Copie de TD
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Le consentement
Cas pratique :
Un homme achète à un professionnel une œuvre d’art comme étant un bien attribué à un
célèbre peintre que l’acquéreur affectionne tout particulièrement. Toutefois, une fois la vente
conclue l’homme se rend compte que l’œuvre n’est une création de l’artiste convoité.
L’erreur substantielle peut-elle être reconnue en tant que vice du consentement
lorsqu’il existe un aléa sur la substance de la chose ?
Une indemnisation est-elle de droit en cas d’erreur sur la valeur du prix d’un bien
sans aucune information de la part du vendeur ?
La dissimulation intentionnelle d’une information déterminante pour l’autre partie
peut-elle caractérisée de dol ? La pression dont est victime l’acquéreur peut-elle être
qualifiée de violence ?
Tout d’abord, il est possible de constater que les parties ont accepté l’enjeu de l’aléa à
travers la conclusion de ce contrat (I). De même, il est envisageable de distinguer
l’appréciation économique inexacte du bien (II). En outre, il est concevable de distinguer des
vices du consentement (III).
En l’espèce, l’acquéreur a acheté un bien car ce dernier estimait que l’œuvre d’art
était l’ouvrage d’un artiste qu’il apprécie. Nonobstant, le bien de la prestation faisait
seulement l’objet d’une mention « attribué à » suivie du nom de l’artiste en question. Or, la
notion « attribué à » indique que l’œuvre a seulement été fait pendant la période de
production de l’artiste et qu’il existe des présomptions sur l’auteur de l’œuvre. En d’autres
termes, quelques doutes subsistent quant à l’origine de l’œuvre d’art. Par conséquent, il est
possible d’affirmer que les parties du contrat ont accepté cet aléa. Ainsi, la notion d’aléa fait
référence au caractère incertain ou imprévisible d'une situation ou d'un événement qui peut
influencer l'exécution d'un contrat ou d'une obligation . En effet, l’acheteur s’est seulement
basé sur la notion « attribué à » pour estimer l’origine du bien. Ainsi, le contrat est dit
aléatoire, c’est-à-dire un contrat dans lequel les parties acceptent de faire dépendre les
effets quant aux avantages et pertes qui en résulteront. De fait, l’existence ou la valeur de la
chose ne peuvent être connues au moment de la formation du contrat parce qu’elle dépend
d’un événement futur ou incertain. De la sorte, le contrat ne peut être remis en cause sur
l’objet de l’aléa.
Dans le cas présent, l’acheteur a fait une offre au vendeur de 50 000€. L’offre a été
accepté par ce dernier donc le contrat a été établi. Toutefois, une fois la vente conclu,
l’acquéreur s’est rendu compte que l’œuvre ne valait pas ce prix. L’œuvre est ainsi estimée à
moins de 2000€. C’est la raison pour laquelle l’acheteur demande une indemnisation
puisque ce dernier déclare que le vendeur ne l’a pas informé sur la valeur réelle du bien.
Tout d’abord, le vendeur se voit imposer l’obligation de renseignements sur des éléments
essentiels de la prestation. Cette obligation de renseignement ne peut y avoir si le vendeur
détient l’information, si la méconnaissance de l’acheteur est légitime et si l’information porte
sur une caractéristique déterminante. Toutefois, ce devoir d’information ne peut porter sur la
valeur du bien. Par conséquent, la méconnaissance d’une information sur la valeur de la
chose ne peut faire l’objet d’une indemnisation voire d’une nullité.
De même, l’erreur de l’acheteur quant à la valeur du bien ne rend pas l’indemnisation et la
nullité de droit. En effet, l’erreur sur l’évaluation du prix du bien ne peut pas être retenue.
Enfin, puisque le vendeur n’est pas dans l’obligation d’informer l’acquéreur d’un point de vue
économique, son comportement ne peut pas faire l’objet d’un dol, c’est-à-dire, une erreur
provoquée par quelqu’un qui n’est pas de bonne foi, on va donc plus facilement admettre la
nullité une fois la mauvaise foi établie. Cependant, au regard de l’article 1137 du Code civil
l’absence d’estimation économique du bien de la part du vendeur n’est pas considéré
comme un dol.
Dans un premier temps, aux termes des articles 1130 et 1131 du Code civil évoquent les
vices du consentement du contrat.
L’article 1130 énonce les conditions dans lesquelles l'erreur, le dol (manipulation ou
tromperie), et la violence (contrainte physique ou morale) peuvent affecter le consentement
des parties à un contrat. Pour que l'un de ces vices puisse entraîner la nullité du contrat, il
doit être de nature à ce que, sans lui, la partie lésée n'aurait pas conclu le contrat ou aurait
accepté des conditions substantiellement différentes. En d'autres termes, ces vices doivent
avoir joué un rôle déterminant dans la formation du contrat.
L’article 1131 précise que les vices du consentement, tels que l'erreur, le dol, et la violence,
constituent une cause de nullité du contrat. En d'autres termes, si l'une des parties prouve
qu'un de ces vices a affecté son consentement de manière substantielle et déterminante, le
contrat peut être annulé.
De même, l’article 1137 du code civil affirme que « Constitue également un dol la
dissimulation intentionnelle par l'un des contractants d'une information dont il sait le
caractère déterminant pour l'autre partie ». En d'autres termes, si une partie à un contrat
cache délibérément une information importante à l'autre partie, et que cette information
aurait influencé la décision de l'autre partie de contracter ou de contracter à des conditions
substantiellement différentes, cela peut constituer un dol. Le dol peut entraîner la nullité du
contrat ou des réparations pour la partie lésée. Cela signifie que les parties à un contrat ont
l'obligation de divulguer des informations importantes et de ne pas dissimuler
intentionnellement des éléments essentiels qui pourraient affecter le consentement éclairé
de l'autre partie.
En outre, dans un arrêt du 15 janvier 1971, la troisième chambre civile de la
juridiction suprême a estimé en ce sens que « le dol peut être constitué par le silence d’une
partie dissimulant à son cocontractant un fait qui, s’il avait été connu de lui, l’aurait empêché
de contracter ».
Par ailleurs, l’article 1140 du Code civil déclare ”(qu’) il y a violence lorsqu’une partie
s’engage sous la pression d’une contrainte qui lui inspire la crainte d’exposer sa personne,
sa fortune ou celles de ses proches à un mal considérable”. Ainsi cet article énonce que la
violence est présente dans une situation juridique lorsque l’une des parties impliquées dans
un contrat se trouve sous la pression d’une contrainte. Cette contrainte doit être
suffisamment intense pour inspirer à cette partie une crainte légitime. Cette crainte porte sur
le fait que si elle ne respecte pas le contrat, la partie ou ses proches pourraient subir un mal
considérable. En d’autres termes, lorsque que quelqu’un est contraint de s’engager dans une
transaction, la peur d’une menace sérieuse envers sa personne peut être qualifiée de
violence.
Finalement, aux termes de l’article 1143 du Code civil, la définition de la violence est
élargie en y incluant les situations où l’une des parties abuse de la dépendance de l’autre
pour obtenir un engagement qu’elle n’aurait pas pris en l’absence de cette contrainte, et ce,
lorsque l’avantage tirée de cet engagement est manifestement excessif. Ainsi, cela signifie
que si une personne profite de la vulnérabilité ou de la dépendance d’une autre personne
pour obtenir un accord qui serait injuste ou désavantageux dans des circonstances
équitables, ce comportement est qualifié de violence.
Une rédactrice salariée d’une société d’édition a reconnu la propriété de son employeur sur
tous les droits d’exploitation d’un dictionnaire dans le cadre d’une convention à titre onéreux
pour lequel la requérante a fourni un travail supplémentaire. Quelques années plus tard,
après avoir été promu au poste de « directeur éditorial », la requérante s’est vu licenciée.
Ensuite, après avoir été licenciée en 1996, Mme X a intenté une action en justice pour faire
annuler cette convention de cession.
La requérante alléguait que son consentement avait été vicié par la violence.
La cour d'appel a accueilli les demandes de Mme X, estimant que son statut d'employée la
plaçait en situation de dépendance économique, la contraignant à accepter la convention
sans pouvoir discuter les termes.
Cependant, la Cour de cassation
a annulé cette décision, arguant que la violence dans la conclusion d'un contrat ne peut être
établie que si la personne était menacée directement dans ses intérêts légitimes, ce qui n'a
pas été prouvé en l'espèce.
La Cour de cassation a donc annulé la décision de la cour d'appel, estimant qu'elle n'était
pas fondée sur une base légale adéquate. Cela signifie que la convention de cession de
droits d'auteur n'a pas été annulée en raison de la prétendue violence dans le consentement
de Mme X.
Arrêt n°2 :
Une transaction a été conclue le 16 novembre 2010 entre la société Karous d'une part, et les
sociétés Bouygues immobilier et Parismed d'autre part. Dans cette transaction, Karous a
renoncé à exercer des recours contentieux en annulation de trois permis de construire
délivrés aux deux autres sociétés. En contrepartie de cette renonciation aux recours, les
sociétés Bouygues immobilier et Parismed se sont engagées à verser à Karous une
indemnité transactionnelle de 500 000 euros, qui devait couvrir toute indemnisation pour
quelque cause que ce soit liée aux programmes immobiliers faisant l'objet de la transaction.
Cependant, les sociétés Bouygues immobilier et Parismed n'ont pas versé cette indemnité
comme convenu.
En conséquence, Karous a pratiqué une saisie-attribution sur les biens de la société
Bouygues immobilier pour récupérer cette indemnité.
La société Bouygues immobilier a alors contesté la validité de la transaction, en alléguant la
nullité du contrat pour violence ou défaut de concessions réciproques, et a saisi le juge de
l'exécution pour demander la nullité de la transaction et la mainlevée de la saisie-attribution.
La contrainte économique exploitée par la société pour obtenir une indemnité
transactionnelle est-elle de droit ?
L'arrêt mentionné dans le texte indique que la menace d'exercer les recours contentieux en
annulation de permis de construire, qui était au cœur de la transaction, était illégitime. En
effet, ces recours n'avaient aucune chance de succès, comme l'avaient déjà confirmé
plusieurs décisions de juridictions administratives sur des recours similaires.
De plus, la cour a souligné que la société Bouygues immobilier avait besoin des permis de
construire sans contestation pour mener à bien son projet immobilier, qui comprenait la
création d'une nouvelle structure hospitalière, d'une école d'infirmières et de logements
collectifs à Marseille.
En conclusion, la cour a jugé que la contrainte économique exploitée par la société Karous
pour obtenir une indemnité transactionnelle élevée était illégitime, ce qui a conduit à la nullité
de la transaction et à l'ordonnance de la mainlevée de la saisie-attribution.
Le pourvoi en cassation a été rejeté, ce qui signifie que la décision de la cour d'appel est
confirmée.