Anso 022 0459

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De l'amateur au professionnel : le cas des pratiquants de

l'équitation
Vérène Chevalier, Brigitte Dussart
Dans L'Année sociologique 2002/2 (Vol. 52), pages 459 à 476
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 0066-2399
ISBN 9782130546610
DOI 10.3917/anso.022.0459
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DE L’AMATEUR
AU PROFESSIONNEL :
LE CAS DES PRATIQUANTS
DE L’ÉQUITATION

Vérène CHEVALIER et Brigitte DUSSART


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RÉSUMÉ. — Certains jeunes engagés dans les pratiques de loisirs, les passionnés,
transforment leur passion d’amateur en vocation professionnelle. Ce processus de
conversion multiforme doit être appréhendé dans le contexte contemporain de la confu-
sion croissante des repères : d’une part, les étapes du passage à l’âge adulte sont moins
marquées qu’auparavant et les processus identitaires l’accompagnant se complexifient.
D’autre part, on note une perméabilité croissante des frontières entre activités de travail
ou de formation et activités de loisirs.

ABSTRACT. — A few young and enthusiastic amateurs involved in leisure practices


choose to convert their passion into an occupational vocation. This process of conver-
sion is multiform and must be understood in the light of the contemporary confusion of
bearings : on the one hand the stages of transition to adulthood are less clear than before,
and identity issues become ever more complex. On the other hand, the boundaries
between occupational or educational activities and leisure activities are increasingly
permeable.

Les activités sportives et culturelles sont aujourd’hui considérées


comme des modalités d’épanouissement et de valorisation person-
nelle. Le développement de ces activités résulte de l’augmentation
du temps libre (C. Durand et A. Pichon, 2001) et de l’importance
que les individus leur accordent comme forme d’expression person-
nelle librement choisie, pour leur plaisir et comme moyen
d’améliorer leur qualité de vie dans tous ses aspects y compris celui
de leur vie scolaire ou professionnelle. De plus en plus de jeunes se
trouvent ainsi engagés, plus ou moins précocement, dans ces activi-
tés dites « de loisirs » qui sont en fait des activités de formation
impliquant des apprentissages et des niveaux reconnus de compé-
tence, et l’on peut se demander si ces formations extra-scolaires ont

L’Année sociologique, 2002, 52, n° 2, p. 459 à 476


460 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

des effets sur leur insertion professionnelle. La question mérite


d’être posée puisque le développement de ces activités, leur diversi-
fication et l’augmentation du nombre des pratiquants sont eux-
mêmes générateurs d’emplois et de nouveaux métiers impliquant
des formations spécialisées1.
Dans le domaine particulier des pratiques sportives, le processus
de professionnalisation le plus connu est celui du sportif de haut
niveau que ses performances, tôt repérées, engagent d’emblée dans
une carrière faite de compétitions sanctionnant sa progression vers
l’excellence. Ce destin reste évidemment celui d’une très petite
minorité de pratiquants qui, à plus ou moins brève échéance, soit se
reconvertiront dans la formation, l’entraînement ou l’encadrement
(A. Haumont, 1987) soit abandonneront le domaine de leur acti-
vité. La médiatisation de ces « champions » a des effets positifs sur le
recrutement de nouveaux pratiquants, et même si l’on constate un
fort taux d’abandon précoce (V. Chevalier, 1996), nombre d’entre
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eux persévèrent, au motif souvent invoqué de la passion et sans
autre ambition que de continuer à la vivre. Celle-ci toutefois
implique une volonté de concilier cet engagement de pratiquant
amateur avec les exigences de l’entrée dans la vie adulte et de l’accès
au monde du travail. On peut penser que la conciliation de ces
deux univers est davantage possible aujourd’hui compte tenu des
transformations qui ont affecté, ces dernières décennies, les relations
entre travail et loisir (J. Viard, 2001 et 2002). Mais on peut aussi
penser qu’il y a là un terrain propice à l’émergence de nouvelles
« vocations » professionnelles chez les pratiquants amateurs les plus
engagés et les plus passionnés. En effet, si le nombre des pratiquants
s’est accru ainsi d’ailleurs que celui des emplois offerts en matière
d’animation et d’encadrement, dans le domaine du travail, le chô-
mage des jeunes et la précarisation ont entraîné l’allongement de la
période d’accès à un emploi stable et la multiplication des étapes qui
la jalonnent (J. Rose, 1998)2. Ces évolutions ont aussi entraîné des
changements dans les processus de construction et de définition des

1. On en veut pour preuve la création des IUP « Métiers du sport » par exemple
(Décret 94-1204 - 9 IUP relèvent actuellement de ce domaine d’activités même si leur
intitulé varie) ou encore la décision du ministère de l’Éducation nationale d’introduire
dans l’enseignement primaire des ateliers de formation artistique et la demande
d’animateurs professionnels qu’elle implique pour les encadrer.
2. On désignera sommairement ici le travail comme notion générique relative au
« monde du travail » (relations, statuts, etc.), par opposition au domaine des activités se
déroulant dans le temps libre. La notion d’emploi quant à elle renvoie à l’activité rému-
nérée et à ses différentes caractéristiques (stabilité ou précarité, temps plein ou par-
tiel, etc.).
De l’amateur au professionnel 461

identités : si, avec le déclin des grandes identifications collectives


– religion, identité locale, culture ouvrière, etc. – le travail tend à
fournir l’essentiel de l’identité individuelle (C. Dubar, 2000), on
constate en même temps que les pratiques de loisirs, c’est-à-dire
non contraintes, participent de plus en plus à la définition identi-
taire des individus (F. Weber, 1989 ; F. Weber et Y. Lamy, 1999).
Dans ce contexte, la place des identifications sociales et profession-
nelles héritées semble perdre de son importance et l’on peut faire
l’hypothèse que les jeunes pratiquants les plus passionnés puissent
trouver dans leur engagement d’amateur une possibilité d’affir-
mation identitaire qu’ils voudront confirmer en convertissant leur
passion en profession. La professionnalisation leur permettrait
d’associer le plaisir et la réalité et de préserver les aspects les plus
valeureux de leur identité, du moins ceux qu’ils considèrent
comme tels et qu’ils ont acquis au cours de leur carrière d’amateur.
Cette question de la professionnalisation relève en fait d’une
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problématique plus générale de la socialisation telle qu’elle a été
développée par la sociologie de la jeunesse et par celle du travail et
des professions. D’un côté les travaux sur la jeunesse (J.-C. Cham-
boredon, 1985 ; F. Dubet, 1987 ; O. Galland, 1990 et 2001) mon-
trent celle.ci comme une période moratoire du cycle de vie où les
démarches de l’insertion professionnelle s’inscrivent dans une quête
identitaire faite d’expérimentations diverses. D’un autre côté, les
travaux d’E. C. Hughes sur la socialisation professionnelle
(E. C. Hughes, 1958), mais aussi ceux de C. Dubar sur la construc-
tion des identités sociales et professionnelles et la sociologie des pro-
fessions (C. Dubar, 1998 ; C. Dubar, P. Tripier, 1998) mettent en
évidence les étapes progressives de l’entrée des jeunes dans le
monde du travail et les logiques identitaires qui sont en jeu dans ces
processus fortement individualisés. Le cas de la professionnalisation
des amateurs nous semble dès lors pouvoir être considéré comme
un cas particulier de socialisation professionnelle et de socialisation
des jeunes qui serait en même temps exemplaire du changement des
relations entre travail et loisir évoqué plus haut. On peut, en effet,
faire l’hypothèse que les nouveaux métiers d’encadrement, d’ani-
mation et de gestion des activités de loisirs, sportives ou culturelles,
offrent aux jeunes amateurs des opportunités d’emplois qui sont à la
fois de nouvelles étapes d’entrée dans la vie adulte et éventuelle-
ment d’accès à la vie professionnelle. Entre la vie scolaire et la vie
active, le loisir et le travail, l’amateur et le professionnel, s’ouvre un
espace de temps et s’offre une multiplicité de statuts, provisoires ou
462 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

définitifs, propices à la quête identitaire qui est au cœur du mora-


toire de la jeunesse dans la société contemporaine.
Dans une précédente recherche, nous nous étions intéressé aux
« carrières d’amateurs » des pratiquants de l’équitation (V. Cheva-
lier, 1996 et 1998). Ce travail nous a permis d’évaluer les change-
ments ayant affecté cette pratique dans le contexte décrit plus haut
et nous a incité à poursuivre l’investigation à travers une seconde
recherche, actuellement en cours sur ce même terrain de
l’équitation, en nous interrogeant non plus sur la construction de
ces carrières d’amateurs mais sur les modalités de leur conversion en
carrière professionnelle. La pratique de l’équitation est, en effet, un
terrain privilégié pour l’analyse des processus de conversion profes-
sionnelle dans la mesure où l’encadrement de cette activité est
depuis longtemps professionnalisé en France. Elle peut de ce fait
être considérée comme précurseur des évolutions pouvant affecter
des activités plus récemment organisées ou en voie d’institu-
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tionnalisation, et l’on peut aussi faire l’hypothèse que les mécanis-
mes d’accès aux différents métiers d’encadrement de l’équitation
présentent certaines ressemblances avec ce que l’on pourrait obser-
ver pour d’autres activités de loisirs organisées par des institutions.
L’enquête proprement dite étant actuellement en cours de réalisa-
tion, nous ne pouvons avancer ici que des résultats provisoires issus
de données statistiques encore partielles et des quelques entretiens
exploratoires réalisés auprès d’anciens pratiquants amateurs de
l’équitation exerçant ou ayant exercé une profession dans le secteur
des activités équestres.

I. Les populations de professionnels sportifs


I. et l’engagement amateur

Les données statistiques de l’INSEE fournies par les enquêtes


« Emploi », « Formation, Qualification, Profession » et « Pratiques
de loisirs » ainsi que celles provenant des enquêtes « Entrée dans la
Vie Active » réalisées par le Céreq, ne permettent pas d’évaluer
quantitativement la part des pratiquants amateurs d’une activité
sportive ou culturelle qui se professionnalisent dans cette même
activité. Il nous a donc fallu combiner différentes sources pour
obtenir des données chiffrées permettant de se faire une idée
approximative de l’ampleur du phénomène et de ses caractéristi-
ques. Les premières données auxquelles nous nous référons ici sont
De l’amateur au professionnel 463

issues d’une analyse secondaire des enquêtes « Emploi » et nous ont


permis d’obtenir une description de la structure de la population des
moniteurs, éducateurs sportifs et sportifs professionnels et des chan-
gements qui l’ont affectée au cours des deux dernières décennies.
Les secondes proviennent elles aussi de l’analyse secondaire d’une
enquête sur l’insertion de jeunes diplômés de l’enseignement supé-
rieur (DUT et BTS) auxquels la question de l’influence de leur enga-
gement d’amateur sur leur activité professionnelle a été posée.

1. Le processus de « normalisation » des professions sportives


Le traitement secondaire3 des éditions 1983 à 2000 des enquêtes
« Emploi » de l’INSEE permet de décrire sommairement les évolu-
tions de la structure sociodémographique de la population des
moniteurs et éducateurs sportifs et des sportifs professionnels
(P 4233) pour la période concernée.
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Au cours de cette période, les effectifs de cette profession aug-
mentent, ainsi d’ailleurs que leur proportion au sein de la catégorie
des instituteurs et assimilés (PCS 42) qui passe de 3,2 % à 8,9 %. Le
poids de ce groupe est donc loin d’être négligeable puisque, selon
les conditions de pondération de l’enquête « Emploi » 2000, il y
aurait actuellement près de 69 000 moniteurs, éducateurs sportifs et
sportifs professionnels en activité. Parmi eux, la part des 15-24 ans
ne cesse de baisser (de 23,5 % à 12,6 %) au cours de la même
période, comme d’ailleurs dans l’ensemble des actifs (de 15,6 %
à 8,4 %). Toutefois les jeunes de 15-24 ans restent, en 2000, tou-
jours plus présents dans ces professions (12,6 %) qu’ils ne le sont
dans la population active (8,4 %). Les professionnels du secteur
sportif ont donc un peu moins « vieilli » que l’ensemble de la popu-
lation active, notamment parce que cette catégorie intègre les spor-
tifs professionnels de haut niveau qui ne le restent que tant qu’ils
ont l’âge des performances requises pour ce statut. On observe
aussi, au cours de la même période, un net déclin de la prédomi-
nance masculine puisque la part des femmes est passée de 18,8 %
en 1983 à 35,1 % en 2000. Dans le même temps la part des femmes
dans la population active n’a augmenté que de 3 % (de 43,4 %
à 46,5 %). Le quasi-doublement de la proportion des femmes au
sein de la catégorie est donc un phénomène de rattrapage tout à fait

3. Réalisé avec le logiciel SAS et le soutien d’A. Kieffer sur les données des enquêtes
correspondantes acquises à l’INSEE et mises à disposition par le Lasmas-IdL.
464 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

remarquable et l’ensemble de ces évolutions nous permet d’avancer


l’hypothèse d’une certaine « normalisation » de ces professions qui
ne sont plus aujourd’hui aussi spécifiquement jeunes et masculines
qu’elles l’étaient auparavant.
Les données recueillies dans les enquêtes « Emploi » permettent
aussi d’évaluer le degré de stabilité des actifs dans l’emploi qu’ils
occupent en distinguant ceux qui ont moins de cinq ans
d’ancienneté dans l’entreprise. De 1983 à 2000, leur proportion
augmente et passe de 35 % à 41,8 % dans l’ensemble de la popula-
tion active. L’instabilité des moniteurs, éducateurs sportifs et sportifs
professionnels reste, au cours de cette période, beaucoup plus forte
que celle de l’ensemble des actifs, mais la tendance est inverse
puisque la part de ceux qui ont moins de cinq ans d’ancienneté
passe de 65,8 % à 60,6 %. Cette diminution relative de l’instabilité
dans les professions du sport s’accompagne toutefois d’une baisse de
la part des actifs à temps complet, de 78,7 % à 60,6 %, bien supé-
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rieure à celle que l’on observe pour l’ensemble des actifs (de 87,7 %
à 82,7 %), pour les professions intermédiaires (de 90,2 % à 85,4 %)
et pour les instituteurs et assimilés (de 85,6 % à 80,8 %). Ces quel-
ques indications permettent de constater que si la part des actifs
engagés dans les métiers du sport tend à augmenter, ceux qui s’y
stabilisent le font sans doute davantage dans le cadre d’une activité à
temps partiel et sont probablement plus souvent qu’auparavant des
femmes.

2. Une évaluation locale des effets


2. de l’engagement amateur sur l’insertion professionnelle
Lors de l’élaboration du questionnaire de l’enquête pour
l’Observatoire régional des formations supérieures4, nous avons pu
introduire des questions abordant le thème de la relation entre pra-
tique amateur et insertion professionnelle. L’enquête, qui s’est
déroulée en octobre 2000 en Basse-Normandie, a été réalisée
auprès de jeunes ayant obtenu un DUT ou un BTS en 19985. Ils ont
donc été interrogés quatre ans après l’obtention du bac. Nous ne
ferons état ici que des réponses obtenues à la question ouverte
« Avez-vous des pratiques sportives ou culturelles qui ont ou qui

4. Branche de l’Observatoire régional de l’emploi et des formations (OREF) de


Basse-Normandie.
5. 1 487 jeunes ont répondu sur les 3 300 à qui le questionnaire avait été adressé.
De l’amateur au professionnel 465

pourraient influencer votre activité professionnelle ? » qui ont été


recodées par nos soins (cf. Tableaux 1 et 2 en annexe).
Plus d’un tiers d’entre eux (36 %) n’ont pas répondu à la ques-
tion posée et 28 % (25 % des garçons et 32 % des filles) ont déclaré
ne pas pratiquer d’activité sportive ou culturelle ; 13 % pratiquent
une activité sans aucun lien avec leur formation ou leur activité
professionnelle, 3 % affirment que leur activité de loisir représente
une compensation à leur activité professionnelle, 2 % considèrent
cette activité comme un atout supplémentaire dans leur CV,
12 % estiment que les savoirs et les relations qu’ils ont acquis dans
le cadre de leur activité de loisir leur sont utiles dans le cadre de
leur vie professionnelle. Enfin 6 % déclarent avoir opté pour une
formation en continuité avec leur activité de loisir ou avoir choisi
leur lieu de résidence en fonction de cette activité qu’ils ont finale-
ment placée au centre de leur vie. Ce groupe apparaît toutefois
plus important si l’on rapporte son effectif au sous-ensemble de
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ceux qui déclarent pratiquer une activité sportive ou culturelle :
16,4 % des pratiquants amateurs choisissent leur formation, leur
profession ou leur lieu de résidence en fonction de leur pratique
de loisir et, toujours en se rapportant à l’ensemble des pratiquants
déclarés, c’est un tiers d’entre eux qui déclare utiliser les relations
et les savoirs acquis au cours de cette pratique dans le cadre de leur
activité professionnelle.
On remarque aussi que l’aisance sociale fait monter le taux de ces
deux types de déclaration : sur l’ensemble des jeunes interrogés 11 %
des enfants d’enseignants et de professions libérales déclarent avoir
organisé leur vie professionnelle à partir de leur activité de loisir
et 16,5 % d’entre eux reconnaissent pouvoir mettre au service de
leur activité professionnelle les habiletés et les relations acquises dans
leur activité de loisir. Ce résultat était prévisible pour au moins deux
raisons : d’une part, ces enfants sont beaucoup plus massivement ins-
crits dans des activités de loisirs de toutes sortes que ceux des milieux
plus modestes6 et ils sont aussi mieux placés que les autres pour en
tirer ultérieurement le meilleur profit. D’autre part, leur socialisation
dans un milieu plus protégé leur offre sans doute davantage de liberté
pour choisir entre les exigences alimentaires et la quête identitaire ou
du moins pour mieux les concilier. On peut sans doute faire

6. Cf. les enquêtes de l’INSEE de 1967 et de 1987 sur les pratiques de loisirs (P. Le
Roux, 1970 ; INSEE, 1989) et les enquêtes du ministère de la Culture sur les « pratiques
culturelles des Français » de 1973, 1981, 1989 et 1997 (Ministère de la Culture, 1982 ;
Ministère de la Culture et de la Communication, 1990 ; O. Donnat, 1998).
466 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

l’hypothèse que les enfants issus de ces milieux et fortement engagés


dans leur pratique de loisir puissent y trouver non seulement des res-
sources convertibles dans le domaine d’activité qu’ils vont choisir,
mais aussi une alternative valorisante au destin professionnel hérité
de leur milieu. En optant pour un projet professionnel décalé et rela-
tivement inclassable, ils se sentent mieux à même d’exprimer leur
« authenticité personnelle » (F. Dubet, 1994).

II. La professionnalisation des pratiquants amateurs

Dans les années 1950-1960 qui sont celles des premiers dévelop-
pements des pratiques de loisirs et de leur démocratisation, la plupart
des activités sportives se déroulent dans un cadre associatif. Les collec-
tivités territoriales financent et entretiennent les équipements et les
pratiquants amateurs sont le plus souvent encadrés par les plus expéri-
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mentés d’entre eux, la plupart du temps bénévoles. À la fin des
années 1960, l’obtention d’un brevet d’État devient obligatoire
lorsque cette activité d’encadrement est rémunérée. Ce n’est donc
que très récemment, avec l’augmentation du nombre des pratiquants
amateurs, que ces activités sont créatrices d’emplois salariés souvent,
comme on l’a vu plus haut, à temps partiel. La pratique de l’équitation
toutefois a nécessité plus tôt que d’autres le recours à du personnel
salarié à temps plein non seulement pour initier et encadrer les prati-
quants, mais aussi pour entretenir les chevaux et gérer les centres
équestres qui, bien qu’associatifs, n’étaient pas (ou peu) soutenus par
les collectivités territoriales. Les processus de professionnalisation des
amateurs y sont donc plus anciens et plus facilement observables que
dans les activités plus récemment organisées et institutionnalisées.
Actuellement les cavaliers professionnels vivant de leurs résultats
en compétition sont encore moins nombreux que les sportifs de
haut niveau dans les autres disciplines sportives : parmi les
2 700 cavaliers des première et deuxième catégories, on estime que
seuls cinq cents d’entre eux peuvent être considérés comme des
professionnels vivant indirectement de la compétition7. En revan-
che, au sein des 3 800 centres équestres de la Fédération française

7. Ils tirent l’essentiel de leurs revenus du dressage et du commerce des chevaux de


sport et des leçons auprès des 23 000 cavaliers compétiteurs des troisième et quatrième
catégories qui sont généralement propriétaires de ceux-ci. Signalons que la majorité des
cavaliers engagés, professionnellement ou pas, dans la compétition sont des hommes, leur
proportion augmentant avec le niveau de performance.
De l’amateur au professionnel 467

d’équitation (V. Chevalier, 2002b), environ 6 000 enseignants ont


été recensés8, exerçant leur profession soit comme salariés soit
comme indépendants9. Cela signifie que la professionnalisation des
pratiquants amateurs se fait essentiellement dans cette voie. Certains
passent directement de leur statut de pratiquant amateur à celui de
moniteur, d’autres, surtout les hommes, peuvent, en parallèle,
s’engager un temps dans la compétition. Une première exploitation
du fichier de la Fédération française d’équitation nous a permis
d’avoir quelques indications sur la composition démographique
actuelle de cette population d’enseignants, et nous avons réalisé
auprès de certains d’entre eux quelques entretiens exploratoires afin
d’affiner nos premières hypothèses.
1. La structure de la population des enseignants d’équitation en 2000

Composition par âge et sexe de la population


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des enseignants d’équitation en 2000

Âges Hommes Femmes Total

20-24 35,6 % 64,4 % 205


25-29 38,7 % 61,3 % 1 185
30-39 45,5 % 54,5 % 2 380
40-49 61,8 % 38,2 % 1 346
50-59 78,5 % 21,5 % 562
60 et plus 82,0 % 18,0 % 361
Total 52,7 % 47,3 % 6 039
Source : Fichier FFE, 2000.

La population des enseignants répertoriés au fichier de la FFE


semble à première vue équilibrée entre les hommes (52,7 %) et les
femmes (47,3 %), mais cette parité disparaît dès que l’on examine la
structure par âge : il y a 62 % de femmes chez les moins de 30 ans
mais elles ne représentent que 20 % des plus de 50 ans. Nous ne dis-

8. Le fichier des enseignants élaboré par la FFE est le seul outil permettant actuelle-
ment le décompte des enseignants. Si sa composition semble assez fiable dans ses grandes
lignes, il ne constitue pas un véritable recensement, car il ne semble pas être exhaustif ni
régulièrement tenu à jour.
9. Les enseignants d’équitation peuvent, en effet, avoir un statut indépendant en
étant enseignant libéral itinérant ou établi à son compte (dans sa propre installation ou
comme gérant), ou encore chef d’entreprise et employeur.
468 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

posons pas de données longitudinales, mais on peut faire l’hypo-


thèse que cette disparité relève à la fois d’un effet de génération et
d’un effet d’âge. D’une part, l’accès des femmes à la profession
d’enseignant d’équitation est de toute évidence un phénomène
récent car la féminisation massive des pratiquants amateurs dans ce
domaine est elle-même relativement récente. D’autre part, il est
aussi probable que, pour les femmes de cette génération moins
engagée dans la vie active, l’entrée dans la vie conjugale et la mater-
nité se soient davantage opposées qu’aujourd’hui à ce qu’elles pour-
suivent ce type d’activité professionnelle.
La part des femmes dans la population des enseignants de
l’équitation est donc un peu plus importante que dans l’ensemble de
la population active (47,3 % contre 46,5 %) et encore bien plus
importante que dans l’ensemble des professions de moniteurs, édu-
cateurs sportifs et sportifs professionnels (47,3 % contre 35,1 %). Ce
résultat pourrait être l’indice d’une « normalisation » plus avancée
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du groupe des enseignants de l’équitation, mais il doit cependant
être interprété avec précaution : si on peut y voir un des effets de la
féminisation massive de l’ensemble des professions de l’ensei-
gnement, on doit aussi tenir compte de la nature particulière de cet
enseignement qui, dans le domaine du loisir, s’inscrit dans le temps
libre des rythmes scolaires ou de la vie professionnelle. On peut
facilement imaginer que, dans le cas d’un emploi à temps partiel par
exemple, celui ou plus souvent celle qui l’occupe soit davantage
mobilisée le mercredi et le week-end que les autres jours de la
semaine. On peut sans doute faire l’hypothèse que, parmi les jeunes
femmes de moins de 30 ans actuellement en activité (62 % des
effectifs de ces âges), celles qui surmonteront les obstacles de la vie
familiale seront plus nombreuses que dans les générations précéden-
tes (D. Méda, 2002), mais il semble difficile d’imaginer que, passé
cet âge, leur taux d’activité puisse s’aligner rapidement sur celui des
institutrices.

2. La conversion professionnelle des cavaliers amateurs


La jeunesse est devenue aujourd’hui une période aux frontières
floues caractérisée par la déconnexion des événements qui mar-
quaient auparavant l’entrée dans la vie adulte. D’un côté, la fin des
études, l’entrée dans la vie conjugale et dans la vie active ne sont
plus simultanées, mais ont pris la forme de processus indépendants
ayant des rythmes différents. D’un autre côté, les évolutions qui
De l’amateur au professionnel 469

affectent le monde du travail (la diversification et l’indécision des


statuts offerts, le chômage et les difficultés de l’accès à l’emploi, la
précarisation inscrite dans la flexibilité, etc.) rendent plus progressif
et plus incertain l’accès à un emploi stable et à des statuts définis
mais offrent aussi de nouvelles opportunités professionnelles (en
particulier d’ailleurs dans le champ des activités liées à la protection,
à la formation et à l’épanouissement physique et culturel des indivi-
dus). Au sein de ce processus très général de recomposition du
champ des professions et de redéfinition des modes de socialisation,
les modèles et les valeurs hérités du milieu social et familial qui
orientaient les choix professionnels perdent leur sens en même
temps qu’ils cessent d’être efficaces, et voient leur rôle s’effacer dans
la construction des nouvelles identités sociales. Comme le dit
O. Galland (2001) : « Nous sommes passés d’un modèle qui était
fondé sur l’identification au rôle paternel et à la reproduction de
celui-ci à un modèle [...] de l’expérimentation qui laisse une place
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beaucoup plus grande à l’autodéfinition de soi et de sa place dans la
société. [...] Au lieu d’être reçue en héritage, l’identité sociale se
construit donc dorénavant de plus en plus souvent par itérations
successives jusqu’à ce que l’individu parvienne à faire correspondre
ses aspirations, moins définies qu’autrefois par son milieu d’origine,
à un statut crédible. » On peut donc facilement concevoir que les
jeunes, confrontés à cette situation, puissent mobiliser et utiliser
l’ensemble des ressources acquises au cours de leur socialisation, y
compris celles acquises dans le cadre de leurs loisirs et dont ils sont
d’ailleurs plus généreusement pourvus que leurs aînés. La conver-
sion professionnelle de l’amateur peut dès lors être considérée
comme la forme la plus aboutie de cette mobilisation qui peut se
faire à différents niveaux. Celle des jeunes pratiquants de
l’équitation s’inscrit tout à fait dans ce cadre : d’une part ils sont,
comme tous les jeunes, engagés dans cette double quête profession-
nelle et identitaire, d’autre part, ils disposent de ressources diversi-
fiées acquises au cours de leur vie scolaire et de leur activité de loi-
sir. Leur conversion professionnelle implique, à un moment ou un
autre, l’abandon de leur formation principale, c’est-à-dire celle qui
a véritablement pour objet de les préparer à la vie professionnelle :
la scolarité, leurs études ou leur formation professionnelle, mais cet
abandon n’implique pas la disparition des ressources acquises au
cours de cette formation.
Les quelques entretiens exploratoires que nous avons réali-
sés auprès de professionnels de l’équitation, enseignants ou ex-
470 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

enseignants, nous ont permis de comprendre que cet abandon qu’ils


décrivent eux-mêmes comme une rupture ( « Je faisais des études...
j’avais un métier tout tracé... j’ai tout envoyé valdinguer en disant :
je vais passer le monitorat... » ) est en fait le résultat des interactions
qui se construisent progressivement entre les deux univers séparés à
l’origine, celui du travail et celui des loisirs. En effet, pour s’engager
et poursuivre une formation dans quelque domaine que ce soit, il
faut que celle-ci ait un sens pour celui qui s’y est engagé, c’est-à-
dire qu’il puisse y inscrire ou y découvrir des objectifs, se donner un
but qui soutienne son intérêt et justifie ses investissements, matériels
et/ou affectifs. Dans le cas des pratiquants amateurs, la rupture
n’intervient que lorsque que la formation principale, celle qui avait
pour objectif l’accès à la vie professionnelle, a perdu tout son sens
au profit de l’autre.
Ce transfert, toujours progressif, se fait d’autant plus facilement
que les formations présentent des similarités d’organisation : des exa-
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mens sanctionnant le niveau de compétence acquis et donnant éven-
tuellement accès à des emplois. C’est le cas de l’équitation telle
qu’elle est enseignée dans les centres équestres et les jeunes amateurs
les plus engagés dans la pratique, ceux qui se décrivent eux-mêmes
comme des « passionnés », sont tout naturellement amenés à
s’inscrire dans ces épreuves (les « degrés » ou « galops ») qui leur per-
mettent d’évaluer leur progression10. Lorsqu’ils ont atteint un certain
niveau de compétence, ils ont aussi du même coup la possibilité
d’enseigner à leur tour ( « J’étais pris par l’équitation, j’étais rentré à
fond dedans, avoir réussi le 3e degré m’avait fait plaisir, mais après le
3e degré, les examens c’était fini pour les amateurs et moi j’avais
envie d’aller plus loin... je me suis dit pourquoi pas le monitorat » ).
L’opportunité de la professionnalisation est donc inscrite dans
l’organisation de la carrière de l’amateur mais elle s’offre d’abord à lui
comme une opportunité de la prolonger ( « Si je suis entré dans le
métier, c’est pour continuer à monter à cheval... » ) et d’assouvir sa
passion ( « Il ne faut pas oublier que tout professionnel a d’abord été
cavalier, que cette profession lui est venue de sa passion » ). Le fait de

10. Il convient d’ailleurs de noter que l’institution elle-même scande les carrières et
allonge les itinéraires. Elle multiplie les étapes des parcours d’amateurs puisque les trois
« degrés » en cours jusqu’en 1979 ont été transformés en six « étriers » et « éperons », puis
en neuf « galops » en 1990, pour la même gamme de compétences techniques. Par ail-
leurs, l’évolution de la réglementation de la formation professionnelle au brevet d’État a
conduit à organiser celle-ci : alors que ce brevet pouvait être présenté sans préparation
codifiée, une à deux années de préparation encadrées sont nécessaires pour présenter
l’examen depuis 1987 (arrêté de 1987 modifié en 1992).
De l’amateur au professionnel 471

s’engager dans cette voie ne signifie donc pas que le choix est fait,
mais ouvre ce temps de l’expérience qui permet le report des enga-
gements dans la vie active ( « La formation monitorat pour moi,
c’était faire une année sabbatique puis retourner à la fac parce que je
ne sentais pas ça comme un vrai métier. J’ai découvert que c’était pas
mal... on m’a proposé un poste et je suis restée, toujours en pensant
que c’était provisoire... finalement je suis restée » ).
La vie dans les centres équestres est aussi particulièrement pro-
pice au développement d’une sociabilité intense fondée sur la
coprésence de pratiquants qui partagent la même passion (P. Marry,
1983). Les centres équestres sont en effet organisés comme des
« clubs » et offrent à leurs adhérents un espace de rencontre où ils
peuvent discuter de leur passion hors du temps consacré aux repri-
ses ( « J’étais attirée par ce milieu plein de passionnés » ). Par ailleurs,
les activités qui s’y déroulent multiplient les occasions de s’y rendre
utile de façon bénévole et pour peu qu’on le désire, qu’il s’agisse
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d’aider les plus jeunes à se mettre en selle ou de s’occuper des che-
vaux ( « L’ambiance du club entraîne à venir de plus en plus sou-
vent. J’étais inscrite en licence et je passais tous mes après-midi au
club. Je m’étais impliquée dans le club, dès que je pouvais j’étais là,
je les aidais. Je pense que je m’étais déjà un peu imprégnée... pas du
métier... mais de tout ce qu’ils faisaient » ). Lorsque l’on s’ennuie à
l’école ou que l’on poursuit des études pour lesquelles on ne se pas-
sionne pas et avec des résultats qui, pour être suffisants, sont bien
moins gratifiants que ceux que l’on obtient ailleurs, le désir de
s’intégrer davantage au sein du seul milieu où l’on se sent reconnu,
valorisé et utile apparaît de plus en plus légitime. Le jeune amateur
tend à considérer le milieu équestre comme seul milieu de réfé-
rence significatif et à construire son identité sociale à partir de
l’identité valeureuse qu’il a acquise dans ce milieu. La professionna-
lisation consacre à la fois son statut de pratiquant amateur et son sta-
tut de travailleur et lui offre l’autonomie qui le fait accéder au
monde des adultes. Il est parfois bien utile de savoir « travailler le
temps libre »11.

Si les repères chronologiques d’entrée et de sortie de la vie


active qui étaient auparavant ceux de l’accès à la vie adulte et à la
vieillesse se sont fortement affaiblis, la période de la jeunesse reste
celle de la formation au sens le plus large, même s’il devient impos-

11. Selon le titre de l’ouvrage de C. Bidart, A. Degenne et al., 2000.


472 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

sible de lui fixer des limites. Avec l’allongement et la massification


de la scolarité, l’entrée dans la vie adulte et professionnelle a pris la
forme d’un parcours plus ou moins long dont les étapes sont consti-
tuées de statuts à la fois précaires et ambigus. Ces parcours, forte-
ment diversifiés, offrent plus d’opportunités aux choix personnels
mais impliquent aussi de perpétuels ajustements entre désir et réa-
lité, vocation et profession. Dans un contexte où l’avenir profes-
sionnel est à la fois organisé et perçu comme incertain, où l’accès à
la stabilité de l’emploi est de plus en plus différé voire même hypo-
thétique, les jeunes engagés dans ces parcours sont sans doute
davantage tentés de privilégier ceux qui leur assurent au moins une
satisfaction personnelle en leur permettant d’assouvir leur passion.
Dans la mesure où les incertitudes à l’égard du monde du travail
sont partagées par l’ensemble de la société, il semble que les parents
soient moins réticents vis-à-vis des choix de leurs enfants lorsqu’ils
s’éloignent des sentiers battus, et peuvent même les soutenir12. La
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conversion professionnelle des amateurs, même si elle reste un
modèle marginal d’insertion professionnelle, nous semble témoi-
gner de façon exemplaire, des évolutions qui affectent la société sur
tous les plans. Si le développement des pratiques de loisirs doit être
rapporté à l’augmentation du temps libre, le succès qu’elles rencon-
trent s’inscrit aussi dans ce grand mouvement de valorisation de la
personne et de recherche d’approfondissement de soi qui caractérise
l’individualisme contemporain (J.-C. Kaufmann, 2001). Dans ce
contexte, les pratiques tendent à se multiplier et à se diversifier : les
activités « émergentes » sont tout d’abord pratiquées sur le mode
alternatif, parfois en rupture avec les activités traditionnelles, mais
certaines s’organisent ensuite au niveau institutionnel en se dotant
de structures d’encadrement et d’évaluation (J. Defrance, 1989).
Sans se prononcer sur leur avenir à plus long terme, on peut toute-
fois faire l’hypothèse que celles qui survivront seront génératrices de
nouveaux emplois et de nouveaux statuts.
Vérène CHEVALIER
« Métiers du sport »
IUP
(Université Paris XII) - Lasmas-IdL (UMR 8097)
Brigitte DUSSART
Université Paris X - Louest (UMR 7544)

12. Les premiers entretiens réalisés auprès des jeunes semblent témoigner de cette
attitude consistant au moins à ne pas poser d’interdit sur leur orientation.
De l’amateur au professionnel 473

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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474 Vérène Chevalier et Brigitte Dussart

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F. Weber, 1989, Le travail à côté. Étude d’ethnographie ouvrière, Paris, INRA -
École des hautes études en sciences sociales.
De l’amateur au professionnel 475

ANNEXE

Tableau 1. — L’effet du genre


sur le rôle des pratiques non contraintes
dans les choix professionnels
des jeunes titulaires d’un DUT ou d’un BTS

Avez-vous des pratiques sportives,


culturelles qui ont ou
qui pourraient influencer votre activité
professionnelle Total Hommes Femmes

Non Réponse 35,8 % 36,2 % 34,8 %


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Non, pas d’activité 28,4 % 25,3 % 31,7 %
Activité sans aucun lien avec l’activité
professionnelle 12,7 % 13,5 % 11,5 %
Pratique permettant de compenser
l’activité professionnelle 2,8 % 2,2 % 3,4 %
Activité qui constitue un plus dans le CV 2,4 % 2,2 % 2,5 %
Engagement ayant un lien indirect
avec l’activité professionnelle
(acquisition de relations ou de savoirs) 12,0 % 14,3 % 10,7 %
Engagement ayant un lien direct
avec l’activité professionnelle
(choix résidentiels, ou de formation)
puisqu’il est au centre de leur vie 5,9 % 6,3 % 5,4 %

Effectifs totaux 1497 813 684

Source : Observatoire régional des formations supérieures


(OREF de Basse Normandie), 2000.
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Tableau 2. — L’effet de l’origine sociale (CSP père) sur le rôle des pratiques non contraintes
dans les choix professionnels des jeunes titulaires d’un DUT ou d’un BTS

Profession
Avez-vous des pratiques sportives, Artisan, libérale,
culturelles qui ont ou qui Agri- commer- cadres supé- Profession
pourraient influencer votre culteur çant, chef rieurs et inter-
activité professionnelle exploitant d’entreprise enseignants médiaire Employé Ouvrier NR

Non réponse 37,3 % 36,2 % 30,9 % 33,3 % 35,9 % 36,3 % 42,9 %


Non, pas d’activité 29,1 % 27,6 % 24,8 % 29,7 % 29,5 % 29,3 % 26,5 %
Activité sans aucun lien avec
l’activité professionnelle 16,5 % 11,0 % 12,2 % 10,3 % 13,2 % 13,4 % 11,2 %
Pratique permettant de compenser
l’activité professionnelle 3,2 % 4,3 % 2,2 % 3,1 % 3,0 % 2,2 % 1,0 %
Activité qui constitue un plus
dans le CV 0,6 % 1,9 % 2,2 % 3,6 % 3,8 % 1,9 % 2,0 %
Engagement ayant un lien indirect
avec l’activité professionnelle
(acquisition de relations
ou de savoirs) 12,7 % 13,3 % 16,5 % 13,8 % 9,0 % 11,6 % 12,2 %
Engagement ayant un lien direct
avec l’activité professionnelle
(choix résidentiels, ou de
formation) puisqu’il est au centre
de leur vie 0,6 % 5,7 % 11,3 % 6,2 % 5,6 % 5,4 % 4,1 %
Effectifs totaux 158 210 230 195 234 372 98
Source : Observatoire régional des formations supérieures (OREF de Basse Normandie), 2000.

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