Plantes Et Instruments de Musique Traditionnelle Chez Les Bedik Et Les Diola
Plantes Et Instruments de Musique Traditionnelle Chez Les Bedik Et Les Diola
Plantes Et Instruments de Musique Traditionnelle Chez Les Bedik Et Les Diola
Bédik
Doudou Diop, Adjaratou Oumar Sall, Xavier Sadiakhou
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I. Les instruments de musique en bois chez les Diola
usage communautaire. On le joue lors des festivités tels que le « e konkon » qui est
une festivité de lutte des jeunes, le « bukut » et le kahat » qui sont des cérémonies
initiatiques en milieu diola.
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II. Les instruments de musique en bois chez les bedik
Chez les bédik, il y a plusieurs instruments de musique dont les plus importants sont : les flutes et les
tambours.
A/ L’oyèr
L’oyèr est un instrument de musique fait à partir de tiges de bambou appelé ohace ou owace
(Oxytenanthera Abyssinica). Pour fabriquer un oyèr, on coupe une tige de bambou juste avant et
après deux nœuds de sorte que les deux bouts soient fermés puis on perce trois trous sur le morceau
choisi : un trou moyen sur le bout avant et deux petits trous sur le bout arrière. Le plus gros trou
permet de poser les lèvres pour souffler dessus et les deux petits trous de poser les doigts. Les notes
musicales sont composées en soufflant sur le gros trou et en bouchant et débouchant les petits trous
par les doigts.
On fait appel à la flûte lors des fêtes spéciales telles que Macang (la fête des keita au
moment de la sortie du chef de village à la place publique) et Mëpëtën ou Mamëc (fête de
la circoncision), un mois avant l’initiation.
L’autorisation de jouer de la flute est donnée pendant la fête de Macang entre les mois de
janvier-février. A partir de ce moment la flûte peut être jouée tous les jours jusqu’à
l’approche de la cérémonie d’initiation entre mars et avril.
B/ Le Ñëper
C’est aussi un instrument semblable à une flute. Il est utilisé chez les banapas pendant la
cérémonie d’initiation et la fête de Gamond (fête de la fécondité et de la fertilité, destinée
en grande partie aux femmes). Cette flute est destinée aux masques appelés Kangëraŋ. C’est
avec cette flute que, tôt le matin, les masques sont appelés au village. C’est avec elle
également qu’on anime et accompagne les pas des masques, leurs déplacements. Le son de
cet instrument les excite et leur donne plus de vivacité et de férocité. Il est fait généralement
à partir des rameaux de la plante d’ébène (Pterocarpus erinaceus). Ces rameaux sont
sculptés en faisant un trou rond d’une dizaine de centimètre de profondeur au milieu et
deux petits trous sur les côtés. Du coté de la manche, l’instrument est rétréci et ne comporte
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pas d’ouverture. L’air que l’on souffle pour produire la mélodie est dégagé au niveau des
deux petits trous des flancs.
Le Ñëper
Cette flute est généralement utilisée pour faire danser un masque appelé Šambumbu par les
hommes et Camra ou Thiamra par les femmes (masque qui vient pendant les travaux ou
corvées champêtres entre juillet et aout surtout). Cette danse s’effectue en générale
pendant la nuit avec les femmes une fois de retour au village après une corvée.
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2.2 Les tambours
On a observé chez les bediks une variété de tam-tam avec des spécificités pour chaque village
et groupe ethnique. Dans cet article, nous nous intéresserons uniquement aux ɓiñjuŋ juŋ qui
est une des variétés de tambours que l’on ne retrouve que chez les bedik ɓanapas des villages
d’Ethiowar et de Bantata.
Le ɓiñjuŋ juŋ est le nom donné à un ensemble de quatre tam-tam qui permettent de réaliser
l’une des plus célèbres danses traditionnelles Bedik Banapas appelée Mëñjuŋ juŋ. Ces
tambours ont une dimension spirituelle nécessitant des sacrifices telles que l’immolation d’un
mouton et des offrandes de vin de mil ou de rônier pour les déplacer d’un village a un autre.
Pour danser le mëñjuŋ juŋ, il faut impérativement être de la classe d’âge des Majarar
(deuxième classe chez les hommes après l’initiation, c’est-à-dire ceux la classe de ceux qui
ont effectué la cérémonie d’oʃëma cinq ans après leur initiation.
Les fêtes qui font appel à cette danse sont au nombre de trois :
La fête de macako qui se passe juste après la récolte du fonio vers les mois de
novembre-décembre. Pendant cette fête, les jeunes portent leurs premiers ornements
(bijoux, perles). La fête de macako est suivie par la fête des oʃëma.
La cérémonie d’oʃëma se passe vers le mois de janvier. Elle permet aux initiés de la
première classe (majaɓakëla) de passer à la deuxième classe appelée majarar.
Auparavant pour passer ce rituel d’oʃëma il fallait compter cinq années après
l’initiation. Il faut noter qu’aujourd’hui les choses ont change car après deux ans
d’initiation, les jeunes garçons peuvent bruler les étapes pour accéder plus vite à la
classe des majarar.
La fête de macang appelée aussi la fête des morts se passe entre les mois de janvier et
févier.
Cet ensemble de quatre tam-tams est composé de deux gros tambours (ɓiñjuŋ juŋ ɓaparame :
traduction= tambours qui sont grands), d’un moyen tam-tam (samburuŋ) et d’un petit tam-
tam (ñëkéɗépët). Les tambours sont complémentaires pour la danse. Séparément, les tam-
tams ne peuvent pas être utilisés sauf le Samburuŋ qui était utilisé pour annoncer aux villages
environnants le décès d’une personne à Ethiowar.
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A/ Les ɓiñjuŋ juŋ ɓaparame (fig. 1 et 2) (gros tam-tams)
B/ Le samburuŋ (fig. 3)
C’est le tam-tam avec lequel on commence la sonorité.
C’est lui qui marque le départ de la danse, il permet de
cantonner la mélodie. Le Samburuŋ appartient
à la famille des Camara. Il produit un son léger et
sa résonance peut aller très loin. C’est d’ailleurs la raison
pour laquelle on l’utilisait pour annoncer un décès aux
Fig. 3 : Samburuŋ
villages environnants du village d’Ethiowar.
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C/ Le ñékéɗépët (fig.4)
Il est toujours accroché à l’épaule. C’est
lui qui marque les pauses, le changement des rythmes
et produit une mélodie agréable à l’oreille. Il fait des
mixages et produit un son léger. Il appartient aux Keita.
Fig. 4 : ñékéɗépët
Le samburuŋ et le ñékéɗépët sont fabriqués à partir d’un tronc d’arbre (Cordyla pinnata)
appelé Giwud (ban.) ou Iwud (biw.). C’est également cet arbre qu’on utilise pour la
fabrication du mortier. Il est très résistant, très dur mais plus lourd que le rônier, c’est pour
cette raison que le samburuŋ et le ñékéɗépët ne sont pas aussi gros. Ils sont portables à
l’épaule. Cependant, contrairement aux deux gros tambours, il n’y a qu’un seul côté qui est
couvert de la peau de zèbre (sangum). Ils sont sculptés de sorte qu’il y ait deux ouvertures
avec un rétrécissement au milieu. Le son qu’ils produisent est léger et peut porter très loin.
La gestion des ces instruments de musique est de la responsabilité de toute la
communauté (la famille des Camara et celle des Keita), mais pour plus de sécurité et
d’entretien, chaque tam-tam est confié à un batteur. Tous les hommes peuvent faire partie de
cette équipe de quatre batteurs sauf les Samoura et chaque batteur choisi peut prendre avec lui
un apprenti. Tout ce qui va de l’entretien à la réparation des ɓiñjuŋ juŋ doit être assuré par
cette équipe de quatre avec tout un rituel qui va avec et qui fera l’objet d’autres études.
Conclusion
Les diola et les bedik forment deux communautés fortement ancrées dans leurs traditions.
Leurs cultes et rites sont étroitement liés à leurs ressources naturelles. La plante constitue
l’une des ressources les plus importantes, elle est omniprésente dans toutes les activites
sociales et économiques des ces deux communautés. Au plan culturel, sept espèces végétales
au moins sont utilisées dans la fabrication d’instruments caractéristiques chez ces deux
communautés. Il s’agit d’instruments de musique et de communication qui, de par leurs
fonctions et leurs utilisations, peuvent revêtir un caractère artistique, social, politique,
symbolique et culturel d’une grande importance.
Bibliographie
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2. Doudou DIOP, Adjaratou Oumar SALL, Xavier Sadiakhou. 2016. Instruments de musique
traditionnelle chez les Diola et les Bedik du Sénégal. La Garance Voyageuse. n°116. 10-12 p.
ISSN 0988-3444.
3. Kédougou : Ethiouar, un village suspendu sur les collines de Bandafassi. .
file:///C:/Documents%20and%20Settings/Utilistateur/Mes%20documents/Downloads/
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andafassi.pdf Consulté le 27/11/2017
4. Thiemo Ndiaye, 2000. Etude des agro-pastoraux et des revenus dans le Tenda
(BANDAFASSI). Rapport du Programme Sénégal Oriental. 46 p.