MG 22
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MG 22
Les candidats peuvent utiliser les résultats énoncés dans les questions ou par-
ties précédentes, en veillant dans ce cas à préciser la référence du résultat
utilisé.
On rappelle qu'il s'agit d'une relation d'équivalence dont les classes d'équivalence sont appelées
les classes de similitude. Deux matrices dans une même classe de similitude sont dites semblables.
Pour un entier r ⩾ 1, des entiers n1 , . . . , nr tous ⩾ 1, et des matrices A1 , ..., Ar telles que Ai
appartienne à Mni (F) pour tout entier i compris entre 1 et r, on note diag(A1 , . . . , Ar ) la
matrice diagonale par blocs, dont les blocs diagonaux sont dans l'ordre A1 , ..., Ar . Ainsi, on a :
Ö è
A1
diag(A1 , . . . , Ar ) = ... ∈ Mn1 +···+nr (F).
Ar
Pour une matrice M dans Mn (F), on note µM son polynôme minimal et χM son polynôme
caractéristique. La sous-algèbre de Mn (F) formée par l'ensemble des polynômes en M est notée
F[M ].
On dit qu'une matrice N dans Mn (F) est nilpotente s'il existe un entier k > 0 tel que N k = 0 ;
on note alors d(N ) l'indice de nilpotence de N , c'est à dire le plus petit entier k qui vérie cette
propriété.
1
On pose
0 1 0 ... 0
.. . . . . . . . . . ..
. .
. ... ...
..
Jn = 0 ∈ Nn (F),
. ...
.. 1
0 ... ... ... 0
la matrice de Jordan nilpotente de taille n.
On pourra utiliser la décomposition de Jordan d'un élément N de Nn (F) :
il existe un unique entier r ⩾ 1, et une unique suite d'entiers n1 , ..., nr vériant 1 ⩽ n1 ⩽ · · · ⩽ nr
et n1 + · · · + nr = n telle que
N ∼ diag(Jn1 , . . . , Jnr ).
On dit qu'une matrice M dans Mn (F) est unipotente s'il existe une matrice nilpotente N telle
que M = In + N .
On note Nn (F) l'ensemble des matrices nilpotentes de Mn (F). On dénit l'ensemble des ma-
trices unipotentes de Mn (F) comme :
Si V et V ′ sont des F-espaces vectoriels de dimension nie, on note HomF (V, V ′ ) le F-espace
vectoriel des applications F-linéaires de V dans V ′ . On pose EndF (V ) = HomF (V, V ), et on
note GLF (V ) l'ensemble des endomorphismes inversibles de EndF (V ) ; on rappelle que GLF (V )
est un groupe pour la loi de composition.
On note C le corps des nombres complexes et R le corps des nombres réels. Si p est un nombre
premier, on note Fp le corps Z/pZ.
2
Dans tous les exercices, n désigne un entier ⩾ 1.
Exercice 1
Soit A une matrice dans Mn (C). Une matrice M dans Mn (C) telle que M 2 = A est appelée
une racine carrée de A. On note R(A) l'ensemble des racines carrées de A.
1. Soient A et B deux matrices semblables dans Mn (C). Démontrer que R(A) et R(B) sont
en bijection.
2. Soit α dans C. Justier que R(αIn ) est une réunion de classes de similitude.
3. Déterminer le nombre de classes de similitude dont est constitué R(In ).
4. Déterminer le nombre de classes de similitude dont est constitué l'ensemble R(0) des
racines carrées de la matrice nulle de Mn (C).
Indication : On pourra utiliser la décomposition de Jordan.
5. On suppose, dans cette question, que A est diagonalisable et que ses valeurs propres
sont deux à deux distinctes. On xe une matrice P dans GLn (C) telle que P AP −1 est
diagonale.
a) Démontrer que si M est une racine carrée de A, alors P M P −1 est également diago-
nale.
b) En déduire le nombre de racines carrées de A.
c) Donner un exemple de matrice de A dans M2 (C) diagonalisable dont au moins une
racine carrée n'est pas diagonalisable.
6. La matrice −In admet-elle des racines carrées dans Mn (R) ?
On distinguera selon la parité de n.
7. Démontrer que la matrice J2n 2
est semblable à la matrice diag(Jn , Jn ) et J2n+1 2
à la matrice
diag(Jn , Jn+1 ).
8. On suppose dans cette question que A est nilpotente. A est donc semblable à une unique
matrice de la forme diag(Jn1 , . . . , Jnr ), où r est un entier ⩾ 1 et n1 , . . . , nr sont des entiers
tels que 1 ⩽ n1 ⩽ · · · ⩽ nr et n1 + · · · + nr = n.
a) Dans le cas où r = 4, et (n1 , n2 , n3 , n4 ) = (3, 4, 4, 4), A admet-elle une racine carrée ?
b) Dans le cas où r = 4, et (n1 , n2 , n3 , n4 ) = (3, 4, 4, 6), A admet-elle une racine carrée ?
c) Dans le cas où r = 5, et (n1 , n2 , n3 , n4 , n5 ) = (1, 1, 1, 3, 3), A admet-elle une racine
carrée ?
d) Décrire brièvement, en langage naturel, un algorithme permettant de déterminer si
la matrice A admet une racine carrée à partir de la donnée de la suite ordonnée
n1 , . . . , n r .
Exercice 2
Soit F un corps.
1. Déterminer le polynôme minimal et le polynôme caractéristique de la matrice Jn . Que
vaut l'indice de nilpotence d(Jn ) ?
3
2. Soit r un entier naturel ⩾ 1. Soit n1 , ..., nr une famille de r entiers vériant
1 ⩽ n1 ⩽ · · · ⩽ nr et n1 + · · · + nr = n. Démontrer que d(diag(Jn1 , ..., Jnr )) = nr .
3. Soit N dans Nn (F).
a) Démontrer que µN = X d(N ) .
b) Déterminer la dimension de F[N ].
4. Soit N dans Nn (F). Démontrer que In + N est une matrice inversible.
On suppose jusqu'à la n de cette partie que car(F) ̸= 2.
5. Soit N dans Nn (F).
a) Démontrer que 2N + N 2 est une matrice nilpotente telle que d(2N + N 2 ) = d(N ).
b) Démontrer l'égalité F[2N + N 2 ] = F[N ]. En déduire que N est un polynôme en
2N + N 2 .
6. On considère l'application
ϕ : Nn (F) → Nn (F)
N 7→ 2N + N 2
9. L'application qui envoie une matrice sur son carré (P 7→ P 2 ) dénit-elle une surjection
de GLn (R) sur lui-même ?
Exercice 3
(X + Y )p = X p + Y p
dans l'algèbre des polynômes à coecients dans k en deux variables X et Y .
Dans cet exercice, K désigne un corps algébriquement clos qui contient le corps Fp . Pour x
dans K, on pose ϕp (x) = xp .
4
1. Justier que K est un corps de caractéristique p.
On rappelle alors que ϕp est un morphisme du corps K, appelé morphisme de Frobenius .
Pour tout entier k ⩾ 1, on note ϕkp le k -ième itéré de ϕp , déni par récurrence sur k :
Exercice 4
Soit p un nombre premier. Un groupe dont l'ordre est une puissance de p est appelé un p-
groupe. Si G est un groupe, un sous-groupe de G dont l'ordre est une puissance de p est appelé
un p-sous-groupe de G.
1. Soit α un entier ⩾ 1 et soit H un p-sous-groupe de GLn (Fp ) d'ordre pα .
a) Démontrer que tout élément x de H vérie xp = In .
α
5
Problème
Soit G un groupe.
On dénit le centre de G, noté Z(G) par Z(G) = {g ∈ G, ∀x ∈ G, gx = xg} .
Pour tout (g, h) dans G2 , on dénit le commutateur de g et h, noté [g, h], en posant [g, h] = ghg −1 h−1 .
On dénit alors le sous-groupe dérivé de G, noté D(G), comme le sous-groupe de G engendré
par tous ses commutateurs.
On admet que Z(G) et D(G) sont des sous-groupes distingués de G.
On note G b le groupe multiplicatif des morphismes de groupes de G dans C∗ .
On note Aut(G) le groupe des automorphismes de G, c'est-à-dire des morphismes bijectifs de
G dans lui-même. Le morphisme identité, noté IdG , en est l'élément neutre.
Pour g un élément de G et H un sous-groupe de G, on note HgH l'ensemble
{h1 gh2 , (h1 , h2 ) ∈ H 2 }.
V H = {x ∈ V, ∀h ∈ H, π(h)(x) = x}.
On dit que deux représentations (π, V ) et (π ′ , V ′ ) de G sont isomorphes s'il existe un isomor-
phisme u de V dans V ′ tel que pour tout g dans G, u ◦ π(g) ◦ u−1 = π ′ (g).
On note C[G] le C-espace vectoriel des fonctions de G dans C : il a pour dimension l'ordre de
G et pour base canonique (δg )g∈G , où, pour g dans G, δg est la fonction qui à x dans G associe
1 si x = g et 0 sinon.
Ñ é
1 x z
Soit F un corps. Pour x, y et z dans F, on pose h(x, y, z) = 0 1 y ∈ M3 (F), et :
0 0 1
Partie I
1. Pour tout (x, y, z) dans F3 , justier que h(x, y, z) est inversible et déterminer son inverse.
6
On admet que H3 (F) est un sous-groupe de GL3 (F).
2. Soit (x, y, z) dans F3 .
a) Pour tout entier naturel n, justier l'égalité :
n(n − 1)
Å ã
n
h(x, y, z) = h nx, ny, nz + xy .
2
b) Soit p un nombre premier impair. On suppose dans cette question que F est un corps
de caractéristique p. Justier que h(x, y, z) est d'ordre 1 ou p.
c) Dans le cas où F est un corps de caractéristique 2,
i. Quels sont les ordres des éléments de H3 (F) ?
ii. Dans le cas où F est de plus un corps ni de cardinal q , expliciter le nombre
d'éléments d'ordre 2.
3. Justier la relation [h(x, y, z), h(x′ , y ′ , z ′ )] = h(0, 0, xy ′ − yx′ ) pour (x, y, z, x′ , y ′ , z ′ ) dans
F6 .
4. En déduire que Z(H3 (F)) = D(H3 (F)) = {h(0, 0, z), z ∈ F}.
On note Ab(H3 (F)) le quotient H3 (F)/D(H3 (F)).
5. En considérant l'application
2
H3 (F) → ÅF ã
x
h(x, y, z) 7→
y
démontrer qu'il existe un isomorphisme entre les groupes Ab(H3 (F)) et (F2 , +).
6. Soient ψ1 et ψ2 dans (F,
÷ +). Soit ψ1 ⊗ ψ2 l'application de F2 dans C∗ dénie par :
Å ã
2 x
∀(x, y) ∈ F , ψ1 ⊗ ψ2 = ψ1 (x)ψ2 (y).
y
a) Justier que ψ1 ⊗ ψ2 est un morphisme de groupes.
b) Soit j l'application dénie par :
2
j : (F,
÷ +) → (F
◊ 2 , +)
(ψ1 , ψ2 ) 7→ ψ1 ⊗ ψ2
2
Démontrer que j est un isomorphisme entre les groupes (F,
÷ +) et (F
◊ 2 , +).
7
Partie II
Soient G un groupe ni et σ dans Aut(G). On suppose que σ est une involution, c'est à dire
que σ 2 = IdG . On note τ : G → G l'application dénie par τ (g) = σ(g)−1 . On pose
G+ = {g ∈ G, σ(g) = g} et G− = {g ∈ G, σ(g) = g −1 }.
m(x− , x+ ) = x− x+ .
Partie III
Soit G un groupe ni d'élément neutre e. Pour f et f ′ dans C[G] et g dans G, on dénit :
X
f ∗ f ′ (g) = f (x)f ′ (x−1 g).
x∈G
8
Partie IV
Pour G un groupe ni, on considère σ , G+ et τ comme dans la partie II. Pour f dans C[G],
on note τe(f ) l'application f ◦ τ . On note C[G+ \G/G+ ] le sous-espace vectoriel de C[G] déni
par :
C[G+ \G/G+ ] = {f ∈ C[G], ∀(x, y) ∈ (G+ )2 , ∀g ∈ G, f (xgy) = f (g)}.
Une représentation (π, V ) de G, est dite distinguée si V G ̸= {0}.
+
On note, dans toute la suite de cette partie, F ⊂ EndC (V G ) l'espace vectoriel des endomor-
+
25. Soit u dans F et soit λ dans C une valeur propre de u. Démontrer que le sous-espace
propre Ker(u − λIdV G+ ) est stable par tous les éléments de F .
On suppose désormais (π, V ) irréductible et distinguée.
26. Démontrer que pour tout v dans V \ {0}, pour tout w dans V , il existe f dans C[G] telle
que πe(f )(v) = w.
27. En déduire que pour tout v dans V G \ {0}, pour tout w dans V G , il existe f dans
+ +
On vient donc de démontrer que si G est d'ordre impair, et que (π, V ) est une représentation
irréductible distinguée de G, alors dim(V G ) = 1.
+
Partie V
9
On admet que l'application
est un endomorphisme de C[Fq ] ; ainsi, ρψ dénit une application de H3 (Fq ) dans EndC (C[Fq ]).
30. Démontrer que (ρψ , C[Fq ]) est une représentation de H3 (Fq ).
31. Démontrer que, pour tout x dans Fq , 1q y∈Fq ψ(xy) = δ0 (x).
P
32. Démontrer que tout sous-espace vectoriel non réduit à {0} de C[Fq ] et stable par ρψ (h(x0 , y0 , z0 )),
pour tout (x0 , y0 , z0 ) dans F3q , contient δ0 .
33. En déduire que (ρψ , C[Fq ]) est une représentation irréductible.
34. Démontrer que, pour tous ψ et ψ ′ , deux éléments distincts et non constants à 1 de (F
◊ q , +),
les représentations (ρψ , C[Fq ]) et (ρψ′ , C[Fq ]) ne sont pas isomorphes (on pourra s'inté-
resser à l'action de Z(H3 (Fq )) sur les représentations en question).
35. Quelle est la dimension de (ρψ , C[Fq ]) ?
36. En déduire toutes les classes d'isomorphisme de représentations irréductibles de H3 (Fq ).
Partie VI
43. Expliciter une bijection naturelle entre les classes d'isomorphisme de représentations ir-
réductibles de G+ et celles des représentations irréductibles distinguées de G.
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