Oeuvresdeguillau 01 Guiluoft
Oeuvresdeguillau 01 Guiluoft
Oeuvresdeguillau 01 Guiluoft
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SOCIÉTÉ
DES
ŒUVRES
DE
GUILLAUME DE MACHAUT
TOME PREMIER
Le Puy, imp. Marohessou. — Peyrillcr, Rouchoii et Gamon, successeurs.
OEUVRES
DE
GUILLAUME DE MACHAUT
PUBLIEES PAR
Ernest HŒPFFNER
TOME PREMIER
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET O^
RUE JACOB, 56
M DCCCCVIII
ça
1. J'eus le renom
D'estre fort embrasé de penser amoureux
Pour l'amour d'une Voir, dont pas ne fus heureux
Ma vie, seulement tant que la peusse voir ». {loc. cit.)
II
I
noine, et a obtenu le grade universitaire de « magis-
ter ». S'il a vécu dans l'intimité des grands seigneurs, il
le doit, sans doute, non à son origine, mais à l'habit
ecclésiastique devant lequel s'effaçaient les différences
de caste et de naissance. Lui-même, en s'adressant au
roi de Navarre, qu'il traite d' « ami » — ce dont il
1. Dans les études de l'abbé Lebeuf, de Tarbé, de Mas Latrie,
signalées plus haut, ces différents personnages sont plusieurs fois
confondus avec notre poète.
2. L'abbé Rive et, après lui, Mas Latrie fixent la naissance
de Machaut en 1282 ou 1284; Tarbé, que suit P. Paris, se décide
pour l'année 1295, croyant le poète encore mineur en i3i8.
3. Geschichte der fran^ôsischen Litteratur (1900), p. 2 35.
4. Ce raisonnement de Mas Latrie, quoiqu'appliqué à des docu-
ments où il n'est pas question du poète, n'en subsiste pas moins
pour les pvièces qui se rapportent en effet à notre auteur.
INTROBUCTION XIII
i
croire d'abord au service de Philippe-le-Bel ou de
sa femme, on pouvait admettre que Jean l'eût rencontré
à la cour de France \ Mais cette hypothèse s'applique
à un autre personnage; nous le savons aujourd'hui.
Peut-être est-ce par l'entremise de l'Église que le roi
entra en rapport avec le poète. Guillaume, en effet,
à cette date, appartenait sans doute déjà au vaste monde
ecclésiastique où, seul alors, toutes les ambitions pou-
vaient encore être satisfaites, où la valeur personnelle
pouvait, jusqu'à un certain point, corriger les diffé-
rences d'origine et permettre d'arriver même aux
hommes de la plus basse condition. Machaut faisait
partie du clergé du diocèse de Reims, où il était né.
III
LES MANUSCRITS
ià)
—
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1
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F-G A e K
[B') D
1 \
J
{R)
I
INTRODUCTION XLIX
I
LII INTRODUCTION
LES ŒUVRES
IV '
Ce n'est ici ni le lieu ni le moment de juger dans
son ensemble Tœuvre de Machaut et de déterminer
la place qui lui revient dans l'histoire littéraire.
Les œuvres de Guillaume de Machaut que nous nous
proposons de publier, à l'exception du Voir Dit et de la
Piise d'Alexandrie qui ont fait l'objet de publications
séparées facilement abordables, occupent dans la littéra-
ture française du moyen âge une place considérable; elles
se partagent nettement en deux catégories différentes ;
les poésies lyriques, comprenant les ballades, rondeaux,
virelais, lais, complaintes et motets, et les poésies nar-
ratives et didactiques, c'est-à-dire les dits. C'est par
ceux-ci que doit commencer l'édition des œuvres de
Machaut d'après « l'ordenance que Guillaume de Ma-
chaut vuet qu'il ait en son livre » '. Nous nous bor-
nons en tête de ce premier tome à faire figurer les
notices des poèmes qui y sont publiés. On retrouvera
de même dans chacun des volumes suivants les obser-
vations nécessaires relatives aux pièces qu'ils contien-
dront.
/» — Le Prologue.
I
LXVIII INTJIODUCTION
I . Il est évident que seuls les auteurs latins peuvent être pris
en considération. Les brèves allusions des œuvres d'Ovide {Md-
INTRODtCTION LXXVII
PROLOGUE
II
IV
35 AF barat; F ne m. — 42 A Certes.
5 PROLOGUE
i65 /i: Ce — 166 5Z) très (B' rétablit trop) — 171 BD Et en lau-
tre main un h. ; F comble une lacune au commencement du vers
par Et de feu en 1. — ij3 E voloir — lyS E a. belle et moult
clcre — 176 MKJ et vermeille — 178 KJ E. douurage — i83 D
mise — 184 ^ vis ; D encore vi d. — 186 Ce vers dans B a été ajouté
au bas de la colonne — 188 A/Jchascuns — 191 et 192 intervertis
dans AM ; /liV/J Grâces ; C et loyauté — 192 ^ Si ; 3/ com.
20 LE DIT DOU VERGIER
Ymaginé et conceii,
J'en os en moy moult grant frëour
196 Pour le feu, doubtance et paour,
Qu'adès vraiement me sambloit
Que vers moy lancier le voloit.
Pour ce ne savoie que faire,
200 D'aler avant ou d'arrier traire.
Mais je m'avisay toute voie
Que vers la compaingnie iroie,
Pour ce que savoir de leur estre
204 Voloie, et que ce pooit estre
Dou damoisel qui se sëoit
Seur Tarbre et goûte ne vëoit.
582 DK te V. — 583 D Pour — 584 iiT qui — 592 CKJ leur — 593
et 5g4 manquent dans C— 594 KJ de j. les guerredon — 595 et
596 manquent dans F — 596 MK le don; M si le; K sil me d.
— 598 C pour — 600 C tout entour — 602 KJ tout leur cuer —
606 K joient; A preaus — 608 BDE leurs — 610 ^ Je te vueil
les n. ; D les mains.
Tome I. 3
34 LE DIT DOU VERGIER
616 Or t'ay
Des dit les noms
damoisiaus sans demour
de noble atour.
Mais je te vueil aussi nommer
Les noms qui tant font a amer
Desdamoiselles honnourées.
620 Saches qu'elles sont appellées
Grâce, Pitié et Espérance,
Souvenir, Franchise, Attemprance.
Par ces douze nobles vertus
624 Sui j'honnourez et soustcnus.
C'est mes avoirs, c'est mes trésors,
C'est mes chastiaus, c'est mes ressors.
Par euls sui sires de mon règne,
628 Si que par tout le monde règne.
Or te vueil dire brief et court
De quoy il servent a ma court.
« Je te di tout premièrement
632 Que, quant li homs nouvellement
Entreprent l'amoureuse vie.
Il convient, quoy que nuls en die,
Que Franche Volenté contreingne
636 Son cuer, par quoy l'amer empreingne.
Et quant Frans Voloirs l'a contreint,
Très Dous Pensers en li empreint
Par sa force et par sa contrainte
640 De ce qu'il vuet amer l'emprainte
611 D ten — 6i3 FMC Voloirs pensers — 614 FMC Celers
— 618 jB sont — 620 FMC Sachiez — 626 KJ Cest mes chas-
tiaux — 626 KJ Cest mes auoirs ; D et m. r. — 627 A resne —
634 quoy manque dans M — 635 C Que franchise v. — 636 man-
que dans D — 638 E empaint -— 640 F qui.
LE DIT DOU VERGIER 35
De requérir couardement.
Mais quant il a le don requis
788 A celle a qui il est acquis,
Certes, désespérez seroit,
Si que jamais joie n'aroit,
Se ces damoiselles n'estoient
792 Qui par leur force le resjoient.
Car cil qui la joie ont en garde
De ce se prennent si près garde
Que nuls ne te saroit despondre
796 Le débat qui est au respondre :
Car Dangiers orguilleusement
Respont et despiteusement
Tout premiers que celle requeste
800 N'est bonne, belle, ne honneste,
Eins est outrages et folie;
Et dit que moult bien emploiie
Seroit une très grant vergoingne
804 A celui qui point ne ressoingne
Si haute joie a demander
Com celle qu'il devroit garder ;
Et moult est ore outrecuidiez,
808 Quant il est de lui tant cuidiez
Que tels cuide estre et tant valoir
Com pour la joie recevoir;
Et dit qu'assez mieus ameroit,
812 Qui de ce a chois le mettroit,
Qu'on le pendist ou traïnast,
Qu'on l'ardist vif ou escorchast,
Que ce qu'il fust en la saisine
816 De la joie qui tant est fine.
852 ACBD que celui — 864 D de celle aff. — 860 FKJC plai-
sans — 861 KJ mefferont — 862 KJ a donner sassentiront —
863 BD Donc an pitié; y manque dans KJ — 865 na manque
dans J — 866 KJ Et — 867 D ne pourroit — 868 C len -• 869
3/ ne — ! 873 C die — 875 M deshonnourez.
LE DIT DOU VERGIER éfi
Se de li proprement ne vient
Qui a son voloir me maintient.
Et pour ce que dous le trouvay,
1092 Encor humblement li priay
Qu'il me vosist dire le voir
Que c'est, ne que je puis avoir,
Quant je vueil faire ma clamour
1096 A ma dame de ma dolour.
Je ne la puis araisonner
Ne je ne puis un mot sonner,
Einsois pers toute contenance,
1 100 Scens, vigour, manière et puissance,
Tant sui dou vëoir esperdus,
Et tout aussi comme homs perdus
Sui, ne je ne li puis gehir
1 104 Les maus qu'elle me fait sentir.
Adont li dieus me respondi,
Tantost que plus n'i attendi,
Que il m'aideroit et diroit
1 108 Tout ce, que ja n'en mentiroit.
Lors me dist que, se je voloie
Des haus biens amoureus la joie,
Qu'il me couvenoit loyauté
1 1 12 Maintenir par neccessité.
Ne ja li homs qui se mainteingne
Loyaument, comment qu'il aveingne.
Ne puet faillir qu'il n'ait secours
II 16 De dame, d'amie et d'Amours;
Mais il couvient que secrez soit,
Pour celer les biens qu'il reçoit.
Et qu'il soit secrez esprouvez,
1 100 E vig. maide et p. ; et manque dans KJ — 1 102 FM tout
ainssi — i io3 E Suis je ne le puis g. ; je manque dans KJ — 1 109
FD dit — 1 1 1 1 K conuenroit — 1 1 13 C ce — 1 1 14 D L. quoi
quil en a. — iii5 -K quil nest s.
LE bit DOii Vergiër ht
^#^
LE JUGEMENT DOU ROY
DE BEHAINGNE"
I
Car il estoit vrais, loiaus et secrez,
Et en trestous fais amoureus discrez,
148 Et je l'amoie
Si loiaument que tout mon cuer mettoie
En li amer, n'autre entente n'avoie ;
Qu'en li estoit m'esperance, ma joie
i52 Et mon plaisir,
Mon cuer, m'amour, mon penser, mon désir.
De tous les biens pooit mes cuers joïr
Par li vëoir seulement et oïr.
i56 Tous mes confors
Estoit en li ; c'estoit tous mes depors,
Tous mes solas, mes déduis, mes trésors;
C'estoit mes murs, mes chastiaus, mes ressors.
160 f Et il m'amoit,
[ Pardessus tout me servoit et cremoit ;
Son cuer, s'amour, sa dame me clamoit ;
Tous estoit miens ; mes cuers bien le savoit;
164 Ne riens desplaire
Ne li peust qui a moy deiist plaire.
De nos deus cuers estoit si juste paire
Qu'onques ne fu l'un a l'autre contraire;
168 Einsois estoient
Tuit d'un acort; une pensée avoient ;
De volenté, de désir se sambloient;
Un bien, un mal, une joie sentoient
172 Conjointement,
145 B tout ; tous manque dans M — 146 C vrais et loyaus —
147 D En ; CEJ en tous fais; P en tous cas; FMB et discrez
[B' a effacé et) — 1 5o A/ amer autre — 1 5 1 J En lui ; CBDJP
et ma joie — i53 J mi désir — 154 E De trestous biens — 167
J E. trestous cest. — i58 J Touz mes déduis cestoit tous mes
trésors; D Tout ; D mon déport — iôq C mes murs ma tour et
mon resors— 161 C£'i^J tous ; P toutes — i63 JKP^itns— 166
E est. tout une p. — 169 Tuit manque dans M ; DP Tout — 170
KJ de dit ce ressambl.; P sassembloient.
64 LE JUGEMENT DOU ROY DE BEHAINGNE
734 CKJ en haut les bas; E les bas — 736 E securte — 739
^J sus an {J au) niant; M laist; K heurte — 742 E Si; DE
que; KJ qun veux; P quune; KJ estadure — 743 est manque
dans EKJ -~ 746 E Et si di je; D Et si dit; KJ Et se di;
BDEKJ magrie — 747 KJ Vueil d. a dame — 748 E Pour —
749 P et par ; B'DKJP achoison — 750 KJ Quelle soit; E sub-
mission — 753 KJ qu'il — 754 KJ Com ses seruans; P Com
souuerainne; A souuereins — 755 CDE quelle — 767 KJ Qui —
767 et 768 intervertis dans KJ — 769 KJP chierir {J chérir);
DE enrichir.
86 LE JUGEMENT DOU ROY DE BEHAINGNE
I
LE JUGEMENT DOU ROY DE BEHAINGNE qS
II 52 La mousterront
Ceuls et celles qiii ceste ouevre saront,
Et meins assez en tous cas la croiront,
Qu'a tous jours mais pour fausse la tenront.
1 156 Car de meffait
C'est un vice si villein et si lait,
I
Car qui le fait, ja de pooir qu'il ait,
N'iert de tous poins effacié ne defifait.
II 60 Pour ce conclus,
Dame, que j'ay de doleur assez plus,
El que plus tost a garison venus
Seroitvos maus que cils dont sui tenus.
II 64 Et jugement
En oseroie attendre vraiement, "^
Se nous aviens juge qui loiaument \
Vosist jugier, et véritablement. »
II 68 — « Par m'ame, sire,
Et de ma part je vueil et ose dire
Que de mon cuer le jugement désire. t^
Or regardons qui nous volons eslire
1 172 Qui sans déport
Sache jugier li quels de nous a tort;
Car avis m'est que li maus que je port
Est si crueus qu'on ne puet plus sans mort.
II 76 — « Dame, je vueil
Que li juges soit fais tout a vo vueil. »
— « Mais au vosire, biau sire, et si conseil
Qu'il ne soit fais fors par vostre conseil,
1800 Et se Plaisance
Qui faire fait mainte estrange muance
Li fait estre de sa dame en doubtance,
Doit il estre pour c'en désespérance?
1804 Certes! nannil!
Qu'en mon service en a encor cent mil
Qui aimment tuit près aussi fort comme il,
Et si n'en ont la monte d'un fusil.
1808 Et s'ay pouoir
De li garir et de li desdoloir.
Mais il n'a mais fiance, ne espoir,
En moy; c'est ce qui plus le fait doloir. »
181 2 — « Comment, Amours ? »
Ce dist Raisons, « est ce dont de vos tours
Qu'il amera, sans avoir nul secours,
Celle qui a donné son cuer aillours ?
18 16 Et qui vous sert,
Il n'a mie le loier qu'il dessert ?
Certes, fols est qui a servir s'aert
Si fait maistre, quant son guerredon pcrt. »
1820 Après ce fait
Devers Amours Loiauté se retrait.
Et dist einsi, que riens n'eùst meffait,
Se d'autel pain li eiist soupe fait.
1824 « N'il n'est raisons
Pour ce, s'il est vrais, loiaus et preudons,
1801 EKJ fait faire — 1802 D Lui fait faire; MEJ Le; en
manque dans D — i8o3 MD pour ce estre — 1806 près manque
dans KJ; CD daussi ; M cil — 1807 E Et sil; E \q — 1809 C
ou; E doloir; KJ rcdoloir — 181 3 Ce dist raisons manquent dans
D; KJ dist amours j P sont ce — 1814 MK nulz; E recours;
KJ retours — 181 5 C Que elle; donne manque dans D — Les
vers i8i6-g ne figurent que dans CEKJP — 1816 C nous —
1817 C Quil — 1819 E Si f. mestier; KJ que; C quant gu. y
pert — 1822 C que de rien — i823 E souppes — 1825 B et
loyaux; D loyal et vray prodoms; E loyaux vrais.
126 LE JUGEMENT DOU ROY DE BEHAINGNE
à
l30 LE JUGEMENT DOU ROY DE BEHAINGNE
1956 Et de grevance. »
Quant li bons rois ot rendu sa sentence
Dont par Raison fu faite l'ordenance,
Li chevaliers iluec, en sa présence,
i960 L'en mercia.
Et en pensant, la dame s'oublia
Si durement que nul mot dit n'i a.
Mais nompourquant en la fin ottria -.
1964 Qu'elle tenoit V
Le jugement que li rois fait avoit; /
Car si sages et si loiaus estoit
Qu'envers nelui fors raison ne feroit.
1968 Adont li rois
En sousriant les a pris par les dois
Et les assist seur le tapis norois,
Loing des autres, si qu'il n'i ot qu'euls trois.
1972 Si leur enorte
Et deprie chascun qu'il se conforte ;
Car se le cuer longuement tel mal porte,
Il en porroit mors estre, et elle morte,
1 976 Que ja n'aveingne,
Mais chascuns d'eaus bon corage reprengne.
Car li cuers trop se destruit et mehaingne
Qui en tel pleur et tel doleur se baingne ;
1980 Et recorder
Voit on souvent qu'on doit tout oublier
Ce qu'on voit bien qu'on ne puet amender,
1957 C donne ■— 1959 KJ ch. se lieue en — i960 KJ Le —
1961 KJ loublia — 1963 KJ Ei\ J lociroia — 1964 C vcnoit -^
1963 C Li jugemens — 1967 E Que pour nului ; C Que vers
nulz-, KJ faisoit {J^ fesoit) — 1969 a manque dans J — 1970
E sous; CDEKJP les tapis ; C noirois — 1971 D qui ni ot que
.III. — 1973 C déporte — 1974 K ce; KJ leur cuer; E leurs
cuers; CP tel mal longuement — 1975 P porra estre mors elle
m. — 1978 C tr. le destraint; D mehaine — 1979 CP et en tel;
se manque dans P — 1981 EKJ Ot ; CP tost — 1982 C quen.
l32 LE JUGEMENT DOU ROY DE BEHAINGNE
1983 M ne par pi.; C par plaint ne par pi. — 1985 EKJ pas
ce dist (KJ dit) — 1986 K tel plour; pour manque dans D;
EKJ deffont — 1987 D armes; CKJP seront; E feront — 1988
jD vies — 1991 P Loyauté et désir; C renuoisie — 1993 BD Pr.
honneur; P souuenirs et larg. ; D et leesce — 1994 C et jonesse
— 1994 et 1995 intervertis dans KJ — 1996 P qui sur tous est
m. — 1996 E demande — 1998 C que amer; KJ et [K et que)
moult leur defF. — 20o3 E bonnes gens — 2007 E quilz pen-
sent; D pensent — 2008 C atalante — 2009 En manque dans
FKJ.
LE JUGEMENT DOU ROY DE BEHAINGNE l33
X
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE
CONTRE LE
Si que la merencolioie
Tous seuls en ma chambre et pensoie
Comment par conseil de taverne
40 Li mondes par tout se gouverne ;
277 E qui ny ait règne t. — 279 Mss. Qui — 280 F qui — 281
B vit — 282 D voult — 294 D Reçoit; DE guerre — 3oo M
grant; D plames — 3oi A Cheirent li temps; DE le temps —
3o2 BDE maintes villes — 3o3 E Ne m. — 3o4 E Quil.
148 LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE
4-
366 E Nen — 369 E morceaus — 370 E en — 374 FM en-
sambles — 376 E plains — 377 M Qui; des manque dans D —
378 D C\ tresmerueiileusement lees — 379 £" si y ot; D ont —
38o AB fil — 38i ne (h.) manque dans BD — 382 BE Qupn —
386^ secours^ 388 £>£" moururent — 392^3" la a mourir —
393 D vouloit — 395 D mouroient.
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE I 5l
1
^ Ymaginer, penser, ne dire,
Figurer, moustrer, ne escrire.
Car pluseurs fois certeinnement
404 Oy dire et communément
Que, mil trois cent quarante et nuef.
De cent n'en demouroit que nuef.
Dont on vit par deffaut de gent
408 f Que maint bel héritage et gent
Demouroient a labourer. \ i r^j^^
Nuls ne faisoit les chans arer, ' /
\ Les blez soier, ne vignes faire,
412 Qui en donnast triple salaire, ^
Non, certes, pour un denier vint,
Tant estoient mort; et s'avint
Que par les champs les bestes mues
416 Gisoient toutes esperdues,
Es blez et es vignes paissoient,
Tout partout ou elles voloient,
N'avoient signeur, ne pastour,
420 N'homme qui leur alast entour,
N'estoit nuls qui les reclamast,
Ne qui pour siennes les clamast.
Héritages y ot pluseurs
424 Qui demouroient sans signeurs;
Ne li vif n'osoient manoir
Nullement dedens le manoir
634 M qui — 635 D vit — 638 D fust — 640 men effacé dans
B' — 642 E enseigne — 647 D quel; E quelles — 648 BD
Pourquoy; B' soient — 649 F et pr. ; D est saine et; et manque
dans E— 65o E courcie — 65 1 D ne — 653 DE pr. haitie (D
hatie) — 657 M que vous — 658 le manque dans E — 660 ABDE
Qui — 662 M pi. elle amander.
l60 LE JUGEMExNT DOU ROY DE NAVARRE
Guillaume.
840 « Dame, fait avez un devis
Ou ma grant deshonneur moustrez,
Mais li procès n'est pas outrez,
Ne mis en fourme justement.
844 Pour faire certein jugement,
! Vous me deiissicz dire en quoy
I J'ay forfait, et tout le pourquoy
Amener a conclusion.
848 Or est en vostre entention
Secrètement mis et enclos.
S'il ne m'est autrement desclos,
Je n'en saveroie respondre.
852 Or vueilliez, s'il vous plaist, espondre
Le fait de quoy vous vous dolez ;
Et s'einsi faire le volez
Vous ensieurez la juste voie
856 De droit, ou je ne saveroie
Le fait congnoistre ne nier. i
Se non, vous devez ottriër ^
Que je m'en voise frans et quittes
860 De ce forfait que vous me dites ;
J'en atenderoie bien droit. »
La Dame.
« Guillaume, sachiez, orendroit
N'en arez plus de ma partie.
864 Car la chose est einsi partie :
Se je le say, vous le savez,
1 Car le fait devers vous avez
902 FMB nuisible; B' inuysible — goS Mss. Peust; B' Puet
— 912 FE s\\ plaist manque dans M — giS la manque dans D
— 918 D descongneue ; E esconuenue — 919 MD dame — 926
MBDE dit ce v.
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE 169
1
Qu'entre le vert et le meûr
Estoit sa très douce jouvente,
1 148 Plus qu'autre simple, aperte et gente.
Moult bien estoit acompaingnie
De belle et bonne compaingnie.
N'i fu Margot ne Agnesot,
1 1 52 Mais douze damoiselles ot
Qui jour et nuit la norrissoient,
Servoient et endoctrinoient.
La cinquisme fu appellée
1220 Foy, qui richement endestrée
Estoit de Constance la ferme
Qui si l'affermoit et afferme
1199 £^ ne poir — 1201 DE si — i2o5 M de ch.; FBD et ch.
— 1 2 10 DE Ne ; BD en nos — i2\\ E vous — 1 2 1 2 £ contredan-
ger — 1214 AE lahonte — 121b E a amistie — 1218 ^ vost —
1219 A cincisme — 1220 E au destree — 1221 D forme — - 1222
D enfourme.
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE I 79
La setisme fu Charité
1228 Qui avoit si très grant pité
Des besoingneus qu'elle savoit
Que leur donnoit quanqu'elle avoit.
Mais ja tant donner ne sceûst
1 232 Qu'assez plus a cjonner n'eûst.
Quant je la vi si hautement
Assise» et si très noblement
De grans richesses acesmée,
i332 Et si servie et honnourée
Chierement de tous et de toutes,
Dedens mon cuer venirent doubtes
Qui y entrèrent par folie
i336 Et par droite merencolie.
Car j'estoie trop esbahis
i3o7 A leurs — iSig D repparoit — i323 E G. maintenant —
i325 £ G. chonnour — i326 Af est — i328 sa manque dans BE,
ajouté par B' — i33i BD asseuree -- i334 E me vinrent d. —
i337 D tous esb.
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE l83
La Dame.
« Guillaume, moult bel respondez.
Mais un bien petit m'entendez.
Levez vous, car il plaist a nous
1 396 Que plus ne parlez a genous.
Et se plus ci après parlez,
Parlez einsi, com vous volez,
Ou en sëant, ou en estant,
1400 Car il nous souffist bien a tant. »
Guillaume.
/^ Lors
Pour me
fairelevay
son hastivement
commandement, -^
Quant elle ot sa parole dite ;
1404 Et puis tout droit a l'opposite "^
De
Pourli m'en alay
li en la faceasseoir,
vëoir. "?
Car qui voit personne en la face
1408 Qui de parler doit avoir grâce,
Le parler trop mieus en entent
A quel fin sa parole tent.
Lors prist la dame une manière
141 2 Able, diligent et manière
De parler par si bel devis
Qu'il estoit a chascun avis
Qu'elle veist tout en escript /
141 6 Ce qu'elle disoit et descript.
Dont mieus diter nuls ne porroit.
Nés que ses parlers atiroit.
Elle ordena son parlement
1428 Pourmoymoyrudem
De ent ram
seulement posner \^ ^^'-'' "^
agoner
Et en merencolie mettre,
Dont bel se savoit entremettre.
Que vous iroie je comptant ?
1432 Elle y mist de biaus parlers tant
Qu'elle mena l'entention
Dou fait a déclaration,
De point en point, de tire a tire,
1436 Si bien qu'il n'i ot que redire.
Par quoy les damoiselles toutes
Furent tantost, sans nulles doubtes,
Dou fait sages et avisées
1440 Et entièrement enfourmées
De quanqu'on avoit recordé
Dessus les chans et acordé.
1597 Mss. Auec, B' donne seul Aueques lui — 1398 D juste-
ment mes.; E jug. par mes. — 1600 AF qui; BDE que; E soye
— i6o3-4 manquent dans D — 1604 E accorda — i6o5 D Chier
— 1606 Après ce versD met Le roy — 1609 D aussi — 161 o £
Quil — 1612 D du — i6i3 F deulz — 1614 E entendre; B'D
des — 161 5 F cours — 1617 FBDE Se — 1619 F nostre — 1624
E monsterront.
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE Hjù
Et de soutil entendement
Bien baillié par vives raisons,
17 12 Pour fourmer ses comparisons
Bien faites et bien devisées
Et si justement exposées,
Que qui amender y vorroit,
1716 Je croy moult bien qu'on ne porroit.
Et ce qu'elle en a devisé,
Vous Tavez très bien avisé,
Oy, senti et entendu.
1720 Car de sa bouche est descendu
En vostre cuer par escouter ;
Si ne le faut pas repeter.
Et si croy bien certeinnement
1724 Que c'est de droit vray sentement
Ce qu'elle en a yci compté,
Gardant sa grâce et sa bonté,
Sans point de vainne entcntion.
1728 Et j'ay une autre oppinion
Qu'elle n'a; s'en diray m'entenie,
S'il li plaist et il vous talentc,
1 Nom pas pour le sien fait punir,
1732 Mais pour ma cause soustenir.
jOn puet bien sa cause prisier,
Sans autrui fait apetisier. »
Le Juge.
« Guillaume, ne vueil contredire.
1736 Dites ce qu'il vous plaist a dire,
Hastivement ou a loisir;
Ouvrez en a vostre plaisir.
1712 E fermer — lyiS A diuisees — lyô E Car qui amende
y voiroit — 1717 £" Et de ce — 1718^ auisie — 1719 Z) sentu
— 1722 E fait — 1725 en manque dans D — 1727 D de maie e.
— 1728 E ']oy', D \n — 1729 B sans — 1730 MDE Si — 1734
Après ce vers D met Guillaume Le roy — 1737 manque dans Ù —
1738 a manque dans E,
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE I97
Je vueil bien oïr et entendre,
1740 Et s'ay assez loisir d'atendre. »
Guillaume.
« Grant merci, sire ! Je diray,
Et croy que point ne mentiray.
Je vous di que la forfaiture
1744 De dame est si aspre et si dure
En cuer d'amant, et si perverse^
Que, quant elle y est bien ahersè,
Jamais jour ne s'en partira.
1748 Or ne scet cils quel part ira
Pour quérir son aligement :
Se prendre en voloit vengement
Par mort, et bien le peust faire,
1752 ^ Il trouveroit tout son contraire
En la fourme de grant folour,
En l'attrait de toute dolour,
Un feu pour toute ardeur ateindre,
1756 Une yaue pour douceur esteindre,
Norrissemens de tous meschiez;
Car dou faire seroit péchiez.
Et péchiez qui en cuer remort '^
1760 Est uns commencemens de mort, \
De mort qu'on claimme mortel vie. ( i ; Ji àA ^^^^
Car qui languist, il ne vit mie. éf^ ^ ^ érm
En mon fait que ci vous présent
1764 Maintenant, en vostre présent,
A plus de griés et plus d'ardure
Qu'en Tautre fait, et trop plus dure.
Si me garderay de mesprendre.
Mais je vueil ma cause deffendre
Tant avant, comme je porray.
22 12 Dont un exemple compteray
Qui s'ensieut, a mon fait prouver
Et a vostre tort reprouver.
Charité.
i
soit fait — 2399 F qui — 2400 M personne — 2404 £ De; £
monsterray — • 2405 D sentendra — 2408 E que.
220 LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE
3336 Que ne
Non fist Hero mort
contrestant pours'amour,
ne clamour.
Car cils qui fait premièrement
Honneur, on dit communément
Qu'il a la grâce dou bien fait,
3340 Nom pas cils a qui on le fait;
Et plus va a amour tirant
Cils qui preste que cils qui rant.
Einsi est il de tous services
3344 Et aussi de tous maléfices :
Car qui d'autrui grever se peinne,
Certes, il doit porter la peinne.
Si que, ma chiere damoiselle,
3348 Qui moult amez honneur la belle,
Vous devez bien, a dire voir,
De ce cop ci honneur avoir.
Car bien et bel et sagement
3352 L'avez dit; et certeinnement,
Dieus pour moy dire le vous fit,
Car j'en averay le profit.
3909 ajouté par B' dans B —SgioM com — 3914 Acv. hon-
neur; D la het d — 3916 Af Qui plus— 3917 £ la — 3918 BDE
Pour ce (ce manque dans BD) que congnoissaument v. {E voient)
— 3925 BD Le ; E Debonneuretes — 3932 E donnes — 3934 FE
En — 3935 B Enssi ; E Ainssi — 3937 EB aucunes — 3938
E bonnes foiz.
LE JUGEMENT DOU ROY DE NAVARRE 278
»iH~-
LE LAY DE PLOUR
II
III
IV
Or say je certeiniiement
Que mienne estoit ligement
68 La droite flour
De ceaus qui ont plus d'onnour ;
Car toute gent
Dîsoient communément,
72 Et li millour,
Qu'il avoit toute valour
74 /L t i entièrement. ,
VI
Et quant si bon ne millour ne plus cointe
N'est, ne si bel, ne d'onneur si acointe,
A droit jugier,
78 Mervillier
Ne se doit
80 Nulz, se ne vueil par Tamoureuse pointe
Nouvellement d'autre amour estre pointe.
Pour ce changier
Ne me quier,
84 Et j'ay droit ;
Qu'en mon cuer est si très ferme et si jointe
L'amour de li qu'estre n'en puet desjointe ;
Car cuer entier
88 Qui trichier
Ne saroit
Par souvenir vuet que dou tout m'apoinie,
Si qu'autre amour n'entrepreingne, n'acointe ;
92 Qu'autre acointier
Empirier
94 Me ferpit.
67 E moie; J mien — 70 J toutes — 72 KJ la — 7g KJ sen —
80 A vuet — 83 KJ men — 85 KJ Quen moy est — 86 3/ ne — 90
KJ qMe doucement macointe.
LE LAY DE PLOUR 287
VII
VIII
IX
La souspire,
144 La s'aïre
Mes cuers qui tant a martire
Et de mortel peinne
Et tant d'ire,
148 Qu'a voir dire
123 KJ estaint — 126 manque dans KJ — 129 K serqueil ;
Edans
saqueil
C. — \'i(j J La me vucil -- 140 KJ se -^ 141 De manque
LE LAY DE PLOUR 289
XI
A cuer pensis
176 Regret et devis
Ton haut pris
Que tant pris.
Einsi le couvient ;
180 Et vis a vis
Te voy,
Dous ce amis,
m'est vis,
Et toudis
184 De toy me souvient.
Mes esperis
Et mes paradis
Estient mis
188 Et assis
En toy ; s'apartient
Que soit fenis
Mes cuers et péris,
192 Qu'est
Et remis,chetis
194 Quant vie le tient. \
fiji,^^ ùu^a^^Jr, ^uuJr^ M-*-^-^
XII
'W
soions ; KJ ajoutent : Qui bien aime a tart oublie.
TABLE DES MATIERES
DU PREMIER VOLUME
Introduction i
Chapitre premier. — Travaux relatifs à Guillaume
de Machaut i
Chapitre second. — Notice biographique xi
Chapitre troisième. — Les Manuscrits xliv
Chapitre quatrième. — Les Œuvres :
Le Prologue lu
Le Dit dou Vergier lv
Le Jugement dou Roy de Behaingne lix
Le Jugement dou Roy de Navarre lxiv
Le Lay de Plour lxxxvii
Prologue i
Le Dit dou Vergier 13
Le Jugement dou Roy de Behaingne 57
Le Jugement dou Roy de Navarre 187
Le Lay de Plour 280
Table des matières du premier volume :. 298
i
Publications de la Société des Anciens Textes Français
{En vente à la librairie Firmin-Didot et C'«, 56, rue
Jacob, à Paris.)