Lecon Im Prim
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1. Généralités
1.1. Définitions
Les infections nosocomiales (IN) sont les maladies infectieuses dues (par ordre de fréquence
décroissante) à des bactéries, des virus, des levures et des ectoparasites et des agents
transmissibles non-conventionnels (prions) contractées par les patients et éventuellement le
personnel soignant au cours du séjour hospitalier.
Le critère de délai d’hospitalisation > 48 heures souvent retenu pour la définition des infections
nosocomiales est peu fonctionnel en pratique, en effet certaines infections peuvent être en
incubation au moment de l’hospitalisation et doivent bien sûr être exclues du cadre des IN. La
démonstration d’une source hospitalière pour une infection est nécessaire et suffisante pour
caractériser cette infection comme nosocomiale.
Les conséquences individuelles et collectives des infections nosocomiales englobent la mortalité
et la co-morbidité, l’allongement de la durée du séjour hospitalier et un surcout lié au diagnostic
et au traitement de ces infections.
Il faut bien distinguer le caractère nosocomial du caractère iatrogène voire du caractère fautif des
infections contractées lors du séjour hospitalier. Les infections nosocomiales englobent les
infections nosocomiales iatrogènes et les infections nosocomiales fautives mais ne s’y résument
pas.
Dans un établissement de soins, les infections nosocomiales contractées par le personnel
soignant relèvent de la compétence des Services de Médecine du Travail, les infections
nosocomiales contractées par les patients relèvent de celles du Comité de Lutte contre les
Infections Nosocomiales (CLIN).
densités d’IN sont comparables entre elles, dans un même service au cours du temps ou entre
différents services, les autres taux ne sont pas comparables entre eux.
Les premiers (Mycobacterium tuberculosis, virus Influenza, sarcopte de la gale) sont avant tout
des pathogènes communautaires pour lesquels l’hospitalisation donne une possibilité d’évolution
épidémique du fait de l’énorme densité de population et la promiscuité dans le cadre hospitalier.
Les deuxièmes au contraire vont tirer bénéfice de la rupture de la barrière cutanée par les
cathéters sanguins et la chirurgie et des barrières muqueuses par les explorations endoscopiques
et la chirurgie pour franchir ces barrières naturelles et exprimer ensuite leur pouvoir pathogène
au niveau de leur porte d’entrée (infection urinaire, infection de site opératoire, infection
pulmonaire) ou à distance de la porte d’entrée en cas de bactériémie.
Parmi les bactéries, les staphylocoques (Staphylococcus aureus et staphylocoques coagulase-
négative), les entérocoques (Enterococcus sp.) et les streptocoques (Streptococcus sp.) sont les
principaux genres de cocci Gram-positif responsables des infections nosocomiales. Les
corynebactéries (Corynebacterium sp., Propionibacterium, Listeria) sont des bacilles Gram-
positif plus rarement en cause. Les entérobactéries (Escherichia coli, Klebsiella spp.,
Enterobacter spp., Serratia, spp.) sont les bactéries Gram-négatif les plus fréquemment en cause,
les pseudomonas (Pseudomonas aeruginosa) sont moins fréquemment isolés. Les légionelles
constituent une dernière catégorie des bacilles Gram-négatif responsables d’infections
nosocomiales. Mycobacterium tuberculosis peut être responsable de tuberculose nosocomiale.
Parmi les virus, les Rotavirus sont responsables dentérite nosocomiales, les virus B et C des
hépatites, et les virus Influenza de la grippe sont responsables d’infections nosocomiales.
Les micro-organismes responsables des infections peuvent avoir deux origines : exogène et
endogène. En effet, Réservoirs et sources. Chaque germe responsable d’infections nosocomiales
est caractérisé par son réservoir, c’est à dire le lieu écologique dans lequel il vit et se multiplie.
La partie du réservoir qui est à l’origine d’une infection nosocomiale est appelée la source de
cette infection. Les sources peuvent être inanimées (environnementales) : ce sont essentiellement
l’eau des réseaux hospitaliers et l’alimentation ou animées : ce sont les patients, le personnel
soignant et les visiteurs. Les flores commensales du patient : flore cutanée et flores des
muqueuses peuvent être source d’infection pour ce patient : on parle alors d’infection
nosocomiale endogène. Mais il est important de noter que les flores commensales du patient sont
modifiées au cours des premiers jours de l’hospitalisation, en 48-72 heures ces flores sont
substituées par une flore hospitalière qui en pratique se caractérise par sa résistance aux
antibiotiques. Ainsi, les infections nosocomiales endogènes contractées après plusieurs jours
d’hospitalisation sont généralement dues à des bactéries plus résistantes aux antibiotiques que
celles contractées au début du séjour hospitalier.
Dans l’origine exogène ils sont acquis à partir de l'environnement. Il s’agit de transmission
croisée. La transmission des micro-organismes peut se faire de malade à malade ou plus
habituellement du malade au personnel soignant et de celui-ci aux malades. Les voies de
transmission inter-humaine (transmission croisée) sont l'air, l'environnement matériel et le
transport des germes par le personnel soignant, essentiellement par les mains (infection
manuportée).
Les micro-organismes peuvent provenir de la propre flore endogène du patient : il s’agit des
infections d’origine endogène.
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Les pneumopathies nosocomiales et les infections urinaires sont très fréquemment des infections
d’origine endogène (cf infra), ce qui explique les difficultés de leur prévention.
Importance de la colonisation
Au cours de leur séjour hospitalier, surtout en réanimation, les patients sont rapidement
colonisés par des micro-organismes (bactéries mais aussi levures, voire virus) potentiellement
pathogènes. Les taux de colonisation retrouvés pour les patients de réanimation sont de plus de
40 % au bout de 5 à 7 jours et de 80 % ou plus au-delà de 10 jours. Il convient de remarquer que
cette colonisation est fréquemment présente dès l'entrée en réanimation, notamment lorsque les
patients proviennent d'un autre service hospitalier où ils ont séjourné de façon prolongé. Les
antibiotiques reçus avant l'admission ou pendant le séjour en jouent un rôle majeur dans la
sélection des bactéries. Les résultats des études de la littérature concernant la colonisation et
l'infection des patients ne sont pas tous concordants. Les divergences concernent aussi bien les
taux rapportés que les relations entre colonisation et infection. Ces divergences tiennent au fait
que les études sont rarement comparables : différences dans la gravité des patients et leurs
facteurs de risque (souvent non explicités), dans les critères diagnostiques de l'infection, dans
l'utilisation des antibiotiques... Ces divergences s'expliquent également par la complexité des
relations entre colonisation et infection ainsi que par les critères retenus pour affirmer l'identité
des bactéries colonisantes et de celles responsables de l'infection.
L'infection est le plus souvent précédée d'une colonisation du site infecté ou de sites
proches. La proportion de patients colonisés qui vont développer une infection varie en fonction
des études. La durée d'exposition au facteur de risque est l'élément déterminant : la prévention
passe par une réduction de cette durée d'exposition.
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2.1.2. Physiopathologie
Les infections urinaires nosocomiales sont ascendantes, c’est à dire que les bactéries
responsables colonisent les voies urinaires du méat uréthral vers la vessie puis le haut appareil
urinaire. Les bactéries sont originaires de la flore digestive du patient, modifiée après
hospitalisation > 72 heures par l’apparition d’une flore digestive hospitalière. Egalement les
bactéries du manuportage (S. aureus, P. aeruginosa, entérobactéries) sont incriminées lors de
transmissions croisées. Le sondage urinaire est le facteur de risque le plus important car il crée
une rupture des mécanismes de défense, c’est à dire du flux urinaire.
2.1.3. Diagnostic
Les manifestations cliniques sont celles des infections urinaires, le dépistage est systématique
chez les patients en réanimation. Le diagnostic est confirmé par l’analyse cytobactériologique
des urines qui montre une bactériurie > 105 bactéries/ml. Les germes rencontrés sont par ordre de
fréquence décroissante les entérobactéries (Escherichia coli, Klebsiella sp., Enterobacter sp.,
Serratia sp.), les entérocoques (Enterococcus faecium, Enterococcus faecalis), les
staphylocoques (Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis, Staaphylococcus
saprophyticus, Staphylococcus haemolyticus) et les levures (Candida sp.).
2.1.5. Prévention
La prévention repose sur (1) le strict respect des indications du sondage urinaire et le strict
respect des durées de sondage : rétention d’urine, surveillance de la diurèse chez un malade en
état de choc, ulcères cutanés de la région sacrée chez un patient avec incontinence urinaire, soins
de confort en phase terminale (2) le strict respect des règles d’antiseptie : toilette génitale et
désinfection du méat urétral et d’aseptie : antiseptie des mains et port de gants stériles au
moment de la pose et de la manipulation des sondes, emploi de sonde stérile à usage unique, le
sondage clos est en cours d’évaluation (3) maintient de la sonde en position déclive.
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2.2.2. Physiopathologie
La peau et les muqueuses intactes représentent des barrières efficaces contre les bactéries des
flores commensales et des flores extérieures. Par contre, les solutions de continuité de la peau ou
des muqueuses lors d’un traumatisme et d’une ouverture chirurgicale offrent l’opportunité à ces
bactéries de franchir de se multiplier au site du traumatisme ou au site opératoire, d’y créer une
infection pouvant secondairement disséminer par voie hématogène. Les bactéries responsables
de ces infections proviennent de la flore du patient : flore cutanée (Staphylococcus non aureus,
Corynebacteriul sp., Propionibacterium sp.) ou flore muqueuse (entérobactéries) en particulier
Staphylococcus aureus lors du portage nasal asymptomatique par le patient ; à partir du
personnel soignant : Staphylococcus aureus en portage nasal asymptomatique chez le personnel,
Streptococcus pyogenes ; à partir de l’environnement hydrique essentiellement : Pseudomonas
aeruginosa, Mycobacterium sp. ou de l’environnement général en cas de traumatisme ouvert et
donc souillé par de la terre ou des débris divers. La contamination peut être différée par
manuportage. Enfin une contamination hématogène est possible essentiellement en cas
d’infection de matériel prothétique par des entérobactéries à porte d’entrée urinaire. Les
infections de site opératoire comprennent les infections superficielles qui concernent le tissu
sous-cutané et les infections profondes qui concernent le site opératoire lui-même. Les
conséquences des ISO sont (1) mortalité dans le cas des endocardites sur valve cardiaque
prothétique par exemple (2) dégradation fonctionnelle dans le cas des prothèses orthopédiques
par exemple (3) co-morbidité (4) allongement de la durée de séjour (5) surcoût.
2.2.3. Diagnostic
Le diagnostic d’une ISO doit être évoqué devant (1) des signes inflammatoires dans la région de
la cicatrice opératoire : douleurs, chaleur, tension et rougeur de la cicatrice et de la région
opératoire (2) une fièvre post-opératoire dans les jours suivant l’intervention (3) une anomalie
fonctionnelle pouvant survenir dans un délai très variable, de quelques jours à quelques années
en cas de dysfonctionnement prothétique en orthopédie par exemple. Les signes cliniques sont
évidemment fonction de la localisation et de la nature de l’intervention, la fièvre est fréquente en
cas d’abcès mais elle n’est pas constante lorsqu’il n’ y a pas d’abcès (infection chronique de
prothèse par exemple), de même pour l’hyperleucocytose. Un syndrome biologique
inflammatoire est fréquent. Le diagnostic étiologique doit toujours être tenté par la prescription
et la réalisation de prélèvements bactériologiques : uroculture (ISO en chirurgie urologique), 3
hémocultures (ISO en chirurgie cardiaque), écouvillonnage ou ponction d’une plaie opératoire
inflammatoire, ponction voire biopsie en cas de suspicion d’ISO profonde ; la ponction peut être
réalisée sous contrôle radiologique (échographie ou scanner). L’interprétation de ces
prélèvements n’est pas toujours univoque : les urocultures montrant > 105 bactéries/ml, les
hémocultures positives 3/3, les ponctions et les biopsies positives signent le diagnostic
bactériologique ; par contre, les hémocultures 1 ou 2/3 et les prélèvements superficiels
demandent à être interprétés avec prudence pour distinguer infection et contamination lorsque
ces prélèvements rapportent une bactérie qui est normalement commensale de la flore cutanée ou
muqueuse où le prélèvement superficiel a été pratiqué.
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2.2.5. Prévention
La prévention repose sur : (1) traitement de toute infection intercurrente et report de
l’intervention (2) hospitalisation pré-opératoire la plus courte possible, si possible le matin même
de l’intervention pour éviter la colonisation du patient par la flore hospitalière résistante (3)
douche pré-opératoire (4) absence de rasage du champ, éventuellement tonte voire rien (5)
antiseptie du champ réalisée en quatre temps et respectant le délai d’action de l’antiseptique
utilisé (iode) (6) aseptie du champ comprenant l’usage d’instruments à usage unique ou stérilisés
et de compresses et linges à usage unique ou stérilisés, par un personnel portant une cagoule
englobant toute la chevelure, un masque opératoire englobant les fosses nasales, une tenue de
bloc stérile et une paire de gants stériles enfilés après la réalisation d’un lavage antiseptique des
mains (7) réalisation de l’intervention dans un bloc correctement entretenu, l’efficacité des flux
laminaires pour la prévention des ISO n’est pas démontrée (8) l’utilisation prophylactique des
antibiotiques (antibioprophylaxie) : cf. chapitre infra.
2.3.2. Physiopathologie
La physiopathologie des PN fait appel à différents processus d’importance variable selon les
malades et les circonstances.
Schématiquement pour que se constitue une PN deux conditions doivent être remplies
• des micro-organismes doivent atteindre les voies aériennes inférieures
• les mécanismes normaux de défense du poumon doivent être dépassés, permettant le
développement de la pneumopathie.
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1) Les troubles de la conscience aigus chez des sujets souvent âgés (accidents vasculaires
cérébraux), les intoxications volontaires et l’alimentation entérale chez les sujets peu conscients
et/ou en position allongée.
2) La période post-opératoire. Les PN sont plus fréquentes après chirurgies abdominales et
thoraciques. Les éléments favorisants liés au patient lui-même sont les antécédents de
pathologie respiratoire et l’insuffisance cardiaque.
3) La ventilation artificielle. L’incidence des PN augmente avec la durée de VA.
L’intubation en extrême urgence, l’extubation à tort avec réintubation en urgence, les intubations
répétées au cours du même séjour, sont des situations particulièrement à risque car elles
favorisent les inhalations de liquide oro-pharyngé ou gastrique. A l’inverse, la non-intubation
d’un patient épuisé est probablement, bien que non étudiée, un facteur de risque. La pathologie
pulmonaire pré-exitante est un facteur favorisant qui se surajoute au rôle de la VA.
Ces facteurs de risque peuvent bien entendu se cumuler chez un même patient. Un exemple est
tout à fait représentatif est celui des sujets victimes d’un polytraumatisme. Le patient présentant
un traumatisme crânien grave avec coma, associé à un traumatisme thoracique et à un
hémopéritoine par rupture de rate et/ou du foie, associe de très nombreux facteurs de survenue
d’une PN :
• coma initial favorisant les inhalations,
• contusion pulmonaire liée au traumatisme thoracique, cette contusion étant un élément
majeur de surinfection du poumon.
2.3.4. Diagnostic
Le diagnostic de PN est évoqué devant l’association :
• d’un syndrome infectieux
• de manifestations respiratoires : dyspnée, expectoration purulente
• d’une image radiologique de pneumonie, d’apparition récente
Lorsque le patient est soumis à une ventilation artificielle le diagnostic est beaucoup plus
difficile car aucun des symptômes précédents n’est spécifique. En effet, les syndromes infectieux
sont très fréquents chez les patients en cours de séjour en réanimation et leurs causes sont
nombreuses et difficiles à mettre en évidence. La présence de sécrétions trachéo-bronchiques
purulentes n’est pas un argument suffisant pour parler de pneumopathie puisque la colonisation
des voies aériennes à elle seule entraîne la purulence des sécrétions. Enfin, les images
radiologiques sans rapport avec une pneumopathie sont très fréquentes chez les malades sous
respirateur ; il s’agit notamment de troubles de ventilation. Dans ces circonstances, le
diagnostic de pneumopathie est évoqué et il demandera à être confirmé par la culture de
prélèvements des sécrétions bronchiques mettant en évidence un micro-organisme à un seuil
significatif.
Il n’existe pas de consensus actuel sur la méthode à choisir préférentiellement en matière de
prélèvements bronchiques pour diagnostic microbiologique des pneumopathies. Pour les patients
qui ne sont pas sous respirateur, la culture des crachats est souvent utilisée bien qu’elle ne soit
pas parfaitement fiable du fait de la contamination par la flore salivaire. Plusieurs techniques ont
été proposées :
• ponction transtrachéale qui est en fait rarement utilisée car comportant des risques et
éventuellement ne ramenant pas assez de sécrétions.
• prélèvements sous fibroscopie mais qui posent le problème de l’aggravation éventuelle
du patient liée au geste même de la fibroscopie,
Pour les malades sous ventilation artificielle, l’accès aux voies aériennes existe déjà : intubation,
trachéotomie. Le problème est ici de différencier une simple colonisation d’une véritable
infection pulmonaire. En effet, comme nous l’avons vu plus haut pour ces malades sous
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respirateur, la colonisation précède pratiquement toujours l’infection. Seules les infections vraies
sont à traiter et non les simples colonisations. Plusieurs possibilités ont été proposées pour
différencier infection de colonisation :
• prélèvements trachéo-bronchiques non protégés en dénombrant les micro-organismes. Le
seuil retenu pour parler d’infections est de au moins 105 microorganismes par ml.
• prélèvements dits protégés : le cathéter de prélèvement est à l’intérieur d’une chemise qui
lui évite d’être contaminé lors de la traversée des voies aériennes supérieures. Au niveau
des bronches terminales, le cathéter est poussé au delà la chemise pour réaliser le
prélèvement puis ramené à l’intérieur de la chemise avant d’être retiré. A la place d’un
cathéter, il est possible d’utiliser une petite brosse qui selon le même principe est
protégée par une chemise. Le plus souvent les prélèvements sont réalisés sous fibroscopie
afin de diriger le cathéter ou la brosse vers la zone de la pneumopathie, zone repérée par
la radiographie. La fibroscopie permet ainsi de réaliser des prélèvements à gauche ou au
niveau d’un lobe supérieur alors qu’un cathéter descendu à l’aveugle ira toujours dans le
lobe inférieur droit. Le cathéter permet de réaliser un mini-lavage broncho-alvéolaire
(LBA). Cette technique a l’intérêt de permettre non seulement l’isolement de bactéries
mais aussi la recherche de virus ou de parasites. Le seuil de positivité retenu pour le LBA
est de plus de 104 micro-organismes par ml. Pour la brosse le seuil est de 103.
2.4.1. Définition
L’infection liée au cathéter (ILC) est définie par la présence de micro-organismes à la surface
interne et/ou externe du cathéter veineux central (CVC), responsable d'une infection locale et/ou
générale.
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2.4.4. Diagnostic
Les signes cliniques locaux et/ou généraux peuvent s'accompagner ou non d'une hémoculture
positive. A l'inverse, une hémoculture positive peut exister sans que ces signes soient présents. A
l'exclusion du pus au point de ponction, aucun des signes cliniques ne permet d'affirmer
l'infection sur CVC. Pour relier les signes infectieux à la présence de micro-organismes sur le
CVC des analyses microbiologiques sont nécessaires.
L'analyse la plus simple est la culture de l'extrémité distale du CVC, ce qui nécessite son
ablation. Différentes méthodes ont été proposées : culture qualitative en milieu liquide, culture
semi-quantitative sur milieu gélosé, culture quantitative en milieu liquide après rinçage
endoluminal ou après "vortexage" ou sonication.
La constatation d'un taux élevé d'ablations injustifiées de CVC et l'existence de situations
nécessitant le maintien du CVC ont amené à proposer d'autres techniques : - culture des
prélèvements faits sur la peau au site de ponction, et/ou au niveau du premier raccord (pavillon) -
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Les modalités de pose, d'entretien et d'utilisation de la ligne veineuse doivent être définies par
des protocoles écrits, élaborés par l'ensemble d'une équipe et respectés par tous.
La voie fémorale doit être réservée à l'urgence et sur une courte période. La voie axillaire mérite
une évaluation comparative.
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3.2.6.2. Désinfection
Selon l'AFNOR la désinfection est une opération au résultat momentané permettant d'éliminer ou
de tuer les micro-organismes et/ou d'inactiver les virus indésirables portés par des milieux inertes
contaminés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents lors de sa
réalisation et d’efficacité limitée dans le temps. La désinfection est réalisée par trempage dans un
produit désinfectant non détergent. Les principaux produits actuellement utilisés sont (1) le
glutaraldéhyde qui est très efficace mais est un produit très irritant pour les muqueuses et peut
être cancérogène. Il ne doit en aucun cas être utilisé sur du matériel suspect de contamination par
les prions et doit être manipulé dans un local ventilé avec port de protections pour le personnel
(2) les peroxydes sont très efficaces, atoxiques pour le personnel mais corrosifs pour certains
matériaux (3) l’hypochlorite de sodium (eau de Javel) est très efficace mais très corrosive pour
certains matériaux (4) la soude est recommandée pour la décontamination des prions.
3.2.6.3. Stérilisation
La stérilisation est la mise en œuvre d'un ensemble de méthodes et de moyens visant à éliminer
tous les micro-organismes vivants, de quelque nature que ce soit, portés par un objet
parfaitement nettoyé. La stérilisation est sous la responsabilité du pharmacien de l'établissement.
Le choix du mode stérilisation est fonction du matériel. Il impose un mode de conditionnement
et des contrôles spécifiques. La réglementation impose en matière de stérilisation des dispositifs
médicaux un système continu de qualité. Actuellement, tous les autoclaves (stérilisation par la
vapeur d’eau) sont réglés sur un cycle « prion » à 134°C pendant 18 minutes.
Figure1
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DCEM2 - Module n° 7 20
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3.3.2. Recommandations
1- Quel que soit le poste de travail, l'accès à un lavabo doit être aisé (un lavabo par lit dans
chaque service neuf). Un distributeur de papier, pour s'essuyer les mains après lavage, sera placé
à côté de ce lavabo.
2- Avant la réalisation des procédures invasives, un lavage chirurgical est nécessaire.
3- En dehors de ces techniques, le lavage des mains en réanimation sera réalisé avec des produits
liquides, soit antiseptiques soit savon, en fonction des circonstances (germes multirésistants) et
des gestes.
4- Un lavage des mains doit être réalisé avant et après contact des patients, ainsi qu'après
utilisation de gants (cf. infra).
5- Les alternatives au lavage sont à utiliser en cas d'urgence.
6- La tolérance cutanée des produits utilisés doit être surveillée et prise en compte dans leur
choix.
DCEM2 - Module n° 7 21
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• Masques.
o Le masque est reconnu comme barrière dans la transmission croisée de
l'aspergillus, du bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis), de
Staphylococcus aureus méthicilline-résistant et de façon générale de tout germe à
transmission aérienne.
• Surblouses d'isolement et tabliers plastifiés :
o Les surblouses évitent la contamination des vêtements lors des contacts avec des
patients infectés. La surblouse sera réservée aux patients porteurs de germes
multirésistants et aux patients immunodéprimés, brûlés. La surblouse doit être
réservée aux soins donnés à un seul et même patient puis jetée. Tout vêtement
souillé par un liquide biologique (sang, liquide digestif, urine, etc.) doit être
changé.
Autres mesures. Le port de calots ou de coiffe a pour but de prévenir la chute de cheveux et
squames sur les plaies. Le port de calot ne peut donc être recommandé que lorsqu'une asepsie
chirurgicale est nécessaire. L'utilisation de surchaussures ne repose sur aucune donnée
scientifique. Les micro-organismes retrouvés sur le sol n'ont jamais été incriminés dans les
infections nosocomiales. La seule justification des surchaussures paraît être la protection
éventuelle des chaussures du personnel contre la contamination par du sang ou d'autres liquides
biologiques.
bactéries Gram-positives, à une concentration de 0,1% et sont utilisés pour la désinfection sur
peau saine (champ opératoire par exemple) (4) l’iode présente un spectre étendu sur l’ensemble
des bactéries y compris Mycobacterium tuberculosis, les virus et Candida spp, elle est utilisée à
une concentration variant de 0,5 à 10% dans la désinfection sur peau saine (lavage antiseptique
des mains avant un geste invasif, préparation de champ opératoire) et muqueuse saine (y compris
une présentation ophthalomologique) et pour la désinfection sur peau lésée (désinfection après
traumatisme), il existe un passge systémique de l’iode pouvant conduire à des dysthyroïdies.
DCEM2 - Module n° 7 23
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Figure2
DCEM2 - Module n° 7 24
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politique de l’antibioprophylaxie c’est-à-dire une liste des actes opératoires regroupés selon leur
assujettissement ou non à l’antibioprophylaxie avec, pour chaque groupe, la molécule retenue et
son alternative en cas d’allergie. De plus, les malades à risque infectieux élevé (ou toute autre
situation justifiant) font l’objet d’une antibioprophylaxie particulière que l’on peut dire
« personnalisée » (ou « à la carte »). Dans un même service, il est recommandé de choisir
distinctement les molécules utilisées en antibioprophylaxie et en antibiothérapie curative. Les
protocoles sélectionnés doivent être écrits, validés par le CLIN et le comité du médicament
de l’établissement. Ces protocoles doivent impérativement être affichés en salle
d’intervention.
DCEM2 - Module n° 7 25
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• rédiger des recommandations de bonnes pratiques faisant l’objet d’un consensus des
utilisateurs ;
• participer à l’élaboration, la mise en place et l’évaluation des protocoles d’antibiothérapie
dans les services cliniques. L’appel à un référent spécialiste en antibiothérapie pour
des conseils ou la validation de la prescription de certains antibiotiques est une mesure
essentielle.
La réévaluation entre le 3 è et le 5 è jour de la prescription contribue au bon usage en particulier
dans le cadre des antibiothérapies probabilistes. La poursuite du traitement est soumise à l’avis
d’un médecin senior (médecin du service, infectiologue ou référent désigné).
DCEM2 - Module n° 7 27
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