parties le soin de prendre les « mesures appropriées » pour combattre
ce genre de pollution, les conventions considérées apparaissent sur ce point particulièrement
bien inspirées. Car, s'agissant d'une pollution résultant d'activités menées dans des espaces sou-
mis à la juridiction nationale de l'État côtier, celui-ci paraît plus apte à réglementer lesdites acti-
vités. Non seulement il est l'auteur des permis d'exploration et d'exploitation, mais encore il est
la première victime potentielle en cas d'accident écologique. Ainsi, un accident lié à la produc-
tion off-shore survenu au Nigeria a pour points d'impacts possibles plusieurs autres États du
golfe de Guinée tels que le Cameroun, le Bénin, le Togo, la Guinée-Équatoriale voire le Gabon ;
ainsi encore, bien que n'ayant pas de production pétrolière on-shore ou off-shore, le Liberia est
confronté à des problèmes de pollutions pétrolière dont les sources sont dans d'autres pays 35.
Aussi, l'objectif général d'harmonisation des législations nationales avec les conventions régio-
nales apparaît-il impérieux.
35. Voir OMCI/PNUE, Rapports et études sur les mers régionales, n°4 pp. 93 et 110-11.
265
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
articles 212 et 222 prescrivent aux États l'adoption et l'application de lois et règlements
applicables à l'espace aérien sous juridiction nationale. On peut y voir aussi une manifestation
de la volonté des États Parties de recourir aux règles du droit international pour faire face aux
problèmes de pollution marine d'origine atmosphérique.
36. Au total, vingt-et-un États sont concernés par la convention d'Abidjan : Angola, Bénin, Cameroun, Cap vert, Congo,
Côte-d' Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bisso, Guinée-Équatoriale, Liberia, Mauritanie, Namibie, Nigeria,
SaoTomé et Principe, Sénégal, Sierra-Leone, Togo, Zaïre.
37. Sur le fait régional en droit international, voir S.F.D.I. : « Régionalisme et universalisme en droit international
contemporain», Colloque de Bordeaux, Paris, A. Pedone, 1977, notamment les contributions de MM. H. GOLSONG,
J.C. GAUTRON, P. VELLAS, L. DUBOIS et M. VIRALLY. Et en l'occurrence, voir Jean-Pélé FOMETE TAMAFO, op. cit.
pp. 7-19.
266
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
38. Cette région comprend neufs États (Comores, France, [en raison de sa présence à Mayotte et à la Réunion], Kenya,
Madagascar, Maurice, Mozambique, Seychelles, Somalie, Tanzanie) qui ont tous participé aux négociations de la convention
et de son protocole. Mais seuls quatre d'entre eux (France, Madagascar, Seychelles, Somalie) avaient signé et ratifié la
convention et le protocole dès le 22 juin 1985. En 1990, le protocole n'était pas encore en vigueur.
39. C. de KLEMM, op. cil. p.l 18.
40. Ibid.
267
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
41. Selon M. de KLEMM, cette liste est directement inspirée du livre rouge des espèces massacrées de ['U.I.C.N., op. cit.
p. 119.
42. Espèces protégées par les conventions d'Alger et de Bonn et figurant à l'annexe I de la C.I.T.E.S.
43. C. de KLEMM, op. cit. p.121.
268
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
44. Ce protocole est entré en vigueur le 23 mars 1986. Y étaient parties en 1989 : l'Algérie, Chypre, la Communauté Écono-
mique Européenne (C.E.E), l'Egypte, l'Espagne, la France, la Grèce, Israël, Malte, la Tunisie, la Turquie, et la Yougoslavie.
269
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
des aires protégées marines et côtières 45 , et les Parties à la Convention de Barcelone en ont pris
note lors de leur cinquième réunion en septembre de la même année.
Bien qu'il soit prématuré d'apprécier son efficacité, le Protocole de Genève est celui dont
l'application semble la plus effective et dont le mécanisme de suivi fonctionne régulièrement.
C'est peut-être parce que les États développés en sont parties ; c'est assurément parce que l'état
de l'environnement en Méditerranée est extrêmement préoccupant : l'importance du trafic mari-
time dans ses eaux, la densité industrielle et humaine sur son pourtour, et sa configuration lacus-
tre en font une mer en sursis d'une catastrophe écologique.
Mais quelle que soit la pertinence des mesures édictées par le Protocole, leur pleine efficacité
dépend de la détermination des États Parties à les mettre en œuvre à travers des législations
nationales adéquates. Or, pour l'instant, peu d'États riverains de la Méditerranée disposent de
législations sur les aires protégées marines ; les autres se servent de leur législation sur les autres
aires protégées terrestres ou celles sur la pêche qui présentent à cet égard des insuffisances.
45. Les parties au protocole ont désigné jusqu'à présent plus d'une soixantaine d'aires protégées marines ou côtières comme
aires spécialement protégées. Il s'agit, pour la plupart, des zones déjà protégées à un titre ou à autre avant l'entrée en vigueur
du protocole (voir de KLEMM, op. cit. p. 116-117, et les autres remarques qu'il fait sur les législations nationales des Etats
riverains de la mediterranee en la matière).
46. Signataires : Arabie Saoudite, Jordanie, Somalie, Soudan, Yémen démocratique, République arabe du Yémen, Organisa-
tion de Libération de la Palestine (O.L.P.).
47. Voir le texte de cette convention dans le recueil d'A. KISS, op. cit. p.219-223.
270
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
271
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
48. Voir UNEP : Rapport du séminaire-atelier sur les problèmes de l'érosion des côtes du Togo et de la République Populaire
du Benin Lomé, 29 janvier au 9 février 1979, UNEP/C/G.27/INF/6. p. 8.
49. Voir Azzouz KERDOUM, « Le Maghreb et le défi écologique », R.J.P.l.C. n°3, oct-déc. 1994, pp. 235 et 241.
272
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
L'article 10 de la Convention d'Abidjan dispose à cet égard que les contractants « prennent
toutes les mesures appropriées pour prévenir, réduire, combattre et maîtriser... l'érosion côtière
due aux activités de l'homme, telle que la récupération des terres et les activités de génie civil
sur la côte ». Dans une approche plus large l'article 12 de la convention de Nairobi prescrit aux
Parties contractantes de prendre « toutes les mesures appropriées pour prévenir, réduire et
combattre... les dommages causés à l'environnement, en particulier la destruction des
écosystèmes marins et côtiers, par des activités de génie civil telles que l'endigage et le
dragage ». À la différence de la convention d'Abidjan qui se limite à l'érosion côtière celle de
Nairobi envisage donc la protection contre toutes les formes de dégradation des côtes et le carac-
tère restrictif de l'article 12 qui semble ne viser que les « dommages causés à l'environnement
par des activités de génie civil » ne devrait point abuser à cet égard.
Au regard de ces conventions, les aires spécialement protégées apparaissent comme un
moyen privilégié de la conservation des ressources et des écosystèmes côtiers.
273
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
rer l'utilisation durable des ressources naturelles. À cette fin, les Parties mettent au point des
stratégies nationales de conservation et les coordonnent s'il y a lieu, dans le cadre d'activités
régionales de conservation (art. 2). Il s'agit par ce biais de se donner les moyens d'une protection
adéquate des espèces et de leurs habitats ainsi que des écosystèmes et partant de l'environne-
ment marin sous juridiction nationale dans son ensemble.
274
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS REGIONALES
275
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
tillonnage et d'analyse ; de l'observation des nappes de pétrole et des dépôts de goudron sur les
plages ; de l'échantillonnage et de l'analyse des boules de goudronflottanteset des observations
océanographiques de base ; enfin, de la surveillance continue de la qualité microbilogique des
eaux utilisées à desfinsrécréatives et des produits de la mer. Le réseau de centres de recherche
sus-évoqué a été sollicité pour la mise en œuvre de ces différentes composantes du projet53.
Quant au rapport sur le milieu marin dans la région, il est le résultat d'une étude de l'état de
l'environnement marin régional lancée par le PNUE et réalisée par le Groupe mixte d'experts
sur les aspects scientifiques de la pollution des mers (GESAMP). La première version du rapport
a été préparée par une équipe travaillant sous la coordination de la FAO avec l'assistance de la
COI. Elle a ensuite été examinée par la réunion des rapporteurs des équipes régionales, tenue à
Genève du 14 au 18 décembe 1987. Assurément, les données contenues dans ce rapport ainsi
que celles que procureront les autres projets de recherche sur l'environnement marin régional
faciliteront la réalisation de la prospection écologique qu'implique le principe de l'évaluation
de l'impact des projets ou des activités sur l'environnement .
276
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
Les instruments juridiques étudiés ne prévoient rien en ce qui concerne le contrôle de l'étude
d'impact. Cette lacune s'ajoute à l'absence des règles de procédure au niveau sous-régional en
la matière. Certes les articles 13 §2 des conventions d'Abidjan et de Nairobi préconisent l'adop-
tion des procédures de diffusion des renseignements sur l'évaluation des activités dans l'envi-
ronnement marin et côtier. Mais cela ne concerne nullement les procédures d'évaluation de
l'impact environnemental elles-mêmes qui demeurentfixéespar chaque État. Quand on sait les
lacunes qu'accusent encore de nombreuses législations environnementales africaines dans ce
domaine, il y a lieu de suggérer l'adoption de protocoles additionnels fixant de façon précise les
procédures de prévention des atteintes à l'environnement marin, y compris d'évaluation de
l'impact dans chacune des régions concernées.
277
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
58. Voir André GERVAIS, « Affaire du lac Lanoux. Étude critique de la sentence du Tribunal arbitral », AFDI, 1960, p. 389.
notam.
278
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
Des efforts ont été faits pour doter les États de la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre
de PIU. Il faut dire que dès sa toute première réunion en juillet 1981 le Comité Directeur de
l'environnement marin pour cette région avait considéré l'élaboration et la coordination de ces
mécanismes de lutte anti-pollution comme le premier des quatre projets prioritaires pour la
région. En ce qui concerne les PIU nationaux, une aide a été fournie aux États de la zone
concernée en vue de l'élaboration de dix plans d'intervention en cas de situation d'urgence due
notamment à la pollution : deux de ces plans ont été adoptés au Congo et en Côte-d'Ivoire, et
l'on espérait alors que d'autres le seraient à l'horizon de 1995. Il n'en est rien cependant59. Par
ailleurs, des principes directeurs pour la mise au point de plans d'intervention en cas de situation
critique due à des accidents industriels et pour l'analyse desrisquesindustriels ont été préparés,
et des informations sur le degré de préparation ainsi que sur la capacité d'intervention des pays
en cas d'accidents industriels rassemblées. De même une évaluation régionale desrisquesindus-
triels a été réalisée pour les secteurs industriels principaux des cinq zones géographiques qui
constituent la région 60 .
En revanche, aucun plan sous-régional d'intervention d'urgence n'a encore été élaboré à ce
jour en Afrique de l'Ouest et du Centre, particulièrement en raison des difficultés financières.
Le Protocole de Djeddah est pourtant exemplaire à cet égard. Il prévoit l'institution d'un Centre
d'assistance mutuelle pour les situations critiques en mer, chargé de prêter main forte aux États
Parties ayant à faire face à ce genre de situation d'une part, et de développer un programme régu-
lier d'assistance technique, de formation de personnels et de diffusion de l'information d'autre
part .Le Protocole de Barcelone prévoit également la création d'un tel centre, mais seulement
de façon allusive, cependant qu'il en exite déjà un dans le cadre du Plan d'action de Koweït.
La coopération régionale dans ce domaine ne se limite pas aux seuls acteurs étatiques. Elle
s'étend aux entreprises industrielles privées, lesquelles sont non seulement invitées à se doter
de plans d'intervention et de structures de sécurité propres, mais aussi appelées à former une
association dont l'objectif serait d'élaborer un système de coopération mutuellement avanta-
geuse pour la mise en œuvre de plans d'intervention en cas d'accidents. Comme on l'a suggéré
judicieusement62 l'accord d'assistance conclu en 1974 par les pétroliers actifs en mer du Nord
connu sous le nom de North Seas Operators Clean Seas Commuée 63 pourrait constituer à cet
égard une source d'inspiration pour les unités industrielles de la région.
Les PIU sont des instruments de lutte contre les atteintes dont pourraient être l'objet, direc-
tement ou indirectement, les « intérêts connexes » des Parties contractantes, c'est-à-dire, selon
l'article 1 §5 du Protocole d'Abidjan : les activités maritimes, côtières, portuaires ou d'estuaires,
y compris les activités de pêche ; l'attrait historique et touristique de la zone considérée ; la santé
et le bien-être des habitants de la zone touchée, y compris la conservation de ressources vivantes
de la mer, de la faune et de lafloresauvage et la protection des parcs et réserves marins et côtiers.
La réalisation de cette finalité ne peut se faire qu'à certaines conditions et nécessite en tout
état de cause la mise en œuvre de certains moyens, de même qu'elle impose certaines obligations
juridiques aux États concernés.
59. Voir UNEP (OCA/WACAF IG. 3/4, op. cit., p. 10, UNEP (OCA/WACAF IG. 2/3, op. cit., Annexe VIII, p. 1 ; Id. p. 7.
60. Id ; voir aussi UNEPAG. 50 INF. 4.
61. Voir Ali MEKOUAR, « La convention de Jeddah du 14 février 1982 pour la protection de l'environnement de la Mer
Rouge et du Golfe d'Aden ; l'innovation dans la tradition » in Études en droit de l'environnement, Rabat, Édition Okad,
1988, p. 239.
62. Voir J-P FOMETE TAMAFO, op. cit., p. 184.
63. Voir R. RODIERE et M. REMOND-GOUILLOUD, op. cit., p. 118.
279
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQ UE
64. Voir B. J. FOUCHER, « Techniques de contrôle et de lutte contre les pollutions par les hydrocarbures dans le Golfe de
Guinée », communication au Symposium international sur la ZEE, Abidjan, 18-23 mai 1987 doc. multigr., Annexe 2, p.55.
65. Le protocole de Koweit parle d'ailleurs plus précisément de « personnel, de matériel et d'équipements... » (art. 11 & 2 a).
66. Voir UNEP/WG 71/4, Annexe IV, p. 5.
280
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS REGIONALES
67. Voir P.M. DUPUY, « Le droit international de l'environnement et la souveraineté des États » in L'Avenir du droit inter-
national de l'environnement, Colloque de la Haye de l'Académie du Droit International de la Haye, Martinus Nijhof, 1984
pp. 38 et 42.
281
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
68. Voir A.C. KISS, Survey of current developments in international environmental law, p. 109.
69. Voir Ibrahima FALL, « La coopération interafricaine en matière de pollution du milieu marin et des zones côtières à la
lumière de la convention d'Abidjan et de ses protocoles » R.J.P.l.C, n°s 1 et 2, 1983, p. 281.
70. Voir J. P. FOMETE TAMAFO, op. cit. p. 202.
282
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
Convention de Nairobi dispose en effet, de façon assez sommaire, que les Parties contractantes
« coopèrent directement ou avec l'aide des organisations régionales et internationales compé-
tentes, en vue d'élaborer et d'adopter des règles et procédures appropriées, conformes au droit
international, en matière de responsabilité et de réparation des dommages résultant de la pollu-
tion dans la zone d'application de la convention ». L'article 15 de la convention d'Abidjan, inti-
tulé comme le précédent « Responsabilité et réparation des dommages », n'insiste pas sur la
conformité des règles à adopter au droit international, mais ajoute en revanche que ces règles
concernent « la réparation ou l'indemnisation rapide et adéquate des dommages résultant de la
pollution dans la zone d'application de la convention ».
Autrement dit, le problème de la responsabilité pour dommages à l'environnement marin et
ses conséquences au plan de la réparation reste entier, les instruments juridiques concernés ayant
« paresseusement » — conformément d'ailleurs à leur philosophie générale qui est celle des
conventions-cadres — renvoyé la question sine die.
71. Voir aussi conventions de Carthagène des Indes (art. 15), de Nouméa (art. 21). Pour la convention de Lima, cette tâche
est confiée à la commission permanente du Pacifique Sud (CPPS).
283
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
ans pour les réunions ordinaires, et chaque fois que les Parties le jugent nécessaire pour les réu-
nions extraordinaires. En pratique, la périodicité de ces réunions n'est pas toujours respectée.
Ainsi, bien que la Convention d'Abidjan soit entrée en vigueur depuis le 5 août 1984, seulement
deux réunions ordinaires avaient pu être tenues six ans plus tard : la première du 18 au 20 avril
1985 à Abidjan et la seconde le 25 janvier 1989 à Dakar 72.
À la réunion des Parties s'ajoute, dans le cadre de la coopération en matière de protection et
de mise en valeur du milieu marin et des zones côtières de la région de l'Afrique de l'Ouest et
du Centre, le Comité Directeur de l'environnement marin créé par la Résolution sur les
dispositions institutionnelles. Ce comité Directeur devra fournir au PNUE « des directives de
politique générale nécessaires pour toutes les questions techniques et administratives liées à la
mise en œuvre de la convention, du Protocole et du Plan d'action » (para. 4 de la Résolution).
1.2. Les organes de gestion
Ils consistent en des unités de coordination regionale (UCR). Dans le cadre de l'Afrique de
l'Ouest et du Centre, l'UCR est fondée sur les paragraphes 25 du Plan d'Action d'Abidjan et 2
de la Résolution sur les dispositions institutionnelles. Mais l'appelation « unité de coordination
régionale » n'apparaît comme telle dans aucun des deux documents, contrairement à ce qui se
passe pour l'Afrique Orientale. Il y est plutôt question de la création d'un « service central de
coordination » (para. 25 du Plan d'action) dont la mise en place revient aux gouvernements
régionaux avec l'assistance du PNUE. Quoi qu'il en soit, l'instance considérée est appelée, en
Afrique de l'Ouest et du Centre, à assurer l'évolution harmonieuse et intégrée des différents élé-
ments du Plan d'action, en facilitant, notamment sur le plan technique, sa mise en œuvre, tout
comme celle de la Convention et de son Protocole. Dans 1 ' accomplisement de sa mission, 1 ' UCR
assurera une fonction de coordination générale, une fonction technique de gestion des projets,
une fonction de gestionfinancièreet une fonction d'administration 73. Après des offres concur-
rentes du Gabon, du Nigeria et du Togo, c'est la Côte-d'Ivoire qui a été retenue par la première
réunion des Parties contractantes pour abriter le siège de l'UCR pour la région de l'Afrique de
l'Ouest et du Centre.
284
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS REGIONALES
285
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
pêche maritime dans le sens de la conservation et de l'utilisation optimale des ressources halieu-
tiques s'avère donc nécessaire. Si l'on se réfère à diverses conventions existant dans certaines
régions autres que l'Afrique, on constate qu'il peut s'agir du contingentement des prises, de
l'interdiction pure et simple de la capture de certaines espèces en voie de disparition, (cf. art. 2
Convention du 2 mars 1982 relative à la conservation du saumon dans l'Atlantique Nord), de la
définition de la taille minimale des poissons à capturer (cf. art. 5 accord du 7 juillet 1959 relatif
à la pêche dans la mer Noire), de la réglementation des dimensions des mailles desfiletsde pêche
(cf. art. 7 Convention du 24 janvier 1959 sur les pêcheries de l'Atlantique du Nord-Est), et plus
généralement de la réglementation des équipements et techniques de pêche.
Plusieurs États Parties à la Convention d'Abidjan ont signé, sans doute sur la base de
l'article 3 précité de cette Convention, une Convention sur le « développement régional des
pêches dans le Golfe de Guinée ». Cette Convention, signée à Libreville le 21 juin 1984, vise à
assurer la conservation et le développement des stocks de poissons se trouvant dans la zone éco-
nomique exclusive des États Parties.
D'une certaine façon, la poursuite de cet objectif de gestion rationnelle des ressources halieu-
tiques été engagée bien avant cette Convention dans le cadre du Comité de pêches pour l'Atlan-
tique Centre-Est (COPACE), organe subsidiaire de la FAO créé en 1967 et dont l'une des fonc-
tions est de donner son avis en vue notamment « de promouvoir, coordonner et soutenir les
programmes nationaux et régionaux de recherche et de développement conduisant à l'exploita-
tion rationnelle des ressources halieutiques de sa zone de compétence », laquelle s'étend du
détroit de Gibraltar au Nord jusqu'à l'embouchure du fleuve Zaïre au Sud, et de la côte Ouest-
Africaine jusqu'au 40° Ouest dans l'Océan Atlantique 76 .
La gestion rationnelle des ressources halieutiques peut se faire également par le biais de
l'aquaculture marine qui permet l'élevage tant d'animaux que de plantes diminuant ce faisant
la surexploitation des espèces naturelles menacées. Quelques pays africains se sont déjà lancés
dans cette activité au reste très développée sur d'autres continents. Ainsi, le Nigeria a-t-il entre-
pris l'élevage du mulet gris (mughil cephalus) et de poissons-chats (chrysicthys) dans les eaux
saumâtres du delta du Niger ; l'Angola, l'élevage des moules (pernaperna) ; l'aquaculture lagu-
naire se développe en Côte-d'Ivoire et le Ghana serait sur la même voie 77 .
On signalera enfin la Convention de Dakar de 1991 entre les riverains de l'Atlantique qui
comporte un volet important sur la gestion des ressources halieutiques et notamment sur la pêche.
76. Le COPACE comprend 17 États d'Afrique Occidentale et Centrale au sens de la convention d'Abidjan de 1981 : Bénin,
Cameroun, Cap-Vert, Congo, Côte-d'Ivoire, Gabon, Gambie, Guinée Bissau, Liberia, Mauritanie, Nigeria,
Sao Tomé et Principe, Sénégal, Sierra-Leone, Togo, Zaïre.
77. Voir J.-P. FOMETE TAMAFO, op. cit. p. 117.
286
LA PROTECTION PAR LE BIAIS DU PROGRAMME POUR LES MERS RÉGIONALES
Mais de façon générale, les instruments juridiques relatifs aux mers régionales africaines ont
créé un Fonds d'affection spéciale (FAS) ayant pour but de financer une partie des dépenses
communes de mise en œuvre des Plans d'action, l'autre partie étantfinancéepar les institutions
internationales. Dans la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, les ressources du FAS pro-
viennent des contributions proportionnelles de tous les États situés dans le champ d'application
de la Convention d'Abidjan, suivant un montant initialfixépar la Résolution sur les dispositions
financières sus-visée, et accepté par les intéressés. Par comparaison, dans la région de l'Afrique
Orientale, le FAS estfinancé,en plus des contributions des États, par une contribution de la CEE
(aujourd'hui Union Européenne).
Comme la plupart des institutions internationales africaines, ces Fonds souffrent cependant
des difficultés financières des Parties contractantes. Certaines d'entre elles accusent des retards
importants dans le versement de leurs contributions et transforment celles-ci en paiement par-
tiel, d'autres accumulent des arriérés, et d'autres enfin oublient purement et simplement leurs
engagements à cet égard. Ce défaut de ressources paralyse ainsi ces institutions dont l'utilité est
pourtant avérée, et les mesures spéciales visant à redresser la situationfinancièrede certains de
ces Fonds, notamment celui de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, n'ont pas été efficaces 78 .
78. Idem.
287
Chapitre 10
La protection de l'environnement marin est traitée de façon inégale dans les législations afri-
caines. Certes, elle n'intéresse que les législations des États côtiers. Mais ceux-ci ne lui prêtent
pas une attention égale sur le plan juridique. Les droits nationaux de quelques pays offrent un
arsenal juridique important en la matière, cependant que ceux de beaucoup d'autres restent assez
sommaires sur la question. On aurait pu espérer trouver dans les conventions de caractère uni-
versel ainsi que dans les instruments juridiques régionaux précédemment examinés des ressour-
ces juridiques suffisantes pour combler ces lacunes ou ces inconsistances. Force est de constater
que la plupart des États concernés ne prennent pas toujours les mesures d'application nationale
des conventions internationales auxquelles ils sont parties — quand ils en sont parties.
Les législations existantes dans ce domaine sont tournées principalement vers la protection
du milieu marin, notamment la lutte contre la pollution marine (sect. 1). Seules quelques-unes
d'entre elles s'intéressent à la gestion de la zone côtière et des ressources marines (sect. 2).
289
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
domestiques que lesfleuvescharrient vers les estuaires . Encore ces déchets font-ils l'objet d'un
déversement direct en mer dans les villes côtières africaines.
La plupart des législations africaines récentes édictent des règles pour lutter contre ces dif-
férents types de pollution (I) et quelques-unes d'entre elles prévoient des moyens de protection
du milieu marin (II) bien souvent d'ailleurs en application des conventions internationales per-
tinentes.
A. LE PRINCIPE : L'INTERDICTION
DE LA POLLUTION VOLONTAIRE
Toutes les législations qui traitent de la pollution marine s'accordent sur ce principe et pré-
voient des sanctions en cas d'infraction à ce principe.
290
LA PROTECTION DANS LE CADRE DES LÉGISLATIONS NATIONALES
sation spéciale ; c) les conditions de délivrance des autorisations pour l'immersion de déchets
et d'ordures. Les autorités examinent les demandes d'autorisation pour l'immersion de déchets
et d'ordures en se conformant aux règles et principes spécifiés dans les règlements pris pour
l'application de la présente loi. L'article 35 interdit le déversement d'eau polluée directement
dans la mer au moyen de conduites aboutissant à la côte ou en provenant ou par le biais de cana-
lisations et d'égouts, y compris les sytèmes d'écoulement souterrains ou en surface, avant
qu'une telle eau n'ait été traitée conformément aux textes législatifs en vigueur et aux règle-
ments pris pour l'application de la présente loi. L'article 36 interdit l'immersion de substances
radioactives et dangereuses, de gaz toxiques, etc., aux fins d'élimination ou de stockage dans
les eaux territoriales du pays.
D'autres articles contiennent des dispositions détaillées visant la protection de la mer et des
ressources marines (cf. art. 37 à 39).
Au Sénégal, la protection qualitative des eaux de mer ne fait pas l'objet d'une réglementation
distincte de celle des eaux continentales superficielles ou souterraines. L'article 33 du Code de
l'environnement les envisage ensemble et l'article 34 dispose que des décrets déterminent les
conditions dans lesquelles peuvent être réglementés ou interdits les déversements, écoulements,
dépôts directs ou indirects d'eau ou de matières susceptibles d'altérer la qualité des eaux.
L'Environment Protection Act 1991 de l'Ile Maurice est en revanche bien plus précis à cet
égard. Il dispose en son article 44 § 1 que nul ne doit rejeter ou causer le rejet dans la zone mari-
time sous juridiction mauricienne de substances toxiques, dangereuses ou nocives à travers
l'atmosphère ou par déversement.
Les législations de la plupart des autres États côtiers tels que le Cameroun, Madagascar, la
Guinée-Équatoriale... sont lacunaires à ce sujet.
2. SANCTIONS
La violation du principe de l'interdiction de polluer est réprimée par les législations exami-
nées, car, comme l'affirme l'article 44 §3 de la loi mauricienne de 1951, elle constitue une
infraction. La sanction s'applique au capitaine du navire ou au commandant de l'aéronef res-
ponsable de la pollution marine et dans certains cas aux propriétaires et exploitants de ces
engins.
Ainsi, la loi algérienne de 1983 punit d'une peine d'amende de 50 000à500 OOOD.Aetd'un
emprisonnement de 6 mois à 2 ans ou de l'une de ces deux peines seulement—avec doublement
de ces peines en cas de récidive — le capitaine d'un bâtiment algérien ou tout commandant de
bord d'un aéronef algérien ou toute personne assumant la conduite des opérations d'immersion
ou d'incinération en mer sur des engins algériens ou plates-formes fixes ou flottantes sous juri-
diction algérienne qui se rend coupable d'une telle infraction (art. 66). Lorsque l'infraction a été
commise sur l'ordre du propriétaire ou de l'exploitant du navire, de l'aéronef, de l'engin ou de
la plate-forme, ce propriétaire ou cet exploitant est puni des peines ci-dessus mentionnées, le
maximum de ces peines étant toutefois porté au double. Le propriétaire ou l'exploitant est pour-
suivi comme complice lorsqu'il n'a pas donné au capitaine, au commandant de bord ou à la per-
sonne responsable des opérations d'immersion l'ordre écrit de se conformer aux dispositions du
chapitre 3, titre III de la loi, relatif à la protection de la mer. Et lorsque le propriétaire ou l'exploi-
tant est une personne morale, la responsabilité sus-exposée incombe à celui ou ceux des repré-
sentants légaux ou dirigeants de fait qui assurent la direction ou l'administration, ou toute per-
sonne habilitée par eux (art. 68).
291
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
S'agissant des bâtiments étrangers, ils sont normalement soumis à la même réglementation
en vertu des textes internationaux pertinents. Ainsi, le premier paragraphe de l'article 71 dispose
que les sanctions prévues par la loi de 1983 s'appliquent auxdits bâtiments même immatriculés
dans un territoire relevant d'un gouvernement non contractant à la convention de Londres du
12 mai 1954 pour la prévention de la pollution des eaux de la mer par les hydrocarbures. L'arti-
cle 59 prévoit du reste une peine d'amende de 500 000 à 5 millions de D.A et d'emprisonnement
de 1 à 5 ans, ou l'une de ces deux peines seulement, pour tout capitaine soumis aux dispositions
de cette Convention internationale.
Parmi les législations disponibles étudiées, hormis le code sénégalais de l'environnement,
rares sont celles qui sont aussi détaillées sur la répression de la pollution marine.
En effet, le Code de l'environnement de la Guinée, dont nombre de dispositions semblent
inspirées de la loi algérienne,fixeune peine unique globale pour les infractions à l'interdiction
de polluer les eaux maritimes sous juridiction nationale. Il punit, en son article 103, d'une
amende de 100 000 KG et d'une peine d'emprisonnement de 2 à 5 ans, ou de l'une de ces deux
peines seulement, toute personne polluant les eaux maritimes sous juridiction guinéenne en
infraction des dispositions des articles 32, 33 et 35, le montant des peines pouvant être triplé en
cas de récidive.
Quant au Code de l'environnement du Sénégal, il punit d'une amende d'un montant mini-
mum de 10 000 000 F CFA et d'un montant maximum calculé sur la base des préjudices subis,
et d'un emprisonnement de 2 à 6 mois, ou de l'une de ces deux peines seulement, tout capitaine
d'un bâtiment sénégalais soumis aux dispositions de la Convention de Londres de 1954 et ses
modifications qui se rend coupable d'infraction aux dispositions de l'article 3 de ladite conven-
tion relatif aux interdictions de rejet à la mer d'hydrocarbures ou de mélanges d'hydrocarbures.
Les peines sont doublées en cas de récidive. Elles sont dans tous les cas prononcées sans préju-
dice des droits des tiers (art. 40). Ces peines sont allégées s'agissant d'un bâtiment sénégalais
non soumis aux dispositions de la Convention de Londres précitée : l'infraction est punie d'une
amende de 500 000 à 1 000 000 F CFA ; c'est seulement en cas de récidive que l'amende varie
entre 1 000 000 et 2 000 000 F CFA et qu'une peine de prison de 2 à 6 mois est prévue, les deux
pouvant être appliquées exclusivement. S'agissant des bâtiments étrangers, même immatriculés
dans un territoire relevant d'un gouvernement non partie à la Convention de Londres, les dis-
positions répressives du Code s'appliquent à eux dans les eaux territoriales et les eaux intérieu-
res sénégalaises fréquentées normalement par les navires (art. 43).
Les infractions aux articles 3 et 9 de la Convention de Londres ainsi qu'aux dispositions
réglementaires prises en application du Code peuvent être constatées par les administrateurs des
affaires maritimes, les inspecteurs de la navigation et du travail maritime, les officiers du corps
technique et administratif des affaires maritimes, les capitaines, maîtres et officiers de port dans
la limite de leur circonscription portuaire, les officiers et sous-officiers de l'Armée nationale, les
officiers de police judiciaire, les agents assermentés. Les procès-verbaux dressés par ces agents
sont transmis à l'Administrateur des affaires maritimes avec copie au Ministre chargé de l'Envi-
ronnement et au Procureur de la République. Tout entrave à l'exercice de leurs fonctions par les
agents sus-cités est punie d'une peine de un à deux mois d'emprisonnement et d'une amende de
1 000 000 à 5 000 000 F CFA ou de l'une de ces deux peines seulement (art. 45). Les infractions
aux dispositions du code relatives à la répression de la pollution marine ainsi qu'à celles de la
Convention de Londres de 1954 sont jugées soit par le tribunal compétent du lieu de l'infraction,
soit par celui du lieu d'attache du bâtiment, soit par celui du lieu dans lequel peut être trouvé le
bâtiment s'il est étranger (art. 42).
292
LA PROTECTION DANS LE CADRE DES LÉGISLATIONS NATIONALES
2. Voir André AKAM AKAM, « La protection du domaine portuaire contre la pollution. Étude de droit maritime
camerounais » inédit, 1995, 15, p. multigr.
3. Sur cette notion, voir A. HUET « Le délit de pollution involontaire de la mer par les hydrocarbures », R.J.E., 1979, p. 3 et s.
4. Voir André AKAM AKAM, étude précitée, p. 13.
5. Ibid.
293
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
la marine peut saisir la justice de l'infraction objet de la transaction ». Cette disposition doit être
comprise comme signifiant que la transaction et le paiement auquel elle aboutit n'écartent nul-
lement les poursuites pénales, le ministre chargé de la marine étant en l'occurrence « juge » de
l'opportunité des poursuites 6 .
1. LA « POLLUTION AUTORISÉE »
Cette expression nefiguredans aucune des législations étudiées. Mais on ne peut désigner
autrement « les opérations de déversement, d'immersion ou d'incinération en mer de substances
et matériaux « effectuées sur autorisation de l'autorité ministérielle compétente. L'article 52 de
la loi algérienne de 1983 prévoit de telles opérations qui portent sur les substances et matériaux
non visés dans la liste prévue à l'article 48, et précise que l'autorisation ministérielle est assortie,
en tant que de besoin, « des prescriptions relatives à la réalisation de l'opération projetée ». Les
conditions de délivrance, d'utilisation et de suspension des autorisations sontfixéespar décret.
Dans le Code de l'environnement de la Guinée, l'interdiction de déversement, d'immersion,
et d'incinération dans les eaux maritimes sous juridiction guinéenne prévue à l'article 33 n'est
pas applicable « aux substances déversées en mer dans le cadre d'opérations de lutte contre la
pollution marine par les hydrocarbures menées par les autorités guinéennes compétentes ou par
toute personne habilitée par ces dernières » (art. 4 et 1). De même, elle ne s'applique pas aux
substances ou matériaux non visés dans la liste prévue en application dudit article 33 : les opé-
rations de déversement, d'immersion ou d'incinération de ces substances ou matériaux peuvent
être effectuées après obtention d'une autorisation délivrée par le service de l'environnement
précisant le lieu et les modalités techniques de l'opération.
On ne trouve pas de telles précisions dans d'autres législations abordant les questions de pol-
lution marine telles que celles du Sénégal, du Togo, de Maurice, du Cameroun, etc.
6. Ibid.
294
LA PROTECTION DANS LE CADRE DES LÉGISLATIONS NATIONALES
Quant à la pollution accidentelle proprement dite, elle n'est envisagée que comme un fait
incommodant auquel il doit être mis fin le plus rapidement possible. Ainsi, l'article 53 de la loi
algérienne de 1983 et l'article 36 du code de l'environnement de la Guinée disposent dans des
termes quasi identiques, qu'en cas d'avaries ou d'accidents survenus « en mer territoriale »
(Algérie) — « dans les eaux sous juridiction guinéenne » (Guinée) — à tout navire, aéronef,
engin ou plate-forme transportant ou ayant à son bord des hydrocarbures ou des substances noci-
ves ou dangereuses, et pouvant créer des dangers graves et imminents susceptibles de porter
atteinte au milieu marin ou aux intérêts connexes, le propriétaire dudit navire, aéronef ou engin
peut être mis en demeure de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettrefinà ces dangers.
Au cas où cette mise en demeure resterait sans effet ou n'aurait pas produit les effets attendus
dans le délai imparti, ou d'office, en cas d'urgence, l'autorité ministérielle compétente peut faire
exécuter les mesures nécessaires aux frais du propriétaire ou en recouvrir le montant du coût
auprès de ce dernier.
On le voit bien, il ne s'agit pas d'une sanction à rencontre du propriétaire du navire sinistré.
L'Administration se montre comprehensive vis-à-vis de sa situation qui est manifestement for-
tuite et involontaire. Mais parce qu'elle a en charge la sécurité et la salubrité publiques, elle se
doit d'agir avec la diligence voulue, au besoin en se substituant au propriétaire défaillant pour
mettre un terme à la pollution survenue et restaurer les lieux. Une fois cette opération effectuée,
elle exige seulement de l'infortuné propriétaire de payer la facture, elle n'exige pas de lui répa-
ration civile (dommages-intérêts), ni n'engage contre lui des poursuites pénales comme dans le
cas de pollution volontaire. Elle s'acquitte ce faisant de sa mission générale de protection de
l'environnement.
295
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQ UE
296
LA PROTECTION DANS LE CADRE DES LÉGISLATIONS NATIONALES
La mise en œuvre de ce plan peut être combinée avec celle du plan d'organisation des secours
en cas de catastrophe à l'échelon national dont il est complémentaire, et de tout autre plan
d'intervention lorsque sont réunies les conditions exigées pour la mise en application de ces
plans. Cette mise en œuvre du Plan POLLUMAR comporte deux phases principales. Une phase
préparatoire dite « préparatoire à la lutte » : elle repose sur le ministre de la Marine qui est res-
ponsable de l'organisation, du déclenchement et de la mise en œuvre du Plan. Une phase opé-
rationnelle, qui est celle de 1' « opération de lutte » : elle est menée avec l'assistance de la
commission nationale de l'Environnement pour toute question d'ordre scientifique, environne-
mental et technique relative à la conduite de l'opération. Les responsables du Plan sont habilités,
une fois que celui-ci est déclenché, à demander directement aux services compétents des minis-
tères et organismes intéressés les concours nécessaires à la conduite des opérations. À cet égard,
toute facilité douanière doit être accordée pour l'acheminement rapide du matériel nécessaire à
l'exécution du Plan POLLUMAR.
Au planfinancier,les dépenses nécessaires à la mise en œuvre du Plan sont engagées par
l'État qui procède ensuite au recouvrement desdites dépenses auprès du ou des responsables de
cette pollution par le truchement du ministre chargé de l'Économie et des Finances.
À Maurice, la stratégie nationale de conservation recommande l'élaboration d'un plan natio-
nal d'urgence contre la pollution marine. Ce plan a été effectivement élaboré sous les auspices
du PNUE et de l'Organisation maritime internatinale (OMI) 7 , et intégré dans la partie V de
l'Environment Protection Act (1191). L'article 29 de cette loi dispose qu'un état d'urgence envi-
ronnemental peut être déclaré par le Premier Ministre en concertation avec le ministre de l'Envi-
ronnement en cas de situation critique ou de menace grave à l'environnement. Et dans ce cas en
effet, la National Environmental Commission prépare un plan d'urgence.
Au Sénégal, l'article 34 §4 du Code de l'environnement prévoit qu'un décret d'application
détermine les cas et conditions dans lesquels l'Administration peut prendre toutes mesures exé-
cutoires destinées d'office à faire cesser le trouble à l'environnement marin avant l'intervention
de toute sanction pénale. En particulier, le ministre chargé de l'Hydraulique et le ministre chargé
de l'Environnement peuvent instituer par arrêté des « zones de protection spéciale » en fonction
de niveaux de pollution observés et compte tenu des circonstances de nature à en aggraver les
inconvénients.
7. Voir M. MURDAY and E.R. GUNLAH, OU spill contingency plan for Mauritius, UNEP Regional Seas Reports and
studies n°125UNER 1990.
297
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
l'abordent avec plus ou moins d'acuité suivant le degré de prise de conscience de la fragilité de
cette zone territoriale.
I. LA PROTECTION DU LITTORAL
Zone particulièrement sensible au plan écologique, le littoral fait désormais l'objet d'un
régime juridique particulier notamment dans la plupart des pays développés 8. Il faut dire que,
à mesure que s'accroît la pression humaine sur cette zone et que se développe et se diversifie
l'exploitation de la mer, apparaissent des formes nouvelles d'atteintes aux zones côtières et
maritimes. Les problèmes juridiques que soulèvent ces formes nouvelles se complexifient et
nécessitent alors une réglementation spécifique.
Les atteintes aux zones côtières ont des causes à la fois naturelles et humaines. L'importance
des unes et des autres de ces causes varie selon les pays, notamment selon la configuration de
leur côtes et la densité des populations dans leur zone littorale. Au Cameroun par exemple, les
causes naturelles sont principalement la faible circulation des eaux dans la zone estuarienne,
l'étroitesse du plateau continental et la différence de salinité entre les eaux douces et marines.
Les causes humaines consistent pour l'essentiel en des rejets directs résultant des activités por-
tuaires à caractère industriel (eaux usées) et de l'utilisation du milieu marin pour l'évacuation
de matières de vidange sanitaire 9 . Comme dans la plupart des États côtiers africains, la zone
littorale constitue ici le principal centre économique du pays et concentre plus de 10% de la
population nationale.
La protection de la zone littorale dans ce pays n'a pu être envisagée jusqu'à présent que sous
l'angle des politiques d'aménagement, la législation relative à la zone côtière étant quasi inexis-
tante ou se résumant, comme on l'a vu, au Code de la marine marchande de 1962 et à la loi du
21 juillet 1983 réglementant la police à l'intérieur des domaines portuaires ainsi que son décret
d'application du 26 septembre 1985 (cf. supra sect. 1,1). En effet, divers organismes d'aména-
gement s'intéressant ou s'étant intéressés directement ou indirectement à la zone littorale ont
été créés par l'État. Ainsi, la Mission d'Études et d'Aménagement du Littoral (M.E.A.L) créée
en 1972, réorganisée en 1981 et aujourd'hui dissoute ; mais aussi la Mission d'Aménagement
et d'Équipement des Terrains Urbains et Ruraux (M.A.E.T.U.R) créée en 1977 et la Mission
d'Aménagement et de Gestion des Zones industrielles (M.A.G.Z.I) créée en 1971 et dont les
activités intéressent d'autant plus la protection du littoral que 90% de l'industrie camerounaise
est concentrée dans cette zone, et que sa mission d'aménagement devrait en principe limiter les
atteintes à l'environnement marin côtier du fait d'implantations industrielles anarchiques et non
maîtrisées 10. On constate cependant de nombreuses emprises privées sur le domaine public
côtier, l'occupation de la bande côtière se faisant de façon anarchique et principalement par les
hauts fonctionnaires de l'État et les personnalités politiques, sans autorisation aucune et sans
respect de la servitude de reculement de 5 m prévue par la réglementation en vigueur. Aussi,
le moins que l'on puisse dire est que la côte camerounaise est triplement menacée : par les pol-
lutions telluriques, industrielles, urbaines et maritimes (hydrocarbure) ; par la pression démo-
8. Voir pour la France par ex : Jean Marie BECET et Didier LE MORVAN (sous le dir.), Le droit du littoral et de mer côtière,
Paris, Economica, 1991 ; et sur l'ensemble de la réglementation de ce pays sur l'aménagement du littoral, V. Yves MADIOT,
Aménagement du territoire, Recueil de textes commentés, Paris, Litec, 1986, notam. pp. 824 et s.
9. Voir Centre de Coopération Cameroun-Canada : « L'Environnement au Cameroun — Problèmes environnementaux de la
zone côtière marine au Cameroun », fase, avril 1991 ; p. 6.
10. Voir Maurice KAMTO, « Introduction au droit de l'urbanisme du Cameroun », R.D.P., 1987, n°6, notam. pp. 1639-1645.
298
LA PROTECTION DANS LE CADRE DES LÉGISLATIONS NATIONALES
graphique et l'explosion urbaine ainsi que les nombreuses formes de dégradation du milieu qui
en résultent ; par l'appropriation anarchique et illégale des rivages de la mer.
En Guinée, aucune occupation, exploitation, construction, établissement de quelque nature
que ce soit ne peut être entrepris sur le rivage et sur toute l'étendue du domaine public maritime
sans une autorisation spéciale du ministre chargé de l'Urbanisme et de l'Équipement. Cette
autorisation qui requiert l'avis de l'autorité chargée de l'environnement ne peut d'ailleurs être
accordée que pour l'accomplissement d'activités d'intérêt général propres à favoriser le déve-
loppement économique national. En tout état de cause, cette activité ne saurait entraver le libre
accès au domaine public maritime ni la libre circulation sur la grève (art. 39 du code de l'envi-
ronnement). Quiconque méconnaît ou contrevient à cette interdiction est puni d'une amende de
25 000 à 250 000 FG (art. 105).
À Maurice, la mise en œuvre dans la zone littorale du National Physical Development Plan
(NPDP) élaboré à partir d'une projection de l'évolution démographique en l'an 2010, repose sur
le Maritime Zone Act (1977) et le Continental ShelfAct (1977) qui permettent au ministère des
Terres chargé de l'aménagement du territoire et de l'utilisation des terres de mettre en œuvre les
droits souverains de l'Ile dans la ZEE et le plateau continental, notamment en délivrant les per-
mis d'exploration et d'exploitation. La gestion des ressources côtières s'appuie en partie égale-
ment sur The Removal ofSand Act (1975), tel qu'amendé en 1991, qui réglemente l'exploitation
des carrières de sable sur les terrains de l'État, de même que le transport du sable. Cette activité
est soumise à autorisation ; mais l'on estime qu'au regard de « ses effets néfastes sur les plages
et les récifs coralliens », elle devrait être purement et simplement interdite n.
La protection des plages publiques est assurée sur la base du Local Government Act qui
donne aux autorités locales compétence pour la gestion de celles-ci. Toutefois, le développe-
ment du tourisme a conduit à une recentralisation de l'exercice effectif de cette compétence au
niveau du ministère de l'Administration territoriale. Une modification de la loi est intervenue
pour porter l'étendue de la plage jusqu' à 100 m à partir de la laisse de basse mer, et un règlement
d'application édicté en 1992 réglemente les déversements et le transport des déchets. Les autres
utilisations de la plage font l'objet d'un autre règlement de 1992 (n°172). Celui-ci régit stricte-
ment les feux de plage, l'arrivage régulier des navires, le stationnement de véhicule de toute
sorte, la circulation des chevaux et animaux domestiques, etc. Il limite par ailleurs la construc-
tibilité, la vente ambulante et l'exercice d'activités ou de jeux dangereux sur les plages. Quant
à la lutte contre l'érosion des plages, si elle n'est pas envisagée par le Local Government Act,
Y Environment Protection Act (1991) lui consacre son article 43, et il faudrait y rattacher la lutte
contre le transport de masses de terre, de sable et de débris d'un endroit à un autre du fait des
grandes pluies et de cyclones qui érodent la côte et entraînent l'avancée de la mer à l'intérieur
des terres.
Maurice dispose ainsi, sans doute en raison de son insularité, d'un véritable arsenal juridique
pour la protection et la gestion de sa zone côtière et marine. Il en est de même, mais dans une
moindre mesure, de Madagascar. Le régime foncier de la zone littorale malgache résulte des
nombreux textes domaniaux. En dehors de l'ordonnance n°62-123 du 1 er octobre 1962 et du
décret n°72-272 du 21 juin 1972 relatifs à l'utilisation de terres, particulièrement à leur classe-
ment en zones, la loi n°60-004 du 15 février 1960 relative au domaine national modifiée par une
ordonnance du 20 septembre 1962 assortie d'un décret d'application du 21 juin 1964, l'ordon-
11. Voir UICN : « Protection et gestion des zones côtières et marines à Madagascar et à l'Ile Maurice ». Rapports nationaux,
par Stéphane DOUMBE-BUXE, 1994, doc. multigr pp. 24-25.
299
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
12. Ibid.
13. Voir Olf LIE, « The science of management of marine leving ressources » Nature & Ressources, UNECO, Vol. 26, n°4,
1990, p. 25.
14. Voir Olof LINDEN, « Human impact on tropical coastal zones » Nature & Ressources, op. cit., p. 5.
300
LA PROTECTION DANS LE CADRE DES LÉGISLATIONS NATIONALES
Ceux des États côtiers qui ont pris conscience de cette menace ont édicté des législations
conséquentes dans ce domaine. On ne peut cependant dire que la prise de conscience soit à cet
égard générale parmi les pays africains. En effet, si quelques pays — insulaires pour la
plupart — tels que l'Ile Maurice, Madagascar mais aussi le Togo, la Côte-d'Ivoire, le Nigeria,
le Sénégal, la Mauritanie, le Maroc, etc. disposent de réglementations spécifiques en la matière,
on ne peut en dire autant du Cameroun par exemple. Ce pays dispose pourtant d'une importante
forêt de mangroves de plus en plus menacée et ses seules eaux poissonneuses au large de la
péninsule de Bakassi ne font l'objet d'aucune protection particulière alors que ce réservoir de
poissons dont dépendent largement aussi bien les populations côtières camerounaises que celles
du Nigeria voisin se situe en pleine zone petrolifere.
Au Togo en revanche, le Code de l'environnement dispose que les travaux, ouvrages et amé-
nagements effectués dans le lit des cours d'eau et des lagunes seront conçus de façon à maintenir
un débit ou un volume minimal garantissant la vie, la circulation et la reproduction des espèces
qui peuplent les eaux au moment de la réalisation des travaux, ouvrages ou aménagements. Ceux-
ci devront être pourvus, le cas échéant, de dispositifs empêchant la pénétration du poisson dans
les canaux d'amenée et de fuite ou permettant la continuation des cycles migratoires (art. 55).
À Maurice une stratégie de conservation prenant en compte les ressources naturelles marines
a été élaborée sous forme de livre blanc (White Paper for a National Conservation Strategy
(1985)). Elle s'inscrit dans un processus plus large marqué par la « Stratégie mondiale de
conservation » publiée par FUICN en 1980, et de façon plus lointaine par le rapport de FUINC
sur « la conservation à Maurice » de 1974. Elle a été justifiée par les menaces que font peser une
urbanisation galopante, la pression démographique et les nécessités économiques. Cette straté-
gie de conservation tournée vers le futur concerne cinq grands secteurs parmi lesquels deux
directement liés à la gestion des ressources marines. Il s'agit d'abord de la conservation marine
en vue de laquelle il convient notamment de créer des parcs et réserves marins, particulièrement
pour les tortues grises, de protéger les réserves de pêche dans le lagon, d'évaluer certains stocks
et d'assurer le repeuplement. Il s'agit ensuite de l'aménagement des habitats, notamment avec
la protection des mangroves et l'étude de l'évolution des plages du point de vue de l'érosion et
des gisements de carrière. La politique de conservation à Maurice vise plusieurs objectifs :
maintenir les processus économiques essentiels et ceux, vitaux, dont dépendent la survie de
l'homme et le développement ; préserver la diversité génétique ; assurer une utilisation ration-
nelle des espèces et des écosystèmes. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement s'est
engagé : à protéger et à préserver l'environnement marin contre la pollution et tout effet désas-
treux sur les habitats, les écosystèmes rares ou fragiles et les espèces menacées ; à protéger et
conserver la pêche et les autres ressources marines, vivantes ou non, à l'intérieur de la ZEE et
dans tout espace maritime sous juridiction nationale ou faisant l'objet de droits souverains ou
de droits de pêche ; à élaborer des plans de gestion et des législations de mise en œuvre appro-
priées, à promouvoir des recherches, et à surveiller et établir là ou cela est nécessaire des aires
protégées. À cet égard le Fisheries Act (1980) prévoit de façon générique la protection des pois-
sons et de l'environnement. L'article 9 de cette loi interdit la pêche ou la détention de petits pois-
sons, de crabes (« carlet » serrata), langoustes, et de manière générale de tout crustacé porteur
d'œufs. Toutefois, cette interdiction peut être discrétionnairement levée par l'instance compé-
tente, en ce qui concerne les petits poissons, à des fins scientifiques ou de reproduction notam-
ment pour la pisciculture marine 15. Le Wildlife Act (1983) permet, sous sa forme actuelle, la
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DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE
protection de l'ensemble de la vie sauvage marine, à l'exception des espèces figurant sur la
seconde liste annexée à cette loi. Il n'existe pas pour l'instant, d'aires protégées marines, le
Fisheries Act se contentant de mettre en place des zones de pêche.
À Madagascar, la conservation côtière et marine repose sur un document de planification et
quelques textes réglementaires relatifs essentiellement à la pêche. La Conférence sur la conser-
vation des ressources naturelles au service du développement (1985) comprenait quatre ateliers
dont un sur les « ressources halieutiques et côtières ». S'agissant de ces ressources, et en
s'appuyant sur l'Actefinalde Nairobi sur la protection, la gestion et la mise en valeur du milieu
marin et des zones côtières de l'Afrique Orientale, signé par Madagascar, la Conférence avait
fait des recommandations sur ces ressources ainsi que sur les ressources côtières récifales et en
mangroves, le littoral, les ressources en eau continentales et sur les phénomènes d'érosion
côtière, d'ensablement et de la pollution des eaux.
Au cours de l'année 1990, un Plan Directeur des pêches et de l'aquaculture a été adopté à la
suite de six séminaires provinciaux sur les politiques et la planification du développement des
pêches et du séminaire national sur le même objet. Il met l'accent sur la promotion des fermes
industrielles d'aquaculture avec des incitations au plan fiscal. S'agissant de la pêche maritime,
elle est encadrée par des textes fort anciens qui n'abordent pas, au demeurant, la question très
actuelle de la gestion des ressources marines. Ces textes ont par conséquent été progressivement
complétés, notamment par : le décret du 18 mai 1971 tendant à réglementer la pêche par chalu-
tage, complété par des arrêtés déterminant le maillage desfilets(8 octobre 1977) ou répartissant
les autorisations de chalutage dans la zone protégée (3 janvier 1991) ; les arrêtés du 5 février
1978 réglementant la pêche aux holothuries et la récolte des algues et diverses herbes marines ;
l'arrêté du 16 août 1990 tendant à abroger les règles antérieures et posant de nouvelles règles
relatives à l'exploitation des langoustes, des crabes, des holothuries, des algues et des crevettes.
Il a été suggéré qu'à cet ensemble de textes relativement complexes et peu élevés dans la hié-
rarchie des normes juridiques soit substituée une législation nouvelle plus globale qui pourrait
être élaborée avec l'assistance de la FAO l6 .
En ce qui concerne les aires protégées marines, il n'existe pas de législation spécifique en la
matière et de telles aires n'ont pas encore été créées à ce jour. Seul un projet de réserve, la réserve
marine de Tuléar, a été approuvé en 1994 dans le cadre d'un projet de la Commission de l'Océan
Indien (COI) l7 .
16. Voir N. BONUCI, La législation des pêches à Madagascar, propositions pour de nouveaux instruments juridiques en
matière de pêche et d'aquaculture. Bureau juridique de la FAO, juin-oct 1992.
17. Voir S. DOUMBE-BILLE, op. cit.
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