Journal Officiel: Débats Parlementaires

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* Année 1975 . — N" 37 A . N.

Le Numéro : 0,50 F Mercredi 21 Mai 1975 *

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

DÉBATS PARLEMENTAIRES
ASSEMBLÉE NATIONALE
COMPTE RENDU TNTEGR 'AL DES SEANCES

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CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958


5° Législature

SECONDE SESSION ORDINAIRE DE 1974-1975

COMPTE RENDU INTEGRAL - 39° SEANCE

1" Séance du Mardi 20 Mai 1975.

Retrait de l ' amendement n' 33.


SOMMAIRE Rejet, par scrutin, de l ' amendement n° 1 corrigé.
Adoption de l 'amendemen, n" 13 corrigé, qui devient l 'article l or d
1. — Modification de l'ordre du jour prioritaire (p . 2874).
Art. 2:
2. — Remplacement dans un organisme extraparlementaire (p. 2874).
Adoption du premier alinéa.
3. — Produits cosmétiques et produits d'hygiène corporelle . — Dis-
DISPOSITIONS DU DE SANTÉ PUBLIQUE:
cussion d 'un projet de loi (p. 2874). CODE LA

M . Sourdine, rapporteur de la commission des affaires culturelles, Art . L . 658 . 1 . — Adoption du texte proposé.
familiales et sociales. Art . L . 658-2:
Mme Veil, ministre de la santé. Amendement n° 14 de la commission : MM . le rapporteur, Mme le
Discussion générale : MM . Bastide, Juquin, Darinot . — Clôture. ministre . — Adoption.
Passage à la discussion des articles. Amendement n" 2 de M . Laborde : MM . Bastide, le [apporteur,
Mme le ministre, M . Juquin . — Rejet.
Art . 1' , :
Amendements n°• 33 de M . Daillet, 1 corrigé de M . Laborde, Amendement n" 15 de la commission : M . le rapporteur, Mme le
13 corrigé de la commission, tendant â une nouvelle rédaction : ministre . — Adoption.
Mme Fritsch, MM . Bastide, le rapporteur, Mme le ministre, Amendement n" 16 de la commission : M . le rapporteur, Mme le
MM. Millet, le président . ministre . — Adoption.
68
2874 ASSEMBLEE NATIONALE — 1" SEANCE DU 20 MAI 1975

Amendement n'' 3 de M . Laborde : M . Laborde. — L' amendement


devient sans objet. -3
Adoption du texte proposé pour l'article L. d5d-2, modifié.
Art. L. 658 .3: PRODUITS COSMETIQUES
ET PRODUITS D'HYGIENE CORPORELLE
Amendement n' 17 de la commission : M. le rapporteur, Mme le
ministre . — Adoption.
Amendement n'' 18 de la commission : M. le rapporteur, Miné le Discussion d ' un projet de loi.
ministre . — Adoption.
M. le président. M . le président. L'ordre du jour appelle la discussion d'un
Renvoi de la suite de la discussion à la prochaine séance. projet de loi modifiant le livre V du code de la santé publique
et concernant la fabrication, l'importation et la mise sur le
4. — Statut général des fonctionnaires . — Discussion, en deuxième marché des produits cosmétiques et des produits d'hygiène
lecture, d ' un projet de loi (p . 2888). corporelle (n" 1484, 1646).
M . Fiels suppléant M . Burckel, rapporteur de la commission
des lois constitutionnelles, de la législation et de l' administration La parole est à M . Sourdille, rapporteur de la commission des
générale de la République. affaires culturelles, familiales et sociales.
Passage à la discussion des articles dans le texte du Sénat. M. Jacques Sourdille, rapporteur . Mes chers collègues, le
Art. 1". — Adoption. projet sur les cosmétiques et produits d'hygiène corporelle que
Art . 2: Mme Simone Veil, ministre de la santé, soumet , à notre appro-
bation se présente comme une loi de protection de la santé
Amend, .rnent n'' 1 de la commission tendant à reprendre le publique.
texte adopté par l 'Assemblée en première lecture : MM. le rap-
porteur suppléant, Péronnet, secrétaire d 'Etat auprès du Premier Elle ne doit être, ni devenir, par ses amendements, une loi-
ministre, chargé de la fonction publique . — Rejet. prétexte donnant aux consommateurs l'illusion d'une sécurité
Rejet de l 'article 2. alors que serait simplement comblé un vide juridique, sans
Adoption de l 'ensemble du projet de loi. que soient mis en place les mécanismes efficaces de sûreté.
MM. Hamel, le secrétaire d ' Etat. L'affaire du talc Morhange est dans toutes les mémoires :
vingt-trois nourrissons sont morts des Mains de leur mère, par
1. — Ordre du jour (p. 2890).
l'usage d'une poudre de toilette abusivement chargée en hexa-
chlorephène.
PRESIDENC'E DE M. CHARLES BIGNON, Votre rapporteur se souvient plus particulièrement de cette
vice-président. affaire puisque c'est dans les Ardennes et dans l'Aube que sont
morts la plupart de ces nourrissons, que les pédiatres hospita-
liers ardennais et les fonctionnaires départementaux de la santé
La séance est ouverte à seize heures. publique y ont soupçonné progressivement les premiers la res-
M. le président . La séance est ouverte. ponsabilité de ce produit de toilette et qu'il a fallu, en acrord
avec les médecins du centre antipoisons Fernand-Widal, lutter
quelques jours — quelques jours de trop — pour obtenir un
communiqué d'alerte du ministère de la' santé et pour faire taire
les dénégations des exploitants et des sous-traitants.
MODIFICATION DE L'ORDRE DU JOUR PRIORITAIRE
Mais cette loi ne doit pas être non plus, ni devenir, par ses
amendements, une loi d'exception ou de circonstance . Les acci-
M. le président . J'ai reçu de M. le secrétaire d'Etat auprès dents n'apparaissent que de loin en loin et pour s'en prémunir,
dd Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, c'est un dispositif permanent de toxico-vigilance qu'il faut éta-
la lettre suivante : blir. Surestimer le danger pendant quelques semaines n'aboutirait
c Paris, le 20 mai 1975. qu'à favoriser ultérieurement l'oubli ou à créer quelques mono-
poles abusifs d'inspiration corporative.
e Monsieur le président,
Enfin, cette loi ne doit être, ni devenir par ses amendements,
c J'ai l'honneur de vous faire connaître que pour faciliter une garantie du Gouvernement sur l'efficacité des produits
le travail de la commission des lois, le Gouvernement demande cosmétiques . La tentation d'éternelle jeunesse est trop univer-
le report à une séance ultérieure qui sera précisée lors de selle pour que la loi se mêle d'y apporter sa caution . Aussi
la prochaine conférence des présidents, de l'examen de la bien aucune branche professionnelle n'est-elle en mesure de
proposition de loi de M. Foyer, fixant le taux d'intérêt légal, garantir au docteur Faust le miracle désiré et, par 'conséquent,
inscrit à l'ordre du jour du mardi 20 mai. ne saurait prétendre à un privilège de fabrication ou de
distribution exclusive.
« Je vous prie de croire, monsieur le président, à l'assu-
rance de ma haute considération . » On trouvera dans le rapport écrit de longs développements
juridiques, mais il parait essentiel, maintenant, d'informer
L'ordre du jour prioritaire est ainsi modifié. l'Assemblée des réalités dans lesquelles la loi devra s'inscrire.

.— 2 —, Réalités médicales, d'abord . Il faut bien distinguer les acci-


dents majeurs d'intoxication et les accidents mineurs d'intolé-
rance.
REMPLACEMENT DANS UN ORGANISME
EXTRAPARLEMENTAIRE Dans une conférence récente, présentée il y a quelques jours
au congrès d'Ajaccio, le professeur agrégé Marie-Louise Efthi-
M. le président . J'ai reçu de ' M . le secrétaire d'Etat auprès miou, directeur du centre antipoisons Fernand-Widal, précise
du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, que, en 1974, sur 29 000 appels d'urgence, 2 p . 100 seulement
une demande de désignation d'un membre de la commission concernaient des produits cosmétiques . La grande majorité de
centrale de classement des débits de tabac, en remplace- ces appels avaient du reste pour motif une ingestion accidentelle
ment de M . Hamel, démissionnaire. par de jeunes enfants ou des tentatives de suicide ou d'avor-
tement . e On n'a pas relevé, disait-elle, de toxicités graves
Conformément à la décision prise précédemment, l'Assem- des produits cosmétiques, ni théoriquement ni statistiquement .»
blée voudra sans doute confier à la commission des finances,
de l'économie générale et du Plan le soin de présenter un Les intoxications historiquement graves, en particulier celles
candidat. du talc Baumol dans les mains de .pharmaciens et celles du
Cette proposition sera considérée comme adoptée en vertu talc Morhange dans les mains de cosméticiens, relèvent d ' erreurs
de l'alinéa 9 de l'article 26 du règlement, si la présidence majeures de manipulation, que la communication préalable de
n'a été saisie d'aucune opposition dans le délai d'un jour la formule n'aurait aucunement décelées.
franc.
Les accidents mineurs d'intolérance aux cosmétiques sont,
A défaut d'opposition, cette candidature devra être remise eux, beaucoup plus fréquents ; mais il s'agit, selon la communi-
à la présidence au plus tard le jeudi 22 mai à dix-huit heures. cation du docteur Bourgeois-Spinasse au même congrès d'Ajaccio,
ASSEMBLEE NATIONALE — 1`• SEANCE DU 20 MAI 1975 2875

c d'allergies discrètes et peu gravesa . Selon certaines statis- Une législation française déraisonnable entrainerait un transfert
tiques, elles représenteraient 10 à 20 p . 100 des allergies à l'étranger des fabrications des filiales françaises des sociétés
cutanées, avec une grande responsabilité d'intolérances indivi- étrangères, puis des sociétés françaises elles-mêmes. Je ne
duelles. parle pas à la légère puisque, en 1974, ce fut déjà le cas
de trois sociétés internationales ; le bilan de couverture des
Les réalités industrielles et commerciales méritent également importations par les exportations, s'il reste encore excellent,
d'être exposées pour que nous légiférions utilement. se dégrade déjà.
Les exploitants de cosmétiques sur le marché français sont C'est dire qu'il nous faut à tout le moins inscrire nos
au nombre de plusieurs centaines — peut-être cinq cents — amendements dans un consensus européen pour qu'un marché
pour 6 000 à 10 000 produits nationaux ou importés. La taille de 250 millions de consommateurs fasse le poids par ses
des entreprises varie à l'extrême, depuis quelques grandes exigences de qualité et d'innocuité face aux produits étrangers.
firmes de dimension internationale contrôlant la totalité de leur
fabrication, jusqu'à une multitude de petits laboratoires respon- Les réalités européennes ont heureusement mûri au fil des
sables de quelques produits seulement, certains de grande valeur deux dernières années . Un projet de directive de la C .E.E.
et d'autres de grand renom. avait été élaboré à partir de l'affaire Morhenge, en 1972.
A côté de préoccupations concernant la santé publique, on y
Plus importante à connaitre est l'existence de sous-traitants, trouve un souci très affiché des aspects économiques du pro-
de façonniers, dont les caractéristiques sont très diverses . Cer- blème et du respect de la libre concurrence notamment.
tains de ces derniers travaillent pour 150 signataires de produits
et disposent d'une très haute technicité internationale ; d'autres Trois propositions particulières méritent l'attention : une défi-
oeuvrent dans des conditions archaïques . Ces différences vont nition des produits cosmétiques, qui n'existait pas jusqu'alors ;
nous conduire à évoquer d'emblée l'un des problèmes clefs de la proposition d'une liste négative de produits interdits ; la
ce projet de loi : le secret industriel des formules intégrales. création d'un comité technique chargé de corriger cette liste
négative en fonction des progrès techniques et de procéder
Il peut paraître anormal d'opposer aux consommateurs le à des contrôles d'échantillons.
secret industriel dans une telle matière . En fait, personne,
parmi les interlocuteurs sérieux du rapporteur — depuis Ce projet de directive européenne établi par la Commission
plusieurs semaines, ces interlocuteurs ont été reçus, parfois de Bruxelles a été vivement critiqué et par le Parlement euro-
dans le bureau même du président de la commission, car péen et par le Comité économique et social de Bruxelles . Tous
l'émotion était telle dans certains secteurs professionnels que deux protestent contre la non-consultation des associations de
j'ai désiré éviter toute pression par la présence tutélaire du consommateurs et réclament l'établissement de listes de produits
président Berger — personne, dis-je, n'a contesté l'intérêt du seuls autorisés, c'est-à-dire l'établissement exclusif de listes
consommateur ni le principe de la communication des formules positives et par là même plus contraignantes.
à des scientifiques tenus au secret p rofessionnel.
Tel était le point de départ entre ces deux positions tranchées.
Mais il faut savoir que les façonniers ne communiquent à Il est important de savoir qu'un rapprochement s'est opéré à
quiconque, pas même à leurs clients exploitants de produits, Bruxelles qui peut nous permettre d'aller de l'avant sur plusieurs
leurs techniques de fabrication . Ils les considèrent comme une points . Ainsi nous est-il donné de faire de ce projet une loi-
expérience et un savoir faire irremplaçables mais cependant modèle, susceptible d'extension à brève échéance dans les
copiables à partir des formules . C'est ainsi que, dans certains législation de nos voisins, ce qui est essentiel pour l'efficacité
cas, ils introduisent. dans la formule de leurs produits des de la loi.
«masques » ayant pour but de gêner l'analyse au spectroscope
ou par électrophorèse, = masques » que ne peuvent décoder que En effet, notre séance d'aujourd'hui précède les conclusions
des laboratoires d'égale compétence, qu'ils ne craignent pas de la Communauté européenne, mais elle nous permet d'adopter
puisque ceux-ci sont en mesure de créer sans copier. une attitude sévère, en même temps glue réaliste.
Si l'on songe que le marché intérieur et d'exportation des Le projet de loi abroge, dans son article 1", une partie de
produits cosmétiques porte sur environ 4 milliards de francs
l'article L . 511 du code de la santé publique, concernant les
et emploie 35 000 personnes, on conviendra sans doute que produits d'hygiène, un chapitre VIII étant, plus loin, entière-
ni la protection des consommateurs ni la prospérité d'une ment consacré aux produits cosmétiques et d'hygiène corporelle.
industrie ne doivent être négligées, et qu'elles ne sont peut-être
On notera, dans les propositions de la commission, que disparaît
pas incompatibles. l'avis de l'académie de pharmacie, tandis que demeurent consi-
Mais il faudra trouver une procédure de communication aux dérés comme médicaments tous les produits d'hygiène ayant une
médecins des formules intégrales secrètes, que les signataires action thérapeutique. C'est lors de l'examen d'un amendement
du produit, simples prête-noms, ignorent souvent eux-mêmes. présenté par M. Peyret et adopté, en partie, par la commission,
que nous évoquerons la dermo-pharmacie.
Comment ne pas aborder également le problème de la derme-
pharmacie ? L'article 2 du projet de loi introduit le chapitre VIII dont
je viens de parler. Il tend d'abord à insérer, dans le code de
Les produits contenant des substances actives et bénéficiant
du monopole de vente en pharmacie ne semblent pouvoir la santé publique, un article L. 658-1 qui définit les produits
cosmétiques en reprenant la proposition européenne récente, ce
justifier leur appellation qu'à deux conditions : d'abord qu'ils
puissent démontrer leur efficacité probable en vertu de leur qui n'appelle aucun commentaire.
formule ; ensuite qu'ils soient soumis à toutes les garanties
du visa pharmaceutique . ' Ensuite, il prévoit un article L . 658-2 qui porte sur la décla-
ration des établissements et des personnes responsables de fabri-
Je ne sais, madame le ministre, quelles sont vos intentions cation ou d'importation, de contrôle de qualité, de surveillance
sur ce point, mais il vous appartient de lever cette am' iguïté des stocks de matières premières et de produits finis.
avant la présente discussion, faute de quoi des amendements
multiples pourraient troubler la clarté de nos débats. Le contenu de cet article a paru faible à la commission,
notamment en ce qui concerne la qualification exigée des divers
Les réalités internationales doivent également être soulignées. personnels, source authentique de tous les accidents et de tous
Leur circulation mondiale est une des caractéristiques de ces les progrès dans cette industrie.
produits et la France occupe une place de choix à côté
des productions américaines, anglaises, allemandes, hollandaises, L'article L. 658-3 porte sur la connaissance du produit et sur
suisses et japonaises surtout. le secret. Il oblige à la constitution d'un dossier complet dé-
voilant la nature du produit et sa composition intégrale, ses
La législation sévère que nous appliquerons en France devra conditions de fabrication et son contrôle, son mode d'emploi
recevoir un large accord à l'étranger si nous ne voulons pas pour le consommateur et les essais préalables à sa commerciali-
bloquer à l'importation les produits étrangers non conformes sation . La communication de ce dossier est prévue : mise à dis-
et subir des mesures de rétorsion à l'égard des produits français position de l'autorité compétente ; révélation de la formule
exportés. Qu'on le sache ' du reste : certaines réglementations intégrale aux centres de traitement des intoxications . Le secret
étrangères, notamment celles de la Food ând drug adnninistiation professionnel couvre la communication de ce dossier.
des Etats-Unis, sont plus sévères et plus avancées que les
nôtres. Cet article a paru contestable, en plusieurs points, à votre
L'organisation intra-professionnelle américaine se traduit par commission, qui s'est montrée plus sévère que les auteurs du
un organisme de recherche et de contrôle dont les publications projet en exigeant, en particulier, des essais préalables de
font autorité. toxicité et de tolérance du produit fini.
2876 ASSEMBLEE NATIONALE 1" SEANCE DU 20 MAI 1975

En rev,.nche, les parfums ne semblent pas devoir être soumis Mme Simone Veil, ministre de la santé . Mesdames, messieurs
à l 'ob ial"ion concernant la révélation de la formule intégrale: les députés, le projet de loi que j'ai l'honneur de présenter
d'abord . ils ne sont responsables d'aucune intoxication grave ; aujourd'hui devant votre assemblée concerne des produits d'usage
ensuite, étant mal analysables, ils sont facilement copiables à courant à tous les àges de la vie et dans tous les foyers.
partir de la formule intégrale ; enfin, il ne semble pas oppor-
tun, en l'absence de danger sur le plan sanitaire . de porter un C'est dire qu'il s'agit d'un projet qui intéresse la vie quoti-
tel coup à une industrie qui fait'vivre toute la région de Grasse dienne de nombre de nos concitoyens et, plus encore, de nos
et . en bien des points, la région parisienne. concitoyennes . Nous l'avons préparé dans le dessein de répondre
à certains impératifs de santé publique qui rejoignent, en l'oc .ur-
En outre, face aux intéréts financiers internationaux en cause, rence, les intérêts des consommateurs.
la commission a considéré comme bien fragile la barrière du
secret professionnel qui est aujourd'hui si partagé et si dégradé, En effet, par suite du développement rapide de leur emploi,
de collaborations en auxiliariats et d'auxiliariats en reprogra- de très nombreux produits cosmétiques, produits de beauté ou
phies. d'hygiène corporelle, sont proposés sur le marché international
comme clans notre pays Or il n'existe, chez nous, à ce .four,
II convient donc, semble-t-il, d'organiser authentiquement, d'une aucune législation homogène permettant de réglementer la fabri-
part . la transparence scientifique des formules au niveau des cation et la mise dans le commerce de tels produits . Ils ne sont
médecins chefs de centre antipoisons et, d'autre part, le secret soumis qu' x prescriptions générales des lois réprimant les
industriel en amont et en aval . Ii faut agir en amont, c'est fraudes et la publicité mensongère.
à-dire à l'égard d'exploitants-signataires dont j'ai démontré qu'ils
étaient souvent peu compétents, et en aval, c'est-à-dire à l'égard Nous constatons, cependant, pour la préparation des produits
de personnels auxiliaires non responsables de la prévention des cosmétiques . l'utilisation de substances complexes de nature
accidents ou des traitements. chimique ou biologique, signalées comme particulièrement actives.
La plupart de ces substances entrent aussi dans la composition
des médicaments.
Pour ce qui est de l'article L. 658-4. qui donne au ministre
un droit de suspension et d'interdiction en cas de danger, votre Actuellement, chacun peut concevoir, préparer, recevoir de
commission, se souvenant du cas de conscience qui s ' est posé, l'étranger, conditionner, mettre sur le marché n'importe quel
en 1972 . pour certains médecins et fonctionnaires, tant ardennais produit cosmétique ou d'hygiène . et nul ne cannait et ne peut
que parisiens, voudrait introduire la suspension pour simple savoir la formule du produit qu'il atilise . Ces produits ne font
suspicion de danger. t'objet d'aucune obligation de contrôle ou d'étiquetage.
Les articles L . 658-5 et L . 658-6 ont été approuvés par la com- Certes, de nombreux industriels ne négligent pas pour autant
mission . Ils visent. en fait, le compromis qui s'élabore entre les la qualité de leur fabrication, et certains se sont même groupés
diverses institutions de la Communauté économique européenne pour faire pratiquer des contrôles et pour ne mettre en vente
et qui porte sur des listes négatives de produits totalement inter- que des produits éprouvés ou vérifiés . Cette autodiscipline les
dits, des listes restrictives de produits autorisés au-dessous de honore mais ne les place pas toujours dans une position favo-
certaines doses et des listes posit :ces autorisant seulement cer- rable vis-à-vis de concurrents moins scrupuleux ; ou ignorants des
tains colorants et certains conservateurs nommément désignés. risques qu'ils peuvent faire courir aux utilisateurs.

La commission, jugeant ce dispositif sévère mais juste, croit Nous as ans tous présentes à la mémoire les conséquences
qu'il laisse suffisamment de place à l'innovation pour ce qui est tragiques d'une erreur de fabrication d'un talc parfumé, destiné
des priecipes - actifs o nouveaux. à la toilette des jeunes enfants . préparé sans contrôle et distribué
par le circuit des magasins d'alimentation, qui renfermait, par
L'article L . 658-7 — c'est important — introduit la consulta- suite d'une erreur de fabrication, une dose torique d'un désin-
tion des associations de consommateurs dans le système de fectant, l'hexachlorophène, alors qu'il n'aurait pas dû en contenir.
contrôle, et cela au niveau des dénominations de produits, des
emballages et des étiquetages. Comme vous le savez, depuis plusieurs années déjà, nous avons
partagé avec nos partenaires de la Communauté économique
Il regit aussi l'utilisation de certains produits par les profes- européenne les mêmes préoccupations relatives aux produits
sionnels en raison d'intoxications chroniques spécifiques et qui cosmétiques, et une proposition de directive, présentée au conseil
vont, sans doute, dominer la pathologie dans les prochaines le 6 octobre 1972, prévoyait des règles d'étiquetage et l'élabo-
années . Mais il parait mal régler le repérage de lots éventuel- ration de listes de matières premières ne pouvant entrer dans
lement défectueux, d'une part, et ne pas s'attaquer suffisamment leur composition . Cependant, le Comité économique et social et
à la publicité mensongère. d'autre part. le Parlement européen avaient demandé que la proposition soit
complétée et que l'obligation d'un contrôle à la fabrication soit
La suite du projet de loi n'appelle pas d'observation de la instituée.
commission, sauf en ce qui concerne les délais d'application. Vous avez dû observe:, en analysant le projet de loi, qu'il
s'inspire à la fois de la proposition de directive et des sugges-
Pour conclure, j'indique que la commission des af`aires cultu- tions du Comité économique et social . II prévoit un certain
relles, familiales et sociales approuve le prcjet de loi, sous nombre de mesures nécessaires à la protection de la santé, sans
la réserve expresse de l'adoption d'amendements dont certains pour autant imposer aux fabricants et a'tx distributeurs toutes
lui sont apparus comme fort importants. les obligations auxquelles sont tenu ax qui préparent et
mettent dans le commerce les médicaments, puisqu'il s'agit de
Ne se contentant pas seulement de formules conformes à des contrôler la qualité et l'innocuité des produits cosmétiques, dans
listes ni de la déclaration d'établissements et de responsables, les conditions normales d'emploi.
les amendements approuvés par la commission précisent que
l'intervention publique doit se situer à différents niveaux, qu'il Dans l'état actuel de nos textes, toute substance toxique ou
s'agisse des essais préalables du produit fini, de la qualification dangereuse peut entrer dans la composition d'un produit cosmé-
des personnels aux différents stades, de l'organisation de la tique, à moins que celui-ci ne soit considéré comme un médica-
transparence médicale et de la protection des secrets de fabri- ment et soumis comme tel à la réglementation pharmaceutique.
cation légitimes ou, enfin, de la protection des consommateurs Il suffit, pour cela, que la substance vénéneuse en question figure
par la surveillance de la publicité et la suspension des produits sur une liste établie par un arrêté interministériel, qui doit, s'il
au moindre soupçon. y a lieu, fixer en outre, pour chaque type de produit, la dose
de substance au-delà de laquelle cette réglementation est appli-
Tels sont, me semble-t-il, les vrais problèmes q ue l'on doit cable.
résoudre si l'on veut, d'abord, garantir l'innocuité des cosmé-
tiques, ensuite, maintenir l'industrie nationale, enfin, susciter II n'est pas utile d'insister sur les difficultés de mettre en
oeuvre ce dispositif, fondé sur l'élaboration d'une liste t néga-
dans cette industrie, les changements faute desquels sa haute
réputation internationale pourrait bien être un jour ternie par tive s de produits interdits, qui oblige à inscrire sur . cette liste,
avec doses limites éventuelles, toutes les substances vénéneuses
un nouveau drame . (Applaudissements sur les bancs de l'union
des démocrates pour la République, des républicains indépen- susceptibles d'être introduites dans un quelconque produit
dants et des réformateurs, des centristes et des démocrates d'hygiène.
sociaux .) Il convient donc d'interdire désormais, dans les préparations
cosmétiques, l'emploi des substances vénéneuses, à l'exception
M . le président . La parole est à Mme le ministre de la santé . de celles qui seront nommément désignées, à une dose déter-
ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE PU 20 MAI 1975 2877

minée suivant le type de produit, c'est-à-dire de choisir le 1 M . le rapporteur, que je remercie pour son remarquable
système d'une liste «positive Tel est l'objet du nouvel exposé et pour le soin avec lequel il a étudié ce projet de loi,
article L . 658-5 du code de la santé publique ; par voie de vient de nous faire part de l'accord de votre commission sur
conséquence . il convient d'abroger les dispositions actuelles de l'ensemble du texte, sous réserve de quelques amendements
l ' article L . 511 du meure code, se rapportant aux produits qui permettraient d'en préciser certaines dispositions . Il a
d'hygiène renfermant des substances vénéneuses. souhaité dispenser les producteurs de révéler la formule inté-
grale des compositions destinées uniquement à parfumer les
Après avoir adopté, pour les produits cosmétiques et les produits cosmétiques, afin de ne pas porter préjudice à une
produits d'hygiène corporelle, une définition étroitement inspirée industrie nationale, économiquement importante, qui, dans le
de celle qui est contenue dans la proposition de directive euro- cas contraire, serait rapidement imitée et dépouillée de ses
péenne . le projet de loi soumet à une déclaration auprès de formules non protégeables par des brevets . J'indique tout de
l'administration l'ouverture et l'exploitation de tout établissement suite que je partage son point de vue et que j ' accepterai
fabriquant ces produits. l ' amendement qui a été déposé en ce sens.

Il s'agit d'une simple déclaration, mais qui permettra de Je conclurai en soulignant l'intérêt que le Gouvernement
connaitre l ' existence et, par voie de conséquence, l ' activité de attache au vole de ce projet, dont l'objectif est de mettre fin
l'établissement. à une déficience de notre législation et à une situation contraire
à la protection de la santé.
Cette même déclaration désignera la personne physique res-
ponsable de la fabrication, des contrôles de qualité, de la Avec le texte que le Sénat vient d'adopter définitivement au
sujet de la pharmacie vétérinaire et qui concerne, lui aussi, des
détention et de la surveillance des stocks.
millions de personnes, le Parlement aura, s'il adopte ce projet,
Préalablement à la mise sur le marché d'un produit cosmé- ajouté deux volets considérables à la législation de protection
tique, un dossier sera constitué et rassemblera toutes infor- de la santé. Il reste, aux industriels concernés, à poursuivre
mations utiles sur la nature du produit, sa composition, ses l'effort qu'ils ont entrepris depuis plusieurs années et, au
consommateur, à faire preuve de la prudence et de la vigilance
conditions de fabrication, de contrôle, son usage et son mode
d'emploi, ainsi que sur les essais effectués. dont la loi lui donne désormais les moyens . (Applaudissements
sur les bancs des républicains indépendants, de l'union des
Le contrôle doit s'entendre ici dans un sens large . Ce n'est démocrates pour la République et des réformateurs, des cen-
pas seulement d'un contrôle analytique qu'il s'agit, mais éga- tristes et des démocrates sociaux .)
lement d'un contrôle de l'innocuité et de l'absence d'effets aller-
giques . L'obligation de constituer un semblable dossier per- M. le président. Dans la discussion générale, la parole est à
mettra à certains fabricants de prendre mieux conscience des M. Bastide.
obligations qui leur incombent . i
M. Jean Bastide. Mesdames, messieurs, la cosmétologie englobe
l'ensemble des produits « de beauté et d'hygiène corporelle,
Un exemplaire du dossier sera à la disposition des autorités
compétentes, tenues au secret professionnel, cela va de soi, et ce qui constitue un vaste domaine, très diversifié et disparate,
allant du dentifrice et dit rouge à lèvres aux lotions capillaires,
la formule transmise aux centres antipoisons, où les mêmes
garanties de secret seront assurées. en passant par les crèmes ou les pommades les plus variées.
Le projet de loi qui nous est soumis tend à modifier le livre V
Cette mesure a été prévue, à la fois pour faciliter les du code de la santé publique en vue de renforcer la surveil-
recherches en cas d'accident, en vue d'une intervention rapide lance et le contrôle de la fabrication de ces produits.
en connaissance de cause, et pour la vérification, par sondage,
du respect des pres_riptions en ce qui concerne, notamment, Toutefois, les parfums ne sont pas concernés par ce nouveau
les contrôles à la fabrication et l'emploi de substances toxiques. texte . Les raisons invoquées pour justifier ce privilège sont les
suivantes : ils ne sont pas consommés massivement au niveau indi-
Les listes des agents conservateurs et des colorants qui viduel ; ils n'ont donné lieu à aucun incident ; ils représentent
peuvent être employés dans les produits cosmétiques, de même une industrie nationale de luxe dominante sur le plan interna-
que celle des produits qui, sans être inscrits sur les tableaux tional ; en outre, la technique originale de leur élaboration, très
de substances vénéneuses, ne pourront être utilisés, seront poussée, les individualise qualitativement et ne saurait être
fixés par arrêtés interministériels. dévoilée.
Pour répondre à M . le rapporteur, qui m'a posé la question, Nous faisons toutes réserves sur la valeur de ces considéra-
je précise que le maintien de la réglementation spéciale rela- tions qui nous paraissent assez spécieuses et nous ne pouvons
tive aux produits de dermo-pharmacie, qui sont vendus exclu- pas, à cet égard, ne pas évoquer le très puissant syndicat de
sivement en pharmacie, n'a plus d'objet. Dans ces conditions, la parfumerie dont l'influence n'est peut-être pas étrangère à
l'arrêté qui concerne la dermo-pharmacie sera abrogé . Tous les cette mesure d'exception . En effet, l'industrie de la parfumerie,
produits de cosmétologie seront en effet soumis à un contrôle très concentrée, domine largement la branche cosmétologique et
identique qui est actulellement celui des produits relevant de y fait pratiquement la loi ; il est assez intéressant de constater
la dermo-pharmacie. que c'est elle qui demande avec le plus d'insistance, depuis quel-
ques années, une nouvelle réglementation.
En revanche, un décret en Conseil d'Etat a paru nécessaire
pour établir les règles concernant la dénomination, l'emballage
Quoi qu'il en soit, il est bien évident que si la réglementation
et l'étiquetage des produits cosmétiques . Je souligne que ce ne peut ignorer l'importance industrielle de la parfumerie et
décret sera pris après avis du comité national de la consom-
l'ampleur de sa production — près de 500 fabricants, plus de
mation . D'autres textes réglementaires préciseront les condi- 10 000 produits différents et environ 7 milliards de francs de
tions d'utilisation professionnelle de ces produits, notamment
chiffre d'affaires à la consommation — elle doit donner la
dans le domaine de la coiffure, lorsque leur emploi pourra pr'orité aux considérations de santé publique et de sauvegarde
comporter des dangers particuliers.
des usagers.
Il incombera aux médecins et aux pharmaciens inspecteurs
de la santé, ainsi qu'aux inspecteurs et agents de la répression L'adaptation à la situation, créée par la multiplication extrême
des fraudes, d'assurer le contrôle et le respect de l'application des produits, d'une réglementation plus élaborée que celle de
de la loi. l'article L . 511 du code de la santé publique s'impose depuis quel-
que quinze ans ; sa nécessité n'a d'ailleurs pas échappé au
Comme il convient, des pénalités sont t,révues en cas d'infrac- Conseil de l'Europe qui l'a proposée dans la Communauté
tions constatées . De plus, tandis que I'edministration petit sus• en octobre 1972, comme vient de le rappeler Mme le ministre.
pendre ou interdire la mise sur le marché des produits présen- Ainsi, il est temps, aussi bien pour le rapprochement des légis-
tant un danger ou exploités en infraction avec les dispositions lations des Etats membres, qui conduirait à une relative parité
de la loi, le tribunal pourra Interdire son activité à l'auteur de des conditions de concurrence, que pour la protection de la santé
l'infraction et ordonner la fermeture de l'établissement. publique, de mettre en place un dispositif légal susceptible
d'être adopté par l'ensemble de la Communauté.
Enfin, un délai doit être accordé aux entreprises existantes
pour leur donner la possibilité de déclarer leur activité, de Il est regrettable — disons-le tout de go — que les associations
désigner la personne responsable des fabrications et des contrô- de consommateurs n'aient pas été consultées pour l'élaboration
les, ainsi que de constituer les dossiers concernant cha q ue des textes qui nous sont soumis, alors que l'avis des profession-
produit exploité . nels a été sollicité.
2878 ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 20 MAI 1975

II s'agit. en effet, d'un marché énorme, dont l'extension suit Nous vivons au siècle de la chimie et de la physico-chimie.
l'évolution des moeurs et des conditions matérielles d'existence. Les structures moléculaires de la matière sont devenues fami-
Si la coquetterie n'est pas toujours synonyme d'hygiène et si les lières de la connaissance scientifique, au point que les prépara-
apparences de la propreté, aussi bien quant au charme de la vue tions synthétiques atteignent une grande perfection . Les produits
que quant au plaisir olfactif, ne vont pas toujours de pair ainsi élaborés autorisent une sélection spécifique infiniment
avec la pratique de l'hydrothérapie et du savonnage, il n'en plus sûr que les produits naturels.
reste pas moins que l'humanisation des régimes révolutionnaires,
caractérisés à leur origine par la rigueur spartiate, se manifeste C'est une illusion, trop communément répandue et exploitée
par l'apparition de la fantaisie dans la diversité de la mode et de par la philosophie simpliste de la nature bienfaisante de penser
la toilette, l'usage du rouge à lèvre, des fards et l'allongement qu'il faut se libérer de cette science prétendument malfaisante
de la chevelure masculine. et retourner à la pratique de la phytothérapie, de l'opothérapie
et autres ingrédients s naturels du bon vieux temps.
Nous estimons qu'il y a là non signe de décadence et de Les extraits naturels, fréquemment excellents mais de compo-
dépravation . mais plutôt exigence individuelle et respect de soi, sition chimique complexe, sont plus souvent qu'on ne te croit,
affirmation de se personnalité et promotion sociale de ce super- davantage toxiques que les préparations synthétiques.
flu si nécessaire à l'agrément de la vie . La société de consomma-
tion présente bien des aspects agréables et ne saurait être sérieu- Les sérums placentaires, les crèmes et les pommades embryon-
sement condamnée en bloc. naires livrés à la consommation commerciale dans le but illu-
soire du rajeunissement des tissus représentent une exploitation
Vivons donc aussi heureux que possible, avec notre temps. navrante de l'éternelle espérance des hommes de ralentir le
Considérons-le non pas systématiquement avec morosité, mais en vieillissement et de faire reculer l'inéluctable destin ; ils sont
gens civilisés et solidaires . Veillons à ce que les pratiques parfaitement inefficaces.
commerciales soient maintenues dans des limites équitables
entre le service rendu et le légitime profit, en proscrivant les Il faut savoir que les fabricants recueillent dans des mater-
publicités mensongères et les concentrations monopolistes, sources nités, par des accointances plus ou moins avouables, les placentas
de puissance intolérable et de suppression de la concurrence. des délivrances, qui n'ont plus aucune activité biologique,
d'ailleurs, et dont les prétendues biostimulines sont purement
II doit s'agir non de tromper le consommateur, en abusant imaginaires . Les cosmétologues ont même eu l'idée ingénieuse,
de son ignorance, de sa candeur et de ses faiblesses, mais de par la grâce de l'esprit d'entreprise, d'utiliser le liquide amnio-
l'assurer d'un service honnête et de ne pas porter atteinte à sa tique recueilli chez les vaches en gestation . Dans les cas des
santé. placentas, le prélèvement ne peut être aseptique ; pour conserver
les imaginaires stimulines, on ajoute, bien entendu, des anti-
Or son exploitation financière est encore plus sensible ici que sep tiques.
pour les autres produits de consommation, car les prix pratiqués
sont en général prohibitifs et nullement justifiés . En outre, on On a prétendu que, par les accords de Rome, nous avons
accepté, à la demande des Allemands, l'emploi des sels de
abuse l'acheteur sur les quantités, par comble d'ignominie, avec
des tubes seulement remplis aux trois quarts et des pots à phénylmercure pour la protection des produits de beauté . Or ces
double fond. sels étaient antérieurement interdits par notre législation . Il est
assez effarant, reconnaissons-le, que de telles dispositions inter-
viennent, alors que le monde entier se préoccupe de la pollution
Dans }a domaine de la cosmétologie, le client est donc exploité
— ce qui n'est pas tellement original, me direz-vous, dans notre hydrargyrique. Les sels de mercure, utilisés en médecine odon-
tologique, dermatologique, gynécologique ou ophtalmique, doivent
type de société — et sa santé est parfois mise en danger . Sans
doute y a-t-il une part d'exagération dans le procès qu'on rester dans ces domaines et leur emploi doit être soumis au visa
pharmaceutique, car une erreur de dosage est toujours possible.
impute à l'industrie des cosmétiques et des responsabilités qui
ne sont pas les siennes. Les petits incidents dus aux allergènes La loi qu'on nous propose interdira-t-elle l'emploi des sels
et aux photosensibilisants sont fonction de réactions indivi- organiques de mercure ou l'autorisera-t-elle, en application des
duelles et de manque d'information . C'est ainsi que les firmes accords de Rome ?
fabricant des savons déodorants refusent de prévenir les usagers
de leur caractère photosensibilisant, par crainte de perdre des Il existe des ovules contraceptives spermaticides, à base de
ventes. méthyl-mercure, dont chaque dose contient deux milligrammes
de produit actif, alors que le dose journalière admissible ne
Si l'on évoque le drame atroce du talc Morhange, on doit doit pas dépasser trois centièmes de milligramme ; ces ovules
souligner qui le produit toxique en cause, l'hexachlorophène, sont sans doute en vente libre dans les pharmacies.
était conseillé par des dermatologues et des pédiatres et vendu
dans divers pays sous le visa pharmaceutique . On ne peut pas Certes, la médecine n'échappe pas aux excès de prescription de
taire toutefois qu'une information, en provenance des Etats- produits chimiques, opothérapiques, hormonaux, antibiotiques
Unis, avait appelé l'attention, avant le drame, sur l'apparition et autres. En particulier la pratique outrancière de l'anti-
de convulsions graves chez des enfants traités, pour des brûlures biothérapie pose le problème redoutable de la résistance des
étenïfues, au moyen de solutions d'hexachlorophène . Or cette germes et de la profusion des virus . Mais c'est là un autre
information n'aurait pas été diffusée parmi les membres du syndi- aspect, infiniment plus grave, de la maîtrise des applications
cat de la parfumerie, de crainte d'un blocage des ventes. scientifiques par une civilisation qui devra se libérer de la
notion trop exclusive du profit qui anime notre société.
Mon ami Darinot vous décrira l'ensemble des conditions phy-
siques et chimiques qui ont rendu possible la diffusion du toxique Ne croyez pas, mes chers collègues, que cette courte analyse
procède d'une vue manichéenne de la société. Dans l'union
dans le sang des quarante-deux malheureuses victimes . Mais
comment n'y avait-on pas songé ? , de la gauche, nous avons tous franchi ce stade élémentaire du
noir et blanc et nous faisons de cette société un examen
Dans un autre ordre d'idées, il vous expliquera que la stabi- critique infiniment plus nuancé . Il y a des ombres, mais
aussi des pénombres et des rayons de lumière dans notre vieux
lisation d'un produit cosmétique, véhicule propice aux bactéries.
ferments ou levures, rend nécessaire l'adjonction d'antiseptiques. monde ; nous n'oublions pas que nous sommes, en France, les
Certains agents microbiens, s'ils sont faibles, subsistent et s'équi- héritiers de trois grandes révolutions et de deux ou trois autres,
que nous ne renions pas et qui n'ont pas été sans effets
librent biologiquement avec-les hôtes normaux de la peau et salutaires durables, effets consolidés, à travers heurs et mal-
des muqueuses . S'ils sont forts •at- très microbicides . ils faci-
heurs, par des institutions démocratiques où la dialectique a
litent l'apparition des virus. joué et joue librement.
Situation contradictoire, donc, dans la4uelle un choix s'impose. Cependant, le néo-libéralisme économique, même avancé, qui
Il n'en reste pas moins que le scandale actuel réside dans le nous régit fait la part belle, voire prédominante, à l'argent,
fait que l'hexachlorophène, quoique légalement interdit, est très ce qui ne va pas sans dommage pour l'intérêt général . Il faut
probablement toujours utilisé dans la fabrication de savons en convenir, même . si l'on admet de faire la place qui lui revient,
déodorants, par exemple, ou remplacé, en tout cas, par un produit et qui est bénéfique pour tous, à l'esprit d'initiative et au sens
dérivé, le di-bromodichlorophène, qui est aussi dangereux. créateur, sources de profits légitimes . Mais la société doit être
protégée contre l'appétit excessif des individus, tant en ce qui
L'usage, également, de l'acide borique et des borates, proscrits concerne la course toujours insatisfaite à l'argent que la
dans l'alimentation, reçoit le label des dermo-pharmaciens dans recherche de la puissance et de la volonté de domination.
la fabrication du talc pour bébés . Ce sont là des errements
auxquels il faut mettre fin . Mais il ne convient pas pour autant Ces réflexions ne sont pas étrangères à notre propos, bien
d 'aborder le problème avec un esprit trop sommaire . au contraire .
ASSEMBLEE NATIONALE — 1'• SEANCE DU 20 MAI 1975 2879

La lutte entre les pharmaciens et les dermo-pharmaciens, Nous estimons que la protection de la santé des consommateurs
entre les laboratoires pharmaceutiques et les cosmétologues est de cosmétiques exige que les règles applicables à ces produits
permanente et sans merci. De gros intérêts sont en cause ; dans soient aussi strictes que celles qui sont actuellement en vigueur
ces conditions, comme on dit, on ne fait pas de cadeaux ,. dans notre pays pour les pimiuits alimentaires . Si l'on admet
— ce que nous ne pouvons approuver — que des substances
Suis-je trop sévère ? Si c'est vrai, >mes chers collègues, je vous vénéneuses peuvent entrer dans la composition des cosmétiques,
prie de m'en excuser. Mais, hélas ! je crois avoir raison . Et vous, soit à titre de conservateurs, soit à titre de colorants, ces
parlementair de la majorité, même si votre libéralisme en est produits devraient faire l'objet du visa pharmaceutique.
heurté, n'êtes-vous pas touchés par le doute ? Votre honnêteté
incontestable n'est-elle pas troublée ? Sans doute me répondrez- Il faut noter que le décret en vigueur jusqu'au mois d'avril
vous que je suis obnubilé par l'arbre qui masque la forêt, la 1968 prévoyait que tout produit hygiénique contenant une
belle forêt de l'ordre libéral et de la libre concurrence. substance vénéneuse était considéré comme médicament et donc
soumis à visa . A cet égard, la législation postérieure et celle
La rivalité n'est pas moindre au sein du petit monde de qui nous est soumise sont en retrait par rapport à ce décret . -
l'industrie des cosmétiques . Là aussi, il y a, selon l'expression Reconnaissons que pour les cosmétiques la réglementation doit
un peu triviale, a les gros et les petits n . Ces derniers, de loin être souple en ce qui concerne l'utilisation de certains anti-
les plus nombreux, sont menacés d'absorption par les premiers septiques — pratiquement inoffensifs à faible dose mais néces-
ou de disparition, selon la loi implacable de la concentration saires à la conservation sous tout les climats — ainsi que de
capitaliste. certains colorants.
C'est ici qu'interviennent les notions de listes positives et dé
Ce n'est pas moi qui le dis : ce sont les porte-parole des listes négatives de produits.
petits et moyens fabricants de cosmétiques qui voient dans
certaines obligations très onéreuses qu'on leur imposera et Les listes positives constituent, à notre avis, une protection
auxquelles nombre d'entre eux ne pourront satisfaire l'influence incomparablement meilleure que les listes négatives. Dans les
des grandes firmes qui aspirent au monopole . Ils parlent premières, seuls sont autorisés les ingrédients nominalement
de a trust ', celui de !a parfumerie en l'occurrence. Le mot inscrits, tous les autres étant interdits . Dans le second sys-
magique est lancé, et vous allez encore sourire, chers collègues tème, tous les ingrédients sont permis, sauf ceux qui figurent
de la majorité . et penser que nous cédons une fois de plus aux sur les listes d'interdiction, dites listes négatives.
démons de notre mythologie!
Cette dernière formule peut être dangereuse : il faut se rap-
Pourtant, qu'on en juge par ce fait . Un fabricant de cosmé- peler, en effet, que l'hexachlorophène, responsable de la mort
tiques, d'importance moyenne, demande à un laboratoire agréé de quarante-deux bébés, n'a été inscrit sur la liste négative
pour l'alimentation par la santé publique et qui étend son acti- qu ' après la catastrophe.
vité à la cosmétologie combien lui coûteraient les contrôles
bactériologiques et toxicologiques de ses produits ; la réponse Ces dispositions mixtes sont très critiquables et, à notre avis,
il faut :
a été la suivante : 300 000 francs par an Si l'on ajoute les
contrôles d'efficacité qu'exigera la loi, on atteint des sommes En premier lieu, considérer tout produit cosmétique contenant
abordables par les seules firmes puissantes. une substance vénéneuse ou toxique comme un médicament ;
Au sujet de l'efficacité, d'importance secondaire sans doute En second lieu . renoncer au système des listes négatives et
dans un domaine où l'effet psychologique est presque tout, faire figurer uniquement sur les listes positives tous les corps
nous sommes bien obligés de constater qu'on exige de la susceptibles d'entrer dans la composition des produits cosmé-
cosmétologie des garanties plus grandes que de la pharmacopée tiques.
médicale dont on ne mesure plus les échecs !
Le projet de loi, dans les textes proposés pour les articles
Voilà donc une situation bien embrouillée, dans laquelle nous L . 658-5 et L. 658-6 du code de la santé publique, ne prévoit
aurons fort à faire pour établir une législation efficace et équi- une liste positive que pour trois catégories de substances : les
table. substances vénéneuses, les conservateurs et les colorants des-
tinés à entrer en contact avec les muqueuses. Une listes négative
Le projet du Gouvernement représente un premier effort. comprendrait les substances dont l'usage est prohibé.
Notre distingué rapporteur, M . Jacques Sdurdille, dont je me
Quelles sont les objections formulées, surtout par les indus-
plais à louer la compétence en la matière, l'a incontestablement
amélioré par des amendements nombreux et très judicieux. triels producteurs, contre le système des listes positives ?
Nous y apporterons les nôtres, car nous estimons qu'il faut aller Première objection : le projet de réglementation européenne
plus loin ; soucieux, comme tous, de la sauvegarde de la santé n'est pas fondé sur le principe des listes positives . Or, c'est
publique et des intérêts des usagers, nous tiendrons le plus inexact, car ce projet n'est pas encore adopté et si le Conseil
grand compte des suggestions des consommateurs, tout en ne de l'Europe n'est pas favorable aux listes positives, en revanche
négligeant pas les points de vue lég i times des producteurs dont le Parlement européen, par deux fois, le 31 juillet 1973 et
l'activité, pour l'économie nationale _i pour l'emploi, n'est pas le 8 avril 1074, s'est prononcé résolument en leur faveur dans
à dédaigner. des termes publiés au Journal officiel des Communautés
et qui ne laissent pas de doute sur sa détermination . II a
Nous accordons une très grande importance à l'information même été prévu de créer un comité communautaire qui soit
du public . Nous estimons, en effet, qu'il est malsain de tenir compétent pour procéder à des contrôles de qualité . . . ».
au secret professionnel les perscnnes ayant accès aux dossiers
et à leurs formules . Ces renseignements, selon nous, doivent Deuxième objection : le nombre considérable — de l'ordre de
être mis à la disposition du consommateur, car il s'agit non huit. mille, et même douze mille selon certains — des sub-
de médicaments, mais de produits cosmétiques ou d'hygiène stances employées en cosmétologie rend difficilement applicables
corporelle en vente libre. les listes positives . Cet argument nous paraît plutôt plaider
en faveur de celles-ci . Par ailleurs, une revision critique de
1 .a transmission de la formule intégrale aux centres de trai- ces listes permettrait vraisemblablement d'en réduire sans dom-
tement des intoxications est une excellente mesure que nous mage le nombre.
approuvons pleinement . Quant au secret de fabrication, notion
Troisième objection : elle porte sur les effets synergétiques
qui nous fait un peu sourire car il s'agit surtout d'un savoir- possibles ales associations de corps chimiques . Or, des produits
faire, d'un tour de main, d'une astuce de manipulation s'appa-
qui ne sont pas toxiques peuvent le devenir dans leur asso-
rentant un peu à la gastronomie, il n'a pas à figurer au dos- ciation, de même que des produits toxiques peuvent ne pas
sier qui comporte essentiellement la composition chimique l'être dans les mêmes conditions. Par conséquent, cet argument
analytique et les méthodes de fabrication, mais non la des- n'a pas de valeur.
cription détaillée de leur mise en oeuvre.
Quatrième objection : le système des listes positives constitue
Il n'en est pas de même, parait-il, pour la parfumerie, cette une entrave à l'esprit d'initiative nécessaire au dynamisme de
activité de luxe française qui se place en tète de la production l'industrie des cosmétiques. Mais comment serait . ce possible
mondiale et qui, par la création d'emplois et de ressources à puisque, nous venons de le constater, le choix offert est grand,
l'exportation, participe, comme la haute couture, au prestige même trop grand dit-on parfois?
du pays . Dans cette industrie, les secrets de fabrication inter-
viennent d'ailleurs non dans l'analyse chimique brute qui peut Le problème du contrôle et de l'inspection des conditions
être parfaitement connue, mais dans des structures moléculaires de fabrication, du stockage des matières premières et des pro-
originales très sophistiquées, caractéristiques de la marque . duits finis dans les établissements de fabrication et d'impor-
2880 ASSEMBLEE, NATIGNALE 1'• SEANCE DU 20 MAI 1975

talion est bien défini dans le texte proposé pour l'article L . 658 .8 Or ces critiques sont devenues vives au cours des dernières
du code de la santé publique. La question, toutefois, est de années . Le drame dû, en 1972, à l'emploi de l'hexachlorophène
savoir s'il sera résolu dans les conditions fixées étant donné le dans le talc Morhange a sensibilisé l'opinion publique. Le mou-
peu de moyens en équipement et en personnel dont disposent vement des consommateurs a pris de l'extension . Le son côté,
les pouvoirs publics. L'effectif des médecins et des pharmaciens le corps médical propage la vérité.
inspecteurs de la santé et des inspecteurs du service des
fraudes est dérisoire au regard des tâches écrasantes qui leur
incombent. Il convient donc de renforcer considérablement Aussi longtemps que les dermatologistes réservèrent leurs
remarques à des revues professionnelles et à des livres savants, le
les moyens d'action et les effectifs des corps d'inspection et patronat resta presque impassible . Du jour où parut un ouvrage
des laboratoires dépendant des serv ices de la santé publique
et de la répression des fraudes pour que le contrôle soit réel. populaire de grande diffusion, non seulement il engagea la polé-
mique en utilisant tous les moyens dont il dispose, mais encore
il essaya d'obtenir l'interdiction du livre.
Ea conclusion, la démarche des membres du groupe du parti
socialiste et des radicaux de gauche est dictée par le souci
de sécuriser et de moraliser le marché des cosmétiques et pro- J'observe le parallélisme qui existe entre la réaction de l'indus-
duits de beauté et d'hygiène corporelle. trie des cosmétiques au Iivre Médecine et beauté du docteur Aron-
Brunetière, paru en 1974, et celle de l'industrie pharmaceutique
Le projet de- loi modifiant le livre V du code de la santé au Guide des médicaments les plus courants du docteur Pradal.
publique répond à une nécessité urgente et l'initiative prise Ce comportement donne une idée de la conception capitaliste de
par le Gouvernement est louable . Cependant . il nous apparaît la liberté d'expression et d'information. (Applaudissements sur
en retrait sur un point et trop timide sur plusieurs autres. les bancs des communistes et des socialistes et radicaux de
gauche.)
Notre position — vote positif ou abstention — dépendra du
sort qui sera réservé à nos amendements . (Applaudissements Madame le ministre, ces faits éclairent votre projet de loi . De
sur les bancs des social.stes et radicaux de gauche et des fait, le Gouvernement a conçu ce texte en liaison avec les
communistes .) industriels plutôt comme une protection du renom et, partant,
du profit des fabricants, que comme une protection de la santé
et du budget des consommateurs. Vous volez au secours de
M . le président. La parole est à M . Juquin. l'industrie des cosmétiques en l'aidant à redorer son blason,
à se refaire une image de marque . S'il n'en était pas ainsi, votre
projet serait beaucoup plus rigoureux.
M. Pierre Juquin. Mesdames, messieurs, j'ai reçu, il y a
quelques mois, la visite d'un représentant du syndicat patronal 3e suppose, madame le ministre, que vous ne vous présentez
de l'industrie des cosmétiques . Monsieur le député — me dit-il pas devant l'Assemblée nationale sans avoir au moins feuilleté
— je ne saurais trop vous recommander de voter l'excellent l 'ouvrage Les Cosmétiques, du professeur Thiers, parcouru Méde-
projet de loi que Mme Veil vous pr'_•sentera bientôt. cine et Beauté, pris connaissance du débat sur le thème : régle-
menter les essais préalables des cosmétiques, publié dans
Je notais que ce personnage avait la primeur du projet et Le. Concours médical du 17 novembre 1973 . Je les ai lus.
m'interrogeais sur le sens de sa démarche, fort civile mais aussi
fort insistante . a C'est que, voyez-vous — continua-t-il en subs- A la lumière de ces textes scientifiques, vous ne pouvez que
tance — les industriels craignent que le groupe communiste remplacer votre projet par un texte beaucoup plus complet,
ne dise non à tout projet de loi parce qu'il est dans l'opposition. plus strict et, pour tout dire, plus sérieux. Non point une loi-
Or, dans le cas du projet de Mme Veil, ce serait vraiment alibi, mais une loi qui aille au fond des choses !
dommage . s_
Quel est donc le fond du problème ?
Je l'informais du comportement raisonnable et responsable
des élus communistes, ce dont le vote de la loi sur l'interruption
Pour le comprendre, il suffit de regarder la publicité qui vise
de grossesse administre la preuve . Mais un réflexe se déclencha à déclencher le réflexe d'achat chez les hommes et surtout chez
en moi, un réflexe de classe fondé sur toute une expérience.
les femmes.
Comment expliquer, en effet, cette pression d'un groupe patronal
en faveur d'un projet gouvernemental qu'il connaissait avant
les députés ? Selon toute probabilité, un projet aussi bon pour Voici le dernier numéro de Marie-Claire de mai 1975. Cette
L'Oréal et Thibaud Gibbs n'a pas les mêmes avantages pour la revue comprend trente-cinq pages de publicité pour l'industrie
masse des consommateurs. des cosmétiques . C'est un déferlement de fausse science, de
contrevérités, d'affirmations gratuites . C'est le mensonge sur
Je me fis expliquer le point de vue patronal, je m'informais. trente-cinq pages.
Je pense avoir compris.
Voici un exemple :
L'industrie des cométiques occupe, savonnerie non comprise,
quelque 32 000 salariés. Loin de constituer, comme le dit le c Sauvez votre peau s.
Gouvernement, une grande industrie française, elle est dominée
par le capital étranger, américain surtout . Les deux firmes qui a Le professeur X — on ne le connaîtra jamais, bien sûr —
arrivent en tête sont deux sociétés multinationales ; L'Oréal et < à la fois dermatologue et chimiste, est l'un des meilleurs spécia-
Thibaud-Gibbs. listes mondiaux de l'étude des cosmétiques et de leurs effets en
dermatologie . Nous lui avons demandé ce qu'il répond aux
Le chiffre d'affaires réalisé sur le marché des cosmétiques est femmes. .. »
considérable. Il double, en moyenne, tous les cinq ans . Les ventes
hors taxe de L'Oréal dépassent, par exemple, trois milliards
Et que conseille cette forte autorité mystérieuse ? Elle con-
de francs lourds, soit l'équivalent du tiers du budget de la seille d'abord, en cosmétologie comme en médecine, d'absorber
santé . Elles ont progressé de 34,3 p. 100 de 1972 à 1973, et le des . produits totaux s . Eh bien ! madame le ministre, je vous
mouvement continue. demande de nous donner la définition d'un produit total . Elle
conseille ensuite d'absorber des produits qui contiennent t d'ex-
Mais ce marché est assez fragile. Les produits cosmétiques cellents acides aminés s . J'attends que les scientifiques nous
n'apparaissent pas comme des produits de première nécessité expliquent la différence qui existe entre d'excellents acides ami-
et ils peuvent être en grande partie victimes de la baisse du nés et de mauvais acides aminés !
pouvoir d'achat des travailleurs.

L'achat de ces produits dépend de l'acceptation des consom- On nous apprend encore qu 'on a découvert — un de nos col-
lègues en parlait — les extraits placentaires et l'on ajoute qu'on a
mateurs, avant tout des femmes . L'industrie cherche donc à forcer
la vente en créant, par tous tes moyens, dans la conscience découvert l'existence de ces extraits et de leurs effets dans les
et dans le subconscient des gens, la conviction que ces produits embryons de poulet . Je cite la suite du texte, elle en vaut la
peine !
répondent à des besoins : d 'où une publicité énorme, un véritable
matraquage des esprits et des sensibilités, sur lequel je vais
revenir ; d'où également la nécessité, pour les maîtres de l'indus- On suppose que, dans ces produits totaux, il se trouve
trie des cosmétiques, de réagir aux critiques qui peuvent ébran- quelque chose de surajouté, un élément échappant à l'analyse . s
ler la confiance des femmes dans la valeur de ces produits? Et pour cause !
ASSEMBLEE NATIONALE — l'• SEANCE DU 20 MAI 1975 2881
« Il existe ainsi, dans le sérum d'embryon, des produits appe- de millions de femmes abusées, et la loi doit l'interdire impi-
lés tréphones c'est rune des modes actuelles — « non toyablement. (Applaudissements sur les bancs des communistes
encore identifiés qui doivent être, pensons-nous » — sous et des socialistes et radicaux de gauche .)
l'autorité du professeur X — «aussi efficaces sur l'activité des
cellules qu'ils le sont pour provoquer le ddveloppement des
De tout cela, votre projet ne dit mot.
futurs poussins s . Raisonnement par analogie ! C'est tout le
contraire de la méthode expérimentale et du raisonnement scien-
tifique : c'est de la magie ! Mais il y a pire . Votre projet admet implicitement, pour
l'essentiel, la thèse des fabricants selon laquelle les produits
On comprend, d'ailleurs, pourquoi votre gouvernement combat cosmétiques ne présentent aucun danger . « S'il ne font pas de
l'enseignement scientifique et soutient les campagnes qui se bien, dit-on, ils ne peuvent faire de mal . » Or, après avoir
développent contre les sciences et contre les techniques . (Excla- consulté des dermatologistes, j'ai acquis la conviction que cette
'nat on,s sur les bancs de l'union des démocrates pour la Répu- thèse est fausse dans nombre de cas.
blique . des républicains indépendants et des réformateurs . des
centristes et des démocrates sociaux. — Applaudissements sur Je citerai trois exemples.
les bancs des communistes .)
Tout d'abord, des accidents sérieux — du type de celui du
Je lis encore : talc Morhange — restent possibles si votre projet n'est pas
renforcé sur plusieurs points . Vous mentionnez les substances
« Autre substance . sans doute stimulante aussi, le collagène. vénéneuses . Ce terme reste trop vague dans votre texte. Il faut
Mais quel collagène ? » C'est encore là toute une histoire. On lui donner expressément la signification précise qu'il revêt en
pourrait faire la même remarque à propos du silicium. pharmacologie . Et cela implique, ipso facto, le retour des pro-
duits cosmétiques contenant de telles substances dans le secteur
Sans aucune preuve, sans aucune démonstration, ces sub- des médicaments dont on les a indûment retirés, et partant la
stances prennent, dans la réclame, la relève de la gelée royale nécessité d'un visa rigoureux . Cela implique également le déve-
ou de la célèbre huile de vison dont les médecins ont décidément loppement des moyens de contrôle, dont l'insuffisance actuelle
ébranlé le prestige rendra sans effet les quelques dispositions prévues à cette fin
dans votre projet . Je rappelle que le service de la répression
Considérons le collagène . Sa molécule est énorme, en triple des fraudes ne peut procéder, chaque année, qu'à environ quatre
hélice, à laquelle sa dimension semble interdire de jamais fran- cents contrôles de produits cosmétiques, ce qui est dériijire.
chir la barrière épidermique et donc de pénétrer dans la peau.
Aucun travail de recherche actuellement connu dans le monde ne Vous me répondrez que les industriels éprouveraient des diffi-
semble avoir montré que la molécule de collagène ait franchi la cultés si la loi était rendue plus sévère et appliquée plus
barrière épidermique et qu'elle ait une action dermatologique rigoureusement . A nos yeux, jamais un milliard de profits
quelconque. industriels — en francs lourds — ne prévaudra sur la santé
d'une seule femme ou d'un seul homme . (Applaudissements sur
Mais on lit, à la fin de cette pseudo-démonstration : les bancs des communistes et des socialistes et radicaux de
gauche .)
Note de Marie-Claire . Voici, parmi les plus récents, quelques
produits à base d'extraits totaux. La peau n'est pas une membrane inerte, mais un élément
vivant du corps humain ; elle est soumise à des agressions et
« Au placenta humain : coffret antirides Klorane — sérum elle peut être une voie de passage pour des produits qui
et crèmes . Specific Vitalizer Lancaster. Super-Entai Traitement portent atteinte en profondeur à l'organisme . Aucune femme
Pier Augé. ne comprendra que la loi n'ait pas pour les produits cosmétiques
au moins la même rigueur que pour les produits alimentaires.
« Aux extraits embryonnaires : c:rèmes embryo-tissulaire
Innoxa . Crème riche n'1 Louis-Philippe . Embryo-sérum Orlane. Cette rigueur est d'autant plus indispensable que la thèse
Crème aux cellules fraîches Clarins.
des fabricants selon laquelle leurs produits sont toujours neutres
est une contre-vérité scientifique . En réalité, les produits cosmé•
« Au liquide amniotique : gamme Amnioderm Payot. tiques ne sont pas neutres . Ils ont une action pharmaco-dyna•
mique, laquelle dépend de trois facteurs : la nature des consti-
« Aux extraits de tissus conjonctifs : crème stimulante Lan- tuants dans le système, leur proportion et la structure physico-
côme. Emulsion profonde Vichy. .. chimique.

« Au collagène : crème au collagène Nemet, masque au col- Ces trois facteurs interviennent pour donner à la base du
lagène Isabelle Lancray, crème au collagène Ella Baché, crème produit — ce que les fabricants dénomment la «soupe » — des
Raffermiiane Orlane. propriétés pharmaco-dynamiques pudiquement baptisées par eux
du nom de « propriétés cosmétodynamiques-».
Et Orlane, chacun le sait, n'est pas indifférent à tous les
membres du Gouvernement . (Sourires.) En conséquence, ces produits peuvent être favorisants ou dété-
riorants . Beaucoup d'entre eux sont nocifs parce qu'ils sont
Allons plus loin . La plupart de ces articles publicitaires employés pendant des dizaines d'années sur des peaux auxquelles
vantent les qualités médicales des produits cosmétiques . Ici, les ils ne conviennent pas . De cette inadaptation peuvent résulter
choses deviennent graves . Toutes les femmes connaissent les des phénomènes ortho-ergi'ques, c'est-à-dire des irritations pri-
adjectifs qui reviennent sans cesse dans ces pages . On qualifie les maires, qui constituent un terrain pour des phénomènes d'allergie.
produits de « traitants », de « revitalisants » — ce qui n'a, Affirmer que les produits sont hypo-allergiques n'est nullement
d'ailleurs, aucun sens — d '« hydratants ». une garantie, car ils peuvent être à la fois hypo-allergiques et
très dangereux du point de vue pharmaco-dynamique . D'où des
Or que disent les médecins ? Dans la plupart des publications désagréments, des troubles, des atteintes à la santé et de nou-
que j'ai consultées, on constate que les propriétés en question velles dépenses de la part des consommatrices, soit pour l'achat
sont considérées comme introuvables. Dans de nombreux cas, de nouveaux produits, soit pour des soins médicaux, en partie
on peut démontrer leur impossibilité d'exister. remboursés par la sécurité sociale.

Prenons telle crème « superhydratante » . Des dermatologistes Déposer la formule des produits- au centre antipoisons et la
éminents démontrent que cette propriété n'est le plus souvent garder secrète, comme vous le proposez, ne saurait suffire.
qu'un leurre, parce que l'eau ne franchit pas la barrière épider- Les médecins doivent connaître la formule exacte de chaque
mique : au contraire, en s'évaporant très vite, les crèmes en ques- produit . Là encore, il y va de la santé des gens, et le secret
tion produisent une délicieuse impression de fraîcheur mais lais- commercial ne saurait avoir le pas sur elle . Le médecin doit
sent la peau sans protection. pouvoir prescrire ou conseiller en toute connaissance de cause.
Or, les dispositions de votre projet ne lui offrent pas cette
De deux choses l'une : ou bien les produits dont il s'agit sont garantie.
réellement traitants, actifs, et ils relèvent d'un contrôle beaucoup
plus strict que celui qui est proposé dans votre projet, madame le C'est si vrai que M . Nargeolet, chef du service central de la
ministre ; ou bien la publicité des fabricants est une escroquerie pharmacie au ministère de la santé, déclarait en mars 1973
permanente ; elle porte atteinte à la liberté individuelle de choix que « nul ne peut dire quelles sont les garanties que présente
2882 ASSEMBLEE NATIONALE SEANCE DU 20 MAI 1975

le fe > gant ; et que M. Bourdon, professeur à l'U . E . R. des Or, L'Oréal vient d'acquérir un groupe pharmaceutique, Synthé-
sc . . .ce pharmaceutiques et biologiques de Paris, observait: labo . Et que dit cette société pour justifier cet achat dispen-
.t ujeurd hui . le secret couvre la composition des produits ; or dieux aux yeux de ses actionnaires ? Elle explique que le
la plus simple des garanties consisterait dans la connaissance mouvement de défense des consommateurs a gagné du terrain,
de :a composition des cosmétiques : j ' ajouterai que le problème que ce mouvement est irréversible et s'exprime a par des cri-
posé par les cosmétiques est d ' autant plus grave que ces produits tiques des produits et des attaques contre les fabricants qu'il
fui_ ; souvent l'objet d'une utilisation régulière et au long cours . n serait vain d'ignorer » . et que l'industrie doit, en conséquence,
se donner une auréole de garantie technique . Moyennant quoi,
Bien entendu . il s'agit de la connaissance des formules, non L'Oréal annonce une nouvelle a offensive sur les marchés :a.
per un groupe d 'experts tenus au secret, mais par l 'ensemble
des médecins et par le public. Je serai complet en indiquant que jusqu ' à une date récente,
la femme d'un ancien ministre, Mme Bettencourt, détenait
Ces opinions autorisées s'accordent mal avec la publicité 51 p . 100 des actions de L'Oréal, mais qu'une combinaison finan-
tapageuse des industriels. cière, autorisée par le Gouvernement, lui a permis de faire
entrer cette firme dans la société multinationale géante Nestlé.
Ii n'est que trop certain . . . » — écrit le professeur Thiers —
. . .qu'une bonne et loyale marchandise ne peut prétendre à Telles sont les réalités qui se cachent derrière le marché des
cette qualité que si l'on peut saisir comment elle a été réalisée. cosmétiques et — disons-le franchement — derrière votre
Personne ne pourra prétendre que ne sont tenus cachés, non projet de loi.
seulement certains petits détails de technique. mais encore
no .nbre d'étapes assurant le passage de la matière brute au On dit parfois, madame le ministre, que ce texte n'aurait pas
produit commercial . Or. les bien connaître ne satisfait pas seulement pour but d'améliorer l'image de marque de l'industrie
seulement la curiosité de l'es p rit, mais permet aussi de com- des cosmétiques, mais qu'il tendrait aussi à vous faire appa-
prendre certains incidents de leur emploi. raître comme le défenseur des femmes et de leur libération.
Comme cette libération parait irréelle, ne serait-ce qu'en consi-
Ce scientifique n'a pas de mots trop sévères pour cette dération d'un problème apparemment de détail comme celui
industrie des cosmétiques qui vend a une inadmissible thériaque dont nous nous occupons aujourd'hui!
à une clientèle trop crédule et qu'abuse une phraséologie
pseudo-scientifique». J'ai stigmatisé, il y a quelques jours, au nom du parti commu-
niste — et je vous interrogerai bientôt sur ce point avec de
Je vous rappelle que le professeur Thiers est une autorité nouveaux documents -- l'utilisation par l'industrie pharmaceu-
incontestée en la matière. tique du marché des nerfs et de l'angoisse . a Cette femme
est fatiguée, risée n, dit un placard publicitaire parmi d'autres,
a donnez-lui des tranquillisants a . Je dénonce aujourd'hui l'utili-
Tant ii est vrai, comme l'écrivait Patrick Magd dans Le Figaro
sation du marché des rides par l'industrie des cosmétiques.
du 24 mai 1972, en rendant compte du XIV' congrès international
de dermatologie. que t les fabricants sont plus intéressés par
les bénéfices qu'ils peuvent réaliser que par l'état de la peau Ne me faites pas dire que la beauté est inutile, et que, demain,
de leurs clientes s . Nous sommes bien au fond du problème! dans la France socialiste, les femmes n'auront pas les moyens
d'être belles. L'austérité, c'est le fait de votre régime et non
du socialisme aux couleurs de la France . (Applaudissements
J'ajouterai l'exemple du bronzage . Depuis quelques jours, la sur les bancs des communistes .)
mise en condition publicitaire annuelle a recommencé . L'industrie
appelle les gens à détruire leur peau sous prétexte d'avoir plus La beauté fait partie de la qualité de la vie . Mais pas la
belle a pparence, et les femmes à vieillir prématurément en beauté d ' une femme-pou p ée, d'une femme-objet, d'une femme
leur promettant une jeunesse plus éclatante. acculée à la surconsommation et au gaspillage par une publicité
éhontée.
Or, les rayons ultraviolets B ont des effets destructeurs sur
les cellules de la peau : Toute publicité poussant les gens à se Et surtout, que faut-il pour être belle? Bien plus que des
faire bronzer de façon outrancière est nocive . Le corps médical cosmétiques souvent inutiles, voire nocifs — comme je l'ai
semble unanime sur ce point . Voilà bien le cas d'une création démontré — il faut de bonnes conditions de travail, des temps
de faux besoins pour rapporter de gros bénéfices aux trusts! de transport réduits, des journées de travail raccourcies, la
retraite anticipée, la garantie de la santé . le développement
Vous avez engagé, madame le ministre, bien timidement, une des activités physiques et sportives, des loisirs, le confort du
campagne contre le tabac, cette drogue dont l'abus coûte cher logement . Voilà le fond du problème ! (Applaudissements sur
aux individus et à la collectivité. Que faites-vous contre l'abus les bancs des communistes et des socialistes et radicaux de
du bronzage organisé par des fabricants sans scrupule ? Evi- gauche .)
demment, dans le cas du tabac, c'est une industrie d'Etat qui
fait les frais, et votre campagne participe en fait au mouvement La main-d'oeuvre de l'industrie des cosmétiques est en grande
général de dévalorisation du capital public ! (Exclamations sur partie féminine.
les bancs de l'union des démocrates pour la République . des
républicains indépendants, et des réformateurs, des centristes En vingt ans — je me bornerai à cet exemple — le chiffre
et des démocrates sociaux .) d'affaires moyen par salarié de l'industrie cosmétique a plus
que quadruplé . Il dépasse 110 000 francs lourds par an, soit
C'est la vérité, mesdames, messieurs. environ dix fois le salaire annuel d'une conditionneuse.

Quelles sont les conditions de vie et de travail de ces milliers


Pour s'en prendre aux abus du bronzage et à tout ce qu'ils de femmes 0 . S . ? Ne vaudrait-il pas mieux améliorer ces
coûtent aux personnes et à la sécurité sociale, il faut avoir la conditions de vie et de travail que de pousser ces femmes à un
voionté d'attaquer les grands intérêts privés . Faites-le ! rêve illusoire de correction par les cosmétitques, qui aboutit
parfois à un véritable cauchemar ?
Je pourrais parler aussi des fonds de teint ou des sham-
pooings. Pour être belle, il faut avoir le bonheur de vivre . Il faut que
votre société disparaisse, parce qu'elle refuse précisément ce
Il suffit de ces quelques exemples pour mesurer l ' insuffisance bonheur au plus grand nombre.
de votre projet de loi et même la com p laisance qu'il révèle à
l'égard des trusts des cosmétiques. Les femmes ont tout intérêt à boycotter la masse des produits
inutiles, sinon nuisibles, elles ont tout intérêt à boycotter cette
Une preuve supplémentaire est donnée par la récente réorga- presse dite féminine qui les transforme en machines à acheter,
nisation de L'Oréal . Les femmes doivent savoir que toute une tout en distillant par ailleurs les idées les plus réactionnaires.
série de produits qu'elles achètent — et à quel prix ! — sous les
noms les plus divers — Chen Yu, Gemey, Garnier, Elsève, Vichy, Un gouvernement démocratique ne serait pas, comme vous,
Plias . etc. — proviennent d'une seule et même société géante, complaisant à l'égard de cette scandaleuse manipulation des
L'Oréal, qui en tire bénéfice . En une année, de 1972 à 1973, femmes . II créerait, lui, les conditions de leur authentique
le bénéfice net de L'Oréal s'est accru de 42,3 p . 100, mais les libération en s'en prenant aux monopoles capitalistes, aux
salaires ne se sont pas élevés dans la même proportion ! maîtres de la finance et de l'industrie.
ASSEMBLEE NATIONALE — 1" SEANCE DU 20 MAI 1975 2883

Vous légiférez, c'est vrai, dans un quasi no man's land . Une La procédure du visa pharmaceutique parait en tout cas bien
loi est bien nécessaire . Mais vous n'apportez pas de garanties adaptée aux produits cosmétiques qui contiennent des substances
suffisantes à la santé des consommatrices et des consommateurs. vénéneuses et dont il est raisonnable de réserver la commercia-
Or . la santé est le bien le plus précieux. C'est de sa protection lisation aux pharmaciens. Ce serait le retour aux dispositions
plus ou moins grande et d'elle seule, à l'exclusion, bien entendu, en vigueur jusqu'à la parution du décret du 16 avril 1968 . Jusqu'à
de toute considération de profit des industriels, que dépendra cette date, en effet, tout produit hygiénique contenant une
en définitive le vote du groupe communiste . (Applaudissements substance vénéneuse était considéré comme un médicament.
sur les bancs des communistes et des socialistes et radicaux de
gauche .) L'autre système de protection du consommateur — qui fonc-
tionne dans des conditions satisfaisantes — est celui des listes
M. le président . La parole est à M . Darinot. positives . Il offre une sécurité moindre que celui du visa phar-
maceutique, mais la protection qu'il apporte est incomparable-
M. Louis Darinot . Madame le ministre, mes chers collègues, ment meilleure que celle des listes négatives.
le texte qui nous est proposé aujourd'hui est assurément un
texte utile, même s'il vient bien tard . Mais il est loin de nous Ce point a été également été traité par mon ami Bastide . Je
satisfaire . en ce qui concerne au moins le secret des fabrications, souligne seulement que le système des listes négatives a été
la composition des produits et le contrôle. tristement illustré par l'affaire du talc Morhange . Premier
temps : n'importe qui met de l'hexachlorophène — substance
Sur le premier point — le secret des fabrications — l'infor- bactéricide — dans du talc, sans demander de permission à
mation sur la protection qui est ainsi assurée est une revendi- quiconque : deuxième temps : de graves accidents surgissent, et
cation essentielle des consommateurs . Dans un monde ou les l'on connsit le bilan, la mort de quarante-deux bébés ; troi-
décisions de quelques-uns engagent la sécurité d'un grand sième temps : le ministre prend des mesures d'interdiction par-
nombre, la possibilité de soumettre à la discussion publique tielle de l'usage de l'hexachlorophène.
les arguments avancés et les dispositions prises constitue, en
effet, la meilleure garantie contre les abus de pouvoir et les Ce produit, qui a tué, figure maintenant sur une liste néga-
erreurs que personne ne peut prétendre rendre impossibles. tive. Le prochain produit qui tuera sera, lui aussi, interdit . Mais
après la catastrophe !
Pour que la discussion publique puisse s'engager et se dérouler
dans la clarté, il est évidemment indispensable que les éléments Il existe une foule de produits dont on connaît mol les effets.
d'information soient accessibles à tous sans restriction . Il n'est Dans le système des listes positives, ces produits sont inter-
donc pas admissible que les questions touchant à la protection dits jusqu'à ce qu'on les connaisse assez bien pour les autoriser
de la santé publique soient confiées, sous le sceau du secret, ou les écarter. Dans le système des listes négatives, ils sont,
à des organismes — officiels ou non — ou à des équipes scien- par définition, d'utilisation libre jusqu'à ce qu'une étude ou un
tifiques, aussi compétentes soient-elles. accident mette en évidence leur toxicité éventuelle.

La transmission de la formule intégrale aux ce .atres de trai- S'agissant du troisième point, je dirai que le contrôle des
tement des intoxications est une mesure judicieuse qui mérite cosmétiques ne doit pas seulement être possible, mais qu'il doit
d'être conservée . Par contre, la connaissance du dossier ne doit être réel . Dans la situation actuelle, la réglementation relative
pas être limitée aux seules autorités compétentes s . car c 'est
aux cosmétiques est des plus réduites . Comme vous l'avez rap-
à la disposition du public que les dossiers devraient être tenus pelé, madame le ministre, « la fabrication, la vente et l'impor-
en permanence. tation de ces produits ne sont soumises à aucun contrôle spéci-
fique de la santé publique s.
Permettre au public d'avoir accès aux informations contenues
dans les dossiers, ce serait, selon certains, divulguer des secrets Une réglementation plus précise implique que les inspections
de fabrication, attenter à la propriété industrielle et finalement
et contrôles destinés à vérifier son application soient plus fré-
mettre en péril les entreprises de l'industrie cosmétique ou, du quents et plus complets qu'ils ne le sont jusqu'à présent.
moins, les plus florissantes d'entre elles.

Or, la protection de la propriété iftdustrielle doit être assurée Il est, certes, utile de préciser à quels services ces
par des mesures d'un autre ordre — en particulier par la protec- tâches seront confiées Mais ces services auront-ils, non
tion' des brevets, des marques — dont l'application ne saurait seulement les attributions nécessaires, mais aussi et surtout
faire obstacle aux exigences de la santé publique. les moyens d'accomplir ces tâches qui s'ajouteront à celles,
déjà nombreuses et importantes, dont ils ont la charge ?
Sur le deuxième point, celui de la composition des produits,
rappelons que les cosmétiques sont destinés à être mis en Comme mon ami M . Juquin, j'ai relevé dans le Journal officiel
contact avec la peau ou avec les muqueuses . Or. peau et du 13 janvier 1973 cette réponse à une question écrite : «Le
muqueuses constituent des voies de pénétration dans l'organisme service de la répression des fraudes procède chaque année à
pour nombre de substances utilisées en cosmétologie, comme environ 400 cont rôles sur les produits cosmétiques s . Peut-on
le tube digestif est une voie de pénétration pour les substances se satisfaire de 400 contrôles par an . chiffre dérisoire et
contenues dans les aliments. sans commune mesure avec l'ampleur de la production : près
de 500 fabricants, plus de 10 000 produits différents, environ
Mon ami Bastide a traité ce point tout à l'heure . Il aurait pu 7 milliards de francs de chiffre d'affaires à la consommation?
citer aussi l'exemple de ces produits d'application cutanée, par- Peut-on se contenter de faire appel au dévouement et à la
ticulièrement de certaines pommades antirhumastismales, qui conscience professionnelle de fonctionnaires pour pallier l'insuf-
peuvent provoquer des ulcérations de l'estomac. fisance de leurs effectifs et des moyens dont ils disposent?
Madame le ministre, si le projet qui nous est soumis répond
Pour protéger la santé des consommateurs, les règles appli- au souci louable de combler une lacune de la réglementation
cables aux produits cosmétiques doivent donc être aussi strictes maintes fois dénoncée par les associations de défense des
que celles qui devraient actuellement être en vigueur dans notre consommateurs, on ne peut pas dire que les dispositions qu 'il
pays pour les produits alimentaires. prévoit assurent une sécurité suffisante aux utilisateurs de
produits cosmétiques . Par ailleurs, l'efficacité pratique des
Il existe au moins deux grands systèmes pour protéger les mesures envisagées apparaît comme discutable.
consommateurs contre les risques résultant de l'emploi de
produits potentiellement dangereux. La sécurité des utilisateurs est insuffisamment garantie . Que
devraient attendre les consommateurs d'un tel texte, sinon
Le premier est le visa pharmaceutique : il est évident que qu'il empêche la mise sur le marché de produits qui peuvent
son application à tous les produits cosmétiques apporterait une présenter des dangers pour la santé et qu ' il permette de retirer
solution radicale au problème de la protection des consomma- de la vente les produits dont l'évolution des connaissances
teurs . En revanche, il présente un certain nombre d'inconvé- scientifiques démontre qu'ils ne sont pas aussi inoffensifs
nients : il est lourd et par conséquent coûteux ; il ferait passer qu'on le pensait ? Or le texte qui nous est soumis, non seulement
brutalement toute une industrie du régime de la liberté totale ne garantit pas l'innocuité des produits mis sur le marché,
au régime de l'autorisation préalable ; il contribuerait à dis- mais rend très difficile le retrait des cosmétiques dangereux !
perser encore l'activité des pharmaciens dont la vocation est C'est ce que laisse redouter l'examen du dispositif de contrôle
d'être non seulement des dispensateurs de produits vénéneux, qu ' il met en place . En effet les informations sur les entreprises
mais aussi et surtout des conseillers et des éducateurs dans le de fabrication et d'importation de cosmétiques et sur le contenu
domaine sanitaire. des produits seront dispersées entre divers organismes .
2884 ASSEMBLÉE NATIONALE — 1'^ SEANCE DU 20 MAI 1975
_se

L'autorité administrative com p étente visée par le nouvel La réglementation de l'étiquetage ne fait l'objet d'aucune
article L . 658-2 du code de la santé publique disposera du information ni publicité de votre part . De nouveaux accidents
dossier de déclaration préalable d'exploitation, c'est-à-dire des peuvent se produire : le consommateur — c'est le cas de le dire
renseignements sur l'entreprise et sur les personnes responsables — paiera.
de la fabrication.
Enfin, votre texte relève d'un monde clos, celui des spécialistes
La formule intégrale du produit ne sera communiquée obli- de ces produits : industriels, services publics de contrôle et de
gatoirement qu ' aux centres de traitement des intoxications . mais répression . Le consommateur est là encore tenu pour irres-
ceux-ci ne pourront prendre aucune mesure de diffusion ou de ponsable, incapable de connaître et de défendre ses intérêts.
mise en garde à l'égard des utilisateurs éventuels d'un produit Vous demandez en quelque sorte que l'on fasse confiance aux
contenant une substance qui se révélerait dangereuse, puisqu'ils industriels, qui ne recherchent que le profit, ou aux services
sont astreints à l'obligation de secret professionnel . On peut qui sont cruellement démunis de mus,'us . Il y a dans ce refus
même se demander . compte tenu de la rédaction proposée pour à donner la parole et à reconnaître des droits aux consomma-
le troisième alinéa de l'article L. 658-3, si ces centres auront le teurs une attitude constante de votre majorité. C'est, au contraire,
droit de communiquer au ministre de la santé la liste des produits à promouvoir le contrôle des intéressés sur leurs conditions
contenant une substance présentant des dangers pour la santé d'existence que nous, socialistes, nous nous employons inlassa-
des consommateurs . Or, l'interdiction de commercialisation des blement. Voilà toute la différence — elle est essentielle — entre
cosmétiques dangereux mais cet-dormes à la réglementation. votre politique et la nôtre ! (Applaudissements sur les bancs des
ne peut être ordonnée que par l'autorité administrative, les tri- socialistes et radicaux de gauche et des communistes .)
bunaux ayant la faculté de la prononcer à titre de sanction acces-
soire en cas d'infraction aux différentes obligations prévues M. le président . Personne ne demande plus la parole dans la
par le texte. discussion générale ? . ..
La discussion générale est close.
Le dossier rassemblant l'ensemble des informations sur le
produit, notamment sur les essais préalables à son lancement sur Aucune motion de renvoi en commission n'étant présentée, le
le marché, restent chez le fabricant où il doit être tenu à la passage à la discussion des articles du projet de loi dans le texte
disposition des autorités compétentes . N'est-ce pas accorder une du Gouvernement est de droit.
trop grande confiance aux sociétés productrices et importatrices
de cosmétiques ? Comment certaines ne seraient-elles pas tentées
d'évaluer et d'accepter le risque d'une infraction ? Article 1".

M. le président . c Art . 1" . -- Au deuxième alinéa de l'article


Les consommateurs noteront avec satisfaction que le texte L. 511 du code de la santé publique sont abrogées les dispositions
prévoit expressément la consultation du comité national de la suivantes : c Les produits d'hygiène contenant des substances
consommation pour tous les décrets d'application, et plus parti- vénéneuses à doses égales ou supérieures à celles fixées, pour
culièrement ceux qui fixeront les règles d'étiquetage des cosmé- chaque substance et pour chaque type de produits, par arrêté
tiques ; mais il est à redouter que certaines entreprises ne met- conjoint du ministre de la santé publique et de la sécurité
tent à profit la longueur des délais d'application pour arracher sociale et du ministre du développement industriel et scientifique
des dérogations aux pouvoirs publics . Le précédent des disposi- après avis de l'académie de pharmacie et du conseil supérieur
tions sur l'étiquetage des produits alimentaires prouve que de d'hygiène publique de la France .»
telles craintes ne sont pas vaines . On ne saurait tolérer que sous
des prétextes tels que la dimension des emballages, les fabricants Je suis saisi de trois amendements, n"' 33, 1 corrigé et 13 cor-
soient dispensés de fournir les renseignements indispensables sur rigé, pouvant être soumis à une discussion commune.
leurs produits . Il est d'ailleurs remarquable que les dispositions
prévues dans l'arrêté du 10 mai dernier sur la dermo-pharmacie L'amendement n" 33 . présenté par M. Maillet, est ainsi libellé :
imposent d'indiquer sur l'étiquette le nom et l'adresse du respon-
sable de la mise sur le marché, le numéro du lot de fabrication, « Rédiger ainsi l'article 1"
les références du contrôle du produit fini, la date limite d'utili- « Les deuxième, troisième et quatrième alinéas de l'article
sation s'il y a lieu, la composition qualitative et quantitative en L. 511 du code de la santé publique sont abrogés et remplacés
principes spécifiques, les modalités particulières d'emploi ainsi par les dispositions suivantes
que l'indication des dangers et des risques que peut p':ésenter
le produit dans ses conditions normales ou exceptionnelles d'utili- « Sont notamment considérés comme des médicaments,
sation . Pour avoir droit à l'avantage de la vente exclusive en les produits cosmétiques et les produits d'hygiène corporelle
pharmacie, les producteurs ne craignent donc pas de divulguer contenant des substances vénéneuses.
leurs secrets de fabrication. La composition des produits n'est
plus couverte par le secret professionnel et les obligations de L'amendement n" 1 corrigé, présenté par MM. Laborde, Saint-
renseignement précitées sont imposées pour des produits de très Paul, Bastide et les membres du groupe du parti socialiste et des
faible dimension. radicaux de gauche et apparentés, est conçu en ces termes :
« Rédiger ainsi l'article 1":
Bien qu'il soit réclamé depuis longtemps par les associations
de consommateurs, il a fallu que se produisent de graves acci- « Le quatrième alinéa de l'article L. 511 du code de la
dents pour que le projet qui nous est soumis soit mis en chantier. santé publique est abrogé et remplacé par les dispositions
Les spécialistes dermatologues dénoncent depuis quelque temps suivantes:
avec vigueur l'apparition de nouvelles allergies dues à l'emploi
croissant et aveugle des produits de beauté . Il fallait donc agir, « Les produits cosmétiques et les produits d'hygiène
car il devenait proprement insupportable que les femmes, déjà corporelle contenant des substances vénéneuses . ,
agressées par une publicité tapageuse en faveur de ces pro- L'amendement n" 13 corrigé, présenté par M . Sourdille, rappor-
duits, risquent de surcroît de souffrir dans leur santé. teur, et M. Peyret, est ainsi conçu

Il n'est en effet pas question, pour vous et votre majorité, • Rédiger ainsi l'article 1' :
de tenter d'infléchir la consommation de tels produits qui par- « Les deuxième, troisième et quatrième alinéas de l'ar-
ticipent à l'acceptation d'un quotidien souvent difficile en pro- ticle L . 511 du code de la santé publique sont abrogés et
mettant des évasions paradisiaques vers le monde de la beauté et remplacés par les dispositions suivantes :
des miracles esthétiques — comme si céla suffisait à remplacer
des conditions de travail décentes et une hygiène de vie qui « Sont notamment considérés comme des médicaments :
n'intègre pas l'angoisse des lendemains : l'angoisse de n'être
plus belle, de ne plus plaire, toute cette aliénation intériorisée. • Les produits visés à l'article L . 658-1 du présent livre:
Non, vous ne souhaitez que remédier aux maux les plus criants,
aux scandales les plus évidents . : vous nous proposez une régle- • — contenant une substance ayant une action thérapeu-
mentation contre les dangers des produits de cosmétologie. tique au sens de l'alinéa premier ci-dessus;
« — ou contenant des substances vénéneuses à des doses
Ce texte est un texte complaisant, qui place le consommateur et concentrations supérieures à celles fixées par la liste
sous l'entière dépendance de l'administration et des industries ; prévue par l'article L .658-5 du présent livre ou ne figurant
les industriels n'en seront pas marris ! Ils se voient ouvrir des pas sur cette même liste.
délais si considérables pour se mettre en règle que les produits
nouveaux seront mieux protégés que ceux qui sont actuellement La parole est à Mme Fritsch pour soutenir l'amendement
sur le marché. n" 33.
ASSEMBLEE NATIONALE — 1" SEANCE DU 20 MAI 1975 2885

Mme Anne-Marie Fritsch . Monsieur le président, madame le raient avoir des résultats qui iraient à l'encontre du but
ministre, les deuxième, troisième et quatrième alinéas de l'ar- visé par leurs auteurs. Dans le passé déjà, des dispositions
ticle L . 511 du code de la santé publique, établis par la loi du analogues se sont révélées absolument inapplicables . telles celles
31 décembre 1971, sont venus remplacer les dispositions d'un qui tendaient à assimiler à un médicament un shampooing conte-
décret du 16 avril 1968 abrogé par le Conseil d'Etat sur requête nant une seule goutte de formol par litre ! Or, c'est bien à cela
du conseil national de l'ordre des pharmaciens . Le décret remet- qu'aboutirait l'adoption de ces amendements en soumettant des
ta :c en cause des arrêtés interministériels pris après avis du produits d'usage courant et nullement toxiques en raison de leur
conseil supérieur d'hygiène publique de France et de l'Académie dosage à la procédure du visa pharmaceutique et à l'obligation
nationale de médecine fixant la liste des substances autorisées d'emprunter le circuit commercial des pharmacies, si bien qu'il
dans les produits cosmétiques ou les produits d'hygiène corporelle. ne serait plus possible désormais, votre rapporteur l'a souligné,
de se les procurer directement chez le coiffeur, chez le parfu-
L'amendement de la commission des affaires culturelles rejoint meur ou le marchand de couleurs voisin ou encore dans. les
celui de M . Daillet. magasins à grande surface, facilité que pourtant chacun apprécie
et qu ' il n ' y a aucune raison de supprimer, d 'autant que les phar-
maciens se plaignent déjà d'avoir à vendre de plus en plus de
M . le président . La parole est à M . Bastide pour soutenir produits qui n'ont pas tout à fait leur place dans les pharmacies.
l'amendement n" 1 corrigé. Ce serait sans aucun doute aller vers de nouveaux abus et de
surcroit inscrire dans la loi une disposition allant au-delà du
but souhaité en même temps que tout à fait inapplicable,
M . Jean Bastide . Dans l ' esprit des considérations qui ont ce qui n'est jamais souhaitable.
dicté mon exposé, nous estimons que tous les produits cosmé-
tiques qui comprennent des matières vénéneuses ou toxiques C'est pourquoi le Gouvernement insiste pour que les amen-
doivent être classés médicaments. dements n" 33 et n" 1 soient repoussés et demande un scrutin
pub'.ic.
M. le président. La parole est à M . le rapporteur pour défendre En revanche, il accepte volontiers l'amendement n" 13 corrigé
l'amendement n" 13 corrigé et pour donner l'avis de la commis- qui propose une rédaction meilleure et plus prscise.
sion sur les amendements n"' 33 et 1 corrigé .
CLt le président. La parole est à M . Millet.
M. Jacques Sourdille . r cpporteur. Tout d'abord, j'indique que
la commission a repoussé l'amendement n" 1 corrigé . Elle aurait M. Gilbert Millet. Je pense au contraire que tous les produits
donc certainement rejeté l'amendement n" 33 qui a exactement contenant des substances toxiques doivent être soumis à la légis-
le mème objet. lation sur les médicaments si l'on ne veut pas mettre en péril
la santé publique. En effet, si minime que soit la dose qu 'ils
L'amendement n" 1 corrigé . d'une part, ne laisse pas de place contiennent, l'usage répété et durable — car il n'est pas
à la cosmétique active utilisant des doses contrôlées, d'autre occasionnel — de ces produits cosmétiques mis directement en
part . aboutirait à une surcharge du système des visas . Compte contact avec la peau peut se révéler dangereux.
tenu que sur 8 000 à 10 000 produits, de 1 000 à 2 000 contiennent
des substances vénéneuses à faible dose, on risquerait, par Face à ce danger, les arguments qu'a développés M . le rap-
suite de l'engorgement des services ministériels, de se trouver porteur en évoquant la distribution de ces produits ne sauraient
devant une réclamation — justifiée — tendant à la création d'un être pris en considération, d'autant qu'en l'occurrence il s'agit
visa allégé. C'est d'ailleurs bien cette notion que l'on retrouve beaucoup moins des coiffeurs que des supermarchés dont la
dans plusieurs amendements relatifs à la dermo-pharmacie . La conquête est le véritable but des sociétés qui fabriquent des
création d'un visa allégé ne nous parait pas souhaitable . J'ajoute cosmétiques.
qu'il n'y a très probablement pas de consensus international sur
ce sujet et qu'ainsi la législation française demeurerait isolée et On note d'ailleurs une augmentation des ventes de produits
n'emporterait pas la conv iction de nos voisins. cosmétiques dans les libres-services de grande ou moyenne
surface ainsi qu'un progrès rapide des ventes directes au public
Enfin, on ne peut passer sous silence les circuits exclusifs et des ventes par correspondance . Ce n'est donc pas tant sur les
qu'emprunteraient forcément les produits cosmétiques compre- coiffeurs que sur les grands moyens de distribution que compte
nant des substances vénéneuses. s'appuyer l'industrie de la cosmétologie, ce qui ne manquera pas
de poser un problème pour la santé de la population, notam-
Or, pourquoi en empêcher, par exemple, la distribution par ment féminine.
les 57 000 coiffeurs français — car ils comptent eux aussi —
alors que l'efficacité en est incertaine et qu'ils feront vraisem- Il convient donc d'adopter les amendements n"' 1 corrigé et 33
blablement l'objet de visa allégés? Est-ce dans la distribution et non l'amendement n" 13 de la commission
de tels produits que réside le prestige de la pharmacie ? Je ne
le pense pas !
M . le président . Pour nous éviter deux scrutins publics succes-
L' amendement n " 13 rectifié, que la commission a adopté et sifs sur deux textes analogues, Mme Fritsch accepterait-elle
qui est issu d'un amendement de M . Peyret, règle, me semble-t-il, de retirer l'amendement n" 33 de M . Daillet ?
ce problème . Il permettra d'éviter l'opposition d'un secteur inter-
médiaire indéfinissable entre les médicaments — qui font l'objet Mme Anne-Marie Fritsch. Volontiers, monsieur le président.
d'un visa — et les cosmétiques, qui ne doivent pas avoir d'action
thérapeutique et ne doivent pas contenir de substances véné-
neuses à un taux élevé. M . le président. L'amendement n" 33 est retiré.

.Je mets aux voix l'amendement n" 1 corrigé.


M . le président. Quel est l'avis du Gouvernement?
Je suis saisi par le Gouvernement d'une demande de scrutin
public.
Mme le ministre de la santé . Les amendements 1 corrigé
et 13 corrigé ont exactement le même objet . Je donnerai donc Le scrutin va être annoncé dans l'ensemble du Palais.
l'avis du Gouvernement sur les deux à la fois.

Je souligne d'abord que le projet de loi propose, pour l'utili-


sation des substances vénéneuses, un système infiniment plus M . le président . Je prie Mmes et MM. les députés de bien
rigoureux et efficace que la législation en vigueur, puisqu'il vouloir regagner leur place.
tend à substituer une liste positive à une liste négative . Ce
système pourra être effectivement mis en oeuvre et apportera Le scrutin est ouvert.
des garanties totales aux consommateurs . En effet, il serait
possible d'interdire l'utilisation de doses trop importantes de
(Il est procédé au scrutin .)
certains produits et d'en prohiber certains autres.

En revanche, les dispositions prévues dans les deux amende- M . lo président . Personne ne demande plus à voter ? . ..
ments en cause me paraissent à la fois irréalistes et parfaitement
inapplicables. Certes, leur objectif est louable, mais ils pour- Le scrutin est clos.
2886 ASSEMBLEE NATIONALE - 1" SEANCE DU 20 MAI 1975

Voici le résultat du scrutin : M. Sourdille, rapporteur, a présenté un amendement, n" 14,


rédigé :
Nombre de votants 482
Nombre de suffrages exprimés 482 « Dans le premier alinéa du texte proposé pour l'article
L . 658 .2 du code de l' santé publique, après le mot : «fabri-
Majorité absolue 242 quant », insérer le mot : « conditionnant».
Pour l'adoption 182 La parole est à M. le rapporteur.
Contre, 300
M . Jacques Sourdille, rapporteur. Mes chers collègues, l'une
L'Assemblée nationale n'a pas adopté.
des faiblesses du projet de loi tient au fait que, compte tenu
de la structure de l'industrie des cosmétiques, seuls les fabri-
Je mets aux voix l'amendement n" 13 corrigé.
cants et les importateurs seraient soumis à des mesures
(L'amendement est adopté.) contraignantes.

Or il se trouve — je l'ai dit dans mon rapport oral — que


M. le président. En conséquence, ce texte devient l'article 1". les conditionneurs jouent un rôle essentiel d'intermédiaires
entre les exploitants, qui sont souvent dépourvus de compé-
tences propres en matière de cosmétique, et le public.
Article 2.
Il est donc indispensable, pour que la loi ait son plein effet,
que les conditionneurs soient soumis aux mêmes contraintes et
M. le président. Je donne lecture du premier alinéa de aux -mêmes contrôles que lès fabricants et les importateurs,
l'article 2: et ce sera l'objet de plusieurs amendements que la commission
a adoptés sur ma proposition.
e Art. 2 . Il est inséré au titre III du livre V du code de la
santé publique un chapitre VIII ainsi rédigé :
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement?

Mme le ministre de la santé. Le Gouvernement est favorable


CHAPITRE VIII à cet amendement.

Produits cosmétiques et produits d'hygiène corporelle. M. le président. Je mets aux voix l'amendement n" 14.
(L'amendement est adopté .)
Personne ne demande la parole ?
M . le président . MM . Laborde, Saint-Paul, Bastide et les mem-
Je mets aux voix le premier alinéa de l'article 2. bres du parti socialiste et des radicaux de gauche et apparentés
ont présenté un amendement n" 2, conçu en ces termes :
(Le premier alinéa est adopté.)
« 1. — A la fin du premier alinéa du texte proposé pour
l'article L . 658-2 du code de la santé publique, substituer
ARTICLE L . 658-1 DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE aux mots : « une déclaration auprès », les mots : « une
autorisation préalable ».

M . le président . Je donne lecture du texte proposé pour e II . — En conséquence, rédiger ainsi le début du second
l'article L. 658-1 da code de la santé publique : alinéa :

« Art. L. 658-1. — Sont compris, pour l'application du c L'autorisation est accordée à la personne ou aux per-
présent chapitre, comi ..'e produits cosmétiques et produits sonnes.. . (le reste sans changement). »
d'hygiène corporelle, toutes les substances ou préparations
autres que les médicaments destinées à être mises en contact La parole est à M . Bastide.
avec les diverses parties superficielles du corps humain ou avec
les dents et les muqueuses, en vue de les nettoyer, de les proté- M . Jean Bastide . Cet amendement qui a recueilli l'accord de
ger, de les maintenir en bon état, d'en modifier l'aspect, de les
la commission tend à substituer le régime de l'autorisation
parfumer ou d'en corriger l'odeur. » préalable, qui donne plus de garanties, à celui de la déclaration
prévu par le projet.
Personne ne demande la parole ? . ..

Je mets aux voix le texte proposé pour l'article L . 658-1 du M . le président. Quel est l'avis de la commission ?
code de la santé publique.

(Ce texte est adopté.) M. Jacques Sourdille, rapporteur . La commission a effective-


ment adopté ce matin l'amendement de MM . Laborde, Saint-
Paul et Bastide.

ARTICLE L. 658-2 DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE Cette autorisation préalable, que devraient solliciter les établis-
sements fabriquant, conditionnant ou important des produits
cosmétiques, constituerait, par rapport à la simple déclaration,
M . le président . Je donne lecture du ' texte proposé pour une mesure supplémentaire de protection et une précaution qui
l'article L . 658-2 du code de la santé publique : ne semble pas superfétatoire.

« Art . L. 658-2. — L'ouverture et l'exploitation de tout établis- Il importe cependant de signaler que cette disposition entraî-
sement fabriquant ou important, même à titre accessoire, des nerait une certaine rigidité, et l'on peut se demander sur quoi
produits cosmétiques ou des produits d'hygiène corporelle, de on pourrait fonder l'octroi ou le refus de l'autorisation préalable
mêiné que l'extension de l'activité d'un établissement à de tels aux importateurs . A cet égard, les décrets à intervenir seraient
produits sont subordonnées à une déclaration auprès de l'auto- certainement difficiles à mettre au point.
rité administrative compétente.
De plus, la substitution de l 'autorisation à la simple déclara-
« La déclaration désigne la ou les personnes physiques res- tion rendrait nécessaire un accroissement important des effectifs
ponsables de la fabrication, de ' l'importation, des contrôles de du corps des inspecteurs de la santé publique et, sur ce point,
qualité, de la détention et de la surveillance des stocks de madame le ministre, la commission des affaires culturelles, fami-
matières premières et de produits finis. liales et sociales ne peut vous offrir autre chose `que la pro-
messe de vous soutenir, lors de la discussion du prochain projet
e Toute modification aux éléments constitutifs de la déclara- de budget, pour obtenir l'extension nécessaire de ce corps.
tion doit faire l'objet d'une nouvelle déclaration dans les mêmes
formes . » M. le président. La parole est à Mme le ministre de la santé .
ASSEMBLEE NATIONALE — 1" SEANCE DU 20 MM 1975 2887

Mme le ministre de la santé. Cet amendement est en fait M. le président . M . Sourdine, rapporteur, a présenté un
beaucoup plus important qu'il n'y parait. amendement n° 16, rédigé comme suit :

Le fait de subordonner l'ouverture et l'exploitation des c Compléter le deuxième alinéa du texte proposé pour
établissements fabriquant des cosmétiques à une déclaration l'article L. 658-2 du code de la santé publique par la
auprès de l'autorité administrative constitue un contrôle réel, nouvelle phrase suivante:
puisque cette déclaration permettra de connaître leur structure c Ces personnes devront présenter des niveaux de qua-
et leurs moyens en matériel et en personnel, alors que, actuel-
lement, on en ignore tout. lification professionnelle qui seront déterminés par décret s.

La parole est à M. le rapporteur.


Passer à un système d'autorisation impliquerait qu'on insti-
tue une réglementation de la profession et qu'on définisse des
critères pour la délivrance de cette autorisation . Or l'amen- M . Jacques Sourdille, rapporteur . Nous aborbons là, madame
dement ne renvoie même pas à un décret pour fixer ces critères, le ministre, une discussion qui aurait pu fournir un élément
ce qui risquerait de laisser cours à l'arbitraire le plus complet. de réponse aux questions que vous posiez tout à l'heure à
Cette autorisation sera-t-elle accordée au vu des diplômes pro- propos des critères qui pourraient être retenus pour l'octroi
fessionnels du directeur ou du propriétaire de l'établissement d'une autorisation préalable . Mais, même si l'on s'en tient à
ou en fonction de la forme de la société? Dépendra-t-elle des une simple déclaration, il nous semble que le projet de loi
installations de l'établissement, de ses équipements ou du type est particulièrement faible quant au niveau de qualification
de produit fabriqué ? Autant de questions qui demeurent sans requis des responsables des établissements concernés.
réponse.
En effet, l'expérience a montré que, bien souvent, la for-
L'adoption de l'amendement créerait donc une situation mation insuffisante du personnel était cause de ces accidents
imprécise et dangereuse, et c'est pourquoi le Gouvernement dramatiques qu'on a dû déplorer dans le domaine des cosmé-
vous demande de le repousser. tiques et des produits d'hygiène corporelle . Les enquêtes
menées à la suite de ces accidents dans des laboratoires dif-
J'ajoute que, sur le plan européen, une telle disposition qui férents ont montré que les substances toxiques étaient bien
n'existe dans aucun pays du Marché commun ne manquerait souvent manipulées par des manoeuvres étrangers, maîtrisant
pas d'entraîner des difficultés, car il est difficile d'instituer des mal le français, ne sachant pas lire, en un mot par des anal-
règles nouvelles dans un domaine que le Conseil économique phabètes . Cette situation n'est plus tolérable.
et social européen a déjà longuement étudié.
Ajouterai-je que, dans cette industrie appelée à devenir une
M. Pierre Juquin . Poursuivons l'intégration européenne au industrie de pointe et qui, en tout cas, constitue l'un des
détriment de l'indépendance nationale ! (Protestations sur les fleurons de nos exportations, il nous a paru nécessaire d'enga-
bancs de l'union des démocrates pour la République, des répu- ger progressivement des jeunes ? Le ministère devrait donc
blicains indépendants et des réformateurs, des centristes et des prendre l'initiative de promouvoir et - d'organiser des formations
démocrates sociaux .) spécialisées débouchant sur les professions de la pharmacie,
de la cosmétologie, de l'industrie chimique et des industries ali-
mentaires . En effet, ces professions exigent un minimum de
M. le président: Monsieur Bastide, retirez-vous votre amen- formation biologique à quelque degré que ce soit : certificat
dement ? d'aptitude professionnelle, brevet de technicien supérieur ou
baccalauréat technique . A un niveau plus élevé, nous pourrions
également offrir ainsi des débouchés pour les pharmaciens
M. Jean Bastide . Non, monsieur le président. et les chimistes.

Pour avoir une efficacité certaine, la déclaration doit être


suivie d'une autorisation. Dans le cas contraire, elle n'aurait La formule souple que nous proposons — a Ces personnes
aucune portée pratique . S'il suffit de déposer une déclaration devront présenter des niveaux de qualification professionnelle
pour mettre un produit dans le circuit commercial, la protec- qui seront déterminés par décret » — permettra de tenir compte,
tion des consommateurs n'est pas assurée. dans un premier temps, de l'expérience professionnelle et,
lorsque les moyens de formation auront été mis en place,
des diplômes obtenus.
M . le président. Je mets aux voix l'amendement n° 2.
, Il appartiendra au ministère de faire évoluer cette formule
(L'amendement n'est pas adopté .) qui offre une garantie essentielle aux consommateurs, lesquels
sauront que les produits sont fabriqués par des personnes qua-
lifiées.
M. le président. M. Sourdille, rapporteur, a présenté un
amendement n" 15, conçu comme suit :
M . le président. Quel ,est l'avis du Gouvernement ?
s Dans le deuxième alinéa du texte proposé pour l'article
L . 658-2 du code de la santé publique, après les mots :
de la fabrication, », insérer les mots : c du conditionne- Mme le ministre de la santé. Lorsque j'ai présenté ce projet
ment, _. à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales
M. le rapporteur m'a déjà interrogée au sujet de la qualification
professionnelle qui serait requise des responsables des entre-
La parole est à M. le rapporteur. prises ,de cosmétologie.

M . Jacques Sourdille, rapporteur . Il s'agit d ' un amende- J'avais alors exprimé la crainte que l'exigence d'une qualifi-
cation précise ne donne naissance à un nouveau corporatisme,
ment de pure forme qui fait suite à l'amendement n° 14
adopté tout à l'heure. D'autres amendements s'inspirant du et j'avais émis un avis plutôt défavorable.
même principe ont d'ailleurs été déposés pour que les condi-
tionneurs soient bien soumis aux mêmes règles que les fabri- Depuis, j'ai de nouveau réfléchi à ce problème . En prenant
cants et les importateurs. de très grandes précautions lors de l'élaboration des décrets
d'application, la notion de qualification professionnelle pourrait,
en effet, être conçue d'une manière très large, comme le rap-
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? porteur le souhaite . Autrement dit, elle pourrait être de niveau
élevé mais concerner des branches diverses, comme la biologie,
la pharmacologie ou la chimie.
Mme le ministre de la santé. Le Gouvernement accepte cet
amendement.
Dans ces conditions, loin de favoriser la renaissance d ' un
nouveau corporatisme, ce serait, au contraire, une garantie sup-
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 15. plémentaire apportée à la fabrication 'des cosmétiques.

(L'amendement est adopté .) En conséquence, je me rallie à l'amendement de la commission .


2888 ASSEMBLEE NATIONALE — 1" SEANCE DU 20 MAI 1975

M. le président. M . Sourdille . rapporteur, a présenté un amen-


M. le président . Je mets aux voix l'amendement n° 16.
dement n° 18, libellé en ces termes :
(L'amendement est adopté.)
« A la fin du premier alinéa du texte proposé pour
l'article L . 658-3 du code le la santé publique, substituer aux
mots : « préalables à st commercialisation a, les mots :
M. le président . MM . Laborde, Saint-Paul, Bastide, et les
membres du groupe du parti socialiste et des radiaux de gauche e notamment de toxicité transcutanée et de tolérance cutanée
et apparentés avaient présenté un amendement n° 3, libellé ou muqueuse pratiqués par des experts agréés ou par des
comme suit : organismes nationaux ou internationaux reconnus a.

a Rédiger ainsi le troisième alinéa du texte proposé pour La parole est à M . le rapporteur.
l'article L. 658-2 du code de la santé publique :
M. Jacques Sourdine, rapporteur. A propos de cette dispo-
« Toute modification aux éléments constitutifs d'un établis- sition, la commission souhaite resserrer le dispositif législatif.
sement visé au premier alinéa, doit entraîner une nouvelle
procédure d'autorisation ; dans les mêmes formes . b Après les niveaux de qualification dans l 'industrie, il semble
que l'une des garanties du pub l ia. réside dans des tests
Cet amendement n'a plus rl'objet du fait de l'adoption de sérieux effectués sur le produit fini . Et si la loi ne peut tout
l'amendement précédent. définir, il importe que sur deux points au moins elle soit très
précise, en ce qui concerne ces essais à minima.
Personne ne demande plus la paroie ? . ..
Le premier test doit porter sur la toxicité transcutanée, c'est-
Je mets aux voix le texte proposé pour l'article L . 658-2 du à-dire sur la capacité d'un produit de passer à travers une
code de la santé publique, modifié par les amendements adoptés. peau normale. Evidemment, nous n'entendons pas exiger que
les produits cosmétiques soient rigoureusement atoxiques si on
(Ce texte, ainsi modifié, est adopté .) les avale, par exemple . D'ailleurs, dans une communication
récente, lé directeur du centre antipoisons de Paris a indiqué
avoir traité près- de six cents cas d'ingestion de cosmétiques,
au cours de l'année 1974, sans avoir eu à déplorer aucun incident
ARTICLE L . 656-3 DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE grave.
Le deuxième essai doit concerner les accidents mineurs, c'est-
M . le président . Je donne lecture du texte proposé pour à-dire la tolérance de la peau et des muqueuses aux cosmétiques
l'article L. 658-3 du code de la santé publique : dont certaines molécules sont particulièrement dangereuses et
« Art . L. 658-3. — Tout produit cosmétique ou tout produit entraînent des allergies . Il conviendrait d'identifier ces molu-
d'hygiène corporelle doit, préalablement à sa mise sur le marché cules ce qui, en outre, permettrait d'introduire des molécules
nouvelles dans les cosmétiques avec un minimum de garanties.
à titre onéreux ou à titre gratuit, faire l'objet d'un dossier
rassemblant toutes informations utiles sur la nature du produit, Nous demandons que ces tests soient répertoriés dans les
sa composition intégrale, les conditions de fabrication et de dossiers et effectués soit par des experts agréés — ce qui relève,
contrôle, l'usage et le mode d'emploi, ainsi que sur les essais par conséquent, de la compétence du ministre — soit par des
préalables à sa commercialisation. organismes nationaux ou internationaux dont il y a lieu d'encou-
rager la création.
« Un exemplaire du dossier doit être tenu en permanence à la
disposition des autorités compétentes et la formule intégrale du De tels organismes de recherche existent déjà aux Etats-Unis
produit doit être transmise aux centres de traitement des intoxi- et à Bruxelles . Je ne dis pas que ce devrait être ceux-là que le
cations désignés par un arrêté interministériel. ministre de la santé devrait reconnaître et je ne les cite
que parce qu'ils traduisent l'effort de la profession en vue de
a Les personnes ayant accès à ces dossiers ou à ces formules définir scientifiquement les produits qu'elle met en oeuvre.
sont tenues au secret professionnel dans les :onditions prévues
à l'article 378 du code pénal sauf à l'égard de l'autorité Le cas échéant, il appa° tiendra au ministre et probablement aux
judiciaire.» ministres européens — s : ,es organismes sont communautaires —
de se mettre d'accord pour promouvoir de tels établissements
M. Sourdille, rapporteur, a présenté un amendement n° 17, scientifiques.
ainsi rédigé :
e Dans le premier alinéa du texte proposé pour l'article M . le président. Quel est l'avis du Gouvernement?
L . 658-3 du code de la santé publique, substituer aux mots :
a sa composition intégrale », les mots : « sa formule Mme le ministre de la santé. Le Gouvernement est favorable
intégrale a. à l'amendement.
La parole est à M . le rapporteur.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 18.
M. Jacques Sourdine, rapporteur. Cet amendement est de (L'amendement est adopté .)
forme, mais cependant il n'est pas dénué d'importance.
M. le président. Conformément à la demande du Gouverne-
A l'expression «la composition intégrale des produits a qui ment et à la décision prise par la conférence des présidents,
figure au premier alinéa de l'article L . 658-3, la commission le débat va être interrompu, pour être repris ce soir à vingt-deux
préfère celle de « formule intégrale ». heures.

En effet, il convient d'éviter une dualité de termes pour dési-


gner la même réalité, d'autant que, dans la suite du texte, -4—
il est bien question de « formule intégrale a et que, de surcroît,
en parfumerie, la « composition parfumante n désigne tout autre
chose et a pour caractéristique, dans la plupart des cas, de ne STATUT GENERAL DES FONCTIONNAIRES
recouvrir aucune formule.

Discussion, en deuxième lecture, d'un projet de loi.


M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M . le président . L'ordre du jour appelle la discussion, en


Mme le ministre de la santé . Le Gouvernement est favorable deuxième lecture, du projet de loi portant modification de
à l'amendement. l'ordonnance n° 59-244 du 4 février 1959 relative au statut
général des fonctionnaires (n°' 1631, i647).
M. le président . Je mets aux voix l 'amendement n° 17. La parole est à M. Plot, suppléant M. Burckel, rapporteur
de la commission des lois constitutionnelles, de la législation
(L'amendement est adopté.) et de l'administration générale de la République.
ASSEMBLEE NATIONALE — SEANCE DU 20 MAI 1975 2889

M . Jacques Piot, rapporteur suppléant . Mesdames, messieurs, M. Jacques Piot, rapporteur suppléant . Dans un souci de non-
je supplée M . Burckel, retenu dans sa circonscription, et mon discrimination entre les sexes, l'Assemblée nationale, en pre-
propos sera donc très bref. mière lecture, sur proposition de la commission des lois, avait
étendu aux hommes la disponibilité spéciale pour raisons de
Sous réserve de deux amendements, le Sénat a adopté en pre- famille qui était jusque-là réservée aux femmes.
mière lecture le projet de loi modifiant l'ordonnance du 4 février
1959, relative au statut général des fonctionnaires, dans la rédac- L'amendement de M. Jean Colin, adopté par le Sénat, crée,
tion adoptée par l'Assemblée nationale. lui, un nouveau cas d'ouverture de la disponibilité : tout
fonctionnaire pourrait bénéficier d'une disponibilité « sur sa
La première modification introduite par le Sénat concerne demande, en fonction d'un certain nombre d'années de service s.
l'article 7 de l'ordonnance . Elle est de pure forme et indique
qu'aucune distinction n'est faite « entre les hommes et les Cet amendement ne semble pas acceptable à votre commission
femmes s et non plus « entre les sexes s . La commission des pour deux raisons :
lois vous demandera de l'adopter dans quelques instants.
D'abord, les objectifs visés par M. Colin ne paraissent pas
La seconde, qui concerne l'article 44, est plus importante atteints par son amendement : un fonctionnaire peut demander
puisqu'elle crée un nouveau cas de disponibilité : « en fonction la liquidation de ses droits à pension dès qu'il a effectué
d'un certain nombre d'années de service s. quinze ans de service et n'est pas obligé de rester en activité
jusqu'à la limite d'âge. Or, en position de disponibilité, un
agent n'acquiert pas de nouveaux droits pour la retraite et n'a
Pour les raisons que je vous exposerai lors de la discussion donc aucun intérêt à demeurer dans cette position.
des articles, la commission des lois n'a pas cru devoir retenir
le texte du Sénat et vous propose de revenir au texte adopté
A la différence de la disponibilité pour raisons de famille,
en première lecture par l'Assemblée nationale.
le cas de disponibilité prévu par M. Colin relève du seul pouvoir
réglementaire.
Sous réserve de ces observations et de l'amendement qu'elle
a présenté, la commission des lois vous demande d'adopter le
présent projet de loi modifié par le Sénat. La commission a donc adopté l'amendement n° 1 qui rétablit
le texte adopté en première lecture par l'Assemblée nationale.

M . le président. Personne ne demande la parole dans la discus- Monsieur le secrétaire d'Etat, en première lecture, vous vous
si sn générale ? . .. étiez opposé à cet amendement, estimant qu'il empiétait sur le
domaine réglementaire . Selon vous, une dispositions législative
Aucune motion de renvoi en, commission n'étant présentée, le se justifiait lorsque la disponibilité spéciale était réservée aux
passage à la discussion des articles pour lesquels les deux assem- femmes, car il s'agissait alors d'une dérogation au principe
blées du Parlement n'ont pu parvenir à un texte identique est d'égalité entre les hommes et les femmes . L'extension de cette
de droit dans le texte du Sénat. disposition aux hommes supprimerait, désormais, d'après vous,
la nécessité d'une disposition législative spéciale.

Article 1°'. La commission des lois, et je le regrette, monsieur le secré-


taire d'Etat, ne partage pas cette interprétation. Elle estime que
la disponibilité qui est accordée à un fonctionnaire « pour
M. le président. « Art. 1" . — L' article 7 de l'ordonnance élever un enfant âgé de moins de cinq ans ou atteint d'une
n° 59-244 du 4 février 1959 est remplacé par les dispositions infirmité exigeant des soins continus » fait partie des garanties
suivantes : fondamentales des fonctionnaires et appartient, à ce titre, au
domaine de la loi.
« Art. '7 . — Pour application de la présente ordonnance,
aucune distinction n'est faite entre les hommes et les femmes. Elle remarque, notamment, que c'est le seul cas où la dispo-
nibilité est accordée de plein droit, sans que l'administration
«Cependant, lorsque la nature des fonctions ou les conditions puisse invoquer une quelconque « nécessité du service s pour
de leur exercice le justifient, il peut être prévu, pour certains en refuser ou en retarder le bénéfice.
corps dont la liste est établie par décret en Conseil d'Etat,
après avis du conseil supérieur de la fonction publique et Dans ces conditions, la commission recommande à l'Assemblée
des comités techniques paritaires, un recrutement exclusif de revenir au texte adopté en première lecture.
d'hommes ou de femmes ou, à titre exceptionnel, selon les
modalités prévues dans le même décret, des recrutements et
conditions d'accès distincts pour les hommes et les femmes .» M . le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat auprès
du Premier ministre, chargé de la fonction publique.
Personne ne demande la parole ? . ..
M . Gabriel Péronnet, secrétaire d'Etat. L'amendement adopté
Je mets aux voix l'article 1". par le Sénat aurait pour conséquence — M . le rapporteur sup-
pléant vient parfaitement de le démontrer — d'introduire dans
(L'article 1" est adopté .) le statut de la fonction publique une position nouvelle : la dispo-
nibilité à l'ancienneté.

Article 2. La disponibilité s'analyse comme un privilège pour le fonc-


tionnaire qui peut cesser son activité professionnelle sans pour
autant rompre le lien qui l'unit à l'administration . Cette faculté,
M . le président. « Art . 2. — Le dernier alinéa de l'article 44 qui oblige à concilier la priorité du service public et l'intérêt
de l'ordonnance n° 59-244 du 4 février 1959 est abrogé. personnel des agents de l'Etat, a été introduite dans le statut
général des fonctionnaires essentiellement afin de résoudre cer-
« Tout fonctionnaire peut bénéficier d'une disponibilité soit tains cas sociaux.
pour raisons de famille, soit, sur sa demande, en fonction d'un
certain nombre d'années de service . » La disposition adoptée par le Sénat constituerait donc, en fait,
un privilège exorbitant par rapport au droit commun des salariés.
M . Burckel, rapporteur, a présenté un amendement n° 1 ainsi
rédigé : L'argument selon lequel le départ de fonctionnaires en dispo-
« Reprendre pour l'article 2 le texte adopté en première nibilité permettrait de recruter des jeunes est à mesurer dans
lecture par l'Assemblée nationale et ainsi libellé : ses conséquences : si un grand nombre d'agents demandaient
« Le dernier alinéa de l'article 44 de l'ordonnance le bénéfice de cette nouvelle disponibilité, comment pourraient-
n° 59-244 du 4 février 1959 est remplacé par les dispositions ils, s'ils le désiraient, faire valoir leurs droits à réintégration
suivantes : dans un délai déterminé?
« Tout fonctionnaire peut bénéficier en outre d'une dispo- Faudrait-il, faute de vacances, créer de nouveaux postes en
nibilité spéciale pour raisons de famille . s surnombre ou licencier les derniers agents recrutés et non encore
titularisés ?
La parole est à M. le rapporteur suppléant .
2890 ASSEMBLEE NATIONALE 1'" SEANCE DU 20 MAI 1975

Le dispositif actuel répond à toutes les éventualités possibles M. Emmanuel Hamel . Monsieur le secrétaire d'Etat, à quelle
et opère, j'y insiste, la conciliation nécessaire entre l ' intérêt date avez-vous l'intention de publier le décret dont la seule
individuel et la continuité du service public. évocation a suffi pour que l'Assemblée suive le Gouvernement,
plutôt que la commission, dans le vote qu'elle vient d'émettre ?
Quant au texte adopté par l'Assemblée en première lecture,
sans vouloir relancer une querelle juridique, il est certain qu'à M . Gabriel Péronnet, secrétaire d'Etat . Je répète que le texte
partir du moment où la disponibilité pour raisons de famille ne est déjà préparé et je crois pouvoir affirmer que c'est une
constitue plus un régime discriminatoire au bénéfice des femmes, question de quelques semaines.
ses modalités retombent dans le droit commun des positions
définies par le statut général des fonctionnaires et trouvent leur M . Emmanuel Hamel . Je vous remercie, monsieur le secré-
expression dans le décret du 14 février 1959. taire d'Etat . -

Incontestablement, c'est bien là une disposition d'ordre régle- M . le président . Personne,,ne demande plus la parole ? . ..
mentaire et je suis désolé, sur ce point, de me trouver en
contradiction avec la commission. Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
Un projet de décret a donc été préparé afin, dès la promul- (L'ensemble du projet de loi est adopté .)
gation de la présente loi, d'organiser le régime de la disponi-
bilité lorsqu'il s'agit, pour un agent de l'Etat, de suivre son
conjoint ou d'élever un enfant en bas âge, régime désormais
accessible, grâce au texte adopté par l'Assemblée, à l'homme
comme à la femme fonctionnaire.
ORDRE DU JOUR
Je demande donc à l'Assemblée, dans sa sagesse, de repousser
à la fois le texte du Sénat, comme M. le rapporteur suppléant M . le président . Ce soir, à vingt-deux heures, deuxième séance
l'a proposé, et l'amendement n" 1 de la commission des lois. publique :
Fixation de l'ordre du jour ;
M . le président. Je mets aux voie l'au endement n" 1.
Suite de la discussion du projet de loi (n" 1484) modifiant le
(L'amendement n'est pas adopt e.) livre V du code de la santé publique et concernant la fabrication,
l'importation et la mise sur le marché des produits cosmétiques
et des produits d'hygiène corporelle . (Rapport n" 1646 de
M. le président . Personne n .- demande plus la parole ? . .. M . Sourdille, au nom de la commission des affaires culturelles,
Je mets aùx voix l'article 2. familiales et sociales.)

(L'article 2 n'est pas adopté.) Lw séance est levée.


(La séance est levée à dix-huit heures quarante .)
M . Emmanuel Hamel . Je demande la parole.
Le Directeur du service du compte rendu sténographique
de l'Assemblée nationale,
M. le président. La parole est à M . Hamel . JACQUES RAYMOND TEMIN.
ASSEMBLEE NATIONALE — 1'• SEANCE DU 20 MAI 1975 2891

ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
DE LA

1- Séance du Mardi 20 Mai 1975.

Montdargent. Ratite. Sénés.


SCRUTIN (N" 169) Mme Moreau . Raymond . Spénale.
S'avenu. Renaru Mme Thome-Pate-
Sur l'amendement n" I corrigé de M . Laborde à l'article 1•~ dv: Nilès . Rieubon. nôtre.
Notebart. Rigaut. Tourné.
projet de loi concernant les produits cosmétiques et les produits Odru Roger. Vacant.
d ' hygiène corporelle . (Les cosmétiques contenant des substances Philibert. Roucaute . Ver.
vénéneuses sont considérés comme des médicaments .) Pignion (Lucien). Ruffe . Villa.
Pimont. Saint-Paul Villon.
Sainte-Marie . Vivien (Alain).
Nombre des votants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 482 Planeix.
Poperen. Sauzedde. Vizet.
Nombre des suffrages exprimés 482 Porelli : Savary . Weber (Claude).
Majorité absolue 242 Pranchére . Schwartz (Gilbert). Zuccarelli.

Pour l'adoption 182


Contre 300 Ont voté contre :

L 'Assemblée nationale n'a pas adopté. MM. Broglie (de). Deprez.


Aillières (d' ). Brugerolle. Desaniis.
Alloncle. Brun. Dhinnin.
Anthonioz. Buffet. DominatL
Ont voté pour : Antoune. Burckel. Donnez.
Aubert. Buron. Dousset.
MM. Clérambeaux Huguet. Audinot. Cabanel. Drapier.
Abadie. Combrisson Huyghues des Etages. Authier. Caill (Antoine) . Dronne.
Aiduy. Mme Constans . Ibéné . Barberot. Caillaud . Dugoujon.
Alfonsi. Cornette (Arthur) . Jalton. Bas (Pierre) . Caille (René) . DuhameL
Allainmat. Cornut-Gentille. Jans. Baudis . Caro Durand.
Andrieu Cot (Jean-Pierre) . Josselin . Baudou i n . Cattin-Bazin. Durieux.
(Haute-Garonne) . Crépeau . Jourdan . Baumel . Caurier . Duvillard.
Andrieux Dalbera . Joxe (Pierre) Beauguitte (André). Cerneau . Ehm (Albert).
(Pas-de-Calais) . Darinot . Juquin. Bécam Ceyrac . Faiala.
Ansart . Darras. Kalinsky. Bégault. Chaban-Delmas . Fanton.
Antagnac . Defferre. Labarrère. Belcour . Chabrol. Favre (Jean).
Arraut. Delelis . Laborde . Bénard (François) . Chalandon . Feït (René).
Aumont. Delorme . Lagorce (Pierre) . Bénard (Mario) . Chamant . Flornoy.
Baillot. Denvers . Lamps . Bennetot (de) . Chambon . Fontaine.
Ballange:. Depietri . Larue . Bénouville (de) . Chassagne. Forens.
Balmigère. Deschamps . Laurent (André). Bérard. Chasseguet. Fossé.
Barbet. Desmulliez Laurent (Paul) . Beraud . Chaumont. Fouchier.
Bardot. Dubedout. Laurissergues. Berger. Chauvet . Fourneyron.
Barel . Ducoloné. La vielle. Bernard-Reymond . Chazalon. Foyer.
Barthe. Duffaut. Lazzarino. Bettencourt . Chinaud. Frédéric-Du ont.
Bastide. Dupuy . Lebon . Beucler. Claudius-Petit. Mme Fritsch.
Bayou Duraffour (Paul) . Leenhardt. Bichat. Cointat Gabriac.
Beck. Duroméa Le Foll. Bignon (Albert) . Commenay. Gabriel.
Benoist. Duroure. Legendre (Maurice). Billotte. Cornet . Gagraire.
Bernard . Eloy. Legrand . Bisson (Robert) . Cornette (Maurice) . Gastines (de).
Berthelot. Fabre (Robert). Le Meur . Bizet. Corrèze . Gaussin.
Berthouin. Fajon . Lemoine. Blanc (Jacques) . Couderc . Gerbet.
Besson . Faure tGilbert) . Le Pensec. Blary . Coulais. Ginoux.
Billoux (André) . Faure (Maurice) . Leroy . Blas . Cousté . Girard.
Billoux (François) . Fillioud. Le Sénéchal. Boinvilliers . Couve de Murville . Gissinger.
Blanc (Maurice) . Fiszbin . L ' Huillier . Boisdé . Crenn. Glon (André).
Bonnet (Alain) . Forni. Longequeue. Belo . Mme Crépin (Ailette). Godefroy.
Bordu. Franceschi . Loo . Bonhomme . Crespin . Godon.
Boulay . Frêche. Lucas . Boscher . Cressard . Goulet (Daniel).
Boulloche. Frelaut. Madrelle . Boudet . Dahalani . Gourault.
Brugnon. Gaillard. Maisonnat . Boudon. Daillet . Graziani.
Bustin . Garcia Marchais. Boulin . Damamme. Grimaud.
Canacos. Gan . Masquère. Bourdellès . Damette. Guéna.
Capdeville Gaudin. Masse . Bourgeois. Darnis . Guermeur.
Carlier. Gayraud . Massot . Bourson . Dassault Guichard.
Carpentier. Giovannini . Maton . Bouvard. Debré. Guillermin..
Cermolacce. Gosnat. Mauroy . Boyer. Degraeve . Guilliod.
Césaire . Gouhier. Mermaz . Braillon . Delaneau. Hamel.
Chambaz. Gravelle . Mexandeau . Braun (Gérard) . Delatre . Hamelin (Jean).
Chandernagor. Guerlin. Michel tClaude). Brial. Delhalle. Hamelin (Xavier).
Charles (Pierre). Haesebroeck. Michel (Henri). Briane (Jean,. Delia une.
Delong (Jacques) . Harcourt (d').
Chauvel (Christian) . Hage. Millet. Brillouet.
Hardy.
Chevènement Houél . Mitterrand. Brocard (Jean). Deniau (Xavier) .
Mme Chonave) . Houteer . Mollet. Brochard. Denis (Bertrand) . Hausherr.
28.92 ASSEMBLEE NATIONALE — l'" SEANCE DU 20 MAI 1975

Mme Hauteclocque Macquet Noal. Riquin . Sers an-Schreiber. Valenet.


(de) . Magaud . Nungesser. Rivière (Paul) . Simon (Edouard) . Valleix.
Hersant . Malène (de la) . Offroy. Riviérez. Simon (Jean-Claude) . Vauclair.
Herzog. Malouin. 011ivro. Rocca Serra (de) . Simon-Lorière. Verpillière ide la).
Hoffer. Marcus. Omar Farah fltir eb. Rohel . Sourdille . Vitter.
Honnet. Marette. Palewskl. Rolland. Soustelle. Vivien (Robert-
Hunault . Marie. Papet. Roux . Sprauer. André).
:cart . Martin. Papon (Maurice). Sablé. Stehlin . Voilquin.
Inchauspé . Masson (Marc). Partrat Sallé (Louis). Mme Stephan. Voisin.
Jacquet (Miche!) . Massoubre. Peretti. Sanford Terrenoire. Wagner.
Joanne. Mathieu (Gilbert) . Petit. Sauvaigo . Tiberl.
Joxe (Louis) . Mathieu (Serge) . Peyre(. Schloesing. Tissandier. Weber (Pierre).
Julia . Mauger. Pianta. Schnebelen. Torre. Weinman.
Kaspereit. Maujoüan du Gasset Picquot. Schvartz (Julien) . Turco. Weisenhorn.
Kédinger. Mayoud. Pidjot. Seitlinger. Vaibrun. Zeller.
Kervéguen (de) . Médecin . Pinte.
Kiffer. Méhaignerie. Piot.
Krieg. Mesmin . Plantier. N'ont pas pris part au vote :
Labbé . Messmer. Pons
Lacagne . Métayer. Poulpiquet (de). MM . Dutard, Grussenmeyer et Le Tac.
La Combe . Meunier . Préaumont (de).
Lafay. Mme Missoffe Pujol.
Laudrin (Hélène) . Quentier. Excusé ou absent par congé :
Lauriol. Mohamed. Radius. (Application de l ' article 162, alinéas 2 et 3, du règlement.)
Le Cabellec. Montagne . Raynal.
Le Douarec. Montesquiou (de) . Réthoré. M . Sudréau .
Legendre (Jacques) . Morellon . Ribadeau Dumas.
Lejeune (Max). Mouret Ribes.
Lemaire Muller. Ribière (René). N'ont pas pris part au vote :
Le Theule- Narquin Richard.
Ligot. Nessler Riehomme. M . Edgar Faure, président de l ' Assemblée nationale, et M. Charles
Liogier. Neuwirth. Rickert . ' Bignon, qui présidait la séance.

(Le compte rendu intégral de la 2' séance de ce jour sera distribué ultérieurement .)

Paris . — Imprimerie des Journaux officiels, 26, rue Desaix.

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