Etre Soldat de Hitler
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Titre
Du même auteur
Copyright
PROLOGUE
INTRODUCTION
L’énigme Canaris
Le Comité national pour l’Allemagne libre
Chapitre 8. Après Hitler : la postérité d’une armée controversée
La défaite
L’épreuve de la captivité
Bibliographie
Remerciements
Notes
Index
À Pascal Goyceta, mon regretté ami,
autre passionné de la Seconde Guerre mondiale
PROLOGUE
Une question ne peut être éludée sur un tel sujet d’étude : le soldat
allemand appartient-il à une armée ordinaire ? Autrement dit, est-il anodin
d’être un soldat au service d’un État raciste et totalitaire ? Le parti pris du
présent ouvrage est de répondre par la négative. Son propos est de mettre en
valeur ce qui fait la spécificité de l’armée allemande de la Seconde Guerre
mondiale en brossant le portrait du soldat de Hitler : qu’est-ce qui
caractérise le soldat allemand ? Jusqu’à quel point peut-on affirmer que
cette armée est celle de Hitler ? Quelles en sont les implications concrètes
sur les plans politique et éthique, que ce soit sur le champ de bataille ou
ailleurs ? Ces soldats sont-ils avant tout des victimes ou des instruments du
régime ? L’idéologie nazie a-t-elle donné un sens à leur combat ?
Les questions liées à la violence de l’endoctrinement idéologique sont
donc centrales. Pour cette nouvelle Allemagne idéale et fantasmée, cette
nouvelle société qui sera plus moderne et plus juste (pour les Aryens…),
quand bien même le projet est totalitaire et empreint d’un chauvinisme
extrême, les soldats de l’armée allemande sont prêts à se déshonorer par
leur fidélité à un chef d’État criminel et à commettre les pires forfaits. Il
importe donc de questionner la légende d’une Wehrmacht « propre » et
correcte, l’image de marque des décennies durant. Un chapitre entier est
donc logiquement dédié aux crimes de guerre et à l’implication des forces
armées dans la Shoah.
La légitimité de la lutte – réparation d’une injustice causée par le traité
de Versailles pour la Pologne, réponse à la déclaration de guerre de la
France ou guerre préventive face à l’Union soviétique – ne semble pas
poser question pour ces hommes. Le soldat Wilhelm Prüller exulte après la
victoire sur la Pologne. À ses yeux, il n’y a pas de place pour le doute :
« Les autres se battent pour une mauvaise cause… Nous sommes
aujourd’hui une Allemagne différente de ce que nous étions ! Une
Allemagne nationale-socialiste1. »
Beaucoup de soldats s’illusionnent sur les desseins réels de celui en qui
ils ont une foi aveugle, une confiance qui est également rassurante dans
l’adversité. À l’image d’un Lincoln déclarant que « les voies du Seigneur
sont impénétrables », certains soldats allemands laissent à Hitler la
compréhension des sacrifices endurés par l’armée : « Le Führer saura
pourquoi ils sont nécessaires2 », écrit un soldat encerclé dans la fournaise de
Stalingrad. Hitler a en effet prévenu la population allemande avant le
conflit : le soldat allemand doit être prêt à se sacrifier pour le peuple
allemand.
Une armée est en effet le reflet de la société dont elle est issue et qui l’a
forgée. Selon la volonté des autorités, le soldat allemand doit être politisé.
Et politisé, il le sera, faisant sienne la vision du monde selon l’idéologie
nazie, ainsi que son comportement sur le front et à l’égard des populations
occupées en fait foi. Une armée n’est pas apolitique : l’attitude de la
Wehrmacht envers le régime nazi est chargée de signification politique. Si
Hitler en personne déclare un jour qu’il a « une armée réactionnaire, une
Luftwaffe nationale-socialiste et une marine chrétienne », la réalité est
moins nuancée : quelle que soit leur branche d’appartenance – Wehrmacht
ou Waffen-SS –, les soldats de Hitler subissent un endoctrinement, et le
degré de nazification n’est ni insignifiant ni sans conséquences. « C’est un
véritable non-sens, écrit l’amiral Dönitz, le successeur de Hitler à la tête de
l’État nazi, de dire que le soldat, l’officier doit être apolitique. Le soldat
incarne l’État dans lequel il vit, il est le représentant, le protagoniste
qualifié de cet État3. » Une armée apolitique ? Hans Apel, ministre de la
Défense de la République fédérale d’Allemagne en 1980, a une tout autre
conception de la chose. Il s’oppose à ce que les officiers portent l’uniforme
aux obsèques de Dönitz : « Les qualités militaires ne doivent pas être
séparées des objectifs politiques qu’elles servent. Un commandant en chef
d’une partie de la Wehrmacht doit être apprécié à la mesure du
discernement politique dont il était capable et de sa responsabilité politique
conjointe4. » Notre travail insiste donc sur le degré de nazification de
l’armée.
La brutalité est la marque de l’armée de Hitler, qui, de la légalisation de
l’assassinat de civils passe à celle de ses propres soldats, retient notre
attention. Une armée dans laquelle Hellmuth Frey, un soldat de
l’Afrikakorps, aménage son abri dans le désert en juillet 1941 en n’oubliant
pas de fixer près de son miroir une photographie du Führer tirée du
Völkischer Beobachter, en lieu et place de l’épouse ou d’une pin-up plus
affriolante5… Lors de la chute de Stalingrad, l’Oberst (colonel) Rosenfeld
envoie un ultime message fort évocateur, car il rend compte du degré
d’allégeance envers Hitler de nombreux soldats allemands : « Le drapeau à
croix gammée flotte au-dessus de nos têtes. L’ordre de notre commandant
suprême sera suivi jusqu’au bout. Vive le Führer6 ! » Le bien-fondé de la
lutte ne pose pas question chez ce soldat, et la fierté point dans les propos
de celui qui se sait condamné à mourir : « Je suis fier de pouvoir me
compter parmi les défenseurs de Stalingrad. Quand viendra pour moi le
moment de mourir, j’aurai la satisfaction de m’être trouvé à la pointe la plus
extrême de la grande bataille qui se déroulait sur la Volga pour la défense de
ma patrie et d’avoir donné ma vie pour notre Führer et pour la liberté de
notre nation7. » Cet homme était incontestablement un soldat de Hitler. Pour
un autre combattant, servir le Führer pose un cas de conscience qui
témoigne de la multiplicité des situations : « Chacun doit crever un jour ou
l’autre, déclare le Feldwebel [adjudant] Anton Schmid à un Juif qu’il cache.
Mais, si je peux choisir si je dois crever dans la peau d’un assassin ou celle
d’un homme qui aide, je choisis de mourir en portant secours8. »
Pour ceux qui ont une habileté technique particulière, il peut sembler
préférable de se porter volontaire pour la marine que d’endurer les affres
d’une caserne de la Heer. Avant la guerre, comme dans tous les pays du
monde, rejoindre la marine est également motivé par la perspective de
voyager et de voir le monde… En 1942, 42 000 hommes se portent
volontaires. Certains cherchent à éviter le front de l’Est en postulant pour
les sous-marins, ignorant que le service à leur bord, terrible, est aussi
dangereux, si ce n’est plus. La qualité de la formation des équipages de la
marine n’a rien à envier à celle des troupes de la Heer et de la Luftwaffe.
Certes, lancer un U-Boot (Unterseeboot, soit un sous-marin) exige un temps
relativement long, ce qui est a priori un avantage pour préparer son
équipage à ses futures missions.
Pour autant, postuler pour la Kriegsmarine n’assure aucunement un
service en mer ou dans une base navale… Le destin d’un appelé en 1945 est
révélateur. Le jeune homme a appris à servir les pièces des croiseurs.
Puisque la marine allemande ne dispose que de très peu de navires de
surface, et que de surcroît la majeure partie de ceux-ci montent la garde sur
les côtes norvégiennes et de la Baltique, cet Allemand n’a jamais eu
l’occasion de servir à bord d’un navire, comme un vrai marin : il sert au
front, face à la déferlante de l’Armée rouge… en qualité de Panzerknacker,
« casseur de char », équipé d’un lance-roquette antitank157…
L’élite de la Kriegsmarine, ce sont les U-Boote, dont l’école, la
Unterseebootsabwehrschule, est sise à Kiel depuis 1933, le terme Abwehr,
« défense », visant à leurrer les Alliés en faisant passer une école de sous-
marins, interdits par le traité de Versailles, pour un centre de formation à la
lutte anti-sous-marine… D’autres écoles voient le jour à la suite des accords
navals passés avec le Royaume-Uni en 1935, qui autorisent officiellement
le Reich à se doter de submersibles. Quatre Unterseebootschulen sont en
activité à la fin de la guerre, chacune procédant à l’entraînement de
4 000 recrues. À l’image de la Heer et ses Wehrkreise, une flottille
spécifique est rattachée à chaque Unterseebootschule158. Que ce soit pour un
service à terre, à bord d’unités de surface ou de sous-marins, des écoles plus
spécifiques assurent un complément de formation : qui pour les
transmissions, qui pour les torpilles, etc.
La propagande s’emploie à mettre en valeur les as des sous-marins, les
commandants intrépides, dans l’évident espoir d’attirer les jeunes
Allemands à servir dans cette arme, qui n’accepte en principe que des
volontaires. Les équipages sont composés d’authentiques volontaires
jusqu’en 1942159, même si 63 % des postulants sont encore refusés en
1944160, alors même que la conscription complète les effectifs dès 1941,
certains matelots sans bâtiment étant par ailleurs transférés au sein de l’U-
Bootwaffe161. Comme pour un équipage de panzer, le sens de la camaraderie
ainsi qu’une confiance absolue dans les autres, à commencer par le
commandant, sont essentiels au sein d’un U-Boot. La formation d’un
équipage veillera à assurer ces points cruciaux, puisque la moindre
défaillance sur le plan relationnel peut provoquer un désastre.
Le sous-marinier est instruit sur tous les aspects techniques de son
service, la conception et la construction des submersibles, les armes de
bord, les systèmes de propulsion Diesel et électrique… Les techniques de
survie ne sont pas oubliées : on s’entraîne à abandonner le navire. Au début
de la guerre, avant une accélération du cursus en raison de besoins
grandissants, la recrue d’un U-Boot suit six mois d’entraînement spécifique
de sous-marinier, période qui se réduira comme peau de chagrin, pour ne
plus excéder deux mois en moyenne. Comme dans l’armée, les futurs sous-
officiers sont des hommes de troupe qui se sont distingués, dans ce cas à
l’issue de deux ou trois années de service. Selon la branche de la
Kriegsmarine retenue, le futur sous-officier rejoint l’école appropriée, où il
suit une instruction s’étalant entre trois et dix mois, avant de rejoindre
l’école des sous-officiers de la Kriegsmarine de Friedrichsort (d’autres
verront le jour à Wesermünde puis à Plön). L’entraînement y est
particulièrement rude, incluant celui du fantassin, ce qui peut sembler
incongru, mais les exercices visent à développer le sens du commandement.
Le sport reste essentiel dans des postes où l’agilité à se mouvoir
promptement dans des espaces confinés peut décider de la survie d’un
équipage.
Le futur officier de la Kriegsmarine s’engage pour un service de vingt-
cinq ans, et, après avoir passé avec succès la sélection au camp de
Dänholm, puis l’entraînement initial suivi par tous, il embarque pendant
trois mois et demi sur un voilier, devenant Seekadet (« cadet de la
marine »), croisière suivie de quatorze mois de service sur un croiseur
(jusqu’à neuf mois en mer sur toutes les eaux du globe avant la guerre), puis
un an à l’académie navale, trois mois de formation comme spécialiste et six
mois à plusieurs années sur un navire de guerre en service actif en vue
d’acquérir de l’expérience et le sens des responsabilités, la durée de cette
ultime période étant modulée selon que l’on veuille servir sur un navire de
ligne, un sous-marin ou encore devenir officier-mécanicien. Il peut alors
être élu officier par ses pairs si cette formation s’est révélée satisfaisante.
Pour celui qui se destine aux sous-marins commence alors enfin
l’entraînement proprement dit en tant qu’officier de U-Boot, entraînement
qui requiert de bonnes capacités physiques, le sport tenant toujours un rôle
important. Test de volonté s’il en est, qu’on retrouve dans d’autres armes de
la Wehrmacht, l’officier doit être capable de supporter la douleur d’un
courant électrique. Des simulateurs permettent de s’entraîner à des attaques
avec des modèles réduits pour cibles. Après quinze simulations réussies, le
Leuntant unter Zee (unter Zee, « sous l’eau ») peut poursuivre
l’entraînement au sein d’une flottille ou, pour les meilleurs, rejoindre
directement un bateau162.
Tout l’équipage d’un U-Boot – officiers, sous-officiers et simples
marins – est réuni pour l’ultime étape de la formation. Le capitaine d’un
submersible ainsi qu’une partie de son équipage se rendent dans les
arsenaux où ils assistent à la construction de leur navire. Après son
lancement, suivent deux ou trois semaines de tests pour le U-Boot,
exercices toujours effectués dans la Baltique, qu’il importe de sécuriser face
aux Soviétiques. Cette période d’entraînement est la plus proche des
conditions de combat. Un arbitre accompagne l’exercice, annonçant
soudainement au commandant l’irruption de telle ou telle avarie ou de tel
événement imprévu, et il juge de sa réaction. On procède à des exercices de
plongée, toujours dangereux : trente U-Boote sombrent au cours de ces
exercices, entraînant avec eux 856 sous-mariniers dans les abysses. Lorsque
le bateau est jugé Frontreif, soit apte au service au front, les ultimes
préparatifs s’effectuant à Kiel. Dans cette base, comme ailleurs au sein des
différentes composantes de la Wehrmacht, des auxiliaires féminines ont
elles aussi rejoint les rangs de l’armée pour apporter leur part dans la
défense du Vaterland.
Hitler est plus que réticent à employer les femmes dans un autre rôle
que les métiers traditionnels qu’on leur attribue : secrétaires ou infirmières.
À la fin de la guerre, ce ne sont pourtant pas moins d’un demi-million
d’Allemandes qui officient comme auxiliaires féminines au sein des
différentes branches de la Wehrmacht et dans la SS. Ces auxiliaires
allemandes sont cependant proportionnellement moins nombreuses que
leurs homologues britanniques et américaines.
L’uniforme les fait rapidement surnommer les « souris grises ». En
décembre 1941, le volontariat se montrant insuffisant à pourvoir aux postes,
le Reich décide du service militaire obligatoire pour les femmes âgées entre
18 et 40 ans, mais la loi n’est pas appliquée concrètement, sans doute en
raison de l’hostilité de Hitler163.
Rien n’est cependant prévu à leur endroit dans le plan de mobilisation
d’avant guerre : selon toute probabilité, la guerre sera courte et il ne sera
pas nécessaire de faire appel à tous les contingents masculins, a fortiori
l’engagement de femmes paraît superflu. Les premières victoires et la
nécessité de disposer de personnel administratif dans les territoires occupés,
puis les besoins sans cesse croissants en hommes pour le front poussent les
autorités du Reich à promulguer la création, le 1er octobre 1940, du
Nachrichtenhelferin, le corps des auxiliaires féminines des transmissions,
premier des nombreux corps où seront engagées des femmes allemandes,
dont les membres de la Croix-Rouge allemande qui sont transférés dans le
corps des Betreuungshelferinnen, soit le corps des « aides-soignantes ».
Certaines, les Bereiterinnen, les « écuyères », seront chargées du dressage
des chevaux, dans une armée encore largement hippomobile. À la fin de la
guerre, l’ensemble des auxiliaires féminines de la Heer, de la Luftwaffe et
de la Kriegsmarine est rassemblé au sein du Wehrmachthelferinnen.
Soumises à la loi et à la discipline militaires, les Helferinnen n’ont pas
pour autant le statut de soldat : elles restent des « auxiliaires de l’armée ».
En dépit de ses besoins au front, l’Allemagne, à l’instar de tous les autres
pays en guerre – à l’exception de l’URSS –, ne franchira jamais l’étape d’en
faire des combattantes164. Les termes présidant à l’organisation des unités
féminines – « superviseur », « guide/leader » – ne sont par ailleurs pas ceux
de l’armée, mais font plutôt référence à des fonctions politiques ou
d’entreprises. Toutefois, des femmes ont servi au sein des unités de Flak165,
d’abord comme opératrices de projecteurs ou de ballons captifs, ou ont
assuré les transmissions dans des postes situés en dehors du Reich. Les
Nachrichtenhelferinnen sont formées par des cadres masculins de l’armée, à
l’école des transmissions de la Wehrmacht, à Giessen. On leur apprend à
être opératrices radio, téléphonistes, standardistes et secrétaires. Dans la
Luftwaffe, on les forme également à servir dans les stations radar. Les
femmes SS sont formées au sein de la Reichschule SS d’Oberehnheim
(Obernai). Comme chez les hommes, la sélection est d’abord basée sur des
critères physiques très stricts à l’origine : être une aryenne âgée entre 17 et
30 ans, mesurer au moins 1,65 mètre. Des femmes SS : une réalité qui
rappelle la nature du régime que sert l’armée allemande, bras armé de l’État
nazi.
La Waffen-SS193
Les soldats allemands vont connaître les affres de la guerre dans les
marais, particulièrement en Finlande et, plus encore, dans les immenses
marais du Pripet. Cette zone d’opération s’apparente ainsi à la jungle, dont
les obstacles sont d’autant plus difficiles à surmonter pour les opérations
militaires que la Seconde Guerre mondiale est une époque où les armées ne
sont pas encore dotées d’hélicoptères. Sur les vastes étendues
marécageuses, les moustiques et autres insectes volants sont des tourments
analogues aux mouches du désert. Pis, il n’y a pas de répit pour leurs
assauts. On peut parcourir ces étendues humides pendant des jours, sans
jamais trouver le moindre recoin sec où se reposer et se sécher. En été, alors
que le thermomètre peut allègrement dépasser les 30 °C, la survie dans ces
zones humides confine à la torture. Lorsque la boue inonde le terrain, dans
les zones marécageuses notamment, les pionniers sont contraints à un
labeur éreintant : mettre en place des routes de rondins – les
Knüppeldamm –, ce qui requiert des travaux d’abattage très pénibles,
d’autant qu’il faut souvent transporter le bois sur de longues distances. Un
travail de Romains qu’il faut sans cesse renouveler. Pour certains soldats
allemands, les chaussées de bois semblent flotter sur un océan de boue138.
Elles ne représentent nullement la panacée, car tous les instruments de bord
des engins, parfois très fragiles, souffrent des secousses occasionnées par
l’évolution sur de telles routes139. La Wehrmacht ne laisse pas ses soldats
démunis : des notices sont distribuées à la troupe avec des schémas
explicatifs donnant des consignes pour édifier des chaussées en bois plus ou
moins élaborées, qui pour des véhicules, qui pour de simples fantassins140. Il
est le plus souvent impossible d’employer des véhicules dans les marais,
faute de disposer de routes ni de la possibilité d’en réaliser une. Les Pays-
Bas sont aussi le cadre de combats menés dans les marécages, dans une
contrée par ailleurs fort humide. À l’automne 1944, Walther Happich donne
une description de la Hollande qui lui rappelle la Russie : les tranchées sont
noyées par les précipitations.
La guerre dans la sylve est tout aussi contraignante. Les soldats
allemands y mèneront des batailles acharnées, non sans un certain succès,
notamment à l’automne 1944 dans la forêt d’Hürtgen ainsi que dans les
Vosges. Le ravitaillement, erratique, est difficile, et, comme dans les marais,
on loge de façon plus ou moins précaire, à l’abri de bunkers en bois, ou de
béton pour les défenseurs du Westwall (le « mur de l’Ouest », soit les
fortifications érigées sur la frontière occidentale de l’Allemagne dans les
années 1930). En forêt, il est à l’évidence malaisé de repérer l’ennemi. Par
ailleurs, comment évaluer avec justesse ses forces ? En une occasion, sur le
front de Finlande, des patrouilles sont envoyées pour vérifier un rapport
alarmiste établissant que l’ennemi a contourné les positions par le flanc.
Bilan de la reconnaissance : l’ennemi supposé n’était en fait qu’un troupeau
de rennes141 ! La guerre en forêt est une guerre dans laquelle le soldat se
retrouve seul, sans l’appui salvateur des chars et des avions, l’artillerie
éprouvant toutes les peines du monde à acquérir des cibles, même si les
effets de ses tirs sont démultipliés par les éclats de bois qui se mêlent à
l’acier qui est projeté dans tous les sens. À l’extrémité nord du front, près
de Leningrad, et plus encore au sein de l’immense taïga de Finlande,
notamment sur le front de Kandalaksha, les Soviétiques semblent, à la
grande surprise des Allemands, être capables de mouvoir des véhicules, y
compris des tanks, sur des routes réputées inutilisables. La forêt est
également le cadre d’une technique spécifique de retardement, l’abattis : il
s’agit, après abattage des arbres à la scie ou à l’explosif, de les utiliser
comme obstacle en les entrelaçant, parfois dans le cadre d’un booby trap
savamment mis en place, des mines et des pièges étant par ailleurs
astucieusement disposés aux endroits où il est attendu que l’ennemi
cherchera à contourner l’abattis. L’expérience acquise dès les premiers
combats à l’Est est mise à profit pour améliorer l’efficacité de la Heer en
combat forestier. On organise notamment avec soin les groupes de
reconnaissance, en prévoyant un homme portant une boussole, un autre une
carte et une montre, tandis qu’un ou plusieurs autres soldats sont équipés de
podomètres (ou comptent eux-mêmes leurs pas)142.
Les soldats de Hitler sont impliqués dans une autre guerre menée dans
un environnement à la végétation luxuriante : la bataille du bocage, en
Normandie, aussi appelée l’enfer des haies. Poussant sur les talus, clôturant
un paysage de prés verts, les haies peuvent atteindre plusieurs mètres de
haut. On ne peut se déplacer que sur des chemins étroits, les fameux
chemins creux, où la visibilité est des plus limitées. Dès qu’un engin est
immobilisé, une colonne entière peut aisément être bloquée puis anéantie.
En revanche, les Allemands sont desservis par la distance d’engagement
entre les chars : elle est si faible qu’elle réduit à néant la supériorité des
canons des panzers (sans oublier que la longueur du tube du Panther devient
une gêne considérable dans un chemin creux…). Par ailleurs, il est
impensable d’engager les panzers en masse dans le bocage, en raison de la
maîtrise du ciel par les Alliés et de la menace des bazookas, bien réelle dans
ce labyrinthe de haies. Pour les vétérans du front de l’Est ou d’Afrique du
Nord, il s’agit d’un changement radical de tactique avec lequel il faut
composer143. Comme en forêt, il est bien malaisé de connaître la progression
des unités voisines de la sienne ou de déterminer sa position avec
précision ; il s’agit avant tout d’une guerre de fantassins, menée par des
petits groupes d’hommes. L’importance de l’encadrement prend ici toute sa
mesure. Or, globalement et sans que cela soit systématique, les Allemands
peuvent compter sur un bon corps d’officiers subalternes et, surtout, de
sous-officiers, avec de nombreux vétérans.
Les soldats sont terrés dans des trous d’homme, des postes de combat
ou des abris savamment aménagés dans les talus. Un bunker de campagne
typique peut prendre la forme d’un trou de 2,5 mètres de profondeur qui
donne ensuite sur deux passages plus profonds. Les tranchées, creusées à
hauteur d’homme, ne sont ouvertes que sur de petites entrées, le tout étant
recouvert d’au moins un mètre de bois et de terre144. On renforce l’ensemble
avec des sacs de sable et des poutres ou des troncs, recouverts à leur tour de
terre sur une trentaine de centimètres, avant de mettre en place une seconde
rangée de rondins, le tout étant dissimulé sous des branchages à des fins de
camouflage. Ces abris se révèlent efficaces contre les obus allant jusqu’au
calibre de 155 mm145. Au besoin, on agrémente la position avec quelques
meubles, des caisses, des boîtes, de la tôle, des portes, voire de la paille… Il
faut ensuite rester terré dans son trou. Les tireurs embusqués (les snipers) et
les observateurs d’artillerie ennemis veillent en effet.
Le ravitaillement en vivres et l’approvisionnement en munitions ne
peuvent s’effectuer que de nuit, ce qui est de nature à diminuer encore les
trop rares heures de sommeil de soldats fourbus. L’Obergrenadier Karl
Wegner participe à une de ces corvées, une petite lampe discrète boutonnée
à sa vareuse, ce qui laisse les deux mains libres. Après avoir entamé
l’approvisionnement dans de petites carrioles à bras, Wegner et ses
compagnons, pour faciliter le transport, finissent le trajet en portant eux-
mêmes les caisses et en passant des bandes de cartouches autour de leurs
cous. De retour à son foxhole, Wegner peut bénéficier d’une heure de repos,
un vrai luxe pour un homme épuisé146. On bivouaque donc dans son trou, à
l’abri de rondins ou de sa toile de tente camouflée, la Zeltbahn. La boue et
la pluie rendent la vie misérable. Les vêtements ne sèchent pas… Se laver,
qui plus est à l’eau chaude, est un luxe réservé à celui qui peut s’absenter
des premières lignes. Blotti toute la journée dans son trou, le Landser en est
réduit à faire ses besoins naturels dans une douille ou une gamelle147. Le
matin, on se réveille couvert de rosée, les membres ankylosés. Un soldat se
souvient : « Il fait très froid au lever du jour ici. Tout est couvert de rosée et
nous gelons joliment dans nos combinaisons de paras. Heureusement que
nous avons tous de gros gants de laine italienne, au moins on peut garder au
chaud ses doigts engourdis148. » Quand il fait chaud, le soleil peut au
contraire se faire ardent en cet été 1944. Face à la tête de pont britannique à
l’est de l’Orne, il faut contenir les assauts répétés des moustiques149. Il faut
aussi constamment rester aux aguets, les sens en éveil. La nuit, les bruits
des combats se font entendre. Les trous étant espacés, une impression
d’isolement peut s’emparer de certains combattants.
Vision de l’ennemi
Les blindés sont-ils disponibles en trop petites quantités pour les soldats
de Hitler ? La production atteint des records en 1943 et 1944 avec
respectivement 17 300 et 22 100 unités produites. Sur le front, du fait de
l’intensité des combats, les pertes en panzers sont également à la hausse :
5 813 en 1943, 6 914 en 194483. Le parc en chars n’en semble pas affecté,
ce qui laisserait croire que la Wehrmacht gagne en puissance. On dénombre
3 410 Panzer III, Panzer IV, Panther et Tiger sur l’ensemble des fronts en
juillet 1943, 4 210 en janvier 1944, 6 180 en juillet 1944, 4 930 en janvier
194584. Cet effort de production est pourtant insuffisant : le 1er janvier 1944,
l’Armée rouge compte 40 600 blindés (au front, en réserve, en stock…),
chiffre qui monte à 60 100 au 1er janvier 194585. Totaux impressionnants qui
ne prennent en compte que l’adversaire soviétique… Les Sturmgeschütze et
les Panzerjäger, plus faciles à produire et généralement plus fiables
mécaniquement, auraient pu constituer une des solutions pour disposer de
davantage de blindés, et ce d’autant que les coûts de production sont
nettement moindres : un Sturmgeschütz coûte 87 000 marks, un Panzer III
103 000, un Panzer IV 117 000, un Panther 130 000 un Tiger 300 00086.
De la même manière qu’ils pensent que le fanatisme et les qualités du
soldat allemand priment sur la multitude des troupes adverses, Hitler et ses
séides sont persuadés que la qualité du matériel l’emporte sur la quantité et
fondent leur réflexion sur ce postulat. Un saut qualitatif encore plus marqué
qu’en 1942 survient en prévision de l’offensive d’été de 1943 sur le front de
l’Est, l’opération « Citadelle », la fameuse bataille de Koursk, que le Führer
veut décisive. Hitler souhaite absolument reconstituer les unités de panzers
en vue de l’offensive87, au grand dam de Guderian, alors inspecteur général
de la Panzerwaffe, qui craint à juste titre que la nouvelle offensive ne
décime des unités à peine reconstituées, d’autant que la mise au point du
nouveau matériel est loin d’être parfaite du fait de problèmes techniques. Le
nouveau char qui entre en lice pour l’offensive est le Panther, superbe engin
de guerre, conçu comme une réponse au T-34 et qui va se révéler être le
meilleur blindé du conflit. Le Panther semble représenter la synthèse
presque parfaite entre la puissance de feu, le blindage et la mobilité (même
si son obus explosif manque de puissance). Toutefois, à peine 200 unités
sont engagées dans l’offensive, aux côtés de 178 Tiger I. Les nouveaux
chasseurs de chars Nashorn et 89 Tiger Elefant, armés de terribles canons
de 88 mm, sont également engagés à Koursk. « Citadelle » voit aussi
l’entrée en lice de panzers spéciaux, en l’occurrence des chars Panzer III
lance-flammes et 45 obusiers sur châssis de Panzer IV, les Brummbär.
Hitler met de grands espoirs dans les nouveaux blindés et retarde ainsi la
date de l’offensive afin d’en disposer d’un plus grand nombre. Près de
2 600 panzers sont disponibles le 5 juillet dans le secteur d’attaque, sur les
6 291 blindés modernes dont dispose alors la Wehrmacht sur tous les fronts.
La concentration pour l’offensive est donc particulièrement remarquable.
La victoire ne sera pourtant pas acquise.
Comme nous l’avons dit, la bataille de Normandie, en 1944, est l’une
des plus grandes batailles de blindés de la guerre88 : 12 000 panzers, tanks,
chasseurs de chars et autres canons d’assaut se sont affrontés sur un front
relativement étroit, mais les neuf dixièmes opèrent dans le camp allié… Ce
sont 1 400 tanks qui débarquent le Jour J. Compte tenu des unités de
Panzerjäger des divisions d’infanterie, la Wehrmacht ne dispose, le « jour le
plus long », que d’environ 240 blindés non obsolètes (169 capables
d’affronter les tanks à la 21e Panzer). Si dix Panzer-Divisionen, une
Panzergrenadier-Division et des unités blindées autonomes (bataillons de
chars lourds Tiger, etc.) participent à la bataille avec pas moins de
2 500 panzers, l’ensemble est loin d’être homogène et pleinement
opérationnel. Plusieurs divisions manquent cruellement de panzers, de SPW
(semi-chenillés transporteurs de troupes) et de camions. Comme escompté,
les duels tournent le plus souvent à l’avantage des panzers, mais pas
systématiquement, d’autant que les premières contre-attaques allemandes
sont peu coordonnées et de faible ampleur. Les Panzer-Divisionen sont
puissantes, mais engagées de manière fragmentée : les bataillons de Panther
de la « Hitlerjugend » et de la « Panzer Lehr » arrivent après le reste des
divisions, la situation étant pire à la 2e Panzer dont les engins ne sont à pied
d’œuvre que le 18 juin, cinq jours après l’engagement de la division. Pis,
les panzers les plus puissants ne sont pas présents au cours des quarante-
huit premières heures si décisives : le Panther entre en lice le 8 juin, le
Tiger I le 13 juin, le Tiger II et le Jagdpanther à la mi-juillet seulement.
À l’Est, en ce même mois de juin 1944, le déséquilibre est tout aussi
marqué : les tanks soviétiques attaquent à 10 contre 1 les 500 blindés du
Heeresgruppe Mitte. Pour le soldat de Hitler à l’Est, le combat est d’autant
plus difficile que la priorité est accordée au front de l’Ouest. Ainsi, en
septembre, les meilleurs chars, Panther et Tiger (la Wehmacht aligne
500 Panther de plus qu’au mois de mai89), pourtant conçus pour affronter le
T-34, sont réservés au front de l’Ouest, qui bénéficie toujours de toutes les
priorités, au grand dam de Guderian. C’est ainsi que 2 299 panzers et
Sturmgeschütze neufs ou réparés sont fournis aux troupes allemandes
engagées à l’Ouest en novembre et décembre 1944, tandis que les troupes
de l’Ostheer, qui affrontent les Soviétiques, n’en reçoivent que 921,
majoritairement des Panzer IV90. Si les panzers arrivent, un élément
tempère cette remise en condition : la Wehrmacht a survécu aux désastres
de l’été 1944, mais les réserves de carburant sont désormais très limitées, ce
qui n’est pas sans conséquences désastreuses sur la formation des
équipages.
Les meilleurs blindés du conflit ?
Les blindés ne sont pas les seules armes à même de réduire à néant la
force blindée alliée. Les unités d’infanterie possèdent leurs propres armes
antichars afin d’être en mesure de repousser toute attaque de tanks : les
canons antichars, ou Pak. Il s’agit d’abord de faibles Pak 36 de 37 mm, déjà
obsolètes face aux chars français de 1940, et de Panzerbüsche (fusils
antichars). Ces derniers sont également souvent inopérants99. Les pièces
antichars Pak 35/36 de 37 mm et Pak 38 de 50 mm, que les soldats
apprennent vite à déployer à contre-pente, ne peuvent venir anéantir des T-
34 qu’à bout portant, à condition de frapper sur les côtés ou à l’arrière, là où
le blindage est le moins épais. En 1944, le Pak 35/36 retrouve toutefois une
nouvelle jeunesse avec la munition à charge creuse Stielgranate 41 : il peut
alors détruire n’importe quel tank jusqu’à 300 mètres.
Pragmatique, la Wehrmacht prend des mesures pour pallier le manque
d’efficacité de ses Pak. Pendant l’opération « Barbarossa », la défense
antichar repose ainsi beaucoup sur l’intervention directe de l’artillerie, qui
ne peut donc pas remplir son rôle premier, ainsi que sur les excellentes
pièces de Flak de 88 mm, éventualité prévue par Brauchitsch à l’issue de la
campagne de France, pendant les préparatifs de l’invasion à l’Est100. En
juillet 1942, près de Voronej, une attaque blindée soviétique est même
repoussée par des tirs de lance-roquettes Nebelwerfer. L’effet
psychologique de cette arme terrifiante est pour beaucoup dans l’échec
soviétique, davantage que les dommages réels infligés par les tirs
allemands101. Les effets redoutables de l’engagement des 88 contre des
cibles blindées sont passés à la postérité avec la guerre du désert. La pièce
est pourtant encombrante, et sa haute silhouette fait qu’elle est difficile à
dissimuler, donc vulnérable. Pis, les artilleurs de la Luftwaffe ne sont pas
toujours aptes et entraînés à affronter des cibles terrestres, comme c’est le
cas pour les équipes de pièces du III. Flak-Korps du général Pickert en
Normandie.
Si les premiers antichars se révèlent décevants, les soldats allemands
sont bientôt dotés des meilleures pièces antichars de la guerre. Le Pak 40
est autrement dangereux – sa puissance de pénétration est supérieure à celle
d’un Tiger I – et adapté que ses prédécesseurs, si ce n’est qu’il s’agit d’une
pièce attelée, pesant environ 1,5 tonne. Sa silhouette basse permet à ses
servants de l’embosser de façon à ce qu’il soit difficilement détectable. La
durée de vie de son tube est de 6 000 tirs, de quoi rentabiliser une arme
particulièrement létale dotée d’un viseur Zeiss ZE 38 3 × 8. L’Allemagne a
été en mesure d’en produire plus de 23 000 exemplaires. Le Pak 43 de
88 mm, déployé au sein des Panzer-Divisionen ou encore dans des
Panzerjäger-Abteilungen indépendants, est certes très dangereux, mais il
n’est produit qu’à hauteur de 2 098 unités et son poids est deux fois plus
élevé. Par ailleurs, ses dimensions le rendent beaucoup plus difficile à
dissimuler. Il se révèle cependant particulièrement létal, que ce soit dans la
plaine, polonaise ou caennaise, ou dans les reliefs plus tourmentés d’Italie
et des Ardennes. Les Pak représentent donc une menace réelle sur un vaste
compartiment de combat (en particulier avec l’usage de la munition
Panzergranate 40 possédant une puissance accrue de pénétration), et ils sont
d’autant plus difficilement repérables que les obus allemands ne laissent
échapper aucune fumée après un tir. La nature du terrain annule cependant
plus souvent qu’on ne l’a souligné l’avantage des Allemands en puissance
antichar, notamment dans le bocage normand, en relief montagneux
(Vosges, Apennins, Ardennes), en zone très urbanisée ou encore en zone
fortement boisée.
Pour parer à la faiblesse en moyens antichars au cours de la période de
la guerre antérieure à l’ère du bazooka (soit en 1939-1943), des charges
creuses peuvent être tirées à partir d’un dispositif spécial adapté sur K98,
mais cette arme reste rare et de courte portée. Des armes individuelles sont
aussi en dotation. Les Allemands disposent également de mines
magnétiques à charge creuse se fixant sur le blindage par des aimants
(Panzerhandmine). Les fantassins apprennent à s’attaquer aux chars. Le
froid a pu constituer un allié à l’occasion : les rebords gelés des tranchées
ne cèdent pas sous la pression des T-34, qui peuvent être détruits par
d’audacieux Landser qui y fixent des charges explosives après leur passage,
tandis que l’infanterie russe est maintenue à distance102. Lorsque les
fantassins soviétiques sont montés sur les superstructures de leurs blindés,
selon une méthode qu’ils affectionnent, il importe bien sûr de les neutraliser
avant de s’en prendre à leurs « montures ». Il n’y a guère d’autres moyens
avant l’entrée en lice des bazookas, mais le fossé est grand de la théorie à la
pratique… Un soldat allemand raconte que, tenant une charge en main, il se
rue sur un T-34. Une surprise de taille l’attend : l’engin est couvert de béton
et la mine magnétique ne colle pas ! Le Landser, qui ne manque pas de
courage, s’allonge dans une tranchée inachevée, dos au sol, alors que le
tank passe au-dessus de lui. C’est l’occasion : dans l’obscurité, alors que les
bords de la tranchée s’effondrent, il place la charge. Le tank poursuit sa
route et explose… Un peu anecdotiques, les fameux engins filoguidés ou
téléguidés SdKfz 302/303 Goliath103 et Borgward IV, remplis d’explosifs, se
révèlent trop peu efficaces car vulnérables : des matériels au final très
délicats d’emploi et des produits technologiques inutiles.
L’avènement du bazooka change la donne dans la lutte antichar.
L’avantage est aux soldats allemands qui sont armés à partir de 1943 des
deux bazookas les plus célèbres et les plus performants : les Panzerfäuste
(tube sur lequel est fixé un projectile à charge creuse) et les Panzerschreck
(l’équivalent allemand du bazooka américain). Les combats menés pour
Bernstein, les 3 et 4 décembre 1944, au cours de la bataille de la forêt de
Hürtgen, illustrent la létalité du Panzerfaust. Les défenseurs de la
272. Volksgrenadier-Division parviennent à surprendre l’ennemi et à
détruire huit des onze Sherman engagés, et ce uniquement à l’aide de
Panzerfäuste104. Le Panzerschreck est tout aussi redoutable. Dans la nuit du
9 au 10 juin, le sergent Brasche, servant d’une équipe de « casseurs de
chars » de la « Panzer Lehr », réalise un véritable exploit en parvenant à
détruire quatre tanks. Le 11 juin, l’exploit de Brasche est cité à l’ordre de la
division105.
Le Panzerfaust 30 n’a qu’une portée réduite à 30 mètres, et la tête du
projectile, mal dessinée, a tendance à ricocher. Au cours de l’été 1944, ces
deux problèmes sont corrigés avec le Panzerfaust 60. La production
mensuelle passe rapidement de 400 000 à 1,5 million106. Très efficace, le
pointage du Panzerfaust reste délicat car, tout en visant avec la hausse, il
faut passer le tube sous le bras pour éviter les brûlures dues aux gaz de
propulsion. En 1944, les divisions d’infanterie reçoivent en théorie 2 000
Panzerfäuste, répartis au sein de toutes les compagnies, 1 500 sont donnés
aux divisions Panzergrenadiere et 1 000 aux Panzer-Divisionen. Les unités
organiques des corps d’armée ainsi que les bataillons de réserve de l’OKW
en possèdent également. Les Racketenpanzerbushe ou encore
Panzerschreck, plus communément appelés Ofenrohr, c’est-à-dire « tuyaux
de poêles » (260 000 à 290 000 exemplaires produits avec plus de
2 millions de roquettes), sont en revanche normalement distribués aux
seules compagnies antichars. Les divisions d’infanterie, les seules qui
devraient en être dotées au sein de la Heer, en perçoivent 90 en 1943 puis
108 en 1944. Une Gebirgsjäger-Division en compte 72 en 1943 puis 117 en
1944 (mais au détriment des canons antichars). Les divisions de
parachutistes sont en revanche favorisées avec 250 exemplaires. En
septembre 1944, une Volksgrenadier-Division dispose d’une dotation
théorique de 216 (mais, là aussi, le nombre de Pak a diminué : il n’y en a
plus au niveau du bataillon d’infanterie). Le gros souci est que la charge
propulsive continue de brûler après sa sortie du tube sur deux mètres. En
dépit de son efficacité, l’engin ne laissera guère de descendance au contraire
du Panzerfaust. Le canon sans recul Rakentenwerfer 43 ou Püppchen tire
des roquettes similaires à celles du Panzerschreck mais avec une portée
accrue.
La Wehrmacht est donc très bien équipée pour mener des combats
antichars très efficaces, grâce à tout un panel d’armes qui conjuguent leurs
efforts à ceux des panzers, Sturmgeschütze et autres Panzerjäger. Ainsi, un
mois avant le débarquement du 6 juin 1944, la 7e armée du général
Dollmann dispose de 1 700 Pak, 17 000 Panzerfäuste, 900 Panzerschreck et
130 Püppchen.
Le tour d’horizon des armes dont dispose les soldats de Hitler ne saurait
se terminer sans aborder les « armes miracles » si chère à Hitler. Ces
programmes coûteux ont constitué un détournement de moyens inutile, aux
dépens de l’équipement et de l’armement des forces combattantes. Les
ingénieurs et les techniciens allemands réussissent à mettre au point deux
types d’armes appelées « armes de représailles », Vergewaltungswaffe,
abrégé en V. Le programme, dirigé par le général Dornberger, a initialement
débuté sur l’île de Peenemünde, dans la Baltique, mais il est retardé à la
suite d’un raid aérien britannique, après que les Alliés eurent été avertis de
l’existence de ces armes. Le V1 est une bombe volante, emportant 850 kg
d’explosifs à 670 km/h, tirée à partir de rampes, fixes ou démontables, la
plupart construites dans le nord de la France. L’offensive des V1 débute le
12 juin 1944 et est orientée vers Londres et non vers les ports anglais et la
tête de pont en Normandie, comme le souhaitent les généraux allemands. La
DCA et la chasse alliées finissent par trouver une parade aux V1. En
revanche, aucune parade n’est possible contre le V2, fusée supersonique qui
ne se révèle que peu de temps avant l’impact. Mis au point par l’équipe de
von Braun, le V2 emporte une tonne d’explosifs à plus de 5 000 km/h. Le
premier V2 est envoyé sur Paris en septembre 1944. Il sera surtout utilisé
contre l’Angleterre et contre Anvers, à l’instar des V1. Ce sont 5 000 V1
(sur 9 000 tirés) et 1 115 V2 qui s’abattent sur Londres. Et 8 600 V1 (7 000
interceptés) et 1 600 V2 visent Anvers, sans perturber de façon significative
l’activité du port. Les V1 et les V2 tuent surtout des civils, mais le nombre
de victimes et le tonnage d’explosifs qu’ils représentent sont bien dérisoires
en comparaison des bombardements aériens alliés. Les armes de
représailles n’ont pas apporté le sursaut souhaité par Hitler, mais elles ont
participé au redressement du moral de la population allemande, écrasée
sous les bombes de l’aviation stratégique alliée. Entrés en action
tardivement et mal employés, les V1 et les V2 auraient pu représenter un
danger bien plus important pour les armées alliées. Ces « armes miracles »
n’ont en aucune manière eu une incidence positive sur les combats menés à
terre par une Wehrmacht aux abois, pas plus que nombre d’armes de haute
technologie qui n’ont le plus souvent pas dépassé le stade de prototypes.
Un des défauts majeurs dont souffre l’armée allemande est son faible
taux de motorisation globale. Nombre de photographies nous révèlent
qu’une bonne quantité de véhicules alliés capturés sont réutilisés par les
soldats de l’Axe – une pratique déjà en vogue dans le désert en 1941. Un
effort important est réalisé pour « Barbarossa » puisque 600 000 engins
motorisés prennent part à l’opération, en y incluant de nombreux véhicules
de prise ainsi que des réquisitions et des voitures civiles. Pour autant,
l’épreuve de la guerre à l’Est a tôt fait de réduire drastiquement le taux de
véhicules opérationnels : en novembre 1941, on ne compte plus que 15 %
d’automobiles aptes au service. Entre juin 1941 et février 1942,
100 000 véhicules auront été perdus, détruits ou abandonnés. Le manque de
camions sera chronique.
La réutilisation des engins adverses capturés constitue un expédient
encouragé en haut lieu car, dès le début de la campagne de Tunisie (en
novembre 1942), on préconise officiellement d’encercler l’ennemi afin de
faire du butin146, notamment en véhicules : les troupes de l’Axe manquent
de tout. Un choix qui peut se révéler à double tranchant : outre la médiocre
qualité de certains matériels, la multiplication des pièces de prise ne peut
que provoquer des difficultés logistiques et de maintenance. Ce sont
16 500 véhicules italiens qui sont ainsi saisis et réutilisés. Des tracteurs
d’artillerie français Somua MCG5 finissent en Italie, ou encore des
chenillettes Vickers-Armstrong fabriquées en Belgique. Les véhicules
français sont encore utilisés en grand nombre en 1944, tandis que des
camions italiens servent en France.
La question du parc de véhicules affecté aux divisions jette également
un éclairage sur la réalité de la situation. Fin 1942, en Tunisie, le colonel
Broich, qui commande la division éponyme, a besoin de camions pour son
ravitaillement : Kesselring lui assure qu’il va s’en procurer 50 à son
intention auprès des Français ou des Italiens147. Les arrivées se font au
compte-gouttes et la question ne sera jamais réglée. Au moment de
l’opération « Ochsenkopf », soit en février-mars 1943, sur les 636 camions
de dotation théorique que devrait compter la 334e DI, celle-ci n’en aligne
que 200. Les motos et side-cars ne sont présents qu’à moins de la moitié de
la dotation (209 au lieu de 488). C’est pis encore pour les voitures : on en
compte 116 au lieu de 312. La récupération des véhicules saisis sur
l’ennemi durera jusqu’à la fin de la guerre : le 21 décembre, pendant la
bataille des Ardennes, la 2e Panzer a capturé une telle quantité de véhicules
depuis le début de l’offensive qu’elle se trouve désormais en mesure
d’équiper ses cyclistes (deux bataillons148) avec des engins américains de
prise. Dès le mois d’août 1941, la 18e Panzer, autre unité supposée
motorisée, est obligée d’assurer sa logistique sans le recours systématique à
des camions mais à l’aide de Panjewagen149.
L’inventaire des véhicules de l’armée ferait état, outre les engins
chenillés ou semi-chenillés, de près de 1 million de véhicules motorisés au
1er janvier 1943 – ce qui semble élevé –, dont 400 000 camions et
300 000 automobiles et autant de motocyclettes150. Pourtant, au premier
semestre 1944, la Wehrmacht perd des dizaines de milliers de véhicules sur
tous les fronts. À partir du printemps de la même année, ces pertes
dépassent la production151 et le pool de camions baisse de 2 % par mois, le
déficit étant plus marqué encore dans le domaine des tracteurs d’artillerie.
En février 1944, le déficit attendu pour l’année est estimé à 33 %152. En juin
1944, pour 3 500 hommes, le 6e régiment de parachutistes aligne à peine
70 véhicules mais de 50 modèles différents… La 5e division de
parachutistes ne possède que 9 % des engins de sa dotation normale. Lors
de la retraite de Normandie, la Wehrmacht franchit la Seine avec
25 000 véhicules, un chiffre certes élevé, mais modeste en comparaison des
quantités dont disposent alors les Alliés qui en ont déjà débarqué 150 000
au 30 juin.
Bombarder : du Stuka au V1
L’assaut amphibie
Les civils, pour les soldats allemands, ce sont avant tous leurs
compatriotes, la famille restée au Vaterland. Pour celle-ci, le départ pour la
guerre est source de soucis, c’est une évidence : on craint pour la vie de
celui qui va s’exposer au front. Le phénomène prend de l’ampleur avec le
déclenchement de « Barbarossa » : les pertes se révèlent vite très lourdes,
auxquelles s’ajoute l’angoisse que l’être cher soit capturé par un ennemi
considéré comme cruel et brutal. La perspective d’une guerre longue ajoute
à la détresse. Les périodes de fêtes sont propices à la nostalgie du foyer,
particulièrement Noël. Si les services de propagande s’emploient à assurer
autant que faire se peut l’aspect festif et chaleureux de cette journée, rien ne
remplace la présence des êtres chers. Les soldats aménagent leurs cagnats
au mieux dans cette perspective. À l’Est, si la position se situe à proximité
d’une forêt de conifères, on place des sapins dans les abris et on
confectionne des décorations et des guirlandes de fortune. Des chants sont
entonnés au réveillon, à commencer par le fameux Stille Nacht, eilige Nacht
(Douce nuit, sainte nuit).
En une époque où les médias de l’instantané, tels qu’Internet ou le
téléphone portable, n’existent pas encore, le maintien d’un lien entre les
êtres chers prend la forme de l’écriture de lettres et de l’envoi de colis. Et
que de missives rédigées par ou pour les soldats allemands pendant le
conflit ! On estime à 40-50 milliards le nombre de lettres échangées entre le
front et l’arrière au cours de la guerre, le nombre d’envois pouvant atteindre
500 millions en un seul mois1… Écrire est primordial pour assurer le
maintien du moral des troupes. De façon significative, le courrier est
supprimé au sein des bataillons disciplinaires.
Si rédiger une lettre représente un plaisir attendu et recherché, il est des
missives pénibles de rédiger : celles qui annoncent un décès à des parents
ou à une épouse, obligation statutaire des officiers envers leurs
subordonnés. Certains soldats, proches du défunt, prennent l’initiative
d’écrire à un parent d’un disparu, estimant qu’il convient que la terrible
nouvelle parvienne d’un camarade plutôt que par la voie officielle. On
affirme que la mort a été non douloureuse, qu’on partage la peine de la
perte d’un être cher, tout en gardant conscience que rien ne peut se
comparer à l’amour d’une mère pour son enfant. En février 1942, Wilhelm
Prüller, alors sur le front de l’Est, est confronté à un dilemme : il a reçu la
lettre d’une jeune femme demandant des nouvelles de son fiancé, un
inconnu au sein de la compagnie. « Personne ne veut lui répondre, rapporte
Prüller, car il n’y a plus de survivants parmi ceux qui ont assisté à sa
mort2. »
La réception de lettres est le moment le plus attendu de chaque journée.
« Quand le courrier arrive, écrit un sous-officier de la 60e DI, tout le monde
sort de son trou et il n’est pas question de retenir quelqu’un à ce moment-
là3. » En janvier 1943, le soldat Mielert rapporte que son retour aux
quartiers s’accompagne de la découverte d’une merveille : une pile de
lettres pour lui4 ! Un soldat écrit à sa femme : « Tu peux imaginer
l’atmosphère joyeuse d’excitation et d’impatience qui règne ici lors de la
distribution. » Les célibataires reçoivent aussi des missives et des colis de
jeunes filles inconnues. « Ces échanges ne sont régis que par un seul mot
d’ordre : envoie-moi un colis avec de la nourriture. Ces fidèles jeunes filles,
pourtant affamées, expédient le nécessaire à un loyal et brave soldat, qui ne
sera soudainement plus fidèle dès que la guerre sera finie5. »
Les lettres sont tout aussi attendues du côté des destinataires en
Allemagne. Tous les civils ne sont pourtant pas logés à la même enseigne.
Pour ceux dont les proches sont tombés entre les mains des Soviétiques,
c’est l’angoisse qui prédomine, les craintes les plus folles étant alimentées
par les récits d’atrocités qu’on prête à des ennemis considérés comme des
« sous-hommes » brutaux. Au contraire, les familles des soldats de
l’Afrikakorps ou de la 5e armée de panzers capturés en Afrique du Nord
reçoivent des nouvelles, depuis les États-Unis ou d’un pays du
Commonwealth, de parents détenus de façon décente et correcte par des
adversaires qui respectent les conventions de La Haye et de Genève.
On échange aussi beaucoup de colis, le nombre de ceux qui sont
envoyés en Allemagne étant plus important que le nombre de ceux qui sont
expédiés en direction du front, les soldats de Hitler cantonnés en France ne
manquant pas de faire parvenir au pays les denrées précieuses et autres
articles de luxe auxquels ils ont accès. L’Allemagne vit en effet en autarcie
depuis des années, et le réarmement, prioritaire, a conduit à bien des
rationnements, celui portant sur la nourriture étant institué le 27 août 1939,
même s’il est sans commune mesure avec ce que subiront les populations
occupées par la Wehrmacht. Au début de la guerre, avant la mise au pillage
en règle de l’Europe, l’armée est mieux nourrie que la population civile.
Pour les militaires allemands, un colis est toujours le bienvenu. Un soldat
remercie ainsi sa mère pour ce qu’elle lui envoie et qui a du succès : des
friandises (qu’on se doit de partager avec les camarades), mais aussi des
produits de première nécessité, comme des chaussettes et des mitaines, qui
arrivent à point nommé avec l’hiver russe. Les soldats reçoivent de tout, y
compris des photographies, toujours très appréciées.
L’abondance des colis est une réalité moins régulière pour ceux qui
servent en Union soviétique. La crise du système logistique sur le front de
l’Est à l’automne 1941 oblige toutefois les autorités à réduire le poids des
colis à un, puis deux kilos6. C’est toutefois sur ce théâtre de combats qu’est
réalisée la plus grosse opération mettant en lien les soldats du front aux
civils du Vaterland. Goebbels organise le secours d’hiver, à grand renfort de
propagande, afin de collecter auprès de la population civile des vêtements
chauds à destination du front russe, une opération présentée comme « le
cadeau de Noël du peuple allemand au front de l’Est ». En janvier 1942,
67 millions d’objets ont ainsi été récoltés dans le Reich. Des femmes vont
jusqu’à tricoter et coudre dans cette optique7. Les Landser sont éberlués par
l’ampleur des dons qui leur parviennent : la solidarité avec ceux de l’arrière,
pour lesquels on se bat, ne semble pas vaine. Toutefois, le destinataire ne
reçoit pas toujours ce qui lui a été expédié. On ne compte plus les missives
et paquets destinés aux soldats de l’Afrikakorps perdus corps et biens,
coulés au fond de la Méditerranée… Une perte amère : les lettres
constituent un important dérivatif pour tous les soldats, car elles signifient
qu’il existe un autre monde que l’enfer du front.
Par ailleurs, contrairement aux GI, qui n’ont guère de soucis à se faire
pour la famille résidant dans un pays épargné par les affres directes de la
guerre, nombre de soldats de Hitler au front vivent avec une sourde
angoisse qui accapare leur esprit : et si la famille avait été anéantie par un
bombardement aérien ? Les hommes finissent par partager leurs inquiétudes
dans leurs lettres. Ils sont d’autant plus désemparés qu’ils s’avouent
impuissants face à cette menace. S’ils peuvent défendre les leurs au front en
préservant l’Allemagne d’une invasion, que peuvent-ils faire contre les
bombardiers ? Lorsqu’un homme reçoit des nouvelles l’informant de
destructions dans sa ville, l’inquiétude est encore plus vive chez ses
camarades originaires du même lieu. La crainte ultime chez les hommes est
de recevoir un pli officiel de la police ou de la municipalité les informant
d’un drame survenu au cours d’une attaque aérienne… L’angoisse devient
prégnante lorsque le soldat reste sans nouvelles des siens pendant une durée
inhabituelle.
Si le moral des soldats est tributaire du courrier, les familles ont elles
aussi besoin de réconfort. De fait, l’impression générale renvoyée par la
Wehrmacht auprès de la population allemande est telle que l’armée est
sollicitée par la propagande pour stimuler et renforcer le moral chancelant
des civils à la fin de la guerre, lorsque les perspectives de victoire
s’évanouissent8. Une résolution que certains soldats auront prise d’eux-
mêmes : « Faites qu’ils ne sachent jamais, chez nous, ce qui se passe ici9 »,
murmure un blessé mourant dans l’enfer des hôpitaux de Stalingrad.
Les civils sont en effet avides de nouvelles. Dès l’ouverture des
hostilités, le nombre de postes de radio vendus connaît une hausse
significative. Si on s’empresse de lire des journaux comme le Völkischer
Beobachter, les actualités représentent une expérience sensorielle autrement
plus marquante, la dramaturgie étant accentuée par le fond musical, les
propos du commentateur et les angles choisis pour les prises de vue.
Lorsque des soldats noirs apparaissent à l’écran, les insultes et les appels au
meurtre fusent, certaines femmes ne reprenant leur souffle qu’au retour de
valeureux Landser sur les images10. Les comptes rendus de victoires
stimulent le moral de la population civile. A contrario, la succession de
défaites laisse présager une issue défavorable au conflit. En décembre 1944,
lorsque la bataille des Ardennes – le « dernier coup de dés de Hitler » – est
déclenchée, Goebbels, soucieux de ne pas donner de vains espoirs, qui lui
seraient reprochés et mettraient en cause la crédibilité de son service de
propagande, prend bien soin d’attendre que des succès tangibles soient
obtenus avant de donner une couverture importante aux combats en cours.
La population est alors stupéfaite et soulagée de voir que l’armée a
conservé son potentiel offensif, confirmé par la nouvelle surprenante et ô
combien rassérénante de la capitulation de milliers de soldats américains
dans le Schnee Eifel. Les soldats à l’Est se montrent tout aussi
enthousiastes : si leurs camarades à l’Ouest remportent la bataille, l’espoir
est permis… Des permissionnaires donnent du grain à moudre aux plus
optimistes en affirmant que Paris sera repris avant le Nouvel An11.
La radio constitue également un des vecteurs essentiels du lien entre
l’arrière et le front. « La Voix du Front » est un programme du dimanche.
On insiste sur la similitude d’attitude attendue entre les civils et les soldats :
comme ces derniers, les hommes et les femmes restés au Vaterland doivent
se tenir fermement au poste, le regard porté vers l’avant. L’un des
programmes qui rencontrent le plus de succès est lancé le 1er octobre 1939 :
« Concert à la demande pour la Wehrmacht. » L’acteur Gustaf Gründgens
promet aux soldats allemands qu’ils vont éprouver la loyauté de la mère
patrie par-delà l’espace et le temps. Le principe des dédicaces est apprécié
et rapproche les époux séparés par la guerre. Le programme débute par une
fanfare suivie de Badenweiler, la marche favorite du Führer. Le succès est
immédiat et on enregistre plus de 22 000 demandes pour le second show. Il
faut ajouter trois heures de programmation le mercredi. Lorsque le
programme s’achève en mai 1941, à la veille de « Barbarossa », 75 concerts
ont été donnés, plus de 50 000 soldats ou unités cités et 9 300 pères
informés de la naissance d’un enfant. Quinze millions de marks ont par
ailleurs été collectés pour le fond pour le secours d’hiver12.
L’évolution de la guerre à l’Est au cours de l’hiver 1942-1943 marque
un tournant dans la façon dont la radio et les actualités assurent le lien entre
l’arrière et le front. La nation allemande subit un choc lorsque est faite
l’annonce du drame de Stalingrad. Les lettres poignantes reçues par les
familles reçoivent de l’écho, et les conditions atroces de la lutte qui se
déroule dans la ville sur la Volga hantent les proches demeurés au pays, tout
en heurtant les autres familles. Beaucoup d’Allemands se mettent à l’écoute
de radios étrangères. Un deuil national de trois jours est décrété lorsque
l’armée est anéantie13. Les cinémas, théâtres et spectacles de variétés sont
fermés… Pour les civils, c’est le choc, d’autant plus fort que les derniers
bulletins d’information ne laissaient pas présager un désastre de cette
ampleur. Si tous ne sont d’abord pas conscients de l’importance stratégique
de la confrontation survenue dans le sud de la Russie, beaucoup finissent
par comprendre que cette guerre pourrait bien ne pas être gagnée. Goebbels
saisit qu’il ne faut pas réitérer la même erreur en érigeant de nouveau une
bataille qui aboutit à une défaite en combat épique, presque mythique.
Lorsque des forces germano-italiennes capitulent en Tunisie en mai 1943, à
peine trois mois plus tard, scellant ainsi la campagne d’Afrique du
mythique Afrikakorps, la nouvelle est annoncée de la façon la plus banale
qui soit14.
Le lien direct par le biais du courrier est sans aucun doute le moyen le
plus efficace pour un civil d’avoir une idée de la réalité de la guerre. Le
ministère de la Propagande a conscience de l’effet délétère qu’aurait sur les
familles une description trop précise et détaillée de la vie au front. En mars
1942, les instructions données aux soldats sont claires : ceux-ci doivent agir
en propagandistes et censurer d’eux-mêmes toute forme de critique de
l’armée et ne donner que de bonnes nouvelles. Une manœuvre qui s’est
révélée n’être qu’un vœu pieux15. Les Frontsoldaten exposent sans
inhibition leur ressenti. Un certain Harry Mielert rapporte à sa femme qu’il
est le seul survivant, avec un autre soldat, d’un corps à corps avec l’ennemi,
précisant qu’il a été poursuivi par un tank : une façon de rassurer une
épouse qu’on peut estimer, sans trop de risque, assez peu efficace16. Si
Goebbels a compris l’importance cruciale du courrier pour assurer le
maintien du moral du combattant au front, a contrario, il en mesure toute la
dangerosité lorsque le contenu des lettres se fait trop insistant sur les
insuffisances du haut commandement, notamment au cours du premier
hiver en Russie, quand la troupe n’a de cesse de récriminer contre l’absence
de vêtements adéquats ou le manque de nourriture et de munitions. Si on
décèle le plus souvent des limites à ce que les soldats veulent raconter à
leurs proches, la situation réelle est bien connue, et les préoccupations des
combattants et des familles sont ailleurs, égoïstement tournées vers leurs
propres problèmes quotidiens.
Préserver une famille et les liens du mariage en temps de guerre se
révèle toujours délicat. Les séparations sont le lot commun de nombre de
soldats en temps de guerre. En 1935, de façon significative, le Troisième
Reich promulgue une loi autorisant le divorce en cas de non-appartenance
du conjoint au NSDAP17. Si nombre de couples ne cessent de renouveler
leur attachement mutuel dans les lettres qu’ils échangent, la guerre
s’éternisant, la solidité des unions est mise à rude épreuve. Les relations au
sein des couples deviennent difficiles. La crainte de l’adultère perce dans de
nombreuses missives. L’oubli constitue la trahison ultime. Dès que la
densité des lettres baisse, le soldat au front s’interroge, suspecte sa
compagne, car il spécule immédiatement avec inquiétude sur les causes de
cette absence soudaine de nouvelles. Les mariés ont besoin de se rassurer,
d’être sûrs que l’absence de sexualité partagée n’a rien changé entre eux.
Les femmes ont besoin de savoir si leurs hommes ne profitent pas des
opportunités qui s’offrent à eux. Il est donc question de bordels dans les
lettres, ou tout simplement des femmes étrangères qu’on côtoie. En
dénonçant les débauches auxquelles s’adonnent leurs camarades, certains
hommes espèrent dissiper les doutes, mais comment une femme pourrait-
elle être rassurée lorsque son mari lui raconte avoir accompagné ses
camarades au bordel tout en affirmant qu’il n’a pas eu de commerce avec
les « professionnelles du sexe » ? Un mari qui comprend qu’il ne reviendra
jamais de Stalingrad libère sa femme de l’engagement de lui rester fidèle :
comme d’autres, il lui enjoint de continuer à vivre après lui, de profiter du
temps qui lui sera encore accordé18.
L’absence de l’être cher est l’épreuve endurée par tous. « Cela me
désole de tout mon cœur de ne pouvoir être auprès de toi quand tu as besoin
d’aide ou quand je manque à notre petit Albert. Tu portes le sacrifice et tu
vis un héroïsme tranquille qui surmonte tout avec son caractère sublime19. »
Un soldat écrit parfois deux fois par jour, ses pensées ne quittant que
rarement son épouse : écrire et lire des lettres, c’est un peu comme
maintenir intacte une part de son identité de civil en dépit de l’uniforme que
l’on porte, c’est tenter de préserver son rôle au sein d’une famille éclatée
par la guerre20. L’absence prolongée du père est difficilement vécue par les
enfants. Certains soldats tentent de tenir leur rôle de père de famille en
sermonnant à distance – et avec quelque retard – leurs enfants lorsque des
échos leur parviennent sur un mauvais comportement à la maison. Il arrive
qu’un père sous l’uniforme s’enquière des résultats scolaires de son enfant
et de la façon dont il s’acquitte de ses devoirs à la maison21. L’éloignement
de l’être aimé peut devenir insupportable. Un soldat de la Luftwaffe écrit
ainsi à son épouse au début de l’année 1942 : « Je me suis couché, j’ai
rallumé la lumière pour exprimer par écrit mon immense désir d’avoir ma
femme ici, Hedi ! Je pense à ton corps, à tes baisers, à ton visage, à tes bras,
à ta poitrine, tes hanches et tes cuisses. Hedi, je n’arrive plus à supporter ton
absence. J’ai besoin de ton amour, de ta chaleur. Je t’aime et voudrais
t’aimer encore plus22 ! » Consciente du manque d’affection dont souffre son
fiancé, Edith Wulf lui enjoint de se constituer un cercle de véritables
camarades, et d’éviter certains sujets qui fâchent, comme la religion23.
On se promet de rattraper le temps perdu « quand tout sera fini ».
« Malheureusement tout ce temps est pris sur notre vie24 », écrit Alois
Scheuer à son épouse. Une femme reproche à son mari de toujours évoquer
la mort dans ses lettres. Elle lui enjoint au contraire de « vouloir vivre25 ».
Les projets pour l’après-guerre fleurissent dans les échanges épistolaires
entre amoureux, on fait des rêves, ces derniers semblant d’autant plus
réalisables que le spectre de la défaite n’est jamais envisagé au cours des
premières années du conflit. On parle d’amour et de sexe, parfois en termes
assez crus, les couples se rappelant les moments de bonheur partagés. Une
fleur glissée dans un pli rappelle l’intensité des sentiments qui unissent une
épouse et son mari. « Quand la guerre sera enfin terminée, alors, quand je te
tiendrai une fois de plus dans mes bras et trouverai ta bouche à embrasser,
tout sera oublié et je suis sûr que nous serons les êtres les plus heureux au
monde26. » Pour d’autres, la fin de la guerre apportera d’autres joies : « Il
sera beau de travailler. […] Et la Volksgemeinschaft, une bonté véritable et
l’amour entre Allemands, sera imposée de haute lutte, mieux encore que
pendant les années qui précédèrent la guerre27. »
Le sens du devoir mais un Vaterland devenu une altérité
La permission
L’Occupation à l’Ouest
L’absence de femmes est une épreuve pour les soldats évoluant sur la
longue durée dans un monde d’hommes. Elles sont omniprésentes dans les
conversations – et notamment sujettes aux plaisanteries les plus vulgaires, si
répandues sur tous les fronts. En route vers le front de l’Est, August von
Kageneck fait halte dans une ville polonaise où lui et ses hommes sont
hébergés par des Waffen-SS qui les accueillent avec tous les égards, l’alcool
étant versé à flots pour l’occasion. Il est vite question des femmes. Les
Polonaises, affirment ces SS à Kageneck, sont « bien trop fières pour se
laisser aborder par un Allemand159 ». Gageons qu’il en va de bien d’autres
raisons et que plus d’un occupant ne s’est pas embarrassé de courtoisie.
Mais la conquête de territoires ennemis, loin du foyer, offre des
opportunités dont beaucoup s’accommodent sans difficulté. L’adultère
devient pratique courante chez certains, encouragé parfois par l’attitude des
camarades. Les aventures vécues avec les femmes des pays occupés sont
consenties ou non.
Alors que les crimes sexuels sont durement sanctionnés à l’Ouest, où ils
choquent le haut commandement, d’autant que cela engage « la réputation
de la Wehrmacht en territoire occupé160 », s’indigne le général von Kluge, le
viol, souvent collectif, est monnaie courante à l’Est, marque suprême du
caractère du conquérant et de la supériorité de l’homme sur la femme : le
front est un lieu où doit se manifester la virilité. En août 1941, Genia
Demianova est ainsi violée par un sergent allemand qui, fier de l’avoir
dépucelée, se vante de ses prouesses devant ses hommes ; s’ensuit un viol
collectif161.
Certes, le haut commandement réprouve ces pratiques, avant tout en
raison de leur effet délétère sur la discipline. Mais la Wehrmacht reste
laxiste sur la question du viol, contrairement à ce qu’avancent certains
vétérans comme Guy Sajer162 : on laisse toute licence aux soldats pour
abuser des femmes dans les territoires occupés, alors même que les
relations sexuelles avec des femmes de races considérées comme
« inférieures » sont condamnées. Le général SS « Sepp » Dietrich est clair
sur le sujet : cet ordre prohibant les rapports entre un Aryen et une femme
de race inférieure émane de théoriciens ; il ne sera pas appliqué dans ses
unités. Dans les faits, bien des Juives sont violées avant d’être exécutées, ce
qui permet d’échapper facilement à toute sanction. Certains membres des
Einsatzgruppen s’en seraient fait une spécialité163.
Dans les rares cas où des violeurs sont condamnés, ils ne le sont jamais
pour motifs moraux ou en raison des violences commises sur des femmes
slaves, mais uniquement pour des raisons disciplinaires. De fait, puisque les
femmes soviétiques sont infériorisées pour des raisons raciales, on ne fait
que peu de cas des affaires de viols, d’autant que nombre d’officiers
estiment qu’un laisser-aller en la matière est nécessaire pour que les soldats
acceptent la rude discipline du front et l’effroyable réalité de la guerre à
l’Est. Si à l’Ouest la Wehmacht punit – le plus souvent – les actes de viol et
de meurtre perpétrés à l’encontre des civils, la situation est radicalement
différente à l’Est : quand des soldats y sont poursuivis pour ces crimes – ce
qui reste rare –, ils le sont le plus souvent beaucoup moins sévèrement164.
La visite au bordel, où sont intégrées de force les femmes les plus
attirantes pour y faire commerce de leur corps, peut être aussi affaire de
camaraderie : on s’y rend en groupe. Ilse Schmidt, une auxiliaire féminine,
ressent de la misogynie lorsque son commandant annonce l’ouverture d’un
bordel et qu’il ordonne à ses hommes de s’y rendre ensemble165.
Les relations entre les soldats allemands et les femmes soviétiques
peuvent être nettement plus agréables et des idylles naissent dans les fermes
ou en ville. C’est parfois simplement pour être nourrie convenablement
qu’une femme accepte de devenir la maîtresse d’un soldat. Guy Sajer
rapporte l’épisode d’une « Ruski » qui accueillait son camarade Halls sur sa
couche, ainsi que d’autres hommes de l’unité, parfois plusieurs en même
temps166. Peter Stölten partage le lit d’une jeune Russe pendant des mois. Le
moment du départ est une épreuve pour la jeune fille. « Le père me souhaita
bonne chance et la mère me bénit », raconte Stölten. Et le soldat de poser la
question : « Ils sont supposés être des ennemis ? Jamais167. » Pourtant,
comme la SS, et alors même que la question du viol ne pose pas de
problèmes autres que disciplinaires, l’armée veille au grain quand il s’agit
d’une intimité recherchée par les deux parties. Elle tente de dissuader les
soldats de fraterniser avec les femmes slaves, comme toujours pour des
raisons raciales. La division « Großdeutschland » prévient ses soldats qu’ils
courent le risque d’être trahis et livrés à des partisans, ainsi que d’être
contaminés par des maladies vénériennes. À la 12e DI, les femmes surprises
avec des Allemands doivent être livrées à la police, tandis que les soldats
sont passibles de la cour martiale168. L’efficacité de ces mesures n’est pas
démontrée. La nécessité de les édicter laisse supposer que nombre
d’hommes passent outre ces consignes. Des centaines de milliers d’enfants,
voire plus d’un million selon certaines estimations, vont naître de ces
relations sexuelles entre des soldats de Hitler et des femmes slaves des
territoires occupés. Fruits d’amours légitimes parfois, ils sont le plus
souvent le résultat d’actes non consentis, qui ne représentent qu’un aspect
des crimes commis par l’armée de Hitler.
Chapitre 7
Crimes
Les civils soviétiques qui subissent les pires tourments des Waffen-SS
ou des Landser sont avant tout les Juifs. Une dérive facilitée par le fait que
l’antisémitisme, ferment de l’idéologie nazie, est largement répandu dans
les rangs de l’armée : « La Pologne russe est terriblement enjuivée, écrit un
soldat. Cinq cents Juifs pour six cents habitants, c’est ce que nous avons
constaté dans un village102. » Un soldat est témoin de brutalités dès les
premiers jours de l’invasion : « De nombreux soldats se tenaient sur une
petite place et maltraitaient un Juif déjà condamné. Il gisait sur le sol,
suppliant. On disait qu’il avait été complice de la mutilation de deux
aviateurs allemands qui avaient dû faire un atterrissage d’urgence. Peu de
temps après j’entendis quelques tirs de pistolet103. » Les témoins des crimes
sont nombreux au sein de l’armée. Pis, ils prennent de nombreux clichés,
envoyés en Allemagne, de sorte que l’ampleur des assassinats parvient
rapidement à la connaissance des civils, à commencer par les photographes
qui développent les pellicules104. Les rumeurs, invérifiables, se propagent,
notamment avec les permissionnaires, comme c’est le cas chez les Scholl,
qui sont à l’origine du mouvement de résistance La Rose blanche. Les
lettres des soldats évoquent aussi ces crimes105. Fritz-Dietlof von der
Schulenburg fait connaître à sa femme l’existence du camp d’Auschwitz où,
rapporte-t-il, des Juifs sont brûlés dans des fours106. En avril 1943, un
colonel décrit les exécutions de Juifs à l’Est à Ernst Jünger, ce qui fait
« frémir d’horreur » ce dernier. « Il paraît d’ailleurs, ajoute l’écrivain, que
ces fusillades n’auront plus lieu car, maintenant, on passe au gaz107. »
Des soldats ont l’occasion d’assister aux assassinats de Juifs, y compris
les Landser qui appartiennent aux unités servant sur la ligne de front.
Certains se délectent même du spectacle, n’hésitant pas à immortaliser les
crimes sur la pellicule. Hermann Gieschen fait partie de ces rares soldats
qui n’éprouvent aucune gêne à raconter dans leurs lettres les meurtres de
Juifs auxquels ils participent. Il enjoint à son épouse de ne pas s’en faire à
ce propos car « c’est ainsi que cela doit être108 ». Les massacres (notamment
des commissaires politiques), déprédations et destructions sont présents,
mais plus furtifs, pour les hommes en première ligne. Les troupes
stationnées à l’arrière en voient davantage, et sont souvent plus actives dans
la répression ou la persécution.
À l’automne 1941, bien des soldats prennent l’initiative d’abattre des
Juifs ou des prisonniers sur-le-champ plutôt que de les emmener à l’écart
avant de les assassiner. La peur des partisans attise ces pratiques iniques de
la part de soldats qui éprouvent un sentiment d’isolement et de danger. Les
crimes, la haine des Juifs se banalisent, la propagande et les ordres ne
cessant de mettre l’accent sur le péril « judéo-bolchevique »109. Les Juifs,
comme les prisonniers de guerre, sont également utilisés pour des
opérations de déminage110.
Comme la Waffen-SS et la SS en général (sans équivoque possible pour
celle-ci), la Wehrmacht participe directement à la Shoah en mettant
notamment sur pied des milices locales. Le vocabulaire employé à l’endroit
des Juifs est des plus virulents : « On a désormais formé une police
ukrainienne, rapporte un soldat allemand. Elle s’occupe de nettoyer la
région des Juifs et des commissaires de telle sorte que bientôt il n’existera
plus aucune de ces bestioles – j’ai constaté en peu de temps qu’il n’y avait
pas d’autres termes pour les qualifier111. » La brutalité des termes employés
porte témoignage de l’imprégnation de l’idéologie nazie dans les esprits :
« Ces créatures humaines sont des porcs, écrit un autre soldat en 1942. Il est
absolument évident que ce sont eux qui ont provoqué cette guerre
infâme112. »
Le massacre de Kaunas, en Lituanie, survenu dans la nuit du 25 au
26 juin 1941, soit à peine trois jours après l’invasion de l’Union soviétique,
est particulièrement éclairant. Ce sont 1 500 Juifs qui sont massacrés dans
cette localité au cours d’un pogrom suscité par l’Einsatzgruppe A. Un
assassinat en masse particulièrement brutal perpétré au vu et au su des
soldats allemands présents à Kaunas, dont le quartier général relève de la
16e armée. Parfois, ce ne sont pas seulement des supplétifs, comme la police
ukrainienne, qui assistent les SS dans leur besogne, mais des membres de la
Wehrmacht113. Lorsque le Feldmarschall Wilhelm von Leeb, commandant
en chef du Heeresgruppe Nord, est avisé des exactions survenant dans la
zone d’occupation dont il a la responsabilité, il ne trouve rien de mieux à
faire que de suggérer que de ne pas s’en mêler, et de deviser sur
l’opportunité ou non de stériliser les Juifs de sexe masculin plutôt que de les
massacrer114. Une réaction pour le moins édifiante et fort éloignée de toute
forme d’humanisme : un trait qui caractérise indubitablement l’armée de
Hitler.
Au mois de septembre suivant, le massacre de Babi Yar, au cours
duquel 34 000 Juifs sont assassinés dans un ravin, illustre sans conteste la
compromission de l’armée dans la Shoah. Si l’élimination des Juifs entre
dans les missions attribuées à l’Einsatzgruppe C, c’est une série d’attentats
très meurtriers visant des bâtiments occupés par l’armée allemande dans le
centre-ville de Kiev qui fournit le prétexte au massacre. Les responsables de
la Wehrmacht s’accordent immédiatement avec les SS pour que les Juifs de
Kiev subissent les représailles. « La Wehrmacht salue mesures et demande
procédure radicale », précise un rapport de la SS envoyé à Berlin. Certes,
les exécutions sont le fait des Einsatzgruppen. Néanmoins, des soldats du
génie de la Wehrmacht participent à la dissimulation de l’odieux
massacre115. Deux mois plus tard, en octobre-novembre 1941, l’armée
franchit un pas en organisant des massacres dans un ghetto de Biélorussie
(alors la Ruthénie blanche), sur ordres exprès du général von Bechtolsheim,
commandant de la Wehrmacht pour le commissariat général de Ruthénie
blanche116.
Les soldats de Hitler, conscients de leurs crimes, ne peuvent que
diaboliser l’adversaire, déshumanisé, pour justifier leur propre
comportement : l’ennemi est un monstre, un barbare, qui mérite le sort que
lui réserve cette guerre d’anéantissement menée en dehors des règles
habituelles117. Le thème de la revanche est également mis en avant par la
propagande pour écraser les scrupules. Dans cette vision des choses, les
civils soviétiques et les Juifs en particulier sont donc responsables des
brutalités qu’ils subissent… Constatant les crimes du régime stalinien, qu’il
attribue à « des méfaits qui ont été perpétrés ici par les Juifs », un sous-
officier affirme que « le peuple allemand a une lourde dette à l’égard de
notre Führer, car si les bêtes que nous avons ici pour ennemies étaient
venues en Allemagne, il y aurait eu des meurtres tels que le monde n’en a
jamais vus ». Et ce soldat d’affirmer que « même le Moyen Âge ne peut être
comparé à ce que nous avons vu ici118 ».
Les généraux ne proclament pas autre chose. Le général von Reichenau,
commandant de la 6e armée, dit à ses hommes en octobre 1941 que le soldat
allemand à l’Est est « l’instrument chargé de venger toutes les ignominies
qui ont été commises contre les Allemands et les peuples qui leur sont
associés. En conséquence le soldat doit avoir une parfaite compréhension de
la nécessité d’infliger un châtiment sévère mais juste aux sous-hommes
juifs ». Le général von Manstein abonde en ce sens : le soldat allemand est
« le vengeur de toutes les atrocités commises contre lui et contre le peuple
allemand ». Et il précise : « Le soldat doit montrer de la compréhension
pour le sévère châtiment infligé aux Juifs, représentants spirituels de la
terreur bolchevique. » Le général allemand estime que les massacres sont
nécessaires « pour étouffer dans l’œuf tous les soulèvements, qui sont le
plus souvent déclenchés par des Juifs119 ». Le général Hoth estime de son
côté qu’il n’y a aucune compassion à ressentir à l’égard de la population,
« asiatique », aux instincts « primitifs » et « excitée par un petit nombre
d’intellectuels juifs ». Le mot est lâché : « Juste. » La violence qui se
déchaîne contre les Juifs est donc légitime120.
Conscient de la portée des crimes que son pays a fait subir aux Juifs, un
soldat posté en Russie écrit ces lignes à sa sœur dès le mois de mai 1942 :
« Nous allons et devons l’emporter, sinon ça ira mal pour nous. La
vengeance des Juifs de l’étranger s’abattrait terriblement sur notre peuple –
car, pour apporter enfin le repos et la paix dans le monde, des centaines de
milliers de Juifs ont été tués ici. Il y a deux fosses communes aux abords de
notre ville. Dans l’une d’elles gisent 20 000 Juifs. Dans l’autre,
40 000 Russes. On pourrait s’en émouvoir, mais quand on pense à la grande
idée qui nous anime, on juge cela nécessaire. En tout cas la SS a fait tout le
travail, on doit lui [en] être reconnaissant121. » Ce soldat accepte l’antienne
nazi présentant les Juifs comme un péril pour la paix. Il n’éprouve par
ailleurs aucun remords : la seule inquiétude qui perce chez lui n’est mue
que dans la perspective d’une vengeance en cas de défaite…
L’attitude du capitaine Töpperwien est un peu différente. En 1943, il
relate dans son journal qu’il sait que les Juifs de Lituanie ont été exterminés
dans des conditions effroyables, qu’il qualifie « d’apparemment
véridiques ». Se pose alors pour lui un cas de conscience : qui, à la guerre,
peut être légitimement tué ? S’il admet les représailles collectives contre les
civils en cas d’aide à l’ennemi, massacrer un peuple lui semble relever
d’une tout autre démarche. Ce soldat ne condamne donc pas les assassinats
d’innocents le cas échéant, et il sert le Troisième Reich jusqu’au bout122.
En dépit des compromissions de l’armée dans l’extermination en masse
des Juifs, des exceptions existent. Le soldat Kuky est écœuré par les
massacres : il est clair pour lui que certains soldats de l’armée sont les
complices de ces crimes123. Le 20 août 1941, des soldats de la 295e DI
découvrent des dizaines d’enfants juifs ukrainiens dans une maison de
Belaia Tserkov. Ces jeunes y ont été rassemblés sur ordre de la
Kommandantur par la Geheime Feldpolizei, une unité qui dépend donc de
la Wehrmacht. De fait, sur le front de l’Est, l’armée se compromet en
ordonnant le repérage et l’enregistrement des Juifs à leur domicile.
L’Oberstleutnant Groscurth, de la 295e DI, tente de les préserver des SS et
de leurs séides ukrainiens, prétendant qu’il aurait été plus humain de les
tuer en même temps que leurs parents. Peine perdue : le général von
Reichenau, commandant de la 6e armée et nazi convaincu, balaie d’un
revers de main un argument qui lui paraît spécieux : les enfants seront
exécutés à leur tour124. Le lieutenant Sibille, du 691e RI opérant près de
Minsk, refuse d’obéir à un ordre qui stipule de massacrer les Juifs de son
secteur : des soldats allemands corrects ne se comportent pas de la sorte,
surtout s’il faut aller jusqu’à tuer des femmes et des enfants125. De tels
comportements, courageux, restent très isolés. L’un des plus célèbres, parce
que porté à l’écran par Roman Polanski126, est celui de Wilm Hosenfeld, qui
sauve des Juifs polonais, dont le pianiste Władysław Szpilman.
Le constat est donc accablant pour l’armée allemande : si une faible
proportion des 17 à 20 millions d’hommes qui ont porté l’uniforme de la
Wehrmacht a participé directement à la Shoah, celle-ci ne serait jamais
survenue sans son concours, ses victoires et sa fidélité sans faille au régime
criminel qu’elle sert. Si des soldats, dans une proportion impossible à
déterminer mais inévitablement faible, se sont risqués à critiquer les ordres
criminels reçus, ils ont obtempéré, faute de quoi ils auraient été traduits en
cour martiale.
Les crimes imputables aux soldats de Hitler sont également commis sur
le sol même du Reich. Lorsqu’ils se battent sur le sol de la mère patrie en
1944-1945, ils savent que les villages et les fermes qui brûlent sont
allemands. Ils savent que les femmes qui fuient les violences qui leur sont
promises sont allemandes. Ce n’est plus la Russie. Les enfants et les
vieillards qui sillonnent les routes dans des charrettes ne sont que des
réminiscences de l’exode des Franco-Belges en 1940, mais cette fois-ci ce
sont des Allemands.
Les civils, sachant la cause perdue, n’acceptent plus les destructions,
qu’ils jugent désormais sans objet. On accuse la troupe de prolonger la
guerre, et donc ses malheurs. Des civils auraient proposé des vêtements aux
soldats : une invitation à la désertion ! Certains vont jusqu’à manifester
ouvertement leur hostilité aux soldats allemands qui traversent leur village,
surtout si ces derniers se mettent en demeure d’y organiser un môle de
résistance. « L’atmosphère est merdique, déclare le sergent Müller, basé à
Heidelberg à l’automne 1944 ; et la haine n’est pas dirigée contre l’ennemi,
mais contre le régime allemand157. » Pour s’assurer que les Alliés ne
détruisent pas leurs biens, les civils accrochent des drapeaux blancs à leurs
fenêtres. Une initiative pour le moins risquée : le 17 avril 1945, le général
Schulz, qui commande le Heeresgruppe G, ordonne que toute maison
pavoisée de la sorte soit brûlée et que les habitants mâles âgés de 17 ans ou
plus soient fusillés158.
« On n’avait que des regards hostiles et anxieux pour ces soldats
allemands qu’on n’attendait plus, raconte August von Kageneck. Après
avoir été les enfants chéris de la nation, nous étions devenus les
réprouvés159. » Des soldats sont insultés… Le gouvernement du Reich ne
peut rester sans réaction : le 15 février 1945, un décret met en place des
cours martiales à destination des civils. Pour les hauts responsables nazis,
que ce soient des civils, comme Goebbels, ou des généraux du terrain,
comme Kesselring et Schörner, seules les mesures les plus brutales pourront
être en mesure de stopper l’effet délétère du délitement de la discipline et de
l’effondrement du moral chez les civils comme chez les militaires. La
moindre parole assimilable à une marque de défaitisme peut conduire un
individu à être pendu à un arbre sans autre forme de procès. Des maréchaux
moins réputés pour leur sujétion au régime, comme Gerd von Rundstedt,
voire des hommes qui se sont montrés ouvertement hostiles aux crimes dont
se sont rendues coupables la SS et la Wehrmacht, à l’instar de Blaskowitz,
ne sont pas exempts d’ordres exigeant la sévérité la plus extrême160. Pis, les
soldats allemands sont à l’occasion devenus des pillards dans leur propre
pays, bien plus menaçants que les Américains envers lesquels les civils
n’ont pas de grandes craintes à avoir. Un état de fait qui survient dès le mois
d’octobre 1944, lorsque la Wehrmacht, vaincue en Normandie, s’est repliée
sur la frontière du Reich. Un médecin de la 3e division de parachutistes
prodigue un témoignage accablant : « Le comportement des soldats
aujourd’hui est incroyable. J’étais stationné à Düren et j’ai vu les soldats
dépouiller leurs compatriotes. Ils dévalisaient les armoires161. » La volonté
de Hitler de procéder à une politique de la terre brûlée mène à des excès,
mais elle se heurte à l’opposition des civils, y compris dans le
gouvernement.
La fin du conflit prend la forme d’une apocalypse pour une grande
partie de la population allemande, elle est particulièrement atroce pour les
déportés qui survivent encore dans les camps de concentration. Les détenus
vont subir le calvaire des « marches de la mort », qui coûtera
d’innombrables vies humaines. Ces marches s’effectuent sous la garde
d’éléments qui vont suppléer au manque de SS, notamment des soldats de la
Luftwaffe. Au début de 1945, plus de la moitié des gardiens des camps de
concentration – des réservistes – sont issus des rangs de la Wehrmacht,
établissant ainsi sans équivoque possible la compromission de l’armée aux
plus grands crimes du Troisième Reich jusqu’à l’anéantissement final. Si
certains de ces nouveaux gardiens peuvent faire montre de davantage de
compassion, ils ne remettent aucunement en cause le système
concentrationnaire et œuvrent à le maintenir en fonctionnement162.
Certains soldats de la Wehrmacht, très religieux, admettent que les
Allemands méritent leur sort : les Alliés, démocrates, vivant dans des
sociétés fondées sur les droits de l’homme, sont plus chrétiennes, ce qui
signifie que la victoire leur revient naturellement163. D’autres sont allés plus
loin en œuvrant pour la défaite de l’Allemagne, allant jusqu’à entrer dans la
résistance contre Hitler.
Tentatives d’assassinat
Puisqu’il est vain d’espérer gagner les détenteurs des principaux postes
de commandement, germe alors l’idée de procéder de façon plus radicale, et
définitive : il faut éliminer physiquement Hitler, l’assassiner. L’âme de
l’opposition réside toujours au QG du Heeresgruppe Mitte, autour de
Tresckow, assisté entre autres de Berndt von Kleist. Les conspirateurs
gagnent des partisans à Berlin, au sein de l’Ersatzheer, à Paris, mais aussi
au quartier général du Führer. Au quartier général de l’Ersatzheer, les
conjurés peuvent compter sur le général Olbricht, chef de l’intendance. À la
Wolfsschanze, Tresckow peut compter sur le concours du général Stieff,
chargé de conserver les explosifs nécessaires à un attentat. Feignant d’avoir
besoin de renseignements pour le contre-espionnage, Rudolf-Christoph von
Gersdorff parvient à obtenir des explosifs et des détonateurs sans éveiller de
soupçons190. Le plus célèbre opposant à Hitler est le colonel von
Stauffenberg, gravement blessé sur le front de Tunisie où il opérait en
qualité de chef d’état-major de la 10e Panzer. Mutilé, il reprend du service
au sein de l’Ersatzheer et devient un personnage clé et de premier plan de la
conspiration à partir du moment où, en qualité de chef d’état-major du
général Fromm, le commandant de l’armée de réserve, il est en contact
direct avec Hitler au quartier général de celui-ci.
C’est le 13 mars 1943 que survient la première tentative d’assassinat
fomentée par Tresckow et Stieff. Baptisé opération « Éclair », le complot
envisage de tuer Hitler dans son avion au cours d’un vol de retour depuis le
front russe. Lorsque l’appareil est sur le tarmac, le lieutenant von
Schlabrendorff, un des collaborateurs de Tresckow, formant le noyau dur de
la conspiration avec Kleist191, demande à un officier de l’entourage du
Führer s’il peut lui confier un paquet à l’attention de Stieff, resté au QG de
Prusse-Orientale. Ne soupçonnant rien, l’officier acquiesce, ignorant que la
bouteille d’alcool prétendument être un cadeau pour Stieff contient en fait
un explosif puissant. Las, le mécanisme de mise à feu ne fonctionne pas du
fait d’un détonateur défectueux192. Les conjurés parviennent à reprendre la
bouteille et à faire disparaître cette pièce compromettante. Huit jours plus
tard, une deuxième tentative d’assassinat est manquée à Berlin. Le 21 mars
est le « jour des héros », qui coïncide avec une cérémonie du souvenir pour
les morts de la Grande Guerre. Hitler doit se rendre à une exposition
d’armes saisies à l’ennemi sur la fameuse avenue Unter der Linden, près du
monument aux héros. Rudolf-Christoph von Gersdorff dissimule des
explosifs dans son manteau, prêt à emporter le dictateur avec lui dans la
mort. Les conspirateurs jouent de malchance : Hitler écourte sa visite, et
Gersdorff en est quitte pour désamorcer prestement son détonateur doté
d’un retardateur de dix minutes…
Ce n’est que partie remise. En juillet 1943, les conspirateurs sont de
nouveau prêts à passer à l’action. La situation militaire est désastreuse :
échec de l’offensive à Koursk, débarquement allié en Sicile, chute de
Mussolini… Un certain Schulenburg, à Paris, affirme que si Rundstedt ne
rejoint pas le complot, il ne s’opposerait pas à un coup d’État (ce qui est
très conjectural), tandis que Kluge serait prêt à donner l’ordre à
l’Ersatzheer de prendre le contrôle de tous les centres de gouvernement.
Une unité de panzers serait sur le point d’arrêter Hitler. En fait, toutes les
réserves blindées sont expédiées d’urgence en Italie, ne laissant qu’un
bataillon à Fallingbostel, à sept heures de route du GQG. En fait, rien de
tangible ne montrait que Kluge ou un autre aurait mené le complot. Celui-
ci, s’il souhaite comme Manstein un changement salvateur de la structure
du haut commandement, reste en réalité hostile à toute forme de coup
d’État193.
Des officiers courageux n’hésitent pas à se proposer pour mener des
attentats suicides et emporter le dictateur dans la mort avec eux, avec
l’espoir que l’armée reprenne en main la direction des opérations et redresse
la situation. Parmi ces hommes au courage sans limites et à l’esprit de
sacrifice, le capitaine Axel von dem Bussche. En novembre 1943, ce
dernier, vétéran de l’Ostfront, témoin des crimes perpétrés à l’encontre des
Juifs, est sur le point de réaliser l’impossible : tuer Hitler194. Bussche
convient avec Stauffenberg que l’usage d’une arme à feu est à exclure car il
est trop difficile d’en dissimuler une, d’autant que les gardes du corps, bien
entraînés, peuvent être à même d’en dévier le tir. Le choix se porte de
nouveau sur des explosifs. Il est finalement admis que l’assassinat
entraînera inévitablement la mort de l’assassin. Bussche accepte
d’accomplir le sacrifice suprême en dissimulant la bombe dans son
manteau. Le plan prévoit de tuer le Führer lors de la présentation d’un
nouvel uniforme. Las, le 16 novembre 1943, veille de l’inspection prévue
de Hitler, le train transportant le nouvel équipement est détruit au cours
d’une attaque aérienne.
Bussche195 étant rappelé sur le front de l’Est, le projet d’attentat-suicide
trouve un nouveau candidat en la personne du capitaine Ewald von Kleist,
21 ans à peine. Une nouvelle inspection d’uniformes est en effet
programmée pour le 11 février 1944. Kleist doit endosser le rôle d’un
officier de première ligne et mener la présentation, tenant à la main une
serviette contenant un rapport, mais aussi des explosifs. Les conjurés font
marche arrière au dernier moment en apprenant qu’Himmler, le puissant
chef de la SS, et Goering, le dauphin désigné de Hitler, ne seront pas
présents. Lorsque le capitaine von Breitenburg (officier des opérations
spéciales au Heeresgruppe Mitte) s’apprête à son tour à assassiner Hitler au
cours d’une réunion tenue le 11 mars 1944 au Berghof, à Berchtesgaden, un
officier SS le retient au moment où il essaie d’entrer dans la grande salle :
aucun officier des opérations spéciales ne peut être admis196…
Parallèlement au groupe d’opposants regroupés autour de Tresckow,
d’autres comploteurs fomentent un attentat à Paris. Le Feldmarschall
Witzleben rallie ainsi des officiers en poste à Paris, alors qu’il est encore
OB West, avant d’être remplacé par Gerd von Rundstedt : le commandant
von Voss, le capitaine von Waldersee, le capitaine comte Schwerin von
Schwanenfeld…, tous en contact avec une autre âme de la résistance : Carl
Friedrich Goerdeler, un civil, le bourgmestre de Stuttgart. Les conspirateurs
prévoient d’assassiner Hitler à Paris, au besoin à la grenade, au cours d’une
parade organisée sur les Champs-Elysées. Las, le défilé est annulé…
L’attentat du 20 juillet 1944
L’énigme Canaris217
La défaite
L’épreuve de la captivité
Plus que toute autre raison, le contexte de la guerre froide fournit la clé
de l’explication du mythe d’une Wehrmacht propre et efficiente.
Eisenhower, devenu le commandant en chef de l’OTAN en 1951, exonère le
soldat allemand qui s’est battu « honorablement » de crimes imputés à
certains individus ainsi qu’à la SS. Pour lui, « il existe une véritable
différence entre les soldats et officiers allemands en tant que tels, d’une
part, Hitler et son criminel, de l’autre ». Adenauer abonde en ce sens en
disculpant les soldats « qui n’avaient commis aucune faute ». Le chancelier
déclare qu’il n’y a eu « aucun manquement à l’honneur au sein de
l’ancienne Wehrmacht allemande59 ». Ce que les anciens responsables de la
Wehrmacht ont appelé les « réparations d’honneur » constitue une
réhabilitation préalable indispensable à l’idée d’un réarmement, dont le
processus aboutit à la création d’une nouvelle armée allemande en 1955 : la
Bundeswehr. Adenauer va plus loin en faisant inscrire dans la loi
fondamentale un droit à la retraite et à l’assistance sociale pour tous les
anciens soldats de carrière de la Wehrmacht, au même titre que n’importe
quel fonctionnaire60.
La continuité entre la Wehrmacht et la Bundeswehr est patente à
plusieurs égards. Elle l’est d’abord au niveau du personnel, les cadres des
années 1950 ayant déjà été des gradés – des généraux – au service de Hitler.
L’état d’esprit, la manière de procéder, acquis sous la période hitlérienne, ne
peuvent que perdurer. Le parallèle se poursuit jusqu’à l’identification de
l’adversaire : l’ennemi d’hier, le Soviétique, reste le même. Reinhard
Gehlen, le si peu efficace responsable du Fremde Heer Ost, c’est-à-dire le
service de renseignements de la Wehrmacht sur l’Armée rouge, reprend du
service dans l’Allemagne fédérale en qualité de directeur du service de
renseignements61. Un cas loin d’être unique.
Pourtant, le pouvoir politique affecte de se distancer de la Wehrmacht et
du passé militariste allemand. Il importe de bouleverser la tradition militaire
du pays en restreignant les possibilités d’emploi de la nouvelle armée
allemande, plus particulièrement en dehors des frontières de la RFA.
L’Allemagne se doit de donner l’image d’une nation démocratique délivrée
à jamais des démons de son passé militariste. Pour les soldats de la
Bundeswehr, il ne saurait cependant être question d’envisager la défunte
Wehrmacht autrement que comme une force professionnelle, apolitique. Il
est donc légitime que cette armée, par ailleurs parée d’une aura
d’excellence, serve de référence ultime à la nouvelle Bundeswehr. On
n’hésite pas à baptiser navires et casernes, qui du nom de Rommel, qui de
celui de Hasso von Manteuffel, entre autres ancien Kommandeur
(commandant) de la division « Großdeutschland », voire du nom du très
nazi Eduard Dietl, le « héros » de Narvik, ou encore de Werner Mölders,
l’as de la Luftwaffe. En 1956, les casernes se voient en fait affubler des
noms choisis sur instruction de Hitler vingt ans plus tôt62.
Au sein de la nouvelle armée, les tenants de la tradition se heurtent au
réformistes – regroupés autour du comte Wolf von Baudissin – qui,
conscients du passé criminel de l’armée de Hitler, entendent « créer
radicalement du neuf », sans lien avec la Reichswehr ni la Wehrmacht. Las,
la guerre froide a raison des velléités des réformistes. Ceux-ci osent
toutefois mettre en avant Stauffenberg et les conjurés du 20 juillet : voilà le
modèle sur lequel doit se baser la Bundeswehr. Pensée iconoclaste et
irrecevable pour les anciens maréchaux et généraux de Hitler, pour lesquels
les « hommes du 20 juillet » ne sont que des traîtres, des officiers qui ont
failli à leur serment. D’autant que la mise en avant de Stauffenberg remet en
question leur propre positionnement personnel vis-à-vis de Hitler.
L’évolution fait néanmoins son chemin et peu à peu les anciens conjurés
sont honorés à leur tour par l’institution militaire qui rebaptise quelques
casernes. Un arbre qui ne fait que cacher la forêt. À la fin des années 1960,
un officier de la plus importante école militaire de RFA déclare sans
hésiter avoir « mis en œuvre le modèle de la Wehrmacht de 193963 ».
L’armée de Hitler reste la référence. Ainsi, dans son livre sur la guerre à
l’Est, Rolf Hinze déplore que la Bundeswehr ait recherché à se démarquer
de l’héritage de la Wehrmacht : « L’action des soldats n’a rien eu à voir
avec l’idéologie ou la motivation politique des dirigeants du Reich. Un
soldat s’acquitte de la mission qu’on lui a confiée64. »
Lorsque la Bundeswehr est mise sur pied, la question des crimes
éventuels qui seraient imputables à la Wehrmacht tient cependant une place
résolument secondaire : ce qui compte avant tout, c’est que l’armée de
Hitler a mené la lutte contre le communisme honni et redouté. Comme le
clamait la propagande de Goebbels, « Barbarossa » fut une « croisade
contre le bolchevisme », et les nouveaux alliés occidentaux ne voient
désormais pas les choses autrement : la Wehrmacht a constitué un rempart
contre le communisme, elle a préservé la culture européenne. Lorsqu’il
accepte de contribuer à l’Historical Division de l’US Army, Halder n’hésite
pas à affirmer qu’en agissant ainsi les officiers allemands perpétuent la lutte
contre le bolchevisme65.
Dans ce contexte de guerre froide, la réhabilitation de la Wehrmacht
repose également sur un postulat lourd de sens, repris chez de nombreux
historiens : à tout prendre, quels qu’aient été ses défauts et son caractère
criminel, mieux valait Hitler que Staline. Les conséquences mémorielles
sont importantes : la victimisation d’une armée criminelle devenue force de
salut par un tour de magie. Politiquement, cette vision facilite la nouvelle
alliance entre la RFA et les anciens ennemis occidentaux66. Le fait que
l’ennemi soviétique soit une dictature totalitaire que les anciens soldats de
la Wehrmacht ont affrontée facilite leur amalgame au sein de la nouvelle
coalition. Pour ceux qui ont connu l’Ostfront, avec un mépris pour les
Slaves, puis les affres de la détention en Union soviétique, la haine des
Russes est restée vivace67.
Les Alliés ne peuvent se passer de l’expertise des anciens officiers de
Hitler, fussent-ils nazis. Ils ont combattu les Soviétiques pendant des
années, cet ennemi dont les « hordes » innombrables suscitent la crainte du
monde libre. Faisant fi du passé nazi de leurs interlocuteurs, les Américains
et leurs alliés accordent une seconde vie à ceux qui ont été au service de
Hitler. Pis, s’il faut en croire le général Geyr von Schweppenburg, ancien
spécialiste de la Panzerwaffe, les autorités américaines n’ont pas hésité à
faire disparaître des documents à charge contre des responsables de la
défunte Wehrmacht68. Les historiens, théoriciens militaires et officiers
occidentaux font leur l’appréciation du Britannique Liddell Hart : les
généraux de Hitler ne sont rien de plus que des professionnels, et
d’excellents professionnels qui plus est69. D. Brader, officier de la RAF, ne
tarit pas d’éloges à l’endroit de son homologue Hans-Ulrich Rudel, ancien
de la Luftwaffe et nazi bon teint : « C’est de toute évidence un galant
homme et je lui souhaite bonne chance70. » Les nouveaux alliés de l’armée
allemande font leur l’idée qu’elle fut avant tout le premier rempart contre le
bolchevisme. Il faut donc mettre à profit leur expérience acquise dans la
lutte face aux Soviétiques.
C’est ainsi que se répand une vulgate qui perdure depuis les années
1950 : la Wehrmacht est la meilleure armée de la Seconde Guerre mondiale.
Cette armée renvoit une image positive, celle de l’excellence, celle d’une
armée professionnelle apolitique. Curieusement, alors même que les soldats
de l’Armée rouge sont supposés être de fervents communistes au sein d’une
organisation particulièrement politisée, l’idée même que la Wehrmacht soit
également politisée, c’est-à-dire nazie, n’est pas de mise à l’époque…
Le temps de la réconciliation
Archives
Ont été consultés diverses archives de l’OKW et de l’OKH, ainsi que des KTB (Kriegstagebücher,
journaux de marche) d’unités.
Ainsi que le Russisches-Deutsch Projekt zur Digitalisierung deutscher Dokumente in Archiven der
Russischen Föderation.
Livres
Périodiques
BERNARD, Vincent, « La Wehrmacht. Une armée comme les autres ? », Ligne de Front, hors-série
no 27, Caraktère, 2016.
—, « Luftproduktion. Le défi industriel », Aérojournal, no 63, 2018.
BISCARINI, Claudio, « Le Landser », dans Le Soldat. Moral, origines, armement, entraînement…,
2e Guerre Mondiale magazine, thématique no 18, 2009.
—, « La Bataille d’Ortona. Le “petit Stalingrad” italien », 2e Guerre mondiale magazine, no 41, 2011.
BONAL, Loïc, « Les unités de combats terrestres de la Luftwaffe », Ligne de Front, hors-série, no 32,
Caraktère, 2017.
BUFFETAUT, Yves, « 6 juin 1944. La bataille des plages », Militaria magazine, hors-série, no 72,
Histoire & Collections, Paris, 2009.
CAZENAVE, Stephan, « Les Vikings d’Hitler », Ligne de Front, no 64, Caraktère, 2016.
CHARPENTIER, Loïc, « Histoire de la Panzerwaffe », t. 1 et 2, Batailles & Blindés, hors-séries nos 29
et 30, 2015-2016.
COLOMBIER, Pascal, « Le Radar », Ligne de Front, no 56, Caraktère, 2015.
GLINEUR, Pol, « La Luftwaffe sur Malte », Batailles aériennes, no 84, Lela Presse, 2018.
HÖLLER, Hans, « “Nach 70 Jahren wider da.” Le retour du Leutnant Hans Höller en juin 2014 »,
Normandie 1944 magazine, no 28, Heimdal, 2018.
KADARI, Yannis, « Bodo Spranz. As méconnu de la Sturmartillerie », Batailles & Blindés, no 26,
2008.
MAHÉ, Yann, « Le Landser. Qui est-il ? À quoi sert-il ? Où combat-il ? », Ligne de Front, no 70,
Caraktère, 2017.
—, « L’aveuglement stratégique. Les erreurs fatales du IIIe Reich », Ligne de Front, no 38, Caraktère,
2012.
—, « La Waffen-SS : armée d’élite », Ligne de Front, no 31, Caraktère, 2011.
—, « Kolonial Wehrmacht ! », Ligne de Front, no 41, Caraktère, 2013.
—, « La bataille de Paderborn », Ligne de Front, no 75, Caraktère, 2018.
MANOSCHEK, Walther (dir.), « La Wehrmacht dans la Shoah », Revue d’histoire de la Shoah, no 187,
2007.
MANTOUX, Stéphane, « La doctrine de combat de la Luftwaffe. La naissance de l’art opératif dans la
guerre aérienne », 2e Guerre mondiale magazine, no 58, 2015.
—, « Les U-Boote. Du mythe à l’histoire. 2e partie », 2e Guerre mondiale magazine, no 65, 2016.
PALLUD, Jean-Paul, « U-Boote ! Les sous-marins allemands », 39/45 Magazine, hors-série, no 9,
1989.
PONTIC, Nicolas, « Wunderwaffen. Les “armes secrètes” d’Hitler », t. 1, 2e Guerre mondiale
magazine, hors-série, no 40, 2016.
—, « Wilhelm Canaris. Résistant ou nazi convaincu ? », 2e Guerre mondiale magazine, no 76, 2018.
—, « Jagdpanzer. Les prédateurs de la Panzerwaffe », Champs de Bataille. Soldats, Unités &
armements, no 10, Conflits & Stratégies, 2012.
RICHARDOT, Philippe, « T-34 et Tiger au combat. Quelles leçons en tirer ? », 2e Guerre mondiale
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ROLAND, Bernard, « Opération “Steinbock”. Le “Baby Blitz” ou les ultimes attaques de la Luftwaffe
sur l’Angleterre », Batailles aériennes, no 83, 2018.
RONDEAU, Benoît, « Les Fallschirmjäger en Italie », 2e Guerre mondiale magazine, no 67, 2016.
—, « La campagne de Tunisie, 1942-1943 », 2e Guerre mondiale magazine, hors-série, no 24, 2011.
—, « Fallschirmjäger face à l’Invasion », 2e Guerre mondiale magazine, no 51, 2013.
—, « Fallschirmjäger durant “Market Garden” », Ligne de Front, no 60, Caraktère, 2016.
—, « La 5. Panzerarmee. La meilleure ennemie des Alliés », Ligne de Front, hors-série, no 29,
Caraktère, 2016.
—, « Panzergrenadiere ! Compagnons indispensables des Panzer », 2e Guerre mondiale magazine,
no 48, 2013.
THERS, Alexandre, « L’évolution de l’économie de guerre », Ligne de Front, no 38, Caraktère, 2012.
TOUSSAINT, Patrick, « La Kriegsmarine en opération en mer Noire », 2e Guerre mondiale magazine,
no 34, 2010.
TRACOL, Xavier, « La vie à bord des U-Boote », Los !, hors-série, no 9, 2015.
TRACOL, Xavier, et MAHÉ, Yann, « Une réelle supériorité tactique. Les raisons des succès
allemands », Ligne de Front, no 38, Caraktère, 2012.
VANGANSBEKE, Luc, « Corsaires du Reich », Los !, hors-série, no 15, 2017.
WENKIN, Hugues, « Terreur dans les Ardennes », Ligne de Front, no 31, Caraktère, 2011.
WENKIN, Hugues, et TIRONE, Laurent, « Panther au combat », Batailles & Blindés, no 13, 2010.
Sources audiovisuelles
« Le mur de l’Atlantique. Bouclier des nazis », documentaire Arte de Johan Op de Beeck, 2001.
Deutsche Wochenschau, dans « Histoire parallèle », émission de Marc Ferro, 1991.
« Les grandes aventures de l’Himalaya », émission de télévision de Maurice Herzog et Daniel
Costelle, TF1, 1981.
Sites internet
http://lexicon-der-wehrmacht.de
https://www.forum-der-wehrmacht.de/
http://www.39-45.org
http://www.liberation.fr/planete/1995/06/07/les-jeunes-allemands-boudent-l-armee-en-1994-126000-
appeles-ont-obtenu-le-statut-d-objecteur-de-cons_135318
http://www.revuemilitairesuisse.ch/floor/cs?
&server=rms&lang=fr&item_categoryID=79&item_ID=117
http://www.easy39th.com/
http://meyer.famille.free.fr
https://www.lci.fr
https://www.youtube.com
https://www.telegraph.co.uk
http://www.liberation.fr
Remerciements
Prologue
1. Gordon Williamson, Gebirgsjäger. German Mountain Trooper, 1939-1945, Osprey, 2003,
p. 11.
2. Philippe Richardot, Hitler, ses généraux et ses armées, Economica, 2008, p. 521.
3. Otto Henning, Als Panzerschütze beim Deutschen Afrika-Korps, 1941-1943, Flechsig, 2006,
p. 24.
4. Donald E. Graves, Blood and Steel. The Wehrmacht Archive. Normandy 1944, Frontline
Books, 2013, p. 86.
5. Marie Moutier, Lettres de la Wehrmacht, Perrin, 2014, p. 319.
6. Wolfram Wette, Les Crimes de la Wehrmacht, Perrin, 2002.
Introduction
1. Stephen Fritz, Frontsoldaten. The German Soldier in World War II, The University Press of
Kentucky, 1997, p. 212.
2. Ibid., p. 213-214.
3. François-Emmanuel Brézet, Histoire de la marine allemande, 1939-1945, Perrin, coll.
« Tempus », 2014, p. 416.
4. Ibid., p. 448.
5. Hellmuth Frey, Für Rommels Panzer durch die Wüste. Als Divisionsnachschubführer beim
Deutschen Afrikakorps, Brienna Verlag, 2010, p. 62.
6. Antony Beevor, Stalingrad, Le Livre de Poche, 2001, p. 509.
7. Ibid., p. 304.
8. W. Wette, op. cit., p. 283-284.
9. Ibid., p. 162.
10. Ibid., p. 14.
11. August von Kageneck, Lieutenant de panzers, Perrin, coll. « Tempus », 2003, p. 91.
12. S. Fritz, op. cit., p. 3.
13. Ibid., p. 37.
14. Si la dimension économique d’une guerre moderne est primordiale, Adam Tooze, dans The
Wages of Destruction (Penguin, 2007), semble tout ramener à des considérations économiques, ce qui
paraît bien hasardeux…
1. Formation et discipline : de la caserne au front
1. Rolf-Dieter Müller, Hitler’s Wehrmacht, 1935-1945, University Press of Kentucky, 2016,
p. 94.
2. Martin Pöppel, Heaven and Hell. The War Diary of a German Paratrooper, Spellmount,
2010.
3. Ben Shepherd, Hitler’s Soldiers. The German Army in the Third Reich, Yale, 2016, p. 14.
4. M. Pöppel, op. cit., p. 9.
5. Le rôle ambigu de Fromm au cours de l’attentat raté contre Hitler du 20 juillet 1944 n’a pas
échappé aux nazis.
6. La région des Sudètes est incorporée dans plusieurs Wehrkreise ; d’autres Wehrkreise sont
créés en Pologne, tandis que la Bohême-Moravie forme le Wehrkreis Böhmen und Mähren en octobre
1942. Nigel Thomas, The German Army in World War II, Osprey, 2002, p. 11-12 ; Archives OKW,
Wehrkreise.
7. Omer Bartov, L’Armée d’Hitler, Hachette Littératures, 1999, p. 54 sqq.
8. En 1944, l’armée aligne 305 Ersatz-Bataillone d’infanterie, 49 de Panzergrenadiere, 13 de
panzers, 49 d’artillerie, 15 du train.
9. Martin Van Creveld, Fighting Powers. German and US Army Performance, 1939-1945,
Greenwood, 1982, p. 72.
10. Dal McGuirk, Rommel’s Army in Africa, Crowood Press, 2003, p. 54-55.
11. Ce qui ne le dispensera pas d’être appelé à la fin de la guerre lorsque l’urgence de la
situation poussera le Reich à la mobilisation des hommes jusque-là exemptés de service.
12. David Westwood, German Infantryman (1), 1933-40, Osprey, 2002, p. 7.
13. Gregory Liedtke, Enduring the Whirlwind. The German Army and the Russo-German War
1941-1943, Helion & Company, 2016, p. 99.
14. Le soldat allemand touche sa solde en trois fois : le 1er, le 11 et le 21 de chaque mois. Une
prime de service actif (Frontzulage) s’ajoute à la solde de base, soit 1 mark quotidien, quel que soit le
rang du soldat. Le service en zone tropicale au sein de l’Afrikakorps signifie 2 marks supplémentaires
par jour pour un simple soldat, 3 pour un sous-officier et 4 pour un officier. D. McGuirk, op. cit.,
p. 34.
15. Heldenklau, littéralement « voleurs de héros », constitue un autre sobriquet attribué aux
Feldgendarmen.
16. Le Soldbuch est quant à lui censé être détruit lorsqu’un soldat quitte l’armée, ce qui ne sera
pas le cas lors des nombreuses redditions qui marquent la seconde partie du conflit.
17. A, B, AB ou O : les Allemands ne distinguent pas entre rhésus négatif ou positif. Le
Erkennungsmark se présente en deux morceaux détachables, l’un étant laissé sur le cadavre pour
identification, le second est ramené au PC de l’unité, pour établir le rapport des pertes.
18. Kevin Fish, Panzer-Regiment 8, Schiffer, 2008, p. 15.
19. Ibid., p. 16-17.
20. O. Henning, op. cit., p. 21.
21. Guy Sajer, Le Soldat oublié, Robert Laffont, 1967, p. 11.
22. M. Pöppel, op. cit., p. 9-10.
23. P. Richardot, op. cit., p. 524.
24. Une blague a cours lorsqu’un soldat devient Gefreiter : il déclare qu’il a désormais « le
même grade que le Führer ».
25. Gordon Rottman, German Pionier, 1939-45, Osprey, 2010, p. 8.
26. Douglas Nash, Victory Was Beyond their Grasp, The Aberjona Press, 2008, p. 41.
27. Nicolas Mengus, Histoires extraordinaires de malgré-nous, Ouest-France, 2016, p. 136.
28. M. Pöppel, op. cit., p. 10.
29. O. Bartov, op. cit., p. 94-95.
30. A. von Kageneck, op. cit., p. 84-85.
31. P. Richardot, op. cit., p. 248.
32. G. Sajer, op. cit., p. 102.
33. M. Pöppel, op. cit., p. 12.
34. S. Fritz, op. cit., p. 26-27.
35. M. Pöppel, op. cit., p. 22.
36. S. Fritz, op. cit., p. 28.
37. http://meyer.famille.free.fr/ahk/index.php?fichier=luc_colomb.html
38. A. von Kageneck, op. cit., p. 86.
39. N. Mengus, op. cit., p. 273.
40. Hans Hellmut Kirst, 08/15. La Révolte du caporal Asch, Robert Laffont, 1955, p. 142.
41. Près de 1 000 soldats français sont fusillés au cours de la même période.
42. Soixante-dix GI sur les 4 millions débarqués en France en 1944-1945 seront condamnés à
mort, tous sauf un pour des méfaits commis à l’encontre de civils. Seule l’Armée rouge dépasse
largement la Wehrmacht dans son système répressif : 13 500 soldats soviétiques auraient été fusillés
au cours de la seule bataille de Stalingrad (P. Richardot, op. cit., p. 223).
43. Nicolas Stargardt, The German War. A Nation Under Arms, 1939-45, Vintage, Londres,
2016, p. 72.
44. M. Van Creveld, op. cit., p. 113-114.
45. O. Bartov, op. cit., p. 145.
46. Ou encore « désagrégation », « démoralisation ».
47. On compterait entre 30 000 et 40 000 dénonciations au cours de la guerre, ce qui reste peu si
on met ce chiffre en parallèle avec les 10 millions de soldats encore sous les armes en 1945, parmi
lesquels un grand nombre étaient encore fanatisés. T. Kühne, The Rise and Fall of
Comradship. Hitler’s Soldiers, Male Bonding and Mass Violence in the Twentieth Century,
Cambridge, 2017, p. 180-183.
48. N. Mengus, op. cit., p. 94-95.
49. Ibid., p. 174-175.
50. T. Kühne, op. cit., p. 194.
51. W. Wette, op. cit., p. 171.
52. Ibid., p. 210-211.
53. Ibid., p. 215.
54. N. Stargardt, op. cit., p. 495.
55. D. Nash, op. cit., p. 28-29.
56. N. Stargardt, op. cit., p. 495.
57. Ibid., p. 30.
58. N. Mengus, op. cit., p. 246-247.
59. Gordon Williamson, German Special Forces of World War II, Osprey, 2009, p. 40-42.
60. G. Sajer, op. cit., p. 204.
61. O. Bartov, op. cit., p. 93 sqq.
62. Ibid., p. 142.
63. Ibid., p. 105-106.
64. D. E. Graves, op. cit., p. 210.
65. M. Van Creveld, op. cit., p. 115 ; un seul soldat américain sera exécuté pour désertion au
cours de la campagne de 1944-1945 qui mène l’US Army de la Normandie au cœur du Reich.
66. O. Bartov, op. cit., p. 144.
67. O. Henning, op. cit., p. 22.
68. D. Nash, op. cit., p. 22.
69. Claudio Biscarini, « Le Landser », dans Le Soldat. Moral, origines, armement,
entraînement…, 2e Guerre mondiale magazine, thématique no 18, 2009, p. 15.
70. O. Henning, op. cit., p. 21.
71. Archives OKH, Überlieferungs und Erinnerungspflege des Heeres, note envoyée au
Heeresarchiv Potsdam, 1er juillet 1941.
72. A. von Kageneck, op. cit., p. 85-86.
73. G. Sajer, op. cit., p. 14.
74. H. H. Kirst, op. cit., p. 90.
75. O. Henning, op. cit., p. 24-25.
76. Tom Ripley, The Wehrmacht. The German Army in World War II, 1939-1945, Fitzroy
Dearborn, 2003, p. 226.
77. O. Henning, op. cit., p. 22.
78. On peut également exiger des soldats des exercices de courses avant leurs ablutions.
D. Westwood, German Infantryman (1) 1933-40, op. cit., p. 11.
79. S. Fritz, op. cit., p. 26.
80. A. von Kageneck, op. cit., p. 85.
81. G. Sajer, op. cit., p. 13.
82. D. Westwood, German Infantryman (1) 1933-40, op. cit., p. 11.
83. Paul Kalt, Souvenirs de jeunesse. 1939-1945. J’ai été un « malgré-nous », Books on
Demand, 2015, p. 20.
84. G. Sajer, op. cit., p. 11.
85. Ibid., p. 16.
86. H. H. Kirst, op. cit., p. 105.
87. Ibid., p. 77.
88. L’arme est d’un maniement si simple à acquérir que les recrues n’y consacrent que trois
heures de leur temps d’instruction. D. Westwood, German Infantryman (1) 1933-1940, op. cit., p. 18.
89.
http://www.easy39th.com/files/Special_Series,_No._3_German_Military_Training_1942.pdf, p. 40-
41, Special Series No. 3, September 17, 1942, German Military Training Unclassified Regraded By
Authority, Prepared By Military Intelligence Service War Department.
90. M. Pöppel, op. cit., p. 17.
91.
http://www.easy39th.com/files/Special_Series,_No._3_German_Military_Training_1942.pdf, p. 40-
41.
92. Bizarrement, ce type d’entraînement perdure jusqu’à la fin de la guerre, alors qu’aucun
belligérant n’utilise les gaz de combat. Archives OKH, 549. Volks-Gren.-Div., Gasschutzlehrgänge,
30 novembre 1944.
93. S. Fritz, op. cit., p. 25-26.
94. H. H. Kirst, op. cit., p. 8-9.
95. O. Henning, op. cit., p. 26-27.
96. H. H. Kirst, op. cit., p. 16. et 105.
97. P. Kalt, op. cit., p. 21.
98. G. Sajer, op. cit., p. 199-202.
99.
http://www.easy39th.com/files/Special_Series,_No._3_German_Military_Training_1942.pdf, p. 45.
100. G. Rottman, German Pionier, 1939-45, op. cit., p. 28.
101. D. Westwood, German Infantryman (1) 1933-1940, op. cit., p. 16.
102. Au sein des armées alliées, la mitrailleuse est au contraire considérée comme une arme de
soutien, et non l’arme de base du groupe de combat.
103. Une compagnie compte trois ou quatre sections (ou pelotons), chacune d’elles étant à son
tour subdivisée en trois ou quatre groupes de combat (ou escouades). Dans toutes les armées, une
compagnie d’armes lourdes (mortiers, mitrailleuses, voire pièces d’artillerie) existe généralement au
niveau du bataillon.
104. M. Pöppel, op. cit., p. 17.
105. Helmut Konrad von Keusgen, Pegasus Bridge. Batterie de Merville. Deux opérations
commando du Jour J, Heimdal, 2018, p. 16.
106. Archives OKH, Erfahrungen aus den Versuchsübungen, die 1, Mai 1938 unter Leitung des
H.Gru.Kdo 1 auf dem Tr.üb.Pl. Döberitz durchgeführt wurden.
107. Samuel Mitcham, The Rise of the Wehrmacht, vol. 1, Praeger, 2008, p. 77-78.
108. Archives OKW, Die Materielle Lage der Wehrmacht am 1.2.1944.
109. G. Williamson, Gebirgsjäger…, op. cit., p. 11
110. B. Shepherd, op. cit., p. 18.
111. Robert Edwards, Scouts Out. A History of German Reconnaissance Units in World War II,
Stackpole, 2013, p. 11.
112. Ibid., p. 16.
113. K. Fish, op. cit., p. 15.
114. G. Sajer, op. cit., p. 18.
115. Ibid., p. 18.
116. Deutsche Afrikakorps.
117. Pier Paolo Battistelli, Afrikakorps Soldier, 1941-43, Osprey, 2010, p. 14-15.
118. K. Fish, op. cit., p. 63-64.
119. M. Van Creveld, op. cit., p. 121. On en a une illustration dans le roman de Hans Hellmut
Kirst.
120. S. Fritz, op. cit., p. 18.
121. Depuis Frédéric le Grand, il est admis que les hommes doivent craindre davantage leurs
officiers que les risques auxquels ils s’exposent…
122. Quel que soit l’individu concerné, on s’adresse à lui en précédant son rang de Heer,
« monsieur ». G. Rottman, German Pionier, 1939-45, op. cit., p. 16
123. P. Richardot, op. cit., p. 248.
124. O. Bartov, op. cit., p. 55.
125. A. von Kageneck, op. cit., p. 86-87.
126. Les chances d’obtenir un poste à un cabinet ministériel pour un officier diplômé de la
Kriegsakademie sont quarante fois supérieures à celles d’un diplômé de l’université. Van Creveld,
op. cit., p. 25.
127. G. Liedtke, op. cit., p. 53.
128. M. Van Creveld, op. cit., p. 152.
129. O. Bartov, op. cit., p. 67.
130. D. E. Graves, op. cit., p. 207.
131. Archives OKW, Gefallene, verwundete, vermisste u. verstorbene Generale seit
Kriegsbeginn. Stand : 17 septembre 44.
132. D. E. Graves, op. cit., p. 210.
133. La proportion a tout de même chuté de façon marquée, et ce dès avant l’arrivée au pouvoir
de Hitler : en 1911, 67 % des Generäle sont des nobles, ils ne représentent plus que 33 % en 1932.
134. M. Van Creveld, op. cit., p. 23.
135. K. Fish, op. cit., p. 17.
136. A. von Kageneck, op. cit., p. 77-78.
137. S. Mitcham, The Rise of the Wehrmacht, vol. 1, op. cit., p. 75.
138. Ibid., p. 78.
139. R.-D. Müller, op. cit., p. 99.
140. M. Van Creveld, op. cit., p. 139.
141. Franz Bäke, Leutnant en 1939, finit ainsi le conflit avec les épaulettes de Generalmajor.
142. R.-D. Müller, op. cit., p. 101.
143. M. Van Creveld, op. cit., p. 147.
144. S. Mitcham, The Rise of the Wehrmacht, vol. 1, op. cit., p. 72.
145. D. E. Graves, op. cit., p. 167.
146. Chris McNab, Hitler’s Eagles. The Luftwaffe, 1933-45, Osprey, 2012, p. 65 sqq.
147. http://meyer.famille.free.fr/ahk/index.php?fichier=luc_colomb.html
148. Ibid.
149. R.-D. Müller, op. cit., p. 96.
150. Bob Carruthers, The German Army in Normandy, Coda Books Ltd, 2012, p. 86.
151. P. Richardot, op. cit., p. 449.
152. Richard Hargreaves, The Germans in Normandy, Stackpole Books, 2006, p. 28.
153. M. Pöppel, op. cit., p. 10.
154. Bruce Quarrie, German Airborne. Mediterranean Theatre 1942-45, Osprey, 2005, p. 10.
155. M. Pöppel, op. cit., p. 11.
156. David Greentree, Mediterranean 1942-43. British Paratrooper versus Fallschirmjäger,
Osprey, 2013, p. 14.
157. R.-D. Müller, op. cit., p. 96.
158. Gordon Williamson, Grey Wolf. U-Boat Crewaman of World War II, Osprey, 2001, p. 10-
11.
159. Jean Delize, Les Hommes des U-Boote, Histoire & Collections, 2007, p. 55-56.
160. Xavier Tracol, « La vie à bord des U-Boote », dans Los !, hors-série, no 9, Caraktère, 2015,
p. 12.
161. C’est le cas des équipages des destroyers détruits à Narvik en avril 1940.
162. X. Tracol, « La vie à bord des U-Boote », article cité, p. 9 et 13-14.
163. Gordon Williamson, Word War II German Women’s Auxiliary Services, Osprey, 2003, p. 4.
164. Claude Quétel, Les Femmes dans la guerre, 1939-1945, Larousse, 2004.
165. « Elles tombaient bravement comme des soldats. Pourtant, cela faisait drôle de les enterrer
comme de vrais soldats », A. von Kageneck, op. cit., p. 176.
166. W. Wette, op. cit., p. 32.
167. Manstein, né Lewinsky et adopté par un oncle, a pourtant un arrière-arrière-aïeul juif, un
élément qui a par ailleurs pu motiver sa prise de position contre la loi d’aryanisation.
168. W. Wette, op. cit., p. 76-82.
169. Milch est l’un des hommes à l’origine de la création de la Luftwaffe. Hitler fait de lui un
« aryen d’honneur » en août 1935… Le Feldmarschall va jusqu’à demander à sa mère de fournir une
attestation selon laquelle elle n’avait pas conçu son fils avec son époux déclaré mais avec un autre
homme, incontestablement aryen… Peter Padfield, Dönitz et la guerre des U-Boote, Tallandier, 2017,
p. 434.
170. W. Wette, op. cit., p. 87 ; lire Bryan M. Rigg, La Tragédie des soldats juifs d’Hitler,
Éditions de Fallois, 2003.
171. W. Wette, op. cit., p. 87.
172. B. Shepherd, op. cit., p. 38.
173. Robert Lee Quinnett, Hitler’s Political Officers. The National Socialist Leadership
Officers, The University of Oklahoma, thèse de doctorat en histoire moderne, 1973, p. 189.
174. P. Richardot, op. cit., p. 363.
175. M. Van Creveld, op. cit., p. 84.
176. C. Biscarini, « Le Landser », article cité, p. 7.
177. R. L. Quinnett, op. cit., p. 56-57.
178. M. Van Creveld, op. cit., p. 85-86.
179. R. L. Quinnett, op. cit., p. 46-47.
180. B. Shepherd, op. cit., p. 318.
181. W. Wette, op. cit., p. 196.
182. Ibid., p. 86.
183. Ibid., p. 101.
184. D. Nash, op. cit., p. 10.
185. R. L. Quinnett, op. cit., p. 93.
186. Ibid., p. 157.
187. Ibid., p. 165.
188. P. Richardot, op. cit., p. 224.
189. D. Nash, op. cit., p. 11.
190. Ibid., p. 8.
191. Ibid., p. 10-11.
192. R. L. Quinnett, op. cit., p. V.
193. Le livre de référence en français est ici Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS. Soldats politiques
en guerre, Perrin, 2007 ; voir aussi Roger Bender et Hugh Taylor, Uniforms, Organization and
History of the Waffen-SS, vol. 1 à 3, R. James Bender Publishing, 1971-1972.
194. Le terme apparaît en 1940, l’appellation initiale étant SS-Verfügungstruppe, ou SS-VT, soit
« SS à disposition ».
195. Le 3e régiment levé, « Der Führer », est créé à Vienne après l’Anschluss, pour incorporer
des Autrichiens.
196. Rochus Misch, J’étais garde du corps d’Hitler, 1940-1945, Le Livre de Poche, 2006, p. 26-
28.
197. N. Mengus, op. cit., p. 205.
198. R.-D. Müller, p. 97 ; voir les p. 291-313, écrites par Thomas Serrier, dans La
Dénazification, ouvrage collectif sous la direction de M.-B. Vincent, Perrin, coll. « Tempus », 2008.
199. R. Misch, op. cit., p. 26-29.
200. N. Mengus, op. cit., p. 14-15.
201. Ibid., p. 145-146.
202. Ibid., p. 65-66.
203. P. Richardot, op. cit., p. 524.
204. Ibid., p. 523.
205. Ibid., p. 520-521.
206. Ibid., p. 524.
207. G. Liedtke, op. cit., p. 73.
208. Mark Reardon, Defending Fortress Europe, The War Diary of the German 7th Army in
Normandy, 6 June to 26 July 1944, The Aberjona Press, 2012, p. 326.
209. M. Van Creveld, op. cit., p. 73.
210. G. Liedtke, op. cit., p. 99.
211. B. Shepherd, op. cit., p. 113.
212. M. Reardon, op. cit., p. 303.
213. D. Nash, op. cit., p. 24.
214. P. P. Battistelli, op. cit., p. 16.
215. K. Fish, op. cit., p. 61.
216. S. Fritz, op. cit., p. 19.
217. Kriegstagebuch, 334e DI.
218. Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord française, le 8 novembre 1942.
219. Vince Milano, Bruce Conner, Normandiefront. D-Day to Saint-Lô through German Eyes,
Spellmount, 2011, p. 13.
220. Ibid., p. 19.
221. Didier Lodieu, L’Odyssée du bataillon de Panther de la 116. Panzer-Division en
Normandie, Histoire & Collections, 2012, p. 6.
222. M. Reardon, op. cit., p. 31.
223. P. Richardot, op. cit., p. 239.
224. R.-D. Müller, op. cit., p. 97.
225. Restrictions pourtant toutes relatives dans un Reich qui pille l’Europe sans vergogne pour
assurer un bon niveau de vie à ses ressortissants…
226. M. Reardon, op. cit., p. 29.
227. B. Carruthers, op. cit., p. 27.
228. Hans von Luck, Panzer Commander. The Memoirs of Colonel Hans von Luck, Dell Books,
1989, p. 168.
229. D. Nash, op. cit., p. 7 et 345 sqq.
230. Steven Zaloga, Lorraine 1944, Osprey, 2000, p. 20.
231. D. Nash, op. cit., p. 61.
7. Crimes
1. A. Beevor, D-Day…, op. cit., p. 272.
2. O. Bartov, op. cit., p. 222.
3. T. Kühne, op. cit., p. 10-11.
4. O. Bartov, op. cit., p. 11.
5. Ibid., p. 298.
6. A. Luneau, J. Guérout, S. Martens, op. cit., p. 139.
7. W. Wette, op. cit., p. 139.
8. Ces marins seront condamnés et pendus par la justice américaine en août 1945.
G. Williamson, Grey Wolf…, op. cit., p. 41.
9. M. Moutier, op. cit., p. 91.
10. A. von Kageneck, op. cit., p. 108.
11. Ibid., p. 124.
12. M. Moutier, op. cit., p. 139-140.
13. O. Bartov, op. cit., p. 109.
14. Robert Lilly, La Face cachée des GI’s. Les viols commis par des soldats américains en
France, en Angleterre et en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, Payot, 2004.
15. T. Kühne, op. cit., p. 191-192.
16. O. Bartov, op. cit., p. 183.
17. Jacqueline Duhem, Crimes et criminels de guerre allemands dans le Nord-Pas-de-Calais,
Les Lumières de Lille, 2016.
18. Lire Rafael Scheck, Hitler’s African Victims. The German Army Massacres of Black French
Soldiers in 1940, Cambridge University Press, 2006.
19. M. Moutier, op. cit., p. 57.
20. B. Shepherd, op. cit., p. 84.
21. N. Stargardt, op. cit., p. 104.
22. Ibid., p. 99.
23. Selon toute vraisemblance, ce dernier n’est pas à l’origine des massacres.
24. R. Scheck, op. cit., p. 6.
25. Il s’agit des Allemands qui avaient fui l’Allemagne nazie dans les années 1930.
26. S. Neitzel, H. Welzer, op. cit., p. 68.
27. Jean-Paul Cointet, Hitler et la France, Perrin, coll. « Tempus », 2017, p. 378.
28. Gaël Eismann, Hôtel Majestic. Ordre et sécurité en France occupée (1940-1944),
Tallandier, 2010, p. 99, 422.
29. Impliqué dans l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944.
30. Environ 90 000 déportés pour des raisons autres que raciales, d’après la Fondation pour la
mémoire de la déportation.
31. G. Eismann, op. cit., p. 465.
32. B. Shepherd, op. cit., p. 306.
33. G. Eismann, op. cit., p. 39.
34. Ibid., p. 432.
35. B. Shepherd, op. cit., p. 422.
36. Ibid., p. 454.
37. G. Eismann, op. cit., p. 437.
38. Ibid., p. 436-437.
39. Ceux qui travaillaient sur l’île anglo-normande d’Aurigny dépendaient du camp de
concentration de Neuengamme.
40. B. Shepherd, op. cit., p. 424.
41. Ibid., p. 423.
42. G. Eismann, op. cit., p. 451.
43. B. Shepherd, op. cit., p. 454-455, 463.
44. Paddy Ashdown, La Bataille du Vercors. Une amère victoire, Gallimard, 2016, p. 438.
45. G. Eismann, op. cit., p. 445.
46. P. Ashdown, op. cit., p. 447.
47. S. Neitzel, H. Welzer, op. cit., p. 202-204.
48. Hugues Wenkin, « Terreur dans les Ardennes », Ligne de Front, no 31, Caraktère, 2011, p. 7.
49. R. Atkinson, The Day of Battle…, op. cit., p. 492, 499.
50. J.-P. Benamou, op. cit., p. 61.
51. C. Paris, op. cit., p. 38-40.
52. E. Florentin, Stalingrad en Normandie, op. cit., p. 310.
53. A. Beevor, D-Day…, op. cit., p. 320.
54. H. Wenkin, article cité, p. 6-8.
55. Pour les jeunes soldats de Hitler, cette campagne c’est aussi le baptême du feu. Certains
crimes pourraient s’expliquer par le choc de la vision des premiers camarades tués.
56. B. Shepherd, op. cit., p. 49.
57. O. Bartov, op. cit., p. 99.
58. B. Shepherd, op. cit., p. 52.
59. Ibid., p. 54.
60. N. Stargardt, op. cit., p. 38.
61. B. Shepherd, op. cit., p. 57.
62. P. Hoffmann, op. cit., p. 135.
63. M. Moutier, op. cit., p. 24-25.
64. O. Bartov, op. cit., p. 102-103.
65. B. Shepherd, op. cit., p. 56-57.
66. O. Bartov, op. cit., p. 101.
67. S. Fritz, op. cit., p. 55, 57.
68. W. Wette, op. cit., p. 97-99.
69. O. Bartov, op. cit., p. 187.
70. Ibid., p. 108.
71. Ibid., p. 125.
72. Ibid., p. 52.
73. T. Kühne, op. cit., p. 152.
74. B. Shepherd, op. cit., p. 378.
75. N. Stargardt, op. cit., p. 314.
76. G. Sajer, op. cit., p. 149.
77. O. Bartov, op. cit., p. 129.
78. Ibid., p. 134.
79. A. Beevor, Stalingrad, op. cit., p. 349.
80. Un souvenir de mon grand-père, André Rondeau, prisonnier de guerre français en
Allemagne, qui a été le témoin de la brutalité des nazis envers les Russes.
81. A. Beevor, Stalingrad, p. 505.
82. N. Stargardt, op. cit., p. 313.
83. S. Fritz, op. cit., p. 50.
84. N. Stargardt, op. cit., p. 177.
85. S. Fritz, op. cit., p. 57.
86. O. Bartov, op. cit., p. 8.
87. Ibid., p. 27.
88. Ibid., p. 288.
89. N. Stargardt, op. cit., p. 185.
90. O. Bartov, op. cit., p. 122.
91. G. Sajer, op. cit., p. 75.
92. À savoir le soldat soviétique.
93. O. Bartov, op. cit., p. 128.
94. S. Fritz, op. cit., p. 51.
95. O. Bartov, op. cit., p. 137.
96. G. Sajer, op. cit., p. 390-391.
97. B. Shepherd, op. cit., p. 365.
98. O. Bartov, op. cit., p. 96.
99. T. Kühne, op. cit., p. 149-150.
100. Ibid., p. 151.
101. S. Fritz, op. cit., p. 52.
102. M. Moutier, op. cit., p. 122.
103. Ibid., p. 116.
104. N. Stargardt, op. cit., p. 233.
105. T. Kühne, op. cit., p. 5.
106. P. Hoffmann, op. cit., p. 161.
107. A. Luneau, J. Guérout et S. Martens, op. cit., p. 200.
108. N. Stargardt, op. cit., p. 168-170.
109. Ibid., p. 196-197.
110. O. Bartov, op. cit., p. 138.
111. M. Moutier, op. cit., p. 37.
112. O. Bartov, op. cit., p. 230.
113. W. Wette, op. cit., p. 131.
114. Ibid., p. 111-113.
115. Ibid., p. 119-124.
116. Ibid., p. 133.
117. Ibid., p. 159-160.
118. Ibid., p. 157.
119. Ibid., p. 104.
120. O. Bartov, op. cit., p. 188-189.
121. M. Moutier, op. cit., p. 39.
122. N. Stargardt, op. cit., p. 4.
123. T. Kühne, op. cit., p. 142.
124. N. Stargardt, op. cit., p. 173-175.
125. T. Kühne, op. cit., p. 144.
126. Dans Le Pianiste.
127. M. Moutier, op. cit., p. 131.
128. Voir Mark Mazower, Dans la Grèce d’Hitler, 1941-1944, Les Belles Lettres, 2002.
129. Y. Béraud, op. cit., p. 172-173.
130. O. Bartov, op. cit., p. 234.
131. B. Shepherd, op. cit., p. 352.
132. Ibid., p. 308.
133. Y. Béraud, op. cit., p. 176.
134. B. Shepherd, op. cit., p. 354.
135. W. Wette, op. cit., p. 140-141.
136. Et autant périssent dans les affrontements avec les forces allemandes.
137. B. Shepherd, op. cit., p. 312.
138. O. Bartov, op. cit., p. 8-9.
139. W. Wette, op. cit., p. 110-111.
140. Ibid., p. 142-143.
141. B. Shepherd, op. cit., p. 313.
142. Desmond Young, Rommel, Fayard, 1962, p. 166.
143. J. Herf, op. cit., p. 7.
144. Christian Destremau, op. cit., p. 244-246.
145. Martin Kitchen, Rommel’s Desert War, Cambridge, 2009, p. 278.
146. Ibid., p. 368-371 ; J. Herf, op. cit., p. 89.
147. Kriegstagebuch, division von Broich/Manteuffel.
148. Benoît Lemay, Erwin Rommel, Perrin, coll. « Tempus », 2011, p. 241.
149. W. Wette, op. cit., p. 140.
150. A. Gilbert et IWM, op. cit., p. 121-128.
151. Julian Thompson, Forgotten Voices. Desert Victory, Ebury Press, 2011, p. 276.
152. B. Shepherd, op. cit., p. 342.
153. Le nouveau régime politique italien dirigé par Mussolini après sa libération par Hitler, et
dont le gouvernement fantoche est établi à Salò, dans le nord de la péninsule.
154. R. Atkinson, The Day of Battle…, op. cit., p. 480.
155. B. Shepherd, op. cit., p. 411-416.
156. Ibid., p. 353.
157. A. Beevor, Ardennes 1944, op. cit., p. 74.
158. B. Shepherd, op. cit., p. 514.
159. A. von Kageneck, op. cit., p. 179.
160. N. Stargardt, op. cit., p. 504-505.
161. A. Beevor, Ardennes 1944, op. cit., p. 73.
162. B. Shepherd, op. cit., p. 475.
163. S. Fritz, op. cit., p. 102.
164. Une même tendance vise les fusillés de l’armée française au cours de la Grande Guerre :
certains en viennent à les considérer tous et sans distinction comme des victimes injustement
condamnées.
165. Stephen Harding, The Last Battle. When US and German Soldiers Joined Forces in the
Waning Hours of World War II in Europe, Da Capo Press, 2014.
166. N. Stargardt, op. cit., p. 416.
167. T. Kühne, op. cit., p. 180-181.
168. Documentaire Arte : « Le mur de l’Atlantique. Bouclier des nazis », par Johan Op de
Beeck, 2001.
169. T. Kühne, op. cit., p. 179-180.
170. Ibid., p. 181.
171. O. Bartov, op. cit., p. 165.
172. Ibid., p. 244-245.
173. P. Hoffmann, op. cit., p. 275.
174. Ibid., p. 131.
175. Le plan prévoyait notamment que, alors que le putsch éclaterait à Berlin, la 1. Leichte-
Division bloquerait l’unité de gardes du corps de Hitler, la « SS-Leibstandarte », sur la route de
Munich à Berlin. Ibid., p. 124.
176. James L. Collins (dir.), Les Généraux de Hitler et leurs batailles, Bruxelles, Elsevier
Séquoia, 1980, p. 33.
177. N. Stargardt, op. cit., p. 50.
178. P. Hoffmann, op. cit., p. 159-160.
179. Ibid., p. 139.
180. A. Beevor, Stalingrad, op. cit., p. 370.
181. Rudolph-Christoph von Gersdorff, Tuer Hitler. Confession d’un officier allemand antinazi,
Tallandier, 2012, p. 119.
182. J. L. Collins (dir.), op. cit., p. 34.
183. A. Beevor, Stalingrad, op. cit., p. 370-374.
184. P. Hoffmann, op. cit., p. 80-81.
185. Ibid., p. 345.
186. Ibid., p. 70.
187. A. Beevor, Stalingrad, op. cit., p. 103.
188. Ibid., p. 463.
189. P. Hoffmann, op. cit., p. 195.
190. R.-C. von Gersdorff, op. cit, p. 167 sqq.
191. Ibid., p. 118.
192. Certains évoquent le fait que le système aurait gelé avec l’altitude.
193. P. Hoffmann, op. cit., p. 226.
194. Ibid., p. 274 sqq.
195. Bussche est un des rares comploteurs à avoir survécu à la guerre.
196. P. Hoffmann, op. cit., p. 282.
197. B. Shepherd, op. cit., p. 450.
198. Hans Speidel, Invasion 44, J’ai lu, 1964, p. 135 sqq.
199. P. Hoffmann, op. cit., p. 307.
200. Siège de l’OKH et de l’Ersatzheer à Berlin, où le complot fut mis au point.
201. T. Kühne, op. cit., p. 183.
202. S. Fritz, op. cit., p. 216.
203. B. Shepherd, op. cit., p. 452.
204. A. von Kageneck, op. cit., p. 155.
205. R. Hargreaves, op. cit., p. 156.
206. B. Lemay, op. cit., p. 402, 421.
207. H. von Luck, op. cit., p. 201-202.
208. D. Lodieu, L’Odyssée…, op. cit., p. 10. Tout aussi douteuse est l’affirmation de cet officier
selon laquelle Rommel aurait gardé par-devers lui cette division en réserve : le déploiement et
l’emploi d’une division panzers est du ressort du Führer et, de toute façon, Rommel s’attendait à un
débarquement dans la Somme, ce qui explique le déploiement de cette unité.
209. W. Warlimont, op. cit., p. 259-260.
210. Ian Kershaw, Hitler, 1936-1945, Nemesis, Penguin Books, 2001, p. 699.
211. S. Fritz, op. cit., p. 216.
212. Ibid., p. 216.
213. O. Bartov, op. cit., p. 242-243.
214. B. Shepherd, op. cit., p. 470.
215. A. von Kageneck, op. cit., p. 163.
216. Ibid., p. 167.
217. Nicolas Pontic, « Wilhelm Canaris. Résistant ou nazi convaincu ? », 2e Guerre mondiale
magazine, no 76, 2018, p. 14-24.
218. A. Beevor, Stalingrad, op. cit., p. 564-570.
219. Ce qui montre que ces généraux n’étaient pas conscients des conditions atroces de
détention de leurs anciens soldats, qui vont rapidement presque tous disparaître.
220. A. Beevor, Stalingrad, op. cit., p. 574.
221. Ibid., p. 570.
222. J. L. Collins (dir.), op. cit., p. 39.
Kageneck, August von (Leutnant) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38.
Keitel, Wilhelm (Feldmarschall) : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Kesselring, Albert (Feldmarschall) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Kluge, Günther von (Feldmarschall) : 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Manstein, Erich von (Feldmarschall) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19.
Milch, Erhard (Feldmarschall) : 1, 2, 3.
Model, Walter (Feldmarschall) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Mölders, Werner (Oberst) : 1, 2.
Montgomery, sir Bernard (Field Marshall) : 1, 2, 3.
Sajer, Guy (Panzergrenadiere) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31.
Schmidt, Helmut (chancelier allemand) : 1.
Schörner, Ferdinand (Feldmarschall) : 1, 2, 3.
Seydlitz-Kurzbach, Walther von (général) : 1, 2.
Staline, Joseph (dictateur soviétique) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7.
Stauffenberg, Claus von (Oberst) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13.
Student, Kurt (général) : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7.
Suhren, Reinhard « Teddy » (Fregattenkapitän) : 1, 2.