FichePrisme Architecturebioclimatique

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L'architecture bioclimatique - Fiche PRISME

Technical Report · January 2008

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Fredery Lavoye André De Herde


IMT Mines Alès Université Catholique de Louvain - UCLouvain
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L’architecture
bioclimatique
Problématique Figure 1 : Rayonnement solaire
L’architecture bioclimatique est l’architecture la plus ancienne :
utilisation de matériaux locaux, volonté de se protéger des
contraintes climatiques, recours à des systèmes ingénieux
pour améliorer le confort, habitations troglodytes ou verna­
cu­laires, etc. La standardisation actuelle tend à éloigner
l’archi­tecture de son environnement, mais le retour de tels
concepts apparaît inévitable dans des pays confrontés à un
manque de moyens et à un problème d’accès à l’énergie ne
kWh/m2.J
leur permettant pas de disposer autrement de logements 0-1
confortables. Ainsi, l’architecture bioclimatique répond en 1-2
2-3
partie à cette problématique par l’intégra­tion de concepts 3-4
4-5
passifs permettant de minimiser le recours à la consommation 5-6
énergétique (notamment pour la climatisation dans les pays ≥6

chauds) et l’impact sur l’environ­nement sans négliger le bien-


être de l’occupant. Figure 2 : Les zones climatiques chaudes
nº 4

L’enjeu est de proposer des habitations confortables et éco­ Équatorial


nomes énergétiquement en utilisant au maximum les res­ Tropical de mousson
sources disponibles à proximité (ressources matérielles, main- Tropical humide
Tropical sec
d’œuvre, valeurs culturelles également).
P R I S M E

Désertique
Tunis

Principes de base
Chaud d’altitude Bagdad
Thématique : La planification énergétique sectorielle

Méditerranéen
Tropique du Cancer
Bombay
L’architecture bioclimatique Bamako

en quelques mots Belem


Kinshasa
Équateur

Nairobi
L’architecture bioclimatique utilise le potentiel local (climats,
matériaux, main-d'œuvre…) pour recréer un climat intérieur
t e c h n i q u e

Tropique du Capricorne

respectant le confort de chacun en s’adaptant aux variations


climatologiques du lieu. Elle rétablit l’architecture dans son
rapport à l’homme et au climat. C’est pourquoi on ne peut
définir une unique typologie de l’architecture bioclimatique : il
y en a autant que de climats. Ceci est d’autant plus vrai que le
confort de chacun se déplace avec les conditions climatologiques. l’humidité, qui a un effet conséquent sur la proportion de
L’architecture bioclimatique passe donc inévitablement par une radiations solaires directes ou diffuses (figures 1 et 2) :
excellente connaissance de son environnement.
– sec, pour une humidité relative inférieure à 55 % (climats
F i c h e

Les climats chauds tropical sec, désertique, chaud d’altitude)


Les climats chauds sont caractérisés par des températures – humide, pour une humidité relative supérieure à 55 %
moyennes annuelles comprises entre 20 et 35 °C et se (climats équatorial, tropical de mousson, tropical humide,
répartissent en deux catégories principales en fonction de méditerranéen)
L’architecture bioclimatique

Les principes (influence de l’éclairage naturel, basse consommation si


possible) et de tout appareil électrique : une stratégie de
À partir de là, il est tout à fait possible de définir une stratégie développement durable est à adopter à tous les niveaux. Le
de conception architecturale au cas par cas et proposer une bon fonctionnement du bâtiment quant à lui nécessite une
habitation permettant de se protéger des fortes chaleurs et sensibilisation : utilisation des protections solaires et de la
des fortes radiations solaires, utilisant une ventilation naturelle ventilation naturelle si celles-ci ne sont pas automatisées,
et offrant un abri confortable en toute saison. Il est alors entretien du bâtiment et des équipements…
envisageable d’estimer grossièrement les besoins énergétiques
car même si l’accès à l’électricité (éclairage principalement) et Deux stratégies sont à adopter suivant les besoins :
à l’eau chaude est indispensable, la production de chaleur et/ – La stratégie du chaud consiste à capter l’énergie solaire
ou de froid peut être évitée ou largement limitée. et la stocker dans la masse pour un déphasage et un
L’intégration du bâtiment dans son environnement est écrêtage des pics de température. La redistribution de cette
le premier principe de l’architecture bioclimatique : il est chaleur se fait lorsque les températures extérieures sont
indispensable d’avoir une parfaite connaissance des vents plus faibles que les températures intérieures désirées.
dominants, de la radiation solaire incidente et des masques – La stratégie du froid consiste à se protéger des apports
solaires voisins, des risques d’inondations, de la végétation solaires, adopter des solutions passives de refroidissement
environnante et des objectifs de confort… Faut-il se protéger par humidification ou ventilation naturelle et limiter les
du vent dominant ? Peut-on en tirer parti ? A-t-on besoin de charges internes.
gains solaires ? Si oui, comment trouver un juste milieu entre
ces derniers et la limitation des risques de surchauffe ? Une Problèmes observés et
construction sur pilotis est-elle nécessaire contre les risques
d’inondation ? La réponse à ces questions permettra d’optimiser solutions techniques
la forme géométrique du bâtiment, son implantation, la position Cette partie donnera des éléments de réponses afin de
et le type d’ouvertures ou encore l’aménagement intérieur. résoudre des problèmes techniques liés à la conception
L’implantation du bâtiment doit aussi tenir compte de son bioclimatique. Mais il est bien évident que ces réponses se
impact futur sur l’environnement immédiat. font au cas par cas.
L’architecture bioclimatique impose également des bases de
conception : Comment implanter au mieux
un bâtiment ?
– Utiliser des matériaux de construction locaux : le coût sera
plus faible, la main-d’œuvre plus adaptée tant au niveau de Une parfaite connaissance du lieu est indispensable. Ainsi,
la construction que de l’entretien. connaître à tout moment l’énergie solaire effectivement reçue
sur l’enveloppe permettra de concevoir correctement cette
– Les revêtements de façade influent sur le rayonnement dernière mais aussi d’anticiper l’orientation optimale ainsi
thermique.
nº 4

que le type de protections solaires envisageable. Des logiciels


– Faut-il valoriser l’inertie thermique ? informatiques de simulation de l’ensoleillement constituent
– Faut-il isoler le bâtiment ? des outils d’aide à la conception.
P R I S M E

– Comment gérer les radiations solaires ? De même, afin d’éviter tout risque de turbulence et de
favoriser une possible exploitation du gisement éolien, une
Thématique : La planification énergétique sectorielle

– Comment exploiter la ventilation naturelle ? étude doit être menée en amont du projet pour optimiser
– La valorisation de l’énergie solaire et/ou éolienne et/ou l’implantation du bâtiment. L’urbanisme, la topographie
biomasse pour la production d’énergie (électrique ou (figure 3) et la végétation (figure 4) sont autant de facteurs à
thermique) fait aussi partie du concept de bioclimatisme. prendre en compte.
Elle tire parti de la nature et limite les problèmes d’accès
Figure 3 : Effet de la topographie
t e c h n i q u e

à l’énergie ainsi que l’impact global sur l’environnement.


Tous ces principes de conception sont à adapter suivant les Maisons connaissant un effet favorable dû à la topographie
Maisons connaissant un effet défavorable dû à la topographie
contraintes climatiques, socio-économiques et architecturales.
Malgré tout, une excellente conception du bâtiment peut
devenir dérisoire si l’usage qui en est fait est en contradiction VENT
Écoulement laminaire

avec la réflexion globale du projet. C’est là que le rôle de


l’occupant intervient. Si tout est mis en œuvre pour limiter les
risques de surchauffe, l’occupant se doit de limiter la dissipation
Falaise
de chaleur interne. De ce fait, les appareils de cuisson ou
F i c h e

autres équipements producteurs de chaleur (compresseur Pente


« au vent »
Pente
« sous le vent »
des réfrigérateurs ou d’appareils de climatisation) doivent être Vallée
perpendiculaire
impérativement disposés à l’extérieur des zones de vie. Un au vent

comportement responsable influera sur le choix de luminaires Zone Zone Zone Zone Zone Zone Zone Zone
irriguée déventée irriguée déventée très de irriguée déventée

2
déventée décollement
L’architecture bioclimatique

Figure 4 : Effet d'un obstacle sur le potentiel Quelle forme du bâtiment est
de ventilation à suggérer ?
VENT La compacité est généralement une règle en architecture
bioclimatique car elle permet de limiter les surfaces déperditives
ou soumises à un éclairement solaire important. On passera
outre cette règle en climat désertique où une cour intérieure
Ventilation (totalement ouverte) est souhaitable, l’objectif étant de créer
compromise le plus d’ombre possible. Cette disposition est d’autant plus
Ventilation
efficace dans le cas de logements groupés (elle peut alors être
possible complétée par la mise en place de nombreuses ruelles).
Ventilation
favorable La forme géométrique à proprement parler peut être pensée
h urbanistiquement pour permettre la ventilation naturelle d’un
ensemble de bâtiment soumis au vent.

Quels matériaux de construction


choisir ?
0à4h 4 à 12 h > 12 h
Le choix des matériaux se fait en fonction de ceux qui sont
disponibles à proximité. Ils sont particulièrement adaptés au
climat et le coût de construction sera limité.
Lorsque c’est un projet de bâtiments collectifs qui est en cours,
l’impact de chacun d’entre eux sur les autres est à considérer : il – Les constructions en pierre locale sont ainsi adaptées au
permettra d’évaluer une distance à respecter entre ces derniers climat à forte variation de température journalière.
et d’optimiser la forme géométrique de chacun. – Les constructions en bois permettront une rapide
montée en température du bâtiment particulièrement
Comment valoriser les éléments adaptée aux climats dont l’hiver est très rigoureux (climat
naturels ? de montagne).
L’orientation d’un bâtiment dépend principalement de l’axe – Les constructions en terre crue ou sable permettent
dans lequel souffle le vent et surtout de la nécessité ou d’accumuler les fortes radiations solaires et montées en
non de profiter des apports solaires (c’est-à-dire s’il y a une température et ainsi limiter les risques de surchauffe.
saison froide). Ainsi, en climats chauds on privilégiera un axe
longitudinal Est/Ouest de façon à réduire l’exposition au soleil En ce qui concerne le choix des isolants, on optera pour
bas des façades dont il est difficile de se protéger. Malgré tout, des isolant végétaux (laine de chanvre, laine de bois…), voire

nº 4
on aura tendance à s’écarter de cet axe en climat désertique ou animaux (laine de mouton). On peut imaginer que si aucun
méditerranéen où les apports solaires peuvent être valorisés végétal ne pousse dans le milieu d’implantation, c’est qu’il
durant la saison froide, en direct par les vitrages, ou la nuit, en n’est pas indispensable d’isoler le bâtiment (climat chaud et
sec)… Rappelons finalement que les produits industrialisés

P R I S M E
déphasage par l'inertie.
ne valorisent pas la situation socio-économique du lieu de
L’orientation est également choisie pour permettre aux vents

Thématique : La planification énergétique sectorielle


construction, impliquant des importations massives, une
dominants de pénétrer dans le bâtiment. En effet, la ventilation réduction de la valeur ajoutée locale et une déqualification
naturelle est toujours due à une différence de pression, causée des métiers traditionnels.
par le vent ou par un écart de température : dans ce type de
climat, la ventilation est essentielle pour évacuer des locaux la Comment limiter les variations
chaleur interne ou les apports solaires (figure 5). de température journalière ? t e c h n i q u e

Figure 5 : Ventilation naturelle L’inertie thermique d’un bâtiment a pour principale qualité
d’amortir les fortes variations thermiques journalières en
créant un déphasage. Lors de journées chaudes, l’enveloppe
lourde (construction en pierre, mur en terre crue épais)
accumule la chaleur, limitant ainsi les risques de surchauffe.
Durant la nuit, lorsque la température extérieure diminue,
toute la chaleur accumulée durant la journée est transmise à
l’intérieur du bâtiment évitant ainsi le recours à un éventuel
F i c h e

appoint de chauffage.
La figure 6 illustre la transmission de chaleur de l’extérieur
à l’intérieur avec un certain déphasage et amortissement,
fonction de l’épaisseur et de la conductivité thermique des

3
L’architecture bioclimatique

matériaux. Accumulation et déphasage constituent l’inertie mécanique pour apporter la juste quantité d’air neuf mais
thermique. Ces données sont représentées physiquement par aussi d’éviter le plus souvent le recours à la climatisation.
la diffusivité et l’effusivité thermique qui expriment la capacité Avant toute chose, il faudra évaluer le potentiel de ventilation,
d’un matériau respectivement à transmettre une variation de éloigner le bâti des obstacles à l’écoulement, protéger l’abord
température et à absorber (ou restituer) un flux thermique et l’enveloppe du bâtiment des rayonnements solaires et
instantané. Pour les climats présentant une forte variation anticiper l’aménagement intérieur afin de limiter les pertes
de température journalière, on privilégiera des matériaux de charges du courant d’air.
présentant une faible diffusivité et une forte effusivité. La
Une conception optimale de la forme et de l’emplacement
figure 7 indique la qualité de l’inertie de quelques matériaux
du bâtiment, d’une part, et du positionnement et de la taille
pour des épaisseurs usuelles d’utilisation.
des ouvertures, d’autre part, permettra de créer la différence
de pression entre les façades du bâtiment nécessaire à la
Figure 6 : Réaction d'un local aux apports création du courant d’air. Cette différence de pression est
solaires créée soit par l’admission et l’extraction du vent sur deux
façades judicieusement orientées, soit par une différence de
W/m2 température entre deux façades (avec ouvertures) soit par
e
fff

Apports instantanés S1
au

une différence de hauteur (effet cheminée).


ch

292
ur
es
cd

S2 chaleur restituée Il existe différents types d’ouverture qui permettront de


Pi

avec peu d’inertie


219 renforcer la ventilation par prise et extraction d’air. Les
Surchaufffe
écopes, les percées, les sheds ou tout simplement les fenêtres
lorsqu’elles sont bien orientées et dimensionnées (surface
146
S3 chaleur restituée
aéraulique) permettent de brasser la totalité de l’air intérieur
avec inertie (figure 8).

Déphasage
a
Figure 8 : Influence de l’implantation
b
de l’écope en toiture
t0 t1 t2 Temps Moitié Moitié
sous le vent au vent

Figure 7 : Temps de déphasage de différents


matériaux de construction
15
Temps de déphasage (heures)

14 CET = 1,4 Co Zone


13 sous-ventilée
nº 4

233,5
12
140,1 Moitié
11
sous le vent
10 Moitié
au vent
P R I S M E

9
8
7
Thématique : La planification énergétique sectorielle

154
116,8 84 Eau
6 Bois lourd
44,5 Zone
5
70 210,2 Bois léger CET = 1,15 Co sous-ventilée
102,6 Brique
30,6 Terre
4 27,8 Béton lourd
42 140,1 Béton cellulaire
3
Granit
13,9
2
15,3
70
1,5
Polystyrène extrudé
Plâtre La surventilation nocturne couplée à une forte inertie du
1 Verre
2,9 0,5
bâtiment peut s’avérer très efficace lorsque les températures
t e c h n i q u e

Acier
0
0 20,9 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Épaisseur (cm) extérieures sont importantes (même la nuit). Cette surventilation
peut se faire transversalement ou par effet cheminée (figure 9).
Les murs lourds ayant accumulé leur chaleur durant la journée
L’inertie thermique est complétée par l’isolation extérieure verront leur température diminuer plus vite. Toutes sortes de
de la toiture, responsable des 2/3 de transfert de chaleur vers dispositifs sont envisageables et il serait difficile d’en effectuer
l’intérieur. un inventaire. Les références bibliographiques permettent d’aller
plus loin dans cette démarche.
Comment bien ventiler l’espace La porosité à l’air des parois est une alternative lorsque la
intérieur ? surface disponible pour disposer des ouvertures est limitée.
F i c h e

En climat chaud, particulièrement, la ventilation naturelle Ainsi en Égypte, l’utilisation de Moucharabiehs est fréquente
est le cœur de la conception bioclimatique. Elle permet non (figure 10). Ce dispositif a l’avantage de créer une protection
seulement de limiter l’utilisation d’un système de ventilation contre les radiations solaires, les intrusions et les insectes tout
en permettant la circulation d’air.

4
L’architecture bioclimatique

Figure 9 : Figure 10 : Maoucha­ra­ Figure 12 : Facteurs solaires de différentes


Surventilation biehs d’une maison du protections solaires (vitrage simple)
Caire (Égypte)

Ext. Int. Ext. Int. Ext. Int. Ext. Int. Ext. Int.

La ventilation naturelle en climat sec peut être couplée à une


humidification de l’air qui créera une sensation de fraîcheur.
Volets en bois Stores en toile Stores vénitiens
Cette dernière peut se faire par la mise en œuvre de 9 à 10 % 7 à 19 % 34 à 59 % 11 à 13 % 45 à 65 %
fontaines, de jarres humides ou de végétation sur le parcours
de l’air. Les tours à vent ou Malqaf (figure 11) utilisées en
climat désertique, permettent lorsqu’elles sont bien conçues Figure 13 : Typologies de pare-soleil verticaux
(forme d’entonnoir, orientées face aux vents dominants) une
climatisation naturelle par humidification.

Figure 11 : Tours à vent dans le Sud Tunisien et


principe de fonctionnement

nº 4
Ces protections jouent un rôle multiple : elles permettent
une meilleure ventilation naturelle et une protection contre

P R I S M E
la vue, le bruit, l’effraction, les rongeurs, les moustiques et bien
entendu le soleil.

Thématique : La planification énergétique sectorielle


CRATerre
Comment organiser les espaces
Comment limiter les apports solaires ? intérieurs ?
Une multitude de protections solaires existe : stores extérieurs La hiérarchisation des espaces assure la transition entre
verticaux (efficaces quelle que soit l’orientation des radiations), l’extérieur et l’intérieur. Ceci est d’autant plus vrai qu’en t e c h n i q u e
pare-soleil horizontaux (casquette – efficaces pour les façades climat chaud, un certain nombre d’activités s’effectuent en
orientées au midi), réflecteurs (compromis entre protections extérieur (la cuisson, par exemple). Les pièces produisant l’air
solaires et éclairage naturel), protections solaires amovibles, humide et chaud sont placées au niveau de la façade sous le
double-peau (crée une ventilation par convection le long vent afin que leur volume d’air soit directement rejeté vers
du mur – figure 13 – par exemple, cour d’appel de Niamey l’extérieur sans interagir avec les pièces propres (situées du
au Niger, Architectes C. et L. Mester de Parajd), végétation, côté de la façade au vent). Le positionnement du mobilier, le
couleur de paroi claire et faible coefficient d’absorption des cloisonnement de l’espace et la disposition des pièces devront
matériaux. faciliter l’écoulement de l’air dans la direction souhaitée.
F i c h e

Leur choix dépendra de l’orientation de la façade à protéger La véranda (terrasse couverte) est un espace inévitable en archi­
mais aussi de l’intégration avec l’environnement extérieur, les tecture bioclimatique pour climat chaud, constituant des espaces
coutumes locales et les usages de l’espace intérieur. fortement ventilés, protégés de la pluie et du rayonnement

5
L’architecture bioclimatique

solaire. Par ailleurs, dans les climats secs, certains espaces offrent Figure 14 : Table de Mahoney pour la ville de
une multidisciplinarité : on parle alors de nomadisme à l’intérieur Belém (Brésil)
des bâtiments.
Indicateur
Comment se protéger de la pluie ? Recommandations
H1 H2 H3 H4 H5 H6
Plan masse
Les longs débords de toiture ainsi que les constructions sur 1. Orientation suivant un axe longitudinal E-O
pilotis sont largement utilisés en climat humide, soumis à de 2. Plan compact avec cour intérieure
Espacements
fortes pluies, voire à des inondations. La construction sur pilotis 3. Grands espacements entre les bâtiments
permet en outre d’augmenter l’état dépressionnaire de la façade 4. Idem avec protection contre le vent
5. Plan compact
sous le vent et donc le potentiel de ventilation naturelle. Circulation d’air
6. Circulation d’air permanente
7. Circulation d’air intermittente
Résultats attendus et 8. Circulation d’air inutile
Ouvertures
9. Grandes ouvertures des facades N et S
stratégies de mise en œuvre 10. Très petites ouvertures (10 à 20%)
11. Ouvertures moyennes (20 à 40 %)
Murs
L’objectif d’une conception bioclimatique est triple : 12. Murs légers
13. Murs massifs
– Améliorer les conditions de vie ; Toitures
14. Toitures légères et isolantes
– Limiter l’impact sur l’environnement de la construction, de 15. Toitures lourdes
Sommeil en plein air
sa mise en œuvre à sa fin de vie en réduisant un maximum 16. Sommeil en plein air
le recours à l’énergie ; Protection contre la pluie
17. Protection contre la pluie
– Valoriser les matériaux et savoir-faire locaux et relancer
ainsi l’économie locale.
Les résultats attendus sont difficilement quantifiables écono­ Conclusion
miquement ou énergétiquement car ce n’est qu’au cas par cas L’architecture bioclimatique permet de retrouver les principes
que l’on peut les évaluer. de construction d’antan et de les adapter aux progrès effectués
Une architecture bioclimatique permet de se passer ou de en la matière. L’efficacité de tous ces concepts est reconnue
limiter toute consommation d’énergie annexe, notamment et prouvée et permet de proposer des bâtiments exemplaires
le recours à la climatisation, à la ventilation mécanique, en termes d’architecture, de confort, d’efficacité énergétique
à l’éclairage artificiel, ceci avec un très faible surcoût à la et environnementale. Elle valorise en outre les cultures et
construction. L’exploitation de l’énergie solaire permet traditions locales en dégageant une architecture spécifique
également de chauffer l’eau (systèmes thermiques) ou produire à chaque région du monde. Plus que de l’architecture, c’est
de l’électricité (systèmes photovoltaïques) par exemple pour tout un paysage qui est travaillé car l’intégration optimale
nº 4

le pompage d’eau, l’éclairage ou la production de froid pour le des bâtiments par le choix des matériaux ou l’implantation
stockage de nourriture. d’un quartier respecte le lieu. Finalement, elle s’inscrit dans un
cadre global de développement durable.
Outre des phénomènes objectifs, c’est toute une série de
P R I S M E

phénomènes subjectifs que le bioclimatisme apporte. Si c’est


Références
Thématique : La planification énergétique sectorielle

une consommation énergétique que l’on économise, c’est une


ambiance intérieure, une qualité architecturale, un confort Les images sont issues du Traité d’architecture et d’urbanisme
visuel, thermique ou acoustique que l’on valorise. bioclimatique : concevoir, édifier et aménager.
Cette conception passe par une démarche bien spécifique Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatique :
qui tend à hiérarchiser les recommandations. Carl Mahoney concevoir, édifier et aménager. André de Herde et Alain
t e c h n i q u e

(professeur en architecture et à la base d’un plan d’action de Liebard. Éditions Le Moniteur. 2005.
l’architecture bioclimatique dans les pays en développement http://www.editionsdumoniteur.com/pages/recsimp/fichliv.
http://cma.alphalink.com.au/) a mis au point un ensemble asp?PRO_ID=630
de tables destinées à récapituler et à analyser les données
climatiques, pour formuler et hiérarchiser des recommandations Maîtrise de l’énergie dans les établissements de santé
précises liées à un climat. La figure 14 représente la table de des pays en développement : guide technique. Réalisé
Mahoney pour le climat équatorial, à savoir celui de la ville de par la région PACA, le conseil régional des Bouches du
Belém au Brésil. Ces principales recommandations visent à se Rhône, l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la
protéger efficacement du rayonnement solaire, améliorer la Francophonie IEPF, l’Agence intergouvernementale de la
francophonie, l’ADEME et le GERES. 2003.
F i c h e

ventilation et abaisser l’humidité relative de l’air.


http://www.iepf.org/docs/prisme/Energ_sante.pdf

6
L’architecture bioclimatique

Étude de cas
Centre de santé de Barkoundouba au Burkina Faso

Raisons du projet Un excellent compromis entre confort thermique et


visuel est indispensable et souvent difficile à trouver dans
La construction de centres de santé dans les pays en ce genre de climat. Une attention toute particulière est
développement constitue un enjeu de taille en raison de portée non seulement sur l’orientation suivant un axe
conditions sanitaires souvent précaires dues notamment à Est/Ouest mais aussi sur la protection des fenêtres : le
un manque de moyens et à des conditions climatiques peu rayonnement solaire direct est ainsi masqué par des
propices. Au Burkina Faso, la population est principalement débords de toiture au-dessus des murs Sud et Nord, par
rurale et le manque d’infrastructures sanitaires ne permet un auvent sur la façade Est et un mur claustra en façade
pas le soin de l’ensemble de la population : il s’avère qu’un Ouest. Les murs ajourés permettent la circulation d’air et
seul centre de soins est disponible pour 100 000 per­sonnes. offrent une protection solaire.
L’architecture bioclimatique se présente alors comme une
solution face à ce problème en permettant la construction La toiture est l’élément constructif le plus soumis à
de centres de santé ou dispensaires offrant des conditions l’énergie solaire : sa conception permet de limiter les
intérieures saines et confortables. En outre, l’utilisation de risques de surchauffe en évacuant la chaleur emmagasinée
matériaux, main-d’œuvre et techniques de construction la journée. Ainsi, un large espace est prévu entre la toiture
locaux permet de limiter les coûts de conception et et le plafond épais qui isole l’intérieur du bâtiment. Cet
d’exploitation. espace permet une aération naturelle en continu et la
toiture permet d’ombrer complètement le plafond.
L’objectif du projet de développement national burkinabé
est d’amorcer un plan de développement de centres de Le site n’ayant pas accès au réseau d’électricité, les
santé ruraux pour proposer à la population locale un accès différents bâtiments ne peuvent avoir recours à un système
aux soins. Il apparaît que l’architecture bioclimatique est la de climatisation traditionnel. L’architecture bioclimatique
réponse à ce défi. permet de s’en passer par les différents principes énoncés
ci-dessus (protections solaires, conception de la toiture,
Description inertie thermique), mais il est indispensable de sensibiliser
le personnel sur le fonctionnement des bâtiments : durant
Le projet de construction du centre de santé et de la journée, toutes les fenêtres sont fermées et protégées,
promotion sociale à Barkoundouba a pour but l’accès aux durant la nuit, les dispositifs de ventilation naturelle sont

nº 4
soins pour un millier de personnes sur un rayon de 5 km. adoptés : évacuation de la chaleur emmagasinée par l’inertie
Quatre bâtiments sont prévus regroupant un dispensaire, par circulation d’air entre les différents ouvrants.
une maternité et deux logements destinés au personnel.

P R I S M E
L’objectif du projet est de trouver le meilleur compromis Stratégie de mise en œuvre
entre confort et coût (de construction et d’exploitation) : et financement

Thématique : La planification énergétique sectorielle


compromis qui sera trouvé par simulations dynamiques et
Aux vues du constat de la situation sanitaire du pays, le
étude économique. Les meilleures conditions de confort
projet a été initié en 1998 et financé intégralement par
sont atteintes en adoptant au maximum des concepts de
l’association Barkoundouba dans la Drôme en France.
bioclimatisme.
La conception bioclimatique s’est avérée la solution
constructive la plus adaptée là où l’accès à l’énergie est t e c h n i q u e
La démarche vise tout d’abord à limiter l’utilisation de
matériaux importés et favorise ainsi une construction en difficile et les contraintes climatiques peu favorables
bloc de terre compressée de 30 cm d’épaisseur. Cette au maintien de conditions intérieures confortables.
solution a de multiples impacts : L’association Barkoundouba a donc confié la conception
bioclimatique à l’ONG française GERES avec un objectif
– Excellente résistance mécanique ;
de surcoût limité à 15 %.
– Bonne régulation de l’humidité de l’air ;
Le programme de Promotion de l’Artisanat au Burkina
– Très bonne inertie ;
(PAB) a assuré la coordination de tous les acteurs et
– Terre disponible et pressée manuellement sur le bon déroulement de la mise en œuvre du projet. Le
chantier ;
F i c h e

cahier des charges a été établi par du personnel médical


– Limite l’importation de matériaux et le coût de
construction.

7
L’architecture bioclimatique

Étude de cas (suite)


du Burkina Faso, le fonctionnement étant assuré par du Malgré tout, on pourrait penser que l’accès à l’électricité
personnel burkinabé. et/ou à l’eau chaude sanitaire est une nécessité dans ce
type d’établissement. Éviter le recours à des combustibles
Le programme PAB a favorisé l’engagement de petites
importés ou à un raccordement au réseau électrique se
entreprises locales permettant de valoriser l’économie et
fait par valorisation de l’énergie solaire, photovoltaïque ou
les savoirs-faire du pays.
thermique.
Résultats techniques Le projet a permis aux acteurs burkinabés d’acquérir
et financiers une certaine expérience non seulement en architecture
bioclimatique mais aussi dans le déroulement de tel projet.
Les résultats techniques de ce projet sont difficilement De fait, ces derniers possèdent en main toutes les clés
chiffrables car il n’y a aucune consommation d’énergie. Et nécessaires à la reproduction d’une telle expérience dans
c’est là tout l’enjeu : la conception bioclimatique permet la mesure où les financements sont disponibles.
d’atteindre des conditions intérieures confortables sans
système de ventilation mécanique ou de climatisation. Références
Les résultats financiers laissent apparaître un coût de 150 e/m2 Maîtrise de l’énergie dans les établissements de santé
pour un total de 64 200 f qui a été optimisé par une excellente des pays en développement : guide technique réalisé
organisation des bâtiments. Le surcoût lié au bioclimatisme est par la région PACA, le conseil régional des Bouches du
évalué à 15 %. Les résultats semblent tout à fait satisfaisants Rhône, l’Institut de l’énergie et de l’environnement de
car le même type de projet a été reproduit à Douma, toujours la Francophonie IEPF, l’agence intergouvernementale de
au Burkina Faso. la francophonie, l’ADEME et le GERES.
Conclusion http://www.iepf.org/docs/prisme/Energ_sante.pdf

Ce projet est une solution pertinente à l’amélioration du Dispensaires – « Soigner et se soigner dans le confort
cadre de vie d’une population n’ayant pas accès aux mêmes d’une architecture bioclimatique ». BARKOUNDOUBA
services de santé des pays développés. Il s’avère qu’il est ET DOUMA, 2003.
tout à fait possible d’éviter le recours à l’énergie pour http://162.23.39.120/dezaweb/ressources/resource_
satisfaire le confort des occupants. fr_23960.pdf
nº 4 P R I S M E

Les fiches techniques PRISME


Thématique : La planification énergétique sectorielle

(Programme International de Soutien à la


L’Institut de l’énergie et de l’environnement Institut de l’énergie et de l’environnement Maîtrise de l’Énergie) sont publiées par l’IEPF.
de la Francophonie (IEPF) est un organe de la Francophonie (IEPF)
subsidiaire de l’Organisation internationale 56, rue Saint-Pierre, 3e étage Directeur de la publication :
de la Francophonie (OIF). Il est né en Québec (QC) G1K 4A1 Canada Fatimata DIA Touré, directrice, IEPF
1988 de la volonté des chefs d’État et de Téléphone : (1 418) 692 5727 Comité éditorial :
gouvernement des pays francophones de Télécopie : (1 418) 692 5644
t e c h n i q u e

Sibi Bonfils, directeur adjoint, IEPF


conduire une action concertée visant le Courriel : [email protected] Jean-Pierre Ndoutoum, responsable de programme, IEPF
développement du secteur de l’énergie dans Site Web : www.iepf.org
les pays membres. En 1996, cette action a Supervision scientifique et technique :
été élargie à l’Environnement. Basé à Québec Maryse Labriet, Environnement Énergie Consultants
(Canada), l’Institut a aujourd’hui pour Rédaction :
mission de contribuer au renforcement des
capacités nationales et au développement Frédéry Lavoye en collaboration avec André De Herde,
50 %
de partenariats dans les domaines de Cellule de recherche «Architecture et Climat »,
Imprimé avec des encres végétales sur du
l’énergie et de l’environnement. papier dépourvu d’acide et de chlore et Université Catholique de Louvain, Belgique
contenant 50 % de matières recyclées dont [email protected]
15 % de matières post-consommation.
Édition et réalisation graphique :
Imprimé en janvier 2008 Communications Science-Impact
F i c h e

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