Education Aux Valeurs L1
Education Aux Valeurs L1
Education Aux Valeurs L1
AUMONERIE GENERALE
Ce module s’adresse aux étudiants de première année et se veut être une introduction
générale au parcours d’éducation aux valeurs à l’UCAO. A partir des symboles de l’UCAO il
sera posé la question de la nécessité d’un tel parcours et pourquoi partir de l’enseignement
social de l’Eglise. Au terme du module 1 l’étudiant doit comprendre la vision du projet éducatif
de l’UCAO et son objectif : promouvoir l'homme intégral, parce que dans le Christ, l'Homme
parfait, toute personne humaine atteint sa pleine stature et toutes les valeurs humaines trouvent
leur pleine réalisation et leur unité harmonieuse. Il découvrira ainsi le caractère spécifique de
l’éducation donnée à l’université catholique et le devoir de celle-ci de cultiver toutes les valeurs
humaines dans le respect de leur légitime autonomie, dans la fidélité à sa mission de se mettre
au service de tous les hommes. Il comprendra enfin que c’est ce service de tout homme et de
tout l’homme que traduit l’E.S.E.
L’éducation aux valeurs ne devra pas lui apparaître comme un cours de plus à valider
pour avoir des crédits mais comme un cours devant servir de fondement et de support à tous les
autres cours.
Masse horaire : 25 h
Objectifs généraux
Objectifs spécifiques
- Faire découvrir à l’apprenant la vision du projet éducatif de l’UCAO au travers de ses
symboles
- Faire comprendre à l’étudiant pourquoi un parcours d’éducation aux valeurs
- Expliquer les raisons pour lesquelles l’UCAO choisit de prendre l’E.S.E. comme base
du parcours de l’éducation aux valeurs ?
- Donner un avant-goût aux étudiants du chemin qui se fera en Licence et en master.
Plan du cours
Introduction
Chapitre I : L’UCAO à travers ses symboles
Chapitre II : Nécessité de l’éducation aux valeurs a l’UCAO
Chapitre III : L’E.S.E., une source pour l’éducation aux valeurs a l’UCAO
Conclusion
2
INTRODUCTION
On voit dans cet article la vision de l’UCAO, ce qu’elle exige de ses étudiants, et, la
mission confiée à son Aumônier général. Les étudiants doivent être porteurs de valeurs et
l’éducation à ces valeurs est confiée aux aumôniers des Unités Universitaires sous le regard
vigilant de l’Aumônier général.
« Puisque l'objectif d'une Université catholique est de garantir sous une forme institutionnelle
une présence chrétienne dans le monde universitaire face aux grands problèmes de la société et
3
de la culture, elle doit posséder, en tant que catholique, les caractéristiques essentielles
suivantes:
- Une inspiration chrétienne de la part non seulement des individus, mais aussi de la
Communauté universitaire en tant que telle ;
- Une réflexion continuelle, à la lumière de la foi catholique, sur le trésor croissant de la
connaissance humaine, auquel elle cherche à offrir une contribution par ses propres
recherches ;
- La fidélité au message chrétien tel qu'il est présenté par l’Église ;
- L’engagement institutionnel au service du peuple de Dieu et de la famille humaine dans
leur itinéraire vers cet objectif transcendant qui donne son sens à la vie » ?
Comment alors justifier le choix que fait l’UCAO de fonder le programme éducatif de
l’aumônerie sur l’E.S.E. ? Ne serait-ce pas précisément parce qu’il appartiendrait à la nature de
l’E.S.E. d’être la science théologique adéquate aux réalités temporelles ? De quelle manière
alors pourrait-elle structurer le parcours de nos jeunes étudiants ? Avant de répondre à cette
question, nous voudrions d’abord partir des symboles de l’UCAO pour mieux saisir sa vision,
ensuite montrer la nécessité de l’éducation aux valeurs à l’UCAO et pourquoi une telle
éducation devrait partir de l’E.S.E.
4
CHAPITRE I : L’UCAO A TRAVERS SES SYMBOLES
Les symboles qui permettent d’approcher la réalité de l’UCAO sont l’hymne, le logo, la
devise et le drapeau. Modèle de l’intégration, de l’excellence et du succès.
Le jeune qui s’inscrit à l’UCAO s’engage à être porteur des valeurs chrétiennes que
l’UCAO voudrait lui transmettre. C’est pourquoi il est invité au début de ce parcours à étudier
les textes que voici :
O toi actrice de dialogue et de paix ; o toi ressource de l’Eglise, tu es pour nous un javelot
flamboyant de l’unité,
UCAO, honneur à toi
5
2. Note explicative du logo de l’UCAO
1. L’englobant ovale représente le cosmos et évoque la quête d’un savoir infini, ouvert
aux dimensions du monde dans sa globalité, un savoir capable d’entretenir la Vie. Il n’y
a d’Université qu’à ce prix.
2. Le « U » symbolise, à la fois :
Le « U » de l’Universel, auquel aspire tout savoir scientifique ;
Le « U » de l’Université, comme une structure et un espace important de
formation ;
Le « U » de l’Unité, car il s’agit d’une Université en réseau, où chaque pays met
son espace national et ses potentialités au service de tous ;
Et enfin une quatrième évocation, le « U » qui indique l’idée d’Utilité, parce que
l’Université catholique ne doit pas être un lieu isolé du monde et sans impact sur
lui.
Ces quatre finalités, incarnées dans le « U », voulu imposant, sont matérialisées dans les
quatre traits collés, en haut, à droite de l’englobant. L’Université libère l’horizon du savoir, le
dilate et, du particulier ou du singulier dont il assume la culture qu’il doit contribuer à
transformer, elle l’ouvre sur l’Universel.
3. La carte de l’Afrique situe le lieu géographique. C’est bien en Afrique que nous
sommes ; et c’est elle qui incarne le singulier que toutes les sciences doivent sentir et
assumer. Cette Afrique doit aspirer, par le savoir, à atteindre les frontières de l’Infini.
Ce sera la véritable source de sa libération et le point de départ de son ouverture à tous
« les mondes ».
6
5. Le triptyque « Science », « Foi » et « Action » est à la fois un rappel et un appel. Il
rappelle ce que suppose une Université d’obédience chrétienne : un lieu où l’on
s’instruit et se forme à un niveau supérieur de savoir ; mais aussi un espace ouvert à la
transcendance ; enfin, un souci permanent de savoir-faire pour être Utile au devenir de
la Cité, qui a été évoqué dans la notion d’utilité. Dans la finalité profonde de l’Université
catholique de l’Afrique de l’Ouest, il s’agit d’un appel à l’excellence, à la conviction et
à l’efficacité.
6. Le trait central qui fédère le tout n’est pas une rupture, comme on pourrait le croire en
l’observant en haut et en bas, mais un refus d’enfermement.
7
CHAPITRE II : NECESSITE DE L’EDUCATION AUX VALEURS A L’UCAO
L’encyclique Caritas in Veritate, qui a éclairé d’un jour nouveau l’enseignement social
de l’Eglise, a, elle aussi, conforté en son temps la volonté des pères évêques de conjuguer au
sein de l’UCAO compétence technique et acuité de la conscience morale :
- « Le risque de notre époque réside dans le fait qu’à l’interdépendance déjà réelle entre
les hommes et les peuples, ne corresponde pas l’interaction éthique des consciences et
des intelligences dont le fruit devrait être l’émergence d’un développement vraiment
humain » (CV n° 9).
1
Cf. Article 1 des statuts de l’UCAO
2
Joseph Ratzinger, Valeurs pour un temps de crise. Allocution lors de la réception en tant qu’associé étranger de
l’Académie des Sciences Morales et Politiques des Instituts de France, le 07 novembre 1992 P. 13
3
Joseph Ratzinger, 2009 [1984], « Les sources de la morale. Evêques et théologiens face aux problèmes éthiques »,
in La communion de foi. Discerner et agir, P. 145.
4
Ibid.
8
personne prise dans la globalité de son être. Même quand l’homme agit à l’aide d’un
satellite ou d’une impulsion électronique à distance, son action reste toujours humaine,
expression d’une liberté responsable. La technique attire fortement l’homme, parce
qu’elle le soustrait aux limites physiques et qu’elle élargit son horizon. Mais la liberté
humaine n’est vraiment elle-même que lorsqu’elle répond à la fascination de la
technique par des décisions qui sont le fruit de la responsabilité morale (CV n° 70) ».
L’UCAO a pour vocation de former à cette liberté responsable les jeunes qui lui sont
confiés. De quelle manière ? On doit se rappeler cette mise en garde du Cardinal Ratzinger :
« La liberté ne garde sa dignité que si elle continue à se référer à son fondement moral et à sa
mission morale »5. Elle a donc besoin d’un contenu collectif que Benoît XVI définit comme la
sauvegarde des droits de l’homme. Pour lui, « la notion de liberté doit être, de par sa nature,
complétée par deux autres notions : le droit et le bien ». Il en déduit « que la capacité de
perception de la conscience pour les valeurs fondamentales et pour toute autre valeur qui a trait
à l’humanité fait partie de la liberté ».6
5
Joseph Ratzinger, Valeurs pour un temps de crise…, P.16-17
6
Ibid.
7
« Corruptio optimi pessima »
9
Wissen bringt einem nichts, wenn man keine Werte hat“, affirmait Kathrin S. Kürzinger. (Litt.:
« le savoir n’apporte rien lorsqu’on n’a aucune valeur »).
Il ne s’agit pas pour nous d’ajouter aux syllabus de l’étudiant, une matière de plus, mais
de revoir notre Ordo de telle manière que l’éducation aux valeurs constitue, pour les jeunes qui
nous sont confiés, un terreau fertilisant, une base solide pour le savoir. En consolidant ces
valeurs dans les parcours formatifs, on reste fidèle à la vision des Pères évêques qui ont rêvé de
l’université comme « une base d’évangélisation des intelligences ».
Mais comme on peut s’en douter, il ne suffira pas de faire sienne la préoccupation des
évêques d’éduquer aux valeurs dans nos institutions de formation. Il faudra encore être au clair
sur quel type d’éducation aux valeurs on cherche à promouvoir. Si de nos jours, la tendance se
fait envahissante de parler de valeurs sans impliquer la conscience, le type d’éducation aux
valeurs que veulent nos pères évêques doit, pour sa part, partir explicitement de la formation de
la conscience, d’une conscience droite et éclairée. Selon Mokroch un auteur Allemand, les
conflits de valeurs sont aussi des conflits de conscience.
Nous vivons dans une société postmoderne où la question des valeurs devient de plus
en plus difficile à traiter. Le multiculturalisme, la pluralité des religions, la pluralité des valeurs
et le développement technologique sont des réalités qui influencent énormément la question des
valeurs dans la société contemporaine. De plus, le relativisme qui caractérise la société
postmoderne affecte également le sens et l’importance des valeurs dans les Institutions. Ainsi
l’idée de valeur basée sur la morale est souvent rejetée au profit de normes et de lois vidées de
morale. « Il est de plus en plus manifeste (…) que le véritable mal du monde moderne, c’est
son déficit en matière de morale »8.
Chacun tente de définir les valeurs à sa manière et surtout en les séparant de la morale,
rejetant ainsi tout critère universel de jugement. Face à cette réalité, il convient de veiller à
maintenir à l’université catholique son identité. L’objectif de l’éducation aux valeurs dans une
université catholique est d’abord de former des hommes et des femmes responsables, capables
de discerner et de prendre des décisions justes ; des hommes et des femmes qui puissent
reconnaitre le bien et le choisir en rejetant ainsi le mal.
8
Ratzinger, 2009 [1984], « Les sources de la morale. Evêques et théologiens face aux problèmes éthiques », in La
communion de foi. Discerner et agir, P. 145.
10
Si l’éducation aux valeurs nous parait si importante, à quelles valeurs concrètes voulons-
nous former nos jeunes ? Autrement dit, quand on parle de valeurs à l’UCAO de quelles valeurs
s’agit-il ?
L’article 108 des statuts de l’UCAO stipule que « par son inscription, l’étudiant
s’engage à respecter les règlements de l’Université et à faire preuve d’un comportement
conforme à l’esprit et aux valeurs de l’Evangile ». Il s’agit donc d’un engagement que prend
l’étudiant en venant à l’UCAO, un engagement moral dont il ne saisit peut-être pas encore tous
les contours, un engagement que ses parents ont voulu qu’il prenne en l’inscrivant. Il reviendra
donc aux éducateurs que nous sommes d’accompagner ce jeune sur le chemin de la
responsabilité personnelle, en l’aidant à cultiver tout au long de sa formation académique et
technique les valeurs inspirées de l’Evangile et qui, pourtant, ne lui sont pas présentées comme
un catéchisme. Dans cette culture des valeurs, l’E.S. E lui sera d’un support efficace car elle a
« une contribution spécifique à apporter qui se fonde sur la création de l’homme à l’image de
Dieu, principe d’où découle la dignité inviolable de la personne humaine, de même que la valeur
transcendante des normes morales naturelles » (CV n° 45).
11
lumière jusque-là, une nouvelle cohérence. Et ce principe comme nous l’avons montré dans
l’annexe de notre Thèse est celui de la gratuité.9Six ans après Caritas in Veritate,
l’enseignement social de l’Eglise s’est enrichi de l’encyclique Laudato Si, qui mettra l’accent
sur le respect de l’environnement. C’est dire que dans l’éducation aux valeurs qui prend sa
source dans l’enseignement social de l’Eglise, il faudra garder à l’esprit le caractère évolutif
des principes de l’enseignement social de l’Eglise dont les aspects fondamentaux restent
cependant permanents.
A travers l’E.S. E, « l’Eglise propose à tous : des principes fondamentaux ; des critères
universels de jugement ; des orientations aptes à suggérer les choix en profondeur et la praxis
cohérente pour chaque situation concrète » (CDSE n°104). Ainsi on pourrait éduquer aux
valeurs chrétiennes telles que : la vérité, la charité, la culture de la paix, le respect de la dignité
humaine et le respect du bien commun, en se basant sur Pacem in terris de Jean XXIII (1963).
De même, la constitution pastorale Gaudium et spes du Concile Vatican II (1966) porte une
vision anthropologique chrétienne qui met la personne au centre de tout en montrant qu’elle est
la « seule créature sur la terre que Dieu a voulue pour elle-même » (GS 40). A partir de
l’encyclique Populorum Progressio de Paul VI (1967), qui met l’accent sur le développement
intégral de l’homme et solidaire de l’humanité, nous avons les éléments essentiels pour former
au respect de la dignité des autres, à la reconnaissance des valeurs suprêmes, et à la
9
Cf. Annexe 1 de la thèse de Catherine GBEDOLO : Economie de la gratuité P.246-256
12
reconnaissance de Dieu comme la source et le terme de ces valeurs. La lettre apostolique
Octogesima adveniens de Paul VI (1971) soulignait comment les idéologies seules ne peuvent
répondre aux défis de la société postindustrielle. Pour sa part, l’encyclique Centesimus annus
de Jean Paul II (1991) présente une conception chrétienne de l’organisation sociale et politique,
et pourrait contribuer ainsi à l’éducation aux valeurs de solidarité, d’amitié et de charité sociale.
Cette encyclique montrait en fait que le développement humain authentique devrait trouver sa
source dans la reconnaissance de Dieu en chaque homme et de chaque homme en Dieu. L’E.S.
E se penche de plusieurs manières sur les questions de développement, de travail et de politique
dont il convient de s’inspirer pour l’éducation aux valeurs des futures gestionnaires et dirigeants
de nos pays.
Les principes de l’E.S. E apparaissent comme une réponse à l’éducation aux valeurs,
notamment à travers les éléments suivants : la dignité de la personne humaine, le bien commun,
la subsidiarité et la solidarité. Ces principes sont d’une utilité capitale car ils servent au
discernement de la conduite de l’action sociale. L’E.S. E aborde de même les valeurs
fondamentales de la vie sociale, qui sont elles aussi, en lien avec les principes précités. Ces
valeurs sociales sont : la vérité, la liberté, la justice et l’amour. « Elle sont la référence
incontournable des responsables de la chose publique. Elles sont inhérentes à la dignité de la
personne » (CDSE n°197). Dans le but d’œuvrer pour une société réconciliée dans la justice et
dans l’amour, l’E.S. E assume une fonction d’annonce et de dénonciation. C’est une fonction à
travers laquelle la sollicitation, l’orientation et la formation des consciences est possible dans
une société en proie à l’injustice et à la violence.
L’université étant le lieu où l’étudiant est formé à exercer ses responsabilités au sein de
la société et à rendre des services à différents niveaux, il convient d’y donner une formation
pouvant contribuer tant au développement de la société, qu’à l’épanouissement personnel de
l’étudiant. Une éducation aux valeurs ayant pour base l’E.S. E devient alors nécessaire pour
mieux répondre à ses responsabilités, tout en promouvant une culture de la paix. Partir de l’E.S.
E permet enfin de former des jeunes capables de mettre la charité et le respect de la dignité
humaine au centre de leurs jugements et décisions pendant l’exercice de leurs futures
responsabilités dans la société.
13
CHAPITRE V : LE PARCOURS DE L’EDUCATION AUX VALEURS A L’UCAO
Pour un étudiant qui fera les parcours de Licence et de Master à l’UCAO voici la grille
de formation qui lui est proposée :
Voilà le projet de formation présenté, avec pour ossature l’E.S.E. Comment amorcer un
tel parcours sans qu’il ne devienne, à la longue, simple parcours anthropologique, simple savoir-
vivre humain ? Il est important pour cela de réentendre Ex Corde Ecclesiae :
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philosophiques. L’UCAO respecte cette diversité. Mais les formateurs dans leur ensemble et
principalement les animateurs de l’aumônerie ne doivent pas oublier qu’ils appartiennent à une
Université catholique et donc ont à refléter le regard du Christ et de l’Eglise sur chacun des
jeunes confiés à leur soin éducatif. Ce regard respectueux des personnes est ce que le
Compendium indique en son numéro 105.
Mais les jeunes qui se présentent à l’UCAO viennent aussi avec une vision du monde
éclatée : ils sont bien souvent intérieurement dispersés. C’est cela que doit prendre en compte,
en premier, la formation aux valeurs.
Tout l’art éducatif consistera ici à faire découvrir aux jeunes cette double ouverture à
Dieu et à la totalité de l’être de l’intérieur, pas comme l’imposition extérieure d’une vérité que
l’on contraindrait les jeunes à accepter. C’est cet art qui distingue l’évangélisation du
10
Voir fiche de lecture : pour ne pas alourdir le texte, les références du compendium citées dans cette troisième
partie sont rassemblées dans une fiche de lecture qui constitue l’annexe à ce texte.
15
prosélytisme religieux que refuse l’UCAO. Mais pour accompagner les jeunes sur ce chemin,
l’éducateur doit lui-même être enraciné dans le mystère. Il ne doit pas baigner lui-même dans
un relativisme religieux qui ne dit pas son nom. Il est impossible de faire découvrir à autrui son
unicité et son inimitabilité si l’on n’est pas soi-même fortement enraciné en humanité et en
religion. (CDSE n° 131). Dans l’art éducatif, nous devons bien comprendre ce que veut dire
« le respect du mystère de la personne ». Il s’agit, en effet, d’aider le jeune à entrer dans le
mouvement par lequel il se réalise comme un être appelé à la transcendance, plus profondément,
à la relation vitale et filiale avec le Transcendant (CDSE n° 132, 133). Faire découvrir cette
vérité à nos jeunes, surtout dans les facultés où ils sont formés aux sciences ordonnées à la
transformation du monde est la tâche majeure qui est attendue de nous éducateurs (CDSE n°
133). Un autre attendu de nos aumôneries est l’ouverture pour nos jeunes d’un chemin
d’éducation à la liberté, à une liberté exigeante. (CDSE n° 135-137)
Cette insistance sur la dimension personnelle de la formation ne doit cependant pas nous
faire perdre de vue que les jeunes qui nous sont confiés sont aussi appelés à trouver leurs
marques dans la société. C’est là que les autres principes doivent être assumés dans l’éducation
aux valeurs.
Par bien commun on entend : « cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant
aux groupes qu'à chacun de leurs membres, d'atteindre leur perfection d'une façon plus totale et
16
plus aisée » (CDSE n°164). Pour aider les jeunes à assimiler le principe du bien commun, il
faut cultiver chez eux la conscience de la destination universelle des biens (CDSE n°165), la
juste compréhension de la propriété privée (CDSE n°177), et l’ouverture à la misère du monde
(CDSE n°182).
b. Le principe de subsidiarité
« Sur la base de ce principe, toutes les sociétés d'ordre supérieur doivent se mettre en
attitude d'aide (« subsidium ») — donc de soutien, de promotion, de développement — par
rapport aux sociétés d'ordre mineur ». (CDSE n°186) « Le principe de subsidiarité protège les
personnes des abus des instances sociales supérieures et incite ces dernières à aider les individus
et les corps intermédiaires à développer leurs fonctions. Ce principe s'impose parce que toute
personne, toute famille et tout corps intermédiaire ont quelque chose d'original à offrir à la
communauté ». (CDSE n°187)
c. La participation
17
il appartient. La participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer,
d'une manière responsable et en vue du bien commun ».
d. Le principe de solidarité
Dans les numéros 192 à 195 du Compendium, on voit que ce principe invite les
formateurs à développer chez les jeunes le sens de la promotion commune : croître ensemble.
Il faudrait se départir de la mentalité de « seul mon maïs doit cuire », l’égoïsme qui peut se
cacher aussi dans une certaine recherche de l’excellence élitiste. C’est ensemble que nous allons
grandir et ce que nous faisons aujourd’hui doit se soucier du bien-être des générations à venir.
A ces principes s’ajoutent les valeurs de vérité, de liberté et de justice qui d’une certaine
manière ont été abordées dans les deux premiers points de cet exposé. (CDSE n°197)
L’étudiant qui reçoit une telle base dans sa formation pourra aborder et intégrer au
niveau Master 1 les questions de Famille et de Travail (CHAPITRES V et VI du CDSE), au
niveau Master 2 les questions de la promotion de la paix (Chapitre XI du CDSE) et de protection
de l’environnement (Chapitre X du CDSE).
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CONCLUSION
L’initiative d’un tel parcours dans nos UU montre que dans notre Université catholique
la seule réussite intellectuelle n’est pas notre préoccupation. Nous ne sommes pas là pour
former des têtes bien pleines et bien faites mais aussi des cœurs et des humanités. C’est pour
cela que nous devons veiller tout le long du parcours à ce que l’éducation aux valeurs ne
devienne un cours comme les autres ; ce serait la meilleure manière de tuer la formation.
Chez nos jeunes où l’intelligence est plus vive que le cœur, il faut éviter le danger qui
leur fera croire qu’une valeur est vécue parce qu’elle est sue intellectuellement. Cela revient à
mettre en bonne place dans la formation des expériences de vie qui permettent à l’apprenant de
faire passer dans la vie la valeur dont les contours lui ont été présentés. Le rapport entre les
principes de l’E.S. E et les valeurs mis en lumière par le Compendium apparaîtra alors dans
toute sa teneur réelle et existentielle.
19
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TABLE DES MATIERES
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