Tuberculose
Tuberculose
Tuberculose
INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
www.laconferencehippocrate.com
La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
PNEUMOLOGIE
MALADIES INFECTIEUSES
Tuberculose
1-7-106
Dr Etienne PIGNE
Chef de Clinique Assistant
www.laconferencehippocrate.com 1
1-7-106
Tuberculose
Objectifs :
– Diagnostiquer une tuberculose thoracique et connaître les
localisations
extrathoraciques.
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du
patient.
ÉPIDÉMIOLOGIE
1. Incidence - prévalence
● Incidence en décroissance jusqu’en 1988, avec stabilisation, puis progression depuis 1990.
● Environ 10 000 nouveaux cas par an.
● Prévalence estimée à 20-30/100 000 habitants.
2. Mortalité
● 1 000 à 1 500 décès par an.
● Concerne surtout les personnes âgées : mortalité multipliée par dix par rapport aux sujets
jeunes (retard diagnostique et tares associées).
3. Transmission
● Réservoir humain exclusif.
● Transmission interhumaine par voie aérienne quasi exclusive : inhalation de bacilles dans les
gouttelettes émises lors de la toux ou la parole (gouttelettes de Flügge).
● La contagiosité dépend :
– de la sévérité de l’atteinte pulmonaire bacillaire ;
– de le degré de promiscuité.
a) Transplanté géographique
– Risque cinq à trente fois plus élevé.
– Pays d’origine à forte incidence de tuberculose ; Afrique noire, Asie du Sud-Est.
– Mauvaises conditions socioéconomiques et promiscuité accrue sont souvent associées.
b) Âge
– L’incidence augmente à partir de 50 ans.
– 30 % des tuberculeux ont plus de 60 ans.
c) Immunodépression
– Iatrogène : corticothérapie au long cours, chimiothérapie, immunosuppresseurs.
– Liée à une pathologie :
www.laconferencehippocrate.com 1
Tuberculose 1-7-106
* hémopathie maligne ;
* sida +++ ;
* diabète, insuffisance rénale chronique, malnutrition, alcoolisme.
d) Autres
– Absence de vaccination par le BCG.
– Absence de traitement d’une primo-infection tuberculeuse (PIT).
– Silicose, silico-anthracose.
– Mauvaises conditions socioéconomiques.
DIAGNOSTIC ET ÉVOLUTION
A/ Primo-infection tuberculeuse
● Ensemble de manifestations anatomiques, cliniques et biologiques dues au premier contact
du bacille avec un organisme indemne de BK.
I/ Circonstances de découverte
1. Formes latentes
● Les plus fréquentes (dépistage systématique ou après la découverte d’un cas de tuberculose
dans l’entourage).
● Virage isolé de l’intra dermo-réaction (IDR) à la tuberculine (cf. infra).
● Examen clinique et radiographie normaux.
● Rechercher un contage ++.
■ splénomégalie.
– Kératoconjonctivite phlycténulaire :
* larmoiements ;
* photophobie ;
* rougeur conjonctivale ;
* érosions cornéennes superficielles.
www.laconferencehippocrate.com 2
Tuberculose 1-7-106
2. Examen clinique
● Le plus souvent normal.
3. Examens
a) IDR 10 U à la tuberculine
– Seul test quantitatif.
– Technique :
* injection intradermique de 0,1 ml ;
* lecture à la 72e heure.
– Interprétation en fonction des antécédents de BCG et des données des RCT antérieures :
* test négatif si l’induration (et non l’inflammation) < 5 mm ;
* induration ≥ 10 mm signe un test positif ;
* induration entre 5 et 10 mm : positif si antécédents de BCG.
– Le virage de l’IDR à la tuberculine est défini par :
* IDR ≥ 5 mm chez un non-vacciné.
* augmentation de plus de 10 mm par rapport à une IDR réalisée dans les deux ans précé-
dents ou une réaction phlycténulaire.
– Anergie (négativation des réactions cutanées) : sarcoïdose, hémopathies malignes, phase
aiguë des viroses…
– Faux négatifs : miliaire, pleurésie.
www.laconferencehippocrate.com 3
Tuberculose 1-7-106
1. Clinique
● Érythème noueux :
– streptocoque ;
– Löffgren ;
– connectivites…
● Kératoconjonctivite (QS).
● Typhoïde (sérodiagnostic) et autres fièvres prolongées.
2. Radiologique
● Adénopathies médiastinales :
– lymphomes, Hodgkin ;
– sarcoïdose…
● De toute façon, la notion de virage des RCT fait le diagnostic.
2. Complications
a) Complications du chancre
– Caverne parenchymateuse.
– Pleurésie par atteinte pleurale de voisinage.
www.laconferencehippocrate.com 4
Tuberculose 1-7-106
I/ Circonstances de découverte
● Elles sont très variées.
a) Symptomatologie fonctionnelle
– Toux : initialement sèche, traînante, devenant ensuite productive avec une expectoration
surtout matinale, parfois striée de sang.
– Dyspnée et douleurs thoraciques : plus rares, à caractère traînant.
2. Signes généraux
www.laconferencehippocrate.com 5
Tuberculose 1-7-106
a) Interrogatoire
– Il précise :
* l’existence d’une vaccination par le BCG ;
* la notion d’une PIT ou d’une tuberculose antérieure et leur traitement (durée et type) ;
* les conditions familiales et professionnelles, importantes pour la conduite du traitement ;
* une notion de contage.
c) Examen physique
– Il précise le degré d’atteinte générale (amaigrissement à chiffrer) et respiratoire.
– Il recherche une autre localisation de la tuberculose (palpation du foie, des fosses lombaires,
des organes génitaux, recherche d’adénopathies, de signes neurologiques) ; cette recherche
dicte les examens complémentaires à mettre en route.
2. Examens radiologiques
a) Technique
– Radiographies de face et profils.
– Apport du TDM thoracique ++.
b) Résultats
– Anomalies variables, isolées ou associées.
– Parenchyme ; prédominance aux apex et dans l’apicale du lobe inférieur (segment de
Fowler drainé par la bronche de Nelson) :
* nodules (1 mm à 1 cm de diamètre) dispersés ou localisés, solitaires ou confluents ;
* infiltrats en plage non systématisés, peu homogènes ;
* caverne unique ou multiple (à un stade plus tardif, signant une haute contagiosité) ;
* parfois opacité alvéolaire systématisée mimant une pneumopathie communautaire.
– Pleurésie :
* parfois secondaire à un foyer parenchymateux.
– Image médiastinale : adénopathies avec images pleuropulmonaires, notamment chez les
Noirs africains et les Asiatiques.
– Vérifier l’absence de lésions osseuses (Pott).
3. Examen bactériologique
a) Prélèvements
– Ils sont répétés et portent sur :
* l’expectoration matinale trois jours de suite, les tubages gastriques prélevés à jeun trois
jours consécutifs ;
* les sécrétions bronchiques prélevées sous fibroscopie et dans les trois jours suivant l’examen
www.laconferencehippocrate.com 6
Tuberculose 1-7-106
(expectorations ou tubages) ;
* le liquide pleural en cas de pleurésie.
b) Démarches entreprises
– Examen direct :
* coloration de Ziehl ;
* ou fluorescence à l’auramine.
– Culture après homogénéisation et décontamination :
* sur milieux de Löwenstein-Jensen ou milieu géloses : délai moyen de positivité : vingt et
un à vingt-huit jours, négatif si absence de culture après deux mois ;
* système BACTEC ou respirométrie radiométrique : résultats en dix à quinze jours.
– Identification (différentier des mycobactéries atypiques) :
* méthodes classiques :
■ test catalase,
■ résistance au PAS ;
c) Autres méthodes
– Amplification génique par PCR :
* résultats en 24 à 48 heures ;
* la place de cet examen est discutée en raison de l’existence de faux positifs et de faux
négatifs ainsi que son coût ;
* nécessite de confronter ces résultats aux données radiocliniques (surtout chez les anciens
tuberculeux suspects de récidive) ;
* permet cependant la distinction mycobactérie « typique » (BK) et atypique.
4. Autres examens
a) Examens sanguins
– L’absence d’hyperleucocytose, voire la leuconeutropénie lors d’une tuberculose, est clas-
sique.
– La VS est souvent fortement augmentée ; c’est un des éléments du suivi de l’évolution traitée.
b) Examen anatomopathologique
– Il constitue un apport fréquent au diagnostic.
– Il comporte l’étude d’une biopsie bronchique ou surtout pleurale, voire ganglionnaire.
– Il permet de mettre en évidence une réaction caséofolliculaire et parfois d’identifier les
bacilles par la coloration de Ziehl (bacilles acido-alcoolorésistants) ou par marquage à l’au-
ramine.
– Il est indispensable de mettre en culture un fragment biopsique ++.
www.laconferencehippocrate.com 7
Tuberculose 1-7-106
l La découverte chez un ancien tuberculeux d’une image radiologique évocatrice doit entraî-
ner l’examen comparatif de clichés antérieurs et les recherches bactériologiques pour vérifier
l’absence d’évolutivité.
● Problèmes d’ordre bactériologique :
– un examen optique isolé positif, sans image radiologique compatible, doit faire rediscuter le
diagnostic :
■ il peut s’agir d’une contamination par une mycobactérie non pathogène ou d’une
souillure (fibroscope),
■ il faut attendre le résultat des cultures et refaire des prélèvements lorsqu’elles sont
négatives ;
– la culture peut identifier une mycobactérie atypique : ces mycobactérioses n’ont guère de
particularités cliniques ; leur traitement, souvent difficile, repose sur la connaissance de
l’antibiogramme.
IV/ Évolution
1. Complications
a) Cavernes tuberculeuses
– Ce sont des cavités situées au sein du parenchyme, résultant de l’évacuation par la bronche
de caséum ramolli.
– Elles peuvent être à l’origine d’hémoptysies parfois très graves, de greffes aspergillaires.
– Il s’y associe constamment une lésion de la bronche de drainage pouvant laisser une sténo-
se séquellaire.
2. Évolution traitée
a) Guérison
– Elle se juge sur la disparition permanente et définitive des bacilles.
– La contagiosité des sujets bacillifères disparaît habituellement en quinze jours à un mois
(BK normosensibles) ; la positivité des cultures après le 3e mois doit faire rechercher une
résistance du bacille ou une mauvaise exécution du traitement.
– La plupart des tuberculeux peuvent reprendre une activité normale au terme d’un à trois
mois de traitement.
– Les lésions anatomiques peuvent régresser complètement ou laisser des séquelles malgré la
guérison du processus tuberculeux.
– La surveillance de la guérison doit comporter des examens radiologiques répétés (tous les
six mois pendant deux ans, puis tous les cinq ans).
– Une récidive impose la recherche d’une nouvelle contamination.
www.laconferencehippocrate.com 8
Tuberculose 1-7-106
V/ Pronostic
● Il dépend de plusieurs facteurs.
1. Terrain
c) Âge
– Le traitement de la tuberculose chez le sujet âgé est parfois rendu délicat par l’existence
d’une polypathologie associée ; il faut en particulier adapter les doses à la fonction rénale.
– La mortalité relativement élevée (20 %) est davantage liée aux infections intercurrentes qu’à
la tuberculose elle-même ou à son traitement.
2. Résistance bacillaire
● Elle est très rare lorsqu’il s’agit d’une première atteinte tuberculeuse ; la guérison s’observe
dans la quasi-totalité des cas si le traitement est bien conduit.
● Une résistance aux antituberculeux majeurs peut s’observer lors d’une rechute ou d’une
récidive. Le pronostic de ces formes reste précaire.
3. Qualité du traitement
● C’est le facteur pronostique essentiel : la prescription doit être correctement effectuée (asso-
ciations, doses), expliquée, exécutée et surveillée.
www.laconferencehippocrate.com 9
Tuberculose 1-7-106
C/ Tuberculose miliaire
I/ Diagnostic positif
a) Signes fonctionnels
– Polypnée, toux.
– Nausées, diarrhée, douleurs abdominales trompeuses.
b) Signes généraux
– Altération de l’état général, subfébrile puis fièvre à 39-40 °C, en plateau.
– Pouls non dissocié.
c) Anamnèse
– Contage tuberculeux.
– Vaccination par le BCG.
– Transplantation géographique.
– Immunodépression +++.
d) Examen
– Respiratoire : normal (parfois quelques crépitants).
– Cyanose discrète possible.
– Splénomégalie possible.
– Recherche d’autres localisations viscérales (adénopathies périphériques, séreuse…).
f) IDR
– Souvent négative +++.
g) Gaz du sang
– Normaux ou effet Shunt.
h) Biologie standard
– Cholestase quasi constante
i) Recherche de BK
– Positive mais inconstante.
– Valeur en ce cas de la fibroscopie (aspiration) et biopsie d’éperons.
– Valeur également de la biopsie hépatique ou de la biopsie médullaire (bacilles alcoolo-acido-
résistants [BAAR] et granulome épithélio-giganto-cellulaire avec ou sans nécrose). Ne pas
oublier la mise en culture des biopsies et l’antibiogramme.
www.laconferencehippocrate.com 10
Tuberculose 1-7-106
– La découverte d’une miliaire tuberculeuse impose un bilan général à la recherche d’une dis-
sémination aux autres organes (en particulier aux méninges +++) :
* FO (tubercules de Bouchut) ;
* PL (méningite lymphocytaire avec hypoglycorachie) ;
* ECG, échographie cardiaque (péricardite) ;
* ECBU, BK urines ;
* biopsie d’adénopathies périphériques ;
* PBH, voire médiastinoscopie si toutes les précédentes explorations sont négatives.
2. Forme atypique
a) Fébrile pure
– Sans signes respiratoires évocateurs.
c) Miliaire bronchogène
– Fistulisation endobronchique d’un ganglion ou d’une caverne.
– Nodules plus gros.
– Localisation systématisée (segment, lobe).
– Association radiologique à la cause (adénopathie ou caverne).
● Lymphangite carcinomateuse.
● Pneumopathie virale.
www.laconferencehippocrate.com 11
Tuberculose 1-7-106
1. Favorable
● Autrefois mortelle en l’espace de quelques semaines, la miliaire est maintenant le plus sou-
vent favorable sous traitement.
● Apyrexie en huit à quinze jours.
● Régression radiologique en un à deux mois.
2. Défavorable
a) Du fait du terrain
– Nourrisson (méningite constamment associée).
– Immunodéprimé.
– Vieillard.
– Cirrhotique (où les problèmes de tolérance du traitement se surajoutent).
– Mauvaise compliance thérapeutique.
TRAITEMENT
A/ Chimiothérapie antituberculeuse
www.laconferencehippocrate.com 12
Tuberculose 1-7-106
1. Isoniazide (INH)
a) Pharmacologie
– Résorption après prise orale : complète si la prise se fait à jeun ; le pic plasmatique est
atteint en une à deux heures.
– Diffusion : se fait à tout l’organisme (notamment le LCR) ; l’INH traverse le placenta et est
excrété dans le lait ; il est surtout efficace vis-à-vis des BK extracellulaires à multiplication
active, intracavitaires.
– Bactéricide.
– Métabolisme : hépatique ; l’acétylation conduit à un métabolite inactif sur le BK et se fait
à vitesse variable, génétiquement déterminée, permettant de distinguer :
* les acétyleurs rapides (demi-vie d’environ une heure) ;
* les acétyleurs lents (demi-vie d’environ trois heures).
– Élimination : hépatique pour 80 à 90 % et accessoirement urinaire (1 à 20 %).
b) Utilisation
– Administration : orale, l’INH est commercialisé sous forme de comprimés dosés à 50 et
150 mg (Rimifon).
– Dose usuelle : 3 à 5 mg/kg/24 h ; l’étude de la vitesse d’acétylation, après ingestion d’une
dose test, permet de fixer pour chaque malade une dose ajustée (entre 2 et 10 mg/kg/24 h).
– Contre-indications : atteinte hépatique avec cytolyse importante, psychose maniacodépres-
sive, neuropathie périphérique.
– Interactions médicamenteuses : il faut éviter l’association avec des inducteurs enzyma-
tiques (autres que la rifampicine), qui accroissent la toxicité de l’INH (dérivés salicylés et
probénécides) ; l’Ambilar (niridazole) est formellement contre-indiqué.
c) Toxicité
– Hépatique : ictère cytolytique, provoqué par le métabolite acétylé ; sa survenue est favori-
sée par la prise d’inducteurs enzymatiques, notamment la rifampicine et l’administration
d’une dose mal ajustée ; en cas de survenue, l’INH doit être interrompu, puis réintroduit
sous surveillance stricte après retour à la normale des transaminases ;
– Neuropsychique : polynévrite sensitivomotrice (favorisé par la carence en vitamine B6 :
alcoolisme chronique ++), convulsions, troubles psychiques.
– Rhumatologique : algodystrophie de l’épaule (syndrome épaule-main), arthralgies parfois
dans le cadre d’un syndrome lupique réversible à l’arrêt du traitement.
– Dermatologique : acné réversible à l’arrêt du traitement.
2. Rifampicine
a) Pharmacologie
– Résorption après prise orale : complète si la prise se fait à jeun ; le pic plasmatique est
atteint en deux à trois heures.
– Diffusion : générale, la rifampicine se fixe fortement aux protéines plasmatiques, elle tra-
verse le placenta et est excrétée dans le lait. Elle est efficace sur toutes les populations de BK
extra- et intracellulaires.
– Métabolisme : hépatique ; il s’agit d’une désacétylation, initialement auto-inductible,
conduisant à un métabolite actif sur le BK.
– Élimination : 80 % par voie biliaire (forme désacétylée et rifampicine non transformée qui
subit un cycle entérohépatique) et 20 % par le rein, ce qui confère aux urines une coloration
rouge-orange.
www.laconferencehippocrate.com 13
Tuberculose 1-7-106
b) Utilisation
– Administration : orale ; la rifampicine est commercialisée sous forme de gélules dosées à
300 mg et de suspension buvable : une mesurette de 5 ml = 100 mg (Rifadine et Rimactan).
– Dose usuelle : 10 mg/kg/24 h chez l’adulte (dose maximale : 600 mg/j).
– Contre-indications : se limitent à l’obstruction des voies biliaires ; en cas d’atteinte hépa-
tique sévère, il faut commencer à demi-doses.
– Interactions médicamenteuses : la rifampicine a un effet inducteur sur le métabolisme
hépatique de nombreux produits, dont les antivitamines K, les contraceptifs oraux (atten-
tion ++ au risque de grossesse, prévenir…), les digitaliques, les corticostéroïdes.
– Le phénobarbital et les autres inducteurs accroissent sa toxicité.
c) Toxicité
– Hépatique : toxicité directe faible (rares ictères cholestatiques) ; les ictères cytolytiques sont
liés à la prise conjointe d’INH.
– Immunoallergique : éruptions cutanées, cytopénies, anémie hémolytique, insuffisance
rénale aiguë ; ces accidents s’observent surtout lors des traitements discontinus ou de réin-
troductions.
– Digestive : troubles digestifs mineurs (nausées, gastralgies).
– Attention aux lentilles cornéennnes : larmes rouges aussi…
3. Pyrazinamide
a) Pharmacologie
– Résorption : rapide et complète après prise orale.
– Diffusion : excellente ; l’intérêt du pyrazinamide est son activité puissante mais élective sur
les BK intracellulaires, à multiplication très ralentie.
– Excrétion : urinaire.
b) Utilisation
– Administration : par voie orale ; les comprimés sont dosés à 500 mg (Pirilène).
– Dose usuelle : 30 mg/kg/24 h.
– Contre-indications : insuffisance hépatique sévère, grossesse.
c) Toxicité
– Hépatique : immuno-allergique avec divers degrés d’atteinte hépatique décrits (ictère
banal, cytolyse massive).
– Rhumatologique : hyperuricémie par inhibition du transport tubulaire rénal, arthralgies et,
plus rarement, crises de goutte sensibles aux uricosuriques (ne nécessitent pas l’arrêt du
traitement).
– Cutanée : prurit, éruptions.
4. Éthambutol
a) Pharmacologie
– Résorption après prise orale : de l’ordre de 75 % ; le pic plasmatique est atteint en trois
heures.
– Diffusion : bonne ; l’éthambutol est actif sur le BK extracellulaire mais n’exerce qu’un effet
bactériostatique.
– Métabolisme : hépatique, peu important (10 %).
– Élimination : principalement par voie urinaire, sous forme active.
www.laconferencehippocrate.com 14
Tuberculose 1-7-106
b) Utilisation
– Administration : habituellement orale, en cas d’impossibilité, les voies IM ou IV peuvent
être utilisées ; l’éthambutol est commercialisé sous forme de comprimés dosés à 100 et
400 mg (Myambutol), de dragées à 250 et 500 mg (Dexambutol) et de solutés buvables et
injectables.
– Dose usuelle : 20 mg/kg/24 h, ne doit pas dépasser 25 mg/kg/j.
– Contre-indications : existence d’une névrite optique ou de toute atteinte opthtalmologique
grave et insuffisance rénale sévère.
– Interactions médicamenteuses : certains médicaments (ainsi que l’alcool) augmentent le
risque de névrite optique ; ils ne doivent pas être associés (exemple : chloramphénicol,
disulfirame ; Espéral).
c) Toxicité
– Ophtalmologique (névrite optique rétrobulbaire pas toujours réversible à l’arrêt du traite-
ment). Attention chez l’alcoolique +++.
– L’examen ophtalmologique avec champ visuel et vision des couleurs est médico-légal en
préthérapeutique.
5. Aminosides
a) Pharmacologie
– Résorption après administration parentérale complète et précoce.
– Diffusion : bonne ; l’efficacité de la streptomycine ne porte que sur les BK extracellulaires,
en multiplication active.
– Élimination : surtout par le rein, accessoirement par la bile.
b) Utilisation
– Administration : par voie IM ouIV.
– Contre-indications : existence d’une atteinte auditive ou vestibulaire, d’une allergie
connue, d’une grossesse. Précautions ++ en cas d’insuffisance rénale.
c) Toxicité
– ORL : vestibulaire (nystagmus, vertiges) en règle réversible et cochléaire (surdité) irréver-
sible. Il s’agit d’une toxicité cumulative.
– Rénale : nécrose tubulaire.
– Immunoallergique : cytopénies, accidents cutanés.
a) Rifater
– 50 mg isoniazide.
– 120 mg rifampicine.
– 300 mg pyrazinamide.
b) Rifinah
– 150 mg isoniazide,
– 300 mg rifampicine.
www.laconferencehippocrate.com 15
Tuberculose 1-7-106
● Trois impératifs :
– stériliser rapidement l’expectoration pour diminuer la contagiosité ;
– stériliser les lésions pour éviter les récidives ;
– éviter l’émergence de mutants résistants.
1. Principes généraux
● Traitement long : le temps de doublement du BK est de 20 heures.
● Association thérapeutique : permet d’éviter de sélectionner une souche résistante présente (il
existe un pourcentage de bacilles sauvages résistantes aux antituberculeux : 10-8 pour la
rifampicine, 10-8 pour l’isoniazide et l’éthambutol, 10-5 pour la streptomycine).
● Tri- ou quadrithérapie initiale afin de stériliser plus rapidement l’expectoration.
● Prise à jeun pour améliorer l’absorption.
2. Schéma thérapeutique
● Fonction de l’existence ou non d’une tuberculose antérieurement traitée.
● R6 H6 Z2, par régime d’associations médicamenteuses fixes :
– Rifater : un comprimé/12 kg de poids pendant deux mois ;
– puis Rifinah : un comprimé/30 kg pendant quatre mois.
● Régime R6 H6 Z2 E2 :
– avec éthambutol pendant les deux premiers mois ;
– indication : patients à risque de résistance primaire ou secondaire à un antituberculeux.
● Régime R9 H9 E3 :
– en cas de contre-indication au pirazinamide (grossesse, insuffisance hépatocellulaire sévère,
hyperuricémie non contrôlée) ;
● Aminosides :
– parfois utilisés si très forte contagiosité ou insuffisance hépatocellulaire limitant l’utilisa-
tion de polychimiothérapie hépatotoxique.
● Attention : le traitement doit être secondairement adapté aux résultats de l’antibiogramme.
3. Bilan préthérapeutique
● Bilan hépatique, fonction rénale, uricémie.
● Examen ophtalmologique si éthambutol (champ visuel et vision des couleurs).
● Audiogramme si streptomycine.
● La sérologie VIH de dépistage est souhaitable après accord du patient.
4. Surveillance du traitement
● Surveillance de la prise : coloration des urines (± dosage de l’uricémie).
● Tolérance :
– examen clinique à un, deux, trois et six mois ;
– biologique : bilan hépatique aux 10e, 20e et 30e jours, à répéter si anomalie initiale ou signes
cliniques ;
– uricémie si hyperuricémie préalable (et/ou pour surveiller l’observance du traitement) ;
– examen ophtalmologique mensuel pendant le traitement par éthambutol.
● Efficacité :
– clinique : disparition des signes généraux et pulmonaires ;
– radiographie du thorax aux 1er, 2e, 6e, 12e et 24e mois ;
– BK tous les mois jusqu’à négativation des cultures.
www.laconferencehippocrate.com 16
Tuberculose 1-7-106
III/ Indications
1. PIT
● Latente : chimioprophylaxie secondaire :
– monothérapie par isoniazide ; 3 à 5 mg/kg/j (10 mg/kg/j chez l’enfant) pendant six mois ;
– des polychimiothérapies plus courtes peuvent être proposées : rifampicine pyrazinamide
pendant deux mois.
● Patente : traitement curatif R6 H6 Z2.
www.laconferencehippocrate.com 17
Tuberculose 1-7-106
● Patient VIH :
– risque d’interaction médicamenteuse, en particulier avec les antiprotéases (diminution
des concentrations sériques de la rifampicine et des antiprotéases avec risque d’inefficaci-
té) ;
– traitement recommandé d’une durée de neuf mois.
● Patient âgé :
– tolérance souvent moins bonne et nécessité d’une surveillance rapprochée, parfois adapta-
tion aux taux sériques mesurés.
3. Tuberculose extrapulmonaire
● Miliaire tuberculeuse :
– traitement standard : R6 H6 Z2 ;
– nécessité d’un traitement urgent ++ (parfois dès la suspicion clinique).
● Localisation viscérale particulière :
– les formes osseuses articulaire et neuroméningée nécessitent une durée de traitement de
douze à quinze mois ;
– une corticothérapie peut se justifier en cas de péricardite (éviter le passage à la constriction)
ou de méningite tuberculeuse (diminue le risque de séquelles inflammatoires).
B/ Autres mesures
1. Hospitalisation
2. Mesures hygiénodiététiques
a) Alimentation
– Elle doit être suffisamment calorique.
3. Mesures administratives
a) Déclaration de la maladie
– Elle est obligatoire (DO 27) pour toute forme de tuberculose sauf PIT latente.
– Elle se fait à la DDASS du lieu de domicile du malade par tout médecin intervenant auprès
d’un sujet tuberculeux.
– Elle précise le mode de découverte, l’ancienneté et les éléments du diagnostic de la maladie,
le statut VIH.
www.laconferencehippocrate.com 18
Tuberculose 1-7-106
c) Dépistage de l’entourage
PRÉVENTION
A/ Prévention primaire
a) Données de la législation
– La vaccination par le BCG est obligatoire en France pour un grand nombre de catégories de
population définies dans le code de la santé ; cette obligation s’applique en particulier à tous
les enfants d’âge scolaire (6 ans), aux sujets trouvés tuberculino-négatifs en milieu scolaire
et aux personnels de santé.
– La vaccination est gratuite dans les centres dépendant de la DDASS et de l’Hygiène scolai-
re.
– Elle doit être déclarée à la DDASS, qui tient un fichier de vaccination BCG.
– Le contrôle des réactions tuberculiniques par IDR est obligatoire en milieu scolaire, per-
mettant d’évaluer l’état de l’allergie postvaccinale.
b) Indications et contre-indications
– Indications :
* en dehors des indications légales, il faut vacciner les sujets négatifs après une IDR à la
tuberculine, surtout s’il existe un risque tuberculeux : un sujet non vacciné est considé-
ré comme négatif si l’induration mesure moins de 5 mm ;
* la revaccination n’est indiquée que lorsque l’on constate par une IDR de contrôle l’ex-
tinction de la protection, en général dix ou quinze ans après la primovaccination.
– Contre-indications ; elles sont rares :
* maladie infectieuse en cours, lésion locale cutanée suintante ;
* déficit immunitaire congénital ou acquis (traitement au long cours par les corticoïdes ou
les immunosuppresseurs), sida ;
* maladies auto-immunes évolutives.
c) Méthodes et techniques
– Caractères du vaccin :
* le BCG est un vaccin vivant :
■ la forme à utiliser est lyophilisée, de conservation prolongée (douze mois) lorsqu’elle
www.laconferencehippocrate.com 19
Tuberculose 1-7-106
Ordonnance type
(Patient de 60 kg)
Nom du patient :
____________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________
Traitement pour un mois à prendre le matin en une seule prise, avant le petit déjeuner, tous les jours
sans interruption.
Date :
Signature :
* une ulcération prolongée ne nécessite que la mise en place d’une compresse sèche.
– Exceptionnellement :
* abcès froid (mauvaise technique) ;
* BCGite : infection disséminée au bacille de Calmette et Guérin (si immunodépression
sévère méconnue).
– Contrôles postvaccinaux :
* une IDR à 10 unités doit être faite quatre à six mois après la vaccination ;
* le sujet est déclaré positif si l’induration mesure plus de 4 mm ;
* lorsque la réaction cutanée tuberculinique est négative, on vérifie l’absence de maladie
anergisante transitoire (grippe, rougeole…), de faute technique dans l’exécution ou la lec-
ture du test (induration mal perçue, date de lecture à la 72e heure non respectée) ; en l’ab-
sence de cause d’erreur, on réitère la vaccination en vérifiant qu’il n’existe pas une aller-
gie infraclinique extériorisée par une réaction inflammatoire ulcérée précoce au point
d’injection ;
* le BCG correctement effectué donne un taux de conversion voisin de 90 % et sa durée de
protection est de l’ordre de quinze ans ;
* le taux de protection est de l’ordre de 60 % ; il prévient efficacement les disséminations
hématogènes (cf. « Miliaire ») et, à un moindre degré, les atteintes neuroméningées.
B/ Prévention secondaire
www.laconferencehippocrate.com 20
Tuberculose 1-7-106
POINTS FORTS
www.laconferencehippocrate.com 21
Tuberculose 1-7-106
www.laconferencehippocrate.com 22