Cours Du Droit Pénal Général 2022-2023

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Cours du Droit Pénal Général

Pr. Issiaka CISSE


Maître de Conférences à l’USJPB
Maître assistant des Universités du CAMES

Année académique 2022-2023

Cours Droit Pénal Général, Semestre 3, FDPU, 2022-2023 1


Introduction Générale

Le droit pénal ou droit criminel (les deux expressions sont synonymes) au sens étroit, peut être
défini comme « l’ensemble des règles juridiques pourvues d’une peine ». Mais au sens plus large, il
s’agit de « l’ensemble des lois qui régissent l’exercice de la répression par l’Etat ». Le droit pénal,
c’est le droit de l’infraction et celui de la réaction sociale qu’elle suscite. Il est l’expression de la
politique pénale qu’un Etat exprime pour lutter contre le phénomène criminel.
Le droit pénal incrimine et sanctionne les comportements qui portent atteinte à l’organisation de
la vie sociale et aux valeurs essentielles de la société. La société édicte ces infractions pour
protéger l’ordre social, sanctionner ceux qui y portent atteinte et dissuader ceux qui seraient
tentés de le faire. C’est toute la représentativité du contrat social de Jean-Jacques ROUSSEAU. A
titre de rappel, le contrat social est un traité de philosophie politique présentant comment
l'homme, passé de l'état de nature à l'état de société, peut instituer un ordre social au service de
l'intérêt général.
Cette approche de la réponse du corps social est loin d’être qualifié de mimétisme. Il est
important de rappeler que dans l’histoire de nos différentes sociétés, la prohibition de certains
comportements a toujours été mise en avant. Pour exemple, la charte de Kurukanfuga1 dans son
article 5 stipule que : « chacun a le droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique. En
conséquence, tout acte attentatoire à la vie d’autrui est puni de mort ». A la lecture de cette
disposition, on s’aperçoit que la société malienne dans son origine faisait recours à des mesures
de nature pénale pour organiser la société2. C’est la raison pour laquelle, nous pouvons affirmer
que l’esprit du contrat social a existé dans les sociétés africaines bien avant la métaphysique mise
en exergue par ROUSSEAU ou LOCK.
Le droit pénal peut être divisé en trois branches :
- le droit pénal spécial : il établit un catalogue des infractions ;
- la procédure pénale : elle est destinée à mettre en œuvre le droit pénal en définissant les règles
applicables à l’organisation et la compétence des juridictions et au déroulement du procès ;
- le droit pénal général : il concerne l’étude des grandes catégories d’infraction, des agents
concernés et des sanctions applicables.
Notre étude ne portera que sur cette dernière branche : le droit pénal général.

1) Les fondements théoriques du droit pénal


Pourquoi la société éprouve-t-elle le besoin de sanctionner ceux qui ne respecte pas les normes
qu’elle édicte ? Quel est le sens de la peine ? A ces questions, les réponses sont différentes selon
que l’on adhère au libre arbitre ou au déterminisme :
- Si on adhère au libre arbitre, on considère que le délinquant a délibérément choisi d’enfreindre
la loi. Dans ces conditions, la peine a une fonction moralisatrice : le délinquant doit être puni
parce qu’il a commis une faute qu’il doit expier. Mais la peine a aussi une fonction dissuasive
parce que l’existence d’une peine constitue une menace de nature à dissuader celui qui se trouve
confronté à l’alternative de commettre une infraction punie d’une peine ou de respecter la loi et
s’abstenir.
- Si on adhère au déterminisme, la peine a une fonction très limitée puisque l’action de l’homme
est déterminée d’après les conditions dans lesquelles il vit, sa constitution psychologique,
physiologique. La sanction ne vise pas alors à punir mais à organiser une réaction sociale.
2) La réalité pratique du phénomène criminel

1
La charte de Kouroukan-Fouga ou charte du Mandén est un ensemble de règles juridiques proclamée en 1236 par
l'empereur du Mandén (Sondjada kèta, 1190-1255) à Kouroukan-Fouga (plaine située à Kâaba à la frontière entre le
Mali et la Guinée-Conakry).
2
Dans le même sens, l’article 44 stipule que : « tous ceux qui enfreindront à ces règles seront punis. Chacun
est chargé de veiller à leur application ».

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Il est impossible de connaître le nombre réel des infractions car un grand nombre d’entre-elles ne
sont jamais découvertes. Le phénomène ne peut se mesurer qu’au regard du nombre des
condamnations prononcées par les tribunaux et au nombre d’affaires traitées par la police. Et
encore, ces chiffres ne reflètent pas nécessairement la réalité du phénomène criminel,
l’augmentation ou la diminution de ces nombres pouvant s’expliquer par une modification de la
politique criminelle. Aussi, parle-t-on de chiffre noir ou obscur de la criminalité pour désigner la
différence entre les criminalités réelles et apparentes. Ce chiffre noir varie selon les infractions,
certaines étant plus occultes que d’autres.
Ainsi, les chiffres de la criminalité sont alarmants depuis quelques années au Mali. Les Cours
d’assises prononcent de plus en plus trop de condamnations ainsi que les tribunaux
correctionnels. Les parquets des Procureurs de la République reçoivent des milliers de plaintes et
de procès-verbaux. Plus d’un tiers donne lieu à un classement sans suite. Certaines donneront
également lieu à une relaxe, un acquittement ou un non-lieu.
Le droit pénal est un instrument destiné à endiguer le phénomène criminel. Il est difficile de
mesurer exactement l’ampleur du phénomène criminel. En effet, la criminologie est une science
visant à dégager les causes du phénomène criminel grâce à l’apport d’autres sciences, telles que les
sciences médicales ou sociales. La politique criminelle est une science destinée à recenser les
différents moyens de lutte contre le crime. Ces moyens doivent être justes ou légaux. La justesse
ou la légalité suppose le respect des normes au plan national (à ce sujet l’art. 7 al. 4 de la
constitution du 23 juillet 2023 dispose que : « La peine est personnelle. Nul ne peut être
poursuivi, arrêté ou inculpé qu'en vertu d'une loi promulguée antérieurement aux faits qui lui sont
reprochés » et international, ce qui laisse entendre l’interdiction des moyens (comme les pratiques
arbitraires ou vindicatives : lyncher un individu par la clameur publique) contraires à la norme qui
constitue le socle du droit pénal.
3) Les sources du droit pénal
Le Code pénal malien en vigueur date de 2001. Avant, il y avait celui de 1961 largement inspiré
du code pénal français de 1810 qui est resté en vigueur pendant plus de 170 ans. Au début du
21ème siècle notre code pénal a subi une révision pour prendre en compte certaines infractions et
préciser d’autres. Il a été complètement abrogé au profit d’un nouveau code pénal.
Par ailleurs, le législateur a multiplié la législation pénale notamment la loi n° 2019 – 056 du 05
décembre 2019 ; la Loi n°2016-008/du 17 mars 2016 portant Loi uniforme relative à la lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Le Code pénal du 20 août 2001 est entré en vigueur la même année. Il apporte quelques
changements importants, en particulier :
- l’extension de la corruption aux soumissionnaires et aux personnes chargées de la préparation
des marchés publics ;
- un paragraphe sur le surenchérissement de la dot du troc des femmes ;
En dehors de ces changements, le droit pénal général n’a pas été bouleversé même si récemment
certaines lois ont été adoptées la loi sur l’enrichissement illicite (Loi n°2014-015/27 mai 2014
portant prévention et répression de l’enrichissement illicite), etc. Les règles qu’il contient
gouvernement trois grandes questions :
- L’infraction (première partie) ;
- L’agent punissable (deuxième partie) ;
- La sanction pénale (troisième partie).
Ainsi, le présent cours se propose d’examiner ces trois entités qui couvrent l’essentiel du module
relatif au droit pénal général.

Bibliographie

- Jean-Claude SOYER, Droit pénal et procédure pénale, LGDJ, 20ème éd., 2008.
- Bernard BOULOC, Droit pénal général, Dalloz-Sirey, 19ème éd., 2005.

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- GAR T., Droit pénal – Procédure pénale, Dalloz, 10e éd., 2018.
- MAYAUD Y., Droit pénal général, Presses Universitaires de France-PUF, 6e éd., 2018 ;
- Patrict KOLB, Laurence LETURMY, L’essentiel du droit pénal général, les grands principes, la
responsabilité pénale, les peines, 11ème éd., Gualino, 2014.
- Loi N°01- 079 du 20 août 2001 portant Code pénal, modifiée par :
 la loi n°2005-45 du 18 août 2005 ;
 la loi n°2016-39 du 7 juillet 2016.
- Loi n°01-080 du 20 août 2001 portant code de procédure pénale du Mali, modifiée par la
Loi n°2013-016/ du 21 mai 2013.

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Première partie : L’INFRACTION

L’infraction a pu être définie comme « tout fait contraire à l’ordre social, qui expose celui qui l’a
commis à une peine et ou à une mesure de sûreté (assistance, surveillance, traitement, cure de
désintoxication, travail d’intérêt général, suivi socio-judiciaire) » G. Stéfani, G. Levasseur, B.
Bouloc, Droit pénal général, Dalloz, 17e éd., 2000, n°93.
Elle a pu être aussi définie comme « une action ou une omission définie et punie par la loi pénale,
imputable à son auteur et ne se justifiant pas par l’exercice d’un droit » G. Levasseur ; A.
Chavanne, J. Montreuil, B. Bouloc, Droit pénal général et procédure pénale, 13 e éd., Sirey, 1999.
Après avoir vu la classification des infractions (chapitre 1), nous verrons les différents éléments
constitutifs de l’infraction :
- L’élément légal : la loi pénale incrimine-t-elle le comportement envisagé ? (chapitre 2) ;
- l’élément matériel : l’action ou l’omission est-elle punie par la loi ? (chapitre 3) ;
- l’élément moral : le comportement est-il imputable à son auteur ? (chapitre 4).
Chapitre premier : LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS
On peut distinguer les infractions selon leur gravité (section I) et selon leur nature (section II).
Section I : Les infractions classées selon leur gravité
L’art. 1 du Code pénal dispose : « Les peines applicables en matière de justice au Mali se divisent
en peines criminelles, peines appliquées aux délits et peines de simple police ». Les infractions
pénales sont ainsi classées selon leur gravité, en crimes, délits et contraventions. Le code pénal
détermine les crimes et délits en fixant les peines applicables à leurs auteurs. Le règlement
détermine les contraventions et fixe, dans les limites et selon les distinctions établies par la loi, les
peines applicables aux contraventions. Comme le prévoit l’art. 1 du Code pénal, les infractions
sont classées, suivant leur gravité, en contraventions (P1), délits (P2) et crimes (P3). Les peines
indiquées dans les textes sont des plafonds maximum. Le juge peut prononcer une peine
inférieure mais il ne peut jamais dépasser le maximum indiqué par la loi.
Paragraphe 1 : Les contraventions
C’est le pouvoir réglementaire qui est seul compétent en matière contraventionnelle. Les
contraventions sont les infractions punies d’une peine contraventionnelle, c’est-à-dire une peine
d’amende n’excédant pas 18.000 F. Il existe 2 classes de contraventions dont un minimum et un
maximum. La peine pour la contravention minimum est fixé 300F et pour la contravention
maximale, la peine est de 18.000 F notamment en cas de récidive.
Depuis la révision du CP, les contraventions ne sont jamais punies de peine d’emprisonnement,
même en cas de récidive. Pourtant, le CP prévoit des peines d’emprisonnement d’un à dix jours
(art. 325).
Le principe de non-cumul des peines ne joue que pour les crimes et délits. Il ne joue pas pour les
contraventions : les peines contraventionnelles se cumulent. Les contraventions sont jugées par le
tribunal de police. L’action publique est prescrite au bout d’un an. La prescription de la peine,
c’est-à-dire, le délai au-delà duquel on ne peut plus faire subir au condamné la peine prononcée
contre lui, est de deux ans.
Paragraphe 2 : Les délits
Seuls le législateur est compétent en matière de délit. Les délits sont les infractions punies d’une
peine correctionnelle, c’est-à-dire une peine d’emprisonnement de 5 ans au plus et/ou une
amende au moins égale à 25.000 F (art. 134, 319). Mais les peines correctionnelles peuvent aussi
être plus variées. L’art. 7 précise que les peines correctionnelles encourues par les personnes
physiques sont l’emprisonnement ; l’amende ; le travail d’intérêt général.
Les peines d’emprisonnement vont de « cinq ans au plus » à « onze jours au moins ». (Art. 7).
Comme dans l’ancien Code, le législateur n’a pas organisé un système spécifique de peines
applicables en matière de délits politiques.
Les délits sont jugés par le tribunal correctionnel. L’instruction est facultative en matière de délits
et, sauf voie de recours exercée devant la Chambre de l’instruction, elle n’a lieu que devant le juge

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d’instruction. La procédure dite de la « comparution immédiate » n’est possible qu’en matière de
délit.
L’action publique est prescrite au bout de trois ans. La prescription de la peine, c’est-à-dire, le
délai au-delà duquel on ne peut plus faire subir au condamné la peine prononcée contre lui, est de
cinq ans.
Paragraphe 3 : Les crimes
Seul le législateur est compétent en matière criminelle. Les crimes sont les infractions punies
d’une peine criminelle.
Les peines criminelles encourues par les personnes physiques sont, selon l’art. 4 : la mort,
réclusion à perpétuité, la réclusion criminelle de cinq ans à vingt ans. La durée de la réclusion
criminelle ou de la détention criminelle à temps est de cinq ans au moins.
Le CP a maintenu la traditionnelle distinction entre les peines criminelles de droit commun
punies par la réclusion criminelle et les peines criminelles politiques punies par la détention
criminelle. Les crimes sont jugés par la cour d’assises. Une instruction est obligatoire pour les
crimes et elle a nécessairement lieu à deux degrés, le premier devant le juge d’instruction, le
second devant la Chambre de l’instruction.
L’action publique est prescrite au bout de dix ans. La prescription de la peine, c’est-à-dire, le délai
au-delà duquel on ne peut plus faire subir au condamné la peine prononcée contre lui, est de
vingt ans.
Section II : Les infractions classées selon leur nature
Le législateur soumet les infractions à un régime particulier selon leur nature. Les actes de
terrorisme sont poursuivis, jugés et punis selon des règles souvent dérogatoires au droit commun.
On oppose aux infractions de droit commun les infractions politiques (P1), les infractions
militaires (P2) et les infractions de terrorisme (P3).
Paragraphe 1 : Les infractions politiques
La loi ne fournit aucun élément décisif de nature à distinguer clairement les infractions politiques
des infractions de droit commun. Certes, les crimes politiques sont punis de la détention
criminelle et non de la réclusion criminelle, mais la peine est de même nature s’agissant des délits
politiques et des délits de droit commun.
La jurisprudence semble définir l’infraction politique en fonction de son objet. Sont politiques,
les infractions qui ont pour objet de porter atteinte à l’ordre politique de l’Etat. Cet objet
politique doit s’entendre comme toute atteinte à l’organisation et au fonctionnement régulier des
pouvoirs publics. Peu importe, semble-t-il pour la jurisprudence, le mobile de l’auteur de
l’infraction. Ainsi l’assassinat d’un chef d’Etat a été considéré par la Cour de cassation comme un
crime de droit commun, les mobiles politiques de son auteur étant jugés indifférant pour la
qualification de l’infraction.
Même si l’auteur de ces infractions est sans doute animé d’une intention moins perverse que le
délinquant de droit commun, il n’en demeure pas moins que ces infractions font courir à la
société un risque tout particulier puisqu’elles visent l’ordre établi.
Pendant longtemps, il a existé un régime spécifique pour les infractions politiques. Aujourd’hui,
les crimes et délits politiques sont instruits et jugés par les juridictions de droit commun.
Cependant, lorsque les faits constituent un crime ou délit réprimés par l’art. 30, 34, 59 du CP
(trahison, espionnage, et autres atteintes à la défense nationale), l’instruction et le jugement sont
régis par des dispositions dérogatoires au droit commun. Ainsi, la cour d’assises compétente pour
juger ces crimes est composée de 7 magistrats professionnels et ne comporte pas de jury
populaire.

Paragraphe 2 : Les infractions militaires


Les infractions militaires sont définies et sanctionnées par le Code de justice militaire qui
incrimine certains comportements particuliers (désertion, mutilation volontaire, etc…). Ces

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infractions ne posent pas de difficultés de qualification : seuls des militaires peuvent les
commettre.
Les militaires qui commettent des infractions de droit commun sont jugés comme les particuliers.
Ils sont justiciables au même titre que les civils dans les juridictions civiles. Chaque cour d’appel, à
travers les TPI est chargée d’instruire et de juger les délits commis en temps de paix par les
militaires. Le procureur est saisi par la dénonciation des faits réalisée par l’autorité militaire. Une
cour d’assises sans jury est compétente pour juger ces infractions militaires.
En temps de guerre, et même en état de siège, état d’urgence ou lorsque les forces armées
maliennes stationnent ou opèrent hors du territoire national, il est établi, sur le territoire de la
République, des tribunaux territoriaux des forces armées. Ces juridictions seraient compétentes
pour juger les auteurs d’infraction militaire ou les militaires auteurs d’infractions de droit
commun mais aussi des crimes et délits contre la sûreté de l’Etat (art. 33).
Paragraphe 3 : Les infractions de terrorisme
La notion d’actes de terrorisme est récente. Elle est apparue au Mali à la fin des années 90. Par
contre en France, depuis 1986, le législateur a souhaité renforcer la répression de ce type
d’infraction. L’infraction sera qualifiée de terrorisme en fonction du mobile qui anime son auteur
et le contexte dans lequel elle est commise.
Constituent des actes de terrorisme, à condition d’être « intentionnellement en relation avec une
entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par
l’intimidation ou la terreur », certaines infractions réprimées en droit commun énumérées par le
texte et d’autres infractions spécifiques (art. 421-1 du Code pénal français). Pour le droit positif
malien, l’acte du terrorisme ne fait aucune mention dans le CP. Mais récemment une loi a été
adoptée dans ce sens (Loi n°2016/Du 17 mars 2016 portant loi uniforme relative à la lutte contre
le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme).
Dès lors, on considère même si l’INTERPOL du Mali le faisait avant, que les terroristes
coupables de crimes de sang sont traités comme des criminels de droit commun, quelle que soit
leur motivation. Les infractions relevant du terrorisme ne sont pas traités comme des infractions
politiques. Le Mali a d’ailleurs adhéré à plusieurs accords pour la répression du terrorisme,
surtout dans un contexte de crise marqué par le terrorisme à outrance dans le septentrion national
et tout récemment au centre.

Chapitre II : L’ELEMENT LEGAL


Après avoir exposé le principe de la légalité (section I), nous envisagerons d’abord les normes
juridiques de droit pénal (section II) puis les conditions de leur application (section III).
Section I : Le principe de la légalité des délits et des peines
Ce principe est souvent considéré comme la clé de voûte du droit criminel. Il est exprimé sous la
forme d’un adage : « Nullum crimen, nulla poena sine lege ». La Révolution a consacré le principe
de la légalité des délits et des peines que l’on fait volontiers remonter au XVIIIe siècle. L’art. 7 de
la Déclaration des droit de l’homme de 1789 dispose que : « nul homme ne peut être arrêté ni
détenu que dans les cas déterminés par la loi et dans les formes qu’elle a prescrites » et l’art. 8
ajoute que : « la loi ne peut établir que des peines strictement et évidemment nécessaires et que
nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit et
légalement appliquée. » Ce principe a donc une valeur constitutionnelle.
La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi, et
entrée en vigueur le 21 octobre 1986 affirme elle aussi le principe de la légalité (art. 6).
Aujourd’hui, il est notamment inscrit dans le Code pénal malien. Ce principe entraîne ainsi
plusieurs conséquences.
Paragraphe 1 : La loi est la principale source du droit pénal
Pendant longtemps, on a pensé que seule la loi pouvait constituer la source du droit pénal. On
pensait qu’il s’agissait là d’une importante garantie contre l’arbitraire. D’ailleurs, ce principe
permet de rétablir un ordre pénal dans toute sa dimension. Mais progressivement, le processus

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législatif est apparu trop lourd et une place de plus en plus importante a été laissée au pouvoir
réglementaire, qui est devenu une autre source du droit pénal. Il est en particulier compétent en
matière de contravention et de procédure pénale.
La loi reste la source exclusive en matière de crimes et de délits. Ainsi, l’art. 3 du Code pénal
indique seule la loi détermine les crimes et les délits (…) le règlement détermine les
contraventions (art. 325).
Paragraphe 2 : Nul ne peut être poursuivi pour des faits qui n’ont pas été expressément
prévu par un texte
L’esprit du CP met en exergue le principe de la liberté des peines. Ainsi, nul ne peut être puni
pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une
contravention dont les éléments ne sont pas définis par le règlement. Nul ne peut être puni d’une
peine qui n’est pas prévue par la loi, si l’infraction est un crime ou un délit, ou par un règlement,
ou si l’infraction est une contravention. En effet, selon ce principe, seuls punissables les faits
constitutifs d’une infraction sont punissables à la date à laquelle ils ont été commis et
conformément à la loi pénale. En l’absence de texte punissant le comportement moralement
condamnable et socialement nuisible, la seule solution est la relaxe ou l’acquittement. Souvent, le
législateur intervient ensuite en créant une nouvelle infraction qui ne pourra entraîner la
condamnation que des comportements postérieurs à son entrée en vigueur. Tel fut le cas en
France pour le délit de grivèlerie ou filouterie d’aliments punissant le fait de se faire servir des
aliments tout en sachant qu’on ne dispose pas de moyens pour les payer ou encore de la
contravention de défaut de paiement d’autoroute. Plus récemment, on a créé le délit d’incitation
au suicide à la suite de la publication de l’ouvrage « Suicide, mode d’emploi » qui, dans un premier
temps, n’a pas pu entraîner la condamnation de son auteur faute de texte incriminant l’incitation
au suicide.
Paragraphe 3 : La loi pénale est d’interprétation stricte
Le principe de la légalité a notamment pour conséquence d’imposer une interprétation restrictive
de la loi pénale : « La loi pénale est d’interprétation stricte ». Toute interprétation par analogie est
contraire au principe de légalité. Néanmoins, cela ne signifie pas que le texte pénal doit être
interprété restrictivement : le juge doit tirer toutes les conséquences du texte que le législateur a
voulu lui attacher.
Ainsi, par exemple, à propos du mot « domicile » en matière de violation de domicile, la Cour de
cassation française refuse de considérer que la voiture automobile était le prolongement du
domicile, comme l’y invitaient certains auteurs et juridictions du fond. De même le viol a suscité
des difficultés d’interprétation. Le viol est « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature
que ce soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». La
Chambre criminelle a considéré qu’une fellation constitue un viol (Crim. 22 août 1984, Bull. crim.
n°71) ainsi que le fait d’introduire un corps étranger dans l’anus de la victime (Crim. 5 sept. 1990,
Bull. crim. n°313).
Par ailleurs, le législateur intervient pour préciser le sens d’un terme. Ainsi, l’art. 317 du code
pénal malien précise qu’un animal lâché qui porte des dommages à autrui est passible de sanction
pénale. Le juge ne saurait prononcer une autre peine que celle prévue par le texte, ni dépasser le
maximum de la peine encourue. Sous cette réserve, le juge dispose donc d’une latitude assez
grande, il a notamment très souvent le choix entre plusieurs types de peines, le prononcé ou non
de peines complémentaires. Cette liberté est encore plus renforcée au stade de l’exécution de la
peine.
Cependant, il faut rappeler une pratique fréquente, déjà signalée, connue sous l’expression «
correctionnalisation » qui consiste à ne pas appliquer tout le texte pénal, à retenir une
qualification plus favorable au délinquant (ne pas relever toutes les circonstances aggravantes)
dans le but de renvoyer l’affaire devant le tribunal correctionnel. Cette pratique est généralement
acceptée par le délinquant et la victime. Les décisions sont ainsi rendues plus rapidement et

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entraînent des frais de justice moins lourds. Cependant, la Cour de cassation, si elle en était saisie,
ne manquerait pas de sanctionner une telle pratique.
Section II : La hiérarchie des normes
Il existe une hiérarchie des normes. Les normes internationales (P1) ont une valeur supérieure
aux normes nationales (P2).
Paragraphe 1 : Les normes internationales
En vertu de l’art. 116 de la Constitution, les traités régulièrement ratifiés ont une valeur
supérieure aux lois. Cela signifie que le juge pénal doit écarter l’application d’un texte national si
celui-ci est contraire à une norme internationale.
Parmi les textes internationaux les plus importants, on peut citer la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples ratifiée par le Mali le 27 juin 1981. En effet, s’agissant de ce texte, tout
citoyen peut, depuis un décret du 9 octobre 1981, saisir la Cour africaine des droits de l’homme
siégeant à Arusha en Tanzanie afin d’obtenir la condamnation d’un Etat ayant ratifié cette
convention et qui n’en respectait pas le contenu. C’est ainsi qu’au Mali, il existe des institutions
qui veillent à la protection des droits de l’homme. A titre d’exemple, l’AMDH (Association
malienne des droits de l’homme. A côté, on peut retenir la commission africaine des droits de
l’homme et des peuples qui a été créée conformément à l’article 30 de la charte africaine des
droits de l’homme et des peuples.
En principe, les lois étrangères ne constituent pas des sources de droit pénal. Cependant, il en est
autrement des traités passés avec les Etats étrangers qui doivent être appliqués en vertu de
l’article 116 de la Constitution.
Paragraphe 2 : Les normes nationales
Au sommet de la hiérarchie figure la Constitution (I). Depuis la Constitution de 1961, coexistent
deux sources nationales de droit pénal : la loi (II) et le règlement (III). La coutume ne peut pas
être source de droit pénal, comme elle l’est en matière civile ou commerciale. Ainsi, s’agissant
d’une poursuite pour avortement, il était soutenu que la loi était « objectivement mauvaise et
immorale, caduque ». La Cour de cassation a rejeté cet argument : il appartient au seul législateur
de supprimer les infractions qui semblent contraire à la volonté générale du corps social.
I. La Constitution
La Constitution du 25 février 1992 a une valeur supérieure aux lois et aux règlements. Le
préambule de la Constitution renvoie à la Déclaration des droits de l’homme et citoyen de 1789 et
à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. La Cour Constitutionnelle veille à la
conformité des lois votées par le Parlement au bloc de constitutionnalité.
II. La loi
La loi votée par le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) est la principale source du droit
pénal. En vertu de l’art. 70 de la Constitution, seul le législateur est compétent en matière de
crimes et de délits. Le Code pénal de 2001 est entré en vigueur depuis sa révision (20 août 2001).
La partie législative du Code comprend 3 livres : le premier est relatif aux peines, le deuxième aux
personnes punissables, excusables ou responsables pour crimes et délits, le troisième aux crimes
et délits et de leur punition.
III. Le règlement
Le règlement émane du pouvoir exécutif. L’art. 55 et 73 de la Constitution donnent compétence
au pouvoir exécutif en matière de contravention. Il peut s’agir du gouvernement mais aussi
d’autorités locales, telles que le préfet ou le maire qui disposent d’un certain pouvoir
réglementaire, en particulier en matière de police. L’inobservation du « règlement de police » (du
maire ou du préfet) fait encourir la peine prévue pour les contraventions de 1 ère classe.
Le juge judiciaire, notamment le tribunal de police, peut être amené à apprécier la légalité d’un
règlement administratif, tel un arrêté municipal. Le juge répressif a le pouvoir de statuer sur la
validité d’un texte réglementaire dont la validité est contestée. Si l’arrêté est jugé illégal, son
application au litige sera écartée. Seul le juge administratif peut annuler un texte réglementaire.
Section III : L’application de la loi pénale

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L’application de la loi pénale suscite des difficultés dans le temps (P.1) et dans l’espace (P.2).
Paragraphe 1 : L’application de la loi pénale dans le temps
I. Le principe
Le principe est celui de la non-rétroactivité des lois pénales. Si une loi crée une nouvelle
infraction ou aggrave les peines d’une infraction existante, elle ne s’appliquera qu’aux faits
commis postérieurement à son entrée en vigueur.
Ce principe a valeur constitutionnelle, ce qui signifie que le législateur ne peut méconnaître cette
règle et édicter une loi pénale rétroactive. En matière pénale : « Sont seuls punissables les faits
constitutifs d’une infraction à la date à laquelle ils ont été commis. Peuvent seules être
prononcées les peines légalement applicables à la même date ». Ce principe est une garantie
fondamentale de la liberté des citoyens. Ils ont « un droit d’attente légitime » à ce qu’on ne vienne
pas leur reprocher des actes qui, au moment où ils ont été accomplis, étaient parfaitement
conformes à la loi. Ce serait en quelque sorte de modifier, en cours de partie, la règle du jeu…

II. L’exception
L’exception concerne les lois pénales plus douces. Les lois qui suppriment une infraction ou
diminuent le montant de la peine s’applique non seulement aux faits commis avant leur entrée en
vigueur et non encore jugées mais également aux faits déjà jugés mais dont la décision peut
encore faire l’objet d’un recours en appel ou même en cassation.
Ce principe de la rétroactivité in mitius ne figure pas dans le CP malien mais consacré par l’art.
112-1 al. 3 du CPF a aussi une valeur constitutionnelle. Cet article dispose «Toutefois les
dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et
n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée lorsqu’elles sont
moins sévères que les dispositions anciennes ».
Le principe est rappelé par l’art. 112-2 du CPF qui prévoit que les dispositions nouvelles «
s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et n’ayant pas donné lieu à
une condamnation passée en force de chose jugée lorsqu’elles sont moins sévères que les
dispositions anciennes ».
Cependant, il faut signaler que cette règle ne concerne que les règles de fond. Les règles de forme
relatives à la constatation, à la poursuite de l’infraction, à la compétence et à la procédure
s’appliquent immédiatement, même au jugement de faits commis avant leur entrée en vigueur.
Paragraphe 2 : L’application de la loi pénale dans l’espace
Là encore, il y a un principe (I) et des extensions à ce principe (II).
I. Le principe
L’art. 95 du CPM dispose que la loi pénale malienne est applicable aux infractions commises sur
le territoire de la République malienne. C’est le principe de la territorialité de la loi pénale. Peu
importe la nationalité de l’auteur ou de la victime de l’infraction. Néanmoins, la coutume
internationale et la Convention de Vienne assurent l’immunité aux diplomates dûment accrédités,
ainsi qu’aux membres de leurs familles.
II. Les extensions du principe
Le juge malien est compétent pour juger une infraction, dont une partie seulement a été commise
au Mali. L’infraction est réputée commise sur le territoire national dès lors qu’un de ses faits
constitutifs a eu lieu sur ce territoire. Il est également compétent pour juger l’auteur d’un acte de
complicité accompli au Mali d’un crime ou délit commis à l’étranger.
Le juge malien est compétent (art. 95) si l’infraction, bien que commise à l’étranger, menace les
intérêts du Mali (fabrication de fausse monnaie, espionnage, etc…).

Chapitre II : L’ELEMENT MATERIEL


Pour qu’une infraction soit commise, il faut que le comportement se matérialise par un fait
extérieur, un comportement objectivement constatable. Il ne suffit pas d’avoir eu une intention

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coupable, il faut qu’un acte matériel ait été commis. Le droit pénal ne sanctionne pas les
intentions coupables tant qu’elles ne se sont pas matérialisées par un certain comportement.
L’élément matériel consiste alors en un fait ou un ensemble de faits générateurs d’un
comportement incriminant. Il peut s’agir d’un fait positif ou négatif, instantané ou prolongé,
occasionnel ou d’habitude, simple ou complexe, etc.
Ainsi, l’élément matériel est indispensable pour prouver une infraction de ce fait, il doit être
examiné dans son ensemble.
Section I : Le contenu des infractions
Toute infraction pénale a un contenu. Celui-ci permet de déterminer la matérialité des faits. De ce
fait, le contenu d’une action ou d’une omission n’est pas identique à celui d’un acte unique ou
d’une pluralité d’actes.
Paragraphe 1 : L’action ou l’omission
Il faut mettre à part, pour n’en plus reparler, une classification simplement descriptible, qui sépare
infractions d’action et infractions d’omission. Les infractions d’action consistent en la
commission d’un fait positif (ex : meurtre, faux) ; Les infractions d’omission consistent en une
abstention (ex : omission de porter secours à une personne en péril, article 220 du code pénal ;
l’abandon d’un enfant, art. 219 du code pénal).
Paragraphe 2 : l’acte unique ou la pluralité d’actes
L’infraction peut être commise de plusieurs manières d’où la question d’acte unique ou la pluralité
d’actes. L’acte est unique du fait qu’en commettant une faute le seul élément incriminant peut être
le vol. Il peut arriver qu’en donnant une gifle à quelqu’un peut succomber et mourir à la suite.
L’infraction peut résulter de l’accomplissement de plusieurs actes semblables dont chacun pris
isolément n’est pas punissable mais dont la répétition constitue l’infraction : l’infraction est dite
d’habitude. On parle de pluralité d’actes lorsque l’élément matériel consiste à un ensemble de
faits. Au moment de commettre une faute beaucoup de faits (infractions) se sont produites. La
personne par exemple en passant à l’acte de viol à donner des coups et blessures avant de passer
à l’agression sexuelle. Le juge retiendra l’infraction principale à savoir le viol.
Section II : Le temps de l’infraction
L’infraction peut se dérouler de façon instantanée ou continue. Les intérêts de cette distinction se
tiennent notamment à la détermination du point de départ du délai de prescription, à l’application
de la loi nouvelle, à la compétence territoriale de la juridiction de jugement.
Ainsi, la perpétration d’une infraction se fait généralement en trois phases.
- Il y a d’abord la pensée, la résolution criminelle. Le droit pénal ne punit pas en général ce
simple projet tant qu’il ne se manifeste pas par des actes extérieurs. En effet, ce travail
interne de délibération ne cause en lui-même aucun trouble social, c’est seulement sa
réalisation qui est une cause de désordre.
- Vient ensuite la période de préparation de l’infraction : Les actes simplement
préparatoires ne sont pas encore punissables, à moins qu’ils ne constituent en eux-mêmes
un délit, tel que le port d’arme prohibée, par exemple.
- Enfin le criminel entre dans la phase d’exécution ; il devient alors punissable avant même
que l’exécution soit achevée : C’est cet acte d’exécution d’une infraction non
complètement achevée, qui va constituer la tentative.
Toute la difficulté va donc être de distinguer l’acte préparatoire, qui n’est pas encore punissable,
du commencement d’exécution qui est punissable.
Section III : Le résultat de l’infraction
Le résultat d’une infraction est l’objet d’une décision finale dont prévoit le code pénal. Parfois le
comportement est punissable indépendamment du résultat produit. Tel est le cas lorsque
l’infraction est dite formelle ou lorsqu’elle est simplement tentée sans être consommée.
Paragraphe 1 : L’infraction matérielle ou formelle
Toute infraction est soit matérielle ou formelle. Elle est matérielle si on peut démontrer une
preuve matérielle par rapport à un fait. Ex : pénétrer dans une concession pour voler la télévision

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de l’intéressé en ne sachant pas sur l’existence d’une caméra de surveillance. Qui a permis au
propriétaire d’identifier le voleur, la cassette lui a servi de preuve.
Quant à l’infraction formelle, tend à une situation d’ambiguïté. C’est-à-dire la preuve est difficile à
démontrer. Ex : la dispute entre deux personnes en location dans une cours si l’un produit des
injures graves à l’encontre de l’autre, la preuve est difficile à démontrer.
Paragraphe 2 : La tentative
Même si, pour les infractions matérielles, le résultat est un élément constitutif de l’infraction, cela
ne signifie pas que le comportement n’est punissable en l’absence de résultat dommageable. Il
pourra l’être sur le terrain de la tentative.
En effet, selon l’article 3 al. 1 du code pénal : « toute tentative de crime qui aura été manifestée
par commencement d’exécution, si elle n’a été suspendue ou si elle n’a manqué son effet que par
des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur, est considérée comme le crime lui-
même ». Il résulte de ce texte que la notion de tentative compte deux éléments : le
commencement d’exécution et l’absence de désistement exonération.
Ceux qu’il faut retenir de ces deux éléments surtout le commencement d’exécution synonyme de
guet-apens, un malfaiteur peut commencer une action de poursuivre un individu avec le fusil afin
de lui soustraire sa moto avant d’aller jusqu’à bout de ses actes il peut sentir des obstacles qui
peuvent l’empêcher de terminer l’action. Dans ce cas précis l’acte est punissable si ce n’était pas
parce que il a senti son échec venir il allait titrer là-dessus. Quant à l’absence de désistement
exonération montre que malgré l’intervention des personnes étrangères ou de la force de l’ordre
le malfrat s’est toujours entêté à persister à faire son acte.

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Chapitre III : L’ELEMENT MORAL
L’acte matériel doit résulter de la volonté de son auteur. Le droit pénal ne comporte que les
comportements antisociaux : même en présence d’un résultat fortement dommageable, l’auteur
ne sera pas puni s’il n’est pas l’œuvre de sa volonté mais le résultat, par exemple, d’un événement
de force majeure.
Nous verrons les différents degrés de l’élément moral (Section I) puis les hypothèses dans
lesquelles la loi prévoit des causes d’exonération totale ou partielle de responsabilité (Section II).
Section I : Les différents degrés de l’élément moral
Les infractions sont, soit intentionnelles, soit non-intentionnelles.
Paragraphe 1 : Les infractions intentionnelles
Le principe est posé par le droit pénal, « il n’y a pas de crime ou de délit sans intention de le
commettre. ». Sont, plus précisément intentionnelles, tous les crimes, de nombreux délits et
certaines contraventions. L’intention ou le dol criminel constitue l’élément moral de ces
infractions.
Le caractère intentionnel de l’infraction signifie que son auteur a eu conscience d’enfreindre la loi
et a agi sciemment en vue de la réalisation de l’acte incriminé. La nature de cette intention se
déduit de la nature de l’infraction. Peu importe, en principe, les mobiles qui animent l’auteur de
l’infraction (passion, compassion pour une euthanasie, cupidité, jalousie…). Ils varient selon les
individus et les circonstances et ne sont pas, en principe, de nature à faire varier la qualification de
l’infraction. Ainsi, par exemple, l’euthanasie est, en l’état actuel des textes, un assassinat.
Parfois, cependant, le législateur prend en considération les mobiles de l’auteur. L’infraction
suppose non seulement une intention, mais encore un certain mobile précisément déterminé par
la loi. On parle alors de « dol spécial », c’est-à-dire à une volonté criminelle plus précise, qui
devient un élément de l’intention délictueuse. Le dol spécial ou spécifique a pu être défini comme
« la volonté utilisée dans le but de nuire à une valeur sociale déterminée ; le comportement de
l’agent est en réaction d’hostilité, et non de simple indifférence » (A.C. Dana). Ainsi, le Code
pénal exige parfois, en plus de la volonté de donner la mort (meurtre, assassinat), de s’approprier
la chose d’autrui (vol) ou la volonté de porter atteinte à l’honneur ou la considération d’une
personne (diffamation). De même, par exemple, les actes de vandalisme supposent, pour
emporter cette qualification, le « but de troubler gravement l’ordre public, ou la terreur. »
Paragraphe 2 : Les infractions non-intentionnelles
Entrent dans cette catégorie, les infractions d’imprudence (I) et les infractions
contraventionnelles (II).

I. Les infractions d’imprudence


Les infractions d’imprudence sont des délits et certaines contraventions. Une faute d’imprudence
ou de négligence ou encore un simple manquement à une obligation de prudence ou de sécurité
prévue par les lois ou les règlements est requis par la loi mais la loi n’exige pas que l’agent ait
voulu le résultat produit par son imprudence. Parmi les délits d’imprudence, on peut citer par
exemple l’homicide, l’atteinte à l’intégrité physique mesurée en incapacité de travail, la destruction
d’un bien par incendie.
II. Les infractions contraventionnelles
Les infractions contraventionnelles sont des infractions que la simple violation de la prescription
légale ou réglementaire suffit à constituer. Elle résulte du seul fait de la violation de la
prescription légale ou règlementaire.
Cela signifie qu’il est indifférent de savoir si l’agent a agi intentionnellement, volontairement ou
dans l’ignorance du règlement. Néanmoins, comme pour toutes les infractions, elles supposent
une volonté libre de l’auteur. Dès lors, le fait n’est plus punissable en cas de démence, de force
majeure ou d’état de nécessité.
Entrent dans cette catégorie, la plupart des contraventions et certains délits, comme les délits de
pêche, de chasse ou les infractions en matière de douanes.

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Section II : Les causes d’exonération totale ou partielle de responsabilité
La matérialité de l’infraction établie, encore faut-il que les faits puissent être imputés à l’agent
pénal. L’imputabilité suppose la capacité de comprendre et de vouloir. Or, il existe des causes
d’irresponsabilité. Certaines sont subjectives, d’autres sont objectives et enfin certaines tiennent à
l’âge du délinquant.
Paragraphe 1 : Les causes subjectives d’irresponsabilité
La non-imputabilité de l’infraction peut résulter d’un trouble psychique ou neuropsychique (I), de
la contrainte à laquelle il n’a pu résister (II) ou d’une erreur (III).
I. Le trouble psychique ou neuropsychique
La loi prévoit que « n’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment
des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle
de ses actes ». Au regard de cette disposition, il y a des controverses. En effet, l’expression «
démence », est jugée trop imprécise. C’est ainsi que dans certaine législation comme en France, la
loi impose l’existence du trouble au moment de la commission de l’infraction. Ce trouble doit
avoir fait perdre à l’agent tout discernement, tout contrôle de ses actes.
La jurisprudence décide que l’ivresse, malgré l’altération de volonté qu’elle entraîne, laisse
subsister la responsabilité pénale pour les infractions commises sous son emprise, y compris
intentionnelles. Pour expliquer cette solution, on a recours à l’idée de dol éventuel : en s’enivrant,
la personne a dû prévoir que son ivresse pourrait avoir des conséquences graves sur son
comportement et donc doit répondre des conséquences juridiques qu’elle a entraînées.
Si la personne était atteinte d’un trouble ayant simplement altéré son discernement ou entravé le
contrôle de ses actes, elle demeure responsable. Toutefois, la juridiction tient compte de cette
circonstance lorsqu’elle détermine la peine et en fixe le régime.
II. La contrainte (art. 28 CP)
Le droit pénal prend en compte certaine situation de fait indépendante de la volonté de son
auteur. En effet, un individu n’est pas pénalement responsable lorsqu’il a agi sous l’empire d’une
force ou d’une contrainte à laquelle il n’a pu résister. La contrainte doit être irrésistible. Elle ne
doit pas avoir une cause fautive : celui qui commet des infractions au Code de la route parce qu’il
est sous l’empire d’un état alcoolique ne peut invoquer la contrainte.
La contrainte peut être :
- physique : l’auteur est privé de toute capacité de résister physiquement ;
- externe, tel le fait de la Nature (tempête) ou le fait d’un tiers ;
- interne, telle la fatigue ou la maladie.
La contrainte peut aussi être morale : l’auteur a perdu toute liberté de décision parce qu’il était
menacé par un tiers ou parce qu’il a agi sous l’emprise d’un état maladif ou passionnel. La
jurisprudence fait cependant preuve de sévérité dans l’appréciation de la contrainte.
III. L’erreur
Bien que « Nul n’est censé ignorer la loi », le CP permet à l’agent d’invoquer son ignorance de la
loi, notamment dans l’hypothèse d’un renseignement erroné donné par l’autorité administrative.
De ce fait, une personne n’est pas pénalement responsable lorsqu’elle justifie avoir cru, par une
erreur sur le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter, et pouvoir légitimement accomplir l’acte.
Ainsi, dans un arrêt du 24 nov. 1998, la Chambre criminelle a considéré que l’erreur de droit
pouvait résulter d’une information erronée fournie par l’Administration (J.C.P. 1999-II-10208).
Paragraphe 2 : Les causes objectives d’irresponsabilité
Les faits justificatifs sont des circonstances extérieures à l’agent qui font disparaître l’élément
moral de l’acte accompli. Il en existe 4 : l’autorisation de la loi et le commandement de l’autorité
légitime (I), la légitime défense (II), l’état de nécessité (III) et dans une certaine mesure seulement,
le consentement de la victime (IV).
I. - L’autorisation de la loi et le commandement de l’autorité légitime
L’acte accompli peut être autorisé par la loi ou les règlements. Selon le code, une personne n’est
pas pénalement responsable du fait qu’elle accomplit un acte prescrit ou autorisé par les

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dispositions législatives ou réglementaires. Ainsi, celui qui viole le secret professionnel dans les
cas où la loi l’impose ou l’autorise n’est pas coupable. L’acte accompli peut résulter de l’exécution
d’un ordre. L’ordre doit émaner d’une autorité légitime, c’est-à-dire une autorité publique, civile
ou militaire, légalement instituée au regard des textes en vigueur. Cependant, celui qui reçoit
l’ordre ne doit pas demeurer complètement passif : il ne doit pas exécuter un ordre
manifestement illégal.
En effet, une personne n’est pas pénalement responsable lorsqu’elle accomplit un acte
commandé par l’autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal. Reste à déterminer ce
qu’est un ordre manifestement illégal. Il pourra s’agir de porter atteinte à la vie d’une personne ou
à son intégrité corporelle ou de la soumettre à la torture.
II. - La légitime défense
Lorsqu’il y a légitime défense, la personne n’est pas pénalement responsable. Sa responsabilité
civile ne peut pas non plus être recherchée. La légitime consiste à commettre une infraction pour
se défendre. La loi présume parfois la légitime défense. En effet, l’art. 217 CP précise qu’une
personne est présumée avoir agi en état de légitime défense, lorsqu’il accomplit un acte pour
repousser de nuit, l’entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ou lorsqu’elle se
défend contre les auteurs de vols ou de pillage exécutés avec violence.
La présomption n’est pas absolue, elle peut être combattue par la preuve contraire. La
jurisprudence l’a précisé par un arrêt du 19 fév. 1959 : « La présomption légale de l’art. 329
(Ancien Code pénal français), loin de présenter un caractère absolu et irréfragable, est susceptible
de céder devant la preuve contraire » (D. 1959-161).
La loi a fait une distinction entre la défense des personnes et celle des biens.
A. La défense des personnes
S’agissant de la défense des personnes, une personne n’est responsable même devant une atteinte
injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la
nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les
moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte. Trois conditions doivent donc être réunies
pour invoquer la légitime défense :
- l’attaque doit être injuste. Ainsi, celui qui attaquerait un policier procédant à son arrestation ne
peut invoquer la légitime défense même si le policier a agi de manière illégale ;
- l’attaque doit être actuelle ou imminente. L’urgence commande un acte immédiat, « dans le
même temps ». Si l’attaque est passée, il n’y a plus légitime défense mais vengeance. Si l’attaque
est futur, la défense n’est pas nécessaire ;
- la défense doit être proportionnée à la gravité de l’attaque.
B. La défense des biens
S’agissant de la défense des biens, une personne n’est pas pénalement responsable dès lors que,
pour interrompre l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien, accomplit un acte de
défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but
poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l’infraction. Trois
conditions doivent donc être réunies pour invoquer la légitime défense :
- l’attaque doit consister en un crime ou un délit contre un bien (et non une simple
contravention) ;
- la défense doit être nécessaire et immédiate pour interrompre l’attaque ;
- la défense doit être proportionnée aux infractions contre les biens. Aucune atteinte à un bien,
aussi grave soit-elle, ne saurait justifier un homicide.
III. L’état de nécessité
La responsabilité d’une personne n’est pas retenue lorsqu’elle fait face à un danger (actuel ou
imminent) qui menace sa personne ou autrui ou un bien, a accompli un acte nécessaire à la
sauvegarde de la personne ou du bien. L’agent est confronté à un danger actuel et imminent et
deux alternatives s’offrent à lui : soit subir le dommage, soit commettre l’infraction. Entre deux
maux, la loi permet de choisir le moindre. (ex. : se déporter sur la gauche pour éviter la collision

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avec des cyclistes, saccager une habitation pour permettre d’éteindre l’incendie qui menace de se
propager, etc…)
Quatre conditions doivent être réunies pour pouvoir invoquer l’état de nécessité :
- l’infraction doit être le seul moyen d’éviter le dommage ;
- l’infraction doit être proportionnée au danger encouru ;
- l’intérêt à sauvegarder doit être supérieur à l’intérêt sacrifié ;
- la situation de l’état de nécessité ne doit pas résulter d’une faute.
IV. Le consentement de la victime
Le consentement de la victime n’a pas été prévu par la loi. Cependant, certaines infractions
supposent, pour être constituées, de prendre en compte l’existence ou non du consentement de la
victime. Ainsi, l’infraction n’est pas constituée, si la victime est consentante, notamment dans les
hypothèses suivantes :
- si une personne donne volontairement un bien à une autre, il n’y a pas vol ou abus de confiance;
- si une personne accepte des relations sexuelles avec une autre, il n’y a pas viol ;
- si un patient accepte une intervention chirurgicale nécessaire, il n’y a pas d’atteinte à son
intégrité physique ;
- si une personne accepte de participer, en connaissance de cause, à un sport violent, il n’y a pas
de coups volontaires si les règles du jeu sont respectées.
Dans ces hypothèses, le consentement de la victime doit être antérieur ou concomitant à
l’infraction et donné en toute liberté et en connaissance de cause. Cependant, la loi refuse de
prendre en compte le consentement de la victime dans le cas de l’euthanasie ou du duel qui sont
qualifié d’assassinats. L’idée est que la loi pénale est d’ordre public et une personne privée ne peut
pas renoncer à son application.
Section III : Les causes d’irresponsabilité tenant à l’âge
La vieillesse n’est pas une cause d’irresponsabilité pénale, à moins qu’elle n’ait provoqué une
démence sénile. Le droit pénal considère comme majeur, dont comme pleinement responsable,
toute personne âgée de plus de 18 ans au moment des faits. Aucune disposition particulière ne
vise les jeunes adultes, en particulier ceux de 18 à 21 ans.
Le mineur de moins de 13 ans ne peut être condamné à aucune sanction pénale. Il bénéficie
d’une présomption d’irresponsabilité absolue. Même en cas de contravention, il ne peut faire
l’objet que d’une admonestation (réprimande) de la part du tribunal de police. Néanmoins, s’il a
agi avec un discernement suffisant, le juge peut lui imposer des mesures de protection,
d’assistance, de surveillance et d’éducation dans les conditions prévues par la loi.
Le mineur de 13 à 16 ans n’est, en principe, soumis qu’à des mesures éducatives. Néanmoins,
exceptionnellement, il peut se voir infliger une condamnation pénale. Cependant la peine
encourue est nécessairement réduite de moitié car le mineur bénéficie d’une excuse atténuante de
minorité. Si la peine encourue est perpétuelle, elle est remplacée par un emprisonnement de 20
ans.
Le mineur de 16 à 18 ans bénéficie aussi des mesures de protection prévues pour les mineurs de
moins de 16 ans. Cependant, le bénéfice de l’excuse de minorité peut lui être refusé par une
décision spécialement motivée. Il sera alors condamné comme un majeur.

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Deuxième partie : L’AGENT PENAL

Depuis l’entrée en vigueur en 1961 le Code pénal malien, une seule catégorie d’agent pénal est
poursuivie : les personnes physiques (chapitre 1). Le législateur n’incrimine pas les personnes
morales plutôt les personnes physiques qui agissent à leur compte (chapitre 2) 3.

Chapitre 1 : LA PERSONNE PHYSIQUE

La personne physique peut être l’auteur matériel de l’infraction (section 1), le coauteur (section 2),
ou le complice (section 3).
Section 1 : La personne physique auteur de l’infraction
Le CP retient comme auteur d’une infraction, toute personne qui commet les faits incriminés (art.
3). L’auteur est donc celui qui a matériellement accompli les faits incriminés. Ainsi, une personne
est responsable que de son propre fait. La responsabilité pénale collective n’est pas concevable.
Dans notre système juridique se référant à la tradition civiliste du droit, le principe de
l’individualité est retenu en matière pénale. Une personne est responsable que de son propre acte.
Aussi, un auteur ayant commis plusieurs actes, un seul chef d’acquisition sera retenu contre avec
néanmoins des sanctions dissuasives. C’est le principe de l’unicité de la peine contrairement en
matière civile.
Section 2 : Le coauteur d’une infraction
Le coauteur est d’abord un auteur et est puni en tant que tel. Mais la pluralité d’auteurs est parfois
un élément constitutif de l’infraction. Certaines infractions supposent en effet un groupement :
par ex. les groupements en vue de préparer des crimes contre l’humanité (art. 29 CP), les attentats
contre les institutions ou l’intégrité nationale (art. 24 CP).
Elle est parfois purement fortuite : plusieurs personnes commettent ensemble une infraction qui
aurait pu l’être seul. Chacun est auteur s’il remplit, par son activité personnelle, les conditions de
l’infraction. Parfois, la jurisprudence traite certains complices comme des auteurs à part entière.
Ainsi, pour retenir la circonstance aggravante de réunion (vol commis à deux ou plusieurs), le CP
considère que celui qui fait le guet est un coauteur. De même, pour retenir la qualification de
parricide, la jurisprudence a retenu la qualification de coauteur à l’égard de celui qui n’était en
réalité que complice.
Le coauteur est un auteur à part entière. Sa responsabilité pénale est personnelle et ne dépend pas
de celles des autres coauteurs. Il peut être poursuivi seul.

Section 3 : Le complice d’une infraction


Pour être complice, il faut la réunion de trois éléments :
- Un fait principal punissable : ainsi la complicité de suicide n’est pas punissable car le
suicide n’est pas une infraction. C’est la raison pour laquelle certaine législation
notamment la France qui a créé de nouvelles infractions (ex. : délit de provocation au
suicide, art. 223-4 CPF) Il n’est pas, en revanche, nécessaire que l’auteur du fait punissable
ait été effectivement puni. Il suffit que le fait commis soit punissable.
- Un acte matériel de complicité : l’art. 24 CP prévoit deux catégories d’actes de complicité
: l’aide ou l’assistance et l’instigation. En effet, celui qui, par don, promesse, menace, abus
d’autorité ou de pouvoir aura provoqué une infraction ou donné des instructions pour la
commettre est complice de cette infraction. L’investigateur est traité comme un complice
et non comme l’auteur de l’infraction. Encore faut-il que la provocation ait été directe et
suivie d’effet, faute de quoi, elle ne sera pas punissable.
3 Avec l’adoption de la loi sur la cybercriminalité, les personnes morales ne sont pas épargnées. De même la loi de
2016 sur la concurrence, incrimine les pratiques anticoncurrentielles dont les personnes morales peuvent subir des
sanctions de nature pénale.

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- Une intention de complicité : le complice doit agir en connaissance de cause, c’est-à-dire
en connaissance de l’accomplissement par l’auteur du fait principal punissable.
Le complice est assimilé par le Code pénal à l’auteur principal du point de vue de la répression.
L’article 24 indique que toute personne complice d’une infraction sera punie. Les peines
encourues par l’auteur et le complice sont donc les mêmes. La complicité de crime et de délit est
toujours punissable.
Il est pourtant parfois nécessaire de distinguer le complice de l’auteur. Ainsi, s’agissant des
contraventions, seule la complicité par instigation est punissable et non la complicité par
assistance. De plus, la condamnation de la complicité suppose la constatation d’une infraction
principale punissable (il n’y a pas de complicité de suicide). C’est la raison pour laquelle, devant la
Cour d’assises, la question de la culpabilité est posée différemment.

Chapitre 2 : LES MANDATAIRES DES PERSONNES MORALES

Le droit pénal malien n’incrimine pas les personnes morales. A ce jour aucune disposition n’est
encore prévue par le droit positif malien pour sanctionner pénalement les personnes morales.
Celles-ci peuvent seulement engager leur responsabilité civile ou fiscale.
Le CP retient toujours l’irresponsabilité pénale des personnes morales. Pourtant, c’est la même
solution retenue par le droit communautaire OHADA où les personnes morales sont exemptes
de poursuite pénale. Le principe de l’irresponsabilité des personnes morales a néanmoins obligé le
législateur à faire plus de flexibilité pour se pencher sur la théorie de la réalité qui met en exergue
le rôle des organes sociaux des personnes morales. Celles-ci sont responsables civilement, ne
peuvent pas l’être pénalement aux motifs principaux que la peine ne peut pas remplir ses
fonctions et que la personne morale est dépourvue de volonté propre, l’infraction supposant
toujours l’intervention d’une personne physique.
De ce fait, le CP révisé en 2001 admet la responsabilité pénale des mandataires des personnes
morales. En effet, les mandataires sont supposés représenter la personne morale et par
conséquent ils répondront des infractions commises au cours de leur mission. Ces infractions
sont visées par les textes (section 1) qui déterminent le régime de responsabilité (section 2).
Section I : Les infractions visées

Les personnes morales sont représentées par des mandataires qui sont investis des pouvoirs pour
assurer leur fonctionnement. Dans le cadre de leur exercice ils doivent agir conformément aux
pouvoirs qui leur ont été conférés et respecter les dispositions légales et statutaires. Cependant, il
arrive que les mandataires dérogent à ces obligations. C’est pourquoi, la loi a prévu des
infractions auxquelles ils peuvent être soumis. Cela signifie que les mandataires des personnes
morales peuvent être poursuivis pénalement. Il ressort de l’étude du CP que de nombreux textes
prévoient la responsabilité des mandataires des personnes morales.
Au regard du CP, toute personne dépositaire de l’autorité publique, investie d’un mandat électif
au compte d’une personne morale peut engager sa responsabilité pénale. Il en est de même pour
une personne exerçant des fonctions de représentant, administrateur ou agent de l’Etat ou d’une
collectivité publique, d’une personne morale de droit privé peut engager sa responsabilité pénale
pour délit de favoritisme (art. 112). Conformément à l’art. 291, les mandataires peuvent être punis
d’un emprisonnement de 2 mois à 2 ans et d’une de 100.000 FCFA à 5.000.000 FCFA lorsqu’ils
ont consenti à autrui un prêt usuraire (art. 289).
Par ailleurs, en application des dispositions pénales du droit OHADA, les dirigeants des
entreprises sont exposés à des séries d’infractions. Il en est ainsi de l’abus de biens sociaux, de la
banqueroute, du délit d’initié, de la fraude fiscale et autres infractions d’affaires.
Section II : Le régime de responsabilité applicable
Ce régime varie en fonction de l’infraction. Les personnes physiques agissant au compte des
personnes morales de droit public sont en général soumises au droit commun notamment le CP.

Cours Droit Pénal Général, Semestre 3, FDPU, 2022-2023 18


Celui-ci prévoit ainsi des incriminations qui peuvent être commises par les agents de l’Etat ou des
collectivités territoriales. Ces personnes peuvent ainsi être poursuivies pour avoir commis des
infractions.
S’agissant des personnes physiques des personnes morales de droit privé, elles sont susceptibles
d’être pénalement poursuivies si le siège social de l’entreprise est situé au Mali. Ces personnes
sont plutôt soumises à un régime particulier. Il s’agit notamment des incriminations issues du
droit OHADA.
La responsabilité pénale des mandataires suppose la réunion de deux conditions :
- L’infraction ne doit être commise pour le compte de la personne morale. Elle doit être
accompli pour le compte du dirigeant ou d’une autre personne ;
- L’infraction doit être commise par les organes ou par les représentants de la personne
morale. Ne sont pas inclus les salariés ou les préposés. La responsabilité pénale des
dirigeants ne semble pas pouvoir être engagée par l’action d’un simple dirigeant de fait.
Celui-ci peut aussi engager sa responsabilité pénale (AUPCAP).
Concernant la poursuite des dirigeants, elle est prise contre le représentant légal de la personne
morale. A défaut, les actionnaires de l’entreprise peuvent déclencher la poursuite.

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Troisième partie : LA SANCTION PENALE

Nous verrons le prononcé de la sanction (chapitre premier) puis l’exécution de la sanction


(chapitre II).
Chapitre I : LE PRONONCE DE LA SANCTION PENALE

La sanction pénale a plusieurs fonctions. On peut en distinguer principalement 3 :


- la prévention : les peines doivent être de nature à dissuader le passage à l’acte ;
- la répression : les peines ont pour fonction de punir la faute commise ;
- la réinsertion : les peines doivent aussi avoir pour fonction de réadapter l’agent à la vie
sociale.
Nous envisagerons les différentes peines existantes (Section 1) avant d’étudier les règles
concernant la détermination du quantum de la peine (Section 2).
Section I : Les différentes sanctions pénales
Depuis le nouveau Code pénal entré en vigueur en 2001, il faut distinguer les peines encourues
par les personnes physiques du droit commun (P1) de celles encourues dans le cadre du droit
pénal des affaires par les personnes mandatés au compte des personnes morales (P2).
Paragraphe 1 : Les peines encourues par les personnes physiques
La gravité des peines dépend de la gravité de l’infraction. Par ordre de gravité décroissante, on
envisagera les peines criminelles (I), les peines correctionnelles (II) et les peines
contraventionnelles (III).
I. Les peines criminelles
Les peines criminelles sont la réclusion criminelle pour les infractions de droit commun (art. 4), la
détention criminelle pour les infractions politiques. Les maximums prévus pour les crimes varient
en fonction de leur gravité. La peine de mort est rarement prononcée depuis quelques tentatives
de d’abolition (art. 11). Au-delà, le CP prévoit 4 échelles différentes de la réclusion ou détention :
- à perpétuité
- 20 ans au plus
En tout état de cause, la durée de la réclusion est de 5 ans au moins (en cas de peine inférieure, il
s’agit d’une peine d’emprisonnement).
A cette peine, peut s’ajouter, si le texte le prévoit, une peine d’amende ainsi qu’une ou plusieurs
peines complémentaires (la plupart privatives ou restrictives de droits : la perte des droits
civiques, civils et de famille jusqu’à 10 ans, interdiction de séjour jusqu’à 10 ans art.9.) Si le texte
le prévoit, la réclusion criminelle à perpétuité ou à temps peut comporter une période de sûreté.
II. Les peines correctionnelles
Les peines correctionnelles sont communes aux délits de droit commun et aux délits politiques.
L’art. 7 prévoit que les peines correctionnelles encourues sont :
- l’emprisonnement ;
- l’amende ;
- le travail d’intérêt général
Le minimum de l’amende correctionnelle encourue est fixé à 20.000 FCFA. Il n’y a pas de
maximum en général des peines d’amende correctionnelle mais il y a toujours un maximum prévu
dans le texte incriminateur.
III. Les peines contraventionnelles (art. 10)
Les peines contraventionnelles sont :
- L’emprisonnement de un à dix jours exclusivement ;
- l’amende de 300 à 18.000 FCFA.
La confiscation pourra être retenue comme une peine complémentaire. En plus, cette catégorie
d’infraction est le plus souvent sanctionnée par une contravention.
A ces peines, peuvent s’ajouter des peines complémentaires si elles sont prévues par le texte qui
réprime la contravention.

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Paragraphe 2 : Les peines encourues par les mandataires sociaux
Ces peines sont de deux catégories : les peines criminelles et correctionnelles (I) et les peines
contraventionnelles (II).
I. Les peines criminelles et correctionnelles
Le droit OHADA prévoit les peines criminelles ou correctionnelles encourues par les
mandataires des personnes morales. Il s’agit :
- l’amende dont le taux est prévu par chaque Etat membre ;
- dans les cas prévus par la loi, les peines restrictives ou privatives de droit prévues par les
différents actes uniformes ;
- la faillite personnelle ;
- l’interdiction d’exercer une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales.
.II. Les peines contraventionnelles
Dans le cadre des incriminations d’affaires, chaque législation doit prévoir des sanctions pénales.
C’est ainsi que la législation malienne à travers le code du commerce dans ses dispositions pénales
prévoit des sanctions pénales aux différentes infractions prévues par les actes uniformes. L’art.
423 prévoit une peine de 2 à 6 mois ou d’une amende de 50.000 à 5.000.000 FCFA les
mandataires d’une SARL qui auront émis pour le compte de la société des valeurs immobilières
quelconques. Les mandataires peuvent être sanctionnés d’une peine de 1 à 5 ans et d’une amende
de 100.000 à 2.500.000 FCFA lorsqu’ils auront frauduleusement attribué à un apport en nature
des parts sociales supérieures à sa valeur réelle ou lorsqu’il la répartition de dividende fictif (art.
425). C’est la même sanction qui est prévue dans une SA lorsque le mandataire fait une évaluation
supérieure à la valeur réelle d’un apport en nature (art. 433). Ainsi les sanctions varient en
fonction des infractions et chaque forme sociale prévue par l’AU dispose d’une sanction type.
Section II : Le quantum de la peine
Le quantum de la peine est susceptible de varier si le délinquant a commis plusieurs infractions
(P.1) ou s’il a un passé pénal (P.2).
Paragraphe 1 : La pluralité d’infraction
Il y a concours d’infractions lorsqu’une infraction est commise par une personne avant que celle-
ci ait été définitivement condamnée pour une autre infraction :
- si les infractions font l’objet d’une poursuite unique : une seule peine sera prononcée
dans la limite du maximum légal le plus élevé si les peines encourues sont de même nature. Si les
peines encourues sont de nature différente, chacune des peines peut être prononcée ;
- si les infractions font l’objet de poursuites séparées : les peines prononcées se cumulent
mais ce cumul est plafonné à hauteur du maximum le plus élevé et le juge peut ordonner leur
confusion totale ou partielle.
Par dérogation à cette règle, les peines d’amende pour contraventions se cumulent entre elles. Le
juge peut donc prononcer autant d’amende qu’il y a de contraventions, qui peuvent elle-même se
cumuler avec les peines d’un crime ou d’un délit.
Paragraphe 2 : Le passé pénal du délinquant
Le calcul de la peine prononcée par le juge, qui ne peut dépasser le maximum prévu par le texte,
dépendra beaucoup du passé pénal du délinquant. Le quantum de la peine encourue pourra être
plus élevé en cas de récidive. Il s’agit de l’état dans lequel se trouve une personne qui, après avoir
été condamnée pour une première infraction, en commet une nouvelle. Dans les conditions
définies par la loi, la récidive a pour effet de porter au double, voire à la perpétuité, le maximum
des peines encourues (réclusion, emprisonnement, amende).

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Chapitre 2 : L’EXECUTION DE LA SANCTION PENALE
Le juge prononce la peine de son choix mais seulement dans le cadre de la peine encourue. Il
peut prononcer la totalité des peines encourues ou prononcer une seule peine. Il ne peut pas
dépasser le maximum prévu par le texte mais il peut l’abaisser jusqu’au minimum d’existence de la
peine. Cette faculté est discrétionnaire : le juge n’a pas à motiver sa décision.
Le juge peut même décider d’accorder une dispense de peine ou d’ajourner son prononcé en
matière correctionnelle ou contraventionnelle malgré la déclaration de culpabilité de la personne.
Trois conditions pour la dispense de peine doivent être réunies : le reclassement du coupable doit
être acquis, le dommage réparé et le trouble résultant de l’infraction doit avoir cessé. Pour
l’ajournement, ces trois conditions doivent être en voie d’être réunies. La décision d’accorder une
dispense ou un ajournement de la peine relève du pouvoir discrétionnaire du juge.
Le juge peut aussi assortir l’exécution de la décision d’un sursis (Section 1) ou prévoir que
l’exécution de la peine s’effectuera selon certaines modalités (Section 2).
Section I : Le sursis à l’exécution de la peine
Le juge peut décider qu’il sera sursis à l’exécution de la peine. Il le fera en fonction de l’infraction
commise et selon le passé pénal du délinquant. Le juge doit avertir l’intéressé des effets de la
mesure dont il bénéficie. Le sursis, sauf révocation avant terme, rendra la condamnation non
avenue (art. 19 CP). Trois sortes de sursis existent : le sursis simple (P.1) et le sursis avec mise à
l’épreuve (P.2) et le sursis assorti de l’obligation d’accomplir un travail d’intérêt général (P.3).
Paragraphe 1 : Le sursis simple
Le sursis peut s’appliquer totalement ou partiellement à la peine prononcée (art. 19). Deux
conditions doivent être réunies pour prononcer le sursis :
- concernant le passé pénal du délinquant : il ne doit pas avoir été condamné au cours des 5 ans
précédant les faits à une peine d’emprisonnement ou de réclusion pour crime ou délit de droit
commun ;
- concernant la peine à assortir du sursis : l’emprisonnement jusqu’à 5 ans, la peine d’amende, la
peine de jour-amende, certaines peines restrictives ou privatives de droit et certaines peines
complémentaires. Les peines de réclusion criminelle ne peuvent être assorties du sursis. Peu
importe en revanche l’infraction commise. Le sursis peut assortir une peine d’emprisonnement
prononcée pour un crime.
Si le condamné ne commet pas d’autres infractions dans le délai de 5 ans (2 ans pour les
contraventions), il n’exécutera jamais sa peine. Si le condamné récidive, le sursis sera révoqué et
s’ajoutera à la deuxième peine. Par décision spéciale et motivée, le tribunal pourra dispenser
l’auteur de la révocation totale ou partielle du ou des sursis antérieurs. Une peine
d’emprisonnement avec sursis ne peut être révoquée que par une peine d’emprisonnement ferme.
Paragraphe 2 : Le sursis avec mise à l’épreuve (ou sursis probation)
Concernant les conditions du sursis avec mise à l’épreuve :
- il peut être prononcé quel que soit le passé pénal du condamné.
- il ne peut être assorti qu’à une peine d’emprisonnement de 5 ans maximum.
Le condamné à un sursis avec mise à l’épreuve doit se soumettre à diverses obligations comme
celle de travailler, de suivre une formation professionnelle, de rembourser la victime (art. 20). Les
obligations peuvent faire l’objet d’une modification pendant la période de probation. Il peut faire
l’objet de mesures de surveillance et doit répondre aux convocations, recevoir les visites des
délégués à la probation et justifier de ses revenus. Le suivi du sursitaire est assuré par le Comité
de probation et d’assistance aux libérés (CPAL). Ce comité apporte également une aide matérielle
et morale au condamné.
Le délai de mise à l’épreuve est fixé par le tribunal entre 18 mois et 3 ans. Si le condamné se
soumet aux obligations du sursis et ne récidive pas, sa peine sera considérée comme non avenue
même s’il y a eu un emprisonnement partiel. Le tribunal peut admettre une cessation anticipée de
la mise à l’épreuve. Si le condamné récidive, le sursis sera révoqué partiellement ou totalement, ou
le délai d’épreuve prolongé.

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Paragraphe 3 : Le sursis assorti de l’obligation d’accomplir un travail d’intérêt général
La juridiction peut, dans les conditions et selon les modalités prévues pour le sursis avec mise à
l’épreuve, prévoir que le condamné accomplira, pour une durée de 40 à 240 heures, un travail
d’intérêt général au profit d’une personne morale de droit public ou d’une association habilitée à
mettre en œuvre des travaux d’intérêt général. Un examen médicalement devra être subi pour
vérifier que le condamné n’est pas atteint d’une affection dangereuse pour les autres travailleurs et
s’assurer qu’il est médicalement apte au travail auquel il est envisagé de l’affecter.
Le prononcé de ce type de sursis suppose, sinon l’accord du condamné, du moins sa non-
opposition. Ce sursis assorti de l’obligation d’accomplir un travail d’intérêt général ne peut être
prononcé que si le condamné est présent. Le condamné doit également satisfaire aux mesures de
contrôle qui sont ordonnées.
Section II : Les modes d’exécution de la peine
Lors du prononcé, le juge peut aménager ses modes d’exécution (P.1). Une fois prononcée, la
peine peut, à nouveau connaître des aménagements destinés à préparer la réinsertion sociale du
condamné (P.2).

Paragraphe 1 : L’aménagement de la peine lors de son prononcé


Le juge peut personnaliser les peines. Il peut ainsi décider :
- que la peine d’emprisonnement prononcée sera exécutée sous le régime de la semi-liberté, à
condition que la peine ne soit pas supérieure à 1 an et que le condamné puisse justifier d’une
activité professionnelle ou de son assiduité à un enseignement ou une formation professionnelle,
de sa participation essentielle à la vie de sa vie de famille ou de la nécessité de subir un traitement
médical (art. 31) ;
- que les peines d’emprisonnement d’une durée inférieure ou égale à un an, d’amende, de jour
d’amende ou de suspension de permis de conduire seront, pour des motifs graves d’ordre
médical, professionnel ou social- exécutées par fraction. La juridiction peut étaler sur une durée
de 3 ans l’exécution de la peine pour que celle-ci se morcelle.
Le juge peut aussi décider d’assortir toute peine privative de liberté d’une durée supérieure à 5 ans
non assortie du sursis, quelle que soit l’infraction commise, d’une peine de sûreté (période
pendant laquelle le condamné ne peut bénéficier des mesures du régime ouvert) dans la limite des
deux tiers de la peine prononcée ou 22 ans en cas de condamnation à la réclusion criminelle à
perpétuité (art. 132-23 C. pén.)
Paragraphe 2 : L’aménagement de la peine en vue de la réinsertion sociale du condamné
La matière a fait l’objet d’une récente réforme renforçant la protection de la présomption
d’innocence et les droits de la victime.
S’agissant de l’aménagement de la peine, les changements les plus importants tiennent à la «
juridictionnalisation » de l’application des peines. Il faut faire dorénavant une distinction entre les
mesures juridictionnalisées et les autres.
A. Les mesures non juridictionnalisées
Ne sont pas juridictionnalisées, les mesures d’administration judiciaire qui concernent les
réductions de peines, les autorisations de sortie sous escorte et les permissions de sortir. Elle
relève de la compétence du juge de l’application des peines qui détermine les modalités de
traitement pénitentiaire de chaque condamné à une peine privative de liberté. Ce magistrat est
assisté d’un comité de probation et d’assistance aux libérés.
B. Les mesures juridictionnalisées
Sont juridictionnalisées, les mesures de placement à l’extérieur, de semi-liberté, de fractionnement
et de suspension des peines et les libérations conditionnelles. Ces mesures de réinsertion sociale
sont destinées à permettre le reclassement du détenu à sa sortie de prison (art. 14). Elles peuvent
bénéficier aux détenus qu’à l’issue de la période de sûreté, s’il en a été prononcé une.
Dorénavant, ces mesures devront être prises après un débat contradictoire tenu en chambre du
conseil et au cours duquel le condamné pourra être assisté d’un avocat. Elles devront être

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motivées et seront susceptibles d’appel devant la Chambre des appels correctionnels. L’appel du
parquet, s’il est formé dans les 24 heures, suspendra l’exécution de la décision.
Ces mesures ont des finalités diverses :
- les réductions de peine : Elles sont accordées en fonction de la conduite du détenu, de sa
réussite à des examens ;
- Les permissions de sortir : Elles sont utiles pour réadapter progressivement le détenu à sa future
sortie ;
- Le placement à l’extérieur : Pendant la période de détention, certains condamnés peuvent
travailler à l’extérieur sous la surveillance du personnel pénitentiaire ;
- La semi-liberté : Pendant la journée, le condamné travaille, suit un enseignement, reçoit une
formation professionnelle ou subit un traitement médical. Le soir, il retourne en prison et y passe
la nuit. Le juge peut révoquer la semi-liberté en cas de nouvelle infraction ou de mauvaise
conduite du condamné ;
- Le libération conditionnelle : La mesure de libération conditionnelle suspend la peine
d’emprisonnement. Elle intervient lorsque le condamné a déjà exécuté une partie de sa peine.
Cette mesure peut être prononcée par le juge si la peine est inférieure ou égale à 10 ans, ainsi
qu’aux peines dont la durée restant à subir est inférieure à 3 ans.
Dans les autres cas (peines criminelles de plus de 10 ans, sauf pendant les 3 dernières années), ont
été instituées :
- des juridictions régionales de libération conditionnelle, compétente en premier ressort dans
chaque cour d’appel ;
- une juridiction nationale de la libération conditionnelle, compétente en appel composée de
conseillers à la Cour de cassation ;
- Le Ministre de la Justice a perdu toute prérogative en matière de liberté conditionnelle.
La libération conditionnelle est assortie d’un délai d’épreuve et d’obligations particulières. Elle
peut être révoquée en cas de nouvelle infraction, d’inobservation des obligations ou inconduite.

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