Rabaut Saint-Étienne. L'abbé Sieyès.: La Crise de Juillet

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Rabaut Saint-Étienne. L'abbé Sieyès.

Le 17 juin 1789, le tiers et quelques députés de la noblesse et du clergé, sur proposition de Legrand et à l'invitation
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de Sieyès, prennent le titre d’« Assemblée nationale » . Le 19 juin, le clergé, qui compte une minorité de curés
sensibles aux problèmes des paysans, décide de se joindre aux députés du tiers état pour la vérification des
pouvoirs. Le 20 juin, le roi fait fermer la salle des Menus Plaisirs, lieu de réunion du tiers état. Ceux-ci se dirigent
alors vers une salle de Jeu de paume voisine.

Dans un grand enthousiasme, ils prononcent le serment du Jeu de paume. Ils


s’engagent à ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution écrite à la
France.
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Lors de la séance royale du 23 juin 1789, Louis XVI, jusqu'alors silencieux ,
définit un programme de travail, proposant aux députés de réfléchir aux
réformes concrètes dont il esquisse l'économie et ordonne aux députés de
siéger en chambres séparées. Alors que les députés de la noblesse et du haut
clergé obéissent, les députés du tiers état et ceux du bas clergé restent
Jacques-Louis David, Serment du
immobiles. Bailly, élu président en tant que doyen, répond au marquis de Jeu de paume, Paris, musée
Dreux-Brézé leur sommant de se retirer que la « Nation assemblée n'a d'ordre à Carnavalet.
recevoir de personne » et Mirabeau l'apostrophe en affirmant que seule la force
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pourrait les faire quitter les lieux . Face à cette résistance, le roi invite le 27
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juin les trois ordres à débattre ensemble .

L’Assemblée reprend alors immédiatement sa marche en avant. Le 9 juillet, elle se proclame Assemblée nationale
constituante. Durant ces journées, elle réalise une autre révolution décisive : beaucoup de députés, effrayés par la
tournure des événements, démissionnent ; l’Assemblée déclare qu’elle tient son mandat non pas des électeurs
individuellement pour chaque député, mais collectivement de la Nation tout entière. C'est la mise en application
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du principe de la souveraineté nationale défendu par Diderot . Cette assemblée peut s’appuyer sur les espoirs de
la majorité de la Nation, sur les réseaux de « patriotes ». En face, il n’y a que des ministres divisés, un
gouvernement sans ressource financière et un roi velléitaire qui recule. Des rumeurs d'arrestation des députés du
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Tiers circulent alors à Versailles, à Paris et en province .

Été 1789

La crise de juillet

Louis XVI déclare sans valeur la nouvelle Assemblée mais la laisse siéger sans intervenir ouvertement. Le 25 mai,
des Gardes françaises défilent à Paris en faveur des députés révoltés et les électeurs parisiens se réunissent en
assemblée. Mais, dès le 26, des ordres de marche sont délivrés à six régiments et une troupe d'environ
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20 000 hommes — une « véritable petite armée » — est appelée aux abords de la capitale afin de maintenir
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l'ordre à Paris et à Versailles .

Or l'ensemble de la population parisienne est agitée : la bourgeoisie a peur pour la survie de l’Assemblée ; le
peuple, lui, craint que les troupes ne coupent les routes du ravitaillement des Parisiens alors que le prix du pain est
au plus haut. Début juillet, des émeutes éclatent aux barrières d’octroi. Le roi renvoie ses ministres jugés trop
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libéraux, parmi lesquels Necker, contrôleur des Finances, remercié le 11 juillet et invité à sortir du Royaume . La
nouvelle est connue à Paris le 12. Les Parisiens s'arment et manifestent. Dans l’après-midi, dans les jardins du
Palais-Royal, le journaliste Camille
Desmoulins exhorte la foule à se mettre en
état de défense. Il considère le renvoi de
Necker comme une attaque contre le
peuple. Dans les jardins des Tuileries et aux
Invalides, les Parisiens se heurtent au
régiment dit du Royal-Allemand du prince
de Lambesc dont les soldats sont accusés
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d'avoir tué des manifestants .

Le peuple délivrant les gardes Le 13 juillet, les barrières d’octroi sont


françaises à l’abbaye St-Germain, le incendiées, les réserves de grains des
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30 juin 1789 par Pierre-Gabriel couvents pillées . À l'initiative du Comité
Berthault, musée Carnavalet. permanent des électeurs de l'Hôtel de Ville,
une milice bourgeoise, appuyée par Necker.
Mirabeau à l'Assemblée, se forme pour la
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défense de la capitale .

Journée révolutionnaire du 14 juillet

La prise de la Bastille s'explique d'abord par


la volonté de trouver la poudre nécessaire
aux milices bourgeoises des districts mais
elle est immédiatement élevée au rang
d'acte fondateur de la révolution
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populaire . Le 14 juillet, les émeutiers du
faubourg Saint-Antoine se rendent autant
maîtres d'une forteresse royale que d'un
symbole du despotisme. C'est aussi la
Prise de la Bastille, le 14 juillet 1789. première manifestation des foules Un homme incarnant le tiers état se
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Huile sur toile anonyme, vers 1789- révolutionnaires organisées . Le matin, les réveille, se débarrasse de ses
1791. émeutiers pillent l'arsenal de l’hôtel des chaînes et empoigne un fusil, au
Invalides où ils trouvent des armes et des grand effroi de la noblesse et du
canons. Ils arrivent ensuite aux portes de la clergé. Au second plan, on distingue
prison royale de la Bastille et y retrouvent d'autres émeutiers massés devant la la démolition de la Bastille.
51, 52, 53
forteresse du faubourg Saint-Antoine depuis le matin . Réveil du tiers état, gravure
anonyme, Paris, musée Carnavalet,
Face à la foule marchant sur la Bastille, son gouverneur, le marquis de Launay, vers 1789.
accède à la demande de médiateurs venus de l'Hôtel de Ville et accepte par écrit
la reddition de la forteresse sous la promesse qu'il ne sera fait aucun mal à la
garnison. Il laisse la foule pénétrer dans la première cour. Il se ravise et fait tirer à la mitraille : il y a des morts.
Des Gardes françaises mutinées amènent alors des canons pris aux Invalides : le gouverneur cède et abaisse les
ponts-levis. Il est cinq heures de l'après-midi. Les Vainqueurs de la Bastille se dirigent ensuite vers l'Hôtel de Ville
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avec leurs prisonniers. Sur le chemin, Launay est massacré. Sa tête est découpée au canif . Arrivés à l’Hôtel de
Ville, les émeutiers accusent le prévôt des marchands Flesselles de trahison. Il est lui aussi lynché et sa tête
promenée au bout d’une pique avec celle de Launay. Toute la journée, des barrières et des bâtiments fiscaux
parisiens sont attaqués et incendiés.

La révolution municipale

Louis XVI cherche l'apaisement et vient en personne le lendemain annoncer à l’Assemblée le retrait des troupes et
l'appelle à rétablir l'ordre. Le lendemain, il rappelle Necker ainsi que tous les ministres renvoyés. À l’hôtel de ville
de Paris, tous les membres de l’ancienne administration ayant pris la fuite, Jean Sylvain Bailly, président de
l'Assemblée nationale, est nommé par acclamation « Maire de Paris ». La Fayette est nommé Commandant général
de la Garde nationale. Louis XVI reconnaît la nouvelle organisation municipale qui se met en place, en se rendant
à Paris le 17 juillet. À cette occasion, Bailly lui remet la cocarde bleue et rouge aux couleurs de la ville de Paris que
Louis XVI fixe sur son chapeau, associant ainsi ces couleurs au blanc de la monarchie. Ce geste paraît sceller la
réconciliation de Paris et de son roi. Dans les faits cependant, le roi accepte mal que son autorité soit tenue en
échec par une émeute parisienne, de la même façon que les députés acceptent difficilement que leur pouvoir
dépende de la violence populaire.

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