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Instrumentation

La spectroscopie des gaz


La spectroscopie à transformée de Fourier est une méthode effi-
cace de détermination de la composition chimique des gaz. Elle
fait intervenir le proche infrarouge pour l’élaboration des mélan-
ges d’essence ou les prévisions météorologiques, et la lumière
visible en astronomie. Les trois articles qui suivent présentent
plusieurs applications de cette technologie ; le quatrième aborde
le principe de l’interféromètre et les notions mathématiques utiles
pour interpréter les résultats.

Photo de la nébuleuse Helix prise par le télescope Hubble (NASA, STScI)

Le compteur de × 80 cm, environ 110 kg) jamais utilisé


sur un télescope terrestre et le seul à
La conception du double port de sortie
(2 CCD) repose sur l’utilisation de mi-
photons fonctionner dans la bande visible ; il se roirs plats et la position désaxée du
compose d’un module innovant de FTS faisceau. Jamais encore mis en pratique
fonctionnant en mode pas à pas, de auparavant, ce montage réduit le nom-
Dans les années 60, la spectroscopie
deux caméras CCD à couplage de char- bre de rayons réfléchis rencontrés par
à transformée de Fourier (FTS) était ges, de deux miroirs de sortie et d’un le faisceau. Le revêtement de la lame
surtout utilisée pour le développe- ensemble objectif collimateur, dont séparatrice est constitué d’un ensemble
ment de télescopes mais elle a ABB assure l’intégration complète. diélectrique multicouche sophistiqué
rapidement trouvé bien d’autres ap- qui module fortement la lumière dans
plications, notamment pour le contrô- Il fallait impérativement optimiser le la gamme d’ondes spécifiée, sans
le des substances chimiques dans débit et les capacités de transmission engendrer d’absorption indésirable.
de cet instrument pour permettre aux Les sept lentilles servant à la collima-
l’industrie. Affinée et améliorée, cette
astronomes de collecter le maximum
technologie est toujours à la base des de photons. Son fonctionnement sur 1 Le télescope de l’observatoire canadien du
télescopes à haute définition, qui sont un spectre de 350–950 nm est adapté à mont Mégantic utilise un spectro-imageur à
presque capables de compter les la sensibilité des deux caméras CCD de transformée de Fourier mis au point par ABB.
photons à l’unité. Aujourd’hui, ces 1340 × 1300 pixels, en sortie de l’inter-
télescopes explorent les confins de féromètre. L’interférence se produisant
l’univers pour nous révéler les secrets sur la longueur d’onde visible, une
commande mécanique est nécessaire
de la matière.
sur la gamme des nanomètres. Une

A la fin de l’année 2000, l’université


québécoise de Laval et ABB ont
lancé un projet commun de conception
platine piézoélectrique de déplacement
sans frottement a été conçue pour
contrôler l’angle et la position du mi-
d’un instrument devant équiper le roir mobile de 76 mm de l’interféromè-
télescope terrestre d’un diamètre de tre. Un système sophistiqué de métro-
1,6 m de l’observatoire du mont Mé- logie laser mesure par lecture optique
gantic, au Canada 1 ; l’instrument fut la position et l’angle du miroir 8000
testé pour la première fois en février fois par seconde. Un ordinateur dédié
2004. Par son nombre de pixels détermine les corrections à appliquer
(1,7 million) et son champ de vision aux actionneurs piézoélectriques afin
(12 minutes d’arc), ce spectro-imageur de stabiliser les images de franges
à transformée de Fourier (IFTS) est de d’interférence et d’optimiser le contras-
loin le plus grand instrument (133 × 80 te enregistré par les caméras CCD.

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La spectroscopie des gaz

Instrumentation

tion et au renvoi d’images répondent 2 Représentation schématique d’un IFTS produisant un cube de données.
aux besoins de collimation de la lumiè-
re et assurent également la fonction
d’étalement du point panchromatique Cube de données
sous la seconde d’arc, au plan de
l’image. Près d’un million de spectres
indépendants peuvent être capturés à
partir de la scène observée, soit envi- OPD
ron mille fois plus qu’avec les spectro-
mètres multi-objets ou imageurs classi-
ques. Le facteur de transmission total
du système est supérieur à 60 % (30 % Scène Interféromètre
par CCD) à 500 nm, grâce à l’utilisation
d’un détecteur à rendement quantique
de 90 %. Un record dans la discipline ! Matrice plan focal Signal pixel
Les caméras sont refroidies à l’azote OPD : différence de chemin optique
liquide, ce qui atténue considérable-
ment le bruit de lecture (3 électrons) et
garantit une très grande sensibilité : pas il enregistre la longueur d’onde (ou L’instrument est encore en phase de
de doute, l’instrument est bien capable énergie) du photon. En d’autres ter- mise en service sur le télescope de
de compter un à un les photons ! mes, les multiples images de la scène Mégantic. Les astronomes devraient en
sont enregistrées sur différentes lon- disposer en 2006 pour mener diffé-
gueurs d’onde pour constituer un rents programmes scientifiques. ABB
Près d’un million de cube de données 2 . espère que l’intérêt témoigné par la
spectres indépendants publication de nombreux articles
peuvent être capturés La richesse des données collectées par scientifiques sur le sujet ouvrira des
l’IFTS a sa contre-partie : le temps de perspectives de réalisation d’autres in-
à partir de la scène mesure. L’acquisition d’un cube peut terféromètres, adaptés à la génération
observée. prendre quelques minutes . . . ou plu- actuelle de grands télescopes terres-
sieurs heures selon les paramètres tres (>10 m) ou à de futures stations
retenus ! Pour autant, les astronomes spatiales.
Un spectro-imageur produit des cubes ayant l’habitude de patienter avant
de données : outre les deux coordon- que la lumière rencontre leurs instru- Frédéric J. Grandmont
nées spatiales de la source de lumière, ments, ce délai n’est pas jugé gênant. [email protected]

L’œil sur le cyclone Les rejets croissants de gaz à effet de


serre (GES) dus à l’activité humaine
duction. Il nous faut donc disposer
d’outils d’acquisition de données plus
modifient la composition et les pro- puissants pour accroître notre capacité
La composition chimique de l’atmos-
priétés de l’atmosphère. Les effets sur à prévoir précisément ces phénomè-
phère se modifie rapidement sous l’environnement – réchauffement pla- nes et améliorer les modèles atmos-
l’action des émissions de gaz. Des nétaire, dégradation de la couche phériques des scientifiques. C’est
mesures précises et fiables de la d’ozone et de la qualité de l’air . . . – l’objectif de l’activité ABB Analytical
concentration et de la localisation sont dramatiques. (cf. « Analyse de qui, à Québec, fabrique des spectro-
géographique de ces gaz sont par Fourier et effet de serre » en p. 71). mètres à transformée de Fourier (FTS)
Le réchauffement de la planète accélè- embarqués dans des satellites d’obser-
conséquent primordiales pour com-
re l’évaporation des eaux, qui provo- vation météo.
prendre les effets à long terme des
que à son tour un accroissement de
changements induits sur le climat et la moyenne mondiale des précipita- Le rayonnement infrarouge thermique
l’environnement de la planète. tions. Il est probable que l’humidité émis par l’atmosphère terrestre
du sol s’amenuise dans de nombreu- contient toutes les informations utiles

C haque molécule possède une


« empreinte digitale » dans le spec-
tre infrarouge, qui peut être visualisée
ses régions et que les pluies torren-
tielles soient de plus en plus fréquen-
tes. Les évolutions climatiques et de
sur la colonne d’air examinée. Qu’il
s’agisse de mesures de la pollution,
de chimie atmosphérique ou de sur-
par spectroscopie infrarouge à trans- la qualité de l’air ont également des veillance de la couche d’ozone, la
formée de Fourier (FTIR). Les don- retombées économiques et sociales concentration des molécules est déter-
nées fournies par les satellites équipés majeures : des conditions météorologi- minée en mesurant l’absorptivité ou
d’analyseurs ABB permettent de ques extrêmes présentent un risque l’émissivité des molécules dans la
mieux comprendre et d’anticiper les direct pour les populations, encore bande infrarouge. Pour les applica-
risques environnementaux. davantage pour leurs moyens de pro- tions météorologiques, le facteur

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La spectroscopie des gaz

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d’absorption et d’émission du dioxyde


de carbone à des longueurs d’onde de
l’ordre de 15 micromètres permet de
mesurer indirectement la température
de l’atmosphère. C’est dans les « fenê-
tres atmosphériques » (régions du
spectre où l’atmosphère est transpa-
rente à l’infrarouge) qu’il est possible
de déterminer la température de la
surface terrestre, tandis que la portion
du spectre comprise entre 5 et 8 mi-
cromètres permet de calculer indirec-
tement la teneur en eau ou l’humidité
de l’air. Non seulement ces mesures
fournissent la température ou l’humi-
dité totale apparente au sommet de
l’atmosphère, mais elles peuvent éga-
lement être utiles pour récupérer des
profils précis de température et de
concentration de vapeur d’eau. Ce
processus transforme le FTS en puis-
sante sonde dédiée à la mesure de
paramètres atmosphériques précieux
pour alimenter des modèles de prévi-
sion météorologique. terrestre, le temps de mesure doit être deurs infrarouges basés sur un spec-
très court et exige une haute sensibili- tromètre dispersif ou un spectromètre
té. Les satellites en orbite géosynchro- FTS offrent une vision spectrale beau-
Le rayonnement thermi- ne, au contraire, sont toujours à coup plus complète : par exemple, le
que infrarouge émis par l’aplomb de la même zone du globe sondeur infrarouge CrIS2) (Cross-Track
l’atmosphère terrestre et autorisent des durées de mesure Infrared Sounder) sera doté de plus
plus longues. Toutefois, la grande de 1300 canaux spectraux et pourra
contient toutes les distance entre l’aéronef et la surface mesurer des profils de température
informations utiles sur la terrestre limite la quantité de lumière avec une résolution verticale de 1 km
atteignant le capteur, ce qui impose et une précision proche du degré
colonne d’air examinée. là aussi une grande sensibilité. Par Celsius. Sa référence spectrale embar-
ailleurs, les sondeurs géosynchrones quée – une diode laser monochroma-
Sondeur atmosphérique infrarouge ne peuvent pas fournir de mesures tique – garantira en outre la grande
Les sondeurs atmosphériques infrarou- couvrant toute la planète car ils sont stabilité de la mesure pendant toute
ges peuvent équiper deux types de « bloqués » à une latitude déterminée. la durée de la mission. Enfin, la tech-
satellites : ceux placés sur orbite bas- nologie FTS est particulièrement
se, à des altitudes de 700 à 850 km, Les capteurs actuellement utilisés pour robuste et fiable, deux qualités essen-
et ceux évoluant sur une orbite « géo- sonder l’atmosphère dans l’infrarouge tielles aux missions d’observation de
synchrone »1), à 36 000 km de la Terre. thermique fonctionnent à partir d’une longue durée.
Ces deux orbites sont utilisées pour série de filtres à bande étroite pour
des besoins différents mais supposent fournir des informations spectrales ; ABB travaille actuellement sous contrat
également des difficultés et des or ces filtres sont en nombre limité avec ITT Industries pour construire
contraintes techniques distinctes. (souvent moins de 20). En outre, des sondeurs CrIS équipant les satelli-
Sur orbite basse, l’engin spatial met compte tenu de leur nature et de la tes environnementaux à orbite polaire
100 minutes pour faire le tour de la largeur de la couverture spectrale américains NPOESS (National Polar-
planète. Pour éviter les effets de requise, les bandes de spectre ne sont orbiting Operational Environmental
rémanence dus à la grande vitesse à pas contiguës, d’où une perte d’infor- Satellite System). ABB développe et
laquelle le satellite survole la surface mation dans les intervalles. Les son- construit l’interféromètre et son instru-

Notes
1)
Un satellite sur orbite géosynchrone semble stationnaire pour l’observateur resté à terre.
2)
Le sondeur CrIS remplacera le sondeur infrarouge à haute résolution (HIRS) à bord de la prochaine génération de satellites américains NPOESS. Il fournira des mesures
de température et des profils d’humidité plus précis, depuis une altitude de 850 km environ. Consulter le site http://www.ipo.noaa.gov/ pour en savoir plus.
3)
Le satellite SCISAT permet à une équipe de scientifiques canadiens et internationaux de mieux comprendre le phénomène d’appauvrissement de la couche d’ozone et
plus particulièrement les changements observés au-dessus du Canada et de l’Arctique. L’instrument ACE-FTS embarqué par SCISAT mesure simultanément la tempéra-
ture, les traces de gaz, les petits nuages et les aérosols trouvés dans l’atmosphère, à une altitude de 650 km. Pleinement opérationnel, ce satellite fut lancé par la NASA
en août 2003.

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Analyse de Fourier et effet de serre

La Terre est exposée à une grande quantité de la planète. Sans cette absorption, la tempéra- Ce mécanisme d’effet de serre est connu de
rayonnements solaires (environ 1,7 × 1017 W ture moyenne à la surface de la Terre serait de longue date. Son principe fut d’abord posé par
hors de l’atmosphère ou 1366 W par m2, à une –17 °C au lieu de +15 °C. L’augmentation Joseph Fourier en 1824, puis il fut quantifié par
longueur d’onde maxi de 500 nm). Si toute constatée de la concentration des GES accroît Svante August Arrhenius en 1896. Précisons
cette énergie restait confinée à terre, la planète cette capacité d’absorption et, par consé- que Fourier travaillait alors à la description
se réchaufferait très vite. Heureusement, celle- quent, la température en surface : selon mathématique de la conduction thermique et
ci réfléchit presque 30 % de ces rayonne- l’observatoire de Mauna Loa, à Hawai, la du rayonnement infrarouge : une œuvre
ments, le reste étant absorbé par l’atmosphère concentration de CO2 est passée de 313 ppm d’autant plus complète qu’une autre de ses
(16 %), les nuages (3 %), le sol et l’eau (51 %). en 1960 à 375 ppm en 2005. découvertes majeures, l’analyse de Fourier,
Ce sont pourtant ces radiations qui permettent reste encore aujourd’hui à la base de l’instru-
la vie sur Terre : à l’origine de la photosynthèse Afin de collecter davantage de données sur les mentation permettant d’étudier l’effet de serre.
des plantes, du cycle hydrologique et d’autres GES, l’agence spatiale japonaise met au point
phénomènes naturels, cette énergie est finale- le satellite d’observation GOSAT (Greenhouse
ment retransmise par rayonnement sur une gases Observing SATellite), équipé d’un inter-
large gamme de fréquences (avec un pic féromètre conçu et fabriqué par ABB. Cet ins-
d’environ 15 micromètres dans l’infrarouge). trument contribuera certainement à recueillir
Cependant, l’atmosphère réabsorbe approxi- davantage d’informations sur les concentra-
mativement 71 % du rayonnement de surface, tions de molécules participant au phénomène
ralentissant ainsi le refroidissement naturel de de réchauffement de l’atmosphère terrestre.

mentation de mesure ainsi que le sont totalement redondants. La concep- conception et de fabrication de spec-
corps noir servant à l’étalonnage tion des mécanismes de scrutation tromètres FTS, qui modulent le fais-
radiométrique en vol de l’instrument. garantit une bonne capacité de flexion ceau IR sur une longueur d’onde
ABB participe également à l’élabora- et l’absence de frottement, ce qui évite donnée par interférence optique (cf.
tion des algorithmes de traitement de l’usure rapide des pièces en mouve- « Les ondes font des vagues »), remonte
niveau 1. ment, dont pâtit souvent l’instrumenta- au début des années 70, avec la mise
tion spatiale. au point de FTS embarqués sur des
ballons, suivie de plusieurs autres
Le sondeur CrIS pourra Le premier instrument fut livré en projets d’envergure. Cette élégante
mesurer des profils de novembre 2005, suivi de deux autres et puissante méthode d’analyse spec-
température avec une quelques mois plus tard. trale a encore de beaux jours devant
elle au service des spécialistes de
résolution verticale de Une longue expérience l’atmosphère.
1 km et une précision La technologie FTIR fut à l’origine
mise au point pour scruter le cosmos.
proche du degré Celsius. Elle trouva ensuite bien d’autres
applications avant d’être elle-même
Pour fiabiliser l’instrument, le sous- mise sur orbite pour observer la Terre. Marc-André Soucy
module de mesure et l’électronique L’expérience d’ABB en matière de [email protected]

Le spectre des essences L ’envolée de la demande mondiale


en produits pétroliers légers, tirée
par les économies émergentes telles la
Le mélange des produits est une technique essentielle pour l’industrie du Chine et l’Inde, a entraîné l’augmenta-
raffinage : il s’agit de la dernière étape de la transformation du pétrole brut en tion des marges de raffinage, malgré
carburants commercialisables. Le mélangeur assemble plusieurs flux issus la flambée du prix du pétrole brut ob-
d’unités de traitement différentes afin de produire un carburant aux normes servée ces derniers mois. Les besoins
nationales et internationales, ou aux spécifications client. Stade ultime du en produits finis susceptibles de déga-
raffinage, son optimisation est capitale car les bénéfices de l’amélioration d’un ger de fortes marges ont remis en
lumière le rôle capital de l’analyse en
processus amont peuvent facilement être anéantis si un mauvais mélange
ligne par spectroscopie à transformée
produit un carburant de basse qualité ou, plus fréquemment, s’il érode la marge de Fourier dans le proche infrarouge
du raffinage par une utilisation sous-optimale de bases essence onéreuses. (FT-NIR). Les avantages de cette tech-
C’est donc à ce stade que l’optimisation du processus s’avère la plus payante. nique pour les applications d’optimi-

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La spectroscopie des gaz

Instrumentation

sation des produits finis à forte valeur composition chimique, mais égale- Cette technologie offre une précision
ajoutée sont considérables, notam- ment les propriétés des principaux analytique comparable à celle des
ment dans l’élaboration des mélanges flux du procédé tels que l’octane, les référentiels ASTM servant à élaborer
d’essence : analyses multi-propriétés et aromatiques, les courbes de distilla- les modèles d’étalonnage, sous réser-
multi-flux, haut niveau de répétabilité tion, le cétane ou le point de trouble. ve d’appliquer les bonnes méthodes
(généralement bien supérieur à celui Ces propriétés, souvent les plus solli- statistiques. Pourtant, les possibilités
des analyseurs en ligne classiques), citées par les spécialistes de l’optimi- d’amélioration de la répétabilité de
strict respect des normes ASTM (Ame- sation du processus ou les plus l’analyse comme de la disponibilité
rican Society for Testing and Mate- contraignantes en termes de produit de l’analyseur grâce à la technologie
rials). En outre, les analyseurs FT-NIR fini, peuvent être extraites d’un simple FT-NIR ne sont en général pas appré-
sont capables de modéliser non seule- spectre FT-NIR. ciées à leur juste valeur, par rapport
ment les informations directes de aux méthodes classiques d’optimisa-
tion du mélange par multi-analyseurs.
Pour les flux d’hydrocarbures légers,
par exemple, la technologie optique à
très faible bruit inhérente aux spectro-
mètres FT-NIR garantit une répétabili-
té analytique hors pair.

Cette exceptionnelle qualité de la


mesure des propriétés de l’essence par
spectromètre FT-NIR d’ABB est particu-
lièrement utile à l’opérateur en charge
du mélange. Les modifications des pro-
priétés du mélange peuvent en effet
être suivies très précisément pendant
l’opération alors qu’avec une méthode
d’analyse classique, elles seraient sans
doute « perdues », compte tenu du bruit
ou de la rareté des résultats. Ainsi,
l’opérateur ou la régulation multi-varia-
ble est en mesure d’agir sur le procédé
en étant convaincu de la réalité du
changement observé. Enfin, l’améliora-
tion de la répétabilité par rapport à la
méthode traditionnelle permet de ré-
duire les pertes de propriétés en res-
serrant le contrôle aux limites basses
de fonctionnement 1 .

Si les pertes ne peuvent


jamais être annulées,
en les limitant au
1 Réduction des pertes par contrôle précis du mélange maximum, la marge
Méthode FTIR Méthode classique globale de la raffinerie
Spécification mini
est considérablement
améliorée.
Volume de produit

Les instruments FTIR utilisés pour


l’analyse des processus de raffinerie et
l’optimisation des usines sont des ana-
lyseurs secondaires dont le fonction-
Répétabilité Répétabilité
nement dépend de modèles de corré-
FTIR en laboratoire lation basés sur des étalons de labora-
toire ; il est donc nécessaire de valider
en permanence leurs mesures par une
Indice d’octane pompe maîtrise statistique des procédés
(MSP) afin de suivre et de confronter

72 Revue ABB 3/2006


La spectroscopie des gaz

Instrumentation

leurs résultats aux normes de labora- valeur ajoutée et de risque. Fondée Néanmoins, de récents progrès, notam-
toire. sur l’optique, sa très grande flexibilité ment dans le contrôle optimal de la
est particulièrement adaptée aux ap- variabilité des analyseurs, ont considé-
Une démarche vraiment payante plications multi-flux et multi-proprié- rablement amélioré la situation, facili-
Il est possible de calculer la perte de tés. Elle est compatible à la fois avec tant la maintenance et la transférabili-
qualité « initiale » avec une précision des systèmes d’échantillonnage extrac- té des étalonnages. L’exploitation de
analytique de 0,1 indice d’octane tif in-situ et des analyseurs extractifs nouvelles procédures de modélisation
pompe. Si cette perte ne peut jamais multi-cellules déportés sur fibre opti- chimiométrique permet désormais de
être annulée, en la limitant au maxi- que. Elle permet en outre une analyse minimiser la sensibilité des étalonna-
mum, la marge globale de la raffinerie multi-propriété avec de courts temps ges aux changements de composition
peut être considérablement améliorée. de cycle d’analyse, bien adaptée aux du mélange.
Ainsi, pour une usine produisant exigences de l’optimisation de la com-
100 000 barils/jour, une très légère mande avancée des procédés. L’utili-
amélioration (précision analytique de sation de la FTIR dans des centaines
0,02 à 0,05 indice d’octane pompe) du de sites du monde entier témoigne
produit fini permet d’économiser 1,5 à par ailleurs du succès de la technolo-
3 millions de dollars à l’année [1]. gie. Traditionnellement, la mesure Mike Simpson
spectroscopique pour le contrôle en [email protected]
Le bon choix ligne du produit mélangé final fut bri-
La spectrométrie FTIR est actuellement dée par la difficulté de mise au point Bibliographie
la technologie la plus avantageuse en et de maintenance de modèles d’éta- [1] ABB Review Special Report Instrumentation &
termes de prix, de performance, de lonnage stables et à toute épreuve. Analytics, mai 2006, p. 54-59

Les ondes font des ajoutée en 2b et 2c ; les mouvements


des ondes se superposent. Par en-
chromatique, la puissance du signal à
un point quelconque de l’axe varie si-
vagues droits, ces « vagues » se combinent nusoïdalement en fonction de la diffé-
pour donner des ondes d’une amplitu- rence de parcours, à une longueur
de double (interférence « constructi- d’onde identique à celle du signal.
La lumière transmise ou émise par un
ve »). Ailleurs, elles s’annulent et for-
gaz recèle une foule d’informations
sur sa composition chimique, tradui-
ment des zones de calme (interférence I (d1;λ) =
I0
2
{1+cos{2π 2(d λ-d ) }} 1 2

« destructive »). A la différence de ces


tes en lignes spectrales que le spec- exemples en deux dimensions, l’inter- I0 est l’amplitude du rayon incident 1a
tromètre à transformée de Fourier férence à l’intérieur d’un interféromè- et λ sa longueur d’onde. L’utilisation
permet d’extraire. La Revue ABB est tre se produit surtout le long d’un axe d’un détecteur en sortie d’interféromè-
l’occasion de revoir deux des princi- unique (en rouge sur 2 ). tre 1e et la variation de d1 permettent
de tracer cette fonction (« interféro-
pes qui se cachent derrière cet instru-
Dans les années 60, la gramme ») et de calculer I0 et λ.
ment : l’interférogramme et la trans-
formée de Fourier rapide. spectroscopie à transfor- Le signal de mesure réel présente gé-
mée de Fourier (FTS) était néralement une large gamme de fré-
L’interféromètre est une invention du surtout utilisée pour le quences superposées. L’interférogram-
physicien Albert Abraham Michelson,
dans les années 1880. Dans cet instru- développement de télesco-
Principe de l’interféromètre de Michelson
ment 1 , le faisceau lumineux incident a pes mais elle a rapidement 1

est divisé en deux par une lame trouvé bien d’autres appli- c
séparatrice semi-réfléchissante b . Le
cations, notamment pour

{
faisceau réfléchi parcourt deux fois la
distance d1 qui le sépare du miroir c le contrôle des substances b
pour retomber sur la séparatrice. De chimiques dans l’industrie. d1
même, le faisceau traversant parcourt
deux fois la distance d2 de la lame au En 2b , la distance entre les sources – ou
miroir d . En sortie e , les deux faisceaux la différence de longueur de parcours a
interfèrent : de cette interférence sont 2(d1–d2) – est un multiple de la lon-
{

extraites les informations spectrales. gueur d’onde. L’interférence constructi-


d2
ve maximale se produit le long de l’axe.
Interférence En 2c , la distance est raccourcie d’une
La propagation des ondes à partir moitié de longueur d’onde, provoquant d

d’un point source est représentée en une interférence destructive. Plus géné- e

2a . Une seconde source identique est ralement pour ce type de source mono-

Revue ABB 3/2006 73


La spectroscopie des gaz

Instrumentation

2 Interférence de deux mouvements d’ondes identiques : la distance entre les sources détermine la propriété constructive b ou destructive c de
l’interférence observée le long de l’axe rouge. Les côtés de chaque petit carré sont égaux à un quart de longueur d’onde.
a b c

me correspondant est la somme des f(x) étant la fonction à analyser et Des algorithmes FFT pour raccourcir
interférogrammes de ses composants F(k) son spectre de fréquences. les temps de calcul
monochromatiques. La perte d’information est l’une des

{ }}
Généralement, l’enregistrement numé- conséquences de la diminution de la
I(d1 ) = ∫ I0 (λ)
1
2
1+cos 2π
λ
{
2(d1-d2)
d λ rique d’un signal correspond à une sé- fréquence d’échantillonnage. 3 repré-
rie finie de nombres acquis à interval- sente une courbe sinusoïdale (noire)
Un traitement supplémentaire est in- le régulier. La transformation de Fou- échantillonnée à la fréquence de 8
dispensable pour séparer ces signaux. rier discrète (TFD), dérivée de la for- (points noirs), puis de 4 (cercles rou-
mule générale, est la suivante : ges). Dans ce dernier cas, le signal
N-1
De Fourier à Fourier rapide échantillonné ne peut se distinguer de
e
Au début du XIX siècle, le mathéma- Fn = ∑f k
e−2πink/N la courbe rouge et, par conséquent, sa
ticien Jean-Baptiste Joseph Fourier dé- k=0
TFD est identique. La courbe rouge
veloppe une transformation mathéma- fk étant la kième composante de la sé- est appelée « alias » de la noire et ce
tique qui trace une fonction selon son rie arithmétique, Fn le nième élément phénomène de repliement de spectre
spectre de fréquences : de la série de fréquences correspon- (aliasing) vaut pour toutes les fré-


∞ dante et N le nombre d’échantillons. quences supérieures à la moitié de la
F (k) = −∞
f (x) e−2πikxdx Cet algorithme souffre néanmoins d’un nouvelle fréquence d’échantillonnage.
inconvénient majeur : sa complexité est Une seconde TFD appliquée aux
proportionnelle au carré de N. Son uti- points omis donne des résultats aussi
lisation fut donc longtemps subordon- ambigus, mais la comparaison des
3 De faibles fréquences d’échantillonnage
née à l’existence de puissants outils de deux TFD permet de retrouver les
ne permettent pas toujours d’identifier les
calcul ; à défaut, il fallait se contenter informations perdues. Ainsi, au lieu
fréquences sans ambiguïté.
d’approximations, souvent inexactes. de calculer une TFD sur huit points,
signal original deux TFD sur quatre points sont réali-
sées, chacune ne nécessitant qu’un
fréquence d’échantillonnage = 8
fréquence d’échantillonnage = 4
La lumière transmise ou quart de la puissance de calcul néces-
repliement du spectre pour une émise par un gaz recèle saire au signal original. Cette réduc-
fréquence d’échantillonnage = 4 une foule d’informations tion se répète de façon récursive.
L’algorithme FFT est par conséquent
sur sa composition bien plus efficace lorsque le nombre
chimique, traduites en d’échantillons est une puissance de
deux.
lignes spectrales.

Ce ne fut plus le cas en 1965 lorsque Andreas Moglestue


Cooley et Tukey proposèrent un algo- [email protected]
rithme rapide de calcul de la transfor-
mée de Fourier, plus souvent connu Pour en savoir plus sur la spectroscopie à transfor-
par ses initiales anglo-saxonnes FFT mée de Fourier : ABB Review Special Report Instru-
(Fast Fourier Transform). mentation and Analytics, mai 2006, p. 46–60 et 76–79

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