Prácticas Religiosas-Moriscos
Prácticas Religiosas-Moriscos
Prácticas Religiosas-Moriscos
3DS~SL1L TEM1M1
Î Mikel de EPALZA
Université d'Alicante
de culte, long et minutieux, que doit fatre le musulman face à 1'expression chrétien-
ne de croyances qu'il croit contraires à la foi musuJmane. Le musulman est tenu, ici
d ·~xprimer pertinemment sa foi. Ille fait par un traité de polémique, où il réfutera
longuement, une à une, les croyances chrétiennes sur la nature de Dieu et de
Jésus. Discussion polémique et profession de foi sont un même rite musulman
que les morisques abreuvés de polémiques, islamo-chrétiennes, accomplissent
avec soin. L'apparence de violence dans les ataques s'adresse aux croyances,
comme une affirmation renforcée, négative, de l'élément poshif des croyances
musulmanes. Il ne faut pas ou blier que la professiOn de foi musulmane s'exprime
eUe aussi négativement : «Il n'y a d'autre dieu que Dieu ».
Pour apprécier 1'importance des discussions théologiques dans· ces textes,
il faut aussi tenir compte de la longue tradition islamique de polémiques antî:..
chrétiennes ( dont celle d'Abd Allah Al-Tarjuman, religieux hispanique islamisé
à Tunis deux siècles plus tôt et fort aprécié des morisques, qui font faire une
traduction en turc de ce livre arabe, pour en faire cadeau au sultan ottoman ).
Les écrivains morisques pouvaient puiser dans cette tradition de nombreux sujets,
autrement plus faciles à développer que les attaques contre les sacrements oü
rites chtétiens. En outre, ils étaient, de par leur culture hispanique, trés familia-
risés avec les discussions conceptuelles, philosophiques et théologiques, ·.dont
les chrétiens d'Espagne faisaient un grand usage dans la vie intellectuelle et reli-
religieuse du XVIIe siècle.
Il faut aussi remarquer 1'originalité des polémiques morisques par rapport
aux polémiques musulmanes anti-chrétiennes du Moyen Age : leurs arguments
sont parfois Je fruit d'une expérience vécue et d'une réflexion personne11e. On
1'a dit aussi pour Abd Allah Al-Tarjuman (Anselm Turmeda). C'est le résultat
d'une confrontation vécue entre 1'expérience religieuse islamique et les croyances
chrétiennes.
Finalement, il faut aussi comprendre que le refus islamique de certaines
croyances chrétiennes découle d'une incompréhension ou d'un rejet fondamental:
celui de la notion chrétienne du salut par le Christ, du péché originel et des péchés
personnels, salut réalisé à travers les sacrements de 1'Eglise, selon la foi chrétienne.
Ces notions n'entrent généralement pas en ligne de compte dans la pensée mu-
sulmane des écrivains morisques, tandis qu'elles sont fondamentales dans la logi-
que des croyances et des rites chrétiens.
b) Principales oppositions
La polémique religieuse des auteurs musulmans tunisiens en espagnol
oppose les pratiques musulmanes aux pratiques chrétiennes, dans le cadre facile-
ment identifiable des sacrements chrétiens et des rites musulmans. On peut établir,
en simplifiant au maximum des développements qui occupent de nombreuses
pages dans les textes, les oppositions suivantes :
- le baptême chrétien est opposé à la circoncision musulmane (UITÀNA),
avec 1'exemple de Jésus, qui fut baptisé par le Baptiste alors que les deux
étaient circoncis préalablement. Les chrétiens devraient .donc se faire Cir-
concire, pour imiter Jésus.
- l'eau bénite utilisée par les chrétiens est opposée aux rites de purification
par l'eau des musulmans (TAHÂRA, GUSL, WU:Oüc).
- la messe eucharistique est réputée absurde par les musulmàlls et opposée aux
cinq prières par jour de l'Islam (~ALÂT). Parfois, la prière musulmane du
vendredi est opposée au précepte dominical chrétien.
14 MIKEL DE EPALZA