Le Monde Illustré bpt6k6235063k
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:
— Le singe l'inauguration du canal de Suez. Arrivée de l'Impéra-
,rpx,rt.Courrier —
TEXTE;
C de Paris, Pierre Véron. Égvpfe.
f — M. Charles Yriarte. trice à Thèbes. — Sa Majesté visite les eaux douces d'A-
V'YegP- par — Les trois députés élus à Paris dans les journées sie. — Visite des invités du khédive autemple de l'ile de
de l'Impératrice en Orient. anecdotique, GRAVURES
b1 oreau Larchey.
IwJails
(fin). — Le
— Revue
souffre-douleurs, par Camille
Dauriac. —
des 21 et 22 novembre. — L'Impératrice à Constantinople.
Sa Majesté visite les bains du palais impérial de Tchéra-
Philœ. - Le passage des rapides de la première cata-
racte, — Le singe andaman. Échecs et rébus.
— Revue littéraire, par Philippe —
Élections du département de la Seine. Les trois députés élus dans les journées des il i
et 22 novembre 869. et Reutlinger.)
(D'après les photographies de MM. bisderi
Henri Rochefort.
—
Crémieux. Emmanuel Arago.
voyez qu'il ne s'en use pas moins dans le petit Il ya en ce moment de si terribles concurrences
coin où il sa ratatine. à la nécrologie, et les vivants sont en train de tant
COURRIER DE PARIS Ne vous apitoyez donc pas sur les ténors, ces dé- s'agiter, qu'ils n'ont guère le temps de se soucier des
jeuners du soleil de la rampe. Ceux qui sont vrai- morts. heure'
ment nés pour suivre cette carrière, la parcourent Parlez-nous de la Chambre! A la bonne
Tonnez canons, battez tambours !
C'est par le cérémonial de la séance d'inau-
sur une étendue qui ne laisse pas matière aux élé-
gies. Ajoutons que, loin de s'étioler, les ténors at-
Voilà l'attraction du jour, voilà de quel côté les
courants entraînent l'attention universelle.
guration des Chambres que la semaine a com- teignent tous des embonpoints tout- fait ras- à Nous nous proposons, dans les limites du possible,
mencé. surants. Des sensitives qui prennent dit ventre ! et sans sortir des bornes que la loi nous imposa
Programme invariable d'ailleurs. Les cent-gardes
à la crinière blanche, les laquais à la livrée verte,
les uniformes brodés, les carrosses agrémentés de
ne menace ;
Ce n'est pas le cas de Wachtel, qu'aucune obésité
mais il n'en est pas moins largement
campé sur un corps d'athlète et merveilleusement
nous nous proposons de faire de temps à autre,
côté du palais Bourbon, de petits voyages pitto
resques, d'où nous rapporterons des impressions c
du
quelques fiacres, les badauds encombrant la place conservé, ce père de famille, qui compte neuf en- l'usage des lecteurs de ce courrier.
du Carrousel pour le plaisir de contempler une fants, qui a créé cent vingt opéras et poussé à peu Les impressions, pour cette semaine, sont notées
tente en velours rouge, soutenue par deux bàtons
dorés. n'en demandez pas davantage.
près six mille fois la note formidable qui ébranlait
l'autre soir la salle Ventadour.
:
sur l'air de Bmheur de se rewtW
Ce n'étaient à la salle des Conférences, à la
salle
poignées de
Dans la foule, je dois constater qu'il était beau- des Pas-Perdus, partout enfin, que la
avant
coup plus question de Troppmann et du hui- —— C'est ce même soir qu'arrivait à Paris une mains et racontars du retour. Le prologue
tième cadavre que de la politique et des affaires de nouvelle douloureuse pour l'art, c'est ce même soir grande pièce.
l'État.
Et le canon recommence à tonner, les tambours à
battre, et en voilà jusqu'à l'année prochaine; dans
sympathique :
qu'on se répétait dans les couloirs avec une tristesse
tout cela, vous conviendrez que la matière chroni- C'est que ce nom seul évoquait tout un monde tiers aux jeux d'esprit intimes.
quante fait absolument défaut.
Heureusement, nous avons abondance en dehors
des solennités officielles.
Et d'abord, c'est la foire aux ténors qui continue.
Probablement à seule fin de remplacer la qualité
déjà bien loin de nous.
C'était en 1832. On jouait je ne sais quelle pièce
au Vaudeville, alors installé rue de Chartres, où il
brûla plus tard, et dirigé par Etienne Arago. SJU-
dain il semble que la représentation va être inter-
électeurs.
Passait un député, qui, prétend-on, a dû soIl
élection à la quantité de dîners qu'il a donnés à ses
— C'est M.
gue à un autre.
X., n'est-ce pas? demande un colle-
par la quantité. On s'en va chercher aux quatre rompue. Les spectateurs de l'orchestre tournent —Oui.
poinis cardinaux des ut de poitrine en disponibilité. presque tous le dos à la scène; on se penche de tous — N'est-il pas avocat ?
Le dernier venu a été l'ancien postillon Wachtel, les étages, on chuchote, on braque les lorgnettes
d -- Oui.dites
avocat d'office.
dont nous parlions dans ce Courrier l'année der-
nière, alors qu'il donnait à Bade des représentations
extraordinaires.
sur une loge dans laquelle vient entrer une jeune
femme..
Cette femme, encore inconnue, mais dont la pro-
:
Vous
l'expression
Sur quoi l'on rit.
cela, parce qu'il a donné
?
nourrir desprojets ambitieux
raison à
Gavarni formulait jadis ainsi la théorie de la digieuse beauté venait de faire une émeute, c'était D'un pas lent chemine M. Z., qui n'a jania, ,g
:
vie Giulia Grisi, arrivée le matin à Paris, où elle ve-
nait pour la première fois, et qui devait débuter
ouvert la bouche à la chambre.
même causeur.
dents et pas de pain pendant la première — Je le trouve changé, fait le
— Des
partie; pendant la saconde, du pain et plus de
dents !
aux Italiens à la fin de la semaine.
Un des témoins de cette scène, qui nous la racon-
!
— Bah est-ce qu'il parle?
Cependant le flot des arrivants monte toujours
On pourrait trouver une formule à peu près ana- tait encore hier, nous assurait qu'on ne vit rien Voici M. Esquiros, avec sa large barbe au la"
logue pour les ténors: ceux qui ont de la voix ne d'analogue, que jamais non plus type de femme lieu du visage. Tète patriarcale et imposante. VOICI
plus rayonnant ne fit de l'idéal une réalité. Giulia une
savent en général pas chanter, ceux qui savent
chanter n'ont en général pas de voix.
, Wachtel rentre plutôt dans la première catégorie.
;
Grisi avait alors vingt-quatre ans son visage aux
lignes suaves s'encadrait dans une chevelure d'un
M. Picard, avec ce fin sourire qui a
ironie derrière lui; M. Segris, aspect de
toujours
bourg
dont la
Ce n'est pas l'organe qui fait défaut à ce gaillard- noir d'ébène, ses yeux avaient l'énergie dans la
doctrinaire, suivi de M. Garnier-Pagès,
bonne et sympathique figure est toujoursconn
bor
là. Quelle poitrine! Il donne le ré! Oui, monsieur, douceur. >
0 contraste! Je la revoyais l'année dernière, au nord par ces longs cheveux que chacun quaSI
le ré!Le ré! madame. Ah! pour l'amour du ré, au sud par ce col gigantesque qui est déjà
souffrez qu'on vous embrasse ! ayant passé la cinquantaine, devenue une bonne légendaire.
Je vous ai dit comment, enlevé à ses chevaux et
à son fouet, Wachtel fut élevé musicalement sur
les deniers de l'État; comment il gagna quatre ou
bourgeoise, une brave mère de famille. et je pen-
sais à la soirée de 1832.
Par combien de triomphes fut comblé l'inter-
M. de Talhouët, froid et réservé, forme Ul,
traste curieux avec M. Achille Jubinal, une tant P
COII-
mort.
la mort vint la frapper, Grisi allait rejoindre à Saint- fut ja-
On nous a répété sur tous les tons que la profes- Pétersbourg sa famille. A Berlin, elle sentit une beaucoup, prend le bras de Bancel, qui ne
M. FerrY, a
sion de ténor était une de celles qui tuaient le plus légère douleur derrière l'oreille; un petit bouton mais plus rose, plus dispos. Plus loin,
rapidement leur homme. J'éprouve le besoin de apparut, le bouton devint abcès, l'abcès amena la correction unie à la bienveillance.
m'inscrire en faux contre cette assertion absolument Et le défilé continue toujours. constat
mensongère. Dans le délire de la dernière heure, Grisi re- Laissons-le continuer; car, nous l'avons
Regardez autour de vous :
Gueymard a tenu bon pendant vingt ans à l'O-
voyait, raconte-t-on, ses anciennes soirées de gloire.
Un instant même, quelques mesures du Casta Diva
c'est un simple prologue que nous avons sous
yeux. Disons donc au revoir à l'auguste a^sernn
ées
»
;
péra; il y a près de trente ans que Tamberlick
chante il y en a bien vingt que Fraschini moissonne
vinrent sur ses lèvres contractées. - avec laquelle nous aurons l'occasion de nous retr
Il ne reste plus qu'un nom de la grande canta- ver. u-
à
les bravos; Mario remonte 1838;Wachtel a dé- trice. Triste célébrité que celle qui ne laisse rien Pas avant toutefois d'avoir glané au vol
buté en 1846.
Je ne vois pas qu'il y ait là beaucoup de retraites
après elle qu'une vaine rumeur et une tombe où le
lierre croît comme sur le mausolée solitaire de la ment complaisant.
dernière boutade que nous apporte l'écho indiscre
anticipées. Les règlements administratifs n'accor- Malibran, dans le petit cimetière de Laeken!. de notre nouveau
collegye
— Que pensez-vous
dent que trente années à l'employé, qui vient tous
les jours de dix heures à quatre gratter du papier
sur sa chaise verte. Le malheureux, chemin fai-
sant, ne récolte ni couronnes ni bouquets; vous
---- Hélas! c'est tout au plus si Giulia Grisid'ordi-
eu ce quart d'heure de regret qui occupe
naire la renommée aux cent bouches.
aura
On dit que sa parole impétueuse ne connaît P
d'obstacles
—
?
Oui, beaucoup de fougue, en effet,
de netteté !
*
— Je comprends. Un tonnerre à qui il manque Grandville trouvait ds réparties qui eussent fait les deux théâtres, qui n'auraient qu'une seule ad-
deséclairs. prime, si la chronique était alors allée chercher son ministration.
butin de ce côté. Ce projet ne nous paraît pas être autre chose
que
--- A lui revient l'honneur dela définition d'un des la déviation d'un autre plan que nous avons ap-
mots s'envolent, les écrits restent.
Les
Apreuve que toutes les semaines presque on a à
signaler de nouvelles très-curieuses ventes d'au-
tographes.
et
plus fameux faiseurs de son époque (en ce temps-là
c'était déjà comme çs), qui avait un talent spécial
pour absorber l'argent des actionnaires.
:
puyé de toutes nos forces, plan qui consisterait à
créer deux théâtres-musées l'un pour la musique, l'au-
tre pour la littérature, où l'on aurait joué exclusi-
En voici
une qu'on annonce pour le 8 et qui — B.,
à
disait un jour Grandville, qui l'on ra-
contait les exploits de ce faiseur, B., c'est un gé-
ment les œuvres des auteurs morts depuis un nom-
bre d'années fixé au préalable.
Promet de chaudes enchères.
rant pneumatique. Évidemment, la Comédie-Française,
Je ne sais rien de plus curieux comme imprévu
: pour ne par-
Ce genre.
!
Quels bizarres rapprochements !
qu'un voyage à travers les catalogues des encans de
~t
On
es
d
:
vient de rééditer pour le jour de l'an deux
Principaux volumes de Grandville les Petites
Misères de la
vie humaine et les Proverbes illustrés.
dire que Paris est assez riche pour payer, lui qui gnait, et de qui je tiens la glose
jette tant d'or par les fenêtres, la rente de la santé
publique ?
:
— Savez-vous, mon cher, la sensation que me
produit la vue de ces trémoussements d'êtres épui-
en feuilletant les livres, je songeais à la belle Quoi qu'il en soit, il est honteux de laisser prolon- sés, étiolés, épileptiques. Ça me fait l'effet d
Triode fut pour le crayon que celle qui réu- longtemps l'état de choses, de permettre un ci-
que ce
CIsalt Grandville, ger plus metière en msunection.
Gavarni, Monnier, Daumier, que de nouveaux maux se viennent ajouter à ce né- N'est-ce pas terrible ?
blalll. Les la crologe de l'incurie.
deux derniers sont seuls restés sur
Jclle>
toujours jeunes, toujours vaillants. Mon-
a
lLr se repose
sur ses lauriers. Quant à Grandville
Gavarni, ils attendent toujours des héritiers.
ln type curieux que ce Grandville.
——- Les
naturelle.
plaisirs après le deuil, c'est la marche ----
:
A nos honorables l'honneur de clôturer
notre menu du jour1
Objectif un homme politique très-volumineux,
A force de métamorphoses, il avait Le Figaro entrait l'autre jour dans des détails cir- mais très alerte, malgré son embonpoint.
vivre dans les
Par ne plus voir les bommes qu'avec le regard constanciés sur un important projet, dont nous
111
fi
Ce qui fait qu'on le charge volontiers, vu son en-
de l'analogiste.
d'œil il classait ne pouvonsgarantir l'authenticité, mais qui mérite tregent, des négociations délicates, quand il s'agit
Du premier coup
Ul*n°Liveau visage. de fixer l'attention. de ramener des dissidents ou de tâter un collègue
our lui, c'était un singe ou un lion, une buse Voici, d'après les révélations du Figaro, quelle se-
:
à l'étude sur une future question.
qu' Un
mouton, un tigre ou un loup. Et pour peu rait la réforme
remanierait de fond en comble le décret de
Or, savez-vous le sobriquet qu'on lui a décerné à
U011 Insistât, de On la Chambre?
ij^composait en deux ou trois coups faisant
crayon
Moscou qui régit le Théâtre-Français.
le personnage, en le passer On appelle le gros Chose le Ballm d'etsai.
par Une suite Les nouveaux règlements constitueraient deux
la
jommeà bête. de dégradations menant tout droit de
théâtres au lieu d'un.
Esprit replié le premier, on jouerait le répertoire classi- PIERRE VÉRON.
lui-même et peu en dehors, il Dans
savait sur et les pièces plus modernes considérées presque
se concentrer pour se dépenser quand et que
comrne il unanimement comme des chefs-d'œuvre.
Alors il voulait.
n'y avait véritablement pas de conver- L'autre serait réservé au répertoire absolument +
sarl0n plus personnelle que la moderne et aux pièces nouvelles.
intéressante et plus
leftne. La même troupe — augmentée — jouerait dans
L'IMPÉRATRICE A CONSTANTINOPLE. Sa Majesté visite les bains du palais impérial de Tchéragan.
—
L'IMPÉRATRICE àLi:, i
— Sa Maj'&téviî?ily le bazar de Stamboul. (D'après les en» H.-deM.>i.iiitan\
INAUGURATION DU CANAL DE SUEZ. — Arrivée de l'Aigle, portant l'Impératrice, à la station d'El-Guishr.
mes dessins, et encore je crains bien que vous ne Après le départ du cortége de l'Impératrice pour
ÉGYPTE puissiez insérer tous les croquis que je vous envoie; l'île de Philœ, cortége dont nous ne faisons pas par-
mais je ne puis être plus sobre, et on ne vient pas tie, nous agitons la grave question de notre départ
Mon cher directeur, tous les jours en Égypte, surtout dans la position à nous pour le même but.
Je réclame aujourd'hui beaucoup de place pour où je suis. C'est pour le lendemain 5 novembre, et ayant
Port-Saïd. La cérémonie religieuse pour l'inauguration. — Discours de Msr Bauer. (Croquis de M. Darjou.)
NAUGURATION DE L'ISTHME DE si'F.z. — —
358 LE MONDE ILLUSTRE
une heure et demie de baudet à faire à travers le que je l'étais beaucoup moins au point de vue de HmpMricp
désert. Il faut que l'heure du départ coïncide autant notre navigation. La cataracte avait beau être Voyage du en .Orient
que possible avec celle de la fraîcheur. Les vaillants changée en rapide, grâce à la hauteur momentanée
émettent le vœu de partir à quatre heures du ma- du Nil, les roches n'en existaient pas moins, et d'au- Constantinople, 15 novenihrc~69.
;
tin mais, comme il arrive presque toujours en pa- tant plus dangereuses qu'on ne les voyait pas.
reille occurrence, et entre Français surtout, personne Ajoutez à cela un courant effroyable, dix rameurs Mon cher directeur,
nous lever. La nuit est noire, et comme nous tenons craintes qui devaient passer par le cerveau de gens
a bien voir le désert, notre petite bande attend, en qui connaissaient le danger.
prenant le thé, le chocolat ou le café, que les pre- Nous sommes pourtant rentrés à bon port à As-
:
douces d'Asie. L'étrange voiture à bœufs, qui figure
dans le premier plan, s'appelle oraba c'est la voi-
ture des Asiatiques; Sa Majesté est en calèche; le ca-
mières lueurs du jour précèdent le soleil. A peine sonan, juste à temps pour assister à l'embarque- valier qui court en avant est un officier éclaireur.
paraissaient-elles, que nous courons à terre et choi- ment de l'Impératrice,qui partait pour la deuxième 2° Une visite de l'Impératrice au vieux Stamboul.
sissons nos montures. Les uns préfèrent le chameau; cataracte, dans une dahabié remorquée par un ba- La tournée dans le bazar est surtout remarqua-
d'autres, dont je fais partie, enfourchent bravement teau à vapeur et accompagnée de six autres.
nos bourriquets du Caire. Nous ne nous en plai- Hier l'Impératrice nous a dépassés entre Sohay et
;
ble il n'y avait là que de la population turque, dont
les costumes sont très-variés. Des arcs de triomphe
gnons pas, car nous précédons la caravane de près Syout. Elle rentre sans avoir vu la deuxième cata- de toute grandeur étaient dressés partout en même
d'une demi-heure à l'arrivée à Philœ. racte, rappelée par dépêche. Pourquoi? Jugez-vous temps que des colonnes de toutes les formes. La
Je ne vous dépeindrai pas l'enchantement que de notre inquiétude à tous à mille lieues de la scène que je représente est prise du coin du carre-
nous cause la vue de l'ile de Philœ, surtout après patrie? four des Orfévres.
la sortie immédiate du désert. C'est d'un aspect A Thèbes, nous avons visité les tombeaux des 3° La visite de Sa Majesté aux bains impériaux,
féerique. Le Nil, contourné et rétréci,baigne les rois. Nous avons escaladé à pied la montagne pres- dont elle se fait expliquer tous les détails parles ar-
bords à pic de cette île, qui n'est presque qu'un qu'au sommet de laquelle se trouvent les monu- chitectes du palais. Mon croquis représente le bain
temple; on traverse en barque et on commence une ments funéraires. du palais de Tchéragan.
Rien de bien curieux dans ces excavations, qui
visite du plus grand intérêt.
Comme je vous le disais, ce n'est presque qu'un nous reprérentent assez des carrières de pierre. Sauf
temple que l'île de Philœ. les deux dernières, le reste ne valait certes pas la
;
Ce bain servira de modèle à celui que vous aurez
bientôt à Paris il sera tout en marbre, et on dé-
coupe déjà toutes les pierres nécessaires à sa con-
Depuis Nectanebo II, qui ne précéda la conquête peine d'une course de trois quarts d'heure à pied struction. Les architectes sont MM. Serkief et Agob
macédonienne que de quelques années, tous les rois par un soleil très-chaud, mais heureusement tem- bey Balliau. Ce dernier a toujours été d'une amabi-
ou empereurs, jusque vers l'an 500 de notre ère, y péré par le vent du nord. Mais les deux grottes tu- à
lité excessive pour le Monde illustrè; j'ai, grâce lui,
ont construit des temples ou orné ceux existant dans mulaires qui se dirigent vers le nord ont un grand toutes sortes de facilités pour pénétrer dans tous les
l'île. intérêt, parce qu'elles datent de la douzième dynas- coins où un croquis est bon à prendre, nous lui de-
Sur un des côtés des pylones du milieu du tem- tie, soit près de trois mille ans avant notre ère, et vons de la reconnaissance.
ple qui sert d'entrée, nous lisons, non sans émo- qu'on y trouve des peintures représentant la vie en Notre journal fait fureur à Constantinople; les
tion : L'an VIde larépublique, le 12 messidor, une ar- Egypte, du plus curieux effet, entre autres une im- derniers numéros ont été pris d'assaut. Il m'a été
mée française, commandée par Bonaparte, est descendue migration des Ammonites du pays de Chanaan, se impossible d'en avoir un exemplaire; je n'ai même
à Alexandrie. L'armée ayant mis, vingt jours après, les présentant au gouverneur du pays, accompagnés de
mamelucks en faite aux Pyramides, Desaix, commandant
la 1re division, les a poursuivis au delà des cataractes, où
tous leurs animaux, dont le chameau est excepté,
mais où l'âne tient la place principale comme bête
;
pu le lire au café. De dépit, j'ai fait un croquis re-
présentant l'assaut livré à vos numéros je vous
l'expédierai par le prochain courrier.
il est arrivé le 13 ventôse de l'an VII. Puis suivent les de somme. Agréez, cher directeur, etc.
Après trois heures de séjour, nous remontons à
:
noms des généraux de brigade qui commandaient
sous lui. Ce sont Davoust, Friant et Belliard;Dan- bord; nous allons coucher à Minieh ce soir, faire
gelot, chef de l'état-major; Latournerie, comman- du charbon, et repartirons demain matin pour ter-
+———————
MONTANI.
bonheur; je ne suis pas chagrin à mon déclin, mais trouvé dès ma plus tendre enfance un ami sur le-
j'ai rarement vu de ciel sans nuage; vous me citiez quel j'ai concentré toute mon affection.
tout à l'heure comme un homme heureux, dites plu- Gontran était mon camarade de collège, nous
tôt que j'ai tâché de me faire du bonheur avec ce étions du même âge; unis dès la plustendreenfance,
quej'avais sous la main, ce sera plus juste. nous avions les mêmes tendances, les mêmes aver-
Sachez bien qu'on ne sait rien d'un être hu- sions et les mêmes sympathies, nous nous absor-
main, tant qu'on n'a point appris les circonstances bions l'un dans l'autre, et quand, aux vacances, 1
dans lesquelles il a vécu; les milieux nous influen- partait pour Chenegalon, la terre de sa famille, nous
cent, les circonstances nous modifient. Tel d'entre avions tous deux le cœur gros, lui de me quitter,
nous dont la vie est calme, unie, douce, heureuse moi de ne pouvoir le suivre et de rester enfermé
selon les lois du monde, porte au fond du cœur une entre quatre murs, comme un pauvre orphelin que
LE PURITAIN blessure secrète qui ne s'est jamais bien fermée. C'est
comme une basse mélancolique qui accompagnerait,
j'étais.
J'avais rencontré maintes fois au parloir Mme de
même aux plus beaux jours, le chant joyeux de la Groussay sa mère, les lettres que son fils lui écri-
vie. vaient étaient pleines de mes exploits. — « Maxime
D'autres s'élancent dans l'existence, sans souci de par-ci, Maxime par là. » — « Maxime a été pre-
l'avenir, comme sans souci du passé, savourant mier. » — « Maxime m'a prêté sa composition. Il -
Et
1
sans remords les fruits qu'ils cueillent, libres d'esprit, « Maxime m'a défendu dans telle circonstance. »
faisant leur avenir comme ils le veulent faire, sans moi, de mon côté, si j'avais eu à qui écrire ici-bas,
qu'aucune racine les rattache au temps d'autrefois, il est certain que mes lettres n'auraient parlé que de
Souvenirs d'un collégien Gontran. Il n'y a pas à dire, nous nous adorions, et
; sans que rien les entrave. Ceux-là n'ont pas d'his-
toire, et je ne sais pas dire s'ils sont plus heureux. Plus tard, quand j'ai eu mon premier duel, que
Les péripéties de ma carrière, que je regarde j'ai fait ma première farce et éprouvé ma première
comme finie, encore que le ciel me réserve peut-être douleur, c'est Gontran qui a été mon témoin, mon
Mon enfance, et je puis même dire mon existence quelques douces années à vivre, sont des péripéties confident et mon consolateur.
tout entière ont été liées si intimement à la vie de vulgaires; mais toute poésie monte de la réalité, et Il n'est rien icibas de meilleur, de plus saint,
Gontran de Groussay, que je ne veux pas tenter de la vie avec ses ardeurs, avec ses combats, offre un de plus pur, que de pouvoir à toute heure lire dans
les séparer dans le récit que je veux vous faire. spectacle assez plein d'intérêt, pour qu'on ne cher- le cœur d'un ami, marcher deux à deux dans lavie,
Peut être y a-t-il là un exemple à suivre, ou, tout che point à nouer les événements avec plus de force la main dans la main, unis dans la joie comme dans
au moins, une leçon à receiliirpour ceux qui, que le sort ne les a noués lui-même. la douleur, sûrs l'nn de l'autre, prêts à défier le sort
comme vous, viennent àpeine d'entrer dans la vie. Mes vingt premières années peuvent se résumer à toute heure, en tout lieu, pourvu qu'on soit réunis,
D'abord, jeunes gens, ne croyez pas facilement au ainsi: Je n'ai point connu mes parents, et j'ai et, si jeunes encore, d'être de vieux amis.
il n'avait pas la moindre idée. Tâche doublement nus toutes les copies que deux heures auparavant LE SOUFFRE-DOULEURS
épineuse pour ministre de la police, qui doit j'avais vues chez le préfet de police, et dont j'avais
un
avoir l'air d'être bien informé dès son entrée en pris les originaux. Seulement les copies avaient en- (Suite et fin.)
fonctions. Là core été retranscrites, sans doute parce que l'on pré-
ne devaient pas se borner les obstacles
à vaincre.
Après avoir réparé le désordre volontaire voyait que l'empereur me les renverrait, et que je VI
causé par Fouché, il fallut aussitôt lutter contre reconnaîtrais l'écriture de la préfecture de police.
les intrigues
de cour. Cette seconde période ne On n'aurait pas mis tant de soin à cette petite su- Il faudrait que ces lignes tombassent sous les yeux
nous offrira pas des percherie, si l'on n'avait pas craint que l'empereur de l'homme à qui remonte la responsabilité du ren-
pages moins curieuses. Com-
mençons par l'affaire Czernitcheff.
Un aide de
camp de l'empereur de Russie, Czer-
nitcheff, était soupçonné d'espionner à Paris pour le
;
n'apprît comment on était devenu possesseur de ces
papiers on voulait qu'il crût que c'était par d'au-
tres moyens que ceux de la police de Paris que l'on
voi de Mégerol, de son renvoi pour une économie
de cinq francs !
Il faudrait que cet homme comprît bien toute l'i-
compte de
son maître. Le moment était bien choisi, avait fait cette découverte. gnominie de sa conduite en cette circonstance.
car on préparait la.
On ne
campagne de 1812. Cependant
se défiait pas ouvertement de lui. L'empe-
reur avait même défendu qu'on le mît en surveil-
;
« La lettre
du ministre des relations y était
jointe il se hâtait d'envoyer à l'empereur la copie
de tout ce qui avait été trouvé par ses agents chez
Mais je ne l'espère pas.
Frédéric, se trouvant sur le pavé, sans argent,
sans ressource, déjà vieux, commença par se lamen-
lance; il disait
à Savary de laisser faire Maret, qui l'officier russe. Cela devait infailliblement mener à ter. Toute la ville fut vite au courant de ce nou-
avait eu le talent de mettre chez Czernitcheff un ob- découvrir le traître, et, pour ne pas perdre de temps, veau coup du sort. qui frappait l'infortuné.
servateur. C'était faire concurrence à Savary sur l'on n'avait pas envoyé les originaux. Pour la troisième ou la quatrième fois, une réac-
son propre terrain. Un ministre de la police ne « La lettre
était conçue de manière à laisser croire tion se produisit en sa faveur. Ceux qui savaient ce
Pouvait se laisser ainsi damer le pion par un mi- que tout avait été découvert par le zèle des relations que valait le pauvre héros de cette histoire se préoc-
nistre des relations extérieures. Il redouble donc extérieures, sans cependant le dire positivement. cupèrent de lui, et l'on finit par trouver un moyen
d'efforts,
et parvient à intercepter une dépêche de « Je surpris
bien l'empereur lorsque je lui mon- de le faire vivre.
Czernitcheff,
qui envoyait à Saint-Pétersbourg la trai les originaux de ces copies, et que je lui expli- Mais, à ce coup, il allait être indépendant.
copie des instructions de Napoléon au ministre de quai comment et par qui cela avait été découvert. Huit jours après, en effet, Mégerol était commer-
la guerre
pour l'organisation de la grande armée. Je ne lui cachai pas le tour que j'avais joué aux re- çant. Quelques personnes, s'étant, cotisées, lui avan-
Une visite
demiciliaire est ordonnée par lui dès le lations extérieures, en faisant envoyer les copies au cèrent les fonds — maigres fonds en vérité né-
—
départ du
Russe, et elle produit des résultats non lieu des originaux qu'il demandait. cessaires à l'achat d'une légère boîte, de quelques
*n°ins importants. Ici commence à se dénouer la «je lui appris ce qu'au reste j'apprenais moi- mains de papier, de plumes, de canifs, et en un
Petite lutte d'amour-propre dont nous avons parlé même dans le moment, c'est que cette prétendue mot de ce qui constitue les fournitures de bureau.
entre Savary et Maret. Les détails en sont piquants
Il Le jour du départ de l'officier russe, je m'avisai
: surveillance des relations extérieures n'était rien
autre qu'une petite complaisance de la préfecture
Et dans cette ville, tout entière au commerce,
Frédéric alla de comptoir en comptoir, de boutique
d'aller faire de police, complaisance dont je défendis la continua- en boutique, vendant ses marchandises au plus
une visite au préfet de police, que j'ai- juste prix, étonnant ses clients par la naïveté de ses
mais d'amitié. Je le trouvai fermant une lettre pour tion.
Irloi, dans laquelle il m'envoyait les copies de tout « Un homme
du talent de M. Maret était fait pour opérations commerciales, stupéfiant les indifférents
trouver d'autres moyens de crédit, et ce crédit eût
ce que l'on avait trouvé de papiers écrits dans la
chambre de l'aide de
les originaux
camp de l'empereur de Russie:
étaient sur la table, prêts à être en-
pu devenir immense, avec un esprit comme le sien,
qui était de force à embrasser tout ce que l'avenir -
Montrait-il quelque nouveauté :
par l'honnêteté trop bête avec laquelle il agissait.
Cela, Mégerol, doit valoir à peine cinquante
nous amenait à grands pas. centimes? lui disait-on.
voyés à M. le duc de Bassano, ministre des rela-
tions extérieures, qui les avait demandés. Quoique
jedusse me trouver blessé de ce que le hasard me Le peu-de place qui nous reste aujourd'hui me
— Oh!
prix-là.
non, répondait-il, je ne puis le vendre à ce
faisait découvrir,
je n'en fus pas surpris. Je ne lais- force à en rester sur cette lutte de petits moyens — Combien donc?
entre deux ministres et un préfet de police. Inutile — Six sous.
envoyer que les copies et gardai les
sai cependant
originaux. Ceci avait lieu un jeudi; il y avait un d'insister sur son côté comique. Cette affaire eut — Comment, six sous! s'écriait-on étonné.
petit spectacle à l'Elysée; je m'y rendis un des pre-
miers, avec le projet d'entretenir l'empereur avant
d'ailleurs des suites plus graves, sur lesquelles je re-
viendrai dans un prochain article..
- Certainement. Cela ne m'en coûte que cinq.
Et les imbéciles riaient. Mais il se trouvait aussi
lareprésentation: il n'avait pas même dîné lorsque
j'arrivai,
et venait de me faire demander, en sorte
Pour copie conforme: des gens qui restaient pensifs devant tant de
loyauté.
queje n'attendis dit remettant des LORÉDAN LARCHEY. Sans être sur le chemin de la fortune, Mégerol vit
Il me en me
papiers: Tenez,pas. monsieur le ministre de la police, son petit commerce prospérer. Tout le monde s'é-
«
voyez cela,
n'eussiez pas trouvé la cachoterie (A continuer.) tait peu à peu fait un devoir de lui acheter quelque
de cet vous
officier russe, les relations extérieures ne l'ont chose, un rien, et cela suffisait à le rendre heureux,
pas manqué. ——————————— + à lui assurer le pain, le sel et le logis. Que deman-
»
«J'ouvris le paquet en sa présence, et je recon- dait-il de plus?
Au 15 août, quand avait couronnés de de mon tuteur, celui qui dirigeait nos études, le rigide il me comprimait et eût éteint en moi toute spon-
feuillage
t on nous
artificiel au bruit des fanfares, aprèsavoir M. Brazier, n'aurait aucune objection à faire à mon tanéité, tout élan et toute chaleur, si j'eusse vécu
écouté recueillement discours la- départ. Au fond, il ne devait pasêtre fâché de se dé- davantage auprès de lui. Enfin, j'avais froid à l'om-
sans aucun un
tirl fort
et harangues pompeuses qui barrasser d'un pensionnaire trop assidu, qui était bel bre de ce diplomate.
ennuyeux, des
commençaient toujours
lesquelles par «Jeunes »élèves, et dans et bien né à Paris, et qu'on laissait cependant isolé Il me semblait aussi qu'il affectait un souverain
les plus audacieux des professeurs, les pendant les vacances, comme s'il eût été Péruvien, mépris pour tout ce qui n'était pas de sa sphère, et
des traditions, ne pouvaient se refu- ou fils du gouverneur de Noukaïva. je ne sais pas comment il se fit. qu'un jour mon
plus affranchis
à
ser appeler l'Université— Alma parens, » tout admiration pour les hautes facultés de ce plénipo-
^6
le monde
vais le cœur
je «
prenait sa volée, et moi restais seul. J'a-
gros, et ce bon Contran, qui trouvait in-
cette séquestration, avait des révoltes indici-
r?S contre le sort qui m'isolait ainsi. compa-
-
MON TUTEUR PROFIL DE DIPLOMATE
;
tentiaire tomba tout à coup.J'eus l'audace de les
passer au crible du libre examen je le poussai par
la discussion presque dans ses retranchements, et
je
Je j'acquis, dès que fus devenu homme, la convic-
rais bien tout bas destinée à celle de mon ami, Mon tuteur, M. d'Epstein, mélancoliquediplomate tion la plus profonde de la nullité de ce grand per-
macour aride
ma promené cravate blanche dans toutes
et deux rangées de maigres aca- qui avait sa sonnage qui, dans les rares conférences qu'il avait
ses d'Europe,
cias à
ces bois
b ois ombreux de Chenegalon, à cette Ab- les chancelleries était un penseur grave avec M. Brazier, réglait par un mot les destinées de
je mystérieuse dont ses récits de retour des va- s'il en fut; il confondait l'ennui avec le sérieux, et
teDc,s étaient remplis; mais j'avais dès l'âge le plus croyait réellement qu'il avait signé le traité de
l'Europe.
J'avais soumis mes doutes à Contran, qui était
randre
philosophie orientale, j'étais cui- Vienne parce qu'il avaittaillé les plumes de M. de doué d'une observation très-délicate, possédait la
une sorte de
dsM contre tous les chagrinsqui devaient m'attein- Talleyrand. gaieté de l'esprit, et contrefaisait à merveille les ty-
dre Jamais je n'ai vu de si belles cravates que les
par mon premier chagrin, le plus lourd et le pes qu'il avait saisis sur le vif.
plus profond
que dont j'ai
:
de tous c'était cette basse mélancoli- siennes, c'étaient des monuments. Ce plénipoten-
parlé tout à l'heure qui accompagnait tiaire in partibus, pour lequel M. Brazier avait un
« La pondération des pouvoirs! (me dit Gontran
avec emphase, après avoir pris une noble attitude
e chant joyeux
de la vie et qui. raillait sa gaieté. respect sans bornes, me paraissait aussi frès-impo- et simulé avec son mouchoir la cravate blanche de
Quand j'allaisavoir quinze Gontran, qui n'é- sant. C'était un être sec, métallique, prudent, d'une M. d'Epstein), les intérêts des masses, le principe
tait ans,
cependant pas'diplomate, ourdit dans l'ombre politesse accomplie, qui tenait à ma famille par des d'autorité! — je t'assure que ton tuteur, au fond,
Iltle conspiration
il tenait à lui seul les fils. Il liens de parenté, et qui administrait avec une loua- est une armoire vide fermée à clef. »
dont
écrivit
à sa mère qu'il était décidé a obtenir la bleparcimonie le très-modeste héritage que mon Et, gamins que nous étions, nous partions d'un
pemission de m'emmener lui passer les vacan- père m'avait laissé. éclat de rire, après avoir exécuté sommairement le
avec officie, avec une prétention
ces à l'abbaye,
il avait fait son enquête à Il parlait comme on secrétaire intime du prince de Bénévent.
a
lui tout
chercher
et comme
seul, ce charmant hypocrite persuada vite comique; quand une parole allait tomber de ses lè-
douce comtesse que si elle venait elle-même me vres, on eût dit qu'il allait rendre un oracle.
permission C'était certainement un honnête homme; mais
Mais dans le temps dont je parle, nous n'étions
pas encore aussi résolus, et nous avions conservé
toutes nos illusions sur M. d'Epstein. Je le voyais
au lycée, dûment munie d'une
VOYAGE DE
L'IMPÉRATRICE
EN ÉGYPTE. — Arrivée deSa -
Majesté à Thèbes, le 2 novembre. Ascension au tombeau des rois. (D'après le croquis de M. Darjou,)
Montani.)
M.
de
croquis
le
(D'après
d'Asie.
douces
eaux
les
visite
Majesté
Sa
-
Constantinople.
ORIENT.
EN
L'IMPÉRATRICE
DE
VOYAGE
Chaque année, en outre, illui arrivait, par deux Il rentra chez lui, ôta son pardessus et se pendit
ou trois fois, d'assez bonnes aubaines. Le grand ca- VII à l'espagnolette de sa fenêtre. On ne s'en aperçut
pitaine au long cours, dont j'ai déjà parlé, ne man- que le lendemain matin.
quait pas, chaque fois qu'il arrivait à Bordeaux, de Mais qu'est-il survenu? Dans ses poches, on trouva quelque argent et un
se rendre au café, avec une dizaine d'amis, pour cé- J'ai perdu Mégerol de vue pendant deux ans, et vieux morceau de papier tout jaune. Sur ce papier,
lébrer son heureux retour. voici qu'une horrible nouvelle m'est apportée. des caractères. C'était une lettre d'amour adresséeà
Mégerol était là. Mégerol s'est suicidé! Le pauvre souffre-douleurs lajeune fillepâle de la rue du Hâ, lettre qu'il n'a-
Le café c'était la boutique, le comptoir, le ca- s'est pendu.. vait jamais osé remettre, et qu'il conservalt comme
binet commercial de Frédéric. Les oisifs, il faut le croire, n'ont trouvé personne une rolique.
Quand les marins s'étaient suffisamment congra- à martyriser à la place de Frédéric. Et naturelle-
tulés de n'avoir pas encore cette fois bu leur dernier ment ils sont revenus vers lui. La moitié de la ville a assisté à son enterrement.
coup à la grande tasse, on faisait avancer Mé- C'est donc bien bon d'être lâche, d'être bête, d'être Et il est peu de morts dont on ait dit tant de bien
gerol : mauvais ! autour de la fosse funèbre. Il était temps!
—•
— Nous allons essayer un coup de commerce,
Mégerol était tranquille. Il vivait sans trop de
CAMILLE DEBANS.
mon fils, lui disait le grand capitaine. Apporte soucis. Cela ne pouvait évidemment pas durer.
Une meute de petits aboyeurs s'acharna après le FIN
ici ta cambuse.
— Pourquoi faire?
demandait Mégerol, qui trem- pauvre homme. Se voyant insulté, poursuivi jus-
blait toujours. que dans la rue, Mégerol se défendit d'abord, et de REVUE LITTÉRAIRE
- TLi vois, Frédéric, tu vois tous ces messieurs, sa canne, de son énorme canne, — car c'est un phé-
nomène étrange, mais plus un homme est petit,
ce sont des journalistes.
Et les marins de rire. plus sa canne est grosse, — il caressa les épaules -
Il fut un temps trèspeu éloigné — où le roman
- Ils ont donc besoin de papier, de plumes, d'en-
cre, et de tout le tremblement pour rédiger leur
des plus insolents gamins qui le harcelaient.
Hélas! la meute était trop nombreuse. Il ne pou-
de M. Gustave Flaubert, l'Éducation sentimentale,
aurait soulevé des discussions à perte de vue sur
feuille. de bord, nous allons mettre ta boutique vait ni répondre à tous, ni se venger chaque jour. l'esthétique et la morale. Aujourd'hui, s'il parvient
aux enchères. Le commissaire priseur, c'est moi. Et les voyous de la rue, enhardis par la sauvage- à vaincre l'indifférence du public à secouer l'apa-
rie des petits messieurs, se mirent aussi de la partie. , d'hier,
Et le capitaine commençait. thie qui envahitjusqu'aux liseurs passionnés
— Une main de papier écolier, messieurs, nous Les cochers, les commissionnaires même se crurent ce sera un assez beau triomphe.
avons acheteur à soixante-quinze centimes. autorisés à se moquer du pauvre martyr. Je ne veux pas dire que l'auteur de Madame Bo-
Et puis les farces lugubres recommencèrent. On est
— Mais ça ne vaut que huit sous, s'écriait Mé- vary ait tout à fait manqué le coche. Mais il
gerol ahuri. ne respecta ni sa faiblesse de corps, ni sa faiblesse certain que son livre, longtemps attendu avec im-
— Un franc! criait une
voix. d'esprit, on ne respecta pas son âge Des troupes patience, est arrivé au plus mauvais moment, et au
— Un franc dix centimes 1
— Un franc cinquantel
Et l'on riait, et ces bons marins étaient heureux
d'imbéciles suivaient parfois Mégerol pendant des
heures en l'abreuvant d'injures, de taquineries et
même de coups.
ront un tort immérité.
milieu de préoccupations antilittéraires qui lui fe-
;
Un jour, on trouva dans la boîte de Mégerol, une
vieille lorgnette valant bien un petit écu elle fut
adjugée à trois louis. Mais,ce cas-là ne se présenta
Et quand il se présenta pour livrer ses marchan-
dises, le drôle qui avait imaginé cette farce lui dit :
fier, sans indécision, sans faiblesse.
L'Éducation sentimentale est d'un sceptique irré-
— Veux-tu bien remporter cela! Tu es donc assez conciliable. On n'en fait pas accroire à l'auteur sur
qu'une fois. bête pour avoir cru que c'était sérieux ! le chapitre des grands sentiments, des grandes pas-
Quand il n'y avait plus rien dans la boutique de Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. sions, des grandes idées. Il les admet, mais avec
Mégerol, les capitaines lui commandaient des four- Quoique le marchand auquel il avait tout acheté l'alliage, et quel alliage! Suivez son analyse pa-
nitures de bureaux pour leurs navires, et ces jour-
nées-là valaient bien un bénéfice de soixante ou
quatre-vingts francs, plus que le pauvre diable n'en
voulût bien lui rembourser le prix de son acquisi-
tion, Mégerol n'eut plus assez de courage; il s'avoua
vaincu par la destinée et par la méchanceté des
,
chés, les contradictions ; :
tiente et savante, étudiez avec lui les ressorts ca-
les défaillances regardez
l'envers des héros, leur dessous et leur dedans ce
gagnait autrefois en un mois. hommes. ne sont plus des héros, non certes, hélas! ce sont
apparaître deux fois par an; on m'appelait au qui recevaient des leçons d'armes, des répétitions Restauration, ce seul titre suffisait pour qu'il me
parloir, et c'était un événement dans la cour du particulières, et que leurs parents, pendant les va- livrât sans arrière-pensée à la famille de Groussay.
lycée. Mon tuteur arrivait de Vienne, de Berlin, cances, avaient autorisés à aller tous les jeudis au M. Brazier reçut donc un firman qui ressemblait
de Stockolm, de Pétersbourg, ou de je ne sais quelle théâtre. Que me fallait-il de plus? à une lettre de créance, par lequel M. d'Epstein l'au-
cour d'Allemagne; on me faisait, avant de paraître Une correspondance s'établit donc entre Mme de torisait à me donner ma liberté. Gontran, qui était
aux yeux d'un si grand personnage, passer une in- Groussay et M. d'Epstein. La mère de mon ami ob- au courant de toute cette négociation, sut se contenir
spection devant la directrice de la lingerie, qui re- servait à mon tuteur que la nécessité à laquelle le et ne desserra pas les lèvres; et quand, au sortirde la
mettait des lacets à mes bottines, changeait ma veste réduisait ses importantes fonctions, de laisser lejeune distribution des prix du lycée, où nous nous sui-
déchirée au coude et mon pantalon usé aux ge- Maxime, l'ami de leur fils, passer ses vacances au vions de près dans chacune des facultés, obtenant
noux, me forçait à laver mes mains souillées d'en- lycée depuis nombre d'années, était peut-être faite à peu près les mêmes succès et montrant les mêmes
cre, et promenait un linge mouillé sur ma figure, pour développer une mélancolie à laquelle cet en- aptitudes, Mme de Groussay me dit, en m'embras-
avec une rudesse qui laissait son empreinte et me fant n'était que trop enclin déjà. Ils lui offraient sant comme un fils : — « Mon petit Maxime, allez
marbrait la face. une distraction sans danger, qui consistait à accom- voir si votre malle et celle de Gontran sont prêtes, »
Je comparaissais alors; je trouvais mon tuteur pagner leur fils, M. le vicomte de Gontran de Grom- j'eus comme un éblouissement, mon cœur battità
grave comme Calchas, faisant l'étonnement des vi- say, à l'abbaye de Chenegalon pendant les vancan- se rompre; je compris tout dans un regard, et je
siteurs qui assiégeaient le parloir, et tenant M. Bra- ces qui allaient s'ouvrir. tombai dans les bras de mon frère d'adoption en
zier enchaîné à ses oracles. Il s'avançait vers moi La démarche en elle-même s'expliquait par la poussant un cri de joie.
avec une sorte d'onction, approchait ses lèvres de profonde amitié qui unissait Maxime et Gontran; C'est un jour qui restera dans ma vie marque
mon front en se baissant tout d'une pièce, et me quant à la responsabilité qu'entraînait une telle de- d'une croix blanche; ce jour-là, j'ai presque oublié
;
donnait un simulacre de baiser.
C'était glacial comme le pôle Nord, et quand le
hasard mettait en face de moi un élève que sa mère
;
mande, M. et Mme de Groussay l'acceptaient tout
entière d'ailleurs, M. d'Epstein et le comte étaient
du même monde, le diplomate connaissait les d'Or-
et le chant joyeux a seul retenti dans mon coeur
j'ai senti que je me rattachais à la vie par une af-
fection presque maternelle, et que Dieu ne m'avait
tenait étroitement embrassé, je ne pouvais maîtriser glande, lesde Bonneval, les de Hauteville, leurs tous à fait abandonné, puisqu'il avait misàcôte
pas
une certaine émotion, et je sentais de grosses larmes voisins ou leurs proches, et pouvait se renseigner de moi mon ami Gontran, et qu'il me donnait l'a-
monter de mon cœur à mes yeux. Mais je n'avais auprès d'eux. mour de sa mère pour remplacer l'affection de celle
garde de pleurer en face de M. d'Epstein. Mon tu- La réponse ne se fit point attendre; M. d'Epstein queje n'avais jamais connue.
teur n'aurait pas compris qu'il me manquait quel- ne s'étonna que d'une chose, c'est que je fusse mé-
que chose ici-bas, que j'avais parfois des envies de lancolique; le grand diplomate laissa tomber sa tête II
dépenser tout mon amour, toutes mes larmes, et dans ses mains, et se demanda quel nuage obscurcis-
que mon cœur gonflé demandait à s'épancher comme sait ma vie; mais comme il savait que le comte de Une scène d'intérieur
une urne trop pleine. Groussay était proche parent de M. de Vergennes,
Je prenais des leçons d'équitation, j'étais de ceux qui avait été ministre des affaires étrangères sous la Chenegalon m'apparut comme un paradis, et cha-
deshommes. La
cier.
Rochefoucauld est devenu roman- ses qui émaillent — ou tachent, on choisira, l'am-
vre nouvelle de M. Gustave Flaubert. On est ample-
:
avec les poëmes précédents Élaine, Viviane et Ge-
niévre, les Idylles du Roi, récits de la Table Ronde,
Donc ni géants,
t res, ni
ni
anges, ni démons
moyenne humanité
;
pygmées, ni héros, ni mons-
simplement ce que la
peut offrir. Un jeune homme
r4 s'abandonne aux suggestions spontanées du sen-
mement prévenu que l'auteur de MadomeBovary et
de Salammbô n'écrit pas pour les pensionnats de jeu-
nes filles.
Maintenant, l'Éducation sentimentale est-elle infé-
traduits delanglaispar Francisque Michel. Paysages
superbes, architectures grandioses, chocs de com-
battants, tout ce que Doré excelle à composer est
prodigué dans cette publication somptueuse. Les
timent rieure à Madame Bovary? Oui, au point de vue de la gravures sur cuivre sont d'une exécution remar-
un autre qui calcule sa vie; tous les deux
composition et dela puissance des types. Non, si
comme celui «
:
manquant. leur but, celui qui avait rêvé l'amour,
qui avait ambitionné le pouvoir » tel
est le sujet, dont
la simplicité n'exclut pas la gran-
l'on considère le talent en lui-même et l'évidente
volonté de l'auteur, de ne rien produire d'excessif.
quable.
La simple chanson de Malbroughs'en va-t-en guerre,
illustrée de dessins d'une fantaisie et d'une origi-
eur, de l'Éducation sentimentale Mais M. Flaubert ?
Aura-t-elle un grand succès Elle le mérite, et je le nalité rares, sera un des succès de l'année (Du-
neveut pas faire grand; il veut faire exact. Cet souhaite, sans l'espérer. Voilà, je pense, qui est net. crocq). Le dessinateur Boilvin, peu connujusqu'ici,
idéal, Notre ami le marquis de Villemer vient de faire à ce qu'il me semble, s'est révélé comme l'Hervé de
qui exclut tous les autres, peut se dé-
fendre. paraître chez A. Lacroix une nouvelle série de Por- la caricature. C'est ingénieusement fou, et d'un
Li composition du pèche en plus d'un traits parisiens. S'il croit que je me gênerai pour dire drolatique intense qui désarmera les plus féroces
roman
point. Elle flotte, autre lien que la série des ici ce que je pense, il a grand tort. Ces portraits ennemis de la parodie.
sans Un mot encore sur un livre modeste autant qu'u-
aventures qui
se déroulent dans la vie d'un homme, sont des merveilles de grâce et de finesse. Avec une
de sa dix-huitième
à quarante-cinquième année. plume souple et changeante comme les modèles qu'il tile : Les grands phénomènes de la nature, par Honoré
Létape sa
est longue, les incidents nombreux, les voulait peindre, il s'est attaqué aux types les plus Benoist (Brunet, bibliothèque à1 franc). Comment,
tonnages multiples. Au fond, c'est une étude étranges, les plus séduisants, les plus compliqués, en un aussi petit espace, l'auteur a-t-il pu rassem-
Ifis-serrée d'une les plus mystérieux, les plus décevants, qui sont bler tous les phénomènes qui ont la terre, l'air et
portion de la société parisienne de
1840 à
1867. Un homme revenu de tous les voyages, les planètes brillantes, et très-errantes, puisque pla- l'eau pour théâtre, et donner sur tous l'explication
de toutes
les illusions, un homme de quarante-cinq nètes, des salons de Paris. Les incarnations bizar- précise? comment a-t-il pu être intéressant, acces-
ans précisément,
un esprit désabusé, mais calme res de l'Éternel Féminin n'ont pas troublé son re- sible aux intelligences les moins ouvertes, en res-
ans son désenchantement, pourrait seul écrire cette gard, les électricités qu'elles dégagent n'ont point tant néanmoins sur le terrain scientifique? C'est
longue histoire
nœud et sans dénoûment, paralysé sa main. Non qu'il ait l'impassibilité de son secret. De nombreuses gravures éclaircissent en-
sans
amère comme l'expérience elle-même, et triste Flaubert. Il est souvent ém impressionnable aux core le texte déjà si clair. Nous encouragerons de
comme la vérité. plus légères effluves. La Femme qui s'en va, la toutes nos forces ces excellentes publications popu-
Les côtés remarquables du livre sont dans les Charmeuse, Intimités, sont d'un homme qui sent ; laires.
épisodes,
é
les scènes; dans certains caractères, tels
qUe ceux d'Arnoux, certains personnages de se-
rolld plan tels ; :
l'Agitée, Ligdamire, Stratonice, la Comtesse Ismaïl,
d'un homme qui sait et qui voit tous ces portraits
portent la marque d'un écrivain de race et d'un ar- +
PHILIPPE DAURIAC.
qUe fois que je pense à mon séjour à l'abbaye, j'é- ivresse 1 J'étais là libre, jeune, heureux, me bai- des alentours, et c'était à qui nous comblerait et
Pyouve dans tout
mon être comme la sensation gnant au matin dans la rosée, courant nu-tête dans nous rendrait la vie plus douce pendant ce séjour
Un calme infini. Cette terre des Groussay était les bois noirs, m'enfonçant sous les sapins, dis- des vacances. Cette vie à l'air libre, que je goûtais
paraissant jusqu'à mi-corps dans les prairies, cueil- pour la première fois, m'enivrait et me remplissait
,
IlIle ancienne abbaye, composée de la maison abba-
*ale,
de l'abbaye proprement dite, de son cloître et lant à pleine main des gerbes entières de fleurs l'âme d'une véritable allégresse. De temps en temps,
de
ses dépendances. des champs, des grandes marguerites, des sau- quand Mme de Groussay me rencontrait dans une
La maison abbatiale était restée debout, l'abbaye ges odorantes, des folles avoines; chantant à tue- allée, la face rouge, le front humide, le cœur agité,
.lt ruinée, elle servait alors de grange, et les fer- tête, aspirant la vie, sûr, du matin au soir, d'avoir turbulent, plein de séve, brûlant d'échapper à la
miers s'étaient ~illé demeure dans les cellules. là, près de moi, partageant mes jeux, mon ami contrainte que son calme infini et sa douceur me
une aussi heureux que je l'étais alors, ardent commandaient, ne fût-ce qu'un seul instant, pour
Il est difficile d'imaginer
un cadre plus gracieux Gontran,
ébats et un séjour plus propice. Il y avait là, au plaisir comme moi, infatigable, et d'une imagi- répondre à une question ou pour écouter une re-
àfios
en dehors de l'espace énorme et de toutes les res- nation sans exemple pour varier nos délassements. o mmandation maternelle, elle avait comme une
8ources qu'offrait la nature agreste et abandonnée Tantôt nous guidions un bateau sur le grand je
peur secrète de mon exaltation. C'est que buvais
de Chenegalon,
de quoi frapper vivement nos ima- étang, et, graves comme des augures, nous nous
ginations d'enfant. Le cloître de l'abbaye était en- arrêtions en quelque endroit propice pour pêcher à
la vie, je savourais l'existence, je dépensais en quel-
ques jours tout un arriéré de sensations refoulées
Core assez bien
conservé; les tombes des prieurs la ligne. Quelques minutes après, soit que nous dans mon jeune être, j'appartenais à la nature, et,
avaient été respectées, et les folles herbes, croissant fussions mal habiles, ou que la patience ne fût pas pour la première fois de ma vie, je m'absorbais en
l
à aventure,
ant la grâce entouraient ces vestiges en leur prê- notre faculté maîtresse, nous finissions par nous re- elle, je bondissais dans les champs et dans les
que la nature donne à toute chose. Çà garder l'un l'autre en partant d'un éclat de rire, ou prés et sous les baisers d'un soleil de feu.
là des fûts brisés, des pierres tombales couvertes bien Gontran laissait tomber, à la place même où Je ne savais alors rien de mes hôtes, si ce n'est
inscriptions, des chapiteaux renversés, des débris flottait le bouchon de ma ligne, une grosse pierre qu'ils étaient les parents de Gontran. La mère m'ap-
e statues, attestaient les ravages du temps et le qui nous éclaboussait tout le visage et troublait paraissait comme un ange de douceur. Le comte me
Parti pris d'abandon. Les plantes grimpantes, lier- pour longtemps la quiétude des hôtes de l'étang. sembla fantasque et dur; mais c'est à peine si
J*Se>
et
res, viornes, vignes vierges jasminsd'Espagneaux Une fois, nous amusant à sauter un ruisseau où
eiirs éclatantes, s'accrochant
aux arceaux de l'é- nous avions essayé de pêcher des écrevisses, je
balançaient leur ombre sur nos têtes; nous tombai àl'eau etje revins à l'abbaye dans les habits
veillions
:
j'ai pu soupçonner ce qui n'était déjà plus un mys-
tère, même pour les étrangers car l'enfance a reçu
du ciel de saints priviléges; elle a l'insouciance et la
les échos de ces voûtes en parodiant les du gars Braud, le fermier de la Rigaudière; Mme de naïveté, et peut passer à côté d'une grande douleur
Clants
des prêtres, et là où souriait la mort et où Groussay, ce jour-là, me gronda doucement, en me sans en soupçonner l'existence. Ce n'est donc que
paient les ruines, évoquions la vie en trou- disant d'éviter que le comte me vît dans cet accou- plus tard que j'ai pu comprendre qu'il y avait un
ant nous
de nos innocents sacriléges et de nos cris trement. point noir dans le ciel lumineux.
JOYeux C'étaient des fêtes sans fin, des plaisirs sans trêve.
le silence des tombes. CHARLES YRIARTE.
Quel contraste la cour du lycée, et quelle Le bon Gontran était adoré de tous les braves gens (La suite au prochoin numéro.)
avec
autour de cette bête sauvage, autour
fauve. — C'est mon avis.
ÉGYPTE.— Visite
de cette vanité
des invités du khédive au temple de
Voyage des invités du khédive à l'inauguration du canal de Suez. — Le passage des rapides de la première cataracte. (Croquis de M. Darioll.)
LE MOIS COMIQUE, PAR CHAM
L'enseignement gratuit et obligatoire venant d'être décrété dans — Eh bien, capitaine, où sommes-nous?
1,
empire turc, les ânes s'embarquent
pour la France. - Ma foi, je n'en sais rien! M. de Lesseps vient telle-
ment de les mêler! j'ignore si je suis dans la Méditerra-
— Avant de
?
qui votez-vous
m'engager au service de monsieur,pour
;
tendre, le chef de famille a pu justifier d'un alibi
incontestable de sorte que l'on est à la recherche
quer de respect au jury, en prottstant d'une ma-
nière peu convenable contre le verdict que vous
est toujours un peu pris à partie dans ces escarmou-
ches. Ce n'est pas l'affaire des lourdauds de venir
morte, — une cousine riche de 50,000 fr. ! .', git d'un vieux travailleur aux mains noires, martyr
Voilà ce qui s'est passé dans un des quartiers les
plus populeux de Paris, et l'on serait tenté de ne
pas y croire, si ce drame intime n'avait eu son éclat
:
COMÉDIE-FRANÇAISE: La pièce nouvelle de M. Emile Au- de la grève, ayant une femme et
gier. — ODÉON La Grève des forgerons, scène dramati- nourrir, et qui, succombant sous la misère, de-
que, en vers, par M. François Coppee. — VAUDEVILLE :
deux
devant le jury de la Seine. La Fièvre du jour, drame en quatre actes, par MM. Eu- ret, la à l'a-
gène Nus et Adolphe Belot. — PALAIS-ROYAL, : La Vie de par parenthèse), permission de rentrer
La veuve Husson a été condamnée aux travaux château, pièce en trois actes, par MM. Chivot et Duru. telier :
forcés à perpétuité, et Husson, son fils, à vingt ans
Laissez-moi retourner tout seul chez le patron.
de la même peine. Voilà deux semaines qu'on attend de jour en jour
C'est à l'occasion de cette affaire que s'est pro- la première représentation de la pièce de M. Emile
J'ai voulu mendier, je n'ai pas pu. Mon âge
duit un incident qui a quelque peu ému le Palais
Me Lachaud était le défenseur du fils Husson, et, la
: Augier. Peut-être sera-t-elle jouée à l'heure où pa-
raîtra cette chronique; peut-être aussi de nouveaux
Est mon excuse. On fait un triste personnage
Lorsqu'on porte à son front le sillon qu'a grave
L'effort continuel du marteau soulevé,
condamnation prononcée, l'audience étant levée, incidents la feront-ils encore ajourner. Hier, elle Et qu'on veut au passant tendre une main robuste.
Je vous prie à deux mains Ce n'est pas trop injuste
encore animé par l'ardeur de sa plaidoirie, il avait, s'appelait Mademoiselle de Birague; aujourd'hui elle Que ce s it le plus vieux qui cède le premier.
avec une certaine vivacité, dans une causerie par- s'appelle Pierre Champlion. Mais en changeant de Laissez-moi retourner tout seul à l'atelier.
ticulière avec un de MM. les jurés, soutenu l'opi- Voilà tout. Maintenant dites si ça vous fâche.
sexe elle n'a point changé de tendances; on sait,
nion qu'il avait développée en faveur de son client. en effet, et personne ne se gêne pour colporter ce
:-
Un d'entr'eux fit vers moi trois pas et me dit
Lache.
Peut-être avait-il parlé un peu trop haut, et la sus- bruit, que la nouvelle œuvre de M. Augier est diri- Alors j'eus froid au cœur et le sang m'aveugla.
;
ceptibilité, fort honorable du reste, des autres mem-
bres du jury avait été éveillée ils avaient vu là
une critique peu respectueuse du verdict souverain
gée en partie contre certains dévots. On parle d'une
figure cléricale incarnée par M. Got avec une rare
vérité. Je connais bien des gens qui ne sont pas ras-
Je regardai celui qui m'avait dit cela.
C'était un grand garçon, blème aux reflets des lampes,
Un malin, un coureur de bals, qui, sur les tempes,
;
a été retirée par MM. les jurés, qui se sont décla-
rés satisfaits mais le récit de l'incident qui a amené
cette pacification devient une tâche un peu trop
bien que les magistrats, les militaires, les hommes
d'État. Que cela froisse beaucoup de délicatesses, je
;
n'en disconviens pas que cela choque, que cela at-
« Que toi, tu me rendras raison de cette injure.
Là-dessus, le vieux forgeron tue le jeune homme.
Puis, sa casquette à la main, il fait une quête pour
délicate, et je préfère transcrire ici les paroles pro- triste, que cela gêne, que cela attise, j'en tombe sa femme et pour ses enfants, et il va se livrer lui-
noncées par Me Lachaud, lorsque, trois jours après, d'accord; mais les franchises du théàtre sont indis- même au commissaire. Cette scène a deux cents vers
il a eu à présenter devant le même jury la défense cutables. Par exemple, le « genre religieux, » puis- environ; elle soulève des questions d'une gravité
ce malheureux malentendu :
d'un autre accusé. Voici l'exorde qui a mis fin à
eVIlie, et la
Vredujour est
: ne comporte guère que
eux réussites contestées la Fievre du jour Vau-
au
Vie de château au Palais Royal. La Fiè-
La Société forestière, qui, par la nature de ses opé-
rations, est loin d'être uniquement parisienne, va établir
;
des agences dans les départements pour pouvoir mieux
* *
*
: :
ciale de notre pays ou à ranimer d'anciens foyers de
prospérité, doit être cher à tous les Français voilà pour-
les yeux, fait ressortir la régularité du profil,
dissimule l'incorrection!
Une bonne inspiration pour les femmes élégantes,
ou en
.;.
LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE FORESTIÈRE
+——
quoi la Société forestière a acquis nos sympathies.
que de se confier au talent de Mme Camille (au premier
étage, rue Rougemont, à l'angle du boulevard Poisson-
tout temps
,I)e tout temps l'agriculture et ont été
le commerce Ont ét' CHRONIQUE ÉLÉGANTE nière). Le goût sûr, l'exquise coquetterie de cette
ar-
r°s-honorés tiste, les rendront belles quand même, belles
dans notre pays. sans ba-
L'agriculture et le nalité, en faisant valoir la physionomie de chacune
commerce, a dit Sully, sont les
(eux
1 L'hiver plaisantera-t-il avec le froid comme ce pâle d'elles, en s'inspirant de chaque type particulier.
mamelles nourricières de la France.
Cette phrase, exacte automne, moitié pluie, moitié soleil?
sous Louis XIV, n'a encore rien *
perdu de Le cruel est capable de donner l'onglée à vos jolis Il *
son actualité. Sully entendait par le commerce doigts rose; vite, cachez-les.
Créer un buste d'une correction parfaite, tout grand
les diverses
branches d'industrie qui alimentent le tra- Le Grand Marché Parisien a été prévoyant pour vous.
statuaire accomplit cette œuvre; mais animer ce buste,
fIc, et
par l'agriculture tous les produits du sol. Il a, pour vos mignonnes mains, de chauds et beaux
lui donner la vie en lui prêtant l'élégance et la svel-
l'armi les produits du sol,
nous devons mettre en manchons à 28 fr., venus en droite ligne d'Astrakan, tesse, il faut, comme Prométhée, avoir dérobé un peu de
l'îemier rang les bois produits par nos magnifiques fo- feu sacré au divin maître.
rcts qui, du puis des manchons à 48 fr., en martre du Nord, à la
temps des Gaulois, couvraient une grande fourrure longue, soyeuse et opulente. Ces riches man- Mme Léoty n'a pas eu cette prétention, mais s'inspi-
Partie de notre territoire. Pendant
une longue série de chonssontrenfermés dans d'élégantes valises artistiques, rant du goût le plus pur, elle arrive à faire du torse un
s'ècles,
nos forêts ont fait l'objet d'un commerce fruc- qui nous délivrent enfin du prosaïque carton. Dans un chef-d'œuvre vivant.
fUeux,
et les pays du Nord, qui nous fournissent au- étui aussi digne de la parure, ils seront très-goûtés Son corselet gris enserre mollement la poitrine, et
J°urdhui
",
grande partie de nos bois à l'usage de
une lui donne les contours les plus harmonieux. Avec quel
a marine, des chemins de fer et de nos construc- comme cadeaux d'étrennes. Le contenant est digne du
contenu, 'et c'est double plaisir de l'offrir. art il a suppléé aux formes absentes, ou comme il en
tions ttrouvent
tions, h. rien que par ce seul
'eul
t encore à s'enrichir Une chose fort coquette, en vérité, et très en vogue, dissimule ingénieusement les imperfections! Grâce à
COlIllllerce.
c'est le manchon Régence, gracieusement suspendu au !
lui, plus de femmes mal faites les vides sont comblés,
A quoi devons-nous attribuer le marasme dans lequel
Se trouve, chez
sylvicultu nous,
sylviculture? Est-ce
cette magnifique industrie de la
au manque de terrains boisés?
^°n. Car en dehors des TROIS MILLIONS d'hectares de
lisée. Le livre de prières, le porte-monnaie ,
cou. Le dessus forme sac, fermé par une tète natura-
les bon-
bons, tout un monde de jolis riens, est contenu dans ce
les protubérances aplanies, les lignes rectifiées.
Il en est de même de sa ceinture de grâce, principa- -
lement à usage des jeunes filles dont la taille de roseau
fOlets
appartenant à l'Etat et aux communes, on compte
Cn France plus de
,orèts, d'une CINQ MILLIONS d'hectares
de bois et
i
manchon. Pour enfants et jeunes filles, en fausse her-
mine, il coûte fr. 90.
Là ne se borne pas la sollicitude du Grand Marché
a besoin d'être soutenue.
Mme Léoty, qui est une artiste et non
une confec-
tionneuse (place de la Madeleine, entre le boulevard
valeur de plus de QUATRE MILLIARDS de Parisien envers ses clientes pour les préserver des ri- des Capucines et la rue Royale), ne prétend pas faire
'rancs, possédés
par des particuliers, et SEPT MILLIONS
dhectares de terrains vagues, landes, pâtis, etc., pouvant
btI'eutilementplantés.
gueurs du froid.
Parmi ses confections d'hiver, citons un paletot droit les aptitudes du médecin et du statuaire.
ses corsets par à peu près, elle montre, en les essayant,
,
les débouchés. l'art.
en flots ondoyants. Cette soie cannelée, à bandes d'or, Jamais idylle n'eut la fraicheur d'une goutte de leur
C'est plutôt à ces causes qu'à l'exagération des défri- de pourpre émeraude ou améthyste, sur fond noir,
chements à la négligence des reboisements que nous eau de toilette aux violettes de Parme, de leur eau-de-
ou fort remarquée aux fêtes du khédive, ne coûte que
devons attribuer l'appauvrissement de notre sol en pro- vie de lavande, de leurs extraits de fleurs d'Auteuil,
duits sylvestres. 4fr.90. de leur nard celtique, etc.
Le cachemire de soie, fond blanc, aux rayures pékin
11y Voici pour la poésie; mais pour la peinture et la sta-
a là certes' un vice, ou plutôt des lacunes, mais et filets de couleurs tendres, fait, pour le soir, de char-
des lacunes qui tuaire, trouvez un maître qui vous fasse un visage de
ne sont pas irréparables. Elles peu- mantes toilettes de jeunes filles.
vent être facilement comblées, et pour cela il faut une lis et de roses comme leur pâte calliderinique, l'aspasine
Ce magnifique drap de soie noir, à 7 fr. 75, joint le
Cornpagnie puissante, disposant de grands capitaux, de luxe bien entendu à l'économie. Il est partout vendu Mignot, la crème-neige, le lait d'Hébé, etc. !
-Leur savon dulcifié au suc de laitue, rend à l'épi-
4
Sondes relations, et surtout ayant à sa tête des hom- 9 fr. 73, comme le nec plus ultra du bon marché.
mes tout à fait compétents. Grâce à la Société générale derme ses tons fermes et satinés. Leur brosse salivaire
slere,
fore tiè
en train de se fonder, nous reverrons bi
bientôtt
Le temps nous manque pour faire un voyage dans le
domaine des lainages, et c'est grand dommage. Des py- dentaire (Dr Laurentius) assainit les dents etpurifie l'ha-
notre ancienne prospérité financière rétablie et la France ramides de satin Devonshire, surtout les nuances vert- leine.
ledevenir sous ce rapport l'égale de l'Autriche, de la bouteille et bleu-marron, ont été enlevées en l'espace de Toutes ces préparations ont établi dans le monde en-
Hongrie, de l'Allemagne des
et pays du Nord. quelques semaines. Les serges du Tyrol, les gros du tier la réputation de la Corbeille fleurie (boulevard des
Italiens).
me direz-vous, le programme de la So-
Mais quel est,, Caucase, les écossais de tous les clans, ne font que pa-
ciété généraleforestière? ou plutôt, quelles opérations raître et disparaître. *
Conlpte-t-elle faire pour atteindre au résultat qu'elle se à
Le Grand Marché Parisien, c'est le croire, se trouve
* *
Que d'eaux ont la réputation de recolorer les che-
Propose ? sous l'influence d'un bon génie qui lui inspire ses créa- veux! Cette opération ne s'accomplit pas en un jour,
lfabord, elle veut s'occuper d'opérations forestières tions, le guide dans le choix de ses nouveautés. Telle disent les Barnums de ces compositions. Nous le
Proprement dites, comme l'achat, la vente et affer- l' est au moins l'idée de sa clientèle fidèle et em- croyons bien! Depuis le temps que leurs clients s'en
mage de domaines forestiers ;
He l'aménagement et de l'exploitation de forêts;
pressée. servent, ces infortunés en attendent encore les heureux
* résultats! Ce qui n'empêche pas les marchands de cette
l)u reboisement et de la mise en forêts de terrains * *
Vagues ou incultes; Qu'il nous parut splendide, le châle cachemire, à l'é- eau, qui coûte plus cher, hélas! que celle des robustes
fils d'Auvergne, de continuer à vanter les vertus de leur
Du défrichement et
-
de la mise en culture de ter- poque où Mlle Mars l'intronisa pour ainsi dire dans le
monde parisien! La grâce incomparable de la célèbre panacée avec une persévérance digne d'un meilleur
['üios boisés.
A l'aide d'une semblable situation, la Société se
!
comédienne sut l'imposer. Hélas il y a longtemps de sort.
L'eau de la Virginie parfumée s'af- bouteille de soda-water, elle dé-
firme par des faits, cela vaut mieux. tord le fil de fer, extrait le bouchon,
n'est trop enfoncé, et boit
Composée avec le suc généreux de cer- s'il pas
satisfaction le contenu de la
taines plantes du Nouveau-Monde,
elle rend infaillible ment aux che-
veux leur couleur primitive sans
procédé de teinture. Ninon de Len-
avec
taine Brown. Cette femelle, — c'est Un monsieur étant venu lui ren
dre visite, elle répondit à ses com"
une femelle, — a des habitudes prenant de la
fort curieuses, dont le Cosmos veut pliments en lui
bien nous instruire : bouche un cigare à
demiconsum
qu'elle acheva de fumer elle-même,
« Son compagnon inséparable lorsque, ré-
est un poulet, un vrai poulet de et elle ne le jeta que de
vaisseau, presque dépourvu de duit à presque rien, il menaçait
plumes, qui habite la même cage lui brûler les lèvres. » mali"
qu'elle et l'accompagne dans toutes Et le Cosmos ajoute assez
cieusement :
ses pérégrinations. Elle marche naturels des
debout sur ses pattes de derrière « Il paraît que les
îles Andaman sont les plus dégra-
avec une facilité remarquable, et,
dans cette attitude, porte volon- dés des êtres humains. Si Jenny
tiers des objets légers. Ainsi, elle est un spécimen moyen des singe
de cet archipel, il nous paraît qu'en
ramasse souvent son poulet, et se régions lointaines il n'y a pas
promène en le tenant dans ses ces
bras comme une femme porte un grand désavantage à naître qua'
enfant, et le poulet paraît s'y trou- drumane. »
ver fort bien. Si on lui donne une Jardin zoologique de Londres. — Le singe andaman, M. V.
:
lre ÉDITION (avec patrons, mais sans gravures coloriées ni
feuilleton littéraire) 6fr. (dép. 8 fr.)
2° ÉDITION (avec patrons, 12 gravures coloriées et feuille-
Paris : Place Vendôme, 10.
4°
:
tonlittéraire) 12fr.(dép.15fr.)
ÉDITION (avec patrons, 36 gravures coloriées et feuille-
ton littéraire) : 15 fr. (dép. 18 fr.)
Les abonnements partent du 1er de chaque mois.
Un numéro spécimen est envoyé gratis et franco sur
demande affranchie.
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rue Vivienne, à Paris.
On s'abonne également chez tous les libraires de
France et de l'étranger.
helot;Am. de Saint-Cyr, à Lyon; A. Deberly, à Albert. tomanes et obligations Autrichiennes 1865, Hon-
PAUL JOURNOUD. groises, Russes 1867, Hypothécaires du vice-roi PARIS. — IMPRIMERIE JANNIN, 13, QUAI VOLTAIRE