TSQ 3è - La Peur Du Chasseur
TSQ 3è - La Peur Du Chasseur
TSQ 3è - La Peur Du Chasseur
Tourgueneff chassait, étant jeune homme, dans une forêt de Russie. Il avait marché tout le jour et il arriva,
vers la fin de l’après-midi, sur le bord d’une calme rivière. Elle coulait sous les arbres, dans les arbres, pleine
d’herbes flottantes, profonde, froide et claire. Un besoin impérieux saisit le chasseur de se jeter dans cette
eau transparente. Il se dévêtit et s’élança dans le courant. C’était un très grand et très fort garçon, vigoureux
et hardi nageur. Il se laissait flotter doucement, l’âme tranquille, frôlé par les herbes et les racines, heureux
de sentir contre sa chair le glissement léger des lianes.
Tout à coup une main se posa sur son épaule. Il se retourna d’une secousse et il aperçut un être effroyable
qui le regardait avidement. Cela ressemblait à une femme ou à une guenon. Elle avait une figure énorme,
plissée, grimaçante et qui riait. Deux choses innommables, deux mamelles sans doute, flottaient devant elle,
et des cheveux démesurés, mêlés, roussis par le soleil, entouraient son visage et flottaient sur son dos.
Tourgueneff se sentit traversé par la peur hideuse, la peur glaciale des choses surnaturelles. Sans réfléchir,
sans songer, sans comprendre, il se mit à nager éperdument vers la rive. Mais le monstre nageait plus vite
encore et il lui touchait le cou, le dos, les jambes, avec de petits ricanements de joie. Le jeune homme, fou
d’épouvante, toucha la berge, enfin, et s’élança de toute sa vitesse à travers le bois, sans même penser à
retrouver ses habits et son fusil. L’être effroyable le suivit, courant aussi vite que lui et grognant toujours.
Le fuyard, à bout de forces et perclus par la terreur, allait tomber, quand un enfant qui gardait des chèvres
accourut, armé d’un fouet ; il se mit à frapper l’affreuse bête humaine, qui se sauva en poussant des cris de
douleur. Et Tourgueneff la vit disparaître dans le feuillage, pareille à une femelle de gorille.
C’était une folle, qui vivait depuis plus de trente ans dans ce bois, de la charité des bergers, et qui passait la
moitié de ses jours à nager dans la rivière. Le grand écrivain russe ajouta : « Je n’ai jamais eu si peur de ma
vie, parce que je n’ai pas compris ce que pouvait être ce monstre.» Oui, on n’a peur que de ce qu’on ne
comprend pas. On n’éprouve vraiment l’affreuse convulsion de l’âme, qui s’appelle l’épouvante, que lorsque
se mêle à la peur un peu de la terreur superstitieuse des siècles passés.
Guy de Maupassant
Questions
I° Compréhension
1) Donnez un titre au texte. (1pt)
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2) Relevez deux détails qui soulignent que Tourgueneff était content dans la rivière. (2pts)
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II° Vocabulaire
3) Quel est le sens de l’expression « perclus par la terreur» ? (1pt)
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4) Trouvez un verbe formé à partir de chacun des mots suivants :
« profonde », « froide », « claire ». (1,5pts)
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5) « Il se dévêtit et s’élança dans le courant. » Réécrivez la phrase en remplaçant chaque verbe par
son synonyme. (1pt)
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6) Trouvez deux homonymes de « chair » puis employez-les dans des phrases. (2pts)
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7) Décomposez le mot « innommables ». (1pt)
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III° Grammaire et maniement de la langue
8) Donnez la nature et la fonction des mots soulignés dans le texte. (3pts)
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9) « Le jeune homme, fou d’épouvante, toucha la berge. » Mettez à la voix inverse. (1,5pts)
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10) « C’était une folle qui vivait depuis plus de trente ans dans ce bois. » Reprenez en remplaçant le
groupe nominal souligné par un pronom dont vous préciserez la fonction. (1pt)
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11) « Tourgueneff chassait, étant jeune homme, dans une forêt de Russie. » Transformez la phrase
en remplaçant le groupe de mots souligné par une proposition dont vous préciserez la nature. (1pt)
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12) Le grand écrivain russe ajouta : « Je n’ai jamais eu si peur de ma vie. » Mettez ce passage au
discours indirect puis faites l’analyse logique de la phrase ainsi obtenue. (2pts)
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13) « Il se retourna d’une secousse et il aperçut un être effroyable.» Conjuguez au futur simple
puis au passé antérieur du mode indicatif. (2pts)
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