Education Aux Valeurs L1

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UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST

UNITE UNIVERSITAIRE D’ABIDJAN (U.U.A)

AUMONERIE GENERALE

MODULE 1 : INTRODUCTION AU COURS


D’EDUCATION AUX VALEURS

Pourquoi le cours d'éducation aux valeurs et pourquoi l’E.S.E. comme


base de l'éducation aux valeurs ?

Dr Catherine Odile GBEDOLO, ndi


SYLLABUS DU COURS
Contenu du cours

Ce module s’adresse aux étudiants de première année et se veut être une introduction
générale au parcours d’éducation aux valeurs à l’UCAO. A partir des symboles de l’UCAO il
sera posé la question de la nécessité d’un tel parcours et pourquoi partir de l’enseignement
social de l’Eglise. Au terme du module 1 l’étudiant doit comprendre la vision du projet éducatif
de l’UCAO et son objectif : promouvoir l'homme intégral, parce que dans le Christ, l'Homme
parfait, toute personne humaine atteint sa pleine stature et toutes les valeurs humaines trouvent
leur pleine réalisation et leur unité harmonieuse. Il découvrira ainsi le caractère spécifique de
l’éducation donnée à l’université catholique et le devoir de celle-ci de cultiver toutes les valeurs
humaines dans le respect de leur légitime autonomie, dans la fidélité à sa mission de se mettre
au service de tous les hommes. Il comprendra enfin que c’est ce service de tout homme et de
tout l’homme que traduit l’E.S.E.
L’éducation aux valeurs ne devra pas lui apparaître comme un cours de plus à valider
pour avoir des crédits mais comme un cours devant servir de fondement et de support à tous les
autres cours.
Masse horaire : 25 h

Objectifs généraux

Faire découvrir à l’étudiant la vision chrétienne du projet éducatif de l’UCAO à partir de


l’E.S.E.

Objectifs spécifiques
- Faire découvrir à l’apprenant la vision du projet éducatif de l’UCAO au travers de ses
symboles
- Faire comprendre à l’étudiant pourquoi un parcours d’éducation aux valeurs
- Expliquer les raisons pour lesquelles l’UCAO choisit de prendre l’E.S.E. comme base
du parcours de l’éducation aux valeurs ?
- Donner un avant-goût aux étudiants du chemin qui se fera en Licence et en master.

Plan du cours
Introduction
Chapitre I : L’UCAO à travers ses symboles
Chapitre II : Nécessité de l’éducation aux valeurs a l’UCAO
Chapitre III : L’E.S.E., une source pour l’éducation aux valeurs a l’UCAO
Conclusion

2
INTRODUCTION

En prélude à la présentation du rôle de l’Aumônier général, les statuts de l’UCAO


soulignent que l’université catholique se distingue des autres universités « par le fait qu’elle
veut promouvoir des savoirs et des savoir-faire, mais surtout des savoir-être et savoir-vivre qui
font que « l’on préfère servir que se servir » ». Au cœur de cette université, l’Aumônier général
« a pour mission d’assurer, en lien avec les Aumôniers des Unités Universitaires, une éducation
de tous les étudiants et du personnel aux valeurs chrétiennes et aux valeurs humaines » et
« veiller à ce que le programme d’enseignement aux valeurs soit délivré dans toutes les
Unités ». (Statuts UCAO Article 19).

On voit dans cet article la vision de l’UCAO, ce qu’elle exige de ses étudiants, et, la
mission confiée à son Aumônier général. Les étudiants doivent être porteurs de valeurs et
l’éducation à ces valeurs est confiée aux aumôniers des Unités Universitaires sous le regard
vigilant de l’Aumônier général.

L’Aumônerie générale de l’UCAO a choisi de faire se reposer l’éducation aux valeurs


à l’UCAO sur l’enseignement social de l’Eglise (D.S.E). On pourrait, à bon escient, s’interroger
sur le bien-fondé d’un tel choix. Concorde-t-il avec les orientations fondamentales de l’UCAO ?
Qu’est-ce qui peut justifier que l’E.S.E. puisse servir de base pour une éducation aux valeurs ?
Pourquoi ne choisirait-on pas le Catéchisme de l’Eglise Catholique, étant donné que l’UCAO
est une université catholique et qui, plus est, a en son sein une faculté de théologie qui en
constitue même l’Unité mère ?

On pourrait sans doute répondre à ces premières interrogations, en disant que le


législateur suprême de l’Eglise a résolu le problème, en faisant dépendre les facultés
ecclésiastiques et les facultés des sciences profanes de deux constitutions apostoliques
différentes – Sapientia christiana (Facultés ecclésiastiques) et Ex Corde Ecclesiae (Facultés
non ecclésiastiques). Il a voulu ainsi clairement indiquer que l’accès à la doctrine pour les
facultés non ecclésiastiques doit respecter la relative autonomie des réalités temporelles. Mais
n’est-ce pas le même législateur qui dispose au n° 13 de Ex Corde Ecclesiae, lorsqu’il présente
l’identité et la mission de l’université catholique, ce qui suit :

« Puisque l'objectif d'une Université catholique est de garantir sous une forme institutionnelle
une présence chrétienne dans le monde universitaire face aux grands problèmes de la société et

3
de la culture, elle doit posséder, en tant que catholique, les caractéristiques essentielles
suivantes:
- Une inspiration chrétienne de la part non seulement des individus, mais aussi de la
Communauté universitaire en tant que telle ;
- Une réflexion continuelle, à la lumière de la foi catholique, sur le trésor croissant de la
connaissance humaine, auquel elle cherche à offrir une contribution par ses propres
recherches ;
- La fidélité au message chrétien tel qu'il est présenté par l’Église ;
- L’engagement institutionnel au service du peuple de Dieu et de la famille humaine dans
leur itinéraire vers cet objectif transcendant qui donne son sens à la vie » ?
Comment alors justifier le choix que fait l’UCAO de fonder le programme éducatif de
l’aumônerie sur l’E.S.E. ? Ne serait-ce pas précisément parce qu’il appartiendrait à la nature de
l’E.S.E. d’être la science théologique adéquate aux réalités temporelles ? De quelle manière
alors pourrait-elle structurer le parcours de nos jeunes étudiants ? Avant de répondre à cette
question, nous voudrions d’abord partir des symboles de l’UCAO pour mieux saisir sa vision,
ensuite montrer la nécessité de l’éducation aux valeurs à l’UCAO et pourquoi une telle
éducation devrait partir de l’E.S.E.

4
CHAPITRE I : L’UCAO A TRAVERS SES SYMBOLES

Les symboles qui permettent d’approcher la réalité de l’UCAO sont l’hymne, le logo, la
devise et le drapeau. Modèle de l’intégration, de l’excellence et du succès.

Le jeune qui s’inscrit à l’UCAO s’engage à être porteur des valeurs chrétiennes que
l’UCAO voudrait lui transmettre. C’est pourquoi il est invité au début de ce parcours à étudier
les textes que voici :

1. Hymne de l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest

UCAO, Université Catholique d’Afrique de l’Ouest,


Conscience nouvelle d’une Afrique engagée, gloire à toi mère de l’Afrique des empires
ancestraux,
UCAO, honneur à toi (bis)

O toi actrice de dialogue et de paix ; o toi ressource de l’Eglise, tu es pour nous un javelot
flamboyant de l’unité,
UCAO, honneur à toi

UCAO, Université Catholique d’Afrique de l’Ouest

UCAO, charité, discipline et travail !


Tu es le choix des Africains, tu fais la fierté de l’Afrique, UCAO gloire à toi,
O toi modèle de l’intégration ; de l’excellence et du succès, tu nous enseignes la fraternité, tu
nous prépares au progrès, UCAO gloire à toi (bis)

Du Burkina, du Bénin à la Côte-d’Ivoire ; du Sénégal, du Togo à la Guinée Bissau !


UCAO, UCAO, toujours en avant pour construire une Afrique nouvelle ;
UCAO, UCAO rien ne pourra t’arrêter dans ton élan, dans ton élan de victoire.

Paroles : Me STEPHANE GBATA

5
2. Note explicative du logo de l’UCAO

Le logo de l’UCAO a été pensé pour assumer la dynamique de l’interaction du présent


et de l’avenir. Comme on pourra le constater, grâce aux explications qui suivent, rien n’y est
placé au hasard. Laissons-nous donc prendre par cette vision d’ensemble.

1. L’englobant ovale représente le cosmos et évoque la quête d’un savoir infini, ouvert
aux dimensions du monde dans sa globalité, un savoir capable d’entretenir la Vie. Il n’y
a d’Université qu’à ce prix.

2. Le « U » symbolise, à la fois :
 Le « U » de l’Universel, auquel aspire tout savoir scientifique ;
 Le « U » de l’Université, comme une structure et un espace important de
formation ;
 Le « U » de l’Unité, car il s’agit d’une Université en réseau, où chaque pays met
son espace national et ses potentialités au service de tous ;
 Et enfin une quatrième évocation, le « U » qui indique l’idée d’Utilité, parce que
l’Université catholique ne doit pas être un lieu isolé du monde et sans impact sur
lui.
Ces quatre finalités, incarnées dans le « U », voulu imposant, sont matérialisées dans les
quatre traits collés, en haut, à droite de l’englobant. L’Université libère l’horizon du savoir, le
dilate et, du particulier ou du singulier dont il assume la culture qu’il doit contribuer à
transformer, elle l’ouvre sur l’Universel.

3. La carte de l’Afrique situe le lieu géographique. C’est bien en Afrique que nous
sommes ; et c’est elle qui incarne le singulier que toutes les sciences doivent sentir et
assumer. Cette Afrique doit aspirer, par le savoir, à atteindre les frontières de l’Infini.
Ce sera la véritable source de sa libération et le point de départ de son ouverture à tous
« les mondes ».

4. La croix indique, de façon évidente, l’identité chrétienne de l’Université Catholique de


l’Afrique de l’Ouest. Celle-ci ne doit pas trahir cette spécificité, puisqu’elle l’affiche.

6
5. Le triptyque « Science », « Foi » et « Action » est à la fois un rappel et un appel. Il
rappelle ce que suppose une Université d’obédience chrétienne : un lieu où l’on
s’instruit et se forme à un niveau supérieur de savoir ; mais aussi un espace ouvert à la
transcendance ; enfin, un souci permanent de savoir-faire pour être Utile au devenir de
la Cité, qui a été évoqué dans la notion d’utilité. Dans la finalité profonde de l’Université
catholique de l’Afrique de l’Ouest, il s’agit d’un appel à l’excellence, à la conviction et
à l’efficacité.

6. Le trait central qui fédère le tout n’est pas une rupture, comme on pourrait le croire en
l’observant en haut et en bas, mais un refus d’enfermement.

7. UCAO : c’est tout simplement l’acronyme de l’Université Catholique de l’Afrique de


l’Ouest ; CUWA (Catholic University of West Africa) est son analogue anglais. Il est
évident que l’Afrique de demain ne peut et ne doit plus faire l’économie du
plurilinguisme. L’Université doit en être un lieu d’expression qualifiée, permettant de
surmonter la surdétermination des barrières linguistiques héritées de la colonisation,
pour profiter de la complémentarité dynamique des langues.

8. La couleur rouge bordeaux reste fidèle à la couleur préférée de l’ICAO, structure-mère


de l’UCAO. Cette couleur nous rapproche du rouge latéritique des terres de la zone
intertropicale de l’Afrique où l’UCAO implante ses Unités universitaires.

Le bleu vif pousse à la quête insatiable de la Sagesse et incite à la connaissance des


profondeurs infinies de l’être. Ce bleu est aussi celui de la FIUC (Fédération
internationale des Universités Catholiques) dont l’UCAO fait partie.

Comme on peut le constater, à travers les différentes explications ci-dessus, le logo de


l’UCAO, par son caractère plutôt imposant, veut incarner une réalité, une ambition et une
perspective. Il sera le drapeau de l’UCAO dans tous les pays de la CERAO.

Révérend Père Alphonse QUENUM,


2ème Recteur nommé de l’UCAO,
2000 à 2009.

7
CHAPITRE II : NECESSITE DE L’EDUCATION AUX VALEURS A L’UCAO

L’UCAO, « constitue une base d’évangélisation des intelligences en Afrique au service


de toute la vie par l’esprit des Béatitudes (…) ; un réseau universitaire délivrant des diplômes
de valeur internationale sur la base d’activités d’enseignement et de recherche axées sur les
réalités locales sans omission de l’environnement international »1. La quête de l’excellence dont
témoigne cette aspiration des pères évêques fondateurs de l’UCAO, ne peut ignorer que « la
science peut servir l’humanité mais elle peut aussi devenir l’instrument du mal et lui donner
alors sa pleine et entière monstruosité. Ce n’est qu’en assumant sa responsabilité morale qu’elle
peut remplir sa vraie mission »2. La devise de l’UCAO l’atteste bien : Foi- Science- Action. La
science se laisse éclairer par la foi en vue des bonnes actions. Or, pour être bonnes, les actions
humaines ont toujours besoin d’une base éthique. Ceci est d’autant plus impératif aujourd’hui
que « le déséquilibre entre la capacité technique et le développement moral représente la
question clé de notre temps »3. Aussi le renouvellement de la morale ne saurait être l’affaire de
« quelques zélateurs luttant à la remorque du développement, mais un devoir de tout premier
plan pour l’humanité en général »4. L’UCAO, au risque de trahir l’intention profonde de ses
pères fondateurs, ne peut se soustraire à ce devoir car elle se veut « une base d’évangélisation
des intelligences ».

L’encyclique Caritas in Veritate, qui a éclairé d’un jour nouveau l’enseignement social
de l’Eglise, a, elle aussi, conforté en son temps la volonté des pères évêques de conjuguer au
sein de l’UCAO compétence technique et acuité de la conscience morale :

- « Le risque de notre époque réside dans le fait qu’à l’interdépendance déjà réelle entre
les hommes et les peuples, ne corresponde pas l’interaction éthique des consciences et
des intelligences dont le fruit devrait être l’émergence d’un développement vraiment
humain » (CV n° 9).

- « La clef du développement, c’est une intelligence capable de penser la technique et de


saisir le sens pleinement humain du « faire » de l’homme, sur l’horizon de sens de la

1
Cf. Article 1 des statuts de l’UCAO
2
Joseph Ratzinger, Valeurs pour un temps de crise. Allocution lors de la réception en tant qu’associé étranger de
l’Académie des Sciences Morales et Politiques des Instituts de France, le 07 novembre 1992 P. 13
3
Joseph Ratzinger, 2009 [1984], « Les sources de la morale. Evêques et théologiens face aux problèmes éthiques »,
in La communion de foi. Discerner et agir, P. 145.
4
Ibid.

8
personne prise dans la globalité de son être. Même quand l’homme agit à l’aide d’un
satellite ou d’une impulsion électronique à distance, son action reste toujours humaine,
expression d’une liberté responsable. La technique attire fortement l’homme, parce
qu’elle le soustrait aux limites physiques et qu’elle élargit son horizon. Mais la liberté
humaine n’est vraiment elle-même que lorsqu’elle répond à la fascination de la
technique par des décisions qui sont le fruit de la responsabilité morale (CV n° 70) ».

L’UCAO a pour vocation de former à cette liberté responsable les jeunes qui lui sont
confiés. De quelle manière ? On doit se rappeler cette mise en garde du Cardinal Ratzinger :
« La liberté ne garde sa dignité que si elle continue à se référer à son fondement moral et à sa
mission morale »5. Elle a donc besoin d’un contenu collectif que Benoît XVI définit comme la
sauvegarde des droits de l’homme. Pour lui, « la notion de liberté doit être, de par sa nature,
complétée par deux autres notions : le droit et le bien ». Il en déduit « que la capacité de
perception de la conscience pour les valeurs fondamentales et pour toute autre valeur qui a trait
à l’humanité fait partie de la liberté ».6

Que pouvons-nous retenir de ces considérations pour notre parcours à l’UCAO ? La


quête du savoir et de l’excellence, si elle n’est pas associée à l’éducation aux valeurs ne pourra
que reproduire les mêmes échecs que ceux des Etats, et même plus cuisants que ceux des Etats,
puisque la corruption des meilleures choses est la pire des corruptions7 : l’UCAO, avec toute sa
science formera sans doute des élites de pointe, comme elle en donne déjà des signes, un peu
partout dans nos UU, mais il est à craindre que ces élites ne soient des fruits qui ne déçoivent
la promesse des fleurs. Nous ne voulons pas l’envisager, et c’est la raison pour laquelle nous
sommes ici pour renforcer la teneur éthique, mieux morale, de nos formations déjà excellentes
à l’UCAO. Car une élite corrompue, dépourvue de conscience, au lieu d’aider la société, en
constitue un véritable fossoyeur, boulet qu’elle traîne au pied et qui l’empêche de décoller sur
le champ du développement. Les exemples ne manquent pas dans nos sociétés. Il n’est pas rare
de rencontrer des catholiques bien formés, qui ont la technicité, mais qui, malheureusement, se
comportent en « ennemis de la Croix du Christ : leur dieu est leur ventre » (Ph 3,18). Ils
n’incarnent pas les valeurs qui devraient promouvoir leurs talents pour le bénéfice de tous. „Das

5
Joseph Ratzinger, Valeurs pour un temps de crise…, P.16-17
6
Ibid.
7
« Corruptio optimi pessima »

9
Wissen bringt einem nichts, wenn man keine Werte hat“, affirmait Kathrin S. Kürzinger. (Litt.:
« le savoir n’apporte rien lorsqu’on n’a aucune valeur »).

Il ne s’agit pas pour nous d’ajouter aux syllabus de l’étudiant, une matière de plus, mais
de revoir notre Ordo de telle manière que l’éducation aux valeurs constitue, pour les jeunes qui
nous sont confiés, un terreau fertilisant, une base solide pour le savoir. En consolidant ces
valeurs dans les parcours formatifs, on reste fidèle à la vision des Pères évêques qui ont rêvé de
l’université comme « une base d’évangélisation des intelligences ».

Mais comme on peut s’en douter, il ne suffira pas de faire sienne la préoccupation des
évêques d’éduquer aux valeurs dans nos institutions de formation. Il faudra encore être au clair
sur quel type d’éducation aux valeurs on cherche à promouvoir. Si de nos jours, la tendance se
fait envahissante de parler de valeurs sans impliquer la conscience, le type d’éducation aux
valeurs que veulent nos pères évêques doit, pour sa part, partir explicitement de la formation de
la conscience, d’une conscience droite et éclairée. Selon Mokroch un auteur Allemand, les
conflits de valeurs sont aussi des conflits de conscience.

Nous vivons dans une société postmoderne où la question des valeurs devient de plus
en plus difficile à traiter. Le multiculturalisme, la pluralité des religions, la pluralité des valeurs
et le développement technologique sont des réalités qui influencent énormément la question des
valeurs dans la société contemporaine. De plus, le relativisme qui caractérise la société
postmoderne affecte également le sens et l’importance des valeurs dans les Institutions. Ainsi
l’idée de valeur basée sur la morale est souvent rejetée au profit de normes et de lois vidées de
morale. « Il est de plus en plus manifeste (…) que le véritable mal du monde moderne, c’est
son déficit en matière de morale »8.

Chacun tente de définir les valeurs à sa manière et surtout en les séparant de la morale,
rejetant ainsi tout critère universel de jugement. Face à cette réalité, il convient de veiller à
maintenir à l’université catholique son identité. L’objectif de l’éducation aux valeurs dans une
université catholique est d’abord de former des hommes et des femmes responsables, capables
de discerner et de prendre des décisions justes ; des hommes et des femmes qui puissent
reconnaitre le bien et le choisir en rejetant ainsi le mal.

8
Ratzinger, 2009 [1984], « Les sources de la morale. Evêques et théologiens face aux problèmes éthiques », in La
communion de foi. Discerner et agir, P. 145.

10
Si l’éducation aux valeurs nous parait si importante, à quelles valeurs concrètes voulons-
nous former nos jeunes ? Autrement dit, quand on parle de valeurs à l’UCAO de quelles valeurs
s’agit-il ?

L’article 108 des statuts de l’UCAO stipule que « par son inscription, l’étudiant
s’engage à respecter les règlements de l’Université et à faire preuve d’un comportement
conforme à l’esprit et aux valeurs de l’Evangile ». Il s’agit donc d’un engagement que prend
l’étudiant en venant à l’UCAO, un engagement moral dont il ne saisit peut-être pas encore tous
les contours, un engagement que ses parents ont voulu qu’il prenne en l’inscrivant. Il reviendra
donc aux éducateurs que nous sommes d’accompagner ce jeune sur le chemin de la
responsabilité personnelle, en l’aidant à cultiver tout au long de sa formation académique et
technique les valeurs inspirées de l’Evangile et qui, pourtant, ne lui sont pas présentées comme
un catéchisme. Dans cette culture des valeurs, l’E.S. E lui sera d’un support efficace car elle a
« une contribution spécifique à apporter qui se fonde sur la création de l’homme à l’image de
Dieu, principe d’où découle la dignité inviolable de la personne humaine, de même que la valeur
transcendante des normes morales naturelles » (CV n° 45).

CHAPITRE III : L’E.S.E., UNE SOURCE POUR L’EDUCATION AUX


VALEURS A L’UCAO

L’Eglise par sa doctrine sociale travaille à l’ouverture de l’intelligence et de la volonté


aux exigences du bien. « Elle met en relation la personne humaine et la société à la lumière de
l'Évangile. (…) Dans cette lumière, l'homme est avant tout invité à se découvrir comme être
transcendant, dans chaque dimension de la vie, y compris celle qui est liée aux contextes
sociaux, économiques et politiques ». (CDSE n° 2)

De Rerum novarum (1891) de Léon XIII à Laudato Sì (2015) de François,


l’enseignement social de l’Eglise propose de grands principes qui doivent animer la vie
humaine, principes sans lesquels le développement intégral de l’homme n’est pas possible. Il
fait « ressortir l'importance des valeurs morales, fondées sur la loi naturelle inscrite dans la
conscience de chaque être humain, qui est donc tenu de la reconnaître et de la respecter. (CDSE
n° 3). Le Compendium publié en 2004 présente les principes fondamentaux qui, tout en étant
permanents, sont aussi évolutifs. En 2009, avec Caritas in Veritate, publiée cinq ans après le
Compendium, un nouveau principe a émergé pour donner à l’ensemble des principes mis en

11
lumière jusque-là, une nouvelle cohérence. Et ce principe comme nous l’avons montré dans
l’annexe de notre Thèse est celui de la gratuité.9Six ans après Caritas in Veritate,
l’enseignement social de l’Eglise s’est enrichi de l’encyclique Laudato Si, qui mettra l’accent
sur le respect de l’environnement. C’est dire que dans l’éducation aux valeurs qui prend sa
source dans l’enseignement social de l’Eglise, il faudra garder à l’esprit le caractère évolutif
des principes de l’enseignement social de l’Eglise dont les aspects fondamentaux restent
cependant permanents.

L’UCAO, comme toute université catholique, a le devoir d’annoncer l’Evangile à


travers l’enseignement et la formation de tout l’homme. De ce fait, partir de l’enseignement
social de l’Eglise pour éduquer aux valeurs permet de s’ouvrir aux valeurs universelles. Cela
évite toute dépendance culturelle ou idéologique désordonnée dans l’éducation aux valeurs,
surtout que la société actuelle, caractérisée par le relativisme, nous place bien souvent en face
de dilemmes en contradiction avec nos valeurs morales absolument non négociables. Il convient
donc de former les jeunes en les rendant capables de jugements et de décisions morales basées
sur les valeurs chrétiennes. L’éducation aux valeurs formera les jeunes de notre université aux
valeurs de l’Evangile même si la communauté estudiantine n’est pas composée que de chrétiens.
La Bonne Nouvelle que nous avons à annoncer au monde est celle de Jésus Christ. Ce qui est
ici en vue, ce n’est pas le catéchisme en milieu universitaire. Il faudrait donc que les Aumôniers
pensent l’initiation chrétienne, pour ceux qui la demandent, indépendamment de la formation
aux valeurs qui est destinée à tous.

A travers l’E.S. E, « l’Eglise propose à tous : des principes fondamentaux ; des critères
universels de jugement ; des orientations aptes à suggérer les choix en profondeur et la praxis
cohérente pour chaque situation concrète » (CDSE n°104). Ainsi on pourrait éduquer aux
valeurs chrétiennes telles que : la vérité, la charité, la culture de la paix, le respect de la dignité
humaine et le respect du bien commun, en se basant sur Pacem in terris de Jean XXIII (1963).
De même, la constitution pastorale Gaudium et spes du Concile Vatican II (1966) porte une
vision anthropologique chrétienne qui met la personne au centre de tout en montrant qu’elle est
la « seule créature sur la terre que Dieu a voulue pour elle-même » (GS 40). A partir de
l’encyclique Populorum Progressio de Paul VI (1967), qui met l’accent sur le développement
intégral de l’homme et solidaire de l’humanité, nous avons les éléments essentiels pour former
au respect de la dignité des autres, à la reconnaissance des valeurs suprêmes, et à la

9
Cf. Annexe 1 de la thèse de Catherine GBEDOLO : Economie de la gratuité P.246-256

12
reconnaissance de Dieu comme la source et le terme de ces valeurs. La lettre apostolique
Octogesima adveniens de Paul VI (1971) soulignait comment les idéologies seules ne peuvent
répondre aux défis de la société postindustrielle. Pour sa part, l’encyclique Centesimus annus
de Jean Paul II (1991) présente une conception chrétienne de l’organisation sociale et politique,
et pourrait contribuer ainsi à l’éducation aux valeurs de solidarité, d’amitié et de charité sociale.
Cette encyclique montrait en fait que le développement humain authentique devrait trouver sa
source dans la reconnaissance de Dieu en chaque homme et de chaque homme en Dieu. L’E.S.
E se penche de plusieurs manières sur les questions de développement, de travail et de politique
dont il convient de s’inspirer pour l’éducation aux valeurs des futures gestionnaires et dirigeants
de nos pays.

Les principes de l’E.S. E apparaissent comme une réponse à l’éducation aux valeurs,
notamment à travers les éléments suivants : la dignité de la personne humaine, le bien commun,
la subsidiarité et la solidarité. Ces principes sont d’une utilité capitale car ils servent au
discernement de la conduite de l’action sociale. L’E.S. E aborde de même les valeurs
fondamentales de la vie sociale, qui sont elles aussi, en lien avec les principes précités. Ces
valeurs sociales sont : la vérité, la liberté, la justice et l’amour. « Elle sont la référence
incontournable des responsables de la chose publique. Elles sont inhérentes à la dignité de la
personne » (CDSE n°197). Dans le but d’œuvrer pour une société réconciliée dans la justice et
dans l’amour, l’E.S. E assume une fonction d’annonce et de dénonciation. C’est une fonction à
travers laquelle la sollicitation, l’orientation et la formation des consciences est possible dans
une société en proie à l’injustice et à la violence.

L’université étant le lieu où l’étudiant est formé à exercer ses responsabilités au sein de
la société et à rendre des services à différents niveaux, il convient d’y donner une formation
pouvant contribuer tant au développement de la société, qu’à l’épanouissement personnel de
l’étudiant. Une éducation aux valeurs ayant pour base l’E.S. E devient alors nécessaire pour
mieux répondre à ses responsabilités, tout en promouvant une culture de la paix. Partir de l’E.S.
E permet enfin de former des jeunes capables de mettre la charité et le respect de la dignité
humaine au centre de leurs jugements et décisions pendant l’exercice de leurs futures
responsabilités dans la société.

13
CHAPITRE V : LE PARCOURS DE L’EDUCATION AUX VALEURS A L’UCAO

Pour un étudiant qui fera les parcours de Licence et de Master à l’UCAO voici la grille
de formation qui lui est proposée :

 Licence I : Introduction générale à l’éducation aux valeurs à l’UCAO


 Licence II : Dignité de la personne humaine et ses droits
 Licence III : Principes et valeurs de l’E.S.E.
 Master : Famille et Travail
 Master II : Promotion de la paix et protection de l’environnement

Voilà le projet de formation présenté, avec pour ossature l’E.S.E. Comment amorcer un
tel parcours sans qu’il ne devienne, à la longue, simple parcours anthropologique, simple savoir-
vivre humain ? Il est important pour cela de réentendre Ex Corde Ecclesiae :

« En encourageant cette intégration, l'Université catholique doit s'engager plus


spécifiquement dans le dialogue entre foi et raison, de sorte que l'on puisse voir plus
profondément comment foi et raison se rencontrent dans l'unique vérité. Bien que
chaque discipline académique conserve sa propre intégrité et ses propres méthodes, ce
dialogue met en évidence que " la recherche méthodique, dans tous les domaines du
savoir, si elle est menée d'une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de
la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi: les réalités profanes et celles de
la foi trouvent leur origine dans le même Dieu ".(20 Gaudium et Spes, n. 36: AAS 58
(1966), p. 1054. A un groupe de scientifiques, je faisais observer que " science et foi
représentent deux ordres de connaissance différents de la réalité intégrale qui a son
origine en Dieu " (JEAN-PAUL II, Discours lors de la rencontre sur Galilée, 9 mai 1983,
n. 3: AAS 75 [1983], p. 690) L'interaction vitale des deux niveaux distincts de
connaissance de l'unique vérité conduit à un plus grand amour envers la vérité elle-
même et contribue à une plus ample compréhension du sens de la vie humaine et de la
fin de la création. » (n° 17)

Que veut dire cette insistance de la constitution apostolique ? Que la communauté


éducative de l’université catholique ne doit jamais cesser de fixer son regard sur le Christ. C’est
ce regard sur le Christ qui nous permet de discerner chez le jeune un appel à devenir une
personne humaine accomplie. Or les jeunes qui frappent à la porte de l’UCAO proviennent de
tous les horizons humains et sociaux. Ils appartiennent à diverses confessions religieuses et

14
philosophiques. L’UCAO respecte cette diversité. Mais les formateurs dans leur ensemble et
principalement les animateurs de l’aumônerie ne doivent pas oublier qu’ils appartiennent à une
Université catholique et donc ont à refléter le regard du Christ et de l’Eglise sur chacun des
jeunes confiés à leur soin éducatif. Ce regard respectueux des personnes est ce que le
Compendium indique en son numéro 105.

Mais les jeunes qui se présentent à l’UCAO viennent aussi avec une vision du monde
éclatée : ils sont bien souvent intérieurement dispersés. C’est cela que doit prendre en compte,
en premier, la formation aux valeurs.

1. Licence 2 : La personne humaine et ses droits. L’E.S. E et le principe


personnaliste (Chap. III du CDSE)

Au jeune ou à l’adolescent qui entre à l’UCAO il conviendrait de présenter avant tout le


mystère de la personne et son appel à la transcendance (CDSE n° 105-159)10. Après
l’introduction générale en Licence 1, la deuxième année de licence sera consacrée au travail
fondamental de l’unification de la personnalité. Les jeunes nous arrivent, en effet, de plus en
plus adolescents (16-18 ans). Ils sont sans doute très doués intellectuellement. Mais au plan
humain et affectif, ils accusent une grande immaturité – pas au sens péjoratif ou accusateur,
mais au sens qu’ils sont dans un processus de maturation. Cette situation mérite d’être prise au
sérieux. La communauté éducative de l’UCAO doit pouvoir offrir aux jeunes un lieu
d’accomplissement personnel surtout qu’aujourd’hui les jeunes savent tout et sont constamment
livrés à d’autres lieux éducatifs que sont Internet et surtout les réseaux sociaux. L’unification
de la personne préoccupe beaucoup l’E.S.E. (CDSE n° 127-129)

Ce travail d’unification va de pair avec l’ouverture à la transcendance : plus le jeune


s’unifie plus il s’ouvre au Tout Autre, plus il s’ouvre à la Transcendance plus sa vie se recueille
sur l’essentiel. C’est par-là que se manifeste aussi l’unicité de la personne humaine. Le
cheminement à proposer aux jeunes doit donc les aider à se comprendre dans cette ouverture
ontologique qui est la leur. (CDSE n° 130)

Tout l’art éducatif consistera ici à faire découvrir aux jeunes cette double ouverture à
Dieu et à la totalité de l’être de l’intérieur, pas comme l’imposition extérieure d’une vérité que
l’on contraindrait les jeunes à accepter. C’est cet art qui distingue l’évangélisation du

10
Voir fiche de lecture : pour ne pas alourdir le texte, les références du compendium citées dans cette troisième
partie sont rassemblées dans une fiche de lecture qui constitue l’annexe à ce texte.

15
prosélytisme religieux que refuse l’UCAO. Mais pour accompagner les jeunes sur ce chemin,
l’éducateur doit lui-même être enraciné dans le mystère. Il ne doit pas baigner lui-même dans
un relativisme religieux qui ne dit pas son nom. Il est impossible de faire découvrir à autrui son
unicité et son inimitabilité si l’on n’est pas soi-même fortement enraciné en humanité et en
religion. (CDSE n° 131). Dans l’art éducatif, nous devons bien comprendre ce que veut dire
« le respect du mystère de la personne ». Il s’agit, en effet, d’aider le jeune à entrer dans le
mouvement par lequel il se réalise comme un être appelé à la transcendance, plus profondément,
à la relation vitale et filiale avec le Transcendant (CDSE n° 132, 133). Faire découvrir cette
vérité à nos jeunes, surtout dans les facultés où ils sont formés aux sciences ordonnées à la
transformation du monde est la tâche majeure qui est attendue de nous éducateurs (CDSE n°
133). Un autre attendu de nos aumôneries est l’ouverture pour nos jeunes d’un chemin
d’éducation à la liberté, à une liberté exigeante. (CDSE n° 135-137)

L’éducation à la liberté responsable doit nous conduire, comme éducateurs, à orienter


aussi nos jeunes vers les ressources morales de nos cultures africaines. Aujourd’hui, sous le
coup du subjectivisme et du relativisme moral, il ne semble plus y avoir de normes, c’est du
moins ce que la culture contemporaine globalisée cherche à promouvoir. Or la liberté, enseigne
le Compendium, doit garder un lien intrinsèque avec la vérité et la loi naturelle. (CDSE n° 138-
141)

Cette insistance sur la dimension personnelle de la formation ne doit cependant pas nous
faire perdre de vue que les jeunes qui nous sont confiés sont aussi appelés à trouver leurs
marques dans la société. C’est là que les autres principes doivent être assumés dans l’éducation
aux valeurs.

Le parcours commence donc par l’unification de la personnalité à partir du principe de


la dignité de la personne humaine, qui ouvrirait la porte à la compréhension de la signification
profonde et de l’unité de l’E.S.E. Quand cela sera acquis, on pourra en Licence 3 travailler sur
les autres principes et valeurs de l’E.S.E.

2. Licence 3 : Les autres principes et valeurs de l’E.S.E. (Chap. IV du CDSE)

a. Le principe du bien commun

Par bien commun on entend : « cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant
aux groupes qu'à chacun de leurs membres, d'atteindre leur perfection d'une façon plus totale et

16
plus aisée » (CDSE n°164). Pour aider les jeunes à assimiler le principe du bien commun, il
faut cultiver chez eux la conscience de la destination universelle des biens (CDSE n°165), la
juste compréhension de la propriété privée (CDSE n°177), et l’ouverture à la misère du monde
(CDSE n°182).

b. Le principe de subsidiarité

« Sur la base de ce principe, toutes les sociétés d'ordre supérieur doivent se mettre en
attitude d'aide (« subsidium ») — donc de soutien, de promotion, de développement — par
rapport aux sociétés d'ordre mineur ». (CDSE n°186) « Le principe de subsidiarité protège les
personnes des abus des instances sociales supérieures et incite ces dernières à aider les individus
et les corps intermédiaires à développer leurs fonctions. Ce principe s'impose parce que toute
personne, toute famille et tout corps intermédiaire ont quelque chose d'original à offrir à la
communauté ». (CDSE n°187)

Comment ce principe peut-il être pris en compte dans la formation ?

Il s’agit de cultiver en eux le respect et la promotion effective de la primauté de la


personne et de la famille; de mettre en valeur les associations et les organisations intermédiaires,
dans leurs choix fondamentaux et dans tout ce qui ne peut pas être délégué ou assumé par
d'autres; d'encourager à l'initiative privée chez les jeunes, leur montrant que tout organisme
social, avec ses spécificités, demeure au service du bien commun; leur faire saisir l’importance
de l'articulation pluraliste de la société et la représentation de ses forces vitales; la sauvegarde
des droits de l'homme et des minorités; la décentralisation bureaucratique et administrative;
l'équilibre entre la sphère publique et la sphère privée, avec la reconnaissance correspondante
de la fonction sociale du privé; et une responsabilisation appropriée du citoyen dans son rôle en
tant que partie active de la réalité politique et sociale du pays. (CDSE n°187)

c. La participation

Au numéro 189 du Compendium, on peut lire ceci :

« La conséquence caractéristique de la subsidiarité est la participation, qui s'exprime,


essentiellement, en une série d'activités à travers lesquelles le citoyen, comme individu
ou en association avec d'autres, directement ou au moyen de ses représentants, contribue
à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle

17
il appartient. La participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer,
d'une manière responsable et en vue du bien commun ».

Dans l’organisation concrète de la vie de la communauté universitaire, l’on doit sentir


cette culture participative des jeunes, laquelle ne doit pas être organisée simplement sous le
mode de la délégation mais dans l’accroissement de la conscience que chacun a sa contribution
propre à apporter à la construction du bien commun.

d. Le principe de solidarité

Dans les numéros 192 à 195 du Compendium, on voit que ce principe invite les
formateurs à développer chez les jeunes le sens de la promotion commune : croître ensemble.
Il faudrait se départir de la mentalité de « seul mon maïs doit cuire », l’égoïsme qui peut se
cacher aussi dans une certaine recherche de l’excellence élitiste. C’est ensemble que nous allons
grandir et ce que nous faisons aujourd’hui doit se soucier du bien-être des générations à venir.

A ces principes s’ajoutent les valeurs de vérité, de liberté et de justice qui d’une certaine
manière ont été abordées dans les deux premiers points de cet exposé. (CDSE n°197)

L’étudiant qui reçoit une telle base dans sa formation pourra aborder et intégrer au
niveau Master 1 les questions de Famille et de Travail (CHAPITRES V et VI du CDSE), au
niveau Master 2 les questions de la promotion de la paix (Chapitre XI du CDSE) et de protection
de l’environnement (Chapitre X du CDSE).

18
CONCLUSION

L’initiative d’un tel parcours dans nos UU montre que dans notre Université catholique
la seule réussite intellectuelle n’est pas notre préoccupation. Nous ne sommes pas là pour
former des têtes bien pleines et bien faites mais aussi des cœurs et des humanités. C’est pour
cela que nous devons veiller tout le long du parcours à ce que l’éducation aux valeurs ne
devienne un cours comme les autres ; ce serait la meilleure manière de tuer la formation.

Chez nos jeunes où l’intelligence est plus vive que le cœur, il faut éviter le danger qui
leur fera croire qu’une valeur est vécue parce qu’elle est sue intellectuellement. Cela revient à
mettre en bonne place dans la formation des expériences de vie qui permettent à l’apprenant de
faire passer dans la vie la valeur dont les contours lui ont été présentés. Le rapport entre les
principes de l’E.S. E et les valeurs mis en lumière par le Compendium apparaîtra alors dans
toute sa teneur réelle et existentielle.

Le Compendium en conclusion de son développement sur les principes de l’E.S. E


indique la voie de la charité comme la voie royale de tout cet ensemble de principes, de valeurs
et de vertus. Si dans nos communautés universitaires nous réussissons à faire de la charité
évangélique le socle de tout, nous aurons donné à nos jeunes l’unique chose qu’ils ne peuvent
trouver nulle part ailleurs en vérité qu’à l’université catholique. Ce devrait être cela le label de
l’UCAO qui rendra possible la seule excellence dont l’Afrique a besoin pour sa renaissance :
pas l’excellence égoïste de quelques-uns mais l’excellence qui promeut l’ensemble. Et à ce
niveau les aumôniers ont une lourde responsabilité de témoignage. Les valeurs ne s’enseignent
pas ; elles se rayonnent. Les aumôniers doivent rayonner ces valeurs sinon elles se vident
d’elles-mêmes. Le sujet éducateur ici doit faire sien le principe de la gratuité comme principe
de vie, être lui-même désintéressé des biens matériels et profondément enracinés dans le Christ.
Il ne doit pas être mêlé à des malversations ou à courir derrière l’argent, ce dont nous prions
Dieu de nous préserver dans nos UU. Car tous ont les yeux fixés sur l’UCAO pour qu’elle
donne au renouveau universitaire en Afrique le ton juste.

19
BIBLIOGRAPHIE

 PIE XII, Radio message de Noël 1944, in AAS 37.

 SACROSANCTUM CONCILIUM OECUMENICUS VATICANUM II, Const. Past.


Gaudium et Spes de Ecclesia in mundo huius temporis (généralement connu comme
Gaudium et Spes), in AAS LVIII, 1966, 1025-1120.

 PIUS XI, Litt. Enc., Quadragesimo Anno, (15-05-1931), in AAS XXIII, 1931, 177-228.

 IOANNES XXIII, Litt. Encycl., Mater et Magistra, (15-05-1961), in AAS LIII, 1961, 401-
464.

 IOANNES XXIII, Litt. Encycl., Pacem in terris, (11-04-1963), in AAS LV, 1963, 257-
304.

 PAULUS VI, Litt. Encycl., Populorum Progressio, (26-03-1967), in AAS LIX, 1967, 257-
299.

 PAULUS VI, Epist. Apost., Octogesima Adveniens, (14-05-1971), in AAS LXIII, 1971, 401-
441.

 IOANNES PAULUS II, Litt. Encycl., Redemptor Hominis, (4-03-1979), in AAS LXXI,
1979, 257-324.

 IOANNES PAULUS II, Litt. Encycl., Dives in Misericordia, (30-11-1980), in AAS


LXXII, 1980, 1177-1232.

 IOANNES PAULUS II, Litt. Enc., Laborem Exercens, (14-09-1981), in AAS LXXIII,
1981, 577-647.

 IOANNES PAULUS II, Litt. Encycl., Centesimus Annus, (01-05-1991), in AAS 83,
1991, 793-867.

 IOANNES PAULUS II, Litt. Encycl., RedemptorisMissio, n°42 : AAS 83, 1991, 249-
340.

 IOANNES PAULUS II, Litt. Encycl., Veritatis Splendor, (06-08-1993), in AAS 85,
1993, 1133-1228.

 IOANNES PAULUS II, Litt. Encycl., Fides et Ratio, in AAS XCI, 1999, 5-88.

 IOANNES PAULUS II, Address to participants, in Pontifical Council for Justice and
Peace, human rights and the pastoral mission of the Church, Vatican City 2000.

20
 BENEDICTUS XVI, Litt. Enc., Deus Caritas est, (25-12-2005), in AAS XCVIII, 2006, 217-
252.

 BENEDICTUS XVI, Litt. Enc. Spe Salvi, (30-11-2007), Libreria Editrice Vaticana, Roma
2007.

 BENEDICTUS XVI, Litt. Enc. Caritas in Veritate, (29-06-2009), Les Editions du Cerf,
Paris 2009.

 CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de l’enseignement


social de l’Eglise, (pour l’édition française), Les éditions du Cerf, Paris 2005.

 PAPE FRANCOIS, Lettre encyclique Laudato si’,

21
TABLE DES MATIERES

SYLLABUS DU COURS ...................................................................................................................... 1


INTRODUCTION ................................................................................................................................. 3
CHAPITRE I : L’UCAO A TRAVERS SES SYMBOLES ............................................................... 5
1. Hymne de l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest....................................................... 5
2. Note explicative du logo de l’UCAO .............................................................................................. 6
CHAPITRE II : NECESSITE DE L’« EDUCATION AUX VALEURS » A L’UCAO .................. 8
CHAPITRE III : L’E.S.E., UNE SOURCE POUR L’EDUCATION AUX VALEURS A
L’UCAO ............................................................................................................................................... 11
CHAPITRE IV : LE PARCOURS DE L’EDUCATION AUX VALEURS A L’UCAO .............. 14
1. Licence 2 : La personne humaine et ses droits. L’E.S.E et le principe personnaliste (Chap.
III du CDSE) .................................................................................................................................... 15
2. Licence 3 : Les autres principes et valeurs de l’E.S.E. (Chap. IV du CDSE) .................... 16
a. Le principe du bien commun................................................................................................ 16
b. Le principe de subsidiarité ................................................................................................... 17
c. La participation .................................................................................................................... 17
d. Le principe de solidarité ....................................................................................................... 18
CONCLUSION .................................................................................................................................... 19
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 20
TABLE DES MATIERES..................................................................................................................... 22

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