Théorie de L'échange International

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Professeur Emile NGOY KASONGO Cours de théorie de l’échange international

LES RAISONS DE L’ECHANGE Chapitre


INTERNATIONAL
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Ce chapitre se charge de répondre à la question suivante :

Existe-t-il une résolution sur le plan international qui oblige les


nations à commercer ? Sinon, pourquoi alors les Etats échangent
entre eux ?

1.1. Pourquoi les pays échangent entre eux ?

La théorie de l’échange international se doit au préalable de


spécifier les déterminants du commerce international et par là même
expliquer pourquoi les pays échangent entre eux.

Toute économie dispose des ressources limitées et tout ce


qu’elle peut produire est également limité. Par conséquent, aucune
économie dans le monde n’a des ressources nécessaires pour produire
tout ce qu’il lui faut pour satisfaire tous ses besoins.

En économie fermée ou en autarcie,si nous voulons augmenter la


production d’un bien, on est obligé de réduire la production de l’autre
bien afin d’affecter les ressources productives ainsi dégagéesà la
production du bien dont nous souhaitons accroitre la
quantité.L’arbitrage est doncperpétuel. Cet arbitrage est formalisé
en économie par la frontière des possibilités de production. On ne
peut pas produire jusqu’à l’infini.

Si nous affectons une partie des facteurs de production à la


production d’un ou plusieurs bien, cela signifie que l’on est obligé de
renoncer à la production d’autres biens. C’est le coût d’opportunité.

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L’arbitrage de production dépend du prix relatif ou prix d’un bien


comparé à celui d’un autre bien. Le pays va se spécialiser dans la
production du bien pour lequel le prix relatif ou prix comparé est
supérieur au coût d’opportunité. Pour autant le choix de production
possible est restreint par la quantité des facteurs de production
disponible dans l’économie. C’est cette limite qu’on appelle en
économie, « le mur de la rareté ». Ceci traduit la limite au-delà de
laquelle l’on ne peut produire.

En ouvrant les frontières et en facilitant les échanges


internationaux,dès lors que les raretés relatives sont différentes ou
que les productivités augmentent grâce à la spécialisation, il y a gain
à l’échange. Les échanges internationaux sont un moyen de repousser
le mur de la rareté. Toutefois, l’autre moyen de repousser le mur de
la rareté mis en avant par les théoriciens de la croissance est bien
sûr le progrès technique. Les rendements des facteurs de production
deviennent constants et les économies d’échelle deviennent
croissantes. Cela a des conséquences importantes sur la
compréhension des déterminants du commerce international. La
spécialisation devient un substitut au progrès technique et garde
ainsi son pouvoir explicatif mais le commerce international devient
également un moyen de réaliser les économies d’échelle : plus les pays
produisent, plus ils en retirent des gains. Les échangesrésultent de
notre volonté d’obtenir ce que l’on n’a pas ou de repousser le mur de
la rareté et d’obtenir ainsi plus que ce que nous pouvons produire
mais aussi réaliser les économies d’échelle.

1.2. Repousser le mur de la rareté par la spécialisation


internationale

Ce qui fonde l’échange international selon le modèle classique,


c’est la différence des prix relatifs des biens entre les pays.
L’échange international permet à un pays et à ses consommateurs à

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se procurer moins cher certains produits à l’étranger et à vendre plus


cher à l’extérieur que sur le territoire national. Les mêmes avantages
se retrouvent pour le pays partenaire mais pour l’autre bien. Il en
découle que les pays ont intérêt à la spécialisation internationale et
qu’il existe un gain mutuel à l’échange. Le commerce international
n’est donc pas un jeu à somme nulle.

Le commerce international accroit le bien-être de chacun des


pays participant et par là même le bien-être mondial.

La seconde étape du raisonnement consiste à se poser la


question de savoir : sur quoi repose la différence des prix ?

Les théories traditionnelles du commerce international


(théories classique et néo-classique) ont proposé des explications
reposant sur la logique de l’offre en se focalisant sur les différences
des couts de production des biens entre les pays. On en arrive à une
loi des avantages comparatifs ou des couts comparatifs. David
RICARDO va être le premier économiste à construire un cadre
théorique conduisant à une loi des avantages comparatifs.

Pour D. RICARDO, la loi des avantages comparatifs et la


spécialisation internationale qui en découle se fondent sur les
différences technologiques conduisant à des différences de
productivité du travail.

En effet, sans échange international, pas de division


internationale du travail ni de spécialisation et donc, pas
d’augmentation de productivité.L’échange international est un
substitut au progrès technique, source de croissance économique et
un moyen de la stimuler.

La théorie classique du commerce international s’est


précisément intéressée aux justifications de l’échange international

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pour en montrer tout l’intérêt pour les nations. Cette théorie a


progressé pour dépasser la notion smithienne des avantages absolus
entre les nations en se fondant sur le concept des avantages
comparatifs. A savoir, les pays connaissent un gain mutuel à l’échange.

En l’état, la théorie ricardienne des avantages comparatifs


conduit à une indétermination des termes de l’échange international
ou du moins fournit une fourchette des prix possibles, en d’autres
termes, une infinité des prix.

Les travaux de John STUARTMILL permettent de lever cette


indétermination en introduisant la demande mondiale dans la théorie
de l’offre développée par les classiques.

A. La notion smithienne des avantages absolus

Cette notion s’énonce comme suit :

« Un pays ne peut participer à l’échange international que s’il


produit au moins un bien à un moindre coût que tous les autres
pays, c'est-à-dire, s’il possède un avantage absolu dans la
production d’au moins un bien. »

Selon la théorie des avantages absolus définie par Adam


SMITH, le commerce international s’explique par la différence des
coûts de production en comparant les coûts absolus. D’où un pays
importe un bien si sa production nationale coute plus chère que son
importation.

Considérons deux pays partenaires à l’échange (A et B)


produisant deux types des produits : des vélos et des textiles. Le
coût unitaire de production de chaque bien dans chaque pays est
mesuré par le nombre d’heures de travail nécessaire pour le produire.
On parle ainsi des coefficients input-output : aL=𝐿 𝑌

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Où L représente la quantité de travail(input) nécessaire à la


réalisation d’une quantité donnée du produit final (output). Le
coefficient aL correspond à l’inverse de la productivité moyenne du
travail qui, du reste se définit comme étant le nombre d’unités de
produit fabriquées grâce à une heure de travail. Soit PL =𝑌 𝐿.

Le tableau suivant donne des coefficients aL associés à la


fabrication de chacun des biens dans chacun des pays.

Tableau 1 : coefficients input-output en heure de travail.

Secteurs PAYS A B
Vélos 4h 15h
Textiles 8h 5h

Chaque pays a un avantage absolu dans la production d’un des deux


biens.Le pays A dans les vélos et B dans textiles.

L’avantage absolu est alors la possibilité pour un pays de


produire un bien avec le moins de facteur travail possible, c'est-à-
dire, avec la plus forte productivité du travail que partout
ailleurs.Adam SMITH ne fait qu’appliquer le principe de la division du
travail à l’échelle internationale.

Pour les deux pays, l’ouverture internationale est meilleure


qu’une situation autarcique dans la mesure où chaque pays va se
spécialiser totalement dans la production pour laquelle il est plus
productif.

Ainsi les travailleurs du pays A se déplacent du secteur textile


vers celui des vélos. Toute baisse de la production d’une unité de
textile, soit 8h de temps économisées, permet de réaliser deux
vélossupplémentaires. Le pays B par contre, en se privant de la

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production d’une unité de vélo, il est à mesure de fabriquer trois


unitéssupplémentaires de textiles.

Le gain mondial défini par l’accroissement de la production


permis par la spécialisation est alors de deux unités des textiles et
une unité de vélo.

Cette analyse comporte un certain nombre des limites :

Le gain mondial décrit précédemment provient d’une spécialisation


interne de chaque pays dans la production du bien pour lequel il est le
plus productif. Ce gain est maximal lorsque chaque pays connait une
spécialisation totale ou complète. Mais pour que ces biens présentent
un quelconque intérêt, il faut que les deux pays échangent entre eux,
car sinon, le pays doit se priver totalement de la consommation du
bien qu’il ne produit plus.

B. Les principales hypothèses du modèle de RICARDO.

Les principales hypothèses retenues par Ricardo sont les


suivantes :

Il a supposé deux pays produisant simultanément deux biens en


utilisant un seul facteur de production, à savoir le travail(L). Ce
facteur est mobile à l’intérieur de chaque pays, en d’autres termes, il
est transférable d’un secteur d’activité à l’autre mais il est immobile
sur le plan international, c'est-à-dire, il ne peut être transféré d’un
pays à un autre.

En outre, le coût de transport et n’importe quel coût ou


obstacle au commerce sont inexistant.

Considérons le tableau ci-après qui résume la production d’une


journée de travail dans le pays A et dans le pays B. une journée de
travail peut produire 10unités du bien X ou 5unités du bien Y dans le

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pays A, tandis que dans le pays B, la même journée de travail permet


de produire 15unités de X ou 10unités de Y.

Tableau 2 : production d’une journée de travail

Pays A Pays B
X 10 15u
Y 5u 10u

Si l’on examine horizontalement les chiffres du tableau ci-


dessus, il apparait que le pays B possède un avantage absolu dans la
production des deux biens. En effet, une journée de travail permet
de produire une plus grande quantité de chaque bien dans le pays B
que dans le pays A.

Cependant un examen vertical conduit à une autre conclusion à


savoir :le pays B est relativement plus productif, c'est-à-dire plus
efficace dans la production du bien Y que dans celle du bien X. En
effet, pour produire une unité de Y, le pays B doit sacrifier 1.5unités
de X tandis que le pays A doit sacrifier 2 unités de X pour obtenir
une unité de Y.

En d’autres termes, le coût comparatif de Y est faible dans le


pays B que dans le pays A, le cout comparatif de Y étant mesuré en
terme des quantités de X qu’il faut sacrifier pour obtenir une unité
de Y.

On dira que le pays B possède un avantage comparatif dans la


production du bien Y parce que son coût comparatif est moindre par
rapport à celui du pays A.

Inversement pour produire une unité du bien X, le pays A doit


sacrifier ½ unité du bien Y tandis que le pays B doit en sacrifier

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2/3.Le cout comparatif de X est moindre dans le pays A que dans le


pays B. C’est la raison pour laquelle le pays A possède un avantage
comparatif dans la production du bien X.

Sur base de ce raisonnement, Ricardo conclut que ce qu’il faut


considérer pour savoir si le commerce peut être profitable à deux
pays, c’est l’avantage comparatif et non l’avantage absolu.

C. Gain de l’échange

En autarcie, une unité de X s’échange contre 0.5 unité de Y dans


le pays A. Si le pays A décidait de commercer avec le pays B, il
échangerait une unité de X cotre 2/3 unité de Y du pays B. il ressort
de cette comparaison que le pays A gagne plus à l’échange qu’en
autarcie.

De même, le pays B a intérêt à échanger sa production de y


contre celle de X du pays A car une unité de Y lui rapportera à
l’étranger 2unités de X contre 1,5 unités chez lui.

L’importante conclusion à laquelle Ricardo aboutit est


que : « chaque pays aura intérêt à se spécialiser dans la
production du bien où il a un avantage comparatif ». Le pays A va
se spécialiser dans la production du bien X et le pays B dans celle de
Y. L’échange permettra au pays A d’exporter l’excédent de sa
production vers le pays B, et au pays B d’exporter l’excédent de sa
production de Y vers le pays A.

L’analyse révèle aussi que le pays A ne s’engagera dans le


commerce international que si celui-ci procure plus de ½ unité de Y
par unité de X. Tandis que le pays B ne s’engagera que si par unité de
Y échangée, il obtient plus de 1,5 unités de X. il apparait que les
rapports d’échange internes des deux biens(ou rapport internes des

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coûts de production) constituent les limites d’un commerce


international mutuellement profitable.

Deux résultats émergent :

- le prix relatif international doit être compris entre les prix


relatifs internes des deux pays pour que l’échange soit
mutuellement profitable.

Px/y Pix/yPx/y
- Le modèle ricardien conduit donc à une indétermination des
termes de l’échange. Chaque pays obtient un gain autant élevé
que le prix international s’éloigne de son prix interne. D’où le
partage du gain mondial peut être inéquitable.

Cette indétermination est levée par John STUARTMILL qui a montré


que le prix international d’équilibre va être le résultat de la
confrontation d’une offre internationale régie par des coûts
comparatifs et d’une demande mondiale jusque-là négligée. Plus un
bien sera demandé sur le marché international, plus son prix sera
élevé. Par conséquent, les pays qui ont un avantage comparatif dans la
production du bien fortement demandé au niveau international, ont
plus de chance d’acquérir des gains élevés à l’échange.

La théorie de RICARDO offre une analyse du commerce


international qui démontre la supériorité de l’échange grâce à la
spécialisation internationale qu’il engendre. Ce sont les différences
des productivités du travail qui déterminent des différences des
coûts.

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D. Illustration du gain de l’échange

Les graphiques 1 et2 ci-après représentent les potentiels


productifs des pays A et B d’après les données du tableau 2. Le
travail est le seul facteur de production disponible. Il est
parfaitement homogène et transférable d’un secteur à l’autre.

Fig. 1 potentiels productifs des pays A et B.

Y Y

B2

A2

B
A

0 0b
A1 X B1 X

En utilisant toute la force de travail disponible, le pays A peut


produire soit 10 unités deX ou OaA1, soit 5 unités de Y ou 0aA2. Le
pays B peut produire soit 15 unités de X ou 0bB1, soit 10 unités de Y
ou 0bB2 en consacrant toute la force de travail disponible à chaque
secteur d’activité.

La pente de la droite A1A2 (0aA2 OaA1) mesure le rapport

d’échange interne du pays A et celle de la droite B1B2 (0bB2 0bB1) le

rapport d’échange interne du pays B. En d’autres termes, les pentes


des droites A1A2 et B1B2 représentent les coûts comparatifs de X et
Y respectivement dans les pays A et B.

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Combinons les potentiels productifs de A et B de manière


indiquée ci-dessous pour faire apparaitre le gain de la spécialisation
et de l’échange.

Fig.2.

X
B2 A1 0a
A
A2
Y

B E
F E’
E’’
0b
B1 X

Sur la base des données du tableau 2, il a été établi que le pays


A avait un avantage comparatif dans la production du bien X et le
pays B dans celle du bien Y.

Supposons que la droite B2E représente le terme de l’échange


international. Comme cette droite est située entre les limites des
rapports d’échange internes A1A2 et B1B2, on peut conclure qu’un
commerce mutuellement avantageux est possible entre les deux pays.

En effet, si le pays A se spécialise dans la production du bien X,


il peut échanger OaA1 de X contre OaE de Y au lieu de 0aA2 sur le plan
interne, soit un gain de A2E/0aA2 par unité de Y non produite.

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De son côté, en se spécialisant dans la production du bien Y, le


pays B peut obtenir par l’échange 0bB1 de X contre seulement FB2 de
Y, soit une économie de 0bF.

Une autre façon de montrer ce gain, c’est de dire qu’aux termes


de l’échange B2E, le pays B va échanger 0bB2 de Y contre 0bE’’ de X,
soit un bénéfice de B1E’’/0bB1 par unité de X non produite.

Les termes de l’échange d’équilibre sont déterminés à partir de


courbes d’offres internationales comme nous le verrons au chapitre
II.

E. Le gain des producteurs et des consommateurs

En autarcie et dans l’hypothèse de concurrence parfaite, les


prix relatifs de X et Y sont égaux aux coûts comparatifs.

Le coût comparatif du bien X est moindre dans le pays A que


dans le pays B. Il en résulte que le prix de X sera relativement plus
bas en A. Par contre, le coût comparatif du bien y est moindre dans
le pays B que dans le pays A et le bien Y coutera relativement moins
cher dans le pays B.

Comme il a déjà été noté, le pays A tendra à exporter le bien X


et le pays B le bien y. Sur le plan international, le prix d’équilibre
égalisera les quantités exportées et importées de chaque bien.

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Fig. 3Illustration du gain des producteurs et des consommateurs

Pays A Marché international Pays B

Px Px S Px D
D S
S
D

Exportation E’ F’
E
F Importation

O O
X X O X

Pays A Marché international Pays B


Py Py S Py
S
D
D S
D
M N Exportation

Importation
M’ N’

O O O
Y Y Y

L’examen des graphiques ci-dessus suggère deux conclusions


intéressantes :

D’une part, l’échange international élève le prix du bien exporté X


dans le pays A et d’autre part, il l’abaisse dans le pays importateur B
par rapport à la situation autarcique.

De même, l’échange élève le prix du bien Y dans le pays


exportateur B et l’abaisse dans le pays importateur A. Il en résulte

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un gain pour les producteurs du pays qui exporte car ils vendent à un
prix plus élevé qu’en autarcie et aussi un gain pour les consommateurs
du pays importateur car ils vont pouvoir consommer à des prix plus
bas qu’en autarcie.

L’on sait par ailleurs que la hausse du prix augmente le surplus


du producteur et la baisse du prix augmente le surplus du
consommateur.

L’équilibre est réalisé au niveau du prix qui égalise les quantités


exportées et les quantités importées de chaque bien. Sur le
graphique, l’exportation EF de X par le pays A est égal à l’importation
E’F’ de X par le pays B, et l’importation MN de Y par A est égale à
l’exportation M’N’ de Y par B.

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