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Chapitre 2

Suites et Séries de fonctions

Dans ce chapitre, on note toujours par IK l'un des corps IR ou C. Pour tout D ⊂ IK, on note
par F(D, IK) l'espace des fonctions dénies sur D et à valeurs dans IK.
2.1 Suites de fonctions

Dénition 1.
Une suite de fonctions (f ) = (f ) de D dans IK est une application n → f de IN à
valeurs dans l'ensemble F(D, IK).
n n∈IN n n

I Exemples.
1. On prend D = [0, 1], et on dénit les fonctions f sur D par f (x) = x . n

2. On dénit sur IR la suite de fonctions (g ) par :


n

n
 x n
gn (x) = 1 + .
n

Remarque 2.
Comme pour les suites numériques, la question principale qui se pose aux suites de
fonctions est relative à la convergence. S'agissant, justement, de suites de fonctions, il y a
deux types importants de convergence : la convergence simple et la convergence uniforme.

2.1.1 Convergence simple d'une suite de fonctions

Dénition 3.
Une suite de fonctions (f ) de D dans IK converge simplement vers une fonction f si pour
tout t ∈ D, la suite numérique (f (t)) converge vers f (t). On note f (t) = lim f (t).
n
n n
n→+∞

1
• On peut reformuler la dénition de la convergence simple avec les quantifateurs comme suit :
Proposition 4.

La suite de fonctions (f ) de D dans IK converge simplement vers une fonction f si et


seulement si :
n

∀t ∈ D, ∀ε > 0, ∃N = N (t, ε) ∈ IN tel que ∀n ≥ N ⇒ |f (t) − f (t)| ≤ ε. n

Remarque 5.
Remarquons que dans la dénition et la proposition sur la convergence simple, l'entier N
peut dépendre de t : il n'y a pas en général un entier N qui marche pour tout t ∈ D. A
cause de cela, la convergence simple des suites de fonctions ne transmet pas, en général,
les propriétés (continuité, dérivabilité, intégrale, ...) de la suite à sa limite.

•Voici quelques exemples illustrant la remarque ci dessus.


Exemple 1.
La suite de fonctions continues dénie pour tout t ∈ [0, 1] par :
I

fn (t) = tn

converge simplement vers la fonction discontinue f dénie sur [0, 1] par :


0 si t ∈ [0, 1[

1 si t = 1.
f (t) =

Exemple 2.
La suite de fonctions dérivables dénie pour n ≥ 1 et pour t ∈ [0, ] par :
I
π
2

sin nt
fn (t) = √
n

converge simplement vers la fonction nulle (f (t) = 0, ∀t ∈ [0, ]). Par contre la suite de fonctions
π

dérivées : n cos nt √
0
2

fn (t) = √ = n cos nt
n
ne converge pas vers 0 qui est pourtant la dérivée de la limite des (f ). n

Exemple 3.
La suite de fonctions dénie par f (t) = nt(1 − t ) pour tout t ∈ [0, 1] converge simplement vers
I
2 n

la fonction nulle. Par contre,


n

Z 1 Z 1
n
fn (t)dt = n t(1 − t2 )n dt = .
0 0 2n + 2

Cette suite converge vers qui n'est pas égal à l'intégrale de la limite des (f ) sur [0, 1].
1
2 n

• Pour que les propriétés de la suite se transmettent à la limite de la suite on est donc amené à
dénir une convergence plus forte : il s'agit de la convergence uniforme.
2
2.1.2 Convergence uniforme d'une suite de fonctions

Dénition 6.
Une suite de fonctions (f ) de D dans IK converge uniformément vers une fonction f si :
n

∀ε > 0, ∃N = N (ε) ∈ IN tel que ∀n ≥ N ⇒ ∀t ∈ D, |f (t) − f (t)| ≤ ε.


n

• Cette dénition s'écrit encore :


Proposition 7.

La suite de fonctions (f ) de D dans IK converge uniformément vers f si :


n

∀ε > 0, ∃N = N (ε) ∈ IN tel que ∀n ≥ N ⇒ sup |f (t) − f (t)| ≤ ε.


n
t∈D

• On peut dénir une norme sur l'ensemble des fonctions bornées sur un ensemble D, qui est
directement reliée à la convergence uniforme des suites ou séries de fonctions.
Dénition 8.
Soit f une fonction bornée sur un ensemble D ⊂ IK. Alors, on appelle norme de la
convergence uniforme de f , le nombre déni par :
kf k∞ = sup{|f (t)|, t ∈ D}.

• Grâce à cette norme, on peut écrire très simplement la convergence uniforme des suites de
fonctions. En eet : une suite de fonctions (f ) converge uniformément vers une fonction f si et
seulement si la suite numérique (kf − f k ) converge vers 0.
n
n ∞ n∈IN

Proposition 9.

Si une suite de fonctions (f ) converge uniformément vers une fonction f , alors elle
converge simplement vers f . La réciproque est fausse.
n

Preuve.
Il sut de remarquer que si sup|f (t) − f (t)| tend vers 0 quand n → +∞, alors, pour t xé dans
n 0

D, f (t ) − f (t ) tend vers 0.
t∈D

Voici un contre-exemple montrant que la réciproque de cette proposition est fausse : la suite de
n 0 0

fonctions d'un exemple donné ci dessus, f (t) = t pour t ∈ [0, 1] converge simplement vers la
n

fonction f telle que f (t) = 0 si t ∈ [0, 1[ et f (1) = 1.


n

Or sup |f (t) − f (t)| = sup |t | = 1 ne tend pas vers 0 quand n → +∞, donc cette suite ne
n
n

converge pas uniformément sur [0, 1].


t∈[0,1] t∈[0,1[

3
Proposition 10 (Critère de Cauchy uniforme).

Une suite de fonctions (f ) de D dans IK converge uniformément si et seulement si :


n

∀ε > 0, ∃N = N (ε) ∈ IN tel que ∀p, q ≥ N ⇒ sup |f (t) − f (t)| ≤ ε. p q


t∈D

Preuve.
Supposons que (f ) converge uniformément vers f sur D. Alors on a :
n

∀ε > 0, ∃N = N (ε) ∈ IN tel que ∀n ≥ N ⇒ ∀t ∈ D, |f (t) − f (t)| ≤ ε. n

D'où
∀p, q ≥ N ⇒ ∀t ∈ D, |f (t) − f (t)| ≤ |f (t) − f (t)| + |f (t) − f (t)| ≤ 2ε.
p q p q

On a donc bien le critère de Cauchy uniforme.


Réciproquement, si
∀ε > 0, ∃N = N (ε) ∈ IN tel que ∀p, q ≥ N ⇒ ∀t ∈ D, |f (t) − f (t)| ≤ ε, p q

pour t ∈ D xé, la suite de nombres (f (t)) est de Cauchy dans IK, donc converge vers un nombre
f (t). Dans le critère de Cauchy, on peut alors faire tendre q vers +∞ et on obtient :
n

∀ε > 0, ∃N ∈ IN tel que ∀p ≥ N ⇒ ∀t ∈ D, |f (t) − f (t)| ≤ ε.p

Ceci montre bien que la suite (f ) converge uniformément vers f .


n

• Dans le § suivant, nous allons donner des propriétés de la fonction limite induites par la conver-
gence uniforme.
2.1.3 Propriétés des suites uniformément convergentes

Proposition 11 (Continuité de la limite).

Soit (f ) une suite de fonctions dénies sur un domaine D et qui converge uniformément
vers une fonction f sur D. Si pour tout n ∈ IN, f est continue en un point t de D, alors
n

f est aussi continue en t .


n 0

On peut alors écrire :


0

f (t0 ) = lim f (t) = lim lim fn (t)


t→t0 t→t0 n→+∞
= lim fn (t0 ) = lim lim fn (t),
n→+∞ n→+∞ t→t0

ce qui est un cas d'interversion de limites.

Preuve.
Comme la suite (f ) converge uniformément vers f , on a :
n

∀ε > 0, ∃N ∈ IN tel que ∀n ≥ N ⇒ ∀t ∈ D, |f (t) − f (t)| ≤ .


ε
n
3
ε > 0 étant xé, écrivons la continuité de la fonction f en t : N 0

∃η > 0, tel que pour |t − t | ≤ η ⇒ |f (t) − f (t )| ≤ .


ε
0 N N 0
3

4
Pour tout t ∈ D , on peut alors écrire :
|f (t) − f (t0 )| = |f (t) + fN (t) − fN (t) + fN (t0 ) − fN (t0 ) − f (t0 )|
≤ |f (t) − fN (t)| + |fN (t) − fN (t0 )| + |fN (t0 ) − f (t0 )|.

Donc si |t − t | ≤ η, on a
0

ε ε ε
|f (t) − f (t0 )| ≤ + + = ε,
3 3 3

ce qui prouve la continuité de f au point t . 0

Corollaire 12.
Soit (f ) une suite de fonctions dénies sur un domaine D et qui converge uniformément
vers une fonction f sur D. Si pour tout n ∈ IN, f est continue sur D, alors f est aussi
n

continue sur D.
n

• On utilise souvent le résultat ci dessus par contraposée. Plus précisement on a :


Corollaire 13.
Soit (f ) une suite de fonctions continues dénies sur un domaine D et qui converge
simplement vers une fonction f sur D. Si la fonction f n'est pas continue sur D, alors la
n

convergence ne peut pas être uniforme.

Exemple.
La suite de fonctions continues f (t) = t converge simplement vers une fonction f , discontinue
I
n

sur [0, 1]. Elle ne converge donc pas uniformément sur cet intervalle.
n

• Attention ! : La convergence uniforme des suites de fonctions est susante mais non néces-
saire pour assurer la continuité des limites. Voici un exemple.
I Exemple.
La suite de fonctions f (t) = n te ne converge pas uniformément sur [0, +∞[ mais sa limite est
2 −nt

continue sur [0, +∞[. En eet : La suite de fonctions (f ) converge simplement vers 0 sur [0, +∞[
n

qui est bien une fonction continue.


n

Par contre, la convergence n'est pas uniforme, car f (t) = n e (1 − nt) qui s'annule en t = ,
0
2 −nt 1

par conséquent on a : sup f (t) = ne qui ne tend pas vers 0 lorsque n → +∞.
n n
n

En revanche, il est facile de voir que la suite de fonctions (f ) converge uniformément vers 0 sur
t∈[0,+∞[

tout intervalle [a, +∞[, pour a > 0.


n

• Pour pouvoir parler de dérivation, on va se placer sur un intervalle ouvert I ⊂ IR.

5
Proposition 14 (Dérivation de la limite).

Soit (f ) une suite de fonctions dénies et dérivables sur un intervalle I ⊂ IR telle que :
1. Il existe t ∈ I tel que la suite numérique (f (t )) converge.
n

2. La suite des dérivées (f ) converge uniformément sur tout sous-intervalle borné


0 n 0
0

de I vers une fonction g. n

Alors, la suite (f ) converge uniformément sur tout sous-intervalle borné de I vers une
fonction dérivable f telle que f = g.
n
0

On peut alors écrire, pour tout t ∈ I ,


 0
0 0
f (t) = lim fn (t) = lim fn (t) = g(t),
n→+∞ n→+∞

ce qui est un cas d'interversion de limite et de dérivation.

Preuve.
Soit J un sous-intervalle borné de I contenant t et soit |J| sa longueur. Pour un ε > 0 xé, le
critère de Cauchy uniforme pour la suite (f ) sur J donne :
0
0
n

∃N ∈ IN tel que pour p, q ≥ N ⇒ ∀t ∈ J : |f (t) − f (t)| ≤


ε 0 0
. p q
2|J|

Pour chaque couple p, q ≥ N , appliquons le théorème des accroissements nis en t à la fonction


f − f : pour tout t ∈ J , on a :
0
p q

0 0
|[fp (t) − fq (t)] − [fp (t0 ) − fq (t0 )]| ≤ |t − t0 | sup |fp (t) − fq (t)|
t∈J
ε
≤ |t − t0 | 2|J| ≤ 2ε .

Donc pour tout t ∈ J , on a :


ε
|fp (t) − fq (t)| ≤ |fp (t0 ) − fq (t0 )| + .
2

Par hypothèse, la suite (f (t )) converge; par suite, elle est de Cauchy et il existe N
n 0
0
∈ IN tel que :
0 ε
∀p, q ≥ N ⇒ |fp (t0 ) − fq (t0 )| ≤ .
2
On en déduit : 0 ε ε
∀p, q ≥ sup(N, N ) ⇒ ∀t ∈ J : |fp (t) − fq (t)| ≤ + = ε.
2 2
Ceci prouve la convergence uniforme de la suite (f ) sur J . Soit f sa limite.
En reprenant la formule des accroissements nis ci-dessus en un point t ∈ J et en divisant par
n

|t − t |, on peut écrire : ∀p, q ∈ IN ⇒


1
1

fp (t) − fq (t) fp (t1 ) − fq (t1 ) fp (t) − fp (t1 ) fq (t) − fq (t1 ) ε


− = − ≤ .
t − t1 t − t1 t − t1 t − t1 2|J|

On a vu aussi au début de la démonstration que :


0 0 ε
p, q ≥ N ⇒ ∀t ∈ J : |fp (t) − fq (t)| ≤ .
2|J|

6
En dénissant la suite de fonctions (ϕ ) par : ∀n ∈ IN,
n

si t 6= t ,
(
ϕn (t) = fn (t)−f
t−t1
n (t1 )
, 1
0
ϕn (t1 ) = fn (t1 ).
Il est clair que cette suite de fonctions converge uniformément sur J . Notons ϕ sa limite.
La suite (ϕ ) est une suite de fonctions continues en t car puisque par hypothèse, les fonctions
f sont dérivables en t et on peut écrire :
n 1
n 1

0 fn (t) − fn (t1 )
ϕ(t1 ) = g(t1 ) = lim fn (t1 ) = lim lim
n→+∞ t − t1 n→+∞ t→t1
fn (t) − fn (t1 ) f (t) − f (t1 )
= lim lim = lim .
t→t1 n→+∞ t − t1 t→t1 t − t1
On en déduit que la dérivée de f au point t existe et vaut : 1
0 0
f (t1 ) = g(t1 ) = lim fn (t1 ).
n→+∞

Puisque ceci est vrai pour tout t ∈ J , ceci prouve bien que f est dérivable sur J et que sa dérivée
est la limite de la suite f , c'est-à-dire que g = f . Comme on a choisi pour J un sous-intervalle
1
0 0

borné quelconque de I contenant t , le raisonnement précédent prouve que la suite (f ) converge


n 0

uniformément sur tout sous intervalle borné de I contenant t . Donc la limite f de la suite (f )
0 n

est dérivable, de dérivée g sur tout sous-intervalle borné de I contenant t et par suite sur I tout
0 n

entier.
0

Corollaire 15.

Sous les hypothèses de la proposition ci dessus, si de plus, les fonctions f sont continues 0

sur I , alors la limite f a une dérivée f continue sur I , i.e. de classe C .


0
1
n

• D'après ce qui précéde, la convergence uniforme d'une suite de fonctions dérivables ne sut pas,
en général, pour assurer la dérivabilité de la limite. Voici un exemple.
 Exemple.
La suite de fonctions dérivables f (t) = t + , n > 1 converge uniformément sur IR vers la
q
2 1

fonction |t|, qui n'est pas dérivable en 0.


n n2

En eet, pour tout t ∈ IR on : r


1 1
|t| ≤ t2 + 2
≤ |t| +
n n
D'où 1
∀t ∈ IR : |fn (t) − |t|| ≤ .
Cette inégalité implique la convergence uniforme de la suite vers la fonction |t|. D'après pro-
n

position ci dessus, on en déduit que la suite des dérivées ne converge pas uniformément sur IR.
(fn )

• On utilisera beaucoup le cas particulier de la proposition suivant :


Corollaire 16.
Si une suite de fonctions dérivables (f ) converge simplement sur un intervalle I vers une
fonction f et si la suite des dérivées f converge uniformément sur tous les sous-intervalles
n
0

bornés de I vers une fonction g, alors f est dérivable et f = g sur I .


n 0

7
• On va maintenant étudier l'interversion de limite et de l'intégrale.
Proposition 17 (Intégration de limite).

Soit (f ) une suite de fonctions dénies et continues sur un intervalle [a, b] de IR et


quiZ converge!uniformément vers une fonction f sur [a, b]. Alors, la suite numérique
n

converge et a pour limite f (s)ds. On peut alors écrire :


b Z b
f (s)ds n
a a
n
Z b Z b Z b  
f (s)ds = lim fn (s)ds = lim fn (s) ds.
a n→+∞ a a n→+∞

ce qui est un cas d'interversion de limite et d'intégrale.

Preuve.
Pour tout n ∈ IN et pour tout t ∈ [a, b], on pose F (t) = f (s)ds. Les fonctions F sont
Z t
n n n

dérivables sur [a, b] comme intégrales de fonctions continues et de plus on a : a

0
∀t ∈ [a, b], Fn (t) = fn (t).

D'après l'hypothèse, la suite (F ) converge uniformément sur [a, b] et comme pour tout n ∈ IN ,
0

F (a) = 0, alors la suite numérique (F (a)) converge. On peut donc appliquer la proposition sur
n

la dérivation à la suite (F ) : cette suite converge uniformément sur [a, b] vers une fonction F telle
n n

que F = f et F (a) = 0. On en déduit :


n
0

Z t
∀t ∈ [a, b], F (t) = f (s)ds.
a

En particulier pour t = b : Z b
F (b) = f (s)ds.
a

Exemples.
Nous donnons deux exemples dont le deuxième illustre la contraposée de la proposition pour
I

montrer la non convergence uniforme.


1. Soit (f ) la suite de fonctions dénies sur [0, 1] par :
n

fn (t) = tn (1 − t)n .

Comme pour t ∈ [0, 1], 0 ≤ t(1 − t) ≤ , alors on a ∀n ∈ IN, 0 ≤ f (t) ≤ . Ceci implique
1 1

que la suite de fonctions continues (f ) converge uniformément vers 0 sur [0, 1].
4 n 4n
n

Ainsi, la suite numérique s (1 − s) ds converge vers 0.


Z  1
n n

2. La suite de terme général f , où f (t) = n t(1 − t) est dénie sur [0, 1] et converge
0
2 n

simplement vers la fonction nulle. D'après le calcul on a :


n n

Z 1 Z 1  
2 n 2 n 2 1 1
lim n t(1 − t) dt = lim n t (1 − t)dt = lim n − = 1.
n→+∞ 0 n→+∞ 0 n→+∞ n+1 n+2
Donc, la suite (f ) ne converge pas uniformément vers 0.
n

8
Attention ! la convergence uniforme n'est une condition nécessaire pour intervertir la limite et
l'intégrale. Voici un exemple.
N

 Exemple.
Soit la suite de fonctions (f ) dénie sur [0, 1] par f (t) = t . On a déjà montré dans un des
n

exemples précédents que cette suite converge simplement vers f (t) = 0, ∀t ∈ [0, 1[ et f (1) = 1 mais
n n

pas uniformément, et pourtant on a :


= 0, et
Z 1 Z 1
1
lim f (t)dt = lim
n f (t)dt = 0.
n→+∞ 0 n+1 n→+∞ 0

2.2 Séries de fonctions

De façon analogue aux séries numériques, les séries de fonctions sont dénies à partir des
suites de fonctions. De plus, les résultats obtenus sur les suites de fonctions peuvent s'adapter
immédiatement aux séries de fonctions.
Dénition 18.
i)- Une série de fonctions de terme général u de D dans IK est un couple formé de
deux suites de fonctions dénies sur D et à valeurs dans IK {(u ) , (S ) }
n

telles que :
n n∈IN n n∈IN

X n
∀t ∈ D, Sn (t) = uk (t).
k=0

ii)- Pour tout n ∈ IN, u s'appelle le terme général d'ordre n de la série de fonctions
et S s'appelle la somme partielle d'ordre n.
n
n

2.2.1 Convergence simple d'une série de fonctions

Dénition 19.
i)- Une série de fonctions de terme général u , déni sur D, à valeurs dans IK converge
simplement et a pour somme S si pour tout t ∈ D, la série numérique de terme
n

général u (t) converge et a pour somme S(t).


ii)- Lorsque la série converge simplement, la diérence R (t) = S(t) − S (t) s'appelle
n

le reste d'ordre n de la série de terme général u .


n n
n

Comme pour le cas des séries numériques, on note S = X u , ce qui veut dire :
+∞
• k
k=0
n
X
∀t ∈ D, S(t) = lim uk (t).
n→+∞
k=0

• Si la série de fonctions de terme général u converge simplement et a pour somme S , on peut


donc écrire : ∀t ∈ D, ∀n ∈ IN :
n

k
X n
X k
X +∞
X
Rn (t) = lim ui (t) − ui (t) = lim ui (t) = ui (t).
k→+∞ k→+∞
i=0 i=0 i=n+1 i=n+1

9
• La convergence de la série de terme général u (t) s'exprime par la convergence de la suite des
n

sommes partielles S (t) = X u (t). On peut donc reformuler la propriété i) de la dénition ci


n

n i

dessus. i=0

Proposition 20.
La série de fonctions de terme général u de D dans IK converge simplement et a pour
somme S si et seulement si :
n

∀t ∈ D, ∀ε > 0, ∃N ∈ IN tel que : n ≥ N ⇒ |S (t) − S(t)| = |R (t)| ≤ ε.


n n

Remarque 21.
Comme pour les suites de fonctions, dans la dénition et proposition sur la convergence
simple d'une série de fonctions, l'entier N peut dépendre de la variable t : il n'y a donc
pas en général un entier N qui marche pour tout t ∈ D. A cause de cela, la convergence
simple des séries de fonctions ne transmet pas, en général, les propriétés (continuité,
dérivabilité, intégrale, ...) de la série à sa somme.

• Voici trois exemples qui illustrent la remarque ci dessus.


I Exemples.
1. La série de fonctions continues dénie pour tout t ∈ [0, ] par son terme général :
π
2

un (t) = sin2 t cosn t,


converge simplement et a pour somme la fonction S, discontinue en 0, telle que :
, si t ∈]0, ],
 2
 sin t π
S(t) =
 S(0)1 − cos t 2
= 0.
2. La série de fonctions dérivables dénie pour n ≥ 2 et pour t ∈ [0, ], de terme général :
π
2

sin nt sin(n − 1)t


un (t) = √ − √
n n−1
converge simplement et a pour somme la fonction dérivable S(t) = − sin t. Mais, la série des
dérivées ne converge pas.
3. La série de fonctions continues dénie pour n ≥ 1, de terme général
un (t) = nt(1 − t2 )n − (n − 1)t(1 − t2 )n−1 ,
pour tout t ∈ [0, 1] converge simplementn et anpour somme 0. Il est simple de calculer
l'intégrale de u sur [0, 1] : il vaut 2n + 2 − 2n . La série dont le terme général est
n
−1

l'intégrale de u sur [0, 1] converge vers , puisque :


n
1
2
n  
X i i−1 n 1
− = → .
i=0
2i + 2 2i 2n + 2 2

qui n'est pas l'intégrale de la somme de la série de terme général u sur [0, 1]. n

10
• Pour pouvoir transmettre les propriétés de la série à sa somme, il faut dénir une convergence
plus forte : convergence uniforme

2.2.2 Convergence uniforme d'une série de fonctions

Dénition 22.
Une série de fonctions de terme général u de D dans IK converge uniformément et a
pour somme S si et seulement si :
n

∀ε > 0, ∃N ∈ IN tel que : n ≥ N ⇒ ∀t ∈ D, |S (t) − S(t)| = |R (t)| ≤ ε.


n n

• Cette dénition peut être reformulée comme suit :


Proposition 23.
La série de fonctions de terme général u de D dans IK converge uniformément et a pour
somme S si et seulement si :
n

∀ε > 0, ∃N ∈ IN tel que : n ≥ N ⇒ sup |S (t) − S(t)| = sup |R (t)| ≤ ε.


n n
t∈D t∈D

Proposition 24.
Si une série de terme général u converge uniformément et a pour somme S, elle converge
simplement et a la même somme. La réciproque est fausse.
n

Preuve.
Il est clair que si sup |S (t) − S(t)| tend vers 0 quand n → +∞, alors, pour t xé dans D,
n 0

S (t) − S(t) tend vers 0.


t∈D

Pour montrer que la réciproque de cette proposition est fausse, donnons un contre exemple :
n

la série de fonctions de l'exemple précédent, de terme général u (t) = sin t cos t déni pour 2 n

t ∈ [0, ] converge simplement mais non uniformément car :


n
π
2

+∞
X sin2 t cosn+1 t
sup ]|Rn (t)| = sup ]| sin2 t cosi t| = sup ]| | = 2.
t∈[0, π
2 t∈[0, π
2 i=n+1 t∈[0, π
2
1 − cos t

• Le critère de Cauchy uniforme permet de tester la convergence uniforme d'une série sans connaître
sa somme.
11
Proposition 25.
Une série de fonctions de terme général u de D dans IK converge uniformément si et
seulement si :
n

tel que : p, q ≥ N ⇒
p
X
∀ε > 0, ∃N ∈ IN sup |Sp (t) − Sq (t)| = sup ui (t) ≤ ε.
t∈D t∈D i=q+1

Preuve.
La démonstration de cette proposition pour les séries est la même que celle pour les suites en
raisonnant sur la suite des sommes partielles (S (t)).
n

Remarque 26.
Comme dans le cas des séries numériques, le critère de Cauchy uniforme, pour les séries
de fonctions, a un corollaire que l'on utilise beaucoup par sa contraposée pour montrer
qu'une série de fonctions ne converge pas uniformément.

Corollaire 27.
Si une série de fonctions de terme général u de D dans IK converge uniformément sur
, alors ku k = sup |u (t)| → 0 quand n → +∞. La réciproque est fausse.
n
D n ∞ n
t∈D

Preuve.
Il sut d'écrire :
kun k∞ = sup |un (t)| = sup |Sn (t) − Sn−1 (t)|
t∈D t∈D

et d'appliquer le critère de Cauchy uniforme.


Pour montrer que la réciproque est fausse, il sut de prendre une série, dont le terme général est
une fonction constante (ne dépend pas de t), qui diverge et dont le terme général tend vers 0 à
l'inni. Par exemple la série de fonctions constantes, de terme général u (t) = , ∀t et ∀n > 1,
1

convient.
n n

• Pour les séries de fonctions, on a une autre notion de convergence, qui implique la convergence
uniforme et qui dans la pratique est souvent facile à vérier : c'est la convergence normale.
Dénition 28.
Une série de fonctions de terme général u converge normalement sur D si la série nu-
mérique à termes positifs de terme général ku k = sup |u (t)| converge.
n
n ∞ n
t∈D

• Une autre dénition équivalente de la convergence normale peut être formulée comme suit.
12
Dénition 29.
On dit qu'une série de fonctions de terme général u converge normalement sur D s'il
existe une série numérique à termes positifs a qui soit convergente et telle que |u (x)| ≤
n

a , pour tout n ∈ IN et tout x ∈ D.


n n
n

• Cette notion de convergence est plus forte que la convergence uniforme car on a :
Proposition 30.
Si une série de fonctions de terme général u converge normalement sur D, alors elle
converge uniformément sur D. La réciproque est fausse.
n

Preuve.
On peut écrire :
p
X p
X
sup ui (t) ≤ sup |ui (t)|
t∈D i=q+1 i=q+1 t∈D

Si la série numérique de terme général sup |u (t)| converge, alors elle vérie le critère de Cauchy et
i

l'inégalité ci-dessus prouve que la série de terme général u vérie le critère de Cauchy uniforme.
t∈D

Donc elle converge uniformément sur D.


n

Pour montrer que la réciproque est fausse, il sut de trouver un contre exemple. Pour cela, soit la
série de fonctions de terme général u (t) = , n > 1. Cette série est uniformément convergente
(−1)n

sur [0, 1], mais non normalement convergente. En eet, on a :


n n+t

1
kun k∞ = sup |un (t)| = ,
t∈D n

et cette série numérique est divergente.


I Exemples.
1. La série de terme général u (t) =
n
sin nt
n2 , n > 1, dénie sur IR converge normalement car :
sin nt 1
kun k∞ = sup | | = 2.
t∈IR n2 n

2. Soit r ∈]0, 1[. La série de terme général u (z) = z dénie sur le disque D centré à l'origine,
n

de rayon r, converge normalement sur ce disque car :


n r

kun k∞ = sup |un (z)| = rn .


z∈Dr

Remarque 31.
Dans toutes les dénitions et propriétés de ce paragraphe, le domaine D est fondamental.
Dans l'exemple 2. ci dessus, on a convergence uniforme sur D pour r < 1 mais pas sur
D .
r
1

13
2.2.3 Propriétés des séries uniformément convergentes

Proposition 32 (Continuité de la somme).


Soit une série de fonctions de terme général u , déni sur un domaine D, qui converge
uniformément et a pour somme la fonction S sur D. Si pour tout n ∈ IN, la fonction u
n

est continue en un point t de D, S est aussi continue en t . On peut alors écrire :


n
0 0

+∞
X
S(t0 ) = lim ui (t)
t→t0
i=0
+∞
X +∞
X
= ui (t0 ) = lim ui (t),
t→t0
i=0 i=0

ce qui est un cas d'interversion de limite et somme innie.

Preuve.
On applique la proposition sur la continuité de la limite d'une suite de fonctions à la suite (S )
des sommes partielles de la série de terme général u , qui sont continues comme sommes nies de
n

fonctions continues.
n

Corollaire 33.
Soit une série de fonctions de terme général u , déni sur un domaine D, qui converge
uniformément et a pour somme la fonction S sur D. Si pour tout n ∈ IN, u est continue
n

sur D, S est aussi continue sur D.


n

• En pratique, on utilise souvent la contraposée du résultat ci dessus.Voici quelques exemples.


Exemple.
La série de fonctions continues de terme général u (t) = sin tcos t converge simplement sur
I
2 n

[0, ] et a pour somme une fonction discontinue. Elle ne converge donc pas uniformément sur cet
n
π

intervalle.
2

Remarque 34.
La convergence uniforme des séries de fonctions est susante mais non nécessaire pour
assurer la continuité des sommes. De plus, en général, on ne peut pas appliquer directe-
ment les résultats de continuité des sommes de séries de fonctions sur le domaine D en
entier et on est obligé d'utiliser un argument, dit de saturation.

I Exemple.
La série de fonctions de terme général u (t) = n1 , n > 1, et t ∈]1, +∞[, ne converge pas unifor-
mément sur ]1, +∞[ et pourtant sa somme est continue sur ]1, +∞[. En eet, soit a > 1. On peut
n t

écrire : 1 1
∀t ∈ [a, +∞[ : 0 ≤ ≤ .
nt na

14
La série numérique de terme général n1 est convergente. Donc, la série de fonctions de terme
a

général n1 est normalement convergente donc uniformément convergente sur [a, +∞[ et sa somme
S est continue sur cet intervalle. Comme ce raisonnement est valable pour tout a > 1, S est
t

continue sur tous les intervalles [a, +∞[ avec a > 1 donc aussi sur leur réunion qui est exactement
l'intervalle ]1, +∞[.
Proposition 35 (Dérivabilité de la somme).
Soit I un intervalle de IR. On considère une série de fonctions de terme général u ,
dérivable sur I telle que :
n

1. Il existe t ∈ I tel que la série numérique de terme général u (t ) converge


2. La série des dérivées, de terme général u converge uniformément sur tout sous-
0 n 0
0

intervalle borné de I et a pour somme une fonction σ.


n

Alors, la série de terme général u converge uniformément sur tout sous-intervalle borné
de I et a pour somme une fonction dérivable S telle que S = σ.
n
0

Avec la notation des sommes innies, ceci s'écrit :


+∞
!0
0
X
S (t) = un (t)
n=0
+∞
X 0
= un (t).
n=0

ce qui est un cas d'interversion de somme innie et de dérivation.

Preuve.
Il sut d'appliquer la proposition sur la dérivation de la limite d'une suite de fonctions à la suite
(S ) des sommes partielles de la série de terme général u , qui sont dérivables comme sommes
nies de fonctions dérivables.
n n

• A partir du résultat ci dessus, on déduit les corollaires suivants pour les séries de fonctions.

Corollaire 36.

Sous les hypothèses de la proposition ci dessus, si de plus, les fonctions u sont continues
0

sur I , alors la somme S a une dérivée S continue sur I .


0
n

Corollaire 37.
Si une série de fonctions dérivables, de terme général u converge simplement sur I et
a pour somme S et si la suite des dérivées converge uniformément sur tous les sous-
n

intervalles bornés de I et a pour somme σ , alors S est dérivable et S = σ sur I .0

Exemple.
Soit 0 < r < 1 et I = [−r, +r]. On considère la série de fonctions dénies sur I , de terme général
I

15
un (t) = .
tn+1

La série numérique de terme général u (0) converge (c'est la série nulle!) et il est clair que la série
n+1

des dérivées de terme général t converge uniformément sur I .


n
n

La somme S(t) = X nt + 1 est donc dérivable et sa dérivée vaut :


+∞ n+1

n=0

+∞
0 X 1
S (t) = tn = .
n=0
1−t

Comme S(0) = 0, on en déduit que S(t) = X nt + 1 = − log(1 − t).


+∞ n+1

n=0

Proposition 38 (Intégration de la somme).

On considère une série de fonctions de terme général u , déni et continu sur [a,b], qui
converge uniformément! sur [a,b] et a pour somme ZS . Alors, la série numérique de terme
n

général u (t)dt converge et a pour somme S(t)dt.


Z b b
n

On peut alors écrire :


a a

Z b +∞ Z
X b
S(t)dt = un (t)dt
a n=0 a
Z b +∞
!
X
= un (t) dt.
a n=0

ce qui est un cas d'interversion de somme innie et d'intégrale.

Preuve.
On applique la proposition sur les suites de fonctions à la suite (S ) des sommes partielles de la série
de terme général u , qui sont continues sur [a, b] comme sommes nies de fonctions continues.
n
n

I Exemple.
On considère la série de fonctions de terme général u (t) = (2n)! , déni sur [0,1].
2n
t
n

Comme ∀t ∈ [0, 1], 0 ≤ (2n)! , cette série converge normalement donc uniformément sur
2n
t 1

[0,1]. D'après la proposition ci dessus, on a donc, pour tout x ∈ [0, 1] :
(2n)!

+∞ +∞ Z x Z x
X x2i+1 X t2n
= dt = cosh tdt = sinh x.
i=0
(2i + 1)! i=0 0
(2n)! 0

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