I. P. M. - 91406 Orsay Cedex A: LU ID
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Alexandre MAYOLET
pour obtenir le grade de Docteur en Sciences
de l'Université de Paris XI Orsay
N°D'ORDRE : 3964
UNIVERSITE DE PARIS-SUD
U.F.R. SCIENTIFIQUE D'ORSAY
THESE
présentée
pour obtenir
PAR
Alexandre MAYOLET
INTRODUCTION 1
1. Choix de TTE 10
2. Enjeu économique 23
A. Dispositifs expérimentaux 29
1, Définitions 39
2. Méthodologie de la mesure 41
2.1. Efficacité de détection des photocathodes 41
2.2. Variation du flux de photons incidents 42
2.3. Caractérisation des spectres 42
2.4. Détermination de la valeur absolue du rendement quantique externe et de
la réflectance 44
m . RAPPELS THEORIQUES 48
A. Synthèses 75
B. Structures cristallographiques 79
1. Borates de terres rares 79
1.1. Orthoborates de terres rares 79
1.1.1. YBO 3 et GdBO3 79
1.1.2. LaBO 3 79
1.2. Métaborates de terres rares : La(BO2)3 et Gd(BO2)3 79
CONCLUSION 185
LISTE DES FIGURES
page
CHAPITRE I
CHAPITRE m
Figure III.2. Etendue en énergie de la configuration 4fn (2 < n < 7) des ions Ln 3+ 53
CHAPITRE V
Figure V.l. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des orthoborates de terres rares
non dopés 93
Figure V.2. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des métaborates de terres rares
non dopés 94
Figure V.3. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des orthophosphates de terres
rares non dopés 95
Figure V.4. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des métaphosphates de terres
rares non dopés 96
Figure V.5. Spectre de réflectivité diffuse, à 300K, du YAG non dopé 97
Figure V.6. Spectres d'excitation, calibrés en rendement quantique externe (Qext)>
de la luminescence de l'ion Eu 3+ , à 300K, dans les orthoborates de
terres rares 99
CHAPITRE VI
Figure VI.7. Illustration dans le modèle des bandes de la position relative des trois
premiers états 4f75d de l'ion Tb 3 + relativement à la bande de
conduction du YAG et du YGG 154
Figure VI.9. Illustration dans le modèle des bandes de la position relative de l'état
d'auto-ionisation Ln 4+ + e" (lié) par rapport à l'état fondamental (Ln3+),
dans le cas d'une intensité du champ cristallin forte (a) et faible (b) 156
Figure VI. 10. Spectre d'excitation, calibré en rendement quantique externe (QextX de
la luminescence de l'ion Tb 3+ dans le réseau hôte YAP 158
Figure VI. 11. Spectre d'excitation, calibré en rendement quantique externe (QextX de
la luminescence de l'ion Tb 3+ dans le réseau hôte LaGaC>3 158
CHAPITRE VII
Figure VII.l. Spectre d'excitation de la luminescence de l'ion Tb3"1" dans Y2SiO5 171
CHAPITRE I
Tableau 1.3. Cahier des charges d'un écran plat mural de 50 pouces 26
CHAPITRE n
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
Tableau V.l. Energie du minimum de réflectivité diffuse des matériaux non dopés 91
Tableau V.3. Energies, à 10K, des mécanismes d'absorption des matériaux dopés
avec les ions Ce 3+ au sein desquels ces derniers n'occupent qu'un seul
site cristallographique 115
Tableau V.4. Energies des transitions 4fn —» 4f "-1 5d et 4fn —» 4fn-] 6s pour les
ions Ce 3+ , Pr 3+ et Tb 3+ à l'état gazeux 118
Tableau V.5. Energie du barycentre des niveaux 5d et étendue en énergie de la
configuration 5d de l'ion Ce 3+ 124
Tableau V.8. Energies des transitions radiatives de l'ion Ce 3+ et écart d'énergie entre
les bandes d'émission 133
Tableau V.9. Ecarts d'énergie entre les états de la configuration 4f2 et indexation des
transitions radiatives de l'ion Pr 3+ dans les réseaux hôtes YPO4 et
La(PO3)3 134
CHAPITRE VI
Tableau VI.l. Décalages de Stokes (103 cm"1) des matériaux dopés avec les ions Ce 3+
etPr 3 + 139
Tableau VI.2. Paramètres des deux premières bandes d'absorption de l'ion Ce 3 +
introduit dans le réseau YAG 147
CHAPITRE
Tableau VII.l. Rendement quantique externe mesuré à 7,3eV pour des luminophores
dopés avec des ions Tb 3+ 174
Tableau VII.2. Caractéristiques spectrales de matériaux commerciaux dopés avec des
ionsMn 2+ 180
Pour une application télévisuelle des PAP couleur, les matériaux luminescents
doivent posséder des caractéristiques photométriques, colorimé trique s et de dynamiques
de fluorescence adaptées à cette technologie. Ainsi, ils doivent présenter un rendement
quantique d'émission élevé, une émission visible saturée et un temps de déclin de la
luminescence, à 10% de l'intensité initiale, inférieur à 10ms sur tout le domaine d'énergie
d'émission du plasma. Jusqu'à présent, aucun composé présentant une émission verte ne
répond parfaitement à l'ensemble de ces trois critères.
Dans le cas général, un luminophore est constitué d'un réseau hôte au sein duquel
un ion luminogène, ou centre activateur de la luminescence, est introduit par dopage. Cet
ion peut appartenir à la série des éléments de transition, ou à la série des lanthanides. Sur
un domaine d'énergie incidente compris entre 3eV et 30eV (VUV), l'interaction photon-
matière se traduit dans ces matériaux par l'apparition de plusieurs processus d'absorption
qui sont liés à la nature différente des centres absorbants. Dans tous les cas, l'absorption
du photon incident doit induire une luminescence importante de l'ion dopant. La recherche
d'un nouveau matériau luminescent implique donc de bien comprendre l'action des
différents facteurs qui régissent les rendements quantiques des luminophores. C'est la
raison pour laquelle nos travaux portent sur l'étude des processus d'absorption dans le
domaine UV et VUV et de transfert d'énergie au sein de matériaux luminescents et plus
particulièrement, au sein des matériaux inorganiques dopés avec des ions lanthanides
trivalents.
Nous avons choisi l'ion Tb 3+ (41*) comme centre émetteur car il présente dans de
nombreuses matrices d'accueil d'une part, une émission intense au voisinage de 540nm,
et d'autre part un temps de déclin inférieur aux 10ms souhaitées [1]. Cependant, le
rendement quantique d'émission de l'ion Tb 3 + peut varier de manière importante d'un
réseau hôte à l'autre. Nous avons alors aussi choisi d'étudier des matériaux inorganiques
différents de part leur nature chimique et leur stucture cristallographique afin de dégager
des lois très générales régissant les rendements quantiques d'émission du centre
luminescent. Ces différentes matrices ont été dopées avec divers ions lanthanides
trivalents : Ce 3+ , Pr 3+ , Eu 3+ et Tb 3+ . Les ions Ce 3 + (4f!) et Pr 3+ (4f2) ainsi que l'ion
Tb 3 + (4Î8) de part leurs premières transitions 4fn-I5d apparaissant à faible énergie sont
considérés comme des centres donneurs d'électron au réseau hôte [2, 3, 4], alors que
l'ion Eu 3+ de part son affinité électronique peut être considéré comme un centre accepteur
d'électron du réseau hôte [4,5].
Par ailleurs, un éclairage particulier a été porté sur la comparaison des processus
d'excitation de la luminescence des ions Ce 3+ (4f*) et Tb 3+ (4^) dont le comportement
semble voisin de part leur position respective dans la série des lanthanides : au début (4fl)
et après la demie couche 4f7 (4f 7 + 1 ).
Parmi les différentes matrices, les orthophosphates ainsi que les orthoborates de
terres rares dopés avec des ions lanthanides sont connus pour offrir sur le domaine
d'excitation du VUV des rendements quantiques élevés [6,7]. Nous avons choisi de
comparer les réponses de ces matériaux avec celles des métaphosphates et des métaborates
de terres rares qui sont aussi connus pour être des matériaux photoluminescents efficaces
[8,9] mais dont les rendements, à notre connaissance, n'ont pas été mesurés dans le
VUV. C'est ainsi que les spectres d'excitation de la luminescence des ions Ce 3+ , Pr 3+ ,
Eu 3+ et Tb 3 + introduits dans les ortho- et métaphosphates de terres rares, respectivement
de formule TRPO4 et TR(P03b (TR 3+ = Y 3 + , La 3 + , Gd 3 + ) et dans les ortho- et
métaborates de terres rares, respectivement de formule TRBO3 et TR(BC>2)3 (TR 3+ =
Y 3 + , La 3+ , Gd 3+ ), ont été mesurés.
Afin de pouvoir effectuer ces mesures dans de bonnes conditions, il était nécessaire
de posséder un spectrophotomètre maintenu sous ultra-vide et équipé d'une source de
photons de longueur d'onde variable couvrant le domaine du VUV. Nous avons utilisé
pour cela l'outil à fort potentiel pour l'investigation de la matière qu'est le rayonnement
synchrotron. Ce rayonnement électromagnétique est issu de l'anneau de stockage de
positons SUPER-ACO du Laboratoire pour l'Utilisation du Rayonnement
Electromagnétique (LURE). H est émis dans un large domaine spectral continu s'étendant
de l'infra-rouge aux rayons X mous lorsque la trajectoire de la particule chargée est
courbée par un champ magnétique. Pour ce qui concerne notre étude, nous avons limité le
domaine d'excitation des luminophores entre 3eV et 30eV et plus généralement entre 3eV
et 12eV.
Ce travail s'inscrit dans le cadre d'une convention CIFRE établie entre la société
Thomson-TTE-TIV, située à Moirans dans l'Isère, et l'Institut de Physique Nucléaire
d'Orsay.
Il est constitué d'une partie appliquée sous tendue par des développements à
caractères fondamentaux qui doivent permettre la compréhension des mécanismes de la
luminescence des matériaux photoluminescents émettant dans le vert et utilisables dans les
PAP couleur.
A ce titre, nous présenterons, dans un premier chapitre, le principe et le
fonctionnement des Panneaux à Plasma couleur développés par la société Thomson-TTE-
TIV.
Nous présenterons ensuite la technique expérimentale de photoluminescence mise
au point à l'IPN qui utilise le rayonnement synchrotron comme source excitatrice des
luminophores étudiés, ainsi que la méthodologie de la mesure qui nous permet de
déterminer leur rendement quantique sur l'ensemble du domaine d'énergie étudié.
Le troisième chapitre sera consacré aux rappels théoriques des processus
d'absorption et de transfert d'énergie qui induisent la luminescence de l'ion dopant
lanthanide.
Dans un quatrième chapitre, nous présenterons les modes de synthèse chimique
utilisés ainsi que les structures cristallographiques des matériaux synthétisés, à savoir, les
ortho-et métaborates de terres rares, les ortho- et métaphosphates de terres rares et certains
grenats d'alumino-gallates d'yttrium.
Le cinquième chapitre sera consacré à l'analyse des spectres d'excitation de la
luminescence et de réflectivité diffuse de ces composés. Nous discuterons également la
variation de l'énergie des seuils des divers mécanismes d'excitation de la luminescence
associés, soit au centre luminescent, soit au réseau hôte.
Dans le chapitre suivant, nous discuterons la variation du rendement quantique de
luminescence du centre activateur en fonction de la nature chimique de la matrice
d'accueil.
Enfin, dans le dernier chapitre, nous présenterons notre sélection de luminophores,
dopés soit avec des ions Tb^+ soit avec des ions Mn 2+ , qui sont susceptibles d'être
retenus pour une application dans les PAP couleur comme éléments générateurs de la
couleur verte.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[3] W. Rossner, H. Bodinger, J. Leppert, B.C. Grabmaier, IEEE Trans. Nucl. Sci.
40(4) (1993) 376.
[8] H.S. Killian, F.P. van Herwijnen, G. Blasse, J. Solid State Chem. 74 (1988) 39.
Ne* -> Ne + h V
Ne* -> Ne m + h V
la relaxation de l'état excité du néon se fait soit vers son état fondamental, soit vers
un nouvel état excité métastable (Nem) et s'accompagne de l'émission de photons ;
A l'issue des réactions au sein du volume de gaz, plusieurs espèces chargées sont
susceptibles d'atteindre la cathode et d'y provoquer une réaction.
Cette réaction se caractérise par une émission :
(i) d'électrons lors de l'impact d'ions Ne + : l'ion Ne + , dirigé vers la cathode par le
champ électrique, retourne à l'état neutre en capturant un électron de la cathode et en
cédant son énergie d'ionisation. Celle-ci est suffisante pour arracher un électron de la
cathode. Ce dernier est ensuite accéléré par le champ en direction de l'anode ;
(ii) d'électrons lors de l'impact d'atome excité métastable Ne m : l'énergie libérée lors de
la désexcitation de l'état Ne m au contact de la cathode est suffisante pour arracher un
électron ;
Cathode
(E)
Electron Ionisât ion Excitation
Ne Atome neutre de ne'on de G—«-Ne — • ©
Ne + Ion positif de ne'on pennin> I Ne ou
\ y Ne* ,
Ar Atome neutre d'argon
\
Ar+ Ion positif d'argon
Ne* Atome excité de néon
Ne m Atome métastable de néon
V Photon
1^——
10-1-
II sS^
10-3.
10' 5 • IV >k
10-7. V
c
m-9 <^. , 1—
Vd
200 £00
Tension(V)
i - Arc
ii-Luminescence anormale
in-Luminescence normale
iV-Luminescence subnormale (résistance negative)
c -Courbes selon les caractéristiques du
circuit d'amorçage
Vjj-Tension de déclenchement
- (a) la limitation par résistance : c'est la famille des panneaux à courant continu
(PAP-dc) ;
1. Choix de TTE
Les raisons qui ont motivé la décision de Thomson Tubes Electronique (TTE) de
travailler avec la structure PAP-ac de type XY sont la robustesse de la structure, la
simplicité technologique du panneau et l'effet mémoire intrinsèque au mode de
fonctionnement qui rend possible la réalisation d'écrans "grands-formats".
10
Néon
Néon+0.1% Argon
pd ( Torr- cm )
11
2. Panneau à plasma monochrome
La structure simple du PAP-ac est représentée sur la figure 1.5. Une enceinte
constituée de deux dalles de verre identiques est remplie d'un mélange gazeux néon-argon
dans lequel s'effectuent les décharges. Les faces internes des dalles comportent
successivement un réseau d'électrodes conductrices parallèles, une couche diélectrique et
une couche de magnésie isolant les électrodes du milieu gazeux.
La magnésie permet, d'une part, d'éviter la dégradation du diélectrique lorsque la
température augmente et, d'autre part, de diminuer la tension d'allumage grâce à son fort
coefficient d'émission d'électrons secondaires. Les deux dalles sont assemblées de
manière à ce que les réseaux d'électrodes soient orthogonaux tout en conservant un espace
de faible épaisseur et uniforme entre les dalles. Les points d'intersection des électrodes
forment alors des cellules de gaz disposées en matrice.
Le principe original de fonctionnement de ce dispositif est dû à la présence d'une
couche de diélectrique sur les électrodes qui, en stockant les charges créées lors de
l'ionisation du gaz, confère au panneau un effet mémoire. En appliquant à la cellule de gaz
une tension alternative Va et en mesurant l'amplitude des impulsions du courant qui se
produisent à chaque changement de polarité, on obtient une caractéristique courant-tension
qui présente une allure de courbe d'hystérésis. Celle-ci possède deux tensions de seuil :
V a (tension d'allumage) et Ve (tension d'extinction). La tension de fonctionnement Vf
doit alors être choisie entre Va et Ve (figure 1.6). L'électronique de commande, qui
applique les signaux aux lignes et aux colonnes du panneau, permet d'affecter
indépendamment à chaque cellule de gaz, un état stable "allumé", de l'y maintenir ou de
l'éteindre selon l'image désirée.
Les fonctions d'adressage de l'état de la cellule de gaz et la génération de l'énergie
lumineuse sont complètement dissociées de sorte que cette structure permette de réaliser
des grands écrans possédant un grand nombre de pixels. De plus, l'effet de papillotement
est alors éliminé car le taux de remplissage de l'état "allumé" se trouve égal à 1.
Dans ce type de panneaux, la luminescence orangée du plasma est directement
observée. Elle correspond à la désexcitation radiative des atomes de néon excités
(figures 1.7 et 1.8).
12
Dialectiques Electrode horizontale
28î j j m I
7
500mb Joint de
A * M scellement
Mg 0.200 nm
Electrode verticale
Dalle de verre
VA
Tension de
f oncfronnement
'Eteint'
13
E eV
N e + 2s 2 2p5
-21.6
21
2p5 i d , 5s
20 X=4704- 5820 AE 2p 5 3d
2p 5 is X77/A</777A
\- 6866^03220 A
19
18
X= 5852-7439 A
17 JP,(is 2 )16.a« eV
2P S - 2 p o (is,) 16.71 ••
- 3 p, (1s j 16.67 ••
( 1 ) 16.61 »
16
Ne 2s2 2p6
1.0-
>
B 0.8
a;
0.6-
a>
0.4-
to
S o.2H
0
500 550 600 650 700
Longueur d'onde ( n m )
14
3. Panneau à plasma couleur
(i) par la composition du gaz afin de supprimer l'émission visible au profit de l'émission
VUV;
(ii) par l'adjonction d'un dépôt d'une mosaïque de luminophores excitables par
rayonnement VUV.
Le mélange gazeux est constitué de néon et de xénon (Ne 90% - Xe 10%). Les
figures 1.9 et 1.10 représentent respectivement l'énergie des configurations du xénon et le
spectre d'émission du plasma lors d'une décharge. La raie fine à 147nm provient de la
désexcitation de l'atome de xénon excité dans l'état 1S4. La large bande centrée à 173nm
correspond à la désexcitation radiative de l'excimère
3.2.1. Colorimétrie
La gamme de couleurs accessibles (ou nombre de niveaux par couleur) doit être la
plus grande possible.
Les matériaux luminescents doivent émettre dans les trois couleurs primaires : le
bleu, le vert et le rouge. De plus, leur émission doit être saturée ce qui implique que leur
point-couleur respectif se situe sur le périmètre du diagramme de chromaticité CDS 1936.
Le triangle trichromatique formé par ces trois points possède une surface importante de
sorte qu'il soit possible d'obtenir une gamme de couleurs très riche lors de la combinaison
de ces trois émissions (figure 1.12).
15
E eV
Xe+ 5s5
-12.127
12
Sp'7s
11
A=7887.4-89S2.8A
X = A62£.3-5028.3
10
5p56p
eV
fFF
X= 8231.6-3923.2A
fV 3
p0(is5)9.W'
i
i
__»p,(isj8.43»
— 3p2(1ss)B.3l~
8 - = U69.6A
= 129556A
Xe
16
Observateur
Gaz
Barrière Diélectrique
Diélectrique
Email + Magnésie
Verre
LuminophoreX Electrode Y
17
Tableau 1.1. Spécification des luminophores utilisés par Thomson
OOO
Rouge 2 O,5<0<4 £0,65 < 10 î> 100
Vert 2 O,5<0<4 <0,21 >0,71 < 10 > 100
IV IV IV IV
-O OO OO OO
Bleu 2 O,5<0<4 <0,15 <0,06 < 10 > 100
Tolérance <6 1<0<1O <5 >90
O
Références 1<0<32 100
Rouge
5,3 0,64 0,32 <2 >50 100
Y2O3: Eu3+, P56
Vert
Zn 2 Si0 4 : Mn2+, 5,3 0,21 0,71 30 >90 100
PI
Bleu
BaMgxAlyOz : 5,7 0,15 0,06 « 1 >80 100
Eu2+r PX
Temps de vie > 10 000 heures en PAP. Pas de transformation des points couleurs
3.2.2. Photométrie
La luminosité du panneau (ou luminance) doit être importante, ce qui implique que
le rendement de conversion des photons "VUV" en photons "visibles" (ou rendement
quantique) des matériaux luminescents soit proche de l'unité. Par ailleurs, pour
l'application télévisuelle, il faut tenir compte de la sensibilité de détection de l'oeil humain.
On définit alors un rendement lumineux qui intègre, à la fois, le rendement quantique du
luminophore, la répartition spectrale de son émission et la courbe de sensibilité de l'oeil
moyen photopique. Or, le maximum de sensibilité de l'oeil humain, pour une vision en
plein jour, se situe dans un domaine de longueur d'onde correspondant à la couleur verte.
Afin d'optimiser le rendement lumineux des matériaux luminescents émettant dans le bleu
et le rouge, il est nécessaire de décaler leur émission vers le maximum de sensibilité de
l'oeil tout en veillant à conserver une teinte compatible avec les normes en vigueur pour
les écrans de visualisation (normes UER en particulier). Ainsi une émission décalée de
450 nm à 452 nm conduit, par exemple, à un gain de 10 % en rendement lumineux et une
émission à 610 nm au lieu de 612 nm entraîne un gain de 5 %.
18
0.9
Y
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
19
3.2.3. Granulométrie
Comme l'indique la figure 1.11, les PAP couleur fonctionnent par réflexion. Dans le
domaine d'énergie d'émission du plasma, l'énergie est absorbée essentiellement à la
surface du matériau luminescent.
Les techniques de déposition utilisées dans la conception des PAP couleur ne
permettent pas d'obtenir des dépôts d'épaisseur supérieure à 20 [im.
L'expérience montre que, pour des dépôts de 15 à 20 p.m d'épaisseur, une
granulométrie moyenne de 2 à 3 |im permet d'obtenir un taux de couverture des surfaces
recevant le matériau luminophore supérieur ou égal à 80%.
L'un des paramètres déterminant la durée de vie des écrans est la stabilité chimique
du luminophore sous l'impact des photons VUV incidents. Cela signifie que les
propriétés colorimétriques et photométriques ne doivent pas se détériorer au cours du
temps et implique que les liaisons chimiques mises en jeu dans le matériau soient fortes
afin qu'il n'y ait pas de formation de centres colorés.
20
3.3. Procédé technologique de réalisation du panneau
(ii) dépôt successif des 3 luminophores sur l'écran. Le motif réalisé par le pavage des
luminophores correspond à un réseau "triade" qui définit un pixel (figure 1.13) ;
(iii) construction de barrières antidiaphoties afin d'isoler l'excitation VUV sur la surface
du matériau luminescent choisi (figure 1.13) ;
(iv) assemblage des deux plaques grâce à un joint de scellement et dégazage avant
introduction du mélange gazeux Ne-Xe (10 %).
La situation des écrans plasma par rapport aux autres technologies de visualisation
est illustrée par le diagramme établi par la société japonaise NHK (figure 1.14). Celui-ci
met en évidence l'occupation future du marché par les différentes technologies en fonction
de la dimension des écrans :
(i) les écrans à cristaux liquides (LCD), en vision directe, ont un domaine d'application
dans les écrans de petites dimensions à haute résolution (calculateurs portables). Les
contraintes technologiques liées à la réalisation de matrices de grandes dimensions à
base de semi-conducteurs nécessaires à la commande de ces écrans, limitent à 15
pouces (soit 0,36m) la dimension de la diagonale de l'écran ;
(ii) dans le domaine des petits écrans, l'électroluminescence (EL) trouve également sa
limite supérieure à 10 pouces (0,24m) environ. Elle rencontre encore, de nos jours,
des difficultés dans la réalisation des écrans "pleine couleur" (notamment pour
l'émission bleue) et des problèmes technologiques importants (capacité
interélectrodes très élevée, résistance ohmique des électrodes transparentes,
uniformité des dépôts de couches minces) ;
21
Réseau Noir
>
- VUE DE FACE -
Barrière d'isolement
(ou antidiaphotie)
Réseau Noir
R R V V B B
(iv) enfin, pour des tailles encore supérieures, les écrans à vision directe ne sont plus
envisageables et doivent être remplacés par des écrans à projection, soit à partir de
tubes à rayons cathodiques, soit à partir de valves à cristaux liquides.
2. Enjeu économique
Pour la réalisation d'un écran plat mural de 50 pouces (1,2m) dont les principales
contraintes sont indiquées dans le cahier des charges reproduit dans le tableau 1.3, TTE a
entrepris, en collaboration avec Thomson Consumer Electronics, une étude de faisabilité
qui porte sur trois points fondamentaux :
23
des cellules et à l'amélioration des processus de fabrication et de matériaux. La figure 1.16
présente un prototype PAP couleur de 22 pouces de diagonale.
Note : Les dimensions des cellules sont données sous une forme indiquant l'arrangement
utilisé pour réaliser un pixel « full color » :
24
Part de marché
en %
0 10 20 tt 30 40 50 60
Taille d'écran diagonale en pouces
Figure 1.14. Occupation future du marché (%) par les différentes technologies en
fonction de la dimension des écrans (d'après NHK)
PROTOTYPE
(512 x 512)
PAS 0.8 mm
23"
25
Tableau 1.3. Cahier des charges d'un écran plat mural de 50 pouces
26
THOMSON TUBES ELECTRONIQUES
27
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[3] L.F.Weber, Plasma Display, Flat Panel Display and CRT'S, L.E Tannas, 1985.
[4] D.L.Bitzer, H.G.Slottow, The plasma display panel, a digitally adressable display
with inherent memory, Afips Conf. Proc. 29 (1966) 541.
28
Dans ce chapitre, nous présenterons, dans un premier temps, le dispositif
expérimental utilisant le rayonnement synchrotron comme source excitatrice des matériaux
luminescents ainsi que les diverses techniques expérimentales mises en œuvre. Dans un
second temps, nous exposerons la méthodologie de la mesure qui nous permet de
déterminer le rendement quantique externe et la réflectivité des échantillons polycristallins
en fonction de l'énergie incidente.
A - DISPOSITIFS EXPERIMENTAUX
3 R mc
29
et l'énergie perdue par tour AE est :
/ T- \4
3R mc'
Pour un électron (positron) relativiste (j3 ~ 1), lorsque l'énergie E est exprimée en
GeV et le rayon de courbure R en mètre, on obtient :
E4
p = 88,47 — où P est exprimée en kW.
R
E4 *
P = 88,47 — = 2,654 E 3 x B x I
R
On en déduit que, pour couvrir un domaine spectral s'étendant des rayons X (RX)
mous à l'infrarouge (IR), l'énergie E des positons doit être inférieure au GeV.
Dans l'anneau de stockage SUPER-ACO, des positons accélérés à 800 MeV par
l'accélérateur LINAC du LURE, sont injectés par paquets. Des électro-aimants, placés
sur l'anneau, modifient la trajectoire des particules accélérées (longueur d'onde critique
dans les aimants: ^ c = 18,5 Â, soit E c = 670 eV) et provoquent ainsi l'émission du
30
rayonnement synchrotron. Les pertes d'énergie des particules sont compensées, à chaque
tour, par des cavités hyperfréquences accélératrices qui maintiennent les positons sur leur
trajectoire initiale.
La radiation émise possède les caractéristiques suivantes :
La figure II. 1 schématise la structure de l'anneau SUPER- ACO ainsi que les lignes
de lumière issues de chaque aimant de courbure [5].
2. Ligne de lumière SA 61
Le schéma optique de la ligne de lumière SA 61 est représenté sur la figure II.2 [5].
Les réflexions du faisceau sur les différents miroirs permettent de focaliser le faisceau sur
la fente d'entrée du monochromateur et sur le poste d'expérience choisi (A ou B) tout en
limitant l'énergie du rayonnement synchrotron au domaine leV - 40eV.
Cette ligne de lumière est équipée d'un système de pompage ultravide (qui maintient
la pression entre 10"3 et 10"4 mPa) et d'un monochromateur à incidence normale de 3 m
de distance focale. Celui-ci comporte 3 réseaux holographiques interchangeables de 300,
1200 et 2400 traits par millimètre. Le tableau II. 1 donne les caractéristiques spectrales et
optiques de chacun de ces réseaux [2]. Ils permettent de balayer un large domaine
d'énergie de plus de 30eV avec une résolution (fonction du nombre de traits par mm) et
un flux de photons (fonction de la longueur d'onde de blaze) élevés. Un ordinateur pilote
la mécanique de précision sur laquelle repose les trois réseaux et effectue simultanément
l'acquisition de la mesure.
31
8106
SB6
LITHO
8238
Salle
propre
CO
LO
Miroir loriquo
3,0447m
SA 61.3
Incldonco: 04°,25
Rapport 1.9/1 Réseau A: 2400 t/mm de 350 À à
Dim: 180x45mm Divergence (h x v | ï Reseau B: 1200 1/mm de 350 A à 3000 A
Focalisation E= 150x37mm 28,5 x 9,5 mrad Réseau C: 300 t/mm de 350 A à 10000 A
(ii) d'un banc de pompage turbomoléculaire Leybold Turbovac 150 qui maintient une
pression interne de 10"l mPa ;
(iii) de deux porte-échantillons sur lesquels il est possible de pastiller sept échantillons
dans des cavités cylindriques de 8 mm de diamètre. Les deux positions disponibles
permettent de travailler soit sous incidence normale, soit sous incidence à 45° ;
(iv) d'une bride destinée à recevoir un cryostat dont la température est ajustable entre
300K et 10K. Le porte échantillon refroidi est en cuivre et de conception identique à
celui utilisé pour les mesures effectuées à température ambiante. Le cryostat ainsi
que sa régulation de température ont été réalisés par le Service de Cryogénie de
l'IPN ;
34
Faisceau Incident SUPER-ACO
Monochromateur VUV
MAC
Pilotage
X
" J rrflecrivilc'
Grille d'or
Détection
Réflectivité,
PMR1220
(115-300 nm)
Pompage
Turbomoléculairt
(6 échantillons + NuSAL)
(vi) d'une grille d'or et d'une contre-plaque polarisée à 50 V. Lorsque l'énergie des
photons incidents atteint l'énergie du seuil de seconde ionisation de l'or, soit
20,5 eV (X. = 60 nm), des photoélectrons sont émis par la grille et collectés par la
contre-plaque. L'intensité du courant, mesurée par un picoampéremètre, est alors
proportionnelle à l'intensité du flux de photons incidents qui sont focalisés sur la
surface de l'échantillon.
Les tensions de sortie aux bornes de la résistance de charge associée aux PM sont
transformées en train d'impulsions calibrées grâce à des convertisseurs tension-fréquence
mis au point par le Service Electronique Physique de l'IPN.
L'acquisition des données s'effectue grâce à une chaîne de comptage (compteur
Camac) interfacée avec l'ordinateur de la ligne.
36
3.2. Spectre d'émission
37
Faisceau Incident SUPER-ACO
Monochromateur VUV
Détection
émission
PM R212 Grille d'or
(185-650 nm)
Monochromateur
ORIBL 77250
réseau 300 traits/mm
blaze : 500 run
Pompage
Tu rbomo léeu la ire
Porte échantillons
( 7 échantillons)
38
La seconde déclenche l'ouverture d'un convertisseur temps-amplitude (CTA). La
fluorescence est détectée à l'aide d'un PM rapide Hamamatsu H5321 (dont la résolution à
mi-hauteur est inférieure ou égale à 600 ps) fonctionnant comme compteur de photons. H
délivre, au plus, par impulsion lumineuse, un seul photoélectron dont la probabilité
d'arrachement est proportionnelle à l'intensité instantanée parvenant à la photocathode.
L'impulsion électrique associée provoque la fermeture du convertisseur (CTA) après un
intervalle de temps At variable. L'analyseur d'amplitude à multicanaux (AM) mesure une
hauteur AV de l'impulsion proportionnelle à At à la sortie du CTA. Une accumulation
répétitive des mesures de AV permet la construction de l'histogramme des intervalles de
temps At qui représente alors I(t). Les impulsions électriques fournies par le signal
SUPER-ACO et le photomultiplicateur sont sélectionnées et mises en forme par les
discriminateurs Dl et D2. Le relevé des courbes donnant I(t) nécessite quelques dizaines
de minutes de temps d'accumulation afin d'obtenir une bonne précision statistique de
mesure (ce laps de temps d'acquisition peut être augmenté lorsque le rendement quantique
d'émission du matériau est faible). Les résultats sont ensuite traités à l'aide d'un
ordinateur.
1. Définitions
Ne
q=— (i)
Na
39
Impulsion lumineuse SUPER-ACO
Signal SUPER-ACO
Impulsion
électrique
Monochromateur VUV
Dj ; D2 : discriminateurs
ï
I>2
Analyseur
Multicanaux
AM
\f
LURH
L J
'•''•'•'•''•'>
J
Ordinateur
Figure 11.5. Dispositif expérimental permettant de mesurer l'intensité de fluorescence résolue dans le temps
40
Le rendement quantique externe q ex j est, quant à lui, défini comme le rapport entre
le nombre de photons émis Ne et celui de photons incidents Ni, soit :
Ne
<*ext= -fir (2)
Ne Na Ne n.
= — = — x — = a q (3)
4
Ni Ni Na
=
<lext tt"R) x
Q
R = ^ (4)
Ni
Comme nous allons le montrer par la suite, le dispositif de la figure II.3 permet de
relever simultanément les deux "grandeurs" expérimentales qext et R qui caractérisent le
matériau luminescent.
2. Méthodologie de la mesure
41
fluorescence, l'efficacité de détection de la photocathode du PM Hamamatsu R928, P,
dépend de la répartition spectrale de l'émission du matériau. Ainsi, par exemple, le
rayonnement émis par un luminophore d'émission bleu et un luminophore d'émission
rouge auront une efficacité de détection P différente. En revanche, pour la détection de la
réflectivité, l'efficacité de détection de la photocathode du PM Hamamatsu R1220, y, est
identique pour chacun des matériaux étudiés puisque le rayonnement mesuré, dans ce cas,
est le rayonnement incident diffusé.
42
- à l'instant t :
S* ch (Xi) = Nr(Xi)Y(Xi)
S
ech <W> = qext(?û)Ni(?d,t)p(X e e ch ) (5)
S
?ch (Xi) = R(Xi) Ni(Jli.t) y(Xi) (6)
cR
et
Ainsi, on déduit des équations (5), (6) et (7), l'expression du rendement quantique
externe et de la réflectance de l'échantillon par rapport à la référence :
or
43
S * . (Xi) iNasal
R (Xi) = -=££!! oi__
<iF an Tecn
Le rendement quantique externe de la référence étant connu à 254 nm, l'équation (8)
conduit à :
SF jNaSal
f
qgft (254nm) = - ^ - (254nm) - ^ _ - - ^
d.ou
Y(254nm)
SF j
Ref
avec Y(254nm) = c (254nm)
44
Tableau II.2. Rendements quantiques externes absolus à 254 nm obtenus pour les
références émettant dans le bleu, le vert et le rouge [9]
Luminophores Luminophores
Références NBS qext (%)
Y 2 O 3 : Eu3+ 75
(Sylvaniall37)
Maximum
Luminophores d'émission qext (%) R(%)
(nm)
Ba Mg Alio Oi9 : Eu 2+
(Philips - U709) 447 77,40 14
Zn2 SiO4 : Mn 2+
(Philips - G210) 525 65,57 17
Y 2 O 3 : Eu 3+ 610 72 27
(Philips-U719)
a TNaSal Ref/ic/i \
q e x t ()d) _= ech or q£!t(254nm)
jech Y(254nm)
>NaSal
45
De même, la réflectance de la référence étant connue pour une excitation à 254 nm,
nous déduisons, de l'équation (9), l'expression suivante :
SR
S
Z(254 nm) représente alors l'intensité mesurée à 254 nm sur le spectre de réflectivité
diffuse de la référence.
46
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[2] D.H. Tomboulian, P.L. Harman, Phys. Rev. 102 (1956) 1423.
[3] A.A. Sokolov I.M. Ternov, Synchrotron Radiation, Pergamon, N.Y., 1968.
[7] A. Bril, A.W. Veenis, J. Res. NBS-A Phys. and Chem. 80A (3) (1976) 401.
47
u
n IT
Dans ce chapitre, nous nous proposons de résumer les processus énergétiques qui
induisent la luminescence d'un solide inorganique dopé avec des ions lanthanides
trivalents (Ln 3+ ).
La probabilité de transition par unité de temps entre un état initial décrit par la
fonction d'onde \|/j et un état final décrit par la fonction d'onde \|/f est [1] :
?\
Pabs -
48
où N est le nombre moyen de photons dans l'état d'énergie hv et M, l'élément de matrice
décrivant le moment de la transition (moment dipolaire électrique ou magnétique).
La section efficace d'absorption est définie comme :
o(v) =
8 î t V
XT J
cN —~— dv
Ja(v)dv = ^ |M|2
k(E) = n! o(E)
Dans le cas d'atomes situés dans un milieu d'indice de réfraction n, il est nécessaire
de remplacer c par—. Il faut aussi introduire le rapport du champ effectif Eeff au champ
Jc(v)dv = — n Bif
C
Bjf est le coefficient d'Einstein lié à la probabilité d'absorption par unité de temps
entre l'état initial i et l'état final f. Son expression est, dans le cas d'une transition
dipolaire électrique :
Bjf = « 42 |M|2 I I
* 3h gi
Les transitions obéissent à des règles de sélection qui différent selon la nature des
transitions (dipolaires électriques ou magnétiques). Les règles de Laporte imposent que
les transitions électroniques soient dipolaires électriques lorsqu'il y a changement de
parité de la fonction d'onde y (Al = ± 1) et dipolaires magnétiques dans le cas contraire
(Al = 0). Enfin, indépendamment de la nature de la transition, seules les transitions entre
états de multiplicité de spin identique sont permises (AS = 0).
Néanmoins, ces règles de sélection ont été obtenues en considérant d'une part que
le couplage spin-orbite, qui mélange les fonctions d'onde de même J et de L et S
différents, est négligeable et d'autre part que les atomes ne vibrent pas. Celles-ci sont
généralement affaiblies par le mélange des fonctions d'onde d'états de parité opposée avec
l'interaction du champ cristallin ou lors du couplage avec les modes de vibration de la
matrice qui brisent la symétrie.
En spectroscopie électronique, l'interaction prépondérante est généralement celle qui
met en jeu la composante électrique du rayonnement (Al = ± 1). Les transitions dipolaires
électriques sont donc très intenses lorsqu'elles sont permises.
Les ions lanthanides sont caractérisés par une couche 4f partiellement remplie. La
configuration électronique fondamentale des ions trivalents est alors :
50
Les orbitales 4f possèdent les propriétés d'une couche interne protégée des effets de
son environnement extérieur par les orbitales pleines 5s2 et 5p6. De ce fait, l'influence du
réseau hôte (interaction de champ cristallin) sur l'énergie des transitions optiques
intraconfigurationnelles 4fn est faible bien qu'essentielle pour permettre ces transitions.
L'ion lanthanide est en général considéré comme isolé dans la matrice d'accueil.
La figure III. 1 représente la totalité ou une partie des niveaux d'énergie J de la
configuration 4fn en fonction du nombre d'électrons sur la couche 4f pour les ions Ln 3+
[3]. La largeur des niveaux représente l'importance de l'éclatement des états sous l'effet
du champ cristallin qui reste cependant très faible comparativement aux éléments de
transition. Les transitions intraconfigurationnelles étant interdites par la règle de sélection
sur la parité, les sections efficaces d'absorption associées à celles-ci sont faibles. Par
ailleurs, comme la concentration molaire en ions dopants dans la matrice d'accueil est
généralement faible, l'absorbtion due aux transitions intraconfigurationnelles se traduit
alors par des raies de faible intensité sur les spectres optiques.
La figure III.2 présente l'étendue en énergie de la configuration 4fn des ions
L n 3 + [4]. Il est souvent impossible de mesurer l'absorption de l'ensemble de la
configuration fondamentale 4fn car, lorsque l'énergie incidente augmente, l'absorption
très intense due à des transitions, permises de parité, vers les configurations excitées de
l'ion Ln 3+ masque l'absorption des transitions intraconfigurationnelles.
Le dopage d'un solide consiste, dans la plupart des cas, à substituer une fraction
des cations M 3+ (de rayon ionique r(M3+)) constituant du réseau hôte par des ions Ln 3+
(de rayon ionique r(Ln3+)).
L'ion dopant est alors entouré de n anions ligands L m ' "premiers voisins" et se situe
dans un site de symétrie ponctuelle imposée par la structure cristalline de la matrice.
Lorsque les rayons ioniques du dopant et du métal sont très différents, la substitution
"forcée" peut introduire des distorsions de la symétrie du site.
L'ion dopant peut créer des liaisons chimiques avec son environnement cristallin via
ses électrons externes. L'interaction du centre luminescent avec son environnement peut
alors donner naissance à différents mécanismes d'absorption dont certains sont associés à
des transitions électroniques interconfigurationnelles. Ainsi, l'absorption de l'énergie
incidente est à l'origine, soit de la promotion d'un électron 4f vers les orbitales 5d, soit
d'un processus de transfert d'électron entre le dopant et son environnement (transfert de
charge, auto-ionisation).
51
2
50 D,
5/2
=9/2
1/2
• B• • - 2,
[n/2
= 7/2
5/2
il.ii
— 9/2
9/2
• 3/2
• 3/2
117/2
•11/2
•7/2
• 5/2
9/2 1
•11/2 — 5/2
p ! 7 / 2 ES —-7/2
— 3/2 B™ L 3/2
5/2 — 0 — 5/2 2
ŒSS17/2 P
7/2 5G.
1 • 3/2
30 H M I
non-11/2 | | |
I
— 7/2
;1V2 9/2
3/2 m 10
— 13 — 1/2 •H
5
3 ns/2 —n/2
Ê ! D I
2D B I 5G,
CO
—^5/2 M •11/2
P2 —_V2 3/2
O 5
1 3 ~ 1 33/2
/ 2 DU 3 «15/2 5/2 'G^
- 0 5 • 9/2 7/2
LU 20 "F F 7 / 2 'i1/2
= 7/2 3/2 1
3/2
m 0 l4s
= 3K,
• s/2 ; 6
F
L 1/2
•7/2
I
3/2
5/2
1 3/2 6
G F
11/2 : 5/2
10 — n/2
— s/2
7/2
^ 15/2' 5/2 '13/2 3p
1
En 11/2
«=» 13/21
«as 13/2
• 13/2
• sss 11/2 '
. 7/2 «"-» 11/2, s a 9/2 ;
= 7/2 •
0
Eu 8 t. \ i<i
' 5/2 '9/2
H
5/2 S u
n
r
l M5/2 n
6
r
7/2
15/2 8
Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb
52
150 -
100 -
LU
50
0 -
Figure III.2. Etendue en énergie de la configuration 4f" (2 < n < 7) des ions Ln 3+
Ces transitions interconfigurationnelles, permises par les règles de sélection
concernant la parité (Al = ± 1), induisent des processus d'absorption avec une section
efficace importante. Elles se traduisent sur les spectres optiques par des bandes
d'absorption larges et intenses. L'énergie de ces deux types de transition dépend de la
nature chimique et de la structure cristallographique du réseau hôte.
54
4fn
4P1"1 5d
t IJ I I 600
•
150
700
J 800
900
100 1 1000
i
1500
-w
7777A
50 2000
o- M 3000
4000
5000
o-
10000
Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Y b Lu
55
On remarque que les ions trivalents (Ce 3+ , Pr 3+ , Tb 3+ ) qui s'oxydent facilement à
l'état tétravalent présentent des transitions électroniques 4f —» 5d à relativement basse
énergie alors que les ions Eu 3+ (4f6) et Yb 3+ (4f13) qui ont tendance à se réduire à l'état
divalent : Eu 2+ (4f 7 ), Yb 2+ (4f 14 ) reportent ces mêmes transitions à beaucoup plus haute
énergie.
Dans la région de basse énergie (proche UV), l'ion Eu 3+ présente, dans les matrices
oxydes, une intense et large bande d'absorption. C.K. Jorgensen a attribué ce mécanisme
au peuplement d'un état de transfert de charge. Ce mécanisme correspond à la
délocalisation d'un électron des orbitales moléculaires des ligands vers les orbitales de
l'ion Eu 3 + [9].
Il apparaît donc que, en fonction du nombre d'électrons 4f dans l'état fondamental,
la première transition permise est, pour un ion Ln 3+ donné dans un environnement de
ligands déterminés, soit une transition 4fn —> 4f n~l5d, soit une transition de transfert de
charge (nL m - -> L n 3 + ) .
La stabilité de la demi-couche (4f7) et de la couche complète (4f 14 ) gouvernent
l'énergie du seuil d'apparition de ces deux transitions pour un ion Ln 3 + donné [10].
Ainsi, les ions qui ont tendance à perdre un électron pour atteindre les configurations les
plus stables (4f °,4f7) vont être caractérisés par des transitions 4f —> 5d de basse énergie
alors que ceux qui ont plutôt tendance à gagner un électron pour atteindre les
configurations stables 4f 7,4f14 (à savoir Sm 3+ ,Eu 3+ ,Yb 3+ ) vont quant à eux présenter
une transition de transfert de charge dans cette même région d'énergie.
L'énergie du photon absorbé est utilisée pour transférer un électron d'une orbitale
moléculaire essentiellement localisée sur le ligand vers une orbitale localisée sur l'ion
Ln 3 +.
C.W. Struck et W.H. Fonger ont supposé que ce mécanisme d'absorption
conduisait à la réduction de l'ion Eu 3+ en Eu 2+ avec un trou restant lié sur les ligands
[11]:
Eu 3+ + hv -> Eu 2+ + h+
56
Les travaux de G. Blasse [13,14] et de H.E. Hoefdroad [15] sur l'ion Eu 3 + ont
montré que l'énergie de l'état de transfert de charge augmente lorsque l'électronégativité
du ligand augmente ou, en d'autres termes, lorsque le pouvoir oxydant du réseau hôte
augmente. Ainsi, plus la nature de la liaison métal-ligand est ionique, plus l'énergie
nécessaire pour délocaliser un électron des ligands vers le métal est importante. Dans cette
optique les facteurs stériques tels que la distance et la coordinence; qui influent sur le taux
de recouvrement des orbitales vont aussi jouer un rôle important [13]. En effet, plus la
distance devient courte, plus le taux de recouvrement des orbitales augmente et donc le
transfert d'électron facilité. Il en est de même lorsque la coordinence augmente, car dans
ce cas la densité de charge négative répartie autour de l'ion Ln 3+ devient plus importante.
L'augmentation de la covalence de la liaison (Kgand - Ln 3+ ) conduit à diminuer l'énergie
nécessaire pour photoréduire l'ion Ln 3+ .
Enfin, il est important de noter que la largeur des bandes d'absorption
correspondant aux transitions 4f - 5d est moins importante que celle obtenue pour l'état de
transfert de charge. Cela implique que l'état excité Ln 3 + —> Ln 2 + + h + possède un
couplage vibronique avec le réseau hôte plus important que celui des états excités 4fn-1
5d. Dans le modèle des courbes de coordonnées de configuration du centre luminescent
L n 3 + , cela peut se traduire par un décalage de Franck-Condon (Ar) pour l'état
(Ln 2+ + h+) plus important que celui obtenu pour des états 4fn*1 5d, si on considère que
l'énergie du phonon associé à ces états reste identique. Cette variation de Ar qui est reliée
à la variation de la distance Métal-Ligand, s'interprète par la modification effective de
l'état de valence de l'ion Ln 3+ et, par conséquent, par la modification de son rayon
ionique.
57
directe de l'ion dopant, une transition électronique s'effectue de l'état fondamental du
centre luminescent vers un état du continuum constituant la bande de conduction. Ce
mécanisme est peu probable car il met en jeu un transfert d'électron entre des ions trop
éloignés. En revanche dans le cas de l'auto-ionisation, l'électron est promu sur des
niveaux excités du centre se situant dans la bande de conduction du solide (figure III.4).
Il peut alors être délocalisé et ne plus subir l'attraction de l'ion qui l'a généré, d'où le
processus d'auto-ionisation. Ce type de transfert d'électron ne peut intervenir que lorsque
l'interaction de l'état excité discret du dopant avec le continuum d'état du solide est
relativement importante. Cela implique aussi qu'il ne peut être mis en jeu que par les
orbitales 5d (ou 6s) de l'ion lanthanide.
L'état d'auto-ionisation correspond donc à la réaction de photo-oxydation :
Ln 3 + + hv -> Ln 4 + + e"
L'énergie nécessaire à cette réaction est d'autant plus faible que le pouvoir oxydant
du réseau hôte est important. Sur la figure III.4, on s'aperçoit que l'énergie du seuil de
photo-ionisation du centre luminescent dépend de la position en énergie de l'état
fondamental du dopant par rapport à la bande de conduction et de l'intensité du champ
cristallin qui agit sur les orbitales 5d [18].
58
l'étape de relaxation. Ainsi, lorsque l'énergie du photon absorbé se situe très loin dans la
région d'absorption fondamentale, plusieurs événements d'excitation secondaire peuvent
se produire.
59
1—
Autoionisation '
BANDE DE VALENCE;
Figure III.4. Position des niveaux d'énergie du dopant dans le schéma des bandes
d'un cristal
Figure III.5. Représentation des états excitoniques dans le modèle des courbes de
coordonnées de configuration : FE représente l'exciton libre, SLE, un
exciton autopiégé et GS, l'état fondamental du solide étudié
60
4.2. Création de paires [e* - h + ] libres
Lorsque l'énergie du photon incident augmente de Eg à Eg + Eo, la probabilité de
transition conjuguée augmente. Il est alors possible dans les deux cas limites, soit de
promouvoir un électron avec une énergie cinétique Eo dans la bande de conduction, soit
de créer un trou d'énergie cinétique Eo dans la bande de valence (figure III.6). L'électron
de conduction et le trou peuvent migrer au sein du réseau et subir plusieurs
transformations indépendamment l'un de l'autre. C'est l'étape de thermalisation de
l'excitation. Si la thermalisation de l'excitation électronique est effectuée sur une grande
distance dans le réseau, l'électron et le trou peuvent se situer suffisamment loin l'un de
l'autre pour ne plus subir leur champ d'attraction coulombienne. Us sont alors totalement
libres.
Néanmoins, l'état électron - trou libre n'est pas stable et la capture de l'électron ou du
trou par leur autopiégeage et leur couplage en exciton peuvent intervenir. Par conséquent,
à l'issue de la thermalisation des excitations, on obtient, à nouveau, des états excités de
nature identique à ceux obtenus pour des énergies incidentes moindres (Eg) mais dont la
distribution spatiale au sein du réseau est différente.
Lorsque l'énergie du photon incident est environ deux fois supérieure à la largeur de la
bande interdite, la relaxation de l'état "super-excité" peut entraîner une multiplication des
excitations électroniques [22]. Ce processus énergétique, qui conduit à la production de
paires e~ - h+ additionnelles, est connu sous le terme de processus Auger. Il intervient lors
61
de la relaxation soit d'un photoélectron rapide (ou électron chaud), soit d'un trou profond
(niveaux de cœur). La figure 111.7 schématise les deux processus qui peuvent avoir lieu.
Dans le cas de l'électron chaud, lorsque l'énergie du photon incident est égale à
deux fois la largeur de la bande interdite Eg, un électron est promu du haut de la bande de
valence dans la bande de conduction. La thermalisation de cette excitation dans le bas de
la bande de conduction par un processus de relaxation entre deux cellules élémentaires
voisines engendre la promotion d'un nouvel électron du haut de la bande de valence vers
le bas de la bande de conduction. L'énergie du seuil de création de ce mécanisme
d'excitation secondaire correspond à 2 Eg + E v (figure m.7). Ce processus n'est rendu
possible que si la largeur de la bande de valence Ey est inférieure à la largeur de la bande
interdite Eg (Ey < Eg).
Dans le cas du trou profond, un électron d'un niveau de cœur est promu au bas de
la bande de conduction à l'issue de l'absorption d'un photon d'énergie Ec + Eg. La
relaxation d'un électron du bas de la bande de valence sur le trou profond créé, engendre
alors par un processus de relaxation croisée, la promotion d'une seconde charge au bas de
la bande de conduction. Ce processus est rendu possible lorsque l'énergie séparant le bas
de la bande de valence et les niveaux de cœur est supérieure à la largeur de la bande
interdite. Dans le cas contraire, la relaxation peut s'effectuer par une émission de photon
ou émission de "cross-luminescence". La nature de cette luminescence est une
recombinaison radiative d'un électron de la bande de valence vers le trou situé sur le
niveau de cœur. Pour BaF2, elle est interprétée comme un mécanisme de transfert de
charge entre les orbitales 2p des ions fluorures vers les orbitales 5p des ions Ba 2+ [23].
62
BC
BV
0 -- Ào
EC 4-
y
(a) (b)
63
B - PROCESSUS DE RELAXATION DE L'ETAT EXCITE
Dans notre étude, nous nous intéresserons plus particulièrement à la relaxation des
excitations qui conduisent au peuplement de l'état radiant du centre luminescent.
En règle générale, un solide dopé promu dans un état excité peut se désexciter selon
trois processus : radiatif, non radiatif ou transfert d'énergie. La probabilité totale de cette
étape Ptot est donnée par la somme des probabilités de chacun de ces processus. Le
temps de vie de l'état excité X est alors inversement proportionnel à la probabilité totale :
T =
Ptot
Ptot
64
1. Relaxation de l'état excité du centre luminescent : probabilités de
transition radiative et non radiative
Quant aux transitions radiatives, elles suivent comme pour l'absorption, les règles
de sélection de Laporte. Les transitions intraconfigurationnelles sont interdites à l'ordre
dipolaire électrique et permises à l'ordre dipolaire magnétique. Cependant lorsque l'ion
est dans un site non centrosymétrique, ces règles de sélection sont affaiblies par l'effet
des termes impairs du champ cristallin qui mélange, comme nous l'avons déjà évoqué, les
fonctions d'onde des états de la configuration 4fn avec celles des états des configurations
de parité opposée. Dans cet ordre d'idée, G. Blasse et A. Bril ont noté que l'énergie de
65
l'état de transfert de charge joue un rôle plus important que celle de la configuration
4f "- 1 5d [6].
Pour les ions terres rares, les transitions intraconfigurationnelles étant partiellement
interdites, le temps de vie de l'état radiant est relativement long (quelques ms) par rapport
à ceux des transitions interconfigurationnelles 4f "-1 5d -> 4fn permises (quelques
dizaines de ns). Par ailleurs, d'après l'expression du coefficient d'Einstein d'émission
spontanée, le temps de vie de l'état radiant est proportionnel au carré de la longueur
d'onde d'émission [2].
66
relaxation (figure III.8). Ainsi, lorsque le point d'exctinction thermique E est atteint, les
états du multiplet fondamental sont directement peuplés par relaxation non radiative. Il en
découle que, plus le couplage vibronique est élevé (conditions d'un décalage de Stokes
important), plus la température nécessaire à l'extinction de la luminescence est basse [26].
Les matériaux luminescents qui présentent des hautes températures d'extinction et
des rendements quantiques élevés sont généralement caractérisés par des réseaux rigides
qui s'opposent alors fortement à l'expansion de l'état excité du centre luminescent. Dans
le modèle des courbes de coordonnées de configuration, cela peut se traduire sur la figure
m.8 par une limitation de la valeur Ar de l'état excité.
G. Blasse a montré que le rendement quantique associé à l'absorption de l'état de
transfert de charge de l'ion Eu 3+ est lié à l'énergie de cet état. Le rendement quantique est
d'autant plus élevé que l'état de transfert de charge se situe à haute énergie [27, 28]. En
d'autre termes, la probabilité des transitions non radiatives directement vers l'état
fondamental est d'autant plus importante que l'état excité possédant un Àr non nul se
situe à basse énergie.
La figure III.9 rend compte de l'importance des variables suivantes sur le taux des
processus non radiatifs : l'énergie de la transition à zéro phonon Ezp, l'énergie du
phonon associé à l'état excité ftco, et le décalage de Franck-Condon Ar. Ces variations
ont été obtenues en utilisant un mode de calcul élaboré par C.W. Struck et
W.H. Fonger [29] en considérant que le centre luminescent est décrit par deux paraboles
de constante de force k identique dans le modèle de l'oscillateur harmonique [30],
67
ExKTcm-1
68
100 • (a)
N
\
p
50 - \ <
- v\ x
0 1 » 1 1
\\ •s»
1 ^ ~ -
100 mm
(b)
\
\ \\ fid)
50 - \ \
600 \ . 500 N \ 400
-
^- xxx^ \
v-
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°"100 • — • . (c)
N Ar
\ \ \
\
\ \
50 " \ \ v
\
\
\ \ \
\
\
1 t 1 i \ \ "T i
69
2. Le réseau hôte sensibilisateur de la luminescence de l'ion dopant
70
devient beaucoup moins probable. L'intensité de la luminescence au cours de cette
séquence est fonction, comme nous venons de le voir, de l'efficacité de la capture des
porteurs de charge et aussi de l'importance des processus non radiatifs associés à la
relaxation de l'état Ln 4+ + e~(Iié) vers l'état fondamental Ln 3 + . Les processus non
radiatifs s'interprètent à l'aide du modèle des courbes de coordonnées de configuration du
centre luminescent évoqué au paragraphe précédent et dépendent, par conséquent, des
trois variables (Ezp, ftœ, Ar) associées à l'état excité. Dans le mécanisme présenté ci-
dessus, nous pouvons supposer que la capture du trou est favorisée lorsque l'état
fondamental Ln^+ se situe proche du haut de la bande de valence.
71
Création de l'exciton Capture Recombinaison
Ln 4 + + e' (libre)
BC
f 2 ) ^ Capture de e" 4f n " 1 5d L n 4 + + e" (libre)
t f I \ et
4fn
Ln 4 + + e" (lié)
§
j
•a 1
'o
X
Capture de h +
W Migration
0
7 - 0 - 1 Ln3+
3+
(4fn)
[7] P.A. Cox, The Electronic Structure and Chemistry of Solids, Oxford University
Press, 1987.
[12] W. I. Dobrov, R.A. Buchanan, Appl. Phys. Lett. 21(5) (1972) 201.
[20] M.A. Elango, Elemantary Inelastic Radiation - Induced Processes, AIP, N.Y.,
1991.
73
[21] K.S. Song, R.T. Williams, Self - trapped Excitons, Springer - Verlag, 1993.
[23] J.A. Valbis, Z.A. Rachko, J.L. Jansons, Soviet Phys. J. Exp. Theo. Phys. Lett.
42 (1985) 172.
[25] M.F.H. Schuurmans, J.M.F. Van Dijk, Physica 123B (1984) 131.
[29] C.W. Struck, W.H. Fonger, Understanding Luminescence Spectra and Efficiency
using Wp and Related Function, Springer-Verlag, 1991.
[31] DJ. Robbins, B. Cockayne, B. Lent, J.L. Glasper, J. Electrochem. Soc. 126(9)
(1979) 1556.
[32] M.J. Weber, Heavy Scintillators, Proc. of the Crystal 2000 Intern. Work., ed.
Frontières, (1992) 99.
[37] D.J. Robbins, B. Cockayne, J.L. Glasper, B. Lent, J. Electrochem. Soc. 126(7)
(1979) 1221.
74
u
n
SYNTHESES ET STRUCTURES
CRISTALLOGRAPHIQUES
Nous avons choisi de travailler avec plusieurs familles de matériaux susceptibles
d'accueillir un cation lanthanide trivalent dopant. Ainsi, nous avons synthétisé :
A - SYNTHESES
75
- le chlorure de cérium hydraté :
CeCl 3 ,7H 2 O pureté : > 98,5% Fluka ;
- l'acide orthoborique :
H3BO3 pureté : 99,5% Prolabo ;
- l'acide orthophosphorique :
H3PO4 (15M) pureté : pour Analyse Prolabo ;
- l'alumine (granulométrie : 0 < lOjim) :
- l'oxyde de gallium :
Les borates et phosphates de terres rares ont été synthétisés par voie humide. Leur
synthèse chimique se déroule en plusieurs étapes.
2.1. Dissolution
76
l'orthoborate d'yttrium correspond, par exemple, à la formule chimique Yo,95Tbo,O5BC>3
que nous noterons de préférence YBO3:Tfc>3+(5%)).
La seconde étape consiste à ajouter dans le milieu réactionnel précédent les quantités
nécessaires d'acide orthoborique (préalablement dissout dans l'eau, à chaud) ou d'acide
orthophosphorique (14,5M) en respectant les rapports stœchiométriques suivants :
formes "ortho" : 5 | — = 1, formes "meta" : - ^ ~ - | < a v e c x = B 3 + > p5+
>- Toutefoi
s,
un excès molaire d'acide de l'ordre de 5% est ajouté afin de s'assurer que la totalité des
cations a réagi dans le milieu réactionnel. Le tout est maintenu à chaud et sous agitation
afin d'homogénéiser correctement la solution.
2.3. Evaporation
Le résidu ainsi obtenu est finement broyé avant de subir un traitement thermique. B
est, en premier lieu, porté progressivement à 400°C sous air et maintenu à cette
température pendant deux heures afin d'éliminer les produits volatils (H2O et HC1). Un
second palier d'une heure à 600°C est ensuite effectué après broyage du solide. Ce dernier
est enfin porté à la température de cristallisation selon le protocole suivant :
77
Dans le cas d'un dopage avec les ions Ce 3+ , Pr 3+ ou Tb 3+ , un traitement thermique
supplémentaire à 500°C sous atmosphère réductrice (argon-hydrogène 10%) est effectué
afin d'assurer une réduction complète des ions terres rares à l'état trivalent (poudres
blanches pour les matériaux dopés avec les ions Ce 3+ ou Tb 3 + et de couleur vert-pâle
pour ceux dopés avec des ions Pr 3+ ).
2.5. Lavage
La synthèse des grenats de terres rares est effectuée par voie sèche par la méthode
du flux. Aux oxydes de terres rares et d'alumine, préalablement mélangés intimement, on
ajoute une quantité de sulfate de baryum ou de carbonate de sodium correspondant à 3%
massique du mélange initial. Le mélange est ensuite porté à 1600°C sous air durant douze
heures.
78
B - STUCTURES CRISTALLOGRAPHIQUES
Les orthoborates YBO3 et GdBC>3 sont isostructuraux. Ils possèdent une structure
du type "YBO3" dérivée de la structure vatérite [2-4]. Cette structure est illustrée sur la
figure IV. 1. Dans la maille hexagonale les cations terres rares trivalents (TR 3+ ) occupent
deux sites cristallographiques différents. Le premier est un site octaédrique et le second
est de coordinence douze. Pour ce dernier, le cation est entouré de six atomes d'oxygène
à courte distance et six autres situés à des distances supérieures. La symétrie ponctuelle
des deux sites est D3. Les groupements formés par les ligands borates, isolés les uns des
autres, sont constitués d'un atome de bore lié à trois atomes d'oxygène suivant une
géométrie triangulaire plane.
1.1.2. LaBO 3
Leur structure est constituée de chaînes infinies d'anions (B30ô)a- Ceux-ci sont
composés de groupements BO3 triangulaires et de groupements BO4 tétraédriques. Ces
groupements sont ordonnés en chaînes infinies le long de l'axe c, chaque BO4 étant relié
à quatre BO3. La liaison entre deux chaînes est assurée par l'ion TR 3+ . Cette structure est
représentée sur la figure IV.3. La distance 0 - 0 entre deux chaînes (B3Oô)a adjacentes
diminue avec l'augmentation du numéro atomique de l'atome de terre rare. Cette
contraction est limitée par le recouvrement des orbitales des atomes d'oxygène et la
répulsion des atomes de bore. C'est vraisemblablement pour cette raison que les
métaborates de terres rares sont instables pour les éléments de rayon ionique inférieur à
celui du terbium [6].
Les métaborates La(BO2)3 et Gd(BO2)3 sont isostructuraux. Ils cristallisent dans un
système monoclinique correspondant au groupe d'espace 12/a- Les ions TR 3+ occupent
79
un site de symétrie ponctuelle C2 et sont décacoordinés [5,7]. Les polyèdres TRO10
forment des couches infinies parallèles au plan ac. L'ion TR 3+ possède deux plus
proches voisins TR 3+ à 4Â environ (intra-chaîne) et quatre ions TR 3+ situés dans des
chaînes différentes à 5,1Â [8,9].
2.1.1. YPO4
Les terres rares de rayon ionique inférieur à celui de l'ion gadolinium (du terbium au
lutecium, y compris l'yttrium et le scandium) cristallisent dans un système tetragonal
19
conformément au groupe d'espace I4]/amd O-^fp [10-12]. La structure est illustrée sur la
figure IV.4. L'ion TR 3+ y occupe un site de coordinence huit et de symétrie ponctuelle
D2d (dodécaèdre déformé). Les tétraèdres PO4 sont également déformés.
2.1.2. LaPO 4
Les terres rares de rayon ionique supérieur ou égal à celui du gadolinium (du
lanthane au gadolinium) cristallisent dans un système monoclinique (groupe d'espace
P2i/n) [13-15]. La structure est illustrée sur la figure IV.5.
Dans les groupements phosphates, les atomes d'oxygène sont au sommet d'un
tétraèdre autour de l'atome de phosphore. Les tétraèdres PO4 peuvent être isolés ou
mettrent en commun un sommet.
Dans les orthophosphates, les tétraèdres PO4 sont isolés les uns des autres alors
que, dans les métaphosphates, ils partagent un sommet pour former des chaînes (PO3V
Cette liaison P-O-P qui s'effectue au sommet du tétraèdre est flexible. La structure du
métaphosphate dépend alors du rayon ionique de la terre rare.
80
yttrium
bore
a2
81
o -o
Figure IV.3. Représentation des chaînes infinies (B3Û6)a dans la structure des
métaborates de lanthanides
(a) (b)
Figure IV.4. Vue ortèpe des polyèdres de coordination dans la maille tetragonale
LnPO 4
03 03
04' '
04'
82
2.2.1. Y ( P O 3 ) 3
2.2.2. La(PO3)3
Le grenat cristallise dans un système cubique centré (groupe d'espace Ia3d (O n )).
Dans le réseau Y3AI5O12, plus communément nommé YAG, les ions Y 3 + sont coordinés
à huit atomes d'oxygène dans un site dodécaédrique de symétrie ponctuelle D2.
83
Figure IV.6. Projection de la structure de YbP3Oo. dans le plan ab représentant
l'arrangement des tétraèdres PO4 et des octaèdres YbÛ6 (octaèdres
légèrement déformés)
1.2
l.Z
50 50
84
,(99) P 2 (49)
a
1
r (49) I s*
O—p' (75)/
© P 2 (49)
P2(99) -P 2 (49)
85
Figure IV.10. Projection de la structure de NdP3Û9 dans le plan bc représentant
l'arrangement des dodécaèdres NdOg (chaînes en zigzag parallèles à
l'axe c)
86
40% des ions Al 3+ sont entourés par six atomes d'oxygène dans un site octaédrique
déformé. Les 60% d'ions restants sont entourés par quatre atomes d'oxygène dans un site
tétraédrique déformé. Les réseaux YAG et Y3Ga5Oi2 (YGG) sont isostructuraux.
Il est à noter que la substitution des ions Al 3+ par les ions Ga 3+ entraîne une
augmentation du paramètre de maille a du réseau. La distance moyenne Y-O augmente de
2,367Â pour le YAG à 2,383Â pour le YGG [20].
Nombre de 1 1
2 2 1 4
site TR 3+
Coordinence 6+12 6+12 g 6 8 8
Symétrie
D3 D3 D2d Oh+Cl D2 D2
ponctuelle
Distance
2,36 2,40 2,223 + 2,367 2,383
moyenne 2,336
2,192
TR 3 + -0 (Â)
Maille hexagonale hexagonale tetragonale monoclinique cubique cubique
Nombre de 1 1 1 1 1 1 1
site TR 3+
Coordinence 9 10 10 9 9 9 8
Symétrie
C2 C2 Cs Cs Cs <C2
ponctuelle
Distance
moyenne 2,572 2,616 2,52 2,572 2,55 2,469 2,431
3+
TR -0 (Â)
Maille ortho- mono- mono- mono- mono- mono- ortho-
rhombique clinique clinique clinique clinique clinique rhombique
87
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
[I] G. Chariot, Les Méthodes de la Chimie Analytique, éd. Masson, (1985) 945.
[5] Von J. Weidelt, Zeits. Anorga. Allge. Chemie B374 (1970) 26. (Allemand)
[8] G.K. Abdullaev, Kh.S. Mamedov, G.G. Dzhafarov, Soc. Phys. Cryst., 26(4)
(1981)473.
[9] G.K. Abdullaev, Kh.S. Mamedov, G.G. Dzhafarov, Soc. Phys. Cryst., 20(2)
(1975) 161.
[15] D. F. Mullica, D. A. Grossie, L. A. Boatner, Inorg. Chim. Acta 109 (1985) 105.
88
[17] H. S. Killian, F. P. Van Herwijnen, G. Blasse, J. Solid State Chem. 74 (1988)
39.
89
R
Le but de cette étude est de rechercher et de trouver un matériau luminescent de
rendement quantique élevé sous excitation VUV, caractérisé par une émission verte et
possédant un temps de déclin court. Notre choix s'est porté sur l'ion Tb 3 + (4f 8 ) qui
présente un pic d'émission principale au voisinage de 540-545nm et un temps de vie de
son état radiant inférieur à 10ms quelle que soit la structure du réseau hôte. Toutefois, le
rendement quantique de l'émission de l'ion dopant peut varier très fortement en fonction
de la nature de la matrice d'accueil. Aussi, afin d'étudier les facteurs qui régissent les
mécanismes d'absorption et de transfert d'énergie ainsi que les processus de desexcitation
non radiatifs, nous avons choisi de comparer le comportement de plusieurs réseaux hôtes
dopés avec divers ions luminescents.
Ainsi, dans ce chapitre, nous nous proposons d'étudier les propriétés de
luminescence de diverses familles de matériaux : borates, aluminates, phosphates, dopés
avec les ions lanthanides trivalents : Ce 3+ , Pr 3+ , Eu 3+ et Tb 3 + . Nous présenterons et
analyserons successivement les spectres de réflectivité diffuse des matrices non dopées,
les spectres d'excitation de la luminescence des centres activateurs relevés à plusieurs
températures et les spectres d'émission. Nous discuterons enfin la variation l'énergie des
seuils des mécanismes d'absorption qui induisent la luminescence de l'ion dopant.
Tous les spectres de réflectivité diffuse des matrices non dopées présentent, à partir
d'une certaine énergie, une diminution plus ou moins rapide de l'intensité réfléchie
(figures V.l à V.5). Ce minimum de réflexion se retrouve également à une énergie
identique sur les spectres de réflectivité diffuse des matrices dopées, quelles que soient la
nature et la concentration du dopant. Cette variation rapide de l'intensité ne peut alors être
attribuée qu'à l'absorption des photons incidents par le réseau hôte : c'est le seuil
d'absorption intrinsèque ou fondamentale.
A partir de l'énergie du minimum de réflexion, nous pouvons donc distinguer deux
domaines d'énergie sur les spectres d'excitation de la luminescence des matrices dopées
auxquels vont correspondre des processus d'absorption différents qui impliquent :
(i) soit directement le dopant ;
(ii) soit le réseau hôte.
90
Ainsi, pour une énergie incidente inférieure à la valeur de l'énergie du minimum de
réflectivité, les processus d'absorption seront associés aux transitions électroniques
prenant naissance dans le dopant, alors que pour une énergie incidente supérieure ou
égale à la valeur de l'énergie du minimum de réflectivité, les processus d'absorption
seront associés aux transitions électroniques caractéristiques du réseau hôte.
Il est important de signaler que l'intensité de réflectivité diffuse des matériaux non
dopés décroît plus ou moins rapidement pour atteindre le minimum précédemment
évoqué. Par conséquent, dans le "front de réflectivité", les processus d'absorption
associés au dopant et au réseau hôte peuvent être en compétition.
Tableau V.l. Energie du minimun de réflectivité diffuse des matériaux non dopés
91
Nous constatons que le caractère isolant des solides considérés augmente selon la
série:
En accord avec cette propriété, les matériaux présentés ont un caractère ionique
important, conséquence d'un faible recouvrement des orbitales du métal avec celles des
ligands dû à une électronégativité élevée des ligands. Dans le cas des borates et des
phosphates, la limite d'absorption du réseau dépend probablement des liaisons
terre rare-oxygène. La liaison P-0 étant plus forte que la liaison B-O, la liaison
terre rare-oxygéne est plus ionique dans les phosphates et par conséquent, la limite
d'absorption est plus grande. La limite d'absorption plus grande pour La(BC>2)3 que pour
LaBO3 peut probablement être interprétée de la même façon.
Nous constatons aussi que pour une même famille de matériaux, les composés à
base d'yttrium se révèlent être plus isolants que ceux à base de lanthane. Il semble que
cette propriété soit gouvernée par le rapport p nJ^nn'n du métal incluant le fait que
des petits cations (ou anions) fortement chargés constituent des entités très
électronégatives. Lorsque le rayon ionique diminue (du lanthane à l'yttrium), la densité de
charge positive augmente. Aussi, le champ créé par le cation au site de l'anion augmente.
Par ailleurs, dans ce modèle ionique, plus la distance cation-anion est courte (ce qui est le
cas lorsque l'on passe d'un composé lanthane à yttrium), plus le champ créé par les
cations au site de l'anion est fort, plus il faut d'énergie pour transférer un électron de
l'anion sur le cation. Eg est plus petit pour les composés du lanthane que pour ceux de
l'yttrium puisque ce dernier est plus électronégatif et plus petit.
Dans le modèle covalent, Eg correspond à l'écart d'énergie entre les orbitales liantes
et antiliantes. Plus le recouvrement entre les orbitales est important, plus Eg est grand. La
diminution relative de la distance TR 3 + - O2* dans une matrice à base d'yttrium
comparativement à celle de lanthane (tableau IV. 1) favorise le recouvrement des orbitales
des ligands et du métal et par conséquent la covalence des liaisons. La stabilisation des
orbitales liantes dans le composé d'yttrium se traduit alors par une valeur de Eg plus
importante.
92
YBO3
300K
p
•'-'min Ref
I I I I l
5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
Energie (eV)
7
Energie (eV)
Figure V.I. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des orthoborates de terres rares
non dopés
93
Gd(BO2)3
300K
miti Ref
I I i I
r 7 8 9 10
5
Energie (eV)
Figure V.2. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des métaborates de terres rares
non dopés
94
Figure V.3. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des orthophosphates de terres
rares non dopés
95
T 1 1 1 I
5 7 8 9 10
Energie (eV)
Figure V.4. Spectres de réflectivité diffuse, à 300K, des métaphosphates de terres rares
non dopés
96
v YAG
V 300K
Intensité (u.a.)
\
1
\
v^ F
^ s ^ HninRef
1 1 1 1 1 1
5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
97
B - SPECTRE D'EXCITATION DE LA LUMINESCENCE DU CENTRE
ACTIVATEUR
Selon l'énergie des photons incidents nous pouvons donc distinguer plusieurs
processus d'absorption qui induisent la luminescence du centre activateur.
L'état de transfert de charge de l'ion Eu3+ (4f6) se caractérise par une large bande
d'excitation très intense au voisinage de 5eV (figures V.6 à V.9). Ce processus
correspond au transfert d'un électron des orbitales 2p des ligands oxygène vers les
orbitales vides 4f de l'ion Eu 3+ . Cette transition interconfigurationnelle
(npi, 4f 6 —» np*!*1,4f 7) possède une section efficace d'absorption élevée et peut induire
une luminescence importante de l'ion dopant Eu3+ si le peuplement des niveaux radiatifs
5
Dj par un processus de transfert d'énergie est lui même important. Nous avons reporté,
dans le tableau V.2, l'énergie du maximum d'excitation de l'état de transfert de charge de
l'ion Eu-*+ relevée pour plusieurs matrices.
98
ExcA BO33"
60- YBO3:Eu3+(5%)
^ \
/ . 300K
/ ETC
\ /
%4 0 -
/ \ ^
Qext (9
J
20-
I 1 1
4 6 8 10
Energie (eV)
60- Exc^"^"^
GdBO3:Eu3+(5%)
300K
J
\
40-
ETc\
Qext (%)
/
20-
Gd 3 + /
A1
Gd /
1 1 1 I
4 6 8 1 0
Energie (eV)
300K
/ \
1 ETC
10-
Qext (%)
J
\
5 - Exc
— •
I 1 1 I
4 6 8 10
Energie (cV)
99
La(BO2)3:EuJT (5%)
A
10-
I
4
N ETC^
\
I
6
J Energie (eV)
8
I I
10
100
Qe
I 1 1 1 I I I
4 6 7 8 9 10 11
Energie (eV)
GdPO4:Eu3+ (5%)
300K
30-
Gd
g. 2 0 -
10-
i I
5 7 8 10 11
Energie (eV)
LaPO4:Eu3+ (5%)
30-
300K
20-
Qext
10-
7 8
Energie (cV)
Figure V.8. Spectres d'excitation, calibrés en rendement quantique externe (Qext), de la lu-
3+ .
minescence de l'ion Eu , à 300K, dans les orthophosphates de terres rares
101
Y(PO3)3:Eu3+(5%)
x 300K
/
/ ETC
Intensité (u.a.)
\ Exc
J
!
•—«k..-.,—
1 1 I I i 1 i i
4 5 6 7 8 9 10 11
Energie (eV)
Gd(PO3)3:Eu3+(5%)
300K
ETC
V Exc
Intensité (u.a.)
V
/
J
3
Gd i
I 1 i 1 1 i i
4 5 6 7 8 9 10 11
Energie (eV)
La(PO3)3:Eu3+(5%)
A
A Exc
300K
Y
Intensité (u.a.)
/ ETC
-—v—-
1
4
-J 1
5
I
6 7
Energie (cV)
8
^-"
1
9
I
10
I
11
Figure V.9. Spectres d'excitation de la luminescence de l'ion Eu3+, à 300K, dans les
métaphosphates de terres rares
102
Tableau V.2. Energie de l'état de transfert de charge de l'ion Eu 3+
103
une luminescence intense du dopant si le transfert d'énergie vers son état radiant est
efficace.
Enfin, nous remarquons que les matériaux isostructuraux présentent des spectres
d'excitation très similaires.
L'ion Ce 3 + (4f *) possède un seul électron optiquement actif et, par conséquent,
toutes ses transitions 4f -» 5d sont totalement permises par les règles de sélection (figures
V.22 à V.26). Cependant, dans la plupart des matériaux dopés avec des ions Ce 3+ , il
apparaît que l'excitation de la première transition 4f —» 5d possède une intensité de
luminescence supérieure à celle relevée pour les transitions 4f —» 5d plus énergétiques.
Cela implique qu'une partie de l'énergie absorbée par les niveaux 5d plus énergétiques est
alors perdue pour le processus de luminescence.
Lorsque l'ion Ce 3 + occupe un seul site de basse symétrie ponctuelle au sein du
réseau hôte, son spectre d'excitation doit être composé de cinq bandes correspondant aux
cinq niveaux de la configuration excitée 5d.
104
Intensité
n 1 4f75d Exc
A
YBO3:Tb3+(2%)
10K
1 i I I
4 5 6 7 8 9 10 11
Energie (eV)
Exc/^\
(Y,Gd)BO3:Tb3+(2%)
10K
Intensité (u.a.)
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Figure V.IO. Spectres d'excitation de la luminescence de l'ion Tb3+, à 10K, dans les
onhoborates de terres rares
105
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108
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GdPO,:Tb (5%)
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10K
Figure V.14. Spectres d'excitation de la luminescence de l'ion Tb3+, à 10K, dans les
orthophosphates de terres rares
109
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Energie (eV)
114
Dans le cas de l'orthophosphate d'yttrium YPO4:Ce3+ (figure V.25), le nombre
élevé de bandes d'excitation relevées (huit), associées à l'absorption du centre
luminescent, semble indiquer que l'ion dopant occupe plus d'un site dans cette matrice.
Nous avons rassemblé, dans le tableau V.3, l'énergie des diverses bandes
d'absorption qui induisent la luminescence de l'ion Ce 3+ dans les matériaux ne présentant
qu'un seul site cristallographique.
Tableau V.3. Energies, à 10K, des mécanimes d'absorption des matériaux dopés avec
des ions Ce 3 + dans lesquels ces derniers n'occupent qu'un seul site
cristallographique
115
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Figure V.20. Spectres d'excitation de la luminescence (trait plein) et spectres d'émission (pointillés)
de l'ion Pr +, à 300K, dans les orthophosphates de terres rares
116
Y(PO3)3:Pr (5%)
Figure V.21. Spectres d'excitation de la luminescence (trait plein) et spectres d'émission (pointillés)
de l'ion Pr3+, à 300K, dans les métaphosphates de terres rares
117
La comparaison des spectres d'excitation de la luminescence des autres ions luminogènes
Eu3*, Pr 3+ et Tb 3 * dans ces mêmes matrices montre que cette bande est caractéristique de
l'ion Ce 3+ . Nous l'associons à l'absorption conduisant à l'état d'auto-ionisation de l'ion
Ce 3 +:
Elle correspond donc à une transition électronique issue de l'état fondamental vers
un niveau excité du centre luminescent situé dans la bande de conduction du solide. Ce
niveau excité peut être soit un niveau 5d, soit un niveau 6s.
L. Brewer a mesuré l'énergie des transitions 4fn -> 4f "- 1 5d et 4fn -» 4f n " 1 6s pour
les ions lanthanides à l'état gazeux (tableau V.4) [6].
Tableau V.4. Energies des transitions 4fn —> 4f n - 1 5d et 4fn -4 4f n - 1 6s pour les ions
Ce3*, Pr 3+ et Tb 3+ à l'état gazeux [6]
118
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Energie (eV)
Il apparaît que dans les réseaux hôtes les plus ioniques, le barycentre des niveaux
5d se situe à plus haute énergie. L'effet néphélauxétique, qui résulte du mélange des
orbitales 5d de l'ion lanthanide avec les orbitales du ligand, modifie dans le cas général,
les paramètres de Racah relatifs à la configuration 4fn"15d [7]. La réduction de ces
paramètres est d'autant plus importante que l'électronégativité du ligand diminue et que la
distance Ln 3+ - Ligand diminue (critère de covalence de la liaison). Par conséquent,
l'énergie du barycentre des orbitales 5d augmente des réseaux hôtes YAG à La(PC>3)3
lorsque le caractère isolant du solide augmente (tableau V.l).
L'interaction du champ cristallin qui agit sur l'électron 5d, éclate la configuration 5d
en plusieurs composantes de champ cristallin. Cet éclatement dépend de la symétrie
ponctuelle du site occupé par l'ion lanthanide et de l'intensité du champ cristallin exercé
par les ligands. Plus l'intensité du champ cristallin est élevée, plus l'étendue en énergie de
la configuration 4f "-^d est importante. L'ion Ce 3+ , qui ne possède qu'un seul électron
optiquement actif, permet la mesure directe de cette interaction en négligeant le couplage
spin-orbite qui pour un électron d est faible. La symétrie ponctuelle du site étant très basse
dans les matrices d'accueil étudiées, la configuration 5d du Ce 3 + éclate en cinq
composantes de champ cristallin distinctes. Le tableau V.5, montre que l'intensité du
champ cristallin augmente lorsque l'on passe du réseau hôte métaborate de gadolinium au
124
réseau hôte grenat d'aluminate d'yttrium (YAG). T. Tomiki et al ont déterminé un
paramètre de champ cristallin 10 Dq égal à 2,24eV pour le YAG:Ce3+ [5].
Dans les matrices considérées dans ce chapitre, le second voisin de l'ion lanthanide
est un ion Ga 3+ , Al 3 + , B 3 + ou P 5 + . Cet ordre correspond à une augmentation de la
densité de charge (ou force ionique) portée par chaque ion et, par conséquent, à une
augmentation de la polarisation qu'il exerce sur les atomes d'oxygène qui entourent l'ion
lanthanide. Cette polarisation induit en retour une diminution de la densité de charge
négative développée par les ions oxygène, dans la région en interaction avec le cation
lanthanide considéré. Par ailleurs, la distance lanthanide-ligand augmente dans cette série
(2,367Â pour le YAG et 2,616Â pour le La(BC<2)3) et la conjugaison de ces deux
phénomènes entraîne alors une diminution du champ électrostatique généré par les ions
oxygène et exercé sur l'ion lanthanide. La résultante est donc une diminution de l'intensité
du champ cristallin le long de la série considérée.
C'est ainsi que l'intensité du champ cristallin subi par l'ion Ln 3+ diminue du réseau
YAG au réseau YGG. Sur la figure V.27, nous avons reporté, pour diverses
compositions en gallium, l'énergie des transitions 4f7 5d de l'ion Tb 3 + , notées de El à
E5, ainsi que l'énergie du minimum de réflectivité, noté Eg. (Sur cette figure, les points
correspondent aux résultats expérimentaux, obtenus à température ambiante et les droites
sont issues de l'ajustement des points expérimentaux obtenus à la température de l'hélium
liquide.) Lorsque l'on passe du YAG à YGG, la diminution de l'intensité du champ
cristallin entraîne une augmentation de l'énergie des transitions El et E2 (respectivement
interdite et permise de spin) et un chevauchement des transitions E3 et E4. Cette
diminution permet de détecter la transition E5 qui se distingue alors nettement du front
d'absorption du réseau hôte à 10K (figure V.18), alors que celle-ci était totalement
occultée par l'absorption excitonique pour de faibles concentrations en ions Ga 3+ . La
droite associée à la variation de l'énergie de la transition E5 permet de déterminer l'énergie
à laquelle devrait se situer cette cinquième transition 4f 7 5d pour le réseau YAG (environ
7,4e V).
Enfin nous remarquons que, pour une même famille de matrices, lorsque l'ion
lanthanide substitue un ion yttrium qui possède toujours le rayon ionique le plus faible,
l'énergie de la composante de champ cristallin de plus basse énergie diminue. Cet effet est
lié à la variation de la distance lanthanide-ligand et à la variation de champ cristallin qu'elle
induit. Pour mesurer cet effet, nous avons consigné, dans le tableau V.6, l'énergie de la
composante 4f "-1 5d de champ cristallin de plus basse énergie (et permise de spin) pour
les ions Ce 3+ , Pr 3+ et Tb 3+ dans les phosphates de terres rares.
125
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3+
Concentration en ions Ga (%)
126
Nous constatons que l'intensité du champ cristallin subi par l'ion Ln 3+ est plus
importante pour le métaphosphate que pour l'orthophosphate de lanthane. Par ailleurs,
l'énergie de la configuration 4f 5d de l'ion Pr 3+ et 4f 75d de l'ion Tb 3 + se situent à plus
haute énergie que la configuration 5d de l'ion Ce 3+ (tableau V.4).
Tableau V.6. Energie (eV) de la composante 4f "- 1 5d du champ cristallin de plus basse
énergie (permise de spin)
127
le trou étant liés par la force d'attraction coulombienne, l'ion dopant capture
simultanément et aisément les deux porteurs de charge.
Lorsque la concentration en centres luminescents augmente, d'autres mécanismes
d'excitation peuvent intervenir comme c'est notamment le cas pour les orthoborates de
terres rares (figure V.I 1). Pour ces matériaux, le spectre d'excitation de la luminescence
de l'ion terbium trivalent dans le domaine d'énergie d'absorption de la matrice est modifié
par l'apparition d'une large bande d'excitation au voisinage de 8eV (155nm). Elle
augmente corrélativement en intensité avec la concentration en ions dopants. Elle a été
attribuée par A.W. Veenis et al à l'absorption du groupement moléculaire borate isolé [8].
Dans la plupart des cas, l'intensité de la luminescence du centre diminue lorsque
l'énergie des photons incidents croît à partir du seuil d'absorption intrinsèque. Cette
diminution peut être interprétée de deux manières. En premier lieu, la probabilité de
création de l'exciton diminue : elle est maximale pour une énergie voisine de celle de la
largeur de la bande interdite puis diminue lorsque l'énergie incidente augmente en faveur
de la création de paires électron-trou libres. Comme le mécanisme excitonique est le
mécanisme de sensibilisation de la luminescence le plus efficace, l'intensité de
luminescence suit alors la variation de la probabilité de création de l'exciton en fonction de
l'énergie incidente. En second lieu, la diminution de l'intensité peut être attribuée à
l'intervention des pertes de surface. Celles-ci se caractérisent par une augmentation de la
probabilité de recombinaison des paires électron-trou en surface, indépendamment du
centre luminescent.
Nous avons observé que, pour certains matériaux, tels que les métaphosphates ou
les métaborates de terres rares, il existe un décalage en énergie entre l'énergie du
minimum de réflectivité et le maximum de la bande d'excitation associée à l'absorption
excitonique (tableau V.7).
128
Nous attribuons ce décalage aux pertes de surface. En effet, pour des photons
d'énergie correspondant au minimum de réflectivité, le coefficient d'absorption est si
important que l'épaisseur de matériau sollicitée est très faible. Les défauts de la surface
interviennent donc de manière prépondérante et contribuent à faire chuter l'intensité de la
luminescence de l'ion dopant. Pour des raisons identiques, les rapports d'intensité des
bandes d'excitation de la luminescence de l'ion cérium trivalent sont drastiquement
modifiées lorsque la concentration en ions Ce 3+ augmente dans les réseaux ortho- et
métaphosphate de lanthane. C'est ainsi que pour les premières bandes d'excitation
4f —» 5d de l'ion cérium trivalent dans le composé pur, un "trou" d'excitation correspond
au maximum d'excitation pour une concentration de quelques pour cent molaires dans le
réseau hôte (figures V.25 et V.28). Ce phénomène été également observé par C. Pédrini
et al lors d'une étude sur des cristaux de fluorures de lanthane (LaF3:Ce3+) [9].
129
C - SPECTRE D'EMISSION
Les spectres d'émission visible de l'ion Eu 3+ et de l'ion TrP + sont des spectres de
raies fines correspondant à des transitions radiatives entre états de la configuration
fondamentale 4fn : 5 Di, 5 Do -» 7 Fj dans le cas de l'ion Eu 3+ et 5 D3, 5 D4 -> 7 Fj dans le
cas de l'ion Tb 3+ .
130
LaPO4:CeJT (5%)
300K
Figure V.28 . Spectres d'excitation de la luminescence (trait plein) et spectres d'émission (pointillés)
de l'ion Ce3+ , à 300K, dans les orthophosphates de terres rares
131
Y(PO3)3:Ce3+ (5%)
300K
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Energie (eV)
5d La(PO3)3:Ce3+
J+
(5%)
300K
132
Tableau V.8. Energies des transitions radiatives de l'ion Ce 3 + et écart d'énergie entre
les bandes d'émission (l'astérisque indique qu'il s'agit d'un épaulement)
Dans le cas de l'ion Pr 3+ , des transitions radiatives 4f 5d —> 4f2 sont possibles
lorsque la composante de champ cristallin de plus basse énergie (3G) de la configuration
4f5d [11,12]:
(i) se situe à une énergie inférieure à celle de l'état ^ 0 (environ 48000 cm"1) de la
configuration 4f2 ;
(ii) présente un couplage vibronique faible avec les phonons du réseau hôte.
Les transitions radiatives sont issues de l'état 3G vers les états 3 Hj, 3 Fj et ^ 4 de la
configuration fondamentale 4f2 (figures V.20 et V.21). Comme pour l'ion Ce 3 + ,
l'énergie des émissions de l'ion Pr 3+ sont fonction de l'énergie de la première
composante 4f 5d de champ cristallin ainsi que de son couplage vibronique avec les
phonons du réseau. Pour un état 3G très faiblement couplé avec les vibrations du réseau
hôte, cinq bandes d'émission sont attendues avec une séparation en énergie qui dépend de
l'éclatement des niveaux 3 H j , 3 Fj et ! G4. Par ailleurs, l'intensité de la transition
3
G -> ] G4 est faible puisque interdite de spin. Les travaux de T. Hayhurst et al
concernant les états de champ cristallin de l'ion Pr 3+ dans le réseau hôte YPO4 nous ont
permis d'indexer les diverses transitions radiatives de l'ion Pr 3+ dans YPO4 et dans
La(PO"3)3 P°ur lesquels l'état radiant est peu couplé avec les phonons de la matrice
(tableau V.9) [13].
133
Tableau V.9. Ecarts d'énergie entre les états de la configuration 4f2 [13] et indexation
des transitions radiatives de l'ion Pr 3+ dans les réseaux hôtes YPO4 et
La(PO3)3
3
Etats H4^3H5 3
H5-»3H6 3H6_>3F2 3F 2 _> 3 F 3 , 3F4 3F 3 ,3F 4 ->1G 4
YPO4
3 3
Indexation 3H4 H5 H6, 3 F 2 3
F3, 3F4
La(PO3)3
3 3 3
Indexation H4 H5 H6, 3 F 2 3F 3 , 3 F 4 ^4
Nous avons reporté, dans le tableau V.10, le temps de vie du niveau radiatif obtenu
en analysant le déclin de l'émission à 4,77eV (260nm) mesuré à l'issue d'une excitation
dans l'état 4f 5d radiant pour les phosphates de terres rares dopés avec 5% d'ions
Pr 3+ .Nous constatons que l'émission de l'ion Pr 3+ étant plus énergétique que celle de
l'ion Ce 3+ , son déclin est plus court.
134
Sur le spectre d'émission du métaphosphate de lanthane dopé avec des ions Pr 3+
(figure V.21), certaines bandes sont caractéristiques de l'ion Ce 3 + . Cet ion est donc
présent en tant qu'impureté dans les réactifs. Comme le domaine d'énergie de l'émission
de l'ion Pr 3+ (4,43-5,56eV) recouvre le domaine d'absorption de l'ion Ce 3 + (4,27-
5,4leV), la condition d'un transfert d'énergie efficace de l'ion Pr 3+ vers l'ion Ce 3 + est
alors remplie. L'ion Ce 3 + est dans ce cas un centre piège de la luminescence de l'ion
Pr 3+ . En particulier, il diminue l'efficacité de scintillation rapide de certains cristaux
dopés avec des ions Pr 3+ [14,15].
Par ailleurs, nous avons constaté que lorsque le matériau Gd(BO2)3:Pr3+ absorbe
des photons de 95 eV, seule l'émission de l'ion Gd 3+ (320nm) est relevée (figure V.30).
Il s'ensuit que l'ion Pr 3+ est un sensibilisateur efficace de l'émission de l'ion Gd 3+ dans
ce réseau hôte. Ce phénomène a été observé dans d'autres matrices d'accueil de l'ion
Pr 3+ , à base de gadolinium et notamment dans l'orthophosphate de gadolinium [16]. A.
J. de Vries et G. Blasse ont donné les conditions nécessaires pour que l'ion Pr 3 +
sensibilise efficacement la luminescence de l'ion Gd 3+ [17] :
(iii) la bande d'absorption 4f 5d ne doit pas recouvrir l'émission 6Pj —> %S~i/2 de
l'ion Gd 3+ afin de prévenir des transferts d'énergie en retour (Gd 3+ —> Pr 3+ ).
On pourrait alors imaginer un réseau hôte à base d'ion gadolinium tel que l'ion
3+
Pr , remplissant ces deux conditions, puisse transférer l'énergie qu'il a absorbée vers
l'ion gadolinium. Ce dernier, après l'étape de migration de cette énergie au sein du sous-
réseau composé d'ion Gd 3 + , transférerait alors l'énergie disponible vers un ion
activateur. La configuration 4f 5d étant située dans l'UV lointain, l'ion Pr 3+ devrait être
un sensibilisateur aussi important pour le domaine du VUV que l'est l'ion Ce 3+ pour le
domaine de l'UV. Cependant, son utilisation est limitée car les niveaux de la
configuration 4f2 rendent possibles des transferts d'énergie en retour de l'ion activateur
(Eu 3+ ,Tb 3+ ) vers l'ion sensibilisateur (Pr 3+ ) [18]. Nous l'avons nous-même observé
pour plusieurs matériaux à base d'ions gadolinium (Gd(BC<2)3, Gd(PC«3)3 et GdPC«4)
dopés avec des ions Pr 3+ et codopés avec des ions Eu 3+ ou Tb 3+ .
135
i 1 i i . . I i i • .
/A 392 nm
GdBO3:Pr3+
- Excitation=95eV -
1 422 nm
3 \\ /r\H
v7 \V
îte"
Gd 3+
325 nm /
/ \
\
Ce3+ V
• 1 1 1 1 1 1 1 1 • 1 1 1 1 1 1 i i i i i i j i i i i
3+
Gd(BO2)3:Pr
Excitation=95eV
J
\ • ' • • i • • • • i
200 250 300 350 400 450 500
Longueur d'onde (nm)
136
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[2] M. Kucera, V.N. Kolobanov, V.V. Mikhailin, P.A. Orekhanov, V.N. Makhov,
Phys. Stat. Sol. (b) 157 (1990) 745.
[12] P. Dorenbos, R. Visser, C.W.E. Van Eijk, N.M. Khaidukov, M.V. Korzhik,
IEEE Trans. Nucl. Scie. 40(4) (1993) 388.
[14] C.W.E. Van Eijk, P. Dorenbos, R. Visser, IEEE Trans. Nucl. Scie. 41(4) (1994)
738.
137
[16] A.M. Srivastava, M.T. Sobieraj, S.K. Ruan, E. Banks, Mat. Res. Bull. 21 (1986)
1455.
138
u
n
in
VARIATION DU RENDEMENT
QUANTIQUE D'EMISSION DU
CENTRE LUMINESCENT
Dans ce chapitre, nous nous proposons de discuter la variation du rendement
quantique d'émission du centre activateur associé aux divers mécanismes d'absorption,
en fonction de la nature de la matrice d'accueil. Nous étudierons les facteurs qui régissent
le taux des processus non radiatifs.
1. Décalage de Stokes
Tableau VI.1. Décalages de Stokes (10 3 cm"1) des matériaux dopés avec les ions Ce 3 +
etPr 3 +
139
Nous constatons que, pour une même famille, le décalage de Stokes est plus
important pour le composé à base d'yttrium que pour celui à base de lanthane (sauf pour
les métaphosphates). On trouve dans la littérature l'interprétation suivante pour expliquer
ce phénomène [2] : les ions lanthanides trivalents dopants possèdent un rayon ionique
supérieur à celui de l'ion Y^+ et inférieur à celui de l'ion La^+. La substitution de l'ion
Y 3 + par un ion lanthanide est alors, en quelque sorte, forcée et implique que le réseau
hôte s'adapte à l'augmentation du volume du site occupé par l'ion dopant. De surcroît,
lorsque l'ion lanthanide se retrouve dans un état excité, la variation de son rayon ionique
engendre des modifications supplémentaires des distances Métal-Ligand et le réseau hôte
déjà forcé, s'oppose encore plus fortement à cette variation du volume. Le décalage de
Stokes nous renseigne donc sur l'aptitude du réseau hôte à s'opposer à l'expansion de
l'état excité du centre luminescent et à limiter le couplage de ce dernier avec les phonons
de la matrice. C'est ainsi que, les réseaux rigides, constitués de petit cations fortement
chargés comme B^+ ou P5+, présentent les décalages de Stokes les plus faibles.
Cependant, les résultats montrent que les métaphosphates de terres rares ne suivent
pas la règle générale énoncée ci-dessus. Le décalage de Stokes évalué pour le composé à
base de lanthane est inférieur à celui obtenu pour le composé "ytttrium". De plus, comme
nous l'avons signalé dans le chapitre précédent, l'état de transfert de charge de l'ion
europium (III) dans le métaphosphate d'yttrium se situe à une énergie inférieure à celle
relevée pour le métaphosphate de lanthane. Deux explications peuvent être envisagées :
(i) les métaphosphates ont une grande aptitude à former des produits amorphes et dans
ce type de matériaux, les décalages de Stokes et le couplage vibronique de l'état de
transfert de charge de l'ion Eu 3+ sont importants. Cependant, nous n'avons pas
observé de fond amorphe sur le spectre de diffraction des Rayons X ;
140
bandes d'absorption et d'émission. C'est ainsi que, le décalage de Stokes de l'ion cérium
dans Ce(PO3>3 étant plus faible, la probabilité de transfert d'énergie entre les centres
activateurs s'en trouve augmentée. L'ion cérium est alors plus sujet au processus de
réabsorption qui se caractérise par la modification du rapport des intensités des bandes
d'émission. Ainsi, dans Ce(PO3)3, la bande d'émission la plus énergétique possède
l'intensité la plus faible. Par ailleurs, cette modification d'intensité est d'autant plus
marquée que le décalage de Stokes est faible.
En dernier lieu, et c'est là une première régie qui se dégage de ces études, les
matériaux luminescents possédant de faibles décalages de Stokes présentent les
rendements quantiques les plus élevés. Dans le modèle des courbes de coordonnées de
configuration, ceci correspond à une diminution de la probabilité des processus non
radiatifs par le croisement des courbes associées à l'état excité et à l'état fondamental.
141
80-
70-
A-
60-
B 50~
a
40-
30-
20-
T 1^ I
0 20 40
concentration en ions Ga
Figure VI.l. Variation du rendement quantique externe d'émission de l'ion Tb3+ associé aux divers bandes
d'excitation en fonction de la concentration en ions Ga3+ dans le réseau Y(AG)G:Tb3+(6%)
I l 1 i 1 1
80-
<— AI/Ga=5/0 - 60
1
60-
E2 ïV s 1
z
\ 300K
I V \ - 4 0 50
40-
a
1 î - 20
20- >
\ /
-—
\J \
- 0
1 1 1 i i i
5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
1 1 I I I
r
A
>- 60
60 J ' iA AI/Ga=3/2
• w \
^^ Fîf \ 300K
X
40- 1U - 4 0 ?o
a
20-
\/ - 20
y —
0— - 0
i 1 I 1 I I
5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
I 1 i 1 I l
E
30-
•\A AI/Ga=1/4 - 60
I: î
300K
20-
t, - 40 jo
X ••--....
a
10-
vX - 20
0 - n
i 1 i 1 I I
5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
Figure VI.2. Spectres d'excitation (pointillés) et de réflectivité diffuse (trait plein), à 300K,
des matériaux Y(AG)G:Tb3+
143
2.1.1. Modèle des courbes de coordonnées de configuration du centre
luminescent
YAG.
A2 / , , . , s ico t
(<Pi | 9i(0) = exp l —— ( l-exp(-icot) ) -
144
figure VI.3-C. <pi(t) est alors déterminée numériquement en résolvant l'équation de
Schrodinger dépendante du temps :
+00
Ar = x
m 2TCCÛ)
où, m est la masse (en unité de masse atomique) engagée dans la vibration de fréquence
co (en cm*1)), h = h/27i avec h la constante de Planck (en g cm 2 s*1), c la célérité de la
lumière (en cm s"1)), A le déplacement (sans dimension) et Ar le déplacement (en Â).
145
o
'5b izp
i
Temps
146
Plusieurs tests avec différents jeux de paramètres (Ar, ti(ù, Ezp) ont été
successivement effectués, mais seule la solution, apparaissant dans les tableaux VI.2 et
VI.3, conduit à un résultat acceptable.
2.1.1.2. Résultats
Dans le cas de l'ion Tb 3 + , nous avons supposé que l'énergie du phonon est
identique à celle du phonon mis en oeuvre dans le cas de l'ion Ce 3+ . Avec les valeurs des
paramètres reportées dans le tableau VI.3, nous avons pu reproduire raisonnablement les
bandes d'absorption notées El et E3 sur les spectres d'excitation. Cependant, nous
n'avons pas pu reproduire la bande d'absorption E2 ainsi que la bande d'absorption E3
Al 2 5
pour le rapport stœchiométrique Q - = ^TF • Cette impossibilité provient certainement du
fait que plus d'une transition à zéro phonon composent ces bandes d'absorption.
Dans les tableaux VI.2 et VI.3 qui regroupent les valeurs des paramètres utilisés
pour obtenir le diagramme des courbes de coordonnées de configuration (DCC), il
apparaît que pour chacun des composés, quelle que soit la concentration en gallium :
Tableau VI.2. Paramètres associés aux deux premières bandes d'absorption de l'ion
Ce 3+ introduit dans le réseau YAG
El E2
Ezp Ar fl(Ù Ezp Ar hcù
147
Tableau VI.3. Paramètres associés aux bandes d'absorption El et E3 de l'ion Tb 3 +
introduit dans les réseaux Y(AG)G
El E3
Ezp Ar Ezp Ar ha
Al
Ga (cm-l) (Â) (cm-l) (cm-l) (Â) (cm-l)
En effet, les travaux de K. Ohno et T. Abe ont montré que, sous excitation
cathodique, l'énergie nécessaire à l'extinction thermique de la luminescence des matériaux
Y(AG)G:Tb 3+ diminue lorsque la concentration en ions Ga 3+ augmente [13]. Nous
montrons également que le rendement quantique des matériaux Y(AG)G:Tb3+ diminue
lorsque la concentration en ions Ga 3+ croît (figure VI. 1). Enfin, dans le cas des matériaux
Y(AG)G:Ce3+, G. Blasse et A. Bril ont montré que, dans ces mêmes conditions, les états
5d sont reportés à haute énergie (car l'intensité du champ cristallin diminue) alors que, le
décalage de Stokes de l'ion Ce 3+ reste constant [2]. Pour ce dernier point, en supposant
que l'énergie du phonon associé à l'état excité reste quasi-identique quelle que soit la
148
concentration en ions Ga 3+ , nous pouvons considérer que le décalage de Franck-Condon
de l'état 5d reste constant (ce qui est en accord avec les résultats des tableaux VI.2 et 3).
De ce fait, l'énergie nécessaire à l'extinction thermique de la luminescence de l'ion Ce 3+
dans les matériaux YAG:Ce 3+ et YGG:Ce 3+ ainsi que l'intensité de leur luminescence
doivent être quasi-identiques. Cependant, l'expérience montre que le matériau YAG:Ce3+
est un luminophore présentant un rendement quantique élevé alors que le matériau
YGG:Ce 3+ n'offre aucune luminescence même à très basse température, bien que des
photons soient absorbés pour peupler les états 5d comme le montre la mesure de la
réflectivité diffuse [2].
Il apparaît donc qu'une grande partie de l'énergie absorbée par les états 4fn"15d est
perdue pour la luminescence de façon non radiative. Ces processus non radiatifs ne
peuvent être liés aux déplacements de la parabole décrivant l'état excité jusqu'à l'obtention
du croisement avec la courbe de l'état fondamental puisque, comme nous venons de le
voir, le décalage de Franck-Condon (Ar) associé est faible et reste constant pour les
réseaux allant de YAG à YGG.
Cette contradiction peut être levée en considérant un nouvel état excité du centre
luminescent dans le modèle des courbes de coordonnées de configuration. C'est l'état
d'auto-ionisation du centre luminescent qui est issu de l'interaction de l'ion luminogène
avec son réseau hôte. Comme nous allons le voir, c'est le pouvoir oxydo-réducteur du
réseau qui impose l'énergie de l'état d'auto-ionisation responsable des pertes non
radiatives au sein du centre luminescent.
149
D.S. Hamilton et al ont positionné le second état 5d de l'ion Ce 3+ dans la bande de
conduction du YAG [15]. Nous avons validé ce point en observant que le rendement
quantique associé à cette bande d'absorption, ainsi que ceux des états 5d encore plus
énergétiques, chutaient fortement comparativement à celui de la première bande 5&
150
50x10 -i 50x10 -i
40- 40-
30- 30-
S
o
W)
G
20- 20-
w
10- 10-
o-\ 0-^ I
-1.0 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0
Q(A)
Figure VI.4. Schéma des courbes de coordonnées de configuration de l'ion Ce3+ dans les grenats YAG et YGG.
La courbe en pointillés représente l'état d'auto-ionisation.
60x10 -q 60x10 -q
\
50-
40
So
-^.^
.33 30-^
E?
C
W
20-^
10-
3+
YGG:Tb
0 i 1 1 I I
-1.0 -0.5 0 .0 0.5 1.0 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0
0 (Â) Q(Â)
Figure VI.5. Schéma des courbes de coordonnées de configuration de l'ion Tb +dans les grenats YAG et YGG.
La courbe en pointillés représente l'état d'auto-ionisation.
Mais, contrairement à l'ion Ce 3 + , la luminescence de l'ion Tb 3 + n'est pas
totalement éteinte dans le réseau hôte YGG. Cela est dû au fait que la relaxation de l'état
excité 4f 7 5d peut s'effectuer de façon compétitive soit vers l'état d'auto-ionisation, soit
vers les nombreux états excités de la configuration 4f8. Dans ce réseau hôte, c'est donc la
densité élevée d'états de la configuration fondamentale 4f8 qui empêche l'extinction totale
de la luminescence à température ambiante de l'ion Tb34".
Comme nous l'avons déjà remarqué les rendements quantiques des diverses
transitions de l'ion Tb 3 * varient différemment avec la concentration en gallium. Ainsi, le
rendement quantique associé à la transition E3 diminue lorsque la concentration en ions
Ga 3+ est supérieure à 20% dans le réseau hôte, alors que le rendement quantique associé
à la transition E2 chute rapidement pour une concentration supérieure à 50% (figure
VI. 1). Dans le modèle des bandes, pour expliquer ces variations, nous pouvons supposer
que les états 4f 7 5d correspondant aux transitions E2 et E3 sont situés dans la bande
interdite du YAG et qu'ils se rapprochent de plus en plus de la bande de conduction du
solide lorsque la concentration en ions Ga 3+ augmente dans le réseau (figures VI.6 et
VI.7).
153
BC
5d
Ce 4 + + e" (lié) 5d
BC
AE
émission Ce 4 + + e" (lié)
Eg
Ce 3+ Ce 3+ Zlt AE
BV BV
YAG:Ce 3+ YGG:Ce 3+
Figure VI.6. Illustration dans le modèle des bandes, de la position relative des deux premiers
états 5d de l'ion Ce 3 + relativement à la bande de conduction du YAG et du YGG
E3
BC
E2
T b 4 + + e" (lié) BC
T b 4 + + e" (lié)
Eg
3+
\f émission \f émission
Tb
\\\\
BV
YAG:Tb 3+ YGG:Tb 3+
Figure VI.7. Illustration dans le modèle des bandes de la position relative des trois premiers
états 4f75d de l'ion T b 3 + relativement à la bande de conduction du YAG et du YGG
154
Dans le cas du matériau YAG:Tb3+, comme nous l'avons souligné précédemment,
l'éclatement important dû au champ cristallin permet de situer les premiers états 4f7 5d
dans la bande interdite et l'état 4f 7 5d engagé dans le processus d'auto-ionisation à
suffisamment haute énergie (figure VI.9-a). Ce sont les conditions requises pour obtenir
une luminescence intense : l'écart en énergie AE entre l'état d'auto-ionisation et l'état
fondamental est alors suffisamment important pour limiter la probabilité de relaxation non
radiatives directement vers l'état fondamental.
Comme nous l'avons déjà évoqué, la substitution des ions aluminium par des ions
gallium dans les réseaux grenat et pérovskite d'yttrium engendre une diminution de
l'intensité du champ cristallin et surtout, une diminution de la largeur de la bande
interdite. La combinaison de ces deux phénomènes positionne les états 4f "- 1 5d de plus
en plus à l'intérieur de la bande de conduction lorsque la concentration en gallium
augmente et cela implique alors que l'énergie de l'état d'auto-ionisation diminue (AE
faible, figures VI.8 et VI.9). Dans ces conditions la probabilité des processus non
radiatifs augmente et c'est la raison pour laquelle l'intensité de la luminescence mesurée
pour le matériau YGaC>3:Ce3+ est très faible.
155
E
L n " + e (Hé) (Ln 3 + )'
Figure VI.8. Illustration dans le modèle des courbes de coordonnées de configuration de la position
relative de l'état d'auto-ionisation (Ln 4+ + e" (lié)) par rapport aux états fondamental
(Ln 3 + ), excités et radiant ^1*
"O
BC c BC
Ln 4 + + e- (lié) ^i lV
L A
Ln4'
•o
Eg AE
AE
>f i
BV BV
(a) (b)
Figure VI.9. Illustration, dans le modèle des bandes, de la position relative de l'état d'auto-ionisation
Ln 4 + + e" (lié) par rapport à l'état fondamental (Ln 3+ ) dans le cas d'une intensité du
champ cristallin :
(a) forte
(b) faible
156
Si on considère, en première approximation, que l'énergie du phonon associé à
l'état d'auto-ionisation est identique dans les réseaux YAIO3 et LaAlC>3, l'augmentation
du couplage vibronique induit une augmentation du décalage de Franck-Condon Ar de cet
état dans le modèle des courbes de coordonnées de configuration du centre luminescent. H
s'en suit que les pertes non radiatives associées à la relaxation de l'état d'auto-ionisation
directement vers l'état fondamental dans le réseau LaAlÛ3 deviennent plus importantes
(figure VI.8). C'est ainsi que le matériau LaAlO3:Ce3+ n'émet quasiment pas de lumière
[19]. Par ailleurs, comme la substitution de l'ion aluminium par l'ion gallium dans la
matrice LaA103 augmente le pouvoir oxydant du réseau, l'énergie AE de l'état d'auto-
ionisation par rapport à l'état fondamental diminue et les processus non radiatifs sont
alors favorisés. Pour ces raisons, le matériau LaGaO3:Ce3+ n'émet pas et le système
LaGaO3:Tb3+ ne possède que de très faibles rendements quantiques d'émission (figure
VI.ll).
Nous venons de voir que le taux des processus non radiatifs associés à la relaxation
de l'état d'auto-ionisation vers l'état fondamental du centre luminescent dépend de la
différence d'énergie AE entre ces deux états et de l'importance du couplage vibronique de
l'état d'auto-ionisation avec les phonons du réseau hôte (importance du Ar, en
particulier). En d'autres termes, pour une matrice d'accueil qui est caractérisée par un état
d'auto-ionisation du centre luminescent situé à haute énergie, les pertes non radiatives à
l'issue de l'absorption du centre seront d'autant moins importantes que le couplage
vibronique de l'état d'auto-ionisation sera faible. Cela implique que la structure du réseau
hôte soit rigide et puisque c'est la signature d'un réseau rigide, que le décalage de Stokes
mesuré pour le centre luminescent soit faible.
L'étude comparative des métaphosphates de terres rares Y(PC»3)3 et La(PÛ3)3,
montre que leur largeur de bande interdite est importante et que l'énergie des transitions
4f "•! 5d sont quasi-identiques dans les deux cas. Compte tenu de ces deux points et en
supposant que le niveau fondamental de l'ion Ln 3+ activateur est proche de la bande de
valence dans ces deux matériaux, nous pouvons alors considérer que l'énergie de l'état
d'auto-ionisation du centre luminescent est pratiquement identique dans chacun de ces
réseaux hôtes (figure VI.9). L'excitation des composantes 4f n-1 5d de champ cristallin de
plus basse énergie induit donc une luminescence importante du centre luminescent (Ce3+,
Pr 3+ , Tb 3+ ), quel que soit le réseau hôte métaphosphate. Mais, dans le cas de la matrice
d'accueil Y(PO3)3, il apparaît que l'excitation des transitions 4fn"15d les plus énergétiques
est en grande partie perdue non radiativement au sein du centre luminescent et cela quel
que soit l'ion activateur.
157
Figure VI.IO. Spectre d'excitation, calibré en rendement quantique externe (Qext),
de la luminescence de l'ion Tb +dans le réseau hôte YAP
8 -
LaGaO 3 :Tb 3+
AA
/ \
300K
6-
\
V
\
Qext
4 -
\
2 -
^y i
/ i i 1 i i i
4 5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
158
Ces pertes sont beaucoup moins importantes pour les matériaux La(PC>3)3:Ln3+
(Ln 3+ = Ce 3+ , Pr 3+ , Tb 3+ ). Cette différence de comportement entre états 4f "^Sd en
fonction de leur énergie et de la matrice d'accueil semble être due au rôle joué par l'état
d'auto-ionisation. Comme nous l'avons déjà remarqué, le décalage de Stokes mesuré
pour les ions Ce 3 + et Pr 3+ dans le métaphosphate d'yttrium est supérieur à celui mesuré
pour ces mêmes ions dans le métaphosphate de lanthane. Dès lors, le couplage vibronique
de l'état d'auto-ionisation du centre luminescent dans le métaphosphate d'yttrium doit
donc être plus important. Ceci entraîne une augmentation de la probabilité des
desexcitations non radiatives via un croisement plus efficace des courbes de coordonnées
de configuration associées à l'état d'auto-ionisation et à l'état fondamental.
Dans le cas des matériaux dopés avec des ions Eu 3+ , la détection de l'absorption de
l'état d'auto-ionisation Eu 2+ + h + (lié) (ou état de transfert de charge) est rendue possible
l'absorbance associée aux transitions 4f6 est bien plus faible que celle associée à l'état de
tansfert de charge.
(1) pour les ions Pr 3+ et Tb 3+ , la densité d'états de la configuration 4f "-15d est élevée et
la configuration est très étendue en énergie ce qui rend difficile la détection de la bande
d'excitation correspondant à leur état d'auto-ionisation respectif ;
(2) dans le cas de l'ion Ce 3+ , il doit être possible de détecter l'absorption de l'état d'auto-
ionisation sous certaines conditions (sauf lorsque l'état d'auto-ionisation est
directement le niveau radiant) que l'on peut résumer ainsi :
(i) l'ion cérium ne doit occuper qu'un seul site dans la matrice d'accueil afin de
limiter le nombre de transitions f-d. Par ailleurs, la symétrie ponctuelle du site
occupé par l'ion dopant doit être basse de manière à lever totalement la
dégénérescence de la configuration 5d et l'intensité du champ cristallin doit être
suffisamment élevée afin d'obtenir cinq bandes bien résolues ;
159
(ii) la largeur de la bande interdite doit être importante afin de pouvoir détecter la
totalité des composantes 5d de champ cristallin ;
Nous avons simulé, par le calcul, le spectre d'émission de l'ion Ce 3+ introduit dans
le réseau hôte LaPÛ4. A partir des paramètres ainsi déterminés, il a été possible de
construire le schéma des courbes de coordonnées de configuration de l'ion Ce 3+ dans
LaPÛ4 (tableau VI.4). Il révèle que le décalage de Franck-Condon Ar associé à l'état 5d
est très faible comme nous pouvions nous y attendre pour un réseau rigide et donc que
l'énergie du maximum de la bande d'absorption associée à chacun des états 5d est très
voisine de l'énergie de la transition à zéro phonon.
Première transition 4f —» 5d
Ezp Ar
160
Par ailleurs, en se basant sur des calculs d'orbitales moléculaires effectués sur les
"clusters" (LaOç)15" et (CeOç)15" et confortés par des résultats expérimentaux, K.C.
Mishra et al ont positionné dans la structure électronique de l'orthophosphate de lanthane,
le niveau fondamental de l'ion Ce 3+ à environ 3eV au dessus du haut de la bande de
valence [20]. Comme la largeur de la bande interdite dans ce matériau est de l'ordre de
8eV, il s'en suit que l'état 5d de l'ion Ce 3+ mesuré à 5,18eV (E3, tableau V.3) au dessus
de l'état fondamental se situe dans la bande de conduction de LaPÛ4. Par voie de
conséquence, cet état 5d doit être engagé dans le processus d'auto-ionisation de l'ion
Ce 3+ . L'énergie du seuil d'auto-ionisation du centre luminescent devrait donc intervenir
au voisinage de 5,18eV dans le matériau LaPÛ4.
Considérons maitenant le schéma des courbes de coordonnées de configuration de
l'ion Ce 3 + . L'état Ce 4 + + e~ (lié) possède un décalage de Franck-Condon Ar plus
important et dans l'hypothèse où l'énergie du phonon mis en jeu reste identique pour
chacun des états, la transition vers l'état d'auto-ionisation s'effectue à plus haute énergie
que celles conduisant aux états 5d (figure VI. 12). Nous pouvons alors considérer que la
sixième bande d'excitation située à 7eV pour le réseau LaPO4, beaucoup plus large que
celles associées aux états 5d, correspond à l'absorption de l'état d'auto-ionisation de l'ion
Ce 3+ (figure VI. 12).
161
60x10 -i
0
-1.0
162
B- ABSORPTION DE L'ENERGIE PAR LE RESEAU HÔTE
Dans les matériaux de basse dimensionalité, l'ion Gd 3+ est connu pour jouer un
rôle intermédiaire important dans le processus de migration de l'énergie excitatrice entre
un ion sensibilisateur et le centre luminescent [21]. Les travaux de J.Th. de Hair et al sur
les métaborates de terres rares montrent que l'ion Bi 3 + ne sensibilise efficacement la
luminescence de l'ion Tb 3 + qu'en présence de l'ion Gd 3+ [22]. L'énergie absorbée par
l'ion Bi 3 + est transférée vers l'ion Gd 3+ qui la transfère à son tour vers un autre ion Gd 3+
proche voisin. L'énergie d'excitation migre ainsi de proche en proche dans le sous réseau
formé par les ions Gd 3+ jusqu'à rencontrer un centre luminescent. L'ion Gd 3+ transfère
alors son énergie au centre activateur qui émet. Ce mécanisme peut aussi être mis en jeu
dans certains matériaux à base d'ions Gd 3+ à l'issue de l'absorption de l'énergie par le
réseau. C'est ainsi que l'absorption des photons incidents par le réseau hôte métaborate
de terres rares ne sensibilise efficacement la luminescence des ions Eu 3+ et Tb 3 + qu'en
présence d'ions Gd 3+ . Nous avons reporté sur la figure VI. 13 le rapport d'intensité de
luminescence entre l'absorption excitonique et l'absorption directe du centre luminescent
(état de transfert de charge de l'ion Eu 3+ ou transition 4f 7 5d permise de spin de l'ion
Tb 3+ ) en fonction de la concentration en ions Gd 3+ dans le métaborate de lanthane. Nous
constatons qu'à température ambiante, la sensibilisation de la luminescence de l'ion
activateur augmente avec la concentration en ions gadolinium trivalents. De plus, pour
Gd(BC>2)3, l'absorption excitonique induit une luminescence dont l'intensité est
quasiment double de celle obtenue pour une excitation directe du centre. La concentration
en ions luminogènes étant identique dans chacune des matrices d'accueil, nous pouvons
en déduire que la probabilité de transfert d'énergie de l'exciton vers le centre luminescent
augmente avec la concentration en ions Gd 3+ . En revanche, à basse température, la
sensibilisation de la luminescence est beaucoup moins efficace. Nous sommes donc
amenés à supposer que l'énergie qui migre au sein du sous réseau est piégée par des
défauts ou des impuretés, ou que le transfert d'énergie de l'exciton vers l'ion Gd 3+ est
assisté par des phonons.
163
2H
Tb 3+ -300K A
•••"" Eu 3+ -300K
. . - •
CO
/ \
/
c
••...
CD
•••••....
IS 1- / \
•••••...
tr /
o
Q. \
Q.
CO s.
DC À •\
/
•'•••
/ Tb 3+ -10K
/
/
•
La(BO2/3 Gd(BO 2 ) 3
0-
0 50 100
,3 + ,
Concentration en ions Gd (%)
Figure VI.13. Variation du rapport d'intensité entre les bandes d'excitation associées à l'absorption du réseau et
du centre luminescent en fonction de la concentration en ions Gd3+
164
2. Etat d'auto-ionisation du centre luminescent et rendement quantique
associé à l'absorption du résau hôte
165
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[3] M.L. Meilman, A.I. Kolomiitsev, A.M. Kevorkov, Kh.S. Bagdasarov, Opt.
Spectra. (USSR) 57(2) (1984) 145.
[4] E.G. Gumanskaya, M.V. Korzhik, S.A. Smirnova, V.B. Pavlenko, A.A.
Fedorov, Opt. Spectra. (USSR) 72(1) (1992) 86.
[9] E. Simoni, D. Talaga, C. Reber, J.I. Zink, J. Phys. Chem. 97 (1993) 12678.
[10] M.D. Feit, J.A. Fleck, A. Steiger, J. Compt. Phys. 47 (1982) 412.
[12] G.A. Slack, D.W. Oliver, R.M. Chrenko, S. Roberts, Phys. Rev. 177(3) (1969)
1308.
[15] D.S. Hamilton, S.K. Gayen, G.J. Pogatshnik, R.D. Ghen, W.J. Miniscalco,
Phys. Rev. B39 (1989) 8807.
[16] G. Blasse, W. Schipper, J.J. Hamelink, Inorg. Chim. Acta 189 (1991) 77.
166
[19] G. Blasse, A. Bril, J. Chem. Phys. 51(8) (1969) 3252.
[20] K.C. Mishra, K.H. Johnson, MRS Symp. Proc. 348 (1994) 367.
[22] J.Th. de Hair, W.L. Konijnendijk, J. Electrochem. Soc. 127(1) (1980) 161.
167
u
n
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i—^
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(i) le rendement de conversion des photons VUV en photons visibles (ou rendement
quantique) du luminophore doit être proche voire supérieur à l'unité afin d'obtenir
une émission lumineuse visible la plus intense possible ;
(iii) le temps de déclin de l'émission du luminophore doit être inférieur ou égal à 10ms.
Ceci est imposé par la fréquence d'image télévisuelle.
168
A - CARACTERISTIQUES PHOTOMETRIQUES
(i) le matériau doit être un isolant avec une largeur de bande interdite comprise entre 7eV
et8eV;
(ii) les ligands doivent être tels que l'effet néphélauxétique ainsi que l'intensité du champ
cristallin soient relativement faibles afin que l'énergie du barycentre des orbitales d
(ou l'énergie des composantes 4f75d de champ cristallin) se situe au voisinage de
7eV;
(iii) le réseau cristallographique doit être rigide de manière à limiter le couplage des états
excités du centre luminescent avec les phonons de la matrice. Le couplage est source
de relaxation non radiative ;
(iv) le pouvoir oxydant du solide doit être faible afin de ne pas favoriser l'apparition de
l'état d'auto-ionisation du centre luminescent à basse énergie.
169
2. Les centres luminescents
Plusieurs matériaux, présentés dans les deux chapitres précédents, satisfont aux
critères définis ci-dessus. Il s'agit de :
Nous avons également identifié d'autres matériaux qui semblent convenir au cahier
des charges :
- l'oxyorthosilicate d'yttrium Y2SiÛ5 (figure VII. 1) ;
170
100-
Y 2 SiO 5 :Tb 3+
A
80- 300K
• I
V
° 40-
J
20-
0- I i
4 6 8 10 12
Energie (eV)
100-
(La,Ce)PO4 :Tb 3+
80-
60-
V v—,
300K
Qext(
40-
20-
0 - J I i I i
4 6 8 10 12
Energie (eV)
171
100-
(Ce.TbJMgAl^g
\
80- 300K
60-
\
V
Qext(
40-
20-
0—
J 1 1 1 1 1
4 6 8 10 12
Energie (eV)
100-
(Ce,Gd)MgB5O i o : T b 3 +
80-
nry\ 300K
60-
N
I V
Qext(
40-
\
0 -
J
I I I I I
4 6 8 10 12
Energie (eV)
172
D'autres matériaux possèdent aussi des rendements quantiques importants sur le
domaine d'énergie d'excitation étudié, il s'agit du YAG, de YBO3, de YPO4 et de
Gd(BO2)3. Toutefois, l'éclatement de la configuration 4f 7 5d dû à une intensité du champ
cristallin trop élevée laisse apparaître des "trous d'absorption" sur le spectre d'excitation
dans le domaine d'énergie d'émission du plasma. L'efficacité de la luminescence de ces
matériaux sous excitation plasma diminue donc par rapport à un luminophore qui possède
un signal d'absorption continu.
(i) de substituer le cation ce qui modifie l'énergie du seuil d'absorption intrinsèque (ou
la largeur de la bande interdite) du solide sans modifier énormément l'intensité du
champ cristallin. C'est le cas pour les matériaux (Y,Gd)BO3 et (Y,Gd)AG ;
(ii) de substituer partiellement les ligands ce qui modifie à la fois l'intensité du champ
cristallin et le seuil d'absorption du réseau hôte ;
Nous avons reporté, dans le tableau VII. 1, les rendements quantiques externes,
mesurés au maximum d'émission du plasma, des matériaux luminescents les plus
performants dopés avec des ions Tb 3+ .
173
Tableau VII.l. Rendement quantique externe mesuré à 7,3eV pour des luminophores
dopés avec des ions Tb 3+
Qext (%) 75 75 70 70 80
Qext (%) 70 70 80 90 60
L'ion Mn 2+ dans la willémite, Zn2SiÛ4, est connu depuis des décennies pour offrir
une émission verte (520nm) intense pour une excitation à 254nm (4,88eV) [2]. Dans le
domaine de longueur d'onde du VUV, les premiers spectres d'excitation calibrés en
rendements quantiques, du matériau Zn2SiC>4:Mn2+ ont été publiés par P.D.Johnson au
début des années soixante [3]. Le rendement quantique d'émission est élevé sur un large
domaine d'énergie incidente (électronique, RX, VUV-UV) et la luminescence verte est
saturée. Ces qualités font que ce matériau possède un fort potentiel quant aux applications
possibles et de nombreuses études le concernant sont encore effectuées [4-9].
174
l'ion M n 2 + a été attribuée, dans le diagramme d'Orgel, à la transition
intraconfigurationnelle 3d 5 interdite de spin 4 T i -> 6 A i [11]. Un phénomène de
phosphorescence s'ajoute à la luminescence intrinsèque et augmente le déclin de
l'émission jusqu'à 30ms pour une concentration molaire de 4% en ions Mn 2+ dans le
réseau hôte. Cette phosphorescence est d'ailleurs encore plus longue lorsque le matériau
est codopé avec des ions arsenic pentavalents [4].
175
1 | 1 i 1
i
t
1
//x \
\
ce Zn 2 SiO 4 :Mn
3 -
300K
en
C
£
1 1 1 i i
5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
i 1 1 I i
"S
ï
1
\
^ -
)
'
\
i 1 1 i i
5 6 7 8 9 10
Energie (eV)
176
DJ. Robbins et al ont proposé que la large bande d'excitation soit liée à l'ionisation
directe du centre luminescent, c'est à dire à la promotion d'un électron 3d directement
dans la bande conduction [13] :
177
Figure VII.6. Spectres d'excitation de la luminescence de l'ion Mn 2+ dans le réseau Zn 2 Si0 4
pour deux concentrations en centre luminescent : 4% (trait plein) et 9% (pointillés)
40-
30- I
Qexti
20-
1 0-
n - \
I
J
^
i i I i
4 6 8 10 12
Energie (eV)
178
2+
Figure VII.8. Spectres d'excitation de la luminescence de l'ion Mn :
BaMg2Al16O27:Mn 2+ (trait plein)
BaMg2Al16O27:Eu2+, Mn2+ (pointillés)
Figure VII.9. Spectre d'excitation de la luminescence de l'ion Mn2+ dans le réseau BaAl12O19
179
Le matériau BaMg2Ali6O27:Mn2+ possède de faibles rendements quantiques sur le
domaine d'émission du plasma. L'introduction d'ions Eu 2+ comme codopant, entraîne
l'apparition de bandes d'excitation due aux transitions 4f 6 5d pour une énergie incidente
inférieure à 6,4eV mais ne favorise pas pour autant le transfert d'énergie de la matrice
vers le centre luminescent. Quant aux matériaux BaAli2Oi9:Mn2+ et ZnAl2O4:Mn2+, ils
regroupent leurs mécanismes d'excitation de la luminescence sur le domaine d'énergie
d'émission du plasma et présentent des rendements quantiques qui peuvent concurrencer
ceux obtenus pour le matériau Zn2SiC>4:Mn2+.
E(eV)
5,2 6 6,4 6,5+5,5
auto-ionisation
E(eV)
5,8 7,1 7 7,6
réseau hôte
ît(nm)
520 511 515 514
maximum
d'émission
AX (nm)
33 18 32 25
à mi-hauteur
180
Zn 2 Si0 4 :Mn2 + (4%)
511 nm ZnAl O
2 4
3 520 nm
I
480 500 520 540 560 480 500 520 540 560
516 nm 514 nm
a
3
BaO(Al 2 O 3 ) 6
•s
c
480 500 520 540 560 580 600 480 500 520 540 560 580
181
B- TEMPS DE DECLIN ET COLORIMETRIE DE L'EMISSION
182
l'interaction de champ cristallin et ne sont que très peu modifiées par la nature et la
structure du réseau hôte. La fluorescence du Tb 3+ se caractérise par un spectre d'émission
dont la raie la plus intense se situe généralement au voisinage de 545nm, c'est à dire dans
le domaine de couleur du vert-jaune. Les coordonnées du point-couleur de l'émission de
tels matériaux luminescents sont donc médiocres pour une application télévisuelle.
Les luminophores dopés par des ions Mn 2+ possèdent, quant à eux, l'émission
verte souhaitée. Dans le cas du matériau ZnAl2O4:Mn2+, les coordonnées du point-
couleur sont très proches de la périphérie du diagramme des couleurs dans le domaine du
vert. De plus, parmi l'ensemble des composés dopés avec des ions manganèse divalents,
le matériau ZnAl2O4:Mn2+ possède le temps de déclin le plus court, il est inférieur aux
10ms souhaitées.
Quant aux matériaux luminescents dopés avec des ions Mn 2+ , ils présentent des
rendements quantiques élevés ainsi qu'une émission verte très intéressante pour leur
utilisation dans les écrans de visualisation à plasma. Cependant, en général, le temps du
déclin de leur émission reste trop important sauf pour ZnAl2C>4:Mn2+. ZnAl2O4:Mn2+ est
donc le seul matériau à présenter, à la fois, une concentration des seuils des mécanismes
d'absorption sur le domaine d'énergie d'émission du plasma, une émission verte saturée
et un temps de déclin court. Ceci en fait un candidat très intéressant pour l'application
envisagée. Il faut cependant remarquer que les rendements quantiques mesurés restent
encore faibles par rapport à d'autres luminophores commerciaux. Il est fort probable
qu'une optimisation du procédé de synthèse et de la concentration en centres luminescents
entraînera une augmentation notable des rendements quantiques de ce luminophore.
183
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[I] B.Smets, Optical Properties of Excited States in Solids, ed. Di Bartolo, Plenum
Press, N.Y., (1992) 349.
[4] I.F. Chang, G.A. Sai-Halasz, J. Electrochem. Soc. 127(11) (1980) 2458.
[II] D.T. Palumbo, JJ. Brown, J. Electrochem. Soc. 117(9) (1970) 1184.
[12] F.A. Kroger, Some Aspects of the Luminescence of Solids, Elsevier, 1948.
[13] D.J. Robbins, N.S. Caswell, Ph. Avouris, E.A. Giess, I.F. Chang, D.B. Dove,
J. Electrochem. Soc. 132(11) (1985) 2784.
184
La société Thomson-TTE-TIV est sur le point de commercialiser une nouvelle
génération d'écran de télévisualisation, les PAP couleur. De part leurs qualités liées au
faible encombrement et à la haute définition de l'image même pour de grande diagonale
d'écran, ils seront les concurrents des récepteurs de télévision traditionnels.
Pour atteindre ce but, il a été nécessaire de bien comprendre l'action des différents
facteurs qui régissent les rendements quantiques d'émission des luminophores. Ainsi,
pour les matériaux luminescents dopés avec des ions lanthanides trivalents, il est non
seulement nécessaire de prendre en compte les propriétés spectroscopiques de l'ion
dopant qui subit l'interaction de champ cristallin mais aussi les propriétés électroniques
du réseau hôte en raison de son pouvoir oxydo-réducteur. Nous avons ainsi montré qu'il
est très important de tenir compte des processus de photo-ionisation du centre
luminescent en raison de la possible délocalisation de l'électron excité.
(1) des transitions vers les états de la configuration excitée 4fn"15d pour les ions
Ce 3+ , Pr 3+ et Tb 3+ "électrophobes";
(2) une transition vers l'état de transfert de charge dans le cas de l'ion Eu 3+ très
"électrophile".
C'est ainsi que nous avons mis en évidence l'augmentation des processus non
radiatifs dans les matériaux Y(AG)G:Tb3+ (6%) lorsque la concentration en ions Ga 3+
185
augmente. L'interprétation de ce phénomène, ainsi que l'extinction totale de la
luminescence de l'ion Ce 3 + dans le réseau YGG, dans le modèle des courbes de
coordonnées de configuration du centre luminescent, n'a été possible qu'en considérant
l'intervention d'un état d'énergie particulier : l'état d'auto-ionisation du centre activateur
dans la matrice considérée :
Ln 3+ -> Ln 2+ + h+ (lié).
Nous avons ainsi montré que dans le modèle des courbes de coordonnées de
configuration du centre luminescent, la probabilité de relaxation non radiative ou la
diminution du rendement quantique est d'autant plus importante que l'état d'auto-
ionisation se situe à basse énergie par rapport à l'état fondamental de l'ion Ln 3+ d'une
part et/ou d'autre part, que son couplage avec les phonons du réseau est élevé.
Dans le schéma des bandes, en supposant que le niveau fondamental de l'ion Ln 3+
(donneur d'électron) se situe proche de la bande de valence, l'écart d'énergie AE entre
l'état fondamental 4f" et l'état d'auto-ionisation (Ln 4+ + e" (lié)) est d'autant plus
important que la largeur de la bande interdite du solide est grande. Le couplage de l'état
d'auto-ionisation avec les phonons du réseau peut être limité si ce dernier possède une
certaine rigidité.
On comprend, dès lors, beaucoup mieux pourquoi parmi les matériaux
photoluminescents, ceux qui présentent les rendements quantiques les plus élevés
possèdent généralement une largeur de bande interdite importante et sont constitués par
un réseau rigide qui limite leurs modes de vibration.
186
Lorsque le transfert d'énergie du réseau hôte vers le centre luminescent s'effectue
par la capture des porteurs de charge, ce mécanisme consiste à promouvoir l'ion dopant
dans son état d'auto-ionisation. Si la probabilité de transition non radiative de l'état
d'auto-ionisation vers l'état fondamental est importante, ce processus d'excitation ne
conduit qu'à très peu de luminescence. Dans le cas contraire la variation de la section
efficace de capture ainsi que les pertes de surface peuvent moduler de façon importante la
sensibilisation de la luminescence de l'ion dopant.
Pour essayer de quantifier l'efficacité de capture des porteurs de charge par le centre
luminescent, le calcul de structure électronique mené sur des matériaux isostructuraux tels
que (Lai-x Cex)PO4 ou (Lai-X Cex)(BO2)3 conforté par des résultats expérimentaux de
spectroscopie de photoélectron, d'absorption et de photoconductivité sur des cristaux
devrait permettre de situer l'énergie de l'état fondamental de l'ion Ce 3+ relativement à la
bande de valence et ainsi d'interpréter les variations d'efficacité des différents processus
d'excitation ainsi que les dynamiques de fluorescence. C'est le prolongement naturel de
ce travail sur le plan des interprétations.
Enfin, certains luminophores dopés avec des ions Mn 2+ présentent quant à eux une
émission verte saturée et des rendements quantiques importants sur le domaine
d'émission du plasma. Cependant, le temps de déclin de leur émission est généralement
trop long. C'est pourquoi nous proposons le matériau ZnAl2O4:Mn2+ qui présente des
caractéristiques de rémanence, de colorimétrie et de rendement quantique très
intéressantes pour l'application envisagée mais pour lequel il convient encore d'en
approfondir l'étude.
187
RESUME :
The aim of this work is to find a green emitting phosphor showing a high quantum
efficiency and a short decay time which can be used in the color Plasma Display Panels
developed by Thomson-TTE-TIV company.
A VUV spectrophotometer built at IPN Orsay, using the synchrotron radiation from
the SUPER-ACO storage ring as an excitation source, allow us the simultaneous
recordings of the luminescence excitation and diffuse reflectivity spectra of the inorganic
compounds in the UV-VUV range. In addition, this experimental set-up enable us to
determine the luminescence quantum efficiency of phosphors in the whole energy range
of investigation.
The chemical synthesis of rare-earth ortho- and metaborate and rare-earth ortho-
and metaphosphate doped with trivalent lanthanide ions cerium, praseodymium,
europium and terbium have been made.