Livre Révolutions PDF Web
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de la recherche
sur le cancer
N O U VE LLE É D IT ION
Les révolutions
de la recherche
sur le cancer
N O U V EL L E É D I T I ON
SO M M AI R E
4 AVANT-PROPOS DE DOMINIQUE BAZY,
Président de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer
13 Défi 1
La prévention se réinvente
29 Défi 2
Les nouveaux outils du diagnostic précoce
45 Défi 3
Âge et cancer : mieux comprendre une relation ambiguë
63 Défi 4
Des traitements de plus en plus variés et ciblés
83 Défi 5
Vaincre les résistances aux traitements
94 LES PATIENTS ONT LEUR PLACE DANS LA RECHERCHE SUR LE CANCER
99 Défi 6
L’après-cancer, partie intégrante de la lutte contre le cancer
113 ANNEXES
- LES CHIFFRES CLÉS DU CANCER
- EXPERTS ET EXPERTES INTERROGÉS
- PRÉSENTATION DE LA FONDATION ARC
AVANT-PROPOS
de Dominique Bazy,
Président de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer
6
Bien que nous vivions dans un monde où le cancer reste
l’une des premières causes de mortalité, les raisons d’espérer
sont là et notre conviction est toujours plus affirmée : seuls
les progrès de la recherche permettront de guérir le cancer.
Bonne lecture.
Avec l’engagement de la Fondation ARC pour la recherche
sur le cancer.
PRÉFACE
du Professeur Éric Solary
Professeur d’hématologie à la faculté de médecine
Paris-Saclay, médecin chercheur, directeur de la recherche
(2011-2020) à Gustave Roussy (Villejuif), administrateur
et président du Conseil scientifique (2012-2022)
de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer.
8
À l’image des révolutions politiques, les révolutions
scientifiques et médicales entraînent des changements
systémiques profonds, dans une recherche de progrès au
bénéfice des patients.
La prévention
se réinvente
15
16
Nos remerciements aux experts que nous avons interrogés
pour la rédaction de ce chapitre :
Dr Suzette Delaloge,
oncologue médicale
et directrice du programme
de prévention personnalisée
Interception à Gustave
Roussy (Villejuif)
En quoi consiste-t-elle ?
L’idée est de repérer les personnes qui sont en risque élevé pour
les 5 ans à venir : il est plus facile de mobiliser les individus pour
un objectif à court terme qu’à 10 ou 20 ans. Nous proposons
aux médecins traitants de remplir un questionnaire en ligne assez
simple avec leurs patientes et patients : il prend en compte, par
exemple, la consommation de tabac, les expositions diverses, la
densité mammaire, etc. Les personnes présentant un surrisque
significatif peuvent alors nous être directement adressées. Nous
les invitons à une journée « interception » organisée sur le site de
Gustave Roussy (Villejuif ). Elles participent à des consultations
individuelles mais aussi à des ateliers en petits groupes où des
coachs leur expliquent comment adapter leur alimentation et
leur activité physique. C’est très participatif, ludique et jamais
culpabilisant. Ensuite, nous proposons des parcours de suivi et
de dépistage personnalisés, qui se font au maximum en médecine
de ville, avec toutefois la possibilité de nous joindre rapidement
à la moindre inquiétude. Nous avons également mis en place un
outil digital qui se veut agile et permet aux personnes d’organiser
leur suivi ou de contacter directement un professionnel en cas
d’inquiétude.
29
2
2
DÉFI
Les
nouveaux
outils du
diagnostic
précoce 31
32
1
« Dépistage organisé du cancer colorectal : un bilan décevant qu’il faut amé-
liorer ». Bernard Denis, Philippe Perrin, Isabelle Gendre. Publié le 20 octobre
2018.
2
Avis de la HAS de juin 2013, « Dépistage et prévention du cancer du col de
l’utérus. Actualisation du référentiel de pratiques de l’examen périodique de santé
(EPS) ».
Par ailleurs, de nouveaux cancers et, tout particulièrement celui du
poumon, pourraient être bientôt inclus dans le dispositif de dé-
pistage national. La Haute Autorité de Santé a ainsi, début 2022,
demandé à ce qu’un essai soit mené sur les personnes les plus expo-
sées au tabac. Ce dépistage se ferait par tomodensitométrie à faible
dose, autrement dit un examen radiologique en trois dimensions
avec de faibles niveaux de rayonnement.
Individualiser le dépistage
D’autres voies sont en développement. La première est la person-
nalisation du dépistage en fonction des risques spécifiques à chaque
individu : cela permettrait d’impliquer sensiblement plus les pa-
tients et, sans doute, d’augmenter l’efficacité des programmes. Tel
est l’objet du programme international MyPeBS (My Personal
Breast Screening) financé par l’Union Européenne, coordonné
par Suzette Delaloge, de Gustave Roussy (Villejuif ), et promu par
Unicancer (Fédération des Centres de lutte contre le cancer). Il
vise à comparer, pour le cancer du sein, l’efficacité d’une stratégie
de dépistage personnalisée en fonction du risque individuel au dé- 35
pistage standard. Déjà 35 000 femmes se sont portées volontaires
en Belgique, Espagne, France, Israël, Italie et Royaume-Uni, l’ob-
jectif étant d’atteindre le chiffre de 56 000. Pour chacune, un score
de risque polygénique, incluant 313 éléments génétiques ayant
démontré leur importance dans le cancer du sein, sera calculé et
s’ajoutera aux antécédents familiaux et à d’autres caractéristiques
personnelles comme la densité mammaire ou le mode de vie, et
permettra de proposer un suivi adapté au risque de cancer du sein
ainsi évalué chez chaque femme.
Pour l’instant, l’usage des biopsies liquides n’en est qu’à ses dé-
buts : le cancer du poumon est l’une des rares indications où il est
d’ores et déjà validé. Pour les autres tumeurs, il n’a fait l’objet, pour
l’heure, que d’études cliniques. « Nous avons notamment étudié,
avec l’Institut Curie et d’autres centres nationaux, comment adapter
le traitement du cancer du sein en fonction du nombre de cellules tu-
morales circulantes détectées », explique Catherine Alix-Panabières.
Nul doute cependant que les tests sanguins deviendront, dans
quelques années, une routine, et incluront un nombre toujours
croissant de biomarqueurs circulants.
Qu’est-ce-que Lifetime ?
Lifetime est une initiative de recherche portée par un consortium
de chercheurs travaillant dans 53 institutions de 18 pays euro-
péens, et associant une soixantaine d’entreprises. Elle a été lancée
dans le cadre d’une action européenne dans le but d’établir une
feuille de route pour définir des actions futures. L’idée force déve-
38 loppée est de comprendre quand des anomalies surviennent dans
une cellule pour être en mesure d’intervenir aussi tôt que possible.
Dans beaucoup de pathologies, les symptômes sont observés à un
moment où la maladie est déjà bien avancée. Les nouvelles tech-
nologies permettent d’envisager que l’on détecte beaucoup plus
tôt les développements anormaux pour tenter d’empêcher que ne
surviennent des formes symptomatiques.
La mise en place
du « diagnostic en un jour »
Sera-t-il possible
d’«intercepter» les cancers?
LES NOUVEAUX OUTILS DU DIAGNOSTIC PRÉCOCE
La mise en place
du « diagnostic en un jour »
Sera-t-il possible
d’«intercepter» les cancers?
Big data et intelligence
artificielle, incontournables
alliés de la recherche
Informaticiens et mathématiciens occupent désormais une
place de choix dans la recherche en cancérologie. Et pour
cause : qu’il s’agisse du dépistage, du diagnostic, des trai-
tements, et même de l’après-traitement, l’intelligence artifi-
cielle occupe une place croissante. Ainsi, remarquait dans une
récente publication de la Fondation ARC1 le Professeur Éric
Deutsch, chef du département de radiothérapie de Gustave
Roussy (Villejuif), des résultats d’études ont montré l’aide pré-
cieuse que pouvait apporter un logiciel doté d’intelligence arti-
42 ficielle (IA) pour assister les dermatologues dans le diagnostic
des mélanomes à partir d’images de grains de beauté.
Catherine Alix-Panabières le constate elle-aussi : les nouvelles
technologies vont aider les chercheurs à mieux savoir quels
biomarqueurs et quels indicateurs témoignant du statut immu-
nitaire du patient surveiller. Et, comment, à partir de ces don-
nées, mieux calculer un « score de risque » individualisé. Mais
pour générer ces conclusions, il faudra analyser des quantités
massives de données en utilisant les nouveaux outils de la
science des données.
L’intelligence artificielle a également son rôle à jouer dans le
choix des meilleurs traitements à administrer : d’un côté, les
nouvelles technologies – tel le séquençage génétique – per-
mettent de mieux connaître l’extrême diversité des tumeurs,
mais aussi du micro-environnement tumoral et du système
immunitaire. De l’autre, se développent de nouveaux traite-
1
100% Recherche, mai 2021. « Intelligence artificielle, une place grandissante
en oncologie »
ments prometteurs. Mais ces derniers, à l’image de l’immuno-
thérapie, sont souvent de plus en plus ciblés et leur efficacité
est restreinte à certains patients. Il faudra donc s’appuyer sur
l’analyse de données massives pour identifier les paramètres
qui guideront le choix thérapeutique aussi précisément que
possible.
Entrepôts de données
Il est donc indispensable de collecter des données fiables, et
standardisées, tant sur les malades (antécédents, comorbidi-
tés, etc.) que sur les molécules, actes chirurgicaux ou types de
radiothérapie qui leur sont administrés : cela permet de mieux
évaluer l’efficacité des différents types de parcours de trai-
tements en fonction des pathologies. Pour compulser toutes
ces données, l’intelligence artificielle est une aide précieuse.
« Elle permet par exemple, explique Philippe-Jean Bousquet,
directeur de l’Observation, des Sciences des données et de
l’Évaluation à l’Institut national du cancer, de constituer des
« clusters », autrement dit, des groupes de patients partageant 43
des caractéristiques communes ». Il devient alors plus facile de
déterminer dans quelles situations un traitement donné a le
plus de chance d’être efficace.
Toutefois, aussi remarquables soient ces premiers résultats,
l’intelligence artificielle n’a rien de magique. Sans un très im-
portant travail en amont permettant la collecte de données
fiables et harmonisées, elle est totalement impuissante. Ain-
si, « pour qu’une IA reconnaisse un mélanome parmi des
grains de beauté, des dermatologues ont dû fournir au logi-
ciel un nombre incalculable d’images très diverses et préci-
sément annotées (peaux blanches, noires, grains de beauté
de toutes tailles et formes, position de la lésion cancéreuse
éventuelle…) », détaille le Professeur Éric Deutsch. D’où l’in-
térêt du concept, en plein développement, des « entrepôts de
données », qu’explique Philippe-Jean Bousquet.
« Il est essentiel
de rendre les données
interopérables »
Dr Philippe-Jean Bousquet,
directeur de l’Observation,
des Sciences des données
et de l’Évaluation à l’Institut
national du cancer
Âge et cancer :
mieux comprendre
une relation
ambiguë
47
Nos remerciements aux experts que nous avons interrogés
pour la rédaction de ce chapitre :
1
Sources : pour le premier chiffre, Epidemiology of multimorbidity and implica-
tions for healthcare, research, and medical education: a cross-sectional study, Ka-
ren Barnett and alii. www.thelancet.com Vol 380 July 7, 2012 ; Pour le second :
Annual Report to the Nation on the Status of Cancer, 1975-2010, Featuring
Prevalence of Comorbidity and Impact on Survival Among Persons With Lung,
Colorectal, Breast, or Prostate Cancer. Brenda K. Edwards and alii. Cancer May
1, 2014. American Cancer Society.
La gériatrie, un outil pour l’oncologue
Pour autant, la recherche n’a pas dit son dernier mot. Les oncolo-
gues utilisent ainsi de plus en plus fréquemment des outils déve-
loppés par les gériatres. Nutrition, vie quotidienne, troubles cogni-
tifs, activités motrices, troubles dépressifs : ces derniers ont mis au
point des batteries de tests qui leur permettent d’évaluer l’état de
leurs patients. « Or, on a montré que la plupart de ces outils avaient
une certaine valeur prédictive sur l’évolution du cancer chez les per-
sonnes concernées », poursuit Pierre Soubeyran. Ainsi, un mauvais
état nutritionnel et une grande difficulté à se lever et à marcher
constituent des facteurs de risque aussi élevés pour une personne
âgée que l’état métastatique de la tumeur.
Pour qu’un traitement produise un effet favorable, agir sur ces fac-
teurs de risque est donc primordial. C’est pourquoi des recherches
sont en cours pour étudier l’intérêt d’interventions gériatriques,
par exemple un suivi nutritionnel ou une kinésithérapie, en amont,
54 ou parallèlement aux traitements anticancéreux.
55
grand témoin
« Il faut mieux comprendre
les mécanismes
du vieillissement »
Cancers de l’enfant,
des spécificités mieux
comprises
Pourrons-nous mesurer
l’âge biologique ?
Cancers de l’enfant,
des spécificités mieux
comprises
Pourrons-nous mesurer
l’âge biologique ?
Des traitements
de plus en plus
variés et ciblés
65
66
L’un des moyens les plus utilisés est d’inhiber ce que l’on appelle
des « points de contrôle ». Ces « checkpoints » sont une des mé-
thodes utilisées par les cellules cancéreuses pour bloquer l’action
des cellules immunitaires contre elles. L’inhibition de ces points de
contrôle permet ainsi de rétablir la capacité du système immuni-
taire à éliminer les cellules malades.
Les « inhibiteurs de points contrôle » sont désormais largement
utilisés dans le traitement de nombreuses tumeurs. L’immuno-
70 thérapie a notamment révolutionné le traitement de certains mé-
lanomes et de certains cancers du poumon, du rein ou de la vessie,
ou encore de certains lymphomes.
Aujourd’hui Un arsenal thérapeutique qui s’enrichit Questions pour la recherche Comment utiliser les nouvelles données pour
une approche thérapeutique plus globale ?
Aujourd’hui Un arsenal thérapeutique qui s’enrichit Questions pour la recherche Comment utiliser les nouvelles données pour
une approche thérapeutique plus globale ?
1
Le coût du cancer en France : une forte hausse. Cabinet Astérès, février 2020.
« L’évaluation économique
permet de comparer le
rapport coût/efficacité
Dr Julia Bonastre, économiste
des différents traitements, de la santé, responsable de
pour décider en toute l’équipe « Études et recherche
en économie de la santé »,
connaissance de cause ». Gustave Roussy (Villejuif)
82
83
5
5
DÉFI
Vaincre
les résistances
aux traitements
85
86 Nos remerciements aux experts que nous avons interrogés
pour la rédaction de ce chapitre :
Mais quel est le rapport entre cette diversité des cellules et les
phénomènes de résistance ?
Si toutes les cellules d’une tumeur étaient identiques, les traite-
ments seraient soit efficaces, soit inefficaces. Heureusement, mal-
gré la complexité des tumeurs, la combinaison de plusieurs trai-
tements permet de plus en plus de vaincre la tumeur malgré son
hétérogénéité. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les traitements
peuvent stabiliser ou réduire la taille de la tumeur qui devient par-
fois même indétectable. Mais, après quelques temps, elle reprend
sa progression. Certaines cellules ont été éliminées, mais d’autres
pas : elles ont résisté aux traitements utilisés. En pratique, cela
veut dire qu’il faut prendre en considération la diversité des cel-
lules d’une tumeur, et donc apprendre à l’analyser, à l’interpréter
et à adapter la stratégie thérapeutique pour éviter de sélectionner
des cellules résistantes.
À la recherche des cellules dormantes
L’hétérogénéité des cellules tumorales a des conséquences pra-
tiques : « on se bat contre une armée de cellules qui n’ont pas toutes
les mêmes armes pour se protéger », résume Caroline Robert. La re-
cherche se focalise sur les cellules dites « persistantes ». Ce sont
les cellules cancéreuses qui ne sont pas détruites par le traitement
administré. Quand on arrête le traitement, elles se développent et
entraînent une récidive du cancer.
Des mécanismes
de résistance identifiés Comment bloquer les résistances identifiées ?
Des mécanismes
de résistance identifiés Comment bloquer les résistances identifiées ?
L’après-cancer,
partie intégrante
de la lutte contre
le cancer
101
102
1
Source :A_n_s_e_s,“Physical Activity in Cancer Prevention and Survival: A Sys-
tematic Review”,_ _McTiernan et al, Med Sci Sports Exerc. 2019
2
INCa, Bénéfices de l’activité physique adaptée pendant et après- cancer, des
connaissances scientifiques aux repères pratiques - mars 2017
3
Ibrahim et al. Physical activity and survival after breast cancer diagnosis: me-
ta-analysis of published studies. Med Oncol. 2011;28:753-65.
Schmid et al. Association between physical activity and mortality among breast
cancer and colorectal cancer survivors: a systematic review and meta-analysis.
Annals of Oncology. 2014.
les patients trouvent un club à proximité de leur domicile. Ainsi,
la Fédération française d’escrime a mis au point le programme
R.I.P.O.S.T.E destiné aux patientes opérées d’un cancer du sein :
il interdit toute touche à d’autres endroits du corps qu’à la tête,
couverte par le masque. Car il convient de protéger les parties
douloureuses ou récemment opérées. À l’inverse, certains gestes,
qui permettent de retrouver une mobilité des bras amoindrie par
la chirurgie du sein, sont amplifiés. De son côté, le rugby adapté
exclut tout placage. Des associations spécialisées se sont créées,
comme Siel Bleu, la Cami sport & cancer ou encore Rosa Mouv.
107
grand témoin
« Il convient d’avoir
une vision holistique
de la maladie »
Sandra Doucène,
directrice générale
de Cancer Contribution
Comment procédez-vous ?
Nous ne sommes pas une association de patients et de proches ha-
bituelle, mais nous travaillons étroitement avec celles qui existent.
Nous ne sommes pas non plus un comité d’experts, même si nous
en comptons certains dans notre Conseil d’administration. Nous
fonctionnons plutôt comme une plate-forme citoyenne d’expres-
sion4, des « états généraux » permanents du cancer : nous choisis-
sons, avec les patients et leurs proches, des sujets de débats publics,
4
Plateforme collaborative d’idées citoyennes pour lutter contre le cancer
www.cancercontribution.fr
nous les organisons, recueillons les contributions, défendons les
droits et construisons ensuite des projets qui permettent de faire
avancer les pratiques médicales et de mieux intégrer la perspective
des patients et de leurs proches.
Pourquoi ce besoin ?
Près de 4 millions de personnes vivent avec ou après un cancer
et acquièrent une expérience précieuse face à la maladie. Plus de
1 000 associations de patients sur le territoire français œuvrent
quotidiennement à l’amélioration de la qualité de vie des patients
et de leurs proches : formations sur les maladies, soutien moral,
accompagnement logistique, juridique, accès aux soins de
supports de proximité. Elles portent un potentiel d’innovation
très important. Nous souhaitons participer à mieux intégrer ce
potentiel à l’intérieur du système de santé.
Le besoin est d’autant plus important que le cancer a connu ces
dernières années des évolutions très importantes : on le soigne
mieux, ce qui signifie que le patient doit pouvoir mener une vie de
qualité après la maladie ; mais il faut également changer le regard 109
de la société sur les malades et les anciens malades. Mieux prendre
en compte les aidants représente également un défi de taille. Com-
ment, également, gérer le « virage ambulatoire » des soins contre
le cancer ? Si les patients passent moins de temps à l’hôpital ou
auprès des soignants, ils se retrouvent néanmoins un peu seuls,
chez eux, face à leur prise en charge, à leurs éventuels symptômes,
ce qui nécessite une forte implication des proches, une coordina-
tion ville-hôpital plus complexe et un besoin de connaissance des
conduites à tenir. Cela n’est pas si simple. Toutes ces questions,
et bien d’autres, méritent d’être posées publiquement, pour rece-
voir des avis et propositions qui pourront influer sur la façon dont
l’hôpital organise les soins ou dont la société se comporte à l’égard
du cancer. Nous avons développé dix propositions d’amélioration
dans le programme CancerAdom®5.
5
Carnet d’idées citoyennes Construire ensemble le virage ambulatoire en cancé-
rologie disponible sur https://www.cancercontribution.fr/nos-actions/canceradom/
Quelles sont les actions phares portées par Cancer Contribution ?
Nous avons lancé en 2016 une enquête sur l’optimisation de ce
virage ambulatoire auprès des patients, de leurs proches, des soi-
gnants, des collectivités, pour mieux comprendre les différents
aspects de la question. Nous avons ainsi pu constater que, pour
le patient, la qualité de vie était un enjeu de plus en plus impor-
tant, alors que la santé constituait la préoccupation première du
médecin. Suite à cette enquête, nous avons fait dix propositions
à destination de tous les acteurs concernés par le cancer (patients,
aidants, professionnels de santé, monde associatif, citoyens, res-
ponsables politiques) et lancé 39 idées citoyennes pour améliorer
les parcours de soin et mieux prendre en compte les considérations
quotidiennes du patient.
Nous nous sommes aussi penchés sur la réalité du processus de
décision partagée, autrement dit, l’implication du patient dans la
décision sur sa santé et ses soins, prévue par la loi dite Kouchner
de mars 2002. Notre étude, menée en 2021, a permis de montrer
110 qu’elle est pratiquée pour 47 % des patients interrogés. Mais des
optimisations restent à faire : ainsi, bien souvent, la décision de
soins à domicile n’est pas une décision partagée.
111
L’APRÈS-CANCER, PARTIE INTÉGRANTE DE LA LUTTE CONTRE LE CANCER
Aujourd’hui Avec l’amélioration de Questions pour la recherche Comment changer le regard de la société sur la maladie ?
la survie, l’après-cancer est
de plus en plus important
L’après-cancer enfin
considéré
L’émergence de soins
de support
L’APRÈS-CANCER, PARTIE INTÉGRANTE DE LA LUTTE CONTRE LE CANCER
Aujourd’hui Avec l’amélioration de Questions pour la recherche Comment changer le regard de la société sur la maladie ?
la survie, l’après-cancer est
de plus en plus important
L’après-cancer enfin
considéré
L’émergence de soins
de support
ANNEXES
115
116
HOMMES FEMMES
117
118
119
121
Près de
164 000
donateurs
40,47 127
millions d’euros
collectés auprès du public
dont près de la moitié issue
des libéralités
(legs et assurances-vie)
L’agrément depuis
1999
par l’organisme de contrôle
le « Don en confiance »
TRAITEMENTS 1850-1900
CHIRURGIE
ORGANISATION
DE LA LUTTE
CONTRE
LE CANCER
1896 George Thomas Beatson découvre l’hormonodépendance de cancers du sein
1908 Paul Erlich et Ilya Metchnikov reçoivent le prix Nobel de médecine
pour la découverte des cellules phagocytaires et du concept d’immunité
1911 Peyton Rous décrit un virus aviaire induisant un cancer
1944 Charles Brenton Huggins découvre l’hormonodépendance des cancers
de prostate
1900-1950
RADIOTHÉRAPIE
1945 1er traitement d’un lymphome par un dérivé des gaz moutarde
1950-2000
CHIMIOTHÉRAPIE
2000 - AUJOURD’HUI
MÉDECINE DE PRÉCISION
ISBN
978-2-9586503-0-8
RÉDACTION
Catherine Bernard / Fondation ARC pour la recherche sur le cancer
COMITÉ ÉDITORIAL
Éric Solary, Gilbert Lenoir, François Dupré, Laurence Michelena,
Nancy Abou-Zeid, Nicolas Reymes, Emilie Boutinaud
ILLUSTRATIONS
Sarah Fouquet
INFOGRAPHIES
Alan Deleflie
CONCEPTION GRAPHIQUE
konrad
Pour la Fondation ARC pour la recherche sur le
cancer, tout part d’une conviction : la recherche
vaincra le cancer. C’est grâce aux découvertes des
chercheuses et des chercheurs que nous finirons par
remporter la victoire.
Sa mission au quotidien est de libérer l’extraordinaire
potentiel de la recherche française en cancérologie
en lui apportant un soutien stratégique matériel et
humain.
Les révolutions
de la recherche sur le cancer
N OUVEL L E ÉDI T I O N
Pr Éric Solary,
Professeur d’hématologie à la faculté de médecine Paris-Saclay,
Médecin chercheur, directeur de la recherche (2011-2020)
à Gustave Roussy (Villejuif),
Administrateur et président du Conseil scientifique (2012-2022)
de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer.
Catherine Bernard, co-autrice de l’ouvrage aux côtés de la Fondation ARC, est journaliste.
Elle s’intéresse à l’économie et aime décrypter les sciences et les nouvelles technologies
pour les rendre accessibles au grand public. Elle a notamment été correspondante en Suède
de plusieurs journaux français et francophones, puis travaillé pendant près de quinze ans
au sein du groupe Les Échos. Elle est actuellement rédactrice en chef adjointe du Journal
du Grand Paris.