Facteurs Explicatifs de La M Au Cameroune

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ORGANISME INTER-ETATIQUE UNIVERSITE DE YAOUNDE II

IFORD

INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES

FACTEURS EXPLICATIFS DE LA
MALNUTRITION DES ENFANTS DE MOINS
DE CINQ ANS AU CAMEROUN

Mémoire présenté et soutenu en vue de l’obtention du diplôme de

MASTER PROFESSIONNEL EN DEMOGRAPHIE


Domaine : Sciences Sociales
Mention : Droit-Sciences Politiques-Economie et Gestion
Filière : Sciences de la population
Spécialité : Démographie

Par : TANANG TCHOUALA Patrice

Comité d’encadrement
Directeur : Dr. MIMCHE Honoré
Lecteur : Dr. NGANAWARA Didier

Yaoundé, octobre 2009


Les opinions émises dans ce document sont propres à son auteur et
n’engagent en aucun cas l’Institut de Formation et de Recherche
Démographiques (IFORD).

i
DÉDICACE

A mes parents,

Pour l’éducation et l’amour donnés à leurs enfants.

A mes frères et sœurs,

Pour que vous vous souveniez toujours que la réussite en toute chose dans la vie se trouve au
bout de l’effort et de la persévérance.

A la mémoire de mon petit frère.

ii
REMERCIEMENTS
La r éalisation d e ce t ravail a ét é p ossible grâce au p récieux co ncours de plusieurs
personnes physiques et morales. Qu’il me soit permis de remercier du fond du cœur tous ceux
qui, de près ou de loin, ont contribué à sa réalisation.

Mes r emerciements s ’adressent t out d’ abord a u G ouvernement c amerounais qui , par


l’entremise du MINEPAT(b), a financé cette formation.

Un merci particulier au Dr. MIMCHE Honoré pour avoir accepté de diriger ce travail
et pour sa disponibilité malgré ses multiples occupations.

Je voudr ais remercier m on l ecteur, l e Dr. NGANAWARA Di dier, p our s es l ectures


critiques et suggestions qui ont été d’un apport considérable.

Je d is m erci à mon mentor l e P r. LEGRAND Thomas Kingston qui, pa r s es


observations et conseils, m’a accompagné jusqu’au bout de ce travail.

Je suis heureux d’exprimer ma gratitude à tout le personnel administratif et enseignant


de l’IFORD qui, durant la formation, n’a ménagé aucun effort pour que celle-ci se passe dans
de bonnes conditions.

Je voudrais également remercier les responsables du S ervice Nutrition de l’UNICEF-


Yaoundé e t M. OKA LA Ge orges (Sous-directeur de l’ Alimentation e t d e la N utrition au
MINSANTE) pour leur appui technique.

Aux f amilles L ONTSIE, TCHOMENI, TCHOUATA, CHANYON, DOUOLA et


TCHOUPA j’adresse mes remerciements pour leur soutien sans failles.

Que mes camarades d es 2 8ème, 29 ème et 3 0ème promotions s oient r emerciés po ur l a


convivialité et l’esprit d’équipe qui nous ont conduits durant cette formation.

Je remercie M. NANAN Willibrod et tous mes amis pour leur soutien inconditionnel.

Je n e s aurais t erminer s ans r endre grâce à l ’Eternel n otre D IEU q ui, par-dessus t out,
m’a guidé tout au long de cette formation.

iii
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
BIT : Bureau International du Travail

BM : Banque Mondiale

CCA : Common Country Assessment

CDC: Centers for Disease Control and Prevention

CDE : Convention relative aux Droits des Enfants

CE : Communauté Européenne

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale

CENAME : Centrale Nationale d'Approvisionnement en Médicaments Essentiels

CFVSA : C omprehensive F ood S ecurity A nalysis/ Analyse G lobale d e l a S écurité


Alimentaire et de la Vulnérabilité

CIN : Conférence Internationale sur la Nutrition

CRPMT : Centre de Recherche sur les Plantes médicinales et la Médecine Traditionnelle

DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

ECAM : Enquête Camerounaise Auprès des Ménages

EDSBF : Enquête Démographique et de Santé du Burkina-Faso

EDSC : Enquête Démographique et de Santé du Cameroun

EDSM : Enquête Démographique et de Santé du Mali

FAO : Food and A gricultural O rganisation (Organisation des N ations U nies pour
l’Alimentation et l’Agriculture)

FASR : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée

FED : Fond Européen de Développement

FEMEC : Fédérations des Missions et Églises Évangéliques du Cameroun

FIMA : Fonds d’Investissement des Micro-réalisations Agricoles

GRIPPS : Groupe International de Partenaires Population - Santé

IMC : Indice de Masse Corporelle

iv
INS : Institut National de la Statistique

INSAH : Institut du Sahel

MDE : Monde Digne des Enfants

MDG : Millenium Development Goals

MICS : Multiple Indicators Cluster Survey (Enquête par grappes à indicateurs multiples)

MINADER : Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural

MINEFI : Ministère de l'Économie et des Finances

MINEPAT(a) : M inistère d es A ffaires É conomiques, de l a P rogrammation e t de


l’Aménagement du Territoire

MINEPAT(b) : Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du


Territoire

MINPLAPDAT : Ministère de la Planification, de la Programmation du Développement et de


l’Aménagement du Territoire

MINSANTE : Ministère de la Santé Publique

MNTA : Maladies Non Transmissibles liées à l'Alimentation.

MPE : Malnutrition Protéino-Énergétique

MSF : Médecins Sans Frontières

NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

NCHS : National Center for Health Statistics

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONU : Organisation des Nations Unies

PAMDE : Plan d’Action d’Un Monde Digne des Enfants

PAS : Programme d’Ajustement Structurel

PEV : Programme Élargi de Vaccination

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

v
PSSA : Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire

RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat

SAN : Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle

SASNIM : Semaine d'Actions de Santé et de Nutrition Infantile et Maternelle

SCN : Comité permanent sur la nutrition des Nations Unies (ex-CAC/SCN)

SIDA : Syndrome de l’ImmunoDéficience Acquise

SME : Sommet Mondial sur les Enfants

SNAR : Système National d’Alerte Rapide et d’informations sur les marchés

SRP : Stratégies de Réduction de la Pauvreté

SSP : Soins de Santé Primaires

SSS : Stratégie Sectorielle de Santé

TAMR : Le Taux Annuel Moyen de Régression

TBS : Tableau de Bord Social

UIESP : Union Internationale pour l’Étude Scientifique de la Population

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

UNICEF : U nited N ations International C hildren’s E mergency F und (Fonds de s N ations


Unies Pour l’Enfance)

UTAVA : Unité de Traitement par Voie Aérienne

VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine

vi
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE............................................................................................................................... ii

REMERCIEMENTS ............................................................................................................... iii

SIGLES ET ABRÉVIATIONS .............................................................................................. iv

TABLE DES MATIÈRES ..................................................................................................... vii

LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................... xi

LISTE DES GRAPHIQUES, FIGURES ET CARTES ..................................................... xiii

RÉSUMÉ ................................................................................................................................ xiv

ABSTRACT ............................................................................................................................ xv

INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................ 1

CHAPITRE I : CONTEXTE DE L’ÉTUDE ......................................................................... 7

1.1. Situation géographique et administrative du Cameroun .............................................. 7

1.2. Situation socio-économique ......................................................................................... 9

1.3. Contexte socioculturel et démographique .................................................................. 12

1.3.1. Principaux repères ...................................................................................... 12

1.3.2. Politique de population ............................................................................... 14

1.4. Situation sanitaire ...................................................................................................... 15

1.4.1. Politique de santé ....................................................................................... 16

1.4.2. Système de santé........................................................................................ 19

1.4.3. Principales maladies affectant les enfants de moins de 5 ans .................... 22

1.5. Situation en eau et assainissement ............................................................................. 24

1.5.1. Eau .............................................................................................................. 24

1.5.2. Assainissement ........................................................................................... 25

1.6. Situation alimentaire et nutritionnelle ........................................................................ 26

1.6.1. Situation alimentaire ................................................................................... 26

1.6.2. Situation nutritionnelle ............................................................................... 28

vii
CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE ............................................................................. 32

2.1. Revue de littérature .................................................................................................... 32

2.1.1. Connaissance biomédicale de la malnutrition ............................................ 32

2.1.2. Approche holiste de la malnutrition ........................................................... 36

2.1.3. Approche relationnelle de la malnutrition .................................................. 38

2.1.4. Approche socioculturelle de la malnutrition .............................................. 41

2.1.5. Approche socioéconomique de la malnutrition .......................................... 45

2.1.6. Approche biodémographique ..................................................................... 49

2.1.7. Facteurs environnementaux ........................................................................ 56

2.2. Cadre conceptuel ........................................................................................................ 58

2.2.1. Hypothèse générale et schéma conceptuel ................................................. 58

2.2.2. Définition des concepts .............................................................................. 60

2.3. Cadre d’analyse .......................................................................................................... 63

2.3.1. Hypothèses spécifiques .............................................................................. 63

2.3.2. Schéma d’analyse ....................................................................................... 63

CHAPITRE III: ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES ....................................................... 66

3.1. Source de données ...................................................................................................... 66

3.1.1. Objectifs de l’enquête ................................................................................. 67

3.1.2. Constitution de l’échantillon ...................................................................... 68

3.1.3. Répartition de l’échantillon ....................................................................... 68

3.1.4. Questionnaires ............................................................................................ 69

3.2. Population cible .......................................................................................................... 70

3.3. Évaluation de la qualité des données ......................................................................... 71

3.3.1. Évaluation interne ....................................................................................... 71

3.3.2. Évaluation externe ...................................................................................... 82

3.4. Définition des variables opérationnelles .................................................................... 83

3.4.1. Variable dépendante ................................................................................... 83

viii
3.4.2. Variables indépendantes ............................................................................. 85

3.5. Méthodes d’analyse .................................................................................................... 89

3.5.1. Analyse descriptive .................................................................................... 89

3.5.2. Analyse explicative .................................................................................... 90

CHAPITRE IV : ANALYSE DIFFÉRENTIELLE DE LA MALNUTRITION ............. 92

4.1. Analyse bivariée ......................................................................................................... 92

4.1.1. Malnutrition et contexte de résidence........................................................ 92

4.1.2. Malnutrition et variables socioculturelles .................................................. 95

4.1.3. Malnutrition et variables socioéconomiques .............................................. 98

4.1.4. Malnutrition et participation de la mère aux dépenses de santé ............... 102

4.1.5. Malnutrition et caractéristiques démographiques de la mère et de l’enfant


........................................................................................................................................ 103

4.1.6. Malnutrition et comportements des mères en matière de santé et de


nutrition de l’enfant ........................................................................................................ 105

4.1.7. Malnutrition et autres variables indépendantes ........................................ 106

4.1.8. Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants ....... 108

4.2. Profil des enfants malnutris ...................................................................................... 110

4.2.1. Détermination des axes factoriels ............................................................. 110

4.2.2. Représentation graphique et caractérisation des enfants malnutris .......... 113

CHAPITRE V : ESSAI D’EXPLICATION DE LA MALNUTRITION DES ENFANTS


......................................................................................................................................... 117

5.1. Spécification des modèles ........................................................................................ 117

5.1.1. Descriptions des modèles d’analyse ......................................................... 117

5.1.2. Tests d’adéquation des modèles ............................................................... 119

5.2. Facteurs explicatifs de la malnutrition et leurs mécanismes d’action ...................... 121

5.2.1. Influence des variables contextuelles ....................................................... 122

5.2.2. Influence des variables socioculturelles ................................................... 123

5.2.3. Influence du niveau de vie des ménages .................................................. 125

ix
5.2.4. Influence des variables intermédiaires ..................................................... 125

5.2.5. Hiérarchisation des facteurs explicatifs .................................................... 134

5.3. Explication et discussion des résultats ..................................................................... 135

CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................. 141

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 147

ANNEXES ............................................................................................................................. 156

ANNEXE 1 : Le lien entre l’état nutritionnel et les OMD.............................................. 157

ANNEXE 2 : Schéma conceptuel de l’UNICEF-1997 ................................................... 158

ANNEXE 3 : Tableaux croisés ....................................................................................... 159

ANNEXE 4 : Histogramme des valeurs propres issues de l’AFCM .............................. 163

ANNEXE 5 : Association entre variables indépendantes ............................................... 164

ANNEXE 6 : Diagrammes de l’OMS ............................................................................. 165

x
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 : Indicateurs démographiques de base .................................................................. 15

Tableau 1.2 : Couverture sanitaire des hôpitaux et centres de santé ........................................ 20

Tableau 1.3 : P art du budg et e xécuté p ar l e M inistère de l a s anté publ ique pa r r apport à
l'exécution du budget national de 1991 à 1998 ................................................................. 22

Tableau 1.4 : Production des principales cultures vivrières (en milliers de tonnes) .............. 27

Tableau 1.5 : Structure de la consommation totale des ménages urbains entre 1983 et 1996. 29

Tableau 3.1 : Taux de non-réponses des différentes variables ................................................. 72

Tableau 3.2 : Limites des intervalles de mesure de l’état nutritionnel ..................................... 73

Tableau 3.3.a : Calcul de l’indice de MYERS au niveau national ........................................... 80

Tableau 3.3.b : Calcul de l’indice de MYERS en milieu urbain .............................................. 80

Tableau 3.3.c : Calcul de l’indice de MYERS en milieu rural................................................. 81

Tableau 4.1 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables contextuelles .................... 94

Tableau 4.2 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables socioculturelles ................. 97

Tableau 4.3 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables socioéconomiques .......... 102

Tableau 4.4. Proportions d’enfants malnutris selon la participation de la mère aux dépenses de
santé................................................................................................................................. 103

Tableau 4.5 : Proportions d’enfants malnutris selon les caractéristiques démographiques de la


mère et de l’enfant ........................................................................................................... 104

Tableau 4.6 : Proportions d’enfants malnutris selon les comportements des mères en matière
de santé et de nutrition de l’enfant .................................................................................. 106

Tableau 4.7 : P roportions d’ enfants m alnutris s elon l ’état m orbide e t l e g roupe d’ âges de
l’enfant ............................................................................................................................ 108

Tableau 4.8.a : Classification des facteurs associés à l ’état nutritionnel des enfants au niveau
national ............................................................................................................................ 108

Tableau 4.8.b : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu
urbain............................................................................................................................... 109

xi
Tableau 4.8.c : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu
rural ................................................................................................................................. 109

Tableau 4.9.a : Description de l’axe 1 par les modalités........................................................ 111

Tableau 4.9.b : Description de l’axe 2 par les modalités ....................................................... 113

Tableau 5.1 : Pouvoir discriminant des modèles de régression logistique............................. 121

Tableau 5.2. a : E ffets b ruts e t ne ts de s v ariables i ndépendantes s ur l ’état nut ritionnel de s


enfants de moins de cinq ans au niveau national ............................................................ 128

Tableau 5.2.b : E ffets br uts e t ne ts de s va riables i ndépendantes s ur l ’état nut ritionnel de s


enfants de moins de cinq ans en milieu urbain ............................................................... 130

Tableau 5.2. c : E ffets b ruts et n ets d es v ariables i ndépendantes s ur l ’état nut ritionnel de s
enfants de moins de cinq ans en milieu rural .................................................................. 132

Tableau 5.3 : C ontribution de s va riables à l ’explication de l ’insuffisance pondé rale de s


enfants de moins de 5 ans................................................................................................ 134

Tableau 1 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
contextuelles .................................................................................................................... 159

Tableau 2 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
socioéconomiques ........................................................................................................... 159

Tableau 3 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
socioculturelles ................................................................................................................ 160

Tableau 4 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
intermédiaires .................................................................................................................. 160

Tableau 5A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur état nut ritionnel e n f onction de l a r égion d e
résidence .......................................................................................................................... 161

Tableau 6 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
socioculturelles et économiques ...................................................................................... 161

Tableau 7 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
intermédiaires .................................................................................................................. 162

Tableau 1A5 : Association entre certaines variables indépendantes ...................................... 164

xii
LISTE DES CARTES, FIGURES ET GRAPHIQUES
Carte 1 : Indices nutritionnels selon la région .......................................................................... 31

Figure 2.1 : Cycle de vie de la nutrition ................................................................................... 36

Figure 2.2 : Schéma conceptuel de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans............. 59

Figure 2.3 : Schéma d’analyse de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans .......... 64

Graphique 3.1 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données de base) ................ 73

Graphique 3.2 : Représentation d’un point aberrant ................................................................ 74

Graphique 3.3 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données corrigées) ............. 75

Graphique 3.4.a : Effectifs des enfants en fonction de l’âge (en mois) au niveau national ..... 76

Graphique 3.4.b : E ffectifs de s e nfants e n f onction de l ’âge ( en m ois) selon l e m ilieu de


résidence ............................................................................................................................ 76

Graphique 3.5 : Effectifs des enfants en fonction du groupe d’âges ........................................ 77

Graphique 3.6 : Effectifs des mères en fonction de l’âge ........................................................ 78

Graphique 3.7 : Effectifs des mères en fonction du groupe d’âges .......................................... 82

Graphique 3.8 : P roportion d’ enfants d e m oins de 5 a ns s elon l eur é tat nut ritionnel a u
Cameroun .......................................................................................................................... 85

Graphique 4.1 : Proportions d’enfants malnutris selon le milieu de résidence ........................ 93

Graphique 4.2.a : Proportions d’enfants malnutris selon la religion ........................................ 96

Graphique 4.2.b : Proportions d’enfants malnutris selon le niveau d’instruction de la mère .. 97

Graphique 4.3.a : Proportions d’enfants malnutris selon le niveau de vie des ménages ......... 98

Graphique 4.3.b : Proportions d’enfants malnutris selon l’occupation de la mère ................ 100

Graphique 4.3.c : Proportions d’enfants malnutris selon le type de toilette .......................... 101

Graphique 4.4 : Catégorisation des enfants selon certaines caractéristiques ......................... 114

Graphique 5.1 : Évaluation du pouvoir discriminant du modèle saturé M9 (au niveau national)
......................................................................................................................................... 120

xiii
RÉSUMÉ
Près de 19% d’enfants de moins de cinq ans au Cameroun sont d’un poids trop faible
pour l eur âge. C eci c orrespond à 9,5 fois l e ni veau attendu da ns un e po pulation e n bonne
santé et bien nourrie. De ce constat et de celui d’un Taux Annuel Moyen de Régression de 2%
au lieu des 2,8% nécessaire pour l’atteinte de la seconde cible de l’OMD 1, l’étude analyse les
facteurs explicatifs de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans au Cameroun à l’aide
des données de l’enquête MICS réalisée en 2006. Elle utilise les mesures anthropométriques
pour évaluer l’état n utritionnel des enfants e t s e b ase s ur l es n ouvelles n ormes d e
l’Organisation M ondiale d e l a S anté concernant l a c roissance de s nour rissons publ iées e n
2006. Partant de la description du contexte de l’étude, l’investigation s’est faite à l ’aide d’un
cadre théorique qui a permis de déboucher sur des résultats assez révélateurs.

Premièrement, dans une analyse différentielle de la malnutrition désagrégée au milieu


de résidence, on observe que les variables contextuelles, socioéconomiques et culturelles sont
significativement associées à l’état nutritionnel des enfants. Des variables intermédiaires, seul
le s exe d e l ’enfant est significativement a ssocié à l eur état n utritionnel, la quelle a ssociation
étant le f ait d u milie u r ural. Les r ésultats présentés a u ni veau na tional s uivant l es de ux
standards montrent que les an ciennes r éférences d u N ational C enter for H ealth S tatistics
(NCHS) concernant la croissance des nourrissons jadis recommandées par l’OMS surestiment
l’ampleur du phénomène.

Deuxièmement, l’analyse ex plicative permet d e dé gager l es pr incipaux facteurs


explicatifs de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans au Cameroun. Ainsi, la région
de r ésidence de l ’enfant, l e n iveau d’instruction de l a m ère, l e ni veau d e vi e du m énage, l e
sexe de l’enfant et la religion du chef de ménage sont les variables qui ont été déterminantes
pour l’explication en milieu rural et au niveau national. L’analyse des mécanismes d’action a
permis de montrer que l’effet de certaines variables est annihilé par d’autres. En milieu urbain
par exemple, on n’a plus que la région de résidence, le niveau de vie du ménage et la religion
comme variables déterminantes en présence de toutes les autres variables.

Enfin, l’étude propose, pour une efficacité de la lutte contre la malnutrition des enfants
au Cameroun, des recommandations sur les plans politique, programmatique et scientifique.

xiv
ABSTRACT
Around 19% of children in Cameroon are underweight. It corresponds to 9.5 times the
level e xpected f or a h ealthy a nd w ell nour ished population. F rom t his obs ervation a dded t o
the av erage an nual r ate of r egression es timated at 2% i nstead of t he 2.8 % necessary for t he
achievement of t he s econd obj ective of M DG1, this s tudy analyses t he factors t hat ex plain
malnutrition of children below five in Cameroon with the help of data collected by MICS in
2006. It us es a nthropometric i ndicators t o m easure t he nut ritional s tatus of c hildren, a nd, i s
based on ne w norms of WHO concerning infants published in 2006. T he analysis goes from
the de scription of t he c ontext of s tudy t o bring out out standing results t hrough an
investigation into the theoretical framework.

At fi rst, in the differential a nalysis o f malnutrition d isintegrate to t he place o f


residence, one obs erves t hat t he c ontextual, socioeconomic a nd c ultural va riables a re
significantly associated to the nutritional status of children. Among the intermediate variables,
only the one that concerns the sex of children proved worthily associated to their nutritional
status, and this being justified by the rural place of residence in which they live. The results,
presented at t he n ational l evel f ollowing t wo s tandards, show t hat t he ol d r eferences of t he
National C enter for H ealth Statistics (NCHS) l ong recommended b y t he W HO c oncerning
infant’s growth overestimate the extend of the phenomenon.

At s econd, t he ex planatory analysis p ermits to b ring o ut th e p rincipal factors th at


explain m alnutrition of children be low f ive i n C ameroon. T hus, a re c onsidered de terminant
explanatory in r ural milie u a nd a t th e n ational le vel: th e place o f r esidence of c hildren, t he
level of education of the mother, the financial status of the family, the sex of children, and the
religion of the head of the family. The analysis of interactional mechanisms has permitted to
show that the effect of some variables is annihilated by others. In the urban zone for example,
the only relevant variables are: the place of residence, the financial status of the family, and
religion.

Finally, this study suggests some political, programmatic and scientific proposals for
an efficient fight against malnutrition of children.

xv
INTRODUCTION GÉNÉRALE
« La réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, l’abaissement de la
mortalité infantile et la réalisation de tous les autres Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD) concernant la santé et l’éducation sont
largement tributaires des progrès en matière de nutrition. Si l’on ne vient pas
à bout de la dénutrition, il sera difficile d’atteindre les autres OMD »

Ann M. Veneman 1

E n 2006, pour l a pr emière f ois, l e nom bre d’ enfants qui m eurent a vant l eur
cinquième anniversaire e st t ombé en dessous de l a barre des 10 m illions, à 9,7
millions précisément. Cette r éduction représente un t ournant i mportant pour l a s urvie de
l’enfant. En effet, selon les estimations des années 1960, 20 millions d’enfants de moins de 5
ans mouraient chaque a nnée. Et , le n ombre d e décès d ’enfants baisse régulièrement d epuis
cette ép oque. C es es timations s ont l e fru it de s t ravaux du g roupe i nter-institutions pour l a
survie de l’enfant qui comprend l’UNICEF, l’Organisation Mondiale de la Santé, la Banque
Mondiale e t l a D ivision de l a popul ation ( Nations U nies). M algré l es p rogrès r éalisés,
l’atteinte du quatrième Objectif du Millénaire pour le Développement, qui consiste à réduire
de de ux t iers l e t aux de m ortalité de s e nfants d e m oins de c inq a ns d’ ici à 2015 , semble
compromise au r egard d u n iveau d e mo rtalité in fantile a ssez élevé d ans de nombreux pa ys
notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

De nombreux facteurs et maladies se conjuguent pour accroître la mortalité des enfants


au-delà d es impacts in dividuels. La ma lnutrition e st responsable d’ une p art i mportante des
décès d ’enfants, d irectement o u indirectement ( comme co facteur aggravant d ’autres
pathologies), d’une forte morbidité et de séquelles touchant tous les aspects du développement
(Simondon et al., 1989 ; WHO Working Group, 1986). Chaque année, la dénutrition contribue
au décès d’environ 5,6 m illions d’enfants de moins de cinq ans. Un enfant de moins de cinq
ans sur quatre - soit 146 millions d’enfants dans le monde en développement - présente une
insuffisance pondérale par rapport à son âge (UNICEF, 2006) : ce qui augmente son risque de
décès p rématuré. D’après la même source, la d énutrition est la cause sous-jacente d ’environ
53 % des décès d’enfants de moins de cinq ans.

1
Directrice Générale de l’UNICEF (Avril 2006)

1
Lorsque l a nut rition n e r épond pa s a ux a ttentes de l’organisme (apport e n
micronutriments entre autres), il en résulte un grand préjudice pour les individus et l’ensemble
de la société. Lorsque les femmes enceintes ne reçoivent pas une alimentation adéquate, elles
mettent au monde des enfants présentant une insuffisance pondérale, ce qui compromet leurs
chances de survie. Lorsque les filles sont sous-alimentées, c’est leur capacité future de donner
naissance à d es enfants s ains q ui es t m enacée. La d énutrition et l es car ences en
micronutriments peuvent causer des retards de développement chez les jeunes pendant toute
l’enfance et l’adolescence, les rendant moins productifs une fois devenus adultes 2.

L’OMD 1 co nsiste à réduire l ’extrême p auvreté et l a f aim, en affirmant l e l ien


fondamental qui l es uni t. La f aim es t s ouvent u ne co nséquence et u ne ca use d e l a p auvreté.
Dans t outes l es régions du m onde, e n l ’absence de pol itiques alimentaires, l es pa uvres ont
tendance à av oir d e m oins b ons r égimes al imentaires q ue l es r iches. La ma lnutrition est u n
véritable carcan qui enserre l’humanité, empêchant de nombreux individus, voire des sociétés
entières, d e r éaliser p leinement l eur p otentiel (UNICEF, 2008) . Chez l es en fants en
particulier, ceux qui sont dénutris ont une moindre résistance à l’infection et risquent plus de
succomber à d es m aladies courantes de l ’enfance co mme l a d iarrhée et l es i nfections
respiratoires. Les survivants peuvent être pris dans un engrenage de maladies à répétition et de
problèmes de c roissance qui s ’accompagnent souvent d’atteintes ir réversibles a u
développement cognitif e t s ocial. P our l es générations a ctuelles et f utures, une bonne
alimentation es t l a p ierre an gulaire d e l a s urvie, d e l a s anté et d u d éveloppement. S i l eur
alimentation e st s uffisante, le s f emmes c ourent moins d e r isques p endant la g rossesse et
l’accouchement, et l eurs en fants p euvent avoir un meilleur dé veloppement physique e t
mental. Bien nourris, les enfants auront une meilleure scolarité 3, une meilleure santé. Une fois
adultes, ils donneront à l eurs pr opres enfants u n m eilleur dé part da ns la vi e. U ne bonn e
nutrition a également d’importantes retombées sur l’économie. Lorsque les populations sont
bien nourries, la productivité individuelle est en hausse, les dépenses de santé sont en baisse et
la production économique s’accroît.

Selon l ’UNICEF ( 2006), 28 % d es e nfants p résentent une i nsuffisance p ondérale en


Afrique subsaharienne. L’Afrique subsaharienne arrive en deuxième position après l’Asie du
Sud en ce q ui concerne le pourcentage d’enfants accusant des retards de croissance (41% en

2
Voir l’annexe 1 pour le lien entre la Malnutrition et les OMD
3
Idem

2
Afrique d e l’ Est e t A ustrale et 3 5 % en Afrique de l ’Ouest e t Centrale). Pour l a pr oportion
d’enfants souffrant de cachexie (le poids des enfants est faible pour leur taille, ce qui dénote
une dé nutrition a iguë qu i a pparaît s ouvent da ns l es s ituations d’ urgence), l ’Asie du S ud est
suivie p ar l ’Afrique d e l’Ouest et C entrale ( 10 %), l e M oyen-Orient e t l’Afrique du N ord
(8 %) e t l’Afrique de l’Est et Australe (7 %). Toutefois, certains progrès ont été réalisés : la
proportion d’enfants présentant une insuffisance pondérale dans les pays en développement a
été ramenée de 33 % à 28 % entre 1990 et 2004. Pendant cette période, la baisse la plus forte
a ét é en registrée d ans l a r égion d e l ’Asie d e l ’Est et d u P acifique, o ù l e p ourcentage a ét é
ramené d e 25 % à 15 % . M ais i l n’ y a pa s e u de grands c hangements e n A frique
subsaharienne, où l e taux d’insuffisance pondérale est resté pratiquement le même de 1990 à
2004 (UNICEF, 2006) . En ef fet, cette absence d e p rogrès co njuguant s es ef fets av ec
l’accroissement d émographique au gmente le nom bre t otal d ’enfants pr ésentant un e
insuffisance pondé rale. Le T aux Annuel M oyen d e Régression (TAMR 4) d ans l e m onde est
de 1,7 % en 2006. S i rien n’est fait, l’UNICEF estime que 50 millions d’enfants qui auraient
pu bénéficier d’une alimentation suffisante d’ici à 2015 seront lésés et leur vie sera en danger.
L’Afrique de l’ Ouest et Centrale (TAMR de 1,6 %) et l’Asie du Sud (1,7 %) ont progressé,
mais pas suffisamment pour atteindre la seconde cible de l’OMD 1 (UNICEF, 2006). Selon la
même s ource, l e C ameroun a régressé à un r ythme d’environ 2 % par an, pas assez pour l a
réalisation de l’OMD 1.

Chaque année au Cameroun, au moins 45 000 e nfants succombent de la malnutrition,


selon l e Fonds d es N ations U nies pour l ’enfance. P ourtant, l e C ameroun e st un pa ys
relativement stable de l’Afrique subsaharienne. Selon l’UNICEF, il est difficile de donner une
voix à cet te « urgence s ilencieuse », é clipsée p ar le s c onflits e t le s c rises q ui to uchent le s
populations r éfugiées da ns l es a utres p ays de l a région. Pour Garnier 5 (2009) : « L’urgence
camerounaise n’est pas très médiatisée. Mais elle pourrait s’aggraver si on ne poursuit pas
nos efforts, surtout auprès des moins de 3 ans ».

Il r essort en ef fet des t rois Enquêtes D émographiques et d e S anté réalisées p ar l e


Cameroun que l es pr oportions d’ enfants m alnutris, s aisies à t ravers l es m esures
anthropométriques, sont élevées p ar rapport à l a m oyenne d e l ’Afrique de l ’Ouest et du

4
Le rythme de changement nécessaire pour parvenir au but est un taux (TAMR) constant de 2,8 % pour
tous les pays.
5
Denis Garnier, Chargé de la nutrition au bureau de l’Unicef à Yaoundé.

3
Centre, soit 17% en ce qui concerne l’insuffisance pondérale modérée (UNICEF, 2006). Selon
l’enquête MICS de 2006, les niveaux de malnutrition sont restés assez élevés chez les enfants
de m oins de c inq a ns au C ameroun : 30,4% s ouffrent d’ un r etard de c roissance m odéré,
19,3% s ouffrent d’ une i nsuffisance p ondérale m odérée et 6 ,1% d’ une é maciation m odérée.
Ces pr oportions s ont ne ttement s upérieures à c elles q ue l'on s 'attend à t rouver d ans une
population en bonne santé et bien nourrie (respectivement 2,3% et 0,1% pour les insuffisances
pondérales m odérées et sévères). Les m oyennes g lobales c alculées pour l es r égions, voi re
pour c haque p ays m asquent g énéralement d es d isparités. U n p ays à faible t aux m oyen
d’insuffisance pondérale peut conserver d’importantes poches de dénutrition dans une région
donnée ou parmi certains sous-groupes de la population.

Malgré une production a limentaire assez i mportante au C ameroun, l ’état nutritionnel


des popul ations e n g énéral e t c elui de s groupes vul nérables e n p articulier, ces d erniers
composés p articulièrement d es femmes enceintes et allaitantes et des en fants d ’âge
préscolaire, s ’est d égradé au cours d e la d ernière d écennie. C ette s ituation s ’explique par la
crise économique qui a secoué le pays et la survenue du V IH/ SIDA (MINSANTE/UNICEF,
2007). Selon la même source, les principales carences nutritionnelles observées au Cameroun
sont :

• l’apport insuffisant en aliments, sources d’énergie et de protéines ;


• la carence en vitamine A ;
• l’anémie par carence en fer ;
• la carence en iode.

L’Enquête Nationale sur la Vitamine A et l’Anémie réalisée en 2000, montre que 40%
des enfants de moins de cinq ans souffrent de la carence en vitamine A. Par ailleurs, 57% des
enfants de 1 à 5 a ns e t 53% de s f emmes enceintes s ont a némiques. Les pr oblèmes
nutritionnels s ont à l ’origine de m illiers de dé cès de j eunes e nfants e t de f emmes, d’ une
réduction drastique du potentiel intellectuel et d’énormes pertes économiques. Ils représentent
un véritable frein pour le développement du pays et compromettent les efforts de lutte contre
la pauvreté.

Eu é gard à ce q ui p récède, les actions m enées j usqu'ici pour l utter c ontre l a


malnutrition des enfants au Cameroun semblent avoir un impact très peu significatif sur l'état
nutritionnel de c eux-ci. D ès l ors, une analyse des f acteurs ex plicatifs est pertinente, ét ant
donné que les séquelles de ce f léau sur la santé, le bien-être de l'enfant, ainsi que son impact

4
sur la mo rtalité in fanto-juvénile s ont i mportants. A insi, la r éduction d e la ma lnutrition
contribuera fortement à l a b aisse d e l a m ortalité des en fants au Cameroun et p ermettra à c e
pays de bé néficier du pot entiel r éel de s a popul ation pour s on dé veloppement é conomique,
social, politique.

Cette s ituation de l a m alnutrition a u C ameroun nous a c onduit à l a que stion


suivante : quels s ont l es facteurs ex plicatifs de la malnutrition des en fants d e moins de cinq
ans au C ameroun ? Au-delà d es c auses i mmédiates que s ont l ’inadéquation de l a r ation
alimentaire e t la ma ladie, q uels s ont le s f acteurs q ui p ourraient ju stifier o u a lors ê tre d es
causes s ous-jacentes de la m alnutrition de s e nfants de m oins de c inq a ns a u C ameroun ?
Comment ces facteurs interagissent pour influencer l’état nutritionnel des enfants ?

L’objectif général d e cette ét ude es t d e rechercher les facteurs ex plicatifs d e l a


malnutrition des enfants de moins de cinq ans au Cameroun afin de mettre à la disposition des
pouvoirs publ ics e t de s acteurs i ntervenant da ns l e dom aine de l a nut rition de s e nfants, de s
connaissances l eur p ermettant d ’améliorer l es s tratégies et p rogrammes de l utte co ntre l a
malnutrition des enfants.

Spécifiquement, il est question de :

 Évaluer l e n iveau et l es variations d ifférentielles d e la ma lnutrition c hez le s


enfants de moins cinq ans au Cameroun ;

 Dégager le profil des enfants malnutris ;

 Identifier et hiérarchiser les facteurs susceptibles d'expliquer les niveaux et les


variations de la malnutrition, ainsi que leurs mécanismes d’action ;

 Formuler d es r ecommandations p ermettant d ’améliorer l’état n utritionnel d es


plus jeunes.

Pour a tteindre c es obj ectifs, les d onnées u tilisées seront celles co llectées l ors d e
l’Enquête pa r G rappe à Indicateurs M ultiple (MICS) de tr oisième génération r éalisée au
Cameroun e n 2006. Nous ferons r ecours a ux nouvelles co urbes d e r éférence d e l ’OMS
(OMS/MGRS 6 - 2006) pour é valuer l ’état nut ritionnel de s e nfants. En ef fet, l'Organisation
Mondiale d e l a S anté ( OMS) a publ ié, en av ril 2006 , de nouve aux s tandards p ermettant

6
Multicentre Growth Reference Study

5
d'évaluer l a croissance des en fants de l a n aissance à l 'âge d e 5 an s. C es s tandards o nt ét é
élaborés pour remplacer les courbes de référence internationales NCHS qui étaient l’objet de
vives c ritiques. Ces d ernières (les co urbes N CHS) ne s ont pa s adaptées pour é valuer l a
croissance d'enfants nourris au sein, car elles ont été réalisées par la mesure d'enfants pour la
plupart non a llaités, c omme c 'est d' ailleurs l e c as pour l a pl upart de s c ourbes de c roissance
actuellement u tilisées. Les s tandards O MS (WHO S tandards) reflètent u ne cr oissance d ans
des c onditions opt imales e t pe uvent ê tre ut ilisés pour é valuer l a c roissance e n t outes
circonstances, indépendamment de l’origine ethnique, du statut socio-économique et du mode
d'alimentation. Cette é tude s ’inscrit d ans le s premiers p as d e l’ utilisation d es n ouvelles
courbes de référence de l’OMS publiées en 2006.

Ce travail s’articule autour de cinq chapitres. Le chapitre premier présente le contexte


de l’étude. Au deuxième chapitre, il est question d’identifier les causes et les déterminants de
la malnutrition à travers la littérature existante sur le sujet et les différents travaux menés sur
le terrain afin de déboucher sur un cadre conceptuel et un cadre d’analyse adaptés à l’étude.
Dans le troisième chapitre consacré aux aspects méthodologiques, l’on présente les données à
utiliser et la méthodologie d’analyse de ces données. Par la suite, la description des facteurs
associés à la malnutrition est faite dans le quatrième chapitre. Le dernier chapitre est un essai
d’explication des principaux résultats.

6
CHAPITRE I : CONTEXTE DE L’ÉTUDE

S i la santé et la mortalité dépendent en partie de l’environnement naturel ou de son


aménagement p ar l ’homme, il f aut néanmoins noter que les i ndividus peuvent
aussi par l eurs co mportements e t ha bitudes de vi e favoriser ou empêcher l’incidence d es
maladies e t de l a m ort (Stanley et J oske, 1980) . Cependant, ces comportements s ont e ux-
mêmes en grande partie déterminés par des attitudes souvent induites par l’héritage culturel,
les conditions de vie et les politiques conduites au niveau local ou n ational, notamment dans
le domaine de la santé en général et des soins accordés aux enfants en particulier. Ce chapitre
présente, en rapport av ec l e t hème d e l ’étude, le co ntexte d ans lequel l’ étude es t m enée. Il
s’agira de l a s ituation g éographique e t a dministrative du C ameroun, de s a s ituation
économique, du contexte socioculturel et démographique, de la situation sanitaire du p ays et
de la situation alimentaire et nutritionnelle.

1.1. Situation géographique et administrative du Cameroun7

Le Cameroun est un pa ys d’Afrique Centrale situé au fond du G olfe de Guinée, entre


les 2 e et 13e degrés de latitude Nord et les 9 e et 16e degrés de longitude Est. Le pays s’étend
sur une superficie de 475 650 ki lomètres carrés. Il présente une forme triangulaire qui s’étire
au Nord jusqu’au lac Tchad sur près de 1 200 km tandis que la base s’étale d’Ouest en Est sur
800 km . Il pos sède au S ud-Ouest une f rontière m aritime de 420 km l e l ong de l ’océan
Atlantique. Il est limité à l’Ouest par le Nigéria, au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée
Équatoriale, à l’Est par la République Centrafricaine, et au Nord-Est par le Tchad.

Depuis 1996, les institutions de la République sont régies par la constitution révisée. Il
faut s ignaler que cette révision c onstitutionnelle a c onsacré la d écentralisation d e la g estion
des af faires d e l ’Etat. D es s tructures d écisionnelles r égionales s ont p révues au n iveau d es
régions. Il est prévu que de toutes ces institutions centrales et régionales se mettront en place
au fur et à mesure des exigences de l’heure et des moyens nécessaires à cet effet. Ainsi, à la
faveur du dé cret pr ésidentiel N ° 2008/ 376 du 12 nove mbre 2008 por tant or ganisation

7
Les informations contenues dans cette section, lorsque mention n’est pas faite du contraire,
proviennent de l’EDSC-2004.

7
administrative de l a R épublique du C ameroun, l e t erritoire e st or ganisé en c irconscriptions
administratives et constituent des circonscriptions administratives : les régions, départements
et les arrondissements. Ce décret consacre le début de la décentralisation et transforme les dix
provinces du C ameroun en dix régions. Avec l a décentralisation, les r égions complètent et
corrigent les différentes actions dans le domaine de la santé. Ce dispositif vise à assurer et à
adapter l ’offre d e s oins aux car actéristiques d e chaque t erritoire. C’est a insi que certains
secteurs s e retrouvent renforcés en fonction de s be soins de l a pop ulation : maternité,
alimentation, urgences, gériatrie.

Le m ilieu na turel du C ameroun e st très diversifié. Trois g rands t ypes de r égions


naturelles contribuent à cette diversité, lui conférant ainsi la réputation d’être une « Afrique en
miniature ».

Le sud forestier (régions du Centre, de l’Est, du Littoral, du Sud et du S ud-Ouest) est


situé d ans le s z ones maritime e t é quatoriale. C ette z one s e car actérise par u ne v égétation
dense, un va ste r éseau hydrographique et un c limat c haud e t hum ide a ux précipitations
abondantes. C’est une zone propice à la culture du cacao, du palmier à huile, de la banane, de
l’hévéa et d u t abac, etc. E lle ab rite les de ux pl us g randes vi lles du pa ys: D ouala ( principal
port et c apitale é conomique av ec s es activités co mmerciales et i ndustrielles), Y aoundé
(capitale politique). Citons aussi d’importants centres urbains comme Edéa caractérisé par son
industrie lourde et sa centrale hydro-électrique ; Limbe, siège de l’industrie pétrolière et Kribi,
terminal du pipeline Tchad-Cameroun.

Les hauts plateaux de l ’Ouest ( régions de l ’Ouest e t du N ord-Ouest), d ont l’ altitude


moyenne est supérieure à 1 100 m, forment une région riche en terres volcaniques favorables
à l ’agriculture ( café, m araîchers, et c.). La v égétation y es t m oins d ense q ue d ans l e s ud
forestier et le climat frais qui y règne est favorable à l’éclosion de toutes sortes d’activités. De
plus, l a f orte de nsité d e peuplement, par r apport à l a m oyenne n ationale, en f ait u ne d es
premières z ones d ’émigration. Les p rincipales v illes s ont B afoussam, B amenda e t la v ille
universitaire de Dschang.

Le nord soudano sahélien (régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord) est


une région de savanes et de steppes. En dehors du plateau de l’Adamaoua où le climat est plus
tempéré, l e reste d e c ette r égion es t ca ractérisé p ar u n cl imat t ropical ch aud et s ec au x
précipitations de plus en plus limitées au fur et à mesure que l’on se rapproche du lac Tchad.

8
La région est propice à l’élevage du bovi n et à la culture du coton, de l’oignon, du m il, de la
pomme de terre, de l’igname blanche et des arachides.

Au Cameroun, il existe quatre saisons: deux saisons sèches (une petite et une grande)
et d eux s aisons p luvieuses ( une p etite et u ne grande é galement). C ette variation des s aisons
renvoie à une saisonnalité de la malnutrition due à la variation des composantes climatiques
citées p récédemment. C elles-ci c onditionnent l a di sponibilité e n e au, s urtout da ns l es z ones
sans adduction d'eau alors qu'on sait que la consommation directe de l'eau de mauvaise qualité
ou son usage pour la préparation des aliments, surtout les aliments de sevrage du nour risson,
expose à la morbidité (Ngo Nsoa, 2001).

Les fluctuations l ocales du c limat qui i nfluencent l a qua lité de s s ols pe uvent i nduire
des v ariations d ans l a p roduction ag ricole. C ette dernière es t s usceptible d'affecter d e f açon
inégale l 'état n utritionnel d es en fants, ca r à ch aque cl imat co rrespond un t ype particulier d e
végétation et de ressources végétales et animales. Les individus se nourrissent différemment
selon les ressources alimentaires disponibles dans les régions où ils vivent.

1.2. Situation socio-économique 8

La s anté de s e nfants, évaluée à t ravers l eur état nutritionnel, dépend à la f ois de l a


qualité des aliments consommés et des soins reçus en cas de maladie ; tous tributaires du coût
des produits de base et plus généralement du ni veau de développement socio-économique du
pays e n question. Ainsi, l a pr ésente s ection présente l a s ituation s ocioéconomique du
Cameroun.

Le développement économique du Cameroun repose principalement, comme la plupart


des pa ys e n voi e de d éveloppement, s ur l e s ecteur pr imaire. Une g rande p artie d e l a
population du C ameroun dé pend d e l ’agriculture qui r eprésente e nviron 22,5% du P IB e n
2005(MICS, 2006) . D’après l a m ême s ource, l ’industrie et l e co mmerce co ntribuent
respectivement pour environ 21% et 57% du P IB. Les productions agricoles vivrières (maïs,
manioc, banane plantain, macabo, riz, mil, sorgho et ar achide, etc.) et de rente (cacao, café,
coton, c aoutchouc, ba nane, a nanas, e tc.) f ont de l ’agriculture c amerounaise l ’une de s plus

8
Les informations contenues dans cette section, lorsque mention n’est pas faite du contraire,
proviennent de l’EDSC-2004.

9
riches d’Afrique Centrale. Cependant les habitudes alimentaires des populations ne favorisent
pas toujours une alimentation quotidienne équilibrée avec une répercussion néfaste sur l’ état
nutritionnel de celles-ci.

Les r essources p étrolières et f orestières s ’ajoutent à cel les d ’origine pastorale et


agricole pour constituer des arguments de poids en faveur d’une base industrielle sur laquelle
le pa ys pou rrait s’appuyer pour accélérer son développement. En 2002, Le P IB est estimé à
7 609 m illiards de F CFA, s oit pr ès de l a m oitié de c elui de l a C EMAC e stimé à 16 627
milliards de FC FA (EDSC, 2004) . C ependant, il r este u n pays pa uvre : s elon l a de uxième
Enquête Camerounaise auprès des Ménages de 2001, près de deux personnes sur cinq (40,2%)
vivent en dessous du s euil de pauvreté, estimé à 232 547 FCFA par adulte et par an. Le taux
d’activité de la population âgée de 15-64 ans est de 66 % en 1987 (deuxième RGPH). D’après
l’ECAM II, l e t aux d’activité ( au s ens du B IT) e st estimé e n 2001 à 72 % . D ’autre pa rt, l e
taux de scolarisation (personnes de 6-14 ans) qui était de 73 % en 1987 est estimé en 2001 à
79 %. Le taux d’alphabétisation qui se situait en 1987 à 47 % est estimé à 68 % en 2001; mais
reste encore assez faible pour les femmes (55 %).

Sur l e p lan m acro-économique et s ocial, l'économie cam erounaise a, j usqu'en 1985,


affiché une croissance régulière soutenue par un développement continu de la production, des
exportations a gricoles et de l 'exploitation de s r essources pé trolières. Les t aux m oyens de
croissance réelle o nt été d'e nviron 5% (CCA, 1998) sur une di zaine d' années. L'activité
économique s e dé grade à pa rtir de 1985 e n r aison, not amment, de l a ba isse de s c ours
internationaux des principaux produits d'exportation (pétrole, café, cacao et coton), ce qui fait
entrer l e p ays d ans u ne s évère r écession. Le g ouvernement ap plique une pol itique
d'ajustement s tructurel, avec entre au tres u ne baisse d rastique d e s alaires et l e gel d es
recrutements dans la fonction publique. Entre 1985 et 1991, le niveau de l'emploi baisse de 10
% et le chômage touche principalement les jeunes et les femmes, entraînant le développement
du s ecteur i nformel (OMS, 200 5). La b aisse c ontinue de s r evenus des m énages induit une
chute de 40 % d e l a consommation pa r ha bitant e ntre 1985/ 86 et 199 2/93 et une faible
diversification alimentaire d’après la même source.

Le taux d'investissement passe de 27 % à moins de 11 % du P IB. L'offre publique de


services s ociaux d e b ase, p articulièrement l a s anté et l 'éducation, s e t rouve af fectée p ar l es
difficultés f inancières d e l' État. La s ituation s ociale s e d étériore, fragilisant a insi l’ état
nutritionnel des couches les plus vulnérables que sont les enfants.

10
En 1994, la dévaluation du Franc CFA favorise le retour de la croissance économique.
La s ituation m acroéconomique s 'améliore, not amment da ns l es s ecteurs e xportateurs et au
niveau de s finances pub liques. La dé cennie qu atre-vingt d ix es t m arquée p ar l es r éformes
structurelles q ui p ermettent d e consolider l es éq uilibres m acro-économiques. Le pa ys
bénéficie du s outien f inancier du F onds M onétaire International et d e l a B anque M ondiale
sous f orme d' une F acilité d'Ajustement S tructurel R enforcée ( FASR) d e t rois an nées
(1997/2000). La croissance est ininterrompue depuis six ans et a atteint un taux moyen de 4,7
% du P IB entre 1997 e t 2000. P our l a pé riode 1999-2000, l e P IB p ar habitant é tait d e U S
$840. N éanmoins, l a c rise é conomique a a ccentué l a pr ession de l a dette e xtérieure e t
l'accumulation des arriérés de paiements. Elle est estimée, en pourcentage du PIB, à 74,8 %
pour 2000/2001. En octobre 2000, l e Cameroun bénéficie de l'allégement de la dette au titre
de l 'Initiative en f aveur d es P ays P auvres T rès E ndettés ( PPTE) e t s ouscrit à la n ouvelle
approche de réduction de la pauvreté. Le pays s'engage à utiliser les ressources additionnelles
ainsi obt enues pour r enforcer l es services s ociaux d e b ase, es sentiellement l a s anté et
l'éducation. L'initiative de r éduction de l a de tte de vait r endre di sponibles de s r essources
additionnelles d'environ 37 milliards de FCFA pour 2000/2001 et 70 milliards de FCFA pour
2002/2003 (MINEPAT(a)/CE, 2001). Dans le cadre de la santé, les ressources de l 'Initiative
PPTE o nt é té o rientées principalement v ers l a lu tte c ontre le p aludisme, le V IH/SIDA, la
prévention des maladies évitables par la vaccination et le recrutement du personnel de santé.

Malgré une légère hausse de l'Indice de Développement Humain entre 1999 (0,506) et
2000 (0,512), le Cameroun est passé du 125 ème rang sur 162 pays en 1999 (PNUD, 2001) au
135ème sur 173 pa ys e n 2000 (PNUD, 2 002). Comme i ndiqué pl us ha ut, l’ECAM II mo ntre
que la pauvreté continue de toucher 40,2 % de la population malgré un recul de 13 points par
rapport à 1996 ( 53,3 % de pa uvres). Bien qu 'on obs erve un e croissance é conomique, l es
revenus et le pouvoir d'achat restent faibles même si l'écart entre le revenu moyen des pauvres
et l e s euil d e p auvreté s’est amélioré, passant de 19,1 % e n 1996 à 1 4,1 % e n 2001. La
répartition d es f ruits d e l a cr oissance r este i négale. La p auvreté ap paraît co mme u n
phénomène pl utôt f éminin e t r ural a u C ameroun. Les régions à pl us fort i ndice de pauvreté
sont cel les d e l 'Extrême-Nord, du N ord e t de l 'Adamaoua (MINPLAPDAT/PNUD, 2 006).
Toutefois, l a pa uvreté ur baine c onstitue un pr oblème grandissant c ar l ’appauvrissement d es
familles a eu pour conséquence la dégradation des indicateurs sociaux en général et celle des
indicateurs de santé infantile, maternelle et nutritionnelle en particulier. La vulnérabilité de la
femme s’est également accrue, entraînant la précarité de la situation de l’enfant.

11
Pour f aire f ace à c es d ifférents p roblèmes, l es autorités ont t our à t our opt é pour
l’introduction a u c ours des a nnées 1990, de l a D imension S ociale da ns l es P rogrammes
d’Ajustement S tructurel ( PAS) e t au c ours de s a nnées 2000 à l’élaboration d e S tratégies d e
Réduction d e l a P auvreté ( SRP). D ès l ors, les e fforts du pa ys vont dans l e s ens d e l a
stabilisation dur able de s g rands a grégats m acroéconomiques, l a c ontinuation de l a m ise e n
œuvre des stratégies de r éduction de la pauvreté dans le cadre du Document de Stratégie de
Réduction de l a P auvreté ( DSRP) e t la r éalisation d es O bjectifs d u Millénaire p our le
Développement à l’horizon 2015.

En f ormulant une vi sion vol ontariste du d éveloppement à l ong t erme « Cameroun


Vision 2035 » en m ars 2009, l e Gouvernement s'engage à réduire l a pa uvreté à un niveau
socialement acceptable, à accéder au statut des pays à revenu intermédiaire en veillant à u ne
répartition moins inégalitaire des revenus et enfin, à atteindre une croissance de qualité afin de
devenir un nouveau Pays Industrialisé. Cet exercice vise à donner un ancrage à long terme au
Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), adopté en août 2009. Il s’agit
de f onder l es s tratégies du DSCE sur un c ap r eflétant les a spirations pr ofondes d es
camerounais avec un horizon suffisamment long afin d’anticiper les changements structurels
de la société (MINEPAT(a), 2009).

1.3. Contexte socioculturel et démographique9

1.3.1. Principaux repères


Depuis 1960, a nnée de son accession à l’indépendance, le Cameroun a organisé trois
grandes opérations de dénombrement de sa population, notamment en 1976, 1987 et 2005. En
attendant la publication des résultats du troisième Recensement Général de la Population et de
l’Habitat ( RGPH 3) de 2005, l es e stimations s ituent l ’effectif de l a pop ulation a utour de
17 000 000 d’ habitants en 2004 ( MICS 2006) . Il existe e nviron 230 e thnies a u C ameroun
réparties en six grands groupes humains, à savoir :
- les Soudanais, les Hamites et les Sémites vivent dans les régions de l’Adamaoua, du
Nord et de l’Extrême-Nord ;
- les Bantous, les apparentés aux Bantous et les Pygmées habitent les autres régions.
9
Les informations contenues dans cette section, lorsque mention n’est pas faite du contraire,
proviennent de l’EDSC-2004.

12
Plusieurs r eligions s ont p ratiquées au C ameroun en l ’occurrence l e c hristianisme,
l’islam et l’animisme. Il en découle une diversité culturelle qui présente ainsi différents traits
en matière de perception de la maladie, des soins à accorder aux enfants, de l’alimentation du
nourrisson et de l’attachement à l’enfant.

La structure de la population montre un l éger déséquilibre en faveur des femmes qui


en représentent 50,8 %. Avec une population largement jeune dont l'âge moyen est de 22 ans,
la pyramide des âges est caractéristique des pays en développement. Les personnes de moins
de 15 ans représentent 46 % d e l a popul ation, tandis que celles âgées de pl us de 65 ans
comptent pour 3,2 %, s elon l es estimations de l'année 2000. Les enfants de m oins d e 5 an s
occupent une proportion non négligeable dans la population totale – soit 17% de celle-ci.

La densité de la population est de 32 h abitants au Km² avec des disparités régionales


variant de 6,4 à l'Est à 136,8 à l'Ouest. La population rurale est plus importante que celle des
milieux ur bains qui né anmoins c roît t rès r apidement, pa ssant de 20 % en 1976 à 38 % en
1987, l es vi lles de D ouala e t de Yaoundé é tant l es pl us pe uplées (1,6 e t 1 ,4 millio ns
d'habitants respectivement). Cette population augmente rapidement et le taux d’accroissement
annuel moyen estimé à 1,9 % en 1950 a été évalué à 2,9 % en 1987. Les facteurs déterminants
sont e ntre autres l a f écondité qui dé cline d epuis l a f in de s a nnées 80 , a vec de s i ndices
synthétiques de fécondité qui sont passés de 6,4 enfants par femme en 1978, 5,2 en 1998 à 5,0
en 2004. La fécondité des adolescentes contribue pour 14 % de la fécondité totale, et 50 % des
femmes o nt l eur p remier ac couchement avant l 'âge d e 19 ans. Selon l e M INADER/PAM
(2008), ce dernier taux d’accroissement de la population est supérieur au taux de la production
vivrière depuis plusieurs décennies.

Au C ameroun, l a mo rtalité a di minué dans l ’ensemble. Le ta ux b rut d e mortalité es t


passé de 14‰ en 1987 à 10‰ en 2001. L'espérance de vie à l a naissance est ainsi estimée à
59 ans (56,7 ans pour les hommes et 61,3 ans pour les femmes) contre 55,1 ans en 1987, soit
un gain de 4 a ns. Cette réduction ne s'observe pas pour la mortalité infantile qui connaît une
remontée des t aux entre 1991 e t 1 998 : de 65 ‰ à 77‰. Le ta ux d e mortalité in fantile et
juvénile passe aussi de 126‰ à 150,7‰ pour la même période. La situation est beaucoup plus
préoccupante en milieu rural qu'en milieu urbain où l'accessibilité aux services des soins est
meilleure. Selon l ’UNICEF ( 2007), les m alnutritions pr oteino-énergétiques s ont la cau se
sous-jacente d e 3 8% d e d écès d ’enfants d ’âge préscolaire au C ameroun. La m ême s ource

13
estime à p lus d e 2 18 000 les décès d ’enfants de m oins de ci nq an s suite à la ma lnutrition
protéino-énergétique à l’horizon 2011 si des mesures fortes ne sont pas prises.

Face à ces pr oblèmes d e popul ation, l e pa ys s 'est dot é d' une pol itique n ationale de
population dont le but est d' « améliorer le niveau et la qualité de vie de la population dans le
cadre d’un développement durable en conformité avec la dignité humaine et les Droits
Fondamentaux de l’Homme, en assurant notamment l’adéquation entre la croissance
démographique et les ressources disponibles et accessibles » 10 (MINEPAT(a), 2002).

1.3.2. Politique de population

Au dé but de s a nnées 8 0, l e C ameroun a opt é pour une i ntégration de l a va riable


démographique da ns l e processus de d éveloppement s ocio-économique. P our m ener c ette
option à terme, les pouvoirs publics ont mis sur pied d’importantes mesures devant aboutir à
cette fin. C ’est ainsi qu’une C ommission Nationale de la P opulation a été instituée en mars
1985, a vec pour pr incipale m ission d’ assister l e G ouvernement d ans l a d éfinition,
l’orientation, l’harmonisation et la recherche des voies et moyens de mise en œuvre de cette
politique. L a Déclaration d e l a Politique N ationale de P opulation a doptée pa r l es pouvoi rs
publics en 2002 v ise, avec u ne l arge p articipation d e t outes l es co uches de l a s ociété
camerounaise, à doter le Cameroun d’un potentiel humain de qualité.

En accord avec cette politique, les objectifs généraux suivants ont été définis :

• a méliorer l ’état de s anté de l a popul ation e n g énéral, e n f ournissant de s e fforts


particuliers dans le domaine de la santé de la reproduction afin d’améliorer l’état de santé des
enfants et celui de leur mère;
• promouvoir l’éducation de base pour tous et celle des filles en particulier ;
• renforcer la lutte contre le chômage ;
• promouvoir l’égalité et l’équité entre les sexes ;
• renforcer l’autosuffisance et promouvoir la sécurité alimentaire ;
• promouvoir l ’occupation r ationnelle de l ’espace e t l a pr éservation de
l’environnement ;

10
cf. Déclaration de Politique Nationale de Population du Cameroun.

14
• am éliorer l es conditions n écessaires à l ’épanouissement e t à l a s auvegarde d e l a
famille et de l’individu ;
• améliorer les conditions de mise en œuvre et de suivi/évaluation des programmes de
population.
Ces obj ectifs gé néraux s ont t raduits e n obj ectifs s pécifiques, et le s o rientations
générales d e l eur m ise en œuvre s ont é galement dé finies. Leur e xécution s ’appuie s ur de s
stratégies opérationnelles élaborées dans chaque secteur (stratégies sectorielles des différents
ministères e t or ganismes). D es a ctions a ppropriées, qua ntifiées e t r éalistes s ont e ntreprises
pour atteindre les objectifs fixés. La coordination est réalisée par la Commission Nationale de
Population qui est secondée par un Comité Technique interministériel.

Les s ources d’ informations l es pl us f iables s ur l e pl an dé mographique r estent les


enquêtes démographiques r égionales o u n ationales et l es r ecensements g énéraux d e l a
population r éalisés e n 1976 et 1987. Le tableau ci -après p résente l es i ndicateurs
démographiques de base.

Tableau 1.1 : Indicateurs démographiques de base

Indicateurs RGPH ENF RGPH EDSC-I EDSC-II MICS EDSC-III


a
1976 1978 1987 1991 1998 2000 2004
Population totale 7663296 - 10 493 655a
Taux brut de natalité (p.1 000) 45 - 41 39 37 - -
Indice Synthétique de Fécondité 6 6,4 5,5 5,8 5,2 - 5
Taux brut de mortalité (p.1 000) 20,4 20,2b 13,7 - - - -
Taux de mortalité infantile
156,5 113 86,0a 65 77 76 74
(p.1000)
Espérance de vie (eo, en années) 44,4 44,9b 54,3a - - - -
a
Données ajustées
b
Estimations

Source : EDSC-2004, MICS-2000.

1.4. Situation sanitaire


La p aupérisation croissante de l a popul ation combinée à de f aibles i nvestissements
dans l es s ecteurs s ociaux en g énéral et s anitaire en p articulier, o nt ét é d es f reins à
l’amélioration significative de l’état de s anté de l a popul ation. Toutefois, l ’inadéquation des
soins fournis aux enfants et aux femmes est une cause profonde de malnutrition, dont toutes
les ramifications nocives n’ont été que récemment reconnues (UNICEF, 1998).

15
1.4.1. Politique de santé

a) Évolution des politiques

Quatre ét apes m ajeures ont m arqué j usqu’ici l ’évolution de l a pol itique sanitaire du
Cameroun :
• La période coloniale où l’apogée de la stratégie d’Eugène Jamot ;
• La pé riode pos t-indépendance o u p hase d es expérimentations ax ée s ur l a s anté
communautaire av ait p our o bjectif général : « ex périmenter de s a pproches de s anté
communautaire, s usceptibles d’ assurer aux popul ations de s s oins de s anté t echniquement
valables et en harmonie avec leurs réalités locales » ;
• La période post Alma Ata basée sur les Soins de Santé Primaires dont le principe fut
adopté en 1982 ;
• La politique actuelle se situe dans le cadre d’une approche de la région africaine qui
tient compte d es s imilitudes d es s ystèmes s anitaires globalement e n d éclin. E lle tie nt ainsi
compte des recommandations i ssues d e certaines r encontres i mportantes or ganisées pa r l es
États africains au cours desquelles des stratégies concertées ont été développées.

Les p roblèmes de m alnutrition a u C ameroun c onstituent une pr éoccupation pour l es


pouvoirs publ ics. Les d ifférentes enquêtes n ationales réalisées au C ameroun de 1991 à c e
jour, notamment l’enquête n ationale s ur l ’anémie et l a ca rence en f er d e l ’an 2 000 et
l’évaluation de l ’iodation du s el s ur l a pop ulation c amerounaise, montrent que l ’état
nutritionnel d es e nfants e t d es f emmes s ’est s ignificativement d étérioré a u cours de s di x
dernières an nées. A u cours d e l a m ême p ériode, l es t aux d e m ortalité d es enfants ont
significativement a ugmenté. L’élimination d es ma ladies n utritionnelles e t la g arantie au
Cameroun de l’ innocuité d es a liments sont des objectifs prioritaires de s anté publique au
Cameroun.

b) Réformes récentes et mise en place d’une Politique Nationale d’Alimentation


et de Nutrition

Au C ameroun, l es r éformes é laborées e t r endues publ iques e n 1989 ont é té


officiellement adoptées e n 1 992 p ar l a D éclaration d e P olitique S ectorielle d e S anté et , en
1993, pa r l a Déclaration de mise en œuvre d e l a «Réorientation de s S oins de S anté
Primaires». Dans ce concept, les principes suivants constituent les éléments de base :

16
• la participation de la communauté dans le but de son auto responsabilisation vis-à-vis
de ses problèmes de santé ;
• la mise en évidence du lien étroit entre le développement et la santé ;
• le respect des Droits de l’Homme, comme celui d’être informé et celui de l’intégrité
de l’individu, y compris son libre arbitre.
Dans l e cad re d e ces r éformes, l e cen tre d e s anté es t ap pelé à j ouer l e r ôle
d’intermédiaire entre la communauté et les services de santé ; c’est aussi dans les centres de
santé que sont dispensés les soins intégrés, continus et globaux. Ces réformes reposent sur :
• l e f inancement d es a ctivités d es S oins d e S anté P rimaires ( SSP) p ar l e b iais d es
contributions communautaires et non communautaires ;
• l e s uccès de l a m ise en œ uvre des S SP pa r l a s upervision e t l e S ystème N ational
d’Informations Sanitaires ;
• l e dé veloppement de l a pa rticipation c ommunautaire pa r l a m ise s ur pi ed e t l e
fonctionnement des structures de dialogue et de gestion.
La m ise e n œ uvre de ces pol itiques a c onduit à l ’élaboration du doc ument de la
Stratégie Sectorielle de la Santé qui a été adopté en octobre 2001 et révisé en 2002. Dans ce
document, l e G ouvernement c ompte à l’horizon 2010 ( i) r éduire de 1/ 3 au m oins l a c harge
morbide globale et la mortalité des groupes de populations les plus vulnérables, (ii) mettre en
place, à une heure de marche et pour 90 % de la population, une formation sanitaire délivrant
le Paquet Minimum d’Activités (PMA) et (iii) pratiquer une gestion efficace et efficiente des
ressources da ns 90 % de s f ormations s anitaires et s ervices d e s anté publics e t pr ivés à
différents niveaux de la pyramide.

La volonté pol itique d e c ombattre l es problèmes de m alnutrition s’est tr aduite


également a u ni veau d es pouvoi rs publ ics par u n en semble d e m esures, notamment
l’élaboration d’un document d e P olitique d ’Alimentation e t d e N utrition (2007). C elui-ci
définit les grands axes devant conduire d’une part à l’amélioration de la situation alimentaire
et nut ritionnelle de s po pulations en général et cel le d es enfants d e moins d e 5 ans en
particulier ; d ’autre p art la pr ise e n compte de l a nut rition e t de l’alimentation d ans la
Stratégie Sectorielle de Santé (SSS).

Cette p olitique e st mise en œ uvre p ar l e p rogramme n ational d ’alimentation e t d e


nutrition qui comporte les neuf composantes suivantes :
1. la promotion de l’allaitement maternel ;

17
2. la lutte contre la malnutrition;
3. la lutte contre les carences en micronutriments ;
4. l a p révention et l a p rise en ch arge d es m aladies n on t ransmissibles l iées à l a
nutrition ;
5. l e s outien nu tritionnel a ux g roupes vul nérables e t s ocio é conomiquement
défavorisés ;
6. la prise en charge nutritionnelle des personnes vivant avec le VIH/SIDA ;
7. la promotion de la sécurité sanitaire des aliments ;
8. la sécurité alimentaire et la formation ;
9. le recrutement des professionnels en Nutrition.

En ce qui concerne la lutte contre la malnutrition, le programme a pour but de réduire


la mo rbidité e t la mo rtalité d ues à la m alnutrition p rotéino-énergétique. Le s Objectifs
poursuivis sont :
- Promouvoir, protéger et soutenir l’allaitement maternel optimum ;
- Réduire l a p révalence de l a m alnutrition p rotéino-énergétique ch ez l es enfants de
moins de 5 ans et chez les femmes en âge de procréer ;
- Promouvoir e t encourager l e r ôle e t l a pa rticipation de l a communauté dans l es
programmes d’intervention ;
- Promouvoir la sécurité alimentaire au niveau de la nation, de la communauté et des
ménages ;
- Promouvoir l’information, l’éducation et la communication en nutrition.

Les stratégies y afférentes sont les suivantes :

- Institutionnalisation de la surveillance de la croissance au niveau des communautés


et des formations sanitaires ;
- Promotion e t s outien de s pr ogrammes de di stribution d’ aliments a ux groupes
vulnérables ;
- Initiation des programmes d’aménagement du territoire pour la sécurité alimentaire ;
- Promotion de l ’introduction de l a nut rition dans l es curricula à t ous l es niveaux du
système d’éducation ;
- Renforcement de la co llaboration et des liens entre communautés, gouvernement et
ONG, secteur privé et secteurs informels ;

18
- Promotion de la communication sociale en matière de Nutrition.

1.4.2. Système de santé

Le s ystème d e s anté, l orsqu’il f onctionne bi en, est s usceptible d e réduire l e t aux d e


malnutrition des enfants, car il facilite la prévention et la guérison des maladies et infections.
Il comprend t outes l es pe rsonnes e t t outes l es a ctions dont l ’objectif pr incipal e st
l’amélioration d e l a s anté. D écrire un s ystème de s anté d ans un pays en dé veloppement
comme le Cameroun est cependant difficile du fait de l’absence d’enregistrement des données
sanitaires ou de la médiocrité d e l’archivage lorsque ces données existent. Les informations
disponibles s ont souvent celles d étenues p ar l es o rganisations i nternationales o u l es
institutions de recherche internationales.

a) Structure et organisation du système de santé

Le s ecteur d e l a s anté s e co mpose d e t rois s ous-secteurs : publ ic, pr ivé et médecine


traditionnelle. Le s ous-secteur publ ic r egroupe t outes l es i nstitutions s anitaires publ iques e t
parapubliques y compris cel les gérées p ar d 'autres d épartements m inistériels ( la défense,
l'emploi et le travail, les affaires sociales, la condition féminine et l'éducation nationale). Ce
sous-secteur est peu performant à cause du délabrement des infrastructures, de la vétusté des
équipements et de l'insuffisance des ressources humaines. Le sous-secteur privé regroupe les
institutions sanitaires à but n on lu cratif (confessions r eligieuses, associations et O NG) et
celles à but lucratif. Ce sous-secteur échappe quelque peu au contrôle des autorités sanitaires à
tous l es ni veaux et leurs d onnées s tatistiques n e s ont p as s uffisamment i ntégrées d ans l e
système national d 'information s anitaire. La m édecine t raditionnelle constitue le tr oisième
sous-secteur. Même s 'il n'est p as encore r églementé, on r elève en vu e de s a pr omotion, de
nombreuses actions de l'État : création d'un service en charge de la médecine traditionnelle au
Ministère d e l a s anté, création d u C entre d e R echerche s ur l es Plantes mé dicinales e t la
Médecine Traditionnelle (CRPMT/IMPM).

Les i ntervenants en m atière d e s anté t ravaillent au s ein d u s ystème o rganisé à t rois


niveaux : central, intermédiaire et périphérique. Chaque niveau a des fonctions spécifiques, et
dispose de s tructures administratives, de s tructures de s oins et de structures d e d ialogue. Le
problème majeur de l'organisation du système de santé est la gestion fortement administrative
et centralisée, ainsi que l'absence d'une coordination efficace des interventions. À ceci, il faut
ajouter l a f aible i mplication des communautés da ns l a prise d e d écision, une f aible capacité

19
d'absorption de s f inancements m is à disposition ( 25 % ) e t un e f aible a ppropriation pa r l e
système des actions des partenaires extérieurs (OMS, 2005).

Au ni veau d es i nfrastructures s anitaires, le t ableau 1.2 m ontre que sur p rès de 143
districts de santé que compte le pays, il n'y a que 130 hôpitaux de district. Néanmoins, le pays
compte a ussi 192 hôpi taux a ssimilés dont 78 pr ivés, 9 hôpi taux régionaux et 8 hôpi taux
nationaux. Il e st à p réciser q ue 412 a ires de santé s ur l es 138 6 n'ont p as d e cen tre d e s anté
intégré.

Tableau 1.2 : Couverture sanitaire des hôpitaux et centres de santé


Pyramide Couverture
Formations sanitaires
sanitaire sanitaire
Population
Hôpitaux District
Centre Autres moyenne Aire
RÉGIONS Aires Hôpitaux de sans
Hôpitaux Hôpitaux de Centres d'une Aire sans
Districts de de District Hôpital
Nationaux. régionaux Santé de de Santé CS
Santé District et de
Leader Santé Leader
Assimilé District
ADAMAOUA 7 67 0 1 7 8 57 20 8.549 0 10
CENTRE 22 226 6 0 21 48 149 199 10.428 1 77
EST 12 94 0 1 11 11 64 49 7.956 1 30
EXTRÊME-
22 183 0 2 19 6 149 23 13.239 3 34
NORD
LITTORAL 18 152 2 0 18 20 74 128 13.030 0 78
NORD 13 81 0 1 10 6 73 45 15.305 3 8
NORD-
13 156 0 1 12 24 110 33 10.507 1 46
OUEST
OUEST 16 211 0 1 15 36 158 90 8.651 1 53
SUD-OUEST 14 115 0 1 12 13 92 69 9.961 2 23
SUD 6 103 0 1 5 20 50 57 5.039 1 53
CAMEROUN 143 1386 8 9 130 192 976 713 10.410 13 412

Source : SSS, Octobre 2001

De façon générale, les formations sanitaires publiques ont une infrastructure vétuste et
des équipements obsolètes à cause du m anque de maintenance. Selon l’OMS (2005), cela est
dû à l'insuffisance de s c rédits e t a u m anque d'a ppropriation pa r l es na tionaux de s
investissements r éalisés par l es p artenaires ex térieurs. Le co ût d e l a r emise en état de c ette
infrastructure publique est estimé à 200 milliards FCFA. Sur l'ensemble des centres de santé
des secteurs public et privé à but non lucratif, 83 % sont du public, 17 % sont privés à but non
lucratif (Service catholique de santé 8,8 %, FEMEC 7,3 %).

Sur l e pl an d e l 'accessibilité a ux s oins, l e pour centage de l a popul ation habitant à


moins de 5 km d'un centre de santé est en moyenne de 54 %, avec des taux plus bas dans les

20
régions de l 'Est, du Centre e t du S ud et d es t aux él evés dans l e S ud-Ouest, l 'Ouest et l e
Littoral (MINSANTE, 2002). Les populations les plus pauvres sont généralement exclues des
soins à cau se d e leurs coûts élevés et d e l'inaccessibilité g éographique d es lieux d e
consultation en milieu rural.

b) Performance et financement de la santé

Pour l ’OMS ( 2005), l a chute d e l 'utilisation d es s ervices p ublics curatifs s erait liée
entre autres à la vétusté des infrastructures et des équipements, à l'insuffisance des ressources
financières et a u c omportement di scourtois du pe rsonnel s oignant, consécutif à l eur
démotivation e t d émobilisation ( mauvais a ccueil, c lientélisme, etc.). La s tagnation de l a
couverture v accinale autour de 50 %, e ntre 1993 e t 2000, cela malgré u ne importante
mobilisation de r essources e n f aveur du P EV pa r l e Gouvernement et s es p artenaires -
témoigne d e l a m auvaise p erformance d u s ystème de s anté. U ne r evue d u p rogramme a f ait
ressortir d es cau ses m ajeures, notamment l'insuffisance q ualitative e t q uantitative d u
personnel, de l 'offre de s s ervices de vaccination, ai nsi q ue l a d éfaillance d e l a g estion d u
programme. D'autres chiffres confirment le bas niveau de l'utilisation des services, malgré des
variations entre les différentes régions du pays : 12 à 33 % pour la consultation prénatale ; 5 à
22 % pour l'accouchement en maternité.

La pr oportion du bud get de l 'Etat affectée à l a s anté reste f aible p ar r apport à l a


déclaration de pol itique s ectorielle de s anté de 1992 . E lle prévoit d' en assurer un
accroissement p rogressif j usqu'à 10 % du bud get de l 'Etat dans l e s ouci de témoigner d e la
priorité accordée au secteur de la santé et de l'adhésion aux recommandations de l'OMS. Cette
situation est aggravée par la faible capacité d'exécution des crédits d'investissement inscrits au
budget, qui représentent environ 25 % du budget alloué au Ministère de la Santé publique.

Il r essort du t ableau 1.3 qu’après 8 ans, l a pa rt d u budget a llouée, t out comme cel le
exécutée p ar l e M inistère d e l a S anté, n'ont pa s e ncore atteint le s 1 0% (recommandés) du
budget national et particulièrement de la part, en valeur relative, de celui du Ministère de la
Santé même si on peut noter une légère remontée après une chute importante en 1994-1995,
année de la dévaluation du FCFA.

21
Tableau 1.3 : Part du budget exécuté par le Ministère de la santé publique par rapport à l'exécution
du budget national de 1991 à 1998

ANNÉES Évolution du budget alloué (en Évolution du budget exécuté (en %


millions de FCFA) millions de FCFA) Exécution/Allocation

National Ministère % du National Ministère % du National Ministère


de la santé Budget de la santé Budget de la santé
national national
1991-92 572000 25087 4,39 571864 27217 4,76 99,98 108,49
1992-93 573600 29886 5,21 466847 22059 4,89 81,39 73,81
1993-94 576000 28169 4,89 427812 22820 5,86 74,27 81,01
1994-95 581000 22523 3,88 536537 15676 2,92 92,35 69,6
1995-96 682000 22230 3,26 616530 16251 2,64 90,4 73,1
1996-97 727280 24018 3,3 863906 23156 2,68 118,79 96,41
1997-98 1214750 31322 2,58 862302 26388 3,06 70,99 84,25

Sources : Extrait MINEFI/Direction du Budget, Recueil des Lois de Finances (Hors financements extérieurs)

Dans le cadrage budgétaire de Juillet 2002 du M inistère de la Santé Publique, la lutte


contre la maladie représente 19,6% des dépenses. Ce qui traduit ainsi l’option des autorités de
réduire s ignificativement la c harge d e mo rbidité induite p ar le s p athologies p rioritaires q ue
sont le paludisme, le SIDA, la tuberculose, les maladies de l’enfant, les maladies maternelles
et péri n atales. La P rise e n c harge in tégrée d es ma ladies d e l’ enfant dont f ait p artie l a
malnutrition ne représente que 0,4% des dépenses. Toutefois, le programme de promotion de
la santé ayant en son sein le projet de promotion de la santé par l’alimentation et la nutrition
n’occupe que 3% des dépenses.

1.4.3. Principales maladies affectant les enfants de moins de 5 ans

Au C ameroun, l es i nfections r espiratoires ai guës, l a f ièvre et l a d iarrhée o nt ét é


reportées comme des problèmes de santé importants chez les enfants. Au moins un enfant sur
dix souffrait de toux accompagnée de respiration courte et rapide au cours des deux semaines
précédant l ’Enquête D émographique et d e S anté d e 2 004. D urant c ette même p ériode, p rès
d’un quart des enfants avait aussi la fièvre. S’agissant de la diarrhée, moins d’un enfant sur
cinq (16 %) a eu un ou plusieurs épisodes diarrhéiques durant cette même période. Au cours
des é pisodes di arrhéiques, 23 % des en fants n ’ont b énéficié d ’aucun t ype d e r éhydratation.

22
Dans seulement 21 % des cas, des soins ont été administrés au cours de la maladie (EDS III,
2004).

Les résultats de l’enquête CFSVA montrent que le paludisme est la première cause de
morbidité au Cameroun. Les proportions varient de 40 % au Sud-Ouest à 96% dans l’Ouest.
La d euxième m aladie af fectant l es p opulations r urales es t l a d iarrhée, m ais d ans d es
proportions plus faibles. Au Sud-Ouest et à l’Est, elle touche un tiers de la population et est
peu répandue d ans l es régions septentrionales o ù l es m aladies r espiratoires s ont pl us
communes. Les communautés rapportent que ces pathologies affectent le plus les populations
en saison pluvieuse (38 %), mais un tiers indique aussi qu’elles sont présentes tout au long de
l’année.

Pour ce qui est de la vaccination des enfants, le taux global de couverture est encore
faible. En effet, seulement 48 % d’enfants de 12-13 mois ont reçu tous les vaccins essentiels
(Polio, R ougeole, méningite, e tc.) e t 5 % d’entre e ux n’ ont e u a ucun va ccin. T outefois,
lorsqu’on considère les vaccins spécifiques, les taux de couverture sont plutôt encourageants.
Les r ésultats d e l ’EDS III indiquent que 86 % des e nfants de 12-23 m ois ont r eçu l e B CG,
65% les t rois dos es de DTCoq, 67 % celles d e l a P olio et 6 5% sont v accinés co ntre l a
rougeole. Par rapport à 1998, on note une nette amélioration de la couverture vaccinale (36%
d’enfants t otalement vaccinés en 1998) . Les e nfants qui bénéficient d’ une m eilleure
couverture vaccinale sont ceux de mères instruites, vivant en ville ou qui appartiennent à un
ménage rural plus aisé.

Malgré les efforts appréciables pour suivre les besoins de la population, les stratégies
mises en place n’ont pas encore produit les résultats escomptés. Selon l’OMS (2005), certains
facteurs sont à l’origine de cette situation. Parmi les plus importants, ceu x qui relèvent de la
difficulté à mettre en place les districts de santé : i) le Paquet Minimum de Soins qui n’est pas
effectif à c ause d u gel d u r ecrutement d u p ersonnel et d es d ifficultés d e sa g estion ; ii) le s
soins de s anté de b ase q ui restent i naccessibles géographiquement e t économiquement a ux
populations ; i ii) l es s oins de s anté de l a R eproduction de qua lité non d isponibles s elon l es
paquets m inima dé finis l ors du S ymposium N ational s ur l a S R ; i v) l a c oordination
intersectorielle qui n’a pas réussi ; v) l’absence d’un plan directeur national pour canaliser les
interventions des différents partenaires (Etat, coopérations bilatérale et multilatérale, ONG de
Santé et C ommunauté) ; v i) u n cer tain gaspillage d es r essources p ar u ne u tilisation non
efficace et efficiente.

23
On pe ut t outefois r elever que lques atouts : i) la d écentralisation d es s ervices e t la
participation de s communautés à l a gestion a ux di fférents ni veaux de s s ervices ; ii) le s
expériences pi lotes qu i dé montrent l es pos sibilités d e l’ approche d e d istrict ; iii)
l’accroissement d u s ecteur p rivé à b ut lu cratif e t n on lu cratif q ui p ourrait a ider l’ Etat à
augmenter l’accès aux soins ; iv) les possibilités de financement par les ressources internes ;
v) l’ impact d e la C ENAME s ur la d isponibilité e t le p rix d es mé dicaments e ssentiels
génériques vi) la définition d’un cadre conceptuel (Politique de SR, Normes et Procédures).

1.5. Situation en eau et assainissement

Une e au pot able et un environnement s ain s ont des éléments d e base pour l a bonne
santé des enfants. Une eau non pot able peut être un vecteur important de maladies telles que
le t rachome, l e ch oléra, l a f ièvre t yphoïde et l a s chistosomiase qui e xposent à l eur t our
l’enfant à un risque élevé de malnutrition. L’eau de boisson peut également être contaminée
par des produits chimiques, des matières physiques et radiologiques qui ont des effets néfastes
sur l a s anté h umaine. E n p lus d e s on as sociation au x m aladies, l ’accès à l ’eau p otable p eut
être p articulièrement imp ortant p our l es femmes et l es en fants, n otamment da ns l es z ones
rurales où le transport de l’eau qui s’effectue souvent sur de longues distances leur incombe
principalement. Les en quêtes (DHS, E CAM, M ICS) rendent c ompte de l’accès à l ’eau et à
l’électricité ainsi que des caractéristiques de l’habitat : existence ou non de toilettes et d’un sol
en ciment. L’impact des infrastructures sur la santé est clairement établi de nos jours : l’accès
à l ’eau p otable, l es t oilettes av ec ch asse d ’eau e t u n s ol en c iment é vitent d e nom breuses
maladies, notamment intestinales, qui retardent la croissance.

1.5.1. Eau

Les donn ées recueillies l ors de l a M ICS 2006 f ournissent que lques i nformations s ur
les s ources d’ approvisionnement e n e au. D ans l ’ensemble du C ameroun, e nviron s ept
personnes s ur di x ( 69%) ut ilisent une s ource a méliorée d’ eau pou r l a boi sson. Les
installations m odernes (robinets et bornes fontaines) fournissent de l ’eau à quatre personnes
sur dix (40%), les forages et les puits protégés à 29% de l a population. Les populations qui
utilisent ces installations ont recours aux robinets, qu’ils soient dans la maison (15% de cas)
ou chez l e voi sin (7%) e t aux bornes fontaines (18%). Le robinet d ans l e l ogement, dans l a

24
cour/parcelle, chez le voisin, le puits ou la source non protégée et la borne fontaine sont dans
l’ordre cité, les trois principales sources d’approvisionnement en eau de boisson.

En milieu urbain, neuf personnes sur dix (90%) font usage d'une eau provenant d’une
source améliorée contre moins de cinq personnes sur dix (49%) en milieu rural. Une personne
sur c inq ( 20%) en m ilieu ur bain di spose d 'un robinet da ns l e l ogement e t pr ès de t rois
personnes s ur di x ( 29%) ont a ccès à un r obinet ou une bor ne f ontaine p ublique. E n m ilieu
rural, c’est le puits à pompe ou le forage qui est relativement le plus utilisé (19%).

La pr oportion de l a pop ulation qui a a ccès à un e s ource d 'eau a méliorée s e s itue a u


dessus de la moyenne nationale dans les régions du Littoral (81%), du S ud-Ouest (79%), du
Centre (7 6%) e t d e l ’Ouest (7 1%). La s ituation parait pr éoccupante da ns l e N ord où qu atre
personnes seulement sur dix (41%) ont accès à une source d’eau améliorée. La borne fontaine
est le p remier mo yen d e r avitaillement d es p opulations e n e au d ans le S ud-Ouest ( 42%), à
Yaoundé (37%), dans le Littoral (33%) et le Nord-Ouest (27%). A l’Est, les sources protégées
sont relativement les plus usitées (21%).

1.5.2. Assainissement

De manière générale, il ressort de la MICS 2006 que près de trois personnes sur cinq
(59%) utilisent comme lieu d'aisance des latrines à fosse ou un t rou ouvert. Cette proportion
est de 71% en m ilieu rural et de 47% en m ilieu urbain. En ce qui concerne l es i nstallations
sanitaires am éliorées 11, e lles s ont ut ilisées pa r 33% de l a popul ation; s oit 52% e n m ilieu
urbain contre 15% en m ilieu rural. Les principales installations améliorées utilisées sont les
latrines co uvertes d ans 21% d e cas , s uivies d e l oin p ar l es ch asses b ranchées à l a f osse
sceptique, s oit 9% . Le pourcentage de l a popul ation qui ut ilise l es i nstallations s anitaires
améliorées est plus élevé à Douala (65%), Yaoundé (61%) ainsi que dans les régions du Sud-
Ouest ( 54%) et du Littoral ( 50%) qu e da ns l e r este du pa ys. Les i nstallations s anitaires
sommaires c omme le s la trines à tr ou o uvert c onstituent le p remier mo de d’évacuation da ns
l’Adamaoua (8 2%), l ’Ouest (7 6%), l ’Est (7 4%), l e C entre (7 2%), l e S ud (6 9%), l ’Extrême-
Nord (65%) et le Nord-Ouest (62%).

Concernant l e c as s pécifique d es en fants d e 0 -2 an s, l eurs ex créta s ont s ainement


évacués d ans 6 5% d e ca s, c 'est-à-dire j etés dans les toilettes ou dans les latrines. Toutefois,

11
Installation améliorée correspond à la chasse branchée à l’égout ou à la fosse septique ou à la latrine, ou à la
latrine améliorée auto aérée (LAA), à la latrine couverte ou le seau/pot/tinette.

25
23% de s m énages l es é vacuent da ns l es o rdures m énagères, les la issent à l' air lib re o u le s
enterrent. Ces mauvaises pratiques sont plus répandues dans le Sud (50%), le Centre (42%) et
l'Est (38%). La situation est meilleure à Douala (94%), à Yaoundé (92%) et les autres centres
urbains ( 78%) o ù l es ex créta d es en fants s ont co rrectement év acués. E n m ilieu r ural, cet te
évacuation n’est bien faite que pour un enfant sur deux.

1.6. Situation alimentaire et nutritionnelle

1.6.1. Situation alimentaire


L'idée t rop s ouvent r épandue du s evrage br utal de l 'enfant (son alimentation p assant
sans transition du s eul lait maternel au plat préparé pour les adultes) semble vérifier dans le
contexte Camerounais. En effet, les aliments donnés ne conviennent pas toujours au tout petit,
dont le s p ossibilités d igestives s ont li mitées ( ex. Fali d u T ingelin : a rachides g rillées p ilées
dans l 'eau, dès l 'âge d e deux m ois) ; les p réparations d iverses ( décoction d e f arine, b ouillie)
variant s uivant l a r égion ( encadré 1.1) . Même si ceci s emble être l 'exception, u n s evrage
partiel t rès t ardif es t l a co utume d ans cer taines régions et ethnies, ou m ême pour c ertains
enfants d'ethnies pratiquant en principe un sevrage partiel moins tardif.

Encadré : Répartition géographique de l’alimentation


- Tubercules, racines et plantains : alimentation de base pour les populations de la forêt (Centre, Sud,
Est, Littoral et Sud-Ouest) ;
- Céréales (mil et sorgho su rtout) p our celles d e l a s avane s oudano-sahélienne
(Adamaoua/Nord/Extrême-Nord) avec prédominance du maïs pour les céréales ;
- Feuilles et légumes verts pour l es H auts P lateaux d e l’Ouest ( Ouest e t N ord-Ouest) ; la
consommation de viande, poisson, fruits et lait est restreinte.

Source : SSS, Juillet 2002

Les questions de sécurité alimentaire et de protection de l’environnement occupent une


place centrale da ns l es droits a u dé veloppement. D epuis l es i ndépendances, l es pol itiques
nationales de d éveloppement s ont é troitement l iées a ux politiques a gricoles. E lles o nt é té
avant l ’arrivée d e l a r ente p étrolière, l a s ource p rincipale d es r ecettes d ’exportation et
demeurent la base de l’économie alimentaire du pays. Des politiques agricoles, alimentaires et

26
de dé veloppement dur able s ont né cessaires p our f avoriser l a s écurité alimentaire et lutter
contre les carences nutritionnelles.

L’agriculture oc cupe pr ès de 70 % d e l a p opulation act ive et assure d ans u ne l arge


mesure l’approvisionnement alimentaire du pays et elle génère environ un tiers des recettes en
devises, 15% des ressources budgétaires et constitue 32% du PIB (CCA, 2000). L’agriculture
est l’activité qui induit le plus d’effets d’entraînement sur les autres secteurs, contribuant ainsi
à l a di versification de s e xportations, à l a c réation d ’emplois et à l a l utte contre l a p auvreté.
Les p roduits a gricoles e t f orestiers r eprésentent l e t iers des e xportations t otales, s oit un pe u
plus que le pétrole brut. Le tableau 1.4 pr ésente l ’évolution de la production des principales
cultures vivrières en millier de tonnes.

Tableau 1.4 : Production des principales cultures vivrières (en milliers de tonnes)

Produits 1996/97 1997/98 1998/99


Bananes douces 740 763 783
Bananes plantain 1290 1326 1364
Macabo/taro 771 793 815
Riz/paddy 35 36 -
Mil/sorgho 366 371 381
Maïs 760 789 819
Pomme de terre 39 - -

Source : Ministère de l’agriculture; MINEFI - Direction de la Prévision (2001) - Rapport économique et financier

L’insécurité alimentaire règne au C ameroun parmi cer taines co uches d éfavorisées d e


la population urbaine, parmi certaines fractions de la population rurale et surtout dans la zone
septentrionale o ù l a s écheresse et l es p arasites sont d es c alamités n aturelles co urantes. Il
convient de relever que la partie Nord du p ays est souvent sujette à des famines épisodiques,
conséquences des aléas climatiques (sécheresse prolongée, inondations) et des invasions des
acridiens (criquets migrateurs). C’est ce qui explique l’inscription de ce pays sur la liste des
pays devant bénéficier du Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA), l’objectif
étant d’assurer à tous l’accès matériel et financier aux aliments de base (CCA, 2000). Pour le
réaliser, le Cameroun a mis sur pied avec l’assistance technique de la FAO, un plan national
axé sur quatre composantes : la maîtrise de l’eau, l’intensification de la production vivrière, la
diversification d e l a p roduction et l ’analyse d es contraintes. P ar ailleurs, ce p ays a co nçu et
mis en œuvre avec le concours de la Banque Mondiale, un programme de sécurité alimentaire

27
qui a a bouti à l a c réation de s tructures t elles que le Fonds d’ Investissement de s M icro-
réalisation A gricoles et communautaires ( FIMA), le S ystème N ational d ’Alerte r apide
(SNAR) e t l’ Unité d e T raitement p ar V oie Aérienne ( UTAVA), l e pr ojet Éducation
Nutritionnelle et le projet des infrastructures de marché.

Selon l e MINADER (Programme s pécial p our l a s écurité al imentaire), al ors q ue s es


disponibilités alimentaires représentaient 96% des besoins en 1980, elles n’en ont couvert que
81% en 1992 et s e s eraient de puis s tabilisées a utour de 80 %. Les p roductions a limentaires
n’ont donc pas suivi l’accroissement démographique et économique. Ainsi, les disponibilités
énergétiques sont passées de 2340 kilocalories par personne et par jour au début des années 80
à 2140 ki localories e n 1995 -1996 (MINADER/PAM, 2008) . P ar ai lleurs, ces m oyennes
nationales ne reflètent pas les larges disparités entre les régions et les groupes de population.

Une analyse spatiale de l’insécurité alimentaire corrélée à l ’observation de la carte de


vulnérabilité m ontre q ue l ’insécurité al imentaire p résente d es n iveaux i négaux d e g ravité
suivant les zones agro-écologiques d’une part et les groupes sociaux concernés d’autre part.
Trois zones agro-écologiques couvrent ainsi le territoire camerounais :

i- Zones r urales à h auts risques et à d éficit al imentaire ch ronique. C e s ont l es z ones


agro-écologiques sahéliennes caractérisées par l’extrême sévérité d’une sécheresse chronique,
un f aible n iveau d e f ertilité et s urexploitation de s ols, dé ficit h ydrique pour l ’agriculture e t
l’élevage, attaques répétées de nombreux ennemis de cultures.

ii- Zones à r isques m oyens et à d éficits al imentaires o ccasionnels. La s écurité


alimentaire es t m enacée par un e s urexploitation du pe u d e terres cultivables et p ar l a
dégradation de l’environnement.

iii- Les c entres ur bains où c ertains groupes s ociaux s ont e xposés à de s dé ficits
alimentaires p ermanents à cau se d e l a f aiblesse d es r evenus. Les p auvres u rbains s ont
confrontés à des fluctuations des prix dues aux approvisionnements difficiles en nourriture.

1.6.2. Situation nutritionnelle

Globalement, l a pos ition du C ameroun e n m atière d’alimentation s’est d étériorée.


Cette d étérioration s ’est acco mpagnée d ’une d égradation d es éq uilibres al imentaires p ar
l’accroissement d es p roduits én ergétiques v égétaux en m ême t emps q ue l a r éduction d es

28
produits pr otéiques, not amment d’ origine animale, c omme l e m ontre l ’évolution de l a
structure de consommation des ménages urbains (cf. tableau 1.5).

Tableau 1.5 : Structure de la consommation totale des ménages urbains entre 1983 et 1996.

1996 1983-1984 Variation relative


Alimentation et boissons dans le ménage 44 47 -5%
Alimentation et boissons hors ménage 2 6 -73%
Habillement et chaussures 7 8 -11%
Logement 12
Équipement et entretien de maison 5 6 -23%
Santé et soins personnels 10 5 100%
Transports et communications 8 9 -10%
Éducation 4 3 47%
Loisirs et autres services 2 3 -47%

Source: MINEFI -Direction de la Statistique; Synthèse PNUD

La b aisse des s alaires de 1 993, suivie de la dé valuation du F CFA e n 1994 , a


considérablement r éduit le pouvoi r d’ achat de s ménages ur bains. Il s ’en est s uivi une f orte
contraction d e l a c onsommation a limentaire en m ilieu ur bain et don c une di minution du
nombre de r epas e t un e dé térioration de l a va leur nut ritive. La pl upart de s e nquêtes de
consommation m ontrent que l e r égime a limentaire au C ameroun est m onotone et
essentiellement v égétarien. Q uelle q ue s oit la r égion, il est lié à l’ origine e thnique, mê me
après migration des populations en milieu urbain (CCA, 2000).
Entre 1991 e t 1998, l ’on avait observé une détérioration de l `état nutritionnel au Cameroun.
La situation ne s’est guère améliorée entre 1998 et 2004, s urtout en ce qui concerne le retard
de croissance et l’émaciation. En effet, la prévalence du retard de croissance chez les enfants
de 0-3 ans est passée de 23 % en 1991 à 29 % en 1998 et se situe à 30 % en 2004, dont 11 %
sous une forme sévère. Celle de l’émaciation aux mêmes âges est passée de 4 % à 6 %, puis à
7 % p our l es m êmes p ériodes. La p révalence d e l ’insuffisance p ondérale q ui s ’était accr ue
entre 1991 et 1998, de 16 % à 22 %, aurait connu une légère baisse entre 1998 et 2004 (19 %).
Les causes peuvent être regroupées en trois catégories:

(i) l a co nsommation alimentaire q ui est i nfluencée p ar l a s tructure et l es s ources d e


revenus au sein de la famille;
(ii) l’accès aux soins médicaux;
(iii) les compétences maternelles.

29
Les causes s tructurelles de c ette s ituation vi ennent de l ’inadéquation de s pol itiques
nationales en matière de vulgarisation agricole ou de stocks de sécurité, celles-ci influencées
par les causes profondes, notamment les variations climatiques et l’impact des prédateurs de
récoltes. L’enquête E CAM 96 s ur l ’état nut ritionnel de s pop ulations ur baines c onfirme c es
tendances. Selon cette enquête, l’alimentation en milieu urbain est très déséquilibrée et expose
les consommateurs à des risques de carences et d’excès. Plus de 51,3 % des pauvres souffrent
de car ence d ’énergie co ntre 7 ,9 % pour l es intermédiaires et 4,2 % pour les familles aisées.
L’incidence de cette forme de carence est plus élevée dans les ménages dirigés par un homme,
soit 13,7 % c ontre 9,2 % a ux f emmes. Les c arences d e f er s ont également not ées da ns l es
ménages étudiés. L’incidence de cette forme de malnutrition est de 6,3 % dont 20,7 % pour
les pauvres, 7,3 % pour les intermédiaires et 1,4 % pour les riches.

Les difficultés d’accès à une alimentation saine et équilibrée se traduisent par un état
nutritionnel préoccupant de la population en général, et plus encore des enfants et des femmes
enceintes. En effet, les indicateurs de l’état nutritionnel des enfants au Cameroun cessent de
se détériorer d’année en année depuis 1991, comme l’indiquent les rapports des EDS de 1991,
1998 et 2004. Les données de l’EDSC-2004 montrent que 32% des enfants âgés de moins de
cinq a ns s ouffrent de m alnutrition c hronique m odérée, et de 13 % s ous s a f orme s évère. E n
outre 68,3% des enfants âgés de 6 à 59 m ois sont anémiés dont 4,8% sous une forme sévère.
Les r ésultats d e l ’EDSC-2004 i ndiquent c hez l es f emmes â gées de 15 à 49 a ns, que 45%
d’entre elles s ont an émiées ; c e p ourcentage es t d e 5 1% chez l es f emmes en ceintes. L’état
nutritionnel de s f emmes e n â ge de pr ocréer est un de s dé terminants d e la f orte mo rtalité
maternelle a u C ameroun ( 669 dé cès m aternels pour 100000 na issances vi vantes, E DSC-
2004). L’état nut ritionnel de s f emmes e n â ge de pr ocréer i nfluence aussi l ’issue de l a
grossesse, de la morbidité et de la mortalité des enfants.

Il r essort d e l a c arte 1 que l ’insuffisance pon dérale m odérée est be aucoup pl us


accentuée d ans l es r égions d e l ’Extrême-Nord (36,4%) e t du N ord ( 35,7%) où e lle t ouche
presque deux fois plus d’enfants de moins de 5 ans par rapport à la moyenne nationale (MICS,
2006). E lle e st r espectivement de 9,6% e t 8,8% da ns l es r égions du C entre e t du Littoral.
Yaoundé et Douala enregistrent les taux de 5,0% et 6,4%.

30
Carte 1 : Indices nutritionnels selon la région

Source : INS, MICS 3 Cameroun, 2006

Source : INS, MICS 3 Cameroun, 2006

Source : INS, MICS-2006 Cameroun,

Même si la malnutrition peut être considérée comme relativement élevée, on rencontre


des r égions qui connaissent une r éelle d énutrition ch ez l es en fants et d' autres qui sont
faiblement t ouchées pa r c e phé nomène. La connaissance d es c auses de l a malnutrition est
importante dans le cadre de la mise en œuvre d'une politique sanitaire. Celle-ci peut en effet
tenir compte aussi bien des maladies dominantes, des groupes sociaux à f orte prévalence de
malnutrition et des régions les plus atteintes. Le chapitre suivant fait un état des lieux sur les
causes de la malnutrition des enfants et présente les aspects théoriques de l’étude.

31
CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE

L a malnutrition de l’enfant, et dans un cadre général la faim dans le monde, sont


des s ujets qui t ouchent à de s pr oblèmes f ondamentaux du m onde m oderne :
pauvreté, r épartition de s r ichesses, s auvegarde d e l ’environnement, dé mographie... Il n ’est
donc pas surprenant qu’il existe de nombreuses visions du problème et que chaque société en
ait une compréhension différente.

Ce chapitre fait une revue critique d e l a l ittérature pertinente sur l es causes d e la


malnutrition de s e nfants. Ce q ui p ermettra d e construire u n cad re co nceptuel et d e f ormuler
les hypothèses de l’étude et le cadre d’analyse.

2.1. Revue de littérature

2.1.1. Connaissance biomédicale de la malnutrition

L’approche d es p roblèmes co ncernant l ’aspect m édical et nutritionnel d e la


malnutrition évolue a ussi f ort a u c ours de s années. E n réalité, la compréhension et l es
connaissances dans le domaine de la malnutrition varient souvent d’une spécialité médicale à
l’autre. Parallèlement, les s olutions pr oposées po ur éradiquer l a m alnutrition di ffèrent d’ un
groupe social à l’autre et évoluent au cours du temps.

a) Évolution des concepts sur la malnutrition de l’enfant

Connaître l’ histoire de la ma lnutrition est ut ile pour comprendre l es s tratégies


actuelles : beaucoup de programmes de prévention sont basés sur des visions anciennes de la
malnutrition et l es d écalages en tre l es recommandations r écentes et l es pratiques d e t errain
s’expliquent par cette dimension historique. Par ailleurs, la connaissance de la malnutrition va
certainement continuer à évoluer dans l es années futures. L’évaluation d’idées nouvelles est
facilitée par la connaissance des perceptions anciennes dans ce domaine.

Les premières observations

La ma lnutrition a v raisemblablement e xisté s ous to utes le s latitudes depuis des


décennies. Une des premières descriptions complètes d’un tableau clinique correspondant à ce
qu’on appelle le "kwashiorkor" remonte à 1865. Elle est divulguée par deux médecins (les Drs

32
HINOJOSA et COINDET, 1865) qui travaillaient dans un village au Mexique (Briend, 1998).
Ces auteurs av aient o bservé l a p résence f réquente d ’œdèmes chez d es en fants d énutris à l a
période du sevrage. Ils avaient aussi remarqué la présence fréquemment associée de diarrhées
et l e r ôle d éclenchant d e l a r ougeole. C es m édecins av aient encore n oté q ue ce t ableau
clinique d ifférait n ettement d e cel ui d e l a p ellagre d éjà bien c onnu à l ’époque, même s i le s
enfants œ démateux suivaient un r égime à b ase de m aïs. Le di agnostic d e pellagre avait ét é
catégoriquement rejeté.

Au début du X Xe siècle, la malnutrition de l’enfant devint plus rare en Europe et ce


sont s urtout de s m édecins t ravaillant da ns de s colonies qui décrivirent e n d étail d es cas d e
malnutrition grave. Une des plus anciennes observations vient de l’Annam 12. On la doit à un
médecin milita ire français, N ormet (1926), qui a vait constaté d es œ dèmes ch ez d es enfants
dénutris e t ayant une alimentation à base de r iz. Il a ppela c ette m aladie, qui c orrespond a u
kwashiorkor d ans l a terminologie m oderne, “ la bouffissure d’Annam”. Il publ ie en 1926 l a
première photo connue. Il soupçonna d’emblée qu’une origine nutritionnelle en était la cause,
ayant r emarqué q u’elle n e s urvenait p as l e l ong d es r ivières poissonneuses. Ce q ui es t
remarquable est que le niveau sanguin et l’excrétion urinaire d’urée étaient abaissés chez ces
enfants bouf fis e t a ttira ai nsi l’attention s ur l e r ôle de s pr otéines da ns l e dé veloppement de
cette affection.

Entre 1933 et 1935, l es p remières observations d’œdèmes as sociés à la m alnutrition


tombèrent dans l ’oubli. E ntre l es de ux g uerres m ondiales, l es c ommunications e ntre l es
différentes p arties d u m onde ét aient ex trêmement l imitées et l es t echniques d e recherche
bibliographique r udimentaires. Williams ignorait le s p ublications de N ormet relatives à l a
"malnutrition o edémateuse" quand e lle dé buta s a c arrière de p édiatre en C ôte d ’Or ( actuel
Ghana) dans les années 30. Elle aussi vit des cas d’œdèmes associés à une malnutrition et elle
les d écrivit d ans l es "Archives of Diseases i n C hildhood", dans un a rticle publ ié en 1933 et
intitulé : " A nut ritional disease o f c hildhood a ssociated w ith a m aize d iet". Cette p remière
publication insiste sur les lésions cutanées observées et la description clinique met tout aussi
bien en relief les différences entre cette "maladie nutritionnelle" et la pellagre.

12
Partie orientale du Viêtnam actuel

33
Les années protéines

Peu d e t emps ap rès s a cr éation, juste ap rès l a f in d e l a s econde g uerre mondiale, la


FAO envoya deux experts, les Drs BROCK et AUTRET, faire le tour de l’Afrique pour faire
le p oint d e la s ituation alimentaire d e ce continent. Leur expédition dura de ux mois e t ils
rédigèrent, à l eur r etour, un r apport i ntitulé “ Le kwashiorkor en A frique” ( Brock et Autret,
1952). C ette publ ication eut un g rand r etentissement dans l e m onde s cientifique. Le rapport
tendait à démontrer d’une part que le kwashiorkor était très répandu en Afrique, surtout si l’on
tenait co mpte d e s es formes m ineures, et d ’autre p art q ue l a m aladie ét ait es sentiellement
imputable à un régime pauvre en protéines. Ce rapport concluait que les carences en protéines
représentaient le p roblème n utritionnel le p lus pr éoccupant en A frique. Le t erme d e
"malnutrition protéique" devint alors un terme général appliqué très largement à tous les états
de malnutrition observés dans les pays pauvres.

Des carences en protéines aux carences en énergie

Les années pa ssant, un c ertain s cepticisme s ’installa q uant a u r ôle v éritable des
carences en p rotéines comme cau se d e m alnutrition i nfantile d ans l es p ays pauvres. O n
comprit dè s l ors que l es p rogrammes d ’aide v isant à augmenter le s apports a limentaires
protéiques a vaient un i mpact f aible, v oire négligeable. C ette conviction d evait s e renforcer
quelques années plus tard à la suite d’une étude portant sur plus de deux cents programmes de
supplémentation à l ’aide d ’aliments r iches en p rotéines et m ontrant q ue l eur ef fet ét ait en
général faible, sinon nul (Beaton et Ghassemi, 1982). Une remise en cause de ces programmes
s’imposait.

En 1968, l ’équipe d’ Hyderabad t ravaillant e n Inde m ontra qu’ il n’ existait pas d e


différence de régime entre les enfants qui allaient développer ultérieurement un kw ashiorkor
et ceux évoluant vers une malnutrition de type marasme (Gopalan, 1968). Cette même équipe
a également constaté qu’une augmentation de la ration alimentaire des enfants vivant dans des
villages, permettait d ’améliorer le ur c roissance. C ette mo dification d iététique d e n ature
purement q uantitative e xerçait ainsi ses e ffets s ans qu’on ne touche à l a c omposition du
régime (Gopalan et al., 1973).

Tous ces éléments amenèrent à ab andonner progressivement le terme de malnutrition


protéique e n f aveur d e cel ui d e "malnutrition p rotéino-calorique" puis de "malnutrition
protéino-énergétique". En 1974, McLaren publia un article dans le Lancet, intitulé “The Great

34
Protein Fiasco”, où il retrace l’évolution des idées sur le sujet. Cet article répandit l’idée selon
laquelle le problème nutritionnel le plus commun à travers le monde n’est pas une carence en
protéines mais un déficit d’apports en énergie.

b) De la malnutrition pluricarentielle

L’approche p luricarencielle ap préhende l a m alnutrition co mme u ne maladie q ui


apparaît l orsque l a nou rriture di sponible n’ a pas l a q ualité n écessaire p our as surer l e
développement du c orps hum ain. E lle e st don c l iée à un m anque d ’éléments nut ritifs
essentiels comme les vitamines et les sels minéraux. Elle affecte particulièrement les enfants
en bas âge et se rencontre même dans des régions où l’on connaît une sécurité alimentaire. La
malnutrition e st p rincipalement c ausée p ar c ette a bsence d ’éléments n utritifs e ssentiels a u
développement de l’organisme (MSF, 2007).

Un e nfant ne r ecevant pa s s uffisamment de nut riments da ns s on alimentation


quotidienne e st e xposé a ux différentes f ormes de m alnutrition. S i l e dé ficit por te
principalement sur les apports en énergie et en protéines, on parle de "malnutrition protéino-
energétique" (MPE) ou protéino-calorifique. Si le déficit porte surtout sur le fer, on parle d’
"anémie n utritionnelle". Par c ontre, s i le déficit porte p rincipalement s ur la v itamine A , les
manifestations de la carence portent le nom de xérophtalmie (Dillon, 2000). Il n’est cependant
pas r are q ue l ’enfant p orte à l a f ois et à d es d egrés d ivers l es t races d e c es t rois f ormes d e
malnutrition.

Quant a u dé ficit de l ’apport e n pr otéines, c elui-ci p orte à l a f ois s ur l a q uantité d e


protéines qui est insuffisante et sur la qualité de ces protéines (par d éfaut de certains acides
aminés dits essentiels). A ce déficit en énergie et en protéines s’ajoutent souvent des carences
en fer, en vitamine A et en vitamines du g roupe B. La conjonction de ces différents facteurs
entraîne d es p erturbations du f onctionnement des or ganes et un ralentissement de l a
croissance que l ’on d ésigne c ommunément sous l e nom d e "malnutrition pr otéino-
énergétique".

D'une m anière générale, il e st a dmis que l a m ajorité de s grands pr oblèmes


nutritionnels s ont l iés e ntre e ux. S ouvent, l a m alnutrition dé marre p endant l a vi e f œtale et,
selon les conditions, peut se prolonger tout au long de la vie, particulièrement chez les filles
ou les femmes, celles-ci donnant à leur tour naissance à des enfants qui présentent un retard
de croissance intra -utérin. La reconnaissance de cette approche "cycle de vie" de la nutrition

35
(figure 2.1) ouvre la voie à des politiques et stratégies nouvelles. De plus, un c ertain nombre
d'éléments s cientifiques se s ont accu mulés p our montrer que l a m alnutrition pe ndant l a vi e
fœtale et l a p etite en fance ac croît l a s usceptibilité d e d évelopper d es M NTA à l 'âge adulte.
Cette susceptibilité est exacerbée lors des modifications des modes de vie et de consommation
alimentaire liées au développement économique et à l'urbanisation.

Figure 2.1 : Cycle de vie de la nutrition

2.1.2. Approche holiste de la malnutrition

a) L’approche des six «P» 13

Si, a u l ieu d’ une pe rspective pur ement s ectorielle, on a dopte une perspective
multisectorielle et pluridisciplinaire, les causes d e la malnutrition apparaissent différemment
et on pe ut r echercher, p lus que pa r l e passé, d es s olutions d’ envergure. Les c auses de l a

13
Approche développée par le Centre d’Étude et de Recherche en Population et développement (CERPOD),
Bamako-MALI, 2008.

36
malnutrition e t le d omaine d ’expertise à me ttre e n je u varient certes, mais selon l es
circonstances. N éanmoins, s ix f acteurs de m alnutrition s ont pa rticulièrement i mportants,
même si aucun d’eux n’est à lui seul la cause exclusive de la malnutrition, ni le seul secteur à
être concerné par les stratégies nutritionnelles. Ces six facteurs - les six «P»- sont :
• La Production, es sentiellement a gricole e t a limentaire, car l es agriculteurs et l es
Ministères de l’Agriculture ont un rôle vital à jouer dans l’amélioration de l’état nutritionnel.
• La Préservation ou conservation des aliments pour éviter le gaspillage et les pertes et
apporter une valeur ajoutée aux aliments grâce à la transformation.
• La Population, q ui a t rait au ssi b ien à l ’espacement d es n aissances au s ein d ’une
famille qu’à la densité de population dans une région ou dans un pays.
• La Pauvreté, qui ramène aux causes économiques de la malnutrition.
• La Politique : les c hoix e t le s a ctions p olitiques in fluencent la n utrition lorsqu’ils
n’en déterminent pas. Des politiques visant à promouvoir l’accès des femmes aux ressources
pour gé nérer d es r evenus, ceci pour l ’éducation e t pour l es s oins de s anté, amélioreraient
sensiblement le bien-être nutritionnel de toute la famille.
• La Pathologie : car l es m aladies, en p articulier l es i nfections, n uisent à l ’état
nutritionnel.

b) Impact de l'évolution actuelle de la société sur l'alimentation et la nutrition

De nom breux phé nomènes c ontemporains ont une i nfluence di recte ou i ndirecte s ur
l'alimentation e t la n utrition d es p opulations : c roissance e t v ieillissement d e la p opulation,
urbanisation et i ndustrialisation, m ondialisation, problèmes e nvironnementaux, c hangements
climatiques. De manière pl us ou m oins prononcée, ces phénomènes modifient l es m odes de
vie et les pratiques alimentaires vers une plus grande sédentarisation (diminution de l'activité
physique due à l a m écanisation, à l 'utilisation de t ransports m otorisés, di minution non
compensée par des activités de loisirs ou sportives), une dépendance plus grande aux aliments
produits pa r d' autres ( l'autoconsommation di minue), une a ugmentation de l a c onsommation
d'aliments ma nufacturés, é nergétiques ma is à f aible d ensité n utritionnelle ( les in dustries
agroalimentaires p roduisent d es al iments av ec d es t eneurs s ouvent él evées en m atières
grasses, sel et sucre, faciles à t ransporter et à p réparer, et bon m arché) et une consommation
croissante de pr oduits a nimaux. O n obs erve é galement une a tténuation, s inon une p erte d e
transmission du savoir-faire et des traditions culinaires ancrées dans la culture, notamment de
certains r égimes r econnus co mme " protecteurs". Ce phé nomène c ontribue à une pe rte de l a
diversité alimentaire et culinaire.

37
Cependant, la conjoncture actuelle ne peut expliquer à el le seule le fait que la moitié
de l a popul ation m ondiale s oit t ouchée pa r de s problèmes nut ritionnels. Le s ous-comité d e
nutrition de s N ations U nies a a insi t enté d' analyser l es r aisons pour l esquelles on e st r esté
aussi l oin de s obj ectifs chiffrés de r éduction de s m alnutritions qui a vaient é té f ixés l ors du
sommet de l'enfance et de la CIN. Il a identifié cinq facteurs fondamentaux :
Absence de lieu pour que les universitaires/chercheurs et les représentants des
Organisations Non Gouvernementales (ONG) puissent dialoguer avec les autorités politiques
et les décideurs afin de faire avancer des initiatives dans le domaine de la nutrition ;
Échec fréquent des secteurs de l'agriculture et de la santé pour combiner leurs
forces dans la mise en place de plans d'actions cohérents ;
Rivalités au sein même d'un pays (souvent amplifiées par le soutien sélectif de
programmes spécifiques par des ONG, des organisations des Nations Unies, ou la coopération
bilatérale) ;
Incapacité de c ertaines i nstitutions f inancières à pr endre l es m esures
intersectorielles préconisées par la Banque Mondiale pour améliorer la sécurité alimentaire et
la santé dans la mise en place de plans de réforme et de développement économique ;
Échec de s a utorités pol itiques qui n' ont pa s r éalisé que de s pr ogrès r apides
pouvaient avoir lieu si elles donnaient la priorité à la nutrition dans leur répartition du budget
de l'Etat".

2.1.3. Approche relationnelle de la malnutrition

Pour le s p sychanalystes, l' allaitement ma ternel c onstitue u n é lément ma jeur d e la


relation mè re-enfant, « une s ituation qui l 'implique, e lle, p rofondément, da ns s on c orps e t
dans sa vie psychique » (Siksou, 2002). Dans l'interaction mère-enfant, à cette période initiale
de la vie où la mère et l'enfant sont étroitement unis en une véritable dyade, le contact étroit
favorisé pa r l 'allaitement au s ein peut j ouer un r ôle essentiel dans l a spirale transactionnelle
qui lie la mère à son enfant, c'est-à-dire dans le renforcement du bien-être psychologique de la
mère par celui de son enfant et réciproquement.
L’hypothèse générale qui sous-tend cette approche est que l’attachement 14 sécure sera
également pr opice à l ’exploration de l ’enfant s ur l e plan alimentaire, autrement d it à l a

14
Les comportements d’attachement sont des signaux et des gestes d’approche (téter, s’agripper, suivre, pleurer, appeler,
crier, sourire, se rapprocher...) qui visent à maintenir l’enfant à proximité de sa figure d’attachement dans un but de
protection (recherche de sécurité) (Bouville, 2003).

38
diversification de ses apports nutritionnels au-delà du lait maternel (ingestion de la bouillie de
complément et de s a liments s olides a daptés à s es be soins nut ritionnels). Le corollaire «
négatif » de cette h ypothèse es t q ue l ’enfant i nsécure r efusera par des co mportements
anorexiques plus ou m oins prononcés de diversifier son alimentation avec des conséquences
potentiellement néfastes sur le plan nutritionnel, notamment dans un m ilieu tropical souvent
carencé de ce point de vue. Cette idée rejoint en particulier les travaux de Collomb et Valentin
(1980) qui considèrent le kwashiorkor (malnutrition sévère) comme une anorexie mentale de
l’enfance et u n symptôme ps ychosomatique se dé veloppant s ur f ond de m alnutrition
chronique.
Cette d imension r elationnelle dans l’ étiologie de la ma lnutrition in fantile a é té
reconnue par l’UNICEF (1990) sous le nom de « caring » (ou « soins ») comme une des trois
conditions essentielles – avec l’alimentation et la santé – à la croissance et au développement
de l’ enfant. C ette d imension r elationnelle e st d ’autant p lus v itale à la s urvie e t a u
développement de l ’enfant l orsque l es conditions de vi e s ont dé favorables (Bouville, 2003).
La malnutrition sévère est associée ici à un environnement familial très inadéquat du point de
vue de l’affection et de l’attention à accorder à l’enfant.

L’approche permet de mieux comprendre l’implication de l’environnement relationnel


dans la formation de symptômes nutritionnels chez le jeune enfant en milieu urbain africain.
La qualité de la relation d’attachement, telle qu’elle peut être évaluée en milieu naturel par la
sensibilité d es a dultes maternants e t le s c omportements d ’attachement et d’ exploration de
l’enfant, est d irectement associée à l ’apparition e t à l’ évolution d e la m alnutrition in fantile
(Bouville, 2003). Selon la qualité de la relation d’attachement, certains enfants parviennent à
dépasser une s phère e xclusivement m aternelle p our ex plorer l e m onde e nvironnant et
diversifier leur alimentation, tandis que d’autres refusent de différentes manières d’incorporer
les aliments autres que le lait maternel.

Des é tiologies r elationnelles p lus s pécifiques s ont c onstituées de modèles


d’interactions enfant-entourage, de comportements alimentaires et de formes de malnutrition
particuliers, dont la dynamique sous-jacente dépend, du m ode d’attachement mère-enfant. Ici
encore, le mode relationnel de l’enfant détermine son rapport particulier à l’aliment.

La relation de l’enfant avec d’autres adultes maternants, beaucoup plus variable dans
le t emps, j oue elle aussi un r ôle p rimordial da ns l a dé gradation ou l’amélioration d e s es
symptômes s ur f ond d’attachement i nsécure a vec l a m ère. P lus s pécifiquement, l a

39
malnutrition précoce semble associer au refus de l’enfant de diversifier ses relations, avec un
comportement d’attachement exacerbé envers sa mère, tandis que l’apparition plus tardive des
symptômes s emble d avantage lié e à l’ insensibilité d e l’ entourage ma ternant ( mère et autres
adultes) malgré les sollicitations diversifiées, cette fois, de l’enfant. Le maintien d’un bon état
nutritionnel e t l’ amélioration d es s ymptômes s ont a ssociés à u n a justement r elationnel «
sensible » entre l’enfant et plusieurs autres adultes maternants. Cette dynamique relationnelle
de prévention et d’amélioration des symptômes dépend notamment de la qualité de la relation
d’attachement mère-enfant de par son influence majeure sur le comportement de l’enfant, de
la ma turation p sychomotrice d e l ’enfant ( capacité p lus grande de s ollicitation et
d’exploration) e t d e l’ implantation s ociale d e la mère o u d e la famille. Le p rincipal f acteur
mis en exergue ici est l’allaitement maternel.

Allaitement

L'allaitement m aternel e st g énéralement l e m ode d'alimentation de l 'enfant dur ant l a


première année de sa vie. Pour l'ensemble de l'Afrique, la règle est encore une longue durée
moyenne d'allaitement dont les extrêmes se situent entre 12 e t 36 mois, la durée 18-24 mois
étant la plus courante. Cependant, cette durée est moins longue, se situant autour de 12 mois,
dans certains pays comme l'Algérie, ou en milieu très urbanisé des grandes villes (Morrisson
et Linskens, 2000 ). C ette situation n 'indique p as f orcément qu e dur ant cette pé riode l e l ait
maternel est le seul aliment de l'enfant.

Les résultats d'une enquête conduite dans le Nord-Est de la Thaïlande, relayés en 2002
par J acqueline M ondot Bernard du C entre de D éveloppement de l ’OCDE, indiquent de s
niveaux cal oriques t rès faibles pou r l es en fants d e 6 m ois à 3 a ns. Il e st pr obable que
nombreux sont ceux dont le régime consiste jusque vers 18 mois uniquement en une quantité
de l ait m aternel de pl us e n pl us f aible, pui s e n une r ation i nadéquate d'a liments s olides ( riz
principalement). Toujours en Thaïlande, un e enquête conduite en 1974 auprès des m ères de
120 j eunes enfants (72 % ont m oins de 10 mois) hospitalisés pour m alnutrition pr otéo-
calorique grave, montre que seulement 17 % d e ces enfants sont allaités (51 % des femmes
travaillent en dehors de chez elles) et que 36 % des enfants ne sont nourris que de riz et d'eau.
Dans l es c onditions où il e st pr atiqué, le s evrage p artiel t rès p récoce provoque l 'arrêt de
croissance d e l 'enfant. T outes ces r aisons m ettant en l umière l es co nséquences d e
l'alimentation m al conduite du j eune enfant s ont en f aveur d e l a m ise à l a di sposition de l a

40
population d' aliments d e s evrage c onvenables, s ans pour a utant f aire di minuer l 'allaitement
maternel.

L'introduction précoce d'une alimentation de complément et/ou de fluides fait que les
enfants soient en partie rassasiés et, compte tenu de la capacité limitée de leur estomac, ils ont
tendance à moins téter, ce qui peut réduire la production de lait maternel. Cette pratique peut
ainsi entraîner é galement une di minution de l a f réquence d e l 'allaitement m aternel q ui, en
écourtant la d urée d e l 'aménorrhée p ost-partum, a ugmente l e r isque pour l a f emme d e
retomber en ceinte. L’OMS s ouligne l ’importance du colostrum et recommande a ujourd’hui
qu’il faut allaiter l’enfant durant la première heure de sa vie ; que durant les 4 premiers mois
aux 6 premiers mois de son existence.

2.1.4. Approche socioculturelle de la malnutrition

Depuis de nombreuses années, la notion de « négligence sociale » est évoquée par des
chercheurs en sciences s ociales (anthropologues, démographes) comme pouvant ex ercer une
influence sur la ma lnutrition. U ne p remière th èse sociodémographique (Scrimshaw, 1978)
suggérait que certains enfants des pays en voie de développement seraient moins investis que
d’autres au s ein de f amilles à descendance é levée. Avec d e p etits es pacements de n aissance
entre les enfants, les derniers-nés recevraient moins de soins médicaux que ceux qui ont passé
le cap d e l a p remière a nnée. La négligence m aternelle et s ociale dans cette t hèse place la
mortalité infantile comme une réponse à une forte fécondité. Également, la taille de la famille
correspond a u t emps e t a ux r essources dont elle dispose (Frank, 1994). A insi, pour
Scrimshaw, l e m anque d e co mpétence maternelle i nvoqué par c ertains or ganismes
internationaux, pr écisément lors de l a r ééducation nut ritionnelle de l ’enfant, n’ est pa s un
manque d’ intelligence, de s avoir ou d’ habileté de l a femme m ais pl utôt une a bsence
d’engagement de la mère vis-à-vis de l’enfant.

Une de uxième th èse d’une a nthropologue a méricaine, Scheper-Hugues (199l),


s’appuie essentiellement sur des critères culturels. Selon l’auteur, la négligence sociale est liée
aux r eprésentations d e l’enfant et d e la ma ladie in fantile. Scheper-Hugues fonde s on
argumentation s ur l’observation d’ un manque d e m anifestations affectives à la mo rt d ’un
enfant (Scheper-Hugues, 1992). Cette mise en relation entre l’expression sociale de l’émotion
et l ’affect pose l a qu estion de s r elations e ntre l e ps ychologique et l e c ulturel (Crapanzano,
1994). P our c ette ethnologue, l ’absence de l armes à la mo rt d’un enfant t émoigne d e la
construction sociale de l’attachement maternel, lui-même fondé sur les r eprésentations de l a

41
maladie et de la mort, alors que, pour certains membres du pe rsonnel de santé, il révèle une
moindre affectivité résultant d’un vécu répété de mort d’enfants.

Si la problématique mise à jour par la notion de « négligence sociale » est critiquable,


c’est parce que la culture est considérée comme un obstacle au développement ; un obstacle
ici à l’amélioration de la santé de l’enfant et même à sa survie. La mort de l’enfant, attribuée à
une n égligence s élective d e la mère, d éresponsabilise les s ervices de s anté qui ont dé jà
tendance à culpabiliser les m ères. C e m essage d e « mauvaise m ère » ne peut a voir que des
effets négatifs et conduire la femme à ne plus se présenter au service de santé. Toutefois, elle
a l’intérêt de poser la question de la responsabilité sociale de la maladie de l’enfant (l’enfant-
acteur, la mère, la famille, le groupe social, 1’État) selon la place où l ’on se situe. La notion
de négligence sélective introduit aussi l’idée que la malnutrition est une forme de maltraitance
à l’égard des enfants par « délit » d’indifférence parentale (Mead, 1962). Si cet argumentaire,
pris au cas p ar cas, p eut s ’avérer p arfois ex act, i l s uggère, a u r egard d e l a pr otection de
l’enfance, l’éventuelle condamnation des parents d’enfants malnutris pour « mise en danger
de la vie d’autrui ».

L’étude de s r eprésentations d e l a m aladie d ans l es différentes s ociétés af ricaines


permet, d’emblée, de comprendre la difficulté d’un dialogue entre des interlocuteurs qui n’ont
pas les m êmes cat égories de pensée. La principale di fficulté, d ans l e cas de l a malnutrition,
réside dans le fait que les populations ne l’associent pas à un problème alimentaire : c’est une
maladie (Bonnet, 1996) . D e f ait, l es mères n e s e d éplacent p as vers une s tructure de s oins
pour un amaigrissement de leur enfant, mais pour une diarrhée ou une fièvre persistante.

L’anthropologue Petitjean (1996) aborde l a que stion de certaines d e ces cat égories
d’interprétation. Le déséquilibre physiologique de l’enfant est associé dans certaines sociétés
africaines ( Sogo et S ere p ar ex emple dans l e c ontexte du B urkina Faso) à une d éviance
sociale. Il r appelle aux p arents, et donc à la s ociété, l’exigence d ’une m aîtrise d es rapports
sexuels après la naissance d’un enfant. Cela ne signifie pas pour autant que toute malnutrition
soit systématiquement associée à un désordre social. Ces catégories ont des causes variées et
variables s elon l’ histoire d u s ujet e t d e s a f amille, selon l’apparition d es s ymptômes e t
l’évolution de la maladie. Pour Bonnet (1996), le système interprétatif n’est jamais ferme et il
autorise a ussi bi en une e xplication mécanique (« l’enfant est n é petit e t me nu ») que
surnaturelle (sorcellerie) ou sociale (interdit sexuel du pos t-partum) et aujourd’hui médicale.
Le système est cumulatif et non exclusif.

42
Jaffré (1996) analyse les raisons qui conduisent les mères à ne pas « voir » la maladie
de leur enfant. L’explication qu’il en donne s’appuie sur la théorie des étiologies sociales. A
ce titr e, il e xplore la no tion de « danger », cause é voquée pa r l ’entourage du m alade pour
justifier la ma ladie. Cette p rocédure m éthodologique s ’abstient, l à aussi, de t out j ugement
moral : il n ’y a pas « un qui sait » et « un qui ignore », il y a deux mises en perspective de la
maladie. P rogressivement, on mesure l e m alentendu qui pe ut s ’installer e ntre l es i ndividus.
D’un c ôte, l e personnel s oignant, pa r s es r ecommandations, a ppréhende la ma lnutrition
davantage comme un déséquilibre nutritionnel que comme une maladie ; de l’autre, la famille
du malade qui ne comprend pas les raisons pour lesquelles on n’administre pas à l’enfant des
médicaments. S upplémentation nutritionnelle e t médicament n ’ont p as l e mê me s tatut : la
nourriture est collective, le médicament individuel. I1 est donc admissible d’un point de vue
social, pour les populations, d’acheter à l’enfant un médicament que de privilégier un membre
de l a f ratrie au n iveau alimentaire. La supplémentation n utritionnelle e ffectuée da ns une
famille rurale polygame au bénéfice de l’un des enfants risque de susciter des conflits entre
les é pouses. Ce qui pe ut ê tre pe rçu comme un « favoritisme » risque d e cr éer un e j alousie
entre deux ou plusieurs femmes aux relations déjà marquées par la concurrence.

Les principaux facteurs i dentifiés d ans cet te a pproche q ualifiée d e s ocioculturelle


sont : l’ethnie, l a religion e t l ’instruction qui , elle, confère aux i ndividus un de gré de
modernisation socioculturelle.

Ethnie et religion

Les facteurs culturels tels que la religion et l’ethnie sont d’une grande importance pour
la prévalence de la malnutrition. Selon Akoto (1985), « la religion véhicule un certain nombre
de valeurs et de normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan comportemental,
physiologique, et psychique. Elle peut refléter l’ouverture à la civilisation occidentale
(religion catholique et protestante), le niveau de traditions des gens (religion traditionnelle),
et parfois la situation des individus dans la hiérarchie sociale ».

Cadre par excellence d e pr oduction de c ultures ou c outumes, l ’ethnie e xercerait une


influence c onsidérable s ur l es c omportements de s m ères da ns di fférents domaines de l a vi e
dont l' alimentation et la s anté. La cu lture i nfluence l'état nut ritionnel des e nfants ; ce ci à
travers les tabous alimentaires, les croyances relatives à l'alimentation, la manière de préparer
et de conserver la nourriture.

43
Les a ttitudes e t le s p erceptions va rient s elon l 'ethnie. O n obs erve un e r elation e ntre
l'ethnie, les croyances et la nutrition des en fants, notamment durant et après la grossesse, et
les pratiques d'allaitement et de sevrage (Rakotondrabe, 1996). Ceci s'explique par le fait que
dans certaines ethnies, l es interdits alimentaires par exemple privent les petits enfants et les
mères au co urs d e l eurs g rossesses de cer tains al iments riches en cal ories. Dans cer taines
sociétés, la crainte de l'accouchement d'un « gros bébé » amène certaines femmes à s e priver
de nour riture. Il e n résulte al ors u ne car ence d ans l eur alimentation et el les enfantent d es
bébés de petite taille et/ou à insuffisance pondérale.

En Afrique, les chrétiens ont pu profondément modifier leur vision du m onde et leurs
normes s ur l e t ype d 'aliments à donne r a ux e nfants. Ils ont a insi t endance à pr atiquer une
bonne alimentation des enfants qui a un effet positif sur l'état nutritionnel de ces derniers. A
l'opposé, la religion traditionnelle véhicule les valeurs traditionnelles ancestrales (Ngo Nsoa,
2001) qui s ont l e pl us souvent né fastes à la bonne nut rition de s e nfants. C ependant, l a
différence o bservée p eut ég alement r efléter l a v ariation d e l a s colarisation s elon
l’appartenance r eligieuse. A u C ameroun, l es c hrétiens ont pl us d e ch ance d e b énéficier d e
l’éducation moderne dans le cadre des écoles missionnaires ; la même situation est observée
au Sénégal (Rakotondrabe, 1996).

Niveau d’instruction des parents

La relation entre le niveau d’instruction de la mère et la malnutrition des enfants peut


être perçue à travers l’apport de la mère en termes de temps, d’attention et de soutien destinés
à s atisfaire l es be soins ph ysiques, m entaux e t s ociaux de l ’enfant. E n g énéral, pl us
l’instruction d e l a m ère es t él evée, p lus el le apprécie a u m oment opp ortun c es di fférents
besoins et y apporte la réponse appropriée.

On obs erve, s elon l ’INSAH, da ns pl usieurs p ays d’ Afrique s ubsaharienne (Mali,


Tchad, B urkina F aso, N iger, S énégal, C ap V ert, Gambie) une r elation i nverse e ntre c haque
indicateur de m alnutrition des enfants et l e ni veau d’instruction de l a m ère. Les enfants des
mères de ni veau s upérieur ont l es ni veaux de malnutrition les moins élevés. Les écarts sont
particulièrement importants entre les niveaux de malnutrition des enfants des mères de niveau
supérieur et l es enfants de l eurs co ngénères non i nstruites, avec d es i ndicateurs p assant d u
simple au double et parfois davantage. Entre pays, il faut noter qu’à niveau d’instruction égal,
les enfants de mères maliennes ont le plus souvent des niveaux de malnutrition plus faibles,
suivis par les enfants burkinabè.

44
Tout comme pour la mère, le niveau d’instruction du partenaire est négativement lié à
la m alnutrition de l ’enfant. Les ni veaux de m alnutrition de s e nfants s ont d’ autant pl us ba s
que le niveau d’instruction du partenaire est élevé. Il joue également un grand rôle dans l’état
nutritionnel de s e nfants. N otons que l es hom mes à un ha ut ni veau d ’instruction s e m arient
généralement avec des femmes assez instruites et dans de tels cas, l’effet de l’instruction de
l’homme passe par celui de la mère.

De m anière générale, l e n iveau d ’instruction d e l a m ère a plus d’ influence s ur l a


morbidité, la malnutrition et la mortalité des enfants que celui du pè re. Pour Akoto (1987) :
« l’instruction de la mère apparaît toujours discriminante (notamment entre 0-3 années et 4
années et plus d’école), tandis que celle du père intervient surtout aux deux situations
extrêmes (mère illettrée ou très instruite) ».

2.1.5. Approche socioéconomique de la malnutrition

La pauvreté est généralement considérée comme la cause profonde de la malnutrition


tant il est vrai que, dans la majorité des pa ys, c’est surtout chez les pauvres que l’on trouve
des enfants souffrant de MPE grave ou modérée, ou présentant des signes évidents de carence
en vitamine A (INSAH, 2008).

Cette approche justifie la m alnutrition des enfants par l e n iveau d e v ie des m énages,
lequel es t l ui-même corrélé à l a q ualité d e l ’habitat, au t ype d ’activité é conomique d es
parents, à l ’accès à l’électricité, à l’eau pot able et à l ’assainissement. L'individu est dénutri,
voire mal nourri parce que le ménage n'a pas les moyens de lui procurer assez de nourriture de
bonne qua lité : c 'est l a t hèse dé fendue pa r Sen (1998). Murdoch (1985) à s on t our, a ssocie
malnutrition et pauvreté puisqu'il affirme que les ménages pauvres n'ont pas suffisamment de
nourriture à c ause du m anque de s m oyens f inanciers. P our l es t enants de c ette a pproche,
l'explication des variations de l'état nutritionnel des enfants en Afrique trouve son fondement
dans l 'inégalité du ni veau de vi e de s m énages. Toutefois, c ette opi nion e st r elativisée pa r
Delpeuch et a l (1996) qui f ont r emarquer q ue ma lgré la c rise économique (suivie d e l a
dévaluation du Franc C FA), c ertains plats culturellement sollicités sont cependant r estés les
mêmes. Akoto (1993) ne partage pas cette vision, car pour lui, l'état nutritionnel des enfants
ne s'explique qu'à travers les normes et valeurs sociales en matière d'alimentation. Cet auteur
souligne a insi l' importance d e l a c ulture e t de l 'organisation s ociale, not amment en ce q ui
concerne la co mpréhension d e c ertaines h abitudes al imentaires. A ce p ropos, i l s e p ose l a

45
question de l'importance p our u n m énage d e v ivre d écemment s i l a cu lture, à t ravers s es
interdits sociaux, ne permet pas à l 'enfant de consommer un bien nécessaire à s a croissance.
Dès lors, il est très peu indiqué de se focaliser uniquement sur les facteurs économiques pour
expliquer la variation de la malnutrition.

La p auvreté s e m anifeste d e p lusieurs m anières : ce s ont d es m énages a ux r evenus


insuffisants, m ais a ussi de s c ommunautés ou des pa ys p auvres, qui n’ont pa s de quoi
construire et financer des écoles et des programmes de formation, ni améliorer les systèmes de
distribution d’eau et d’assainissement, ni fournir les services sociaux et de santé nécessaires
pour r éduire de f açon s ignificative l a m alnutrition. Le r ôle p articulier des f emmes et d es
jeunes filles est mis en exergue ici. Elles sont à la fois victimes et «agents de transmission» de
la malnutrition. Dans les milieux défavorisés, les femmes peuvent contribuer à la perpétuation
d’un cercle vicieux dans la mesure où les petites filles sous-alimentées sont des futures mères
susceptibles de s e r etrouver da ns un é tat nut ritionnel pe u s atisfaisant au commencement d e
leur vie reproductive. A cette situation de départ à risque s’ajoutent les mauvaises habitudes
alimentaires e t le s ma ladies in fantiles in fectieuses à r épétition p our g énérer d es conditions
défavorables aux processus vitaux de développement de la personne.

Habitat, accès à l’eau, à l’assainissement et électricité

L’impact des infrastructures sur la malnutrition des enfants passe par l’état morbide de
ces derniers : l’accès à l’eau potable, les toilettes avec chasse d’eau et un sol en ciment évitent
de nom breuses m aladies, not amment i ntestinales, qui a rrêtent l a croissance ; l’électricité
permet d’utiliser un réfrigérateur.

La m alnutrition t ouche plus l es e nfants qui c onsomment l ’eau pr ovenant d’ autres


sources que les enfants qui consomment l’eau des canalisations, des puits couverts et des puits
protégés (Bougma, 200 7). Les enfants vi vant da ns l es m énages di sposant de m oyens
d’assainissement s ont m oins t ouchés pa r l es t rois t ypes de m alnutrition que l es e nfants de s
ménages n e disposant pas de moyens d’assainissement. Au M ali, la p révalence du retard de
croissance touche 38,1 % des enfants vivant dans les ménages sans moyens d’assainissement
contre 36,8 % chez les enfants des ménages disposant de moyens d’assainissement (INSAH,
2008). Le s prévalences d es d eux au tres t ypes d e m alnutrition ( émaciation / maigreur,
insuffisance pondérale) sont aussi plus élevées chez les enfants de moins de 5 ans vivant dans
les ménages ne disposant pas de moyens d’assainissement que chez les enfants des ménages
disposant de moyens d’assainissement.

46
La qualité de la toiture reflète assez bien la qualité générale du logement et les risques
de mo rbidité e t d e ma lnutrition y as sociés (Kuate D efo, 1997) . L’explication g énéralement
émise à ce n iveau es t q u’un l ogement moderne t end à pr otéger s es oc cupants c ontre de s
dangers de l ’environnement e t di minue a insi l ’exposition à la m orbidité, cau se d irecte de
malnutrition. L’existence d’un sol en ciment semble encore plus importante que la disposition
des toilettes. En effet, à t ravers l’étude réalisée dans 16 pays d’Afrique au sud du S ahara par
l’OCDE, cette variable a un coefficient significatif, qui peut aussi s’élever à 0,5 (soit un gain
de 1,8 centimètres à l ’âge d e 3 a ns), e t on not e un s eul pa ys a vec un c oefficient né gatif, le
Togo. Le coefficient de l a variable t oilettes est pos itif dans neuf pa ys, m ais négatif en z one
rurale au B urkina a insi qu’en z one ur baine a u Cameroun. La di sponibilité d e l ’eau pot able
s’avère t rès s ouvent u n f acteur s ignificatif (il l ’est d ans s ept p ays). La di sponibilité de
l’électricité a un coefficient positif 11 fois sur 18, avec des coefficients atteignant 0,7 (ce qui
correspond à un gain de 2,5 centimètres pour un enfant de 3 ans).

L’absence d ’électricité d ans l es l ogements d evrait êt re as sociée à u ne augmentation


des r isques d e ma lnutrition c ar e lle s ignifie q ue le mé nage n e p eut r éfrigérer s es aliments :
l’exposition de s a liments c uits a ux a gents pa thogènes e t l eurs c onditions de c onservation
peuvent ainsi susciter de sérieux problèmes de santé dont la malnutrition. Par ailleurs, dans la
plupart d es p ays en v oie d e d éveloppement, l a p résence d ’électricité d ans u n l ogement
suppose généralement que celui-ci soit accessible. Cette accessibilité va normalement de pair
avec l ’amélioration d u système d e t ransport d e l a r égion ; or un s ystème de t ransport
financièrement ab ordable f avorise l a s anté en a méliorant l ’accès au x s ervices et au x s oins
(Kuate Defo, 1997).

Activité économique des parents

L’activité économique de la mère est une variable importante dans l’étude des causes
de la malnutrition. L’occupation de la femme peut influencer l’état nutritionnel des enfants à
travers l’alimentation de ces derniers (allaitement, sevrage) ou l’attention et les soins qui leur
sont accordés (Akoto et Tabutin, 1989). L'activité de la mère peut la contraindre à écourter la
durée d e l 'allaitement maternel et à p ratiquer l e s evrage p récoce et partant, f avoriser l a
survenance d e l a m alnutrition ch ez l 'enfant. Si en O ccident p ar exemple, l es f emmes
travailleuses recourent aux structures organisées pour assurer la garde des enfants, en Afrique
subsaharienne, e lles n 'ont d'a utres r ecours qu e de c onfier l eurs enfants aux m embres de l a
famille souvent très jeunes (frère, sœur, cousin (e), etc.) ou â gés (mère, belle-mère), voire à

47
une f emme d e m énage. C ela a u n i mpact n égatif s ur l a q ualité d es s oins à administrer à
l'enfant, notamment concernant son alimentation.

Par ailleurs, l’activité de la mère peut avoir un impact positif sur l'état nutritionnel des
enfants. A t ravers l 'amélioration du ni veau d e vie du m énage et de l a di sponibilité de s
ressources d u m énage, l'emploi d e l a femme permet d 'améliorer l a q ualité d es s oins à
administrer à l 'enfant, n otamment e n ma tière d 'alimentation e t d e s anté ( Bougma, 2007) .
Ainsi, l'exercice d'une profession par la mère est susceptible de nuire à l ’état nutritionnel de
l’enfant o u d e f avoriser s on am élioration. M ême s i l 'activité éco nomique d e l a m ère p eut
exercer à la fois un effet négatif et positif sur l'état nutritionnel des enfants, nous pensons que
son effet positif l 'emporte dans un c ontexte de pauvreté, dans la mesure où cette activité lui
permet d'avoir un pouvoir d'achat élevé et pourrait donc renforcer celui de son conjoint ou des
autres membres de la famille. Il s'en suit alors un meilleur état nutritionnel de l’enfant.

Les t ests r éalisés p ar l e C entre d e D éveloppement d e l ’OCDE s ur p lusieurs p ays


d’Afrique subsaharienne (dont le Cameroun), montrent que l’effet négatif domine : dans six
pays, l e co efficient d e l a v ariable « travail d e l a mère » est n égatif e t il n’est p ositif q u’au
Burundi e t a u N igeria. S elon l ’INSAH, a u M ali, l es di fférences observées ne s ont
significatives ni pour la malnutrition taille pour âge, ni pour la malnutrition poids pour âge (au
seuil de 5%). Par contre, les résultats semblent indiquer des taux de malnutrition poids pour
taille p lus f aibles p our les f emmes tr availlant a ctuellement ( au mo ment d e l’ enquête) à
l’opposé de s f emmes q ui ne t ravaillent pa s. A u T chad, l es di fférences e ntre l es t aux de
malnutrition des enfants de mères travaillant actuellement et de mères ne travaillant pas sont
significatives à la fois pour les indicateurs poids pour âge et poids pour taille. Elles indiquent
des niveaux de malnutrition plus élevés pour les enfants de mères qui travaillent actuellement.

L’occupation du père ou son statut professionnel influence indirectement le niveau de


vie du m énage. E n e ffet, l es c onditions da ns l esquelles vi t l ’enfant (la di sponibilité de s
installations s anitaires, la q ualité d es a liments, l a f acilité d ’accès au x s oins d e s anté)
dépendent des r evenus g énérés p ar l ’occupation du pè re ( duquel est tributaire le niveau
économique du ménage).

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2.1.6. Approche biodémographique

La quantité d’aliments disponibles par personne dans une famille, dans un district ou
dans un pa ys e st l a qua ntité de nour riture pr oduite ou a chetée di visée pa r l e nom bre de
personnes qui y ont accès. U ne famille de hui t pe rsonnes, qui p roduit et ach ète l a m ême
quantité de nourriture qu’une famille de quatre personnes, dispose de moins de nourriture par
personne. Toutefois, dans les familles de producteurs, plus la famille est nombreuse, plus la
productivité f amiliale p eut ê tre imp ortante. Dans c ertains p ays, le p roblème d émographique
est généralement perçu comme un problème majeur. La surpopulation, la taille des familles et
l’espacement d es n aissances s ont co nsidérés co mme d es f acteurs d éterminants d e
malnutrition. Dans de nombreux pays, l’espacement des naissances est une priorité au sein des
structures gouvernementales responsables de la planification f amiliale. M ais to ut c omme e n
production, il serait naïf de croire qu’un contrôle des naissances ou une planification familiale
réussie résoudront à eux seuls les problèmes de faim et de malnutrition.

Les principaux facteurs mis en exergue dans cette approche et qui peuvent influencer
le statut nutritionnel des enfants sont : l ’âge et l e s exe d e l ’enfant, l’âge à la maternité et la
parité d e l a m ère, le s tatut ma trimonial e t l’indicateur d ’IMC d e cet te d ernière, l’intervalle
intergénésique, les infections et maladies contractées par l’enfant et enfin les soins préventifs.

Age de l’enfant

L’âge de l’enfant est dans l’ensemble parmi les variables les plus discriminantes : plus
l’âge augmente, plus la malnutrition prévaut (INSAH, 2008). L’alimentation du nourrisson et
du jeune enfant varie au fur et à m esure qu’il prend de l’âge : le nourrisson de moins de six
mois nourri au lait maternel bénéficie de la protection des anticorps de sa mère. Au delà de six
mois, le sevrage l’expose aux agents pathogènes et à la malnutrition lorsque les aliments de
sevrage ne sont pas assez riches pour couvrir les besoins de sa croissance.

Il est généralement o bservé q ue l a s anté d e l ’enfant t elle que m esurée par l’état
nutritionnel se d étériore s urtout d urant l a p remière an née d e v ie et c e j usqu’à l ’âge d e d eux
ans, pour se stabiliser plus au moins par la suite. Cette tendance a été constatée dans les pays
en voie de développement dont le Guatemala (Handa, 1999).

Quel que soit l’indice anthropométrique choisi, le taux de malnutrition augmente avec
l’âge d e l ’enfant d e l a naissance à 2 4 m ois au M ali ( EDS-2001), au Burkina Faso ( EDS-
2003), au Cameroun ( EDS-2004) et au Tchad (EDS-2004). C ette t endance s ’inverse t rès

49
rapidement et d e façon significative après 24 m ois pour l e poi ds/âge et l e p oids/ taille. L a
tendance est mitigée pour la taille/âge après 24 mois. Il apparaît clairement que la nutrition de
l’enfant est fonction de son âge. Le nourrisson de moins de 6 mois ne devra pas être alimenté
comme l’enfant de 6 à 1 1 mois et ce d ernier ne doit pas être alimenté comme celui de 12-23
mois (INSAH, 2008). Au Gabon, un grand nombre de décès surviennent entre 1 et 3 ans des
suites de rougeole et de malnutrition : maladies qui frappent rapidement après le s evrage de
l’enfant (Bakenda, 2004).

L’incidence d e l’ âge s ur l’ état n utritionnel de s e nfants pe ut ê tre pr is en co mpte d e


plusieurs manières. Soit on utilise des tranches d’âge (Strauss, 1990 ; Stifel et al., 1999), soit
on préfère une forme quadratique : solution que Morrisson et Linskens ont retenue en 2000
lors de la recherche des facteurs explicatifs de la malnutrition en Afrique Subsaharienne. Dans
presque tous les pays explorés, ils ont obtenu des coefficients très significatifs, celui de l’âge
(en mois) étant négatif et celui de l’âge au carré étant positif. D’après ces coefficients, le mois
à partir duquel l’âge ex erce un effet positif au lieu de négatif est en moyenne à partir de 35
mois (point d’inflexion). J usqu’à cet âge, la situation se détériore avec le temps. Ce schéma
concorde a vec l es r ésultats de S tifel e t a l. ( 1999) qui c onsidèrent s eulement t rois t ranches
d’âge de 3 à 35 m ois comme avec ceux de Strauss (1990) pour la Côte d’Ivoire qui met en
évidence un ha ndicap croissant qui atteint son maximum vers 40-48 mois. Ainsi, quelle que
soit la forme choisie, les épisodes temporaires de malnutrition s’accumulent pendant les trois
ou q uatre p remières années d e t elle s orte q ue l e r etard d e p oids p ar r apport au x en fants d u
pays de référence, les États-Unis, croît d’année en année pour s’inverser avec le changement
de régime alimentaire permis par l’âge (Morrisson et Linskens, 2000).

Sexe de l’enfant

Dans certaines sociétés où l’on a u ne préférence pour les enfants de sexe masculin, le
sexe de l’enfant joue un rôle important sur son état nutritionnel (Dackam, 1990). En Afrique
subsaharienne, de s a uteurs c omme Gbenyon et Locoh (1989), ont m ontré l ’existence d’ une
discrimination a limentaire s elon le s exe, ma is c ette d ifférence n ’était p as to ujours
significative. Au M ali, au cune d ifférence s ignificative d ans l ’état n utritionnel n ’a ét é
observée, ni en milieu urbain, ni en milieu rural (Mbacké et Legrand, 1992).

Pour é tudier l ’incidence du s exe, l e c entre de d éveloppement de l ’OCDE en 2000 ,


grâce au x données de 20 pa ys d’ Afrique s ubsaharienne, fait re cours à u ne d iversité d e
l’échantillon ( du poi nt de vue r evenu, m entalités, r eligion…). C ontrairement à c e que l ’on

50
pourrait i maginer, l es f illes s ont pr esque t oujours pr ivilégiées. D ans de ux c as s ur t rois, on
obtient de s c oefficients né gatifs pour un garçon, da ns l es a utres c as, l e coefficient e st non
significatif et il e xiste seulement deux coefficients positifs pour les garçons (en zone urbaine
au Ghana et au Cameroun). Ces résultats confirment les conclusions de Svedberg (1998) et les
tests a ntérieurs ( un c oefficient né gatif pour l es g arçons a u B résil, e n C ôte d’ Ivoire, a ux
Philippines, m ais pos itif a u M aroc). Le c as du M aroc pour rait l aisser c roire qu’ on a ccorde
plus d’attention aux garçons dans les pays musulmans. Pourtant, on a observé une prévalence
de la malnutrition plus élevée chez les garçons dans des pays de confession musulmane. Au
Niger par exemple, il r essort des données relatives à la malnutrition que les petites filles ne
souffraient p as de discrimination e n ma tière de s oins e n général e t d’alimentation e n
particulier. La proportion des enfants touchés par la malnutrition chronique y est légèrement
plus élevée pour le sexe masculin (43%) que pour le sexe féminin (40%) (EDS Niger, 1998 :
154).

L’attention a ccordée aux f illes p ourrait s ’expliquer p ar d es s pécificités des s ociétés


rurales. Les filles y sont beaucoup moins scolarisées qu’en ville et aident leurs mères pour les
tâches domestiques dès leur plus jeune âge. Mais on observe une prévalence plus élevée chez
les garçons aussi souvent en ville qu’à la campagne. De plus, pour des raisons physiologiques,
les f illes s upportent mi eux que l es g arçons une a limentation pa uvre e t/ou i nsuffisante
(Ntsame, 2001) . Cependant, l a p ersistance d e c ette dernière l aisse o bserver l e d ésavantage
chez les filles au profit des garçons. A ce propos, l’EDS Togo (1998) enregistre 23% de cas
de bonne nutrition chez les garçons contre 20% seulement chez les filles.

L’hypothèse qu’on puisse avancer serait que ce biais en faveur des filles diminue avec
le développement même s’il n’apparaît pas dans des pays moins pauvres comme le Zimbabwe
(Morrisson et L inskens, 2000) . De f açon générale, là o ù il n ’existe p as d e d iscrimination à
l’égard d es f illes, la ma lnutrition to uche d e m anière i dentique l es f illes co mme l es g arçons
(Ntsame, 2001).

Age à la maternité et parité de la mère

Au r ang de n aissance supérieur, l es r isques d e m orbidité, de m alnutrition e t de


mortalité s’élèvent (Aaby, 1995). En e ffet, les e nfants qui ont d e n ombreux f rères et s œurs,
surtout s’ils dorment dans un l ogement surpeuplé, sont plus sujets aux maladies infectieuses,
telle l a r ougeole. C ette i nfluence s e f ait s urtout s entir p endant l a p ériode n éonatale s elon
Akoto et Hill (1988). Pour ces derniers, le risque de malnutrition est relativement plus élevé

51
chez les enfants nés de mères âgées de moins de vingt ans ou plus de trente cinq ans que celui
des enfants dont les mères ont un âge intermédiaire. Pour Penders et al. (2000), les enfants de
mères très jeunes ou âgées sont beaucoup plus exposés à un retard de croissance prénatale et à
une m ortalité él evée. C eci es t d û es sentiellement au x r aisons p hysiologiques et
comportementales. E n général, l es j eunes m ères n ’ont p as encore atteint l a m aturité
biologique. P ar a illeurs, e lles m anquent d’ expérience pouva nt l es a mener à a dopter de s
comportements a déquats e n m atière de nut rition de s e nfants. D u f ait de l eur m anque
d’expérience, el les n e s ont p as cap ables d e s ’occuper correctement d e leurs en fants et d e
satisfaire leurs besoins alimentaires, surtout lorsque l’état nutritionnel des enfants est menacé.
A l’âge élevé de la mère correspond très souvent un rang de naissance élevé. C’est surtout la
fatigue physiologique de la mère « syndrome d’épuisement maternel » qui confère à l ’enfant
une c onstitution f ragile à la n aissance, ainsi que l es m alformations c ongénitales qui l e
prédisposent à certaines infections (Akoto et Hill, 1988).

Indicateur d’IMC de la mère

L’état d e s anté d e l a m ère n ’est p as m oins i mportant que l’éducation. L’Indice d e


Masse Corporelle ( IMC) de la mère permet de m esurer cet état et est défini comme étant le
rapport du poids (en kilogrammes) à l a taille (en mètres) élevée au carré. Celles dont l’IMC
est inférieur au seuil (le seuil de 18,5) sont considérées comme malnutries. Les enfants de ces
mères sont théoriquement à risque eu regard à la théorie dite du « cycle de vie » à laquelle il a
été fait allusion précédemment.

La r épartition de s i ndicateurs de m alnutrition s uivant l e ni veau d ’IMC de s m ères


confirme la relation positive entre la malnutrition de l’enfant et celle de la mère dans plusieurs
études m enées en A frique s ubsaharienne. Les n iveaux de m alnutrition s ont é levés pour l es
mères dont l’IMC est inférieur au seuil. En outre, les écarts entre les deux groupes de mères
sont particulièrement importants pour la malnutrition poids pour taille : de 12 poi nts d’indice
au T chad (EDST-2004) à pr ès d e 6 poi nts a u Burkina F aso ( EDSB-2003). P our l es a utres
indicateurs, l es é carts s ont pl us i mportants au B urkina F aso s auf pour l a m alnutrition taille
pour âge au Mali (INSAH, 2008).

Statut matrimonial de la mère

En Afrique subsaharienne, le mariage continue d’assurer aux femmes un sentiment de


sécurité et de s outien d e l a pa rt du groupe s ocial, f ait s usceptible d ’être as socié à u ne

52
meilleure santé de l’enfant (Kuate Defo, 1996). L’idée généralement avancée ici est que les
enfants de f emmes non mariées s ont plus susceptibles de s ouffrir d’ une m alnutrition pl us
élevée d u f ait q u’ils ap partiennent à u ne f amille jouissant d’une s tabilité sociale plus faible.
Néanmoins, cette influence peut être inverse. Les enquêtes DHS permettent de distinguer les
trois cas : la famille monogame, la famille polygame et la famille monoparentale (la mère vit
seule). A propos de l’impact des structures familiales : dans 12 pays d’Afrique subsaharienne
(OCDE, 2000) , l es e nfants de s m ères qui vi vent e n uni on pol ygame ont un r etard de
croissance. Il y a un s eul c as, l a z one ur baine du G hana, où on not e l ’effet oppos é de l a
polygamie. En e ffet, l es pè res pol ygames ont , e n m oyenne, b eaucoup pl us d’ enfants et
d’adultes à nour rir, et m ême s ’ils d isposent de p lus d e r essources que l es autres, ces
ressources ne croissent pas en proportion des charges familiales. C’est ce qui explique aussi
cette di fférence not ée pa r S trauss ( 1990) e n C ôte d’ Ivoire : l es e nfants de l ’épouse l a pl us
âgée ( seule é pouse au dé but) s ont pl us g rands q ue c eux de l ’épouse l a p lus j eune. O n pe ut
supposer que l es f emmes s eules di sposent é galement de m oins de r essources. D e f ait, on a
obtenu un coefficient négatif dans 8 pays. Mais dans 4 pays (Ghana, Mali, Niger et Togo), le
coefficient est positif en zone urbaine. Il faut toutefois rappeler que dans la plupart des pays,
les mères qui vivent seules sont peu nombreuses et dans certains cas, elles se distinguent des
autres mères par un niveau d’éducation plus élevé ou la possession de biens durables. Si elles
sont a insi pl us « favorisées » matériellement que l es autres f emmes, l eur condition
monoparentale n’entraîne pas systématiquement une incidence négative sur les enfants.

Durée de l’intervalle inter génésique précédent

La r elation e ntre la ma lnutrition d e l’ enfant et l’ intervalle in ter génésique p récédent


est t héoriquement appréhendée s uivant de ux h ypothèses. La p remière e st l’ effet d it d e «
compétition ». Lorsqu’un e nfant e st né pe u de t emps a près s on a îné, on pe nse que t ant l es
ressources familiales que l’attention de la mère seront partagées entre les deux jeunes enfants
et que chacun d’eux en souffrira, surtout le plus grand. La seconde hypothèse est celle de la «
carence ou déficience physiologique » de la mère. Une mère qui tombe enceinte de nouveau
avant que s on c orps a it e u l e t emps de r écupération né cessaire, accumule u ne d éficience
physiologique qui peut affecter la croissance normale du nouveau fœtus, le prédisposant à des
risques de maladie ou de mortalité, ou encore à la m alnutrition s i, à s on tour, cet enfant est
suivi prématurément d’un autre.

53
Infections et maladies contractées

La maladie et la malnutrition sont fortement corrélées, la maladie pouvant aggraver la


malnutrition e t v ice-versa ( INSAH, 2 008). La d iarrhée et l a f ièvre s ont corrélées d e f açon
significative avec la taille/âge, le poids/âge et le poids/taille au Burkina Faso (EDSBF-2003),
au T chad (EDST-2004) et a u M ali ( EDSM-2001). U n enfant qui n’ a a ttrapé aucune de ces
deux maladies dans un passé récent est nettement moins malnutri qu’un enfant qui a contracté
l’une ou l es d eux m aladies à l a f ois. Par ai lleurs, le ta ux d e ma lnutrition a iguë p asserait d e
18,4% pour les enfants qui auraient attrapé les deux maladies à la fois dans un passé récent à
8,4% pour les enfants qui ne seraient pas malades dans la même période au Mali en 2001. On
peut bi en penser que le contrôle de la malnutrition se f ait par un bon c ontrôle des m aladies
diarrhéiques et de la fièvre.

Les infections ont toutes un i mpact négatif sur l’état nutritionnel des enfants affectés.
La fréquence de ces dernières est une cause de la malnutrition aussi importante que le manque
de nourriture (UNICEF, 1986). La prévalence des maladies infectieuses tend à être maximale
à l a pé riode de pl us grande vul nérabilité nut ritionnelle c hez l ’enfant, c ’est-à-dire l orsque
celui-ci est âgé de six à vingt-quatre mois et que l’allaitement maternel à lui seul ne satisfait
plus ses besoins énergétiques et protéiques (Assi Adepo, 2008).

Des ét udes s ur l a cr oissance et l a m orbidité ch ez l es en fants o nt m ontré q ue l es


infections diarrhéiques jouent un rôle important sur la genèse de la malnutrition (Akre, 1989 ;
Garenne, 2000 ; Banza-Nsungu, 2004). En effet, il ressort de l’étude de Banza-Nsungu qu’à
Yaoundé, le risque diarrhéique est presque deux fois plus élevé chez les enfants malnutris que
chez ceux qui ne pr ésentent a ucun i ndice de c arence nut ritionnelle. La part du r isque
attribuable à l a m alnutrition es t d e 4 7%. La d iarrhée p eut av oir u ne i ssue f atale, car elle
entraîne habituellement une déshydratation sévère.

D’autres études soutiennent que certaines maladies comme la rougeole et le paludisme


ont de s i mpacts n égatifs s ur l a cr oissance et l e d éveloppement d es en fants. L a r ougeole es t
une crise majeure de la vie de l’enfant en période de croissance. Ceci tient à plusieurs raisons:
non s eulement e lle e st en s oi une m aladie grave, m ais l ’immunosuppression 15 qui p eut
persister pe ndant t rois ou qua tre m ois après l ’infection f avorise l ’installation d’ une s érie
d’autres infections qui provoquent leurs propres problèmes nutritionnels (Akre, 1989).

15
L’ummunosuppression désigne la déficience des mécanismes immunitaires.

54
Toutes ces m aladies co ntribuent l argement à l a g enèse d e l a m alnutrition ch ez l es
enfants car elles provoquent une diminution de l’absorption des aliments nutritifs nécessaires
à le ur croissance, d es p ertes n utritives, d es altérations mé taboliques e t i mmunitaires q ui s e
manifestent par des pertes pondérales, des retards de croissance et de développement. A titre
d’exemple, la rougeole provoque l’irritation prononcée du tube intestinal et est susceptible par
ce fait d’affecter le processus de digestion et d’absorption. Ces maladies infectieuses sont les
principaux déterminants de l a m alnutrition chronique et aiguë d ans l es s ociétés ne s ouffrant
pas de déficit alimentaire persistant ou de famine (Mata, 1983).

Soins préventifs

Les s oins p réventifs d éterminent l es ch ances d ’une b onne s anté et d ’une m eilleure
croissance d e l ’enfant. Ils s e d éclinent en : l a surveillance m édicale d e l a grossesse, d e
l’accouchement et du nouveau-né.

Au B urkina Faso p ar exemple, B ougma (2007) montre q ue l es en fants n on v accinés


sont plus affectés par la malnutrition (44,5%) que ceux qui sont vaccinés (35,5%). Cet écart
de 9 points de pourcentage est significatif au seuil de 1%.

Une carence de la future mère en vitamine A et en fer par exemple la prédispose à une
anémie ferriprive (UNICEF, 1986) qui aura des répercussions négatives sur le fœtus et par la
suite s ur s on é tat nut ritionnel. C es i nfections qu i s ont de s f acteurs dé terminants du f aible
poids à la naissance sont facilement dépistées et traitées lors de la surveillance de la grossesse.
C’est l ors de c es vi sites qu’ on pe ut a ussi s ’assurer de l ’immunisation d e la f uture mè re e t
fournir de s s uppléments a limentaires a ux f emmes pr ésentant de s s ignes de m alnutrition
(Dackam, 1990) . Les c onsultations pr énatales ne s ont pa s f réquentes e n A frique e t va rient
selon la culture des individus, les couches sociales et la région de résidence (Bougma, 2007).

Par ailleurs, la vaccination fait partie des priorités pour améliorer le statut nutritionnel
des j eunes en fants. L’immunisation p ar l a v accination es t l ’un d es m oyens ef ficaces d ’aider
les en fants à b as âg e à passer l ’étape d ifficile d e s evrage en l es p rotégeant co ntre cer taines
infections ( rougeole, di arrhée, i nfections r espiratoires) dont l a s ynergie avec la ma lnutrition
n’est pl us à dé montrer. Le nouv eau-né hérite de s a m ère une i mmunité c ontre pl usieurs
maladies. Cependant, en raison du caractère éphémère de cette immunité, il est important que
l’enfant acq uière une i mmunité act ive p ar l e b iais d e l a v accination afin d e f aire face a ux
maladies infectieuses les plus communes. Cependant, l’étude de Letonturier (1996) a montré

55
que l’effet protecteur de l’allaitement maternel diminue rapidement à partir du quatrième mois
de la naissance. L’organisme de l’enfant doit sécréter lui-même ses anticorps pour assurer son
immunité. P our a ssurer c e pr ocessus a u ni veau de l’enfant, l ’OMS r ecommande d e l ui
administrer l es v accins n écessaires à s a p rotection co ntre l es p rincipales m aladies q ui
sévissent da ns l e m ilieu environnant. Il s ’agit d e ceux retenus d ans l e cad re d u Programme
Elargi de Vaccination (PEV). A chaque type de maladies correspond un type de vaccin. Il doit
être a dministré en nom bre s uffisant et da ns l e délai r equis. C ’est à c ette c ondition qu’ un
vaccin peut agir sur la santé de l’individu, c’est-à-dire prévenir certaines maladies et réduire le
risque de survenance d’autres maladies et partant, de la malnutrition.

Le nombre et la dose des vaccins combinés aux autres facteurs de prévention tels que
le s uivi d e l a grossesse, l ’accouchement d ans l es f ormations s anitaires et d es v isites
postnatales permettent, selon l’UNICEF(1998), de maîtriser, sinon de diminuer l’importance
de la malnutrition chez les enfants.

2.1.7. Facteurs environnementaux

Milieu de résidence

On o bserve en général un ni veau d e m alnutrition pl us é levé e n m ilieu r ural qu’ en


milieu urbain (EDSBF-2003, EDSM-2001, EDSC-2004). Ces disparités se traduisent par des
risques inégaux d'exposition entre les populations urbaines et rurales.

Par ai lleurs, de nom breuses é tudes r écentes s ur l a m alnutrition de s e nfants m ontrent


que l’effet de cette variable est amoindri lorsqu’on contrôle pour les effets des caractéristiques
socioéconomiques et culturelles du ménage (Bakenda, 2007 ; Camara, 2005). L’avantage du
milieu u rbain s ur le milie u r ural p rovient e ssentiellement d e la f orte c oncentration d es
infrastructures s ocio-sanitaires en v ille (Rakotondrabe, 1996 ). G râce à ces i nfrastructures, i l
est plus facile de mettre en œuvre des mesures de santé publique dans les villes que dans les
campagnes (Contrôle des épidémies, programme d’éducation nutritionnelle, programme élargi
de v accination, p rogramme d e p rotection m aternelle et i nfantile). C 'est d ans l es v illes en
général et d ans l a cap itale en p articulier, q ue s e co ncentrent l es h ôpitaux d e r éférence
(Ntsame, 1999). Le milieu de résidence peut ainsi influencer de façon significative la pratique
alimentaire des mères et leurs comportements en matière de soins à donner aux enfants.

56
Région de résidence

La malnutrition présente d’importantes variations spatiales dans la plupart des pays en


Afrique. Les indicateurs produits par les travaux descriptifs et analytiques de l'EDSBF-2003
sur l 'état nut ritionnel de s e nfants montrent que la p révalence d e l a m alnutrition v arie t rès
fortement s elon l a r égion de r ésidence. En e ffet, 16% de s e nfants de moins de c inq a ns
accusent un retard de croissance à Ouagadougou contre 49% au Sahel et 59% dans la région
de l'Est (Bougma, 2007). Toutefois, il est difficile de déterminer les facteurs qui peuvent être
à l 'origine d e cette v ariation s ans p rendre en compte l es s pécificités d es différentes r égions.
Ces s pécificités s ont observables not amment a u ni veau de l a pr écarité é cologique, de la
culture, du développement socio-économique, des ressources naturelles. Des conditions agro-
écologiques particulières différencient les cultures pratiquées ou les rendements obtenus selon
les régions. Ces caractéristiques ont une incidence sur le régime alimentaire des populations
résidentes, r égime qui à s on t our, e st s usceptible d'e xpliquer l es di sparités r égionales d e l a
malnutrition des enfants (Agbessi, 1987). Ngo Nsoa (2001) a montré qu'il existe des inégalités
régionales de la malnutrition au Cameroun et que ce p hénomène ne frappe pas avec la même
acuité les enfants dans les différentes régions de ce pays. L'auteur explique cette situation par
l'inégale r épartition de la di sponibilité a limentaire, de s r essources e n eau pot able e t d es
centres de santé maternels et infantiles. En évoquant des raisons similaires, Camara (2005) a
montré q ue la région n aturelle d iscrimine fortement le s e nfants p ar r apport à leur ét at
nutritionnel en Guinée Conakry. Cornu (1980) a montré qu'au Nord du Cameroun, les enfants
de 6 à 1 2 m ois r égulièrement s uivis d ans l es centres d e P MI p ossédaient d es m esures
anthropométriques plus normales que celles des enfants du même groupe d'âges non suivis.

57
2.2. Cadre conceptuel

2.2.1. Hypothèse générale et schéma conceptuel

L’hypothèse générale qui s ous-tend cet te étude es t la s uivante : le contexte de


résidence, les facteurs socioculturels et économiques influencent la malnutrition des enfants
de moins de cinq ans. Cette influence passe par les caractéristiques sociodémographiques de
l’enfant et de la mère, le comportement de cette dernière en matière de nutrition et de santé.

Le s chéma conceptuel q ui d écoule d e cette h ypothèse d e b ase est représenté p ar l a


figure 2.2 ci-après. Il est inspiré du schéma explicatif de la mortalité des enfants de Mosley et
Chen (1984) et d u s chéma c onceptuel de l a m alnutrition dé veloppé par l’UNICEF en 1997
(UNICEF, 1998). Le premier modèle ( celui de M osley et C hen) cl asse les d éterminants p ar
niveau d’ observation ou d’ analyse, e n dé terminants individuels relatifs au m énage et
déterminants co mmunautaires. La v olonté a ffirmée d es au teurs était d e p roposer u n s chéma
qui i ntègre l ’approche des s ciences s ociales et cel le d es s ciences b iomédicales. Le c adre
conceptuel d e l a m alnutrition dé veloppé pa r l ’UNICEF est largement accepté au niveau
international, bien q u’utilisé p rincipalement d ans l e co ntexte d e l a s ous-nutrition da ns l es
zones rurales d es p ays en d éveloppement. Ce c adre an alytique a l ’avantage s ur l es au tres
d’embrasser t ous l es f acteurs e xplicatifs pos sibles de l a m alnutrition ( INSAH, 2000) . Il
montre que les causes de la malnutrition sont multisectorielles (alimentation, santé, pratiques
de soins). Ces causes sont classées en causes immédiates (niveau de l’individu), sous-jacentes
(niveau du f oyer ou de l a f amille) e t f ondamentales ( niveau de l a communauté ou de l a
société) ; l’influence des facteurs à un niveau se faisant sentir aux autres niveaux aussi.

Le co ntexte d e r ésidence de l ’enfant influence l a malnutrition. Il comprend l es


ressources pot entielles disponibles da ns l ’environnement na turel d’ un pa ys ou d’une
communauté, y c ompris la q ualité d e ces r essources. Les f acteurs économiques, c ulturels et
sociaux influencent la manière dont ces ressources potentielles sont utilisées pour la sécurité
alimentaire, l es s ervices d e s oins et d e s anté et u n en vironnement s ain. Ces f acteurs s ont
considérés comme les causes de base qui contribuent à la malnutrition.

58
Figure 2.2 : Schéma conceptuel de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans

Contexte de résidence

Facteurs Facteurs
socioculturels socioéconomiques

Caractéristiques
sociodémographiques des
mères et des enfants

Comportements de la mère
en matière de nutrition et de
santé

Malnutrition

La capacité d e s oins, autre déterminant s ous-jacent, es t l ’apport d ans l es m énages et


communautés de temps, d’attention et de s outien destinés à s atisfaire l es besoins p hysiques,
mentaux et s ociaux d e l ’enfant qui gr andit ( INSAH, 2008). O n ci tera à titre d ’exemples d e
pratiques de soins l’alimentation des enfants, les comportements adoptés pour être en bonne
santé, le s outien e t la stimulation c ognitive de s e nfants e t l es s oins a ux m ères pe ndant l a
grossesse e t l’ allaitement. L’adéquation de c es s oins dé pend du c ontrôle de s r essources
économiques, de l’autonomie décisionnelle, de l’état physique et mental de celui qui dispense
ces s oins. Les ca ractéristiques sociodémographiques d es m ères et d es enfants influencent
l’état nutritionnel des enfants à t ravers les comportements des mères en matière de soins, de
nutrition.

59
Ce modèle relie les facteurs explicatifs de la malnutrition à différents ni veaux socio-
organisationnels.

2.2.2. Définition des concepts

Malnutrition

La malnutrition est un concept polysémique qui revêt plusieurs formes :

 la sous alimentation (manger insuffisamment)


 les carences alimentaires (manger mal ou de façon déséquilibrée)
 la suralimentation (manger trop)

La m alnutrition es t, en effet, u n ét at co mplexe o ù p euvent s e m êler d es car ences


multiples et co ncomitantes en cal ories, en p rotéines et en m icro-nutriments. Le t erme «
malnutrition » e nglobe la ma lnutrition généralisée q ui s e m anifeste p ar u n r etard d e
croissance, un d éficit pondéral, l’émaciation, et l es carences en micro-nutriments tels que le
fer, la v itamine A , l’ iode, le z inc e t l’ acide f olique (UNICEF, 2005) . La m alnutrition,
contrairement à la faim, ne dépend pas seulement de la satisfaction de l’appétit : un enfant qui
mange suffisamment pour calmer sa faim immédiate peut néanmoins être malnutri.

L’évaluation d e l’ état n utritionnel d e l’ individu s e f ait le p lus c ommunément p ar le


biais de l ’anthropométrie. En d’ autres t ermes, o n p rend l a m esure d es p aramètres co rporels
tels q ue l e p oids et l a t aille, l esquels s ont en suite co mparés av ec l es m oyennes en registrées
pour des personnes bien nourries du même sexe et appartenant aux mêmes tranches d’âge. Les
mesures a nthropométriques p euvent êt re d écrites co mme d es i ndicateurs de r ésultat, dans l a
mesure où elles reflètent (chez une personne) tous les facteurs qui affectent l’état nutritionnel.
Il e xiste d es mé thodes p lus c omplexes d ’établissement d u bilan nut ritionnel, not amment ce
qui a t rait au x car ences en v itamines et en m inéraux, m ais ces m éthodes s ont g énéralement
d’un emploi plus lourd à l’échelle d’un pays dont les moyens sont limités, notamment dans le
domaine médical.

La malnutrition chronique est caractérisée par un retard d e croissance (rapport taille-


âge) e t l a m alnutrition a iguë ( rapport poi ds-taille) p ar u ne n ette i nsuffisance d e p oids p ar
rapport à la taille. La forme globale de la malnutrition (chronique ou aiguë) caractérisée par
une i nsuffisance pondé rale s e m esure pa r l e r apport poi ds-âge. Les t ermes « s évère » et

60
« modéré » sont employés pour décrire le degré de sévérité de la malnutrition, les deux stades
constituant une urgence médicale et nécessitant une prise en charge efficace et rapide. Enfin,
on pa rle d e ma lnutrition a iguë c ompliquée q uand u ne ma ladie a ssociée à la ma lnutrition
nécessite de s s oins m édicaux pl us i mportants. Il y a donc pl usieurs formes de m alnutrition,
mais celle qui nous intéresse dans cette étude est celle due à u n déséquilibre alimentaire ou à
un dé ficit nut ritionnel. E lle s era a ppréhendée par l’état nutritionnel de l’enfant, mesuré à
l’aide de l’insuffisance pondérale.

Caractéristiques sociodémographiques des mères et des enfants

Il s'agit d’une part, des caractéristiques liées à l'enfant et d’autre part celles liées à l a
mère, toutes susceptibles d'affecter l’état nutritionnel de l’enfant. Au niveau de l’enfant nous
retenons le sexe et l’âge. A u ni veau de l a m ère, nous r etenons s on groupe d’âges à la
naissance de l’enfant, la participation de celle-ci aux dépenses de santé du ménage.

Comportements de la mère en matière de nutrition et de santé

Ils d ésignent l a co nnaissance et l ’ensemble d es pratiques q ui o ptimisent l’ utilisation


des r essources physiques e t de l ’environnement (alimentaires et sanitaires) ; par l ’apport du
temps, de l’attention et du soutien nécessaires pour couvrir les besoins physiques, mentaux et
sociaux de l’enfant. Ils seront saisis par : les soins prénatals, le colostrum, la vaccination, les
suppléments en vitamines et la qualité de l’eau de boisson.

Facteurs socioéconomiques

Les f acteurs socioéconomiques s ont pe rçus comme d es él éments q ui traduisent la


position s ociale et l a capacité matérielle et f inancière d 'accès au x s oins m édicaux et à u ne
alimentation adéquate p our les jeunes en fants. Ils déterminent les conditions dans lesquelles
vivent l es m embres du m énage et qui s ont susceptibles d ’affecter l’ état n utritionnel d es
enfants. Nous les appréhendons à partir du niveau de vie du ménage, l’occupation ou activité
économique de la mère et le type de toilette.

Facteurs socioculturels

Ce s ont de s a ttributs qui s ont f ortement i nfluencés p ar l es no rmes e t va leurs


institutionnalisées pa r u n g roupe s ocial e t c onditionnant l es c omportements de l ’individu,
puisqu’ils favorisent ou non le contact de l’individu avec des idées et mentalités occidentales.
En d’autres termes, ce sont les perceptions, les croyances, les normes et les valeurs véhiculées

61
au sein d'un groupe d'individus donné, susceptibles de modifier les choix économiques et les
pratiques r elatives à l a santé d e l ’enfant, l a va leur de l ’enfant, les c royances à p ropos d e
l’origine des maladies, les préférences et les interdits alimentaires. Nous les saisissons à partir
de la religion, et le niveau d’instruction de la mère.

Contexte de résidence

Il s ’agit d e ce qui caractérise le ménage et l ’environnement f amilial d ans le quel


l’enfant vi t. Le contexte d e r ésidence r envoie au milieu de résidence et à l a région de
résidence de l’enfant. La ville s'oppose au village par les modes de vie, les types d’activités et
la disponibilité alimentaire (en quantité et en qualité). Elle bénéficie également des avantages
de l'urbanisation. La région de résidence quant à elle est une entité géo-administrative. Il y a
un déséquilibre dans la répartition spatiale des vivres (en quantité et en qualité) à c ause de la
précarité é cologique différentielle, d es d isparités en m atière de d éveloppement
socioéconomique et le manque dans certaines régions d'infrastructures telles que les routes et
les marchés né cessaires pour é couler de s p roduits i mportés pour l a consommation de s
individus, en l’occurrence les jeunes enfants.

62
2.3. Cadre d’analyse

La cl arification de l’hypothèse générale posée nécessite la construction d’une théorie


auxiliaire, encore appelée cadre d’analyse, découlant directement du cadre conceptuel.

2.3.1. Hypothèses spécifiques

Les hypothèses spécifiques à tester dans cette étude sont les suivantes :

H1 : Les en fants des régions septentrionales du Nord e t de l’Extrême-Nord courent


plus de risques d’avoir un mauvais état nutritionnel que ceux des autres régions.

H2 : Les en fants d es m ères sans i nstruction ou de ni veau d’ instruction pr imaire


courent pl us d e r isques d’avoir un m auvais état n utritionnel que ceu x des mères de n iveau
d’instruction « secondaire ou plus ».

H3 : L’état nutritionnel de l’enfant se détériore au fur et à mesure que le niveau de vie


du ménage baisse.

H4 : Comparés a ux f illes, l es g arçons ont pl us de risques d’avoir un m auvais é tat


nutritionnel.

H5 : Les en fants non va ccinés ou pa rtiellement va ccinés c ourent pl us de r isques


d’avoir un mauvais état nutritionnel, comparés à ceux qui sont totalement vaccinés.

2.3.2. Schéma d’analyse

La s ynthèse d es hypothèses à v érifier es t p résentée p ar l a f igure 2 .3. Ce s chéma


d’analyse complète et explicite le schéma conceptuel de la figure 2.2.

63
Figure 2.3 : Schéma d’analyse de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans

Région de Milieu de
résidence résidence

Religion Niveau Occupation Niveau de vie Type de


d’instruction de la mère du ménage toilette

Sexe de l’enfant Participation aux


dépenses de santé

Age de l’enfant Age à l’accouchement

Vaccination Qualité de l’eau Colostrum


Soins prénatals de boisson

Supplémentation

Etat nutritionnel de l’enfant

64
En p arcourant l a l ittérature s ur l es f acteurs ex plicatifs d e l a m alnutrition, o n s e rend
compte qu’ elle t ouche pl usieurs dom aines, à s avoir : l a s anté, l a d émographie,
l’environnement, l ’économie, l a s ociologie, l ’anthropologie, e tc. La m alnutrition a pparaît
comme un phé nomène particulièrement complexe, é tant donné l ’intrication de s ni veaux
explicatifs plausibles à prendre en compte. En effet, une hiérarchie des causes est sans doute
plus di fficile à é tablir pour l a m alnutrition qu e pour d’ autres pa thologies ( Gruénais et
Delpeuch, 1992 ). P otentiellement, t out c e qui pe ut j ouer s ur l es qu antités e t l’équilibre e n
nutriments consommés peut contribuer à la malnutrition.

Parmi l es cau ses g énéralement at tribuées à l a m alnutrition, cer taines s ont l iées à d es
pathologies particulières qui interviennent comme facteurs aggravant, mais ces pathologies ne
définissent pas en elles-mêmes la malnutrition ; le schéma de l’agent pathogène unique dont
l’action s erait a ggravée par ce rtains co mportements s emble p eu v alide ( Payne, 1985 ). La
malnutrition est aujourd’hui envisagée plutôt comme un é tat produit par l’accumulation d’un
ensemble d e f acteurs : a pport dé séquilibré e n nut riments, d éficience d e l a co uverture
vaccinale, e nvironnement i nsalubre, pr atiques de s evrage t rop b rusque, absence ou f aible
niveau de scolarisation, faible niveau socioéconomique des familles, etc. Faire la part entre le
domaine strictement biomédical et celui de l’environnement physique, social, voire politique,
s’avère particulièrement difficile ; bien plus, il s ’agit là peut-être d’une des rares pathologies
pour laquelle des causes sous-jacentes d’ordre socioéconomique sont a priori mises en avant
puisque, e n p remière a nalyse, pl usieurs études s ’accordent pour l ier l a m alnutrition à l a
pauvreté.

Toutefois, une conceptualisation du phé nomène et des différents facteurs susceptibles


de l’expliquer a été faite. A la suite de la conceptualisation, un ensemble d’hypothèses ont été
définies e t dont les d ifférentes r elations s ont p résentées p ar le schéma d ’analyse. Avant de
vérifier ces hypothèses, le chapitre suivant p résente les aspects m éthodologiques qui s eront
adoptés dans la suite de ce travail en fonction des objectifs assignés à l’étude.

65
CHAPITRE III: ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES

L ’analyse d es d onnées es t u ne ét ape es sentielle dans l a r echerche en s ciences


sociales. Elle e xige t outefois que lques pr éalables, not amment la co llecte d es
données qui permettront de tester les hypothèses formulées. Cependant, face aux contraintes
financières et de temps, cette étape de recherche en sciences sociales ne sera pas menée. Pour
pallier à c e problème, l es d onnées u tilisées d ans l e cad re d e cette étude s ont cel les de l a
MICS-2006 du C ameroun. Après avoir présenté la source de données et évalué la qualité de
ces donné es, il s era qu estion de définir les va riables opé rationnelles e t l es m éthodes de
construction des principaux indicateurs avant de préciser les méthodes d’analyse pour mettre
à l’épreuve des faits les hypothèses.

3.1. Source de données 16

Les données utilisées dans le cadre de cette étude sont celles de l’Enquête par grappes
à indicateurs multiples, traduction française de Multiple Indicators Cluster Survey (MICS 3),
réalisée en 2 006 p ar l’ Institut N ational d e la S tatistique (INS) du C ameroun. C ette en quête
visait essentiellement à produire des indicateurs de suivi de la réalisation des objectifs et des
cibles définis pa r l es c onventions i nternationales r écentes. Il s ’agit pr incipalement de l a
Déclaration d u Millénaire a doptée en s eptembre 2000 à l ’unanimité par l es 191 États
membres d e l ’ONU et d u Plan d ’action d e l a cam pagne « U n M onde D igne de s E nfants »
adopté par 189 États membres lors de la Session spéciale des Nations Unies sur l’Enfance en
mai 2002. C es de ux e ngagements s’inspirent de s pr omesses f aites pa r l a c ommunauté
internationale lors du Sommet Mondial sur les Enfants (SME) de 1990. Le Gouvernement du
Cameroun, en signant ces conventions internationales, s’est engagé à améliorer les conditions
de vie des enfants et à assurer le suivi de la mise en œuvre de ces engagements. L’UNICEF
s’engage pour sa part, à l’accompagner dans ce processus en jouant un rôle d’appui.

16
Les chiffres contenus dans cette section sont tirés du Rapport principal de la MICS 3 du Cameroun

66
L’enquête M ICS e st un e opé ration s tatistique de c ollecte de donn ées da ns di vers
domaines sociaux. Cette édition de la MICS est la troisième génération à être réalisée dans le
monde. Elle consistait en de s i nterviews d ans l es m énages et p articulièrement auprès d es
femmes âgées de 15 à 49 ans et des enfants de moins de 5 ans (0 à 59 mois). On posait à ces
femmes des questions sur leurs caractéristiques s ociodémographiques, l’anatoxine tétanique,
leur s anté et celle d e l eurs n ouveaux nés, l eur union/mariage, l 'utilisation de s m éthodes de
planification f amiliale, l eur c omportement s exuel, le V IH/SIDA e t l eur p articipation au
développement. Les femmes ou l es pe rsonnes e n c harge de s enfants de m oins de 5 a ns
répondaient aux que stions c oncernant l eurs enfants et r elatives à l a v itamine A, à
l’allaitement, au x s oins d es en fants m alades, au p aludisme, à l a v accination, et à
l’anthropométrie.

3.1.1. Objectifs de l’enquête

La MICS 3 visait les principaux objectifs suivants :

 Fournir des indicateurs récents pour l’évaluation de la situation des enfants et


des femmes au Cameroun ;

 Fournir l es données et l es i ndicateurs n écessaires pour l e s uivi/évaluation des


Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et pour l e rapport du P lan d’Action
pour Un Monde Digne des Enfants (PAMDE) comme base de l’action future ;

 Contribuer à l ’amélioration de s s ystèmes de c ollecte de donné es e t de


suivi/évaluation du Cameroun et au r enforcement d e l ’expertise t echnique en m atière d e
conception, de mise en œuvre et d’analyse de ces systèmes.

Spécifiquement, la MICS 2006 devait pouvoir :

- Fournir des données permettant d’apprécier les progrès réalisés dans le cadre du suivi
et de l’évaluation du DSRP1, du PAMDE2 et des OMD ;

- Fournir d es donné es permettant d’ apprécier l e n iveau d e m ise en œuvre de l a


Convention relative aux Droits des Enfants (CDE) ;

- Fournir des informations complémentaires sur certains indicateurs pour la troisième


édition du T ableau de Bord S ocial ( TBS III) s ur l a s ituation de s e nfants e t de s f emmes au
Cameroun ;

67
- Fournir de s donn ées pour l ’actualisation de l a ba se d e donné es G éo-reférencées
DEVINFO ou AFRICAINFO de suivi des OMD, du N EPAD3, du D SRP, de l’UNDAF4, du
MDE, etc.

3.1.2. Constitution de l’échantillon

L’échantillon c hoisi po ur l ’enquête a é té c onstitué da ns l e but d’ obtenir de s


estimations b asées s ur un gr and nom bre d ’indicateurs c oncernant l a s ituation de s e nfants e t
des femmes au niveau national, en zones urbaine et rurale, et ce pour 12 régions : Yaoundé,
Douala et l es 1 0 régions à savoir : Adamaoua, Centre à l ’exception de l a vi lle de Yaoundé,
Est, Extrême-Nord, Littoral à l’exception de la ville de Douala, Nord, Nord-Ouest, Ouest, Sud
et Sud-Ouest. Ces 12 régions ont été identifiées comme domaines d’étude et stratifiées suivant
le milieu de résidence. L’échantillon a été tiré suivant un plan de sondage à deux degrés.

- Au pr emier de gré, de s z ones de dé nombrement ont é té t irées da ns c haque dom aine


d’étude avec une probabilité proportionnelle à la taille de la population.

- Au deuxième degré, on a tiré un nombre variable de ménages, après la mise à jour des
cartes des zones tirées (dénombrement des ménages de la zone).

L’échantillon e st c onstitué de 9 856 m énages a u s ein de squels on a r ecensé 9 408


femmes de 15- 49 ans et 6 495 enfants âgés de moins de 5 ans.

3.1.3. Répartition de l’échantillon

Sur les 9 856 m énages tirés, 9 848 ont été identifiés. Parmi ces derniers, 9 667 ont été
effectivement e nquêtés, s oit un t aux de r éponse r elativement s atisfaisant de 98,2% chez l es
ménages. Toutes les grappes sélectionnées ont été entièrement couvertes par l’enquête.

Dans l es m énages i dentifiés et en quêtés, 9 4 08 f emmes âg ées d e 1 5 à 4 9 an s ét aient


éligibles pour l’enquête in dividuelle f emme. P armi c elles-ci, 9 009 ont é té effectivement
interrogées, soit un t aux de réponse de 95,8%. En outre, 6 495 e nfants de moins de 5 ans ont
été recensés et des informations ont été collectées pour 6 362, c e qui correspond à un taux de
réponse de 98,0%.

68
Les t aux g lobaux de r éponse 17 sont de 94,0% e t de 96,2% r espectivement ch ez l es
femmes de 15-49 ans et chez les enfants de moins de 5 ans.

3.1.4. Questionnaires

Trois supports ou types de questionnaire ont été utilisés pour collecter les données au
cours d e l a M ICS 3 au C ameroun. Il s ’agit : du que stionnaire m énage, du que stionnaire
femme de 15-49 ans et du questionnaire enfant de moins de 5 ans.

Les questionnaires du C ameroun étaient conformes aux questionnaires du m odèle de


la M ICS 3 av ec quelques m odifications e t a jouts. Le q uestionnaire m énage a p ermis entre
autres de collecter les informations sur les caractéristiques démographiques (sexe, âge, lien de
parenté) des membres du ménage, ainsi que sur la survie des parents des enfants de moins de
18 ans, sur la fréquentation scolaire des enfants de 5-24 ans, sur le travail des enfants de 5-14
ans, sur la discipline des enfants de 2-14 ans, sur le handicap des enfants de 2-9 ans, sur l’eau
et l’ assainissement. Il a servi aussi à recueillir l es d onnées s ur l es caractéristiques d u
logement, la possession et l’utilisation des moustiquaires, les orphelins et enfants vulnérables,
les dépenses de santé des ménages et l’iodation du sel. A travers le questionnaire ménage, on
a id entifié le s p opulations c ibles ( femme d e 1 5-49 a ns e t e nfant de m oins de 5 a ns) ou
éligibles à l’enquête individuelle.

Dans chaque ménage enquêté, un questionnaire femme de 15-49 ans était administré à
chaque femme éligible à l’enquête individuelle. Il permettait de collecter les informations sur
les caractéristiques sociodémographiques, sur l’anatoxine tétanique, sur la santé des femmes
et celle des nouveaux nés, les soins prénatals et post-natals, leur union/mariage, l’utilisation
des méthodes de planning familial, notamment la contraception, leur comportement sexuel, la
connaissance du V IH/Sida et la stigmatisation à l’égard des personnes séropositives et le test
du V IH. Il a p ermis a ussi d e r ecueillir d es in formations s ur le ur p articipation a u
développement.

Dans le questionnaire enfant de moins de 5 ans, économie a été faite des modules sur
les mo rtalités in fantile, in fantojuvénile et m aternelle d éjà t raités p ar l a t roisième en quête
démographique et de santé du Cameroun (EDSC 3) de 2004.

17
Le taux global de réponse pour chaque enquête individuelle est obtenu en faisant le produit du taux de
réponse de l’enquête ménage par celui de l’enquête individuelle considérée.

69
Pour c haque e nfant de m oins de 5 a ns i dentifié da ns un m énage enquêté, un
questionnaire enfant de moins de 5 a ns était administré à l a mère ou à l a personne en charge
de cet enfant. Ce questionnaire permettait à ces personnes de donner les informations relatives
à l ’enregistrement d es naissances à l ’état civil, à l ’éducation d e l a petite enfance, au
développement de l’enfant, à la vitamine A, à l’allaitement maternel, à la prise en charge des
maladies intégrées de l’enfance, au paludisme, aux pratiques nutritionnelles chez ces enfants
et à l a vaccination des enfants. Il a permis aussi d’enregistrer les mesures anthropométriques
de ces enfants en vue du calcul des indices nutritionnels.

En plus du panneau d’informations sur l’enfant (UF), les modules de ce questionnaire


sont :

- Enregistrement des naissances et éducation de la petite enfance (BR) ;


- Développement de l’enfant (CE) ;
- Vitamine A (VA) ;
- Allaitement (BF) ;
- Soins des enfants malades (CA) ;
- Paludisme (ML) ;
- Vaccination (IM) ;
- Anthropométrie (AN).

Les que stionnaires de l a M ICS 3 ut ilisés au C ameroun av aient fait l’ objet d ’un te st
préliminaire en février 2006. Sur la base des résultats de ce test, des modifications avaient été
apportées à la formulation et à la traduction des questionnaires.

3.2. Population cible

La popul ation ciblée p ar l ’étude est l ’ensemble de s e nfants de m oins de c inq a ns


enquêtés l ors d e la MICS-2006. C ependant, la v ariable « poids » qui es t u tilisée d ans l a
construction de l’état nutritionnel des enfants n’est disponible que pour les enfants survivants.
La population cible est réduite aux survivants sous l’hypothèse de non s élection des enfants.
C'est-à-dire q ue, l es en fants d écédés au raient eu l e m ême ét at n utritionnel q ue l es en fants
survivants s ’ils é taient e n vi e. L’analyse de s d onnées por tera donc s ur l es s urvivants a u
moment de l ’enquête. Toutefois, i l convient de signaler que l ’exclusion des en fants d écédés

70
de l’échantillon pourrait entraîner une sous-estimation de la malnutrition dans la mesure où la
plupart des enfants atteints de malnutrition « extrême » seraient décédés avant l’enquête.

3.3. Évaluation de la qualité des données

L’échantillon de pe rsonnes i nterrogées da ns l e c adre de l ’Enquête pa r g rappes à


indicateurs multiples de 2006 (MICS 3) du C ameroun n’est qu’un lot parmi tant d’autres qui
auraient pu être choisis au sein de la même population, en utilisant la même composition et la
même t aille. C hacun d e ces éch antillons au rait donné de s r ésultats l égèrement di fférents de
ceux de l’échantillon réellement choisi.

Les estimations obtenues à partir des données de la MICS 3 sont sujettes à deux types
d’erreurs : les erreurs de mesure et les erreurs de sondage. Les erreurs de mesure sont relatives
à la mise en œuvre de la collecte (omission des ménages sélectionnés, erreurs de contenu) et
de l’exploitation des données (erreurs lors de la s aisie des données). Si des précautions sont
prises pour é viter l es e rreurs de m esure ( formation de s a gents e nquêteurs, pr atique de l a
double saisie des questionnaires, etc.), il est important d’évaluer celles-ci. Néanmoins, avant
l’utilisation de s donné es pr ovenant de l a M ICS-2006, i l c onvient d ’évaluer l a q ualité d es
informations qui y sont contenues afin de cerner la portée des résultats qui en découleront.

3.3.1. Évaluation interne

a) Taux de non-réponse des variables

Les non -réponses p roviennent s oit de l ’enquêté(e) qui r efuse d e r épondre à une
question, soit de l’enquêteur par omission ou pa r erreur de remplissage, soit d’une erreur de
saisie. N ous pr ésentons dans l e t ableau 3.1, l e t aux de non -réponse c orrespondant à chaque
variable. Ces taux sont négligeables car tous inférieurs au seuil autorisé de 10% à l’exception
des variables soins prénatals et colostrum. Le taux élevé pour chacune de ces deux dernières
variables s’explique par le fait que les questions relatives à c elles-ci ne concernaient que les
femmes a yant eu u ne naissance v ivante au cours d es d eux d ernières an nées p récédant
l’enquête. Ces variables ne seront pas utilisées dans les analyses, car sujettes à une sélectivité
de l’échantillon, ce qui risquerait en plus de réduire considérablement la taille de l’échantillon
dans les analyses multivariées.

71
Pour les autres variables présentant un t aux de non-réponse non s trictement nul, nous
admettons que les insuffisances dénotées ne sont pas de nature à biaiser les résultats.

Tableau 3.1 : Taux de non-réponses des différentes variables

Variables Cas valides Cas manquants Taux de non réponse (%)


Urbain Rural National Urbain Rural National Urbain Rural National
Etat nutritionnel
2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
(OMS)
Etat nutritionnel
2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
(NCHS)
Région 2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
Milieu de
2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
résidence
Religion 2322 3467 5789 4 6 10 0,2 0,2 0,2
Niveau
2325 3470 5795 1 3 4 0,0 0,1 0,1
d’instruction
Niveau de vie 2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
Occupation de la
2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
mère
Type de toilette 2324 3473 5797 2 0 2 0,1 0,0 0,0
Participation aux
2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
dépenses de santé
Age à
2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
l’accouchement
Sexe de l’enfant 2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
Vaccination 2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
Supplémentation 2325 3473 5798 1 0 1 0 0 0
Soins prénatals 1549 2610 4159 777 863 1640 33,4 24,8 28,3
Colostrum 1536 2588 4124 790 885 1675 34,0 25,5 28,9
Qualité de l’eau
2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
de boison
Age de l’enfant 2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0
Etat morbide 2326 3473 5799 0 0 0 0 0 0

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

b) Données sur les enfants

Données sur le poids des enfants

La taille et le poids d’un enfant doivent nécessairement s’inscrire dans des intervalles
respectifs correspondant à l’âge. En effet, pour chaque groupe d’âges, l’OMS a développé des
intervalles s tandards p our le p oids e t la ta ille. Le t ableau 3.2 présente le s limite s au-delà
desquelles l a v aleur (z-score) est co nsidérée comme ab errante, voire i ncorrecte. L ’OMS

72
(2009) conseille d’exclure les observations présentant de telles valeurs lorsqu’on analyse des
données sur l’état nutritionnel des enfants.

Tableau 3.2 : Limites des intervalles de mesure de l’état nutritionnel

Indicateurs WHO Standards NCHS Reference


Borne inférieure Borne supérieure Borne inférieure Borne supérieure

Poids-pour-âge -6 5 -6 6
Taille-pour-âge -6 6 -6 6
Poids-pour-Taille -5 5 -4 6

Source : WHO anthro manual for personal computers.

Le gr aphique ci-après présente l e poi ds ( en Kg) en f onction de l ’âge de l ’enfant (en


mois).

Graphique 3.1 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données de base)

28,0
30,0 27,5
0
27
4 757
1 281
Poids de l'enfant (kilogrammes)

20,0

10,0

0,0

0 10 20 30 40 50 60
Age de l'enfant (en mois)

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

On p eut co nstater q ue t rès p eu d e v aleurs s ’écartent d e l ’allure globale q ue pr end l e


nuage de points. La valeur extrême qui se trouve sur le graphique 3.1 en vert correspond à un
enfant de 0 mois qui pèse 28 kg. Tandis que la valeur extrême coloriée en rouge sur le même
graphique correspond à celle d’un enfant de 27 mois qui pèse 27,5 kg. Le graphique 3.2 met

73
en ex ergue sur l a m ême f igure ce tte d ernière observation et les co urbes d e r éférence d e
l’OMS/MGRS. On peut observer que cette valeur s’écarte suffisamment des limites probables
du champ des valeurs acceptables.

Graphique 3.2 : Représentation d’un point aberrant

Source : WHO anthropometric calculator, v3.0.1.

Pour constituer notre fichier d’analyse, nous avons exclu les observations dont l’indice
poids-pour-âge se si tuait en de hors des i ntervalles r etenues p ar le standard OMS comme
acceptables. La v ariable « flag » c réée à c et e ffet i ndique t outes l es obs ervations présentant
des valeurs au-delà des limites. Ainsi, la proportion des valeurs aberrantes selon le standard
OMS est de 0,38%, soit 22 observations sur 5799 observations au total.

74
Graphique 3.3 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données corrigées)

30,0

25,0
Poids de l'enfant (kilogrammes)

20,0

15,0

10,0

5,0

0,0

0 10 20 30 40 50 60
Age de l'enfant (en mois)

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

Le fichier d’analyse retenu pour cette étude comporte 5777 observations dont 3462 en
milieu urbain et 2315 en milieu rural. Le diagramme de dispersion (graphique 3.3) est obtenu
du fichier d’analyse.

Compte t enu des valeurs ab errantes en levées en très f aible pr oportion, nous pe nsons
qu’elles ne pe uvent a voir d’ impact considérable sur les résultats. Les do nnées s ur l e poids
ainsi traitées sont de bonne qualité.

Données sur l’âge des enfants

L’âge est une variable fondamentale dans l’analyse des phénomènes démographiques.
Cependant, il reste une donnée difficile à obtenir de façon précise en Afrique. L’évaluation de
la qualité des données sur l’âge des enfants se fera suivant la méthode graphique. A cet effet,
considérons l ’histogramme suivant des ef fectifs des e nfants en f onction de l eur âge en
mois au niveau national (graphique 3.4.a) et selon le milieu de résidence (graphique 3.4.b).

75
Graphique 3.4.a : Effectifs des enfants en fonction de l’âge (en mois) au niveau national

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

Graphique 3.4.b : Effectifs des enfants en fonction de l’âge (en mois) selon le milieu de résidence

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

La distribution d’effectifs des enfants des graphiques 3.4.a et 3.4.b ne correspond pas
à nos attentes. En effet, on s’attendrait à ce que les effectifs décroissent au fur et à mesure que
les â ges augmentent, du f ait essentiellement d e l a mo rtalité ( on s uppose que le s mig rations
sont négligeables). Au niveau national, l’irrégularité est très marquée pour l’âge de 0 mois où
l’effectif est très faible et les âges de 24, 36 e t 49 mois où l es effectifs sont très élevés. Par
ailleurs, c’est le même c onstat qui est fait en milieu urbain et rural même si les effectifs ne
sont pas les mêmes.

On peut dire ici que les irrégularités observées au niveau national résument celles des
milieux urbain et r ural s ans q ue ces d ernières ne ca chent d es s pécificités. Face à cela, nous

76
nous pr oposons d’ effectuer une co rrection p ar l e r egroupement en cl asses d ’âges co mme le
présente le graphique ci-après.

Graphique 3.5 : Effectifs des enfants en fonction du groupe d’âges

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

Au vue du graphique 3.5, nous pouvons dire que les déclarations des naissances ainsi
regroupées sont d’ une qua lité a cceptable. Le r egroupement en cl asse d ’âges réduit
considérablement les erreurs o bservées p récédemment. Nous allons donc considérer c es
classes d’âges dans le cadre de l’étude.

c) Données sur l’âge des mères

Une distribution par année d’âge des effectifs des mères permet d’apprécier la qualité
des données recueillies sur leur âge. La déclaration de l’âge peut êt re ap préciée soit à p artir
des méthodes graphiques, soit à partir des méthodes statistiques (numériques).

Méthode graphique

Le graphique 3.6 présente les effectifs des mères en fonction de leur âge à l’enquête.
Nous pouvons dire que les déclarations des âges des mères n’ont pas été bien faites, car l’on
constate de grandes distorsions sur la courbe des effectifs. En effet, il y a une préférence pour
les âges ronds (se terminant par 0 ou 5) et une répulsion prononcée pour certains âges impairs
(21, 23, 29, 39 et 4 1 an s) au ni veau na tional et selon l e m ilieu de résidence. Toutefois, on
observe des distorsions beaucoup plus prononcées en milieu rural qu’en milieu urbain.

77
Graphique 3.6 : Effectifs des mères en fonction de l’âge

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

Pour s ’en c onvaincre, n ous r ecourons a ux m éthodes num ériques d ’évaluation de l a


qualité de s donné es s ur l ’âge. Plusieurs m éthodes statistiques existent pour a pprécier l es
distorsions observées. L’indice retenu ici est l’indice de Myers.

Méthode numérique : Indice de MYERS

Cet indice ex prime l es p références o u l es aversions pour l es â ges s e t erminant pa r


chacun d es ch iffres d e 0 à 9 . On ne pe ut pa s di rectement co mparer les ef fectifs t otaux
successifs des personnes ayant déclaré des âges se terminant respectivement par chacun de ces
chiffres (0 à 9) du fait de la décroissance normale des effectifs avec l’âge (Gendreau, 1985).

Myers a donc pr oposé d e c alculer p our ch acun de ces ch iffres u n " effectif r emanié"
qui, s’il n’y avait aucune préférence ou aversion, serait égal à 10% de l’effectif total remanié.
La s omme d es écarts en v aleur absolue d es p ourcentages d e chacun d es ef fectifs r emaniés
avec l’effectif théorique 10 constitue l’indice de MYERS.

Si les déclarations d’âge sont exactes, tous les effectifs remaniés sont à peu près égaux
et l’indice est presque nul. Sa valeur est d’autant plus élevée que les préférences ou aversions
pour l es â ges s e t erminant p ar ce rtains ch iffres s ont p lus g randes. S a valeur m aximale es t
atteinte lorsqu’il y a préférence pour tous les âges se terminant par un seul et même chiffre, et
vaut alors 180.

Le procédé de calcul est le suivant :

78
Etape 1 :

On calcule les sommes S u des effectifs des personnes de 10 ans et plus, dont les âges
se terminent respectivement par chacun des chiffres de 0 à 9.

Soit P(10d+u), l’effectif des personnes dont l’âge a pour chiffre des dizaines « d » e t
d max
pour chiffre des unités « u » : S u = ∑ P(10d + u )
d =1

Etape 2 :

d max
On calcule de même les sommes S u' pour les 20 ans et plus : S u' = ∑ P(10d + u )
d =2

Etape 3 :

Les effectifs remaniés de Myers sont les quantités Tu définies par : Tu = (u + 1) S u + (9 − u ) S u'

Etape 4 :

9
On calcul l’effectif remanié total T : T = ∑ Tu
u =0

Etape 5 :

9
Tu
L’indice de Myers vaut alors : I M = ∑ 100 − 10
u =0 T

Dans les tableaux 3.3 ci-après, nous présentons les résultats des différentes étapes du
calcul des indices de Myers au niveau national et selon les deux milieux de résidence.

Au ni veau na tional, l es données d u tableau 3.3.a montrent q ue l es â ges s e t erminant


par 0, 2, et 5 sont attractifs tandis que ceux se terminant par 1, 3, 4, 6, 7, 8 et 9 sont répulsifs.

79
Tableau 3.3.a : Calcul de l’indice de MYERS au niveau national

Tu Tu Tu
U Su u+1 S u' 9-u Tu 100 100 − 10 100 − 10
T T T
0 823 1 823 9 8230 14,38 4,38 4,38
1 462 2 462 8 4620 8,07 -1,93 1,93
2 586 3 586 7 5860 10,24 0,24 0,24
3 516 4 516 6 5160 9,02 -0,98 0,98
4 510 5 510 5 5100 8,91 -1,09 1,09
5 704 6 684 4 6960 12,16 2,16 2,16
6 554 7 517 3 5429 9,49 -0,51 0,51
7 557 8 461 2 5378 9,40 -0,60 0,60
8 570 9 406 1 5536 9,67 -0,33 0,33
9 495 10 324 0 4950 8,65 -1,35 1,35
TOTAL 5 777 5 289 57223 13,57

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

En milieu urbain, les âges se terminant par 0, 2, 3 et 5 s ont attractifs tandis que ceux
des âges se terminant par 1, 4, 6, 7, 8 e t 9 sont répulsifs (tableau 3.3.b). En revanche, ce sont
les âges se terminant par 0, 5 et 8 qui sont attractifs et ceux se terminant par 1, 2, 3, 4, 6, 7 et 9
qui sont répulsifs en milieu rural (tableau 3.3.c).

Tableau 3.3.b : Calcul de l’indice de MYERS en milieu urbain

Tu Tu Tu
U Su u+1 S u' 9-u Tu 100 100 − 10 100 − 10
T T T
0 278 1 278 9 2780 12,09 2,09 2,09
1 211 2 211 8 2110 9,17 -0,83 0,83
2 251 3 251 7 2510 10,91 0,91 0,91
3 234 4 234 6 2340 10,17 0,17 0,17
4 196 5 196 5 1960 8,52 -1,48 1,48
5 284 6 279 4 2820 12,26 2,26 2,26
6 222 7 213 3 2193 9,54 -0,46 0,46
7 219 8 187 2 2126 9,24 -0,76 0,76
8 211 9 170 1 2069 9,00 -1,00 1,00
9 209 10 137 0 2090 9,09 -0,91 0,91
TOTAL 2 315 2 156 22998 10,88

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

80
Tableau 3.3.c : Calcul de l’indice de MYERS en milieu rural

Tu Tu Tu
u Su u+1 S u' 9-u Tu 100 100 − 10 100 − 10
T T T
0 545 1 545 9 5450 15,92 5,92 5,92
1 251 2 251 8 2510 7,33 -2,67 2,67
2 335 3 335 7 3350 9,79 -0,21 0,21
3 282 4 282 6 2820 8,24 -1,76 1,76
4 314 5 314 5 3140 9,17 -0,83 0,83
5 420 6 405 4 4140 12,10 2,10 2,10
6 332 7 304 3 3236 9,46 -0,54 0,54
7 338 8 274 2 3252 9,50 -0,50 0,50
8 359 9 236 1 3467 10,13 0,13 0,13
9 286 10 187 0 2860 8,36 -1,64 1,64
TOTAL 3 462 3 133 34225 16,30

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

Après calcul, nous trouvons IM= 13,57 ; IM= 10,88 et IM= 16,30 au niveau national, en
milieu urbain et en milieu rural respectivement. Ces valeurs de l’indice de Myers ne sont pas
très él evées da ns l ’ensemble, mais mo ntrent qu’il y a qu and m ême q uelques m auvaises
déclarations d’âges. Il faut relever qu’il y a une meilleure déclaration des âges de la part des
mères r ésidentes e n mil ieu u rbain c omparativement à c elles d u milie u r ural. C es r ésultats
confirment les premières analyses faites avec la méthode graphique tout en donnant d’autres
précisions.

Une d es t echniques u tilisées pour r edresser les donné es consiste à f aire d es


regroupements des âges en groupes d’âges quiquennaux.

Passage aux groupes d’âges

Le g raphique 3.7 montre qu’ après l e r egroupement d ’âges des e nquêtées e n g roupes
d’âges quinquennaux, les distorsions liées aux problèmes de déclaration de l’âge s’atténuent.
En ef fet, l es effectifs des m ères cr oissent p our at teindre u n m aximum, puis décroissent
régulièrement avec l’âge.

81
Graphique 3.7 : Effectifs des mères en fonction du groupe d’âges

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

On peut di re que l e regroupement des â ges at ténue ces problèmes de di storsion. C es


données ainsi regroupées sont donc acceptables pour notre étude.

3.3.2. Évaluation externe

L’évaluation ex terne d e l a q ualité d es d onnées co nsiste à comparer c ertaines


proportions obt enues l ors de l ’enquête M ICS-2006 à c elle d ’enquêtes d e n ature s imilaire
ayant été effectuées au Cameroun. Soulignons que l’enquête MICS (2000) qui précède celle
de 2006 n’a pas collectée les informations sur l’état nutritionnel des enfants au Cameroun. La
raison évoquée a été la proximité de sa date avec celle de l’EDSC-1998.

Parmi l es pa ys d’ Afrique s ubsaharienne e nquêtés pour l a pé riode 19 99-2004, l e


pourcentage d’ enfants de m oins de c inq a ns pr ésentant un e i nsuffisance pondé rale va rie de
12% à 47% (ORC M ACRO, 2006) . Le r apport pr incipal de l ’enquête MICS-2006 f ait é tat
d’une pr oportion voi sine de s 18% de l ’EDSC ( 2004) ; s oit pr ès de 19% d’enfants a yant un
poids petit par rapport à leur âge. En ce qui concerne les autres indicateurs anthropométriques,
l’écart e ntre l es pr oportions obt enues l ors de s de ux opé rations de c ollecte ( MISC-2006 e t
ESDC-2004) est faible sinon négligeable. En effet, 32% d’enfants de moins de 5 ans souffrent
d’une malnutrition chronique modérée en 2004 (ESDC-2004) contre 30,4% en 2006 ( MICS-
2006). P ar a illeurs, 6,1 % d’ enfants de m oins de c inq a ns s ont a tteints de l a s ous-nutrition
aiguë (émaciation m odérée) au C ameroun e n 20 06 ( MICS-2006) e t s eulement 5% en 2004
(EDSC-2004). P artant de ce q ui p récède, l’on es t am ené à cr oire q ue l ’enquête M ICS-2006
n’a p as s urestimé n i s ous-estimé le n iveau d e malnutrition ( mesuré à l’aide d ’indicateurs
anthropométriques) au Cameroun.

82
L’on dira pour conclure cette section que l’évaluation externe des données, sur l’état
nutritionnel, de l ’enquête M ICS-2006 i ndiquerait que c elles-ci r eflètent l e n iveau r éel d e l a
prévalence de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans au Cameroun à cette période.
Ceci d’ autant pl us que l a pr oportion d es e nfants d e m oins de c inq a ns dans l a popul ation
totale en quêtée l ors d e la M ICS-2006 é tait voisine de c elle de l ’EDSC-2004 : s oit 15% e t
16,3% respectivement.

3.4. Définition des variables opérationnelles

3.4.1. Variable dépendante

La v ariable d épendante d e cet te ét ude es t l’état nutritionnel de l’enfant mesuré p ar


l’indice poi ds-pour-âge. C’est un i ndice c ombiné ( puisqu’un f aible poi ds-pour-âge p eut êt re
provoqué pa r l a m aigreur c omme pa r l e r etard de c roissance) qui t raduit une i nsuffisance
pondérale ch ez l es e nfants. Les a utres in dicateurs a nthropométriques g énéralement u tilisés
pour l e s uivi de l a c roissance de s e nfants s ont : l’ indice ta ille-pour-l’âge (retard d e
croissance), l’indice poids-pour-taille (émaciation) et l’IMC-pour-l’âge.

Le choix porté sur l’insuffisance pondérale se justifie d’une part par le fait que c’est la
mesure la plus souvent utilisée par les services de santé pour le suivi des progrès nutritionnels
et la surveillance de la croissance des jeunes enfants. D’autre part, l’insuffisance pondérale a
été retenue par les Nations Unies comme « Indicateurs pour le suivi des progrès » à l’atteinte
de s econde c ible de l ’OMD1. A c et e ffet, nous c onsidèrerons les e nfants qui pr ésentent un
indice poids-pour-âge i nférieur à moins de ux é carts-type ( -2ET) co mme a yant u n ét at
nutritionnel anormal, et ceux dont l’indice poids-pour-âge est supérieur ou égal à moins deux
écarts-type (-2ET) comme ayant un état nutritionnel normal, ceci quel que soit le standard de
population de r éférence choisi. Ainsi, l a va riable " Etat n utritionnel" a ura d eux mo dalités :
malnutri (pour un déficit pondéral) et bnourri 18 (sinon).

La recommandation de l’OMS sur l’ancien standard stipulait que l’état nutritionnel des
enfants observés pendant l’enquête est déterminé en le comparant à celui d’une population de
référence internationale connue sous le nom de standard NCHS/CDC/WHO. Cette référence a

18
Lire "bien nourri"

83
été é tablie à pa rtir de l ’observation de s e nfants a méricains de m oins de c inq a ns e n bonne
santé et es t u tilisable p our l es en fants d e cet âge da ns l a m esure où, que l que s oit l e sous-
groupe de population, les enfants suivent un modèle de croissance similaire. Les données de
cette population de référence ont été normalisées pour suivre une distribution normale où l a
médiane et la moyenne sont identiques. C’est ce standard qui a été utilisé au Cameroun lors
du t raitement de s donn ées de l a M ICS-2006. Or en 1993, un comité d’ experts de l ’OMS a
attiré l’attention sur un certain nombre de problèmes techniques et biologiques graves relatifs
à l a r éférence d e cr oissance NCHS recommandée jusque-là au n iveau international ( OMS,
1995). Le comité a m is en doute sa pertinence et s’est déclaré vivement préoccupé par le fait
qu’une r éférence ba sée s ur de s e nfants qui é taient pr incipalement n ourris de m anière
artificielle n e p ermettait p as d ’évaluer l a c roissance d es n ourrissons n ourris au s ein. C’est
pourquoi, e n c ollaboration a vec pl usieurs or ganisations du s ystème d es N ations U nies e t
institutions na tionales, l ’OMS a é laboré une n ouvelle r éférence q ui, contrairement à l a
référence N CHS, e st ba sée s ur un é chantillon i nternational de nour rissons a llaités a u s ein,
vivant dans des populations en bonne santé et ne présentant pas de problèmes de croissance.

Pour classer les enfants suivant les nouvelles normes internationales de référence de
l’OMS ( OMS/MGRS-2006), nous avons écrit un pr ogramme 19 qui tient compte à la fois du
sexe, d e l ’âge, du poi ds, de l a t aille, de l a pos ition de m esure de l ’enfant e t de l a nor me ( -
2ET). Nous avons supposé qu’aucun enfant ne présentait d’œdème car lorsque cette variable
n’est p as s aisie p ar l’ enquête, l’ OMS r ecommande d e l’ utiliser c omme te lle. Un m ot s era
également dit sur le standard des courbes de référence internationales NCHS/OMS.

Le graphique 3.8 représente l es n iveaux d e m alnutrition a u C ameroun s uivant l es


standards N CHS e t de l’OMS/MGRS. L es pr oportions s ont c alculées à pa rtir du f ichier
d’analyse dont l a m éthodologie de c onstruction a ét é indiquée précédemment. Du f ait d es
méthodologies différentes, aucune comparaison n’est possible entre les deux standards sur les
niveaux de malnutrition.

19
Tiré de : WHO Child Growth Standards, A macro / program for calculating the z-scores and
prevalences for MICS datasets (Modified by Trevor Croft (Nov. 22, 2006) for MICS3), Department of Nutrition
for Health and Development – WHO.

84
Graphique 3.8 : Proportion d’enfants de moins de 5 ans selon leur état nutritionnel au Cameroun

Source : Exploitation des données de la MICS-Cameroun, 2006.

3.4.2. Variables indépendantes

a) Variables contextuelles

Région de résidence

La région d ésigne u ne en tité g éo-administrative. A u C ameroun, c haque r égion


présente une certaine homogénéité socioculturelle. Cependant, l’on note des particularités sur
les pl ans ph ysique, hum ain, é conomique e t c ulturel entre régions, pouv ant i nfluencer l ’état
nutritionnel de l’enfant. En tenant compte du fait qu’au Cameroun les limites géographiques
épousent g énéralement l es c ontours e thniques, n ous s aisirons l a r égion en l ieu e t pl ace de
l’ethnie. L a région d e résidence i ci es t celle de l’enfant. E lle a ura comme mo dalités :
Adamaoua, Centre, Est, Extrême-Nord, Littoral, Nord, Nord-Ouest, Ouest, Sud-Ouest et
Sud.
Milieu de résidence

Cette variable est appréhendée de façon dichotomique en distinguant le milieu Urbain


du milie u Rural. La d ifférence en tre ces d eux m ilieux p rovient g énéralement d e l a f orte
concentration des infrastructures socio-sanitaire en milieu urbain.

b) Variables socioculturelles

Religion

En lieu et place de l’appartenance religieuse de la mère, nous utiliserons la religion du


chef d e m énage q ui d ans p rès d ’un cas s ur d ix est cel le d e l a m ère. C inq modalités s ont

85
retenues pour cette variable, en tenant compte de la spécificité de chaque religion du point de
vue d e l ’occidentalisation et d es d ogmes : Catholique/Protestant, Musulman, Animistes/Pas
de religion, Autre chrétien/religion (pour les religions non citées).

Niveau d’instruction

C’est le niveau d’études atteint par la femme dans un s ystème éducatif f ormel. Cette
variable peut être appréhendée soit par la dernière classe atteinte, soit par le diplôme obtenu le
plus é levé, voi re pa r l e nombre d’ années pa ssées da ns l e s ystème é ducatif f ormel. D ans l e
cadre d e ce t ravail, l ’instruction d e l a m ère s era m esurée en d istinguant l es m odalités
suivantes : Sans instruction (analphabètes), niveau Primaire (complet ou incomplet), niveau
Secondaire ou plus (ainsi r egroupé à cause d e l a f aiblesse d es ef fectifs au n iveau d u
supérieur).

c) Variables socioéconomiques

Niveau de vie

Le niveau de vie du ménage capte la capacité financière du ménage à se procurer de la


nourriture en qua ntité s uffisante ainsi que des biens et s ervices p ropices à l a s anté et à
contribuer à l’hygiène de son milieu de vie (Kuate Defo, 1997).

Généralement, on n e di spose pas du revenu des p arents ( revenu du t ravail e xclu ou


inclus) da ns l es e nquêtes ( DHS ou M ICS pa r e xemple) ; de s va riables sont l e pl us s ouvent
saisies et el les n ous i ndiquent s i l e m énage p ossède c es s ix b iens matériels : r adio, T V,
réfrigérateur, bicyclette, moto et auto. Filmer et Pritchett (1998) ont montré qu’en appliquant
l’analyse en c omposantes pr incipales pour e stimer l es coefficients de po ndération de s bi ens
possédés, on obtient un indicateur de patrimoine très intéressant ; un meilleur proxy du revenu
permanent. Ils ajoutent aux biens matériels cités des variables comme l’accès à l’électricité, la
disposition de t oilettes, l a na ture du s ol, l’éducation du c hef de f amille. Par exemple, l a
disposition d’ eau pot able ne d épend pa s s eulement du r evenu p ermanent d u m énage, m ais
aussi de la présence ou de l’absence d’équipements collectifs. Il en va de même pour l’accès à
l’électricité.

Cet in dicateur c omposite a été obt enu grâce à u ne A CP suivie d ’une C lassification.
Nous avons retenu trois modalités pour cette variable : Faible, Moyen et Élevé. Un ménage

86
de niveau de vie faible est par exemple caractérisé par un nombre limité sinon un manque de
bien matériel et un confort inadéquat de l’habitat (toit en feuille de palmier par exemple).

Occupation de la mère

Dans l e c adre de cette é tude, l ’occupation de l a m ère r envoie à s on occupation


principale, c’est-à-dire à l’activité qui occupe la plus grande partie de son temps. Elle joue un
rôle important dans la détermination de la qualité des soins qu’elle accorde à son enfant et du
mode d ’allaitement. Cette v ariable comporte c inq mo dalités : Sans occupation,
Ménage/Travaux domestiques, Agriculture, Industrie/Commerce, Étude ou
Service/Administration.

Type de toilette

Généralement, l es m énages riches u tilisent d es toilettes av ec ch asse d ’eau o u d es


latrines améliorées. Tandis que l es pa uvres se c ontentent de s l atrines ouve rtes, de s
trous/puisards ou de toute autre toilette traditionnelle ; exposant ainsi les enfants à un grand
risque de m orbidité. C ette va riable s e d écline en d eux m odalités : Moderne (pour to ilettes
avec chasse d’eau ou latrine améliorée) et Traditionnel (sinon).

d) Variables intermédiaires

Participation aux dépenses de santé

Il s’agit ici de la participation totale ou partielle de la mère aux dépenses de santé du


ménage. C ette v ariable a d eux m odalités : Oui (si l a m ère p articipe) et Non (si el le n e
participe pas).

Age à l’accouchement

Nous l ’avons p référé à l ’âge d e l a m ère à la d ate d e l ’enquête d ans l e s ouci d e t enir
compte à l a f ois d e l ’expérience d e la mè re, d e l’ immaturité physiologique c hez l es j eunes
mères et de l’épuisement maternel chez les mères très âgées. Pour obtenir cette variable, il a
été que stion de faire la différence entre l ’âge d e l a m ère et c elui d e l’enfant au m oment d e
l’enquête. Nous avons ensuite regroupé les écarts d’âges en trois modalités : Moins de 20 ans,
20-34 ans et 35 ans ou plus.

87
Vaccination

Pour l a va ccination nous di stinguons : l es en fants co mplètement v accinés 20


(Complète), l es en fants p artiellement v accinés (Incomplète) et c eux qui n’ ont e ncore r eçu
aucun vaccin (Aucune).

Qualité de l’eau de boisson

La qualité de l’eau de boisson est saisie de façon dichotomique. Nous distinguons les
enfants bénéficiant de l’eau potable de ceux qui n’en bénéficient pas.

Supplémentation

Cette v ariable s era ap préhendée d e f açon d ichotomique : Oui (si l ’enfant a r eçu l a
vitamine A précédemment) et Non (sinon).

Sexe de l’enfant

Le s exe d ésigne l ’ensemble d es c aractères q ui p ermettent d e d istinguer ch ez l a


population de s ê tres vi vants le genre m ale et l e g enre f emelle (le P etit Larousse, 1 998). Il
comporte deux modalités : Masculin et Féminin.

e) Autres variables indépendantes

Age de l’enfant

L’âge dont il est question ici est celui de l’enfant au moment de l’enquête. Nous avons
retenu les mo dalités s uivantes : 0-11 mois, 12-23 mois, 24-35 mois, 36-47 mois et 48-59
mois. Il s ’agit de s groupes de c roissance pr atiquement hom ogènes de s e nfants dé finis pa r
l’OMS à l’exception du premier où l’on a regroupé les moins de 6 mois et les 6-11 mois pour
des raisons d’effectifs.

Etat morbide

Cette v ariable r end compte des maladies contractées par l ’enfant d ans l es d eux
semaines p récédant l ’enquête. Il s ’agit d e l a d iarrhée, de la f ièvre et d es infections
respiratoires. Elle aura deux modalités : A souffert (si l’enfant a souffert d’au moins une de
ces maladies) et N’a pas souffert (dans le cas contraire).

20
Il s’agit de tous les vaccins du PEV

88
3.5. Méthodes d’analyse

La vérification des h ypothèses s uppose un c ertain nom bre de t ransformations s ur l es


données dont le but est d’en extraire l’essentiel de l’information dissimulée dans la masse de
ces données. Ces transformations requièrent l’utilisation de méthodes statistiques particulières
dont l e choix d épend es sentiellement d es o bjectifs p oursuivis et d e l a n ature d es v ariables
entrant dans l’analyse. Les analyses s’effectueront aux niveaux bivarié et multivarié.

La s ection s uivante présente les types d’analyses qui s eront effectuées : l ’analyse
descriptive et l’analyse explicative.

3.5.1. Analyse descriptive

a) Au niveau bivarié

A ce niveau, il s’agit de vérifier la liaison ou l’association entre la variable dépendante


et ch acune d es variables i ndépendantes. Compte t enu de l a na ture de s variables
(catégorielles), on f era r ecours a u tableau de c ontingence s uivie d’ un t est de khi -deux pour
évaluer l ’association en tre v ariables. En s cience s ociale, u n s euil d e s ignification es t
généralement f ixé. Lorsque l a p robabilité as sociée au k hi-deux es t i nférieure au s euil d e
signification retenu, on conclut que l es de ux va riables s ont a ssociées, sinon on di t qu ’elles
sont indépendantes. Dans le cadre de notre étude le seuil de 5 % est retenu.

Le rejet de l’hypothèse nulle (H0) au moyen du k hi-deux établit seulement l’existence


d’une a ssociation s tatistique : el le n e m esure p as s a f orce (parce qu’ elle es t af fectée par
l’effectif total). Il est important de réaliser que la statistique calculée est seulement distribuée
approximativement c omme une di stribution t héorique de khi -deux. Plusieurs m esures d e l a
force d’ association pour de s donné es c atégorielles ont é té pr oposées. Une m esure i déale
devrait i miter l e co efficient d e co rrélation en a yant u ne v aleur m aximale ab solue ég ale à 1
pour une association pa rfaite e t un e v aleur égale à 0 pou r a ucune a ssociation. Ainsi, nous
utiliserons le V de Cramer pour évaluer la force de l’association.

Par ai lleurs, la réalité s ociale n e p eut êt re cernée à t ravers l ’association en tre d eux
variables, car u ne lia ison s tatistique s ignificative e ntre d eux v ariables peut ê tre r éelle ou
fallacieuse. Pour approfondir l’analyse, il faut recourir à une analyse multivariée.

89
b) Au niveau multivarié

L’analyse b ivariée peut conduire à d es r ésultats er ronés. Pour a voir d es résultats,


toutes choses égales par ailleurs, il faut procéder à une analyse multivariée. Compte tenu des
objectifs poursuivis et de la nature des variables, nous ferons recours à l ’Analyse Factorielle
des C orrespondances M ultiples ( AFCM) afin d e caractériser l es en fants s elon leur ét at
nutritionnel. L’AFCM est une méthode multivariée qui permet d’étudier les associations qui
existent non seulement entre les variables indépendantes et la variable dépendante, mais aussi
les variables indépendantes entre elles, et de ce fait, elle permet de décrire la structure latente
entre toutes les variables (qualitatives). Elle repose sur la notion de profil et d’inertie entre les
modalités des variables étudiées. Les différents paramètres de cette méthode sont fournis par
des programmes informatiques. A cet effet, le module « Analyse factorielle et classification »
du logiciel SPAD sera utilisé.

Tout d’ abord, nous caractériserons les p rincipaux ax es f actoriels. E nsuite, nous


utiliserons le plan factoriel pour affiner notre t ypologie afin de dégager le profil des enfants
malnutris.

3.5.2. Analyse explicative

La v ariable d épendante de cette étude e st qua litative e t di chotomique. De p ar s a


nature, la r égression lo gistique binaire es t l a méthode d ’analyse m ultivariée explicative
appropriée. Cette méthode estime les risques ou la probabilité de survenance d’un événement
en fonction des va riables i ndépendantes. La va riable dé pendante p rend l a m odalité 1 qua nd
l’événement est réalisé (l’enfant est malnutri) et 0 sinon. Ainsi, la régression logistique estime
la probabilité pour un e nfant d’être malnutri. Il est précisément question d’estimer l’effet net
des variables associées au fait d’être malnutri ou non au moment de l’enquête.

Si P est la probabilité que l’événement étudié (état nutritionnel anormal) se réalise, 1-P
est la probabilité que cet événement ne se réalise pas (état nutritionnel normal) et le modèle de
régression logistique permet de mettre L= Log (P/ (1-P)) sous la forme linéaire suivante :

L = b0 + b1X1+ b2X2 + … + bpXp

où X1, X2, …, Xp sont les variables indépendantes et b 0, b 1, b 2,…, b p les co efficients d e


régression du modèle.

Est associée, une forme non linéaire de la probabilité P qui se présente comme suit :

90
P= 1/ (1+exp (-L)).

Il y a lie u d e n oter q ue la r égression lo gistique u tilise la mé thode d u maximum d e


vraisemblance pour estimer les paramètres du modèle. Du fait de la non-linéarité du modèle,
ces paramètres sont estimés par itération. Cette méthode est essentiellement probabiliste. Elle
fournit des coefficients de régression "bi " à partir desquels on calcule les Odds Ratio (OR) ou
rapports de chances (exp(β)). Pour mieux interpréter les résultats, nous nous intéresserons aux
Odds R atio. U n OR supérieur à 1 dans u ne catégorie indique qu ’il y a une pl us grande
probabilité que l ’enfant s oit m alnutri par r apport au groupe de r éférence. Un rapport d e
chances i nférieur à 1 signifie u ne p robabilité p lus f aible q ue l’ enfant s oit ma lnutri dans l a
catégorie considérée par rapport au groupe de référence.

S’agissant de l’adéquation des modèles, on fera recours au test statistique d’adéquation


du modèle de régression logistique aux données, fourni par la procédure « lroc » du logiciel «
STATA 9.0». Toutefois, nous pr ésenterons l es r ésultats de s t ests d ’adéquation du khi -deux
pour chaque modèle.

Pour h iérarchiser l es facteurs qui i nfluencent l’ état nutritionnel des enfants de m oins
de 5 a ns, nous a llons calculer la contribution d es d ifférentes v ariables à l’ explication d e l a
malnutrition des enfants de moins de 5 ans à l’aide de la formule suivante :

Cvariable= (Khi-deux modèle saturé – Khi-deux modèle sans la variable) / Khi deux modèle saturé

En s omme, ce ch apitre a p ermis d e présenter la s ource de donné es r etenue pour


l’étude ( MICS-2006 du C ameroun) et d ’évaluer la q ualité d e ces d onnées. Ensuite, l es
concepts ont été opérationnalisés à travers la définition des variables. Les méthodes d’analyse
statistiques qui seront utilisées dans l a s uite du travail o nt ét é ég alement décrites. L’analyse
descriptive se fera au niveau bivarié et au niveau multivarié. Au niveau bivarié, le test de khi-
deux et le V d e C ramer s eront m is e n œuvre pour id entifier le s v ariables s ignificativement
associées à l a variable dépendante. Au niveau multivarié, le profil des enfants malnutris sera
dégagé à l’aide le l’AFCM. En ce qui concerne l’analyse explicative, le modèle de régression
logistique binaire a été retenu pour la détermination des facteurs explicatifs de la malnutrition.

Ces c hoix m éthodologiques pe rmettent d’ envisager l a pr oduction de s r ésultats. Le


chapitre suivant présente l’analyse descriptive des facteurs associés à la malnutrition.

91
CHAPITRE IV : ANALYSE DIFFÉRENTIELLE DE LA
MALNUTRITION

C e ch apitre présente quelques ca ractéristiques es sentielles l iées à l a m alnutrition


des enfants. Le niveau et les aspects différentiels de la malnutrition des enfants y
sont an alysés à partir d’une approche de scriptive qui m et e n r elation l es va riables
indépendantes avec l’état nutritionnel des enfants. Ceci se fait au moyen de l’analyse bivariée
(tableaux croisés). Ensuite, une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM)
est utilisée pour dégager le profil des enfants malnutris.

Dans ce ch apitre, la description est faite suivant les nouvelles courbes de référence de
l’OMS publ iées e n 2006 ( Standard O MS). Toutefois, les pr oportions de s e nfants m alnutris
sont également données au niveau national en utilisant la référence NCHS.

4.1. Analyse bivariée

4.1.1. Malnutrition et contexte de résidence

Milieu de résidence

Selon le m ilieu d e r ésidence (graphique 4.1), la ma lnutrition e st p lus importante en


milieu r ural q u’en milie u urbain au C ameroun. Comme on pouva it s’y at tendre, l es en fants
des mères vivant en milieu rural souffrent plus d’insuffisance pondérale que ceux des mères
vivant e n m ilieu ur bain. La p révalence de l a m alnutrition s ’élève à 20,1 % e n m ilieu u rbain
contre 9,2% en milieu rural (standard OMS). L’association entre le milieu de résidence et la
malnutrition des enfants est statistiquement significative au seuil de 1%. Cet écart reste tout
autant prononcé, même si l’on fait recourt au standard NCHS.

Cette d ifférence p ourrait s ’expliquer p ar la d isponibilité e t la d iversité des p roduits


alimentaires s ur l es m archés, l a p résence d ’infrastructures s ocioéconomiques et s anitaires
dans les villes.

92
Graphique 4.1 : Proportions d’enfants malnutris selon le milieu de résidence

Source : Tableau 4.1

Région de résidence

La malnutrition varie significativement (au seuil de 1%) suivant la région de résidence


de l’enfant, quel que soit le standard utilisé (tableau 4.1).

Au niveau national

Les pr oportions d’ enfants qui souffrent d’ une insuffisance pondé rale m odérée
(Standard OMS) vont de 7,5% ( pour l es r égions du C entre e t de l ’Ouest) à 32,1% (dans l e
Nord). Les résultats du tableau 4.1 montrent que les régions du Nord (32,1%) et de l’Extrême-
Nord (30,7%) ont les prévalences les plus élevées. Celles de l’Est, du S ud-Ouest et du Nord-
Ouest s e s ituent à un n iveau i ntermédiaire d e prévalence d e l a m alnutrition : s oit 15,5% ,
15,5% e t 14,9% respectivement. Le C entre, l e Littoral, l ’Ouest e t l e S ud pr ésentent des
proportions d’enfants malnutris en dessous de 10%.

Un c onstat s imilaire e st f ait lo rsqu’on u tilise le s tandard NCHS. L es r égions


septentrionales en registrent d es n iveaux d e p révalence d e l a m alnutrition as sez él evés p ar
rapport au reste du pays, tandis que les régions du Centre, du littoral et de l’Ouest ont toujours
les niveaux les plus bas.

Aux niveaux Urbain et Rural

Que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural, ce sont les régions septentrionales du
Nord et de l’Extrême-Nord qui gardent les proportions les plus élevées.

L’analyse s elon l e m ilieu d e r ésidence n ous p ermet d e m ettre en ex ergue l es


différences de proportions à l’intérieur des régions. En effet, la région du Sud-Ouest, qui se

93
situe a u ni veau na tional à un ni veau i ntermédiaire de p révalence de l a m alnutrition, a l a
prévalence d ’enfants ma lnutris la p lus f aible p armi le s r égions e n milie u u rbain ( 4%) e t la
troisième plus forte (19,9%) en milieu rural (après le Nord et l’Extrême-Nord). Toutefois, la
région du S ud a la particularité d’afficher des proportions qua si-similaires d ans l es d eux
milieux d e r ésidence ; près de 10% , contrairement a ux a utres r égions o ù l’on c onstate une
prévalence de la malnutrition plus élevée en milieu rural par rapport au milieu urbain.

En milieu urbain, c’est parmi les enfants habitant les régions de l’Ouest, du Centre et
du S ud-Ouest qu’on retrouve les p roportions les p lus f aibles (moins de 5% ) d’enfants
malnutris. En mi lieu r ural pa r c ontre, c ’est da ns l es r égions du Littoral (9,4%) e t du S ud
(9,8%) que l’on trouve les plus faibles proportions.

Ces niveaux différentiels pourraient être imputés aux caractéristiques socioculturelles,


économiques et environnementales propres à chaque région et à chaque milieu de résidence à
l’intérieur d’ une région. Le t ableau s ynoptique 4. 1 r écapitule l es ni veaux d e la ma lnutrition
suivant les variables contextuelles et selon les deux standards.

Tableau 4.1 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables contextuelles

Variables Modalités Proportions d’enfants malnutris (%)


Standard OMS Standard NCHS
Urbain Rural National National
Région de Adamaoua 13,7 14,5 14,2 18,7
résidence Centre 4,7 11,1 7,5 9,0
Est 12,2 16,7 15,5 20,3
Extrême-Nord 24,2 32,2 30,7 35,9
Littoral 5,7 9,4 6,3 7,9
Nord 26,6 33,5 32,1 35,6
Nord-Ouest 9,2 17,4 14,9 14,9
Ouest 4,0 10,3 7,5 9,1
Sud 10,0 9,8 9,8 13,4
Sud-Ouest 4,0 19,9 15,5 19,6
Khi-deux 124,89*** 185,67*** 388,96*** 415,24***
V de cramer 0,23*** 0,23*** 0,26*** 0,27***
Milieu de Urbain 9,2 11,1
résidence Rural 20,1 23,9
Khi-deux 125,49*** 148,26***
V de cramer 0,15*** 0,16***
*** Significatif au seuil de 1%
Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

94
4.1.2. Malnutrition et variables socioculturelles

Religion du chef de ménage

La religion du c hef de m énage constitue u n f acteur d e d ifférenciation d e l ’état


nutritionnel des enfants. Cette différence est significative au seuil de 1% (tableau 4.2), quelles
que soient les normes utilisées.

Au niveau national

Près d e 1 2,7% d ’enfants vi vant da ns de s m énages don t le ch ef es t cat holique ou


protestant souffrent de malnutrition. P ar c ontre, l a pr évalence de l a m alnutrition a tteint s a
proportion la plus forte chez les enfants des ménages ayant un chef animiste ou sans religion -
soit 24,6%. La proportion d’enfants malnutris des ménages dont le chef appartient à une autre
religion (chrétienne) est de 18,4% contre 20% chez ceux des ménages à chef musulman.

Il s e d égage l à une op position e ntre l es c hrétiens, qui pr ésentent d es pr oportions


inférieures à 2 0% et l es autres r eligions qui s e s ituent à 20% e t pl us. A u vue du graphique
4.2.a, on c onstate une augmentation de l a pr oportion d ’enfants m alnutris s elon q ue ces
derniers vi vent dans des m énages dont l e chef est catholique ou protestant, appartient à une
autre religion (chrétienne), musulman, animiste ou est sans religion. L’on pourrait expliquer
ces di fférences d’ état nut ritionnel s elon l a r eligion pa r l e de gré de m odernisation
socioculturelle que confère chaque religion à ses adeptes.

Aux niveaux Urbain et Rural

La t endance o bservée au n iveau n ational est à p eu p rès l a m ême en m ilieu r ural. E n


milieu u rbain par c ontre, l es pr oportions s emblent s ’uniformiser à un ni veau d e m oins de
10%, sauf chez les enfants des ménages dont le chef est musulman qui eux ont une proportion
de malnutris en leur sein s’élevant à 18%.

Les différences d e p révalence de la ma lnutrition du graphique 4.2. a, entre le mili eu


urbain et le milieu rural, sont t rès prononcées chez les en fants d es m énages à ch ef animiste
(5,6% contre 31,4 % respectivement) ; un pe u m oins c hez l es c atholiques/protestants ( 6,9%
contre 17,2 % respectivement) et ch ez l es au tres religions (chrétiennes) (9,5% contre 23,6 %
respectivement). Ceux des ménages, dont le chef est musulman, ont sensiblement les mêmes
proportions qu’on soit en milieu urbain (18,2%) ou en milieu rural (21,1%). L’explication que

95
l’on pour rait e nvisager i ci e st que l ’urbanisation confère au x f idèles et a utres, à l ’exception
des musulmans, des comportements propices à un meilleur suivi de la santé des enfants.

Graphique 4.2.a : Proportions d’enfants malnutris selon la religion

Source : Tableau 4.2

Le niveau d’instruction de la mère

Le n iveau d ’instruction d e la mè re e st s ignificativement a ssocié à l’ état n utritionnel


des enfants (au seuil de 1%), quel que soit le milieu de résidence et suivant les deux normes.

Au niveau national

Au C ameroun, p rès de 26,9% d ’enfants de s m ères s ans i nstruction s ont m alnutris


tandis que l a pr oportion d ’enfants m alnutris es t d e 1 5,2% ch ez ceu x d es m ères d e n iveau
primaire. Les en fants de s m ères d e ni veau s econdaire ou s upérieur affichent l es proportions
les plus faibles – soit 6% (tableau 4.2).

Aux niveaux Urbain et Rural

La t endance p récédente est observée pour les d eux milieux de r ésidence. Plus le s
mères sont in struites, me illeur es t l’état nut ritionnel de l eurs e nfants. Les pr oportions
d’enfants malnutris suivant le niveau d’instruction de la mère sont nettement plus élevées en
milieu rural par rapport au milieu urbain (graphique 4.2.a).

Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que les femmes les plus instruites soient
à m ême d’exploiter a u mie ux le s in formations q ui le urs sont f ournies a fin d’ améliorer
l’hygiène et les soins apportés aux enfants, de faire un meilleur usage des services de santé.

96
En out re, l ’instruction pour rait pr ocurer à l a f emme un e mploi bi en r émunéré, c e qui l ui
permettrait d’acquérir une alimentation de bonne qualité nutritionnelle pour l’enfant.

Graphique 4.2.b : Proportions d’enfants malnutris selon le niveau d’instruction de la mère

Source : Tableau 4.2

Le t ableau 4.2 r écapitule l es ni veaux de l a m alnutrition s uivant l es va riables


socioculturelles selon les deux normes.

Tableau 4.2 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables socioculturelles

Variables Modalités Proportions d’enfants malnutris (%)


Standard OMS Standard NCHS
Urbain Rural National National
Religion Catholique/Protestant 6,9 17,2 12,7 15,4

Autre 9,5 23,6 18,4 21,6


chrétien/religion
Musulman 18,2 21,1 20,0 24,4
Animiste/Pas de 5,6 31,4 24,6 27,6
religion
Khi-deux 57,23*** 44,65*** 76,35*** 82,37***
V de cramer 0,16*** 0,11*** 0,12 *** 0,12***
Niveau Sans instruction 19,8 28,9 26,9 31,4
d’instruction de
la mère Primaire 10,9 17,3 15,2 18,3
Secondaire ou plus 4,7 8,6 6,0 7,7

Khi-deux 78,19*** 111,95*** 272,202*** 300,92***


V de cramer 0,18*** 0,18*** 0,22*** 0,23***
*** Significatif au seuil de 1%
Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

97
4.1.3. Malnutrition et variables socioéconomiques

Niveau de vie du ménage

Au niveau national et quel que soit le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage
est significativement associé à l’état nutritionnel des enfants (au seuil de 1%). Plus un ménage
est pa uvre, pl us l es e nfants qui y vivent s ouffrent d’ une i nsuffisance pondérale m odérée
(graphique 4.3.a). En effet, la proportion d’enfants malnutris passe de 5,7% (5,4% en milieu
urbain et 8,4% en milie u rural) ch ez l es r iches à 1 3,3% ( 14% e n m ilieu r ural e t 1 2,1% en
milieu urbain) ch ez l es enfants d es m énages à niveau d e v ie m oyen o u i ntermédiaire. Les
proportions les plus élevées se retrouvent chez les enfants des ménages à faible niveau de vie
– soit 24,4% (24,2% en milieu rural et 25,8% en milieu urbain) d’entre eux qui sont malnutris
(tableau 4.3).

Ceci pourrait s ’expliquer d’une part p ar l e f ait que l’accès au x s oins d e s anté d es
enfants est conditionné par des moyens financiers, et d’autre part par le fait que les ménages
pauvres vivent généralement dans des conditions précaires, caractérisées par une quantité de
nourriture di sponible li mitée ou non d iversifiée. C e q ui entrainerait u ne c arence en
micronutriments et fragiliserait ainsi l’état nutritionnel des enfants.

Graphique 4.3.a : Proportions d’enfants malnutris selon le niveau de vie des ménages

Source : Tableau 4.3

98
Occupation de la mère

L’occupation de la mère discrimine de façon significative les enfants de moins de cinq


ans s elon l eur é tat nut ritionnel. Cette d ifférence est s ignificative au s euil d e 1 % au n iveau
national, pour les deux milieux de résidence (Standard OMS) et suivant le standard NCHS (au
niveau national).

Au niveau national

Les donné es du t ableau 4.3 consignées sur l e graphique 4.3.b montrent que pr ès de
19,7% et 15,6% des enfants dont les mères effectuent respectivement les travaux domestiques
et l ’agriculture s ont m alnutris. P ar c ontre, c ette pr oportion e st t rès f aible (4,1%) chez l es
enfants d es m ères t ravaillant d ans l ’administration/service ou poursuivant leurs ét udes. La
prévalence d e l a m alnutrition d es en fants p résente u n n iveau i ntermédiaire ch ez l es en fants
des mères sans occupation (7,1%) ou travaillant dans les industries/commerces (8,9%).

Aux niveaux Urbain et Rural

Qu’ils s oient né s d es mères sans o ccupation ou ménagères, les en fants r ésidant en


milieu urbain ont une prévalence nettement plus faible que leurs congénères du milieu rural
(graphique 4.3.b). Soit 4,4% en milieu urbain contre 16% en milieu rural pour ceux nés des
mères s ans occupation et 11,4% en milieu urbain contre 25% en milieu rural pour ceux nés
des m ères m énagères o u ef fectuant l es t ravaux domestiques. En r evanche, l es en fants des
mères agricultrices présentent pratiquement les mêmes proportions d’enfants malnutris en leur
sein quel que soit le milieu de résidence - soit 15,7% pour le milieu urbain et 15,6% pour le
milieu rural.

Que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural, les proportions d’enfants malnutris
les p lus b asses s e r etrouvent chez c elles q ui t ravaillent d ans l’ administration/service o u
poursuivent l eurs é tudes. En milie u r ural, cette proportion se ch iffre à p rès d e 4 ,7% et
seulement 3,9% en milieu urbain.

D’une pa rt, cette s ituation pourrait s ’expliquer par l e f ait que l es en fants n és d es
femmes qui ne travaillent pas bénéficient de plus d’attention, de plus de temps consacré à la
préparation des aliments de sevrage et à leur répartition adéquate pendant la journée. Ce point
de vue est toutefois à relativiser pour les femmes ayant déclaré être sans occupation en milieu
rural, car ces dernières ont la deuxième plus forte prévalence de malnutris parmi leurs enfants

99
après c eux des ménagères. Ceci pourrait traduire le fait que celles qui sont en milieu urbain
bénéficient du s outien ( financier, connaissances et pratiques de s oins et d’alimentation) de
leur m ari, tandis que l eurs congénères du m ilieu r ural s ont obligées d e s atisfaire u n c ertain
nombre de besoins de base et par conséquent n’ont plus que très peu de temps à accorder aux
enfants. D’autre part, cet écart de prévalence entre les différents t ypes d’occupation pourrait
être attribué au niveau d’instruction généralement plus bas et le niveau de revenu faible chez
les femmes du secteur agricole et les ménagères, limitant ainsi l’accès aux soins de santé et à
un meilleur choix des aliments pour leurs enfants.

Graphique 4.3.b : Proportions d’enfants malnutris selon l’occupation de la mère

Source : Tableau 4.3

Type de toilette

La malnutrition varie significativement (au seuil de 1%) suivant le type de toilette au


niveau national et en milieu urbain (tableau 4.3). Elle n’est significativement associée à l’état
nutritionnel qu’au seuil de 10% en milieu rural.

Au niveau national : Selon que les m énages utilisent d es to ilettes mo dernes o u


traditionnelles, les proportions de malnutris varient de 5,4% à 16,5% respectivement au sein
des enfants.

En milieu urbain : Les e nfants q ui v ivent d ans le s mé nages u tilisant d es to ilettes


modernes ont une proportion de malnutris en leur sein plus faible que ceux qui sont dans des

100
ménages utilisant des toilettes qualifiées de traditionnelles : soit 5,5% et 9,9% respectivement.
C’est à peu près la même tendance observée au niveau national (graphique 4.3.c).

Les conditions de l ogement i nsalubres et précaires c aractérisées par des toilettes


traditionnelles augmenteraient les risques d’infection (diarrhée entre autres) ou de morbidité
et contribueraient ainsi à la malnutrition.

En milieu rural : La malnutrition est faiblement associée au type de toilette en milieu


rural. Malgré l’écart entre les proportions affichées dans le tableau 4.3, la différence n’est pas
statistiquement s ignificative ( au s euil d e 5 %). Ceci traduit un pr oblème d’effectif, d ont es t
sensible le test du khi -deux. En effet, plus de 99% (3441 sur 3462) d’enfants en milieu rural
vivent dans des ménages utilisant des toilettes qualifiées de traditionnelles (cf. annexe 3). Ce
qui pose là un réel problème d’assainissement en milieu rural.

Graphique 4.3.c : Proportions d’enfants malnutris selon le type de toilette

Source : Tableau 4.3

Le t ableau 4.3 r écapitule l es ni veaux de l a m alnutrition s uivant l es va riables


socioéconomiques selon les deux standards.

101
Tableau 4.3 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables socioéconomiques

Variables Modalités Proportions d’enfants malnutris (%)


Standard OMS Standard NCHS
Urbain Rural National National
faible 25,8 24,2 24,4 28,5
Moyen 12,1 14,0 13,3 16,5
Niveau de vie Élevé 5,4 8,4 5,7 7,1
Khi-deux 93,84*** 62,51*** 257,68*** 290,2***
V de cramer 0,20*** 0,13*** 0,21*** 0,22***
Sans occupation 4,4 16 7,1 8,6

Ménage/Travaux 11,4 25 19,7 22,7


domestiques
Agriculture 15,7 15,6 15,6 19,3
Occupation de Industrie/commerce 6,2 15,0 8,9 12,1
la mère
Étude ou 3,9 4,7 4,1 5,7
Service/Administration

Khi-deux 39,06*** 57,47*** 111,82*** 109,53***


V de cramer 0,13*** 0,13*** 0,14*** 0,14***
Moderne 5,5 4,8 5,4 6,7
Traditionnelle 9,9 20,2 16,5 19,7
Type de toilette
Khi-deux 7,48*** 3,10* 34,63*** 41,80***
V de cramer 0,06*** 0,03* 0,08*** 0,09***
*** Significatif au seuil de 1%
* Significatif au seuil de 10%
Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

4.1.4. Malnutrition et participation de la mère aux dépenses de santé

Les données du tableau 4.4 montrent que la participation de la mère aux dépenses de
santé d ans l e m énage es t s tatistiquement as sociée (au s euil de 5% ) à l’ état nut ritionnel de s
enfants au niveau national pour les deux standards et quel que soit le milieu de résidence. En
effet, la prévalence de la malnutrition des enfants chez les mères participant aux dépenses de
santé dans le ménage est nettement moindre que chez ceux dont les mères ne participent aux
dépenses de santé dans le ménage ; soit respectivement 13,9% (17,9% en milieu rural et 7,5%
en milie u u rbain) contre 17% (21,7% e n milieu r ural et 10,3% e n m ilieu u rbain
respectivement).

102
Ce résultat non moins surprenant pourrait trouver sa raison dans la capacité de la mère
à prendre en charge immédiatement la nutrition et la santé de l’enfant sans toutefois recourir à
une tierce personne.

Le tableau 4.4 récapitule les niveaux de la malnutrition suivant la participation ou non


de la mère aux dépenses de santé dans le ménage selon les deux standards.

Tableau 4.4. Proportions d’enfants malnutris selon la participation de la mère aux dépenses de santé

Variable Modalités Proportions d’enfants malnutris (%)


Standard OMS Standard NCHS
Urbain Rural National National
Participation aux dépenses de Non 10,3 21,7 17,0 20,4
santé Oui 7,5 17,9 13,9 16,5
Khi-deux 4,97** 7,41*** 10,23*** 13,83***
V de cramer 0,05** 0,05*** 0,04*** 0,05***
*** Significatif au seuil de 1%
** Significatif au seuil de 5%
Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

4.1.5. Malnutrition et caractéristiques démographiques de la mère et de


l’enfant

Age à l’accouchement

Au niveau national :

Les donné es consignées da ns le t ableau 4.5 m ontrent qu’ il n’ y a p as de grande


différence d’état nutritionnel chez les enfants selon que la mère est dans la tranche d’âge 20-
34 ans ou pas (quelle que soit la norme utilisée) à la naissance de l’enfant. Comme attendu, on
peut relever le léger avantage qu’ont les enfants de mères appartenant au groupe d’âges 20-34
ans p ar r apport au x au tres. E n ef fet, ces d erniers af fichent u ne p révalence d e 1 5,2% contre
16,9% et 16,7 % pour ceux dont l es m ères ont m oins de 20 a ns e t 35 a ns ou pl us
respectivement. Ces écarts ne sont pas statistiquement significatifs.

Aux niveaux Urbain et Rural

La d ifférenciation e ntre le milie u u rbain et le milieu r ural me t e n e xergue l’effet


significatif du groupe d’âges des mères à la naissance de l’enfant en milieu urbain. En effet, la

103
proportion d’enfants malnutris chez les mères appartenant au groupe d’âges 20-34 ans est de
8,2% t andis que c elle d es e nfants de s m ères a ppartenant a ux gr oupes d’ âges « moins de 20
ans » et « 35 ans ou plus » est de 11,8% et 11,7% respectivement.

Sexe de l’enfant

Le sexe discrimine de façon significative les enfants face à la malnutrition (au seuil de
1%) au ni veau na tional selon l es d eux nor mes. La pr oportion d’ enfants malnutris e st p lus
faible ch ez l es f illes q ue ch ez l es garçons. P rès de 13,9% d e f illes s ouffrent d’ insuffisance
pondérale modérée contre 17,5% chez les garçons (tableau 4.5).

Cette différence est le fait du milieu rural qui garde une différence significative selon
le s exe en défaveur d es garçons qui ont une p roportion de 23% de m alnutris contre 17,2%
chez les filles.

Le t ableau 4.5 r écapitule l es ni veaux de l a m alnutrition s uivant l es variables


démographiques.

Tableau 4.5 : Proportions d’enfants malnutris selon les caractéristiques démographiques de la mère
et de l’enfant

Variables Modalités Proportions d’enfants malnutris (%)


Standard OMS Standard NCHS
Urbain Rural National National
Age à Moins de 20 11,8 19,6 16,9 21,3
l’accouchement ans
20-34 8,2 20,3 15,2 18,1
35 ou + 11,7 19,7 16,7 19,2
Khi-deux 7,24** 0,22(ns) 2,34(ns) 4,92*
V de cramer 0,06** 0,01(ns) 0,02(ns) 0,03*
Sexe de l’enfant Masculin 9,4 23,0 17,5 20,5
Féminin 9 17,2 13,9 17,2
Khi-deux 0,11(ns) 17,99*** 14,32*** 10,28***
V de cramer 0,01(ns) 0,07*** 0,05*** 0,04***
*** Significatif au seuil de 1%
** Significatif au seuil de 5%
* Significatif au seuil de 10%
(ns) non significatif au seuil de 10%
Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

104
4.1.6. Malnutrition et comportements des mères en matière de santé et de
nutrition de l’enfant

Vaccination

Cette variable est faiblement associée à l’état nutritionnel des enfants, car significative
au s euil de 10% seulement au ni veau na tional ( Standard O MS). Les en fants co mplètement
vaccinés sont moins malnutris (14,4%) que les enfants non vaccinés ou partiellement vaccinés
(16,0% et 16,6%) (cf. tableau 4.6).

Contre t outes attentes, cet te v ariable n ’est pas s tatistiquement associée à l a


malnutrition en m ilieu ur bain, e n m ilieu r ural e t a u ni veau na tional lorsqu’on m esure l ’état
nutritionnel à l’aide du standard NCHS. Et même, les enfants non vaccinés ont une prévalence
plus f aible ( 16,8%) que c eux qui s ont c omplètement va ccinés ( 19,3%) o u p artiellement
vaccinés (21,1%) en milieu rural (cf. tableau 4.6).

Supplémentation

L’apport d e s uppléments en v itamine A n’est pas s ignificativement associé à l a


prévalence de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans. Toutefois, les résultats du
tableau 4.6 i ndiquent que 16% (9,4% e n m ilieu urbain e t 20,6 % en m ilieu r ural) d’enfants
ayant reçu de l a vi tamine A pr écédemment s ont m alnutris c ontre 14,7 % (8,4% e n m ilieu
urbain e t 18,5 en milie u rural) chez c eux qui n’ en n’ ont pa s r eçu. C e r ésultat pe ut pa raître
surprenant, mais il pourrait s’expliquer par le fait que ce sont les enfants présentant les signes
de morbidité/malnutrition qui ont reçu ces vitamines comme aliments complémentaires : c’est
une particularité des enquêtes transversales.

Qualité de l’eau de boisson

L’état nutritionnel des enfants varie de façon significative (au seuil de 1%) selon qu’ils
consomment une eau potable ou une eau de mauvaise qualité. Environ 13% (8,5% en milieu
urbain e t 18,6% en milie u r ural) d’enfants c onsommant une e au pot able s ouffrent de
malnutrition contre 20,6% (14,6% en milieu urbain et 21,4% en milieu rural) ch ez ceux qui
consomment une eau de mauvaise qualité (tableau 4.6).

105
Tableau 4.6 : Proportions d’enfants malnutris selon les comportements des mères en matière de santé
et de nutrition de l’enfant

Proportions d’enfants malnutris (%)


Variables Modalités Standard OMS Standard NCHS
Urbain Rural National National
vaccination Aucune 13,5 16,8 16,0 15,0
Incomplète 9,3 21,1 16,6 19,2
Complète 8,7 19,3 14,4 18,9
Khi-deux 2,30(ns) 3,87(ns) 5,15* 4,05(ns)
V de cramer 0,03(ns) 0,03(ns) 0,03* 0,026(ns)
Supplémentation Non 8,4 18,5 14,7 15,2
Oui 9,4 20,6 16 19,9
Khi-deux 0,50(ns) 1,82(ns) 1,52 (ns) 15,35***
V de cramer 0,02(ns) 0,02(ns) 0,02(ns) 0,05***
Qualité de l’eau de Non potable 14,6 21,4 20,6 24,2
boisson Potable 8,5 18,6 12,9 15,7
Khi-deux 9,75*** 4,12** 58,88*** 62,17***
V de cramer 0,07*** 0,03** 0,10*** 0,10***
*** Significatif au seuil de 1%
** Significatif au seuil de 5%
* Significatif au seuil de 10%
(ns) non significatif au seuil de 10%
Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

4.1.7. Malnutrition et autres variables indépendantes

Age de l’enfant

La malnutrition varie significativement (au seuil de 1%) d’un groupe d’âges à l’autre
chez l es enfants de m oins de c inq a ns en milie u r ural e t a u n iveau national pour les de ux
standards. Cependant, aucune tendance précise ne se dégage de la variation de la proportion
d’enfants malnutris selon l’âge (tableau 4.7).

Au niveau national :

Comme on le présumait, les enfants de 12-23 mois ont les plus fortes proportions de
malnutris (19,3%) en l eur s ein. V iennent ensuite c eux de 24 -35 m ois (16,4%), s uivis de s
enfants de 48-59 mois (15,7%), puis ceux de 36-47 mois (14,7%). Les enfants de moins d’un
an affichent les proportions les plus faibles – soit 12,8%.

106
Le standard N CHS ga rde à pe u pr ès l a m ême é volution. On not e un e di fférence
beaucoup plus prononcée par rapport au standard de l’OMS entre les enfants de moins d’un an
et ceux de 12-23 moins : soit 9,3% de malnutris contre 28,1%.

Aux niveaux Urbain et Rural

Que l’ on s oit e n milie u u rbain o u en milie u r ural, la ma lnutrition to uche p lus le s


enfants du g roupe d’ âges 12-23 m ois. P rès de 2 4,2% d’ entre e ux s ont malnutris e n m ilieu
rural et 11,3% en milieu urbain. La différence entre les groupes d’âges n’est pas significative
en milieu urbain. On peut relever tout de même que parmi les enfants de moins d’un an, 16%
en milieu rural sont malnutris et seulement 7,6% en milieu urbain.

Le premier groupe d ’âges, en m ois, de l ’enfant affiche l a p révalence la p lus f aible,


car les enfants à ce moment auraient pour aliment central dans leur nutrition le lait maternel.
Par ailleurs, ils sont un peu moins en contact avec le monde extérieur que leurs homologues
des au tres â ges. Mais la proportion d’enfants m alnutris à ce groupe d ’âges, as sez élevée en
milieu rural, traduirait le fait que les mères en milieu rural introduisent très tôt (avant l’âge de
4 mois) des aliments semi-solides, voire solides dans l’alimentation du jeune enfant.

Etat morbide

Au r egard du t ableau 4. 7, on observe une f orte a ssociation e ntre l ’état m orbide e t


l’insuffisance pond érale modérée (significative a u s euil de 1% ). Les enfants a yant s ouffert
d’une des trois maladies retenues (diarrhée, fièvre et infection respiratoire aigüe) ont une plus
forte proportion de malnutris (20,2%) en leur sein que ceux n’en ayant pas souffert (13,4%).

Le m ême co nstat es t f ait aussi bi en e n m ilieu ur bain qu’ en m ilieu r ural. En e ffet, la
proportion d’enfants malnutris est de 24,3% (12,4%) parmi ceux ayant s ouffert de l’une des
trois m aladies r etenues et 17,6% (7,8%) chez ceu x q ui n’ont s ouffert d’ aucune de c es
maladies d eux s emaines av ant la d ate d e l’enquête en milie u r ural ( en milie u u rbain
respectivement).

107
Tableau 4.7 : Proportions d’enfants malnutris selon l’état morbide et le groupe d’âges de l’enfant

Variables Modalités Proportions d’enfants malnutris (%)


Standard OMS Standard NCHS
Urbain Rural National National
A souffert 12,4 24,3 20,2 24,3
N’a pas souffert 7,8 17,6 13,4 15,9
Etat morbide
Khi-deux 12,25*** 22,85*** 45,060*** 60,24***
V de cramer 0,07*** 0,08*** 0,09*** 0,102***
0-11 mois 7,6 16,0 12,8 9,3
12-23 mois 11,3 24,2 19,3 28,1
24-35 mois 9,4 21,7 16,4 22,0
Age de l’enfant 36-47 mois 8,2 19,0 14,7 17,1
48-59 mois 9,4 20,0 15,7 18,4
Khi-deux 4,78(ns) 18,09*** 22,02*** 158,94***
V de cramer 0,05(ns) 0,07*** 0,06*** 0,17***
*** Significatif au seuil de 1%
(ns) non significatif au seuil de 10%
Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun.

4.1.8. Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants

Au niveau bivarié, l’on peut classifier les facteurs associés à l’état nutritionnel des
enfants en examinant la statistique "V de Cramer" associée et son seuil de significativité.
Ainsi, ces facteurs se présentent dans les tableaux 4.8 comme suit:

Tableau 4.8.a : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants au niveau national

N° d’ordre Variable V de Cramer


1 Région de résidence 0,26
2 Niveau d’instruction de la mère 0,22
3 Niveau de vie du ménage 0,21
4 Milieu de résidence 0,15
5 Occupation de la mère 0,14
6 Religion 0,12
7 Qualité de l’eau de boisson 0,10
8 Type de toilette 0,08
9 Sexe de l’enfant 0,05
10 Participation aux dépenses de santé 0,04

Plus que t out a utre f acteur, l a r égion d e r ésidence es t fortement associé à l ’état
nutritionnel ( V de C ramer s upérieur à 0 ,23) a u niveau na tional et pour les d eux milie ux d e

108
résidence. On pourrait penser à ce niveau qu’il est un important facteur de différenciation de
l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans au Cameroun.

Tableau 4.8.b : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu urbain

N° Variables V de
d’ordre Cramer
1 Région de résidence 0,23
2 Niveau de vie du ménage 0,20
3 Niveau d’instruction de la mère 0,18
4 Religion 0,16
5 Occupation de la mère 0,13
6 Qualité de l’eau de boisson 0,07
7 Type de toilette 0,06
8 Age à l’accouchement 0,06
9 Participation aux dépenses de santé 0,05

Tableau 4.8.c : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu rural

N° V de
Variables
d’ordre Cramer
1 Région de résidence 0,23
2 Niveau d’instruction de la mère 0,18
3 Niveau de vie du ménage 0,13
4 Occupation de la mère 0,13
5 Religion 0,11
6 Sexe de l’enfant 0,07
7 Participation aux dépenses de santé 0,05
8 Type de toilette 0,03
9 Qualité de l’eau de boisson 0,03

Les au tres f acteurs as sociés à l ’état n utritionnel au n iveau n ational l e s ont d ans l es
deux m ilieux d e r ésidence, à l ’exception du sexe de l ’enfant et d e l ’âge d e l a m ère à
l’accouchement. Le sexe est significativement associé à la malnutrition en milieu rural tandis
que le groupe d’âges de la mère à l’accouchement l’est uniquement en milieu urbain.

109
4.2. Profil des enfants malnutris

L’un des objectifs de notre étude est de "dégager le profil des enfants malnutris". Pour
cela nous f aisons r ecours à l’Analyse Factorielle d es C orrespondances Multiples ( AFCM).
L’AFCM m et en év idence l es i nterrelations entre p lusieurs v ariables à p artir d esquelles on
peut apercevoir des regroupements de variables par « affinité » ou par proximité statistique et
la position des unes (ou de certains groupes de variables) par rapport à d ’autres. A contrario,
l’analyse b ivariée ne m et en év idence q ue la r elation en tre d eux v ariables. L’AFCM a
l’avantage d e résumer u ne m asse d ’informations contenues d ans p lusieurs v ariables. C ette
technique pe rmet a insi d’ obtenir un nom bre r éduit de v ariables r ésumées ap pelées f acteurs,
qui d ans l a p résente ét ude p ermettent d e caractériser les en fants p ar rapport à l eur ét at
nutritionnel.

Le logiciel utilisé pour cette méthode est le logiciel SPAD (version 5.5). Les variables
prises en compte sont les variables explicatives et la variable dépendante de l’étude.

4.2.1. Détermination des axes factoriels

Pour p résenter l es r ésultats d e l ’AFCM, i l f audrait d’ abord d éterminer l e nom bre


d’axes nécessaires pour l’interprétation. Plusieurs règles permettent de le faire.

Nous pr ivilégions l’éboulis des valeurs propres car cette m éthode permet d e
sélectionner un s ous-espace s table t out en n e s urestimant p as le nom bre de c omposantes
pertinentes à l’ instar d e la R ègle d e K aiser (Baccini et B esse, 2005) . L’histogramme des
valeurs pr opres (cf. annexe 4) présente la d écroissance d e celles-ci. L e principe c onsiste à
rechercher, s’il existe un “coude” et de ne conserver que les valeurs propres jusqu’à ce coude.

Nous r etenons l es de ux pr emiers a xes pr incipaux, c ar i ls suffisent pour m ieux


représenter les interdépendances entre variables. En effet, le premier axe représente 11,63% et
le deuxième axe 7,60%, soit au total 19,23% de l’inertie totale expliquée par l’ensemble des
axes. C e p ourcentage, a pparemment f aible n e c ompromet p as l ’étude, car l es t aux d ’inertie
sont en général faibles dans la plupart des tableaux disjonctifs complets.

L’analyse compte après apurement 13 variables et 43 modalités actives. Pour chaque


axe, l e p ourcentage d’inertie t héorique m oyen e xpliqué pa r c haque m odalité e st de 2,3%

110
(100%/43). Or on constate sur l’axe 1 que les contributions varient de 0% à 9,7% tandis que
les contributions vont de 0% à 18,4% sur l’axe 2.
Seules les modalités dont la contribution est élevée (nettement supérieure à 2,3%) sont
à considérer pour l’interprétation d’un axe.

Premier axe factoriel

Il o ppose l es en fants d es m énages d e n iveau d e v ie f aible à ceu x d es m énages d e


niveau de vie élevé (cf. tableau 4.9.a).

Tableau 4.9.a : Description de l’axe 1 par les modalités

Libellé de la variable Libellé de la modalité

Niveau de vie du ménage faible


Milieu Rural
Niveau d'instruction de la mère Sans instruction
Qualité de l’eau de boisson Npotable
Occupation de la mère Menage/Travaux domes
Région de résidence Extreme Nord
Région de résidence Nord
religion Musulman
Etat nutritionnel malnutri

Participation aux dépenses de santé Nparticip

Région de résidence Adamaoua


ZONE CENTRALE

Participation aux dépenses de santé particip

Occupation de la mère Industrie/commerce


Etat nutritionnel Bnourri
Région de résidence Centre
religion Catholique/Prot
Occupation de la mère Etude ou Service/Adm
Région de résidence Littoral
Qualité de l’eau de boisson Potable
Niveau d'instruction de la mère Secondaire & +
Milieu Urbain
Niveau de vie du ménage élevé

111
 Les pr emiers, m alnutris pour l a pl upart, résident e n m ilieu r ural da ns l es r égions
septentrionales du Nord, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua. Leurs mères, sans instruction,
ne participent pas aux dépenses de santé dans le ménage et ont comme principale occupation
« Ménagère/Travaux domestiques ». Ces enfants appartiennent à d es ménages musulmans où
l’eau consommée peut être qualifiée de « Non potable ».

 Les s econds, dont l es m ères ont un ni veau d’ instruction s econdaire ou s upérieur et


travaillant d ans l’ industrie, c ommerce, s ervice/administration ou pour suivant l eurs é tudes e t
participant aux dépenses de santé du ménage, sont bien nourris pour la plupart. Ils résident en
milieu urbain dans les régions du C entre et du Littoral. Ces enfants sont dans des ménages à
chef catholique/protestant où l’eau consommée peut être qualifiée de «potable ».

Deuxième axe factoriel

Le second axe oppose (cf. tableau 4.9.b) :

 D’une pa rt, l es e nfants vi vant da ns l e m ilieu r ural de s r égions de S ud, S ud-Ouest,


Nord-Ouest et de l’Est qui sont nés des mères agricultrices et de niveau d’instruction primaire.
Ces dernières participent aux dépenses de santé du ménage. Ces enfants consomment de l’eau
non potable et appartiennent à des ménages catholiques ou protestants où le niveau de vie est
moyen.

 D’autre p art, l es enfants du m ilieu urbain des régions de l ’Adamaoua, d e l ’Extrême-


Nord, du N ord e t du Littoral. Ils a ppartiennent à de s m énages musulmans de ni veau d e vi e
élevé. Leurs mères sont sans instruction, ne participent pas aux dépenses de santé du m énage
et ont à titre d’ occupation pr incipale l es t ravaux dom estiques. L ’eau c onsommée pa r c es
enfants peut être qualifiée de potable.

112
Tableau 4.9.b : Description de l’axe 2 par les modalités

Libellé de la variable Libellé de la modalité

Occupation de la mère Agriculture


Niveau d'instruction de la mère Primaire
Participation aux dépenses de
particip
santé
Milieu Rural
religion Catholique/Prot
Région de résidence Nord Ouest
Niveau de vie du ménage moyen
Région de résidence Sud
Région de résidence Sud Ouest
Région de résidence Est
Qualité de l’eau de boisson Npotable
ZONE CENTRALE

Région de résidence Nord


Région de résidence Littoral
Eau de boisson Potable
Région de résidence Adamaoua
Région de résidence Extreme Nord
Niveau d'instruction de la mère Sans instruction
Niveau de vie du ménage élevé
religion Musulman
Milieu Urbain
Participation aux dépenses de
Nparticip
santé
Occupation de la mère Menage/Travaux domes

Pour affiner notre typologie, l’on fait recours au plan factoriel.

4.2.2. Représentation graphique et caractérisation des enfants malnutris

La q ualité d e r eprésentation d es modalités s ur l’ axe est d onnée p ar l ’analyse d es


contributions r elatives, o u co sinus car rés. P our l ’interprétation, on r ecourt a u pl an f actoriel
(graphique 4.4) où sont sélectionnées les modalités qui ont les cosinus carrés les plus forts :
elles s ont l es m ieux r eprésentées au s ens o ù l es d istances s ont l es moins a ltérées p ar la
projection. En pl us, certaines in formations mie ux ajustées p ar le troisième ax e p euvent êt re
représentées sur le plan factoriel.

113
Graphique 4.4 : Catégorisation des enfants selon certaines caractéristiques

L’analyse d e c e p remier p lan f actoriel p ermet de m ettre en ex ergue d eux g roupes


d’enfants :

Premier groupe :

Le premier groupe est constitué d’enfants bien nourris vivant dans des ménages riches
dont le chef est de religion catholique. Ils sont complètement vaccinés et consomment une eau
que l’on qualifierait de potable. Ils résident pour la plupart en milieu urbain dans les régions
du C entre, du Littoral et d e l ’Ouest. Leurs mères ont un ni veau d’ instruction s econdaire o u
supérieur et s ont sans oc cupation ou t ravaillent dans l ’Industrie/Commerce,

114
l’administration/service ou poursuivent leurs études. Elles participent également aux dépenses
de santé dans le ménage.

Deuxième groupe :

Le deuxième ensemble regroupe les enfants malnutris qui vivent en milieu rural dans
des ménages pauvres des régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est. Ils
n’ont r eçu j usque l à a ucun va ccin ou a lors s ont partiellement vaccinés. Ils c onsomment de
l’eau non pot able et ne reçoivent pas de suppléments en vitamines. Ils sont issus des femmes
ménagères ( ou effectuant d es t ravaux d omestiques), sans i nstruction, qui ne p articipent pa s
aux dépenses de santé du ménage et qui ont généralement moins de 20 ans à leur naissance.
Nombre des chefs de ménage de ces enfants sont de religion musulmane, animiste ou même
sans religion.

Il ressort de la description des deux groupes ci-dessus que le second groupe présente le
profil des enfants malnutris.

En somme, ce chapitre a permis de décrire, dans une analyse bivariée, les niveaux et la
variation de l a m alnutrition de s e nfants de m oins de c inq a ns s uivant les v ariables
comportementales, contextuelles et certaines caractéristiques socioculturelles, économiques et
démographiques. Il ressort de cette analyse que chacun de ces grands groupes de facteurs est
significativement associé (au seuil de 5%) à l’état nutritionnel des enfants. L’analyse selon le
milieu d e résidence, d ans l a p lupart d es cas, fait obs erver une tendance similaire à c elle du
niveau na tional. O n r elève une di fférence de proportions d’ enfants m alnutris ne ttement
supérieure en m ilieu r ural par rapport au m ilieu ur bain. Le p rofil de s e nfants m alnutris,
dégagé par la suite, montre que ces derniers vivent en milieu rural dans des ménages pauvres
des régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est.

Force est de constater que les niveaux de prévalence de la malnutrition sont nettement
plus élevés lorsqu’on c ompare l es m esures anthropométriques des enfants a ux courbes de
référence N CHS plutôt que les nouvelles courbes de référence de l 'OMS (2006). Ce co nstat
traduit l a di fférence de méthodologie d ans l ’élaboration de s de ux s tandards de r éférence et
confirme l ’hypothèse s elon l aquelle « le profil de croissance de nourrissons en bonne santé
allaités au sein diffère considérablement de la référence internationale NCHS » (OMS,

115
1999). Au titre des différences constatées entre standards, Turck 21 (2007) souligne que « En
comparant les références françaises et les nouveaux standards de l’OMS, on relève surtout
des différences pour la longueur couchée à tous les âges (valeurs françaises plus basses) et
pour la corpulence entre 6 mois à 2 ans (valeurs françaises plus élevées) ».

Les regroupements f aits à ce n iveau n e s auraient t enir l ieu d e d éterminants dans l a


mesure où une association n’est pas synonyme de causalité. Ainsi, un examen en profondeur
des relations dégagées sera l’objet du prochain chapitre. Il s’agira plus précisément de vérifier
les hypothèses d’étude, d’identifier les déterminants de la malnutrition et de les hiérarchiser.

21
Dominique TURCK, Unité de Gastroentérologie, Hépatologie et Nutrition, Clinique de Pédiatrie,
Hôpital Jeanne de Flandre et Faculté de Médecine, Université de Lille 2.

116
CHAPITRE V : ESSAI D’EXPLICATION DE LA
MALNUTRITION DES ENFANTS

L ’objectif de c e c hapitre e st d’ identifier, da ns u ne ap proche m ultivariée, les


facteurs ex plicatifs d e la m alnutrition d es en fants d e m oins d e 5 a ns au
Cameroun ainsi que leurs mécanismes d’action. L’analyse multivariée est basée sur le modèle
de r égression lo gistique dont la ju stification du c hoix e t l es fondements t héoriques ont é té
brièvement exposés au c hapitre 3 . L’analyse s e f ait au ni veau national et s elon l e m ilieu de
résidence des enfants.

Le chapitre est a rticulé e n trois sections. La première section permet de spécifier l es


modèles d’ analyse t out en vérifiant l’adéquation des m odèles. La d euxième section met en
exergue l es f acteurs i nfluençant l ’état n utritionnel d es en fants de m oins de 5 a ns a insi que
leurs mé canismes d ’action. Il es t également q uestion dans cet te deuxième section de
confronter les résultats issus des modèles d’analyse des données observées (MICS-2006) aux
hypothèses émises dans le chapitre 2. La troisième et dernière section est une vue d’ensemble
permettant de discuter les résultats obtenus.

5.1. Spécification des modèles

5.1.1. Descriptions des modèles d’analyse

Les d ifférents m odèles d ’analyse s ont p résentés d ans les t ableaux 5 .2.a (au n iveau
national), 5.2.b (pour le milieu urbain) et 5.2.c (pour le milieu rural).

Ces tableaux présentent les rapports de côtes du r isque d’être malnutri. Ils mettent en
exergue dans un premier temps les effets bruts de chaque variable indépendante avant qu’il ne
soit procédé à l’introduction successive des différentes variables explicatives selon le schéma
d’analyse de l’étude. Ensuite, ils présentent les effets nets de ces variables. On part du modèle
M0 (variable dépendante en rapport avec les variables de contrôle uniquement) au modèle M9
(au ni veau na tional) e t M8 ( pour l es m ilieux ur bain e t r ural) qui s ont le s modèles saturés
(finaux).

117
Nous a vons opt é pour de s m odèles pa s à pa s d ans l e but de mettre en ex ergue l es
mécanismes d’action des différentes variables explicatives, ceci conformément à la logique de
notre cad re d’analyse. Le m odèle f inal, qui c ontient t outes les v ariables de l ’étude, pe rmet
d’identifier les facteurs déterminants la malnutrition et de rendre compte du degré d’influence
de chacun. L’ordre d’introduction des variables est le suivant :

Au niveau national :

· Le modèle M1 : M0 + Région de résidence ;

· Le modèle M2 : M1 + Milieu de résidence ;

· Le modèle M3 : M2 + Religion ;

· Le modèle M4 : M3 + Niveau d’instruction ;

· Le modèle M5 : M4 + Niveau de vie ;

· Le modèle M6 : M5 + Age à l’accouchement ;

· Le modèle M7 : M6 + Sexe de l’enfant ;

· Le modèle M8 : M7 + Vaccination ;

· Le modèle M9 : M8 + Supplémentation + Qualité de l’eau de boisson

Pour les milieux urbain et rural

· Le modèle M1 : M0 + Région de résidence ;

· Le modèle M2 : M1 + Religion ;

· Le modèle M3 : M2 + Niveau d’instruction ;

· Le modèle M4 : M3 + Niveau de vie du ménage ;

· Le modèle M5 : M4 + Groupe d’âges de la mère à l’accouchement ;

· Le modèle M6 : M5 + Sexe de l’enfant ;

· Le modèle M7 : M6 + Vaccination ;

· Le modèle M8 : M7 + Supplémentation + Qualité de l’eau de boisson

118
Le niveau de vie du ménage est la seule variable socioéconomique qui sera introduite
dans l es m odèles d e r égression en r aison d e l a f orte as sociation en tre c ette d ernière et les
autres variables que sont le type de toilette et l’occupation de la mère (cf. annexe 5).

Tout c omme l e ni veau de vi e du m énage, le niveau d’instruction de la mère est


fortement associé à la participation de la mère aux dépenses de santé du ménage (cf. annexe
5). C’est pourquoi, cette dernière v ariable ne s era pas i ntroduite dans l es m odèles parmi l es
variables intermédiaires.

5.1.2. Tests d’adéquation des modèles

Pour Taffé (2004), on considérera que l’ajustement est satisfaisant si :

i) La d istance en tre l ’« outcome » observé y e t l ’« outcome » prédit par le modèle ŷ est


petite ;
ii) Le modèle es t b ien « cal ibré », c 'est-à-dire que les f réquences pr édites s ont pr oches de
celles observées ;
ii) Le modèle permet de bien discriminer entre les valeurs de y = 0 et y = 1 en fonction des
variables ex plicatives x 1, x 2, …, x p, c 'est-à-dire qu’ on obt ient de bonn es s ensibilités e t
spécificités.

Dans cette section, il est question de réaliser des tests statistiques d’adéquation (qualité
d’ajustement) des modèles de régression l ogistique a ux donné es à l ’aide de l a p rocédure
« lroc » du logiciel STATA. Ceci permettra de déterminer si ces modèles sont adéquats pour
tester la structure causale de l’étude.

La démarche de construction consiste à :

- fixer d’abord un seuil de probabilité (généralement 0,5) au-delà duquel, on considère


que la réponse est positive ;
- ensuite, à c omparer la s ensibilité ( « s ensitivity »), c ’est-à-dire l a pr oportion de
réponses positives obs ervées qui s ont c orrectement c lassées pa r l e m odèle ( « observed
positive ») et la spécificité ( « specificity »), c’ est-à-dire la proportion de réponses négatives
observées qui sont correctement classées par le modèle (« observed negative »).

Dans une vi sualisation gr aphique, on m et e n r apport l e c omplément à 1 de l a


spécificité en ab scisse et l a s ensibilité en or donnée (graphique 5. 1). I l e st imp ortant d e

119
signaler que le pouvoi r pr édictif réel correspond à l a s urface s éparant la co urbe R OC («
Received Operating Characteristic ») et la diagonale principale.

La surface sous cette courbe ROC nous permet d’évaluer la précision du m odèle pour
discriminer les « outcomes » positifs y = 1 des « outcomes » négatifs y = 0.

On retiendra comme règle, la règle du pouce :

Si aire ROC = 0,5, il n’y a pas de discrimination ;

Si aire 0,7 ≤ ROC < 0,8, la discrimination est acceptable et l’ajustement est adéquat ;

Si aire ROC ≥ 0,8, la discrimination est excellente et l’ajustement est excellent.

Pour illustrer ceci, le graphique ci-après représente la courbe ROC obtenue du modèle
saturé M9 (au niveau national).

Graphique 5.1 : Évaluation du pouvoir discriminant du modèle saturé M9 (au niveau national)
1.00
0.75
Sensitivity
0.50
0.25
0.00

0.00 0.25 0.50 0.75 1.00


1 - Specificity
Area under ROC curve = 0.7315

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun

Le t ableau suivant donne les pouvoi rs di scriminants de s di fférents modèles de


régression logistique au niveau national et par milieu de résidence.

120
Tableau 5.1 : Pouvoir discriminant des modèles de régression logistique

Modèles
Niveau d'analyse
M0 M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8 M9
Urbain 0,569 0,696 0,704 0,719 0,732 0,734 0,734 0,736 0,736
Rural 0,571 0,670 0,676 0,684 0,687 0,688 0,695 0,696 0,696
National 0,577 0,700 0,710 0,713 0,722 0,727 0,728 0,731 0,732 0,732

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun

Il r essort du tableau 5.1 que l es m odèles de r égression logistique (de M1 à M 9 au


niveau na tional et de M1 à M 8 pour le milieu urbain) s ont adéquats pour l ’analyse de s
mécanismes d’action et la recherche des facteurs explicatifs de la malnutrition des enfants de
moins de 5 a ns. Pour le milieu rural, les modèles de régression logistique (de M1 à M8) ont
un pouvoi r di scriminant très p roche d e 0,7. Ils peuvent ég alement êt re co nsidérés co mme
adéquats.

5.2. Facteurs explicatifs de la malnutrition et leurs mécanismes d’action

L’analyse du modèle final (saturé) à chaque niveau d’analyse permet de dégager les
facteurs déterminants de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans au Cameroun dans
la mesure où il met en exergue l’effet intrinsèque de chaque variable explicative en présence
de toutes les variables indépendantes retenues pour l’étude.

Il apparaît ainsi qu’au ni veau national, l es f acteurs l es pl us dé terminants s ont : la


région de résidence, la religion, le niveau d’instruction de la mère, le niveau de vie, le sexe de
l’enfant.

En milie u u rbain par c ontre, l es f acteurs l es p lus dé terminants s ont : la région de


résidence, la religion, le niveau de vie. Par a illeurs, le s facteurs explicatifs en milie u r ural
sont : la région de résidence, la religion, le niveau d’instruction de la mère, le niveau de vie,
le sexe de l’enfant.

Il est présenté dans les lignes qui suivent l’influence des différentes variables sur l’état
nutritionnel des enfants. Les résultats interprétés seront ceux du m odèle global. Recours sera
fait aux modèles intermédiaires pour mettre en exergue les mécanismes d’action.

121
5.2.1. Influence des variables contextuelles

Au niveau national

Parmi les deux variables retenues pour opérationnaliser le contexte de résidence, seule
la région de résidence est restée déterminante dans le modèle final.

Région de résidence

La région de résidence est un i mportant déterminant de la malnutrition des enfants de


moins de c inq ans a u Cameroun. Son i nfluence significative ( au s euil d e 1 %) sur l ’état
nutritionnel des enfants, observée au modèle M1 (en présence de l’état morbide et de l’âge de
l’enfant uniquement), est r estée pratiquement i nchangée e n c ontrôlant par le milie u d e
résidence, l es v ariables s ocioculturelles, socioéconomiques e t le s v ariables in termédiaires
(modèle M 9). Ainsi, l es e nfants vi vant da ns les r égions du N ord, de l ’Extrême-Nord e t du
Sud-Ouest courent respectivement 3, 2,6 e t 1,7 fois plus de risques d’être malnutris que ceux
vivant dans la région du Centre, choisi comme groupe de référence, toutes choses égales par
ailleurs. Cette différence est significative au seuil de 1%. Également, les enfants vivant dans
la région de l’Est ont 1,4 fois plus de risques d’être malnutris que ceux du Centre. Par contre,
on ne note aucune différence significative entre les enfants de la région du Centre et ceux des
régions de l’Adamaoua, du Littoral, du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Sud. Le risque plus élevé
d’être malnutri que présentent les enfants vivant dans la région de l’Adamaoua par rapport à
ceux du Centre (significatif au seuil de 1%) que l’on a pu observer des effets bruts au modèle
M3, s’estompe peu à peu pour n’être plus significatif après que l’on ait contrôlé par le niveau
d’instruction des mères et le niveau de vie des ménages (modèle M5).

Milieu de résidence

Au ni veau na tional, l ’influence du m ilieu de résidence s ur l ’état nut ritionnel d es


enfants n’ est pa s s ignificative a u s euil de 10% . La différence s ignificative (au s euil de 1% )
entre le milieu urbain et le milieu rural observée jusqu’au modèle M4, à savoir que les enfants
résidant en milieu urbain ont 30% moins de risques d’avoir un m auvais état nutritionnel que
ceux qui r ésident e n m ilieu r ural (modèle M 4), c esse d’ exister l orsqu’on c ontrôle pa r l e
niveau d e v ie d es m énages. Le m ilieu d e r ésidence i nfluence d onc l ’état n utritionnel d es
enfants via le niveau de vie des ménages où vivent ceux-ci.

122
Aux niveaux Urbain et Rural

L’analyse s elon le milie u d e résidence fait r emarquer q ue l a r égion de r ésidence


demeure un déterminant de la malnutrition.

En m ilieu ur bain, s eules les r égions du N ord et d e l ’Extrême-Nord se d ifférentient


significativement de la région du Littoral. Les enfants vivant dans la région du Nord et ceux
vivant dans la région de l’Extrême-Nord courent respectivement 2,6 e t 2 f ois plus de risques
d’être ma lnutris que leurs congénères du Littoral, to utes ch oses é gales par ai lleurs. Les
rapports de c hances de s régions de l ’Adamaoua et d e l ’Est ces sent d’être s ignificativement
différents de celui de Littoral lorsqu’on contrôle par le niveau de vie des ménages où vivent
les enfants.

Un constat quasi similaire est fait en milieu rural. En effet, parmi les dix régions, les
enfants vivant da ns l es r égions d e l ’Extrême-Nord e t du S ud-Ouest ne se différencient p as
significativement de ceux de la région de référence qui est ici le Nord. Les enfants vivant dans
les autres régions courent moins de risques d’être malnutris que ceux du N ord, toutes choses
égales par ailleurs.

L’analyse tenant compte du milieu de résidence met en évidence le risque non m oins
négligeable, déjà constaté au chapitre précédent, que courent les enfants vivant en milieu rural
de la région du Sud-Ouest.

Tout ceci confirme l ’hypothèse H1 pour l es t rois ni veaux d’analyse et r enforce ainsi
l’idée selon laquelle il e xiste de fortes disparités régionales de la malnutrition au Cameroun,
en défaveur des régions septentrionales.

5.2.2. Influence des variables socioculturelles

Religion

Au niveau national

La religion du chef de ménage reste significativement associée à l’état nutritionnel des


enfants. Le risque d’être malnutri pour un e nfant issu d’un ménage dont le chef est animiste
ou n’a pas de religion, ou appartenant à la catégorie "autre chrétien/religion" est multiplié par
1,3 e t 1,5 r espectivement pa r r apport à s on congénère i ssu d’ un ménage d ont l e chef est
catholique o u pr otestant, t outes c hoses é gales pa r a illeurs. Les e nfants vi vant da ns de s

123
ménages à ch ef musulman ne se différencient plus significativement des enfants vivant dans
des m énages à ch ef chrétien. L’effet s ignificatif d e la c atégorie « musulman » observé a u
niveau b rut c esse d ’exister d ès l e modèle M 4 lorsqu’on c ontrôle pa r l es v ariables
contextuelles et le niveau d’instruction.

Aux niveaux Urbain et Rural

Que l’ on s oit e n milie u u rbain o u e n milie u r ural, la religion garde u ne in fluence


significative s ur l’état nutritionnel de s e nfants. En mil ieu rural, c’ est le constat fait
précédemment au niveau national qui demeure.

En zone urbaine par contre, ce s ont les enfants vivant dans les ménages dont le chef
est m usulman qui c ourent un pl us gr and risque (82% plus d e r isque) d’être m alnutris par
rapport à ceux vivant dans des ménages à chef catholique ou pr otestant, toutes choses égales
par ai lleurs. Les a utres catégories n e s e d ifférencient p as s ignificativement d u groupe de
référence.

Niveau d’instruction

Le niveau d ’instruction d e l a m ère es t l a s econde v ariable u tilisée p our


opérationnaliser l es f acteurs s ocioculturels. Il a u ne i nfluence significative sur l ’état
nutritionnel des enfants au niveau national et en milieu rural.

Au niveau national

Le r isque d’être ma lnutris pour l es enfants d es m ères de ni veau d’ instruction


secondaire ou plus est de 40% plus faible par rapport à ceux qui sont nés des mères de niveau
d’instruction p rimaire, t outes ch oses égales p ar ai lleurs. Les en fants n és d es m ères s ans
instruction quant à eux courent pratiquement les mêmes risques d’être malnutris que ceux nés
des m ères de ni veau d’ instruction pr imaire, c ontrôle f ait p ar t outes l es au tres v ariables
indépendantes (M9).

Aux niveaux Urbain et Rural

Le milieu rural présente une situation similaire à celle décrite précédemment au niveau
national. Ce n’est qu’en milieu urbain qu’un constat différent est observé. En effet, le niveau
d’instruction de la mère qui influençait significativement (au seuil 1%) l’état nutritionnel des
enfants ( M3) voi t s on effet s ’estomper l orsqu’on c ontrôle p ar l e ni veau de vi e du m énage

124
(M4). Même s i o n p eut n oter u ne d ifférence s ignificative en tre l es en fants d es m ères d e
niveau d’instruction primaire et ceux des mères de niveau d’instruction secondaire ou plus, le
niveau d’instruction de la mère n’a pas un effet significatif sur l’état nutritionnel des enfants,
toutes choses égales par ailleurs.

L’hypothèse H2 est ainsi confirmée au niveau national et en milieu rural.

5.2.3. Influence du niveau de vie des ménages

Parmi l es va riables s ocioéconomiques, c’est le niveau d e v ie d es m énages qui a ét é


retenu pour t raduire l ’impact de s f acteurs s ocioéconomiques s ur l ’état nut ritionnel de s
enfants. Celui-ci est déterminant pour l’explication de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans pour les trois niveaux d’analyse, confirmant ainsi l’hypothèse H3.

En milieu urbain et au niveau national, le risque d’être malnutri encouru par un enfant
diminue au f ur et à m esure q ue l e n iveau d e v ie d u m énage s ’élève. En effet, la probabilité
pour un e nfant i ssu d’ un m énage de ni veau de vi e moyen d’être a tteint d’ une i nsuffisance
pondérale est 23% inférieure à celle d’un enfant issu d’un ménage pauvre ou de niveau de vie
faible au niveau national. Par rapport à cette dernière catégorie, cette probabilité est 54% plus
faible quand l’enfant appartient à u n ménage à n iveau de vie élevé, toutes choses égales par
ailleurs.

En z one rurale, l es e nfants vi vant da ns l es m énages de ni veau d e v ie moyen n e s e


différencient p as s ignificativement d e l eurs co ngénères d es m énages p auvres, t outes ch oses
égales p ar ai lleurs. Mais ceu x qui vi vent dans les m énages q u’on q ualifierait d e r iches ont
près de 48% moins de risques d’être malnutris par rapport aux enfants des ménages pauvres.

5.2.4. Influence des variables intermédiaires

Cinq v ariables i ntermédiaires o nt ét é r etenues p our l ’analyse ex plicative à s avoir :


l’âge d e l a m ère à l ’accouchement, le s exe d e l ’enfant, l a v accination, l a q ualité d e l ’eau
consommée et l a s upplémentation. P armi e lles, ce n ’est q ue le s exe de l ’enfant qui est
déterminant au niveau national. Son influence significative sur l’état nutritionnel des enfants
au niveau national est le fait du milieu rural puisque cette variable se révèle non significative
en zone urbaine.

125
Les v ariables âge à l’accouchement (pour l e m ilieu ur bain), et qua lité d e l ’eau de
boisson (pour les trois niveaux d’analyse) qui avaient un e ffet significatif lorsqu’elles étaient
prises i solément, voi ent c ette i nfluence s ’estomper l orsqu’on c ontrôle l es au tres v ariables
retenues pour l’étude.

Le statut vaccinal des enfants quant à lui ne les discrimine pas significativement face à
la malnutrition, toutes choses égales par ailleurs. A cet effet, l’hypothèse H5 est infirmée pour
les trois niveaux d’analyse.

Sexe de l’enfant

Au niveau national, les garçons ont 37% plus de risques d’être malnutris par rapport
aux filles, toutes choses égales par ailleurs. La différence significative selon le sexe observée
aux ef fets b ruts est r estée inchangée jusqu’au modèle g lobal (au s euil de 1% ). Par co ntre,
l’analyse s elon le milieu de résidence montre qu’il n’y pas de différence significative d’état
nutritionnel des enfants selon l e s exe en milieu urbain au C ameroun. C ’est plutôt en milieu
rural que le r isque d ’être m alnutri pour un garçon est d e 49% pl us élevé pa r rapport à une
fille, toutes choses égales par ailleurs. L’effet est très significatif (p < 0,001). L’hypothèse H4
n’est infirmée qu’en milieu urbain.

Autres variables

Les variables retenues comme variables de contrôle ont gardé leur effet significatif sur
l’état nutritionnel des enfants au niveau national et pour le milieu rural. Comme on pouvait le
présager, les enfants ayant souffert d’une des trois maladies que sont la diarrhée, la rougeole
et l’IRA, dans les deux semaines précédant la date de l’enquête, sont à même de présenter une
insuffisance pondérale au moment de l’enquête comparés à ceux qui n’en n’ont pas souffert.

Également, les enfants du groupe d’âges 12-23 mois enregistrent, comparés aux autres
groupes d’ âges, l e r isque d’ être m alnutris l e pl us é levé pa r r apport à ceux de moins de 1 2
mois, t outes c hoses é gales pa r a illeurs. En ef fet, ce groupe d ’âges correspond a u s tade de
développement où l es e nfants c ommencent à e xplorer l eur e nvironnement immédiat e t à
porter n’importe quel objet à leur bouche : ils sont ainsi particulièrement exposés aux agents
pathogènes co mme en d énote l a t rès f orte p révalence d e l a d iarrhée d ans ce groupe d ’âges
(INS, 2006).

126
L’effet d es v ariables d e co ntrôle est non s ignificatif e n milie u urbain C amerounais.
Cependant, i l est i mportant d e l es g arder d ans l es m odèles d e r égression, même s i e lles n e
différencient s ignificativement l es en fants à ce n iveau de l ’analyse, pour l ever t oute
équivoque.

127
Tableau 5.2.a : Effets bruts et nets des variables indépendantes sur l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans au niveau national

VARIABLES (modalités) Effets bruts Effets nets


M0 M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8 M9
Région de résidence *** *** *** *** *** *** *** *** *** ***
Adamaoua 2,033*** 2,032*** 1,878*** 1,750*** 1,397* 1,216 1,232 1,238 1,231 1,226
Centre Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Est 2,257*** 2,245*** 1,972*** 1,878*** 1,636*** 1,418* 1,430** 1,444** 1,423* 1,433**
Extrême-Nord 5,466*** 5,336*** 4,514*** 4,055*** 3,084*** 2,566*** 2,614*** 2,599*** 2,567*** 2,557***
Littoral 0,825 0,839 0,980 0,937 0,946 0,951 0,961 0,968 0,959 0,976
Nord 5,813*** 5,634*** 4,813*** 4,515*** 3,418*** 2,879*** 2,946*** 2,951*** 2,944*** 2,941***
Nord-Ouest 2,163*** 2,250*** 1,995*** 2,002*** 1,684** 1,461* 1,464* 1,468* 1,450* 1,432*
Ouest 0,993 1,008 0,960 0,884 0,866 0,797 0,796 0,790 0,787 0,789
Sud 1,344 1,331 1,184 1,179 1,222 1,163 1,175 1,195 1,190 1,201
Sud-Ouest 2,265*** 2,284*** 2,004*** 1,826*** 1,683*** 1,704*** 1,725*** 1,729*** 1,705*** 1,701***
Milieu de résidence *** *** *** ***
Urbain 0,401*** 0,602*** 0,609*** 0,697*** 0,918 0,918 0,922 0,918 0,917
Rural Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Religion *** *** ** ** ** ** ** **
Catholique/Protestant Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Autre chrétien/religion 1,549*** 1,536*** 1,501** 1,500** 1,514*** 1,519*** 1,517*** 1,525***
Musulman 1,720*** 1,184* 1,076 1,134 1,142 1,137 1,136 1,143
Animiste/Pas religion 2,242*** 1,352** 1,281** 1,271* 1,274* 1,285** 1,285** 1,289**
Niveau d’instruction *** *** *** *** *** *** ***
Sans instruction 2,048*** 1,160 1,118 1,103 1,113 1,116 1,117
Primaire Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Secondaire ou plus 0,353*** 0,524*** 0,602*** 0,606*** 0,598*** 0,596*** 0,594***
Niveau de vie *** *** *** *** *** ***
Faible Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Moyen 0,476*** 0,788** 0,783** 0,776** 0,777** 0,774**
Elevé 0,189*** 0,463*** 0,463*** 0,463*** 0,463*** 0,461***

128
Age à l’accouchement
< 20 ans 1,131 1,004 0,997 0,994 1,000
20-34 Réf Réf Réf Réf Réf
35 ans ou + 1,118 1,162 1,167 1,167 1,168
Sexe de l’enfant *** *** *** ***
Masculin 1,316*** 1,368*** 1,369*** 1,373***
Féminin Réf Réf Réf Réf
Vaccination *
Aucune 0,956 0,829 0,869
Incomplète Réf Réf Réf
complète 0,840** 0,958 0,948
Supplémentation
Non 0,898 0,886
Oui Réf Réf
Qualité de l’eau de boisson ***
Non potable 1,744*** 0,999
Potable Réf Réf
Etat morbide *** *** *** *** *** *** *** *** *** *** ***
N’a pas souffert Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
A souffert 1,634*** 1,586*** 1,315*** 1,306*** 1,297*** 1,289*** 1,285 1,285*** 1,271*** 1,263*** 1,265***
Age de l’enfant *** *** *** *** *** *** *** *** *** *** ***
0-11 mois Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
12-23 mois 1,633*** 1,526*** 1,627*** 1,624*** 1,610*** 1,599*** 1,612*** 1,613*** 1,618*** 1,613*** 1,575***
24-35 mois 1,344** 1,310** 1,391*** 1,406*** 1,404*** 1,383*** 1,377*** 1,373*** 1,370** 1,357** 1,319**
36-47 mois 1,175 1,198 1,260* 1,261* 1,254* 1,224* 1,232* 1,230* 1,240* 1,226 1,193
48-59 mois 1,276** 1,317** 1,312** 1,316** 1,308** 1,286** 1,280* 1,274* 1,278* 1,262* 1,230
Valeur du Chi2 59,450 404,524 436,487 450,047 484,087 506,129 508,103 524,967 526,573 527,885
Significativité du Chi2 *** *** *** *** *** *** *** *** *** ***
R-deux (Nagelkerke) 0,018 0,116 0,125 0,129 0,139 0,145 0,145 0,150 0,150 0,151
Effectifs 5777 5777 5777 5767 5763 5763 5763 5763 5763 5762

129
Tableau 5.2.b : Effets bruts et nets des variables indépendantes sur l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans en milieu urbain

VARIABLES (modalités) Effets bruts Effets nets


M0 M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8
Région de résidence *** *** *** *** *** *** *** *** ***
Adamaoua 2,630*** 2,639*** 2,052** 1,802** 1,591 1,574 1,570 1,575 1,569
Centre 0,812 0,810 0,828 0,847 0,871 0,860 0,858 0,850 0,830
Est 2,309*** 2,241*** 2,054** 1,902** 1,541 1,523 1,529 1,545 1,575
Extrême-Nord 5,298*** 5,107*** 3,799*** 3,043*** 2,125** 2,091** 2,080** 2,060** 1,952**
Littoral Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Nord 6,008*** 5,746*** 4,673*** 3,742*** 2,615*** 2,636*** 2,634*** 2,643*** 2,593***
Nord-Ouest 1,679 1,718 1,766 1,498 1,124 1,115 1,109 1,105 1,122
Ouest 0,685 0,679 0,638 0,655 0,545 0,530 0,528 0,515* 0,501*
Sud 1,844* 1,768 1,800 1,959* 1,904* 1,843 1,854* 1,838 1,861*
Sud-Ouest 0,685 0,676 0,675 0,654 0,678 0,691 0,687 0,688 0,682
Religion *** ** ** ** ** ** **
Catholique/Protestant Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Autre chrétien/religion 1,428 1,489 1,440 1,395 1,440 1,442 1,440 1,435
Musulman 3,027*** 1,680*** 1,446* 1,754*** 1,781*** 1,779*** 1,800*** 1,816***
Animiste/Pas de religion 0,810 0,838 0,753 0,704 0,722 0,725 0,721 0,746
Niveau d’instruction *** *** * * * * *
Sans instruction 4,961*** 1,936*** 1,328 1,272 1,283 1,271 1,305
Primaire 2,463*** 1,947*** 1,572** 1,546** 1,553** 1,546** 1,550**
Secondaire ou plus Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Niveau de vie *** *** *** *** *** ***
Faible 6,030*** 3,053*** 3,088*** 3,078*** 3,110*** 3,346***
Moyen 2,384*** 1,675*** 1,657*** 1,648*** 1,654*** 1,690***
Elevé Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Age à l’accouchement **
< 20 ans 1,502** 1,171 1,167 1,174 1,179
20-34 Réf Réf Réf Réf Réf
35 ans ou + 1,497** 1,378 1,381 1,371 1,373

130
Sexe de l’enfant
Masculin 1,049 1,084 1,086 1,081
Féminin Réf Réf Réf Réf
Vaccination
Aucune 1,529 1,309 1,365
Incomplète Réf Réf Réf
complète 0,932 1,120 1,108
Supplémentation
Non 0,881 0,914
Oui Réf Réf
Qualité de l’eau de boisson ***
Non potable 1,834*** 0,807
Potable Réf Réf
Etat morbide *** ***
N’a pas souffert Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
A souffert 1,673*** 1,628*** 1,253 1,241 1,220 1,187 1,189 1,190 1,192 1,186
Age de l’enfant
0-11 mois Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
12-23 mois 1,552** 1,441 1,619** 1,563* 1,574** 1,594** 1,594** 1,593** 1,529* 1,509
24-35 mois 1,267 1,272 1,418 1,390 1,377 1,343 1,337 1,342 1,301 1,283
36-47 mois 1,085 1,124 1,171 1,138 1,130 1,135 1,139 1,144 1,128 1,113
48-59 mois 1,261 1,305 1,395 1,390 1,385 1,336 1,326 1,326 1,298 1,282
Valeur du Chi2 14,835 113,045 121,639 135,141 155,077 157,621 157,905 158,788 159,769
Significativité du Chi2 ** *** *** *** *** *** *** *** ***
R-deux (Nagelkerke) 0,014 0,104 0,112 0,124 0,142 0,144 0,144 0,145 0,146
Effectifs 2315 2315 2311 2310 2310 2310 2310 2310 2309

131
Tableau 5.2.c : Effets bruts et nets des variables indépendantes sur l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans en milieu rural

VARIABLES (modalités) Effets bruts Effets nets


M0 M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8
Région de résidence *** *** *** *** *** *** *** *** ***
Adamaoua 0,337*** 0,341*** 0,367*** 0,382*** 0,387*** 0,384*** 0,388*** 0,388*** 0,382***
Centre 0,249*** 0,250*** 0,266*** 0,355*** 0,399*** 0,392*** 0,392*** 0,393*** 0,394***
Est 0,400*** 0,408*** 0,407*** 0,478*** 0,488*** 0,486*** 0,490*** 0,478*** 0,479***
Extrême-Nord 0,945 0,949 0,928 0,939 0,928 0,924 0,918 0,904 0,904
Littoral 0,206*** 0,214*** 0,206*** 0,287*** 0,337*** 0,333*** 0,337*** 0,333*** 0,337***
Nord Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Nord-Ouest 0,419*** 0,446*** 0,470*** 0,544*** 0,560*** 0,551*** 0,557*** 0,552*** 0,546***
Ouest 0,228*** 0,241*** 0,237*** 0,310*** 0,337*** 0,331*** 0,327*** 0,326*** 0,326***
Sud 0,215*** 0,222*** 0,227*** 0,314*** 0,350*** 0,348*** 0,352*** 0,347*** 0,348***
Sud-Ouest 0,495*** 0,513*** 0,474*** 0,588*** 0,689* 0,684* 0,688* 0,677* 0,677*
Religion *** *** ** ** ** ** ** **
Catholique/Protestant Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Autre chrétien/religion 1,487** 1,570** 1,540** 1,557** 1,559** 1,563** 1,554** 1,562**
Musulman 1,289** 1,010 0,939 0,974 0,980 0,973 0,968 0,976
Animiste/Pas de religion 2,203*** 1,397** 1,327** 1,313** 1,312** 1,327** 1,326** 1,320**
Niveau d’instruction *** *** *** *** *** *** ***
Sans instruction 1,950*** 1,239* 1,213* 1,202 1,216* 1,216* 1,216*
Primaire Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Secondaire ou plus 0,453*** 0,558*** 0,600*** 0,603*** 0,598*** 0,599*** 0,596***
Niveau de vie *** ** ** ** ** **
Faible Réf Réf Réf Réf Réf Réf
Moyen 0,510*** 0,802* 0,800* 0,790** 0,793* 0,795*
Elevé 0,288*** 0,513** 0,511** 0,507** 0,509** 0,516**
Age à l’accouchement
< 20 ans 0,954 0,962 0,953 0,947 0,954
20-34 Réf Réf Réf Réf Réf
35 ans ou + 0,964 1,071 1,075 1,071 1,073

132
Sexe de l’enfant *** *** *** ***
Masculin 1,436*** 1,486*** 1,491*** 1,494***
Féminin Réf Réf Réf Réf
Vaccination
Aucune 0,753* 0,770 0,805
Incomplète Réf Réf Réf
complète 0,892 0,897 0,892
Supplémentation
Non 0,873 0,890
Oui Réf Réf
Qualité de l’eau de boisson **
Non potable Réf Réf
Potable 0,841** 0,958
Etat morbide *** *** *** *** *** *** *** *** ** **
N’a pas souffert Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
A souffert 1,506*** 1,456*** 1,300*** 1,296*** 1,295*** 1,306*** 1,305*** 1,277*** 1,264** 1,266**
Age de l’enfant *** *** *** *** *** *** *** *** ** **
0-11 mois Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
12-23 mois 1,679*** 1,590*** 1,655*** 1,646*** 1,623*** 1,632*** 1,637*** 1,648*** 1,666*** 1,629***
24-35 mois 1,452*** 1,397** 1,423** 1,418** 1,390** 1,385** 1,384** 1,374** 1,368** 1,328*
36-47 mois 1,233 1,242 1,302* 1,291* 1,256 1,262* 1,262* 1,273* 1,265 1,230
48-59 mois 1,312* 1,345** 1,301* 1,288* 1,256 1,254 1,253 1,260 1,242 1,207
Valeur du Chi2 36,535 209,795 223,171 241,211 248,306 248,788 268,689 271,723 272,925
Significativité du Chi2 *** *** *** *** *** *** *** *** ***
R-deux (Nagelkerke) 0,017 0,093 0,099 0,106 0,109 0,110 0,118 0,119 0,120
Effectifs 3462 3462 3456 3453 3453 3453 3453 3453 3453

*** Significatif au seuil de 1%


** Significatif au seuil de 5%
* Significatif au seuil de 10%

133
5.2.5. Hiérarchisation des facteurs explicatifs

Nous ét ablissons d ans cet te s ection u ne h iérarchie d es f acteurs ex plicatifs d e l a


malnutrition de s e nfants de m oins de c inq a ns, identifiés p récédemment, selon l eur
contribution à l ’explication. Dans u n c ontexte d e limita tion budgétaire, l a h iérarchie
contributive d es f acteurs es t indispensable dans l a m esure o ù el le permet d e d éfinir d es
échelles de priorités pour l’action et la recherche (Beninguisse, 2003).

Le t ableau 5 .3 ci-après p résente l a co ntribution à l ’explication d es v ariables


déterminantes à l a v ariation d e l’ état n utritionnel d es e nfants. E lle e st calculée s uivant la
formule décrite au chapitre 3.

Tableau 5.3 : Contribution des variables à l’explication de l’insuffisance pondérale des enfants de
moins de 5 ans

Niveau Variables Khi-deux du Khi-deux du Contribution Rang


d'analyse explicatives modèle saturé modèle sans la (en %)
variable
Région de résidence 527,885 443,936 15,90 1
Niveau de vie 527,885 506,127 4,12 2
National

Niveau d'instruction 527,885 507,388 3,88 3


Sexe de l'enfant 527,885 510,695 3,26 4
Religion 527,885 516,960 2,07 5

Région de résidence 159,769 133,713 16,31 1


Urbain

Niveau de vie 159,769 138,659 13,21 2


Religion 159,769 149,484 6,44 3

Région de résidence 272,925 212,052 22,30 1


Sexe de l'enfant 272,925 252,563 7,46 2
Rural

Niveau d'instruction 272,925 259,009 5,10 3


Religion 272,925 261,226 4,29 4
Niveau de vie 272,925 265,881 2,58 5

Source : Exploitation des données de la MICS-2006, Cameroun

Il e n ressort q ue l e co ntexte d e r ésidence es t u n i mportant f acteur ex plicatif d e l a


malnutrition de s e nfants. E n e ffet, on not e un e p rédominance de l a région d e r ésidence d e
l’enfant co mme p rincipale v ariable ex plicative d e l ’insuffisance p ondérale p our l es t rois
niveaux d’analyse. Elle possède le plus grand pouvoir explicatif en milieu rural.

134
A c ôté de l a r égion de r ésidence, l e ni veau de vi e de s m énages vi ent e n s econde
position au niveau national et en milieu urbain. En milieu rural, c’est le sexe de l’enfant qui
revêt la deuxième plus grande contribution parmi les facteurs explicatifs.

5.3. Explication et discussion des résultats

Cette étude c onverge ve rs pl usieurs a utres menées dans d ifférents pays. Il en ressort
que t ous l es f acteurs co nsidérés ( le co ntexte d e r ésidence, l es f acteurs s ocioculturels,
socioéconomiques et les facteurs intermédiaires) ont une influence certaine sur la malnutrition
des enfants de moins de cinq ans au niveau national et en milieu rural. En milieu urbain, les
facteurs intermédiaires n’ont pas une influence significative sur la malnutrition des enfants.

Le contexte de résidence

Des variables influençant l’état nutritionnel des enfants, la région de résidence revêt la
plus grande importance au Cameroun. Que ce soit au niveau national, en milieu urbain ou en
milieu rural ; la région de résidence a gardé un effet significatif. Rappelons ici que les régions
septentrionales du Nord et de l’Extrême-Nord s’identifient comme des zones à haut risque de
malnutrition pour les enfants (aux trois niveaux d’analyse). Dackam et al (1993) attribuent ces
disparités constatées dans la répartition spatiale de la malnutrition dans une large mesure à l a
grande diversité géographique du Cameroun. En effet, nous avons montré au premier chapitre
que le Cameroun pouvait être divisé en plusieurs zones bioclimatiques ou agro-écologiques,
même si les limites de telles régions « naturelles » ne coïncident pas toujours avec celles des
unités a dministratives. Les p laines du N ord et de l’Extrême-Nord sont caractérisées p ar
l’aridité du climat, s’accentuant à m esure qu’on se rapproche du lac Tchad. C’est dans cette
partie que l ’on retrouve l es M onts M andara, d ’accès d ifficile, m arqués p ar u n climat
relativement sec. Les éléments f ondamentaux du m ilieu é cologique qui i nterfèrent i ci pou r
influencer l a s anté d es e nfants ou pl us pr écisément l eur é tat nut ritionnel s ont : le c limat, la
végétation e t l es s ols. En fait, c es éléments agissent : soit d irectement e n c onditionnant e n
particulier la régulation thermique et on sait que celle-ci est plus difficile pour les enfants en
bas âge ; soit indirectement, d’une part en favorisant la prolifération des agents infectieux ou
leurs ve cteurs, d’ autre p art en d éterminant l e type, l a q ualité et l a q uantité d e r essources

135
alimentaires et d ’eau (plus d isponible à cer taines p ériodes d e l ’année qu’à d ’autres et d e
quantité variable). De l’enquête menée au Cameroun par le SNAR en octobre 2000, il ressort
que l ’insécurité a limentaire e st particulièrement él evée d ans l es régions du N ord e t de
l’Extrême-Nord. La situation agricole des deux régions était si préoccupante que la campagne
en cours devait enregistrer un déficit céréalier de plus de 250 000 tonnes.

A cô té d es s pécificités des di vers m ilieux é cologiques, pl usieurs autres facteurs s e


conjuguent pour expliquer également les disparités régionales du r isque d’être malnutri pour
un e nfant. Par ex emple, l a p art d es d épenses co nsacrée à l a santé s elon l ’ECAM-II (2 001)
était estimée au niveau national à 7 ,6% (8,5% en milieu urbain contre 6,5% en milieu rural)
des d épenses t otales d es m énages. D’après l a m ême s ource, cette p art n ’est p as u niforme à
travers les régions : les régions de l’Extrême-Nord, de l’Est et du N ord dépensent beaucoup
moins pour ce service social essentiel par rapport à leur budget (respectivement 3,2%, 5,2% et
5,4%). A l’opposé, les ménages des régions du Littoral, du Centre et du Nord-Ouest sont ceux
qui y consacrent 9% ou plus de leur budget.

Une autre r aison pourrait être : la t rès f aible co uverture en i nfrastructure sanitaire d e
certaines régions, limitant ainsi l’accessibilité aux soins pour les plus jeunes en particulier. En
effet, les informations données par la carte sanitaire de 1999 au Cameroun et reprises dans la
SSS de 2001, font état du fait que les régions du Nord et de l’Extrême-Nord ont chacune une
structure s anitaire pour plus de 72000 ha bitants. La région du S ud-Ouest quant à el le a un
ratio de 44058 ha bitants pour un e s tructure s anitaire nettement supérieur à l a m oyenne
nationale qui est de 42623 habitants pour une structure sanitaire.

Au ni veau na tional, l es résultats ont m ontré que l e c ontexte de r ésidence influençait


également la m alnutrition d es e nfants vi a l es facteurs é conomiques. En effet, en p renant en
compte l’effet du niveau de vi e des ménages où vivent les enfants, l’influence du milieu de
résidence d es enfants s ’est e stompée. Ces résultats s ont c orroborés par l e R apport s ur l a
Pauvreté Rurale au Cameroun (MINPLAPDAT/PNUD, 2006) qui indiquait déjà que le niveau
de vie influence l’effort budgétaire des ménages en faveur de la santé et que cette différence
est nette entre les non-pauvres ruraux et urbains.

136
Les variables socioculturelles

La r eligion du c hef d u ménage où vi t l’enfant s’est distinguée comme un f acteur


explicatif de s on état n utritionnel pour l es t rois ni veaux d’ analyse. Les d ifférences d ’état
nutritionnel selon l a r égion s eraient l e r eflet des écar ts en tre l es m odèles cu lturels «
traditionnels » et les modèles culturels « modernes ». Les chrétiens catholiques ou protestants
ont pu m odifier leur vison du monde sur le type d’aliments et de soins à donner aux enfants,
contrairement aux autres religions et les animistes. Les résultats obtenus en milieu urbain font
par contre état d’une différence significative entre les chrétiens catholiques ou protestants et
les m usulmans uni quement. Cette différence n ’existe pas pour l es m odèles rural et national
lorsqu’on contrôle les autres facteurs explicatifs. L’urbanisation ne semble donc pas avoir une
influence considérable s ur l es c ommunautés m usulmanes. P our E vina ( 2005), de s r eligions
comme l ’islam a u C ameroun s ont restées : « longtemps at tachées au x m odèles cu lturels
traditionnels ».

Selon l’étude réalisée en milieu urbain camerounais par Odia Ndongo et al. (2006), il
apparaît que l es c ommunautés c atholiques et p rotestantes sont cel les qui p otentiellement
possèdent l e ni veau de c apital s ocial 22 religieux le p lus b as tandis que les communautés
pentecôtistes et m usulmanes possèderaient l e n iveau p otentiel d e cap ital s ocial religieux le
plus élevé. La même source révèle que le niveau de confiance des enquêtés est plus grand vis-
à-vis des m embres d e l eur communauté religieuse que vi s-à-vis des g ens en g énéral, ce qui
indique un capital social religieux plus important que le capital social dans l’ensemble de la
société s elon l a m esure d e M ontalieu et Baudassé ( 2006). S euls l es catholiques et l es
protestants enquêtés dé clarent da ns une p roportion plus gr ande f aire confiance a ux ge ns en
général qu’ aux m embres de l eurs c ommunautés. Ceci e xpliquerait pour quoi m algré
l’urbanisation, certaines communautés auront moins de chance d’écouter, voire de mettre en
pratique les règles d’hygiène et autres conseils favorables à la santé des enfants prodigués par
les médecins, infirmiers ou les nutritionnistes notamment.

22
L’idée centrale du concept de capital social est que les réseaux et les normes de comportement qui y sont
attachées ont une certaine valeur. Cette valeur est double, puisque le capital social est une richesse à la fois
pour les membres du réseau et pour l’ensemble de la société.

137
Par ailleurs, la relation inverse entre l’instruction de la mère et l’état nutritionnel des
enfants au n iveau n ational e t e n milie u r ural dénote, au f ur et à m esure q ue l a m ère es t
instruite, d’une pl us grande c apacité de c ette de rnière à a pprécier au moment oppor tun, les
différents be soins e t s oins n écessaires à l a s anté d e l ’enfant. Les m ères éduquées r ompent
généralement avec la tradition et les interdits alimentaires. Elles deviennent moins fatalistes à
l’égard d e l a m aladie et el les ad optent en m atière d’alimentation, de s oins à l ’enfant et d e
traitement d es ma ladies, un bon nom bre de s olutions qui de viennent pos sibles dans une
société en évolution. Tout ceci ayant des répercussions sur l’état de nutritionnel de l’enfant.

Pour D ackam et V an der P ol (1988) : « l’une des plus grandes influences de


l’éducation institutionnalisée est l’enseignement des connaissances médicales modernes ; là
où un tel enseignement est donné, à la mère en particulier, il peut changer du tout au tout les
soins qu’elle choisira de donner à son enfant et modifier significativement la survie de
l’enfant, souvent sans exiger des ressources économiques supplémentaires ». Que ce soit dans
le mode de vie ou dans la participation au niveau de la prise de décision, l’éducation sanitaire
est la composante de l’éducation globale qui est prise en compte par les auteurs. Ainsi, dans
plusieurs c adres conceptuels ( Akoto, 1985 ; P alloni, 1985 ; Garenne et V imard, 198 4)
l’instruction de l a f emme e st é galement un i ndicateur du ni veau de c ompréhension de s
services de santé et d’hygiène ainsi que de la capacité d’utiliser les services de santé existants.

En m ilieu ur bain, m ême s i on pe ut r emarquer u ne d ifférence s ignificative en tre l es


enfants des mères de niveau d’instruction primaire et ceux des mères de niveau secondaire ou
plus, la variable niveau d’instruction influence l’état nutritionnel des enfants via le niveau de
vie des ménages. Cet état de choses traduit le coût élevé de la vie en milieu urbain, limitant
ainsi l’accès aux aliments et soins de santé de qualité pour les ménages pauvres tant il est vrai
que l’instruction confère en milieu urbain, plus qu’en milieu rural, un certain confort de vie.

Les variables socioéconomiques

Le niveau de vie du ménage est l’indicateur composite qui a été choisi pour mesurer
l’impact de s f acteurs s ocioéconomiques s ur l a malnutrition de s e nfants. Son i nfluence s ur
l’état nutritionnel des enfants peut être située à p lusieurs niveaux. Les parents défavorisés ne
peuvent offrir une nourriture adéquate à leurs enfants, essentiellement parce qu’ils n’ont pas
assez d’argent pour acheter des aliments nutritifs. Les revenus très bas ont une conséquence
particulièrement d évastatrice : un a pport é nergétique dé ficient ou l a f aim, m alaise
physiologique provoqué par un m anque de nourriture. Par ailleurs, les horaires de travail des

138
parents a insi qu e l e m anque de t emps pour acheter e t p réparer de s r epas nour rissants
constituent d’autres obstacles à une bonne alimentation.

Un certain nombre d’études sur les ménages dans les pays en voie de développement
ont démontré l’existence d’une relation inverse entre le revenu et la malnutrition des enfants.
Le pa trimoine e n bi ens dur ables a une i ncidence pos itive s ur l’état n utritionnel d e l’ enfant
dans 17 s ur 20 pa ys d ’Afrique S ubsaharienne (Morrisson e t Linskens, 2000) ; de pl us, cet
effet e st l e pl us s ouvent t rès s ignificatif. L’effet a pparaît pl us e n z one urbaine qu’ en z one
rurale, p arce qu ’il di scrimine m ieux l es m énages e n vi lle, où b eaucoup p ossèdent pl usieurs
biens dur ables t andis qu’ en z one r urale b eaucoup de m énages pe uvent n’ avoir qu’ un s eul
bien, voire aucun, en raison d’une plus grande pauvreté.

Le type de toilettes utilisées par un ménage reflète également sa situation économique.


Les ménages pauvres ayant une probabilité moindre de disposer de toilettes adéquates et par
conséquent, les installations sanitaires inadéquates dont ils disposent augmentent le risque de
diarrhée et contribuent à la malnutrition des enfants.

Sexe de l’enfant

L’un des résultats importants ici est la malnutrition différentielle des enfants selon leur
sexe au niveau national et particulièrement en milieu rural. Contrairement au net retard (non
significatif au seuil de 5%) de -2 points qu’avaient les garçons par rapport aux filles en 2004
(EDSC-2004), l es g arçons sont p lus t ouchés cette f ois. On as siste l à à un retournement de
situation puisque ce constat était déjà fait en 1998 (EDSC-1998) mais plutôt chez les enfants
de moins de trois ans. Des études réalisées dans plusieurs pays mettaient déjà en exergue un
niveau de malnutrition plus élevé chez les garçons par rapport aux filles (EDS Niger, 1998 ;
Nstame, 2001 ; Bougma, 2007). De leur côté, Garenne et al (2000) constatent dans une zone
rurale au Sénégal que les filles sont légèrement avantagées sur le plan nutritionnel si l’on se
fie a ux m esures a nthropométriques. De m ême, à p artir d es d onnées de l ’EMIS-Bobo-
Dioulasso, G ueye ( 1987) m ontre que l a d étérioration d e l a cr oissance pondérale es t p lus
précoce et plus sévère pour les garçons que pour les filles.

L’attention accordée aux filles trouverait son essence dans les spécificités des sociétés
rurales. Les filles y sont beaucoup moins scolarisées qu’en ville et aident leur mère dans les
tâches domestiques dès leur plus jeune âge. Au-delà des raisons physiologiques évoquées par
Ntsame ( 2001), l es j eunes garçons échapperaient a u c ontrôle parental du f ait de l eur pl us

139
grande mobilité comparés aux filles. Autrement dit, ils souffriraient d’une négligence sociale
en milieu rural. A ce titre, Desgrées (1996) souligne que les filles sortent moins de la maison
que l es g arçons d ans l es s ociétés af ricaines ; elles attraperaient à la m aison d es m aladies
comme la rougeole que leurs frères contractent en dehors de la maison.

Pour conclure, nous disons que cette dernière partie a permis de mettre en évidence les
facteurs explicatifs de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans au Cameroun qui
sont : la région de résidence, la religion, le niveau d’instruction, le niveau de vie des ménages
et le sexe de l’enfant au niveau national et pour le milieu rural. En zone urbaine, trois de ces
cinq f acteurs s ont dé terminants : la r égion d e r ésidence, l a r eligion et l e n iveau d e v ie d es
ménages. Parmi ces facteurs, la région de résidence revêt une plus grande importance dans la
l’explication de l’état nutritionnel des enfants pour les trois niveaux d’analyse.

Par ailleurs, l’analyse tenant compte du milieu de résidence a révélé une malnutrition
différentielle des enfants selon leur le sexe en milieu rural ; ce facteur possédant le deuxième
plus g rand pouv oir e xplicatif. Les f acteurs i ntermédiaires, à l ’exception d u s exe en m ilieu
rural, se sont révélés non discriminants de l’état nutritionnel, toutes choses égales par ailleurs.

L’examen d es m écanismes d ’action a m ontré q ue le milieu d e r ésidence influençait


l’état nutritionnel des enfants via le niveau de vie des ménages, laquelle variable médiatisait
l’effet du ni veau d’instruction de s m ères e n m ilieu ur bain. Les m odèles p artiels e t g lobaux
utilisés ont été l’objet de tests d’adéquation qu’on qualifierait de satisfaisants.

140
CONCLUSION GÉNÉRALE

L es qu estions de santé en général et de nutrition en particulier sont de nos jours


indissociables des ch oix g lobaux f aits d ans l e cad re d es p rogrammes d e
développement i nitiés et m is en p lace p ar l es o rganismes i nternationaux et les pouvo irs
publics en Afrique au Sud du Sahara. Ces questions sont surtout basées sur l’amélioration de
la q ualité d e v ie d es populations. O r une popul ation bien por tante à l ’âge ad ulte p asse
nécessairement p ar u ne meilleure al imentation d ans l ’enfance. C ependant, l a p lupart d es
études antérieures ont mis en exergue l’impact négatif d’un certain nombre de facteurs qui se
conjuguent pour agir s ur l’état n utritionnel. D’après l es r ésultats de l ’EDSC-2004, près de
19% des e nfants de m oins de c inq a ns ont un p oids t rop f aible pour l eur â ge (insuffisance
pondérale). Ceci correspond à 9,5 fois le niveau attendu dans une population en bonne santé et
bien nour rie. Cette pr oportion e st r estée qu asiment i nchangée pui squ’en 2 006, l ’enquête
MICS trouvait le même taux de prévalence de la malnutrition. Face à l’ampleur du problème,
on a co nstaté u ne f orte mo bilisation d e l’ Etat, ma is le s a ctions c onduites ju squ’ici s ont
essentiellement o rientées v ers l ’aspect cu ratif av ec d e f ortes disparités da ns l a c ouverture
géographique. Les actions de prévention et de responsabilisation des communautés sont très
timidement ex écutées d ans u n co ntexte m arqué par l a p auvreté, des problèmes de f aible
couverture s anitaire, d ’hygiène et d ’assainissement et de faible t aux d’alphabétisation en
milieu rural.

Au r egard d e ce q ui précède, l ’objectif d e cette ét ude était d e r echercher l es


déterminants de la ma lnutrition des e nfants de m oins d e cinq ans au C ameroun.
Spécifiquement, elle visait à :

- Évaluer le niveau et les variations différentielles de la malnutrition chez les enfants de


moins de cinq ans ;
- Dégager le profil des enfants malnutris ;
- Identifier e t hiérarchiser l es f acteurs s usceptibles d ’expliquer l es n iveaux et l es
variations de la malnutrition, ainsi que les mécanismes d’action ;
- Formuler de s r ecommandations pe rmettant d’ améliorer l’état nut ritionnel de s pl us
jeunes.

141
La r éalisation de ces objectifs allait de pair avec cinq hypothèses dont la vérification
s’est faite à l’aide des données de la MICS-2006. L’évaluation de ces données montre qu’elles
sont d’une qualité acceptable pour l’étude.

Les paramètres an thropométriques d es en fants ont é té comparés aux n ormes ét ablies


par les nouvelles courbes de croissance publiées par l’OMS en 2006. Les résultats obtenus au
niveau des variations différentielles de la malnutrition ont montré une tendance similaire pour
les d eux standards a u n iveau na tional m ême s i on not e de s s cores ne ttement pl us f aibles
lorsqu’on ut ilise l e s tandard O MS/MGRS. Les é carts n égatifs s ont s uffisamment imp ortants
pour am ener l es agents d e s anté à p rendre d es d écisions inopportunes c oncernant d es
nourrissons nourris au sein dont la croissance leur paraît insuffisante et, de ce fait, à conseiller
inutilement a ux m ères de f ournir une a limentation c omplémentaire ou m ême de s upprimer
totalement l’allaitement au sein. C ompte tenu des avantages sanitaires et nut ritionnels de ce
type d ’allaitement, c ette in terprétation p otentiellement e rronée d u p rofil d e c roissance d e
nourrissons e n bonne s anté a llaités a u s ein a u ne gr ande i mportance e n m atière de s anté
publique. L’introduction pr ématurée d’ aliments de c omplément p eut êt re ex trêmement
dangereuse pour l es nou rrissons da ns de nom breux c ontextes, not amment l à où l e r ôle de
l’allaitement au sein dans la prévention de maladies infectieuses graves est essentiel pour la
survie de l’enfant (OMS, 1999).

Les résultats de l’analyse descriptive étaient en conformité, pour la plupart, avec ceux
attendus a u r egard de la revue d e littérature p réalablement ef fectuée. A insi, l ’Analyse
Factorielle en Composantes Multiples révèle que la plupart des enfants malnutris sont nés de
jeunes mères sans instruction, ne participant pas aux dépenses de santé dans le ménage et sur
lesquelles repose toute la responsabilité en matière d’éducation et d’alimentation des enfants
qui s ont s ouvent partiellement v accinés lorsqu’ils ne s ont t out s implement p as v accinés. I ls
vivent en milieu rural dans les ménages pauvres des régions du Nord, de l’Extrême-Nord, de
l’Adamaoua e t de l ’Est. Ces en fants consomment une e au non pot able e t sont i ssus de s
ménages où le chef est de religion musulmane, animiste ou même sans religion.

Les résultats de la régression logistique ont mis en évidence l’effet net de la région de
résidence s ur l’état nut ritionnel de s e nfants. La prévalence d e l a malnutrition est en core
élevée dans les régions septentrionales du Nord, de l’Extrême-Nord et en milieu rural au Sud-
Ouest. Malgré une amélioration constatée, comparativement à 1998 (standard NCHS), l e
niveau de l a p révalence de malnutris tr aduit e ncore un ni veau supérieur au niveau d ’alerte

142
reconnu internationalement (10%) compte tenu du caractère systémique et multidimensionnel
de la situation du problème et de ses implications socioéconomiques et culturelles. La qualité
des a liments c onsommés c onstitue un problème cr ucial, l ’alimentation es t p eu v ariée et
essentiellement composée de céréales pour les régions les plus touchées. La prise en compte
du s exe d ans l ’analyse a p ermis d e m ettre en ex ergue l a d ifférence significative d ’état
nutritionnel en faveur de filles en milieu rural notamment.

L’accessibilité éco nomique d es p roduits al imentaires d emeure ég alement


préoccupante. Elle est liée à des coûts de production élevés vis-à-vis d’une population dont le
pouvoir d’achat s’érode de plus en plus au fil du temps. Dans le milieu rural en particulier, il
est ad mis q ue l a p auvreté a u ne i nfluence d irecte s ur l ’insécurité al imentaire et p ar r icochet
l’état nutritionnel des plus jeunes.

Le bilan de la vérification empirique des hypothèses de travail est globalement positif.


Pour c hacune d es cinq hypothèses s oumises à l’ empirie aux tr ois niveaux d ’analyse, l a
relation postulée pouvait être :

- confirmée, c’est-à-dire vraie ;


- infirmée, c’est-à-dire fausse ;

Toutes les hypothèses formulées, à l’exception de la dernière (H5), ont été confirmées pour le
milieu r ural e t au ni veau na tional. E n m ilieu ur bain, les h ypothèses H 2, H 4 e t H5 ont é té
infirmées.

En cl air, les f acteurs ex plicatifs d e l a m alnutrition d es en fants d e m oins d e ci nq an s


sont dans l’ordre :

Au niveau national : la région de résidence, le niveau de vie, le niveau d’instruction, le sexe


de l’enfant, la religion.

En milieu urbain : la région de résidence, le niveau de vie et la religion ;

En milieu rural : la région de résidence, le sexe de l’enfant, le niveau d’instruction, la religion


et le niveau de vie.

En dépit des résultats évoqués précédemment, l’étude présente quelques limites qu’il
convient de souligner :

143
 L’effet de s élection de s e nfants dé cédés qu e n ous a vons m is e n é vidence d ans l e
troisième chapitre pourrait conduire à une s ous-estimation de la malnutrition dans l a
mesure o ù la p lupart d ’entre e ux q ui é taient atteints d e ma lnutrition sévère seraient
décédés avant la date de l’enquête ;

 Une de s i nsuffisances m ajeures de s i nformations i ssues de l a M ICS-2006 du


Cameroun est l e f ait q ue d es v ariables i ntermédiaires co mme l e t ype et la d urée d e
l’allaitement, le rang de naissance de l’enfant n’aient pas été saisies pour les enfants de
moins de cinq ans ;

 Le m anque d’ informations sur l a va leur nut ritionnelle des d ifférents repas p ropres à
chaque communauté limite quelque peu l’explication ;

 L’utilisation de l’indice poids-pour-âge reste limitée car il n e p ermet pas toujours de


distinguer les déficiences alimentaires de longue durée (retard de croissance) de celles
récentes (émaciation).

 Les modèles utilisés ignorent la dépendance intra-groupe (les enfants de moins de cinq
ans ayant une même mère par ex emple), et par conséquent pourraient conduire à des
variances es timées d es ef fets i ndividuels biaisées, donna nt d es i ntervalles d e
confiances trop étroits.

RECOMMANDATIONS

Le niveau de prévalence de la malnutrition est encore une préoccupation qui nécessite


une m obilisation co ntinue et à grande échelle de l ’Etat et d e s es partenaires qui doi vent
conséquemment adopter de nouvelles stratégies pour gérer au mieux la situation nutritionnelle
des en fants. Dans l e c adre d e l ’amélioration d e l ’état nut ritionnel d es pl us j eunes au
Cameroun, nous formulons les recommandations suivantes :

Au niveau politique et programmatique :

• Toute in tervention v isant à a méliorer l’ état n utritionnel des en fants doit c ibler en
priorité les régions du Nord, de l’Extrême-Nord et le milieu rural au Sud-Ouest. A cet effet, il
serait i mportant, à court terme, de créer d es c entres n utritionnels thérapeutiques dans l es
districts de santé situés en zone rurale de la région du Sud-Ouest, ceci en plus des 19 centres
opérationnels existant dans les hôpitaux de district des régions de l’Extrême-Nord, du Nord,

144
de l’Adamaoua et de l’Est. A moyen terme, il faudrait équiper chaque structure sanitaire sur
toute l’étendue du territoire d’un centre nutritionnel thérapeutique.

• Intégrer au x activités d e la S emaine d 'Actions d e S anté e t d e N utrition Infantile e t


Maternelle (SASNIM), la d istribution des p âtes n utritives « plumpy'nut »23 aux m ères d ont
les e nfants ont un poids très f aible p ar r apport à l eur âge ou pr ésentent de s s ignes
d’émaciation.

• Impliquer l es i ndustries agro-alimentaires s ur p lace. Il f aut q ue ces a cteurs f ortifient


les aliments qu’ils mettent en vente, qu’ils y ajoutent de la vitamine A par exemple.

• Améliorer la c ouverture g éographique de s actions de l utte co ntre l a p auvreté et


renforcer les activités en milieu rural.

• Accroitre l’accessibilité à l’assainissement en milieu rural notamment.

• Intégrer l’éducation nutritionnelle dans l’enseignement primaire formel et élaborer une


politique vi sant à g arantir a u m oins un ni veau s colaire s econdaire a ux jeunes f illes
permettraient d’améliorer l’état nutritionnel des enfants à long terme.

• Dans la mise en œuvre d’activités IEC pour améliorer les comportements des ménages
et en matière de nutrition et d’hygiène et assainissement, mettre l’accent sur les communautés
musulmanes e n milie u u rbain, les nouvelles r eligions c hrétiennes e t le s a nimistes e n mi lieu
rural.

• Mettre en p lace un pr ogramme de s ensibilisation de l a popu lation a u problème de


santé en rapport av ec l es en fants d e s exe masculin. Les act ions i nitiées à cet ef fet d oivent
s’étendre au milieu rural tout en incluant les lieux de culte et les établissements scolaires sans
oublier les centres de santé.

• Informer et éduquer les populations en milieu rural sur la prise en charge à domicile de
la diarrhée.

• Incorporer les nouveaux diagrammes de l'OMS dans les carnets de santé existants (cf.
annexe 6).

23
Nouveaux produits thérapeutiques dont l’apparition a révolutionné le traitement de la malnutrition.

145
Au niveau scientifique

 Promouvoir de s r echerches biodémographiques ba sées su r la croissance d es enfants


visant à mettre en place un standard africain de mesure de l’état nutritionnel des enfants. Cette
référence permettra de tenir compte des spécificités purement africaines dans la construction
des indicateurs anthropométriques pour les études futures sur la malnutrition des enfants.

 L’étude n ’a pas pu cer ner un certain n ombre d e f acteurs i dentifiés d ans la l ittérature
comme déterminants de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans. Cette limite est liée
au f ait q ue l’enquête MICS de t roisième g énération n e l es a p as s aisis. I l s erait intéressant,
pour les études futures, de recueillir des informations sur la durée de l’allaitement, l’intervalle
intergénésique, l’utilisation des centres de santé (les visites prénatales de la mère pour toutes
les naissances de moins de cinq ans), le rang de naissance de l’enfant et la religion de la mère.

Perspective de recherche

Dans une a pproche m ultiniveau, i l serait i ntéressant de m ener une é tude s ur l a


malnutrition différentielle des enfants selon leur sexe au Cameroun.

146
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155
ANNEXES

156
ANNEXE 1 24 : Le lien entre l’état nutritionnel et les OMD

Objectif 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim


La ma lnutrition a ffaiblit le c apital h umain e n p rovoquant d es e ffets ir réversibles e t
intergénérationnels sur le développement cognitif et physique.
Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous
La malnutrition réduit la capacité mentale. Les enfants dénutris ont moins de chances
d'être s colarisés ou on t pl us de ch ances d 'être s colarisés t ardivement : la f aim et l a
malnutrition réduisent les résultats scolaires.
Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
Les fillettes à l'abri de la faim et mieux nourries ont plus de chances de rester à l’école
et par suite, d'avoir plus de contrôle sur leurs choix futurs.
Les p réjugés contre l es f emmes d ans l e d omaine d e l ’accès aux ressources
alimentaires, de santé et de soins peuvent entraîner la malnutrition, et restreindre l’accès des
femmes a ux a ctifs. La r ésolution du pr oblème de l a m alnutrition a utonomise da vantage l es
femmes que les hommes.
Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile
La malnutrition est directement ou indirectement associée pour plus de 50% aux décès
d’enfants, et e lle c onstitue le p rincipal f acteur c ontribuant à la c harge d e mo rbidité d ans le
monde en développement.
Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle
La santé maternelle est compromise par la m alnutrition, qui est associée à la plupart
des grands facteurs d e r isque r elatifs à l a m ortalité m aternelle. Le retard de cr oissance et l a
carence en fer et en iode chez la mère posent tout particulièrement de graves problèmes.
Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
La m alnutrition pe ut accroître l e r isque de t ransmission du V IH, compromettre l a
thérapie antirétrovirale, et accélérer le déclenchement du sida clinique et le décès prématuré.
Elle accroît les risques d’infection par la tuberculose, ce qui entraîne la maladie. Par ailleurs,
elle réduit les taux de survie au paludisme.

24
Sources : SCN (2004). Comité permanent sur la nutrition des Nations Unies (ex-CAC/SCN)

157
ANNEXE 2 : Schéma conceptuel de l’UNICEF-1997

Malnutrition, décès,
inlinnité chez l'enfant

Ration diététique
inadéquate Maladie

ln iMuftisencta tt/ou ln Quantité ct qualité des ressources


errours4• connaiasancn.
oin•i q., ~ ..nilu<lu
existantes (humaines, écono-
d~crlmiiiWIItts ridu!Hr~ miques et organisationnelles! et
l'ec:c:tad• mloovn ilUX leur mode de contrôle
rtuourcts txialturtn

l.tuyst!nnt
poliliquea, tuttLftlt,
religieux,
ic011omiqutse1
10ciaux- ycoq~ria
leatatut réservé aux
lannes - limitent
l'llliliuliondet
ftiiOUfCN
polenliolltl

Source : UNICEF, 1998.

158
ANNEXE 3 : Tableaux croisés

Au niveau national :

Tableau 1A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables contextuelles

Standard OMS Standard NCHS


Variables (modalités)
Bnourri malnutri Bnourri malnutri Total
Adamaoua 515 85 488 112 600
Centre 813 66 800 79 879
Est 524 96 494 126 620
Extrême-Nord 471 209 436 244 680
Littoral 687 46 675 58 733
Région de Nord 481 227 456 252 708
résidence
Nord-Ouest 279 49 279 49 328
Ouest 459 37 451 45 496
Sud 330 36 317 49 366
Sud-Ouest 310 57 295 72 367
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
Urbain 2 103 212 2 057 258 2 315
Milieu de Rural 2 766 696 2 634 828 3 462
résidence
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777

Tableau 2A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables socioéconomiques

Standard OMS Standard NCHS


Variables (modalités)
Bnourri malnutri Bnourri malnutri Total
faible 1 767 569 1 671 665 2 336
moyen 1 625 249 1 564 310 1 874
Niveau de vie
élevé 1 477 90 1 456 111 1 567
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
Moderne 382 22 377 27 404
Type de toilette traditionnelle 4 485 886 4 312 1 059 5 371
Total 4 867 908 4 689 1 086 5 775
Sans occupation 195 15 192 18 210
Menage/Travaux
2 311 566 2 224 653 2 877
domestiques
Agriculture 1 365 252 1 305 312 1 617
Occupation de
Industrie/commerce 596 58 575 79 654
la mère
Etude ou
Service/Administration 402 17 395 24 419

Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777

159
Tableau 3A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables socioculturelles

Standard OMS Standard NCHS


Variables (modalités)
Bnourri malnutri Bnourri malnutri Total
Catholique/Protestant 3 197 466 3 100 563 3 663
Autre chrétien/religion 279 63 268 74 342
Musulman 977 245 924 298 1 222
Religion
Animiste/Sans religion
407 133 391 149 540
Total 4 860 907 4 683 1 084 5 767
Sans instruction 1 163 428 1 092 499 1 591
Niveau Primaire 2 109 379 2 033 455 2 488
d'instruction Secondaire ou plus 1 593 101 1 563 131 1 694
Total 4 865 908 4 688 1 085 5 773

Tableau 4A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables intermédiaires

Standard OMS Standard NCHS


Variables (modalités)
Bnourri malnutri Bnourri malnutri Total
Participation non 2 806 575 2 691 690 3 381
aux dépenses de oui 2 063 333 2 000 396 2 396
santé Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
Moins de 20 ans 778 158 737 199 936
Age à 20-34 3 374 606 3 258 722 3 980
l'accouchement 35 ou + 717 144 696 165 861
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
Masculin 2 375 505 2 291 589 2 880
Sexe de l'enfant Feminin 2 494 403 2 400 497 2 897
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
aucune 330 63 334 59 393
incomplète 2 625 524 2 544 605 3 149
Vaccination
complète 1 914 321 1 813 422 2 235
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
Non potable 1 662 431 1 587 506 2 093
Qualité de l'eau Potable
3 207 477 3 104 580 3 684
de boisson
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
Non 1 159 199 1 152 206 1 358
Supplémentation Oui 3 709 709 3 538 880 4 418
Total 4 868 908 4 690 1 086 5 776
N'a pas souffert 3 295 510 3 199 606 3 805
Etat morbide A souffert 1 574 398 1 492 480 1 972
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777
0-11 mois 1 156 169 1 202 123 1 325
12-23 mois 1 001 239 891 349 1 240
24-35 mois 906 178 846 238 1 084
Âge de l'enfant
36-47 mois 1 007 173 978 202 1 180
48-59 mois 799 149 774 174 948
Total 4 869 908 4 691 1 086 5 777

160
Aux niveaux Urbain et Rural :

Tableau 5A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction de la région de résidence

Urbain Rural
Variables (modalités)
Bnourri malnutri Total Bnourri malnutri Total
Adamaoua 202 32 234 313 53 366
Centre 470 23 493 343 43 386
Est 151 21 172 373 75 448
Extrême-Nord 94 30 124 377 179 556
Littoral 581 35 616 106 11 117
Région de Nord 105 38 143 376 189 565
résidence
Nord-Ouest 89 9 98 190 40 230
Ouest 215 9 224 244 28 272
Sud 99 11 110 231 25 256
Sud-Ouest 97 4 101 213 53 266
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462

Tableau 6A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables socioculturelles et
économiques

Urbain Rural
Variables (modalités)
Bnourri malnutri Total Bnourri malnutri Total
Catholique/Protestant 1 479 109 1 588 1 718 357 2 075
Autre
114 12 126 165 51 216
chrétien/religion
Religion Musulman 372 83 455 605 162 767
Animiste/Sans
134 8 142 273 125 398
religion
Total 2 099 212 2 311 2 761 695 3 456
Sans instruction 284 70 354 879 358 1 237
Niveau Primaire 711 87 798 1 398 292 1 690
d'instruction Secondaire ou plus 1 107 55 1 162 486 46 532
Total 2 102 212 2 314 2 763 696 3 459
faible 141 49 190 1 626 520 2 146
moyen 626 86 712 999 163 1 162
Niveau de vie
élevé 1 336 77 1 413 141 13 154
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Moderne 362 21 383 20 1 21
Type de traditionnelle 1 739 191 1 930 2 746 695 3 441
toilette
Total 2 101 212 2 313 2 766 696 3 462
Sans occupation 153 7 160 42 8 50
Menage/Travaux
1 001 129 1 130 1 310 437 1 747
domestiques
Occupation de Agriculture 182 34 216 1 183 218 1 401
la mère Industrie/commerce 426 28 454 170 30 200
Etude ou
341 14 355 61 3 64
Service/Adm
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462

161
Tableau 7A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables intermédiaires

Urbain Rural
Variables (modalités)
Bnourri malnutri Total Bnourri malnutri Total
Participation non 1 243 142 1 385 1 563 433 1 996
aux dépenses de oui 860 70 930 1 203 263 1 466
santé Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Moins de 20ans 285 38 323 493 120 613
Age à 20-34 1 532 136 1 668 1 842 470 2 312
l'accouchement 35 ou + 286 38 324 431 106 537
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Masculin 1 046 108 1 154 1 329 397 1 726
Sexe de l'enfant Féminin 1 057 104 1 161 1 437 299 1 736
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
aucune 77 12 89 253 51 304
incomplète 1 079 110 1 189 1 546 414 1 960
Vaccination
complète 947 90 1 037 967 231 1 198
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Non potable 211 36 247 1 451 395 1 846
Qualité de l'eau Potable
1 892 176 2 068 1 315 301 1 616
de boisson
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Non 471 43 514 688 156 844
Supplémentation Oui 1 631 169 1 800 2 078 540 2 618
Total 2 102 212 2 314 2 766 696 3 462
N'a pas souffert 1 502 127 1 629 1 793 383 2 176
Etat morbide A souffert 601 85 686 973 313 1 286
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
0-11 mois 474 39 513 682 130 812
12-23 mois 423 54 477 578 185 763
24-35 mois 422 44 466 484 134 618
Âge de l'enfant
36-47 mois 437 39 476 570 134 704
48-59 mois 347 36 383 452 113 565
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462

162
ANNEXE 4 : Histogramme des valeurs propres issues de l’AFCM
VALEURS PROPRES

APERÇU DE LA PRÉCISION DES CALCULS : TRACE AVANT DIAGONALISATION.. 2.3077


SOMME DES VALEURS PROPRES .... 2.3077

HISTOGRAMME DES 30 PREMIÈRES VALEURS PROPRES

+--------+------------+-------------+-------------+----------------------------------------------------------------------------------+
| NUMERO | VALEUR | POURCENTAGE | POURCENTAGE | |
| | PROPRE | | CUMULE | |
+--------+------------+-------------+-------------+----------------------------------------------------------------------------------+
| 1 | 0.2685 | 11.63 | 11.63 | ******************************************************************************** |
| 2 | 0.1753 | 7.60 | 19.23 | ***************************************************** |
| 3 | 0.1124 | 4.87 | 24.10 | ********************************** |
| 4 | 0.1057 | 4.58 | 28.68 | ******************************** |
| 5 | 0.0970 | 4.20 | 32.89 | ***************************** |
| 6 | 0.0957 | 4.15 | 37.03 | ***************************** |
| 7 | 0.0901 | 3.90 | 40.94 | *************************** |
| 8 | 0.0840 | 3.64 | 44.58 | ************************** |
| 9 | 0.0834 | 3.61 | 48.19 | ************************* |
| 10 | 0.0805 | 3.49 | 51.68 | ************************ |
| 11 | 0.0800 | 3.47 | 55.14 | ************************ |
| 12 | 0.0789 | 3.42 | 58.56 | ************************ |
| 13 | 0.0780 | 3.38 | 61.94 | ************************ |
| 14 | 0.0739 | 3.20 | 65.14 | *********************** |
| 15 | 0.0715 | 3.10 | 68.24 | ********************** |
| 16 | 0.0682 | 2.96 | 71.20 | ********************* |
| 17 | 0.0679 | 2.94 | 74.14 | ********************* |
| 18 | 0.0657 | 2.85 | 76.99 | ******************** |
| 19 | 0.0622 | 2.70 | 79.68 | ******************* |
| 20 | 0.0582 | 2.52 | 82.21 | ****************** |
| 21 | 0.0568 | 2.46 | 84.67 | ***************** |
| 22 | 0.0543 | 2.35 | 87.02 | ***************** |
| 23 | 0.0531 | 2.30 | 89.32 | **************** |
| 24 | 0.0494 | 2.14 | 91.46 | *************** |
| 25 | 0.0446 | 1.93 | 93.40 | ************** |
| 26 | 0.0416 | 1.80 | 95.20 | ************* |
| 27 | 0.0392 | 1.70 | 96.90 | ************ |
| 28 | 0.0306 | 1.33 | 98.23 | ********** |
| 29 | 0.0223 | 0.97 | 99.19 | ******* |
| 30 | 0.0186 | 0.81 | 100.00 | ****** |
+--------+------------+-------------+-------------+----------------------------------------------------------------------------------+

163
ANNEXE 5 : Association entre variables indépendantes

Tableau 1A5 : Association entre certaines variables indépendantes

Khi-deux de Pearson V de Cramer


Variables croisées
Valeur Signification Valeur Signification
Région de résidence*Ethnie du chef 16491,434 0,000 0,563 0,000
de ménage

Niveau de vie * type de toilette 1002,692 0,000 0,417 0,000

Niveau de vie * Occupation de la 1321,063 0,000 0,338 0,000


mère
Niveau d’instruction * Participation 250,473 0,000 0,208 0,000
aux dépenses de santé

p < 0,01 : Significatif au seuil de 1%

164
ANNEXE 6 : Diagrammes de l’OMS

Weight-for-age BOYS A\ World Health


U' Organization
Birth to 5 years (z-scores)

W HO ChiId Growth Standards

Weight-for-age GIRLS A\ World Health


'm Organization
Birth to 5 years (z-scores)

165

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