Droit Fiscal G2 Séance 3
Droit Fiscal G2 Séance 3
Droit Fiscal G2 Séance 3
Semestre 4
Séance n° 3
1
A. La portée du principe de la légalité fiscale
2
En troisième lieu, le principe de légalité ne s’applique pas dans les
conditions aux taxes parafiscales, lesquelles sont définies par l’article 5 le
décret n° 2-98-401 du 9 moharrem 1420 (26 avril 1999) relatif à
l'élaboration et à l'exécution des lois de finances.
Enfin, si le régime de l’impôt relève, pour l’essentiel, de la compétence du
législateur, cela ne signifie pas que ce dernier a toute latitude pour en fixer
les règles : le contrôle de la constitutionnalité des lois fiscales lui impose
désormais le respect des principes fondamentaux. En effet, la légalité
fiscale doit se concilier avec les autres principes de valeur
constitutionnelle. En particulier, s’impose à lui la supériorité des traités
internationaux qui sont très nombreux dans le domaine fiscal.
Le pouvoir fiscal du législateur s’exerce donc dans les limites déterminées par des
règles fiscales de valeur constitutionnelle dont le Conseil constitutionnel précise la
portée.
Le principe d’égalité est considéré comme l’un des droits fondamentaux non
seulement de la personne mais aussi du contribuable.
La Constitution marocaine qui reconnait le principe d’égalité devant la loi
consacre par là même le principe de justice fiscale. Ainsi, selon les articles 39 et
40 de la Constitution marocaine: « Tous supportent, en proportion de leurs facultés
contributives, les charges publiques que seule la loi peut, dans les formes prévues
par la présente Constitution, créer et répartir ».
L’obligation de répartir également l’impôt entre les citoyens ne signifie
évidemment pas que les contribuables doivent payer le même montant, ni même
être soumis au même régime fiscal.
Il signifie, en premier lieu, que la loi fiscale ne doit pas comporter de
discrimination injustifiée, c'est-à-dire s’appuyant sur l’origine, la religion ou la
race. En second lieu, que le législateur ne peut instituer un régime différent entre
les contribuables que dans la mesure où cela se justifie par une différence de
situation.
3
Ainsi, il peut y avoir des différences de régime selon la situation personnelle
(notamment familiale) du contribuable, selon son appartenance à telle ou telle
catégorie socioprofessionnelle, ou encore, selon son comportement économique
(incitations fiscales).
Dès lors qu’il existe une différence de situation, le législateur retrouve un très
large pouvoir d’appréciation et peut instituer des régimes différents en ce qui
concerne aussi bien les règles applicables à la détermination de l’assiette ou du
taux d’un impôt, que celles concernant la lutte contre la fraude fiscale ou
l’amnistie fiscale.
Le principe de l’égalité devant la loi fiscale ne fait pas davantage obstacle à ce
que le législateur édicte des mesures d’incitation à la création et au
développement d’un secteur d’activité concourant à l’intérêt général, à condition
toutefois qu’il fonde son appréciation sur des critères objectifs et rationnels.
En définitive, le Conseil constitutionnel français ne cesse de rappeler que « le
principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente
des situations différentes ni à ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt
général, pourvu que dans l’un et l’autre cas, la différence de traitement qui en
résulte soit en rapport avec l’objet de la loi qui l’établit»1.
Le juge constitutionnel apprécie ainsi la différence de régime applicable, à la fois
par rapport à la différence de situation et par rapport au but poursuivi par le
législateur.
1
C.C. décision n° 95-369 du 28 décembre 1995, D.F. 1996, n°1-2, comm. 3. Philip (L.), Le principe
constitutionnel d’égalité en matière fiscale, Droit fiscal, 1990 n° 12, p. 465.
2
T. Lambert, L’équité supplétif de l’égalité en matière fiscale, in Egalite et équité : antagonisme ou
complémentarité ?, Economica, Paris 1998, p. 113.
4
1. la progressivité de l’impôt
2. La personnalisation de l’impôt
3
M. Bouvier ., « Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt », 3ème édition, LGDJ, Paris, ,2010,
p.34, l’auteur insiste, cependant sur le fait que « l’intérêt que suscite actuellement aux États-Unis l’idée qu’il
conviendrait de substituer un impôt proportionnel unique à un impôt progressif sur le revenu, peut laisser penser
que, dans un futur proche, le même débat pourrait bien se trouver relancé en Europe », et particulièrement en
France.
4
M. Bouvier, « la notion de capacité contributive des contribuables dans la société post-moderne ». RFFP, n°
100, novembre 2007, p. 87.
5
que la notion des facultés contributives est applicable presque uniquement en matière
de fiscalité directe.
L’impôt est indispensable, c’est une nécessité liée à l’organisation de la vie sociale
à laquelle tous les citoyens doivent se soumettre.
Cette nécessité s’applique à l’ensemble des impôts et non pas uniquement à ceux
qui sont nécessaires au financement de la défense nationale (entretien de la force
publique) et au dépenses de fonctionnement (dépenses d’administration).
En effet, le Conseil constitutionnel français a considéré que la fiscalité pouvait être
aménagée dans un but d’intérêt général afin de faciliter certaines activités à
caractère économique, social et culturel5.
Par ailleurs, il découle du principe de la nécessité de l’impôt que la lutte contre la
fraude fiscale constitue un objectif de valeur constitutionnelle dont la mise en œuvre
peut entraîner la limitation de certaines libertés ou de certains principes
constitutionnels.
Ainsi, c’est au nom de ce principe que le Conseil constitutionnel français a justifié
l’existence des perquisitions fiscales bien qu’elles portent atteinte au droit de
propriété et à l’inviolabilité du domicile. Toutefois, celles-ci ne peuvent s’exercer
que dans le respect de l’article 24 de la Constitution de 2011, c'est-à-dire dans les
conditions et les formes prévues par la loi.
Cela ne signifie pas que le régime de l’impôt ne s’applique que pour un an, ou
qu’il ne puisse être modifié en cours d’année, notamment en ce qui concerne son
taux, mais seulement que l’autorisation de le recouvrer doit être renouvelée
chaque année. C’est l’objet de l’article 1er de la loi de finances annuelle.
5
Décision 184 DC du 29 décembre 194.
6
En pratique, l’application des mesures fiscales déborde généralement le cadre
annuel. Le contrôle, bien que limité dans le temps, s’étale sur plusieurs années 6.
Le paiement s’effectue soit annuellement soit, plus souvent, mensuellement ou
trimestriellement. Le régime de l’impôt est souvent fixé avec effet rétroactif,
c'est-à-dire l’année précédente celle où il sera calculé ou recouvré.
6
Le principe de l’annualité a parfois comme effet de faire supporter un impôt a un contribuable au-delà de sa
situation objective : le locataire devra supporter la taxe d’habitation pour l’année entière, même s’il n’a occupé le
logement qu’une partie de l’année, dès lors qu’il en a la disposition le 1er janvier.
7
Cf. BENABDELLAH (M.A.), La loi de finances 2002 est-elle inconstitutionnelle?, in Le journal 12 janvier
2002, p.10