Rao Mars Et Saturne Version Finale
Rao Mars Et Saturne Version Finale
Rao Mars Et Saturne Version Finale
Yves LENOBLE
MARS et SATURNE sont les deux planètes maléfiques des Anciens. Il me semble
indispensable - pour répondre à la question posée : Mars et Saturne chemin de croix ou
chemin de sagesse - d’essayer d’abord de bien comprendre ce que voulaient dire les Anciens
en employant ce terme. Par ailleurs, comme les cycles de Mars et Saturne sont de durée très
différentes l’un de l’autre, il importe aussi de voir en quoi ces planètes se différencient..
Que nous dit Ptolémée qu’il ne faut jamais oublier de consulter ? Contrairement à Jupiter et
Vénus qui doivent leur réputation bénéfique au fait qu’elles résultent de l’interaction du
Chaud solaire et de l’Humide lunaire, les planètes Saturne et Mars ont une réputation
maléfique parce que l’une – Saturne - manque de Chaud tandis que l’autre –Mars – manque
d’Humide. Saturne, c’est le Froid qui immobilise mais n’est-ce pas aussi le Froid qui
conserve ? Mars, c’est le Sec qui provoque les conflits avec autrui mais n’est-ce pas aussi le
Sec qui favorise l’autonomie ?
Dans quel maison les Anciens avaient-ils placé Mars et Saturne ? Dans deux maisons
opposées… Dans des maisons, qui sont en carré des maisons des luminaires… Dans des
maisons sans aspect avec la maison I - l’Horoscopos -, la maison essentielle pour les
Anciens. Mars est en joie dans la maison VI - maison dont le nom en grec « kakè tuchè »
signifie « mauvaise fortune » (alors que Vénus est en joie en V dans la maison de la « bonne
fortune »). Saturne est en joie en XII dans la maison opposée, dont le nom en grec
« kakos daimôn » signifie « mauvais génie » (alors que Jupiter est en joie en XI dans la
maison dénommée « bon génie »). Tandis que dans l’hémisphère inférieur la maison de la
Lune (III) est d’un côté en sextile avec la maison de Vénus (V) et en carré avec la maison de
Mars (VI) dans l’hémisphère supérieur, de manière opposée, la maison du Soleil (IX) est en
sextile avec la maison de Jupiter (XI) et en carré de la maison de Saturne (XII). Il faut
méditer sur cet ordonnancement des maisons car pour les Anciens le cycle jour/nuit était
primordial. Il faut savoir que toute description d’un signe astrologique dans un livre
d’astrologie antérieur à 1930 ne concerne nullement le signe solaire mais le signe ascendant.
Les Anciens étaient sensibles à la différence Jour-Nuit. Ils n’utilisaient pas l’électricité qui
abolit la différence jour-Nuit. Le lever du Soleil était salué car c’était l’arrivée du Jour et le
début des travaux de la journée qui se terminait au moment du coucher du Soleil. Les
Anciens vivaient au jour le jour. Nous vivons maintenant trop par rapport au cycle solaire
avec sa division en douze signes au détriment du cycle quotidien avec sa division en douze
maisons. La mensualisation nous empêche de réaliser ce que c’est de vivre au jour le jour !
Nous sommes habitués à la différenciation Masculin – Féminin mais pour les Anciens la
différenciation Diurne – Nocturne était tout aussi importante. D’un côté, trois planètes
diurnes ; de l’autre, trois planètes nocturnes. Jupiter et Saturne assistent le Soleil tandis que
Vénus et Mars assistent la Lune. Le secret, à mon sens, c’est de comprendre comment Saturne
est aussi nécessaire au Soleil que Jupiter tout comme Mars est aussi nécessaire à la Lune que
Vénus.
Une passage de Ptolémée a été pour moi, sur ce point, très éclairant. Il se trouve au chapitre 7
du livre I du Tetrabiblos :
« On a également assigné à chacune des Familles – la diurne et la nocturne – les deux
planètes d’essence destructrice, non pas pour des raisons liées à la similarité de leur nature,
mais pour des raisons opposées : lorsque ce qui a une bonne constitution s’associe à ce qui
lui est semblable, son influence bénéfique s’accroît, tandis que, lorsque ce qui est destructeur
s’associe à ce qui ne lui est pas semblable, une grande part de son pouvoir de nuire est
neutralisé. Ainsi on assigna l’astre de Saturne, qui est froid à la chaleur du jour, et l’astre de
Mars qui est sec, à l’humidité de la nuit. Par ce mélange, l’un et l’autre atteignent une juste
proportion et deviennent membres de la Famille qui permet le bon équilibre
. » (I,7)
En clair : Jupiter associé au Soleil accroît la chaleur du Soleil ; Vénus associé à la Lune
accroît la fraîcheur de la Lune. En revanche, parce que le froid de Saturne et le Chaud du
Soleil se neutralisent ils peuvent atteindre un juste équilibre. Il en va de même pour le sec de
Mars et l’Humide de la Lune. Chacun des luminaires est ainsi entouré d’un côté par sa
planète à polarité positive et de l’autre par sa planète à polarité négative. Ainsi, la compassion
de la Lune neutralise la violence de Mars comme la vitalité du Soleil neutralise le pessimisme
de Saturne. L’introversion saturnienne modère en quelque sorte l’extraversion jupitérienne
tout comme la fermeté martienne contrebalance la plasticité vénusienne.
La lecture d’un ouvrage d’une personne marquée par Saturne et Mars m’a beaucoup aidé à
mieux appréhender les vertus de la polarité négative. Il s’agit du merveilleux livre écrit par
Annick de Souzenelle dont le sous-titre était dans sa première édition « Le symbolisme du
corps humain ».
Saturne, dans le thème d’Annick de Souzenelle se trouve à l’AS e »salté en Balance tandis
que Mars est au FC carré d’un côté à la Lune et de l’autre à la conjonction Soleil-Jupiter dans
le signe marsien du Scorpion. Cette spécialiste de la Bible travaille à partir du texte hébreu.
Elle précise que l’arbre dont il est question dans la Genèse n’est pas, comme on croit trop
souvent, celui du Bien et du Mal mais en réalité l’arbre de ce qui est Lumière et de ce qui
n’est pas-encore Lumière. Si on procède de la même manière en examinant le terme employé
en grec pour maléfique, on se rend compte que « kakopoios » est un terme qui a en réalité un
sens dynamique. Il est composé de « kakos » qui signifie « mauvais » et « poiein » qui
signifie « faire, fabriquer ». Il s’agit de se fabriquer à partir de ce qui est chaotique, encore à
l’état latent et indifférencié. La finalité de l’être humain, selon Aristote, est d’actualiser ses
potentialités. Il convient donc de faire fructifier son talent, compte tenu qu’il est « mauvais »
de le garder tel quel sans le faire fructifier. Comme le dit Annick de Souzenelle dans La
Parole au cœur du corps « L’âme est cette somme d’énergies potentielles qui nous est donnée
dès la naissance et que nous avons au cours de notre vie à actualiser, à transformer en
conscience ».
Puisque notre propos est d’envisager avant tout Saturne et Mars sous l’angle des cycles, il est
intéressant de noter que chez Ptolémée les phases des cycles soli-lunaire et soli-planétaires
sont mis en rapport avec les qualités élémentales. Or Mars et Saturne se confondent avec
l’une des quatre qualités élémentales. Là encore on retrouve le contraste entre les planètes
bénéfiques Vénus-Jupiter et les planètes maléfiques Mars-Saturne.
Il est bon de se remettre en mémoire cette correspondance établie par les Anciens :
« Selon les configurations qu’elles forment avec le Soleil, la Lune les trois planètes
Saturne, Jupiter et Mars éprouvent un accroissement ou une diminution de leurs propres
pouvoirs. De fait la Lune, depuis son apparition jusqu’à son premier quartier produit une
humidité croissante ; du premier quartier à la pleine Lune, davantage de chaleur (donc
Humide et Chaude) ; puis davantage de sécheresse (donc Chaude et Sèche) de la pleine Lune
au deuxième quartier; et enfin davantage de froid (donc Sèche et Froide) depuis le dernier
quartier jusqu’à ce qu’elle se soustraie au regard » ( Tetrabiblos, I,8).
Vénus et Jupiter, planète d’Air sur lesquelles vous vous êtes penchés au dernier colloque
correspondent à la phase croissante du cycle (la fraîcheur de l’Humide et la Vitalité du
Chaud), tandis que Mars et Saturne correspondent à la phase décroissante du cycle en rapport
avec la contraction du Sec et l’inertie du Froid.
La même correspondance est établie pour les planètes supérieures dans leur interaction avec le
Soleil, à ceci près que le quartier de la Lune est remplacé par la station de la planète :
« De leur côté, les planètes quand elles sont du matin, produisent depuis leur lever
jusqu’à leur première station une humidité qui va croissant ; davantage de
chaleur depuis leur première station jusqu’à leur lever nocturne ; davantage de
sécheresse depuis leur lever nocturne jusqu’à leur seconde station, et
davantage de froid depuis leur seconde station jusqu’à leur coucher. » ( Tetrabiblos, I,8)
Mars symbolise le quaternaire, Mars est la croix. Je ne sais si l’on peut parler de chemin de
croix pour reprendre le titre de ce colloque. En tout cas nous serons sur le chemin de la
sagesse si nous acceptons en nous le combat des quatre qualités élémentales. Telle est la leçon
du quaternaire ! Qu’en est-il de Saturne et du binaire ? Le chemin de la sagesse ne consiste-t-
il pas ici à accepter que la croissance n’est pas éternelle et qu’elle est suivie d’une
décroissance : l’augmentation du Froid implique la diminution du Chaud et vice versa.
Considérons aussi les maîtrises. Mars, maître du Bélier et du Scorpion est exalté dans le signe
du Capricorne. Or Saturne est maître du Capricorne. Ce signe est à l’évidence un de leurs
points communs. Le Cancer – son opposé - va aussi être un point commun puisque Mars y est
en chute et Saturne en exil.
Ptolémée développe la symbolique du froid et du Sec aussi bien en astrologie mondiale qu’en
astrologie individuelle : Saturne c’est
Ptolémée aborde les cycles des planètes dans l’Almageste. Mais, ne nous y trompons pas,
ces cycles ne sont utilisés que pour le calculs des positions planétaires. Il s’agit pour Saturne
d’un cycle de 59 ans et pour Mars d’un cycle de 79 ans. Il est même précisé que le cycle de 59
ans de Saturne est à 2° près tandis que le cycle de 79 ans de Mars l’est à 3° près (IX,3).
AGES DUREE
LUNE 0-3 4
MERCURE 4 - 13 10
VENUS 14 - 21 8
SOLEIL 22 - 40 19
MARS 41 - 55 15
JUPITER 56 - 67 12
SATURNE 68 - ? 30
On peut en déduire pour Mars un cycle de 15 ans comme pour Vénus un cycle de 8 ans et
pour Jupiter un cycle de 12 ans. Le cycle de Saturne n’est pas mentionné explicitement mais
on devine aisément un cycle de 30 ans car le produit (120) de la paire Lune (4) – Saturne (30)
est identique à celui de la paire Mercure (10) – Jupiter (12) comme à celui de la paire Vénus
(8) – Mars (15).
Après ce rappel de quelques notions générales sur Mars et Saturne, il est intéressant d’évoquer
les premiers astrologues qui ont utilisé les cycles en astrologie mondiale. C’est d’autant plus
intéressant qu’ils utilisaient des cycles liés à Saturne et Mars. Pour prévoir les événements
d’ordre collectif les Grecs se basaient principalement sur les thèmes des éclipses. Ce sont les
astrologues perses et arabes qui ont eu l’idée d’utiliser, à la place des éclipses, les cycles des
planètes supérieures. Albumasar enseigne que les changements religieux et politiques sont liés
soit à 10 cycles de Saturne soit à 12 conjonctions Jupiter-Saturne de 240 ans. Albumasar
ajoutait à son système les conjonctions Mars-Saturne. Il tenait compte des conjonctions de
Mars et de Saturne qui ont lieu tous les deux ans mais il s’intéressait surtout à celle qui, tous
les 30 ans, a lieu en Cancer, Saturne et Mars y étant affligés.
Nostradamus qui cite souvent Albumasar dans ses écrits d’astrologie mondiale fait allusion
dans son almanach de 1562 à une telle rencontre entre les planètes extérieures. Je vous cite un
extrait de l’épitre dédicatoire à Pie IV de cet almanach, dédicace portant la signature
autographe de Nostradamus et publiée par Robert Amadou dans Le dossier Nostradamus
édité à l’Arrc en 1987.
« Certainement la conjonction de Saturne à Mars, Jupiter étant enfermé, prédit pour le fait
spirituel plusieurs tristes et incroyables aventures, non guère dissemblable aux grandes
conjonctions de Saturne et Jupiter au commencement d’Aries, qui se font de 960 ans en 960
ans ; et à la seconde qui se fait au commencement d’une chacune triplicité, comme sont celles
qui s’ensuivent et s’approchent de 240 ans. (...). Et véritablement telles conjonctions
présagent toujours de grandes choses à venir et malheurs futurs ; mais principalement celle-
ci pour le fait des substances de l’Eglise, grande diminution et rabaissement de puissance.
Plusieurs cités du pays italique se rebelleront à l’encontre de leurs monarques et dominateurs
mais, pour le fait de la foi et religion, le pays d’Italie en sera peu molesté au regard de notre
France ».
Le cardinal d’Ailly, évêque de Cambrai, a réussi l’une des plus belles prévisions de
l’astrologie mondiale. Nostradamus s’était d’ailleurs fait l’écho de cette prévision. S’inspirant
d’Albumasar le cardinal d’Ailly avait prédit en 1414, dans Concordantia astronomiae cum
historica narratione, qu’avec la huitième grande conjonction (1693) et l’achèvement des 10
révolutions de Saturne on assisterait en 1789 à de grands changements dans les lois et les
religions et à la venue probable de l’Antechrist. Cette célèbre prédiction du cardinal d’Ailly
avait été relayée par Roussat dans l’Etat et la Mutation des temps (1550) , œuvre sur laquelle
Nostradamus s’appuie pour ses prédictions. Les Centuries de Nostradamus tiennent compte de
trois grands cycles liés à Saturne :
Après avoir abordé d’abord, comme il se doit, l’astrologie mondiale, passons maintenant à
l’astrologie individuelle. Nous allons rester avec Nostradamus car son thème illustre
parfaitement le thème de notre colloque. Nostradamus qui est Capricorne ascendant Bélier est
un martien et un saturnien typique. On observe immédiatement que son thème comporte la
triple conjonction Mars-Jupiter-Saturne en Cancer, cette configuration étant angulaire,
opposée au Soleil, Mars étant, qui plus est, maître de l’ascendant. Pas étonnant que le célèbre
prophète se soit senti concerné par les cycles des planètes extérieures.
On est face à un thème dissonant : Mars maître du signe ascendant et Saturne maître du
signe solaire sont conjoints en Cancer, la première planète étant en chute, la seconde en exil.
Elle sont en aspect dissonant du Soleil en Capricorne, signe dont Saturne est le maître et où
Mars est en exaltation, sans compter que la Lune est en chute dans le signe martien du
Scorpion. Difficile de trouver un thème plus dissonant. En dépit d’un tel thème Nostradamus
a connu la gloire et de son vivant et après sa mort. Quel est le secret d’une telle réussite ?
Avant de connaître une grande renommée grâce à ses almanachs annuels, ce médecin fut
d’abord connu par ses succès dans le combat contre la peste. S’il a si bien combattu la peste,
c’est que, connaissant parfaitement les plantes de sa Provence natale, il était avant tout un
excellent pharmacien. Il avait mis au point une préparation magistrale qui convenait à tous
les tempéraments. Elle activait les paresseux, elle calmait les agités, elle redonnait du tonus
aux déprimés et les ecclésiastiques s’en procuraient car elle avait des vertus très
aphrodisiaques. Bref Nostradamus qui n’avait pas peur du contact avec les malades
connaissait le remède approprié pour chaque tempérament et chaque type de maladies.
Je me souviens d’un maître indien qui m’avait dit à propos de son thème : les astrologues
m’ont souvent prédit en raison de mon amas de planètes en maison XII que j’irai en prison ou
à l’hôpital. Ce n’est pas tout à fait exactement ce qui s’est passé, encore que je rencontre sans
cesse des personnes malades que je tire d’affaire par le yoga. Et d’ajouter : c’est probablement
parce que je me suis sans cesse occupé de malades que j’ai échappé à la maladie. Je crois que
c’était cela le secret de Nostradamus ; il avait un thème difficile et il l’a assumé en
s’occupant de personnes aux prises avec des situations difficiles.
Remède se dit en grec « pharmakon » d’où vient le mot pharmacie. Mais « pharmakon » ne
signifie pas seulement remède, il veut dire aussi « poison ». La même substance peut aussi
bien être poison que remède. Bien des médicaments sont des poisons quand ils ne sont pas
prescrits à la bonne dose. Après avoir été pharmacien et médecin, Nostradamus est devenu
astrologue, soignant maintenant non seulement les corps mais aussi les âmes, s’adonnant par
ailleurs à la rédaction d’almanachs dans lesquels il prévoyait semaine après semaine le destin
du monde, décrivant les dangers dont nous étions menacés par Saturne et Mars. Autant il est
capable de dénoncer la folie collective qui conduit à la guerre, autant, en revanche, il
s’applique, dans ses consultations individuelles, à redonner de l’espoir. Nul, mieux que lui,
n’a su utiliser de manière positive le principe actif contenu dans les énergies de Mars et de
Saturne.
L’astrologue Jean-Pierre Nicola s’est rendu compte que l’on pouvait établir un lien entre les
cycles planétaires et les âges de la vie.
S l’on suit les grandes phases du cycle saturnien, c’est à 7 ans (au premier quart de cycle)
l’âge de raison, à 15 ans (au demi- cycle) la crise d’adolescence avec l’éveil de la sexualité, à
22 ans (au troisième quart de cycle) l’entrée dans l’âge adulte et à 30 ans – au retour
saturnien – la plupart commencent à se fixer dans la vie. Comme le dit André Barbault dans
une formule toute de concision : « le Né (conjonction) se sexualise (opposition) et enfante
(conjonction) (…). La femme est en mesure d’avoir des enfants de la première opposition
saturnienne (14-15 ans) jusqu’à l’opposition suivante (44-45 ans) ». Bref, Saturne
responsabilise, il fait changer de statut : la fille devient mère ; le fils devient père.
Si Saturne reçoit des aspects harmoniques (sextiles et trigones), on préférera la division en six
du cycle.
PASTEUR
Le thème de Louis Pasteur est marqué par un amas six planètes dans le Capricorne et une
angularité de Mars au FC ainsi que de Saturne au DS. Voici encore un thème typiquement
Mars/Saturne. Rien d’étonnant à ce que ce chercheur ait consacré sa vie à affronter la maladie
et à mettre au point des vaccins. Son deuxième retour de Saturne a été très marquant ! 1881
est l’année où il met au point la vaccination du choléra des poules. Cette réussite constitue une
avancée importante qui prépare le vaccin contre la rage quelques années plus tard. 1881, c’est
aussi l’année où il entre à l’Académie Française.
Le thème de Claude Lévi Strauss (28-11-1908 à 1h à Bruxelles) est un thème très saturnien.
C’est le thème du premier académicien à avoir été centenaire ! A 30 ans ce chercheur organise
une audacieuse expédition dans la région la moins connue de l’Amazonie. Sa rencontre avec
les Nambikwara a été le moment formateur de sa carrière. Mais ce chercheur qui a la
réputation d’être distant, lointain et austère va très vite préférer le calme et la tranquillité de
son laboratoire et y effectuer de longues recherches sur les systèmes de parenté et sur les
mythes. A 60 ans, au deuxième retour de Saturne, il obtient, en guise de récompense pour ses
patientes et fructueuses recherches, la médaille d’or du CNRS. Il est le premier chercheur en
sciences humaines à avoir obtenu ce prix prestigieux.
Sous l’angle des cycles, comme Mars est une planète rapide (son cycle est de 22 mois) il
convient de raisonner à partir du cycle soli-martien de 2 ans 2 mois. L’avance moyenne des
conjonctions Soleil-Mars est de 48° (2/15 de cercle). Elles ne se reproduisent pas aussi
régulièrement au même endroit que les conjonctions Soleil-Vénus. Comme l’a remarqué
Claude Ptolémée, il faut attendre 37 cycles soli-martiens, c’est-à-dire l’âge de 79 ans pour
avoir un retour au même endroit. Néanmoins, par ordre décroissant de précision, les cycles
de 47, 32 et même 15 ans sont acceptables. ils correspondent respectivement à 22, 15 et 7
cycles.
La symbolique de Mars est inscrite dans la durée même du cycle de Mars. Quand le
psychologue Jean Piaget résume à grands traits l’évolution de l’être humain, il décrit trois
stades : le stade sensori-moteur pendant les deux premières années, le stade de la pensée
concrète depuis la troisième année jusqu’à 12 ans, le stade de la pensée abstraite à partir de
douze ans. De même que la pensée abstraite et la pensée concrète caractérisent tout à fait à
Saturne et à Jupiter, il est facile de rattacher le stade sensori-moteur aux planètes rapides, le
côté moteur correspondant parfaitement à Mars. Les astro-psychologues mettent bien
évidemment Mars en rapport avec le stade anal. En ce qui me concerne j’ajoute les travaux de
René Spitz. Ce chercheur précise que, la deuxième année, les parents (ou ceux qui en tiennent
lieu) interdisent beaucoup de choses à l’enfant et ce dernier reprend à son compte les interdits
de ses parents. C’est le stade de l’identification à l’agresseur avec l’introjection du non.
Girard est d’avis que chaque homme est dominé par une pulsion qui provoque l'imitation du
comportement de l'autre. Le jaloux n’est pas tant celui qui craint de perdre l’amour que celui
qui envie un rival. Il a d’abord effectué cette observation dans la littérature. Il cite par
exemple chez Stendhal le cas d'un vaniteux qui imite les démarches de son rival par jalousie
et par haine. Mais ce « désir mimétique » – c’est ainsi que Girard nomme cette pulsion - est
présent dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Il cause un état de guerre permanent
entre les hommes et entre les groupes sociaux. Or la violence de tous contre tous ne peut
durer. René Girard a observé qu’elle se transforme en violence de tous contre un. Le
mécanisme du bouc émissaire – et c’est cela une des grandes idées de son oeuvre - a
justement pour fonction de canaliser cette violence collective.
L’une des fonctions de Mars est d’éliminer ce qui est gênant, ce qui peut se réaliser de toutes
sortes de manières. Cette force destructrice de Mars s’exerce hélas trop souvent contre les
autres ou contre un autre ; elle est beaucoup trop rarement utilisée pour se purifier et éliminer
ce qui empêche de s’accomplir.
Autant Saturne avance très régulièrement de 12° d’une année sur l’autre autant Mars avance
très irrégulièrement. Si l’avance moyenne est de 48°, en réalité il peut avancer seulement de
34° quand il va lentement ou de 77° quand il va vite. Ces variations sont liées à la forte
excentricité de Mars et, c’est quand il se trouve en Poissons (le signe de son périhélie) ou
dans un signe voisin qu’il va le plus vite. A l’inverse, quand il est dans le signe opposé de la
Vierge, il va le plus lentement. C’est pour cela aussi que les rétrogradations de Mars sont plus
fréquentes dans le signe de la Vierge.
Il est intéressant de noter que le cycle de Mars interfèrent en fait très peu avec le cycle de
Saturne alors qu’il interfère, comme nous allons le voir, avec le cycle des autres planètes.
Mars ne rencontre qu’une seule fois Jupiter. C’est à 47 ans. 4 cycles de Jupiter coïncident
avec 22 cycles Soleil-Mars. J’ai utilisé ce cycle lors d’une consultation avec le journaliste
dont voici le thème.
Thème du journaliste
Il se trouve que ce journaliste vivait depuis trois ans un transit plutonien (Pluton était au
double carré de sa conjonction Soleil - Jupiter et de Mars). Il traversait une crise profonde,
était complètement démotivé par rapport à son travail, n’avait plus goût à rencontrer les
autres et envisageait même le pire. Comme il possède une belle plume, je lui conseillais
d’écrire jusqu’à ce qu’il atteigne le retour Mars-Jupiter de ses 47 ans. Ce qu’il fit. Comme il
avait tenu son journal pendant son adolescence et les années qui suivirent il reprit ses vieux
carnets et réécrivit ses textes. Et à 47 ans on lui proposa de créer une nouvelle revue où il put
déployer tous ses talents de rédacteur en chef. Il retrouva la forme, se remit à pratiquer le
sport et à rencontrer ses amis.
Thème du chirurgien
Mars et Vénus sont deux planètes rapides. Il convient de prendre en compte les cycles Soleil-
Vénus et Soleil-Mars. Même si ces deux cycles interfèrent tous les six ans 4 mois, c’est à 32
ans que les deux planètes se retrouvent dans la même position qu’à la naissance. Et, tout
comme les énergies Mars-Jupiter sont valorisées à 47 ans, les énergies Mars-Vénus le sont à
32 ans, voire à 64 ans.
L’une de nos élèves professeur de yoga conseilla à un chirurgien qui était dans une situation
difficile de venir nous consulter. Ce médecin était âgé à ce moment-là de 31 ans et demi. Je
choisis d’interpréter avant tout dans son thème la conjonction Soleil-Vénus Poissons au carré
de Lune-Mars en Sagittaire. Saturne transitait cette conjonction Lune-Mars. Maltraité par son
chef de service à l’hôpital, il en devint dépressif. Pourtant excellent pianiste, il n’avait même
plus goût à jouer du piano. Sa femme médecin ne savait plus à quel saint se vouer. Il vint me
voir en novembre : je savais que quatre mois plus tard le climat Mars-Vénus des 32 ans serait
de retour tandis que le transit de Saturne commencerait à s’estomper. Je me suis dit que s’il
parvenait à faire (re)vivre sa Vénus, il réactiverait probablement par la même occasion son
Mars. Je lui ai alors conseillé de s’initier à l’astrologie à raison d’un dimanche par mois et
surtout de se remettre au piano à raison de trente secondes le premier jour, 1 minute le
deuxième jour, 2 minutes le troisième, autrement dit de doubler chaque jour le temps consacré
à jouer. Mine de rien au bout de 10 jours cela fait déjà 4 heures… Il suivit les cours,
s’absentant de temps à autre pour aller fumer sa cigarette (les membres du groupe était
prévenu de sa fragilité psychologique). Il me confia plus tard que pour le piano il avait suivi
mon conseil et augmenté au fur et à mesure le temps qu’il y passait. Quelques jours après son
anniversaire les membres du groupe le trouvèrent transformé. Son patron avait quitté l’hôpital
et il s’entendait très bien avec le nouveau patron qui l’avait remplacé. Mieux, le jour même
de ses 32 ans, il avait lu dans le Figaro l’annonce d’un appartement situé à Paris Boulevard
Malesherbes. Il s’y rendit immédiatement. Il découvrit l’appartement de ses rêves et, en plus,
la personne à qui il reprenait l’appartement lui proposa de lui vendre pour un prix modique
son piano à queue qu’elle ne pouvait emmener dans son nouvel appartement trop petit pour le
recevoir. En guise de remerciement, il accueillit plusieurs dimanches dans ce superbe
appartement notre groupe d’astrologie, sa femme étant toute heureuse de nous préparer et de
nous servir le déjeuner… Ce fut cette année-là que je fus définitivement convaincu des vertus
du cycle Mars-Vénus.
Voici un tableau qui récapitule les divers cycles impliquant Mars et Saturne. A noter le cycle
Mars-Mercure de 79 ans que je n’aurai pas le temps d’évoquer.
Voici, comme dernier exemple, un thème d’actualité, le thème de Bernard Arnaud. Je ne vais
ni vous détailler son Saturne ascendant qui indique son goût de la perfection, ni sa Lune
Milieu de Ciel en Taureau qui souligne l’importance de la dimension familiale : il a
commencé dans l’entreprise familiale et il souhaite vraiment que son entreprise continue à
travers ses enfants : par exemple c’est sa fille Delphine qui dirige maintenant Dior. Je voudrai
m’arrêter sur sa triple conjonction Vénus-Soleil-Mars en Poissons. Bien que Vénus soit
exaltée en Poissons, cette triple conjonction, si l’on suit Ptolémée, n’est pas évidente. Quand
le Soleil est entouré dans une naissance diurne de deux planètes nocturnes, on peut s’attendre
à des excès. Sa conjonction Soleil-Vénus lui donne la passion du luxe tandis que sa
conjonction Soleil-Mars correspond à son côté prédateur, toujours à l’affût de la bonne
affaire.
Vous allez me dire : que s’est-il passé à 32 ans dans le vie de Bernard Arnault (B.A.) ? Quand
ce chef d’entreprise a 32 ans nous sommes en 1981. C’est donc l’arrivée de François
Mitterrand au pouvoir. B.A. craint une politique de la gauche qui lui soit défavorable. Il
décide de partir aux Etats-Unis. Il y poursuit ses affaires mais il y rencontre surtout des
français avec qui il va lier amitié et qui lui seront très utiles par la suite. C’est le cas par
exemple, du banquier Antoine Bernheim, l’un des piliers de la banque Lazard. Ce banquier
Vierge ascendant Vierge, né au coucher de Mars, l’aidera par la suite à conquérir Boussac
puis LVMH. B. A., par ailleurs, a toujours fonctionné en tandem avec un éminent juriste,
Pierre Godé, né le 4 décembre 1944 à 4h à Abbeville. Comme vous pouviez vous en doutez,
ce complice est également martien : il est né lui aussi avec une conjonction Soleil-Mars non
pas en Poissons mais en Sagittaire. Ce trio de martien a réussi à transformer sinon le plomb en
or, le fer en argent.
Et maintenant que va-t-il se passer ? B. A. aura l’an prochain 64 ans, le double donc de 32
ans. La RS 2013, bien évidemment, ressemble étonnamment à celle de 1981. Nous
retrouvons la même triple conjonction Vénus-Soleil-Mars.
Nul doute que l’homme d’affaires qui a su en trente ans bâtir la quatrième fortune mondiale
connaîtra à coup sûr une belle année. On peut supposer que la nationalité belge lui sera
accordée et qu’il pourra, grâce à sa double nationalité, continuer à réaliser de fructueuses
affaires.
CONCLUSION
Les cycles de Mars et de Saturne sont les cycles de l’action et de la réflexion, du désir et du
manque, de la réactivité et de la durabilité. L’un est un cycle rapide ; l’autre un cycle lent.
L’un est à court terme ; l’autre est à long terme. Mais, contrairement aux cycles de Vénus et
de Jupiter qui agissent en douceur, ils ont en commun d’être des cycles puissants - parfois
décapants - qui nous incitent à éliminer ce qui nous empêche d’être nous-même (Mars), de
devenir nous-même (Saturne). Ces planètes ont une capacité destructrice mais c’est pour nous
permettre d’être autonome et de nous construire. Mars et Saturne sont, pour reprendre le
terme grec qui est intraduisible, des « pharmaka » c’est-à-dire tout à la fois des « poisons-
remèdes ». Ils représentent la violence et l’entropie qui nous poussent sans cesse à explorer de
nouvelles terres afin de construire notre être intérieur. Ils symbolisent notre long travail
d’enfantement de nous-même à nous-même qui s’effectue dans la douleur mais qui peut aussi
procurer des joies infinies.
Au lieu de redouter les planètes maléfiques, acceptons-les et même utilisons-les à bon escient.
Et, en guise de conclusion, il est bon de rappeler la 10ème sentence du Centiloque qui va tout à
fait dans le sens de notre propos :
« Dans les élections des jours et des heures,
Sers toi des maléfiques, de même sorte que le bon Médecin use avec modération des venins
pour la cure des maladies ».
Bibliographie
• Barbault A., Aperçu synthétique sur Saturne, in Actes du congrès de l’ARRC sur
Saturne et son symbolisme, ARRC, 1996
• Brind’Amour P., Nostradamus astrophile, Klincksieck, 1993
• Girard R., Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1982