Modélisation D'un Moteur Complet en Perte D'aube en Dynamique Rapide
Modélisation D'un Moteur Complet en Perte D'aube en Dynamique Rapide
Modélisation D'un Moteur Complet en Perte D'aube en Dynamique Rapide
dynamique rapide
Nicolas Cosme
ÉCOLE DOCTORALE
Thèse de Doctorat
Diplôme délivré conjointement par
L'École Centrale de Nantes et l'Université de Nantes
Présentée par :
Nicolas COSME
LE 18 MAI 2004
A L’ECOLE CENTRALE DE NANTES
JURY
Mots-clés :
Perte d’aube fan, simulation numérique, schéma d’intégration explicite, calcul dynamique transitoire, homogénéisation.
To ensure the safety of the passengers, the requirements of the airworthiness authorities certification include the demonstration of a
successful fan blade-off test performed on a whole engine. In order to comply with these severe criteria, manufacturers perform
expensive containment spin tests during the design phase. The numerical prediction of the blade-off with the Finite Element method is
then an appropriate mean to prevent the financial and technical risks and the time delay due to a mechanical failure during the tests.
The design of an engine subjected to a fan blade-off requires the determination of load levels at several points of the whole engine. The
traditional numerical analyses include only a refined model of the front part of the engine, where the main transient and non-linear
phenomena occur, for explicit computations and include a simplified model of the whole structure for implicit analyses. Nevertheless,
these models are not suitable enough to predict accurately the engine behavior during the first critical times following the blade loss. The
objective of the thesis is thus to simulate for the first time at SNECMA Moteurs the fan blade loss on an engine representative of a real
engine, with a refined model and in a time compatible with an industrial use. The fast dynamics code called Plexus, following an explicit
integration scheme, allows to model the main transient and highly non-linear events occurring during the blade-off. An important work
has been carried out on the modeling of the engine components to obtain new results close to the experimental data and useful for the
design, with a reduction of the computation time. In particular, an homogenization method has been applied to simplify the initial model
of the hollow blade. The overall behavior of the engine with this new and less expensive blade model is preserved.
Mots-clés :
Fan blade-off, numerical simulation, explicit integration scheme, fast transient dynamics, homogenization.
INTRODUCTION 9
CHAPITRE 2 Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur 25
I. Formulations et méthodes de résolution 25
I.1 Etat de l’art de l’utilisation des techniques de résolution en dynamique des
structures 26
I.2 Formulation lagrangienne des milieux continus en grandes transformations 27
I.3 Plasticité et lois de comportement 29
I.4 Gestion des contacts 29
I.5 Intégration temporelle : méthode et caractéristiques 30
Présentation de la géométrie 34
III. Présentation du modèle Eléments Finis 35
III.1 Modèle d’aube creuse 36
III.2 Modèle de palier 37
III.3 Modèle de bride boulonnée 38
III.4 Modèle de liaison élastomère 39
IV. Les étapes d’un calcul de perte d’aube en explicite 40
IV.1 Calcul de précontraintes 40
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
-2-
Table des matières
BIBLIOGRAPHIE 137
-3-
Table des illustrations
Figures
figure 1 Coupe d’un CFM56-7. _________________________________________ 14
figure 2 Description du problème physique posé sur un solide de l’espace. ________ 28
figure 3 Description lagrangienne de la transformation du solide S entre ses
configurations Ω 0 et Ω. ________________________________________ 28
figure 4 Vue du démonstrateur dans sa configuration au banc d’essai. ___________ 35
figure 5 Vues de la géométrie du modèle EF du démonstrateur dans sa configuration au
banc d’essai. ________________________________________________ 36
figure 6 Modèle d’aube creuse en éléments SHB8. __________________________ 37
figure 7 Modèle de palier constitué de deux réseaux de barres._________________ 38
figure 8 Modèle de bride utilisant une égalité de déplacement des nœuds en vis-à-vis.38
figure 9 Géométrie de la liaison élastomère. _______________________________ 39
figure 10 Modèle de la liaison élastomère. _________________________________ 39
figure 11 Contraintes de Von Mises dans l’élément le plus contraint et déplacement d’un
nœud en sommet d’aube. _______________________________________ 41
figure 12 Iso-contraintes de Von Mises stabilisées sur le rotor.__________________ 41
figure 13 Détermination numérique des plans de fragmentation de l’aube lâchée. ___ 42
figure 14 Modèle simplifié pour la détermination de la séquence de fragmentation de
l’aube lâchée.________________________________________________ 43
figure 15 Positions et instants d’apparition des plans de fragmentation de l’aube lâchée.
__________________________________________________________ 44
figure 16 Trois premiers plans de fragmentation déterminés dans la simulation._____ 44
figure 17 Comparaison calcul / essai de la chronologie des événements en perte d’aube.
__________________________________________________________ 46
figure 18 Comparaison calcul / essai des zones d’impact de l’aube lâchée sur le carter
de rétention._________________________________________________ 47
figure 19 Comparaison calcul / essai de la position relative d’impact de l’aube lâchée
sur l’aube adjacente. __________________________________________ 48
figure 20 Comparaison calcul / essai de la flexion l’aube adjacente.______________ 48
figure 21 Rupture des raidisseurs de l’aube adjacente par cisaillement et flambage.__ 49
figure 22 Impact de l’aube lâchée sur l’aube pour les trois modèles.______________ 50
figure 23 Positionnement des jauges sur le support palier 1.____________________ 51
-5-
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
-6-
Table des illustrations
-7-
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Tableaux
tableau 1 Comparaison des tailles des modèles complets et gains en temps de calcul. _ 80
tableau 2 Taille des modèles de rotor et de démonstrateur complet. _____________ 103
tableau 3 Comparaison des temps de calcul. _______________________________ 130
tableau 4 Caractéristiques de l’oiseau. ___________________________________ 131
tableau 5 Comparaison des 2 modèles de carter intermédiaire et du carter expérimental.
_________________________________________________________ xvii
tableau 6 Comparaison des modes entre les deux modèles de carter intermédiaire et le
carter expérimental. _________________________________________ xviii
tableau 7 Comparaison des modes entre les deux modèles de moteur complet. ______ xx
-8-
Introduction
INTRODUCTION
Pour les motoristes, la sûreté des passagers et des personnes survolées est une priorité.
Avant l’exploitation commerciale d’un nouveau turboréacteur civil, celui-ci doit répondre aux
exigences de certification établies par les autorités aéronautiques civiles internationales. La
perte accidentelle d’une aube de soufflante constitue l’une des démonstrations de conformité
sanctionnée par un essai au sol sur un moteur complet et dont les critères de réussite sont
sévères. Cet incident majeur est un fait certes rarissime mais dont les conséquences sur le
moteur, l’avion, les passagers et les personnes survolées peuvent être catastrophiques. C’est
pourquoi les motoristes consentent à améliorer sans cesse la tenue des moteurs en perte
d’aube. Au-delà du défi technologique proposé par cette tâche, la maîtrise du
dimensionnement du moteur lors de cette situation exceptionnelle est un argument
commercial notable auprès des avionneurs.
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- une seconde phase de décélération se produisant sur des temps physiques beaucoup plus
longs et consistant en une réponse transitoire de phénomène relevant de la dynamique
lente ou en une réponse harmonique à balourd.
D’une part, le calcul implicite permet de reproduire la réponse d’une structure sur des
temps physiques assez longs. Il requiert néanmoins des simplifications géométriques pour
assurer la convergence du schéma itératif et réduire les temps de calcul. En perte d’aube, la
modélisation comprend alors une représentation grossière du moteur complet et s’adapte
parfaitement à l’étude de la seconde phase pilotée par les effets d’ébranlement.
Si la prédiction des essais partiels de perte d’aube en explicite est indispensable pour
l’optimisation des composants, la forte interaction entre les différentes parties dans la réponse
globale et les performances du moteur forcent de plus en plus à modéliser le moteur complet
pour déterminer des comportements réalistes d’un moteur réel. En effet, outre la rétention, la
certification impose de démontrer que l’intégrité du moteur est conservée. Au stade du
dimensionnement, il devient nécessaire de déterminer les charges générées dans l’ensemble
de la structure et d’évaluer la tenue des différents composants et de l’environnement moteur
(suspensions moteur, nacelle…). Les charges en perte d’aube conditionnent les
caractéristiques de composants structuraux (carters, brides, paliers, accroches…), qui elles-
mêmes vont déterminer le comportement d’ensemble. Il est donc important de disposer de
niveaux de charge réalistes pour optimiser la conception.
- 10 -
Introduction
peuvent alors être listés. Ceci constitue la phase d’analyse des phénomènes et des composants
devant être impérativement présents ou pouvant être négligés dans la modélisation.
Après avoir justifié l’utilisation de l’algorithme explicite implémenté dans le code
Plexus [Lepareux, 1997] et rappelé les principes de sa résolution, une simulation de perte
d’aube sur une géométrie partielle pour laquelle les résultats d’essai sont disponibles est
réalisée à l’aide de ce code et avec les pratiques courantes à Snecma Moteurs. La seule
exception réside dans la présence d’une technologie innovante d’aube et d’un élément fusible,
dit découpleur, dont la modélisation apporte une difficulté supplémentaire. Cette étude
correspond au deuxième chapitre.
Enfin, dans le cinquième chapitre, des solutions prometteuses aux lacunes déjà
évoquées sont envisagées. Les modèles actuels souffrent d’un cruel manque de précision sur
des comportements essentiels à reproduire en vue d’un dimensionnement plus prédictif : la
fragmentation de l’aube éjectée lors de l’impact sur le carter, les risques de rupture du carter
de rétention et des autres aubes. Le principe et l’intérêt d’un critère d’endommagement recalé
sur des essais, en cours de développement par un doctorant, sont alors succinctement décrits.
Il s’agit également d’utiliser des techniques numériques de réduction de temps de calcul,
basées sur la décomposition de domaine et développées en externe. Celles-ci n’étant pas
encore totalement implémentées et validées dans le code Europlexus n’ont pu être évaluées
que sur des modèles simplifiés, mais dans la mesure du possible représentatifs des
applications industrielles standard.
- 11 -
Chapitre 1 : Contexte général et présentation de la perte d’aube
CHAPITRE 1
Contexte général et présentation de la perte d’aube
I.1 Terminologie
Le stator est composé de deux lignes de carter guidant l’écoulement d’air dans le flux
primaire et le flux secondaire. Il inclut notamment le carter de rétention au niveau de la
soufflante, le carter intermédiaire, les carters respectifs des compresseurs et des turbines et le
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
carter d’échappement. Le moteur est relié à l’aile de l’avion au niveau des carters
intermédiaire et d’échappement, qui jouent par conséquent un rôle structural essentiel.
Le rotor est constitué d’un arbre sur lequel s’accrochent les diverses roues aubagées
mobiles. Se distinguent la soufflante traversée par l’air entrant dans le moteur, puis
successivement les deux compresseurs, et enfin les deux turbines après que l’air a traversé la
chambre de combustion. L’arbre est guidé en rotation par plusieurs roulements à billes et à
rouleaux, appelés paliers, supportés par des supports palier accrochés au stator.
Carter de rétention Carter intermédiaire OGV Carter d’échappement
Aube fan
Plate-forme Arbre
Un turboréacteur absorbe de l’air qu’il rejette vers l’arrière à grande vitesse. La force de
réaction des gaz éjectés du moteur, appelée poussée, est proportionnelle à l’accroissement de
la vitesse du flux à travers le turboréacteur et à la masse d’air qui traverse la machine. Pour
que cette masse d’air ait une vitesse de sortie plus grande que sa vitesse d’entrée, il faut
qu’elle acquière de l’énergie. Pour cela, elle subit des transformations. Le principe de
fonctionnement se décompose alors en trois grandes étapes thermodynamiques successives.
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Chapitre 1 : Contexte général et présentation de la perte d’aube
La partie externe, dite flux secondaire, sort quant à elle directement à l’extérieur du moteur,
guidée par des redresseurs, ou OGV (Outlet Guide Vanes). Ce flux secondaire sert également
lors de l’inversion de poussée nécessaire au freinage de l’avion pendant la phase
d’atterrissage.
I.2.2 Combustion
Dans la chambre de combustion, l’air du flux primaire comprimé est mélangé au
carburant pulvérisé par les injecteurs sous forme de gouttelettes afin d’augmenter la surface
d’interface entre les gaz et le combustible, puis s’enflamme, provoquant une augmentation de
température. L’énergie chimique du mélange air / kérosène est ainsi transformée en énergie
calorifique communiquée aux gaz.
A défaut de pouvoir éviter totalement l’éventualité d’une perte d’aube, les motoristes
essaient d’en limiter les effets et d’assurer la tenue des composants structuraux essentiels.
Pour cela, ils procèdent à des essais partiels au sol afin d’observer la séquence d’événements,
de mesurer l’intensité des charges et de vérifier la tenue des différents composants. Ces essais
permettent de valider la conception, ou au contraire de mettre en évidence ses principales
faiblesses. Au final, les moteurs doivent subir un essai de qualification sévère avant de
pouvoir être montés sur avion et exploités commercialement.
Il est indiscutable qu’une situation accidentelle de type perte d’aube fan aurait des
conséquences graves si des fragments d’aube percutaient l’aile remplie de carburant, le
fuselage pressurisé ou si le moteur se décrochait de l’aile. La certification représente donc
l’ensemble des actions qui permettent aux motoristes et aux avionneurs de démontrer un
niveau de sécurité minimal et indispensable pour les passagers, l’équipage naviguant et les
personnes survolées. Deux règlements font référence dans le monde occidental de
l’aéronautique civile :
- les FAR (Federal Aviation Regulations) aux Etats-Unis sont imposés par la FAA
(Federal Aviation Administration),
- les JAR (Joint Aviation Requirements) en Europe sont imposés par la JAA (Joint
Aviation Authorities).
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Parmi ceux-ci, la FAR 33 [FAA, 1984] et le JAR-E sont directement applicables aux
moteurs. Les principaux événements potentiellement catastrophiques et indésirables sont,
pour un système propulsif en vol incluant les phases de décollage et d’atterrissage :
- la rupture de la suspension reliant le moteur à l’aile,
- le feu, de type feu titane ou suite à la rupture d’une canalisation de carburant,
- l’incapacité d’arrêter le moteur,
- le déploiement intempestif des inverseurs de poussée,
- la toxicité de l’air délivré en cabine,
- l’éclatement de pièces à haute énergie, dont les aubes fan.
Pour la perte d’aube, les instances imposent aux motoristes d’être conformes aux
règlements FAR 33-77-19 et JAR-E C-3-4 et de « démontrer que chaque aube individuelle de
compresseur ou de turbine est contenue après rupture et que l’avion n’est pas mis en danger
suite à d’autres dommages au moteur susceptibles de se produire avant l’arrêt du moteur
consécutif à la perte d’aube ».
Le processus de certification consiste alors à prouver par un essai moteur que la sécurité
du vol est assurée. L’essai est réalisé sur un moteur complet, au sol sur un banc en air
spécifique, en lâchant une aube à la vitesse de rotation maximum. La manette des gaz est
baissée 15 secondes après le tir, ce qui correspond au temps admissible nécessaire au pilote ou
la régulation automatique pour couper le moteur. Lorsque le moteur a satisfait à toutes les
démonstrations de conformité, un certificat officiel de navigabilité de type moteur est délivré.
Celui-ci permet la production et l’exploitation commerciale du moteur civil. Des exigences de
maintien de la navigabilité imposent également des actions continues de contrôle et de
maintenance des moteurs en service.
Bien que l’essai final sur moteur soit réalisé à l’air libre, le démonstrateur partiel est
généralement monté dans un banc d’essai sous vide afin que le rotor puisse être entraîné par
un moteur électrique sans avoir à fournir le travail nécessaire à la compression de l’air. De
plus, les essais en air nécessitent des installations particulières plus lourdes afin de permettre
l’admission et l’évacuation d’une grande quantité d’air. Le débit d’air massique d’un moteur
civil de la gamme de poussée d’un CFM56-7 à la vitesse nominale est en effet de l’ordre de
300 à 400 kg.s-1. Par ailleurs, pour la validation de la tenue mécanique des aubes et du carter
de rétention, les effets des forces aérodynamiques peuvent être négligés.
Plusieurs caméras grande vitesse sont disposées dans le banc et permettent de
reconstituer le scénario de l’essai et d’analyser des trajectoires. Pour acquérir des grandeurs
plus utiles au dimensionnement, le moteur est instrumenté par différents moyens de mesure
(accéléromètres, jauges de déformations…) dans les zones dignes d’intérêt. Pour initier
intentionnellement la perte d’une aube au cours de ces essais, une charge explosive au
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Chapitre 1 : Contexte général et présentation de la perte d’aube
déclenchement piloté est placée sur le pied de l’aube lâchée. Le moteur d’entraînement est
alors découplé de l’arbre moteur pour permettre la décélération.
L’analyse des données expérimentales acquises par Snecma Moteurs, lors d’essais
partiels et de certification autorise la détermination d’un déroulement chronologique type
d’une perte d’aube. Celui-ci peut alors être décrit par une série de croquis simplifiés du
moteur lors de chacune des principales étapes.
Lorsque l’aube est lâchée (schéma 1), elle peut tout d’abord entrer en contact avec la
plate-forme située entre l’aube lâchée et l’aube adjacente (schéma 2). Les plates-formes dont
le rôle est purement aérodynamique sont le plus souvent pourvues de bords fusibles. Ceux-ci
permettent en cas de contact avec les aubes fortement fléchies suite à une ingestion d’oiseau
ou une perte d’aube, de privilégier la rupture des plates-formes et de limiter le risque de
rupture des aubes. Le sommet de l’aube lâchée impacte alors le carter de rétention (schéma 3)
et l’aube se fragmente une première fois (schéma 4). Plusieurs séquences d’impact sur le
carter suivies d’une fragmentation de l’aube se succèdent, provoquant localement
d’importantes déformations plastiques et d’éventuelles déchirures. Si le carter est perforé,
certains fragments sont susceptibles d’être éjectés à l’extérieur du moteur. Les morceaux
contenus sont centrifugés par les autres aubes, percutent le carter, puis sont éjectés vers
l’arrière du moteur dans le flux secondaire. Ils risquent également d’endommager les OGV et
le carter intermédiaire. L’aube adjacente toujours entraînée par le rotor entre en contact avec
le pied de l’aube lâchée (schéma 5). En fléchissant (schéma 6), elle peut s’appuyer sur l’aube
suiveuse (schéma 7) et risque de se casser au niveau de la zone fléchie (schéma 8).
Suite à l’excentrement du rotor, les aubes fan frottent sur le carter déjà déformé et
ovalisé par les différents impacts (schéma 9). De même, les aubes des compresseurs et des
turbines frottent sur les carters et peuvent se casser (schéma 10). Les charges induites par les
impacts sur les carters peuvent conduire à des ouvertures de bride voire à la rupture de ces
liaisons boulonnées (schéma 11) et le balourd du rotor déséquilibré peut faire casser les
bagues de roulements. Afin de limiter les efforts transitoires trop importants dans les pièces
structurales essentielles, en particulier le carter intermédiaire, et assurer la tenue à la charge
du moteur, des dispositifs fusibles sont susceptibles de se casser (schéma 12). Plusieurs
technologies de découpleur sont possibles. Quoiqu’il en soit, leur rupture autorise toujours un
plus grand débattement radial du rotor. On note que bien évidemment, selon le type de moteur
et les jeux en sommet d’aube notamment, les contacts des aubes sur les carters (schéma 10)
peuvent intervenir avant ou après la rupture du découpleur, c’est-à-dire plus ou moins tôt dans
cette chronologie qui couvre essentiellement les premiers tours moteur.
Par la suite, le moteur n’assure plus son rôle propulsif parce que les compresseurs ne
permettent pas un taux de compression suffisant à la combustion. Le rotor décélère alors
rapidement jusqu’à atteindre une vitesse de rotation entretenue par l’écoulement de l’air de
l’avion qui continue à voler. Le taux de décélération peut atteindre 30 000 tr.min-1.s-1 pendant
les premiers tours moteur. Cet état stabilisé est appelé « windmilling ». Lors de cette
décélération et du windmilling, les modes propres de vibration de l’arbre peuvent être excités
(schéma 13), avec pour conséquences possibles, des contraintes très importantes dans
l’ensemble de la structure par sollicitation des modes propres des autres composants, et la
rupture de composants tels que les accroches avec l’aile (schéma 14). Par ailleurs,
l’ébranlement du moteur peut accentuer les déchirures éventuelles sur les carters. Enfin, cet
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
état peut conduire à un couplage par frottement entre les modes du carter et ceux d’une roue
aubagée au niveau du fan ou des compresseurs. On parle alors d’interaction rotor / stator.
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Chapitre 1 : Contexte général et présentation de la perte d’aube
axe moteur
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
schéma 13 Passage d’un mode d’arbre schéma 14 Efforts dans les liaisons à l’aile
Cet enchaînement d’événements montre tout d’abord que la perte d’aube peut se
décomposer en deux phases successives. La première, se produisant sur les premiers tours
moteur, se caractérise par la présence de fortes non-linéarités de comportement des matériaux
et de contact. La seconde consiste en une phase de décélération sur des temps physiques plus
longs, qui sont essentiellement le siège de vibrations d’ensemble de la structure. Par ailleurs
cette description met en évidence le caractère de comportement global à l’échelle du moteur à
travers l’interaction entre les différents composants, depuis l’aube lâchée jusqu’aux points
d’accroche à l’aile de l’avion situés plus en aval au sens de la direction du flux d’air.
Les phénomènes énumérés n’ont pas tous la même importance au sens de leur
contribution dans le déroulement de la perte d’aube et de leurs conséquences sur la réponse
locale et globale du moteur. Ainsi, dans l’optique de la prédiction numérique du
comportement d’un moteur complet en perte d’aube, il convient de les classer par ordre de
criticité pour pouvoir créer un modèle industriel viable, c’est-à-dire le plus simple possible
mais donnant des résultats précis. Il n’est par exemple pas nécessaire de détailler une zone du
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Chapitre 1 : Contexte général et présentation de la perte d’aube
moteur peu sollicitée ni de représenter tous les petits fragments d’aubes qui sont « absorbés »
à l’arrière et qui ont peu d’influence.
Cette hiérarchisation est basée d’une part sur la connaissance de la chronologie acquise
expérimentalement et numériquement. D’autre part, l’absence de modèle numérique approprié
ou de données d’essais suffisamment précises ne permet pas d’étudier l’influence de certains
phénomènes sur le comportement du moteur. Ces événements sont donc supposés
négligeables a priori. Ceci conduit alors à créer deux catégories.
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- contact des aubes du compresseur Basse Pression sur les carters de compresseur,
- efforts dans les brides, instant de la rupture des éléments fusibles éventuels.
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Chapitre 1 : Contexte général et présentation de la perte d’aube
caractérisée précisément en dynamique sous fortes sollicitations. Elle peut par conséquent être
en première approximation considérée comme ayant un comportement élastique linéaire.
Malheureusement, les essais étant lourds à mettre en œuvre, très coûteux et effectués
après la production des premiers prototypes, tout échec contrarierait le projet moteur par le
surcoût considérable et les délais nécessaires à une reconception totale ou partielle des
composants. La nécessité de la prédiction par simulation numérique du comportement du
moteur en perte d’aube prend alors toute sa dimension sur le plan industriel, économique et
stratégique pour un motoriste : elle est primordiale pour concevoir précisément, limiter le
risque d’échec et réduire le nombre d’essais. Par ailleurs, tout changement à la définition des
composants principaux déjà certifiés (par exemple les aubes de soufflante et le carter de
rétention pour la perte d’aube) nécessite une recertification complète, dont celle de perte
d’aube. Ainsi, la démonstration auprès des autorités compétentes de la maîtrise de la
prédiction numérique pour un essai moteur en perte d’aube pourrait s’appliquer dans le cas
d’une modification mineure de la géométrie de ces pièces. Si l’essai de certification sur le
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
moteur complet initial est incontournable, le même essai pour le moteur complet modifié
pourrait être évité. Il pourrait être remplacé par quelques essais partiels concluants étayés par
des résultats de calcul, moins chers que la série d’essai complète.
Les simulations correspondantes requièrent des modèles adéquats, dont la précision est
le point critique dans la réussite de cet enjeu crucial. Parmi les méthodes de résolution
adaptées à ces problèmes dynamiques, on retrouve la classe traditionnelle des codes Eléments
Finis implicites et explicites. Malgré les avancées colossales dans le domaine de la puissance
informatique, les coûts en temps de calcul et les tailles en mémoire engendrées par
l’utilisation de modèles trop détaillés ne sont pas viables dans un contexte industriel. En effet,
parallèlement à ces progrès, la complexité des phénomènes physiques à reproduire augmente
sans cesse, accroissant de ce fait la complexité et les temps de calcul, alors que les cycles de
conception doivent diminuer.
Dans le cadre de cette thèse, l’objectif est de collaborer à la réalisation d’une simulation
prédictive de la première phase identifiée de la perte d’aube sur un démonstrateur
représentatif d’un moteur complet, dans des temps acceptables pour les bureaux d’études.
Lors de cette première phase, le démonstrateur subit de nombreuses et fortes non-linéarités,
liées aux grandes transformations, aux comportements des matériaux et aux différents
contacts. La qualité de la prédiction requiert par conséquent une représentation locale assez
détaillée. Ainsi, l’étude de la physique du phénomène à reproduire conduit tout d’abord à
effectuer un choix sur la méthode numérique la plus appropriée parmi les codes Eléments
Finis disponibles. Les spécificités de la technique retenue imposent un certain nombre
d’hypothèses de modélisation et un déroulé opératoire particulier. Ces points étant décidés,
une première étude est réalisée avec les pratiques et outils actuels de Snecma Moteurs sur un
démonstrateur partiel ayant subit un essai de rétention d’aube. La simulation du
comportement d’un tel démonstrateur, et a fortiori celle sur le démonstrateur cible plus
complet et complexe, fait naître le besoin d’améliorer la modélisation et la prédictivité de
certains composants et de réduire les temps de calcul en vue d’une utilisation industrielle aux
bureaux d’études.
- 24 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
CHAPITRE 2
Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant
de moteur
Ce chapitre propose dans un premier temps de justifier l’utilisation d’un code Eléments
Finis de dynamique rapide de type explicite, pour prédire le comportement du démonstrateur
lors de la première phase transitoire de la perte d’aube, puis de présenter les principes de la
méthode de résolution du schéma explicite implémenté dans le code Plexus [Lepareux, 1997].
La description de la géométrie et les caractéristiques du modèle Eléments Finis du
démonstrateur dans sa configuration au banc d’essai sont ensuite présentées. La mise en
œuvre complète du calcul de perte d’aube avec les pratiques actuelles est à son tour exposée,
avant d’effectuer les comparaisons entre le calcul et l’essai. Le chapitre s’achève par les
conclusions sur la validité et la qualité du modèle, et un examen des développements
nécessaires pour la simulation de la perte d’aube sur un moteur complet.
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
La méthode des Eléments Finis est traditionnellement utilisée dans l’industrie pour la
résolution numérique approchée de problèmes mécaniques complexes, statiques ou
dynamiques, dont on ne peut trouver de solution analytique [Zienkiewicz, 1973]. Cette phase
de discrétisation spatiale permet de passer du système mécanique réel continu à un système
discret. Pour résoudre le système d’équations aux dérivées partielles du second ordre
relativement à la variable temporelle issu de l’écriture du principe fondamental de la
dynamique, deux approches sont envisageables : la superposition modale et l’intégration
temporelle directe. La superposition modale consiste à projeter la réponse dynamique d’une
structure (par exemple le champ de déplacement discrétisé) sur un sous espace de dimension
inférieure à celle du problème initial. Les vecteurs de base de ce sous-espace doivent décrire
avec précision le comportement de la structure. Une base constituée d’un nombre fini de
modes propres est le plus souvent utilisée. Cette méthode est particulièrement performante
pour les problèmes linéaires où le contenu fréquentiel de l’excitation ne nécessite qu’un
nombre limité de modes à retenir pour obtenir une réponse précise. Or, le phénomène de perte
d’aube fait intervenir des comportements dynamiques fortement non-linéaires pour lesquels la
résolution par les techniques d’intégration directe est plus efficace. Deux familles se
distinguent alors : les méthodes dites implicites et explicites, dont les spécificités permettent
de rendre compte de phénomènes physiques dans des domaines de sollicitation particuliers.
- 26 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
de la perte d’aube fan [Paradis, 1994], [Lawson, 1997], [Carney, 2003], ou encore de la
rupture d’élément tournant de turbine [Kraus, 2002].
La chronologie de la perte d’aube sur moteur a montré que celle-ci peut se décomposer
en deux phases. La première concerne uniquement les quelques premiers tours moteur où se
déroulent les principaux phénomènes transitoires fortement non-linéaires localisés dans la
partie avant du moteur. Des petits pas de temps sont nécessaires pour capter le contenu hautes
fréquences de la solution dynamique rapide. Il apparaît alors que la formulation explicite est
plus adaptée à l’étude des premiers tours moteur. La seconde consiste en une phase de
décélération sur des temps physiques beaucoup plus longs, jusqu’au « windmilling », donc en
une réponse harmonique avec de possibles contacts d’aubes sur les carters et un risque
d’excitation des modes propres. Pour de la dynamique plus lente, le schéma d’intégration
implicite inconditionnellement stable permet l’utilisation de pas de temps plus grands et
convient parfaitement pour l’étude de cette phase où les phénomènes d’ébranlement
prédominent.
Toutefois, la tendance industrielle actuelle consiste à réaliser des simulations sur des
modèles de plus en plus complets et sur des temps physiques de plus en plus longs, faisant
cohabiter au sein d’une même modélisation des phénomènes multi-échelles en espace et en
temps. Le développement de méthodes plus adéquates et économiques en temps de calcul est
alors nécessaire. Ainsi certains auteurs [Bui, 2002] proposent des schémas d’intégration
implicite particulier (algorithme de type θ-method couplés à l’utilisation d’éléments sous-
intégrés stabilisés contre l’Hourglass et d’une gestion performante des contacts) permettant de
réaliser des calculs très non-linéaires sur des modèles de grande taille en nombre de degrés de
liberté, plus rapidement qu’avec les schémas implicites plus classiquement utilisés dans
l’industrie. De même, un couplage entre les formulations explicite et implicite peut être
réalisé : soit d’une manière dissociée, avec un enchaînement de calculs explicite et implicite
pour certaines simulations impliquant successivement des phénomènes avec de fortes puis de
faibles non-linéarités [Finn, 1995] ou soit de manière continue, en autorisant le passage
automatique d’un schéma à l’autre sur l’ensemble de la structure [Noels, 2002]. La bascule de
l’explicite à l’implicite, et inversement, est alors basée sur un critère de mesure d’erreur
permettant de déterminer la taille du pas de temps nécessaire à chacun des deux algorithmes
pour intégrer correctement le système. Toutes les données nécessaires à la bonne continuité
mathématique et physique du calcul doivent être transférées en assurant la stabilité et
l’équilibre de la structure. Enfin, dans le cadre de cette étude, la possibilité de coupler
simultanément le même schéma explicite dans des zones de la structure caractérisées par des
phénomènes à échelles de temps et d’espace différents [Faucher, 2003] est abordée. Par
conséquent, le schéma explicite est privilégié pour les simulations de perte d’aube sur les
premiers tours moteur.
En premier lieu, les trois principales sources de non-linéarités que sont les grandes
transformations, la plastification des matériaux ainsi que le contact sont introduites. Puis
l’algorithme explicite des différences centrées implémenté dans le code de dynamique rapide
Plexus [Lepareux, 1997] est décrit. Plexus a été développé au C.E.A. (Commissariat à
l’Energie Atomique) pour les problématiques d’impact d’avion léger sur les centrales
nucléaires et du couplage fluide-structure lors d’explosion dans le réacteur par exemple.
Dans cette section, les notations suivantes sont empruntées à [Dubigeon, 1992].
- 27 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
V Γf
fv
fs
figure 2 Description du problème physique posé sur un solide de l’espace.
Le solide dans sa configuration initiale Ω0 subit de grandes transformations au cours du
temps, et occupe la configuration Ω à un instant t (figure 3).
t0, Ω0
t, Ω
u+du
dx0
x0
u dx
x
- 28 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
configuration actuelle. Pour cela, il faut écrire la variation de la normale à une surface
élémentaire ds à l’aide du gradient de la transformation : n 0 .ds 0 = det (G ).G − t .n.ds (1)
avec :
G le gradient de la transformation permettant le passage de la configuration actuelle à la
configuration initiale défini par : G = grad x (x 0 ) (2)
et où l’indice x indique que les dérivées sont effectuées par rapport aux coordonnées de
la configuration actuelle Ω.
Ainsi, le passage du tenseur des contraintes de Cauchy au pas t0, écrit dans la
configuration du pas t0, au tenseur des contraintes de Piola-Kirchoff au pas t0, écrit dans la
configuration actuelle du pas t, est donné par :
( −t
)
∫ σ.n 0 .ds 0 = ∫ σ. det(G ).G .n.ds = ∫ det(G ).σ.G .n.ds
−t
(3)
∂V0 ∂V ∂V
Le tenseur des contraintes de Piola-Kirchoff s’écrit alors :
π = det (G ).σ.G − t (4)
Dans une formulation explicite, le calcul de l’incrément de contrainte entre deux pas de
temps de calcul est effectué à partir de l’incrément de déformation et de la loi de
comportement en supposant que le matériau reste élastique. Cependant, lorsque le matériau
plastifie, il est nécessaire de corriger la nouvelle contrainte calculée élastiquement afin de
suivre réellement la loi de comportement et prendre en compte l’écrouissage. La méthode de
retour radial [Crisfield, 1991] présentée en Annexe 2 permet de projeter la contrainte élastique
sur la courbe de traction élasto-plastique. Contrairement au cas des algorithmes itératifs, elle
ne nécessite aucune itération : ceci confère donc au schéma explicite une grande rapidité du
traitement de la plastification.
Dans une simulation de perte d’aube, l’un des enjeux majeurs réside dans la précision
de la détection des contacts et du calcul des efforts de contact. La détection dans le code
- 29 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Plexus est assurée par une technique faces maîtres / nœuds esclaves. D’autres procédés,
utilisant une détection par recherche d’intersection d’entités géométriques définies par des
splines par exemple [Arnoult, 2000], ont été étudiées ou implémentées. Cette dernière est
spécialement adaptée pour les contacts sur le carter, c’est-à-dire sur des surfaces cylindriques,
car la détection s’affranchit de la facétisation de la discrétisation Eléments Finis. Néanmoins,
le surcoût en temps apporté par cette technique n’est pas justifié par rapport au gain en
précision dans notre application.
En ce qui concerne le calcul des efforts de contact, plusieurs approches existent. Tout
d’abord, la méthode des pénalités [Hallquist, 1985] est la plus couramment utilisée dans les
codes explicites commerciaux de type « accélération » comme Plexus. La force de contact,
répartie sur les nœuds de la zone impliquée dans le contact, est alors proportionnelle à la
profondeur de pénétration et à une raideur dite de pénalisation introduite par l’utilisateur.
Cette méthode simple de mise en œuvre, rapide et ne nécessitant aucune gestion de la perte de
contact, peut être efficace : elle requiert toutefois une attention particulière dans la définition
de la raideur de contact appropriée. Ensuite, la méthode des multiplicateurs de Lagrange,
implémentée dans Plexus par [Bonini, 1995], consiste à écrire l’effort de contact sous forme
d’un multiplicateur de Lagrange. Aucune donnée utilisateur de type raideur n’est alors
nécessaire et, contrairement à la méthode des pénalités, elle assure la continuité du contact.
Elle peut être couplée, afin de traiter toutes les liaisons de contact en même temps, ou
découplée, afin de traiter chaque zone de contact indépendamment. La première technique
assure une plus grande cohérence dans la mesure où tous les efforts de contacts sont traités
conjointement, mais elle augmente fortement les temps de calcul. Pour cette raison, la
méthode découplée est utilisée dans les simulations de perte d’aube où de très nombreuses
zones de contact sont définies.
L’écriture du Principe des Travaux Virtuels (5), discrétisé en espace par Elément Finis
et assemblé sur l’ensemble de la structure, donne l’expression matricielle classique :
MU && + CU
& + KU = F ou MU && + CU
& +F = F (6)
ext int ext
avec : U, U &,U && : vecteurs des déplacements, vitesses et accélérations aux nœuds,
M : matrice de masse,
C : matrice d’amortissement,
K : matrice de raideur,
Fext : vecteur des forces extérieures,
Fint : vecteur des forces intérieures.
- 30 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
temps n, et le schéma est dit explicite. Pour le schéma explicite des différences centrées
implémenté dans Plexus, le second coefficient est γ = 1 . D’où :
2
n+1 & n ∆t && n
2
U = U n
+ ∆t U + U
2
&& n +1 &&
(8)
U & =U
n +1 & + ∆t (
n U + U n
)
2
A l’instant n, toutes les grandeurs cinématiques sont connues, et on cherche les
grandeurs du pas de temps suivant n+1. Pour ce schéma, les déplacements et donc la
configuration actuelle à l’instant n+1 sont connus dès le début du pas, et cette dernière peut
donc être prise comme configuration de référence.
I.5.2 Amortissement
Si les déplacements sont explicites, les vitesses au pas n+1 sont exprimées sous une
forme implicite, car elles dépendent d’autres grandeurs du pas n+1. Les termes
d’amortissement de l’équation (6) faisant intervenir les vitesses, leur prise en considération
induirait une résolution itérative. Or l’objectif étant que le calcul de chaque pas de temps soit
- 31 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
rapide, l’amortissement est absent. Pour l’obtention d’un résultat représentatif, ceci impose
par ailleurs de ne réaliser la simulation que sur de courtes périodes physiques où les effets de
l’amortissement peuvent être négligés.
Incrément de déformation
∆ε n +1 = Bn+1q n+1 (12)
Nouvelles contraintes
La description adoptée pour les problèmes purement mécaniques est la description
lagrangienne réactualisée : les contraintes au pas n+1 sont alors obtenues en deux étapes :
n +1
σ n+1 = π n +1 + •π n+1
n
(13)
étape 1 : Les contraintes du pas n, calculées dans la configuration de référence du pas n
sont recalculées dans la nouvelle configuration de référence du pas n+1. Le changement de
base pour un tenseur s’écrit alors selon (4) :
π n +1 = det(G ).σ n .G − t
n
(14)
étape 2 : L’incrément de contrainte entre les pas n et n+1est calculé par la loi de
comportement C :
n +1
∆π n+1 = C n +1∆ε n+1 (15)
Remarque : une méthode d’intégration réduite peut être utilisée dans plusieurs types
d’élément pour réduire les temps de calcul. Cette sous-intégration peut permettre d’éviter des
blocages volumiques ou en cisaillement mais peut conduire au phénomène d’Hourglass,
correspondant à des modes à énergie nulle. Des méthodes de stabilisation sont possibles
(intégration sélective [Malkus, 1978], techniques de projection orthogonale [Flanagan, 1981],
Assumed Strain Method [Abed-Meraim, 2001]) mais ne sont pas discutées ici.
Forces internes
Elles sont calculées par assemblage des forces internes élémentaires.
Forces externes et de liaisons
Elles sont calculées en fonction du chargement extérieur, des contacts…
- 32 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Nouvelles accélérations
Les accélérations au pas n+1 sont calculées grâce à l’équation du mouvement et des
&& n +1 = Fn +1 − Fn +1
forces internes et externes calculées précédemment : MU (17)
ext int
Nouvelles vitesses
Elles sont finalement obtenues par l’écriture du schéma d’intégration de la méthode des
différences centrées (8).
Calcul du pas de stabilité
Le pas de stabilité de chaque élément est calculé, et le pas de temps appliqué à
l’ensemble de la structure est imposé par le plus petit pas de temps élémentaire.
A l’issue de cette séquence, toutes les grandeurs relatives à l’instant n+1 sont connues,
et la boucle, décrite ci-dessous par le schéma de l’algorithme, peut recommencer depuis
l’étape du calcul et à l’instant n+2.
- 33 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Initialisations et calcul de la
matrice de masse diagonale
Incrément de déformation
(12)
Forces externes
Boucle sur les
pas de temps
Forces de liaisons
Nouvelles accélérations
(17)
Nouvelles vitesses
(8)
- 34 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Etant donné que le coût lié à l’utilisation d’un moteur complet est considérable et que
l’influence des composants situés en aval du fan pour ce type de validation partielle est
relativement limitée, le démonstrateur ne comporte que les composants strictement
nécessaires à cette démonstration (figure 4 et figure 5). Ainsi il dispose pour la partie rotor :
- de 3 aubes creuses de soufflante, séparées par des plates-formes, 1 demi-aube située
avant l’aube lâchée permettant de placer la plate-forme précédant cette aube, 18 fausses
aubes avec une masse représentative permettant de réaliser l’équilibrage du rotor,
- du disque de soufflante sur lequel les aubes fan et les plates-formes sont accrochées,
- de l’arbre Basse Pression, guidé par deux paliers, ainsi qu’un arbre de liaison au moteur
électrique d’entraînement guidé par deux autres roulements,
aube lâchée
aube adjacente
demi-aube
aube suiveuse
fausses aubes
disque
carter de rétention +
fausse manche
- 35 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
faux appui
arbre
support palier
maxifond
+équerre
virole
Une spécificité du démonstrateur réside dans la présence d’aubes fan à structure interne
creuse. Le développement de ce type d’aube est apparu avec l’exigence industrielle
d’augmenter le rendement et la poussée délivrée par les moteurs civils. Une solution consiste
à accroître le débit d’air en augmentant le diamètre de la soufflante. Néanmoins, la tenue aux
efforts centrifuges d’une soufflante de grand diamètre avec des aubes métalliques pleines
nécessiterait des structures beaucoup trop lourdes pour obtenir de bonnes performances. La
réduction de la masse des parties tournantes constitue alors un impératif pour limiter les
contraintes statiques centrifuges ainsi que les diverses charges dynamiques. Des aubes creuses
plus légères ont alors été développées. Le procédé de fabrication de l’aube creuse en titane
appelé SPFDB (Super Plastically Forming / Diffusion Bonding) est présenté en Annexe 3.
L’aube creuse est constituée de deux peaux externes et d’un raidissage intérieur en
oméga. Des études ont été menées pour trouver une modélisation appropriée au calcul de
dynamique rapide, notamment en ingestion d’oiseau. Le modèle retenu permet de retrouver
avec une bonne précision la poche caractéristique de déformations au niveau de l’impact de
l’oiseau ainsi que les zones de flambage des raidisseurs. L’ensemble de la pale est alors maillé
avec des éléments de coque épaisse, de type SHB8 et présentés en Annexe 1 (figure 6). Les
peaux comportent un élément dans l’épaisseur et les raidisseurs comportent deux éléments
dans leur largeur afin de reproduire correctement leur flexion tout en limitant le nombre
d’éléments. Cette modélisation détaillée nécessite la gestion des contacts entre la surface
interne des peaux et celles des raidisseurs, augmentant encore les temps de calcul.
A la jonction peau / raidisseur, deux éléments de coque sont superposés dans le sens de
leur épaisseur. Cette combinaison n’est pas permise par la théorie des coques qui suppose que
la contrainte selon l’épaisseur est nulle (pour le SHB8, la contrainte dans l’épaisseur est
introduite par pénalisation). Toutefois, en pratique, les résultats numériques observés
confortent ce modèle face aux modèles discrétisés en éléments de volume. Ceux-ci ne rendent
en effet pas bien compte de la flexion locale des raidisseurs et globale de l’aube. Seule
l’utilisation de plusieurs éléments dans l’épaisseur des peaux et des raidisseurs permettrait
- 36 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Par ailleurs, le système d’attache de l’aube sur le disque n’est en général pas modélisé
dans une approche moteur complet. Ainsi l’aube est coupée au niveau de son pied et son
maillage coïncide avec celui de la surface du disque supposée cylindrique. Cette hypothèse ne
permet pas de représenter les possibles mouvements axiaux ni la rotation de l’aube dans son
attache et a tendance à rigidifier la liaison aube / disque en flexion comme en torsion.
- 37 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
vis
nœud A nœud B
égalités de déplacement
figure 8 Modèle de bride utilisant une égalité de déplacement des nœuds en vis-à-vis.
- 38 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Le démonstrateur est monté sur le banc d’essai par l’intermédiaire d’une liaison
constituée de 16 suspensions élastomères réparties uniformément sur la circonférence de
l’extrémité du stator. Chaque plot (figure 9) est formé :
- d’une rondelle élastomère (rondelle 1) qui assure l’amortissement des déplacements
selon les directions radiales (Ox) et (Oy).
- de deux rondelles élastomères (rondelles 2) qui amortissent les déplacements selon l’axe
moteur (Oz) et les rotations autour des axes (Ox) et (Oy).
rondelle 1
pièce banc
moteur d’essai
Ox
Oy Oz
rondelle 2
figure 9 Géométrie de la liaison élastomère.
L’effet amortissant a été considéré comme du second ordre par rapport aux autres
phénomènes dans la réponse globale du démonstrateur lors des premiers tours moteur (cf.
chapitre 1). Ainsi, le système de suspension est dans un premier temps remplacé par un
anneau continu possédant le module d’Young de la partie linéaire du matériau constituant les
rondelles (figure 10). Néanmoins, la liaison a été caractérisée expérimentalement selon un
comportement de type visco-élastique, qui introduit de l’amortissement. L’influence de
l’intégration d’un modèle de cette liaison par rapport au modèle linéaire sur les charges
globales est traitée dans le chapitre 3.
- 39 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Le rotor étant en rotation stabilisée, les contraintes et déformations dues aux efforts
centrifuges doivent être calculées et injectées comme conditions initiales dans le calcul de
perte d’aube. Bien que le calcul des précontraintes corresponde à un calcul statique en grandes
déformations et puisse être efficacement réalisé en implicite, par exemple avec le module
MECANO de Samcef [Samtech, 2002], Plexus est utilisé. En effet, le chaînage nécessaire
entre les deux codes n’est pas encore automatisé et requiert un traitement manuel fastidieux.
IV.1.2 Résultats
On s’intéresse à l’élément le plus fortement contraint ainsi qu’à un nœud en sommet
d’aube (figure 11). La contrainte et le déplacement tendent vers une valeur constante est jugée
atteinte après un pseudo-temps de simulation de 10 ms (figure 12). Seule la dissymétrie de la
répartition des contraintes au niveau de l’intérieur du disque traduit un léger déséquilibrage.
Cependant, le balourd résiduel, lié à la facétisation des structures symétriques et au mauvais
équilibrage relatif des couples aubes / fausses aubes diamétralement opposées, est cohérent
avec les balourds rencontrés sur des moteurs en développement au banc partiel pour lesquels
un meilleur équilibrage n’est pas requis.
- 40 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Les impacts fortement énergétiques de l’aube lâchée sur le carter provoquent une
succession de ruptures de l’aube, qu’il faut déterminer assez précisément. Cette séquence
conditionne en effet les positions et les énergies d’impact nécessaires au dimensionnement du
carter, la position d’impact du pied de l’aube lâchée sur l’aube adjacente ainsi qu’une partie
des charges transmises par les structures et contribuant à la réponse global du moteur.
Une technique de fragmentation a été développée par Snecma Moteurs pour des aubes
pleines traditionnelles. Elle utilise un critère de rupture en déformations plastiques dont le
principal inconvénient est de dépendre de la taille des éléments, en raison du problème de
localisation dans les codes explicites [Suffis, 2001]. Les essais de perte d’aube pleine
montrent que la rupture de l’aube lâchée s’effectue selon des plans parallèles à son pied. Par
recalage, une règle de discrétisation a alors pu être établie et permet de définir
automatiquement des zones de fragmentation cohérentes avec les essais. En revanche, ce
critère n’est pas directement applicable pour les aubes creuses. En effet, la géométrie de
l’aube creuse et la méthode de fabrication entraînent des modes de rupture plus complexes
que ceux d’une aube pleine. Par ailleurs, peu d’essais de perte d’aube ont été réalisés à ce jour
pour acquérir une expérience suffisante et connaître précisément le processus de
- 41 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
fragmentation. En outre, les essais disponibles présentent une forte dispersion expérimentale,
qui tend à justifier le développement de critères de rupture plus performants.
courbure
carter
Cette méthode peu prédictive nécessite de réaliser un calcul de perte d’aube, de le post-
traiter pour définir une rupture, puis de recommencer le calcul en incluant la nouvelle
fragmentation à l’instant voulu. En itérant ce processus, tous les plans et les instants de
fragmentation peuvent être définis. Ceux-ci peuvent alors être introduits initialement dans le
calcul final de perte d’aube.
- 42 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
La figure 15 présente les résultats expérimentaux obtenus pour l’aube lâchée creuse. La
reconstruction post-mortem après essai semble montrer que l’aube est brisée en 6 fragments
principaux selon 5 plans privilégiés quasiment parallèles au pied, respectivement à 92, 84, 65,
42 et 26% de hauteur de pale à partir du pied de l’aube. Ces constations sont bien évidemment
sujettes aux erreurs d’interprétation. Lors du calcul, des zones à fortes déformations plastiques
et forte courbure semblent définir les deux premiers plans de fragmentation en accord avec
l’essai (figure 16). Le calcul montre également une zone pouvant définir le troisième plan. En
revanche, le quatrième plan expérimental n’apparaît pas aussi franchement au cours de la
simulation. L’une des raisons provient de la discrétisation trop grossière de l’aube au niveau
de la position supposée d’apparition de ce plan. La position de ce plan a donc été imposée
dans le calcul et un instant probable de rupture a été déterminé. Toutefois, en observant le
comportement de l’aube lâchée dans le calcul, le dernier plan expérimental identifié ne
semble pas concorder avec un plan de fragmentation, mais pourrait être apparu lors de chocs
ultérieurs avec les autres composants du démonstrateur. Il n’est donc pas pris en compte dans
le calcul de perte d’aube. Les résultats numériques sont reportés sur la figure 15.
Une autre simplification est apportée à ce niveau. Comme précisé dans la classification
des événements (cf. chapitre 1), la trajectoire des fragments cassés n’est pas étudiée, car leur
influence sur le comportement global du moteur est assez faible. Dès l’apparition de la
rupture, ces fragments sont « numériquement retirés », c’est-à-dire qu’ils n’interviennent plus
dans le calcul. Ceci supprime deux inconvénients : d’une part de nombreux contacts devraient
être définis et compliqueraient la simulation, et d’autre part, les éléments de ces fragments
ayant subi de fortes déformations imposeraient un pas de temps extrêmement petit.
- 43 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
100 %
~ 92 % 1,05 ms
~ 84 % 1,6 ms
~65 % 3,5 ms
~ 42 % 4,25 ms
~ 26 %
Bord Bord
d’attaque de fuite
L’analyse des résultats de la simulation s’appuie sur des comparaisons calcul / essai. La
première phase porte sur la chronologie des événements qui permet d’estimer la qualité du
comportement global du modèle, puis les principaux phénomènes sont analysés tour à tour.
- 44 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
D’une part, sur la figure 18 sont représentées les marques supposées des impacts de
l’aube lâchée sur le carter. Si la position expérimentale du premier impact située à 1h15 est
aisément identifiable, celle du second impact à 2h15 environ est moins précise. Les positions
d’impact des fragments suivants sont encore plus difficiles à distinguer et ne seront pas
utilisées pour la corrélation. D’autre part, les champs de contraintes calculées sur le carter au
moment des impacts successifs, permettant de définir les zones impactées par les deux
premiers fragments, sont représentés. Ces deux zones sont situées sensiblement au même
endroit en ce qui concerne la position horaire selon la circonférence du carter et axiale selon
l’axe moteur. La détermination du premier fragment réalisée dans l’étape précédente du
déroulé d’un calcul de perte d’aube semble donc donner un résultat cohérent. En revanche,
l’inclinaison relative des impacts mesurés et des impacts calculés (reportés en traits pointillés
sur la figure du carter expérimental) présente un léger décalage angulaire. Ceci peut être en
partie imputable à une rupture non immédiate du pied de l’aube lâchée suite à l’explosion, et
de l’effet sur sa cinématique. Au cours du calcul de perte d’aube, toute la longueur du pied de
l’aube est supposée casser instantanément.
Par ailleurs, il est possible de calculer les énergies d’impact radial de l’aube lâchée sur
le carter à partir de la masse du fragment impactant et de la vitesse du barycentre de ce
fragment : Ec = 1 mfragment Vimpact
2
radial . Ces valeurs sont utilisées pour le dimensionnement des
2
épaisseurs du carter au droit des impacts. La bonne prédiction de la séquence de
fragmentation de l’aube lâchée s’avère alors indispensable pour optimiser la conception du
carter. Dans la modélisation de ce démonstrateur, aucun endommagement ou critère de
rupture n’est appliqué sur le carter de rétention et l’étude n’a pas été poussée plus loin.
- 45 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- 46 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
ESSAI
12h 1h 2h 3h 4h 5h
1er impact
axe moteur
CALCUL
2ème impact
figure 18 Comparaison calcul / essai des zones d’impact de l’aube lâchée sur le carter
de rétention.
- 47 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Néanmoins, une différence sur la position relative des aubes lors de l’impact peut se
révéler problématique. En effet, le fait d’avoir un impact au niveau d’une zone pleine ou de la
jonction entre les peaux et raidisseurs peut avoir, selon les géométries d’aube, des
conséquences sur le comportement local des raidisseurs, la possibilité d’une déchirure du bord
d’attaque voire la rupture de l’aube.
- 48 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Dans la suite du calcul, il est considéré qu’à l’instant de la rupture expérimentale (vers
T= 5,5 ms dans l’essai et vers T= 6,0 ms avec le décalage d’origine), le fragment rompu à
25% de hauteur de pale disparaît totalement du calcul. Ainsi, le balourd additionnel
occasionné par cette rupture est pris en compte. Mais les effets dynamiques associés ne sont
pas pris en compte (processus de fragmentation de l’aube adjacente, impact contre le carter et
sur l’aube suiveuse, modification du centre de gravité de l’aube suiveuse et du rotor) et sont
des sources potentielles d’erreur. L’objectif de ce modèle n’était pas l’étude précise du risque
de rupture de l’aube adjacente qui nécessite des modélisations beaucoup plus fines et précises,
ainsi qu’un critère de rupture fiable.
- 49 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- 50 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
concorde. Ce résultat montre que la rupture du fusible au cours de l’essai doit être quasiment
instantanée et que l’hypothèse retenue est justifiée a posteriori.
12h
9h
3h
6h
Par ailleurs, le modèle de bride permet d’évaluer les efforts dans les vis. Ainsi, les
efforts axiaux avant le découplage sont représentés sur la figure 25. Les niveaux maximum
pour les vis en traction (efforts positifs) sont de l’ordre de 4200 daN. Cette valeur correspond
au seuil moyen de rupture en traction dynamique des vis caractérisé expérimentalement (∼
4500 daN). Les termes négatifs de compression des vis n’ont pas de signification réelle : seul
le contact des deux parties de la bride doit reprendre les effets de compression.
- 51 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
(daN)
figure 25 Efforts dans les 36 vis du découpleur à l’instant du découplage (T= 9,2 ms).
figure 26 Zone de contact rotor / stator et contact à l’instant T= 11,0 ms – vue de face.
La courbe d’effort (figure 27) montre que le premier impact se produit au même instant
(T= 11,0 ms) et que la valeur d’effort diminue également au même instant (T= 14 ms), cette
dernière phase correspondant à la perte de contact. Il faut noter qu’avant le contact, l’effort
n’est pas nul en raison des vibrations qui créent des signaux parasites. Les résultats calculés
présentent néanmoins un facteur d’amplitude de 1,5 environ sur l’expérience (en particulier à
12h), répercuté sur l’effort recombiné. Cet écart peut provenir en partie de la mauvaise
estimation de la force de contact, à travers un coefficient de frottement trop élevé ou de la trop
grande rigidité de la modélisation : aucun amortissement ni de plastification locale ne sont
pris en compte dans la zone de contact ni dans la bride reliant l’appui au reste du stator.
L’influence du coefficient de frottement a été évaluée, mais la valeur de l’effort reste du
même ordre de grandeur. Ceci tend à privilégier le rôle de la rigidité du modèle de bride,
même si aucune simulation avec un autre modèle de bride n’a été réalisée pour confirmer. Ces
résultats montrent donc que le comportement global est bien représenté, même si localement
le modèle n’est pas toujours très précis.
- 52 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
- 53 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- 54 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Ainsi, le modèle actuel d’aube creuse tout en pénalisant fortement les temps de calcul
manque de précision sur le comportement local. La réduction du nombre de degrés de liberté
en conservant un comportement global identique représente donc un enjeu majeur pour
espérer pouvoir simuler une perte d’aube sur une architecture de démonstrateur comportant
toutes les aubes fan.
- 55 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
rotor et le stator à travers sa raideur globale et conduit à une valeur d’effort représentative de
celle mesurée en essai. Néanmoins, la prise en considération des principales non-linéarités
sous fortes charges, dont les modifications de raideur suite à la plastification des éléments du
roulement, pourrait par exemple autoriser un plus grand excentrement du rotor.
Les brides boulonnées constituent également une liaison entre deux composants faisant
intervenir des phénomènes dynamiques complexes. Les modèles utilisés, ou l’absence de
modèle, ne permettent pas de bien représenter la transmission d’effort et introduisent une trop
grande rigidité à laquelle s’ajoute l’absence d’amortissement, de contact et d’ouverture de
bride. En outre, la rupture de la bride fusible n’est pas automatique et doit être imposée par
l’utilisateur. Le caractère prédictif du modèle concernant l’événement essentiel de découplage
est ainsi largement pénalisé.
L’autre aspect essentiel réside dans les temps de mise en œuvre d’un tel modèle. Il
nécessite en effet des maillages spécifiques et induit des temps importants pour la génération
du maillage. Ces travaux participent alors à définir l’importance des nombreux phénomènes à
reproduire et par conséquent la modélisation optimale pour prédire le comportement global du
moteur avec une précision acceptable. Ainsi, si ces calculs devaient ensuite entrer dans la
boucle de conception, les modèles pourraient alors être fournis par les différents bureaux
d’études dédiés à chaque composant, et cela grâce notamment au traitement des maillages
incompatibles et de bases modales dans le formalisme explicite [Faucher, 2003].
V. Conclusions
Après avoir défini le cadre physique de l’étude à réaliser et présenté le principe du code
de dynamique rapide Plexus, le modèle Eléments Finis du démonstrateur et le déroulement
complet permettant la réalisation de la simulation de perte d’aube ont été exposés. L’analyse
des résultats souligne deux points particuliers.
- 56 -
Chapitre 2 : Calcul actuel de perte d’aube sur une pointe avant de moteur
Le second point relève des problèmes liés aux larges temps de calcul. D’une part, les
structures étudiées sont constituées de multiples composants parfois géométriquement
complexes, pouvant entraîner l’utilisation de très nombreux éléments, non justifiée par leur
rôle dans la réponse globale. D’autre part, le pas de temps de stabilité, généralement imposé
par un élément localisé dans une zone fortement sollicitée et discrétisée finement, s’applique à
tout le maillage, y compris aux zones ne nécessitant pas une telle finesse. Ce dernier thème
entre dans le cadre des solutions proposées par les techniques de décomposition en sous-
domaines [Gravouil, 2000] [Faucher, 2003].
- 57 -
Chapitre 3 : Les développements
CHAPITRE 3
Les développements
L’étude présentée au chapitre 2 a montré que le calcul explicite de perte d’aube sur une
pointe avant de moteur et sur les premiers instants après le lâcher permettait une bonne
corrélation à l’essai. La phénoménologie ainsi que les charges au premier support palier étant
bien estimées, il peut être complémentaire aux calculs traditionnels de dynamique
d’ensemble.
I.1 Elastomère
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Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Ff F, X, V
C1 K1
…
C5 K5
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Chapitre 3 : Les développements
I.2 Palier
Le modèle simplifié de roulement est composé de deux réseaux de barres en série, reliés
au rotor et au stator et liés par leur centre. Les résultats de la première simulation semblent
montrer que, même si l’effort au support palier 1 est correct, les paliers semblent participer à
limiter l’orbite du rotor notamment. Une première étape consiste alors à tester différentes
raideurs au palier 1 pour en connaître l’influence : une raideur 10 fois plus grande et une
raideur 10 fois plus faible que la raideur initiale sont choisies (figure 32). Pour le palier
souple, l’effort devient très faible donc faux et l’orbite du rotor augmente peu. Pour le palier
raide, l’effort augmente un peu mais les résultats restent proches de la première solution.
Ainsi, pour ce modèle de palier simplifié, la raideur initiale choisie donne de bons résultats et
semble correcte.
- 61 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Une étude bibliographique a été réalisée afin d’examiner des solutions potentielles. Tout
d’abord, de nombreux articles proposent des formules empiriques utilisées pour le
dimensionnement des brides sous charge statique en fonctionnement normal, en tenant
compte de la présence de matériaux différents, des effets de température ou de la
précontrainte de serrage [Guillot, 1989]. Celles-ci ne sont toutefois pas applicables pour créer
un modèle intégré au calcul de perte d’aube.
Plusieurs auteurs proposent par ailleurs des études explicites tridimensionnelles du
comportement dynamique des brides sous charges ultimes. Dans le cadre du
dimensionnement aéronautique [Czachor, 2003] ou dans d’autres domaines [Ray, 2001], les
modèles incluent une modélisation des vis et des boulons, la gestion de contact avec
frottement entre les composants de la bride, voire la pré-tension des vis. Ces modèles locaux
comportent déjà plusieurs centaines de milliers de degrés de liberté. Le dimensionnement
utilise en premier lieu des modèles de la structure entière, utilisant des liaisons non-linéaires
de différentes natures au niveau de la bride et permettant d’extraire les charges et les
déplacements à appliquer sur le modèle tridimensionnel raffiné. L’emploi d’éléments de
liaison non-linéaires pour remplacer une liaison complexe peut également servir à modéliser
des assemblages soudés [Combescure, 1999].
D’autre part, dans le cadre du projet européen CERES (Cost-Effective Rotordynamics
Engineering Solutions), un modèle non-linéaire simplifié de bride recalé sur des essais est
- 62 -
Chapitre 3 : Les développements
En conclusion, le modèle de bride avec des ressorts doté d’un critère de rupture permet
de conserver le comportement d’ensemble du démonstrateur et d’améliorer le caractère
prédictif de la simulation. La donnée précise de la loi de comportement élasto-plastique des
vis, qui n’est pas toujours parfaitement connue lors de simulations prédictives, n’est pas
nécessaire et une loi linéaire simplifiée suffit.
- 63 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
figure 36 Evolution de l’effort axial dans les 36 vis du découpleur au cours du temps et
effort axial dans les vis à l’instant du découplage.
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Chapitre 3 : Les développements
effectuées au chapitre précédent. Ainsi, les trois différents types de comportement d’aube et
leurs particularités sont distingués :
- l’aube lâchée subit des impacts très violents qui induisent de fortes contraintes à
d’importantes vitesses de déformations et une rupture rapide des raidisseurs.
- l’aube adjacente subit également un impact brutal par le pied de l’aube lâchée. La
position et la vitesse relatives des deux aubes à l’instant du contact dépendent de la
cinématique de l’aube lâchée et donc de la séquence de fragmentation. Les raidisseurs
de l’aube adjacente peuvent casser sous cet impact et le bord d’attaque de l’aube risque
de se déchirer.
- suite à l’excentrement du rotor et à l’ovalisation du carter, des contacts apparaissent
entre le carter et les aubes dites frotteuses, qui entrent en vibration.
Des simulations de perte d’aube creuse sur des modèles admettant une loi élastique
linéaire des raidisseurs montrent que les comportements des aubes sont très proches, surtout
pour les aubes lâchée et frotteuses. Les peaux à comportement élasto-plastique avec
écrouissage isotrope contribuent alors essentiellement à la réponse de l’aube. La première idée
consiste à remplacer la structure interne creuse par une structure pleine pourvue d’un matériau
isotrope homogène, dont la masse volumique permet conserver la masse de l’aube. Le calcul
du module d’Young de ce matériau pour recaler la raideur de l’aube par analyse modale n’est
pas satisfaisant. Des simulations de perte d’aube avec ce type de modèle confirment ce dernier
résultat. Cette solution a donc été abandonnée au profit des techniques d’homogénéisation.
La recherche d’un modèle d’aube creuse plus approprié a conduit à mener une étude
bibliographique sur les principes de l’homogénéisation et plus particulièrement sur
l’homogénéisation des structures périodiques de type plaque raidie. Celle-ci s’est concentrée
naturellement vers les méthodes applicables aux structures hétérogènes dont le raidissage
périodique s’apparente à celui de l’aube creuse considérée.
II.1.1 Problématique
La problématique de l’homogénéisation consiste à construire des modèles simplifiés en
remplaçant par une structure homogène équivalente [Bornert, 1998] :
- une structure hétérogène à l’échelle microscopique de type métallique ou composite
pour la détermination de lois de comportement équivalentes à l’échelle mésoscopique
ou macroscopique (taille de la structure),
- une structure géométriquement complexe, le plus souvent une structure creuse de type
sandwich pourvue d’un raidissage interne périodique.
- 65 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Parmi les différentes structures hétérogènes, il existe plusieurs types de raidissage : les
raidissages aléatoires ou périodiques. Dans notre application, la recherche se restreint à
l’étude de structures de type plaques raidies périodiques. De nombreux travaux ont été menés
sur les structures bi-périodiques dans le plan moyen d’une plaque en nid d’abeille [Triplett,
1998], [Burton, 1997]… D’autres auteurs se sont intéressés aux raidissages mono-périodiques
dans une direction du plan et invariants dans l’autre direction, tels que les raidissages droit, en
triangle, curviligne ou en oméga (figure 37), ce dernier motif correspondant à celui de l’aube
creuse.
X
figure 37 Plaque creuse tridimensionnelle.
- 66 -
Chapitre 3 : Les développements
Modèle détaillé 3D
1 2
m1 m2 m3 m4
- 67 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Deux paramètres sont introduits : e=h/L, qui est l’inverse de l’élancement du panneau,
et ε=X/L, qui caractérise la taille de la période par rapport à celle du panneau (figure 37). Le
processus d’homogénéisation consiste alors à faire tendre les deux paramètres e et ε vers 0
(noté e ou ε→0) ; trois familles de méthodes se distinguent alors :
- la première famille où e→0 puis ε→0 : le premier passage à la limite conduit à une
plaque périodique, décrite selon la théorie de Kirchhoff-Love ou de Reissner-Mindlin,
qui est ensuite homogénéisée.
- la seconde famille où ε→0 puis e→0 : l’homogénéisation est d’abord réalisée dans le
plan, le second passage à la limite conduisant à une plaque homogène selon une théorie
de Kirchhoff-Love ou de Reissner-Mindlin.
- la troisième famille où e et ε →0 simultanément : la plaque homogène est obtenue en
une étape selon la théorie de Kirchhoff-Love uniquement, sans cisaillement transverse.
Le choix de la méthode est conditionné par la valeur du rapport e/ε (épaisseur sur
période). Les comportements équivalents obtenus par les trois familles de méthode sont
différents [Kohn,1984]. La discussion sur les différences entre les modèles obtenus par ces
méthodes est proposée notamment par [Bourgeois, 1997] mais n’est pas l’objet de ce chapitre.
Deux approches sont alors envisagées (figure 39) : l’homogénéisation par la seconde
famille, notée homogénéisation séparée de l’âme (1), et l’homogénéisation par la troisième
famille, notée homogénéisation simultanée des peaux et du raidissage interne (2).
a. Homogénéisation simultanée numérique
L’aube étudiée dans cette application présente des valeurs de e et de ε du même ordre de
grandeur (de l’ordre du centimètre), si bien que la méthode la plus appropriée est celle où les
deux paramètres doivent tendre simultanément vers 0. L’âme et les peaux peuvent alors être
homogénéisées simultanément en exploitant la périodicité dans le plan et en considérant
comme cellule de base, la période constituée par l’âme et les parements (figure 38).
L’homogénéisation permet de remplacer la structure tridimensionnelle hétérogène initiale par
une structure de type plaque [Buannic, 2003] ou coque homogène équivalente [Kalamkarov,
1992]. Le modèle Eléments Finis obtenu correspond ici à un modèle de type coque homogène
noté m4.
b. Homogénéisation séparée analytique
Dans cette seconde approche, l’âme est homogénéisée de façon indépendante en
considérant comme cellule de base le motif de l’âme seule n’incluant pas les peaux. Cette
étape peut être assimilée à ε→0. L’âme est donc remplacée par un milieu homogène continu
équivalent et la description locale des peaux est conservée. Dans le cas où les épaisseurs des
segments droits et diagonaux d’un raidissage en oméga sont égales, [Libove, 1951] propose
des formules analytiques pour le calcul des constantes élastiques du matériau homogène
équivalent. Toutefois, la structure de l’aube est formée par le procédé SPFDB. La structure
interne créée par expansion superplastique est différente de la structure des panneaux
sandwich raidis conventionnels dans la mesure où l’épaisseur des segments diagonaux est
plus faible que celle des segments droits accrochés aux peaux qui ne subissent pas
d’expansion. [Ko, 1980] présente alors les expressions analytiques correspondant à cette
nouvelle configuration. Le module d’élasticité Ex dans la direction de l’invariance ainsi que
les modules de cisaillement Gxy et Gzx sont déterminés par la loi des mélanges, analogues à
celle utilisée par exemple pour les composites fibre-matrice classiques [Gay, 1989]. Les
autres modules sont obtenus par des calculs élémentaires de Résistance des Matériaux, dont
- 68 -
Chapitre 3 : Les développements
les expressions ne sont pas explicitées dans ce document. L’Annexe 3 propose tout de même
de voir l’influence des principales caractéristiques de la géométrie du raidissage sur les
propriétés du matériau homogénéisé.
A l’issue de cette étape, l’aube est décrite par ses deux peaux métalliques et une âme
pleine homogénéisée équivalente. Il est alors possible de construire soit :
- un modèle volumique m1 comportant trois couches d’éléments hexaédriques dans
l’épaisseur (une couche pour chacune des peaux et une pour l’âme homogène
équivalente),
- un modèle surfacique m2 avec des éléments de coque multicouche. Ceci revient à faire
puis e→0 (passage en coque) mais en gardant une description explicite des trois
couches,
- un modèle surfacique en coque homogène équivalente m3 après avoir appliqué la
théorie des stratifiés. Ceci revient à faire puis e→0 (passage en coque). Ce modèle en
coque homogène équivalente possède a priori des caractéristiques différentes de celles
obtenues avec la méthode d’homogénéisation simultanée conduisant au modèle m4.
Toutefois, des applications sur des cellules élémentaires en oméga ont montré, pour les
modèles m3 et m4, que les deux approches donnaient, en élasticité, des matrices de
rigidité en membrane et en flexion quasiment très proches.
Tout d’abord, pour le modèle volumique m1, la plastification des peaux est traitée
localement par Plexus lors du calcul des contraintes aux points de Gauss. De même pour le
modèle surfacique multicouche m2, la plastification doit être traitée localement aux points
d’intégration : un élément de coque dont l’intégration dans l’épaisseur permet la prise en
compte des différentes couches et matériaux doit au préalable être programmé. La plasticité
de l’âme orthotrope n’étant pas étudiée, seule la plastification aux points d’intégration
correspondants aux peaux métalliques élasto-plastiques est effectuée classiquement par retour
radial. Le développement et la validation de cet élément sont proposés au paragraphe II.2.
- 69 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
avec M eq = M 2x + M 2y + 3M 2xy − M x M y
1
( NM ) eq = N x M x + M y M y + 3N xy M xy − ( N x M y + N y M x )
2
N•• ou M••
Evolution de la plastification
dans la section
Début de plastification
dans la section
M•• ou N••
figure 40 Construction numérique du domaine de plasticité en contraintes généralisées.
- 70 -
Chapitre 3 : Les développements
parfaitement périodique, les épaisseurs des peaux et de l’âme varient le long de l’aube et
chaque cellule doit être homogénéisée individuellement. La construction d’un domaine de
plasticité généralisé pour chaque cellule rend cette méthode irréalisable.
En conclusion, seuls les modèles m1 et m2 sont retenus pour la phase de comparaison
au modèle creux et de validation. Pour ces deux modèles créés par homogénéisation séparée,
le calcul analytique des caractéristiques effectives de chaque motif en oméga supposé
localement périodique peut facilement être automatisé à partir d’un maillage Eléments Finis
du modèle creux initial.
- 71 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- 72 -
Chapitre 3 : Les développements
a. Elasticité
Ce premier cas-test, classiquement utilisé pour vérifier la stabilité des éléments de
coque [Macneal, 1985], permet de valider le comportement de l’élément Q4GM en élasticité.
Il est constitué d’une poutre vrillée encastrée à une extrémité et où un effort nodal constant est
appliqué à l’autre extrémité (figure 43). On s’intéresse au déplacement de l’extrémité où est
appliqué l’effort en fonction du temps (figure 43). Les cinq différentes configurations de
l’élément Q4GM donnent les mêmes résultats que ceux de l’élément Q4GS et de la solution
analytique.
b. Plasticité
Le second cas-test se compose d’une sphère mince (rapport diamètre/épaisseur ≈ 100)
élasto-plastique sur laquelle s’applique un effort constant de compression sur un diamètre et
un effort de traction de même norme sur un autre diamètre (figure 44). Par symétrie, seul
1/8ème de la sphère est maillé. On s’intéresse au déplacement du nœud sur lequel s’applique
l’effort de traction en fonction du temps.
Par rapport à la solution de référence, non analytique mais obtenue numériquement avec
un modèle volumique finement discrétisé [Zeng,1998], les résultats obtenus avec l’élément
Q4GS pour trois et cinq points d’intégration dans l’épaisseur donnent respectivement un
déplacement supérieur et inférieur (figure 44) ; le modèle avec cinq points d’intégration est
jugé meilleur. Les résultats obtenus avec l’élément Q4GM pour les modèles symétriques 1 et
2 et dissymétriques 1 et 2 donnent des déplacements inférieurs à la solution théorique,
indiquant une plus grande rigidité. Ils restent néanmoins proches de ceux de l’élément Q4GS
à cinq points d’intégration.
En revanche, le modèle symétrique 3 avec des couches externes très fines est beaucoup
plus raide (valeur du déplacement et fréquence d’oscillation par rapport à la solution
stabilisée). Dans cette application, la flexion domine par rapport à l’effet de membrane et de
cisaillement : la raideur du modèle dépend fortement du nombre et de la position des points
d’intégration dans l’épaisseur. Le modèle symétrique 3 ne présente donc pas, dans ce cas-test
sévère pour les éléments de coque, une distribution des points d’intégration dans la section
permettant d’estimer correctement l’évolution de la plastification.
- 73 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
II.2.3 Conclusions
L’élément multicouche avec plastification dans les couches en configuration purement
isotrope possède un comportement identique à celui de la coque homogène de référence dans
le cas élastique. En plasticité, les résultats obtenus avec cet élément sont globalement assez
proches de ceux de la coque homogène. Si les épaisseurs des couches sont très
disproportionnées, des différences notables peuvent apparaître par rapport à la coque
homogène traditionnelle et à la solution théorique. Ainsi, à l’exception de ces configurations
extrêmes, l’élément multicouche peut convenablement être utilisé dans la suite de l’étude.
La configuration avec des peaux externes très fines étant néanmoins présente dans le
modèle d’aube homogénéisée en coque multicouche, les écarts constatés en comportement
plastique pourront produire des différences sur la réponse de ce modèle par rapport aux autres
modèles d’aube étudiés.
Le but est d’appliquer finalement l’homogénéisation sur l’aube creuse et d’intégrer les
modèles homogénéisés dans le celui du démonstrateur. Les modèles d’aubes homogénéisés
m1 et m2 sont donc construits. Avant de simuler la perte d’aube sur le démonstrateur avec les
deux modèles d’aube homogénéisée, des études préliminaires sur des géométries creuses
simplifiées sont réalisées pour valider la méthode retenue.
Etant donné que la géométrie de l’aube creuse ne présente pas une parfaite périodicité
du raidissage, les caractéristiques de l’âme orthotrope équivalente sont calculées sur chaque
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Chapitre 3 : Les développements
cellule. Les valeurs des modules d’Young calculées dans les trois directions sont représentées
sur la figure 46. Il apparaît qu’à l’exception des zones situées proches des bords (bords
d’attaque et de fuite, pied de l’aube) les valeurs des modules d’Young de l’âme homogénéisée
sont du même ordre de grandeur. De plus, elles sont en moyenne 100 inférieures à la valeur
du module d’Young du matériau des peaux.
aube creuse
- 75 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
La plaque plane dont le raidissage en oméga est parfaitement périodique est soumise à
un effort de traction selon les sections de normale orientée selon les deux directions X et Y du
plan médian, la section opposée étant encastrée. Le motif de raidisseur possède des
paramètres géométriques caractéristiques du modèle d’aube creuse. Afin de s’affranchir des
effets de bords, la plaque comprend dix cellules dans sa largeur et on s’intéresse au
déplacement d’une section située au milieu de la plaque (figure 47).
10 cellules – 0,33 m
0,4 m
Traction selon X
figure 47 Plaque avec raidissage interne en traction selon les deux directions du plan.
Pour la traction dans la direction X, qui est la direction de l’invariance du raidissage, les
déplacements des modèles homogénéisés m1 et m2 sont égaux à ceux du modèle creux initial
(figure 48). Ce résultat n’est pas surprenant dans la mesure où le module d’Young calculé de
l’âme homogénéisée dans cette direction provient de la loi des mélanges et représente donc
- 76 -
Chapitre 3 : Les développements
bien la raideur du modèle creux. Pour la traction dans la direction Y, qui est la direction de la
périodicité du raidissage, les différences sur l’amplitude et la fréquence d’oscillation des
déplacements des deux modèles homogénéisés montrent que les modèles homogénéisés sont
plus souples. Comme la masse de l’âme est uniforme et conservée, la raideur donc le module
d’Young sont trop faibles. L’erreur sur la fréquence d’oscillation est inférieure à 2,5%, donc
l’erreur en module d’Young est inférieure à 7% environ (module d’Young homogène au carré
de la fréquence). Cependant, le modèle Eléments Finis de la plaque creuse ne comporte que
deux éléments linéaires dans les segments diagonaux du raidissage. Ainsi, il est légèrement
trop raide en ne représentant pas exactement la flexion de ces segments, et les écarts ne
proviennent pas uniquement de l’homogénéisation. En définitive, les modèles homogénéisés
corrèlent assez bien le modèle creux en élasticité.
La base de la plaque est encastrée et le sommet est soumis à des efforts répartis simulant
l’impact sur le carter et qui provoquent une flexion globale avec plastification. La
comparaison s’effectue sur la déformée des structures au cours du temps, en deux étapes.
Les résultats sont présentés en figure 50. Ils montrent tout d’abord que les deux modèles
creux ont des comportements quasiment identiques. Ceci montre alors que, malgré la
- 77 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
superposition de coque dans l’épaisseur, le modèle initial d’aube creuse produit des résultats
cohérents. Par ailleurs, le modèle homogénéisé volumique p1 est légèrement plus raide que
les modèles en coque p2 dans les cas isotrope et homogénéisé. Enfin, les deux modèles
homogénéisés sont plus souples que les modèles creux.
Il apparaît alors d’une part que le changement de discrétisation entre le modèle d’aube
creuse et les modèles homogénéisés introduit un peu de souplesse, en particulier pour le
modèle en coque multicouche et d’autre part, que l’homogénéisation réalisée, qui n’est pas
parfaite, introduit également de la souplesse.
Pour le modèle volumique, les trois résultats étudiés sont quasiment identiques à ceux
du modèle creux. Ainsi, les différences avec l’essai pour ces deux modèles s’expliquent
essentiellement par la modélisation simplifiée des autres composants. Pour le modèle coque,
des écarts apparaissent, en particulier au niveau de l’orbite maximum du rotor et de l’effort au
palier. Ces écarts peuvent provenir d’une différence de comportement en flexion des aubes
adjacente et suiveuse, qui va modifier la position du centre de gravité du rotor et entraîner une
augmentation de l’orbitage et des efforts au support palier.
- 78 -
Chapitre 3 : Les développements
figure 51 Comparaison des grandeurs globales entre les différents modèles complet.
Le modèle volumique comporte quant à lui environ 90 000 éléments et 120 000 nœuds,
soient environ 420 000 degrés de liberté. Par souci de simplification de mise en œuvre, les
trois aubes présentent le même maillage, celui de l’aube lâchée. Le modèle coque comporte
environ 70 000 éléments et 100 000 nœuds, soient environ 350 000 degrés de liberté. La
finesse de maillage des aubes dans le sens de la corde et de la hauteur est identique à celle du
modèle volumique. Le gain sur le nombre de degrés de liberté par rapport au modèle creux est
d’environ 15% pour le modèle volumique et d’environ 30 % pour le modèle coque. Il aurait
été supérieur à 20% et 35 % respectivement à finesse équivalente des maillages d’aube. Ces
pourcentages incluent également les simplifications sur les maillages du disque et des fausses
aubes réalisées pour les deux modèles homogénéisés (tous les autres composants conservent
leur maillage initial).
En outre, le pas de temps de stabilité, imposé dans les trois modèles par un élément de
l’aube lâchée, est 1,5 fois plus grand pour le modèle volumique et est 8 fois plus grand pour le
modèle coque, en début de calcul où les éléments sont non déformés. Le gain théorique, si les
- 79 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
éléments ne se déformaient pas et le pas de temps n’évoluait pas, serait alors de 33% et 85%
respectivement.
Avec ces considérations sur les différence entre le nombre de degrés de liberté et la
valeur du pas de stabilité, le gain en temps de calcul sur 1,25 tour moteur (17,5ms de temps
physique) est de 40% pour le modèle volumique et de 70% pour le modèle coque.
L’ensemble de ces résultats est rapporté dans le tableau 1
Gain en nombre de
- 15% 30%
d.d.l.
Gain sur le pas de
- × 1,5 ×8
stabilité
Gain en temps de
- 40% 70%
calcul
tableau 1 Comparaison des tailles des modèles complets et gains en temps de calcul.
Les comparaisons précédentes laissent apparaître que les modèles d’aube homogénéisée
permettent d’obtenir des résultats relativement satisfaisants en réduisant les temps de calcul. Il
est à présent intéressant d’étudier plus en détail les différences de comportement local des
aubes. Ceci permettra de mettre en évidence les limites de l’homogénéisation ainsi que
d’expliquer les différences sur le comportement global.
La première étude consiste à comparer les modèles d’aube en analyse modale, puis lors
de simulations explicites mettant en jeu les trois comportements identifiés de l’aube en perte
d’aube. Pour les deux types d’analyse, une première étape utilise les modèles pouvant être
rendus purement isotropes et une seconde étape compare les modèles creux et homogénéisés.
Les trois modèles d’aube homogène considérés dans un cas parfaitement isotrope sont :
- le premier modèle, noté i1, qui est une aube volumique géométriquement identique au
modèle m1 mais dont l’âme est désormais constituée du même matériau élasto-plastique
que les peaux,
- le second modèle, noté i2, qui est une aube en coque multicouche Q4GM
géométriquement identique au modèle m2 mais dont l’âme est constituée du même
matériau élasto-plastique que les peaux,
- le troisième modèle, noté i3, qui est une aube en coque homogène Q4GS.
L’analyse modale est réalisée à l’aide du code implicite Samcef [Samtech, 2002] sur
une aube encastrée en son pied et en rotation. Les conditions sont choisies de la sorte, car
- 80 -
Chapitre 3 : Les développements
2
Φi . Φ j
avec Φ 1 le i mode calculé avec le modèle 1
i ème
MAC ij = i 1 2j
Φ1 . Φ 2 Φ 2j le jème mode calculé avec le modèle 2
En perte d’aube explicite, les comparaisons s’effectuent sur des géométries simplifiées :
- pour les aubes lâchée et adjacente, le modèle simplifié comporte les deux aubes ainsi
que le carter, comme lors de la détermination des plans de fragmentation de l’aube
lâchée (figure 52). La séquence de fragmentation de l’aube lâchée creuse est également
appliquée sur les aubes homogénéisées.
- pour les aubes frotteuses, le modèle comporte une seule aube dont le pied est entraîné
en rotation et le carter légèrement excentré afin de provoquer un contact.
observateur
- 81 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
inférieur à 2%. Cela signifie la représentation des principaux modes de flexion et de torsion
est cohérente pour les deux types de modélisation, et que seuls certains modes d’ordre élevé
diffèrent.
figure 53 Comparaison des fréquences et des modes propres entre les modèles d’aube
isotrope i1 et i2.
- 82 -
Chapitre 3 : Les développements
du MAC est satisfaisante et l’erreur en fréquence est inférieure à 10%. En revanche, au-delà
de ce mode, le comportement modal du modèle m2 se différencie nettement et devient plus
souple. Néanmoins, pour les modes 16 et 19 par exemple (figure 56), qui présentent une
valeur de MAC très faible, les déformées modales ne sont pas totalement contradictoires par
leur forme sur l’ensemble de la pale mais diffèrent localement. Les écarts ne s’expliquent
alors pas uniquement par l’homogénéisation proprement dite mais aussi probablement par les
différences existantes entre un modèle en éléments volumiques et un modèle en coque.
De plus, pour les deux modèles homogénéisés, la densité de l’âme creuse a été répartie
uniformément sur l’âme sans tenir compte des différences entre chacune des cellules de base
creuse. La répartition de masse des modèles m1 et m2 diffère donc légèrement de celle du
modèle creux. Par ailleurs, même si une attention particulière a été portée sur la détermination
des épaisseurs de couche du modèle en coque m2 à partir du modèle tridimensionnel, celle-ci
peut causer d’autres écarts sur la répartition de masse et de raideur. Ces raisons n’expliquent
pas toutes les différences de comportement, mais peuvent les augmenter.
Aube m1 / aube creuse
- 83 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
figure 54 Comparaison des fréquences et des modes propres entre les différents modèles
d’aube.
Aube creuse
- 84 -
Chapitre 3 : Les développements
Aube m1
- 85 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Les niveaux d’effort en pied d’aube adjacente sont quant à eux similaires en terme de
valeur moyenne, même si ceux du modèle en coque multicouche présentent moins de
variations d’amplitude (figure 58).
Aube i1 / aube i3
Aube m1 / aube i2
Aube i2 / aube i3
- 86 -
Chapitre 3 : Les développements
figure 58 Comparaison des efforts en pied d’aube adjacente au cours du temps entre les
trois modèles d’aube.
En moyenne, les valeurs d’effort normal proposées en figure 60, mais également
d’effort radial et orthoradial non présentées, sont assez proches pour les trois modèles.
Toutefois, les amplitudes ainsi que la pseudo-fréquence d’oscillation calculées avec les deux
modèles d’aube homogénéisée diffèrent.
Aube m1 / aube creuse
- 87 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- 88 -
Chapitre 3 : Les développements
mais les résultats sont globalement proches, alors que le modèle m2 présente des différences
de comportement plus marquées.
Aube m2 / aube m1
- 89 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Dans un second temps, les différences dans les hypothèses de discrétisation induisent
des erreurs :
- le modèle constitué d’éléments de coque possède un comportement assez différent des
deux autres modèles qui sont assez proches entre eux. Ces derniers sont à quelques
détails près constitués de trois éléments volumiques dans l’épaisseur. Or, pour simuler
des problèmes en flexion dominante d’une aube relativement épaisse, la modélisation en
coque n’est pas forcément la plus appropriée.
Toutefois, le modèle détaillé d’aube creuse doit quand même être conservé dans le
cadre de l’étude précise et locale de la fragmentation de l’aube lâchée et de la tenue de l’aube
adjacente. Il serait alors utilisé uniquement au sein d’un modèle simplifié ne comprenant que
quelques aubes et le carter de rétention.
- 90 -
Chapitre 3 : Les développements
III. Conclusions
Dans un premier temps, l’étude sur la modélisation de la liaison au banc élastomère et
des paliers n’a pas apporté d’améliorations. En revanche, le modèle simple de bride fusible,
où les vis sont désormais représentées par des ressorts avec rupture en traction, permet de
simuler automatiquement le phénomène de découplage conformément à l’essai. Le caractère
prédictif de ce modèle est donc fortement accru. Pour nuancer cette dernière assertion, il est
néanmoins envisageable que pour une autre bride fusible, les résultats soient moins probants
et nécessitent un recalage de la valeur à rupture des liaisons introduites.
Ensuite, une méthode d’homogénéisation analytique a été utilisée afin de remplacer les
raidisseurs internes de l’aube creuse par une âme pleine homogène équivalente. Ceci a
conduit à la création d’un modèle d’aube homogénéisée volumique ainsi qu’à un modèle en
coque multicouche avec prise en compte de la plastification dans les peaux métalliques.
Certes, ces simplifications entraînent une détérioration du comportement local des aubes.
Mais pour le modèle d’aube homogénéisée volumique, la cinématique d’ensemble du
démonstrateur reste inchangée. En constatant le gain relativement important en temps de
calcul d’environ 40% avec ce modèle d’aube homogénéisée, la procédure est retenue pour la
prochaine modélisation d’aube creuse. Malgré le gain en temps de calcul supérieur obtenu
avec le modèle d’aube en coque multicouche, les différences de comportements locaux très
prononcées affectent trop fortement le comportement global pour rendre ce modèle fiable vis-
à-vis du modèle de référence. Ainsi, pour un démonstrateur pourvu d’aubes creuses
différentes et pour lequel une comparaison aube creuse / aube homogénéisée ne sera pas
envisageable, l’obtention de grandeurs caractéristiques identiques n’est pas garantie.
A ce stade, les efforts ne se sont concentrés que sur une partie de l’ensemble des
problèmes évoqués. Des solutions concernant l’amélioration de la prédiction de la
fragmentation et l’utilisation de techniques numériques pour la réduction des temps de calcul
seront envisagées en perspectives. Cependant, la démarche adoptée apporte de nouveaux
outils indispensables à l’étude suivante portant sur la simulation prédictive, c’est-à-dire que
l’essai n’a pas encore eu lieu, d’une perte d’aube sur un démonstrateur plus complexe.
- 91 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
CHAPITRE 4
Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur
complet
- 93 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
I. Présentation de la géométrie
Le démonstrateur s’intègre dans un projet global de développement de nouvelles
technologies. Son efficacité requiert une définition perspicace et économique de sa
configuration. sachant qu’il doit être utilisé pour la réalisation d’essais partiels :
- de rétention pour d’étudier :
- la fragmentation des aubes creuses,
- la tenue des aubes suiveuses,
- la rétention du carter fan,
- la charge à rupture du découpleur,
- la tenue aux charges de l’arbre et du carter intermédiaire.
- de windmilling, en vue de vérifier la tenue aux charges et à la fatigue sous fort balourd
suite à la perte d’aube et au découplage.
I.1 Configuration
Une coupe du démonstrateur est représentée sur la figure 62. Celle-ci laisse apparaître :
- la partie avant du moteur :
- la soufflante, le booster, et l’arbre Basse Pression,
- le carter de rétention, le réservoir d’huile et l’AGB (Accessory Gear Box, soit la
boîte de transmission permettant d’alimenter l’avion en électricité),
- le carter intermédiaire.
- des fausses pièces :
- une manche d’entrée,
- des inverseurs de poussée largement simplifiés,
- un stator Haute Pression,
- une turbine Basse Pression représentative en masse.
- l’accrochage au banc de la machine :
- à l’avant : un faux mât relié au caisson supérieur du banc par 6 plots élastomères,
- à l’arrière : des pièces d’adaptation pour l’accrochage au banc d’essai,
- une bielle de reprise axiale entre le faux mât avant et l’accrochage arrière.
Tel qu’il a été conçu, le démonstrateur correspond à la partie avant d’un moteur réel et
sa partie arrière est largement simplifiée (absence du compresseur Haute Pression, de la
chambre de combustion, des turbines Haute et Basse Pression, du carter d’échappement…).
De plus, la suspension avant, rattachée au carter intermédiaire, n’est pas totalement conforme
à celle utilisée pour assembler réellement le moteur à l’aile de l’avion. Toutefois, au cours des
premiers tours moteur suivant la perte d’aube, les phénomènes étudiés, transitoires et
fortement non-linéaires, sont essentiellement situés dans la partie avant du moteur. Leur
déroulement est peu dépendant du comportement des parties absentes du démonstrateur
situées plus en aval : par exemple pour la turbine, une pièce très simplifiée avec une masse
représentative suffit. Les charges transitoires transmises dans les structures au cours des
premiers tours sont donc représentatives de celles se produisant dans un moteur réel.
- 94 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
Plots élastomères
Carter
intermédiaire
Support
palier
Pied
d’aube
Booster
AGB
Liaisons modélisées
en éléments de poutre
figure 62 Vue en coupe du moteur.
- 95 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
est alors nécessaire de reproduire avec une bonne précision la raideur de contact des aubes sur
le carter. Pour cela, la raideur du premier mode de flexion des aubes, principalement sollicité
lors du contact, doit être réaliste. Ainsi, un maillage comprenant uniquement 5 éléments selon
la hauteur et 3 selon la corde, est suffisant (figure 63). Pour les redresseurs qui apportent de la
raideur au carter en flexion, un maillage similaire est retenu. Par ailleurs, on observe
expérimentalement que le sommet de certaines aubes est détruit après essai. La prise en
compte de cette rupture, à l’aide d’un critère en déformations plastiques, peut se révéler utile
pour estimer la destruction partielle ou totale des aubes et par conséquent l’évolution de la
raideur de contact.
carter externe
redresseur
aube mobile
léchettes
tambour
- 96 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
virole externe
bras structural
groin
interveine
moyeu OGV
bras secondaire
Cette pièce comprend 4 bras structuraux primaires et 44 OGV. Ces derniers, pour des
raisons aérodynamiques, ne sont pas tous identiques ni disposés parfaitement régulièrement
sur la circonférence. Néanmoins, les différences sont suffisamment faibles pour ne pas
influencer le comportement global et pour n’utiliser qu’un seul type d’OGV suivant une
répartition uniforme. De même, pour les bras structuraux, seuls deux types ont été distingués,
dont l’un contient l’attache avec l’accroche avant, appelée groin. Quelques structures internes
et autres évidements sur le moyeu et l’interveine ont été rajoutés ou enlevés afin de rendre le
carter symétrique. Avec ces hypothèses, le maillage a été réalisé à l’aide d’éléments
hexaédriques sur un seul secteur compris entre deux bras structuraux, puis complété par
symétrie. Ceci provoque l’apparition d’un second groin symétrique au premier. Cette
approximation, comme les autres, ne doit en pratique pas trop perturber le comportement du
carter intermédiaire. Afin de réduire le nombre de degrés de liberté, des éléments CUBE à un
seul point de Gauss ont été sélectionnés. L’utilisation de ces éléments est justifiée par le
comportement supposé du carter intermédiaire en perte d’aube. Ainsi, comparativement aux
éléments complètement intégrés CUB8, ils s’appliquent aussi bien aux parties internes
(interveine, moyeu) qui sont raides et massives, et limitent les risques de blocages dans les
zones plus souples susceptibles de répondre préférentiellement en flexion (bras, OGV, virole
- 97 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
externe). Malgré ces simplifications, le maillage comporte tout de même 30 000 éléments, soit
près de 15 % du nombre total de degrés de liberté du modèle complet (figure 64).
Pour des applications explicites, le maillage doit être bien « fait » : d’une part, le
modèle utilisé en implicite pour le recalage des essais comporte beaucoup trop de degrés de
liberté pour pouvoir être intégré dans le modèle de démonstrateur, et d’autre part, il est
discrétisé avec des éléments mal conditionnés pour l’explicite. Le modèle dédié à l’explicite
est donc conservé sans recalage.
Le premier support palier est discrétisé en éléments de coque de type Q4GR. Des vis
fusibles permettent de le relier à l’interveine du carter intermédiaire (figure 65).
Conformément à l’étude sur le premier démonstrateur, une première configuration utilise des
liaisons d’égalité de déplacements et une seconde utilise des ressorts linéaires avec une limite
à rupture moyenne déterminée par essai. Le second support palier est également muni d’un
système fusible. Mais celui-ci ne se situe pas au niveau d’une bride le reliant au carter
intermédiaire, mais directement au niveau de l’accroche du roulement. La prise en compte de
la rupture de ce second découpleur sera donc effective en annulant dans la modélisation les
relations entre les centres des deux réseaux de barres du palier 2.
- 98 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
liaisons
élastomères
linéaires
- 99 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
encastrement sur le
carter intermédiaire
figure 67 Détails des liaisons des barres de reprise de poussée et du groin.
- 100 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
- 101 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
figure 70 Comparaison des fréquences et des modes propres entre les modèles d’aube
creuse et homogénéisée.
b. Perte d’aube
Il est d’abord nécessaire de préciser un problème numérique rencontré. Lors du contact
de l’aube lâchée homogénéisée sur le carter, l’aube se ne plie pas dans le sens physique
attendu. Ce problème, illustré en figure 71, n’est pas imputable à l’homogénéisation. Il se
produit parfois en explicite pour des contacts normaux ou tangents par rapport à la surface
impactée et pour des formes particulières des surfaces impliquées dans un contact traité par la
méthode des multiplicateurs de Lagrange découplée. En revanche, le comportement local
légèrement différent de l’aube creuse ne cause pas ce problème. Le calcul de précontraintes
qui nécessite d’avoir l’aube lâchée accrochée au disque utilise alors le modèle d’aube
homogénéisée, mais l’aube lâchée creuse est conservée au sein du modèle complet pour le
calcul de perte d’aube. Dans la mesure où celle-ci n’est pas rattachée au disque et où les
précontraintes ne sont pas appliquées initialement sur cette aube, il n’y a pas d’incompatibilité
d’enchaînement avec les précontraintes. Le temps de calcul n’est alors pénalisé que pendant
les premières millisecondes de calcul avant que l’aube creuse ne soit complètement détruite
(environ ½ tour).
direction de la vitesse
de l’aube
Cas favorable réaliste Cas défavorable non-physique
- 102 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
fan, pareillement aux études sur la première géométrie. La figure 72 illustre la bonne
corrélation entre le modèle d’aube creuse et homogénéisée au niveau de la déformée du bord
d’attaque et des efforts en pied d’aube adjacente. Ces résultats et ceux concernant les aubes
frotteuses non présentés sont semblables aux comparaisons effectuées sur la géométrie d’aube
précédente et justifient l’utilisation de ce modèle simplifié.
figure 72 Comparaison des positions du bord d’attaque de l’aube adjacente et des efforts
en pied d’aube adjacente au cours du temps entre les deux modèles d’aube.
II.6.1 Modèles
Les caractéristiques des maillages du rotor et du démonstrateur complet présentés en
figure 73 sont reportées dans le tableau 2.
Rotor Complet
- 103 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Afin de valider la qualité du maillage d’ensemble, son analyse modale est réalisée et les
modes sont comparés au modèle utilisé pour les simulations implicites de perte d’aube et de
décélération (cf. Annexe 5).
La figure 74 présente une vue des maillages 3D, condensés en super-éléments de 1er et
nd
de 2 niveau du modèle de perte d’aube - décélération pour les simulations de dynamique
effectuées en implicite temporelle transitoire avec le module MECANO / ROTOR de Samcef.
- 104 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
Ce modèle doit être comparé à celui de l’étude explicite proposé en figure 73. Quatre grandes
classes de différences se distinguent.
Condensation de niveau 1
Condensation de niveau 2
figure 74 Vue des modèles de démonstrateur complet pour le calcul implicite.
Tout d’abord, dans le modèle implicite, le rotor est un modèle 1D classique constitué
d’une série poutres / masses / ressorts avec un comportement linéaire. Les masses et les
ressorts sont « représentatifs » des composants supportés tels que les aubes fan. Le balourd est
introduit en supprimant la masse correspondante, ce qui autorise notamment de simuler la
perte d’1 aube ou de 1,5 aube par exemple. La modélisation des contacts des aubes sur les
carters dans le fan et le booster sont des ressorts non-linéaires, pour lesquels une raideur de
contact doit être introduite par l’utilisateur.
Ensuite, la discrétisation des pièces du stator en implicite est globalement moins fine.
En effet, les détails du comportement des zones en contact par exemple ne sont pas l’objectif
visé par cette modélisation. Seul le carter intermédiaire, dont les différentes parties sont
obtenues par maillage automatique, déroge à cette règle.
De plus, les liaisons au niveau des paliers, des brides ou des accroches au banc
présentent les mêmes caractéristiques (masse, raideur…) mais ne sont pas forcément
modélisées identiquement. Par ailleurs, les brides fusibles sont constituées de liaisons
linéaires avec une limite à rupture, comme dans la seconde configuration explicite étudiée.
Enfin, les différents modules du modèle 3D peuvent être réduits en super-éléments,
c’est-à-dire qu’ils ne sont plus représentés que par leur base modale respective (condensation
de Craig-Bampton), et seuls les nœuds d’interface entre les composants sont retenus. Un
deuxième niveau de condensation est possible pour réduire encore le nombre de degrés de
liberté.
- 105 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
III.1 Précontraintes
Le rotor tourne à plein régime. L’état stabilisé étant atteint, la contrainte maximale
située au centre des aubes vaut 548 MPa (figure 75). La répartition des contraintes et la valeur
maximale sont conformes aux résultats obtenus par un calcul statique sur une aube seule. Par
ailleurs, à l’exception des différences de maillage entre les aubes et la facétisation des pièces
de révolution, le rotor est symétrique. L’observation de la répartition des contraintes, sur
l’ensemble des aubes et sur l’arbre confirme qu ‘il est équilibré.
La figure 76 illustre la séquence des trois premières fragmentations selon des plans. En
revanche, pour la fragmentation suivante, les zones à fortes déformations plastiques ne se
situent plus selon un plan, mais se concentrent entre le bord d’attaque de l’aube au niveau du
contact sur le carter et l’extrémité du fragment également en contact avec le carter (figure 77).
Un quatrième fragment a donc été défini entre ces deux zones. Après avoir percuté le carter et
fini de glisser sur l’aube adjacente, la dernière portion d’aube incluant le pied se retrouve en
arrière du plan fan et ne risque pas de toucher d’autres aubes. Elle est alors considérée détruite
à T= 6,5 ms.
- 106 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
100 %
~ 95 % 1,1 ms
~ 88 % 1,5 ms
~75 % 2,4 ms
~37 % 4,0 ms
Bord Bord de
d’attaque fuite
figure 77 Définition des positions et des instants d’apparition des plans de fragmentation
de l’aube lâchée.
- 107 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
en explicite sont comparées aux simulations implicites. Sinon, l’accent est porté sur les
nouveaux résultats pouvant être obtenus par l’approche explicite. Les configurations
implicites utilisées correspondent à un balourd initial d’1 aube ou d’1,5 aube. Dans la
première configuration explicite, la rupture du découpleur est imposée lorsque l’effort au
palier atteint la valeur spécifiée par le dimensionnement. Dans la seconde configuration, le
modèle de bride fusible intégré rompt automatiquement. On rappelle que la modélisation du
fusible au palier 1 constitue la seule différence entre les deux configurations explicites.
Le risque de rupture du carter ne pouvant être évalué par manque d’une loi de
comportement et d’un critère adaptés, il est donc supposé se déformer sans déchirure ni
rupture. Ce bilan devra encore être confronté à l’essai pour vérifier que la chronologie
déterminée dans la simulation et les niveaux d’énergie d’impact sont cohérents avec les
empreintes et les déchirures qui seront laissées sur le carter de rétention.
- 108 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
T= 0 ms : éjection de l’aube lâchée T= 0 ms : éjection de l’aube lâchée
er
T= 0,8 ms : 1 impact aube lâchée / carter T= 0,8 ms : 1er impact aube lâchée / carter
T= 1,1 ms : fragmentation du 1er plan T= 1,1 ms : fragmentation du 1er plan
T= 1,3 ms : 2ème impact aube lâchée / carter T= 1,3 ms : 2ème impact aube lâchée / carter
T= 1,5 ms : T= 1,5 ms :
− fragmentation du 2ème plan − fragmentation du 2ème plan
− impact aube lâchée / aube adjacente − impact aube lâchée / aube adjacente
T= 1,6 ms : 3ème impact aube lâchée / carter T= 1,6 ms : 3ème impact aube lâchée / carter
T= 2,0 ms : 1er impact dans le booster T= 2,0ms : 1er impact dans le booster
T= 2,4 ms : fragmentation du 3ème plan T= 2,4 ms : fragmentation du 3ème plan
T= 2,6 ms : 4ème impact aube lâchée / carter T= 2,6 ms : 4ème impact aube lâchée / carter
- 109 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
axe moteur
A T= 1,5 ms le pied de l’aube lâchée percute l’aube adjacente au niveau de son bord
d’attaque. Ce premier impact se situe à environ 18% de hauteur de la pale à la jonction entre
le bord d’attaque plein et la zone raidie creuse. A T= 1,7 ms, de forts efforts de contact se
situent dans la zone creuse, pouvant entraîner la rupture des raidisseurs. A partir de T= 1,9 ms
le bord de fuite de l’aube lâchée percute le bord de fuite de l’aube adjacente. Par la suite,
l’aube lâchée continue à glisser le long de l’aube adjacente. La figure 80 montre la répartition
des efforts de contact au cours de cette séquence, identique dans les deux simulations
explicites.
Le premier contact entre les deux aubes se produit après la première fragmentation de
l’aube lâchée. Dans une simulation réalisée sans fragmentation, cet impact se produit
légèrement plus tard, à T= 1,6 ms, et se situe au même niveau, soit à 21% de hauteur de pale
dans le début de la zone creuse. L’influence de la première fragmentation est donc
relativement faible sur ce résultat et donc sur le comportement de l’aube adjacente.
- 110 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
Dans cette simulation, l’essai n’étant pas encore réalisé aucun recalage n’est encore
possible, en outre aucun modèle d’endommagement pouvant permettre la prédiction de la
rupture des aubes n’est pas disponible : l’aube adjacente est supposée ne pas casser.
La valeur de l’effort radial de rupture spécifiée pour le palier 1 est de 7.104 daN. De
plus, le palier 2 doit casser sous une charge radiale théorique de 3.104 daN. Le premier fusible
doit casser avant le second dans l’ordre de rupture prévu lors de la conception et calculé par
les simulations implicites. Le dimensionnement de ces découpleurs étant capital, l’estimation
numérique des efforts doit être bonne. L’évolution des efforts aux deux paliers pour les
modèles explicites est représentée sur la figure 81. Suite au découplage du palier 1, la
méthode de calcul de l’effort fait qu’il n’est pas parfaitement nul, pourtant plus aucun effort
ne passe dans le reste de la structure via la bride.
Dans la première configuration explicite sans bride fusible automatique, l’effort dans le
premier fusible atteint une valeur proche de la limite spécifiée vers T= 5,3 ms. Le découplage
a été finalement volontairement imposé à T= 6,5 ms lorsque l’effort la dépasse franchement.
Or avant T= 6,5 ms, l’effort au palier 2 a déjà atteint sa limite théorique. Ce résultat n’est
donc a priori pas cohérent et permet de supposer que la rupture du palier 1 doit se produire
légèrement plus tôt, entre 5,3 et 6,5 ms. A ce niveau, la simulation n’a pas été refaite, en
avançant l’instant de rupture imposé, mais une hypothèse sur le scénario de rupture est
effectuée afin de respecter l’ordre théorique. Ainsi, le palier 2 est supposé ne pas casser tout
au long de la simulation et la rupture du fusible au palier 1 reste imposée à T= 6,5 ms. A T=
15,0 ms, l’effort au palier 2 atteint de nouveau sa limite, mais sa rupture n’est pas effectuée.
Cette hypothèse entraîne bien sûr un doute sur la validité du reste du calcul mais permet tout
de même de fournir des éléments de comparaison intéressants avec les autres simulations.
Dans la seconde configuration, la première vis de la bride fusible du support palier 1
casse entre les instants 4,4 et 4,5 ms. Le découplage, se traduisant par la chute brutale de
l’effort, est effectif très rapidement après cette première rupture, vers T= 4,7 ms. A cet instant,
15 des 36 vis sont cassées et l’effort radial dans le palier 1 vaut seulement 6,2.104 daN.
- 111 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Evidemment, lorsque la limite à rupture des vis est augmentée, l’évolution de la courbe
d’effort tend vers celle de la première configuration. Ce résultat permet déjà de formuler deux
hypothèses qu’il faudra vérifier après l’essai :
- soit la valeur réelle de rupture du fusible, à travers la limite à rupture des vis fusibles,
est plus faible que la valeur spécifiée,
- soit la valeur retenue dans le modèle pour la rupture des vis n’est pas bonne et ne
permet pas à elle-seule de bien prendre en compte les effets de la géométrie réelle de la
bride.
Bien que la différence avec la valeur à rupture spécifiée soit supérieure à 10%, la
simulation a été continuée en conservant la valeur à rupture des vis initialement choisie. La
limite d’effort au palier 2 est alors atteinte à T= 14,3 ms et la rupture est imposée. Par rapport
à la première configuration, l’effort au palier 2 diminue plus tôt suite à la rupture plus précoce
du palier 1, puis son augmentation jusqu’à rupture est similaire. Il faut rappeler que pour la
première simulation, le palier 2 n’est pas cassé. L’effort dépasse donc la valeur limite, mais
très rapidement diminue de nouveau.
Ces différents résultats sont désormais comparés aux simulations implicites réalisées
avec un balourd d’1 aube et d’1,5 aube (figure 82). Plusieurs constatations peuvent être faites.
D’une part, pour le palier 1 en implicite, les instants de rupture avec 1 aube et 1,5 aube
encadrent l’instant de rupture de la seconde configuration explicite. Ceci indique deux
hypothèses sur les comportements relatifs des types de modélisation : tout d’abord, le balourd
généré par la perte d’une seule aube en explicite, avec les effets de la dynamique de la flexion
des aubes fan, semble donc plutôt correspondre à un balourd implicite de 1,25 aube. Par
ailleurs, les différences de comportement dans le booster lors des contacts aubes / carter,
étudiées par la suite, peuvent influer sur les charges aux paliers.
D’autre part, pour le palier 2 en implicite, les ruptures se produisent beaucoup plus tôt
qu’en explicite, à 11 et 8,2 ms. L’instant de rupture de ce palier est donc très sensible aux
différences de comportement entre les modèles explicite et implicite.
- 112 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
Les jeux en sommet des aubes et des léchettes avec le carter du booster sont faibles afin
d’améliorer les performances aérodynamiques. Ainsi, dès que le rotor commence à
s’excentrer, les aubes et les léchettes entrent en contact avec les carters. Les contacts des
léchettes ne sont pas étudiés en détail. Certes ils contribuent à transmettre des efforts et à
limiter l’orbite du rotor mais leurs effets ne sont pas de première importance. Les figures
suivantes permettent alors d’illustrer la chronologie des contacts et de la dégradation des
aubes. En outre, les résultats des deux configurations explicites étant du même ordre de
grandeur, seule la première est présentée.
- 113 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
par convention). Par ailleurs, la figure 84 montre qu’un très fort pourcentage d’aube est
endommagé, jusqu’à 100% pour les 3 premiers étages. En revanche, la déformation plastique
est inférieure à 10%. Il est alors probable que la rupture des sommets d’aube intervienne plus
tard dans la chronologie et aucune rupture n’est introduite dans la modélisation explicite.
Ces différentes remarques constituent un point important pour discuter la validité des
paramètres des modèles implicites. En effet, dans les modèles implicites, pour s’affranchir de
la difficulté à déterminer une raideur de contact qui évolue au cours du temps avec la
dégradation des aubes et des carters, le jeu en sommet d'aube est supposé nul, ce qui implique
une prise de contact immédiate dès l’éjection de l’aube, et la raideur introduite est constante.
étage 1 étage 2
étage 3 étage 4
figure 83 Efforts de contact radiaux dans le booster au cours du temps.
- 114 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
étage 1 étage 2
étage 3 étage 4
figure 85 Evolution du dommage de chaque étage mobile au cours du temps.
Lors des deux premiers tours et pour les deux configurations explicites, le rayon
d’orbite du rotor passe par deux pics successifs (figure 86). Quelques différences apparaissent
cependant. Les rayons d’orbitage maximum sont atteints dans la première configuration à T=
9,1 ms et T= 20,1 ms et valent respectivement 41 et 38 mm. Pour la seconde avec découplage
automatique, ils sont atteints à 9,1 et 20,3 ms et valent respectivement 44 et 36 mm. La
rupture plus précoce du découpleur dans la seconde configuration, alors que la vitesse
d’excentrement est forte, favorise un plus grand débattement. De plus, la diminution de
l’orbite suite à ce premier pic est plus importante que dans la première configuration. En
revanche, le second pic est quasiment identique dans les deux configurations : ceci tend à
montrer que le comportement du palier 2, dont la rupture dans la seconde configuration est
effective à T= 14,3 ms, n’influe pas sensiblement sur l’excentrement du rotor.
Les maxima du rayon d’orbitage calculés en implicite encadrent ceux des deux calculs
explicites (figure 86). Ces deux pics se produisent à des instants comparables, mais leurs
amplitudes tendent à confirmer les résultats concernant les efforts aux paliers : la non-prise en
compte des effets dynamiques de la flexion des aubes en implicite dégrade la précision du
comportement du moteur. Ainsi, le balourd dynamique dû à la perte d’une aube en explicite et
à la flexion des autres aubes fan pourrait se traduire en implicite par le balourd statique d’une
masse équivalant approximativement à 1,25 aube. Il faut noter que l’introduction d’aubes
homogénéisées ne doit pas perturber le balourd dynamique, dans la mesure où la cohérence
des modèles creux et homogénéisé a été vérifiée.
Par ailleurs, le rotor des simulations implicites se recentre très fortement entre les deux
pics. En explicite, il ne se recentre véritablement qu’à la fin du second tour. ; la rupture plus
rapide du palier 2 dans les modélisations implicites va modifier les interactions entre le rotor
et le stator ce qui peut en partie expliquer cet écart.
- 115 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
En outre, lors du deuxième pic en implicite avec 1,5 aube lâchée et après le deuxième
tour en implicite avec 1 aube lâchée, le rayon d’orbite franchit quasiment le double du jeu
initial en sommet d’aube fan de 36 mm. Ceci semble signifier qu’un fort déplacement
d’ensemble du démonstrateur s’ajoute à l’orbite propre du rotor.
Une convention sur la numérotation des aubes fan est adoptée : l’aube lâchée, l’aube
adjacente et l’aube suiveuse sont respectivement les aubes 22, 21 et 20. Ainsi l’aube 19 est
située juste après l’aube suiveuse, et par suite l’aube 1 se situe avant l’aube lâchée. Les
déplacements du centre du rotor dans les deux simulations explicites sont différents : le
déroulement global du frottement des aubes sur le carter va donc présenter quelques écarts.
Néanmoins, comme il s’agit de donner un résultat qualitatif et que les deux configurations
donne un bilan comparable, seule la première est présentée.
Suite à l’excentrement du rotor, les aubes entrent en contact avec le carter fan (figure
87). A T= 7,6 ms, l’aube n° 6 frotte pour la première fois. Le carter de rétention étant alors
globalement peu déformé, cet instant correspond quasiment à la consommation du jeu initial
en sommet d’aube fan, soit 36 mm. Puis d’autres aubes frottent à leur tour (figure 88). Cette
première séquence de frottement se termine à T= 12,5 ms. Une seconde série de contact se
produit entre T= 16 ms et T= 22,5 ms lorsque du second pic. A ce stade de l’étude, il n’est pas
possible de statuer sur les risques de rupture des sommets ou des aubes entières, même si les
niveaux de contraintes et de déformations plastiques sont élevés. Néanmoins, l’intérêt est de
reproduire l’emplacement et le nombre d’aubes en contact. Ces données, qui déterminent une
partie des efforts échangés entre le rotor et le stator, pourront directement être comparées aux
films d’essai pour caractériser qualitativement le comportement global des modèles explicites.
- 116 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
T= 10,5 ms
figure 88 Vue des aubes lors du frottement sur le carter.
Un point critique en perte d’aube est le risque de rupture immédiate (ou par fatigue en
windmilling) du carter intermédiaire. Cet aspect n’est pas accessible avec cette modélisation,
néanmoins l’état de contraintes du carter à différents instants indique la localisation des zones
fortement chargées ainsi que la durée des périodes à fort chargement. La figure 89 propose
une vue de la répartition de la contrainte de Von Mises à trois instants critiques, c’est-à-dire
juste après les deux pics d’orbite du rotor et juste après le recentrage à la fin du second tour.
Les zones les plus sollicitées sont les bras structuraux primaires et secondaires. La contrainte
de Von Mises reste en général inférieure à la limite élastique, celle d’un aluminium soit
environ 300 MPa, sauf sur quelques éléments et sur des instants très courts de l’ordre de
quelques millisecondes. L’étude n’a pas été poussée plus loin, mais dans un premier temps ce
type de résultat peut permettre de définir les zones critiques à observer ou à renforcer au cours
de l’essai.
- 117 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Le moteur étant relié au banc par des liaisons non-infiniment rigides, mais au contraire
assez souples, la validité du comportement du modèle de démonstrateur peut reposer en partie
sur la représentation de ces liaisons. Les déplacements caractéristiques des liaisons sont donc
évalués pour permettre à nouveau une comparaison du comportement d’ensemble entre les
différentes modélisations. Les paramètres des modèles de liaisons pourront également être
modifiés pour recaler l’essai.
La figure 90 représente les déplacements axiaux du groin, qui relie l’accroche avant au
carter intermédiaire, et de la barre de reprise de poussée, qui relie l’accroche arrière à
l’accroche avant. Elle montre clairement des différences de comportement d’ensemble entre
les modèles explicites et implicites. En particulier, dans les deux configurations explicites, les
éléments de liaisons subissent d’abord un mouvement de traction vers l’avant puis de
compression alors qu’en implicite ils ne subissent que de la traction. La figure 91 présente
sous forme schématique ces deux états des liaisons en explicite. Tout d’abord, le balourd
initial opposé à l’aube lâchée se trouve en position 6h et tend à faire basculer le moteur vers le
bas et donc à tirer les accroches. L’inversion se produit lorsque le balourd se trouve en
position 12h. Il tend alors à faire basculer le moteur vers le haut et donc à pousser les
accroches. Ce mouvement global du moteur vers le haut est favorisé par le frottement les
aubes fan sur le carter en position 12h environ, à partir de l’instant T= 7,6 ms (voir figure 88).
Les écarts entre l’explicite et l’implicite peuvent provenir soit d’une différence de
comportement de la ligne complète groin / accroche avant / barre de reprise / accroche arrière,
soit d’une différence de sollicitation par l’ensemble rotor / stator. La première raison invoquée
peut être écartée de par la construction même des modèles de liaisons dans les deux approches
et par des simulations effectuées sur ces modèles séparément.. Si aucune conclusion définitive
ne peut encore être tirée sur ce premier point sans validation complémentaire, les différences
locales accentuent les écarts provoqués principalement par les autres différences de
modélisation induisant une différence de sollicitation de l’ensemble rotor / stator.
- 118 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
frottement des
aubes
direction du
direction du balourd T>7,6
balourd T=0
- 119 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
constituant les liaisons par quelques nœuds uniquement subissent des efforts localisés et des
surcontraintes locales non-physiques.
IV.11Temps de calcul
V. Conclusions
D’une part, cette simulation montre que la méthode explicite n’est pas encore parfaite
sur le plan de la prédiction. De nombreuses incertitudes persistent sur la fragmentation et le
risque de rupture des aubes ainsi que sur les modèles de composants (palier, bride booster…).
L’amélioration des modèles simplifiés de composants entamée au chapitre précédent devra
être poursuivie, grâce à des développements spécifiques recalés sur des essais dédiés. De
même, un modèle d’endommagement avec effet retard doit être évalué pour résoudre les
problèmes de prévision de la fragmentation des aubes.
Néanmoins, en dépit de l’absence des résultats d’essai, ces calculs explicites sur un
modèle tridimensionnel détaillé fournissent d’ores et déjà des résultats intéressants et
complémentaires par rapport aux habituelles simulations implicites de dynamique
d’ensemble.
Les deux approches font preuve d’un comportement global parfois très différent. En
particulier, les instants de rupture des paliers ne sont pas identiques induisant un orbitage du
rotor différent. De même, les contacts dans le booster et les déplacements des accroches ne
sont pas en accord.
Les raisons proviennent de la différence entre les détails géométriques (surtout sur le
rotor) qui conditionne en partie la précision du calcul, mais également des choix de
modélisation. Se pose alors la question du bien-fondé de certaines hypothèses sur les
paramètres du modèle implicite dont :
- la valeur du balourd, basée sur la perte d’une masse correspondant à la quantité d’aube
lâchée sans prise en compte de la dynamique des autres aubes et de l’évolution de la
position du centre de gravité du rotor,
- la raideur de contact dans le booster. Ce paramètre représente à lui-seul le
comportement complexe du contact des aubes sur les carters. Il est donc mal connu et
étant ici considéré comme constant, il ne rend pas bien compte de la dégradation des
- 120 -
Chapitre 4 : Nouveau calcul de perte d’aube sur un moteur complet
aubes, donc de l’évolution de la raideur de contact et du jeu entre les carters et les
aubes.
D’autre part, si l’approche explicite semble donner des résultats encourageants sur le
plan de la qualité et de la complémentarité avec l’approche implicite, une nouvelle étape
consiste à réduire les temps de calcul et de mise en œuvre du modèle. L’utilisation d’aubes
homogénéisées en lieu et place d’aubes creuses a déjà permis de réaliser la simulation de perte
d’aube avec un gain estimé à 40% comme pour le premier démonstrateur étudié. Compte-tenu
des importants temps CPU, supérieur à 400 heures, ce gain n’est pas négligeable. Or le temps
de mise en œuvre du modèle complet a nécessité plusieurs semaines. Les bureaux d’études ne
peuvent donc pas se permettre de réaliser un tel maillage s’il leur est impossible d’effectuer
rapidement des études d’influence sur certains paramètres à moindre coût. Des techniques
numériques de réduction de temps de calcul doivent alors être appliquées. En particulier, la
méthode de décomposition en sous-domaines avec traitement des interfaces à maillages
incompatibles et réduction en base modale en explicite [Faucher, 2003], est envisagée. Pour
conserver une bonne précision et réduire au maximum les temps de calcul, la tâche consistera
à optimiser le choix de la décomposition en sous-domaines, à déterminer les sous-domaines
pouvant être réduits en base modale et à optimiser le nombre de modes à retenir. La
possibilité d’utiliser les bases modales de certains composants à comportement élastique, déjà
calculées pour d’autres applications dans les bureaux d’études, devra être évaluée. En
particulier, tous les composants du stator compris entre le carter intermédiaire et l’arrière du
démonstrateur sont concernés. Ce dernier aspect devrait permettre d’éviter le maillage
spécifique à l’explicite de certaines géométries complexes, de réduire le temps de mise en
œuvre du modèle et ainsi de faciliter l’intégration de la simulation de perte d’aube en
dynamique rapide sur un tel démonstrateur, dans le cadre des itérations aéromécaniques en
conception.
- 121 -
Chapitre 5 : Les perspectives
CHAPITRE 5
Les perspectives
La recherche d’une meilleure précision au plus faible coût dans les modèles numériques
est une constante incontournable pour les industriels. Ce travail de thèse illustre en partie ce
thème à travers une simulation prédictive de perte d’aube sur un démonstrateur représentatif
d’un moteur complet. Cependant, certaines des solutions envisagées visant cet objectif n’ont
pas pu être utilisées dans ce calcul et doivent être évaluées pour les applications futures.
Celles-ci concernent alors l’amélioration de la prédiction du processus de fragmentation des
aubes par un critère fiable et la réduction des temps de calcul par des techniques numériques.
En outre, le modèle explicite détaillé offre l’opportunité d’étudier pour la première fois
l’effet d’une ingestion d’oiseau sur le comportement global d’un moteur, en particulier s’il est
muni d’éléments fusibles, dont le rôle est de ne casser que sous de fortes charges comme en
perte d’aube. Pour cela, et contrairement au modèle de perte d’aube, le rotor devra
comprendre un fan complet possédant toutes ses aubes : le modèle de rotor doit donc être
remplacé par celui utilisé en précontraintes, avec 22 aubes homogénéisées. Pour envisager la
validité de l’utilisation du modèle complet, il faut d’abord qualifier le comportement du
modèle d’aube homogénéisée en ingestion d’oiseau par rapport au modèle d’aube creuse.
Une thèse en collaboration avec le CEA / DAM de Valduc et l’INSA de Lyon est en
cours sur le développement de modèles physiques et numériques de fragmentation. Les
développements effectués n’ont pas pu être appliqués dans cette étude. Néanmoins, il est
intéressant de voir succinctement en quoi la méthode consiste et ce qu’elle apportera.
- 123 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- 124 -
Chapitre 5 : Les perspectives
Les modèles très volumineux et les temps de calcul induits rendent ce type de
simulation incompatible avec le besoin industriel. Ainsi, compte-tenu des spécificités du
schéma explicite d’intégration temporelle, son application à l’ensemble du modèle et sur toute
la durée physique de la simulation n’est pas la solution optimisée. Une amélioration
numérique primordiale consiste alors à prendre en considération les différentes natures de
phénomènes intervenant sur des échelles différentes au niveau spatial et temporel.
L’objectif est tout d’abord de découpler les échelles de temps entre différentes parties
d’un modèle Eléments Finis. La méthode implémentée repose sur les travaux de [Gravouil,
2000]. La structure est décomposée en plusieurs sous-domaines, et la continuité aux interfaces
entre les sous-domaines est assurée à l’aide de l’introduction d’efforts d’interface par des
multiplicateurs de Lagrange. Le principe est donné dans un cas simple, pour une
décomposition en 2 domaines possédant des pas de temps constants et multiples l’un de
l’autre, en Annexe 7.
- 125 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
a. Principe général
Cette approche permet de découpler les échelles d’espace en autorisant un maillage
spécifique à chaque domaine. Ainsi un domaine est doté de sa propre finesse de maillage et
pour les zones ébranlées éloignées des principales non-linéarités la discrétisation peut être
largement simplifiée. En plus de la diminution du nombre de degrés de liberté, la taille du pas
de temps propre aux sous-domaines augmente et ceci améliore encore les gains en temps de
calcul. Le traitement de l’incompatibilité consiste à écrire des relations cinématiques entre les
degrés de liberté des nœuds des deux interfaces.
b. Choix de l’espace de discrétisation des multiplicateurs de Lagrange
La méthode est limitée à l’emploi de maillages hiérarchiques aux interfaces, mais dans
le cadre des géométries usuelles à Snecma Moteurs, ce dernier point ne représente pas une
restriction trop contraignante. Deux choix sont disponibles dans Europlexus : la méthode
mortar et la méthode dite optimale. Pour la méthode optimale, tous les nœuds des extrémités
des domaines concernés sont projetés sur l’interface. Elle assure une continuité cinématique
parfaite. Mais elle peut entraîner une augmentation artificielle de la rigidité de l’interface si
celle-ci présente peu de nœuds communs entre les différents sous-domaines. Pour la méthode
mortar, le support des multiplicateurs est restreint aux nœuds du domaine discrétisé le plus
finement. Elle n’assure pas forcément un collage parfait mais n’introduit pas de rigidité
supplémentaire. Par ailleurs, elle fait intervenir moins de degrés de liberté à l’interface que la
méthode optimale et le coût de la résolution du problème d’interface s’en trouve réduit. Pour
ces raisons, l’utilisation de la méthode mortar est généralement privilégiée.
- 126 -
Chapitre 5 : Les perspectives
satisfaisant et optimisé. Dans tous les cas, la détermination du meilleur paramétrage découlera
de la capitalisation d’expérience à travers les simulations futures. Plusieurs paramètres
d’utilisation peuvent néanmoins être cités :
- Il est préférable d’effectuer un découpage de la structure en étudiant la position des
interfaces afin d’estimer a priori le rapport entre le coût lié à la résolution du problème
d’interface et le gain apporté sur chaque sous-domaine. Le calcul et l’inversion de
l’opérateur de condensation est une opération coûteuse, en particulier avec l’utilisation
de base modale. Elles le sont d’autant que le nombre de degrés de liberté de l’interface
est grand. Ainsi, il peut être préférable de modifier un choix de découpage apparemment
intuitif visant à augmenter la taille d’un sous-domaine avec un grand pas de temps au
profit de la réduction de la taille de l’interface.
- Seul le contact entre les nœuds esclaves / éléments maîtres d’un même domaine sont
supportés par le code, ce qui impose de regrouper dans un même domaine les entités
mises en jeu dans un contact. En effet l’algorithme de contact impose la valeur du pas
de temps de calcul. La gestion des contacts entre différents sous-domaines nécessiterait
alors un traitement complexe des instants communs de calcul entre ces domaines.
- Il n’y a pas de règle clairement établie concernant le rapport maximum de pas de temps
autorisé entre les différents sous-domaine. Mais à travers différentes expériences
numériques [Faucher, 2003], un rapport allant jusqu’à 100 semble possible. Par ailleurs,
fixer le pas de temps pour un sous-domaine qui subit peu de déformations et dont le pas
de temps propre est trop grand peut être un moyen de respecter cette limitation.
- Le choix de la méthode de projection et de la troncature de la base modale font appel à
l’analyse du type de problème et du domaine de sollicitation ainsi qu’à l’expérience.
Ces deux thèmes ne sont pas spécifiques à l’utilisation des bases modales en explicite et
un aperçu des principaux modes de réduction est proposé dans [Craig, 2000].
- 127 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
est décomposée en 4 sous-domaines (figure 92). En particulier, le premier inclut les éléments
intervenant dans les contacts aube lâchée / carter et aubes / aubes, c’est-à-dire l’avant du
carter et toutes les aubes. La figure 93 et la figure 94 montrent que la réponse dynamique du
modèle avec décomposition est très proche de celle du modèle de référence. Ainsi, l’orbite du
rotor et les contraintes dans différents éléments de la structure affichent quasiment les mêmes
évolutions.
„
• ‚ ƒ
- 128 -
Chapitre 5 : Les perspectives
En ce qui concerne les temps de calcul (tableau 3), il apparaît que les configurations les
plus avantageuses sont celles qui isolent les 3 aubes dans un domaine, soient c2, c3 et c4. En
effet, dans ce cas, la taille du domaine contenant les aubes, dont le pas de temps est le plus
faible, est plus petite que dans les autres configurations. Il apparaît en revanche que la
configuration c1 avec 2 domaines uniquement est moins performante qu’en mono-domaine.
Le sous-domaine 1 possède certes un pas de temps 10 fois supérieur au sous-domaine 2, mais
il contient moins de 10% du nombre total de degrés de liberté. Cela met bien en évidence que
le coût lié au traitement du problème d’interface peut devenir supérieur au gain apporté par
une décomposition mal choisie.
n1
e1
ƒ
n2
• •
‚ e2
‚
n3
c1 : 2 domaines c2 : 3 domaines avec déséquilibre
- 129 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
•
‚
„
c3 et c4 : 3 domaines équilibrés et 4 domaines.
figure 95 Maillage et différentes décompositions en sous-domaines du rotor.
figure 96 Comparaison des déplacements nodaux et des contraintes de Von Mises entre
les différentes configurations.
II.6 Conclusions
Le premier exemple permet de valider que les méthodes multi-échelles donnent des
résultats très proches pour un calcul simplifié de perte d’aube. Le second exemple commence
à aborder véritablement le problème du choix des paramètres inhérents à la décomposition en
sous-domaines et visant à réduire les temps de simulation. Une décomposition simple montre
- 130 -
Chapitre 5 : Les perspectives
qu’un gain de 30% est facilement possible. Malheureusement, l’absence temporaire des
fonctionnalités indispensables aux simulations de perte d’aube dans le formalisme multi-
domaine par rapport au mono-domaine n’a pas permis de faire une étude plus approfondie de
toutes les capacités et d’optimisation. Néanmoins, des cas-tests industriels [Faucher, 2003]
affichent des gains supérieurs à 700% grâce notamment à l’utilisation de base modale.
Le modèle simplifié comporte une seule aube et un oiseau. Le pied de l’aube est
entraîné à la vitesse de rotation du moteur à plein régime, la vitesse axiale de l’oiseau est de
90 m.s-1 et l’impact initial de l’oiseau se situe à 85% de hauteur de la pale (figure 97). La
méthode SPH (Smooth Particules Hydrodynamics) implémentée dans Plexus [Letellier, 1996]
est utilisée pour modéliser l’oiseau par un cylindre dont les principales caractéristiques sont
données au tableau 4. Ces paramètres correspondent à l’ingestion d’un goéland lors de la
phase de décollage, mais d’autres espèces d’oiseau et de paramètres de tir utilisés en
certification pourraient être choisies.
- 131 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
85%
vitesse de rotation
90 m.s-1
La simulation est réalisée avec le modèle détaillé d’aube creuse puis avec le modèle
d’aube homogénéisée volumique sur un temps physique de 3ms. La discrétisation selon la
hauteur de l’aube est identique pour les deux modèles. Evidemment, le calcul préliminaire de
précontraintes est effectué. La comparaison s’effectue sur la forme de la découpe de l’oiseau,
les déplacements du centre de gravité de l’aube ainsi que les efforts en pied d’aube.
III.2 Comparaisons
Pour que la comparaison soit fiable, il faut s’assurer que les deux aubes captent la même
masse d’oiseau : la tranche (figure 98) possède la même forme dans les deux cas et représente
21,7 % de la masse initiale de l’oiseau. Sur la figure 99, il apparaît que la déformée de l’aube
homogénéisée au cours du temps diffère très largement de celle de l’aube creuse. La poche
caractéristique au bord d’attaque, suite aux déformations plastiques dans la zone d’impact et
des raidisseurs, n’apparaît pas dans le modèle homogénéisé. Le comportement local des
raidisseurs n’est donc pas reproduit avec précision. En revanche, la position radiale du centre
de gravité de l’aube homogénéisée garde par rapport à celle de l’aube creuse une erreur
quasiment constante et faible tout au long de la simulation (figure 100). En effet, l’aube subit
une déformation locale ainsi qu’une déformation globale de flexion / torsion prépondérante
comparable dans les deux modélisations. Par ailleurs, les efforts transmis par le pied d’aube
au reste de la structure (figure 101) sont presque identiques.
- 132 -
Chapitre 5 : Les perspectives
T= 0 ms
T= 0 ms
figure 101 Comparaison des efforts en pied d’aube dans le repère d’entraînement.
- 133 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
III.3 Conclusions
IV. Conclusions
Un critère d’endommagement, en cours de développement par un doctorant, devrait
largement contribuer à l’amélioration de la prédiction de la rupture des aubes et du carter. Ce
thème constitue un enjeu capital pour la justesse de la simulation et du dimensionnement à la
perte d’aube. Il doit permettre de gagner du temps en supprimant la phase de détermination
des plans de fragmentation de l’aube lâchée et dans certains cas, de fastidieuses études
d’influence permettant de recaler des essais avec le critère simplifié actuel.
- 134 -
Conclusion générale
CONCLUSION GENERALE
De plus en plus, le monde industriel assiste à un passage de modèles très partiels vers
des modèles complets représentatifs des structures réelles. Ceci est rendu accessible par les
perpétuels progrès informatiques et nécessaire par la volonté d’améliorer la précision du
comportement global en fonction des comportements locaux des composants. Afin d’accéder
à une bonne prédiction du comportement moteur en perte d’aube, la résolution de quelques-
uns des problèmes identifiés a alors été effectuée. Dans le troisième chapitre, une méthode
d’homogénéisation a été appliquée pour réduire la taille du modèle actuel d’aube creuse en
- 135 -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Enfin, le cinquième chapitre a présenté des voies de résolution pour les problèmes
exposés grâce à des développements externes. Ceux-ci concernent un critère
d’endommagement devant permettre la prédiction de la rupture des aubes et la décomposition
en sous-domaines devant réduire sensiblement les temps de calcul. De plus, l’emploi de bases
modales et d’interfaces incompatibles pourrait permettre l’intégration directe de modèles issus
des différents bureaux d’études, réduisant ainsi les temps de mise en œuvre du modèle
complet. Une perspective d’utilisation du modèle complet pour la problématique de
l’ingestion d’oiseau en dynamique rapide a également été présentée. La pertinence du
comportement du modèle d’aube homogénéisée au sein d’une structure complète en ingestion
doit encore faire l’objet de validations supplémentaires par rapport au modèle d’aube creuse.
Ces travaux de thèse sur la modélisation de la perte d’aube en dynamique rapide ne sont
pas de nature théorique. Aucune méthode originale n’a été proposée pour améliorer les
modèles de composant, pour l’homogénéisation et pour les techniques numériques de
réduction des temps de calcul. En revanche, l’apport se situe sur la mise en œuvre
d’applications académiques de la littérature dans un modèle industriel complexe. Les objectifs
ont été partiellement atteints dans la mesure où pour la première fois à Snecma Moteurs une
telle simulation a été effectuée. La modélisation inhabituelle de composants comme le booster
ou les accroches au banc ainsi que la réduction de la taille du modèle d’aube creuse ont été
réalisées avec succès. Les points concernant la prédiction de la rupture des aubes et la
réduction des temps de calcul ont été anticipés par Snecma Moteurs et des travaux de
recherche ont été lancés parallèlement à cette thèse : ils n’ont donc pu qu’être abordés sur des
cas simples. Néanmoins, si les résultats d’essai montrent que l’approche explicite sur moteur
complet s’avère utile et complémentaire par rapport aux méthodes habituelles, ces deux
dernières améliorations sont vitales pour convaincre les bureaux d’études de les utiliser en
conception.
- 136 -
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Bibliographie
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Annexe 1 : Types d’éléments de Plexus
ANNEXE 1
Types d’éléments de Plexus
Les éléments présents dans le code Plexus et utilisés au cours de cette étude sont
présentés succinctement. On précise que tous ces éléments sont isoparamétriques et que les
fonctions de forme sont linéaires.
Eléments hexaédriques CUBE et CUB8
Les éléments hexaédriques sont des éléments parallélépipédiques à 8 nœuds à 3 degrés
de liberté de translation par nœud. L’élément CUBE sous-intégré possède un point
d’intégration situé au centre. L’élément CUB8 est intégré avec 8 points (2 points de Gauss
dans chaque direction de l’espace). La position de ces points est donc ( ± 1 3 ;± 1 3 ;± 1 3 )
en coordonnées cartésiennes pour un élément unitaire de référence. Cet élément volumique est
recommandé pour les calculs élasto-plastiques. Il y a 6 contraintes calculées :
σ x , σ y , σ z , σ xy , σ yz , σ xz
L’élément Q4GR est stable en grande rotation mais à cause de la sous-intégration il est
susceptible de subir le phénomène d’Hourglass lors d’un contact. Il est alors utilisé pour les
maillages de stator et de rotor qui ne subissent pas de contact. En l’état actuel, l’élément
- i-
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Q4GS présente quant à lui les propriétés inverses et son emploi est limité aux zones
potentiellement mises en jeu dans les impacts.
Elément de coque épaisse SHB8
L’élément SHB8 est un élément de coque épaisse sous-intégré à 8 nœuds géométriques
et 3 degrés de liberté de translation par nœud. La formulation de coque s’appuie sur les 4
nœuds de la surface moyenne. Il comporte 1 point d’intégration dans le plan et de 2 à 5 points
d’intégration dans l’épaisseur. Il est le plus souvent utilisé avec 5 points dans l’épaisseur pour
prendre en compte la plastification. Il y a 8 contraintes calculées :
σ mx , σ mt , σ mxy , σ f x , σ f y , σ f xy , τ xz , τ yz (3 contraintes de membrane, 3 contraintes de
flexion, 2 contraintes de cisaillement transverse constantes dans l’épaisseur)
Un repère local est construit au centre de chaque élément. Dans un problème de coque
en contraintes planes, la contrainte locale dans l’épaisseur est nulle σ zz = 0 . Le terme
σ zz = E ε zz est alors réintroduit par pénalisation.
Cet élément sous-intégré peut également subir l’Hourglass si aucun contrôle anti-
voilement n’est appliqué.
- ii -
Annexe 2 : Algorithme de plasticité
ANNEXE 2
Algorithme de plasticité
Seul le cas du matériau de Von Mises avec écrouissage isotrope est considéré. Ainsi en
fonction de la valeur du critère de Von Mises, le comportement du matériau est de type
élastique ou plastique. L’hypothèse d’isotropie implique que ce critère ne dépend que des
invariants du tenseur de contraintes et qu’il est indépendant du repère dans lequel il est
exprimé.
Critère de Von Mises
L’écriture des différents tenseurs utilise la sommation implicite d’Einstein sur les
indices. Soient σ ij les composantes du tenseur de contraintes σ d’ordre 2, noté σ pour
alléger les notations. Le tenseur de contraintes déviatoriques s , noté s, est défini par :
1
sij = σ ij − tr (σ )δij (19)
3
où δ ij est le symbole de Kronecker,
et tr (σ) est la trace du tenseur σ .
La contrainte de Von Mises, notée σ vm est définie par :
3
σ vm = s ij s ij (20)
2
Par exemple, en tridimensionnel, elle s’écrit :
σ vm =
2
[
3 2
] [
s11 + s222 + s33
2
+ 3 s12
2
]
+ s 223 + s132 (21)
La surface de charge de Von Mises vaut (figure 102) :
F = σ vm − σ s = σ vm − R − σ Y (22)
où R est l’écrouissage isotrope, et σ est la limite élastique initiale.
Y
Dans la suite, les exposants e et p sont relatifs aux grandeurs calculées selon une loi de
comportement élastique et plastique respectivement.
- iii -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
σ
σe
σs
R
σY
ε
ε p
ε e
Contraintes élastiques
L’incrément de contrainte entre les pas n et n+1 est calculé avec la loi de comportement
élastique. Ainsi les contraintes totales au pas n+1 s’écrivent :
( )
σ iie,n +1 = n +1 πnii + λtr ∆ε n +1 + 2µ∆ε iin+1
e,n +1 n +1 n n +1
(23)
σ ij = πii + µ∆γ ii pour i ≠ j
Par la suite, les exposant n+1 sont supprimés pour simplifier les équations.
Excédent de contraintes
Suite à la plastification, la déformation est partitionnée en une déformation élastique et
une déformation plastique :
ε = εe + ε p (24)
La contrainte réelle σ est calculée en soustrayant à la contrainte élastique totale σ e
l’excédent de contrainte ∆σ p dû à la plastification :
σ = σe − ∆σp (25)
où ∆σ = D∆ε ,
p p
- iv -
Annexe 2 : Algorithme de plasticité
3
∂ s ijsij
∂F ∂σ vm 2 3 sij
or = = = après développement. (27)
∂σ ∂σ ∂σ kl 2 σ vm
Les déformations plastiques équivalentes cumulées sont définies par :
∂Ψ & ∂F & ∂(− R ) & &
p& = − Λ=− Λ=− Λ=Λ (28)
∂R ∂R ∂R
d’où : ε&= 3 sij p&
2 σvm
3 s ij
∆ε ijp = ∆p (29)
2 σ vm
et :
∆σ pij = D∆ε pij
( )
= λtr ∆ε ijp δ ij + 2µ∆ε pij
= 2µ∆ε pij
car la trace de s ij donc celle de ∆ε pij est nulle.
s ij
alors ∆σ pij = 3µ ∆p . (30)
σ vm
Il faut à présent déterminer l’incrément de déformation plastique équivalente cumulée
∆p et la contrainte déviatorique réelle s ij .
-v-
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
- vi -
Annexe 2 : Algorithme de plasticité
1
d’où sij = seij 1 − 3µ e ∆p
σ vm
et la contrainte déviatorique réelle s’écrit bien sous la forme :
1
sij = Aseij où A = 1 − 3µ e ∆p (37)
σ vm
Deux expressions de s ij sont alors permises :
s ij
expression 1 : sij = seij − 3µ ∆p (38)
σ vm
1 e seij
expression 2 : sij = s 1 − 3µ e ∆p = sij − 3µ e ∆p
e
(39)
σ vm σ vm
ij
s eij s ij
ce qui prouve que e = .
σ vm σ vm
Calcul de la contrainte réelle
L’excédent de contrainte dû à la plastification dépend de l’incrément de déformation
plastique équivalente cumulée et de la contrainte déviatorique réelle, termes qui viennent
d’être calculés à l’aide de grandeurs connues :
s ij
∆σ pij = 3µ ∆p
σ vm
e , n +1
n +1 σ vm − σ Y, n
avec ∆p =
3µ + E T
s ij s ije
et =
σ vm σ evm
e , n +1
s eij σ vm − σ Y,n
d’où ∆σ = 3µ e p
(40)
σ vm 3µ + E T
ij
et finalement :
avec σ = σe − ∆σp
s eij σ evm, n +1 − σ Y ,n
σ = σ − 3µ e e
(41)
σ vm 3µ + E T
- vii -
Annexe 3 : Homogénéisation analytique
ANNEXE 3
Homogénéisation analytique
- ix -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Formage superplastique
figure 103 Les trois étapes principales de la fabrication par le procédé SPFDB.
- Les modules Ex, Gxy et Gzx sont directement calculés selon la loi des mélanges. Les
autres coefficients sont calculés à partir de considérations élémentaires de résistance des
matériaux sur des géométries de référence.
- Les modules Ey et νzy sont calculés à partir de la traction selon y (figure 105).
-x-
Annexe 3 : Homogénéisation analytique
- Les modules Ez et ν yz sont calculés à partir de la traction selon z (figure 106). Ez est
ensuite corrigé en E z pour prendre en compte l’effet des peaux (figure 108).
- Le module Gyz est calculé à partir du cisaillement sur les 4 faces du volume de référence
(figure 107).
- Les modules νyx, νxy, νzx puis νxz sont ensuite déterminés.
On remarque que ces formules peuvent s’appliquer directement aux structures en nid
d’abeille en changeant simplement les indices pour se projeter dans le bon repère.
figure 105 Déformée du raidisseur sous chargement horizontal selon y [Ko, 1980].
figure 106 Déformée du raidisseur sous chargement vertical selon z [Ko, 1980].
- xi -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
figure 108 Correction du module Ez pour la prise en compte des peaux [Ko, 1980].
- xii -
Annexe 3 : Homogénéisation analytique
Ce type d’étude peut aider à modifier la géométrie des raidisseurs pour optimiser le
dimensionnement en privilégiant une caractéristique particulière. Seules les courbes relatives
aux modules d’Young Ey, Ez, et E z sont présentées.
- Le module d’Young équivalent Ey est faible devant le module d’Young Ec des peaux. Il
est très sensible à la variation de l’angle θ des raidisseurs et de l’épaisseur des segments
droits tf, mais est peu sensible à celle de la demi-largueur p du raidissage (figure 109).
La rigidité de l’âme est donc faible dans la direction y.
- Le module d’Young équivalent Ez est également faible devant Ec. Il est quasiment
insensible à la variation de l’angle θ mais est sensible à la variation de l’épaisseur tf et
de la demi-largueur p (figure 110). Par ailleurs, le module E z est beaucoup plus grand
que Ez et est sensible à p lorsque tf est faible (figure 111).
- Le module de cisaillement équivalent Gxy est sensible à la variation de l’angle θ et croit
avec l’augmentation de p.
- Le module de cisaillement équivalent Gyz est très sensible à la variation de p.
- Le module de cisaillement équivalent Gzx décroît avec l’augmentation de p et à angle θ
donné, il atteint son maximum lorsque la forme du raidisseur en oméga se dégénère en
triangle.
- La valeur du coefficient de Poisson νxy est faible. Elle est sensible à tf et θ, et croît
quand p augmente.
- La valeur du coefficient de Poisson νxz est également faible. Elle est sensible à tf mais
est peu sensible à p et θ.
- Il apparaît que la valeur du coefficient de Poisson νyz peut être plus grande que 1. Ceci
est assez fréquent dans le cas de structure complexe non continue, de type treillis. En
effet, les coefficients matériau ne sont pas relatifs à une véritable loi de comportement
local mais représentent une structure hétérogène complète. Il est sensible à tf et θ, et
croît quand p augmente. Les coefficients de Poisson νyz et νzy sont sensibles à p et θ,
mais sont insensibles à tf.
- xiii -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
figure 109 Evolution du rapport Ey/Ec en fonction de p/hc , t f/hc et θ [Ko, 1980].
figure 110 Evolution du rapport Ez/Ec en fonction de p/hc , t f/hc et θ [Ko, 1980].
- xiv -
Annexe 3 : Homogénéisation analytique
figure 111 Evolution du rapport Ez /Ec en fonction de p/hc , t f/hc et θ [Ko, 1980].
- xv -
Annexe 4 : Analyse modale du carter intermédiaire
ANNEXE 4
Analyse modale du carter intermédiaire
Dans cette étude complémentaire, il s’agit de comparer et valider par analyse modale le
modèle de carter intermédiaire du calcul de perte d’aube explicite, au modèle de carter
intermédiaire du calcul de perte d’aube implicite et à l’essai.
Comparaison des modèles et du carter intermédiaire expérimental
Contrairement au modèle implicite, le modèle explicite possède la même masse que le
carter de l’essai (tableau 5). Les simplifications géométriques effectuées semblent donc a
priori justifiées même si cela n’implique pas, malgré tout, que la répartition de la masse soit
parfaite. En outre, le modèle utilisé dans l’étude explicite, discrétisé en éléments de volume,
possède environ 30% de degrés de liberté en moins.
Analyse modale
Un essai d’analyse modale a été effectué à Snecma Moteurs. Seuls les modes
d’ensemble sont l’objet de la comparaison (tableau 6). En effet, de nombreux modes à très
forte participation des OGV seuls se situent dans la plage de fréquence expérimentale 350-
440 Hz mais ne présentent pas d’intérêt particulier.
- xvii -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Conclusion
Le comportement modal du modèle explicite, qui est relativement proche de celui du
modèle implicite, pourrait sans aucun doute être amélioré par l’utilisation d’éléments de
coque et de liaisons au niveau des principaux boulonnages. Néanmoins, les résultats sont déjà
satisfaisants pour justifier l’emploi de ce modèle. Par ailleurs, les corrections proposées
nécessitent une étude plus approfondie, et ne seraient pas forcément sans conséquence sur la
taille du modèle, qui est une contrainte incontournable de l’étude de perte d’aube sur le
démonstrateur. Le maillage réalisé est donc un bon compromis entre qualité et taille du
modèle.
- xviii -
Annexe 5 : Analyse modale du moteur complet
ANNEXE 5
Analyse modale du moteur complet
La comparaison des modes entre les modèles de moteur complet utilisé dans les
simulations de perte d’aube implicite et explicite permet de valider le modèle dit explicite par
rapport au modèle dit implicite considéré ici comme la référence. Les dénominations
« modèle explicite et implicite » permettent simplement de distinguer les deux modèles
utilisés initialement pour le calcul de perte d’aube explicite et implicite. Pour les deux
modèles, l’analyse modale est forcément réalisée en implicite.
Afin de pouvoir réaliser l’analyse modale sur le modèle explicite à l’aide de Samcef,
quelques modifications ont dû être apportées. D’une part, les liaisons ont été converties au
format du code implicite. Par exemple, les égalités de déplacements sont remplacées par des
corps rigides. D’autre part, pour des raisons de taille de modèle, le rotor 3D initial a été
remplacé par un rotor 1D traditionnellement utilisée en implicite, identique dans les deux
modèles.
Principales différences et bilan de masse
Les deux modèles ne sont pas totalement identiques. En particulier, 5 points se
distinguent au niveau :
- des simplifications géométriques différentes (notamment sur le carter intermédiaire),
- de l’absence de l’AGB et du réservoir d’huile dans le modèle explicite,
- du maillage du modèle explicite qui est principalement volumique pour les pièces
épaisses alors que le maillage est réalisé exclusivement en coque dans le modèle
implicite,
- des redresseurs du compresseur qui sont maillés dans le modèle explicite,
- de certaines liaisons qui n’utilisent pas exactement les mêmes modélisations.
Le bilan de masse effectué par composant et sur le moteur complet ne montre que de
faibles différences au niveau :
- de l’accroche avant, due aux légères différences de modélisation,
- de l’accroche arrière. Cependant, cette pièce très massive, rigide et relié au moteur par
des liaisons élastomères très souples ne participe quasiment pas à la réponse globale du
moteur.
- xix -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Les deux premiers modes sont parfaitement corrélés. Il s’agit de modes de liaison
élastomères des accroches avant et arrière (figure 113) dont la raideur est faible par rapport
aux autres éléments de la structure. Les 3ème et 4ème modes sont quant à eux inversés. Les
liaisons ainsi que la torsion du carter intermédiaire répondent de manière prépondérante. De
légères différences dans la modélisation de ces liaisons et dans le comportement du carter
intermédiaire (cf. Annexe 4) peuvent expliquer cette inversion, étant donné que les fréquences
des deux modes sont très voisines. Ensuite, le 5ème mode du modèle explicite présente un fort
écart en fréquence et une déformée légèrement différente. Néanmoins, il correspond
relativement bien. Le 8ème, 9ème et 14ème modes sont également bien corrélés.
Les 6ème et 7ème modes présentent une forte participation de l’AGB et du réservoir
d’huile situés sous le carter fan. L’absence de l’AGB et de ce réservoir dans le modèle
explicite doit expliquer ces différences, même si aucune simulation n’a été réalisée pour
confirmer cette hypothèse. Par ailleurs, les modes 10 à 13 qui présentent une très forte
participation des carters (manche, carter fan, carter intermédiaire et faux inverseurs) sont
absents du modèle explicite. L’une des raisons provient de la trop grande raideur de ces
carters dans le modèle explicite, déjà constatée sur le carter intermédiaire, et qui repousse ce
type de mode vers un ordre supérieur, au-delà des 40 Hz.
- xx -
Annexe 5 : Analyse modale du moteur complet
figure 113 1er et 2ème modes du moteur complet à forte participation des liaisons.
Conclusion
A partir de cette comparaison, deux conclusions peuvent être tirées. D’une part, le
modèle explicite se comporte globalement comme le modèle implicite pour les modes
d’ensemble basses fréquences. En revanche, les modes à forte participation des carters du
modèle explicite ont des fréquences plus élevées que celles du modèle implicite.
Il n’est néanmoins pas possible de dire lequel de ces modèles est le plus réaliste.
- xxi -
Annexe 6 : Exemple de validation du modèle d’endommagement avec effet retard
ANNEXE 6
Exemple de validation du modèle
d’endommagement avec effet retard
Cette annexe propose une illustration de l’effet de retard sur la détermination de la zone
d’endommagement en fonction de la taille du maillage. L’exemple, qui ne peut pas être traité
car les développements ne sont pas encore disponibles à Snecma Moteurs, ainsi que les détails
de la formulation théorique, sont directement extraits de [Suffis, 2002].
Cadre théorique
Dans le modèle d’endommagement décrit par [Lemaître, 1985], seules les équations
concernant l’endommagement sont enrichies d’un effet retard. Ainsi, les équations classiques
du modèle sont :
- la partition des déformations : ε = ε e + ε p
- la loi élastique du matériau endommagé : σ = (1 − D)Hε e
où H est la loi de comportement élastique
et D la variable d’endommagement
σ
- la surface de charge : f = vm − R (λ ) − σ Y = 0
1− D
où σ vm est la contrainte de Von Mises,
et R (λ) + σY est la limite élastique définie par la courbe de traction.
3 λ& σ d
- l’écoulement plastique : ε& p =
2 1 − D σ vm
λ&
- la vitesse de déformations plastiques : p& =
1− D
- le taux endommagement non-corrigé :
& R (λ) + σ Y σ H λ&
D nc = Ω
2ES0 vm 1 − D
σ
σH
où σ H est la contrainte hydrostatique, est le taux de triaxialité des contraintes, et une
σ vm
2
σ σ 2 σ
forme de Ω H est proposée par [Lemaître, 1985] : Ω H = (1 + υ) + 3(1 − 2υ) H
σ vm σ vm 3 σ vm
L’équation enrichie est le taux d’endommagement corrigé avec effet retard [Suffis,
2002] :
- xxiii -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
D [ ]
& = 1 1 − e −a ( Dnc − D )
τc
où τc est le temps caractéristique du retard, a est une constante, constituant les
paramètres du modèle.
Présentation du cas de validation
Il s’agit d’une poutre bidimensionnelle de 0,1 m de long et 0,04 m de large. Elle est
encastrée à une extrémité et soumise à une force de flexion sur l’autre extrémité de 120 MN.
La force est équirépartie sur l’ensemble des nœuds de la face. Le matériau utilisé possède les
caractéristiques suivantes :
- module d’Young : 1,1 GPa
- coefficient de Poisson : 0,31
- masse volumique : 44500 kg.m3
- la courbe de traction est définie par les couples déformations totales – contraintes :
- xxiv -
Annexe 6 : Exemple de validation du modèle d’endommagement avec effet retard
Les deux simplifications permettent à l’auteur une plus grande lisibilité du modèle et de
son interprétation.
Analyse des résultats
Les profils d’endommagement pour les 4 types de maillages, et pour un modèle
d’endommagement sans et avec effet retard sont présentés en figure 114. Il apparaît
clairement que sans effet retard, la taille de la zone endommagée (en rouge sue les figures, et
correspondant à endommagement supérieur à 0,8) diminue lorsque la densité de mailles
augmente. Ainsi, sa largeur moyenne comprend en général deux éléments, que le maillage
soit grossier ou détaillé, sachant que la taille des éléments du modèle détaillé est 8 fois plus
petite. Ceci met bien en évidence le phénomène de localisation. En revanche, pour le modèle
avec effet retard, la zone endommagée converge vers une forme et une taille critique en
fonction de la densité de maillage. La précision de la simulation est donc augmentée.
- xxv -
Annexe 7 : Principe de la décomposition en sous-domaines
ANNEXE 7
Principe de la décomposition en sous-domaines
sous-domaine 1
sous-domaine 2
∆t1
t0 tj tn
∆t2
- xxvii -
Modélisation d’un moteur complet en perte d’aube en dynamique rapide
Les vitesses inconnues à tj sont alors écrites en fonction des accélérations à l’aide du
schéma d’intégration en temps :
& j & j−1 ∆t && j−1 && j p & j ∆t && j
U 1 = U 1 + 2 (U 1 + U 1) = U 1 + 2 U 1
U &n = U & 0 + ∆t (U
&& 0 + U & n + ∆t U
&& n ) = p U && n
2 2
2
2 2 2
2
2
p & k
où Ui est le prédicteur en vitesse du pas de temps k.
sous-problème 1 :
M 1 0 0 U && 1n F1n
&& n n
free
0 M 0 U
2 2 free = F2 (44)
0 0 0 0 0
sous-problème 2 :
&& n
M1 0 − C1T U 1 link
0
0
M2 − C 2 U
T && n
= 0 (45)
2 link
∆ ∆
0 Λ C1 U1 free + C 2 U 2 free
t
− C1 − C 2 t n p & n p & n
2 2
où p & n & n + ∆t U
U i free = p U && n
i i free
2
Le sous-problème 1, dit free, correspond à la résolution de l’équilibre dynamique sur
chaque sous-domaine indépendamment. Les accélérations sont ensuite corrigées à l’aide des
quantités issues du sous-problème 2, dit link. Ce dernier est condensé sur les multiplicateurs
de Lagrange.
Condensation sur les inconnues d’interface
Le système (45) conduit à :
( & n +C pU
HΛn = − C p U1 1 free
&n
2 2 free ) (46)
∆t 2
où H=
2 1
∑ Ci Mi−1CTi est l’opérateur de condensation.
- xxviii -
Annexe 7 : Principe de la décomposition en sous-domaines
Ceci implique :
& = Φ α&
U 1 1 1
&& = Φ α
U &&
1 1 1
2 2
M̂1 = Φ1 M1Φ 1
T
- xxix -