Leyla Lardja
Leyla Lardja
Leyla Lardja
Titre:
une approche cycle de vie appliquée au secteur du bâtiment
Title:
durable
Auteur:
Leyla Lardja
Author:
Date: 2017
Type: Mémoire ou thèse / Dissertation or Thesis
Lardja, L. (2017). Intégration des indicateurs environnementaux et économiques
Référence: dans une approche cycle de vie appliquée au secteur du bâtiment durable
Citation: [Master's thesis, École Polytechnique de Montréal]. PolyPublie.
https://publications.polymtl.ca/2774/
URL de PolyPublie:
https://publications.polymtl.ca/2774/
PolyPublie URL:
Directeurs de
recherche: Manuele Margni, Jean-Pierre Revéret, & Cécile Bulle
Advisors:
Programme:
Maîtrise recherche en génie industriel
Program:
LEYLA LARDJA
(GÉNIE INDUSTRIEL)
AOÛT 2017
Ce mémoire intitulé :
REMERCIEMENTS
Ce projet de maitrise est pour moi bien plus qu’un parcours académique visant l’obtention d’un
diplôme. Ce fut pour moi un cheminement personnel et intellectuel, un véritable défi qui m’a sorti
de ma zone de confort. J’en sors grandie et enrichie.
Je tiens à remercier mes directeurs de mémoire pour leur écoute, patience et précieux conseils. Je
remercie aussi mes amis et collègues du CIRAIG qui ont fait de mon expérience une belle aventure
humaine. Je suis aussi très reconnaissante pour le soutien et les encouragements de ma famille et
de mon compagnon durant cette période de maitrise et de maternité. Finalement, merci à la vie de
m’avoir donné un petit ange dont le sourire a illuminé les moments les plus difficiles.
iv
RÉSUMÉ
Le développement urbain joue depuis quelques années un rôle affirmé dans la transition vers des
modes de production et de consommation plus durable, notamment à travers des stratégies visant
le secteur du bâtiment. Ce secteur voit l’émergence de l’utilisation d’un nombre important et varié
de matériaux verts, de pratiques écologiques et de certifications. Cependant le bâtiment durable
représente encore aujourd’hui un marché de niche dans le secteur du bâtiment. En effet la multitude
des solutions techniques rend difficile la sélection des meilleures options par les preneurs de
décision. Cette situation indique la nécessité de proposer des outils d’aide à décision qui intègrent
les impacts environnementaux et économiques permettant d’identifier des solutions optimales sur
ces deux aspects. Ce mémoire a donc pour objectif de proposer une approche opérationnelle pour
faire une analyse intégrée des coûts et des impacts environnementaux dans le contexte décisionnel
des bâtiments durables. Pour y parvenir, une étude de cas de la Société d’habitation du Québec est
utilisée pour appliquer ces deux méthodes. Cette étude de cas compare un bâtiment à ossature
légère en bois et un bâtiment à structure de bois lamellés croisés (CLT).
Le modèle d’éco-efficience s’est avéré une méthode bien adaptée au contexte opérationnel de prise
de décision grâce à ses caractéristiques de facilité et de rapidité d’interprétation. Ce modèle est
donc un levier potentiel dans la sélection des options dans un contexte d’éco-conception des
bâtiments. L’AcCV sociétale quant à elle s’avère moins utile dans un contexte opérationnel à cause
d’un biais de pondération inhérent à la méthode de monétarisation. Cependant, cette méthode est
plus pertinente pour évaluer les projets pilotes en vue de la mise en place d’une politique publique.
Ces deux méthodes ont un potentiel de déploiement dans le secteur du bâtiment durable. L’éco-
conception utilisant le modèle d’éco-efficience proposé serait particulièrement adapté aux acteurs
tels que les firmes d’architectes. L’AcCV sociétale a un potentiel pour soutenir les décisions
publiques visant à identifier les mesures les plus pertinentes pour la diffusion des pratiques durables
de construction.
v
ABSTRACT
Urban development plays an important role in the transition towards more sustainable ways of
production and consumption with different strategies, among them the green building. This sector
saw the emergence of a significant number of green products, practices and certifications. Even
though green buildings are still a niche production in the building sector, the multitude of existing
green solutions and techniques makes selection of the best option a challenging decision. This
highlights the need for decision support tools that integrate environmental and economic issues to
help with the selection of optimal solutions.
This study aims at investigating the extent to which the integration methods of eco-efficiency and
of societal Life Cycle Cost assessment (LCC) can support decision making in the context of green
buildings. In order to the achieve this, a case study from la Société d’Habitation du Québec is used
for application of these two methods. The case study compares two green buildings; one with a
light frame wooden structure and one with a cross laminated timber frame.
Both methods have relevant applications in the building sector for the implementation of
sustainable strategies. Ecodesign using eco-efficiency indicators is particularly adapted to
stakeholders like architecture firms, while societal LCC indicators have the potentiel to support
public initiatives for the deployment of sustainable construction practices.
vi
RÉSUMÉ....................................................................................................................................... IV
ABSTRACT ................................................................................................................................... V
2.5.2 Éco-efficience............................................................................................................. 29
5.2.3 Intégration des indicateurs environnement et coût par l’AcCV sociétale .................. 70
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................ 87
ANNEXES .................................................................................................................................... 95
viii
Tableau 2.1 Les quatre types d’éco efficience Huppes (2005) ...................................................... 31
Tableau 4.2 Barème pour la matrice pédigrée adapté de Ciroth (2009) ........................................ 47
Tableau 5.1 Critères d'analyse de la qualité des données adaptée de Ciroth (2009) ...................... 61
Tableau B.1 Facteurs de consommation énergétique des équipements Energy Star ................... 102
Figure 2-1 Principaux résultats des profils environnementaux des deux bâtiments issus de l'étude
du CIRAIG ............................................................................................................................. 17
Figure 2-2 Illustration des trois types d'AcCV adaptés de Hunkeler (2008) ................................. 19
Figure 2-6 Portfolio d'éco efficience BASF Kicherer et al. (2007) ............................................... 34
Figure 2-7 Illustration des trois méthodes de calcul du front de Pareto par Quariguari Frota Neto et
al. (2009) ................................................................................................................................ 35
Figure 4-1 Plan et modèle 3D des deux bâtiments de l'étude de cas .............................................. 41
Figure 4-3 Pourcentage des contributions à la consommation électrique annuelle des équipements
en phase d'usage ..................................................................................................................... 50
Figure 5-1 Comparaison du coût total du cycle de vie des alternatives de structures légères et de la
structure en CLT..................................................................................................................... 57
Figure 5-2 Différence de coût des étapes du cycle de vie de l’alternative CLT par rapport au
scénario de base (structure légère) ......................................................................................... 58
Figure 5-3 Contribution aux coûts à l’étape d'approvisionnement des deux bâtiments ................. 58
Figure 5-4 Contributions aux coûts de l'étape d'utilisation des deux bâtiments ........................... 59
Figure 5-5 Contributions aux coûts de remplacement du revêtement pour les deux alternatives .. 60
Figure 5-7 Analyse de sensibilité de la contribution des étapes du cycle de vie à la variation du taux
d'actualisation pour une durée de vie du bâtiment de 75 ans. ................................................ 63
x
Figure 5-8 Analyse intégrée de contribution des étapes du cycle de vie des indicateurs
environnementaux et économiques du cycle de vie des deux bâtiments ............................... 65
Figure 5-9 Variation des scores environnementaux et du score économique de la structure CLT par
rapport à la structure en ossature légère (scénario de base). .................................................. 65
Figure 5-10 Contribution comparative des processus à la phase d'utilisation aux scores
environnementaux et économiques ........................................................................................ 66
Figure 5-11 Contribution de l’étape du cycle de vie « approvisionnement » (c.-à-d. des matériaux
de construction) aux scores environnementaux et économiques ........................................... 67
Figure 5-12 Tableau de bord des scores relatifs des indicateurs environnementaux et économiques
des scénarios ........................................................................................................................... 69
Figure 5-13 Coûts totaux (en absolue) des externalités environnementales .................................. 70
Figure 5-14 Contribution des externalités environnementales aux étapes du cycle de vie ............ 71
Figure 5-15 Différence des coûts totaux de l'AcCV sociétale des scénarios de mitigation par rapport
au scénario de base ................................................................................................................. 72
Figure 5-16 Portfolio d'éco-efficience des scénarios de mitigations pour les quatre indicateurs
d’impact .................................................................................................................................. 74
Figure 5-17 Analyse de sensibilité du portfolio d'éco-efficience au taux d'actualisation des coûts à
1%........................................................................................................................................... 77
Figure 5-18 Analyse de sensibilité du portfolio d'éco-efficience au taux d'actualisation des coûts à
4%........................................................................................................................................... 78
Figure 5-19 Analyse de sensibilité du portfolio d'éco-efficience au facteur de compromis 1:2 .... 80
Figure 5-20 Analyse de sensibilité du portfolio d'éco-efficience au facteur de compromis 2:1 .... 81
Figure A.1 Catégories de dommage et d'impacts selon la méthode IMPACT 20002+ ................ 98
xi
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
Le développement urbain joue depuis quelques années un rôle affirmé dans la transition vers des
modes de production et de consommation plus durable, notamment à travers des stratégies visant
le secteur du bâtiment. Celui-ci consomme 40% de l’énergie mondiale, 12% des ressources d’eau
douce, émet 1/3 des émissions de gaz à effet de serre (GES), 40% des déchets solides, et emploie
environ 10% de la main d’œuvre à l’échelle mondiale (UNEP, 2012). La stratégie du bâtiment
durable est donc adoptée par les villes comme une des solutions pour la réduction des flux des
matériaux et d’énergies consommées. D’ailleurs, ces dernières années ont été marquées par de
nombreux partenariats et initiatives sur la scène internationale et locale pour le développement d’un
cadre commun et cohérent de l’évaluation de la performance des bâtiments (UNEP, 2012). Cette
prise de conscience se reflète sur le marché du bâtiment qui voit l’émergence d’un nombre
important et varié de matériaux verts, de pratiques écologiques et de certifications. Cependant le
bâtiment durable représente encore aujourd’hui un marché de niche à l’échelle du secteur du
bâtiment. La multitude des solutions techniques existantes pour les bâtiments durables rend
difficile la sélection des meilleures options par les preneurs de décision. Cette tâche est d’autant
plus complexe qu’ils doivent prendre en considération à la fois les enjeux économiques et
environnementaux. Cette situation indique la nécessité de proposer des outils d’aide à décision qui
intègrent des deux enjeux afin d’identifier des solutions gagnant-gagnant.
Dans le domaine des recherches sur l’évaluation, ces dernières années ont vu émerger un grand
nombre de travaux portant sur la définition et les processus d’évaluation des bâtiments durables
(Zuo, 2014). Toutefois, la majorité de ces études sont axées sur les aspects environnementaux,
comme la consommation énergétique, l’utilisation efficace de l’eau et les émissions de GES.
(Berardi, 2013a; Gibbs & O’Neill, 2015; Zhao, 2012). L’analyse environnementale du cycle de
vie (AeCV) s’est imposée comme l’outil le plus pertinent pour l’évaluation des bâtiments durables.
Cependant, l’approche cycle de vie propose aussi d’autres outils pour quantifier les impacts
économiques et sociaux, respectivement l’analyse des coûts du cycle de vie (AcCV)
environnementale et l’analyse sociale du cycle de vie (AsCV). Toutefois, ces derniers sont peu
utilisés dans l’évaluation des bâtiments.
2
L’AcCV sociétale est un outil récent de l’approche cycle de vie, qui vise l’intégration des coûts du
cycle de vie et des externalités environnementales et sociales via la monétarisation de ces dernières.
L’analyse d’éco-efficience est quant à elle une méthode d’intégration de la performance
économique et environnementale des produits. Ella a été proposée par le World Business Council
for Sustainable Development (WBSCD) dans les années 90, et depuis elle s’est répandue dans le
secteur des entreprises pour l’évaluation de la performance environnementale des produits.
Ce mémoire a donc pour objectif de proposer une approche opérationnelle pour faire une analyse
intégrée des coûts et des impacts environnementaux dans le contexte décisionnel des bâtiments
durables. Pour y parvenir, une étude de cas de la Société d’habitation du Québec (SHQ) constitue
le sujet de cette analyse. Ce mémoire s’articule comme suit. Tout d’abord, la revue de littérature
qui introduit le concept de bâtiment durable, et le met en perceptive dans la transition socio-
écologique vers un développement plus durable. Elle contextualise aussi l’étude de cas, et présente
les outils nécessaires pour la quantification et l’intégration des volets économique et
environnementale. À l’issue de cette revue, la méthodologie décrit les deux modèles d’AcCV
sociétale et d’éco-efficience proposés. Les résultats de cette étude permettront d’émettre des
recommandations visant à améliorer la prise en comptes des impacts environnementaux et
économiques dans la sélection des solutions pertinentes à la réalisation et au déploiement des
bâtiments durables.
3
Le développement durable est un concept polysémique, qui alimente encore aujourd’hui le débat
sur sa signification et sa portée. D’après Tryzna ( 1995), la première percée conceptuelle fut
apportée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui publia un rapport
en 1980, «Stratégie mondiale de la conservation». Ce dernier mentionne :
« C'est un type de développement qui prévoit des améliorations réelles de la qualité de la
vie des hommes et en même temps conserve la vitalité et la diversité de la Terre. Le but est
un développement qui soit durable. À ce jour, cette notion parait utopique, et pourtant elle
est réalisable. De plus en plus nombreux sont ceux qui sont convaincus que c'est notre seule
option rationnelle.» ([IUCN], 1980; [UNEP], 2014)
Cette notion puise ses sources dans un discours des sciences naturelles avec une approche axée sur
la conservation de la biodiversité et des ressources naturelles. Cette dernière approche est dite bio
centrique (Mebratu, 1998).
En 1978 s’en est suivi une première définition proposée par la commission Brundtland. Cette
dernière est portée par une vision dite anthropocentrique, une version humaniste du développement
durable basée sur la notion d’équité intergénérationnelle :
« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.» ([WCED],
1987).
C’est en s’appuyant sur ces deux définitions que le sommet de terre de Rio De Janeiro a eu lieu en
1992 au Brésil. 173 chefs d’État s’y sont réunis pour adopter «l’Agenda 21» de la mise en
application d’une démarche globale de développement durable pour le XXIe siècle. On y signa
également la «Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement», reconnaissant alors
l’importance de ce qui est aujourd’hui reconnu sous l’expression des «trois piliers du
développement durable» : la protection de l’environnement, le développement social et le
développement économique.
4
R. D. Costanza, Herman E. (1992) a distingué deux écoles de pensée la «durabilité faible» définie
comme étant la conservation intacte de la somme du capital naturel et artificiel, ce qui implique
qu’une diminution du capital naturel peut être compensée par une augmentation équivalente du
capital artificiel. Par opposition à la notion de «durabilité forte», c’est-à-dire la conservation intacte
à la fois du capital naturel et artificiel grâce à un rythme de consommation des matières n’excédant
pas le rythme de leur régénération, substitution ou l’assimilation de leur pollution par la nature (R.
D. Costanza, Herman E., 1992).
Suite à l’adoption de « agenda 21 » par les états membres, la mise en place des « agendas 21
locaux » en 1997 a positionné l’opérationnalisation du concept de développement durable à
l’échelle régionale, nationale et municipale. L’instrumentalisation des mesures politiques
impliquant les acteurs locaux pour la transition vers le nouveau paradigme de développement
durable confirme le caractère anthropocentrique assumé de cette démarche (Finco, 2001). Depuis
les sommets et les rencontres internationales se sont succédé, Koyto en 1997, Johannesburg en
2002, les conférences sur le climat de Copenhague et de Cancun en 2009 et 2010, Rio en 2012, la
conférence de Paris COP21 en 2015. Ces rencontres ont toute visé le soutien et l’harmonisation
des initiatives de développement durable des pays à l’échelle globale. Réels branlebas de combat
politique et diplomatique, leur plus grand défi est la négociation des cibles et mesures à mettre en
place. Ainsi les enjeux tel que la croissance des pays en développement, le partage de responsabilité
et surtout les contraintes, sont autant de sujets abordés. Il faut dire que jusqu’à aujourd’hui aucun
protocole contraignant n’a vu le jour. Cependant, tous ces efforts ont vu apparaitre des lignes
directrices et des principes qui ont aidé à semer les graines de l’opérationnalisation du
développement durable et l’innovation dans le changement des pratiques de production et de
consommation, que ce soit des principes tel que la responsabilité sociale des entreprises, la
convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelle, la
conservation des ressources naturelles et de la biodiversité, l’agenda 21, etc. Toutes ces initiatives
ont trouvé un écho dans les sphères d’action locales.
Tel que mentionné précédemment, les initiatives de développement durable à l’échelle globale ont
trouvé un écho local. Ainsi, suite au sommet de Rio +20 et à la déclaration « The futur we want »
5
un important réseau municipal international a vu le jour, Keiner and Kim (2007) ont recensé les
collaborations et initiatives conjointes en lien avec le développement durable connectant des
autorités et communautés régionales de divers pays tel que the European based network Climate
Alliance et Cities for Climate Protection lancée dans les années 90 par l’organisation ICLEI-Local
Governments for Sustainability (Labaeye & Sauer, 2013). En 2016, cet engagement est reconfirmé
lors du sommet habitat III le dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur le logement et
le développement urbain durable.
Ce mouvement qui territorialise les enjeux du développement durable et les ancres dans une réalité
locale à caractère social et technique axée sur les solutions, est appelé la transition socio
écologique. L’idée de transition fût introduite en 1972 par le Club de Rome dans son rapport
« Halte à la croissance » (Meadows et coll., 1972). Les transitions désignaient alors les différents
scénarios d’adaptation que nos sociétés pouvaient emprunter afin d’éviter les impacts négatifs
induits par le mythe de la « croissance infinie dans un monde fini. ». Quant au terme « socio
écologique » il désigne un système intégré dans lequel les rétroactions ont lieu entre les activités
humaines et les divers éléments biophysiques. Bref, la transition socioécologique s’inscrit dans une
nouvelle aire celle de l’Anthropocène, qui succède à l’Holocène (les 20 000 dernières années).
Cette nouvelle aire se caractérise par des problèmes écologiques et sociaux s’articulant autour
d’enjeux macro-socio écologique : crise économique et politique, crise alimentaire, crise
climatique …etc. (Audet, 2015). Il faut donc retenir que la transition est à la fois un discours
socioécologique et un ensemble de pratiques menant vers un nouveau mode de vie plus résilient,
convivial et bienveillant. Ce mouvement planétaire est à la source de nombreuse d’initiatives,
citons en exemples les réseaux d’agriculture urbaine, l’alimentation biologique et locale,
l’économie circulaire, les systèmes d’échange locaux, la mobilité et la production énergétique post-
carbone, et bien sûr la construction écologique (Hopkins, 2010). Afin de comprendre comment la
construction écologique s’articule comme une transition socioécologique, il faut tout d’abord
comprendre le cadre conceptuel de la transition soit le perspectif multiniveau proposé par Geels
(2002).
étant très lentes pour intégrer des changements, elles ont une grande influence sur les changements
systémiques en créant des brèches d’opportunité pour les régimes. Les régimes sont le deuxième
foyer de changement, qui inclut des règles cohérentes interreliées auxquelles sont soumis des
ensembles d’acteurs regroupés en secteurs d’activités comme la finance, la culture, l’immobilier et
la construction par exemple. La résilience de ces régimes dépend de l’alignement des règles
permettant une coordination des activités. Troisièmement, il y a les niches qui sont des foyers
d’innovation socio-technologique issue d’un secteur d’activité. Ils offrent de nouvelles solutions et
approches qui tendent à long terme soit à la transformation des régimes existants, ou à leur
remplacement par de nouveaux régimes. Ces trois niveaux de transition s’influencent de plusieurs
façons selon Geels (2002).
Une étude britannique de Gibbs and O’Neill (2015) se penche le rôle du bâtiment écologique dans
la transition socioécologique du secteur de la construction en Grande-Bretagne. Cette étude s’est
basée sur l’analyse de l’évolution des politiques gouvernementales, des règlementations et du code
de la construction, ainsi que sur un ensemble d’entrevues après des acteurs du bâtiment écologique.
Il en ressort que les solutions techniques générées par la construction écologique ont fini par
s’intégrer assez bien au régime traditionnel de la construction. Ceci ne suffit pas selon l’auteur pour
un changement systémique du régime. Ainsi selon l’auteur un changement systémique doit aussi
inclure une transition vers une approche plus holistique dans la conception et vers de nouveaux
modes de vie et d’occupation. Mais tout d’abord il est important de définir le concept de bâtiment
durable.
Le terme bâtiments durable nécessite une clarification car on parle aussi de bâtiments verts ou
écologiques. Berardi (2013a) s’est penché sur la question pour conclure que le bâtiment durable
est un concept assez large. C’est à travers les outils de mesure des bâtiments durables que les
premiers critères de définition apparaissent. Dans un premier temps ces évaluations se
concentraient sur les limites physiques des bâtiments et définissaient sa fonction dans une
perspective de consommation (Conte & Monno, 2012; ISO). Cette approche réductrice a fini par
donner une définition du bâtiment durable axée sur la réduction d’impact environnemental
(Cassidy, 2003; Hill & Bowen, 1997; Kibert, 1994; Lowe, 2007). Berardi (2013) déduit de cette
7
approche une première définition « a sustainable building has to have high efficiency in the use of
energy, water and materials, and reduced impacts on the health and the environment throughout
its life-cycle ». D’autres facteurs ont influencé cette première définition. Ainsi l’attention apportée
à la responsabilité environnementale des bâtiments apparait dans les années 50-60, suivit dans les
années 70 par le premier embargo de l’OPEP. Ceci a participé à renfoncer la considération de
l’efficacité énergétique comme le requis principal des bâtiments, et a mené à l’apparition des
premières règlementations et promotions pour réduire la consommation énergétique (Berardi,
2013b; Kibert, 2016). D’ailleurs aujourd’hui encore il subsiste une confusion entre les bâtiments
durables et les bâtiments énergétiquement performants (Berardi, 2013b ; EPA, 2008).
Au niveau de l’évaluation des bâtiments durable, Hellström (2007) distingue trois catégories.
Premièrement, les outils d’évaluation de la demande énergétique des bâtiments axés
principalement sur la consommation énergétique et plus souvent sur l’étape d’utilisation.
Deuxièmement, les outils d’analyse du cycle de vie qui sont axés en général sur l’impact
environnemental. Troisièmement, les outils d’évaluation multicritères incluant des critères
quantitatifs et qualitatifs visant à intégrer les aspects environnementaux, économiques et sociaux.
Ces outils visent plutôt à certifier et classer les bâtiments, car ils s’assignent des points et des crédits
aux critères (Berardi, 2012). On peut donner l’exemple de la certification LEED (leadership in
energy and environementel desgin) qui est la plus populaire en Amérique du Nord et la certification
8
Maison passive qui est populaire dans les pays nordiques. La première regroupe des critères dans
8 domaines d’interventions : innovation et processus de conception, emplacement, aménagement
du site, gestion de l’eau, énergie et atmosphère, matériau et ressource, qualité de l’environnement
et sensibilisation (CBDCa, 2016). Alors que la deuxième certification se limite à deux groupes de
critères le confort et la performance énergétique. La performance énergétique est considérée en
termes d’enveloppe opaque pour l’isolation, des composantes transparentes pour maximiser la
source thermique solaire et des équipements de ventilation, chauffage et des systèmes de
récupération de chaleur (Passive House Institute, 2015). Bien que les certifications aient joué un
rôle dans la diffusion du concept de bâtiment durable auprès de l’industrie, leur application se
limite souvent à des critères qualitatifs. Ces derniers favorisent les interventions rapportant le plus
grand nombre de crédits à plus petit coût plutôt que des interventions axées sur l’amélioration
environnementale du bâtiment (Sylvain, 2013).
Au-delà des certifications le déploiement des bâtiments durables dans le secteur du bâtiment
conventionnel nécessite des stratégies à différents niveaux. La Société d’habitation du Québec
(SHQ) est un organisme gouvernemental de financement du logement social, qui joue aussi un rôle
important dans l’identification des besoins, des objectifs et des priorités dans le secteur résidentiel.
Le bâtiment durable constitue depuis quelques années un des axes d’intervention de la SHQ, à cet
effet elle vise la démocratisation des bâtiments durables en soutenant la rénovation et la
construction de logements communautaire en utilisant des méthodes de construction durable (SHQ,
2017). Plus concrètement, c’est à travers des projets pilotes que la SHQ teste des pratiques de
durabilités qui seront par la suite soutenues et promues dans les divers programmes d’habitations.
Dans le cas de cette maitrise nous allons nous pencher sur le projet K présenté la section suivante.
Tout d’abord il faut noter que le projet de démonstration nommé « projet K » s’inscrit dans une
stratégie plus globale de la SHQ visant à promouvoir l’utilisation des bois lamellés croisés en bois
communément appelé Cross Laminated Timber (CLT). Cette stratégie s’inscrit à son tour dans la
politique gouvernementale d’utilisation du bois dans la construction au Québec dont l’objectif est
de soutenir l’industrie de transformation du bois. Cette industrie vit une crise ayant des impacts
sociaux et économiques notamment au niveau des emplois. Cette stratégie est aussi motivée par le
9
caractère environnemental du bois comparé à d’autres matériaux de construction tels que béton et
l’acier qui consomment respectivement 26% et 34% de plus en énergie et émettent 57% et 81% de
plus de gaz à effet de serre (Ressources Naturelles Québec, 2013). Ceci est confirmé par un certain
nombre d’études tel que Wang (2014); Werner and Richter (2007). Il faut toutefois noter que le
caractère environnemental du bois comme matériau de construction est conditionnel à un mode de
foresterie durable qui respecte la capacité régénératrice des forêts, car son plus grand impact
environnemental a lieu durant la période de croissance (Espinoza, Buehlmann, & Smith, 2012).
Effectivement, bien que le bois représente un réservoir à carbone qui provient d’une source
renouvelable, le rythme de croissance pour l’exploitation doit respecter le rythme biologique de
régénération des forets. Plus de 90% des logements sociaux financés par la SHQ sont déjà construit
en charpente légère de bois, alors que l’utilisation des panneaux en bois lamellés croisés (CLT) est
une pratique européenne assez récente au Québec. Les CLT sont des panneaux massifs en bois
d’ingénierie composé de plusieurs couches de bois (de 3 à 9) croisés perpendiculairement les unes
par rapport aux autres, ce qui leur confère stabilité, rigidité et résistance. De plus, utilisés
verticalement ces panneaux jouent le rôle de structure et de murs porteurs ce qui les rend
polyvalents (Cecobois, 2014).
La section suivante 2.5 présentera les méthodes d’évaluation qui soutiennent la prise de
décision dans le secteur du bâtiment durable. Puisque la définition du bâtiment durable ne se limite
pas à l’aspect environnemental, les méthodes d’évaluations abordées dans cette étude touchent
10
aussi les méthodes d’Analyse du coût du cycle de vie et des méthodes d’intégration telles que l’éco-
efficience et la monétarisation qui seront appliquées à l’étude de cas.
Historique
L’approche cycle de vie est souvent assimilée à l’analyse environnementale du cycle de vie
(AeCV), le premier outil de la famille ACV développé pour l’évaluation des impacts
environnementaux d’un produit ou d’un service tout au long de son cycle de vie (Guinée, 2010;
Huppes & Ishikawa, 2005; Kloepffer, 2008). La première ACV a été réalisé en 1969 par le Midwest
Research Institue (MRI) pour l’évaluation comparative du profil environnemental et des ressources
par l’analyse systémique du berceau au tombeau de la chaine de production des canettes de Coca
Cola (Guinée, 2010). Il s’en est suivi plusieurs études similaires par le MRI durant la période de
conception de l’ACV entre 1970 et 1990. Cette période fut marquée par la publication d’un premier
rapport détaillant de façon cohérente les besoins en termes de collecte de donnée pour la réalisation
d’une ACV et par l’élaboration d’une première méthode d’étude d’impact, mais sans réel consensus
scientifique sur la démarche méthodologique (Guinée, 2010). Au niveau opérationnel, ce vide
permet aux entreprises de faire une libre interprétation des méthodes et une utilisation stratégique
de l’ACV à des fins de markéting.
La divergence cacophonique de cette première période laisse place à partir des années 1990
jusqu’aux années 2000 à une ère de convergence et de normalisation des pratiques. La SETAC et
l’International Standard Organisation (ISO) y coordonnent et stimulent la collaboration des
chercheurs et des praticiens pour l’élaboration de la première norme ISO 14040/44 sur le cadre
méthodologique général de l’ACV. C’est aussi à ce moment que l’ACV commence à être utilisé
dans les politiques et les législations européennes et japonaise (Guinée, 2010). C’est aussi à
compter de cette période que l’ACV a commencé à être de plus en plus utilisée dans le monde de
la construction (Ortiz, 2009) pour devenir une méthode pertinente et objective pour l’évaluation
environnementale des bâtiments (Buyle, 2013; Singh, 2010).
& Samson, 2010) et la naissance du projet CALCAS (Co-ordination Action for innovation in Life
Cycle Analysis for Sustainability). Le projet CALCAS vise à offrir un cadre d’analyse intégrant
trois échelles d’analyse (micro, méso et macro) et les trois piliers du développement durable
(environnemental, économique, et social) dans le but d’intégrer des modèles plus complexes
capable d’appréhender les effets rebond (A Zamagni et al., 2009). Concrètement l’AeCV est
organisé en 4 étapes, objectifs et champs d’étude, l’analyse d’inventaire, l’étude d’impact et
finalement l’interprétation. Ces étapes sont résumées à partir du livre de Jolliet, Saadé, and Crettaz
(2010)
cette étape comprend le choix de l’unité fonctionnelle (UF) soit l’unité de mesure à laquelle se
rapporte les flux de références qui sont les quantités de matière nécessaires pour couvrir la fonction
du produit ou du service évalué (Hauschild & Huijbregts, 2015). Cette approche par unité
fonctionnelle permet de comparer les produits sur une même base de service rendu (Klöpffer,
2003). Une fois l’UF et les flux de référence définis, c’est le système à l’étude qui est définie à
cette étape en identifiant les processus à considérer. Ces processus sont regroupés selon les étapes
du cycle de vie en général l’approvisionnement qui comprend la fabrication et le transport des
matériaux, la production, l’utilisation et la fin de vie du produit.
L’inventaire comptabilise et répertorie l’ensemble des flux économiques composés des matières et
de l’énergie entrante et sortante des processus, et des flux élémentaires composés des matières
premières, déchets et émissions dans l’écosphère. Il existe deux approches d’inventaires l’approche
input-output et l’approche par processus. La première est basée sur la multiplication des coûts
ramenés à l’UF par des facteurs d’émission par dollar dépensé. La deuxième approche est la plus
utilisée et elle consiste en la multiplication des flux de référence comptabilisés par processus et
ramenés à l’UF par des facteurs d’émission ou d’extraction. Il faut noter que les inventaires sont
statiques car les facteurs d’émission ne prennent pas en compte le temps de diffusion des émissions,
c.-à-d., que l’ensemble des émissions d’une même substance sont additionnés sans considération
pour le moment de leur émission. Ceci constitue une limite notamment dans le cas du stockage du
carbone et de l’incohérence entre le cadre temporel de l’inventaire et celui de la caractérisation de
13
l’impact (l’horizon temporel généralement adopté pour quantifier l’impact sur les changements
climatiques étant de 100 ans). Pour palier à cela, il est existe des ACV dynamiques basé sur un
inventaire dynamique dont les facteurs d’émission prennent en compte le temps.
Cette étape vise à convertir un inventaire en impact environnemental en utilisant des chaines de
cause à effet et en multipliant l’inventaire par des facteurs de caractérisation. On distingue dans la
littérature deux types d’études d’impact celles orientées problème midpoint et celles orienté
dommage endpoint. La première approche vise à regrouper les émissions en impacts intermédiaires
selon leur effet sur des enjeux environnementaux tel que l’acidification, l’eutrophisation, la
toxicité, etc. Mais il faut noter que les indicateurs midpoint quant à eux ne prennent pas en compte
certains mécanismes environnementaux, ce qui ne permet pas d’avoir des résultats proportionnels
aux conséquences sur les airs de protection. La deuxième approche quant à elle pousse les chaines
de cause à effet des problématiques environnementales jusqu’aux dommages touchant 4 aires de
protection soit la santé humaine, les ressources, la qualité des écosystèmes et les réchauffements
climatiques. Bien que cette approche illustre plus concrètement les impacts notamment pour les
preneurs de décisions non familiers avec les la complexité des mécanismes environnementaux,
l’incertitude liée à la modélisation de ces mécanismes le long des chaines de cause et à effet est
plus élevée. De même que l’agrégation de ces catégories dommages en un seul indicateur final
facilite encore plus l’interprétation ; mais la pondération nécessaire à cet exercice qui est basée sur
des choix subjectifs. Ceci explique pourquoi la norme ISO 14 040 interdit l’agrégation des
indicateurs dans le contexte d’une AeCV destinée à la divulgation publique.
Étape 4 : Interprétation
Premièrement cette étape sert à interpréter les résultats notamment grâce à des analyses de
contributions qui permettent de faire ressortir les points chauds environnementaux. Deuxièmement,
elle permet d’identifier les limites de l’étude en utilisant l’analyse de la qualité des données, des
analyses de sensibilité et d’incertitudes. Troisièmement, l’interprétation vise à tirer des conclusions
à la lumière des points chauds et des limites.
14
La revue de Cabeza (2014) sur l’AeCV dans le secteur du bâtiment dresse un portrait assez récent
de l’évolution et de l’utilisation de cet outil. L’article dénote que la majorité des études répertoriées
ont porté sur des bâtiments modèles, conçus pour être plus durables et moins énergivores, comme
c’est le cas dans ce projet d’étude. Cette section présente dans un premier temps les outils
d’analyses de l’AeCV du bâtiment suivi des pratiques méthodologiques recensés par les revues de
Cabeza (2014) et Petroche et al. (2015), dans le but de dresser un portrait non exhaustif approches
existantes. Pour conclure, la méthode et les résultats de l’AeCV menée par le CIRAIG dans le cadre
du « projet K » sont présentés.
Il existe bon nombre d’outils logiciels pour la quantification de l’impact environnementale des
bâtiments tout au long du cycle de vie soit une vingtaine selon Cabeza (2014). En se basant sur leur
utilisation, on peut distinguer deux types d’outils.
1. Les outils génériques tel que SimaPro et GaBi, ces outils nécessitent l’utilisation d’une base
de données, qui peut être choisie par l’utilisateur. Cependant ce dernier, dois modéliser lui-
même tout les processus des étapes du cycle de vie, ce qui rend la modélisation plus longue
et exigeante en quantité de données. Ceci est compensé par une plus grande précision des
résultats.
2. Les outils spécifiques aux bâtiments qui intègrent une base de données et des processus en
lien avec le cycle de vie du bâtiment, tel qu’Athena et EQUER. Ils peuvent utiliser une
approche ascendante (bottum-up), c.-à-d. que la modélisation des processus y commence
par la sélection des matériaux jusqu'au design final. Il y a aussi l’approche orientée design,
cette dernière commence la modélisation par la sélection du design et des caractéristiques
d’assemblage qui vont influencer la modélisation des matériaux. Cette dernière a l’avantage
de consommer moins de données intrants, puisqu’il y’a déjà des modèles simplifiés
disponible ce qui permet de faire des AeCV prospectives lors des étapes préliminaires de
conception. Cependant, cette approche manque de transparence quant aux données
d’arrière-plan utilisées dans les modèles simplifiés, que les auteurs nomment la boite noire
(Al-Ghamdi & Bilec, 2017).
15
Tel que mentionné ci-haut, la SHQ a mandaté le CIRAIG (Centre international de référence sur le
cycle de vie des produits, procédés et services) pour une analyse environnementale du cycle de vie
visant la comparaison des deux bâtiments du projet K, le scénario de base à structure de bois légère
et le scénario du bâtiment à structure CLT. Dans cette section les principaux éléments
méthodologiques et les résultats sont présentés. Pour les détails méthodologiques, il est possible de
consulter l’annexe A. Tous d’abord il faut préciser que l’étude est vouée à un usage interne. Elle a
pour objectif d’améliorer la compréhension des enjeux liés à la construction et l’exploitation de ces
bâtiments, d’identifier les points chauds, et finalement d’identifier les opportunités d’amélioration.
Le cycle de vie complet des bâtiments y est considéré et l’unité fonctionnelle de l’étude est définie
comme suit : « Assurer un espace de vie confortable pour ses habitants, sur la durée de vie utile
du bâtiment de 75 ans, dans un immeuble résidentiel de quatre étages et 20 unités, construit à
Québec en 2014-2015» (CIRAIG, 2015).
Cette étude a privilégié les données primaires issues d’une collecte de donnée provenant des plans
et devis des architectes. Certaines données incomplètes ou manquantes ont été complétées par des
données secondaires provenant principalement de la base de données Ecoivent 3.1 contenant des
jeux de données adaptés au contexte québécois. Ces données, qui concernent par exemple les
productions de bois, d’eau potable, de ciment ou des panneaux en bois. Cette base de données
européenne est utilisée, car elle est reconnue pour sa complétude et sa qualité (Weidema et al.,
2013). Pour l’évaluation des impacts c’est la méthode IMPACT 2002+ version 2.15 qui a été
retenue, car elle intègre les catégories d’impacts Eutrophisation aquatique et Acidifications
aquatiques à la catégorie de la Qualité des écosystèmes. Donc le profil environnemental des
16
bâtiments est exprimé en quatre indicateurs : les ressources, les changements climatiques, la qualité
des écosystèmes et la santé humaine.
Les résultats de l’étude révèlent une similarité des scores environnementaux des deux bâtiments
avec un écart maximal de 3%. Cet écart est attribué à la domination de l’étape d’utilisation qui est
presque identique pour les deux bâtiments. La figue 2-1 illustre le sommaire des résultats pour la
comparaison des deux bâtiments, le boc A y fait référence au bâtiment à structure en CLT et le bloc
B au bâtiment à structure légère. Cette étape inclut le chauffage à la biomasse, la consommation
d’eau et le remplacement de certains matériaux. Le processus de chauffage à la biomasse cause le
plus gros impact sur les indicateurs de la qualité des écosystèmes et la santé humaine. Alors que le
remplacement des matériaux contribue surtout aux indicateurs des changements climatiques et
d’épuisement des ressources. La fabrication des matériaux est le deuxième contributeur à l’impact
du cycle de vie, c’est aussi l’étape affichant la plus grande différence entre les deux scénarios
notamment au niveau de l’impact sur la qualité des écosystèmes. Cette catégorie est dominée par
l’utilisation des terres, donc la différence est causée par la différence du volume de bois entre les
bâtiments. Cependant, les auteurs de l’étude précisent que le facteur de caractérisation pour
l’utilisation des terres lors de la croissance du bois est générique et non spécifique au contexte
québécois. Donc, cette différence au niveau de la qualité des écosystèmes est à prendre avec
précaution. Pour le reste des matériaux les profils environnementaux sont similaires pour les deux
scénarios, sauf pour l’isolation qui est plus élevée dans le scénario de structure légère comparée à
la structure CLT afin d’assurer une même performance thermique pour les deux alternatives.
Cependant cette augmentation ne compense pas la plus faible quantité de bois nécessaire pour le
scénario de base. Finalement, les étapes de construction et de fin de vie représentent une très faible
contribution aux impacts du cycle de vie respectivement moins de 5% et moins de 1%.
Cette étude conclut que les différences entre les profils environnementaux des deux bâtiments ne
sont pas suffisantes pour départager les deux options. Cependant, elle énonce des recommandations
pour améliorer la performance environnementale de ces bâtiments. Notamment, l’utilisation des
matériaux plus performants au niveau environnemental et au niveau de la durabilité dans le temps
afin de réduire les impacts de l’étape d’approvisionnement et de remplacement. Pour ce qui est de
la consommation énergétique, l’étude suggère l’utilisation d’équipement à haute performance
énergétique et de sensibiliser les locataires.
17
Figure 2-1 Principaux résultats des profils environnementaux des deux bâtiments issus de l'étude
du CIRAIG
18
L’AcCV est à l’origine une méthode comptable d’aide à la prise de décision établie depuis 1933
(Sherif & Kolarik, 1981). Elle est utilisée pour la première fois par le département d’État des États-
Unis pour l’achat de tracteurs dans un premier temps, puis d’équipements militaires, de bâtiments
et d’infrastructures institutionnelles dès les années 70. Il faut dire que les notions de coût
d’acquisition, de maintenance et de disposition étaient déjà bien ancrées dans le domaine public
notamment pour les achats mobilisant un grand investissement (Hunkeler & Rebitzer, 2008). C’est
à la moitié des années 70 que l’AcCV voit le jour en Europe, toujours dans le secteur public,
principalement dans l’acquisition de bâtiments publics, dans le secteur énergétique, aéronautique
et militaire (Sherif & Kolarik, 1981). Au niveau épistémologique le terme coût du cycle de vie fait
aussi référence au coût total d’acquisition « total cost of ownership » et au coût d’usage « cost in
use ». Donc, il est important de distinguer l’AcCV conventionnelle, qui prend son origine dans la
pratique comptable, des deux autres types d’AcCV qui s’inscrivent dans la démarche cycle de vie
qui vise une opérationnalisation du développement durable des produits et services. C’est vers 2003
que la SETAC propose cette catégorisation, détaillée ci-dessous.
L’AcCV conventionnelle
Bien que cette méthode comptable soit à l’origine de l’AcCV environnementale, l’AcCV
conventionnelle se distingue clairement de cette dernière, car elle se limite aux coûts
d’investissement. Son principal objectif est de classifier les différentes options d’investissement
(Gluch & Baumann, 2004). Le fait que cette approche exclut les coûts de démolition ou de
recyclage peut amener à de mauvaises décisions d’investissement, car elle exclut des coûts futurs
tels que la maintenance (Hamner & Stinson, 1995; Kite, 1995). Afin de palier à cette problématique
Abraham and Dickinson (1998) suggèrent l’inclusion des ces coûts (Gluch & Baumann, 2004).
Cependant, l’AcCV conventionnelle ne considère que les coûts assumés par un seul acteur, alors
que, comme la figure 2-1 l’illustre bien, les coûts d’un produit sont assumés par plusieurs acteurs
à différentes étapes du cycle de vie.
19
Figure 2-2 Illustration des trois types d'AcCV adaptés de Hunkeler (2008)
Bien qu’il n’existe pas de méthode standardisée pour les AcCV conventionnelles des produits, il
existe la norme ISO 15 6868-5 (ISO) ainsi que le standard européen CENT/TC350 dans le secteur
du bâtiment. Cette standardisation encadre l’utilisation de l’AcCV conventionnelle pour des
bâtiments institutionnels surtout pour l’estimation du coût de possession (Kshirsagar, El-Gafy, &
Abdelhamid, 2010). Il faut dire que dans ce secteur on parle surtout de coût total de possession
« total cost of ownership », ce qui exclut les coûts de planification et de construction (Schade
(2007).
L’AcCV environnementale
Hunkeler (2008) définit l’AcCV environnementale comme le pendant économique de l’ACV, cette
approche a pour objectif ultime de faire partie de l’évaluation de la durabilité du cycle de vie et ce
en l’intégrant à l’AeCV et à l’AsCV (Klöpffer & Ciroth, 2011). Tel qu’illustré dans la figure 2-1
l’AcCV environnementale couvre les coûts engendrés tout au long du cycle de vie et assumés par
un ou plusieurs acteurs. Swarr et al. (2011) dresse un cadre méthodologique dans lequel il propose
de structurer l’AcCV environnementale selon les quatres phases de l’AeCV dictées par ISO 14 040
(Hunkeler & Rebitzer, 2008; Standard, 2006).
20
Ainsi les objectifs et le champ d’études, ainsi que l’unité fonctionnelle sont les mêmes pour l’AeCV
et l’AcCV . Cependant, les frontières du système doivent être équivalentes, c’est-à-dire avec une
certaine flexibilité dans la définition et sans porter préjudice à la cohérence entre les deux analyses.
Car les critères d’exclusion diffèrent entre l’AcCV et l’AeCV, un bon exemple c’est les coûts de
recherche et de développement dans les entreprises. Ces coûts bien qu’ils soient non négligeables
du point de vue de l’AcCV, sont négligés dans l’AeCV sans forcément nuire à la cohérence entre
les deux méthodes. Cependant, Heijungs, Settanni, and Guinée (2013) révèlent la limite de cette
pratique qui crée un double comptage au niveau de l’AcCV. Car si l’on considère les mêmes
processus que l’AeCV notamment les processus en amont par exemple, leur coût sera inclut dans
les coûts des processus en aval. Les auteurs donnent l’exemple du coût d’extraction du fer, qui au
final est inclus dans le coût de la voiture. En d’autres mots les coûts d’un acteur représentent les
revenus de l’autre, ce qui constitue un double comptage lors de l’agrégation de l’ensemble des
coûts assumés par plusieurs acteurs. Les auteurs proposent une structure de calcul matriciel de
l’inventaire économique basée sur la structure d’inventaire de l’AeCV. Dans leur cadre conceptuel
Rebitzer, Hunkeler, and Jolliet (2003) précisent que la nature comparative de l’AcCV
environnementale et son utilisation conjointe ne visent pas à remplacer les outils d’analyse
financière, mais elle est plutôt un des outils d’une stratégie plus large de Gestion du cycle de vie,
son objectif premier étant d’identifier les situations d’amélioration gagnante pour les coûts et
l’environnement, ce qui n’est pas entravé par le double comptage. À son tour les auteurs Hunkeler
and Rebitzer (2008) affirment que bien que le double comptage doit être minimisé, notamment par
l’internalisation de certains coûts assumés par plusieurs acteurs, on ne peut complètement l’éviter.
Pour ce qui est l’inventaire économique, tout comme l’inventaire de l’AeCV la collecte de données
dépend des mêmes enjeux d’accessibilité et de qualité. Cepedant, l’expression des coûts en une
seule unité monétaire rend son analyse plus simple (Swarr et al., 2011). Une différence de taille
subsiste la nature dynamique de l’inventaire économique par rapport à l’inventaire
environnemental traditionnel. En effet, la valeur monétaire n’étant pas la même dans le temps, il
est nécessaire d’actualiser les coûts futurs surtout pour les projets à longs et moyens termes. Il faut
dire que le choix d’un taux d’actualisation dépend du contexte et de l’objectif de l’étude (Hunkeler
& Rebitzer, 2008).
21
L’actualisation est un concept économique largement ancré dans les pratiques financières et
comptables, qui stipule que plus le délai d’un gain futur est grand, plus sa valeur présente est
moindre (Green, Myerson, & Mcfadden, 1997). En d’autres termes plus un taux d’actualisation est
bas plus il favorise le gain futur et plus il est élevé plus il favorise le gain présent. Il faut dire que
cette notion soulève les passions parmi des chercheurs en développement durable pour qui la notion
des générations futures est importante, car elle est à la base même du concept de développement
durable. Cette discussion est très pertinente dans le cas d’outils visant à convertir les impacts futurs
en coût ou, comme dans le cas de l’AeCV, visant à intégrer la notion de coût avec celle d’impact
environnemtal. Dans le contexte de cette étude, qui s’inscrit dans un cadre public, la valeur du taux
d’actualisation est donc un enjeu. Le débat entourant le choix du taux d’actualisation dans le secteur
public ne date pas d’hier. Il est apparu pour la première fois dans l’article de Krutilla and Eckstein
(1958) portant sur les politiques de gestion de l’eau. Dans les années 60 et 70 les gouvernements
occidentaux se questionnent de plus en plus sur le sujet, notamment aux États Unis sous la
présidence de Nixon (Gollier, 2012). En 1972, l’office fédéral américiain du management et du
budget initia une première standardisation du taux d’actualisation utilisé dans les agences fédérales
en le fixant à 10% (Henderson & Bateman, 1995), puis en 1992 il le baissa à 7%, pour finalement
le fixer à 3% en 2003 (Gollier, 2012). Il faut dire que la détermination d’un taux d’actualisation
optimal dans la perspective du bien commun est une problématique non résolue à ce jour. Des
auteurs tels que Schubert (2004), Gollier (2012) et Arrow (2013) traitent de la question en détail
sans arriver à un consensus. Dans le cadre de cette étude, on retient le caractère subjectif du taux
d’actualisation et donc la nécessité d’effectuer des analyses de sensibilité à l’étape d’interprétation
des résultats de l’AcCV environnemtale, tel que suggéré par Hunkeler and Rebitzer (2008).
L’AcCV sociétale
Tout d’abord, il faut apporter ici une précision quand au sens du terme « coût sociétal ». Dans le
cadre de cette étude cela désigne les externalités environnementales et sociales exprimées en terme
monétaire et assumés par l’ensemble des acteurs de la société telle que définit par Hunkeler and
Rebitzer (2008), et non pas les impacts sociaux qui sont normalement couverts par l’analyse sociale
du cycle de vie (AsCV). Les impacts sociaux ont un sens beaucoup plus large et ne peuvent pas
toujours être captés par une évaluation monétaire (Alessandra Zamagni, Amerighi, & Buttol, 2011).
Si l’on prend l’exemple de la catégorie d’impact social « travail des enfants ». Celle-ci exprime
22
l’impact réel ou potentiel de la chaine de production de matériaux sur cette catégorie de partie
prenante. Cet impact est estimé en évaluant le contexte socioéconomique et politique de la région
où a lieu l’extraction de la matière première nécessaire à la production de ces matériaux.
L’expression de cette évaluation peut être quantitative (statistiques officielles sur le travail des
enfants dans la région) et/ou qualitative (analyse sociale du contexte), elle peut aussi se baser sur
un audit des conditions de travail sur le terrain. Dans le cadre du coût social, la main d’œuvre
enfantine représenterait une externalité sociale, puisque le producteur profite du faible coût de cette
dernière. Le coût social assumé par la société concernée peut être évalué par exemple en coût
d’opportunité de l’alphabétisation et de la scolarisation des enfants.
Hunkeler and Rebitzer (2008) définissent l’AcCV sociétale comme une évaluation complète des
coûts d’un produit, incluant non seulement les coûts directs et indirects exprimés en flux monétaires
réels, mais aussi les externalités sociales et environnementales. Les externalités sont définies
comme une utilité ou une nuisance qui échappe au marché pour laquelle aucune compensation n’est
offerte (soit une défaillance du marché) (Cornes & Sandler, 1996; Stiglitz, 2000). L’internalisation
de ces externalités nécessite une méthode de monétarisation. Ce point sera détaillé ultérieurement
sans la revue de littérature.
L’AcCV sociétale s’inspire de l’analyse coût avantage (ACA) dans sa façon de prendre en
considération les coûts sociaux. L’ACA est une méthode établie depuis les années 50 dans les
gouvernements pour l’évaluation des projets et politiques de grande envergure tels que les
infrastructures publiques en comparant tous les coûts et les bénéfices estimés (Dasgupta, 1974;
DW Pearce, 1983). La limite de cette méthode est l’inexactitude des estimations, notamment des
bénéfices et des coûts, et le fait que cette analyse n’englobe pas l’ensemble du cycle de vie
(Flyvbjerg, Skamris Holm, & Buhl, 2005). L’AcCV sociétale est encore à une étape embryonnaire
de développement : il n’existe pas de cadre méthodologique ni de réelle application à des cas
d’études dans la littérature. Ceci est notamment dû à la multitude d’externalités possibles, alors que
la monétarisation n’est possible que pour certaines externalités identifiées. De plus il y a un enjeu
important lié de substitution entre les piliers du développement durable en cas d’agrégation en un
seul indicateur (Ackerman & Heinzerling, 2004), à cet égard Hunkeler and Rebitzer (2008)
recommande de garder les résultats désagrégés. Un autre enjeu de taille est celui de la
monétarisation des coûts environnementaux : tel que mentionné plus tôt, le choix d’un taux
23
d’actualisation est sensible et reflète une prise de position philosophique quant à la valeur du temps
et des générations futures. Deux positions illustrent parfaitement ce propos dans le cadre du
réchauffement climatique. Premièrement, celle de Nordhaus (2008) qui applique un taux
d’actualisation de 5% pour la projection futur des coûts liées aux impacts d’une tonne de CO 2 de
plus émise aujourd’hui. Il en résulte une valeur actuelle de 8$ la tonne de CO2, autrement dit toutes
les mesures de mitigation environnementale nécessitant plus de 8$ par tonnes de CO2 sont
considérées non nécessaires. Deuxième approche celle de Stern (2007) qui applique un taux
d’actualisation de 1,4% avec lequel il obtient une valeur actuelle des dommages futurs d’une tonne
de CO2 à 85$, ce qui rend de nombreux investissements présents dans les technologies vertes et
dans les mesures de mitigations désirables socialement et individuellement (Gollier, 2012).
2.5.1.3 La monétarisation
La monétarisation est un processus de valorisation des externalités. Tout d’abord, Schumpeter
(1978) définit la valeur comme la relation d’équivalence subjective entre l’utilité et la rareté. La
rareté est perçue via la valeur d’échange du marché influencé par l’offre et la demande, tandis que
la valeur d’utilité est plus complexe à quantifier (Farber, Costanza, & Wilson, 2002; Galiani, 1955;
Schumpeter, 1978). Lancaster (1971) propose une approche basée sur l’analyse des demandes de
consommateur pour quantifier la valeur d’utilité, qui fut à la base de la théorie d’utilité multi-
attributs qui compte en son sein la méthode du willingness to pay (WTP) (Farber et al., 2002).
Cette théorie stipule que chaque produit possède un ensemble d’attributs qui influencent les
décisions d’allocation de budget chez les consommateurs. Ainsi la méthode WTP s’appuie sur le
montant maximal que les individus sont prêts à payer pour un service éco-systémique (Mateo,
2012; Torrance, Furlong, Feeny, & Boyle, 1995).
R. Costanza et al. (1997) définit les services éco-systémiques comme les bénéfices résultant de la
fonction naturelle des écosystèmes (Boyd & Banzhaf, 2007). Dupras and Revéret (2015)
définissent la valeur économique totale de la nature comme l’ensemble de ces bénéfices. Elle
regroupe deux types de valeur celles d’usage et celles de non-usage (figure 2-3).
24
M. Pizzol, Weidema, Brandão, and Osset (2015) ont effectué une revue des méthodes de
monétarisation dans le but d’évaluer 8 méthodes selon leur niveau d’incertitude et de compatibilité
avec de l’AeCV (figure 2-4). Un premier groupe de méthode monétise la valeur d’usage en se
basant sur les préférences exprimées définies par les attributs des services éco-systémiques, soit :
le prix du marché, le comportement d’évitement, le coût du transport et le prix hédoniques. Un
deuxième groupe de méthode évalue la valeur de non usage indirectement en se basant sur des
préférences révélées soit l’évaluation contingente, la contrainte budgétaire, l’analyse conjointe et
finalement la réduction des coûts. Ces méthodes ont été comparées à la lumière de leurs forces et
faiblesses, des catégories d’impacts AeCV qu’elles traitent et de leur domaine d’application en
AeCV. Ainsi selon les auteurs les méthodes des préférences révélées sont très dépendantes du
contexte spatial et temporel (Broadman et al. 2008), ce qui leur confère un plus grand potentiel de
biais. Cependant, elles ont l’avantage d’offrir un niveau d’abstraction plus accessible que les
méthodes de préférences exprimées. Mais ces dernières sont plus génériques et peuvent être
appliquées à divers contextes.
Bien que toutes ces méthodes révèlent des lacunes et des incertitudes, seuls les méthodes
statistiques telles que l’évaluation contingente, l’analyse conjointe et les prix hédoniques
permettent une analyse quantitative de l’incertitude (M. a. Pizzol, 2015). L’analyse contingente est
25
la plus utilisée, elle consiste en une analyse statistique des données d’enquêtes visant à identifier
la valeur attribuée aux biens est services non marchant basée sur des préférences exprimées. De
façon plus générale, cette méthode se base sur la variation de la perception d’un individu avant et
après un changement pour déterminer la valeur monétaire d’une amélioration ou d’une
détérioration (Dupras & Revéret, 2015). Contrairement à l’analyse contingente cette méthode se
base sur plusieurs attributs ou options dont les combinaisons sont réalisées par des logiciels afin
d’éviter que les options ne soient corrélées. Finalement la méthode des prix hédoniques quant à
elle se base sur des préférences révélées. Cette méthode estime la variation de la qualité d’un bien
ou un service non marchand pouvant affecter le prix du marché (Dupras & Revéret, 2015).
En termes de compatibilité avec l’AeCV, les auteurs observent une variabilité au sein de ces
méthodes. Ainsi, certaines méthodes affichent une faible compatibilité. Par exemple, la méthode
des coûts de transport, qui mesure la valeur marginale d’un site en fonction des frais de transport
des usagés. Cette méthode se caractérise par une grande spécificité et une dépendance au contexte,
ce qui donne un biais de sélection. Autrement dit, le déplacement des usagers vers un site dépend
plus de sa proximité que de sa valeur. Il est donc impossible d’extrapoler ses résultats à un ensemble
plus large de la population. (Boardman & Boardman, 2008; M. a. Pizzol, 2015)
La méthode d’analyse conjointe s’avère être la plus compatible avec l’AeCV, car elle prend
explicitement en compte les compromis entre les multiples attributs d’une catégorie d’impact. Ceci
constitue un avantage notamment dans le cas d’impacts complexes tels que le bienêtre composé de
plusieurs attributs tel que la santé, le statut social, etc. (M. Pizzol et al., 2015). Itsubo and Inaba
(2012) utilisent cette méthode dans la pondération des catégories dommages de la méthode
d’impact LIME 1 et 2. Il est intéressant de noter que cette approche s’ancre dans la théorie d’utilité
multi attributs cités ci-haut (Mateo, 2012), ce qui représente un avantage dans la mesure des
compromis entre les attributs de l’utilité, mais un inconvénient au niveau de la complexité des
questionnaires et du biais lié à la variabilité dans les contraintes budgétaires des répondants.
(Boardman & Boardman, 2008; Nijkamp, Vindigni, & Nunes, 2008; D Pearce et al., 2002; M. a.
Pizzol, 2015).
Une autre approche qui a retenu l’attention des auteurs en terme de compatibilité c’est la méthode
de la contrainte budgétaire. Cette dernière contourne l’incertitude liée à la variabilité des moyens
monétaires des répondants en évaluant une contrainte budgétaire sur la base du PIB potentiel par
26
habitant. Il faut noter qu’elle ne se base pas sur la volonté exprimée du WTP, mais plutôt sur le
principe d’équilibre budgétaire. Sa principale source d’incertitude est dans le calcul du PIB
potentiel par habitant (M. a. Pizzol, 2015; Weidema, 2009). Son application en AeCV se limite à
l’évaluation de la valeur marginale d’une année de vie pondérée par la qualité (Quality Adujsted
life Year, QALY), dans la méthode Stepwise 2006 de Weidema et al. Cette dernière approche est
celle qui obtient le meilleur score dans l’analyse comparative de M. a. Pizzol (2015).
Plus concrètement Weidema donne une valeur monétaire à chacun des indicateurs de dommage
soit la santé humaine, la qualité des écosystèmes et les ressources en utilisant le concept de bienêtre
exprimé en QALY. Autrement dit, le revenu moyen annuel à plein potentiel de bien être équivaut
à la valeur d’un QALY. Tout d’abord, l’indicateur QALY est utilisé depuis les années 70 pour
l’évaluation des interventions en santé publique. Il est calculé en corrigeant l’espérance de vie avec
le nombre d’années à plein potentiel de qualité de vie (Sassi, 2006). Il faut noter qu’il a été
développé dans le même cadre conceptuel que le DALY (figure 2-5). Cependant, ce dernier diffère
du QALY, car il mesure l’impact des maladies (disease burden) en évaluant le nombre cumulatif
d’années perdues suite à une la maladie, un handicape ou une mort prématurée (figure 2-5). Donc,
le premier indicateur mesure un état positif en année gagnée en bonne santé, alors que le deuxième
mesure un état négatif en année perdue à cause d’une faible qualité de vie (Sassi, 2006).
27
Adapté de The Institute of Applied Health Sciences, University of Aberdeen, page visitée le 28/06/17 https://www.abdn.ac.uk
La méthode Stepwise 2006 calcule le revenu moyen idéal à partir du PIB réel par habitant des États
Unis, qui est estimé à 34 000 $US pour l’année 2003. Par la suite, il extrapole la productivité idéale
en multipliant la productivité réelle par un facteur de productivité idéale estimé par l’auteur à 1,87.
Ce facteur prend en compte les pertes de productivités liées au chômage, à la précarité des emplois,
à la santé humaine, aux barrières commerciales et à l’éducation. Appliqué au PIB réel il donne une
productivité annuelle idéale de 74.000 euros (2003), avec une marge d’erreur de 62.000 euros à
84.000 euros. Cette productivité représente 1 QALY soit une année de vie à plein potentiel.
Pour ce qui est de l’indicateur de la qualité des écosystèmes nommé Biodiversity Adjusted Hectare
Year (BAHY), il est exprimé en QALY en proposant une équivalence entre la valeur d’une année
de vie en plein potentiel et la protection de la biodiversité sur un certain nombre d’hectares. Il faut
noter que l’indicateur BAHY correspond à 1 PDF.hectare.an (voir équation 2). Pour créer une
équivalence entre BAHY et QALY les auteurs divisent la valeur approximative du nombre global
d’hectares par année des écosystèmes terrestres estimés à 13x109 hectares par la population
humaine mondiale estimée à 6,2x109 habitants, ce qui donne un ratio de 2.1 BAHY pour 1 QALY
(équation 1). Utiliser ce ratio revient à considérer une pondération égale entre la protection de
l’ensemble de l’humanité et la protection de l’ensemble des espèces de la planète.
28
𝑁𝐵 ℎ𝑎/𝑎𝑛𝑛é𝑒 𝐵𝐴𝐻𝑌
Équation (1) 𝑅 = = = 2,1
𝑃 𝑄𝐴𝐿𝑌
Cependant, pour s’adapter à la perspective anthropocentriste dominante les auteurs ajustent ce ratio
à l’objectif de conservations de la biodiversité de 10% ratifiée lors de la convention sur la diversité
biologique. Comparé à l’objectif de conservation de la vie humaine de 100%, ceci donne un facteur
d’ajustement de 10. Il en résulte une relation de 21 BAHY pour 1 QALY. Un QALY étant égal à
74.000 euros, 1 BAHY est donc égal à 3500 euros.
Pour ce qui est de l’indicateur dommages des ressources, il est défini en perte de productivité
exprimée en dollars supplémentaires nécessaires à l’extraction future des ressources. Dans cette
démarche Weidema s’inspire du travail de Itsubo, Sakagami, Washida, Kokubu, and Inaba (2004)
qui ont utilisé la méthode d’analyse conjointe dans la pondération des indicateurs dommages de la
méthode d’impact LIME.
La méthode Stepwise 2006 présente deux limites, premièrement les choix arbitraires tels que le
facteur 10 pour la correction du ratio BAHY/QALY ce qui revient à considérer comme acceptable
de faire disparaitre 90% des espèces de la planète pour le maintien d’une humanité intacte, cette
approche anthropocentrique est très discutable, deuxièmement le choix du contexte nord-américain
pour l’estimation d’un revenu idéal, que l’auteur justifie par la première place détenue par les ÉU
en terme de PIB dans le monde. Il faut noter que le choix du PIB comme mesure de bienêtre a été
critiqué par plusieurs scientifiques qui ont remis en question cet indicateur notamment dans le
fameux rapport Stiglitz, Sen, and Fitoussi (2009). Par ailleurs, la méthode ne propose pas de valeur
monétaire pour la catégorie de dommage du réchauffement climatique qui est considérée dans
certaines méthodes d’évaluation des impacts du cycle de vie comme IMPACT 2002+.
Cependant, les facteurs de sévérité proposés par De Schryver, Brakkee, Goedkoop, and Huijbregts
(2009) peuvent être utilisés pour convertir l’impact des changements climatiques en dommage sur
29
la santé humaine et la qualité des écosystèmes. Ces facteurs de sévérité sont estimés à 3,68e-6
DALY/kg CO2eq pour la santé humaine et à 8,05e-1 PDF.m2.yr/kg CO2eq pour la qualité des
écosystèmes. Cette estimation est calculée à partir des facteurs de caractérisations. Le point de
départ est la variation en émission des gaz à effet de serre qui est convertie en variation de
concentration dans l’atmosphère, qui à son tour permet de calculer la variation du forçage radiatif.
Les auteurs ont utilisé le modèle climatique IMAGE 2.2 pour calculer le facteur de sensibilité à la
température, ce qui a permis de traduire la variation du forçage radiatif en variation de température.
Grâce aux études de Ezzati, Lopez, Rodgers, and Murray (2004) et de McMichael, Woodruff, and
Hales (2006) qui ont dérivé les risques du réchauffement climatique relatifs aux enjeux de santé tel
que la malnutrition, la diarrhée, la malaria, les inondations et le stress thermiques de 1990 à 2030.
De Shryver et al. (2009) ont put traduire la variation de température en variation de risque pour la
santé, ce qui leur a permis d’arriver à un facteur de conversion pour le DALY. En ce qui concerne
la qualité des écosystèmes, le facteur calculé relie la variation de la température globale avec la
variation des espèces disparues. Pour ce faire les auteurs se sont basés sur les travaux de Thomas
et al. (2004), qui a calculé les risques d’extinction des espèces liée au changement de température
par région.
2.5.2 Éco-efficience
Tout d’abord il est important de préciser le sens épistémologique d’efficience qui diffère de la
notion d’efficacité. Le premier terme fait référence à l’optimisation des ressources dans la
production d’un bien ou d’un service ; alors que le deuxième terme signifie la mobilisation des
ressources nécessaires à l’atteinte d’un objectif. Donc, l’efficience se mesure par la relation entre
les ressources utilisées et le résultat obtenu, alors que l’efficacité s’évalue simplement par l’atteinte
ou pas d’un objectif cible (Pigé & Cappelletti, 2016).
capacity. » (Stigson, 2000). Ce concept fut popularisé par Schmidheiny (1992) dans son livre
Changing the course, qui en fait la promotion comme une pratique managériale visant à produire
plus en utilisant moins.
Huppes and Ishikawa (2005) dans leur article portant sur les terminologies associées à ce concept
différentient la définition formelle de la définition empirique. Ainsi la définition formelle fait
référence à la définition usuelle donnée par le WBCSD, et la définition empirique fait référence au
ratio entre l’impact environnemental et l’indicateur économique. C’est sur le choix de ces variables
constituantes de l’EE que se concentre leur réflexion. Ils dénombrent quatre types d’éco-efficience.
Premièrement, la productivité environnementale (environmental productivity) qui mesure la valeur
par unité d’impact environnemental. Deuxièmement, l’amélioration des coûts (improvement cost)
qui mesure le coût supplémentaire par unité d’impact environnemental réduit. Dans ces deux
situations, le ratio est exprimé par l’indicateur économique (coût ou valeur) divisé par l’indicateur
environnemental. Troisièmement, l’intensité environnementale (environmental intensity) qui
mesure l’impact environnemental par unité de valeur produite. Quatrièmement, l’efficience du coût
environnemental (environmental cost-effectiveness) qui mesure l’amélioration environnementale
par unité de coût. Ces deux dernières options expriment leur ratio en divisant l’indicateur
environnemental par l’indicateur économique.
Donc, il devient évident que, selon l’objectif et le contexte de l’évaluation de l’éco-efficience, ses
variables diffèrent et la position de l’environnement et de l’économie varie du numérateur au
dénominateur. De plus, selon l’objectif de mesurer l’intensité ou l’amélioration environnementale,
les coûts additionnels ou la création de valeur, cela occasionne un changement dans les signes des
indicateurs, ce qui peut rendre l’interprétation complexe (Mami, 2015). Cette variété d’approches
nécessite donc un cadre d’interprétation précis et cohérent (Huppes & Ishikawa, 2007), ainsi que
l’utilisation d’un même indicateur dans la comparaison des alternatives tel que prescrit par la norme
ISO 14 045.
31
Valeur de production par unité d’impact coût par unité de réduction impact
Économie /
environnemental = productivité environnemental = coût
environnement environnementale d’amélioration environnementale
L’éco-efficience peut s’appliquer au niveau de prise de décision micro et macro. Au niveau micro,
on dénombre trois approches. L’approche incrémentale qui compare les alternatives sur la base leur
valeur économique et leur impact environnemental total. L’approche gagnant-gagnant dont la
comparaison d’alternative, se faire sur la base d’une référence choisie, la limite dans ce cas étant
la performance dépend du choix de la référence qui pourrait ne par être pertinente . Finalement,
l’approche marginale qui est semblable à l’approche précédente, mais qui utilise un facteur de
compromis entre la valeur économique et l’impact environnemental (Huppes & Ishikawa, 2007).
Quantification de l’éco-efficience
Bien que l’application de l’éco-efficience reste contextuelle et qu’il n’existe pas de méthode
universelle, la norme ISO 14 045 émet des lignes directrices pour encadrer sa quantification. Elle
suggère une démarche en 5 étapes : la définition des objectifs et du champ d’étude tel que prescrit
par la norme ISO 14 044 (unité fonctionnelle, frontière du système, choix des indicateurs, de la
méthode d’impact pour l’évaluation environnementale et du système de valeur, les allocations et
l’interprétation), l’évaluation des impacts environnementaux, l’évaluation du système de valeur
économique, la quantification de l’indicateur d’EE et finalement l’interprétation.
L’AeCV est la méthode appropriée pour l’évaluation du volet environnemental. La norme 14 045
propose trois approches soit l’utilisation des résultats d’inventaires, des catégories d’impact, ou
d’indicateur unique. Ce dernier cas est limité pour les décisions internes, et il se révèle être le plus
utilisé au niveau de la littérature. La pondération et la normalisation représentent le principal enjeu
32
dans ce cas, à cet effet la norme suggère la méthode de normalisation de Norris (2001) et les
facteurs de pondération de (Kicherer, 2007); Saling et al. (2002). Norris (2001) regroupe la
normalisation en deux types : interne par rapport au scénario de base et externe par rapport une
référence externe nationale ou régionale.
Kicherer (2007); Saling et al. (2002) utilisent une méthode d’éco-efficience développée pour
BASF, une multinationale spécialisée dans les produits chimiques. Leur méthode de pondération
se fait en deux étapes. Premièrement le facteur social obtenu par un panel d’expert et des sondages
publics. Deuxièmement, le facteur d’importance qui exprime l’importance de chaque impact par
rapport aux impacts totaux à l’échelle nationale. La multiplication des facteurs donne un facteur de
pondération. Dans le cas de Kicherer (2007) la pondération est simplifiée à un seul facteur social
dont la source ne s’est pas précisée. La méthode de pondération de BASF est remise en question
par Dyckhoff, Quandel, and Waletzke (2015) à la lumière de la théorie d’indépendance des
alternatives non pertinentes. Cette dernière stipule que le choix entre deux options ne peut être
influencé par une troisième (Eisenführ, Langer, Weber, Langer, & Weber, 2010).
Une autre approche de pondération celle de Hellweg, Doka, Finnveden, and Hungerbühler (2005)
utilise les méthodes d’impact Éco Indicator 99 et Ecological scarcity pour calculer un score unique.
La première méthode possède trois catégories de dommages (santé humaine, qualité des
écosystèmes et ressources) qui font l’objet d’une pondération externe suivi d’une pondération avec
3 facteurs de pondération exprimant trois perspectives (hiérarchique, individualiste et égalitariste).
La deuxième méthode applique une approche distance par objectif avec un facteur de réduction,
qui se base sur des objectifs définis par les politiques. Rüdenauer, Gensch, Grießhammer, and
Bunke (2005) utilisent eu aussi l’approche de distance par objectif avec un facteur de réduction
corrigé par le temps restant pour l’atteinte de l’objectif.
T. Oka, Ishikawa, Fujii, and Huppes (2005) quant à eux utilisent la méthode « maximum abatement
cost » qui pondère les impacts environnementaux par le coût dépensé ailleurs dans la société pour
la réduction d’une unité d’impact. Cette méthode permet d’avoir un indicateur environnemental
agrégé en unité monétaire. Cependant, les politiques de réductions adressent en général plusieurs
substances ce qui rend difficile l’application de cette méthode (Mami, 2015).
33
Il faut noter qu’il est possible d’éviter la pondération en utilisant directement des catégories
d’impact dommage, tel que suggéré par la norme ISO 14 045. Cette option est très utile notamment
dans l’absence d’objectif de réduction. Woon and Lo (2016) a utilisé l’indicateur dommage santé
humaine (DALY) de la méthode Éco Indicator 99 pour évaluer le volet environnemental pour
mesurer l’éco-efficience d’un système municipal de traitement des déchets solides. Il y aussi la
méthode de monétarisation Stepwise 2006 présentée précédemment qui utilise aussi les dommages
sur la santé humaine pour convertir les impacts en valeur monétaire.
La norme ISO 14 045 laisse un large choix quant la définition de la valeur économique, qui est très
spécifique au contexte de l’étude et à la question posée. Néanmoins, l’AcCV s’avère un outil
optimal pour accompagner l’AeCV dans une perspective de cycle de vie (Hunkeler & Rebitzer,
2008), et elle est très appropriée pour la longue durée de vie des bâtiments. Plusieurs études
intègrent l’AcCV pour quantifier le volet économique et adoptent la différence des coûts entre les
alternatives comme indicateur de valeur (Hellweg et al., 2005; Kicherer, 2007; Michelsen, Fet, &
Dahlsrud, 2006; T. Oka et al., 2005; Woon & Lo, 2016)
Le cadre d’interprétation des indicateurs d’éco-efficience est très important (ISO 14 045), et il
dépend de l’approche et de l’indicateur choisis. Ainsi les indicateurs à score unique sont critiqués
pour leur manque de transparence quant au compromis existant entre l’environnement et les coûts
d’une part, et la complexité d’interpréter les signes de l’indicateur selon qu’on vise à maximiser ou
minimiser le dénominateur ou le numérateur (Mami, 2015). C’est le cas de Hellweg et al. (2005)
qui exprime l’éco efficience sous forme d’un score unique calculé en divisant l’indicateur de
l’amélioration environnementale par le coût additionnel des alternatives par rapport au scénario de
base. La classification des alternatives se fait en fonction du meilleur score environnemental.
BASF contourne la problématique en proposant un portfolio d’éco efficience sous forme d’un
diagramme YX. Les scores uniques d’impact environnemental et de coût une fois normalisés et
pondérés représentent chacun les coordonnées du diagramme XY tel qu’illustré à la figure 2-6. La
normalisation interne (par rapport au scénario de base) explique l’intersection des coordonnées à
1. Il est important de comprendre que dans ce graphique le compromis est de 1 pour 1, il serait
34
représenté par la droite qui passe par l’origine et qui est perpendiculaire à la droite en noir visible
sur la figure 2-6. Tous les scénarios situés sur cette ligne ont la même éco efficience, et tous les
scénarios à droite de cette ligne sont plus éco efficients que les scénarios à gauche. Ainsi le
l’alternative est plus éco efficient que l’alternative . Cette illustration permet une interprétation
plus rapide et plus simple. Cependant il subsiste la limite de la dépendance au scénario de référence
ce qui ne permet pas de situer la performance par rapport à un optimum qui permettrait de relier le
micro au macro.
Afin de répondre à la dépendance aux choix de la référence, Huppes and Ishikawa (2007) propose
un compromis basé sur un ensemble de solutions optimales non dominées dans son approche d’éco
efficience marginale. Celle-ci se base sur le principe de l’optimum de Pareto dans le calcul d’un
ensemble d’alternatives optimales pour lesquelles il n’est pas possible d’augmenter ou de baisser
la performance environnementale sans une augmentation des coûts. Cela s’exprime graphiquement
en une courbe hyperbole qui constitue la frontière des possibilité appelée le front de Pareto sur
laquelle se situent l’ensemble des alternatives optimums possibles (Kuosmanen & Kortelainen,
2005; Quariguasi Frota Neto, Walther, Bloemhof, van Nunen, & Spengler, 2009).
35
Quariguasi Frota Neto et al. (2009) dénombrent trois façons de calculer le front de Pareto illustrées
à la figure 2-7. Premièrement la méthode du ratio unique, ou Single Ratio Methodology, qui se base
sur d’un ratio obtenu par une analyse d’enveloppement de donnée (AED). L’AED est une approche
d’optimisation non paramétrique pour l’évaluation de la performance des entreprises et des
institutions. Dans le ce cas les alternatives servent d’intrant au modèle dans le calcul des
combinaisons possibles pour l’obtention du ratio optimum (Kobayashi, Kobayashi, Hongu, &
Sanehira, 2005; Scholz & Wiek, 2005). Deuxièmement, la méthode de la préférence structurée, ou
Preference Structure Method, qui fait aussi partie des analyses de type AED, elle se distingue de
la première approche par l’utilisation de la pondération pour le calcul des solutions optimales. Plus
concrètement, elle fait varier les pondérations pour explorer les solutions optimales (Krikke,
Bloemhof-Ruwaard, & Van Wassenhove, 2003). Troisièmement, la méthode multi objective,
développée par Quariguasi Frota Neto et al. (2009), cette méthode statistique vise à calculer un
ensemble de solutions optimales basées sur plusieurs critères identifiés par les preneurs de décision.
Figure 2-7 Illustration des trois méthodes de calcul du front de Pareto par Quariguari Frota Neto
et al. (2009)
Ces méthodes de calcul sont populaires dans les secteurs des transports, de l’optimisation des
chaines logistiques et d’approvisionnement, elles nécessitent des logiciels de modélisation de
calcul statistique nécessitant une grande quantité de données.
36
Enjeux méthodologiques
Selon Huppes and Ishikawa (2007) le plus grand défi pour atteindre un développement durable à
l’échelle globale en respectant les limites et objectifs fixés à cette échelle, c’est de relier l’impact
environnemental par unité de valeur crée par des activités à une échelle locale (production,
consommation, gestion des déchets, etc.) à un objectif global ou a une limite environnementale
planétaire. Car toutes les activités humaines ne sont pas forcement polluantes d’une part, et d’autre
part il est des fois difficile de quantifier l’impact ou la valeur ajoutée d’une activité (par exemple
les activités de natures culturelles) alors que d’autres activités sont très polluantes (comme
l’extraction minière par exemple). Ceci rend impossible l’application des mêmes normes et
exigences d’éco efficience sur l’ensemble des activités, donc elles doivent être spécifiques à chaque
activité tout en participant à l’atteinte des objectifs de durabilié globale.
Ils définissent l’éco efficience comme un outil d’analyse pour la durabilité qui indique une relation
empirique entre la valeur d’un produit (utilité, cout ou valeur ajoutée) et l’impact environnemental.
Celle-ci peut être mise en relation avec des considérations normatives, ce qui pose la question
suivante : quel niveau de dégradation environnemental sommes-nous prêts à accepter par unité de
bien-être économique ? Dans le cas d’un scénario ayant un moindre impact environnemental pour
une valeur égale ou supérieure à celle du scénario de base, le choix est facile et une évidence même.
Toutefois, dans le cas d’une option représentant un avantage économique, mais un désavantage
environnemental par rapport au scénario de base, la question précédente du compromis
environnement vs économie prend tout son sens. Il doit y avoir une référence permettant de tracer
la ligne du compromis, ce qui ramène à la problématique de faire le lien entre l’éco efficience à
l’échelle micro et l’atteinte d’une éco efficience globale. Gjalt et Huppes abordent la discussion du
facteur de compromis appelé le facteur X. Dans l’article de Huppes and Ishikawa (2007) ce facteur
est défini comme le nombre d’unités d’amélioration environnementale par unité de produit soit le
𝑁𝑏𝑟𝑒 𝑑′ 𝑢𝑛𝑖𝑡é𝑠 𝑑′ 𝑎𝑚é𝑙𝑖𝑜𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑑′ 𝑢𝑛 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡
𝑓𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑋 = ; donc pour une éco efficience
𝑁𝑏𝑟𝑒 𝑑′ 𝑢𝑛𝑖𝑡é 𝑑′ 𝑎𝑚é𝑙𝑖𝑜𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑒𝑛𝑣𝑖𝑟𝑜𝑛𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑙𝑒
élevée le facteur doit augmenter pour achever un découplement de la production et des impacts
environnementaux. Cependant, un facteur aussi ambitieux que 10 étalé sur 40 ans et qui représente
une amélioration environnementale annuelle de 6% par unité de produit est vite anéanti par une
croissance de la consommation de 4% et donc réduit à un facteur 2 sur 40 ans. Ils en déduisent que
37
ce n’est pas tant que le concept d’éco efficience qui est obsolète, mais plutôt que l’éco efficience à
l’échelle micro qui est quantitativement insuffisant pour l’atteinte des objectifs globaux.
Cependant, il y a souvent une déconnexion entre les cibles fixées dans ces politiques et les moyens
entrepris pour l’atteinte des objectifs. L’application des protocoles tel que Kyoto par certain pays
ou la projection des coûts hypothétiques et de technologies hypothétiques, résulte en une
surestimation des coûts, ce qui fini par ne pas passer le test du coût socialement acceptable. De
l’autre part il y a la préférence individuelle basée sur le willingness to pay ou sur les prix
hédoniques. Le willingness to pay est ancrée dans la théorie économique du bien-être individuel
basé sur les critères d’utilité. La situation optimale y est décrite comme un équilibre où les utilités
individuelles ne peuvent être améliorées sans nuire aux autres, soit l’optimum de Pareto. Cette
approche est facilement applicable dans les domaines ou il est facile de comparer les décisions
individuelles.
38
La nature hautement spécifique au contexte des bâtiments nécessite un point d’ancrage pour notre
étude. C’est ainsi que dans le cadre de ce mémoire on se penche sur une étude de cas le « Projet
K » de la SHQ. Ce projet de démonstration qui vise la comparaison de deux bâtiments locatifs à
structure légère et à structure CLT s’est basé sur une analyse environnementale du cycle de vie afin
d’aider à la sélection du meilleur scénario. Cette analyse a conclut à la similarité des deux profils
environnementaux. Étant donné que ce projet vise à déterminer la pertinence environnementale de
l’utilisation des structures de CLT dans les logements sociaux à plus grande échelle, et qu’elle dans
une stratégie plus globale de promotion des produits du bois dans la construction au Québec, il est
nécessaire d’inclure un critère supplémentaire à l’analyse comparative. La limite des budgets
disponibles pour la construction des logements sociaux rend la considération des coûts à long terme
et tout au long du cycle de vie des bâtiments important dans la sélection des alternatives. Ceci
explique la raison pour laquelle ce mémoire se penche sur l’intégration des impacts
environnementaux et économiques. Il faut noter qu’il y a différentes façons d’intégrer un
indicateur économique et un indicateur environnemental. Il est possible de les analyser en parallèle
de façon séparée sous forme d’un tableau de bord ; ou de les mettre en relation tout en gardant les
39
unités séparées sous forme d’un portfolio d’éco-efficience ; ou comme dernières options, ramener
les deux indicateurs à une même unité via la monétarisation.
Cependant à la lumière de la revue de littérature il subsiste bon nombre d’enjeux en lien avec
l’intégration cohérente entre l’AcCV environnementale et l’AeCV, les rares études ayant tenté une
intégration environnementale et économique du bâtiment n’ont pas appliqué à proprement dit
l’AcCV environnementale, mais plutôt la version conventionnelle qui n’est pas forcement cohérent
avec l’AeCV. De plus, pour ce qui est des méthodes d’intégration telle que l’AcCV sociétale qui
se base sur la monétarisation. Cette dernière est très embryonnaire, et la revue de littérature n’a
identifié aucune application de cette méthode dans le domaine du bâtiment.
Donc, l’objectif général de cette étude est de proposer une approche opérationnelle pour faire une
analyse intégrée des coûts et des impacts environnementaux dans le contexte décisionnel de
comparaison entre le bâtiment à structure légère et celui à structure CLT. La similarité de la
performance énergétique des deux bâtiments permet d’émettre une hypothèse de départ sur la
similarité des profils écologiques des deux. Cette hypothèse se base sur les nombreuses études et
évaluations révélant l’importance de la consommation énergétique sur le bilan environnemental
des bâtiments (Singh, 2010).
(2) Intégration des cadres AcCV et AeCV pour la comparaison de scénarios à l’aide d’une
méthode d’éco-efficience et d’une AcCV sociétale. Les scénarios de comparaisons se
déclinent comme suit :
Cette approche se veut un outil pragmatique d’aide à la décision pour prioriser les choix.
40
CHAPITRE 4 LA MÉTHODE
4.1 La démarche
Cette section est divisée en quatre sous-sections, premièrement une brève description de
l’étude de cas à la section 4.2, suivi du champ d’études à la section 4.3. Cette section définit l’unité
fonctionnelle, les frontières du système et les règles d’allocation sur lesquelles se base l’ensemble
des méthodes appliquées dans le cadre de cette étude. Il s’en suit les deux sections les plus
importantes soit la méthode d’AcCV environnementale (section 4.4) qui a été retenue pour
répondre à l’objectif de l’étude ; et la section 4.5 pour les méthodes d’intégration environnementale
et coûts. Cette dernière section comprend la comparaison des deux bâtiments locatifs avec un
tableau de bord, suivi de la méthode d’AcCV sociétale et de la méthode d’éco-efficience.
Plan du site des bâtiments du « projet K » fourni par la firme d’architecture bmd inc.
Le champ d’études comprend la fonction et l’unité fonctionnelle (UF), les frontières du système et
les règles d’allocation. Le premier objectif spécifique de cette de l’étude étant de comparer de façon
cohérente les profils AeCV et AcCV des deux bâtiments, l’unité fonctionnelle, les frontières du
système et les règles d’allocation sont les mêmes pour les deux méthodes d’analyse. De même pour
le deuxième objectif qui vise l’application des méthodes d’intégration d’éco efficience et de
monétarisation, la cohérence est maintenue entre les deux volets AeCV et AcCV quant à l’UF, les
frontières et les allocations.
L’unité fonctionnelle est la référence à laquelle se rapporte le calcul des flux de référence physiques
et monétaires nécessaires à l’accomplissement de cette fonction. La mise en relation cohérente des
résultats de coûts et d’impacts environnementaux, implique que l’unité fonctionnelle soit identique
pour les deux analyses. Il faut noter que dans le cadre de cette étude les autres fonctions relatives
à l’aménagement des quartiers, à la mobilité urbaine, aux îlots de chaleur, à la qualité d’air intérieur
et au confort des usagers, etc. ne sont pas prises en considération.
L’analyse étant de nature comparative il est important de définir clairement la fonction des
systèmes comparés. Les deux bâtiments ont la fonction commune de loger confortablement des
résidents bénéficiant du programme de logement accès Logis de la SHQ. C’est sur la base de cette
fonction que l’on choisit l’unité fonctionnelle, définit comme suit :
« Assurer un espace de vie confortable pour ses habitants, sur la durée de vie utile du bâtiment de
75 ans, dans un immeuble résidentiel de quatre étages et 20 unités, construites à dans la ville de
Québec en 2014-2015 ».
Frontières du système
43
Cette étape permet d’identifier les processus et les étapes incluses dans l’analyse. Il faut noter que
dans le cas de cette étude aucun critère d’exclusion n’a été utilisé, toutes les données disponibles
ont été prises en compte. Les frontières géographiques sont modélisées selon la réalité québécoise
grâce à l’utilisation du bouquet électrique québécois dans les processus évalués par l’analyse
environnementale. Mais ces données peuvent être sujettes à des variations dans le temps.
Pour une intégration cohérente, l’AcCV environnementale considère les mêmes étapes du cycle de
vie du bâtiment que l’AeCV, soit l’approvisionnement, la construction, l’utilisation et la fin de vie
; mais les catégories de coûts des processus considérés diffèrent de l’analyse environnementale. En
effet, si des processus sont négligeables pour les impacts environnementaux, ces mêmes processus
sont comptabilisés pour l’analyse économique sans violer cette condition. Un bon exemple, c’est
le processus de planification, qui représente environ 13% des coûts de la construction, mais dont
l’impact est négligeable au niveau environnemental. Le schéma suivant détaille les frontières et les
processus communs et spécifiques pris en compte par l’étude. Ceci nous amène à parler des
frontières temporelles qui relèvent plusieurs défis méthodologiques pour l’intégration de l’AeCV
et de l’AcCVe. Les données d’inventaires de l’AeCV sont considérées comme constantes sur tout
le cycle de vie du bâtiment. Pour ce qui est l’AcCV, les données sont généralement actualisées afin
de ramener les flux monétaires futurs à leur valeur présente nette.
44
Au niveau des règles d’allocation, la même exigence est de mise. En plus d’être identiques, elles
doivent attribuer les impacts potentiels aux processus, le plus réalistement possible et sans aller à
l’encontre des objectifs de l’étude. Selon la norme ISO 14044, l’allocation peut être évitée soit par
une division des processus en sous-processus ou par extension des frontières, sauf dans le cas
particulier du recyclage.
Dans le cas de cette étude, le recyclage des matières est abordé par l’AeCV avec l’approche « cut-
off ». C’est-à-dire, que le crédit du recyclage de la matière n’est pas attribué en fin de vie de celle-
ci, mais plutôt à son second cycle. Pour le reste de l’inventaire une allocation économique pour les
processus multifonctionnels d’arrière-plan a été retenue, et une allocation massique pour tous les
processus en lien avec l’exploitation forestière. Au niveau de l’AcCV environnementale, le coût
de traitement de l’eau par la municipalité est alloué au volume d’eau utilisé par les locataires durant
45
la phase d’usage. Même chose pour la phase de fin de vie, les coûts de récupération et
d’enfouissement sont alloués à la quantité et au volume de déchets produits.
Dans cette section de la méthodologie, on décrit les étapes nécessaires à la quantification du coût
du cycle de vie du système étudié. Bien que l’AcCV environnementale utilise une méthodologie
semblable à l’AeCV, notamment durant l’étape de la définition des objectifs et du champ d’études.
La nature des flux comptabilisés, en l’occurrence les flux monétaires, oblige une variation dans la
façon de faire. Ainsi l’inventaire des coûts, ne nécessite pas une étape d’évaluation des impacts,
car une fois les coûts catégorisés, ils sont agrégés en un seul indicateur final, le coût total du cycle
de vie.
L’inventaire économique consiste à déterminer les flux monétaires aux différentes étapes du cycle
de vie du système étudié. Dans le cadre de cette étude, on favorise les données primaires issues de
la collecte de donnée directe et l’année de référence est fixée à l’année de construction des
bâtiments, soit 2015. Les données relatives aux quantités de matériaux à remplacer et à l’énergie
consommée durant la phase d’usage sont directement reprises des données de l’AeCV, ce qui
assure une cohérence. Le tarif de l’énergie est, quant à lui, disponible auprès des fournisseurs tels
qu’Hydro-Québec pour l’électricité (Hydro-Québec, 2016), et Poly-Énergie pour le chauffage. Les
autres données économiques primaires ont été collectées directement auprès de la SHQ et de
l’entrepreneur Nova construction. La soumission de ce dernier est la source principale pour
l’estimation des coûts de la phase de construction. Pour les données de coûts non disponibles, elles
sont complétées en consultant la littérature scientifique et les publications institutionnelles, par
exemple pour les coûts de traitement de l’eau et de disposition des déchets.
Pour les données n’ayant pas de source, l’étude fait appel à des données secondaires, par exemple
le coût de la planification qui est fixée à 13% environ du coût total de construction. Ces sources et
hypothèses sont détaillées dans le tableau suivant.
46
Il faut noter que ces données datent pour la plupart d’une année antérieure à l’année de référence,
donc tous les flux monétaire sont ramenés à l’année de référence 2015 en utilisant la formule
suivante et l’indice du prix à la consommation fournie par Statistique Canada. En ce qui a trait à la
projection des coûts futurs un taux d’actualisation de 2% est appliqué en utilisant la deuxième
formule ci-dessous. Ce taux est justifié par la nature publique et sociale du projet (Hunkeler &
Rebitzer, 2008). Il faut noter que le rapport sur les taux d’actualisation et d’investissement du
Canada (CBRE, 2017) un taux utilisé dans le secteur immobilier résidentiel qui varie autour de 4%
selon le type de bâtiment et la localisation. Les travaux de Gollier (2008) quant à lui suggèrent
l’utilisation d’un taux d’actualisation de 1% pour les projets qui sont dans horizon de temps long.
Interprétation
La phase d’interprétation vise à identifier les grands contributeurs au coût total des bâtiments, de
tester leur robustesse par des analyses de la qualité et de la sensibilité des données, ainsi que de
tirer des conclusions sur des scénarios de mitigation. La qualité des données est analysée selon la
matrice pédigrée. Les notes varient entre 1 et 5 selon le barème de B. P. Weidema et Wesnæs
(1996) et Ciroth (2009), ces derniers proposent une analyse semi-qualitative des données. Cette
démarche permet d’identifiée les données les moins fiables et ayant une contribution significative.
Contribution Qualité
Contribution potentiellement faible ou
Remplis le critère pour le cas à l’étude
0-5% négligeable 1
6-10% Contribution potentiellement influente 2 Jugée suffisamment représentative
11-50% Forte contribution potentielle 3 Jugée utilisable, mais pouvant être améliorée
51-100% Très forte contribution potentielle 4 Ne remplis pas le critère pour le cas à l’étude
48
Dans le cas de cette étude les analyses de sensibilité testent robustesse des données en faisant varier
les paramètres d’un pourcentage de + et de – 25%. Pour ce faire l’analyse de sensibilité portera sur
les paramètres matériaux qui diffèrent entre les deux bâtiments et qui représente une contribution
potentiellement forte au coût total du cycle de vie. L’analyse de sensibilité se penche aussi sur
l’incidence de certaines hypothèses de départ, telles que la durée de vie du bâtiment et le taux
d’actualisation. Dans le cas de la durée de vie, l’hypothèse a été émise que la durée de vie utile
serait de 75 ans dépendant de l’usage et de l’entretien. L’analyse de sensibilité teste l’effet d’une
durée de 50 ans et de 100 ans sur les résultats. Pour tester l’effet du choix du taux d’actualisation,
on utilise les taux d’actualisation de 1% et de 4%.
La comparaison des deux bâtiments se fait par un tableau de bord qui intégre les résultats de
l’AeCV et de l’AcCV. Puisque les coûts et les impacts environnementaux sont exprimés par des
unités différentes, les graphiques sont analysés en parallèle. Cette analyse se penche plutôt sur la
comparaison des contributions coût et impact aux étapes de cycle de vie, et sur les différences des
scores d’impacts environnementaux et du coût de l’AcCV entre les deux scénarios.
Tel que présenté plus tôt les deux bâtiments présentent des caractéristiques similaires en ce qui trait
à la performance énergétique ainsi que les autres éléments de la phase d’usage. Les résultats de
l’AeCV démontrent que la consommation énergétique (incluant le chauffage et l’électricité)
représente le plus grand contributeur environnemental dans les bâtiments. Il est donc intéressant de
tester des scénarios de mitigations en lien avec l’enjeu énergétique. Pour ce faire nous avons puisé
dans un ensemble de solutions qui touche les équipements, le niveau d’isolation, le type de
chauffage et les habitudes de vie. De plus un scénario du gypse cellulosique vise à tester un
matériau vendu comme produit écologique sur le marché. La section suivante présente la méthode
de calcul des scénarios choisis.
49
La simulation sur la consommation énergétique des bâtiments en phase d’usage fournie par
l’entreprise Poly-Énergie permet de calculer la répartition de la consommation d’électricité (figure
4-2). Les électroménagers suivants : lave-vaisselle, laveuse, sécheuse, réfrigérateur et congélateur,
représentent 51% de la consommation annuelle totale d’électricité exprimée en kWh par année,
calculée à partir d’une estimation de fréquence d’utilisation par année et de la demande électrique
de l’appareil, soit le nombre de kWh consommé à chaque utilisation.
Donc, dans ce scénario on émet l’hypothèse que l’ensemble des locataires possède des
électroménagers ayant le label EnergyStar. Plus exactement pour les appareils les plus énergivores
(figure 4-3) soit le lave-vaisselle, la laveuse, la sécheuse et le réfrigérateur.
Figure 4-3 Pourcentage des contributions à la consommation électrique annuelle des équipements
en phase d'usage
Le gypse cellulosique est présenté comme étant l’alternative écologique au gypse traditionnel, sa
particularité réside dans sa composition 20% de cellulose et 80% de gypse naturel. Dans le cas de
cette étude, le Placoplatre en gypse régulier est remplacé par celui de la firme Fermacell. Les
données nécessaires pour le calcul de l’impact potentiel du processus de fabrication de ce produit
ont été en partie puisées dans la base de données Ecoinvent 2.0, notamment pour l’extraction de
51
4.5.1.4 Isolation
Les bâtiments à l’étude sont déjà optimisés pour une basse consommation énergétique. L’épaisseur
de l’isolant laine est 175mm, ce qui plus élevée que ce que la norme Novo Climat exige (épaisseur
de 150mm). Dans ce scénario on vise à tester l’impact d’une isolation avec une épaisseur de
350mm. Pour ce faire on calcule aussi la quantité de montants de bois nécessaires pour contenir
l’isolation supplémentaire. Cette quantité a été ajoutée aux intrants de l’AeCV et de l’AcCV. Le
prix de l’isolant est estimé à 0,90$ le m3.
Dans ce scénario le chauffage à granule à bois est remplacé par une source électrique de chauffage.
L’hydroélectricité étant une ressource d’énergie sobre en carbone. Il est intéressant de comparer
les deux types de chauffage. Pour ce faire, on recalcule le prix du chauffage en utilisant la grille
tarifaire d’Hydro-Québec.
Les données existantes fournissent une demande énergétique de chauffage annuelle, ce qui ne
permet pas d’avoir un jeu de données dynamique qui prend en compte la pointe de chauffage durant
la saison d’hiver.
L’éco efficience vise la mise en relation entre l’impact environnemental et la valeur économique
d’un produit. La norme 14 045 offre un cadre méthodologique moins détaillé que les normes 14
040 et 14 044. La revue de littérature démontre une grande diversité dans le calcul de l’éco
efficience. Dans cette section sont détaillées les étapes de l’éco-efficience basée sur le cadre
52
méthodologique ISO 14 045 appliqué au contexte de l’étude. Il faut noter que l’étape de définition
du champ d’études est la même qu’exposée précédemment, donc pour des raisons évidentes elle
n’est pas reprise à cette section.
Évaluation environnementale
Les résultats d’AeCV du bâtiment à structure légère en bois représentent le scénario de base. Les
indicateurs environnementaux sont : la santé humaine, la qualité des écosystèmes et les ressources.
Selon la norme ISO 14040/45 l’agrégation des indicateurs environnementaux et interdits dans le
cas d’une analyse visant à supporter une affirmation comparative destinée à la divulgation
publique.
La valeur est définie monétairement en terme de réduction du coût du cycle de vie du scénario de
base par rapport au coût des autres scénarios modélisés, exprimée en pourcentage. L’inventaire
économique du scénario de base est modifié à la lumière des paramètres des scénarios pour obtenir
leurs coûts du cycle de vie. Il faut noter qu’une sous catégorie est ajoutée à la phase d’utilisation,
le coût d’acquisition et de remplacement des électroménagers à tous les scénarios y compris le
scénario de base, dans le but d’une comparaison cohérente.
Tel qu’exposé dans la revue de littérature il existe plusieurs façons pour la mise en relation des
indicateurs environnementaux et économiques. Dans le cadre de cette étude l’indicateur d’éco
efficience est exprimé graphiquement sur un diagramme XY, où les Y représentent le pourcentage
de réduction de l’impact environnemental et les X le pourcentage de réduction du coût total des
scénarios par rapport au scénario de base. Puisque la réduction des coûts et des impacts
économiques est calculée par rapport au scénario de base, l’intersection des deux axes représente
le scénario de base. Cette approche permet de contourner les enjeux liés à une perte d’information
lors de l’interprétation d’un score d’éco efficience unique.
La figure 4-3 présente le digramme YX d’éco-efficience qui est divisé en 4 sections. L’intersection
représente le scénario de base (S0), la section en vert représente les options dites gagnant-gagnant,
53
la section en rouge quant à elle représente les options non éco efficiente et qui sont de facto exclues
du choix. Les deux autres sections en blanc sont des situations nécessitant un compromis. Dans
cette figure, un facteur de compromis 1 pour 1 est représenté, c’est-à-dire qu’une unité
d’amélioration en terme de coût équivaut à une unité d’amélioration en terme d’impacts
environnementaux. Ainsi c’est la ligne en pointillé bleue qui représente ce compromis, autrement
dit tous les scénarios possibles sur cette ligne ont pour chaque unité de coût économisé une unité
d’impact environnementale améliorée. Cependant en terme d’éco efficience, c’est les lignes
perpendiculaires (en pointillé noir) à la ligne de compromis qui représentent les scénarios à éco-
efficience équivalente. Afin d’illustrer ce propos, les scénarios S1 et S5 (figure 4-3) ont une même
éco-efficience, même si S1 affiche une plus grande amélioration environnementale et que S5
affiche plutôt une meilleure performance économique (Kicherer, 2007). En bref, tous les scénarios
à droite de la courbe d’éco efficience (en pointillé noir) qui passe par S0 sont éco efficients par
rapport au scénario de base S0. Ainsi, les scénarios S1 et S5 sont plus éco efficient que le S2, qui
à son tour est plus éco efficient que le S3 et le S4. Dans l’absence d’un objectif de réduction ou
d’un budget défini comme dans notre étude de cas, le choix du meilleur scénario parmi deux
scénarios à éco efficience égale (S1 vs S5) revient au preneur de décision en se basant sur des
considérations éthiques et stratégique. Cependant, dans le cas de figure contraire une méthode de
rapprochement maximal est applicable telle que développée par T. a. Oka (2007).
54
Dans cette section on propose une méthode basée sur les grandes lignes donnée par Hunkeler
(2008) et adaptée au contexte de cette étude. Nous proposons trois grandes étapes : la quantification
des coûts directs, la monétarisation des externalités et la catégorisation des coûts par partie
prenante.
Les coûts directs sont représentés par l’AcCV environnementale dont les étapes sont détaillées à la
section 4.2 pour le champ d’études (unité fonctionnelle, frontières du système et allocation) et à
l’étape 4.4 pour l’analyse de l’inventaire économique, auxquels sont additionnés les coûts indirects
obtenus par la monétarisation des externalités. En ce qui concerne l’actualisation des coûts de la
phase d’utilisation et de la fin de vie, on choisit d’actualiser l’ensemble des coûts directs et indirects
à 2% ce qui reflète le contexte institutionnel de l’étude de cas. (Hunkeler & Rebitzer, 2008)
Externalités
Dans cette méthode ce sont les externalités environnementales qui sont considérées, plus
précisément les impacts potentiels quantifiés par l’AeCV. L’utilisation des catégories dommages
est cohérente dans le contexte de prise de décision, car pour un preneur de décision un risque au
55
niveau du dommage est toujours plus tangible qu’une variation de substance émise dans
l’environnement (Hunkeler & Rebitzer, 2008).
Les facteurs de conversion de Stepwise 2006 ont été choisis pour monétiser les dommages (en
suivant les recommandations de Pizzol et al.). Le tableau 4 présente les valeurs des facteurs de
conversion utilisés pour chacun des indicateurs dommage. Dans le cadre de cette étude les facteurs
sont convertis en dollar canadien en multipliant par le taux de change en vigueur pour 2003, puis
ramené à leurs équivalents en 2015 en utilisant l’indice de consommation de statistique Canada. À
noter que le facteur de conversion pour les changements climatiques est calculé grâce aux facteurs
de sévérité De Schryver et al. (2009) 8,05e-1 PDF.m2.yr/kg CO2eq pour la qualité des écosystèmes
et 3,68e-6 DALY/kg CO2eq pour la santé humaine. Ces deux facteurs sont multipliés par les
facteurs de conversion Stepwise traduits en dollars canadiens de 2015 de la qualité des écosystèmes
et de la santé humaine pour obtenir les valeurs présentées dans le tableau 4.3.
La nature statique de l’inventaire des émissions ne permet pas d’actualiser les impacts
environnementaux en se basant sur l’évolution des émissions dans le temps, car l’inventaire des
émissions ne prend pas en compte l’évolution des émissions dans le temps et dans l’espace. Dans
le cas des matériaux, ça s’exprime par la difficulté d’identifier les moments où a eu lieu
l’extraction, la fabrication et le transport. La même observation est applicable aux émissions de fin
de vie. Donc, dans ces cas on considère que la totalité des émissions a lieu la même année où l’achat
56
a eu lieu pour le remplacement par exemple. Pour ce qui est du processus de remplacement, les
émissions sont calculées pour chacun des matériaux. Une fois le calcul fait, on convertit l’émission
en valeur monétaire en utilisant les facteurs de conversion ci-haut. Pour les émissions annuelles de
consommation énergétique, elles sont directement converties en valeur monétaire. Tous les coûts
incluant les coûts directs sont actualisés à 2% qui représentent le contexte du projet
57
CHAPITRE 5 RÉSULTATS
Cette section présente les résultats de l’étude en quatre parties. Tout d’abord les résultats de l’AcCV
environnementale, suivi d’une analyse intégrée de l’AcCV environnementale et de l’AeCV, suivi
des résultats de l’analyse intégrée par éco-efficience et par AcCV sociétale des scénarios
d’atténuations.
Figure 5-1 Comparaison du coût total du cycle de vie des alternatives de structures légères et de
la structure en CLT
La figure 5-1 présente le coût total du cycle de vie des deux bâtiments sur la base d’un taux de 2%.
On peut voir que la différence de coût entre les deux scénarios est de 172 402 $, soit un écart
d’environ 2%. Comme on peut le voir dans la figure 5 - 2 cette différence est surtout attribuable à
la différence des coûts d’approvisionnement et d’utilisation qui affichent respectivement une
différence de 127 499$ et 47 504$ soit 5% et 6% de différence par rapport aux étapes du cycle de
vie correspondante au scénario de base. La figure 5-1 illustre aussi la contribution importante de
l’étape d’approvisionnement au coût total, soit respectivement pour les deux alternatives soit 52 %
58
suivi de l’étape d’utilisation qui représente 28 % du coût total. Ceci s’explique par la réduction de
la demande énergétique en chauffage propre aux bâtiments éco énergétiques, telles qu’observées
dans l’étude de Heeren and Hellweg (2014). L’étape de construction contribue à 19%, alors que la
fin de vie est négligeable, on parle de moins de 1% du coût total.
Figure 5-2 Différence de coût des étapes du cycle de vie de l’alternative CLT par rapport au
scénario de base (structure légère)
Figure 5-3 Contribution aux coûts à l’étape d'approvisionnement des deux bâtiments
La figure 5-3 montre que les éléments contribuant le plus au coût d’approvisionnement en
matériaux sont le bois, le revêtement ainsi que le câblage et la plomberie à hauteur de
respectivement 11%-29%, 16%-34% et 20%-21% selon l’alternative. On observe aussi que la
différence de coût entre la structure légère et la structure CLT se situe au niveau du bois (284 000$
59
vs 704 000$), le revêtement (393 550 $ vs 886 381 $) et de l’isolation (30 000 $ vs 70 000 $).
Cependant, il faut noter que cette dernière ne contribue qu’à 1%-3% du coût des matériaux selon
l’alternative.
Dans le cas du revêtement la différence est attribuable au coût des cloisons non porteuses du
bâtiment à structure légère. Alors que dans le bâtiment en CLT les panneaux font office de structure
portante, de cloison et ils ont même une propriété d’isolation ce qui explique l’économie en ce qui
a trait à l’isolation.
Figure 5-4 Contributions aux coûts de l'étape d'utilisation des deux bâtiments
60
Figure 5-5 Contributions aux coûts de remplacement du revêtement pour les deux alternatives
La qualité des données est analysée à la lumière de la fiabilité des sources, et de la leur
représentativité géographique et temporelle. Quant à la contribution au profil économique, elle
réfère à l’influence du processus ou du paramètre évalué sur les résultats. Le tout est simplifié avec
un code de couleur, et une pondération de 1 à 4 telle que présentée dans le tableau 6.
61
Tableau 5.1 Critères d'analyse de la qualité des données adaptée de Ciroth (2009)
Contribution Qualité
Contribution potentiellement faible ou
0-5% 1 Remplis le critère pour le cas à l’étude
négligeable
6-10% Contribution potentiellement influente 2 Jugée suffisamment représentative
11-50% Forte contribution potentielle 3 Jugée utilisable, mais pouvant être améliorée
51-100% Très forte contribution potentielle 4 Ne remplis pas le critère pour le cas à l’étude
Tableau 5.2 Contribution des processus et qualité des données de l'AcCV environnementale
Les données d’approvisionnement affichent une bonne qualité tant au niveau de la fiabilité de la
source pour la quantification de la donnée que de la représentativité géographique. Car ces données
sont directement issues la soumission de l’entrepreneur. Cependant, il est de notoriété que les
62
Pour ce qui est des données de remplacement, elle représente une grande incertitude. Dans 20 ou
30 ans, les améliorations technologiques peuvent changer le coût et les fréquences de
remplacement. L’exemple de l’arrivée d’une nouvelle matière de revêtement de sol moins couteuse
et plus durable dans le temps en est un bon exemple. Cependant, l’analyse des coûts de
remplacement révèle une similitude entre les deux scénarios comparés, sauf pour l’isolation qui
représente moins de 1% du coût total et moins de 10% du coût de remplacement.
Pour le chauffage la représentativité temporelle n’est pas parfaite dans la mesure où le coût est basé
sur la formule de calcul du tarif DM d’Hydro-Québec sans prendre en considération les pointes de
consommations hivernales. Toutefois, puisque les deux bâtiments sont conçus pour avoir la même
performance énergétique, la consommation est en principe similaire. Ceci ne constitue donc pas un
enjeu important dans la comparaison des deux alternatives.
Analyses de sensibilité
Durée de vie
Tout d’abord il est important de constater à la figure 5-6 que les couts d’utilisation sont
proportionnels à la durée de vie du bâtiment, passant d’une contribution relative de 23% en 50 ans
à une contribution de 34 % en 100 ans. Ce sont principalement les coûts énergétiques et les coûts
de remplacement qui sont influencés. La différence de coût entre les deux scénarios, elle augmente
avec la durée de vie du bâtiment passant de 155 992 $ à 50 ans et à 191 611 $ à 100 ans, mais cette
différence correspond invariablement à environ 3,5% du coût total du scénario de base.
63
Taux d’actualisation
Figure 5-7 Analyse de sensibilité de la contribution des étapes du cycle de vie à la variation du
taux d'actualisation pour une durée de vie du bâtiment de 75 ans. Le scénario de base assume un
taux à 2%
À la figure 5-7 il est possible d’apprécier l’impact des trois taux d’actualisation sur le coût total du
cycle de vie. Ainsi en appliquant un taux de 1% la valeur du coût total actuel augmente par rapport
au taux d’actualisation de 2%, alors qu’à 4% d’actualisation la valeur actuelle du coût total baisse.
Ceci est dû à la baisse graduelle de la valeur des coûts futurs, c.-à-d. plus le coût futur et loin dans
64
le temps plus sa valeur est faible. Un bon exemple serait les coûts de fin de vie qui passent d’une
valeur d’environ 140 000$ actualisé à 1% une valeur d’environ 11 000$ si actualisé à 4%.
Ce phénomène influe aussi sur la contribution de l’étape d’opération au coût total, dont la
contribution augmente plus le taux d’actualisation baisse. Cependant, il n’a pas de réelle incidence
sur la différence de coût entre les deux scénarios, car l’isolation qui représente la seule différence
de coût entre les deux alternative durant la phase d’utilisation, mais elle ne représente que 0,6% du
coût total du cycle de vie. Idem pour la fin de vie qui affiche une légère différence de 6%, mais elle
contribue à moins de 1% du coût total. Donc, la principale différence de coût a lieu durant la phase
d’approvisionnement, donc le taux d’actualisation n’a d’impact sur le résultat.
Figure 5-8 Analyse intégrée de contribution des étapes du cycle de vie des indicateurs
environnementaux et économiques du cycle de vie des deux bâtiments
La figure 5-9 présente les différentiels entre les résultats des scores environnementaux et
coûts entre les bâtiments en structure CLT et en en ossature légère. Les différences sont exprimées
en pourcentage de la structure légère. Le coût de cycle de vie de scénario CLT est 4% de moins
que le scénario de base pour les raisons citées plus haut. En ce qui concerne les différences des
scores environnementaux, ils varient de 3% à moins de 1%, ces différences ne sont pas
significatives telles que mentionnées dans la revue de littérature.
Figure 5-9 Variation des scores environnementaux et du score économique de la structure CLT
par rapport à la structure en ossature légère (scénario de base).
66
Figure 5-10 Contribution comparative des processus à la phase d'utilisation aux scores
environnementaux et économiques
Le chauffage constitue le plus gros impact au niveau environnemental sur la phase d’utilisation
(Figure 5-11) et en général sur le cycle de vie des bâtiments (Figure 5-9), soit 81% et 65%
respectivement pour la qualité des écosystèmes et la santé humaine. En ce qui concerne la santé
humaine, ce sont les émissions des particules, de NOX et de SO2 dans l’air par la combustion des
pellets de bois ; ainsi que les émissions de zinc et d’arsenic dans le sol lors de l’épandage des
cendres qui sont à l’origine de l’impact. L’utilisation des terres est responsable à 70% de l’impact
sur la qualité des écosystèmes causé par les activités de foresteries pour la production des pellets
de bois, suivi par les émissions de zinc et d’aluminium dans le sol lors de l’épandage des cendres.
L’impact sur les changements climatiques est attribué principalement au processus de production
des pellets de bois et leur transport, plus précisément la consommation d’énergie fossile en lien
avec ce processus causée par les émissions de CO2 et de CH4. Il faut noter que dans le cas de cette
étude le CO2 biogénique est considéré carboneutre.
Figure 5-11 Contribution de l’étape du cycle de vie « approvisionnement » (c.-à-d. des matériaux
de construction) aux scores environnementaux et économiques
68
La figure 5-14 présente les résultats des scores d’impact des scénarios de mitigation relatifs au
score d’impact total du scénario structure légère avec l’ensemble des options de base
(rappeler/expliciter quelles sont les options de base). On peut y observer dès le premier coup d’œil
que le scénario du chauffage électrique, comparé aux autres alternatives, se distingue par une plus
grande variation par rapport au scénario de base. Tout d’abord par une augmentation de 26% du
score des ressources à cause de l’impact de construction de l’infrastructure des barrages
hydroélectriques. Suivi par une baisse d’impact sur la santé humaine et sur la qualité des
écosystèmes de respectivement 45% et 75% environ. Cette baisse est attribuable à l’évitement des
émissions des particules, du NOX et SO2 causés par le chauffage à bois qui affectent la santé
humaine. Pour ce qui est de la qualité des écosystèmes, c’est au niveau de l’utilisation des terres
que le chauffage électrique présente un avantage par rapport au chauffage à bois. Ce dernier
nécessite une utilisation des sols plus importante pour les activités de foresteries destinées aux
pellets de bois. Le chauffage électrique engendre une augmentation des coûts du cycle de vie du
bâtiment en ossature légère de 1,2%.
En ce qui concerne les autres scénarios, les variations restent en dessous de 5%, sauf dans le cas
du gypse cellulosique produit en Allemagne qui affiche une augmentation de l’impact sur les
ressources de 7.5 % à cause du bouquet énergétique allemand qui est composé à 58% d’énergies
fossiles et à 22% d’énergie nucléaire (EuroStat, 2014).
Le scénario de remplacement des électroménagers par des équipements EnergyStar comporte une
augmentation de 1,7 % du coût total sur le cycle de vie notamment à cause du coût d’acquisition et
de remplacement, et une diminution entre 0.9% et 1.9% sur les quatre scores environnementaux.
Quant au scénario du changement d’habitude de séchage, il s’avère avantageux dans l’optique où
il ne représente aucun investissement initial et qu’il baisse le coût total du bâtiment de 0,4 %, et il
affiche une diminution des impacts allant de 2% à 6% selon l’indicateur grâce à l’évitement de
l’électricité pour la sécheuse à linge.
On ne peut conclure facilement sur le meilleur scénario de mitigation à prioriser, à cause des
situations de compromis entre les indicateurs environnementaux et coûts. Une intégration des
69
résultats des indicateurs environnement et coûts est donc nécessaires pour aider la prise de décision.
Ceci est proposé plus bas à l’aide de l’AcCV sociétale et l’éco-efficience.
Figure 5-12 Tableau de bord des scores relatifs des indicateurs environnementaux et
économiques des scénarios
70
La figure 5-13 illustre en absolue les coûts des externalités et les coûts privés de l’ensemble du
cycle de vie des scénarios de mitigation et du scénario de base par indicateur. Les coûts des
externalités des changements climatiques sont calculés séparément pour la santé humaine et pour
la qualité des écosystèmes. On peut constater la dominance des coûts liés aux impacts des
changements climatiques sur santé humaine, qui varient entre 500 000$ et 650 000 $ selon le
scénario. Ceci s’explique par le choix de traduire le coût du CO2 éq. par les facteurs de sévérité
publiées par De Scheryver (2009), qui considère que ça prend environs 270 tonnes de CO2 éq. pour
générer l’impact de 1 DALY. Un DALY équivaut à 74 000 euro2003 (Weidema, 2009) soit 135 000
CAD2016
Figure 5-13 Coûts totaux (en absolue) des externalités environnementales actualisés à 2% sur
l'ensemble du cycle de vies des scénarios de mitigation considérés
l’approvisionnement, c’est le coût de l’impact sur la QÉ causé par la croissance du bois, ainsi que
les impacts des CC sur la QÉ et de la SH qui dominent.
Figure 5-14 Contribution des externalités environnementales aux étapes du cycle de vie des
scénarios de mitigation et du scénario de base
La comparaison des scénarios par rapport au bâtiment de référence sur la base du coût total incluant
les coûts des externalités environnementales et les coûts privés sur l’ensemble du cycle de vie à la
72
figure 5-15 indique que les scénarios les plus économiques sont : les habitudes de séchage, les
fenêtres à haute performance suivie du scénario d’isolation. Au niveau de l’amélioration des
externalités environnementales, c’est le scénario du chauffage qui l’emporte grâce aux impacts
évités des pellets de bois pour le chauffage du scénario de base qui baisse les coûts des externalités
sur la qualité des écosystèmes. D’autres scénarios tels que l’isolation et les équipements EnergyStar
ne présentent aucune amélioration significative à ce niveau. Il faut noter que le scénario de structure
CLT et du gypse cellulosique affichent le plus haut coût total notamment à cause des coûts liés
aux externalités des impacts du réchauffement climatique sur la santé humaine et la qualité des
écosystèmes.
Figure 5-15 Différence des coûts totaux de l'AcCV sociétale des scénarios de mitigation par
rapport au scénario de base
73
La figure suivante présente les portfolios d’éco-efficience des scénarios pour les quatre catégories
de dommage. Les valeurs en pourcentage représentent des variations engendrées par chaque
scénario de mitigation relativement au total du résultat d’impact sur l’axe des Y et du coût du cycle
de vie du bâtiment en ossature légère sur l’axe des X. Il faut noter que la ligne en pointillés bleus
représente le compromis choisi de 1:1 alors que la ligne en noir représente la limite d’éco-
efficience. Cette dernière a tendance à se déplacer vers la droite plus la pondération de
l’environnement augmente ce qui signifie que le preneur de décision est disposé à accepter un
dépassement de coût par rapport au scénario de base, tel que détaillé dans la méthodologie.
En observant les portfolios à la figure 5-16 on déduit rapidement grâce à la limite d’éco-efficience
que le scénario les plus éco-efficients par rapport au scénario de base pour l’indicateur de la santé
humaine et la qualité des écosystèmes est le chauffage. On peut aussi y voir la grande différence
d’échelle au niveau des variations par rapport au scénario de base situé au point d’origine. Afin
d’observer les résultats en détail pour le reste des scénarios, la figure 5-17 illustre le portfolio à une
échelle réduite. Les scénarios de changement d’habitude de séchage, la structure en panneaux CLT
et les fenêtres à haute performance se démarque par une éco-efficience supérieure au scénario.
Le scénario du changement d’habitude de séchage de linge et celui des fenêtres à très haute
performance sont les seuls qui offrent une situation Win-Win (gagnant-gagnant) - baisse du coût
et de l’impact - dans l’ensemble des catégories des catégories d’impact. En revenant au scénario
du chauffage électrique, on peut constater à la figure 5-16 qu’il ne constitue pas une option Win-
Win dans le contexte d’un compromis 1:1, à cause de l’augmentation de 1,2% du coût total.
Cependant, il reste le scénario le plus éco-efficient par rapport au scénario de base.
74
Figure 5-16 Portfolio d'éco-efficience des scénarios de mitigations pour les quatre indicateurs
d’impact sur l’utilisation des ressources, le réchauffement climatique, la qualité des écosystèmes
et sur la santé humaine (taux d’actualisation à 2%)
75
Figure 5-17 Portfolio d'éco-efficience des scénarios de mitigations pour les quatre indicateurs
d’impact sur l’utilisation des ressources, le réchauffement climatique, la qualité des écosystèmes
et sur la santé humaine (taux d’actualisation à 2%) à échelle réduite.
76
Analyses de sensibilité
Le taux d’actualisation étant un paramètre sensible qui peut modifier le score économique des
scénarios, il est important de tester les résultats avec différents taux d’actualisation. On peut
constater aux figures 5-18 / 5-19 et 5-20 / 5-21 la similarité des résultats actualisés à 1% et à 2%.
Puisque la différence des coûts a lieu surtout pendant l’opération des bâtiments, l’écart a tendance
à diminuer avec le taux d’actualisation à 4%. Pour les scénarios dont la différence de coût a lieu à
la phase d’approvisionnement tel que le scénario EnergyStar et l’isolation, cet écart est accentué,
car la valeur de l’approvisionnement a tendance à dominer le profil coût plus le taux d’actualité
augmente.
De plus une analyse de sensibilité est effectuée sur le choix du facteur de compromis, tel que
mentionné plus tôt le compromis est fixé à un pour un. Cependant, il est nécessaire de tester
l’influence de ce choix sur le classement des scénarios. Pour ce faire les figures 5-21 et 5-22
illustrent respectivement les portfolios avec un compromis de 1 :2 c’est-à-dire une unité
d’amélioration des coûts pour deux unités d’amélioration environnementale, et 2 :1 c.-à-d. deux
unités d’amélioration des coûts pour une unité d’amélioration environnementale. On peut voir dans
le cas de la figure 5-21 que le déplacement de la limite d’éco-efficience ne modifie pas le résultat.
Sauf dans le cas du scénario Énergie Star qui devient plus éco-efficient que le scénario de base. À
la figure 5-22 la limite d’éco-efficience se rapproche de l’axe des X, et le scénario des
électroménagers EnergyStar est presque à la limite d’éco-efficience. On peut dans ce cas facilement
imaginer que ce scénario pourrait devenir non éco-efficient dans le cas d’une plus grande
pondération de la réduction des coûts
77
Figure 5-19 Analyse de sensibilité du portfolio d'éco-efficience au taux d'actualisation des coûts à
1% à échelle réduite
79
Figure 5-20 Analyse de sensibilité du portfolio d'éco-efficience au taux d'actualisation des coûts à
4% à échelle réduite
.
80
CHAPITRE 6 DISCUSSION
La comparaison intégrée des deux bâtiments locatifs sous forme d’un tableau de bord, fait ressortir
la différence de contribution de l’approvisionnement et de l’opération entre les indicateurs
environnementaux de santé humaine et de la qualité des écosystèmes et de coût total. Autrement
dit l’opération représente le plus grand impact environnemental du cycle de vie, alors que c’est
l’approvisionnement qui domine le coût total des bâtiments. Ceci soulève un compromis à faire
entre la réduction des coûts initiaux vs la réduction des impacts sur la santé et sur l’écosystème.
Cependant, les indicateurs coût et les indicateurs des changements climatiques et des ressources
ont une contribution semblable des étapes de vie surtout pour le chauffage. Au niveau du
remplacement du revêtement, le plancher de vinyle représente un point chaud au niveau des coûts
83
La modélisation des scénarios de mitigation illustre un certain nombre de décisions classiques qui
visent à réduire l’empreinte environnementale. Ces options sont largement publicisées dans le
secteur du bâtiment, tel que les matériaux étiquetés verts ou encore les équipements éco
énergétiques. L’inclusion de l’alternative structure CLT dans l’ensemble des scénarios comparés
par rapport au scénario de base permet de mettre en perspective le choix du CLT avec les
recommandations de l’AeCV. La comparaison sous forme de tableau de bord a permis de constater
que le scénario CLT bien qu’il affiche le plus grand écart de coût (4%) avec le scénario de base par
rapport aux autres scénarios, il est le moins performant pour les scores environnementaux. Cette
façon de représenter les résultats n’a pas permis de déduire le meilleur scénario en prenant en
compte le coût et l’environnement, mais plutôt de les classer par rapport à leur scores dans un
indicateur à la fois.
L’AcCV sociétale quant à elle a permis une simplification des scores en une seule unité monétaire
et de classer les meilleures options qui affichent le plus bas coût total incluant les externalités
environnementales. Ainsi selon cette méthode les scénarios qui se démarquent sont l’habitude de
séchage, les fenêtres à haute performance et l’isolation. La méthode Stepwise 2006 et les facteurs
de conversion de De Scheryver utilisée dans ce cas donne une plus grande pondération à la santé
humaine et à la qualité des écosystèmes. Il en résulte un coût élevé des externalités
environnementales du scénario en structure CLT pour la qualité des écosystèmes et la santé
humaine, pour laquelle les écarts étaient considérés non significatifs dans la conclusion de l’AeCV
menée par le CIRAIG. L’absence d’une analyse d’incertitude constitue dans ce cas une limite.
84
Le portfolio d’éco-efficience permet la mise en relation des coûts et des impacts dans un cadre
d’interprétation qui se base sur le choix d’un facteur de compromis, bien évidemment ce choix
appartient au preneur de décision. Dans le cadre de cette étude, l’analyse d’éco-efficience a permis
d’identifier trois scénarios éco-efficients par rapport au scénario de base et de les classés en ordre
décroissant: la structure CLT, l’habitude de séchage et finalement les fenêtres à haute performance.
Ce résultat a permis de déboulonner les discours markétings visant à toujours offrir des solutions
techniques qui ne favorisent pas un changement fondamental dans les modes de production et de
consommation et qui constitue une limite au potentiel transformateur du bâtiment durable vers une
transition socio écologique des façons de faire. Cependant, le fait que l’interprétation du portfolio
d’éco efficience n’est pas basé sur une référence optimale ou encore sur des cibles de réductions,
il est difficile de classer avec exactitude les options éco-efficience entre elles. Ce qui soulève la
question de la mise en contexte des impacts au niveau micro dans un contexte d’amélioration plus
globale. Le manque d’alignement entre les performances à l’échelle micro et les cibles de réduction
ou les objectifs de performances établies à des échelles macro constitue une limite. Cependant,
bien que ceci soit possible à l’échelle d’une industrie où il est possible de ramener une cible de
réduction sectorielle à un ensemble de solutions optimales pour l’atteinte des objectifs, cet exercice
reste plus ardu dans le contexte du bâtiment. Ceci amène à se questionner sur la pertinence de l’éco-
efficience dans la mesure de la contribution à la performance globale. Autrement dit, est-ce l’éco
85
efficience sert à faciliter l’atteinte des objectifs macro ou sert-elle tout simplement à exclure les
options qui ne permettent pas un réel changement de paradigme dans le secteur d’activité. Ce
dernier cas de figure offre l’avantage de considérer un plus grand nombre de solutions sans se
limiter par des cibles et des objectifs dictés par un niveau hiérarchique, ce qui favorise l’exploration
de solutions nouvelles touchant des enjeux qui ne sont pas encore assimilés au niveau des instances
macro.
86
CHAPITRE 7 CONCLUSION
L’objectif de cette étude est de proposer une approche opérationnelle pour faire une analyse
intégrée des coûts et des impacts environnementaux dans le contexte décisionnel de comparaison
entre le bâtiment à structure légère et celui à structure CLT. Le profil des deux bâtiments a été
raffiné grâce à l’intégration de l’AcCV environnementale et de l’AeCV en tableau de bord. Cela a
permis d’identifier des nouvelles opportunités d’amélioration pour la réduction des coûts et des
impacts environnementaux de l’utilisation des bâtiments, ce qui constitue une information
pertinente pour les architectes afin d’explorer des nouvelles pistes de design, pouvant résulter en
une réduction des remplacements notamment de la peinture et du plancher. En conclusion, bien
que les profils environnementaux des bâtiments soient similaires, le scénario de structure en CLT
semble plus performant au niveau des coûts.
Le modèle d’éco-efficience proposé s’est avéré le plus adapté au contexte opérationnel de prise de
décision grâce à ses caractéristiques de facilité et de rapidité d’interprétation. Ce modèle est donc
un levier potentiel dans la sélection des options dans un contexte d’écoconception des bâtiments.
L’AcCV sociétale quant à elle s’avère moins utile dans ce contexte, car les facteurs de
monétarisation de Stepwise 2006 et de sévérité DeSchryver induisent un biais de pondération.
Cependant, cette méthode est plus pertinente pour évaluer les projets pilotes en vue la mise en place
d’une politique publique, à condition que les facteurs de monétarisation soient améliorer et adaptés
au contexte. « Le projet K » étant ancré dans une stratégie plus globale de promotion du bois
comme matériau de construction à l’échelle du Québec, cette étude suggère d’améliorer le modèle
d’AcCV sociétale en adaptant les facteurs de monétarisation pour le pays concerné et en y ajoutant
des externalités sociales comme la valeur sociale du bois. De plus, un modèle des émissions
environnementales plus dynamique donnerait des résultats beaucoup plus représentatifs du coût de
ces externalités.
Finalement, ces deux méthodes ont un potentiel de déploiement dans le secteur du bâtiment
durable. L’écoconception utilisant le modèle d’éco-efficience proposé serait particulièrement
adaptée aux acteurs tels que les firmes d’architectes. L’AcCV sociétale a un potentiel pour soutenir
les décisions publiques visant à identifier les mesures les plus pertinentes pour la diffusion des
pratiques durables de construction.
87
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95
Données d’inventaire
Cette étude a privilégié les données primaires disponibles et faciles d’accès au départ, suivi d’une
collecte de données plus détaillée pour certains processus/paramètres clés spécifiques. Ces données
proviennent de trois sources : l’entrepreneur chargé de la construction, les données calculés à partir
des plans et devis et les simulations de consommation énergétique (chauffage, eau chaude et
électricité) fournis par la firme responsable de la fournaise (Poly-énergie).
Pour ce qui est des données secondaires, elles proviennent principalement d’articles scientifiques
sur des ACV de bâtiments ainsi que des jeux de données d’inventaire du cycle de vie (ICV)
disponibles dans la base de données ecoinvent version 3.1 (www.ecoinvent.ch/). Il faut noter que
l’utilisation de données européennes pour représenter l’Amérique du Nord peut introduire un biais
dans certains cas. Cependant, la base de données ecoinvent contient aussi des jeux de données
spécifiques au contexte québécois, développé dans le cadre du projet de base de données
d’inventaire du cycle de vie québécoise, mené par le CIRAIG. Ces données concernent le bouquet
électrique (grid mix) québécois relié au processus d’avant plan, les productions de bois, d’eau
potable, de ciment ou d’OSB. Il est toutefois important de noter que tous les processus d’avant-
plan ayant lieu au Québec font appel aux processus d'arrière-plan les plus appropriés au contexte
énergétique en question puisque le bouquet électrique québécois est inclus dans la base de données
ecoinvent v 3.1
96
Tableau A.1 Principales données, sources et hypothèse utilisés sans l’ICV d’avant plan (source :
rapport du CIRAIG)
Hypothèses générales :
Dans les cas où aucune source n’était disponible, des hypothèses ont aussi été posées, en accord
avec la SHQ. Les principales estimations et hypothèses relatives aux systèmes sont énumérées plus
bas.
97
1. La durée de vie des bâtiments : les bâtiments seront construits dans une perspective
durable. Ils sont voués à être utilisés de façon optimale et le plus longtemps possible. Une
durée de vie de 75 ans est donc supposée. Une analyse de sensibilité a été effectuée sur ce
paramètre.
Étude d’impact
La méthode européenne IMPACT 2002+ (Jolliet et al,. 2003), reconnue internationalement, a été
choisie pour effectuer l’évaluation des impacts du cycle de vie. La version utilisée par le CIRAIG
correspond à la version 2.10 (Jolliet et coll., 2003 et illustrée sur www.sph.umich.edu/riskcenter
/jolliet/impact2002+.htm), modifiée afin que les catégories d’impacts Eutrophisation aquatique et
Acidification aquatique soient intégrées à la catégorie de dommage Qualité des écosystèmes
(Figure 7-2)
98
Santé humaine : cette catégorie prend en compte les substances ayant des effets toxiques
(cancérogènes et non cancérogènes) et respiratoires, produisant des radiations ionisantes et
qui contribuent à la destruction de la couche d’ozone. Afin d'évaluer le facteur de dommage,
la gravité de la maladie potentiellement causée par ces substances est exprimée en DALY
- Disabled Ajusted Life Years, unité reflétant le dommage à la santé humaine.
Qualité des écosystèmes : cette catégorie regroupe les impacts liés à la toxicité aquatique
et terrestre, à l’acidification et à l’eutrophisation aquatique, à l’acidification et à la
nutrification terrestre et à l’occupation des terres. Elle est quantifiée en fraction d’espèces
potentiellement disparues, sur une surface donnée et durant une certaine période de temps,
par kilogramme de substance émise (www*an/kg).
99
Changement climatique : le potentiel de chaque gaz à effet de serre (GES) est calculé en
kilogrammes de dioxyde de carbone équivalent (kg CO2 éq.), basé sur les données sur le
forçage radiatif infrarouge. La méthode IMPACT 2002+ évalue les effets potentiels des
émissions sur une période de 500 ans. Les résultats obtenus pour la catégorie Changement
climatique ne sont donc pas comparables à ceux obtenus par d’autres méthodes considérant
un potentiel de réchauffement global sur 100 ans. Il est à noter que le CO2 « biogénique
est considéré comme n’ayant pas de contribution au changement climatique (Potentiel de
réchauffement global, PRG=0), du fait qu’il est capté par les plantes, puis réémis à
l’atmosphère. Le PRG du méthane de source biogénique (produit par la décomposition de
la biomasse en absence d’oxygène) est établi à 7,6 kg CO2 éq./kg CH4 alors que le méthane
de source fossile a été ajusté à 10,35 kg CO2 éq./kg CH4 fossile (soit 7,6 + 2,75) pour
prendre en compte la transformation subséquente du CH4 en CO2.
Il faut noter que ces catégories ne couvrent pas tous les impacts environnementaux possibles.
Plusieurs types d’impacts, dont le bruit, les odeurs, la qualité de l’air intérieur, le confort (lié aux
ambiances thermiques et d’éclairage), le transport des locataires et l’aménagement.
Le logiciel SimaPro 8.04 a été utilisé pour faire le calcul des impacts potentiels associés aux
émissions inventoriées. C’est lui qui procède à la classification des flux élémentaires entre les
diverses catégories d’impacts et au calcul des résultats d’indicateurs de dommages.
Interprétation
La fiabilité des résultats et des conclusions de l’ACV dépend de la qualité des données d’inventaire
qui sont utilisées. Il est donc important de s’assurer que ces données respectent certaines exigences
spécifiées en accord avec l’objectif de l’étude. Hypothèses et des approximations employées. Les
résultats de l’évaluation des impacts ont également été validés par une seconde méthode ÉICV
Analyse d’incertitude
L’incertitude sur les données d’inventaire, qui n’est pas évaluée dans la présente étude ;
Cette seconde forme d’incertitude ne pouvant être quantifiée à l’aide d’une analyse statistique, les
lignes directrices proposées par les auteurs de la méthode IMPACT 2002+ ont été suivies (Humbert
et al., 2009). Elles établissent des seuils de significativité pour différentes catégories d’impact, en
deçà desquels il n’est pas possible de conclure quant à la meilleure performance environnementale
d’une option sur une autre :
Un à deux ordres de grandeur en termes d’effets En se basant sur les résultats obtenus pour les
différentes options, les seuils de significativité suivants ont été employés au chapitre 3 pour
interpréter les résultats obtenus pour les catégories de dommages :
dominée par la catégorie d’impact « effets respiratoires dus aux substances inorganiques »);
ordres de grandeur (x10 à x100) pour Qualité des écosystèmes (car pour tous les
systèmes étudiés, cette catégorie est dominée par l’« écotoxicité terrestre » et l’« utilisation des
terres », catégories d’impacts mal caractérisées par les modèles actuels).
101
Ces lignes directrices dépendent toutefois de la corrélation entre les systèmes comparés; deux
systèmes très similaires présentant des écarts inférieurs à ceux exposés ci-dessus peuvent donc être
considérés comme significativement différents.
Analyse de sensibilité
À partir des principaux processus/paramètres contributeurs identifiés par l’analyse de qualité des
données, des analyses de sensibilité ont été effectuées sur les paramètres suivants:
Étant donné l’importance de l’étape d’utilisation dans le cycle de vie des deux bâtiments,
plusieurs analyses de sensibilité sur la consommation d’énergie pour le chauffage ont été
effectuées :
Il est à noter qu’aucune analyse de sensibilité n’a été effectuée dans le but d’affiner les frontières
des systèmes. En effet, tous les processus modélisés ont été pris en considération dans l’analyse.
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