Facteurs Explicatifs de La M Au Cameroune
Facteurs Explicatifs de La M Au Cameroune
Facteurs Explicatifs de La M Au Cameroune
IFORD
FACTEURS EXPLICATIFS DE LA
MALNUTRITION DES ENFANTS DE MOINS
DE CINQ ANS AU CAMEROUN
Comité d’encadrement
Directeur : Dr. MIMCHE Honoré
Lecteur : Dr. NGANAWARA Didier
i
DÉDICACE
A mes parents,
Pour que vous vous souveniez toujours que la réussite en toute chose dans la vie se trouve au
bout de l’effort et de la persévérance.
ii
REMERCIEMENTS
La r éalisation d e ce t ravail a ét é p ossible grâce au p récieux co ncours de plusieurs
personnes physiques et morales. Qu’il me soit permis de remercier du fond du cœur tous ceux
qui, de près ou de loin, ont contribué à sa réalisation.
Un merci particulier au Dr. MIMCHE Honoré pour avoir accepté de diriger ce travail
et pour sa disponibilité malgré ses multiples occupations.
Je remercie M. NANAN Willibrod et tous mes amis pour leur soutien inconditionnel.
Je n e s aurais t erminer s ans r endre grâce à l ’Eternel n otre D IEU q ui, par-dessus t out,
m’a guidé tout au long de cette formation.
iii
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
BIT : Bureau International du Travail
BM : Banque Mondiale
CE : Communauté Européenne
FAO : Food and A gricultural O rganisation (Organisation des N ations U nies pour
l’Alimentation et l’Agriculture)
iv
INS : Institut National de la Statistique
MICS : Multiple Indicators Cluster Survey (Enquête par grappes à indicateurs multiples)
v
PSSA : Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire
vi
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE............................................................................................................................... ii
ABSTRACT ............................................................................................................................ xv
vii
CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE ............................................................................. 32
viii
3.4.2. Variables indépendantes ............................................................................. 85
4.1.8. Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants ....... 108
ix
5.2.4. Influence des variables intermédiaires ..................................................... 125
x
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 : Indicateurs démographiques de base .................................................................. 15
Tableau 1.3 : P art du budg et e xécuté p ar l e M inistère de l a s anté publ ique pa r r apport à
l'exécution du budget national de 1991 à 1998 ................................................................. 22
Tableau 1.4 : Production des principales cultures vivrières (en milliers de tonnes) .............. 27
Tableau 1.5 : Structure de la consommation totale des ménages urbains entre 1983 et 1996. 29
Tableau 4.1 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables contextuelles .................... 94
Tableau 4.2 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables socioculturelles ................. 97
Tableau 4.3 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables socioéconomiques .......... 102
Tableau 4.4. Proportions d’enfants malnutris selon la participation de la mère aux dépenses de
santé................................................................................................................................. 103
Tableau 4.6 : Proportions d’enfants malnutris selon les comportements des mères en matière
de santé et de nutrition de l’enfant .................................................................................. 106
Tableau 4.7 : P roportions d’ enfants m alnutris s elon l ’état m orbide e t l e g roupe d’ âges de
l’enfant ............................................................................................................................ 108
Tableau 4.8.a : Classification des facteurs associés à l ’état nutritionnel des enfants au niveau
national ............................................................................................................................ 108
Tableau 4.8.b : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu
urbain............................................................................................................................... 109
xi
Tableau 4.8.c : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu
rural ................................................................................................................................. 109
Tableau 5.2. c : E ffets b ruts et n ets d es v ariables i ndépendantes s ur l ’état nut ritionnel de s
enfants de moins de cinq ans en milieu rural .................................................................. 132
Tableau 1 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
contextuelles .................................................................................................................... 159
Tableau 2 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
socioéconomiques ........................................................................................................... 159
Tableau 3 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
socioculturelles ................................................................................................................ 160
Tableau 4 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
intermédiaires .................................................................................................................. 160
Tableau 5A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur état nut ritionnel e n f onction de l a r égion d e
résidence .......................................................................................................................... 161
Tableau 6 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
socioculturelles et économiques ...................................................................................... 161
Tableau 7 A3 : E ffectifs d' enfants s elon l eur é tat nut ritionnel e n f onction de s va riables
intermédiaires .................................................................................................................. 162
xii
LISTE DES CARTES, FIGURES ET GRAPHIQUES
Carte 1 : Indices nutritionnels selon la région .......................................................................... 31
Figure 2.2 : Schéma conceptuel de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans............. 59
Figure 2.3 : Schéma d’analyse de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans .......... 64
Graphique 3.1 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données de base) ................ 73
Graphique 3.3 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données corrigées) ............. 75
Graphique 3.4.a : Effectifs des enfants en fonction de l’âge (en mois) au niveau national ..... 76
Graphique 3.8 : P roportion d’ enfants d e m oins de 5 a ns s elon l eur é tat nut ritionnel a u
Cameroun .......................................................................................................................... 85
Graphique 4.3.a : Proportions d’enfants malnutris selon le niveau de vie des ménages ......... 98
Graphique 4.3.b : Proportions d’enfants malnutris selon l’occupation de la mère ................ 100
Graphique 4.3.c : Proportions d’enfants malnutris selon le type de toilette .......................... 101
Graphique 4.4 : Catégorisation des enfants selon certaines caractéristiques ......................... 114
Graphique 5.1 : Évaluation du pouvoir discriminant du modèle saturé M9 (au niveau national)
......................................................................................................................................... 120
xiii
RÉSUMÉ
Près de 19% d’enfants de moins de cinq ans au Cameroun sont d’un poids trop faible
pour l eur âge. C eci c orrespond à 9,5 fois l e ni veau attendu da ns un e po pulation e n bonne
santé et bien nourrie. De ce constat et de celui d’un Taux Annuel Moyen de Régression de 2%
au lieu des 2,8% nécessaire pour l’atteinte de la seconde cible de l’OMD 1, l’étude analyse les
facteurs explicatifs de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans au Cameroun à l’aide
des données de l’enquête MICS réalisée en 2006. Elle utilise les mesures anthropométriques
pour évaluer l’état n utritionnel des enfants e t s e b ase s ur l es n ouvelles n ormes d e
l’Organisation M ondiale d e l a S anté concernant l a c roissance de s nour rissons publ iées e n
2006. Partant de la description du contexte de l’étude, l’investigation s’est faite à l ’aide d’un
cadre théorique qui a permis de déboucher sur des résultats assez révélateurs.
Enfin, l’étude propose, pour une efficacité de la lutte contre la malnutrition des enfants
au Cameroun, des recommandations sur les plans politique, programmatique et scientifique.
xiv
ABSTRACT
Around 19% of children in Cameroon are underweight. It corresponds to 9.5 times the
level e xpected f or a h ealthy a nd w ell nour ished population. F rom t his obs ervation a dded t o
the av erage an nual r ate of r egression es timated at 2% i nstead of t he 2.8 % necessary for t he
achievement of t he s econd obj ective of M DG1, this s tudy analyses t he factors t hat ex plain
malnutrition of children below five in Cameroon with the help of data collected by MICS in
2006. It us es a nthropometric i ndicators t o m easure t he nut ritional s tatus of c hildren, a nd, i s
based on ne w norms of WHO concerning infants published in 2006. T he analysis goes from
the de scription of t he c ontext of s tudy t o bring out out standing results t hrough an
investigation into the theoretical framework.
Finally, this study suggests some political, programmatic and scientific proposals for
an efficient fight against malnutrition of children.
xv
INTRODUCTION GÉNÉRALE
« La réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, l’abaissement de la
mortalité infantile et la réalisation de tous les autres Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD) concernant la santé et l’éducation sont
largement tributaires des progrès en matière de nutrition. Si l’on ne vient pas
à bout de la dénutrition, il sera difficile d’atteindre les autres OMD »
Ann M. Veneman 1
E n 2006, pour l a pr emière f ois, l e nom bre d’ enfants qui m eurent a vant l eur
cinquième anniversaire e st t ombé en dessous de l a barre des 10 m illions, à 9,7
millions précisément. Cette r éduction représente un t ournant i mportant pour l a s urvie de
l’enfant. En effet, selon les estimations des années 1960, 20 millions d’enfants de moins de 5
ans mouraient chaque a nnée. Et , le n ombre d e décès d ’enfants baisse régulièrement d epuis
cette ép oque. C es es timations s ont l e fru it de s t ravaux du g roupe i nter-institutions pour l a
survie de l’enfant qui comprend l’UNICEF, l’Organisation Mondiale de la Santé, la Banque
Mondiale e t l a D ivision de l a popul ation ( Nations U nies). M algré l es p rogrès r éalisés,
l’atteinte du quatrième Objectif du Millénaire pour le Développement, qui consiste à réduire
de de ux t iers l e t aux de m ortalité de s e nfants d e m oins de c inq a ns d’ ici à 2015 , semble
compromise au r egard d u n iveau d e mo rtalité in fantile a ssez élevé d ans de nombreux pa ys
notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.
1
Directrice Générale de l’UNICEF (Avril 2006)
1
Lorsque l a nut rition n e r épond pa s a ux a ttentes de l’organisme (apport e n
micronutriments entre autres), il en résulte un grand préjudice pour les individus et l’ensemble
de la société. Lorsque les femmes enceintes ne reçoivent pas une alimentation adéquate, elles
mettent au monde des enfants présentant une insuffisance pondérale, ce qui compromet leurs
chances de survie. Lorsque les filles sont sous-alimentées, c’est leur capacité future de donner
naissance à d es enfants s ains q ui es t m enacée. La d énutrition et l es car ences en
micronutriments peuvent causer des retards de développement chez les jeunes pendant toute
l’enfance et l’adolescence, les rendant moins productifs une fois devenus adultes 2.
2
Voir l’annexe 1 pour le lien entre la Malnutrition et les OMD
3
Idem
2
Afrique d e l’ Est e t A ustrale et 3 5 % en Afrique de l ’Ouest e t Centrale). Pour l a pr oportion
d’enfants souffrant de cachexie (le poids des enfants est faible pour leur taille, ce qui dénote
une dé nutrition a iguë qu i a pparaît s ouvent da ns l es s ituations d’ urgence), l ’Asie du S ud est
suivie p ar l ’Afrique d e l’Ouest et C entrale ( 10 %), l e M oyen-Orient e t l’Afrique du N ord
(8 %) e t l’Afrique de l’Est et Australe (7 %). Toutefois, certains progrès ont été réalisés : la
proportion d’enfants présentant une insuffisance pondérale dans les pays en développement a
été ramenée de 33 % à 28 % entre 1990 et 2004. Pendant cette période, la baisse la plus forte
a ét é en registrée d ans l a r égion d e l ’Asie d e l ’Est et d u P acifique, o ù l e p ourcentage a ét é
ramené d e 25 % à 15 % . M ais i l n’ y a pa s e u de grands c hangements e n A frique
subsaharienne, où l e taux d’insuffisance pondérale est resté pratiquement le même de 1990 à
2004 (UNICEF, 2006) . En ef fet, cette absence d e p rogrès co njuguant s es ef fets av ec
l’accroissement d émographique au gmente le nom bre t otal d ’enfants pr ésentant un e
insuffisance pondé rale. Le T aux Annuel M oyen d e Régression (TAMR 4) d ans l e m onde est
de 1,7 % en 2006. S i rien n’est fait, l’UNICEF estime que 50 millions d’enfants qui auraient
pu bénéficier d’une alimentation suffisante d’ici à 2015 seront lésés et leur vie sera en danger.
L’Afrique de l’ Ouest et Centrale (TAMR de 1,6 %) et l’Asie du Sud (1,7 %) ont progressé,
mais pas suffisamment pour atteindre la seconde cible de l’OMD 1 (UNICEF, 2006). Selon la
même s ource, l e C ameroun a régressé à un r ythme d’environ 2 % par an, pas assez pour l a
réalisation de l’OMD 1.
4
Le rythme de changement nécessaire pour parvenir au but est un taux (TAMR) constant de 2,8 % pour
tous les pays.
5
Denis Garnier, Chargé de la nutrition au bureau de l’Unicef à Yaoundé.
3
Centre, soit 17% en ce qui concerne l’insuffisance pondérale modérée (UNICEF, 2006). Selon
l’enquête MICS de 2006, les niveaux de malnutrition sont restés assez élevés chez les enfants
de m oins de c inq a ns au C ameroun : 30,4% s ouffrent d’ un r etard de c roissance m odéré,
19,3% s ouffrent d’ une i nsuffisance p ondérale m odérée et 6 ,1% d’ une é maciation m odérée.
Ces pr oportions s ont ne ttement s upérieures à c elles q ue l'on s 'attend à t rouver d ans une
population en bonne santé et bien nourrie (respectivement 2,3% et 0,1% pour les insuffisances
pondérales m odérées et sévères). Les m oyennes g lobales c alculées pour l es r égions, voi re
pour c haque p ays m asquent g énéralement d es d isparités. U n p ays à faible t aux m oyen
d’insuffisance pondérale peut conserver d’importantes poches de dénutrition dans une région
donnée ou parmi certains sous-groupes de la population.
L’Enquête Nationale sur la Vitamine A et l’Anémie réalisée en 2000, montre que 40%
des enfants de moins de cinq ans souffrent de la carence en vitamine A. Par ailleurs, 57% des
enfants de 1 à 5 a ns e t 53% de s f emmes enceintes s ont a némiques. Les pr oblèmes
nutritionnels s ont à l ’origine de m illiers de dé cès de j eunes e nfants e t de f emmes, d’ une
réduction drastique du potentiel intellectuel et d’énormes pertes économiques. Ils représentent
un véritable frein pour le développement du pays et compromettent les efforts de lutte contre
la pauvreté.
4
sur la mo rtalité in fanto-juvénile s ont i mportants. A insi, la r éduction d e la ma lnutrition
contribuera fortement à l a b aisse d e l a m ortalité des en fants au Cameroun et p ermettra à c e
pays de bé néficier du pot entiel r éel de s a popul ation pour s on dé veloppement é conomique,
social, politique.
Pour a tteindre c es obj ectifs, les d onnées u tilisées seront celles co llectées l ors d e
l’Enquête pa r G rappe à Indicateurs M ultiple (MICS) de tr oisième génération r éalisée au
Cameroun e n 2006. Nous ferons r ecours a ux nouvelles co urbes d e r éférence d e l ’OMS
(OMS/MGRS 6 - 2006) pour é valuer l ’état nut ritionnel de s e nfants. En ef fet, l'Organisation
Mondiale d e l a S anté ( OMS) a publ ié, en av ril 2006 , de nouve aux s tandards p ermettant
6
Multicentre Growth Reference Study
5
d'évaluer l a croissance des en fants de l a n aissance à l 'âge d e 5 an s. C es s tandards o nt ét é
élaborés pour remplacer les courbes de référence internationales NCHS qui étaient l’objet de
vives c ritiques. Ces d ernières (les co urbes N CHS) ne s ont pa s adaptées pour é valuer l a
croissance d'enfants nourris au sein, car elles ont été réalisées par la mesure d'enfants pour la
plupart non a llaités, c omme c 'est d' ailleurs l e c as pour l a pl upart de s c ourbes de c roissance
actuellement u tilisées. Les s tandards O MS (WHO S tandards) reflètent u ne cr oissance d ans
des c onditions opt imales e t pe uvent ê tre ut ilisés pour é valuer l a c roissance e n t outes
circonstances, indépendamment de l’origine ethnique, du statut socio-économique et du mode
d'alimentation. Cette é tude s ’inscrit d ans le s premiers p as d e l’ utilisation d es n ouvelles
courbes de référence de l’OMS publiées en 2006.
6
CHAPITRE I : CONTEXTE DE L’ÉTUDE
Depuis 1996, les institutions de la République sont régies par la constitution révisée. Il
faut s ignaler que cette révision c onstitutionnelle a c onsacré la d écentralisation d e la g estion
des af faires d e l ’Etat. D es s tructures d écisionnelles r égionales s ont p révues au n iveau d es
régions. Il est prévu que de toutes ces institutions centrales et régionales se mettront en place
au fur et à mesure des exigences de l’heure et des moyens nécessaires à cet effet. Ainsi, à la
faveur du dé cret pr ésidentiel N ° 2008/ 376 du 12 nove mbre 2008 por tant or ganisation
7
Les informations contenues dans cette section, lorsque mention n’est pas faite du contraire,
proviennent de l’EDSC-2004.
7
administrative de l a R épublique du C ameroun, l e t erritoire e st or ganisé en c irconscriptions
administratives et constituent des circonscriptions administratives : les régions, départements
et les arrondissements. Ce décret consacre le début de la décentralisation et transforme les dix
provinces du C ameroun en dix régions. Avec l a décentralisation, les r égions complètent et
corrigent les différentes actions dans le domaine de la santé. Ce dispositif vise à assurer et à
adapter l ’offre d e s oins aux car actéristiques d e chaque t erritoire. C’est a insi que certains
secteurs s e retrouvent renforcés en fonction de s be soins de l a pop ulation : maternité,
alimentation, urgences, gériatrie.
8
La région est propice à l’élevage du bovi n et à la culture du coton, de l’oignon, du m il, de la
pomme de terre, de l’igname blanche et des arachides.
Au Cameroun, il existe quatre saisons: deux saisons sèches (une petite et une grande)
et d eux s aisons p luvieuses ( une p etite et u ne grande é galement). C ette variation des s aisons
renvoie à une saisonnalité de la malnutrition due à la variation des composantes climatiques
citées p récédemment. C elles-ci c onditionnent l a di sponibilité e n e au, s urtout da ns l es z ones
sans adduction d'eau alors qu'on sait que la consommation directe de l'eau de mauvaise qualité
ou son usage pour la préparation des aliments, surtout les aliments de sevrage du nour risson,
expose à la morbidité (Ngo Nsoa, 2001).
Les fluctuations l ocales du c limat qui i nfluencent l a qua lité de s s ols pe uvent i nduire
des v ariations d ans l a p roduction ag ricole. C ette dernière es t s usceptible d'affecter d e f açon
inégale l 'état n utritionnel d es en fants, ca r à ch aque cl imat co rrespond un t ype particulier d e
végétation et de ressources végétales et animales. Les individus se nourrissent différemment
selon les ressources alimentaires disponibles dans les régions où ils vivent.
8
Les informations contenues dans cette section, lorsque mention n’est pas faite du contraire,
proviennent de l’EDSC-2004.
9
riches d’Afrique Centrale. Cependant les habitudes alimentaires des populations ne favorisent
pas toujours une alimentation quotidienne équilibrée avec une répercussion néfaste sur l’ état
nutritionnel de celles-ci.
10
En 1994, la dévaluation du Franc CFA favorise le retour de la croissance économique.
La s ituation m acroéconomique s 'améliore, not amment da ns l es s ecteurs e xportateurs et au
niveau de s finances pub liques. La dé cennie qu atre-vingt d ix es t m arquée p ar l es r éformes
structurelles q ui p ermettent d e consolider l es éq uilibres m acro-économiques. Le pa ys
bénéficie du s outien f inancier du F onds M onétaire International et d e l a B anque M ondiale
sous f orme d' une F acilité d'Ajustement S tructurel R enforcée ( FASR) d e t rois an nées
(1997/2000). La croissance est ininterrompue depuis six ans et a atteint un taux moyen de 4,7
% du P IB entre 1997 e t 2000. P our l a pé riode 1999-2000, l e P IB p ar habitant é tait d e U S
$840. N éanmoins, l a c rise é conomique a a ccentué l a pr ession de l a dette e xtérieure e t
l'accumulation des arriérés de paiements. Elle est estimée, en pourcentage du PIB, à 74,8 %
pour 2000/2001. En octobre 2000, l e Cameroun bénéficie de l'allégement de la dette au titre
de l 'Initiative en f aveur d es P ays P auvres T rès E ndettés ( PPTE) e t s ouscrit à la n ouvelle
approche de réduction de la pauvreté. Le pays s'engage à utiliser les ressources additionnelles
ainsi obt enues pour r enforcer l es services s ociaux d e b ase, es sentiellement l a s anté et
l'éducation. L'initiative de r éduction de l a de tte de vait r endre di sponibles de s r essources
additionnelles d'environ 37 milliards de FCFA pour 2000/2001 et 70 milliards de FCFA pour
2002/2003 (MINEPAT(a)/CE, 2001). Dans le cadre de la santé, les ressources de l 'Initiative
PPTE o nt é té o rientées principalement v ers l a lu tte c ontre le p aludisme, le V IH/SIDA, la
prévention des maladies évitables par la vaccination et le recrutement du personnel de santé.
Malgré une légère hausse de l'Indice de Développement Humain entre 1999 (0,506) et
2000 (0,512), le Cameroun est passé du 125 ème rang sur 162 pays en 1999 (PNUD, 2001) au
135ème sur 173 pa ys e n 2000 (PNUD, 2 002). Comme i ndiqué pl us ha ut, l’ECAM II mo ntre
que la pauvreté continue de toucher 40,2 % de la population malgré un recul de 13 points par
rapport à 1996 ( 53,3 % de pa uvres). Bien qu 'on obs erve un e croissance é conomique, l es
revenus et le pouvoir d'achat restent faibles même si l'écart entre le revenu moyen des pauvres
et l e s euil d e p auvreté s’est amélioré, passant de 19,1 % e n 1996 à 1 4,1 % e n 2001. La
répartition d es f ruits d e l a cr oissance r este i négale. La p auvreté ap paraît co mme u n
phénomène pl utôt f éminin e t r ural a u C ameroun. Les régions à pl us fort i ndice de pauvreté
sont cel les d e l 'Extrême-Nord, du N ord e t de l 'Adamaoua (MINPLAPDAT/PNUD, 2 006).
Toutefois, l a pa uvreté ur baine c onstitue un pr oblème grandissant c ar l ’appauvrissement d es
familles a eu pour conséquence la dégradation des indicateurs sociaux en général et celle des
indicateurs de santé infantile, maternelle et nutritionnelle en particulier. La vulnérabilité de la
femme s’est également accrue, entraînant la précarité de la situation de l’enfant.
11
Pour f aire f ace à c es d ifférents p roblèmes, l es autorités ont t our à t our opt é pour
l’introduction a u c ours des a nnées 1990, de l a D imension S ociale da ns l es P rogrammes
d’Ajustement S tructurel ( PAS) e t au c ours de s a nnées 2000 à l’élaboration d e S tratégies d e
Réduction d e l a P auvreté ( SRP). D ès l ors, les e fforts du pa ys vont dans l e s ens d e l a
stabilisation dur able de s g rands a grégats m acroéconomiques, l a c ontinuation de l a m ise e n
œuvre des stratégies de r éduction de la pauvreté dans le cadre du Document de Stratégie de
Réduction de l a P auvreté ( DSRP) e t la r éalisation d es O bjectifs d u Millénaire p our le
Développement à l’horizon 2015.
12
Plusieurs r eligions s ont p ratiquées au C ameroun en l ’occurrence l e c hristianisme,
l’islam et l’animisme. Il en découle une diversité culturelle qui présente ainsi différents traits
en matière de perception de la maladie, des soins à accorder aux enfants, de l’alimentation du
nourrisson et de l’attachement à l’enfant.
13
estime à p lus d e 2 18 000 les décès d ’enfants de m oins de ci nq an s suite à la ma lnutrition
protéino-énergétique à l’horizon 2011 si des mesures fortes ne sont pas prises.
Face à ces pr oblèmes d e popul ation, l e pa ys s 'est dot é d' une pol itique n ationale de
population dont le but est d' « améliorer le niveau et la qualité de vie de la population dans le
cadre d’un développement durable en conformité avec la dignité humaine et les Droits
Fondamentaux de l’Homme, en assurant notamment l’adéquation entre la croissance
démographique et les ressources disponibles et accessibles » 10 (MINEPAT(a), 2002).
En accord avec cette politique, les objectifs généraux suivants ont été définis :
10
cf. Déclaration de Politique Nationale de Population du Cameroun.
14
• am éliorer l es conditions n écessaires à l ’épanouissement e t à l a s auvegarde d e l a
famille et de l’individu ;
• améliorer les conditions de mise en œuvre et de suivi/évaluation des programmes de
population.
Ces obj ectifs gé néraux s ont t raduits e n obj ectifs s pécifiques, et le s o rientations
générales d e l eur m ise en œuvre s ont é galement dé finies. Leur e xécution s ’appuie s ur de s
stratégies opérationnelles élaborées dans chaque secteur (stratégies sectorielles des différents
ministères e t or ganismes). D es a ctions a ppropriées, qua ntifiées e t r éalistes s ont e ntreprises
pour atteindre les objectifs fixés. La coordination est réalisée par la Commission Nationale de
Population qui est secondée par un Comité Technique interministériel.
15
1.4.1. Politique de santé
Quatre ét apes m ajeures ont m arqué j usqu’ici l ’évolution de l a pol itique sanitaire du
Cameroun :
• La période coloniale où l’apogée de la stratégie d’Eugène Jamot ;
• La pé riode pos t-indépendance o u p hase d es expérimentations ax ée s ur l a s anté
communautaire av ait p our o bjectif général : « ex périmenter de s a pproches de s anté
communautaire, s usceptibles d’ assurer aux popul ations de s s oins de s anté t echniquement
valables et en harmonie avec leurs réalités locales » ;
• La période post Alma Ata basée sur les Soins de Santé Primaires dont le principe fut
adopté en 1982 ;
• La politique actuelle se situe dans le cadre d’une approche de la région africaine qui
tient compte d es s imilitudes d es s ystèmes s anitaires globalement e n d éclin. E lle tie nt ainsi
compte des recommandations i ssues d e certaines r encontres i mportantes or ganisées pa r l es
États africains au cours desquelles des stratégies concertées ont été développées.
16
• la participation de la communauté dans le but de son auto responsabilisation vis-à-vis
de ses problèmes de santé ;
• la mise en évidence du lien étroit entre le développement et la santé ;
• le respect des Droits de l’Homme, comme celui d’être informé et celui de l’intégrité
de l’individu, y compris son libre arbitre.
Dans l e cad re d e ces r éformes, l e cen tre d e s anté es t ap pelé à j ouer l e r ôle
d’intermédiaire entre la communauté et les services de santé ; c’est aussi dans les centres de
santé que sont dispensés les soins intégrés, continus et globaux. Ces réformes reposent sur :
• l e f inancement d es a ctivités d es S oins d e S anté P rimaires ( SSP) p ar l e b iais d es
contributions communautaires et non communautaires ;
• l e s uccès de l a m ise en œ uvre des S SP pa r l a s upervision e t l e S ystème N ational
d’Informations Sanitaires ;
• l e dé veloppement de l a pa rticipation c ommunautaire pa r l a m ise s ur pi ed e t l e
fonctionnement des structures de dialogue et de gestion.
La m ise e n œ uvre de ces pol itiques a c onduit à l ’élaboration du doc ument de la
Stratégie Sectorielle de la Santé qui a été adopté en octobre 2001 et révisé en 2002. Dans ce
document, l e G ouvernement c ompte à l’horizon 2010 ( i) r éduire de 1/ 3 au m oins l a c harge
morbide globale et la mortalité des groupes de populations les plus vulnérables, (ii) mettre en
place, à une heure de marche et pour 90 % de la population, une formation sanitaire délivrant
le Paquet Minimum d’Activités (PMA) et (iii) pratiquer une gestion efficace et efficiente des
ressources da ns 90 % de s f ormations s anitaires et s ervices d e s anté publics e t pr ivés à
différents niveaux de la pyramide.
17
2. la lutte contre la malnutrition;
3. la lutte contre les carences en micronutriments ;
4. l a p révention et l a p rise en ch arge d es m aladies n on t ransmissibles l iées à l a
nutrition ;
5. l e s outien nu tritionnel a ux g roupes vul nérables e t s ocio é conomiquement
défavorisés ;
6. la prise en charge nutritionnelle des personnes vivant avec le VIH/SIDA ;
7. la promotion de la sécurité sanitaire des aliments ;
8. la sécurité alimentaire et la formation ;
9. le recrutement des professionnels en Nutrition.
18
- Promotion de la communication sociale en matière de Nutrition.
19
d'absorption de s f inancements m is à disposition ( 25 % ) e t un e f aible a ppropriation pa r l e
système des actions des partenaires extérieurs (OMS, 2005).
Au ni veau d es i nfrastructures s anitaires, le t ableau 1.2 m ontre que sur p rès de 143
districts de santé que compte le pays, il n'y a que 130 hôpitaux de district. Néanmoins, le pays
compte a ussi 192 hôpi taux a ssimilés dont 78 pr ivés, 9 hôpi taux régionaux et 8 hôpi taux
nationaux. Il e st à p réciser q ue 412 a ires de santé s ur l es 138 6 n'ont p as d e cen tre d e s anté
intégré.
De façon générale, les formations sanitaires publiques ont une infrastructure vétuste et
des équipements obsolètes à cause du m anque de maintenance. Selon l’OMS (2005), cela est
dû à l'insuffisance de s c rédits e t a u m anque d'a ppropriation pa r l es na tionaux de s
investissements r éalisés par l es p artenaires ex térieurs. Le co ût d e l a r emise en état de c ette
infrastructure publique est estimé à 200 milliards FCFA. Sur l'ensemble des centres de santé
des secteurs public et privé à but non lucratif, 83 % sont du public, 17 % sont privés à but non
lucratif (Service catholique de santé 8,8 %, FEMEC 7,3 %).
20
régions de l 'Est, du Centre e t du S ud et d es t aux él evés dans l e S ud-Ouest, l 'Ouest et l e
Littoral (MINSANTE, 2002). Les populations les plus pauvres sont généralement exclues des
soins à cau se d e leurs coûts élevés et d e l'inaccessibilité g éographique d es lieux d e
consultation en milieu rural.
Pour l ’OMS ( 2005), l a chute d e l 'utilisation d es s ervices p ublics curatifs s erait liée
entre autres à la vétusté des infrastructures et des équipements, à l'insuffisance des ressources
financières et a u c omportement di scourtois du pe rsonnel s oignant, consécutif à l eur
démotivation e t d émobilisation ( mauvais a ccueil, c lientélisme, etc.). La s tagnation de l a
couverture v accinale autour de 50 %, e ntre 1993 e t 2000, cela malgré u ne importante
mobilisation de r essources e n f aveur du P EV pa r l e Gouvernement et s es p artenaires -
témoigne d e l a m auvaise p erformance d u s ystème de s anté. U ne r evue d u p rogramme a f ait
ressortir d es cau ses m ajeures, notamment l'insuffisance q ualitative e t q uantitative d u
personnel, de l 'offre de s s ervices de vaccination, ai nsi q ue l a d éfaillance d e l a g estion d u
programme. D'autres chiffres confirment le bas niveau de l'utilisation des services, malgré des
variations entre les différentes régions du pays : 12 à 33 % pour la consultation prénatale ; 5 à
22 % pour l'accouchement en maternité.
Il r essort du t ableau 1.3 qu’après 8 ans, l a pa rt d u budget a llouée, t out comme cel le
exécutée p ar l e M inistère d e l a S anté, n'ont pa s e ncore atteint le s 1 0% (recommandés) du
budget national et particulièrement de la part, en valeur relative, de celui du Ministère de la
Santé même si on peut noter une légère remontée après une chute importante en 1994-1995,
année de la dévaluation du FCFA.
21
Tableau 1.3 : Part du budget exécuté par le Ministère de la santé publique par rapport à l'exécution
du budget national de 1991 à 1998
Sources : Extrait MINEFI/Direction du Budget, Recueil des Lois de Finances (Hors financements extérieurs)
22
Dans seulement 21 % des cas, des soins ont été administrés au cours de la maladie (EDS III,
2004).
Les résultats de l’enquête CFSVA montrent que le paludisme est la première cause de
morbidité au Cameroun. Les proportions varient de 40 % au Sud-Ouest à 96% dans l’Ouest.
La d euxième m aladie af fectant l es p opulations r urales es t l a d iarrhée, m ais d ans d es
proportions plus faibles. Au Sud-Ouest et à l’Est, elle touche un tiers de la population et est
peu répandue d ans l es régions septentrionales o ù l es m aladies r espiratoires s ont pl us
communes. Les communautés rapportent que ces pathologies affectent le plus les populations
en saison pluvieuse (38 %), mais un tiers indique aussi qu’elles sont présentes tout au long de
l’année.
Pour ce qui est de la vaccination des enfants, le taux global de couverture est encore
faible. En effet, seulement 48 % d’enfants de 12-13 mois ont reçu tous les vaccins essentiels
(Polio, R ougeole, méningite, e tc.) e t 5 % d’entre e ux n’ ont e u a ucun va ccin. T outefois,
lorsqu’on considère les vaccins spécifiques, les taux de couverture sont plutôt encourageants.
Les r ésultats d e l ’EDS III indiquent que 86 % des e nfants de 12-23 m ois ont r eçu l e B CG,
65% les t rois dos es de DTCoq, 67 % celles d e l a P olio et 6 5% sont v accinés co ntre l a
rougeole. Par rapport à 1998, on note une nette amélioration de la couverture vaccinale (36%
d’enfants t otalement vaccinés en 1998) . Les e nfants qui bénéficient d’ une m eilleure
couverture vaccinale sont ceux de mères instruites, vivant en ville ou qui appartiennent à un
ménage rural plus aisé.
Malgré les efforts appréciables pour suivre les besoins de la population, les stratégies
mises en place n’ont pas encore produit les résultats escomptés. Selon l’OMS (2005), certains
facteurs sont à l’origine de cette situation. Parmi les plus importants, ceu x qui relèvent de la
difficulté à mettre en place les districts de santé : i) le Paquet Minimum de Soins qui n’est pas
effectif à c ause d u gel d u r ecrutement d u p ersonnel et d es d ifficultés d e sa g estion ; ii) le s
soins de s anté de b ase q ui restent i naccessibles géographiquement e t économiquement a ux
populations ; i ii) l es s oins de s anté de l a R eproduction de qua lité non d isponibles s elon l es
paquets m inima dé finis l ors du S ymposium N ational s ur l a S R ; i v) l a c oordination
intersectorielle qui n’a pas réussi ; v) l’absence d’un plan directeur national pour canaliser les
interventions des différents partenaires (Etat, coopérations bilatérale et multilatérale, ONG de
Santé et C ommunauté) ; v i) u n cer tain gaspillage d es r essources p ar u ne u tilisation non
efficace et efficiente.
23
On pe ut t outefois r elever que lques atouts : i) la d écentralisation d es s ervices e t la
participation de s communautés à l a gestion a ux di fférents ni veaux de s s ervices ; ii) le s
expériences pi lotes qu i dé montrent l es pos sibilités d e l’ approche d e d istrict ; iii)
l’accroissement d u s ecteur p rivé à b ut lu cratif e t n on lu cratif q ui p ourrait a ider l’ Etat à
augmenter l’accès aux soins ; iv) les possibilités de financement par les ressources internes ;
v) l’ impact d e la C ENAME s ur la d isponibilité e t le p rix d es mé dicaments e ssentiels
génériques vi) la définition d’un cadre conceptuel (Politique de SR, Normes et Procédures).
Une e au pot able et un environnement s ain s ont des éléments d e base pour l a bonne
santé des enfants. Une eau non pot able peut être un vecteur important de maladies telles que
le t rachome, l e ch oléra, l a f ièvre t yphoïde et l a s chistosomiase qui e xposent à l eur t our
l’enfant à un risque élevé de malnutrition. L’eau de boisson peut également être contaminée
par des produits chimiques, des matières physiques et radiologiques qui ont des effets néfastes
sur l a s anté h umaine. E n p lus d e s on as sociation au x m aladies, l ’accès à l ’eau p otable p eut
être p articulièrement imp ortant p our l es femmes et l es en fants, n otamment da ns l es z ones
rurales où le transport de l’eau qui s’effectue souvent sur de longues distances leur incombe
principalement. Les en quêtes (DHS, E CAM, M ICS) rendent c ompte de l’accès à l ’eau et à
l’électricité ainsi que des caractéristiques de l’habitat : existence ou non de toilettes et d’un sol
en ciment. L’impact des infrastructures sur la santé est clairement établi de nos jours : l’accès
à l ’eau p otable, l es t oilettes av ec ch asse d ’eau e t u n s ol en c iment é vitent d e nom breuses
maladies, notamment intestinales, qui retardent la croissance.
1.5.1. Eau
Les donn ées recueillies l ors de l a M ICS 2006 f ournissent que lques i nformations s ur
les s ources d’ approvisionnement e n e au. D ans l ’ensemble du C ameroun, e nviron s ept
personnes s ur di x ( 69%) ut ilisent une s ource a méliorée d’ eau pou r l a boi sson. Les
installations m odernes (robinets et bornes fontaines) fournissent de l ’eau à quatre personnes
sur dix (40%), les forages et les puits protégés à 29% de l a population. Les populations qui
utilisent ces installations ont recours aux robinets, qu’ils soient dans la maison (15% de cas)
ou chez l e voi sin (7%) e t aux bornes fontaines (18%). Le robinet d ans l e l ogement, dans l a
24
cour/parcelle, chez le voisin, le puits ou la source non protégée et la borne fontaine sont dans
l’ordre cité, les trois principales sources d’approvisionnement en eau de boisson.
En milieu urbain, neuf personnes sur dix (90%) font usage d'une eau provenant d’une
source améliorée contre moins de cinq personnes sur dix (49%) en milieu rural. Une personne
sur c inq ( 20%) en m ilieu ur bain di spose d 'un robinet da ns l e l ogement e t pr ès de t rois
personnes s ur di x ( 29%) ont a ccès à un r obinet ou une bor ne f ontaine p ublique. E n m ilieu
rural, c’est le puits à pompe ou le forage qui est relativement le plus utilisé (19%).
1.5.2. Assainissement
De manière générale, il ressort de la MICS 2006 que près de trois personnes sur cinq
(59%) utilisent comme lieu d'aisance des latrines à fosse ou un t rou ouvert. Cette proportion
est de 71% en m ilieu rural et de 47% en m ilieu urbain. En ce qui concerne l es i nstallations
sanitaires am éliorées 11, e lles s ont ut ilisées pa r 33% de l a popul ation; s oit 52% e n m ilieu
urbain contre 15% en m ilieu rural. Les principales installations améliorées utilisées sont les
latrines co uvertes d ans 21% d e cas , s uivies d e l oin p ar l es ch asses b ranchées à l a f osse
sceptique, s oit 9% . Le pourcentage de l a popul ation qui ut ilise l es i nstallations s anitaires
améliorées est plus élevé à Douala (65%), Yaoundé (61%) ainsi que dans les régions du Sud-
Ouest ( 54%) et du Littoral ( 50%) qu e da ns l e r este du pa ys. Les i nstallations s anitaires
sommaires c omme le s la trines à tr ou o uvert c onstituent le p remier mo de d’évacuation da ns
l’Adamaoua (8 2%), l ’Ouest (7 6%), l ’Est (7 4%), l e C entre (7 2%), l e S ud (6 9%), l ’Extrême-
Nord (65%) et le Nord-Ouest (62%).
11
Installation améliorée correspond à la chasse branchée à l’égout ou à la fosse septique ou à la latrine, ou à la
latrine améliorée auto aérée (LAA), à la latrine couverte ou le seau/pot/tinette.
25
23% de s m énages l es é vacuent da ns l es o rdures m énagères, les la issent à l' air lib re o u le s
enterrent. Ces mauvaises pratiques sont plus répandues dans le Sud (50%), le Centre (42%) et
l'Est (38%). La situation est meilleure à Douala (94%), à Yaoundé (92%) et les autres centres
urbains ( 78%) o ù l es ex créta d es en fants s ont co rrectement év acués. E n m ilieu r ural, cet te
évacuation n’est bien faite que pour un enfant sur deux.
26
de dé veloppement dur able s ont né cessaires p our f avoriser l a s écurité alimentaire et lutter
contre les carences nutritionnelles.
Tableau 1.4 : Production des principales cultures vivrières (en milliers de tonnes)
Source : Ministère de l’agriculture; MINEFI - Direction de la Prévision (2001) - Rapport économique et financier
27
qui a a bouti à l a c réation de s tructures t elles que le Fonds d’ Investissement de s M icro-
réalisation A gricoles et communautaires ( FIMA), le S ystème N ational d ’Alerte r apide
(SNAR) e t l’ Unité d e T raitement p ar V oie Aérienne ( UTAVA), l e pr ojet Éducation
Nutritionnelle et le projet des infrastructures de marché.
iii- Les c entres ur bains où c ertains groupes s ociaux s ont e xposés à de s dé ficits
alimentaires p ermanents à cau se d e l a f aiblesse d es r evenus. Les p auvres u rbains s ont
confrontés à des fluctuations des prix dues aux approvisionnements difficiles en nourriture.
28
produits pr otéiques, not amment d’ origine animale, c omme l e m ontre l ’évolution de l a
structure de consommation des ménages urbains (cf. tableau 1.5).
Tableau 1.5 : Structure de la consommation totale des ménages urbains entre 1983 et 1996.
29
Les causes s tructurelles de c ette s ituation vi ennent de l ’inadéquation de s pol itiques
nationales en matière de vulgarisation agricole ou de stocks de sécurité, celles-ci influencées
par les causes profondes, notamment les variations climatiques et l’impact des prédateurs de
récoltes. L’enquête E CAM 96 s ur l ’état nut ritionnel de s pop ulations ur baines c onfirme c es
tendances. Selon cette enquête, l’alimentation en milieu urbain est très déséquilibrée et expose
les consommateurs à des risques de carences et d’excès. Plus de 51,3 % des pauvres souffrent
de car ence d ’énergie co ntre 7 ,9 % pour l es intermédiaires et 4,2 % pour les familles aisées.
L’incidence de cette forme de carence est plus élevée dans les ménages dirigés par un homme,
soit 13,7 % c ontre 9,2 % a ux f emmes. Les c arences d e f er s ont également not ées da ns l es
ménages étudiés. L’incidence de cette forme de malnutrition est de 6,3 % dont 20,7 % pour
les pauvres, 7,3 % pour les intermédiaires et 1,4 % pour les riches.
Les difficultés d’accès à une alimentation saine et équilibrée se traduisent par un état
nutritionnel préoccupant de la population en général, et plus encore des enfants et des femmes
enceintes. En effet, les indicateurs de l’état nutritionnel des enfants au Cameroun cessent de
se détériorer d’année en année depuis 1991, comme l’indiquent les rapports des EDS de 1991,
1998 et 2004. Les données de l’EDSC-2004 montrent que 32% des enfants âgés de moins de
cinq a ns s ouffrent de m alnutrition c hronique m odérée, et de 13 % s ous s a f orme s évère. E n
outre 68,3% des enfants âgés de 6 à 59 m ois sont anémiés dont 4,8% sous une forme sévère.
Les r ésultats d e l ’EDSC-2004 i ndiquent c hez l es f emmes â gées de 15 à 49 a ns, que 45%
d’entre elles s ont an émiées ; c e p ourcentage es t d e 5 1% chez l es f emmes en ceintes. L’état
nutritionnel de s f emmes e n â ge de pr ocréer est un de s dé terminants d e la f orte mo rtalité
maternelle a u C ameroun ( 669 dé cès m aternels pour 100000 na issances vi vantes, E DSC-
2004). L’état nut ritionnel de s f emmes e n â ge de pr ocréer i nfluence aussi l ’issue de l a
grossesse, de la morbidité et de la mortalité des enfants.
30
Carte 1 : Indices nutritionnels selon la région
31
CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE
32
HINOJOSA et COINDET, 1865) qui travaillaient dans un village au Mexique (Briend, 1998).
Ces auteurs av aient o bservé l a p résence f réquente d ’œdèmes chez d es en fants d énutris à l a
période du sevrage. Ils avaient aussi remarqué la présence fréquemment associée de diarrhées
et l e r ôle d éclenchant d e l a r ougeole. C es m édecins av aient encore n oté q ue ce t ableau
clinique d ifférait n ettement d e cel ui d e l a p ellagre d éjà bien c onnu à l ’époque, même s i le s
enfants œ démateux suivaient un r égime à b ase de m aïs. Le di agnostic d e pellagre avait ét é
catégoriquement rejeté.
12
Partie orientale du Viêtnam actuel
33
Les années protéines
Les années pa ssant, un c ertain s cepticisme s ’installa q uant a u r ôle v éritable des
carences en p rotéines comme cau se d e m alnutrition i nfantile d ans l es p ays pauvres. O n
comprit dè s l ors que l es p rogrammes d ’aide v isant à augmenter le s apports a limentaires
protéiques a vaient un i mpact f aible, v oire négligeable. C ette conviction d evait s e renforcer
quelques années plus tard à la suite d’une étude portant sur plus de deux cents programmes de
supplémentation à l ’aide d ’aliments r iches en p rotéines et m ontrant q ue l eur ef fet ét ait en
général faible, sinon nul (Beaton et Ghassemi, 1982). Une remise en cause de ces programmes
s’imposait.
34
Protein Fiasco”, où il retrace l’évolution des idées sur le sujet. Cet article répandit l’idée selon
laquelle le problème nutritionnel le plus commun à travers le monde n’est pas une carence en
protéines mais un déficit d’apports en énergie.
b) De la malnutrition pluricarentielle
35
(figure 2.1) ouvre la voie à des politiques et stratégies nouvelles. De plus, un c ertain nombre
d'éléments s cientifiques se s ont accu mulés p our montrer que l a m alnutrition pe ndant l a vi e
fœtale et l a p etite en fance ac croît l a s usceptibilité d e d évelopper d es M NTA à l 'âge adulte.
Cette susceptibilité est exacerbée lors des modifications des modes de vie et de consommation
alimentaire liées au développement économique et à l'urbanisation.
Si, a u l ieu d’ une pe rspective pur ement s ectorielle, on a dopte une perspective
multisectorielle et pluridisciplinaire, les causes d e la malnutrition apparaissent différemment
et on pe ut r echercher, p lus que pa r l e passé, d es s olutions d’ envergure. Les c auses de l a
13
Approche développée par le Centre d’Étude et de Recherche en Population et développement (CERPOD),
Bamako-MALI, 2008.
36
malnutrition e t le d omaine d ’expertise à me ttre e n je u varient certes, mais selon l es
circonstances. N éanmoins, s ix f acteurs de m alnutrition s ont pa rticulièrement i mportants,
même si aucun d’eux n’est à lui seul la cause exclusive de la malnutrition, ni le seul secteur à
être concerné par les stratégies nutritionnelles. Ces six facteurs - les six «P»- sont :
• La Production, es sentiellement a gricole e t a limentaire, car l es agriculteurs et l es
Ministères de l’Agriculture ont un rôle vital à jouer dans l’amélioration de l’état nutritionnel.
• La Préservation ou conservation des aliments pour éviter le gaspillage et les pertes et
apporter une valeur ajoutée aux aliments grâce à la transformation.
• La Population, q ui a t rait au ssi b ien à l ’espacement d es n aissances au s ein d ’une
famille qu’à la densité de population dans une région ou dans un pays.
• La Pauvreté, qui ramène aux causes économiques de la malnutrition.
• La Politique : les c hoix e t le s a ctions p olitiques in fluencent la n utrition lorsqu’ils
n’en déterminent pas. Des politiques visant à promouvoir l’accès des femmes aux ressources
pour gé nérer d es r evenus, ceci pour l ’éducation e t pour l es s oins de s anté, amélioreraient
sensiblement le bien-être nutritionnel de toute la famille.
• La Pathologie : car l es m aladies, en p articulier l es i nfections, n uisent à l ’état
nutritionnel.
De nom breux phé nomènes c ontemporains ont une i nfluence di recte ou i ndirecte s ur
l'alimentation e t la n utrition d es p opulations : c roissance e t v ieillissement d e la p opulation,
urbanisation et i ndustrialisation, m ondialisation, problèmes e nvironnementaux, c hangements
climatiques. De manière pl us ou m oins prononcée, ces phénomènes modifient l es m odes de
vie et les pratiques alimentaires vers une plus grande sédentarisation (diminution de l'activité
physique due à l a m écanisation, à l 'utilisation de t ransports m otorisés, di minution non
compensée par des activités de loisirs ou sportives), une dépendance plus grande aux aliments
produits pa r d' autres ( l'autoconsommation di minue), une a ugmentation de l a c onsommation
d'aliments ma nufacturés, é nergétiques ma is à f aible d ensité n utritionnelle ( les in dustries
agroalimentaires p roduisent d es al iments av ec d es t eneurs s ouvent él evées en m atières
grasses, sel et sucre, faciles à t ransporter et à p réparer, et bon m arché) et une consommation
croissante de pr oduits a nimaux. O n obs erve é galement une a tténuation, s inon une p erte d e
transmission du savoir-faire et des traditions culinaires ancrées dans la culture, notamment de
certains r égimes r econnus co mme " protecteurs". Ce phé nomène c ontribue à une pe rte de l a
diversité alimentaire et culinaire.
37
Cependant, la conjoncture actuelle ne peut expliquer à el le seule le fait que la moitié
de l a popul ation m ondiale s oit t ouchée pa r de s problèmes nut ritionnels. Le s ous-comité d e
nutrition de s N ations U nies a a insi t enté d' analyser l es r aisons pour l esquelles on e st r esté
aussi l oin de s obj ectifs chiffrés de r éduction de s m alnutritions qui a vaient é té f ixés l ors du
sommet de l'enfance et de la CIN. Il a identifié cinq facteurs fondamentaux :
Absence de lieu pour que les universitaires/chercheurs et les représentants des
Organisations Non Gouvernementales (ONG) puissent dialoguer avec les autorités politiques
et les décideurs afin de faire avancer des initiatives dans le domaine de la nutrition ;
Échec fréquent des secteurs de l'agriculture et de la santé pour combiner leurs
forces dans la mise en place de plans d'actions cohérents ;
Rivalités au sein même d'un pays (souvent amplifiées par le soutien sélectif de
programmes spécifiques par des ONG, des organisations des Nations Unies, ou la coopération
bilatérale) ;
Incapacité de c ertaines i nstitutions f inancières à pr endre l es m esures
intersectorielles préconisées par la Banque Mondiale pour améliorer la sécurité alimentaire et
la santé dans la mise en place de plans de réforme et de développement économique ;
Échec de s a utorités pol itiques qui n' ont pa s r éalisé que de s pr ogrès r apides
pouvaient avoir lieu si elles donnaient la priorité à la nutrition dans leur répartition du budget
de l'Etat".
14
Les comportements d’attachement sont des signaux et des gestes d’approche (téter, s’agripper, suivre, pleurer, appeler,
crier, sourire, se rapprocher...) qui visent à maintenir l’enfant à proximité de sa figure d’attachement dans un but de
protection (recherche de sécurité) (Bouville, 2003).
38
diversification de ses apports nutritionnels au-delà du lait maternel (ingestion de la bouillie de
complément et de s a liments s olides a daptés à s es be soins nut ritionnels). Le corollaire «
négatif » de cette h ypothèse es t q ue l ’enfant i nsécure r efusera par des co mportements
anorexiques plus ou m oins prononcés de diversifier son alimentation avec des conséquences
potentiellement néfastes sur le plan nutritionnel, notamment dans un m ilieu tropical souvent
carencé de ce point de vue. Cette idée rejoint en particulier les travaux de Collomb et Valentin
(1980) qui considèrent le kwashiorkor (malnutrition sévère) comme une anorexie mentale de
l’enfance et u n symptôme ps ychosomatique se dé veloppant s ur f ond de m alnutrition
chronique.
Cette d imension r elationnelle dans l’ étiologie de la ma lnutrition in fantile a é té
reconnue par l’UNICEF (1990) sous le nom de « caring » (ou « soins ») comme une des trois
conditions essentielles – avec l’alimentation et la santé – à la croissance et au développement
de l’ enfant. C ette d imension r elationnelle e st d ’autant p lus v itale à la s urvie e t a u
développement de l ’enfant l orsque l es conditions de vi e s ont dé favorables (Bouville, 2003).
La malnutrition sévère est associée ici à un environnement familial très inadéquat du point de
vue de l’affection et de l’attention à accorder à l’enfant.
La relation de l’enfant avec d’autres adultes maternants, beaucoup plus variable dans
le t emps, j oue elle aussi un r ôle p rimordial da ns l a dé gradation ou l’amélioration d e s es
symptômes s ur f ond d’attachement i nsécure a vec l a m ère. P lus s pécifiquement, l a
39
malnutrition précoce semble associer au refus de l’enfant de diversifier ses relations, avec un
comportement d’attachement exacerbé envers sa mère, tandis que l’apparition plus tardive des
symptômes s emble d avantage lié e à l’ insensibilité d e l’ entourage ma ternant ( mère et autres
adultes) malgré les sollicitations diversifiées, cette fois, de l’enfant. Le maintien d’un bon état
nutritionnel e t l’ amélioration d es s ymptômes s ont a ssociés à u n a justement r elationnel «
sensible » entre l’enfant et plusieurs autres adultes maternants. Cette dynamique relationnelle
de prévention et d’amélioration des symptômes dépend notamment de la qualité de la relation
d’attachement mère-enfant de par son influence majeure sur le comportement de l’enfant, de
la ma turation p sychomotrice d e l ’enfant ( capacité p lus grande de s ollicitation et
d’exploration) e t d e l’ implantation s ociale d e la mère o u d e la famille. Le p rincipal f acteur
mis en exergue ici est l’allaitement maternel.
Allaitement
Les résultats d'une enquête conduite dans le Nord-Est de la Thaïlande, relayés en 2002
par J acqueline M ondot Bernard du C entre de D éveloppement de l ’OCDE, indiquent de s
niveaux cal oriques t rès faibles pou r l es en fants d e 6 m ois à 3 a ns. Il e st pr obable que
nombreux sont ceux dont le régime consiste jusque vers 18 mois uniquement en une quantité
de l ait m aternel de pl us e n pl us f aible, pui s e n une r ation i nadéquate d'a liments s olides ( riz
principalement). Toujours en Thaïlande, un e enquête conduite en 1974 auprès des m ères de
120 j eunes enfants (72 % ont m oins de 10 mois) hospitalisés pour m alnutrition pr otéo-
calorique grave, montre que seulement 17 % d e ces enfants sont allaités (51 % des femmes
travaillent en dehors de chez elles) et que 36 % des enfants ne sont nourris que de riz et d'eau.
Dans l es c onditions où il e st pr atiqué, le s evrage p artiel t rès p récoce provoque l 'arrêt de
croissance d e l 'enfant. T outes ces r aisons m ettant en l umière l es co nséquences d e
l'alimentation m al conduite du j eune enfant s ont en f aveur d e l a m ise à l a di sposition de l a
40
population d' aliments d e s evrage c onvenables, s ans pour a utant f aire di minuer l 'allaitement
maternel.
L'introduction précoce d'une alimentation de complément et/ou de fluides fait que les
enfants soient en partie rassasiés et, compte tenu de la capacité limitée de leur estomac, ils ont
tendance à moins téter, ce qui peut réduire la production de lait maternel. Cette pratique peut
ainsi entraîner é galement une di minution de l a f réquence d e l 'allaitement m aternel q ui, en
écourtant la d urée d e l 'aménorrhée p ost-partum, a ugmente l e r isque pour l a f emme d e
retomber en ceinte. L’OMS s ouligne l ’importance du colostrum et recommande a ujourd’hui
qu’il faut allaiter l’enfant durant la première heure de sa vie ; que durant les 4 premiers mois
aux 6 premiers mois de son existence.
Depuis de nombreuses années, la notion de « négligence sociale » est évoquée par des
chercheurs en sciences s ociales (anthropologues, démographes) comme pouvant ex ercer une
influence sur la ma lnutrition. U ne p remière th èse sociodémographique (Scrimshaw, 1978)
suggérait que certains enfants des pays en voie de développement seraient moins investis que
d’autres au s ein de f amilles à descendance é levée. Avec d e p etits es pacements de n aissance
entre les enfants, les derniers-nés recevraient moins de soins médicaux que ceux qui ont passé
le cap d e l a p remière a nnée. La négligence m aternelle et s ociale dans cette t hèse place la
mortalité infantile comme une réponse à une forte fécondité. Également, la taille de la famille
correspond a u t emps e t a ux r essources dont elle dispose (Frank, 1994). A insi, pour
Scrimshaw, l e m anque d e co mpétence maternelle i nvoqué par c ertains or ganismes
internationaux, pr écisément lors de l a r ééducation nut ritionnelle de l ’enfant, n’ est pa s un
manque d’ intelligence, de s avoir ou d’ habileté de l a femme m ais pl utôt une a bsence
d’engagement de la mère vis-à-vis de l’enfant.
41
maladie et de la mort, alors que, pour certains membres du pe rsonnel de santé, il révèle une
moindre affectivité résultant d’un vécu répété de mort d’enfants.
L’anthropologue Petitjean (1996) aborde l a que stion de certaines d e ces cat égories
d’interprétation. Le déséquilibre physiologique de l’enfant est associé dans certaines sociétés
africaines ( Sogo et S ere p ar ex emple dans l e c ontexte du B urkina Faso) à une d éviance
sociale. Il r appelle aux p arents, et donc à la s ociété, l’exigence d ’une m aîtrise d es rapports
sexuels après la naissance d’un enfant. Cela ne signifie pas pour autant que toute malnutrition
soit systématiquement associée à un désordre social. Ces catégories ont des causes variées et
variables s elon l’ histoire d u s ujet e t d e s a f amille, selon l’apparition d es s ymptômes e t
l’évolution de la maladie. Pour Bonnet (1996), le système interprétatif n’est jamais ferme et il
autorise a ussi bi en une e xplication mécanique (« l’enfant est n é petit e t me nu ») que
surnaturelle (sorcellerie) ou sociale (interdit sexuel du pos t-partum) et aujourd’hui médicale.
Le système est cumulatif et non exclusif.
42
Jaffré (1996) analyse les raisons qui conduisent les mères à ne pas « voir » la maladie
de leur enfant. L’explication qu’il en donne s’appuie sur la théorie des étiologies sociales. A
ce titr e, il e xplore la no tion de « danger », cause é voquée pa r l ’entourage du m alade pour
justifier la ma ladie. Cette p rocédure m éthodologique s ’abstient, l à aussi, de t out j ugement
moral : il n ’y a pas « un qui sait » et « un qui ignore », il y a deux mises en perspective de la
maladie. P rogressivement, on mesure l e m alentendu qui pe ut s ’installer e ntre l es i ndividus.
D’un c ôte, l e personnel s oignant, pa r s es r ecommandations, a ppréhende la ma lnutrition
davantage comme un déséquilibre nutritionnel que comme une maladie ; de l’autre, la famille
du malade qui ne comprend pas les raisons pour lesquelles on n’administre pas à l’enfant des
médicaments. S upplémentation nutritionnelle e t médicament n ’ont p as l e mê me s tatut : la
nourriture est collective, le médicament individuel. I1 est donc admissible d’un point de vue
social, pour les populations, d’acheter à l’enfant un médicament que de privilégier un membre
de l a f ratrie au n iveau alimentaire. La supplémentation n utritionnelle e ffectuée da ns une
famille rurale polygame au bénéfice de l’un des enfants risque de susciter des conflits entre
les é pouses. Ce qui pe ut ê tre pe rçu comme un « favoritisme » risque d e cr éer un e j alousie
entre deux ou plusieurs femmes aux relations déjà marquées par la concurrence.
Ethnie et religion
Les facteurs culturels tels que la religion et l’ethnie sont d’une grande importance pour
la prévalence de la malnutrition. Selon Akoto (1985), « la religion véhicule un certain nombre
de valeurs et de normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan comportemental,
physiologique, et psychique. Elle peut refléter l’ouverture à la civilisation occidentale
(religion catholique et protestante), le niveau de traditions des gens (religion traditionnelle),
et parfois la situation des individus dans la hiérarchie sociale ».
43
Les a ttitudes e t le s p erceptions va rient s elon l 'ethnie. O n obs erve un e r elation e ntre
l'ethnie, les croyances et la nutrition des en fants, notamment durant et après la grossesse, et
les pratiques d'allaitement et de sevrage (Rakotondrabe, 1996). Ceci s'explique par le fait que
dans certaines ethnies, l es interdits alimentaires par exemple privent les petits enfants et les
mères au co urs d e l eurs g rossesses de cer tains al iments riches en cal ories. Dans cer taines
sociétés, la crainte de l'accouchement d'un « gros bébé » amène certaines femmes à s e priver
de nour riture. Il e n résulte al ors u ne car ence d ans l eur alimentation et el les enfantent d es
bébés de petite taille et/ou à insuffisance pondérale.
En Afrique, les chrétiens ont pu profondément modifier leur vision du m onde et leurs
normes s ur l e t ype d 'aliments à donne r a ux e nfants. Ils ont a insi t endance à pr atiquer une
bonne alimentation des enfants qui a un effet positif sur l'état nutritionnel de ces derniers. A
l'opposé, la religion traditionnelle véhicule les valeurs traditionnelles ancestrales (Ngo Nsoa,
2001) qui s ont l e pl us souvent né fastes à la bonne nut rition de s e nfants. C ependant, l a
différence o bservée p eut ég alement r efléter l a v ariation d e l a s colarisation s elon
l’appartenance r eligieuse. A u C ameroun, l es c hrétiens ont pl us d e ch ance d e b énéficier d e
l’éducation moderne dans le cadre des écoles missionnaires ; la même situation est observée
au Sénégal (Rakotondrabe, 1996).
44
Tout comme pour la mère, le niveau d’instruction du partenaire est négativement lié à
la m alnutrition de l ’enfant. Les ni veaux de m alnutrition de s e nfants s ont d’ autant pl us ba s
que le niveau d’instruction du partenaire est élevé. Il joue également un grand rôle dans l’état
nutritionnel de s e nfants. N otons que l es hom mes à un ha ut ni veau d ’instruction s e m arient
généralement avec des femmes assez instruites et dans de tels cas, l’effet de l’instruction de
l’homme passe par celui de la mère.
Cette approche justifie la m alnutrition des enfants par l e n iveau d e v ie des m énages,
lequel es t l ui-même corrélé à l a q ualité d e l ’habitat, au t ype d ’activité é conomique d es
parents, à l ’accès à l’électricité, à l’eau pot able et à l ’assainissement. L'individu est dénutri,
voire mal nourri parce que le ménage n'a pas les moyens de lui procurer assez de nourriture de
bonne qua lité : c 'est l a t hèse dé fendue pa r Sen (1998). Murdoch (1985) à s on t our, a ssocie
malnutrition et pauvreté puisqu'il affirme que les ménages pauvres n'ont pas suffisamment de
nourriture à c ause du m anque de s m oyens f inanciers. P our l es t enants de c ette a pproche,
l'explication des variations de l'état nutritionnel des enfants en Afrique trouve son fondement
dans l 'inégalité du ni veau de vi e de s m énages. Toutefois, c ette opi nion e st r elativisée pa r
Delpeuch et a l (1996) qui f ont r emarquer q ue ma lgré la c rise économique (suivie d e l a
dévaluation du Franc C FA), c ertains plats culturellement sollicités sont cependant r estés les
mêmes. Akoto (1993) ne partage pas cette vision, car pour lui, l'état nutritionnel des enfants
ne s'explique qu'à travers les normes et valeurs sociales en matière d'alimentation. Cet auteur
souligne a insi l' importance d e l a c ulture e t de l 'organisation s ociale, not amment en ce q ui
concerne la co mpréhension d e c ertaines h abitudes al imentaires. A ce p ropos, i l s e p ose l a
45
question de l'importance p our u n m énage d e v ivre d écemment s i l a cu lture, à t ravers s es
interdits sociaux, ne permet pas à l 'enfant de consommer un bien nécessaire à s a croissance.
Dès lors, il est très peu indiqué de se focaliser uniquement sur les facteurs économiques pour
expliquer la variation de la malnutrition.
L’impact des infrastructures sur la malnutrition des enfants passe par l’état morbide de
ces derniers : l’accès à l’eau potable, les toilettes avec chasse d’eau et un sol en ciment évitent
de nom breuses m aladies, not amment i ntestinales, qui a rrêtent l a croissance ; l’électricité
permet d’utiliser un réfrigérateur.
46
La qualité de la toiture reflète assez bien la qualité générale du logement et les risques
de mo rbidité e t d e ma lnutrition y as sociés (Kuate D efo, 1997) . L’explication g énéralement
émise à ce n iveau es t q u’un l ogement moderne t end à pr otéger s es oc cupants c ontre de s
dangers de l ’environnement e t di minue a insi l ’exposition à la m orbidité, cau se d irecte de
malnutrition. L’existence d’un sol en ciment semble encore plus importante que la disposition
des toilettes. En effet, à t ravers l’étude réalisée dans 16 pays d’Afrique au sud du S ahara par
l’OCDE, cette variable a un coefficient significatif, qui peut aussi s’élever à 0,5 (soit un gain
de 1,8 centimètres à l ’âge d e 3 a ns), e t on not e un s eul pa ys a vec un c oefficient né gatif, le
Togo. Le coefficient de l a variable t oilettes est pos itif dans neuf pa ys, m ais négatif en z one
rurale au B urkina a insi qu’en z one ur baine a u Cameroun. La di sponibilité d e l ’eau pot able
s’avère t rès s ouvent u n f acteur s ignificatif (il l ’est d ans s ept p ays). La di sponibilité de
l’électricité a un coefficient positif 11 fois sur 18, avec des coefficients atteignant 0,7 (ce qui
correspond à un gain de 2,5 centimètres pour un enfant de 3 ans).
L’activité économique de la mère est une variable importante dans l’étude des causes
de la malnutrition. L’occupation de la femme peut influencer l’état nutritionnel des enfants à
travers l’alimentation de ces derniers (allaitement, sevrage) ou l’attention et les soins qui leur
sont accordés (Akoto et Tabutin, 1989). L'activité de la mère peut la contraindre à écourter la
durée d e l 'allaitement maternel et à p ratiquer l e s evrage p récoce et partant, f avoriser l a
survenance d e l a m alnutrition ch ez l 'enfant. Si en O ccident p ar exemple, l es f emmes
travailleuses recourent aux structures organisées pour assurer la garde des enfants, en Afrique
subsaharienne, e lles n 'ont d'a utres r ecours qu e de c onfier l eurs enfants aux m embres de l a
famille souvent très jeunes (frère, sœur, cousin (e), etc.) ou â gés (mère, belle-mère), voire à
47
une f emme d e m énage. C ela a u n i mpact n égatif s ur l a q ualité d es s oins à administrer à
l'enfant, notamment concernant son alimentation.
Par ailleurs, l’activité de la mère peut avoir un impact positif sur l'état nutritionnel des
enfants. A t ravers l 'amélioration du ni veau d e vie du m énage et de l a di sponibilité de s
ressources d u m énage, l'emploi d e l a femme permet d 'améliorer l a q ualité d es s oins à
administrer à l 'enfant, n otamment e n ma tière d 'alimentation e t d e s anté ( Bougma, 2007) .
Ainsi, l'exercice d'une profession par la mère est susceptible de nuire à l ’état nutritionnel de
l’enfant o u d e f avoriser s on am élioration. M ême s i l 'activité éco nomique d e l a m ère p eut
exercer à la fois un effet négatif et positif sur l'état nutritionnel des enfants, nous pensons que
son effet positif l 'emporte dans un c ontexte de pauvreté, dans la mesure où cette activité lui
permet d'avoir un pouvoir d'achat élevé et pourrait donc renforcer celui de son conjoint ou des
autres membres de la famille. Il s'en suit alors un meilleur état nutritionnel de l’enfant.
48
2.1.6. Approche biodémographique
La quantité d’aliments disponibles par personne dans une famille, dans un district ou
dans un pa ys e st l a qua ntité de nour riture pr oduite ou a chetée di visée pa r l e nom bre de
personnes qui y ont accès. U ne famille de hui t pe rsonnes, qui p roduit et ach ète l a m ême
quantité de nourriture qu’une famille de quatre personnes, dispose de moins de nourriture par
personne. Toutefois, dans les familles de producteurs, plus la famille est nombreuse, plus la
productivité f amiliale p eut ê tre imp ortante. Dans c ertains p ays, le p roblème d émographique
est généralement perçu comme un problème majeur. La surpopulation, la taille des familles et
l’espacement d es n aissances s ont co nsidérés co mme d es f acteurs d éterminants d e
malnutrition. Dans de nombreux pays, l’espacement des naissances est une priorité au sein des
structures gouvernementales responsables de la planification f amiliale. M ais to ut c omme e n
production, il serait naïf de croire qu’un contrôle des naissances ou une planification familiale
réussie résoudront à eux seuls les problèmes de faim et de malnutrition.
Les principaux facteurs mis en exergue dans cette approche et qui peuvent influencer
le statut nutritionnel des enfants sont : l ’âge et l e s exe d e l ’enfant, l’âge à la maternité et la
parité d e l a m ère, le s tatut ma trimonial e t l’indicateur d ’IMC d e cet te d ernière, l’intervalle
intergénésique, les infections et maladies contractées par l’enfant et enfin les soins préventifs.
Age de l’enfant
L’âge de l’enfant est dans l’ensemble parmi les variables les plus discriminantes : plus
l’âge augmente, plus la malnutrition prévaut (INSAH, 2008). L’alimentation du nourrisson et
du jeune enfant varie au fur et à m esure qu’il prend de l’âge : le nourrisson de moins de six
mois nourri au lait maternel bénéficie de la protection des anticorps de sa mère. Au delà de six
mois, le sevrage l’expose aux agents pathogènes et à la malnutrition lorsque les aliments de
sevrage ne sont pas assez riches pour couvrir les besoins de sa croissance.
Il est généralement o bservé q ue l a s anté d e l ’enfant t elle que m esurée par l’état
nutritionnel se d étériore s urtout d urant l a p remière an née d e v ie et c e j usqu’à l ’âge d e d eux
ans, pour se stabiliser plus au moins par la suite. Cette tendance a été constatée dans les pays
en voie de développement dont le Guatemala (Handa, 1999).
Quel que soit l’indice anthropométrique choisi, le taux de malnutrition augmente avec
l’âge d e l ’enfant d e l a naissance à 2 4 m ois au M ali ( EDS-2001), au Burkina Faso ( EDS-
2003), au Cameroun ( EDS-2004) et au Tchad (EDS-2004). C ette t endance s ’inverse t rès
49
rapidement et d e façon significative après 24 m ois pour l e poi ds/âge et l e p oids/ taille. L a
tendance est mitigée pour la taille/âge après 24 mois. Il apparaît clairement que la nutrition de
l’enfant est fonction de son âge. Le nourrisson de moins de 6 mois ne devra pas être alimenté
comme l’enfant de 6 à 1 1 mois et ce d ernier ne doit pas être alimenté comme celui de 12-23
mois (INSAH, 2008). Au Gabon, un grand nombre de décès surviennent entre 1 et 3 ans des
suites de rougeole et de malnutrition : maladies qui frappent rapidement après le s evrage de
l’enfant (Bakenda, 2004).
Sexe de l’enfant
Dans certaines sociétés où l’on a u ne préférence pour les enfants de sexe masculin, le
sexe de l’enfant joue un rôle important sur son état nutritionnel (Dackam, 1990). En Afrique
subsaharienne, de s a uteurs c omme Gbenyon et Locoh (1989), ont m ontré l ’existence d’ une
discrimination a limentaire s elon le s exe, ma is c ette d ifférence n ’était p as to ujours
significative. Au M ali, au cune d ifférence s ignificative d ans l ’état n utritionnel n ’a ét é
observée, ni en milieu urbain, ni en milieu rural (Mbacké et Legrand, 1992).
50
pourrait i maginer, l es f illes s ont pr esque t oujours pr ivilégiées. D ans de ux c as s ur t rois, on
obtient de s c oefficients né gatifs pour un garçon, da ns l es a utres c as, l e coefficient e st non
significatif et il e xiste seulement deux coefficients positifs pour les garçons (en zone urbaine
au Ghana et au Cameroun). Ces résultats confirment les conclusions de Svedberg (1998) et les
tests a ntérieurs ( un c oefficient né gatif pour l es g arçons a u B résil, e n C ôte d’ Ivoire, a ux
Philippines, m ais pos itif a u M aroc). Le c as du M aroc pour rait l aisser c roire qu’ on a ccorde
plus d’attention aux garçons dans les pays musulmans. Pourtant, on a observé une prévalence
de la malnutrition plus élevée chez les garçons dans des pays de confession musulmane. Au
Niger par exemple, il r essort des données relatives à la malnutrition que les petites filles ne
souffraient p as de discrimination e n ma tière de s oins e n général e t d’alimentation e n
particulier. La proportion des enfants touchés par la malnutrition chronique y est légèrement
plus élevée pour le sexe masculin (43%) que pour le sexe féminin (40%) (EDS Niger, 1998 :
154).
L’hypothèse qu’on puisse avancer serait que ce biais en faveur des filles diminue avec
le développement même s’il n’apparaît pas dans des pays moins pauvres comme le Zimbabwe
(Morrisson et L inskens, 2000) . De f açon générale, là o ù il n ’existe p as d e d iscrimination à
l’égard d es f illes, la ma lnutrition to uche d e m anière i dentique l es f illes co mme l es g arçons
(Ntsame, 2001).
51
chez les enfants nés de mères âgées de moins de vingt ans ou plus de trente cinq ans que celui
des enfants dont les mères ont un âge intermédiaire. Pour Penders et al. (2000), les enfants de
mères très jeunes ou âgées sont beaucoup plus exposés à un retard de croissance prénatale et à
une m ortalité él evée. C eci es t d û es sentiellement au x r aisons p hysiologiques et
comportementales. E n général, l es j eunes m ères n ’ont p as encore atteint l a m aturité
biologique. P ar a illeurs, e lles m anquent d’ expérience pouva nt l es a mener à a dopter de s
comportements a déquats e n m atière de nut rition de s e nfants. D u f ait de l eur m anque
d’expérience, el les n e s ont p as cap ables d e s ’occuper correctement d e leurs en fants et d e
satisfaire leurs besoins alimentaires, surtout lorsque l’état nutritionnel des enfants est menacé.
A l’âge élevé de la mère correspond très souvent un rang de naissance élevé. C’est surtout la
fatigue physiologique de la mère « syndrome d’épuisement maternel » qui confère à l ’enfant
une c onstitution f ragile à la n aissance, ainsi que l es m alformations c ongénitales qui l e
prédisposent à certaines infections (Akoto et Hill, 1988).
52
meilleure santé de l’enfant (Kuate Defo, 1996). L’idée généralement avancée ici est que les
enfants de f emmes non mariées s ont plus susceptibles de s ouffrir d’ une m alnutrition pl us
élevée d u f ait q u’ils ap partiennent à u ne f amille jouissant d’une s tabilité sociale plus faible.
Néanmoins, cette influence peut être inverse. Les enquêtes DHS permettent de distinguer les
trois cas : la famille monogame, la famille polygame et la famille monoparentale (la mère vit
seule). A propos de l’impact des structures familiales : dans 12 pays d’Afrique subsaharienne
(OCDE, 2000) , l es e nfants de s m ères qui vi vent e n uni on pol ygame ont un r etard de
croissance. Il y a un s eul c as, l a z one ur baine du G hana, où on not e l ’effet oppos é de l a
polygamie. En e ffet, l es pè res pol ygames ont , e n m oyenne, b eaucoup pl us d’ enfants et
d’adultes à nour rir, et m ême s ’ils d isposent de p lus d e r essources que l es autres, ces
ressources ne croissent pas en proportion des charges familiales. C’est ce qui explique aussi
cette di fférence not ée pa r S trauss ( 1990) e n C ôte d’ Ivoire : l es e nfants de l ’épouse l a pl us
âgée ( seule é pouse au dé but) s ont pl us g rands q ue c eux de l ’épouse l a p lus j eune. O n pe ut
supposer que l es f emmes s eules di sposent é galement de m oins de r essources. D e f ait, on a
obtenu un coefficient négatif dans 8 pays. Mais dans 4 pays (Ghana, Mali, Niger et Togo), le
coefficient est positif en zone urbaine. Il faut toutefois rappeler que dans la plupart des pays,
les mères qui vivent seules sont peu nombreuses et dans certains cas, elles se distinguent des
autres mères par un niveau d’éducation plus élevé ou la possession de biens durables. Si elles
sont a insi pl us « favorisées » matériellement que l es autres f emmes, l eur condition
monoparentale n’entraîne pas systématiquement une incidence négative sur les enfants.
53
Infections et maladies contractées
Les infections ont toutes un i mpact négatif sur l’état nutritionnel des enfants affectés.
La fréquence de ces dernières est une cause de la malnutrition aussi importante que le manque
de nourriture (UNICEF, 1986). La prévalence des maladies infectieuses tend à être maximale
à l a pé riode de pl us grande vul nérabilité nut ritionnelle c hez l ’enfant, c ’est-à-dire l orsque
celui-ci est âgé de six à vingt-quatre mois et que l’allaitement maternel à lui seul ne satisfait
plus ses besoins énergétiques et protéiques (Assi Adepo, 2008).
15
L’ummunosuppression désigne la déficience des mécanismes immunitaires.
54
Toutes ces m aladies co ntribuent l argement à l a g enèse d e l a m alnutrition ch ez l es
enfants car elles provoquent une diminution de l’absorption des aliments nutritifs nécessaires
à le ur croissance, d es p ertes n utritives, d es altérations mé taboliques e t i mmunitaires q ui s e
manifestent par des pertes pondérales, des retards de croissance et de développement. A titre
d’exemple, la rougeole provoque l’irritation prononcée du tube intestinal et est susceptible par
ce fait d’affecter le processus de digestion et d’absorption. Ces maladies infectieuses sont les
principaux déterminants de l a m alnutrition chronique et aiguë d ans l es s ociétés ne s ouffrant
pas de déficit alimentaire persistant ou de famine (Mata, 1983).
Soins préventifs
Les s oins p réventifs d éterminent l es ch ances d ’une b onne s anté et d ’une m eilleure
croissance d e l ’enfant. Ils s e d éclinent en : l a surveillance m édicale d e l a grossesse, d e
l’accouchement et du nouveau-né.
Une carence de la future mère en vitamine A et en fer par exemple la prédispose à une
anémie ferriprive (UNICEF, 1986) qui aura des répercussions négatives sur le fœtus et par la
suite s ur s on é tat nut ritionnel. C es i nfections qu i s ont de s f acteurs dé terminants du f aible
poids à la naissance sont facilement dépistées et traitées lors de la surveillance de la grossesse.
C’est l ors de c es vi sites qu’ on pe ut a ussi s ’assurer de l ’immunisation d e la f uture mè re e t
fournir de s s uppléments a limentaires a ux f emmes pr ésentant de s s ignes de m alnutrition
(Dackam, 1990) . Les c onsultations pr énatales ne s ont pa s f réquentes e n A frique e t va rient
selon la culture des individus, les couches sociales et la région de résidence (Bougma, 2007).
Par ailleurs, la vaccination fait partie des priorités pour améliorer le statut nutritionnel
des j eunes en fants. L’immunisation p ar l a v accination es t l ’un d es m oyens ef ficaces d ’aider
les en fants à b as âg e à passer l ’étape d ifficile d e s evrage en l es p rotégeant co ntre cer taines
infections ( rougeole, di arrhée, i nfections r espiratoires) dont l a s ynergie avec la ma lnutrition
n’est pl us à dé montrer. Le nouv eau-né hérite de s a m ère une i mmunité c ontre pl usieurs
maladies. Cependant, en raison du caractère éphémère de cette immunité, il est important que
l’enfant acq uière une i mmunité act ive p ar l e b iais d e l a v accination afin d e f aire face a ux
maladies infectieuses les plus communes. Cependant, l’étude de Letonturier (1996) a montré
55
que l’effet protecteur de l’allaitement maternel diminue rapidement à partir du quatrième mois
de la naissance. L’organisme de l’enfant doit sécréter lui-même ses anticorps pour assurer son
immunité. P our a ssurer c e pr ocessus a u ni veau de l’enfant, l ’OMS r ecommande d e l ui
administrer l es v accins n écessaires à s a p rotection co ntre l es p rincipales m aladies q ui
sévissent da ns l e m ilieu environnant. Il s ’agit d e ceux retenus d ans l e cad re d u Programme
Elargi de Vaccination (PEV). A chaque type de maladies correspond un type de vaccin. Il doit
être a dministré en nom bre s uffisant et da ns l e délai r equis. C ’est à c ette c ondition qu’ un
vaccin peut agir sur la santé de l’individu, c’est-à-dire prévenir certaines maladies et réduire le
risque de survenance d’autres maladies et partant, de la malnutrition.
Le nombre et la dose des vaccins combinés aux autres facteurs de prévention tels que
le s uivi d e l a grossesse, l ’accouchement d ans l es f ormations s anitaires et d es v isites
postnatales permettent, selon l’UNICEF(1998), de maîtriser, sinon de diminuer l’importance
de la malnutrition chez les enfants.
Milieu de résidence
56
Région de résidence
57
2.2. Cadre conceptuel
58
Figure 2.2 : Schéma conceptuel de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans
Contexte de résidence
Facteurs Facteurs
socioculturels socioéconomiques
Caractéristiques
sociodémographiques des
mères et des enfants
Comportements de la mère
en matière de nutrition et de
santé
Malnutrition
59
Ce modèle relie les facteurs explicatifs de la malnutrition à différents ni veaux socio-
organisationnels.
Malnutrition
60
« modéré » sont employés pour décrire le degré de sévérité de la malnutrition, les deux stades
constituant une urgence médicale et nécessitant une prise en charge efficace et rapide. Enfin,
on pa rle d e ma lnutrition a iguë c ompliquée q uand u ne ma ladie a ssociée à la ma lnutrition
nécessite de s s oins m édicaux pl us i mportants. Il y a donc pl usieurs formes de m alnutrition,
mais celle qui nous intéresse dans cette étude est celle due à u n déséquilibre alimentaire ou à
un dé ficit nut ritionnel. E lle s era a ppréhendée par l’état nutritionnel de l’enfant, mesuré à
l’aide de l’insuffisance pondérale.
Il s'agit d’une part, des caractéristiques liées à l'enfant et d’autre part celles liées à l a
mère, toutes susceptibles d'affecter l’état nutritionnel de l’enfant. Au niveau de l’enfant nous
retenons le sexe et l’âge. A u ni veau de l a m ère, nous r etenons s on groupe d’âges à la
naissance de l’enfant, la participation de celle-ci aux dépenses de santé du ménage.
Facteurs socioéconomiques
Facteurs socioculturels
61
au sein d'un groupe d'individus donné, susceptibles de modifier les choix économiques et les
pratiques r elatives à l a santé d e l ’enfant, l a va leur de l ’enfant, les c royances à p ropos d e
l’origine des maladies, les préférences et les interdits alimentaires. Nous les saisissons à partir
de la religion, et le niveau d’instruction de la mère.
Contexte de résidence
62
2.3. Cadre d’analyse
Les hypothèses spécifiques à tester dans cette étude sont les suivantes :
63
Figure 2.3 : Schéma d’analyse de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans
Région de Milieu de
résidence résidence
Supplémentation
64
En p arcourant l a l ittérature s ur l es f acteurs ex plicatifs d e l a m alnutrition, o n s e rend
compte qu’ elle t ouche pl usieurs dom aines, à s avoir : l a s anté, l a d émographie,
l’environnement, l ’économie, l a s ociologie, l ’anthropologie, e tc. La m alnutrition a pparaît
comme un phé nomène particulièrement complexe, é tant donné l ’intrication de s ni veaux
explicatifs plausibles à prendre en compte. En effet, une hiérarchie des causes est sans doute
plus di fficile à é tablir pour l a m alnutrition qu e pour d’ autres pa thologies ( Gruénais et
Delpeuch, 1992 ). P otentiellement, t out c e qui pe ut j ouer s ur l es qu antités e t l’équilibre e n
nutriments consommés peut contribuer à la malnutrition.
Parmi l es cau ses g énéralement at tribuées à l a m alnutrition, cer taines s ont l iées à d es
pathologies particulières qui interviennent comme facteurs aggravant, mais ces pathologies ne
définissent pas en elles-mêmes la malnutrition ; le schéma de l’agent pathogène unique dont
l’action s erait a ggravée par ce rtains co mportements s emble p eu v alide ( Payne, 1985 ). La
malnutrition est aujourd’hui envisagée plutôt comme un é tat produit par l’accumulation d’un
ensemble d e f acteurs : a pport dé séquilibré e n nut riments, d éficience d e l a co uverture
vaccinale, e nvironnement i nsalubre, pr atiques de s evrage t rop b rusque, absence ou f aible
niveau de scolarisation, faible niveau socioéconomique des familles, etc. Faire la part entre le
domaine strictement biomédical et celui de l’environnement physique, social, voire politique,
s’avère particulièrement difficile ; bien plus, il s ’agit là peut-être d’une des rares pathologies
pour laquelle des causes sous-jacentes d’ordre socioéconomique sont a priori mises en avant
puisque, e n p remière a nalyse, pl usieurs études s ’accordent pour l ier l a m alnutrition à l a
pauvreté.
65
CHAPITRE III: ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES
Les données utilisées dans le cadre de cette étude sont celles de l’Enquête par grappes
à indicateurs multiples, traduction française de Multiple Indicators Cluster Survey (MICS 3),
réalisée en 2 006 p ar l’ Institut N ational d e la S tatistique (INS) du C ameroun. C ette en quête
visait essentiellement à produire des indicateurs de suivi de la réalisation des objectifs et des
cibles définis pa r l es c onventions i nternationales r écentes. Il s ’agit pr incipalement de l a
Déclaration d u Millénaire a doptée en s eptembre 2000 à l ’unanimité par l es 191 États
membres d e l ’ONU et d u Plan d ’action d e l a cam pagne « U n M onde D igne de s E nfants »
adopté par 189 États membres lors de la Session spéciale des Nations Unies sur l’Enfance en
mai 2002. C es de ux e ngagements s’inspirent de s pr omesses f aites pa r l a c ommunauté
internationale lors du Sommet Mondial sur les Enfants (SME) de 1990. Le Gouvernement du
Cameroun, en signant ces conventions internationales, s’est engagé à améliorer les conditions
de vie des enfants et à assurer le suivi de la mise en œuvre de ces engagements. L’UNICEF
s’engage pour sa part, à l’accompagner dans ce processus en jouant un rôle d’appui.
16
Les chiffres contenus dans cette section sont tirés du Rapport principal de la MICS 3 du Cameroun
66
L’enquête M ICS e st un e opé ration s tatistique de c ollecte de donn ées da ns di vers
domaines sociaux. Cette édition de la MICS est la troisième génération à être réalisée dans le
monde. Elle consistait en de s i nterviews d ans l es m énages et p articulièrement auprès d es
femmes âgées de 15 à 49 ans et des enfants de moins de 5 ans (0 à 59 mois). On posait à ces
femmes des questions sur leurs caractéristiques s ociodémographiques, l’anatoxine tétanique,
leur s anté et celle d e l eurs n ouveaux nés, l eur union/mariage, l 'utilisation de s m éthodes de
planification f amiliale, l eur c omportement s exuel, le V IH/SIDA e t l eur p articipation au
développement. Les femmes ou l es pe rsonnes e n c harge de s enfants de m oins de 5 a ns
répondaient aux que stions c oncernant l eurs enfants et r elatives à l a v itamine A, à
l’allaitement, au x s oins d es en fants m alades, au p aludisme, à l a v accination, et à
l’anthropométrie.
- Fournir des données permettant d’apprécier les progrès réalisés dans le cadre du suivi
et de l’évaluation du DSRP1, du PAMDE2 et des OMD ;
67
- Fournir de s donn ées pour l ’actualisation de l a ba se d e donné es G éo-reférencées
DEVINFO ou AFRICAINFO de suivi des OMD, du N EPAD3, du D SRP, de l’UNDAF4, du
MDE, etc.
- Au deuxième degré, on a tiré un nombre variable de ménages, après la mise à jour des
cartes des zones tirées (dénombrement des ménages de la zone).
Sur les 9 856 m énages tirés, 9 848 ont été identifiés. Parmi ces derniers, 9 667 ont été
effectivement e nquêtés, s oit un t aux de r éponse r elativement s atisfaisant de 98,2% chez l es
ménages. Toutes les grappes sélectionnées ont été entièrement couvertes par l’enquête.
68
Les t aux g lobaux de r éponse 17 sont de 94,0% e t de 96,2% r espectivement ch ez l es
femmes de 15-49 ans et chez les enfants de moins de 5 ans.
3.1.4. Questionnaires
Trois supports ou types de questionnaire ont été utilisés pour collecter les données au
cours d e l a M ICS 3 au C ameroun. Il s ’agit : du que stionnaire m énage, du que stionnaire
femme de 15-49 ans et du questionnaire enfant de moins de 5 ans.
Dans chaque ménage enquêté, un questionnaire femme de 15-49 ans était administré à
chaque femme éligible à l’enquête individuelle. Il permettait de collecter les informations sur
les caractéristiques sociodémographiques, sur l’anatoxine tétanique, sur la santé des femmes
et celle des nouveaux nés, les soins prénatals et post-natals, leur union/mariage, l’utilisation
des méthodes de planning familial, notamment la contraception, leur comportement sexuel, la
connaissance du V IH/Sida et la stigmatisation à l’égard des personnes séropositives et le test
du V IH. Il a p ermis a ussi d e r ecueillir d es in formations s ur le ur p articipation a u
développement.
Dans le questionnaire enfant de moins de 5 ans, économie a été faite des modules sur
les mo rtalités in fantile, in fantojuvénile et m aternelle d éjà t raités p ar l a t roisième en quête
démographique et de santé du Cameroun (EDSC 3) de 2004.
17
Le taux global de réponse pour chaque enquête individuelle est obtenu en faisant le produit du taux de
réponse de l’enquête ménage par celui de l’enquête individuelle considérée.
69
Pour c haque e nfant de m oins de 5 a ns i dentifié da ns un m énage enquêté, un
questionnaire enfant de moins de 5 a ns était administré à l a mère ou à l a personne en charge
de cet enfant. Ce questionnaire permettait à ces personnes de donner les informations relatives
à l ’enregistrement d es naissances à l ’état civil, à l ’éducation d e l a petite enfance, au
développement de l’enfant, à la vitamine A, à l’allaitement maternel, à la prise en charge des
maladies intégrées de l’enfance, au paludisme, aux pratiques nutritionnelles chez ces enfants
et à l a vaccination des enfants. Il a permis aussi d’enregistrer les mesures anthropométriques
de ces enfants en vue du calcul des indices nutritionnels.
Les que stionnaires de l a M ICS 3 ut ilisés au C ameroun av aient fait l’ objet d ’un te st
préliminaire en février 2006. Sur la base des résultats de ce test, des modifications avaient été
apportées à la formulation et à la traduction des questionnaires.
70
de l’échantillon pourrait entraîner une sous-estimation de la malnutrition dans la mesure où la
plupart des enfants atteints de malnutrition « extrême » seraient décédés avant l’enquête.
Les estimations obtenues à partir des données de la MICS 3 sont sujettes à deux types
d’erreurs : les erreurs de mesure et les erreurs de sondage. Les erreurs de mesure sont relatives
à la mise en œuvre de la collecte (omission des ménages sélectionnés, erreurs de contenu) et
de l’exploitation des données (erreurs lors de la s aisie des données). Si des précautions sont
prises pour é viter l es e rreurs de m esure ( formation de s a gents e nquêteurs, pr atique de l a
double saisie des questionnaires, etc.), il est important d’évaluer celles-ci. Néanmoins, avant
l’utilisation de s donné es pr ovenant de l a M ICS-2006, i l c onvient d ’évaluer l a q ualité d es
informations qui y sont contenues afin de cerner la portée des résultats qui en découleront.
Les non -réponses p roviennent s oit de l ’enquêté(e) qui r efuse d e r épondre à une
question, soit de l’enquêteur par omission ou pa r erreur de remplissage, soit d’une erreur de
saisie. N ous pr ésentons dans l e t ableau 3.1, l e t aux de non -réponse c orrespondant à chaque
variable. Ces taux sont négligeables car tous inférieurs au seuil autorisé de 10% à l’exception
des variables soins prénatals et colostrum. Le taux élevé pour chacune de ces deux dernières
variables s’explique par le fait que les questions relatives à c elles-ci ne concernaient que les
femmes a yant eu u ne naissance v ivante au cours d es d eux d ernières an nées p récédant
l’enquête. Ces variables ne seront pas utilisées dans les analyses, car sujettes à une sélectivité
de l’échantillon, ce qui risquerait en plus de réduire considérablement la taille de l’échantillon
dans les analyses multivariées.
71
Pour les autres variables présentant un t aux de non-réponse non s trictement nul, nous
admettons que les insuffisances dénotées ne sont pas de nature à biaiser les résultats.
La taille et le poids d’un enfant doivent nécessairement s’inscrire dans des intervalles
respectifs correspondant à l’âge. En effet, pour chaque groupe d’âges, l’OMS a développé des
intervalles s tandards p our le p oids e t la ta ille. Le t ableau 3.2 présente le s limite s au-delà
desquelles l a v aleur (z-score) est co nsidérée comme ab errante, voire i ncorrecte. L ’OMS
72
(2009) conseille d’exclure les observations présentant de telles valeurs lorsqu’on analyse des
données sur l’état nutritionnel des enfants.
Poids-pour-âge -6 5 -6 6
Taille-pour-âge -6 6 -6 6
Poids-pour-Taille -5 5 -4 6
Graphique 3.1 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données de base)
28,0
30,0 27,5
0
27
4 757
1 281
Poids de l'enfant (kilogrammes)
20,0
10,0
0,0
0 10 20 30 40 50 60
Age de l'enfant (en mois)
73
en ex ergue sur l a m ême f igure ce tte d ernière observation et les co urbes d e r éférence d e
l’OMS/MGRS. On peut observer que cette valeur s’écarte suffisamment des limites probables
du champ des valeurs acceptables.
Pour constituer notre fichier d’analyse, nous avons exclu les observations dont l’indice
poids-pour-âge se si tuait en de hors des i ntervalles r etenues p ar le standard OMS comme
acceptables. La v ariable « flag » c réée à c et e ffet i ndique t outes l es obs ervations présentant
des valeurs au-delà des limites. Ainsi, la proportion des valeurs aberrantes selon le standard
OMS est de 0,38%, soit 22 observations sur 5799 observations au total.
74
Graphique 3.3 : Poids des enfants en fonction de l’âge en mois (données corrigées)
30,0
25,0
Poids de l'enfant (kilogrammes)
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
0 10 20 30 40 50 60
Age de l'enfant (en mois)
Le fichier d’analyse retenu pour cette étude comporte 5777 observations dont 3462 en
milieu urbain et 2315 en milieu rural. Le diagramme de dispersion (graphique 3.3) est obtenu
du fichier d’analyse.
Compte t enu des valeurs ab errantes en levées en très f aible pr oportion, nous pe nsons
qu’elles ne pe uvent a voir d’ impact considérable sur les résultats. Les do nnées s ur l e poids
ainsi traitées sont de bonne qualité.
L’âge est une variable fondamentale dans l’analyse des phénomènes démographiques.
Cependant, il reste une donnée difficile à obtenir de façon précise en Afrique. L’évaluation de
la qualité des données sur l’âge des enfants se fera suivant la méthode graphique. A cet effet,
considérons l ’histogramme suivant des ef fectifs des e nfants en f onction de l eur âge en
mois au niveau national (graphique 3.4.a) et selon le milieu de résidence (graphique 3.4.b).
75
Graphique 3.4.a : Effectifs des enfants en fonction de l’âge (en mois) au niveau national
Graphique 3.4.b : Effectifs des enfants en fonction de l’âge (en mois) selon le milieu de résidence
La distribution d’effectifs des enfants des graphiques 3.4.a et 3.4.b ne correspond pas
à nos attentes. En effet, on s’attendrait à ce que les effectifs décroissent au fur et à mesure que
les â ges augmentent, du f ait essentiellement d e l a mo rtalité ( on s uppose que le s mig rations
sont négligeables). Au niveau national, l’irrégularité est très marquée pour l’âge de 0 mois où
l’effectif est très faible et les âges de 24, 36 e t 49 mois où l es effectifs sont très élevés. Par
ailleurs, c’est le même c onstat qui est fait en milieu urbain et rural même si les effectifs ne
sont pas les mêmes.
On peut dire ici que les irrégularités observées au niveau national résument celles des
milieux urbain et r ural s ans q ue ces d ernières ne ca chent d es s pécificités. Face à cela, nous
76
nous pr oposons d’ effectuer une co rrection p ar l e r egroupement en cl asses d ’âges co mme le
présente le graphique ci-après.
Au vue du graphique 3.5, nous pouvons dire que les déclarations des naissances ainsi
regroupées sont d’ une qua lité a cceptable. Le r egroupement en cl asse d ’âges réduit
considérablement les erreurs o bservées p récédemment. Nous allons donc considérer c es
classes d’âges dans le cadre de l’étude.
Une distribution par année d’âge des effectifs des mères permet d’apprécier la qualité
des données recueillies sur leur âge. La déclaration de l’âge peut êt re ap préciée soit à p artir
des méthodes graphiques, soit à partir des méthodes statistiques (numériques).
Méthode graphique
Le graphique 3.6 présente les effectifs des mères en fonction de leur âge à l’enquête.
Nous pouvons dire que les déclarations des âges des mères n’ont pas été bien faites, car l’on
constate de grandes distorsions sur la courbe des effectifs. En effet, il y a une préférence pour
les âges ronds (se terminant par 0 ou 5) et une répulsion prononcée pour certains âges impairs
(21, 23, 29, 39 et 4 1 an s) au ni veau na tional et selon l e m ilieu de résidence. Toutefois, on
observe des distorsions beaucoup plus prononcées en milieu rural qu’en milieu urbain.
77
Graphique 3.6 : Effectifs des mères en fonction de l’âge
Myers a donc pr oposé d e c alculer p our ch acun de ces ch iffres u n " effectif r emanié"
qui, s’il n’y avait aucune préférence ou aversion, serait égal à 10% de l’effectif total remanié.
La s omme d es écarts en v aleur absolue d es p ourcentages d e chacun d es ef fectifs r emaniés
avec l’effectif théorique 10 constitue l’indice de MYERS.
Si les déclarations d’âge sont exactes, tous les effectifs remaniés sont à peu près égaux
et l’indice est presque nul. Sa valeur est d’autant plus élevée que les préférences ou aversions
pour l es â ges s e t erminant p ar ce rtains ch iffres s ont p lus g randes. S a valeur m aximale es t
atteinte lorsqu’il y a préférence pour tous les âges se terminant par un seul et même chiffre, et
vaut alors 180.
78
Etape 1 :
On calcule les sommes S u des effectifs des personnes de 10 ans et plus, dont les âges
se terminent respectivement par chacun des chiffres de 0 à 9.
Soit P(10d+u), l’effectif des personnes dont l’âge a pour chiffre des dizaines « d » e t
d max
pour chiffre des unités « u » : S u = ∑ P(10d + u )
d =1
Etape 2 :
d max
On calcule de même les sommes S u' pour les 20 ans et plus : S u' = ∑ P(10d + u )
d =2
Etape 3 :
Les effectifs remaniés de Myers sont les quantités Tu définies par : Tu = (u + 1) S u + (9 − u ) S u'
Etape 4 :
9
On calcul l’effectif remanié total T : T = ∑ Tu
u =0
Etape 5 :
9
Tu
L’indice de Myers vaut alors : I M = ∑ 100 − 10
u =0 T
Dans les tableaux 3.3 ci-après, nous présentons les résultats des différentes étapes du
calcul des indices de Myers au niveau national et selon les deux milieux de résidence.
79
Tableau 3.3.a : Calcul de l’indice de MYERS au niveau national
Tu Tu Tu
U Su u+1 S u' 9-u Tu 100 100 − 10 100 − 10
T T T
0 823 1 823 9 8230 14,38 4,38 4,38
1 462 2 462 8 4620 8,07 -1,93 1,93
2 586 3 586 7 5860 10,24 0,24 0,24
3 516 4 516 6 5160 9,02 -0,98 0,98
4 510 5 510 5 5100 8,91 -1,09 1,09
5 704 6 684 4 6960 12,16 2,16 2,16
6 554 7 517 3 5429 9,49 -0,51 0,51
7 557 8 461 2 5378 9,40 -0,60 0,60
8 570 9 406 1 5536 9,67 -0,33 0,33
9 495 10 324 0 4950 8,65 -1,35 1,35
TOTAL 5 777 5 289 57223 13,57
En milieu urbain, les âges se terminant par 0, 2, 3 et 5 s ont attractifs tandis que ceux
des âges se terminant par 1, 4, 6, 7, 8 e t 9 sont répulsifs (tableau 3.3.b). En revanche, ce sont
les âges se terminant par 0, 5 et 8 qui sont attractifs et ceux se terminant par 1, 2, 3, 4, 6, 7 et 9
qui sont répulsifs en milieu rural (tableau 3.3.c).
Tu Tu Tu
U Su u+1 S u' 9-u Tu 100 100 − 10 100 − 10
T T T
0 278 1 278 9 2780 12,09 2,09 2,09
1 211 2 211 8 2110 9,17 -0,83 0,83
2 251 3 251 7 2510 10,91 0,91 0,91
3 234 4 234 6 2340 10,17 0,17 0,17
4 196 5 196 5 1960 8,52 -1,48 1,48
5 284 6 279 4 2820 12,26 2,26 2,26
6 222 7 213 3 2193 9,54 -0,46 0,46
7 219 8 187 2 2126 9,24 -0,76 0,76
8 211 9 170 1 2069 9,00 -1,00 1,00
9 209 10 137 0 2090 9,09 -0,91 0,91
TOTAL 2 315 2 156 22998 10,88
80
Tableau 3.3.c : Calcul de l’indice de MYERS en milieu rural
Tu Tu Tu
u Su u+1 S u' 9-u Tu 100 100 − 10 100 − 10
T T T
0 545 1 545 9 5450 15,92 5,92 5,92
1 251 2 251 8 2510 7,33 -2,67 2,67
2 335 3 335 7 3350 9,79 -0,21 0,21
3 282 4 282 6 2820 8,24 -1,76 1,76
4 314 5 314 5 3140 9,17 -0,83 0,83
5 420 6 405 4 4140 12,10 2,10 2,10
6 332 7 304 3 3236 9,46 -0,54 0,54
7 338 8 274 2 3252 9,50 -0,50 0,50
8 359 9 236 1 3467 10,13 0,13 0,13
9 286 10 187 0 2860 8,36 -1,64 1,64
TOTAL 3 462 3 133 34225 16,30
Après calcul, nous trouvons IM= 13,57 ; IM= 10,88 et IM= 16,30 au niveau national, en
milieu urbain et en milieu rural respectivement. Ces valeurs de l’indice de Myers ne sont pas
très él evées da ns l ’ensemble, mais mo ntrent qu’il y a qu and m ême q uelques m auvaises
déclarations d’âges. Il faut relever qu’il y a une meilleure déclaration des âges de la part des
mères r ésidentes e n mil ieu u rbain c omparativement à c elles d u milie u r ural. C es r ésultats
confirment les premières analyses faites avec la méthode graphique tout en donnant d’autres
précisions.
Le g raphique 3.7 montre qu’ après l e r egroupement d ’âges des e nquêtées e n g roupes
d’âges quinquennaux, les distorsions liées aux problèmes de déclaration de l’âge s’atténuent.
En ef fet, l es effectifs des m ères cr oissent p our at teindre u n m aximum, puis décroissent
régulièrement avec l’âge.
81
Graphique 3.7 : Effectifs des mères en fonction du groupe d’âges
82
L’on dira pour conclure cette section que l’évaluation externe des données, sur l’état
nutritionnel, de l ’enquête M ICS-2006 i ndiquerait que c elles-ci r eflètent l e n iveau r éel d e l a
prévalence de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans au Cameroun à cette période.
Ceci d’ autant pl us que l a pr oportion d es e nfants d e m oins de c inq a ns dans l a popul ation
totale en quêtée l ors d e la M ICS-2006 é tait voisine de c elle de l ’EDSC-2004 : s oit 15% e t
16,3% respectivement.
Le choix porté sur l’insuffisance pondérale se justifie d’une part par le fait que c’est la
mesure la plus souvent utilisée par les services de santé pour le suivi des progrès nutritionnels
et la surveillance de la croissance des jeunes enfants. D’autre part, l’insuffisance pondérale a
été retenue par les Nations Unies comme « Indicateurs pour le suivi des progrès » à l’atteinte
de s econde c ible de l ’OMD1. A c et e ffet, nous c onsidèrerons les e nfants qui pr ésentent un
indice poids-pour-âge i nférieur à moins de ux é carts-type ( -2ET) co mme a yant u n ét at
nutritionnel anormal, et ceux dont l’indice poids-pour-âge est supérieur ou égal à moins deux
écarts-type (-2ET) comme ayant un état nutritionnel normal, ceci quel que soit le standard de
population de r éférence choisi. Ainsi, l a va riable " Etat n utritionnel" a ura d eux mo dalités :
malnutri (pour un déficit pondéral) et bnourri 18 (sinon).
La recommandation de l’OMS sur l’ancien standard stipulait que l’état nutritionnel des
enfants observés pendant l’enquête est déterminé en le comparant à celui d’une population de
référence internationale connue sous le nom de standard NCHS/CDC/WHO. Cette référence a
18
Lire "bien nourri"
83
été é tablie à pa rtir de l ’observation de s e nfants a méricains de m oins de c inq a ns e n bonne
santé et es t u tilisable p our l es en fants d e cet âge da ns l a m esure où, que l que s oit l e sous-
groupe de population, les enfants suivent un modèle de croissance similaire. Les données de
cette population de référence ont été normalisées pour suivre une distribution normale où l a
médiane et la moyenne sont identiques. C’est ce standard qui a été utilisé au Cameroun lors
du t raitement de s donn ées de l a M ICS-2006. Or en 1993, un comité d’ experts de l ’OMS a
attiré l’attention sur un certain nombre de problèmes techniques et biologiques graves relatifs
à l a r éférence d e cr oissance NCHS recommandée jusque-là au n iveau international ( OMS,
1995). Le comité a m is en doute sa pertinence et s’est déclaré vivement préoccupé par le fait
qu’une r éférence ba sée s ur de s e nfants qui é taient pr incipalement n ourris de m anière
artificielle n e p ermettait p as d ’évaluer l a c roissance d es n ourrissons n ourris au s ein. C’est
pourquoi, e n c ollaboration a vec pl usieurs or ganisations du s ystème d es N ations U nies e t
institutions na tionales, l ’OMS a é laboré une n ouvelle r éférence q ui, contrairement à l a
référence N CHS, e st ba sée s ur un é chantillon i nternational de nour rissons a llaités a u s ein,
vivant dans des populations en bonne santé et ne présentant pas de problèmes de croissance.
Pour classer les enfants suivant les nouvelles normes internationales de référence de
l’OMS ( OMS/MGRS-2006), nous avons écrit un pr ogramme 19 qui tient compte à la fois du
sexe, d e l ’âge, du poi ds, de l a t aille, de l a pos ition de m esure de l ’enfant e t de l a nor me ( -
2ET). Nous avons supposé qu’aucun enfant ne présentait d’œdème car lorsque cette variable
n’est p as s aisie p ar l’ enquête, l’ OMS r ecommande d e l’ utiliser c omme te lle. Un m ot s era
également dit sur le standard des courbes de référence internationales NCHS/OMS.
19
Tiré de : WHO Child Growth Standards, A macro / program for calculating the z-scores and
prevalences for MICS datasets (Modified by Trevor Croft (Nov. 22, 2006) for MICS3), Department of Nutrition
for Health and Development – WHO.
84
Graphique 3.8 : Proportion d’enfants de moins de 5 ans selon leur état nutritionnel au Cameroun
a) Variables contextuelles
Région de résidence
b) Variables socioculturelles
Religion
85
retenues pour cette variable, en tenant compte de la spécificité de chaque religion du point de
vue d e l ’occidentalisation et d es d ogmes : Catholique/Protestant, Musulman, Animistes/Pas
de religion, Autre chrétien/religion (pour les religions non citées).
Niveau d’instruction
C’est le niveau d’études atteint par la femme dans un s ystème éducatif f ormel. Cette
variable peut être appréhendée soit par la dernière classe atteinte, soit par le diplôme obtenu le
plus é levé, voi re pa r l e nombre d’ années pa ssées da ns l e s ystème é ducatif f ormel. D ans l e
cadre d e ce t ravail, l ’instruction d e l a m ère s era m esurée en d istinguant l es m odalités
suivantes : Sans instruction (analphabètes), niveau Primaire (complet ou incomplet), niveau
Secondaire ou plus (ainsi r egroupé à cause d e l a f aiblesse d es ef fectifs au n iveau d u
supérieur).
c) Variables socioéconomiques
Niveau de vie
Cet in dicateur c omposite a été obt enu grâce à u ne A CP suivie d ’une C lassification.
Nous avons retenu trois modalités pour cette variable : Faible, Moyen et Élevé. Un ménage
86
de niveau de vie faible est par exemple caractérisé par un nombre limité sinon un manque de
bien matériel et un confort inadéquat de l’habitat (toit en feuille de palmier par exemple).
Occupation de la mère
Type de toilette
d) Variables intermédiaires
Age à l’accouchement
Nous l ’avons p référé à l ’âge d e l a m ère à la d ate d e l ’enquête d ans l e s ouci d e t enir
compte à l a f ois d e l ’expérience d e la mè re, d e l’ immaturité physiologique c hez l es j eunes
mères et de l’épuisement maternel chez les mères très âgées. Pour obtenir cette variable, il a
été que stion de faire la différence entre l ’âge d e l a m ère et c elui d e l’enfant au m oment d e
l’enquête. Nous avons ensuite regroupé les écarts d’âges en trois modalités : Moins de 20 ans,
20-34 ans et 35 ans ou plus.
87
Vaccination
La qualité de l’eau de boisson est saisie de façon dichotomique. Nous distinguons les
enfants bénéficiant de l’eau potable de ceux qui n’en bénéficient pas.
Supplémentation
Cette v ariable s era ap préhendée d e f açon d ichotomique : Oui (si l ’enfant a r eçu l a
vitamine A précédemment) et Non (sinon).
Sexe de l’enfant
Age de l’enfant
L’âge dont il est question ici est celui de l’enfant au moment de l’enquête. Nous avons
retenu les mo dalités s uivantes : 0-11 mois, 12-23 mois, 24-35 mois, 36-47 mois et 48-59
mois. Il s ’agit de s groupes de c roissance pr atiquement hom ogènes de s e nfants dé finis pa r
l’OMS à l’exception du premier où l’on a regroupé les moins de 6 mois et les 6-11 mois pour
des raisons d’effectifs.
Etat morbide
Cette v ariable r end compte des maladies contractées par l ’enfant d ans l es d eux
semaines p récédant l ’enquête. Il s ’agit d e l a d iarrhée, de la f ièvre et d es infections
respiratoires. Elle aura deux modalités : A souffert (si l’enfant a souffert d’au moins une de
ces maladies) et N’a pas souffert (dans le cas contraire).
20
Il s’agit de tous les vaccins du PEV
88
3.5. Méthodes d’analyse
La s ection s uivante présente les types d’analyses qui s eront effectuées : l ’analyse
descriptive et l’analyse explicative.
a) Au niveau bivarié
Par ai lleurs, la réalité s ociale n e p eut êt re cernée à t ravers l ’association en tre d eux
variables, car u ne lia ison s tatistique s ignificative e ntre d eux v ariables peut ê tre r éelle ou
fallacieuse. Pour approfondir l’analyse, il faut recourir à une analyse multivariée.
89
b) Au niveau multivarié
Si P est la probabilité que l’événement étudié (état nutritionnel anormal) se réalise, 1-P
est la probabilité que cet événement ne se réalise pas (état nutritionnel normal) et le modèle de
régression logistique permet de mettre L= Log (P/ (1-P)) sous la forme linéaire suivante :
Est associée, une forme non linéaire de la probabilité P qui se présente comme suit :
90
P= 1/ (1+exp (-L)).
Pour h iérarchiser l es facteurs qui i nfluencent l’ état nutritionnel des enfants de m oins
de 5 a ns, nous a llons calculer la contribution d es d ifférentes v ariables à l’ explication d e l a
malnutrition des enfants de moins de 5 ans à l’aide de la formule suivante :
Cvariable= (Khi-deux modèle saturé – Khi-deux modèle sans la variable) / Khi deux modèle saturé
91
CHAPITRE IV : ANALYSE DIFFÉRENTIELLE DE LA
MALNUTRITION
Dans ce ch apitre, la description est faite suivant les nouvelles courbes de référence de
l’OMS publ iées e n 2006 ( Standard O MS). Toutefois, les pr oportions de s e nfants m alnutris
sont également données au niveau national en utilisant la référence NCHS.
Milieu de résidence
92
Graphique 4.1 : Proportions d’enfants malnutris selon le milieu de résidence
Région de résidence
Au niveau national
Les pr oportions d’ enfants qui souffrent d’ une insuffisance pondé rale m odérée
(Standard OMS) vont de 7,5% ( pour l es r égions du C entre e t de l ’Ouest) à 32,1% (dans l e
Nord). Les résultats du tableau 4.1 montrent que les régions du Nord (32,1%) et de l’Extrême-
Nord (30,7%) ont les prévalences les plus élevées. Celles de l’Est, du S ud-Ouest et du Nord-
Ouest s e s ituent à un n iveau i ntermédiaire d e prévalence d e l a m alnutrition : s oit 15,5% ,
15,5% e t 14,9% respectivement. Le C entre, l e Littoral, l ’Ouest e t l e S ud pr ésentent des
proportions d’enfants malnutris en dessous de 10%.
Que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural, ce sont les régions septentrionales du
Nord et de l’Extrême-Nord qui gardent les proportions les plus élevées.
93
situe a u ni veau na tional à un ni veau i ntermédiaire de p révalence de l a m alnutrition, a l a
prévalence d ’enfants ma lnutris la p lus f aible p armi le s r égions e n milie u u rbain ( 4%) e t la
troisième plus forte (19,9%) en milieu rural (après le Nord et l’Extrême-Nord). Toutefois, la
région du S ud a la particularité d’afficher des proportions qua si-similaires d ans l es d eux
milieux d e r ésidence ; près de 10% , contrairement a ux a utres r égions o ù l’on c onstate une
prévalence de la malnutrition plus élevée en milieu rural par rapport au milieu urbain.
En milieu urbain, c’est parmi les enfants habitant les régions de l’Ouest, du Centre et
du S ud-Ouest qu’on retrouve les p roportions les p lus f aibles (moins de 5% ) d’enfants
malnutris. En mi lieu r ural pa r c ontre, c ’est da ns l es r égions du Littoral (9,4%) e t du S ud
(9,8%) que l’on trouve les plus faibles proportions.
94
4.1.2. Malnutrition et variables socioculturelles
Au niveau national
95
l’on pour rait e nvisager i ci e st que l ’urbanisation confère au x f idèles et a utres, à l ’exception
des musulmans, des comportements propices à un meilleur suivi de la santé des enfants.
Au niveau national
La t endance p récédente est observée pour les d eux milieux de r ésidence. Plus le s
mères sont in struites, me illeur es t l’état nut ritionnel de l eurs e nfants. Les pr oportions
d’enfants malnutris suivant le niveau d’instruction de la mère sont nettement plus élevées en
milieu rural par rapport au milieu urbain (graphique 4.2.a).
Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que les femmes les plus instruites soient
à m ême d’exploiter a u mie ux le s in formations q ui le urs sont f ournies a fin d’ améliorer
l’hygiène et les soins apportés aux enfants, de faire un meilleur usage des services de santé.
96
En out re, l ’instruction pour rait pr ocurer à l a f emme un e mploi bi en r émunéré, c e qui l ui
permettrait d’acquérir une alimentation de bonne qualité nutritionnelle pour l’enfant.
97
4.1.3. Malnutrition et variables socioéconomiques
Au niveau national et quel que soit le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage
est significativement associé à l’état nutritionnel des enfants (au seuil de 1%). Plus un ménage
est pa uvre, pl us l es e nfants qui y vivent s ouffrent d’ une i nsuffisance pondérale m odérée
(graphique 4.3.a). En effet, la proportion d’enfants malnutris passe de 5,7% (5,4% en milieu
urbain et 8,4% en milie u rural) ch ez l es r iches à 1 3,3% ( 14% e n m ilieu r ural e t 1 2,1% en
milieu urbain) ch ez l es enfants d es m énages à niveau d e v ie m oyen o u i ntermédiaire. Les
proportions les plus élevées se retrouvent chez les enfants des ménages à faible niveau de vie
– soit 24,4% (24,2% en milieu rural et 25,8% en milieu urbain) d’entre eux qui sont malnutris
(tableau 4.3).
Ceci pourrait s ’expliquer d’une part p ar l e f ait que l’accès au x s oins d e s anté d es
enfants est conditionné par des moyens financiers, et d’autre part par le fait que les ménages
pauvres vivent généralement dans des conditions précaires, caractérisées par une quantité de
nourriture di sponible li mitée ou non d iversifiée. C e q ui entrainerait u ne c arence en
micronutriments et fragiliserait ainsi l’état nutritionnel des enfants.
Graphique 4.3.a : Proportions d’enfants malnutris selon le niveau de vie des ménages
98
Occupation de la mère
Au niveau national
Les donné es du t ableau 4.3 consignées sur l e graphique 4.3.b montrent que pr ès de
19,7% et 15,6% des enfants dont les mères effectuent respectivement les travaux domestiques
et l ’agriculture s ont m alnutris. P ar c ontre, c ette pr oportion e st t rès f aible (4,1%) chez l es
enfants d es m ères t ravaillant d ans l ’administration/service ou poursuivant leurs ét udes. La
prévalence d e l a m alnutrition d es en fants p résente u n n iveau i ntermédiaire ch ez l es en fants
des mères sans occupation (7,1%) ou travaillant dans les industries/commerces (8,9%).
Que l’on soit en milieu urbain ou en milieu rural, les proportions d’enfants malnutris
les p lus b asses s e r etrouvent chez c elles q ui t ravaillent d ans l’ administration/service o u
poursuivent l eurs é tudes. En milie u r ural, cette proportion se ch iffre à p rès d e 4 ,7% et
seulement 3,9% en milieu urbain.
D’une pa rt, cette s ituation pourrait s ’expliquer par l e f ait que l es en fants n és d es
femmes qui ne travaillent pas bénéficient de plus d’attention, de plus de temps consacré à la
préparation des aliments de sevrage et à leur répartition adéquate pendant la journée. Ce point
de vue est toutefois à relativiser pour les femmes ayant déclaré être sans occupation en milieu
rural, car ces dernières ont la deuxième plus forte prévalence de malnutris parmi leurs enfants
99
après c eux des ménagères. Ceci pourrait traduire le fait que celles qui sont en milieu urbain
bénéficient du s outien ( financier, connaissances et pratiques de s oins et d’alimentation) de
leur m ari, tandis que l eurs congénères du m ilieu r ural s ont obligées d e s atisfaire u n c ertain
nombre de besoins de base et par conséquent n’ont plus que très peu de temps à accorder aux
enfants. D’autre part, cet écart de prévalence entre les différents t ypes d’occupation pourrait
être attribué au niveau d’instruction généralement plus bas et le niveau de revenu faible chez
les femmes du secteur agricole et les ménagères, limitant ainsi l’accès aux soins de santé et à
un meilleur choix des aliments pour leurs enfants.
Type de toilette
100
ménages utilisant des toilettes qualifiées de traditionnelles : soit 5,5% et 9,9% respectivement.
C’est à peu près la même tendance observée au niveau national (graphique 4.3.c).
101
Tableau 4.3 : Proportions d’enfants malnutris selon les variables socioéconomiques
Les données du tableau 4.4 montrent que la participation de la mère aux dépenses de
santé d ans l e m énage es t s tatistiquement as sociée (au s euil de 5% ) à l’ état nut ritionnel de s
enfants au niveau national pour les deux standards et quel que soit le milieu de résidence. En
effet, la prévalence de la malnutrition des enfants chez les mères participant aux dépenses de
santé dans le ménage est nettement moindre que chez ceux dont les mères ne participent aux
dépenses de santé dans le ménage ; soit respectivement 13,9% (17,9% en milieu rural et 7,5%
en milie u u rbain) contre 17% (21,7% e n milieu r ural et 10,3% e n m ilieu u rbain
respectivement).
102
Ce résultat non moins surprenant pourrait trouver sa raison dans la capacité de la mère
à prendre en charge immédiatement la nutrition et la santé de l’enfant sans toutefois recourir à
une tierce personne.
Tableau 4.4. Proportions d’enfants malnutris selon la participation de la mère aux dépenses de santé
Age à l’accouchement
Au niveau national :
103
proportion d’enfants malnutris chez les mères appartenant au groupe d’âges 20-34 ans est de
8,2% t andis que c elle d es e nfants de s m ères a ppartenant a ux gr oupes d’ âges « moins de 20
ans » et « 35 ans ou plus » est de 11,8% et 11,7% respectivement.
Sexe de l’enfant
Le sexe discrimine de façon significative les enfants face à la malnutrition (au seuil de
1%) au ni veau na tional selon l es d eux nor mes. La pr oportion d’ enfants malnutris e st p lus
faible ch ez l es f illes q ue ch ez l es garçons. P rès de 13,9% d e f illes s ouffrent d’ insuffisance
pondérale modérée contre 17,5% chez les garçons (tableau 4.5).
Cette différence est le fait du milieu rural qui garde une différence significative selon
le s exe en défaveur d es garçons qui ont une p roportion de 23% de m alnutris contre 17,2%
chez les filles.
Tableau 4.5 : Proportions d’enfants malnutris selon les caractéristiques démographiques de la mère
et de l’enfant
104
4.1.6. Malnutrition et comportements des mères en matière de santé et de
nutrition de l’enfant
Vaccination
Cette variable est faiblement associée à l’état nutritionnel des enfants, car significative
au s euil de 10% seulement au ni veau na tional ( Standard O MS). Les en fants co mplètement
vaccinés sont moins malnutris (14,4%) que les enfants non vaccinés ou partiellement vaccinés
(16,0% et 16,6%) (cf. tableau 4.6).
Supplémentation
L’état nutritionnel des enfants varie de façon significative (au seuil de 1%) selon qu’ils
consomment une eau potable ou une eau de mauvaise qualité. Environ 13% (8,5% en milieu
urbain e t 18,6% en milie u r ural) d’enfants c onsommant une e au pot able s ouffrent de
malnutrition contre 20,6% (14,6% en milieu urbain et 21,4% en milieu rural) ch ez ceux qui
consomment une eau de mauvaise qualité (tableau 4.6).
105
Tableau 4.6 : Proportions d’enfants malnutris selon les comportements des mères en matière de santé
et de nutrition de l’enfant
Age de l’enfant
La malnutrition varie significativement (au seuil de 1%) d’un groupe d’âges à l’autre
chez l es enfants de m oins de c inq a ns en milie u r ural e t a u n iveau national pour les de ux
standards. Cependant, aucune tendance précise ne se dégage de la variation de la proportion
d’enfants malnutris selon l’âge (tableau 4.7).
Au niveau national :
Comme on le présumait, les enfants de 12-23 mois ont les plus fortes proportions de
malnutris (19,3%) en l eur s ein. V iennent ensuite c eux de 24 -35 m ois (16,4%), s uivis de s
enfants de 48-59 mois (15,7%), puis ceux de 36-47 mois (14,7%). Les enfants de moins d’un
an affichent les proportions les plus faibles – soit 12,8%.
106
Le standard N CHS ga rde à pe u pr ès l a m ême é volution. On not e un e di fférence
beaucoup plus prononcée par rapport au standard de l’OMS entre les enfants de moins d’un an
et ceux de 12-23 moins : soit 9,3% de malnutris contre 28,1%.
Etat morbide
Le m ême co nstat es t f ait aussi bi en e n m ilieu ur bain qu’ en m ilieu r ural. En e ffet, la
proportion d’enfants malnutris est de 24,3% (12,4%) parmi ceux ayant s ouffert de l’une des
trois m aladies r etenues et 17,6% (7,8%) chez ceu x q ui n’ont s ouffert d’ aucune de c es
maladies d eux s emaines av ant la d ate d e l’enquête en milie u r ural ( en milie u u rbain
respectivement).
107
Tableau 4.7 : Proportions d’enfants malnutris selon l’état morbide et le groupe d’âges de l’enfant
Au niveau bivarié, l’on peut classifier les facteurs associés à l’état nutritionnel des
enfants en examinant la statistique "V de Cramer" associée et son seuil de significativité.
Ainsi, ces facteurs se présentent dans les tableaux 4.8 comme suit:
Tableau 4.8.a : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants au niveau national
Plus que t out a utre f acteur, l a r égion d e r ésidence es t fortement associé à l ’état
nutritionnel ( V de C ramer s upérieur à 0 ,23) a u niveau na tional et pour les d eux milie ux d e
108
résidence. On pourrait penser à ce niveau qu’il est un important facteur de différenciation de
l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans au Cameroun.
Tableau 4.8.b : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu urbain
N° Variables V de
d’ordre Cramer
1 Région de résidence 0,23
2 Niveau de vie du ménage 0,20
3 Niveau d’instruction de la mère 0,18
4 Religion 0,16
5 Occupation de la mère 0,13
6 Qualité de l’eau de boisson 0,07
7 Type de toilette 0,06
8 Age à l’accouchement 0,06
9 Participation aux dépenses de santé 0,05
Tableau 4.8.c : Classification des facteurs associés à l’état nutritionnel des enfants en milieu rural
N° V de
Variables
d’ordre Cramer
1 Région de résidence 0,23
2 Niveau d’instruction de la mère 0,18
3 Niveau de vie du ménage 0,13
4 Occupation de la mère 0,13
5 Religion 0,11
6 Sexe de l’enfant 0,07
7 Participation aux dépenses de santé 0,05
8 Type de toilette 0,03
9 Qualité de l’eau de boisson 0,03
Les au tres f acteurs as sociés à l ’état n utritionnel au n iveau n ational l e s ont d ans l es
deux m ilieux d e r ésidence, à l ’exception du sexe de l ’enfant et d e l ’âge d e l a m ère à
l’accouchement. Le sexe est significativement associé à la malnutrition en milieu rural tandis
que le groupe d’âges de la mère à l’accouchement l’est uniquement en milieu urbain.
109
4.2. Profil des enfants malnutris
L’un des objectifs de notre étude est de "dégager le profil des enfants malnutris". Pour
cela nous f aisons r ecours à l’Analyse Factorielle d es C orrespondances Multiples ( AFCM).
L’AFCM m et en év idence l es i nterrelations entre p lusieurs v ariables à p artir d esquelles on
peut apercevoir des regroupements de variables par « affinité » ou par proximité statistique et
la position des unes (ou de certains groupes de variables) par rapport à d ’autres. A contrario,
l’analyse b ivariée ne m et en év idence q ue la r elation en tre d eux v ariables. L’AFCM a
l’avantage d e résumer u ne m asse d ’informations contenues d ans p lusieurs v ariables. C ette
technique pe rmet a insi d’ obtenir un nom bre r éduit de v ariables r ésumées ap pelées f acteurs,
qui d ans l a p résente ét ude p ermettent d e caractériser les en fants p ar rapport à l eur ét at
nutritionnel.
Le logiciel utilisé pour cette méthode est le logiciel SPAD (version 5.5). Les variables
prises en compte sont les variables explicatives et la variable dépendante de l’étude.
Nous pr ivilégions l’éboulis des valeurs propres car cette m éthode permet d e
sélectionner un s ous-espace s table t out en n e s urestimant p as le nom bre de c omposantes
pertinentes à l’ instar d e la R ègle d e K aiser (Baccini et B esse, 2005) . L’histogramme des
valeurs pr opres (cf. annexe 4) présente la d écroissance d e celles-ci. L e principe c onsiste à
rechercher, s’il existe un “coude” et de ne conserver que les valeurs propres jusqu’à ce coude.
110
(100%/43). Or on constate sur l’axe 1 que les contributions varient de 0% à 9,7% tandis que
les contributions vont de 0% à 18,4% sur l’axe 2.
Seules les modalités dont la contribution est élevée (nettement supérieure à 2,3%) sont
à considérer pour l’interprétation d’un axe.
111
Les pr emiers, m alnutris pour l a pl upart, résident e n m ilieu r ural da ns l es r égions
septentrionales du Nord, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua. Leurs mères, sans instruction,
ne participent pas aux dépenses de santé dans le ménage et ont comme principale occupation
« Ménagère/Travaux domestiques ». Ces enfants appartiennent à d es ménages musulmans où
l’eau consommée peut être qualifiée de « Non potable ».
112
Tableau 4.9.b : Description de l’axe 2 par les modalités
113
Graphique 4.4 : Catégorisation des enfants selon certaines caractéristiques
Premier groupe :
Le premier groupe est constitué d’enfants bien nourris vivant dans des ménages riches
dont le chef est de religion catholique. Ils sont complètement vaccinés et consomment une eau
que l’on qualifierait de potable. Ils résident pour la plupart en milieu urbain dans les régions
du C entre, du Littoral et d e l ’Ouest. Leurs mères ont un ni veau d’ instruction s econdaire o u
supérieur et s ont sans oc cupation ou t ravaillent dans l ’Industrie/Commerce,
114
l’administration/service ou poursuivent leurs études. Elles participent également aux dépenses
de santé dans le ménage.
Deuxième groupe :
Le deuxième ensemble regroupe les enfants malnutris qui vivent en milieu rural dans
des ménages pauvres des régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est. Ils
n’ont r eçu j usque l à a ucun va ccin ou a lors s ont partiellement vaccinés. Ils c onsomment de
l’eau non pot able et ne reçoivent pas de suppléments en vitamines. Ils sont issus des femmes
ménagères ( ou effectuant d es t ravaux d omestiques), sans i nstruction, qui ne p articipent pa s
aux dépenses de santé du ménage et qui ont généralement moins de 20 ans à leur naissance.
Nombre des chefs de ménage de ces enfants sont de religion musulmane, animiste ou même
sans religion.
Il ressort de la description des deux groupes ci-dessus que le second groupe présente le
profil des enfants malnutris.
En somme, ce chapitre a permis de décrire, dans une analyse bivariée, les niveaux et la
variation de l a m alnutrition de s e nfants de m oins de c inq a ns s uivant les v ariables
comportementales, contextuelles et certaines caractéristiques socioculturelles, économiques et
démographiques. Il ressort de cette analyse que chacun de ces grands groupes de facteurs est
significativement associé (au seuil de 5%) à l’état nutritionnel des enfants. L’analyse selon le
milieu d e résidence, d ans l a p lupart d es cas, fait obs erver une tendance similaire à c elle du
niveau na tional. O n r elève une di fférence de proportions d’ enfants m alnutris ne ttement
supérieure en m ilieu r ural par rapport au m ilieu ur bain. Le p rofil de s e nfants m alnutris,
dégagé par la suite, montre que ces derniers vivent en milieu rural dans des ménages pauvres
des régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est.
Force est de constater que les niveaux de prévalence de la malnutrition sont nettement
plus élevés lorsqu’on c ompare l es m esures anthropométriques des enfants a ux courbes de
référence N CHS plutôt que les nouvelles courbes de référence de l 'OMS (2006). Ce co nstat
traduit l a di fférence de méthodologie d ans l ’élaboration de s de ux s tandards de r éférence et
confirme l ’hypothèse s elon l aquelle « le profil de croissance de nourrissons en bonne santé
allaités au sein diffère considérablement de la référence internationale NCHS » (OMS,
115
1999). Au titre des différences constatées entre standards, Turck 21 (2007) souligne que « En
comparant les références françaises et les nouveaux standards de l’OMS, on relève surtout
des différences pour la longueur couchée à tous les âges (valeurs françaises plus basses) et
pour la corpulence entre 6 mois à 2 ans (valeurs françaises plus élevées) ».
21
Dominique TURCK, Unité de Gastroentérologie, Hépatologie et Nutrition, Clinique de Pédiatrie,
Hôpital Jeanne de Flandre et Faculté de Médecine, Université de Lille 2.
116
CHAPITRE V : ESSAI D’EXPLICATION DE LA
MALNUTRITION DES ENFANTS
Les d ifférents m odèles d ’analyse s ont p résentés d ans les t ableaux 5 .2.a (au n iveau
national), 5.2.b (pour le milieu urbain) et 5.2.c (pour le milieu rural).
Ces tableaux présentent les rapports de côtes du r isque d’être malnutri. Ils mettent en
exergue dans un premier temps les effets bruts de chaque variable indépendante avant qu’il ne
soit procédé à l’introduction successive des différentes variables explicatives selon le schéma
d’analyse de l’étude. Ensuite, ils présentent les effets nets de ces variables. On part du modèle
M0 (variable dépendante en rapport avec les variables de contrôle uniquement) au modèle M9
(au ni veau na tional) e t M8 ( pour l es m ilieux ur bain e t r ural) qui s ont le s modèles saturés
(finaux).
117
Nous a vons opt é pour de s m odèles pa s à pa s d ans l e but de mettre en ex ergue l es
mécanismes d’action des différentes variables explicatives, ceci conformément à la logique de
notre cad re d’analyse. Le m odèle f inal, qui c ontient t outes les v ariables de l ’étude, pe rmet
d’identifier les facteurs déterminants la malnutrition et de rendre compte du degré d’influence
de chacun. L’ordre d’introduction des variables est le suivant :
Au niveau national :
· Le modèle M3 : M2 + Religion ;
· Le modèle M8 : M7 + Vaccination ;
· Le modèle M2 : M1 + Religion ;
· Le modèle M7 : M6 + Vaccination ;
118
Le niveau de vie du ménage est la seule variable socioéconomique qui sera introduite
dans l es m odèles d e r égression en r aison d e l a f orte as sociation en tre c ette d ernière et les
autres variables que sont le type de toilette et l’occupation de la mère (cf. annexe 5).
Dans cette section, il est question de réaliser des tests statistiques d’adéquation (qualité
d’ajustement) des modèles de régression l ogistique a ux donné es à l ’aide de l a p rocédure
« lroc » du logiciel STATA. Ceci permettra de déterminer si ces modèles sont adéquats pour
tester la structure causale de l’étude.
119
signaler que le pouvoi r pr édictif réel correspond à l a s urface s éparant la co urbe R OC («
Received Operating Characteristic ») et la diagonale principale.
La surface sous cette courbe ROC nous permet d’évaluer la précision du m odèle pour
discriminer les « outcomes » positifs y = 1 des « outcomes » négatifs y = 0.
Si aire 0,7 ≤ ROC < 0,8, la discrimination est acceptable et l’ajustement est adéquat ;
Pour illustrer ceci, le graphique ci-après représente la courbe ROC obtenue du modèle
saturé M9 (au niveau national).
Graphique 5.1 : Évaluation du pouvoir discriminant du modèle saturé M9 (au niveau national)
1.00
0.75
Sensitivity
0.50
0.25
0.00
120
Tableau 5.1 : Pouvoir discriminant des modèles de régression logistique
Modèles
Niveau d'analyse
M0 M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8 M9
Urbain 0,569 0,696 0,704 0,719 0,732 0,734 0,734 0,736 0,736
Rural 0,571 0,670 0,676 0,684 0,687 0,688 0,695 0,696 0,696
National 0,577 0,700 0,710 0,713 0,722 0,727 0,728 0,731 0,732 0,732
L’analyse du modèle final (saturé) à chaque niveau d’analyse permet de dégager les
facteurs déterminants de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans au Cameroun dans
la mesure où il met en exergue l’effet intrinsèque de chaque variable explicative en présence
de toutes les variables indépendantes retenues pour l’étude.
Il est présenté dans les lignes qui suivent l’influence des différentes variables sur l’état
nutritionnel des enfants. Les résultats interprétés seront ceux du m odèle global. Recours sera
fait aux modèles intermédiaires pour mettre en exergue les mécanismes d’action.
121
5.2.1. Influence des variables contextuelles
Au niveau national
Parmi les deux variables retenues pour opérationnaliser le contexte de résidence, seule
la région de résidence est restée déterminante dans le modèle final.
Région de résidence
Milieu de résidence
122
Aux niveaux Urbain et Rural
Un constat quasi similaire est fait en milieu rural. En effet, parmi les dix régions, les
enfants vivant da ns l es r égions d e l ’Extrême-Nord e t du S ud-Ouest ne se différencient p as
significativement de ceux de la région de référence qui est ici le Nord. Les enfants vivant dans
les autres régions courent moins de risques d’être malnutris que ceux du N ord, toutes choses
égales par ailleurs.
L’analyse tenant compte du milieu de résidence met en évidence le risque non m oins
négligeable, déjà constaté au chapitre précédent, que courent les enfants vivant en milieu rural
de la région du Sud-Ouest.
Tout ceci confirme l ’hypothèse H1 pour l es t rois ni veaux d’analyse et r enforce ainsi
l’idée selon laquelle il e xiste de fortes disparités régionales de la malnutrition au Cameroun,
en défaveur des régions septentrionales.
Religion
Au niveau national
123
ménages à ch ef musulman ne se différencient plus significativement des enfants vivant dans
des m énages à ch ef chrétien. L’effet s ignificatif d e la c atégorie « musulman » observé a u
niveau b rut c esse d ’exister d ès l e modèle M 4 lorsqu’on c ontrôle pa r l es v ariables
contextuelles et le niveau d’instruction.
En zone urbaine par contre, ce s ont les enfants vivant dans les ménages dont le chef
est m usulman qui c ourent un pl us gr and risque (82% plus d e r isque) d’être m alnutris par
rapport à ceux vivant dans des ménages à chef catholique ou pr otestant, toutes choses égales
par ai lleurs. Les a utres catégories n e s e d ifférencient p as s ignificativement d u groupe de
référence.
Niveau d’instruction
Au niveau national
Le milieu rural présente une situation similaire à celle décrite précédemment au niveau
national. Ce n’est qu’en milieu urbain qu’un constat différent est observé. En effet, le niveau
d’instruction de la mère qui influençait significativement (au seuil 1%) l’état nutritionnel des
enfants ( M3) voi t s on effet s ’estomper l orsqu’on c ontrôle p ar l e ni veau de vi e du m énage
124
(M4). Même s i o n p eut n oter u ne d ifférence s ignificative en tre l es en fants d es m ères d e
niveau d’instruction primaire et ceux des mères de niveau d’instruction secondaire ou plus, le
niveau d’instruction de la mère n’a pas un effet significatif sur l’état nutritionnel des enfants,
toutes choses égales par ailleurs.
En milieu urbain et au niveau national, le risque d’être malnutri encouru par un enfant
diminue au f ur et à m esure q ue l e n iveau d e v ie d u m énage s ’élève. En effet, la probabilité
pour un e nfant i ssu d’ un m énage de ni veau de vi e moyen d’être a tteint d’ une i nsuffisance
pondérale est 23% inférieure à celle d’un enfant issu d’un ménage pauvre ou de niveau de vie
faible au niveau national. Par rapport à cette dernière catégorie, cette probabilité est 54% plus
faible quand l’enfant appartient à u n ménage à n iveau de vie élevé, toutes choses égales par
ailleurs.
125
Les v ariables âge à l’accouchement (pour l e m ilieu ur bain), et qua lité d e l ’eau de
boisson (pour les trois niveaux d’analyse) qui avaient un e ffet significatif lorsqu’elles étaient
prises i solément, voi ent c ette i nfluence s ’estomper l orsqu’on c ontrôle l es au tres v ariables
retenues pour l’étude.
Le statut vaccinal des enfants quant à lui ne les discrimine pas significativement face à
la malnutrition, toutes choses égales par ailleurs. A cet effet, l’hypothèse H5 est infirmée pour
les trois niveaux d’analyse.
Sexe de l’enfant
Au niveau national, les garçons ont 37% plus de risques d’être malnutris par rapport
aux filles, toutes choses égales par ailleurs. La différence significative selon le sexe observée
aux ef fets b ruts est r estée inchangée jusqu’au modèle g lobal (au s euil de 1% ). Par co ntre,
l’analyse s elon le milieu de résidence montre qu’il n’y pas de différence significative d’état
nutritionnel des enfants selon l e s exe en milieu urbain au C ameroun. C ’est plutôt en milieu
rural que le r isque d ’être m alnutri pour un garçon est d e 49% pl us élevé pa r rapport à une
fille, toutes choses égales par ailleurs. L’effet est très significatif (p < 0,001). L’hypothèse H4
n’est infirmée qu’en milieu urbain.
Autres variables
Les variables retenues comme variables de contrôle ont gardé leur effet significatif sur
l’état nutritionnel des enfants au niveau national et pour le milieu rural. Comme on pouvait le
présager, les enfants ayant souffert d’une des trois maladies que sont la diarrhée, la rougeole
et l’IRA, dans les deux semaines précédant la date de l’enquête, sont à même de présenter une
insuffisance pondérale au moment de l’enquête comparés à ceux qui n’en n’ont pas souffert.
Également, les enfants du groupe d’âges 12-23 mois enregistrent, comparés aux autres
groupes d’ âges, l e r isque d’ être m alnutris l e pl us é levé pa r r apport à ceux de moins de 1 2
mois, t outes c hoses é gales pa r a illeurs. En ef fet, ce groupe d ’âges correspond a u s tade de
développement où l es e nfants c ommencent à e xplorer l eur e nvironnement immédiat e t à
porter n’importe quel objet à leur bouche : ils sont ainsi particulièrement exposés aux agents
pathogènes co mme en d énote l a t rès f orte p révalence d e l a d iarrhée d ans ce groupe d ’âges
(INS, 2006).
126
L’effet d es v ariables d e co ntrôle est non s ignificatif e n milie u urbain C amerounais.
Cependant, i l est i mportant d e l es g arder d ans l es m odèles d e r égression, même s i e lles n e
différencient s ignificativement l es en fants à ce n iveau de l ’analyse, pour l ever t oute
équivoque.
127
Tableau 5.2.a : Effets bruts et nets des variables indépendantes sur l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans au niveau national
128
Age à l’accouchement
< 20 ans 1,131 1,004 0,997 0,994 1,000
20-34 Réf Réf Réf Réf Réf
35 ans ou + 1,118 1,162 1,167 1,167 1,168
Sexe de l’enfant *** *** *** ***
Masculin 1,316*** 1,368*** 1,369*** 1,373***
Féminin Réf Réf Réf Réf
Vaccination *
Aucune 0,956 0,829 0,869
Incomplète Réf Réf Réf
complète 0,840** 0,958 0,948
Supplémentation
Non 0,898 0,886
Oui Réf Réf
Qualité de l’eau de boisson ***
Non potable 1,744*** 0,999
Potable Réf Réf
Etat morbide *** *** *** *** *** *** *** *** *** *** ***
N’a pas souffert Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
A souffert 1,634*** 1,586*** 1,315*** 1,306*** 1,297*** 1,289*** 1,285 1,285*** 1,271*** 1,263*** 1,265***
Age de l’enfant *** *** *** *** *** *** *** *** *** *** ***
0-11 mois Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
12-23 mois 1,633*** 1,526*** 1,627*** 1,624*** 1,610*** 1,599*** 1,612*** 1,613*** 1,618*** 1,613*** 1,575***
24-35 mois 1,344** 1,310** 1,391*** 1,406*** 1,404*** 1,383*** 1,377*** 1,373*** 1,370** 1,357** 1,319**
36-47 mois 1,175 1,198 1,260* 1,261* 1,254* 1,224* 1,232* 1,230* 1,240* 1,226 1,193
48-59 mois 1,276** 1,317** 1,312** 1,316** 1,308** 1,286** 1,280* 1,274* 1,278* 1,262* 1,230
Valeur du Chi2 59,450 404,524 436,487 450,047 484,087 506,129 508,103 524,967 526,573 527,885
Significativité du Chi2 *** *** *** *** *** *** *** *** *** ***
R-deux (Nagelkerke) 0,018 0,116 0,125 0,129 0,139 0,145 0,145 0,150 0,150 0,151
Effectifs 5777 5777 5777 5767 5763 5763 5763 5763 5763 5762
129
Tableau 5.2.b : Effets bruts et nets des variables indépendantes sur l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans en milieu urbain
130
Sexe de l’enfant
Masculin 1,049 1,084 1,086 1,081
Féminin Réf Réf Réf Réf
Vaccination
Aucune 1,529 1,309 1,365
Incomplète Réf Réf Réf
complète 0,932 1,120 1,108
Supplémentation
Non 0,881 0,914
Oui Réf Réf
Qualité de l’eau de boisson ***
Non potable 1,834*** 0,807
Potable Réf Réf
Etat morbide *** ***
N’a pas souffert Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
A souffert 1,673*** 1,628*** 1,253 1,241 1,220 1,187 1,189 1,190 1,192 1,186
Age de l’enfant
0-11 mois Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
12-23 mois 1,552** 1,441 1,619** 1,563* 1,574** 1,594** 1,594** 1,593** 1,529* 1,509
24-35 mois 1,267 1,272 1,418 1,390 1,377 1,343 1,337 1,342 1,301 1,283
36-47 mois 1,085 1,124 1,171 1,138 1,130 1,135 1,139 1,144 1,128 1,113
48-59 mois 1,261 1,305 1,395 1,390 1,385 1,336 1,326 1,326 1,298 1,282
Valeur du Chi2 14,835 113,045 121,639 135,141 155,077 157,621 157,905 158,788 159,769
Significativité du Chi2 ** *** *** *** *** *** *** *** ***
R-deux (Nagelkerke) 0,014 0,104 0,112 0,124 0,142 0,144 0,144 0,145 0,146
Effectifs 2315 2315 2311 2310 2310 2310 2310 2310 2309
131
Tableau 5.2.c : Effets bruts et nets des variables indépendantes sur l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans en milieu rural
132
Sexe de l’enfant *** *** *** ***
Masculin 1,436*** 1,486*** 1,491*** 1,494***
Féminin Réf Réf Réf Réf
Vaccination
Aucune 0,753* 0,770 0,805
Incomplète Réf Réf Réf
complète 0,892 0,897 0,892
Supplémentation
Non 0,873 0,890
Oui Réf Réf
Qualité de l’eau de boisson **
Non potable Réf Réf
Potable 0,841** 0,958
Etat morbide *** *** *** *** *** *** *** *** ** **
N’a pas souffert Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
A souffert 1,506*** 1,456*** 1,300*** 1,296*** 1,295*** 1,306*** 1,305*** 1,277*** 1,264** 1,266**
Age de l’enfant *** *** *** *** *** *** *** *** ** **
0-11 mois Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf Réf
12-23 mois 1,679*** 1,590*** 1,655*** 1,646*** 1,623*** 1,632*** 1,637*** 1,648*** 1,666*** 1,629***
24-35 mois 1,452*** 1,397** 1,423** 1,418** 1,390** 1,385** 1,384** 1,374** 1,368** 1,328*
36-47 mois 1,233 1,242 1,302* 1,291* 1,256 1,262* 1,262* 1,273* 1,265 1,230
48-59 mois 1,312* 1,345** 1,301* 1,288* 1,256 1,254 1,253 1,260 1,242 1,207
Valeur du Chi2 36,535 209,795 223,171 241,211 248,306 248,788 268,689 271,723 272,925
Significativité du Chi2 *** *** *** *** *** *** *** *** ***
R-deux (Nagelkerke) 0,017 0,093 0,099 0,106 0,109 0,110 0,118 0,119 0,120
Effectifs 3462 3462 3456 3453 3453 3453 3453 3453 3453
133
5.2.5. Hiérarchisation des facteurs explicatifs
Tableau 5.3 : Contribution des variables à l’explication de l’insuffisance pondérale des enfants de
moins de 5 ans
134
A c ôté de l a r égion de r ésidence, l e ni veau de vi e de s m énages vi ent e n s econde
position au niveau national et en milieu urbain. En milieu rural, c’est le sexe de l’enfant qui
revêt la deuxième plus grande contribution parmi les facteurs explicatifs.
Cette étude c onverge ve rs pl usieurs a utres menées dans d ifférents pays. Il en ressort
que t ous l es f acteurs co nsidérés ( le co ntexte d e r ésidence, l es f acteurs s ocioculturels,
socioéconomiques et les facteurs intermédiaires) ont une influence certaine sur la malnutrition
des enfants de moins de cinq ans au niveau national et en milieu rural. En milieu urbain, les
facteurs intermédiaires n’ont pas une influence significative sur la malnutrition des enfants.
Le contexte de résidence
Des variables influençant l’état nutritionnel des enfants, la région de résidence revêt la
plus grande importance au Cameroun. Que ce soit au niveau national, en milieu urbain ou en
milieu rural ; la région de résidence a gardé un effet significatif. Rappelons ici que les régions
septentrionales du Nord et de l’Extrême-Nord s’identifient comme des zones à haut risque de
malnutrition pour les enfants (aux trois niveaux d’analyse). Dackam et al (1993) attribuent ces
disparités constatées dans la répartition spatiale de la malnutrition dans une large mesure à l a
grande diversité géographique du Cameroun. En effet, nous avons montré au premier chapitre
que le Cameroun pouvait être divisé en plusieurs zones bioclimatiques ou agro-écologiques,
même si les limites de telles régions « naturelles » ne coïncident pas toujours avec celles des
unités a dministratives. Les p laines du N ord et de l’Extrême-Nord sont caractérisées p ar
l’aridité du climat, s’accentuant à m esure qu’on se rapproche du lac Tchad. C’est dans cette
partie que l ’on retrouve l es M onts M andara, d ’accès d ifficile, m arqués p ar u n climat
relativement sec. Les éléments f ondamentaux du m ilieu é cologique qui i nterfèrent i ci pou r
influencer l a s anté d es e nfants ou pl us pr écisément l eur é tat nut ritionnel s ont : le c limat, la
végétation e t l es s ols. En fait, c es éléments agissent : soit d irectement e n c onditionnant e n
particulier la régulation thermique et on sait que celle-ci est plus difficile pour les enfants en
bas âge ; soit indirectement, d’une part en favorisant la prolifération des agents infectieux ou
leurs ve cteurs, d’ autre p art en d éterminant l e type, l a q ualité et l a q uantité d e r essources
135
alimentaires et d ’eau (plus d isponible à cer taines p ériodes d e l ’année qu’à d ’autres et d e
quantité variable). De l’enquête menée au Cameroun par le SNAR en octobre 2000, il ressort
que l ’insécurité a limentaire e st particulièrement él evée d ans l es régions du N ord e t de
l’Extrême-Nord. La situation agricole des deux régions était si préoccupante que la campagne
en cours devait enregistrer un déficit céréalier de plus de 250 000 tonnes.
Une autre r aison pourrait être : la t rès f aible co uverture en i nfrastructure sanitaire d e
certaines régions, limitant ainsi l’accessibilité aux soins pour les plus jeunes en particulier. En
effet, les informations données par la carte sanitaire de 1999 au Cameroun et reprises dans la
SSS de 2001, font état du fait que les régions du Nord et de l’Extrême-Nord ont chacune une
structure s anitaire pour plus de 72000 ha bitants. La région du S ud-Ouest quant à el le a un
ratio de 44058 ha bitants pour un e s tructure s anitaire nettement supérieur à l a m oyenne
nationale qui est de 42623 habitants pour une structure sanitaire.
136
Les variables socioculturelles
Selon l’étude réalisée en milieu urbain camerounais par Odia Ndongo et al. (2006), il
apparaît que l es c ommunautés c atholiques et p rotestantes sont cel les qui p otentiellement
possèdent l e ni veau de c apital s ocial 22 religieux le p lus b as tandis que les communautés
pentecôtistes et m usulmanes possèderaient l e n iveau p otentiel d e cap ital s ocial religieux le
plus élevé. La même source révèle que le niveau de confiance des enquêtés est plus grand vis-
à-vis des m embres d e l eur communauté religieuse que vi s-à-vis des g ens en g énéral, ce qui
indique un capital social religieux plus important que le capital social dans l’ensemble de la
société s elon l a m esure d e M ontalieu et Baudassé ( 2006). S euls l es catholiques et l es
protestants enquêtés dé clarent da ns une p roportion plus gr ande f aire confiance a ux ge ns en
général qu’ aux m embres de l eurs c ommunautés. Ceci e xpliquerait pour quoi m algré
l’urbanisation, certaines communautés auront moins de chance d’écouter, voire de mettre en
pratique les règles d’hygiène et autres conseils favorables à la santé des enfants prodigués par
les médecins, infirmiers ou les nutritionnistes notamment.
22
L’idée centrale du concept de capital social est que les réseaux et les normes de comportement qui y sont
attachées ont une certaine valeur. Cette valeur est double, puisque le capital social est une richesse à la fois
pour les membres du réseau et pour l’ensemble de la société.
137
Par ailleurs, la relation inverse entre l’instruction de la mère et l’état nutritionnel des
enfants au n iveau n ational e t e n milie u r ural dénote, au f ur et à m esure q ue l a m ère es t
instruite, d’une pl us grande c apacité de c ette de rnière à a pprécier au moment oppor tun, les
différents be soins e t s oins n écessaires à l a s anté d e l ’enfant. Les m ères éduquées r ompent
généralement avec la tradition et les interdits alimentaires. Elles deviennent moins fatalistes à
l’égard d e l a m aladie et el les ad optent en m atière d’alimentation, de s oins à l ’enfant et d e
traitement d es ma ladies, un bon nom bre de s olutions qui de viennent pos sibles dans une
société en évolution. Tout ceci ayant des répercussions sur l’état de nutritionnel de l’enfant.
Le niveau de vie du ménage est l’indicateur composite qui a été choisi pour mesurer
l’impact de s f acteurs s ocioéconomiques s ur l a malnutrition de s e nfants. Son i nfluence s ur
l’état nutritionnel des enfants peut être située à p lusieurs niveaux. Les parents défavorisés ne
peuvent offrir une nourriture adéquate à leurs enfants, essentiellement parce qu’ils n’ont pas
assez d’argent pour acheter des aliments nutritifs. Les revenus très bas ont une conséquence
particulièrement d évastatrice : un a pport é nergétique dé ficient ou l a f aim, m alaise
physiologique provoqué par un m anque de nourriture. Par ailleurs, les horaires de travail des
138
parents a insi qu e l e m anque de t emps pour acheter e t p réparer de s r epas nour rissants
constituent d’autres obstacles à une bonne alimentation.
Un certain nombre d’études sur les ménages dans les pays en voie de développement
ont démontré l’existence d’une relation inverse entre le revenu et la malnutrition des enfants.
Le pa trimoine e n bi ens dur ables a une i ncidence pos itive s ur l’état n utritionnel d e l’ enfant
dans 17 s ur 20 pa ys d ’Afrique S ubsaharienne (Morrisson e t Linskens, 2000) ; de pl us, cet
effet e st l e pl us s ouvent t rès s ignificatif. L’effet a pparaît pl us e n z one urbaine qu’ en z one
rurale, p arce qu ’il di scrimine m ieux l es m énages e n vi lle, où b eaucoup p ossèdent pl usieurs
biens dur ables t andis qu’ en z one r urale b eaucoup de m énages pe uvent n’ avoir qu’ un s eul
bien, voire aucun, en raison d’une plus grande pauvreté.
Sexe de l’enfant
L’un des résultats importants ici est la malnutrition différentielle des enfants selon leur
sexe au niveau national et particulièrement en milieu rural. Contrairement au net retard (non
significatif au seuil de 5%) de -2 points qu’avaient les garçons par rapport aux filles en 2004
(EDSC-2004), l es g arçons sont p lus t ouchés cette f ois. On as siste l à à un retournement de
situation puisque ce constat était déjà fait en 1998 (EDSC-1998) mais plutôt chez les enfants
de moins de trois ans. Des études réalisées dans plusieurs pays mettaient déjà en exergue un
niveau de malnutrition plus élevé chez les garçons par rapport aux filles (EDS Niger, 1998 ;
Nstame, 2001 ; Bougma, 2007). De leur côté, Garenne et al (2000) constatent dans une zone
rurale au Sénégal que les filles sont légèrement avantagées sur le plan nutritionnel si l’on se
fie a ux m esures a nthropométriques. De m ême, à p artir d es d onnées de l ’EMIS-Bobo-
Dioulasso, G ueye ( 1987) m ontre que l a d étérioration d e l a cr oissance pondérale es t p lus
précoce et plus sévère pour les garçons que pour les filles.
L’attention accordée aux filles trouverait son essence dans les spécificités des sociétés
rurales. Les filles y sont beaucoup moins scolarisées qu’en ville et aident leur mère dans les
tâches domestiques dès leur plus jeune âge. Au-delà des raisons physiologiques évoquées par
Ntsame ( 2001), l es j eunes garçons échapperaient a u c ontrôle parental du f ait de l eur pl us
139
grande mobilité comparés aux filles. Autrement dit, ils souffriraient d’une négligence sociale
en milieu rural. A ce titre, Desgrées (1996) souligne que les filles sortent moins de la maison
que l es g arçons d ans l es s ociétés af ricaines ; elles attraperaient à la m aison d es m aladies
comme la rougeole que leurs frères contractent en dehors de la maison.
Pour conclure, nous disons que cette dernière partie a permis de mettre en évidence les
facteurs explicatifs de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans au Cameroun qui
sont : la région de résidence, la religion, le niveau d’instruction, le niveau de vie des ménages
et le sexe de l’enfant au niveau national et pour le milieu rural. En zone urbaine, trois de ces
cinq f acteurs s ont dé terminants : la r égion d e r ésidence, l a r eligion et l e n iveau d e v ie d es
ménages. Parmi ces facteurs, la région de résidence revêt une plus grande importance dans la
l’explication de l’état nutritionnel des enfants pour les trois niveaux d’analyse.
Par ailleurs, l’analyse tenant compte du milieu de résidence a révélé une malnutrition
différentielle des enfants selon leur le sexe en milieu rural ; ce facteur possédant le deuxième
plus g rand pouv oir e xplicatif. Les f acteurs i ntermédiaires, à l ’exception d u s exe en m ilieu
rural, se sont révélés non discriminants de l’état nutritionnel, toutes choses égales par ailleurs.
140
CONCLUSION GÉNÉRALE
141
La r éalisation de ces objectifs allait de pair avec cinq hypothèses dont la vérification
s’est faite à l’aide des données de la MICS-2006. L’évaluation de ces données montre qu’elles
sont d’une qualité acceptable pour l’étude.
Les résultats de l’analyse descriptive étaient en conformité, pour la plupart, avec ceux
attendus a u r egard de la revue d e littérature p réalablement ef fectuée. A insi, l ’Analyse
Factorielle en Composantes Multiples révèle que la plupart des enfants malnutris sont nés de
jeunes mères sans instruction, ne participant pas aux dépenses de santé dans le ménage et sur
lesquelles repose toute la responsabilité en matière d’éducation et d’alimentation des enfants
qui s ont s ouvent partiellement v accinés lorsqu’ils ne s ont t out s implement p as v accinés. I ls
vivent en milieu rural dans les ménages pauvres des régions du Nord, de l’Extrême-Nord, de
l’Adamaoua e t de l ’Est. Ces en fants consomment une e au non pot able e t sont i ssus de s
ménages où le chef est de religion musulmane, animiste ou même sans religion.
Les résultats de la régression logistique ont mis en évidence l’effet net de la région de
résidence s ur l’état nut ritionnel de s e nfants. La prévalence d e l a malnutrition est en core
élevée dans les régions septentrionales du Nord, de l’Extrême-Nord et en milieu rural au Sud-
Ouest. Malgré une amélioration constatée, comparativement à 1998 (standard NCHS), l e
niveau de l a p révalence de malnutris tr aduit e ncore un ni veau supérieur au niveau d ’alerte
142
reconnu internationalement (10%) compte tenu du caractère systémique et multidimensionnel
de la situation du problème et de ses implications socioéconomiques et culturelles. La qualité
des a liments c onsommés c onstitue un problème cr ucial, l ’alimentation es t p eu v ariée et
essentiellement composée de céréales pour les régions les plus touchées. La prise en compte
du s exe d ans l ’analyse a p ermis d e m ettre en ex ergue l a d ifférence significative d ’état
nutritionnel en faveur de filles en milieu rural notamment.
Toutes les hypothèses formulées, à l’exception de la dernière (H5), ont été confirmées pour le
milieu r ural e t au ni veau na tional. E n m ilieu ur bain, les h ypothèses H 2, H 4 e t H5 ont é té
infirmées.
En dépit des résultats évoqués précédemment, l’étude présente quelques limites qu’il
convient de souligner :
143
L’effet de s élection de s e nfants dé cédés qu e n ous a vons m is e n é vidence d ans l e
troisième chapitre pourrait conduire à une s ous-estimation de la malnutrition dans l a
mesure o ù la p lupart d ’entre e ux q ui é taient atteints d e ma lnutrition sévère seraient
décédés avant la date de l’enquête ;
Le m anque d’ informations sur l a va leur nut ritionnelle des d ifférents repas p ropres à
chaque communauté limite quelque peu l’explication ;
Les modèles utilisés ignorent la dépendance intra-groupe (les enfants de moins de cinq
ans ayant une même mère par ex emple), et par conséquent pourraient conduire à des
variances es timées d es ef fets i ndividuels biaisées, donna nt d es i ntervalles d e
confiances trop étroits.
RECOMMANDATIONS
• Toute in tervention v isant à a méliorer l’ état n utritionnel des en fants doit c ibler en
priorité les régions du Nord, de l’Extrême-Nord et le milieu rural au Sud-Ouest. A cet effet, il
serait i mportant, à court terme, de créer d es c entres n utritionnels thérapeutiques dans l es
districts de santé situés en zone rurale de la région du Sud-Ouest, ceci en plus des 19 centres
opérationnels existant dans les hôpitaux de district des régions de l’Extrême-Nord, du Nord,
144
de l’Adamaoua et de l’Est. A moyen terme, il faudrait équiper chaque structure sanitaire sur
toute l’étendue du territoire d’un centre nutritionnel thérapeutique.
• Dans la mise en œuvre d’activités IEC pour améliorer les comportements des ménages
et en matière de nutrition et d’hygiène et assainissement, mettre l’accent sur les communautés
musulmanes e n milie u u rbain, les nouvelles r eligions c hrétiennes e t le s a nimistes e n mi lieu
rural.
• Informer et éduquer les populations en milieu rural sur la prise en charge à domicile de
la diarrhée.
• Incorporer les nouveaux diagrammes de l'OMS dans les carnets de santé existants (cf.
annexe 6).
23
Nouveaux produits thérapeutiques dont l’apparition a révolutionné le traitement de la malnutrition.
145
Au niveau scientifique
L’étude n ’a pas pu cer ner un certain n ombre d e f acteurs i dentifiés d ans la l ittérature
comme déterminants de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans. Cette limite est liée
au f ait q ue l’enquête MICS de t roisième g énération n e l es a p as s aisis. I l s erait intéressant,
pour les études futures, de recueillir des informations sur la durée de l’allaitement, l’intervalle
intergénésique, l’utilisation des centres de santé (les visites prénatales de la mère pour toutes
les naissances de moins de cinq ans), le rang de naissance de l’enfant et la religion de la mère.
Perspective de recherche
146
BIBLIOGRAPHIE
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155
ANNEXES
156
ANNEXE 1 24 : Le lien entre l’état nutritionnel et les OMD
24
Sources : SCN (2004). Comité permanent sur la nutrition des Nations Unies (ex-CAC/SCN)
157
ANNEXE 2 : Schéma conceptuel de l’UNICEF-1997
Malnutrition, décès,
inlinnité chez l'enfant
Ration diététique
inadéquate Maladie
l.tuyst!nnt
poliliquea, tuttLftlt,
religieux,
ic011omiqutse1
10ciaux- ycoq~ria
leatatut réservé aux
lannes - limitent
l'llliliuliondet
ftiiOUfCN
polenliolltl
158
ANNEXE 3 : Tableaux croisés
Au niveau national :
Tableau 1A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables contextuelles
Tableau 2A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables socioéconomiques
159
Tableau 3A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables socioculturelles
Tableau 4A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables intermédiaires
160
Aux niveaux Urbain et Rural :
Tableau 5A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction de la région de résidence
Urbain Rural
Variables (modalités)
Bnourri malnutri Total Bnourri malnutri Total
Adamaoua 202 32 234 313 53 366
Centre 470 23 493 343 43 386
Est 151 21 172 373 75 448
Extrême-Nord 94 30 124 377 179 556
Littoral 581 35 616 106 11 117
Région de Nord 105 38 143 376 189 565
résidence
Nord-Ouest 89 9 98 190 40 230
Ouest 215 9 224 244 28 272
Sud 99 11 110 231 25 256
Sud-Ouest 97 4 101 213 53 266
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Tableau 6A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables socioculturelles et
économiques
Urbain Rural
Variables (modalités)
Bnourri malnutri Total Bnourri malnutri Total
Catholique/Protestant 1 479 109 1 588 1 718 357 2 075
Autre
114 12 126 165 51 216
chrétien/religion
Religion Musulman 372 83 455 605 162 767
Animiste/Sans
134 8 142 273 125 398
religion
Total 2 099 212 2 311 2 761 695 3 456
Sans instruction 284 70 354 879 358 1 237
Niveau Primaire 711 87 798 1 398 292 1 690
d'instruction Secondaire ou plus 1 107 55 1 162 486 46 532
Total 2 102 212 2 314 2 763 696 3 459
faible 141 49 190 1 626 520 2 146
moyen 626 86 712 999 163 1 162
Niveau de vie
élevé 1 336 77 1 413 141 13 154
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Moderne 362 21 383 20 1 21
Type de traditionnelle 1 739 191 1 930 2 746 695 3 441
toilette
Total 2 101 212 2 313 2 766 696 3 462
Sans occupation 153 7 160 42 8 50
Menage/Travaux
1 001 129 1 130 1 310 437 1 747
domestiques
Occupation de Agriculture 182 34 216 1 183 218 1 401
la mère Industrie/commerce 426 28 454 170 30 200
Etude ou
341 14 355 61 3 64
Service/Adm
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
161
Tableau 7A3 : Effectifs d'enfants selon leur état nutritionnel en fonction des variables intermédiaires
Urbain Rural
Variables (modalités)
Bnourri malnutri Total Bnourri malnutri Total
Participation non 1 243 142 1 385 1 563 433 1 996
aux dépenses de oui 860 70 930 1 203 263 1 466
santé Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Moins de 20ans 285 38 323 493 120 613
Age à 20-34 1 532 136 1 668 1 842 470 2 312
l'accouchement 35 ou + 286 38 324 431 106 537
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Masculin 1 046 108 1 154 1 329 397 1 726
Sexe de l'enfant Féminin 1 057 104 1 161 1 437 299 1 736
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
aucune 77 12 89 253 51 304
incomplète 1 079 110 1 189 1 546 414 1 960
Vaccination
complète 947 90 1 037 967 231 1 198
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Non potable 211 36 247 1 451 395 1 846
Qualité de l'eau Potable
1 892 176 2 068 1 315 301 1 616
de boisson
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
Non 471 43 514 688 156 844
Supplémentation Oui 1 631 169 1 800 2 078 540 2 618
Total 2 102 212 2 314 2 766 696 3 462
N'a pas souffert 1 502 127 1 629 1 793 383 2 176
Etat morbide A souffert 601 85 686 973 313 1 286
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
0-11 mois 474 39 513 682 130 812
12-23 mois 423 54 477 578 185 763
24-35 mois 422 44 466 484 134 618
Âge de l'enfant
36-47 mois 437 39 476 570 134 704
48-59 mois 347 36 383 452 113 565
Total 2 103 212 2 315 2 766 696 3 462
162
ANNEXE 4 : Histogramme des valeurs propres issues de l’AFCM
VALEURS PROPRES
+--------+------------+-------------+-------------+----------------------------------------------------------------------------------+
| NUMERO | VALEUR | POURCENTAGE | POURCENTAGE | |
| | PROPRE | | CUMULE | |
+--------+------------+-------------+-------------+----------------------------------------------------------------------------------+
| 1 | 0.2685 | 11.63 | 11.63 | ******************************************************************************** |
| 2 | 0.1753 | 7.60 | 19.23 | ***************************************************** |
| 3 | 0.1124 | 4.87 | 24.10 | ********************************** |
| 4 | 0.1057 | 4.58 | 28.68 | ******************************** |
| 5 | 0.0970 | 4.20 | 32.89 | ***************************** |
| 6 | 0.0957 | 4.15 | 37.03 | ***************************** |
| 7 | 0.0901 | 3.90 | 40.94 | *************************** |
| 8 | 0.0840 | 3.64 | 44.58 | ************************** |
| 9 | 0.0834 | 3.61 | 48.19 | ************************* |
| 10 | 0.0805 | 3.49 | 51.68 | ************************ |
| 11 | 0.0800 | 3.47 | 55.14 | ************************ |
| 12 | 0.0789 | 3.42 | 58.56 | ************************ |
| 13 | 0.0780 | 3.38 | 61.94 | ************************ |
| 14 | 0.0739 | 3.20 | 65.14 | *********************** |
| 15 | 0.0715 | 3.10 | 68.24 | ********************** |
| 16 | 0.0682 | 2.96 | 71.20 | ********************* |
| 17 | 0.0679 | 2.94 | 74.14 | ********************* |
| 18 | 0.0657 | 2.85 | 76.99 | ******************** |
| 19 | 0.0622 | 2.70 | 79.68 | ******************* |
| 20 | 0.0582 | 2.52 | 82.21 | ****************** |
| 21 | 0.0568 | 2.46 | 84.67 | ***************** |
| 22 | 0.0543 | 2.35 | 87.02 | ***************** |
| 23 | 0.0531 | 2.30 | 89.32 | **************** |
| 24 | 0.0494 | 2.14 | 91.46 | *************** |
| 25 | 0.0446 | 1.93 | 93.40 | ************** |
| 26 | 0.0416 | 1.80 | 95.20 | ************* |
| 27 | 0.0392 | 1.70 | 96.90 | ************ |
| 28 | 0.0306 | 1.33 | 98.23 | ********** |
| 29 | 0.0223 | 0.97 | 99.19 | ******* |
| 30 | 0.0186 | 0.81 | 100.00 | ****** |
+--------+------------+-------------+-------------+----------------------------------------------------------------------------------+
163
ANNEXE 5 : Association entre variables indépendantes
164
ANNEXE 6 : Diagrammes de l’OMS
165