Guide Agronomique Des Grandes Cultures
Guide Agronomique Des Grandes Cultures
Guide Agronomique Des Grandes Cultures
AGRONOMIQUE
DES GRANDES
CULTURES
Publication 811F
Ministère de l’Agriculture,
de l’Alimentation et des Affaires rurales
GUIDE
AGRONOMIQUE
DES GRANDES
CULTURES
Publication 811F
Ministère de l’Agriculture,
de l’Alimentation et des Affaires rurales
Guide agronomique des grandes cultures
Publication 811F
Rédactrice en chef
Christine Brown, MAAARO
Corédacteurs
Joanna Follings, MAAARO
Meghan Moran, MAAARO
Ben Rosser, MAAARO
Auteurs collaborateurs
Équipe des grandes cultures du MAAARO : Joel Bagg, Bonnie Ball, Scott Banks, Tracey Baute, Horst Bohner, Christine Brown,
Mike Cowbrough, James Dyck, Thomas Ferguson, Joanna Follings, Brian Hall, Adam Hayes, Peter Johnson, Jack Kyle, Ian McDonald,
Meghan Moran, Jake Munroe, Gilles Quesnel, Nicole Rabe, Ben Rosser, Helmut Spieser, Greg Stewart, Albert Tenuta, Anne Verhallen.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier les personnes suivantes pour leur contribution à la présente publication : Keith Reid,
Owen Wally, Tom Welacky (AAC), Jonathan Brinkman, Bill Deen, Hugh Earl, Duane Falk, Rebecca Hallett, Ken Janovicek,
John Lauzon (Université de Guelph), Chris Gillard, Dave Hooker, Art Schaafsma, Christy Shropshire, Peter Sikkema,
Jocelyn Smith (Université de Guelph, campus de Ridgetown).
Des examinateurs externes ont relu chacun des chapitres pour repérer l’information manquante, vérifier les concepts
techniques et assurer la lisibilité du document. Nous tenons à les remercier pour leur travail, qui a permis d’améliorer la
présente publication.
Chad Anderson, Anderson Agronomy Services, Mooretown; Tom Bruulsema, International Plant Nutrition Institute (IPNI),
Guelph; Deb Campbell, CCA-ON, Agronomy Advantage, Dundalk; Dale Cowan, CCA-ON, agronome principal, Agris Cooperative,
Chatham; Jennifer Doelman, Barclay Dick & Son Farm Supply, Douglas; Blair Freeman, agronome, DuPont Pioneer, Centre de
l’Ontario; Alan McCallum, McCallum Agronomic Services, comté d’Elgin; Adam Pfeffer, Monsanto, Chatham; Eric Richter,
Syngenta, Thorndale; Craig Reid, agronome, Sprucedale Agromart, Sprucedale; Aaron Stevanus, CCA-ON, Semences PRIDE;
Paul Sullivan, CCA-ON, P.T. Sullivan Agro inc., Kinburn; Bob Thirlwall, agronome Dekalb, Monsanto, Glencoe; Walt Vermunt,
Hensall District Co-operative, Hensall; Kate Withers, études de troisième cycle, Université de Guelph.
Les renseignements fournis dans la base de données Tillage Ontario, qui se trouve à l’adresse www.tillageontario.com,
sont le fruit de l’initiative et du financement conjoints de l’Innovative Farmers Association of Ontario, du MAAARO, de
l’Université de Guelph, ainsi que de la collaboration du Canada et de la province de l’Ontario par l’intermédiaire du
Programme Canada-Ontario pour la recherche et le développement.
En Ontario, les grandes cultures sont produites dans présent guide se trouvent souvent sur le site Web du
une grande diversité de conditions climatiques et MAAARO à l’adresse ontario.ca/cultures ou sur le site
édaphiques. L’objectif est une production culturale fieldcropnews.com.
viable qui s’appuie sur des techniques éprouvées
(dépistage et lutte contre les ravageurs, gestion des sols La présente publication ne fournit pas de renseignements
et de la fertilisation, travail du sol, choix des cultivars, sur les pesticides, qui servent à combattre les insectes, les
pratiques de semis et de récolte) qui tiennent compte maladies et les mauvaises herbes. Pour en savoir plus à ce
de l’utilisation responsable des richesses naturelles. sujet, voir la publication 812F, Guide de protection des
Alliées à des essais en champ, elles aident les producteurs grandes cultures, et la publication 75F, Guide de lutte
à choisir les pratiques à adopter. Le recours à de contre les mauvaises herbes, du MAAARO.
bonnes pratiques agronomiques est indispensable à la
production d’aliments, de fibres et de carburants dans Systèmes intégrés de culture
les exploitations agricoles de l’Ontario. La réussite des
productions culturales passe par la mise en œuvre de Production culturale viable
nombreuses pratiques de gestion interdépendantes. La publication 811, le Guide agronomique des grandes
Évidemment, il est toujours utile de compter sur un peu cultures, est organisée par culture et domaine. Chaque
de chance et des conditions météorologiques favorables. chapitre présente des renseignements détaillés à jour
et adaptés à l’Ontario qui favorisent une production
La publication 811F, le Guide agronomique des grandes
culturale viable. Une production culturale ne concerne
cultures, se veut une ressource technique pour la
pas seulement une culture ou un domaine en particulier
production de grandes cultures. Cette troisième
(p. ex. lutte contre les ravageurs); en fait, elle nécessite
édition remplace celle de 2009. Des études et des
une approche intégrée qui tient compte de toutes les
lignes directrices actuelles sur ce type de production
facettes des pratiques agricoles et culturales tout en
en Ontario y ont été ajoutées avec l’approbation du
assurant la conservation ou l’amélioration du sol.
Comité ontarien de la recherche et des services en
matière de gestion des sols, qui est représenté par des Une production culturale viable peut se définir comme
chercheurs, l’industrie, des producteurs agricoles et la création et l’utilisation de systèmes de production
des vulgarisateurs. culturale qui répondent aux besoins des producteurs
agricoles actuels sans compromettre la capacité des
Certaines données utilisées dans le Guide agronomique
générations futures de répondre aux leurs (adaptation
des grandes cultures proviennent d’autres sources,
de la définition de G. Brundtland, directeur général
notamment l’Université de Guelph, l’Association pour
de l’Organisation mondiale de la Santé).
l’amélioration des sols et des récoltes de l’Ontario
(AASRO), l’Innovative Farmers Association of Ontario La viabilité d’une production culturale se doit d’être
(IFAO), des fournisseurs de semences, le département économique, sociale et environnementale.
de l’Agriculture des États-Unis (USDA), des universités
américaines et d’autres établissements de recherche. Les La viabilité économique repose sur :
données – nouvelles ou anciennes – contenues dans la
• les bénéfices ou pertes d’exploitation;
présente publication constituent l’information la plus
• l’offre et la demande (attrait commercial des produits);
pertinente et la plus récente disponible.
• les capacités opérationnelles et la disponibilité à long
terme des ressources (p. ex. le sol);
Le Guide agronomique des grandes cultures est disponible
• le maintien de la viabilité de l’entreprise.
intégralement sur le site Web du ministère de l’Agriculture,
de l’Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO).
La viabilité sociale est axée sur :
De l’information supplémentaire et des mises à jour
concernant bon nombre des sujets abordés dans le • la planification du passage du flambeau à la
prochaine génération;
v
Guide agronomique des grandes cultures
• la capacité de consulter et d’appuyer la communauté en détail aux chapitres 13 (Lutte contre les mauvaises
(rurale ou urbaine); herbes), 14 (Lutte intégrée contre les ravageurs et protection
• le maintien d’un équilibre viable entre le travail de leurs ennemis naturels et des pollinisateurs), 15 (Insectes
et la vie familiale. et animaux nuisibles aux grandes cultures) et 16 (Maladies
des grandes cultures).
La viabilité environnementale se fonde sur :
• la pérennité des ressources, pour soutenir les Les paragraphes ci-dessous résument comment les
productions culturales; éléments susmentionnés s’intègrent à la production
• la capacité de faire savoir au public que des pratiques de de grandes cultures en Ontario.
production viables et propices aux suivis sont utilisées;
• la préservation de la santé du sol et la réduction
Il faut d’abord un sol sain
des effets négatifs des cultures sur l’environnement
La santé du sol est souvent décrite comme la capacité
(p. ex. gestion des éléments nutritifs et lutte contre
du sol à assurer la croissance des cultures sans se
les ravageurs).
dégrader ou nuire à l’environnement. Elle est évaluée au
moyen d’indicateurs physiques (stabilité des agrégats,
Viabilité = Pensée systémique capacité de rétention de l’eau disponible, structure
du sol, compactage du sol), chimiques (teneurs en
Qui dit production culturale viable dit approche éléments nutritifs, pH du sol) et biologiques (matière
systémique intégrée. Chaque champ possède des organique du sol, respiration microbienne, présence
caractéristiques uniques et propres à son emplacement d’organismes vivants dans le sol).
qui en influencent la gestion, les intrants et la
rentabilité. Une gestion intégrée des cultures tient En bref, un sol sain :
compte de toutes les facettes de la production
culturale, soit notamment : • présente une bonne structure, est peu compacté
et résiste à l’encroûtement;
• la gestion du sol (la texture et le travail du sol • se draine bien, favorise la circulation de l’eau,
nécessaires); et retient bien l’eau;
• la rotation des cultures; • présente un pH ainsi qu’une teneur en éléments
• la fertilité des champs; nutritifs et en matière organique optimaux;
• la gestion des éléments nutritifs (déchets); • résiste à l’érosion éolienne et hydrique ainsi qu’à
• la gestion de l’eau; l’érosion causée par le travail du sol;
• la protection des cultures; • favorise la levée de jeunes pousses et la croissance
• la gestion de la faune; des racines;
• la gestion du site; • assure une croissance uniforme des cultures;
• le dépistage et la tenue de registres; • contient des vers de terre en abondance;
• la gestion du travail et du matériel; • dégage une bonne odeur;
• la consommation d’énergie; • décompose rapidement les résidus.
• l’analyse des aspects économiques (p. ex.
détermination des seuils d’intervention, des coûts La plupart des caractéristiques d’un sol sain sont
de production et du rendement du capital investi). associées directement ou indirectement à d’autres
aspects de la gestion intégrée des cultures. Pour
Le Guide agronomique des grandes cultures aborde bon en savoir plus sur les sols sains, voir le chapitre 8,
nombre de ces éléments devant être pris en compte Gestion assurant la santé du sol.
dans une production culturale. Le chapitre 1, Maïs,
présente les différentes facettes du travail du sol, alors Rotation des cultures
que le chapitre 8, Gestion assurant la santé du sol,
La rotation des cultures fait partie intégrante de toute
traite de la gestion du sol, de la rotation des cultures
production culturale. Quand elle est bien planifiée, elle :
et de l’amélioration de la santé du sol. Le dépistage
et la tenue de registres sont abordés au chapitre 10,
• augmente les rendements;
Dépistage, et la fertilité des champs et la gestion des
• contribue à maintenir ou à améliorer la structure
éléments nutritifs, au chapitre 9, Fertilité et éléments
du sol et sa teneur en matière organique;
nutritifs. Enfin, la protection des cultures est traitée
• protège le sol contre l’érosion;
vi
Introduction
• améliore la capacité du sol à s’adapter à des La rotation des cultures atteint son efficacité
conditions météorologiques extrêmes; maximale lorsque les producteurs font succéder des
• permet de récupérer l’azote résiduel provenant cultures – y compris des cultures couvre-sol – de
des légumineuses; familles différentes, comme des monocotylédones
• facilite la lutte contre les insectes et les maladies; (graminées) et des dicotylédones (latifoliées). Les
• réduit la pression exercée par les mauvaises herbes; systèmes racinaires fasciculés des céréales et des plantes
• étale la charge de travail. fourragères (y compris le trèfle rouge) sont excellents
pour la structure du sol. L’ajout de blé dans la rotation
Toute rotation des cultures repose sur la règle de procure des avantages qui s’étendent souvent au-delà
base suivante : la même culture ne devrait jamais de l’année où la céréale est cultivée. Le tableau Intro-1,
se succéder à elle-même. La monoculture mènera Points à considérer dans le choix des rotations des cultures,
au développement de maladies et à la prolifération illustre l’amélioration de cultures grâce à la rotation.
des insectes nuisibles à cette culture, et se traduira Pour en savoir plus sur la rotation des cultures, voir le
éventuellement par des infestations plus importantes chapitre 8, Gestion assurant la santé du sol.
et des rendements moindres. Plus la même culture est
semée souvent dans un champ, plus le risque est élevé.
Tableau Intro-1. Points à considérer dans le choix des rotations des cultures
Culture précédente
Cultures Haricots
Culture Maïs Soya Céréales fourragères comestibles Canola
Maïs • Volume • Plus d’options • Volume • Risque accru • Aucun problème • Réduction des
important de de rotation des important de de vers fil-de-fer mycorhizes =
résidus à gérer herbicides et résidus dans dans le gazon baisse de
• Baisse de de lutte contre une culture en de graminées l’absorption
rendement les mauvaises semis direct (si du phosphore
• Moins d’options herbes la paille n’est • Risque de
de rotation des • Risque accru pas retirée, elle diminution de
herbicides et de hanneton peut garder le la croissance
de lutte contre européen (sol à sol plus frais) de la plante
les mauvaises texture légère) • Plus d’options
herbes de rotation des
• Larves de herbicides et
chrysomèle de lutte contre
des racines du les mauvaises
maïs (culture en herbes
semis direct à • Plus d’options
court terme) de cultures
couvre-sol
Soya • Volume • Baisse de • Possibilités • Risque accru de • Risque accru • Risque accru
important de rendement de rotation vers fil-de-fer de pourriture de pourriture
résidus à gérer • Faible apport des herbicides à sclérotes à sclérotes
• Plus d’options des résidus • Problème • Dégradation • Risque de
de rotation des (baisse de potentiel de du sol diminution de
herbicides et la teneur limaces (couvre- la croissance
de lutte contre en matière sol pour l’hiver) de la plante
les mauvaises organique du
herbes sol)
• Limaces • Moins d’options
(culture en de rotation des
semis direct herbicides et
à court terme) de lutte contre
les mauvaises
herbes
• Risque accru de
maladies des
racines du soya,
de pourriture
à sclérotes et
de nématode à
kyste du soya
vii
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau Intro-1. Points à considérer dans le choix des rotations des cultures
Culture précédente
Cultures Haricots
Culture Maïs Soya Céréales fourragères comestibles Canola
Céréales • Risque accru • Problèmes liés • Risque accru de • Risque accru de • Récolte hâtive • Risque
d’automne de fusariose de aux dates de maladies des dégâts causés qui facilite les de légère
l’épi semis selon plantules, des par le ver fil- semis rapides diminution de la
la durée de la racines et des de-fer croissance
croissance du feuilles
cultivar • Moins d’options
d’herbicides et
de possibilités
de rotation
Céréales de • Volume • Aucun problème • Risque accru de • Risque accru de • Aucun problème • Aucun problème
printemps important de maladies des vers fil-de-fer
résidus qui plantules, des
peut nuire à la racines et des
préparation des feuilles
lits de semence
Haricots • Aucun problème • Risque accru • Limaces • Limaces dans • Dégradation • Pourriture à
secs de pourriture pouvant causer les cultures en du sol sclérotes
comestibles des racines et des dommages semis direct • Risque accru • Risque
de pourriture à en semis direct • Moins d’options de pourriture de légère
sclérotes d’herbicides des racines et diminution de
de pourriture la croissance
à sclérotes
• Baisse de
rendement
Canola • Limaces • Risque accru • Aucun problème • Limaces • Risque accru • Baisse de
pouvant causer de pourriture pouvant réduire de pourriture à rendement
des dommages des racines et la densité du sclérotes • Risque accru
en semis direct de pourriture peuplement de pourriture
• Récolte trop à sclérotes des racines
tardive pour les et de pourriture
semis de canola à sclérotes
d’automne • Déstructuration
• Risque de du sol
rémanence
des herbicides
viii
Introduction
ix
Guide agronomique des grandes cultures
• Élimination des mauvaises herbes • Plantes à croissance rapide qui donnent de l’ombrage : radis oléagineux
et autres brassicacées, seigle d’automne, sarrasin.
• Amélioration de la structure du sol • Plantes au système racinaire fasciculé : avoine, orge, seigle, blé, triticale,
ray-grass ou trèfle.
• Réduction de la compaction • Les racines de la plupart des cultures couvre-sol contribueront à réduire
la compaction.
• Compaction modérée : radis.
• Si le sol est très compacté, il faut des plantes aux racines pivotantes
vigoureuses et denses qui croissent avec le temps : luzerne, mélilot.
• Apport de biomasse dans le sol • Semis d’automne : céréales de printemps, radis oléagineux.
• Semis d’été : millet, sorgho, sorgho herbacé, sorgho-Soudan.
•P
rotection contre l’érosion
• La plupart des cultures couvre-sol, une fois bien établies : seigle
(éolienne et hydrique) d’automne, blé d’automne, ray-grass, céréales de printemps semées tôt.
• Culture fourragère d’urgence • Automne : avoine, orge, blé, seigle, brassicacées fourragères.
• Été : millet, sorgho, sorgho herbacé, sorgho-Soudan (voir le tableau 3-2
pour davantage de plantes fourragères annuelles).
• Élimination des nématodes • Moutarde Cutlass, sorgho-Soudan (Sordan 79, Trudan 8), millet
perlé (CFPM 101), souci (Crackerjack, Creole), radis oléagineux
(Adagio, Colonel).
Ce ne sont pas toutes les cultures couvre-sol qui peuvent éliminer les
populations de nématodes; certaines sont des plantes-hôtes. Il existe des
interactions précises entre le type de couvre-sol et l’espèce de nématode.
x
Introduction
Travail du sol et gestion des résidus sol au printemps, habituellement à l’aide d’un cultivateur
ou d’un pulvériseur tandem. La plupart du temps, le
Facteurs en faveur du travail du sol labour se fait à une profondeur de 15 cm (6 po), car si
Outre l’accélération de l’assèchement, bien d’autres le sol est travaillé plus profondément, le sous-sol se
facteurs jouent en faveur du travail du sol pour les mélange souvent au lit de semence, ce qui n’est pas
productions culturales : souhaitable. Plus un champ est uniforme et nivelé
après le labour d’automne, plus il est possible de réduire
• Lutte contre les mauvaises herbes; les coûts du travail superficiel du sol et d’améliorer
• Extermination des vers fil-de-fer et des asticots; l’efficacité du semoir. La méthode traditionnelle a
• Nivelage du sol améliorant l’uniformité des lits comme désavantage de ne pas laisser suffisamment de
de semence; résidus à la surface du sol, lequel est donc davantage
• Intégration de résidus de culture; exposé à l’érosion éolienne et hydrique. Sur les terres
• Épandage d’engrais et de fumier; présentant de nombreuses pentes, le simple fait de
• Préparation des lits de semence. travailler le sol risque de provoquer le déplacement
de grandes quantités de terre arable vers le bas (érosion
La découverte des herbicides a grandement réduit causée par le travail du sol).
la nécessité de sarcler le sol (sauf en production
biologique). Par ailleurs, l’invention de matériel
permettant de semer dans les résidus fait en sorte qu’il Travail réduit du sol à l’automne
est possible de planter des cultures en travaillant peu Le chisel, la défonceuse à disques et le pulvériseur
ou pas le sol. De manière générale, un sol travaillé en (tandem ou déporté) sont les outils de travail du sol les
majeure partie au printemps sera moins vulnérable à plus couramment utilisés à l’automne en Ontario. Ils
l’érosion que s’il est travaillé à l’automne. Il vaut mieux laissent habituellement davantage de résidus au sol
travailler le sol juste assez pour atteindre ses objectifs, tout en libérant la surface à l’automne, ce qui permet
ce qui contribuera à maintenir le sol en place et à de faire les semis par un seul passage au printemps
prévenir les déversements dans les cours d’eau. (sans travail superficiel du sol).
xi
Guide agronomique des grandes cultures
cultures, il faut tenir compte du risque d’érosion, de susceptibles à l’érosion, en particulier si elles se
la disponibilité du matériel de gestion des résidus au trouvent en haut et en bas d’une pente.
printemps, et du drainage des champs. Par l’expérience,
les producteurs ont découvert que le travail réduit de
Travail du sol en profondeur
sols non dérangés au printemps engendre de meilleurs
résultats lorsqu’ils utilisent des dents à haut dégagement, Avec l’accroissement de la charge par essieu des
des dents étroites ou des socs d’enterrage, ou passent machines agricoles, et comme de façon générale les
un rouleau en même temps que le cultivateur. sols sont de plus en plus compactés, la méthode du
travail en profondeur est de plus en plus employée. La
raison qui est le plus souvent invoquée en faveur de
Travail du sol par bandes superficiel cette méthode est que l’ameublissement des couches
à l’automne de sous-sol compacté et l’élimination des semelles de
La méthode de travail du sol d’automne limité à des labour favorisent une croissance rapide et profonde des
bandes étroites destinées à recevoir les rangs de maïs racines tout en améliorant le drainage. Cependant, en
l’année suivante suscite énormément d’intérêt depuis Ontario, les sous-sols qui sont ameublis par le travail
quelques années. On prépare des bandes de sol en en profondeur sont souvent compactés de nouveau
les ameublissant, en les débarrassant des résidus et au passage de la machinerie. De plus, comme cette
souvent en les surélevant, tout en laissant le reste du opération détruit les pores naturels créés par les vers
champ couvert de résidus de culture qui le protègent. et les racines des cultures précédentes, les sols ainsi
Le printemps suivant, ces bandes sont plus sèches et travaillés et sur lesquels passe la machinerie pourraient
moins denses, et se prêtent mieux au semis direct. finalement être moins bien drainés. Le travail en
profondeur de sols secs, conjugué à des cultures aux
Le travail du sol par bandes superficiel permet également racines profondes (luzerne, mélilot), est le meilleur
d’épandre les engrais par bandes alors que dans une moyen de décompacter le sol.
culture en semis direct, l’application doit se faire à la
volée. L’épandage d’engrais à l’aide de la méthode de
Semis direct
travail du sol par bandes superficiel remplace aussi
parfois l’application d’engrais de démarrage au semoir. Dans les cultures en semis direct, il n’y a aucun
L’épandage de phosphore et de potassium sur des sols travail du sol des lits de semence. Immédiatement
travaillés par bandes superficiellement à l’automne, s’ils avant le passage de l’ouvre-sillon, on ameublit le sol
sont suffisamment fertiles, peut générer des rendements de façon superficielle sur une bande étroite avec un
supérieurs à ceux de cultures en semis direct où un coutre ou des tasse-résidus montés sur le semoir.
volume similaire d’engrais a été appliqué à la volée. La production culturale par semis direct repose en
partie sur l’utilisation efficace de nouvelles techniques
et méthodes de gestion des champs tenant compte
Travail du sol par bandes superficiel des facteurs limitant le rendement qui, en d’autres
au printemps circonstances, seraient corrigés par le travail du sol.
Le travail du sol par bandes superficiel au printemps
permet de préparer des lits de semence à texture fine et Pour réussir une culture en semis direct,
sans résidus qui sont propices à l’utilisation d’un semoir. il est important :
Cette méthode est utilisée la plupart du temps dans des
sols à texture fine, mais peut parfois convenir à des sols • que le sol soit bien drainé et que l’eau s’y
à texture moyenne bien drainés. En général, elle est infiltre bien;
appliquée au maximum de 6 à 12 heures avant l’utilisation • d’assurer une rotation de différentes cultures;
du semoir pour éviter que la zone de germination • de gérer les résidus pour que le sol soit couvert
s’assèche trop. Les producteurs se servent aussi de cette toute l’année;
méthode pour appliquer une partie ou la totalité des • d’employer des techniques de lutte contre les
amendements d’azote (N), de phosphore (P) et de mauvaises herbes ne nécessitant pas de travail
potassium (K) dont les cultures de maïs ont besoin. du sol;
• de gérer les maladies et les insectes;
Sur le plan de la conservation des sols, cette méthode • d’ajuster la fertilité du sol et d’envisager
a aussi l’avantage d’éliminer des bandes présentes l’utilisation d’engrais;
à l’automne qui peuvent faire passer l’eau et être • de réduire la compaction du sol.
xii
Introduction
Dépistage et lutte intégrée contre les ravageurs dans l’appareil. Beaucoup de systèmes de gestion des
La lutte intégrée contre les ravageurs est une façon de cultures et des exploitations agricoles dans leur ensemble
gérer les mauvaises herbes, les insectes et les maladies comportent des applications pour le terrain qui s’intègrent
faisant appel à tous les moyens possibles de les maintenir à leurs programmes principaux. Bon nombre de ces
sous le seuil de nuisibilité économique. Le système applications exploitent aussi les fonctionnalités d’un
cultural résiste ainsi mieux aux échecs, car le producteur système de localisation GPS, donnant ainsi la possibilité
n’utilise pas que des pesticides pour lutter contre les aux utilisateurs de mieux indiquer l’endroit où des
ravageurs. Les techniques de lutte intégrée contre les problèmes sont découverts. La figure Intro-1, Exemple
mauvaises herbes comprennent le dépistage, le travail d’une application ontarienne de dépistage et de tenue de
du sol, la gestion des éléments nutritifs, la rotation des registres pour téléphone intelligent, présente plusieurs
cultures et l’utilisation de cultures couvre-sol. captures d’écran de Gestion des ravageurs, une
application conçue pour aider les producteurs de
En surveillant ses champs et ses cultures tout au long l’Ontario à dépister les ravageurs. Elle leur permet
de la saison de croissance et au-delà, le producteur de gérer les champs de manière instantanée et de
peut déceler les problèmes et prendre rapidement les cartographier les endroits où des ravageurs ont été
mesures nécessaires pour réduire toute perte de nature découverts en vue de tenir des registres.
économique tout en améliorant l’efficacité du travail au
champ. Il se peut que certains problèmes ne puissent
être résolus quand on les détecte, mais il est tout de
même possible de consigner des renseignements en
vue d’une utilisation ultérieure.
xiii
Guide agronomique des grandes cultures
mondiale par l’industrie, les chercheurs, les organismes 5. Utilisation efficace des éléments nutritifs
gouvernementaux, les producteurs et leurs conseillers. Utiliser les éléments nutritifs efficacement, c’est
Cette approche, essentielle au développement d’une s’assurer que les éléments sont disponibles lorsque
agriculture durable, peut améliorer la production la plante en a besoin, ce qui réduit les pertes
alimentaire de manière viable sur le plan économique d’éléments nutritifs et maintient la fertilité
tout en protégeant l’environnement. du sol.
xiv
Table des matières
xv
Guide agronomique des grandes cultures
xvi
Table des matières
xvii
Guide agronomique des grandes cultures
xviii
Table des matières
Plans de gestion des éléments nutritifs . . . . . . . 266 12. Gestion des grains entreposés
Biodisponibilité de l’azote provenant sur place
du fumier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266 Entreposage des grains dans
Analyse du fumier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 des cellules. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305
Valeur à long terme du fumier . . . . . . . . . . . . . . . . . 275 Suggestions pour une bonne gestion
Besoins des cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275 des cellules de stockage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305
Problèmes environnementaux liés Vérification des cellules de stockage . . . . . . . . . . 306
au fumier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277 Maîtrise des insectes dans les grains
Atténuation des risques liés à l’azote . . . . . . . . . 278 entreposés sur place. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
Évaluation des risques liés au phosphore . . . . . 278 Garder les lieux propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
Fumier et semis direct. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279 Maintenir les installations d’entreposage
Calibrage des épandeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280 en bon état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
Utilisation de matières de source Entreposer des grains propres et secs . . . . . . . . 308
non agricole dans les champs . . . . . . . . . . . . . . . . . 280 Surveiller la température d’entreposage
Engrais. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281 et dépister les insectes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308
Sels solubles dans les terres agricoles. . . . . . . . 282 Identifier les ravageurs correctement . . . . . . . . . . 309
Toxicité des engrais. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 Insectes des grains entreposés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309
Engrais foliaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286 Technique de dépistage des insectes
Calcul des besoins en engrais. . . . . . . . . . . . . . . . . 287 des grains entreposés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309
Citations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287
13. Lutte contre les mauvaises herbes
10. Dépistage Pertes de rendement dues aux
Dépistage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289 mauvaises herbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313
Dépistage traditionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289 Stratégies de lutte intégrée contre les
Moment opportun. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289 mauvaises herbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313
Outils et techniques de dépistage . . . . . . . . . . . . . 290 Concurrence de la culture aux
Nouveaux outils de dépistage. . . . . . . . . . . . . . . . . . 290 mauvaises herbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317
Dépistage des insectes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291 Lutte mécanique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318
Utilisation d’une toile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291 Résistance aux herbicides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320
Utilisation de pièges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291 Blessures causées par les herbicides . . . . . . . . . 320
Utilisation d’un filet fauchoir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291 Signes de dommages causés par
Nombre de points d’échantillonnage. . . . . . . . . . . 292 différents groupes herbicides. . . . . . . . . . . . . . . . . . 322
Schémas de dépistage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 292 Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
Densité de peuplement et
niveaux d’infestation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293
14. Lutte intégrée contre les ravageurs
Consignation des observations. . . . . . . . . . . . . . . . 294
Manipulation et soumission et protection de leurs ennemis naturels
des échantillons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295 et des pollinisateurs
Utilisation des degrés-jours de croissance Lutte intégrée contre les ravageurs . . . . . . . . . . . . . . . 333
et des unités thermiques de croissance . . . . . . . . . . 295 Utilisation et protection des
Degrés-jours de croissance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295 ennemis naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 334
Unités thermiques de croissance. . . . . . . . . . . . . . 296 Prédateurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
Calcul des valeurs d’UTC quotidiennes . . . . . . . . 297 Vertébrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
Outils cartographiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298 Parasitoïdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
Agents pathogènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
11. Agriculture de précision Protection des pollinisateurs et des
Outils de précision. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299 insectes utiles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339
Cinématique en temps réel et système Renseignements connexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
de localisation GPS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299
Applications de l’agriculture de précision. . . . . . 299 15. Insectes et animaux nuisibles aux
Application à taux variable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300 grandes cultures
Défis technologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301 Ravageurs terricoles des grandes cultures . . . . 343
Gestion en temps réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301 Espèces d’asticots nuisibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 345
Télédétection. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301 Ravageurs du maïs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354
Véhicule aérien sans pilote / système Ravageurs du maïs terricoles. . . . . . . . . . . . . . . . . . 355
d’aéronef sans pilote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302 Ravageurs du maïs de surface. . . . . . . . . . . . . . . . . 355
xix
Guide agronomique des grandes cultures
xx
Tableaux
xxi
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 2-6 – Effets des dates de semis sur Tableau 3-5 – Doses d’azote recommandées sur
le rendement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 les cultures fourragères vivaces . . . 96
Tableau 2-7 – Rendement d’un cultivar adapté Tableau 3-6 – Doses de phosphate (P2O5)
par rapport à celui d’un cultivar recommandées pour les cultures
de saison longue avec des fourragères. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
semis précoces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Tableau 3-7 – Doses de potasse (K2O)
Tableau 2-8 – Effet de l’écartement des rangs recommandées pour les cultures
sur le nombre de jours avant la fourragères. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
formation d’un couvert complet Tableau 3-8 – Interprétation des résultats
(semis en mai). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 d’analyse des tissus végétaux
Tableau 2-9 – Incidence de l’écartement des pour la luzerne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
rangs sur le rendement . . . . . . . . . . . . 57 Tableau 3-9 – Digestibilité et teneur en protéines
Tableau 2-10 – Rendements obtenus avec un de la luzerne et du brome à divers
semoir à céréales et un semoir stades de maturité. . . . . . . . . . . . . . . . 102
de précision. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Tableau 3-10 – Pertes potentielles
Tableau 2-11 – Taux de semis recommandés à la fenaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
pour le soya. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Tableau 3-11 – Guide des teneurs en eau à
Tableau 2-12 – Effets du traitement des semences l’entreposage et poids
sur la densité de peuplement et le approximatif des balles . . . . . . . . . . . 106
rendement du soya1. . . . . . . . . . . . . . . . 60 Tableau 3-12 – Concentrations typiques des
Tableau 2-13 – Rendement prévu des peuplements produits dérivés de la fermentation
de soya optimaux et réduits. . . . . . . . 61 de l’ensilage (matière sèche) . . . . . 115
Tableau 2-14 – Stades végétatifs du soya. . . . . . . . . . 64 Tableau 3-13 – Densités souhaiTableauxs des
Tableau 2-15 – Stades reproductifs du soya . . . . . . . 65 peuplements de luzerne. . . . . . . . . . . 121
Tableau 2-16 – Doses de phosphate (P2O5)
recommandées pour le soya . . . . . . . 66 4. Céréales
Tableau 2-17 – Doses de potasse (K2O) Tableau 4-1 – Rendement du blé d’automne
recommandées pour le soya . . . . . . . 66 selon la méthode de travail
Tableau 2-18 – Effet de l’application d’azote au du sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
printemps dans des sols à teneur Tableau 4-2 – Comparaison des semis de
faible sur le rendement du soya. . . . 67 céréales de printemps sur sol
Tableau 2-19 – Interprétation des résultats gelé et sur sol sec . . . . . . . . . . . . . . . . 125
d’analyse des tissus végétaux Tableau 4-3 – Comparaison de la quantité et
pour le soya. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 de la qualité de la paille. . . . . . . . . . 127
Tableau 2-20 – Teneur en eau à l’équilibre Tableau 4-4 – Éléments nutritifs de la paille. . . . . 128
(% à l’état humide) du soya Tableau 4-5 – Caractéristiques de diverses
exposé à l’air. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 classes de céréales. . . . . . . . . . . . . . . 129
Tableau 2-21 – Pourcentage de perte de rendement Tableau 4-6 – Calcul du potentiel de rendement
des cultivars de soya indéterminés pour plusieurs densités
selon la surface foliaire de peuplement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
endommagée et le stade Tableau 4-7 – Densités de peuplement
de croissance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 recommandées pour les
cultures céréalières. . . . . . . . . . . . . . . 138
3. Cultures fourragères Tableau 4-8 – Calcul du taux de semis nécessaire
Tableau 3-1 – Caractéristiques des espèces en fonction de l’écartement
fourragères vivaces cultivées des rangs pour atteindre la
en Ontario. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 densité de peuplement visée . . . . . 138
Tableau 3-2 – Mélanges suggérés pour le fourrage Tableau 4-9 – Calcul du taux de semis
entreposé et le pâturage. . . . . . . . . . . 84 nécessaire en fonction du nombre
Tableau 3-3 – Caractéristiques des cultures de semences pour atteindre la
fourragères annuelles en Ontario . . 89 densité de peuplement visée . . . . . 138
Tableau 3-4 – Taux de semis recommandés Tableau 4-10 – Aspects de la gestion des
pour les peuplements de cultures de blé après diverses
légumineuses et les peuplements cultures dans les rotations. . . . . . . . 140
de graminées purs . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
xxii
Tableaux
Tableau 4-11 – Effets des régulateurs de Tableau 5-4 – Stades végétatifs et reproductifs
croissance des plantes . . . . . . . . . . . 141 des haricots secs comestibles. . . . 170
Tableau 4-12 – Effets du fongicide en fonction Tableau 5-5 – Directives relatives au phosphate
de la date du traitement . . . . . . . . . . 142 (P2O5) pour la culture des haricots
Tableau 4-13 – Besoins en azote des secs comestibles . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
cultures céréalières. . . . . . . . . . . . . . . 144 Tableau 5-6 – Directives relatives à la potasse
Tableau 4-14 – Besoins en azote du blé de (K2O) pour la culture des haricots
qualité pâtissière (dose d’azote secs comestibles . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
la plus rentable). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 Tableau 5-7 – Interprétation des résultats
Tableau 4-15 – Augmentation de la teneur d’analyse des tissus végétaux
en protéines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 de haricots secs comestibles. . . . . 172
Tableau 4-16 – Épandage d’azote à l’automne. . . . 146
Tableau 4-17 – Directives relatives aux apports 6. Canola de printemps et d’automne
d’azote (dose la plus rentable) Tableau 6-1 – Taux de semis du canola . . . . . . . . . 184
pour l’orge de printemps selon Tableau 6-2 – Nombre approximatif de degrés-jours
la teneur du sol en azote de croissance requis pour que le
des nitrates. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 canola de printemps atteigne divers
Tableau 4-18 – Pertes de rendement liées stades de développement. . . . . . . . . 187
à des schémas d’épandage Tableau 6-3 – Doses d’azote recommandées
d’azote erronés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 pour le canola de printemps . . . . . . 189
Tableau 4-19 – Le NAU comme support Tableau 6-4 – Directives relatives à l’épandage
pour herbicides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 d’azote au printemps pour le
Tableau 4-20 – Doses de phosphate (P2O5) canola d’automne (doses les
recommandées pour plus profitables). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
les céréales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Tableau 6-5 – Directives relatives au phosphate
Tableau 4-21 – Doses de potasse (K2O) (P2O5) pour le canola. . . . . . . . . . . . . . 190
recommandées pour Tableau 6-6 – Directives relatives à la potasse
les céréales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 (K2O) pour le canola. . . . . . . . . . . . . . . 190
Tableau 4-22 – Syndrome du rang de maïs. . . . . . . . 151 Tableau 6-7 – Interprétation des résultats
Tableau 4-23 – Effet de l’engrais de démarrage d’analyse des tissus végétaux
sur le rendement. . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 pour le canola. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Tableau 4-24 – Interprétation des résultats Tableau 6-8 – Pourcentage de perte de
d’analyse des tissus végétaux rendement due à la destruction
pour les céréales. . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 des ramifications pendant la
Tableau 4-25 – Influence de la vitesse de floraison du canola. . . . . . . . . . . . . . . . 196
rotation du ventilateur sur
le rendement du blé. . . . . . . . . . . . . . . 155 7. Autres cultures
Tableau 4-26 – Débit d’air suggéré pour le Tableau 7-1 – Besoins en azote du sarrasin . . . . . 201
séchage du blé à l’air ambiant Tableau 7-2 – Directives relatives au phosphate
et à basse température. . . . . . . . . . . 157 (P2O5) pour le sarrasin et le lin. . . . 201
Tableau 4-27 – Températures maximales Tableau 7-3 – Directives relatives à la potasse
de l’air recommandées pour (K2O) pour le sarrasin et le lin. . . . . 201
le séchage du blé de meunerie Tableau 7-4 – Taux de prélèvement des éléments
et de semence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 nutritifs chez les cultivars de
Tableau 4-28 – Teneur en eau à l’équilibre miscanthus commun récoltés à
du blé tendre d’automne l’automne et hivernant cultivés
exposé à l’air. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159 en Ontario (Engbers 2012) et
comparaison avec les données
5. Haricots secs comestibles d’études . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Tableau 5-1 – Dates de semis recommandées . . 166 Tableau 7-5 – Directives relatives au phosphate
Tableau 5-2 – Taux de semis pour les haricots (P2O5) pour le tournesol . . . . . . . . . . . 214
blancs et noirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Tableau 7-6 – Directives relatives à la potasse
Tableau 5-3 – Taux de semis pour les (K2O) pour le tournesol. . . . . . . . . . . . 215
haricots colorés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
xxiii
Guide agronomique des grandes cultures
xxiv
Tableaux
13. Lutte contre les mauvaises herbes Tableau 15-10 –Seuils de défoliation des
Tableau 13-1 – Classement des cultures couvre-sol haricots secs comestibles . . . . . . . 400
en fonction de leur efficacité contre Tableau 15-11 –Signes d’infestation dans les
les mauvaises herbes. . . . . . . . . . . . . 314 champs de canola. . . . . . . . . . . . . . . . 403
Tableau 13-2 – Densité de peuplement de mauvaises
herbes au printemps après le semis 16. Maladies des grandes cultures
estival de Tableau 16-1 – Risque de perte de rendement
différentes cultures couvre-sol. . . . . . 314 associé à différents niveaux de
Tableau 13-3 – Période critique d’absence de population de NKS (selon les
mauvaises herbes dans les résultats d’analyse du sol). . . . . . . . 428
grandes cultures en Ontario. . . . . . . 318 Tableau 16-2 – Signes de pourriture brune
Tableau 13-4 – Pertes de rendement du maïs des tiges, de chancre des
et du soya dues aux mauvaises tiges et de syndrome de la
herbes dans différentes conditions mort subite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 430
d’humidité du sol . . . . . . . . . . . . . . . . . 318 Tableau 16-3 – Comparaison des principales
Tableau 13-5 – Les 30 espèces de mauvaises herbes rouilles des petites céréales
les plus courantes dans les cultures en Ontario. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 447
ontariennes de soya, de blé Tableau 16-4 – Comparaison des virus
d’automne et de maïs selon un s’attaquant aux céréales. . . . . . . . . . 448
sondage auprès de conseillers en
culture agréés mené en 2014. . . . . . 319
Tableau 13-6 – Pertes de rendement attribuables
aux mauvaises herbes dans
le soya et le maïs en fonction
de densités de peuplement
connues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320
Tableau 13-7 – Mauvaises herbes résistantes
aux herbicides en Ontario en
date de janvier 2016. . . . . . . . . . . . . . 321
xxv
Figures
xxvi
Figures
10. Dépistage
Figure 10-1 – Schémas de dépistage. . . . . . . . . . . . 293
Figure 10-2 – Exemple de carte créée avec
les Agri Cartes de l’Ontario
(ontario.ca/agricartes) . . . . . . . . . . . . 298
xxvii
1. Maïs
Le maïs est largement cultivé dans tout le Sud de façon importante l’assèchement et le réchauffement
l’Ontario. Au cours des années 2004 à 2015, la du sol, ce qui permet de faire les semis assez tôt et
superficie moyenne consacrée au maïs-grain était de d’obtenir une levée rapide et uniforme. Le tableau 1-1,
769 000 ha (1,9 million d’acres), avec un rendement Comparaison des effets de deux méthodes de travail du
moyen de 9,53 t/ha (152 bo/ac). Le maïs à ensilage sol sur le rendement du maïs-grain, résume les résultats
destiné à l’alimentation animale occupe 118 000 ha des recherches effectuées en Ontario sur le travail
(0,3 million d’acres). Le maïs-grain cultivé dans la du sol dans les cultures de maïs après une récolte
province est destiné soit à l’alimentation animale de maïs-grain ou de céréales; ces résultats ont été
(55 %), soit à des usages industriels (45 %). regroupés selon la texture du sol. Après une culture de
céréales, de maïs-grain ou de soya sur des sols à texture
moyenne ou fine, cette opération a permis des gains
Travail du sol de rendement dans environ 70 % des cas avec une
moyenne de 5 à 7 %.
Pour produire du maïs en Ontario, il faut tenir compte
de la texture du sol et du type de rotation des cultures.
Parmi les facteurs qui pèsent dans le choix de la Rotation des cultures
méthode de travail du sol, notons le risque d’érosion, Un bon système de rotation des cultures peut
la disponibilité du matériel et de la main-d’œuvre, et remplacer un important effort de travail du sol. Le
l’effet sur la santé du sol. Les sols sont généralement tableau 1-1 résume les résultats des recherches qui
saturés au début du printemps, et il faut qu’ils ont été effectuées en Ontario sur le travail du sol; ces
s’assèchent rapidement pour permettre d’effectuer les résultats concernent des sols à texture moyenne ou
semis assez tôt. Employé à bon escient, le travail du sol fine et ont été regroupés selon la nature de la culture
a pour effet de l’ameublir, ce qui lui permet de sécher précédente. Voici ce qui a été généralement observé :
plus rapidement au printemps. Il améliore également
le drainage et réduit la couche de résidus, ce qui accroît • Après des cultures fourragères, le travail du sol ne
la vitesse d’évaporation. permet qu’un faible gain de rendement du maïs.
L’inclusion de cultures fourragères dans la rotation
améliore la structure du sol et l’ameublit parfois assez
Pour assurer la conservation du sol et réduire pour permettre de ne pas le travailler.
son érosion dans les champs de maïs, il faut que • Dans les systèmes de semis direct, le gain de rendement
la surface soit recouverte à 30 % de résidus de relativement faible produit par le travail du sol après
culture ou d’une culture couvre-sol, et ce, durant une culture de soya (plutôt qu’après des céréales ou
toute l’année. du maïs-grain) s’explique en partie par les quantités
moindres de résidus qui sont laissées sur place.
• En présence d’importantes quantités de résidus, le
Texture et drainage du sol sol peut rester plus frais au début de la saison, ce qui
En Ontario, le travail du sol améliore peu le retarde les semis, ralentit la croissance du maïs et
rendement sur les sols à texture grossière (sable, loam réduit le potentiel de rendement. Après une culture
sableux et sable loameux) qui se drainent bien (classe de céréales ou de maïs-grain sur des sols à texture
« drainage rapide » ou « drainage bon »), même dans moyenne ou fine, le travail du sol s’est accompagné
le cas de cultures qui laissent une importante couche de gains de rendement du maïs dans 75 % des cas
de résidus, comme le maïs-grain ou les céréales. Par avec une moyenne de 5 à 9 %.
contre, sur les sols à texture lourde où le drainage est
relativement lent, le travail du sol peut accélérer de
1
Guide agronomique des grandes cultures
Autres facteurs en faveur du travail du sol du travail superficiel du sol et d’améliorer l’efficacité
Outre l’accélération de l’assèchement, d’autres facteurs du semoir. La méthode traditionnelle ne laisse pas
jouent en faveur du travail du sol pour les cultures de maïs : suffisamment de résidus à la surface du sol, lequel
est donc davantage exposé à l’érosion éolienne et
• Meilleure uniformité du lit de semence, qui permet hydrique. Sur les terres présentant de nombreuses
au semoir de donner des résultats plus réguliers et pentes, le simple fait de travailler le sol risque de
donne une levée plus égale; provoquer le déplacement de grandes quantités de
• Incorporation de l’engrais ou du fumier épandu terre arable vers le bas.
en surface, ce qui améliore la disponibilité ou
l’absorption des éléments nutritifs; Travail réduit du sol à l’automne
• Élimination ou incorporation des résidus de
Le chisel, la défonceuse à disques et le pulvériseur
mauvaises herbes ou de cultures susceptibles
(tandem ou déporté) sont les outils de travail réduit du
d’héberger des insectes nuisibles et de faciliter
sol les plus couramment utilisés à l’automne en Ontario.
leur multiplication;
Des essais menés en Ontario ces 20 dernières années
• Réduction du compactage du sol.
ont démontré de façon générale que, pour la production
de maïs, le passage des disques prépare mieux le sol
Méthode traditionnelle et permet un meilleur rendement que le passage du
chisel. Le tableau 1-2, Effets des méthodes de travail du
La méthode traditionnelle de travail du sol en Ontario
sol employées à l’automne sur le rendement du maïs-grain,
consiste à passer la charrue à socs à l’automne, puis
résume les résultats de ces essais.
à travailler superficiellement le sol au printemps,
habituellement à l’aide d’un cultivateur ou d’un
Le travail avec un chisel pourvu de dents vrillées
pulvériseur tandem. La plupart du temps, le labour
laisse parfois un sol mal nivelé, ce qui peut entraîner
se fait à une profondeur de 15 cm (6 po), car si le sol
des coûts supplémentaires au moment des passages
est travaillé plus profondément, le sous-sol se mélange
suivants, donner des lits de semence inégaux et
souvent au lit de semence, ce qui n’est pas souhaitable.
provoquer à l’occasion un assèchement excessif.
Plus un champ est uniforme et nivelé après le labour
L’utilisation de socs bineurs sur la totalité ou sur
d’automne, plus il est possible de réduire les coûts
une partie du chisel permet d’éviter certains de ces
Tableau 1-1 – Comparaison des effets de deux méthodes de travail du sol sur le rendement du maïs-grain
Charrue
Nombre Gain de à socs,
Comparaison Type de sites Semis direct Charrue à socs rendement gain:perte
Texture du sol 1
Grossière 11 8,22 t/ha 8,16 t/ha -0,9 % 45:55
(131 bo/ac) (130 bo/ac)
2
1. Maïs
problèmes. Cela vaut également pour l’ajout d’une Voici les trois types d’usages pour lesquels les outils
barre niveleuse ou de herses à l’arrière du chisel, ou de travail du sol vertical sont les plus efficaces dans les
pour un travail superficiel du sol effectué au printemps. champs de maïs :
Ces méthodes devraient être envisagées pour tout
travail réduit du sol à l’automne. Le fait de laisser une 1) Le travail superficiel du sol quand un travail réduit
surface bien nivelée à l’automne permet de faire les du sol a été effectué l’automne précédent;
semis par un seul passage au printemps (sans travail
superficiel du sol). Cette technique permet de réduire le 2) La gestion des résidus en un seul passage et la
coût du travail du sol et d’améliorer la structure du sol. préparation du lit de semence pour le maïs quand il y
Souvent, à l’automne, le sol est laissé en mauvais état, si a moins de résidus (p. ex. après le soya ou après le blé
bien qu’au printemps, il faut effectuer plusieurs passages d’automne lorsque la paille est retirée);
pour préparer le champ à recevoir les semences.
3) La gestion des résidus et travail superficiel du
sol pour une rotation maïs et maïs quand on peut
Le travail réduit du sol à l’automne devrait donner
effectuer un travail du sol vertical une première fois
une surface suffisamment lisse pour limiter le
à l’automne et une deuxième fois au printemps.
travail superficiel du sol au printemps.
Travail réduit du sol au printemps
Le meilleur moyen de réduire l’érosion et les coûts des
Travail du sol vertical
intrants consiste à ne pas travailler le sol à l’automne.
Le travail du sol vertical sert à réduire le compactage et Certains producteurs hésiteront peut-être à opter
l’effet de lissage pouvant être causé par la machinerie pour cette solution dans le cas de sols à texture fine
qui travaille la terre à l’horizontale. Beaucoup d’outils où une culture de maïs ou de blé, par exemple, a
à cet effet visent à réduire les résidus en fragments laissé de grandes quantités de résidus. Par contre,
plus petits et à les répartir, mais leur utilisation brise la après une culture de soya, le travail du sol à l’automne
structure du sol dans une certaine mesure et mélange présente peu d’avantages dans la plupart des champs
les résidus à la surface au reste du sol (voir photo 1-1). de l’Ontario. Le tableau 1-2, Effets des méthodes de
Parmi les outils traditionnels de travail du sol vertical, on travail du sol employées à l’automne sur le rendement du
compte notamment les dents (paraboliques ou droites), maïs-grain, montre que même dans un sol à texture
généralement dépourvues de socs bineurs ou d’extensions, fine, lorsque le maïs suit le soya dans la rotation, il
et les coutres droits ou ondulés qui sont parallèles au suffit généralement de travailler le sol uniquement au
sens de la marche. En réalité, divers outils pour le travail printemps (deux passages de cultivateur). D’autres
du sol conviennent au travail du sol vertical, même s’ils essais de démonstration effectués sur des sols à texture
comportent des disques légèrement concaves, des socs moyenne ou grossière ont mené à la même conclusion.
bineurs bas et de grandes herses qui travaillent davantage Par l’expérience, les producteurs ont découvert que
le sol, car ils respectent le principe de cette méthode, et ce, le travail réduit de sols non dérangés au printemps
sans retourner ou lisser le sol de façon importante. engendre de meilleurs résultats lorsqu’ils utilisent des
dents à haut dégagement, des dents étroites ou des socs
d’enterrage, ou passent un rouleau en même temps que
le cultivateur.
3
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 1-2 – Effets des méthodes de travail du sol employées à l’automne sur le rendement du maïs-grain
Les parcelles travaillées à la charrue à socs et au chisel ont été soumises à un travail superficiel au printemps; les parcelles travaillées
uniquement au pulvériseur tandem à l’automne ont été directement ensemencées au printemps, sans travail superficiel du sol.
Méthode de travail du sol
Uniquement
le pulvériseur
Culture Nombre tandem à
Endroit Comté Sol précédente d’années Charrue à socs Chisel l’automne
Alvinston Lambton Argile Soya 3 5,96 t/ha 5,39 t/ha 5,71 t/ha
(95 bo/ac) (86 bo/ac) (91 bo/ac)
Fingal Elgin Loam limono- Soya 3 9,97 t/ha 9,66 t/ha 9,66 t/ha
argileux (159 bo/ac) (154 bo/ac) (154 bo/ac)
Centralia Huron Loam Blé (paille mise en 3 9,16 t/ha 8,72 t/ha 8,84 t/ha
limoneux balles) (146 bo/ac) (139 bo/ac) (141 bo/ac)
Wyoming Lambton Loam limono- Blé (paille mise en 3 9,97 t/ha 9,72 t/ha 9,85 t/ha
argileux balles) (159 bo/ac) (155 bo/ac) (157 bo/ac)
Moyenne 8,78 t/ha 8,41 t/ha 8,53 t/ha
(140 bo/ac) (134 bo/ac) (136 bo/ac)
Source : T. Vyn, K. Janovicek, D. Hooker et G. Opuku, Université de Guelph.
Travail du sol par bandes superficiel Selon les recherches, sur des sols à texture moyenne ou
à l’automne après une culture de soya, les méthodes de travail du
La méthode de travail du sol d’automne limité à des sol par bandes superficiel à l’automne ne produisent
bandes étroites destinées à recevoir les rangs de maïs pas régulièrement de meilleurs rendements que le
l’année suivante suscite énormément d’intérêt depuis semis direct.
quelques années. On prépare des bandes de sol en les
ameublissant, en les décalant par rapport aux rangs Tableau 1-3 – Travail du sol par bandes superficiel
à l’automne en vue d’une culture de maïs après du
précédents, en les débarrassant des résidus et souvent en
blé d’automne (paille retirée)
les surélevant quelque peu, tout en laissant le reste du
Humidité Rendement
champ couvert de résidus de culture qui le protègent.
Méthode du sol au
Le printemps suivant, ces bandes sont plus sèches et de travail début de Sol à texture Sol à texture
moins denses, et se prêtent mieux au semis direct. du sol mai fine moyenne
Charrue 23,3 % 9,97 t/ha 9,22 t/ha
Le tableau 1-3, Travail du sol par bandes superficiel à socs à (159 bo/ac) (147 bo/ac)
à l’automne en vue d’une culture de maïs après du blé l’automne
d’automne (paille retirée), résume les résultats d’une Travail du 25,6 % 9,97 t/ha 8,72 t/ha
étude menée en Ontario qui compare l’emploi d’un sol par (159 bo/ac) (139 bo/ac)
bandes en
outil de travail par bandes superficiel en profondeur profondeur
Trans-till avec les systèmes traditionnel et de semis à l’automne
direct sur des chaumes de blé d’automne. Les données Semis direct 29,8 % 9,35 t/ha 8,47 t/ha
obtenues montrent que sur les sols à texture fine, (149 bo/ac) (135 bo/ac)
le travail du sol par bandes superficiel à l’automne Source : T. J. Vyn, 1997, Université de Guelph.
donnait généralement de meilleurs rendements que
le semis direct. Le travail par bandes superficiel à Les mesures de taux d’humidité effectuées sur ces
l’automne n’a produit des rendements égaux à ceux du mêmes parcelles montraient généralement qu’au
système traditionnel (charrue à socs) qu’à Wyoming. début du mois de mai, là où l’on avait travaillé le sol
Des recherches menées par la suite ont corroboré les par bandes à l’automne, celui-ci était constamment
résultats qui apparaissent au tableau 1-3 : sur les sols plus sec que dans les parcelles de semis direct qui
à texture fine après une culture de blé, le travail du sol n’avaient pas été touchées (voir tableau 1-3). Les essais
par bandes superficiel à l’automne donne généralement effectués côte à côte n’ont pas permis de démontrer la
des rendements de maïs supérieurs à ceux du semis supériorité systématique du travail du sol par bandes
direct et égaux à ceux des méthodes traditionnelles. superficiel à l’automne, mais cette méthode est souvent
4
1. Maïs
plus avantageuse là où il y a de vastes superficies de 3. utiliser des engrais qui risquent moins d’entraîner
sols mal drainés ou recouverts d’une épaisse couche des dommages par le sel ou l’ammoniac (p. ex.
de résidus; en effet, elle permet de hâter les semis, de l’urée enrobée de polymère). En employant une
rendre la levée plus uniforme et d’accélérer la croissance méthode qui permet l’épandage d’engrais, on peut
du maïs. Là où le travail du sol par bandes superficiel réduire le coût et la complexité du semoir à maïs
à l’automne donnait de moins bons résultats que les traditionnel utilisé pour le travail de conservation
méthodes traditionnelles, le travail par bandes superficiel du sol, notamment car la pression sur le semoir est
au printemps a permis d’accroître les rendements. réduite et les coutres, les tasse-résidus et les engrais
secs ne sont plus nécessaires.
Le travail du sol par bandes superficiel permet
également d’épandre les engrais par bandes alors que Sur le plan de la conservation des sols, le travail
dans une culture en semis direct, l’application doit du sol par bandes superficiel au printemps a aussi
se faire à la volée. L’épandage d’engrais à l’aide de l’avantage d’éliminer des bandes présentes à l’automne
la méthode de travail du sol par bandes superficiel qui peuvent faire passer l’eau et être susceptibles à
remplace aussi parfois l’application d’engrais de l’érosion, si elles se trouvent en haut et en bas d’une
démarrage au semoir. L’épandage de phosphore et pente. De plus, il est possible de limiter encore plus
de potassium sur des sols travaillés par bandes à l’érosion en utilisant un système de localisation GPS
l’automne peut générer des rendements supérieurs à pour dessiner des bandes qui suivent le contour des
ceux de cultures en semis direct où un volume similaire champs en pente, que ce soit pour le travail du sol à
d’engrais a été appliqué à la volée. Cependant, dans l’automne ou au printemps (voir photo 1-2).
les méthodes de travail du sol par bandes superficiel,
l’épandage de phosphore (P) et de potassium (K)
Travail du sol en profondeur
par bandes à l’automne donnait généralement des
rendements moins élevés que l’épandage au semoir, Avec l’accroissement de la charge par essieu des
en particulier là où les teneurs en phosphore et en machines agricoles, et comme de façon générale les
potassium étaient moyennes ou faibles. sols sont de plus en plus compactés, la méthode du
travail en profondeur est de plus en plus employée. La
raison qui est le plus souvent invoquée en faveur de
Travail du sol par bandes superficiel cette méthode est que l’ameublissement des couches
au printemps de sous-sol compacté et l’élimination des semelles de
Le travail du sol par bandes superficiel au printemps labour favorisent une croissance rapide et profonde des
permet de préparer des lits de semence à texture fine racines tout en améliorant le drainage. Cependant, en
et sans résidus qui sont propices à l’utilisation d’un Ontario, les sous-sols qui sont ameublis par le travail
semoir à maïs. Cette méthode est utilisée la plupart en profondeur sont souvent compactés de nouveau
du temps dans des sols à texture fine, mais peut au passage de la machinerie. De plus, comme cette
parfois convenir à des sols à texture moyenne bien opération détruit les pores naturels créés par les vers
drainés. En général, elle est appliquée au maximum et les racines des cultures précédentes, les sols ainsi
de 6 à 12 heures avant l’utilisation du semoir pour travaillés et sur lesquels passe la machinerie pourraient
éviter que la zone de germination s’assèche trop. Cette finalement être moins bien drainés et moins favorables
méthode sert aussi à appliquer une partie ou la totalité à la croissance des racines.
des amendements d’azote (N), de phosphore et de
potassium dont les cultures de maïs ont besoin. Pour
éviter de brûler les semences ou les plantules avec
l’engrais, on peut :
5
Guide agronomique des grandes cultures
En Ontario, le travail du sol en profondeur à la défonceuse de cette opération. Le recours au travail du sol par
à disques (30 à 35 cm ou 12 à 14 po) est maintenant bandes superficiel en vue d’un labour en profondeur
beaucoup plus employé. Le tableau 1-4, Effets de trois a l’avantage d’éviter le passage de la machinerie sur les
méthodes de travail du sol sur le rendement du maïs-grain, bandes jusqu’à la prochaine récolte, ce qui laisse au sol
résume les résultats d’une étude d’évaluation des gains le temps de se stabiliser avant le prochain passage.
de rendement obtenus avec cette méthode sur des
sols de texture moyenne. Sur ces sols productifs, et en Tableau 1-5 – Effets des méthodes de
présence de peu de signes de compaction importante du travail du sol sur les rendements du maïs
sous-sol, les gains de rendement étaient peu importants cultivé après du blé d’automne
et l’avantage économique était inexistant par rapport Granton Ridgetown
à une méthode de travail par bandes superficiel sur Méthode de (loam / loam (loam
environ la moitié de la profondeur. Après une culture travail du sol argileux) argileux)
de blé, les méthodes de travail du sol à la défonceuse Charrue à socs à 11,35 t/ha 7,78 t/ha
l’automne (181 bo/ac) (124 bo/ac)
à disques et par bandes à l’automne ont donné des
rendements supérieurs de 5 % à ceux du semis direct; Travail du sol 10,79 t/ha 8,15 t/ha
par bandes en (172 bo/ac) (130 bo/ac)
cependant on obtenait un gain tout aussi important profondeur à
en effectuant à l’automne un travail du sol par bandes l’automne
superficiel à une profondeur d’environ la moitié de celle 30 cm (14 po)
obtenue avec la défonceuse à disques. Chez certains Semis direct 10,73 t/ha 7,65 t/ha
(3 coutres) (171 bo/ac) (122 bo/ac)
producteurs, le travail du sol en profondeur a donné
Semis direct 10,85 t/ha 7,78 t/ha
de bons résultats dans des endroits mal drainés ou très (tasse-résidus) (173 bo/ac) (124 bo/ac)
compactés (p. ex. tournières). En Ontario, souvent, cette
Source : T. Vyn, B. Deen, K. Janovicek, Université de Guelph,
opération n’est nécessaire que dans les parties de champs D. Young, Université de Guelph, campus de Ridgetown
ou dans les champs très mal drainés ou très compactés. (1998-2000).
• Drainage du sol;
Il semble également que le travail du sol par bandes • Rotation des cultures;
superficiel permette de réduire la compaction du sol • Gestion des résidus;
et d’améliorer le drainage au moyen du travail en • Lutte contre les mauvaises herbes;
profondeur. Dans certains cas, on suggère de travailler • Lutte contre les insectes et les maladies;
le sol à une profondeur pouvant atteindre 30 à 35 cm • Mise en place des engrais;
(12 à 14 po). Des chercheurs ont mis à l’essai cette • Compactage du sol.
méthode de travail du sol par bandes sur des sites
voisins de Granton et Ridgetown. Le tableau 1-5,
Effets des méthodes de travail du sol sur les rendements Drainage du sol
du maïs cultivé après du blé d’automne, montre qu’un Dans les systèmes de semis direct, en l’absence d’un
ameublissement profond n’a apporté aucun gain de travail qui ameublit le sol et y incorpore les résidus, les
rendement, ou un gain qui ne compense pas les coûts champs s’assèchent moins vite au printemps. Cela peut
6
1. Maïs
avoir pour effet de retarder les semis et même de réduire semis direct, indique les rendements de maïs obtenus
le nombre de jours disponibles pour la mise en terre. au cours d’essais portant sur le travail du sol; trois
Dans de nombreux types de sols de l’Ontario, il faut un différentes quantités de paille ont été laissées sur le
bon système de drainage si l’on veut avoir des chances champ, et le maïs a été semé sans travail du sol l’année
raisonnables de mettre en terre une culture de maïs par suivante. Si l’on enlève la paille des champs de maïs,
semis direct dans un bon lit de semence et assez tôt surtout après des cultures de blé à fort rendement et
pour que la croissance des racines se fasse rapidement sur des sols à texture lourde, le semis direct est plus
et en profondeur. Il devient souvent évident pour les susceptible de donner un rendement égal à celui
producteurs que le semis direct est très difficile à réussir obtenu sur des sols travaillés à la charrue
dans les sols à texture fine en l’absence d’un réseau à socs à l’automne.
complet de drainage souterrain. Si le réseau de drainage
est insuffisant dans ce type de sol, il faudra souvent Tableau 1-6 – Effets de différentes
effectuer un travail du sol sous une forme ou une autre quantités de paille de blé sur le
à l’automne pour maximiser le potentiel de rendement. rendement du maïs en semis direct
Méthode de travail du sol / quantité
de paille1,2 Rendement
Rotation des cultures Semis direct, paille et chaume 9,16 t/ha
En Ontario, pour la culture du maïs, le semis direct entièrement laissés sur place (146 bo/ac)
produit généralement des rendements comparables à Semis direct, paille en balles mais 9,35 t/ha
ceux des méthodes avec travail du sol après des cultures chaume laissé sur place (149 bo/ac)
laissant peu de résidus comme le soya, les haricots secs Semis direct, paille en balles et chaume 9,91 t/ha
comestibles et les plantes fourragères récoltées sous forme coupé et enlevé (158 bo/ac)
de foin ou d’ensilage préfané. L’accumulation de résidus Charrue à socs, paille en balles mais 9,97 t/ha
chaume laissé sur place (159 bo/ac)
en surface peut ralentir l’assèchement des sols ayant un
Source : T. Vyn, G. Opuku et C. Swanton, Université de Guelph.
drainage naturel relativement lent, ce qui empêche
d’ensemencer assez tôt pour permettre une croissance
1
Moyenne de 1994-1996, Wyoming (Ontario).
2
Le chaume atteignait des hauteurs d’environ 20 à 30 cm
racinaire rapide, précoce et profonde. Après une culture (8 à 12 po), sauf dans les parcelles où il avait été coupé
fourragère, la structure du sol se trouve améliorée et les et enlevé.
vers de terre sont plus actifs, ce qui peut contribuer au
succès de la production de maïs par semis direct. Quand il est impossible d’ôter la paille, il faut
impérativement l’étaler de manière uniforme, avec la
Sur les sols à texture moyenne ou fine, après des paillette, pour que les méthodes de semis direct ou de
cultures qui laissent de grandes quantités de résidus, la travail réduit du sol donnent de bons résultats avec
production de maïs par semis direct atteint difficilement le maïs. Même lorsque la paille est laissée en andains
un rendement optimal, même si les autres composantes groupés, il faut étaler la paillette aussi uniformément
de la production ont été prises en compte. que possible pendant le moissonnage-battage. Lorsque
le printemps est frais et pluvieux, les plaques épaisses
Après des cultures laissant beaucoup de résidus de résidus de blé en décomposition empêchent le sol
(p. ex. maïs-grain, céréales), si l’on décide de ne pas de se réchauffer, ralentissent la croissance, attirent
retirer ces derniers, il sera probablement nécessaire les limaces et entraînent ainsi souvent des pertes de
d’effectuer un certain travail du sol pour pouvoir rendement, ce qu’un étalement uniforme aide à éviter.
semer tôt et maximiser le potentiel de rendement.
L’incorporation de toute la paille peut être plus
Gestion des résidus avantageuse que la pratique du travail réduit du sol.
Pour réduire les coûts du travail du sol, accroître le Sur les exploitations agricoles où le potentiel d’érosion
bénéfice net et améliorer la santé à long terme du sol, est plus élevé, l’adoption d’une méthode de travail
il faut faire des choix sur le meilleur mode de gestion réduit du sol, même si elle oblige à retirer une partie
des résidus de culture, notamment la paille de blé. de la paille, est probablement plus viable. Une autre
Pour une culture de maïs par semis direct ou par solution est d’opter pour une méthode qui soumet les
travail réduit du sol après du blé, il faut débarrasser le champs de blé à un léger travail du sol et qui incorpore
champ de la paille. Le tableau 1-6, Effets de différentes partiellement la paille tout en laissant une bonne
quantités de paille de blé sur le rendement du maïs en protection à la surface.
7
Guide agronomique des grandes cultures
Des chercheurs ont étudié les effets des apports d’azote temps avant les semis. L’incorporation doit avoir lieu
visant à accélérer la dégradation de la paille. Il ressort au moins trois semaines avant les semis pour que les
de ces travaux qu’après un épandage d’azote sur la mouches adultes ne soient plus attirées par les végétaux
paille de blé à l’automne, celle-ci ne se décomposait pas en décomposition.
plus vite. En outre, au printemps suivant, les teneurs
en azote du sol n’étaient pas plus élevées que dans les Certaines maladies ont davantage tendance à se
autres parcelles. développer lorsqu’on utilise un système de semis
direct, puisque le travail du sol peut être d’un certain
secours dans ce domaine. En effet, il permet au sol
Lutte contre les mauvaises herbes de se réchauffer et de s’assécher rapidement, ce qui
La lutte contre les mauvaises herbes est primordiale si réduit le risque de maladies des plantules. Plusieurs
l’on veut que le maïs donne un rendement optimal. maladies responsables des pourritures de la tige
Dans les cultures en semis direct, on devra parfois peuvent également être évitées avec le travail du sol,
intensifier les efforts de lutte contre les mauvaises même si, dans certains cas, c’est la rotation des cultures
herbes vivaces et les nouvelles espèces apparues à la et le choix des hybrides qui contribuent le plus à les
suite d’un changement dans les peuplements de plantes prévenir.
adventices. Les traitements de destruction chimique en
présemis au printemps sont essentiels pour permettre Pour en savoir plus sur les insectes nuisibles et les
à la culture de se développer sans subir la pression maladies qui touchent le maïs, lire le chapitre 15,
des mauvaises herbes pendant les premiers stades de Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures,
croissance, qui sont décisifs. et le chapitre 16, Maladies des grandes cultures.
Lutte contre les insectes et les maladies Mise en place des engrais
Le travail du sol peut contribuer à lutter contre Dans les champs soumis pendant longtemps au
certains animaux nuisibles et certaines maladies, voire semis direct, il peut se produire une stratification des
à les éliminer. Les mauvaises herbes, les repousses des éléments nutritifs (concentration près de la surface
cultures précédentes et certaines cultures couvre-sol du sol). La mise en place des engrais est d’autant
laissées à la surface du sol en hiver et au début du plus importante que cette méthode ne permet pas
printemps peuvent attirer les insectes nuisibles. Les d’incorporer ou de mélanger au sol les engrais secs.
mauvaises herbes basses telles que le céraiste vulgaire
sont des sites de ponte idéaux pour les noctuelles D’après des études menées en Ontario et dans le Corn
ipsilon qui arrivent du Sud des États-Unis au début Belt des États-Unis, l’épandage de phosphore et de
du printemps. Les pucerons qui envahissent les potassium sous forme d’engrais de démarrage en bande
céréales peuvent transmettre les virus présents dans a eu des effets similaires au travail à la charrue à socs
le blé spontané aux nouveaux plants de céréales. Si le à l’automne sur le rendement des systèmes de semis
maïs est semé dans une culture couvre-sol de seigle, direct, notamment là où les teneurs en potassium
il risque davantage d’être envahi par des légionnaires. étaient moyennes ou faibles. Dans la méthode de semis
Pour éviter les invasions d’animaux nuisibles, il faut direct, l’épandage de phosphore et de potassium en
prendre des mesures efficaces de lutte contre les bandes au semoir a donné de meilleurs résultats que
mauvaises herbes et de gestion des cultures couvre- l’épandage de surface à la volée. Cependant, sur les
sol en appliquant de l’herbicide à l’automne et en sites peu fertiles, il peut être nécessaire de combiner
travaillant le sol au début du printemps, au moins l’épandage à la volée et au semoir en bandes pour
trois semaines avant les semis. Le travail du sol peut maximiser les rendements obtenus par semis direct.
contribuer à réduire les populations de vers fil-de-fer et
d’asticots, car il permet de les amener à la surface où ils Dans les systèmes de semis direct, les sols sont plus
sont exposés à leurs ennemis naturels. Il faut toutefois frais et moins bien aérés, et la minéralisation de
faire preuve de jugement : plusieurs passages sont l’azote est souvent plus lente que dans les systèmes de
nécessaires, et le résultat n’est pas garanti. Le travail travail du sol traditionnels. On compense souvent par
du sol peut même augmenter le risque d’infestation l’épandage de 35 kg/ha (30 lb/ac) d’azote dans l’engrais
d’une espèce nuisible en particulier, la mouche des de démarrage.
légumineuses, si des mauvaises herbes, du fumier ou
des cultures couvre-sol sont incorporés au sol peu de
8
1. Maïs
Rendement du semoir
L’épandage en bandes latérales de 35 kg/ha Quelle que soit la méthode de travail du sol, il faut
(30 lb/ac) d’azote dans l’engrais de démarrage, que le semoir ait un rendement optimal pour que l’on
effectué au semoir à maïs de semis direct, puisse maximiser le potentiel de rendement du maïs.
permet souvent de compenser la lenteur de la Dans les systèmes de semis direct, le rendement du
minéralisation de l’azote fréquemment observée semoir et le choix du modèle sont particulièrement
dans les sols soumis à ce mode de culture. importants, car, en l’absence de travail du sol, les
propriétés de la couverture de résidus et du sol près de
la surface sont plus variables. Pour réduire la variabilité
Compactage du sol du peuplement et de la levée du maïs et accroître les
La meilleure façon de prévenir le compactage du sol, rendements des cultures de semis direct, il faut donc
c’est d’éviter de travailler le sol lorsqu’il est humide. Le veiller à ce que le matériel de semis soit bien entretenu
compactage du sol est souvent invoqué comme l’une et adapté à cette méthode.
des raisons pour lesquelles le semis direct ne donne pas
toujours un rendement aussi élevé que les méthodes
traditionnelles de travail du sol. Pour améliorer les
rendements du maïs cultivé avec les méthodes de Choix des hybrides
travail réduit, on pourrait intégrer des cultures aux
Évaluation de la maturité
racines profondes à la rotation et ameublir davantage
le sol plus profondément. Cela peut se faire sans La croissance du maïs est étroitement liée à la température,
déranger à outrance les résidus de culture à la surface et ce, surtout entre les semis et l’apparition des soies.
et seulement dans les parties qui recevront les rangs de Contrairement au soya, la longueur du jour a peu
maïs l’année suivante (p. ex. avec un travail du sol par d’effet sur la vitesse de croissance du maïs. Le système
bandes superficiel). d’unités thermiques de croissance (UTC) utilisé en
Ontario a été élaboré pour évaluer les effets de la
De façon générale, la meilleure méthode de prévention température sur la croissance du maïs. On effectue
du compactage profond (35 à 45 cm ou 15 à 18 po) ce calcul à partir des températures maximales et
consiste à réduire le nombre de passages ou à limiter, minimales quotidiennes, ce qui permet d’attribuer une
dans la mesure du possible, l’utilisation de machines cote numérique aux saisons de croissance, aux régions
ayant une forte charge par essieu (p. ex. voitures à géographiques et aux hybrides de maïs. Grâce à ce
grain). À cette fin, il est bon d’éviter le passage de la système, les producteurs peuvent choisir les hybrides
machinerie lorsque le sol est détrempé. les plus susceptibles d’atteindre la maturité avant la
première gelée meurtrière.
En modifiant la pression des pneus, on peut aussi
réduire le compactage du sol dans la zone des
racines, c’est-à-dire dans les 20 premiers cm (8 po). Unités thermiques de croissance de l’Ontario
La réduction de la pression de gonflage permet de Le calcul du nombre d’unités thermiques de croissance
renforcer la flottation des pneus, ce qui peut atténuer se fonde sur une date de début, une formule de calcul
leurs effets sur le sol, notamment sur les couches de des UTC à partir des températures journalières et une
surface. Pour ce faire, il faut : date de fin. Depuis 2009, l’Ontario fixe la date de
début du calcul des UTC au 1er mai, quels que soient
1. savoir quelle est la charge par essieu de l’emplacement et les températures mesurées jusque-là.
chaque pneu; Pour le calcul, on établit un total journalier des UTC
pendant une période de temps donnée, qui se termine
2. connaître les spécifications du fabricant pour lorsque les températures moyennes sont inférieures à
chaque pneu; 12 °C ou à la première occurrence d’une température
de -2 °C. Le système des UTC et la carte actuellement
3. réduire la pression de gonflage au niveau minimal utilisés (souvent appelés UTC-M1 en raison de la
acceptable en fonction des autres facteurs (vitesse, date de début du 1er mai) reposent sur des données
type de charge, roues jumelées, etc.), idéalement à recueillies entre 1971 et 2000. Les UTC en Ontario
1 bar (14,5 lb/po²). sont indiquées sur une carte à la figure 1-1, Unités
thermiques de croissance (UTC-M1) pour le maïs.
9
Guide agronomique des grandes cultures
2 300
North Bay
2 500
2 900
Chenaux
Manitoulin 2 700 Ottawa
Cornwall
Kemptville
3 100
3 100
Brockville
Wiarton
Midhurst
2 700 Peterborough
Belleville
Mt Forest 2 900
3 100 3 300
2 900 2 700
Grand
Toronto
Guelph 3 500
Brucefield
3 100
Vineland
Nord de
London l’Ontario
Delhi
Sarnia
3 300
3 300 2 300 2 100 2 100
Thunder
Bay
Ridgetown
Chatham 3 500 2 300
North
Harrow Bay
2 500
Ailleurs qu’en Ontario, il existe d’autres systèmes Les données qui figurent au tableau 1-7, Équivalences
de quantification de l’effet de la température sur la approximatives entre trois systèmes de mesure de l’apport
croissance du maïs et d’évaluation de la maturité des de chaleur pendant une saison de croissance, permettent
hybrides. Il est malheureusement impossible d’effectuer de faire des comparaisons raisonnables entre les
des conversions mathématiques d’un système à l’autre. différents systèmes.
10
1. Maïs
11
Guide agronomique des grandes cultures
l’exploitation même. Avant de choisir des hybrides environnements. Les technologies d’agriculture de
pour les cultiver sur une grande superficie, il faut précision permettent de mieux déterminer dans quelle
consulter les résultats obtenus sur de nombreux sites mesure les hybrides pourront exploiter les ressources
(idéalement plus de 30) pendant deux saisons. d’un lieu précis de manière plus efficace.
Pour sélectionner les hybrides, on peut commencer par Les producteurs devraient savoir qu’ils peuvent choisir
définir deux groupes d’hybrides pour une exploitation les hybrides les mieux adaptés à leur stratégie, selon
agricole. Le premier groupe, appelé « nouveaux hybrides », qu’elle est à faible ou à haut niveau d’intrants. Pour
comprend les nouveaux hybrides les plus prometteurs sur éviter certains des risques associés au choix des hybrides,
le marché. Il représente les hybrides qui sont cultivés sur il faut se renseigner sur leurs rendements antérieurs. Il
une superficie relativement petite et dont le rendement est est conseillé de choisir ceux qui se complètent et qui
suivi de près sur une exploitation donnée, dans le cadre de n’ont pas les mêmes points faibles. Par exemple, au
bandes d’essais et d’essais publics de rendement. L’objectif moment de sélectionner deux hybrides de saison
est de déterminer rapidement quels sont les hybrides les longue offrant un haut potentiel de rendement pour
plus performants du groupe pour les transférer au groupe des semis précoces, il faut s’assurer qu’ils ne sont pas
des « hybrides éprouvés ». Ce second groupe représente les tous deux mal cotés pour ce qui est de la résistance
hybrides qui ont fait leurs preuves et qui sont cultivés sur aux maladies foliaires.
une grande partie de la superficie consacrée au maïs d’une
exploitation donnée. Les producteurs qui sauront prendre
les meilleures décisions le plus rapidement en intégrant les Résistance à la verse
nouveaux hybrides les plus performants à leur production Il faut rechercher des hybrides qui parviennent à
verront leur avantage concurrentiel optimisé et leur maturité au bon moment et qui offrent un excellent
rendement augmenter. potentiel de rendement. Mais il faut aussi sélectionner
les hybrides en fonction de leur résistance à la verse.
Cette caractéristique est particulièrement importante
là où l’on risque un assèchement important. Si
Les producteurs qui sauront prendre les
l’exploitation agricole possède des installations de
meilleures décisions le plus rapidement en
séchage et qu’il est possible de récolter le maïs lorsque
intégrant les nouveaux hybrides les plus
sa teneur en eau est relativement élevée (> 26 %), la
performants à leur production verront leur
résistance à la verse revêt une moins grande importance.
avantage concurrentiel optimisé.
Les caractéristiques liées à une meilleure résistance à la
verse sont la résistance à la pourriture de la tige et aux
brûlures des feuilles, la vigueur génétique de la tige
Classification des hybrides (écorce épaisse), la faible hauteur du plant, la position
On classe souvent les hybrides de maïs dans des basse des épis sur le plant et le fort pourcentage de
catégories telles que les « chevaux de trait » ou les plants sains en fin de saison. Par ailleurs, l’intégrité
« chevaux de course », selon que leur nature est des plants et leur santé en fin de saison indiquent
offensive ou défensive. Les « chevaux de course » également que la récolte sera meilleure.
(offensifs) sont ceux qui produisent des rendements
supérieurs à la moyenne dans de bonnes conditions, En ce qui concerne la résistance à la verse, l’un des
mais inférieurs à la moyenne quand celles-ci se progrès les plus remarquables a été l’introduction des
dégradent. Les « chevaux de trait » (défensifs) hybrides Bt qui résistent à plusieurs ravageurs du maïs.
sont ceux qui offrent des rendements relativement Tous les producteurs qui utilisent des hybrides Bt doivent
constants indépendamment des conditions de mettre en place un refuge contenant des plants de maïs
croissance. Étant donné que la gestion localisée qui ne sont pas génétiquement modifiés pour empêcher
gagne en popularité, nombreux sont les producteurs l’apparition d’une souche d’organisme nuisible résistante.
qui optent pour des « chevaux de course » dans les Les producteurs peuvent désormais acheter des sacs
zones les plus productives de leur champ, et pour des contenant à la fois des semences Bt et des semences
« chevaux de trait » là où l’état du sol et les conditions non-Bt, ce qui leur évite d’avoir à installer un refuge
météorologiques sont moins favorables. Si l’on suit à part. Pour en savoir plus sur le maïs Bt, voir le
les tendances de l’industrie des semences, les hybrides chapitre 15, Insectes et animaux nuisibles aux grandes
seront de plus en plus définis selon leur capacité à cultures, et visiter le site de la Coalition canadienne
cadrer avec certaines stratégies de gestion et certains contre les ravageurs du maïs, au www.cornpest.ca.
12
1. Maïs
Teneurs en eau à la récolte et coûts de séchage protéines brutes, et de potentiel de prise alimentaire.
Le choix des hybrides peut également dépendre des La quantité de « lait par tonne » est un indice de
teneurs en eau souhaitées à la récolte. Lorsqu’on qualité, tandis que la quantité de « lait par acre »
entrepose le maïs comme céréale à haute teneur en reflète à la fois le rendement et la qualité.
eau (p. ex. 28 %), on a la possibilité de maximiser
les bénéfices en optant pour des hybrides de pleine
saison très performants. Lorsque le maïs est séché lors Passage à des hybrides à cycle plus court
de son entreposage, les producteurs doivent évaluer Selon l’état du champ, il peut être nécessaire de
l’effet des fortes teneurs en eau à la récolte sur le retarder les semis et de choisir des hybrides qui arrivent
bénéfice net. Par exemple, pour un hybride ayant un plus rapidement à maturité. Dans ce cas, il faut tenir
rendement de 0,31 t/ha (5 bo/ac) de plus qu’un autre, compte du potentiel de rendement des hybrides à
il faut comparer le gain net ainsi produit aux coûts cycle plus court, de leur poids spécifique, des coûts de
supplémentaires de séchage. Les essais de rendement séchage et des capacités de récolte en fin de saison.
effectués par le Comité ontarien du maïs montrent
Le maïs-grain atteint 90 % de son poids total lorsque
que lorsqu’ils sont semés tôt, les hybrides sélectionnés
la ligne d’amidon arrive à la moitié de la hauteur du
selon les critères les plus exigeants (de pleine saison
grain, un stade que même les hybrides de pleine saison
et extrêmement tardif ) donnent souvent de meilleurs
semés tard atteignent la plupart des années. Le passage
rendements que ceux qui parviennent à maturité plus
à des hybrides à cycle plus court peut être une solution
rapidement (hybrides de saison plus courte), ce qui
de rechange valable du point de vue du rendement en
compense largement les coûts supplémentaires liés au
grain, dans la mesure où ils offrent au moins 90 % du
séchage. Il faut évaluer le bénéfice net des hybrides
rendement des hybrides de pleine saison. De façon
après déduction des coûts de séchage. Selon ces coûts,
générale, c’est la meilleure option dans les régions où la
bien souvent, un gain de rendement de 2 à 3 bo/ac
saison est plus longue.
compense largement une hausse de 1 % de la teneur en
eau à la récolte.
Si on cultive des hybrides de pleine saison qui ont
besoin de 3 000 UTC-M1, on peut passer à d’autres
Choix des hybrides destinés à l’ensilage hybrides qui exigent de 100 à 150 UTC de moins sans
En ce qui concerne la production destinée trop sacrifier les rendements. Par contre, si l’on cultive
spécifiquement à l’ensilage plante entière, on obtient des hybrides de pleine saison exigeant 2 800 UTC-M1
généralement de meilleurs rendements avec des environ, il est probable que le passage à un autre
hybrides cotés de 100 à 200 UTC de plus que ceux hybride ayant besoin de 100 UTC de moins se soldera
qui sont destinés à la production de grain. Il faut par une baisse de rendement de plus de 10 %.
sélectionner des hybrides à haut rendement pour
l’ensilage et ayant une énergie digestible élevée. Il Une étude à grande échelle effectuée dans tout le
existe sur le marché des hybrides de maïs destinés Nord du Corn Belt a permis de déterminer les dates
uniquement à l’ensilage, et d’autres à double usage. optimales de passage aux hybrides autres que de
Ces derniers permettent la récolte du grain, ce qui pleine saison. Le tableau 1-8, Dates recommandées
offre plus de possibilités au producteur lorsque le silo pour cesser de semer des hybrides de pleine saison dans
est plein. En l’absence de données indépendantes, il différentes zones d’unités thermiques de croissance,
est très difficile de comparer les hybrides de maïs à résume quelques-unes des conclusions de cette étude.
ensilage offerts par les différents fournisseurs et de Les nombreuses données à long terme colligées lors de
faire un choix. Il faut rechercher des hybrides ayant ces travaux reflètent les rendements des hybrides ayant
les meilleures cotes de rendement et de qualité pour différentes cotes de maturité ainsi que les déductions
l’ensilage. Il existe plusieurs modèles de comparaison à faire pour tenir compte du poids spécifique et des
de la valeur économique des hybrides de maïs à coûts de séchage. La date de transition est celle à partir
ensilage. Le modèle Milk 2006 de l’Université de laquelle les semis d’hybrides à cycle plus court
du Wisconsin comprend des calculs de « lait par produisent un meilleur bénéfice net que les hybrides de
acre » et de « lait par tonne » qui combinent les pleine saison (le bénéfice net est le produit brut moins
caractéristiques de rendement à l’ensilage, de les déductions à faire pour les coûts de séchage et le
digestibilité, de teneurs en fibres, en amidon et en poids spécifique).
13
Guide agronomique des grandes cultures
14
1. Maïs
15
Guide agronomique des grandes cultures
En Ontario, les cultures de maïs ont généralement de peuplement pour maximiser l’interception de
69 200 à 88 900 plants/ha (28 000 à 36 000 plants/ac). la lumière et optimiser les rendements. En général,
Cette densité permet de maximiser l’interception de c’est dans les régions de l’Ontario où la saison
la lumière et peut mener à de bons rendements dans est plus longue (plus de 3 200 UTC-M1) que
de nombreuses conditions de croissance différentes l’augmentation des densités a produit les gains
sans que la verse pose trop de difficultés. Au cours de rendement les plus faibles.
des dernières années, on a créé des hybrides qui
tolèrent mieux les fortes densités de peuplement sans Dans les champs de maïs destiné à l’ensilage, on
subir de verse ni souffrir d’infertilité aiguë. Lorsque recommande souvent des densités de peuplement plus
des hybrides anciens et nouveaux sont cultivés côte à élevées (de 10 %) que pour le maïs-grain. Toutefois,
côte à des densités de peuplement très faibles, ils ont des recherches menées à l’Université Cornell vont
des rendements presque identiques. Cependant les à l’encontre de cette recommandation, indiquant
nouveaux hybrides donnent de meilleurs rendements que les peuplements de plus de 86 500 plants/ha
s’ils sont cultivés à des densités plus importantes. Ces (35 000 plants/ac) ne sont avantageux pour aucun
améliorations découlent pour la plupart de la mise des hybrides testés. Ces travaux montrent que plus
au point d’hybrides qui excellent à des densités de les densités augmentent, plus la digestibilité de
peuplement élevées. Certains des plus récents hybrides l’ensilage décroît. Cependant, les hybrides à ensilage
donnent un maximum de rendement économique présentent une diversité génétique, ce qui permet
à des densités allant de 79 000 à 98 800 plants/ha de penser que les densités de peuplement optimales
(32 000 à 40 000 plants/ac). Il est conseillé de peuvent varier de l’un à l’autre.
consulter les données des fournisseurs de semences
pour calculer la meilleure densité de peuplement Profondeur de semis
pour l’hybride utilisé.
En ce qui a trait à la profondeur des semis de maïs,
Dans les champs sujets à la sécheresse où la la première règle à observer est de déposer la semence
disponibilité de l’eau est le principal facteur limitant dans une couche humide (teneur en eau de 25 à 50 %
le rendement, le gain de rendement obtenu avec des ou proche de la capacité de rétention). Mais il y a
taux de semis plus élevés ne permet pas toujours de également d’autres points à prendre en considération
couvrir les coûts qui en découlent. Dans de tels cas, au moment de déterminer la profondeur des semis.
la réduction des taux permet même parfois certaines S’ils sont superficiels (à moins de 3 cm [1,2 po] de
économies. Si le potentiel de rendement grimpe, profondeur), même dans un sol humide, il peut y
la densité de peuplement augmente aussi. En effet, avoir un mauvais positionnement du point végétatif
d’après une étude, pour une augmentation de et des premières racines coronales (voir photo 1-3).
0,94 t/ha (15 bo/ac) du potentiel de rendement Dans certains cas, cela peut provoquer le syndrome de
d’un champ (ou d’une partie d’un champ), la l’absence de racines et exposer davantage la semence
densité de peuplement économiquement optimale aux dommages dus aux herbicides. Dans les sols à
augmente de 1 112 plants/ha (450 plants/ac). texture grossière qui s’assèchent rapidement en surface,
les racines ont par ailleurs plus de mal à s’établir si les
En Ontario, on vise souvent des densités de semences ont été enfouies peu profondément.
peuplement finales moyennes plus élevées que dans
le Midwest américain. Les champs les plus productifs
devraient supporter des densités voisines des valeurs Pour obtenir une profondeur optimale des semis
maximales pour l’hybride choisi. Dans les régions de de maïs, il faut toujours déposer la semence
la province où la saison de croissance est plus courte dans une couche humide. Même si la profondeur
et où l’on cultive des hybrides de plus petite taille, de semis du semoir à maïs est réglée entre 4 et
on pourrait augmenter encore plus les densités de 5 cm (entre 1,6 et 2 po), il faut vérifier qu’aucune
semence ne se trouve à une profondeur de moins
de 3,8 cm (1,5 po).
16
1. Maïs
Par contre, si les semences sont placées plus Une fois la saison de croissance bien entamée, on
profondément, soit à une profondeur de 5,7 à peut mesurer la profondeur de semis. Pour ce faire,
8,2 cm (2,25 à 3,25 po), surtout lorsque les sols sont il faut extraire délicatement le plant, retirer les
froids au début de la saison des semis, la levée peut racines coronales et trouver le mésocotyle : il s’agit
accuser un retard par rapport aux semis effectués à généralement d’une structure blanche et glabre qui
des profondeurs de 4 à 5 cm (1,6 à 2 po). Et qui dit va de la graine au collet. En mesurant la longueur
levée tardive dit augmentation du risque d’infestations du mésocotyle et en y ajoutant 1,9 cm (0,75 po),
d’insectes et de maladies des plantules. Au fur et à on obtient la profondeur de semis.
mesure que la saison des semis avance et que les sols
se réchauffent et s’assèchent, il faut veiller à ce que la
semence de maïs soit mise en contact étroit avec un Croissance du maïs
sol humide et placée à une profondeur de 5 cm (2 po).
Lorsque les semis sont prolongés et dans les sols secs, Le tableau 1-12, Stades végétatifs du maïs, et le
il est souvent moins risqué d’enfouir la semence à une tableau 1-13, Stades reproductifs du maïs, décrivent
profondeur de 7,5 cm (3 po) pour la mettre en contact les étapes de la croissance végétative et du cycle
avec la terre humide que de semer trop près de la de reproduction.
surface en espérant qu’il pleuvra.
17
Guide agronomique des grandes cultures
Collerettes 0 1 4 6 8 12 (variable)
Pointe des 1 3 7 10 11 15 (variable)
feuilles
Feuille 0 2 6 8 10 14 (variable)
recourbée
UTC 180 330 630 780 930 1 170 1 310
nécessaires1
18
1. Maïs
19
Guide agronomique des grandes cultures
Stades de croissance foliaire plus petits qui ont levé plus tard. Les rendements
Il peut sembler facile de compter les feuilles d’un plant peuvent diminuer de 5 % lorsque la levée de la
de maïs, mais certains facteurs peuvent être la source moitié du peuplement est retardée de sept jours, et
d’erreurs. Il est important de savoir à quelle méthode de 12 % lorsqu’elle est retardée de deux semaines. Le
de décompte on fait référence sur les étiquettes de tableau 1-15, Effets de l’écartement des plants et de la
pesticides ou dans les autres données de production. variabilité de la levée sur le rendement du maïs, montre
l’effet relatif de ces deux facteurs sur le rendement du
Au tableau 1-14, Comparaison des stades de croissance, maïs. Pour résumer :
on montre les données obtenues avec différentes
méthodes de décompte des feuilles. • Si la levée d’un plant sur six (17 %) a un retard de
deux stades foliaires (environ 12 jours), la perte
Tableau 1-14 – Comparaison des
globale de rendement est de 4 à 5 %.
stades de croissance • Si la levée d’un plant sur six a un retard de quatre
stades foliaires (environ 21 jours), la perte globale
Pointe de rendement est de 8 %.
des Feuille Hauteur Hauteur • La variabilité de l’espacement dans les rangs
feuilles recourbée Collerette apparente réelle (doublets et vides) n’avait pas d’effet notable sur
3 2 1 5 à 6 cm 5 à 11 cm l’importance des pertes de rendement liées au
5à6 4 3 9 à 17 cm 16 à 25 cm retard de la levée.
7à8 6 4à5 18 à 29 à 46 cm
33 cm Cette étude souligne que le rendement des plants qui se
9 à 10 8 5à6 36 à 54 à 77 cm trouvent à côté d’un plant dont la levée est en retard ne
54 cm compense pas le rendement moindre du plant en retard.
12 10 8 58 à 86 à
85 cm 112 cm
Tableau 1-15 – Effets de l’écartement
14 à 12 10 99 à 121 à des plants et de la variabilité de la levée
15 114 cm 149 cm
sur le rendement du maïs
Source : Publication 75F du MAAARO, Guide de lutte contre
Rendement exprimé en pourcentage du résultat obtenu avec un
les mauvaises herbes.
espacement et une levée uniformes.
Recherches effectuées à Elora et à Woodstock en 2000 et en
Voici les différentes méthodes de décompte 2001.
des feuilles : Retard de la levée
2 feuilles 4 feuilles
• Méthode de la pointe : décompte de toutes les Écartement des (1 plant (1 plant
feuilles y compris de toute pointe qui sort du plants Uniforme sur 6) sur 6)
verticille au sommet du plant. Uniforme 100 % 95 % 91 %
• Méthode de la feuille recourbée : décompte des Doublets (33 % des 99 % 95 % 90 %
feuilles entièrement déployées et recourbées plants)
seulement, la feuille suivante étant visible dans Triplets (50 % des 98 % 94 % 90 %
le verticille, mais dressée. plants)
• Méthode de la collerette : très employée aux États- Source : Liu, Tollenaar, Stewart, Deen, Université de Guelph.
Unis, décompte des feuilles dont la collerette est
visible. La collerette est la bande vert blanchâtre
séparant le limbe de la feuille de sa gaine, qui
Uniformité de l’écartement
s’enroule autour de la tige. On désigne les stades Il est largement admis que les plants de maïs doivent
de croissance du maïs par les codes V1, V2, V3, etc., être uniformément espacés dans les rangs pour produire
où V3 désigne un plant qui a trois collerettes visibles. des rendements élevés. Cependant, un grand nombre
d’études remettent en question l’idée selon laquelle
Uniformité de la levée l’accroissement de la variabilité de l’écartement des
L’homogénéité de la profondeur de semis est un facteur plants entraîne d’importantes pertes de rendement.
primordial pour que la levée soit uniforme. Une levée
inégale nuit au rendement de la culture, parce que la Les rendements relatifs indiqués au tableau 1-15
concurrence exercée par les plants plus gros ayant levé montrent que lorsque les plants ne sont pas espacés
plus tôt réduit le potentiel de rendement des plants de manière uniforme, les plants qui ont plus d’espace
20
1. Maïs
compensent ceux qui en ont moins. Dans cette étude, tableau 1-16, Effets de la vitesse du semoir sur l’écart
on a défini un doublet comme étant constitué de deux type par rapport à l’écartement voulu, la densité et le
plants espacés d’environ 3 cm (1,33 po) à côté d’un rendement du maïs) montrent qu’avec des semoirs
vide d’environ 38 cm (15 po), et un triplet comme bien entretenus, la vitesse de déplacement élevée et
étant constitué de trois plants espacés de 3 cm à côté les légères variations de l’écartement n’ont aucune
d’un vide de 58 cm (23 po). Par ailleurs, d’autres influence sur le rendement.
éléments ont été démontrés :
• Les pertes de rendement sont d’environ 1 % si deux Lorsqu’on évalue les densités de peuplement
plants sur six (33 %) sont regroupés sous forme du maïs, l’uniformité de la levée et la croissance
de doublets. précoce sont plus importantes que l’uniformité
• Les pertes sont d’environ 2 % si trois plants sur six de l’écartement.
(50 %) sont regroupés sous forme de triplets.
• Pour la même densité, un accroissement de 2,5 cm
(1 po) de l’écart type de l’espacement du peuplement Tableau 1-16 – Effets de la vitesse du semoir sur
s’accompagne d’une perte de rendement de moins de l’écart type par rapport à l’écartement voulu, la
densité et le rendement du maïs
0,08 t/ha (1,3 bo/ac). Ces résultats concordent avec
Moyenne de 11 essais effectués en Illinois de 1994 à 1996.
ceux de recherches antérieures menées en Ontario
à la fin des années 1970 et au Wisconsin de 1999 Vitesse
d’avancement Écart-
à 2001.
du semoir type1 Nombre de plants Rendement
• M. Bob Nielsen (Université Purdue, Indiana)
5 km/h 7,3 cm 67 290 plants/ha 9,57 t/ha
signale qu’à partir d’un écart type de 5 cm (2 po), (2,9 po) (27 231 plants/ac) (152,5 bo/ac)
pour chaque accroissement de 2,5 cm (1 po) de
cette valeur, les rendements diminuent de 160 kg/
8 km/h 7,6 cm 67 640 plants/ha 9,55 t/ha
ha (2,5 bo/ac). L’accroissement de la variabilité de
(3,0 po) (27 373 plants/ac) (152,2 bo/ac)
l’écartement pourrait donc s’accompagner de pertes
de rendement significatives.
• Selon les résultats d’une enquête effectuée entre 11,3 km/h 8,2 cm 66 700 plants/ha 9,61 t/ha
(3,2 po) (26 996 plants/ac) (153,1 bo/ac)
1998 et 2000 sur 127 champs de production
commerciale de maïs du Wisconsin avec une densité
de peuplement moyenne de 73 500 plants/ha Source : E. Nafziger, Université de l’Illinois, et H. Brown.
(29 750 plants/ac), l’écart type de l’écartement était
1
Dans un peuplement parfait où chaque plant est séparé
de ses voisins d’exactement 18 cm (7,25 po), l’écart
en moyenne de 8,4 cm (3,33 po), et de moins de type est de zéro. Si l’écartement des plants varie en
11,7 cm (4,66 po) dans 95 % de ces mêmes champs. moyenne de 5 cm (2 po) en plus ou en moins par rapport
• Les résultats de 24 essais menés parallèlement à à l’écartement voulu de 18 cm (7,25 po), l’écart type est
de 5 cm (2 po).
l’étude du Wisconsin permettent de conclure que
des pertes de rendement notables n’apparaissent que
lorsque l’écart type des écartements dépasse 12 cm Le rendement du maïs dépend généralement plus de
(4,75 po). l’uniformité et du moment de la levée ainsi que de
la densité des peuplements que de l’uniformité de
Ces résultats corroborent les conclusions des études l’écartement des plants. L’entretien du semoir et le
effectuées en Ontario (voir tableau 1-15), qui montrent choix des accessoires (coutres, tasse-résidus) doivent
qu’un écartement inégal des plants n’a qu’un effet viser une mise en place homogène des semis et la
négligeable sur les rendements. De façon générale, à préparation du lit de semence en vue d’une levée
l’intérieur de la fourchette de variabilité présente dans rapide et uniforme. Il est important de s’assurer que le
la plupart des champs visés dans la province, la baisse semoir est de niveau et que tous les disques, les jauges
de potentiel de rendement due à cette variabilité est de profondeur et les roues plombeuses sont conformes
probablement minime. aux normes, qu’ils sont alignés et qu’ils fonctionnent à
la bonne profondeur ou à la bonne pression.
On considère souvent qu’un mauvais entretien du
semoir ou un déplacement trop rapide de celui-ci Les vérifications faites avant les semis peuvent
lors des semis nuisent à l’uniformité de l’écartement également avoir une influence déterminante sur
dans les rangs. Des recherches menées en Illinois (voir l’uniformité de la levée. Si le champ n’est pas
21
Guide agronomique des grandes cultures
suffisamment nivelé, si des résidus forment des Aucune recherche n’a encore permis de trouver des
accumulations par endroits ou si le sol n’a pas été hybrides qui seraient particulièrement bien adaptés
ameubli uniformément, même avec un semoir à la culture en rangs rapprochés. L’augmentation des
parfaitement réglé, la mise en place pourrait ne densités de peuplement s’est souvent traduite par
pas être homogène et le lit de semence, ne pas des gains de rendement comparables à ceux obtenus
permettre une levée rapide et uniforme. avec des écartements traditionnels. Les améliorations
du rendement peuvent être sporadiques et les
• Les plants qui lèvent tard et qui ont une ou deux feuilles facteurs pouvant justifier les coûts d’adaptation de la
de retard sur leurs voisins auront probablement un machinerie peuvent dépendre d’autres facteurs, comme
rendement inférieur à celui des peuplements ayant la possibilité d’utiliser un semoir en rangs étroits pour
eu une levée uniforme, et peut-être même inférieur à d’autres cultures (p. ex. haricots secs comestibles), la
celui des cultures semées plus tard mais ayant eu une superficie ensemencée et le coût des modifications
levée uniforme. effectuées. Dans les rangs rapprochés, il y a également
• Des investissements relativement modestes en temps des risques plus importants de pourriture de la tige.
et en argent (ou les deux) consacrés aux réglages
du semoir (installation de nouveaux disques
Reprise des semis
ouvre-sillons, mise à niveau de l’appareil, ajustement
des roues plombeuses, réglage de la profondeur Il n’existe pas de formule simple pour justifier les
des semis) peuvent apporter une augmentation décisions de reprise des semis, et chaque cas doit être
substantielle des rendements et des bénéfices. considéré individuellement. Avant de décider s’il faut
reprendre les semis, il faut tenir compte de données
telles que :
Écartement des rangs
• la première date de semis;
Rangs rapprochés • la densité de peuplement visée;
Des recherches menées par le passé ont montré que le • le peuplement réel;
rapprochement des rangs de maïs (38 à 60 cm [15 à • l’uniformité de la taille des plants;
24 po] au lieu de 76 à 96 cm [30 à 38 po]) était plus • l’uniformité de la distribution des plants;
avantageux sous des latitudes plus nordiques que dans • la date possible de la reprise des semis;
les régions intermédiaires et méridionales du Corn • le coût de la reprise des semis (p. ex. semences,
Belt. La plupart des producteurs de l’Ontario qui ont fongicides, insecticides, carburant).
opté pour la culture en rangs rapprochés visaient un
écartement de 50 cm (20 po), et ils prévoyaient que le Il est possible d’évaluer la densité d’un peuplement
gain de rendement de 3 à 8 % qui en découlerait leur réduit en comptant le nombre de plants sur une
permettrait de financer la conversion des semoirs et longueur de rang équivalente à un millième d’acre
des têtes. Toutefois, des études récemment effectuées (voir tableau 1-11, Densité de peuplement selon
en Ontario par l’Université de Guelph et Pioneer Hi- l’espacement des semences). Il faut répéter cet exercice
Bred ltée ont montré que les écartements de 38 cm au moins cinq fois par zone de 10 ha (25 ac) dans des
(15 po) ou de 50 cm (20 po) apportaient un gain parties différentes du champ. Ensuite, il faut calculer
de rendement minimal par rapport à l’écartement la moyenne de ces échantillons, puis la multiplier par
de 76 cm (30 po). Le principal facteur en faveur des 1 000 pour connaître le nombre de plants par acre.
rangs plus rapprochés est qu’ils permettent d’améliorer Pour obtenir le nombre de plants par hectare, il faut
l’interception de la lumière. Il semble cependant multiplier le chiffre obtenu par 2,47.
qu’une fois que le feuillage est entièrement développé,
l’interception totale de la lumière ne soit pas plus Lors de l’évaluation de la densité de peuplement, il
importante dans les rangs rapprochés que dans les est important d’observer l’uniformité des plants, leur
rangs plus espacés. Si les rangs rapprochés semblent taille et leur distribution sur les rangs. Si le peuplement
procurer un gain de rendement, c’est dû à la fermeture compte plusieurs vides de 30 à 90 cm (12 à 36 po),
plus précoce du couvert végétal et à la meilleure le rendement peut diminuer de 2 %. Si les vides sont
interception de la lumière à la fin de juin et au début plus longs, de 1,25 à 2 m (4 à 6 pi), il faut prévoir
de juillet. une baisse de rendement de 5 à 6 % par rapport à
celui obtenu avec un peuplement uniforme. Plus les
vides sont nombreux et longs sur les rangs, plus les
rendements seront réduits.
22
1. Maïs
Le tableau 1-17, Rendement en grain prévu selon les Les données des recherches effectuées par le Comité
densités de peuplement, montre l’effet de la densité ontarien du maïs ont servi à établir un outil d’aide à
de peuplement sur le rendement final en grain. Les la décision en matière de reprise des semis (Replant
rendements sont établis en fonction de peuplements Decision Aid), grâce auquel les producteurs peuvent
où l’uniformité de la taille et de la distribution des savoir si la reprise des semis est justifiée selon les
plants est normale. Les rendements correspondant à conditions de leur champ et le coût de l’opération.
différentes densités de peuplement sont exprimés en Cet outil se trouve sur le site www.gocorn.net.
pourcentage du rendement obtenu avec une densité de
peuplement finale de 74 000 plants/ha (30 000 plants/ac)
semés avant le 10 mai. Gestion de la fertilisation
La décision de reprendre les semis dépend en grande Azote (N)
partie de la disponibilité d’hybrides précoces offrant
de bons rendements et des coûts de l’opération. Il faut Comme le maïs réagit bien aux produits azotés, le
vérifier si le programme d’utilisation des herbicides sol doit absolument contenir une quantité suffisante
permet le passage au soya et, dans la négative, s’il faut d’azote assimilable pour que la culture soit rentable.
procéder à une nouvelle pulvérisation d’herbicide pour Un excès d’azote constitue une dépense inutile et
le maïs. Il faut ensuite déterminer l’état du reste de la augmente les risques de pollution de l’eau souterraine
culture. Avant de reprendre les semis, il est essentiel de par les nitrates, altère la qualité des eaux de surface et
juger si les facteurs à l’origine du problème au départ entraîne la production d’oxyde nitreux, un gaz à effet
sont encore présents (état du sol, maladie, insectes, de serre. Par ailleurs, une quantité insuffisante d’azote
lésions causées par les herbicides). Si le problème est entraîne une carence en azote.
dû aux insectes ou à la maladie, il faut prévoir les coûts
La carence en azote se manifeste d’abord par le
d’un traitement à l’insecticide ou au fongicide.
jaunissement des feuilles inférieures, qui apparaît à la
pointe, puis progresse le long de la nervure principale
Tableau 1-17 – Rendement en grain prévu
(voir photo 1-4). Tôt ou tard, les parties jaunes
selon les densités de peuplement
brunissent et meurent.
Les rendements sont indexés sur une densité de
30 000 plants/ha = 100.
Toutes les données se rapportent à du maïs semé au plus tard
le 10 mai.
Les essais ont été menés par le Comité ontarien du maïs entre
2006 et 2010.
Densité de Elora Exeter Ridgetown
peuplement (< 2 800 (2 800 à (> 3 200
UTC) 3 200 UTC) UTC)
29 600 78 91 97
plants/ha
(12 000
plants/ac)
44 400 89 93 91
plants/ha
(18 000
plants/ac)
Photo 1-4 – Carence en azote se manifestant
59 300 96 97 97
plants/ha d’abord sur les feuilles inférieures par le
(24 000 jaunissement
plants/ac) de la pointe puis de la nervure principale
74 100 100 100 100
plants/ha Chez les jeunes plants toutefois, des pertes de
(30 000 rendement possibles surviennent bien avant
plants/ac) l’apparition des signes de carence, de sorte que
88 900 103 102 101 le jaunissement n’est pas un indicateur fiable des
plants/ha
(36 000
besoins en engrais azotés.
plants/ac)
23
Guide agronomique des grandes cultures
Il existe deux méthodes pour déterminer les quantités Faire preuve de jugement). Pour ces raisons, on prélève
d’azote optimales : de plus en plus souvent les échantillons lorsque le maïs
a atteint une hauteur de 15 à 30 cm (6 à 12 po),
1. Mesure de la teneur du sol en azote des nitrates avant l’épandage de l’azote en bandes latérales; cette
(NO3-N); méthode s’appelle l’analyse de l’azote des nitrates avant
l’épandage en bandes latérales.
2. Recommandations générales fondées sur le
rendement attendu, le type de sol, la nature de la En reportant ainsi l’échantillonnage après la saison de
culture précédente, le nombre d’UTC de l’endroit, pointe des semis, on a plus de temps pour effectuer
le prix de l’engrais azoté, le prix du maïs et le l’échantillonnage et pour attendre les résultats
moment de l’application. du laboratoire. En outre, il est devenu évident
que les recommandations qui se fondent sur des
prélèvements effectués à cette date plus tardive ont
Les signes de carence en azote sont fréquents davantage de valeur que celles qui sont fondées sur
sur les feuilles inférieures au fur et à mesure que les prélèvements effectués au moment des semis. Cela
les plants approchent de la maturité, même si le est particulièrement vrai lorsque le système cultural
sol contient une concentration d’azote compatible comprend des sources d’azote organique comme du
avec un rendement optimal. fumier ou des légumineuses. Les échantillons prélevés
en juin selon la méthode de l’analyse de l’azote des
nitrates avant l’épandage en bandes reflètent les
Mesure de la teneur du sol en azote des nitrates concentrations de nitrates qui se sont minéralisés à
(NO3-N) partir de ces sources organiques, et ils reflètent mieux
L’aptitude des sols à rendre l’azote biodisponible est très la quantité d’azote total assimilable ainsi que les
variable. La quantité d’azote des nitrates présente dans besoins en engrais azoté.
le sol au moment des semis, ou juste avant la formation
des bandes latérales, est un bon indice de la capacité Prélèvement des échantillons
du sol à fournir de l’azote aux plantes. La mesure de la Il faut prélever un autre échantillon de sol plus
teneur en azote des nitrates au moyen des analyses de profond pour la mesure de l’azote des nitrates parce
sol devrait permettre d’utiliser cet élément de façon plus que ceux-ci sont plus mobiles que le phosphore et le
efficace et plus rentable tout en réduisant le risque de potassium. Ce prélèvement doit être effectué à une
contamination de l’eau souterraine par les nitrates. profondeur de 30 cm (12 po). Il faut prélever toutes
les carottes d’un champ donné à la même profondeur,
Bon nombre des facteurs mentionnés dans les directives
et indiquer celle-ci sur la feuille de renseignements qui
générales ont un effet sur la teneur du sol en nitrate;
accompagne l’échantillon expédié au laboratoire.
les recommandations concernant la mesure de la
teneur du sol en azote des nitrates doivent donc être Pour que l’échantillon soit représentatif du champ, il
considérées comme distinctes des directives générales faut utiliser un schéma d’échantillonnage semblable
sur l’azote. Des recherches en cours visent à mettre au à celui recommandé dans la section Analyse de sol, au
point les méthodes de prise en compte des résultats des chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs. Comme les
analyses de sol sous forme d’ajustement des directives. variations de la teneur du sol en nitrate peuvent influer
fortement sur les recommandations relatives aux
Moment de l’échantillonnage engrais azotés, il faut penser à prélever un plus grand
Les recommandations relatives aux apports d’azote, nombre d’échantillons pour les nitrates que pour le
fondées sur la mesure de la teneur du sol en azote phosphore ou le potassium.
des nitrates, ont été élaborées à partir d’échantillons
prélevés dans les cinq jours qui précèdent ou suivent Il faut prélever des échantillons distincts :
les semis. Cependant, il peut être difficile de faire des
prélèvements à ce moment-là. En cette saison, les • des parties qui ont été gérées différemment dans
variations climatiques peuvent avoir une très grande le passé;
influence sur les résultats des analyses de sol (voir section • des parties où le type de sol est nettement différent;
• des buttes et des dépressions.
24
1. Maïs
Manipulation des échantillons Le tableau 1-18, Directives relatives aux apports d’azote
Il faut placer les carottes dans un seau de plastique selon la quantité d’azote des nitrates au printemps, et le
propre, puis les écraser à la main et bien les mélanger. tableau 1-19, Directives relatives aux apports d’azote
Il faut ensuite prendre environ 500 g (1 lb) de terre du selon la quantité d’azote des nitrates avant l’épandage en
seau et les placer dans un sac de plastique propre ou bandes latérales, montrent les suggestions pertinentes
dans une boîte à échantillons. pour des échantillons de sol prélevés à une profondeur
de 30 cm (12 po); ces quantités ont été calculées à
Si les échantillons ne sont pas manipulés de façon partir d’un rapport coût de l’azote/prix du maïs de 5.
appropriée, l’activité microbienne peut modifier Si ce rapport atteint 7 (c’est-à-dire que le prix de
rapidement leur teneur en nitrates. Par conséquent, il l’engrais azoté aurait monté ou que le prix du maïs
est essentiel de les refroidir ou de les congeler aussitôt aurait baissé), il faudrait réduire les doses indiquées
que possible. Pour l’expédition, il faut les envelopper dans ces tableaux de 20 kg/ha (18 lb/ac). Pour en
dans un matériau isolant qui les maintiendra au frais et savoir plus, voir la section Ajustement selon le rapport
les envoyer par service de messagerie pour qu’ils soient de prix à l’annexe B.
livrés au laboratoire sans délai.
Les échantillons peuvent aussi être séchés à l’air : Tableau 1-18 – Directives relatives
aux apports d’azote selon la quantité
il suffit de les étaler en une mince couche sur une
d’azote des nitrates au printemps (NO3-N)
pellicule de plastique propre en brisant toutes les
grosses mottes. Après un ou deux jours, ils devraient Facteurs de conversion : Pour convertir les kg/ha en ppm pour
être secs; ils pourront alors être expédiés sans autre un échantillon prélevé à 30 cm (12 po), il faut diviser les kg/ha
par 4. Par exemple, si la teneur en azote des nitrates d’un
mesure particulière. Il ne faut pas faire sécher les échantillon pris dans les 30 premiers centimètres (12 po) de
échantillons au four parce que la chaleur peut modifier sol est de 32 kg/ha, cela équivaut à : 32 kg/ha ÷ 4 = 8 ppm.
leur teneur en nitrates. Azote des nitrates au
printemps1 dans
les 30 premiers cm Quantité d’azote réel
Faire preuve de jugement (1 pi) de sol suggérée
Il faut parfois corriger la quantité recommandée 1 ppm 211 kg/ha
d’azote à épandre selon les résultats des analyses 2 ppm 199 kg/ha
de la teneur du sol en azote des nitrates; en effet le 3 ppm 186 kg/ha
test ne détecte pas l’azote du fumier épandu ou des 4 ppm 173 kg/ha
légumineuses enfouies juste avant l’échantillonnage, 5 ppm 161 kg/ha
qui n’a pas encore été converti en nitrates. Les résultats 6 ppm 148 kg/ha
sont accompagnés d’explications sur le calcul de 7 ppm 135 kg/ha
cette correction.
8 ppm 123 kg/ha
9 ppm 110 kg/ha
L’analyse de la teneur du sol en azote des nitrates
10 ppm 97 kg/ha
n’a pas fait l’objet d’une évaluation adéquate dans
les cas suivants : 11 ppm 85 kg/ha
12 ppm 72 kg/ha
• Enfouissement de légumineuses ou de fumier 13 ppm 59 kg/ha
à la fin de l’été ou à l’automne; 14 ppm 47 kg/ha
• Parties où le type de sol est nettement différent; 15 ppm 34 kg/ha
• Utilisation de légumineuses dans un système de 16 ppm 21 kg/ha
semis direct; 17 ppm 9 kg/ha
• Prélèvement des échantillons avant les semis et 18 ppm 0 kg/ha
avant que le sol ne se soit suffisamment réchauffé 100 kg/ha = 90 lb/ac
(p. ex. milieu ou fin d’avril). 1
Azote des nitrates au printemps : échantillons prélevés
dans les cinq jours précédant ou suivant les semis.
Dans ces cas, il faut donc faire preuve de jugement
au moment d’analyser la teneur du sol en azote
des nitrates.
25
Guide agronomique des grandes cultures
26
1. Maïs
Loam sableux 38 19
Sable 52 19 Tableau J. Azote additionnel en bandes latérales –
Ajustement en fonction de la période d’application
Argile sableuse, loam 43 19 (Sud-Ouest et Centre de l’Ontario seulement)
sablo-argileux
Texture du sol Ajustement
Loam limoneux 20 1
(kg/ha)
Loam limono-argileux 36 1
Argile, loam argileux, loam, loam limoneux, 0,8
Argile limoneuse 49 1 argile limoneuse, loam limono-argileux
* L’Est de l’Ontario comprend Frontenac, Renfrew et les Argile sableuse, loam sablo-argileux, loam 0,9
comtés plus à l’est. sableux
Sable, sable loameux 1,0
27
Guide agronomique des grandes cultures
Une partie de l’azote peut être épandue en bandes au L’ajout d’additifs (comme le NBPT, une matière active)
moment des semis. Il est important de ne pas dépasser qui bloquent l’enzyme uréase peut aussi empêcher la
la dose sûre d’engrais à proximité des semences (voir volatilisation de l’urée pendant une longue période.
tableau 9-22, Doses maximales sûres des éléments nutritifs
dans les engrais, au chapitre 9). S’il faut appliquer des Les sols humides sont généralement à l’origine des
doses élevées d’azote au moment des semis, il faut le risques de lessivage ou de dénitrification en début de
placer dans une bande distincte à plus de 10 cm (4 po) saison. Il s’agit soit de sols sableux qui entraînent le
de la ligne de semences. lessivage de l’azote, soit de sols lourds aux conditions
saturées qui entraînent la dénitrification de l’azote.
L’ammoniac anhydre injecté avec du matériel Pour réduire ces deux formes de pertes, il faut
traditionnel doit être placé à au moins 15 cm (6 po) diminuer la taille de la réserve en nitrates dans le
de profondeur. Dans le cas d’injections en présemis, sol avant que la culture n’en absorbe en trop grande
les distributeurs ne doivent pas être espacés de plus de quantité. Pour ce faire, on peut retarder l’application
50 cm (20 po). Si l’espacement est plus important, il d’azote ou utiliser des engrais azotés à libération
est recommandé d’attendre quatre jours avant les semis lente, par exemple des produits enrobés qui retardent
pour éviter d’endommager les plantules. physiquement la libération de l’azote, ou des additifs
qui ralentissent sa conversion en nitrates.
Quand on utilise l’outillage approprié, on peut
appliquer l’ammoniac avec un cultivateur ou un Pour réduire les pertes d’azote en fin de saison, il faut
pulvériseur à disques à une profondeur d’au moins appliquer des doses d’engrais azoté qui correspondent, à
10 cm (4 po) en espaçant les distributeurs d’au plus peu de chose près, aux besoins en azote de la culture, afin de
50 cm (20 po). réduire la teneur du sol en nitrates résiduels après la récolte.
Pour réduire la volatilisation de l’urée, la méthode 1. Les précipitations entre le 10 avril et le 10 juin;
la plus courante consiste à incorporer ou à injecter
l’engrais pour que les particules de sol capturent 2. Le nombre d’UTC accumulées;
l’ammoniac qui pourrait se volatiliser. Généralement,
il suffit de bien cultiver le champ ou d’effectuer 3. Le potentiel de rendement selon l’état du
un passage des disques (un passage) pour éliminer peuplement et le début de la croissance des plants;
28
1. Maïs
4. L’imagerie (p. ex. l’indice de végétation par en ajustant la dose d’azote à épandre en bandes latérales
différence normalisée, ou IVDN, grâce auquel on de 0 à 90 kg/ha (0 à 80 lb/ac) en fonction des indices
peut définir la couleur et la taille de la culture, et saisonniers (p. ex. précipitations, teneur du sol en
mesurer son taux d’azote potentiel). nitrates), on obtenait de biens meilleurs résultats.
Au lieu d’appliquer systématiquement tout l’azote pendant Les épandeurs à haut dégagement, qui sont désormais
la période des semis, il faut tenir compte des intrants plus répandus en Ontario, permettent d’épandre
saisonniers et des recommandations générales pour l’azote jusqu’à la floraison mâle, ce qui prolonge la
améliorer sa stratégie. En réduisant l’application d’azote période de collecte des indices saisonniers qui servent
pendant les semis, on peut mieux évaluer quelles sont les à déterminer les doses d’azote à appliquer, et réduit le
doses à appliquer pour le reste de l’apport en azote. risque que les plants de maïs soient trop hauts pour
les épandeurs en bandes latérales tractés traditionnels.
Le fractionnement des épandages d’azote, qui consiste Des recherches effectuées dans le Corn Belt des États-
à appliquer une partie de l’azote pendant les semis et Unis ont permis de redéfinir la quantité d’azote qui
le reste en bandes latérales (stade V5 ou postérieur), est absorbée par le plant après le stade VT, comme le
permet souvent de réduire la quantité totale d’azote montre la figure 1-2, Absorption de l’azote à différents
requise et de gagner en rentabilité. Mais pour que cette stades de croissance du maïs. Il est clair que les plants
stratégie soit vraiment utile, il ne suffit pas de séparer de maïs ont besoin d’azote après l’apparition des soies.
simplement la dose totale d’azote en deux applications : Toutefois, avant de procéder à une application tardive,
il faut évaluer minutieusement la dose à appliquer la il importe de prendre en compte les éléments suivants :
deuxième fois. Des recherches menées par l’Université
de Guelph et le MAAARO ont montré que lors de • Si de l’azote a déjà été appliqué et qu’il n’a pas
trois saisons de croissance toutes différentes les unes des disparu de la matrice du sol par lessivage ou
autres, si l’on appliquait 111 kg/ha (100 lb/ac) d’azote dénitrification, il pourra alimenter les plants après
pendant les semis, puis 56 kg/ha (50 lb/ac) en bandes l’apparition des soies.
latérales (stade V6), on obtenait une légère amélioration • Jusqu’ici, très peu de recherches ont démontré que
par rapport à une seule application de 168 kg/ha les épandages d’azote en bandes latérales effectués
(150 ac) pendant la période de semis. En revanche, en tardivement (entre le stade V10 et la floraison mâle)
appliquant 111 kg/ha (100 lb/ac) lors des semis, puis avaient un effet positif sur le rendement.
29
Guide agronomique des grandes cultures
Phosphate et potasse
Il existe deux méthodes pour gérer le phosphore (P) et le
Photo 1-5 – Feuilles de plants de maïs violacées,
potassium (K) : la méthode axée sur les concentrations
résultat d’un stress causé le plus souvent par du
convenables, et la méthode axée sur la modification temps frais ou des blessures aux racines. Cela peut
(augmentation ou diminution) et le maintien de la signifier à l’occasion une carence en phosphore.
fertilité du sol. Les directives du MAAARO qui figurent
dans la présente section reposent sur la méthode axée
sur les concentrations convenables. Pour en savoir plus
sur ces deux méthodes et leurs effets en matière de Tableau 1-20 – Doses de phosphate (P2O5)
phosphore et de potassium, voir le chapitre 9, Fertilité recommandées pour le maïs
et éléments nutritifs. D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque
Des concentrations suffisantes de phosphore et de l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain de
rendement ou de qualité dépasse le coût d’application de
potassium sont nécessaires à une croissance et à un l’élément nutritif en question.
rendement optimaux du maïs, même si ces éléments Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais
nutritifs ne produisent pas de résultats aussi évidents en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la
que l’azote. Une carence en phosphore ne produit section sur le fumier du chapitre 9).
pas de signes particuliers, bien que les plants touchés LÉGENDE :
RÉ = réaction élevée RM = réaction moyenne
semblent rabougris et prennent parfois une teinte vert RF = réaction faible RTF = réaction très faible
foncé ou violacée. La teinte violacée des feuilles peut RN = réaction nulle
aussi être un signe de stress occasionné par du temps Teneur en phosphore
frais ou de lésions des racines (voir photo 1-5). Les évaluée au bicarbonate de Quantité de phosphate à
carences en potassium se manifestent d’abord par un sodium appliquer
jaunissement et un brunissement de la pointe des feuilles 0 à 3 ppm 110 kg/ha (RÉ)
inférieures du plant, qui s’étend ensuite au pourtour 4 à 5 ppm 100 kg/ha (RÉ)
(voir photo 1-6). Les rendements peuvent souffrir 6 à 7 ppm 90 kg/ha (RÉ)
d’une carence en l’un ou l’autre de ces éléments nutritifs 8 à 9 ppm 70 kg/ha (RÉ)
ou les deux, même en l’absence de tout signe visible. 10 à 12 ppm 50 kg/ha (RM)
13 à 15 ppm 20 kg/ha (RM)
Les directives pertinentes figurent au tableau 1-20,
16 à 20 ppm 20 kg/ha (RM)
Doses de phosphate (P2O5) recommandées pour le maïs, et
21 à 30 ppm 20 kg/ha (RF)
au tableau 1-21, Doses de potasse (K2O) recommandées
31 à 60 ppm 0 (RTF)
pour le maïs.
61 ppm et plus 0 (RN)1
100 kg/ha = 90 lb/ac
1
Quand la cote est « RN », l’application du phosphore
sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire le
rendement ou la qualité des cultures. Par exemple, des
apports de phosphate peuvent entraîner des carences
en zinc dans les sols pauvres en zinc et augmenter les
risques de pollution de l’eau.
30
1. Maïs
31
Guide agronomique des grandes cultures
32
1. Maïs
Si le potassium est épandu à la volée avant les semis Éléments nutritifs secondaires
de maïs, soit à l’automne soit au printemps, le besoin et oligo-éléments
de potassium dans l’engrais de démarrage devient
nettement moindre, à moins que les teneurs mesurées Magnésium
soient faibles (RÉ) (inférieures à 61 ppm). Dans Bien que le magnésium soit abondant dans la plupart
ce cas, il est probablement rentable d’effectuer des des sols en Ontario, des carences peuvent se produire
épandages à la volée pour accroître la fertilité du sol et dans les sols sableux ou acides. Le premier signe est
des épandages en bandes pour répondre aux besoins l’apparition de bandes jaunes sur les feuilles inférieures
immédiats de la culture. (voir photo 1-8). À mesure que la carence s’accentue,
les feuilles supérieures peuvent également présenter
Tableau 1-23 – Effet des épandages de potassium des bandes jaunes tandis que les feuilles inférieures
à la volée et de diverses options concernant les deviennent rouge violacé.
engrais de démarrage sur le rendement du maïs
6-24-6, épandage de 47 l/ha (5 gal/ac); phosphore (P) et
La chaux dolomitique est une excellente source de
potassium (K), épandage de 35 à 62 kg/ha (31 à 55 lb/ac) de magnésium là où il faut de la chaux agricole pour
P2O5 et de K2O, les deux en mélange. corriger l’acidité du sol. Il faut également l’employer
Dans le groupe de teneurs de moins de 90, les moyennes des sur tous les sols ayant une teneur en magnésium
valeurs mesurées étaient de 71 ppm de K et de 21 ppm de P.
inférieure à 100 ppm. Pour en savoir plus, voir la
Dans le groupe de teneurs de plus de 90, les moyennes des section Acidité du sol et chaulage du chapitre 9,
valeurs mesurées étaient de 122 ppm de K et de 27 ppm de P.
Fertilité et éléments nutritifs.
Teneur
de K Aucun
dans le Engrais de épandage de Épandage de Les sols qui n’ont pas besoin de chaux ont rarement
sol démarrage K à la volée K à la volée besoin de magnésium. Un apport en magnésium
< 90 Aucun 7,6 t/ha 9,8 t/ha n’est recommandé que si l’analyse de sol montre une
(120 bo/ac) (156 bo/ac) teneur inférieure à 20 ppm. Sur ces sols, le magnésium
6-24-6 8,7 t/ha 9,9 t/ha peut être appliqué sous forme de sulfate ou, si une
(liquide, dans la (139 bo/ac) (158 bo/ac) application de potassium s’avère également nécessaire,
raie de semis)
sous forme de sulfate de potasse et de magnésie.
P et K 10,4 t/ha 10,5 t/ha On recommande d’appliquer 30 kg de magnésium
(secs, dans (168 bo/ac) (166 bo/ac)
une bande de hydrosoluble par hectare (27 lb/ac).
2 x 2 po)
> 90 Aucun 11,0 t/ha 11,7 t/ha Une surdose de potassium peut amener des carences
(176 bo/ac) (186 bo/ac) en magnésium; il est donc important de surveiller
6-24-6 11,7 t/ha 12,0 t/ha attentivement la teneur du sol en potassium et de s’en
(liquide, dans la (186 bo/ac) (192 bo/ac) tenir aux doses de potasse recommandées dans les
raie de semis)
rapports d’analyses reconnues par le MAAARO.
P et K 10,9 t/ha 12,2 t/ha
(secs, dans (190 bo/ac) (195 bo/ac)
une bande de
2 x 2 po)
Source : Essais du MAAARO effectués entre 2012 et 2014.
33
Guide agronomique des grandes cultures
Photo 1-8 – Carence en magnésium qui se Photo 1-9 – Carence en zinc prenant la forme
manifeste d’abord par des bandes jaunes sur d’une large bande blanche près de la base
les feuilles du bas, qui peuvent devenir rouge de la feuille chez les jeunes plants
violacé à mesure que la carence s’accentue
34
1. Maïs
Voici des indications générales pour l’évaluation Le grain de maïs sèche à mesure que l’humidité qu’il
des pertes à la récolte dues à l’action de la renferme s’évapore à sa périphérie. La plus grande
moissonneuse-batteuse : partie de l’humidité contenue dans le grain est évacuée
par la base de celui-ci. Les premiers pourcentages
• Des pertes de 22 grains/m2 (2 grains/pi2) équivalent d’humidité sont faciles à éliminer avec relativement
à environ 0,06 t/ha (1 bo/ac); peu d’énergie. Les derniers pourcentages se trouvent
• Une perte d’un épi de taille moyenne par 1/100 d’acre plus profondément dans le grain. Au fur et à mesure
(6,4 m2 [21 pi2]) équivaut à une baisse de rendement que la périphérie s’assèche, l’humidité doit donc
de 0,06 t/ha (1 bo/ac). sortir du centre. Or, ce mouvement vers la périphérie
du grain n’est pas aussi rapide que l’évaporation
Si les pertes occasionnées par la moissonneuse-batteuse produite par le passage de l’air sec sur sa surface; il faut
dépassent 0,16 t/ha (2,5 bo/ac), il faut effectuer les donc davantage d’énergie pour éliminer les derniers
réglages pertinents. pourcentages d’humidité.
36
1. Maïs
37
Guide agronomique des grandes cultures
Parfois, le maïs n’atteint pas la teneur en eau souhaitée à 10 °C et à 70 % d’humidité relative, il suffit de
avant les grands froids. Le séchage à l’air ambiant à des trouver l’intersection de la rangée et de la colonne
températures inférieures au point de congélation est correspondantes dans le tableau. La valeur indiquée à
très lent et inefficace. cet endroit (15,4 %) est la teneur en eau à l’équilibre
du maïs.
Par conséquent, on peut être obligé d’attendre le début
du printemps pour éliminer les derniers pourcentages
d’humidité. Certains éleveurs ne terminent jamais le
Autres problèmes liés aux cultures
séchage du maïs destiné au fourrage après l’hiver parce
qu’il se transforme et s’entrepose bien à des teneurs en Insectes et maladies
eau plus élevées.
La figure 1-3, Calendrier de dépistage des ennemis du
maïs, indique quels sont les insectes et les maladies
Tableau 1-26 – Teneur en eau à
l’équilibre du maïs exposé à l’air
qui peuvent être à l’origine des signes observés dans
le champ. Les descriptions de chacun des insectes,
Humidité relative (% à l’état humide)
animaux nuisibles et maladies et des stratégies de
Température dépistage et de lutte se trouvent au chapitre 15,
(°C) 50 % 60 % 70 % 80 % 90 %
Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures,
0 13,7 15,1 16,6 18,4 21,3
et au chapitre 16, Maladies des grandes cultures.
5 13,1 14,4 15,9 17,8 20,7
10 12,5 13,8 15,4 17,3 20,2
15 11,9 13,3 14,9 16,8 19,8 Application de fongicides et moment de
20 11,5 12,8 14,4 16,4 19,4 l’application
25 11,0 12,4 14,0 16,0 19,0 Au cours des 10 dernières années, le recours aux
fongicides s’est considérablement accru. La plupart
des applications ont lieu au stade VT (formation des
Il existe des humidistats qui permettent un préréglage panicules ou apparition des soies); si elles ont lieu
du taux d’humidité relative auquel le ventilateur sera plus tôt (p. ex. au stade de 8 à 10 feuilles), elles sont
mis en marche. Les cellules de stockage pourvues de généralement moins efficaces. L’application d’un
dispositifs de brassage afficheront des taux d’humidité fongicide doit reposer sur le dépistage et la présence
relativement uniformes. d’une maladie. Il faut choisir le produit qui correspond
le mieux à la maladie, et l’épandre au bon moment.
Le grain ayant une teneur en eau de plus de 25 % Par exemple, pour lutter contre la moisissure de l’épi
peut encore être séché à l’air ambiant. Pour ce faire, et réduire les mycotoxines, il faut recourir à certains
il faut remplir partiellement la cellule de stockage de fongicides et les épandre à un moment précis, tandis
façon à assurer un débit d’air de 52 à 78 l/sec/m3 pour lutter contre les maladies foliaires, il faut recourir
(4 à 6 pi3/min/bo). Les producteurs ayant besoin à d’autres fongicides et les épandre à un autre moment.
de maïs qui sera consommé comme fourrage à la fin
du mois de septembre peuvent récolter les tournières En règle générale, lorsqu’il s’agit d’évaluer si
et entreposer ce grain dans la cellule de stockage. l’application d’un fongicide sera rentable ou non, les
Les températures douces de la fin de septembre, deux facteurs qui pèsent le plus dans la balance sont le
conjuguées à un débit d’air plus élevé, permettront prix de l’application (coût du produit et de l’opération)
un séchage en quelques semaines. et le prix du maïs. Mais d’autres facteurs entrent aussi
en ligne de compte, notamment :
38
1. Maïs
Ver-gris noir
(p. 355)
Insectes et animaux nuisibles
Légionnaire uniponctuée
(p. 358)
Pentatome Pentatome
(p. 360)
Pyrale du maïs (p. 361) Pyrale du maïs
(1re génération) (2e génération)
Pyrale du maïs (p. 361)
(zone à génération unique)
Chrysomèle des racines Chrysomèle des racines
du maïs (p. 363) (larve) du maïs (adulte)
39
Guide agronomique des grandes cultures
40
1. Maïs
41
Guide agronomique des grandes cultures
100 %
10 %
15 %
20 %
25 %
30 %
35 %
40 %
45 %
50 %
55 %
60 %
65 %
70 %
75 %
80 %
85 %
90 %
95 %
Stade de
croissance1
7 feuilles 0 0 0 0 0 0 1 1 2 3 4 4 5 5 6 7 8 9 9
9 feuilles 0 0 0 1 1 2 2 3 4 5 6 6 7 7 9 10 11 12 13
11 feuilles 0 0 1 1 2 3 5 6 7 8 9 10 11 12 14 16 18 20 22
13 feuilles 0 1 1 2 3 4 6 8 10 11 13 15 17 19 22 25 28 31 34
15 feuilles 1 1 2 3 5 7 9 12 15 17 20 23 26 30 34 38 42 46 51
17 feuilles 2 3 4 5 7 9 13 17 21 24 28 32 37 43 48 53 59 65 72
18 feuilles 2 3 5 7 9 11 15 19 24 28 33 38 44 50 56 62 69 76 84
19 à 3 4 6 8 11 14 18 22 27 32 38 43 51 57 64 71 79 87 96
21 feuilles
Floraison mâle 3 5 7 9 13 17 21 26 31 36 42 48 55 62 68 75 83 91 100
Floraison 3 5 7 9 12 16 20 24 29 34 39 45 51 58 65 72 80 88 97
femelle
Brunissement 2 4 6 8 11 15 18 22 27 31 36 41 47 54 60 66 74 81 90
des soies
Pré-gonflement 2 3 5 7 10 13 16 20 24 28 32 37 43 49 54 60 66 73 81
Gonflement 2 3 5 7 10 13 16 19 22 26 30 34 39 45 50 55 60 66 73
Début laiteux 2 3 4 6 8 11 14 17 20 24 28 32 36 41 45 50 55 60 66
Laiteux 1 2 3 5 7 9 12 15 18 21 24 28 32 37 41 45 49 54 59
Fin laiteux 1 2 3 4 6 8 10 12 15 18 21 24 28 32 35 38 42 46 50
Pâteux mou 1 1 2 2 4 6 8 10 12 14 17 20 23 26 29 32 35 38 41
Début de 0 0 1 1 2 3 5 7 9 11 13 15 18 21 23 25 27 29 32
l’apparition de
la dent
Dent formée 0 0 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Maturité 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Tableau adapté d’un document intitulé Corn Loss Instruction (rév. 1994) de National Crop Insurance Services et reproduit avec
l’autorisation de cet organisme.
1
Déterminé selon la méthode de la feuille recourbée (c.-à-d. 40 à 50 % de la feuille sortie du verticille et pointe de la feuille orientée
au-dessous de l’horizontale).
42
1. Maïs
43
Guide agronomique des grandes cultures
44
2. Soya
Le soya est la culture en rangs qui occupe la plus avec des rangs espacés de 56 cm (22,5 po) ou moins
grande superficie de la province, avec plus d’un million et avec des rangs jumelés (voir tableau 2-1, Rendement
d’hectares (2,47 millions d’acres) cultivés chaque du soya selon la méthode de travail du sol. Bien
année. En 2014, pour la première fois, cette superficie que ces deux méthodes donnent un rendement
a atteint 1,21 million d’hectares (3 millions d’acres). comparable, le semis direct permet de réaliser de
Les facteurs qui ont contribué à la généralisation meilleurs profits parce qu’il est moins coûteux en
de cette production sont la création de cultivars intrants. Pour ce qui est des rangs simples espacés de
plus précoces, les possibilités d’adaptation au semis 76 cm (30 po), c’est le labour à la charrue à socs qui
direct, un plus vaste choix d’herbicides et les coûts de a produit le meilleur rendement. Par contre, les rangs
production relativement faibles. jumelés ont donné des rendements plus élevés que les
rangées espacées de 76 cm (30 po), et ce, avec toutes
Les cultivars tolérants au glyphosate représentent les méthodes de travail du sol. De plus, cette étude
environ 75 % de la production totale, le reste n’a pas permis de montrer que le travail du sol par
étant constitué de variétés non génétiquement bandes en profondeur produisait une amélioration
modifiées. La demande pour des produits à identité notable du rendement par rapport au semis direct.
préservée destinés à des marchés de spécialité D’autres essais effectués en Ontario montrent que
(p. ex. de consommation humaine, organismes non la méthode traditionnelle donne un rendement
génétiquement modifiés, aliments biologiques) a fait légèrement plus avantageux (environ 0,13 t/ha [2 bo/ac])
apparaître en Ontario des possibilités commerciales que le semis direct. Cet écart peut se creuser si les
distinctes des débouchés traditionnels du soya que conditions sont extrêmes. De façon générale, le travail
sont la production d’huile et la fabrication d’aliments du sol amène une amélioration plus rapide et plus
pour le bétail. L’Ontario est mondialement reconnu prononcée dans les champs où la rotation des cultures
pour sa filière du soya à identité préservée. De plus, le est déficiente que là où elle comprend de moins
soya est le premier produit agricole d’exportation en grandes quantités de soya. Toutefois, à long terme,
importance de la province. le semis direct donne un meilleur rendement que la
méthode de travail du sol, surtout dans les champs
où le soya fait souvent partie de la rotation. Par ailleurs,
Méthodes de travail du sol la présence récurrente de soya dans la rotation entraîne
une dégradation de la structure du sol, de la matière
On peut cultiver le soya selon diverses méthodes organique et de la santé du sol en général, ce qui
de travail du sol, notamment le semis direct et le contribue au rendement de la culture. Dans les sols
travail réduit du sol. L’une ou l’autre de ces méthodes mal drainés, lourds ou compactés, une forme ou une
est par ailleurs utilisée sur environ deux tiers des autre de travail du sol est souvent bénéfique au soya.
cultures de soya. Depuis quelques années, la méthode Le semis direct donne régulièrement un meilleur
traditionnelle et le travail du sol vertical gagnent rendement que la méthode traditionnelle, en particulier
en popularité, surtout dans les comtés du Nord. les années sèches ou sur les sols plus légers. De plus,
Mentionnons aussi que la gestion de la méthode de cette méthode peut être d’un grand secours si l’on
travail du sol est tout aussi importante que le choix de cherche à rétablir un champ qui a été gravement
la méthode. touché par la pourriture à sclérotes.
Semis direct et travail réduit du sol Dans la culture par semis direct, les clés du succès
sont la réduction de la compaction du sol, la gestion
D’après l’expérience acquise sur le terrain et des essais
des résidus et la mise en terre lorsque le sol est prêt.
menés en Ontario, ces deux méthodes donnent un
Sur des sols à texture lourde (p. ex. argile, loam
rendement similaire : le rendement des cultures de
limono-argileux et argile limoneuse), la mise en
soya en semis direct est comparable à celui des cultures
œuvre du semis direct peut être plus difficile que sur
effectuées par labour d’automne à la charrue à socs,
les sols plus légers, notamment dans les régions plus
45
Guide agronomique des grandes cultures
fraîches. Par ailleurs, si la culture précédente a laissé Gestion des résidus de culture
des résidus de maïs en grande quantité, le semoir Quand on sème du soya après des céréales, dès la
pour semis direct peut avoir du mal à pénétrer le sol, récolte de celles-ci, on doit porter une attention
ce qui risque fort de réduire la densité de peuplement. particulière à la gestion des résidus afin de ne pas
nuire à l’établissement du soya. La meilleure méthode
Dans les cultures par semis direct, on effectue parfois consiste à enlever la paille et à étaler la paillette en
les semis plus tard que dans les champs soumis au une couche uniforme. Le retrait de la paille de blé
travail traditionnel, parce que le sol est plus humide a pour effet d’améliorer l’état des lits de semence
et plus frais. Certains producteurs effectuent un et de favoriser l’établissement du peuplement, la
travail du sol vertical au printemps (travail du sol peu croissance et le rendement du soya en semis direct
profond qui laisse la majeure partie des résidus à la (voir tableau 2-3, Effets du travail du sol et de la gestion
surface), ce qui permet de réduire cet écart. Le travail des résidus de blé sur le rendement du soya). Les résidus
vertical par passage unique de coutres produit un léger céréaliers forment parfois un tapis qui ralentit le
gain de rendement par rapport au simple semis direct. réchauffement et l’assèchement du sol au printemps;
En effet, le passage de coutres à une profondeur de cela peut avoir pour effet de retarder les semis, la levée
9 cm (3,5 po) au moment des semis a donné un gain et le début de la croissance du soya,
de rendement marginal, et le passage de coutres à et d’accroître les dommages causés par les limaces.
une profondeur de 3,8 cm (1,5 po) n’a donné aucune
amélioration dans les recherches dont les résultats sont Avec les rendements de maïs qui sont plus élevés et les
résumés au tableau 22, Effet du travail réduit du sol au tiges qui sont plus vertes à la récolte, les producteurs
printemps sur le rendement du soya. Avant d’effectuer doivent gérer une plus grande quantité de résidus de
un travail du sol vertical, il faut impérativement maïs, qui se traduit par le même type de problèmes
attendre que la couche souterraine soit suffisamment que dans le cas des résidus de céréales : peuplements
sèche pour que le sol ne soit pas compacté. Le soya clairsemés, croissance lente, présence de limaces,
est très sensible à la compaction du sol. Même si les etc. En présence de résidus en abondance, il vaut
cinq premiers centimètres (2 po) du sol sont assez secs mieux utiliser un semoir en ligne avec un écartement
pour permettre un travail vertical, l’opération pourrait de 38 cm (15 po) plutôt qu’un semoir pour semis
entraîner le compactage de la couche souterraine direct. On peut aussi effectuer un travail vertical ou
si elle est trop humide, et par le fait même une une forme ou une autre de travail réduit du sol pour
réduction du rendement. réduire la quantité de résidus de maïs que doit traverser
46
2. Soya
Tableau 2-3 – Effets du travail du sol Photo 2-1 – Levée variable du soya en semis direct
et de la gestion des résidus de blé
sur le rendement du soya
le semis pour pénétrer le sol. En augmentant le taux de
Recherches effectuées à Centralia et à Wyoming. Le chaume
atteignait des hauteurs d’environ 20 à 30 cm (8 à 12 po), sauf semis de 10 % dans les rangs serrés, on peut également
dans les parcelles où il avait été coupé et enlevé. favoriser l’établissement d’un peuplement acceptable.
Types de sol – Centralia : loam, loam argileux; Wyoming :
argile limoneuse, loam limono-argileux. Il vaut mieux éviter de travailler le sol des collines et
Les cultures de soya ont été semées à l’aide d’un semoir des pentes érodables. Dans ce cas, il serait judicieux
de conservation JD 700 muni d’un coutre simple de 3,2 cm de travailler uniquement les terres qui restent
(1,25 po). Le semoir pour semis direct était équipé d’un
tasse-résidus. habituellement fraîches ou humides au printemps.
Méthode de travail du sol (et de Rendement
gestion de la paille) du soya
Rotation des cultures
Labour d’automne à la charrue à socs, 3,29 t/ha
Les cultures de soya réagissent très bien à la rotation.
paille en balles 48,9 bo/ac
Le tableau 2-4, Effets du travail du sol et de la rotation
Travail du sol au chisel à l’automne, 3,30 t/ha sur le rendement du soya, résume les résultats de
paille en balles 49,1 bo/ac
recherches à long terme effectuées au campus de
Travail du sol au pulvériseur à disques à 3,21 t/ha Ridgetown de l’Université de Guelph. La rotation
l’automne, paille en balles 47,7 bo/ac
soya, blé d’automne et maïs et la rotation soya et blé
Travail du sol par bandes en profondeur 3,19 t/ha d’automne ont donné les meilleurs rendements, tandis
à l’automne, paille en balles 47,5 bo/ac
que la monoculture de soya a produit le rendement le
Semis direct, paille et chaume 2,27 t/ha plus faible, surtout avec la méthode traditionnelle de
entièrement laissés sur place 33,8 bo/ac
travail du sol. Les rotations courtes s’accompagnent
Semis direct, paille en balles mais 3,00 t/ha d’une plus forte incidence des maladies et d’autres
chaume laissé sur place 44,7 bo/ac problèmes à long terme :
Semis direct, paille en balles et 3,28 t/ha
chaume enlevé 48,8 bo/ac
47
Guide agronomique des grandes cultures
• Hausse rapide des populations de nématodes et sept jours), et neuf jours plus tôt si l’écart est de
à kyste du soya; 1,0 (voir tableau 2-5, Dates de maturité physiologique
• Augmentation de l’incidence de la pourriture à du soya et nombre de jours avant sa maturité).
sclérotes; le maintien d’une rotation de trois ou • Il faut semer le soya tôt pour éviter de retarder les
quatre ans avec des espèces qui ne sont pas hôtes semis de blé. Si on sème le soya au début du mois de
permet de réduire cette incidence; mai, il est important de choisir un cultivar dont le
• Multiplication des souches de pourriture cycle est plus court (groupe de maturité moins élevé).
phytophthoréenne et augmentation de leur • On peut calculer la date de semis du blé à partir de la
gravité; dans les champs ayant déjà été infectés date de semis du soya et du nombre de jours avant la
par la maladie, l’utilisation répétée d’herbicides du maturité du cultivar en question.
groupe 2 (inhibiteurs ALS) favorise la multiplication
des mauvaises herbes qui y sont résistantes. Voir les dates de semis du blé d’automne au chapitre 4,
Céréales.
Semis de blé d’automne après une culture de soya
En Ontario, le soya est souvent suivi d’une culture
de blé d’automne. Pour les producteurs, la difficulté
est de trouver le juste milieu entre un cultivar de soya Choix des cultivars
qui donne un rendement élevé et un cultivar dont la En Ontario, il existe plus de 250 cultivars de soya
récolte arrive relativement tôt pour permettre les semis et leur roulement sur le marché est rapide. Pour
du blé d’automne. Voici quelques mesures à prendre faire un choix, il faut prendre en considération non
si l’on prévoit de semer du blé d’automne après une seulement leur date de maturité et leur rendement,
culture de soya : mais également leur tolérance ou leur résistance aux
maladies et aux pucerons, ainsi que leur résistance à la
• Il faut choisir un cultivar dont le groupe de maturité verse et au nématode à kyste du soya.
est moins élevé (de 0,5 à 1,0) que le groupe qui
prévaut dans la région. Selon des recherches menées
au campus de Ridgetown, de l’Université de Guelph, Groupe de maturité (MG)
un cultivar ayant un groupe de maturité inférieur La croissance du soya dépend des caractéristiques
de 0,5 à celui d’un cultivar adapté à la région vient à génétiques, de la température et du nombre d’heures
maturité cinq jours plus tôt en moyenne (entre trois d’ensoleillement. Selon le moment où ils surviennent,
48
2. Soya
Tableau 2-5 – Dates de maturité physiologique du la maladie, le stress hydrique et d’autres types de stress
soya et nombre de jours avant sa maturité peuvent avoir pour effet d’avancer ou de retarder la
La récolte a eu lieu entre trois et dix jours après ces dates. date de maturité.
Date de Groupe de maturité (MG)
La maturité relative est un système qui consiste à
Année semis 1,6 MG 2,1 MG 2,6 MG
comparer, au fil des ans, la maturité des nouveaux
1990 28 mai 20 sept. 25 sept. 30 sept.
115 jours 120 jours 125 jours cultivars à celle des cultivars établis. En Amérique, il
1991 11 mai 8 sept. 13 sept. 20 sept.
existe 13 groupes de maturité (MG), du plus petit,
120 jours 125 jours 132 jours MG 000, au plus grand, MG X. Au Canada, les
1992 15 mai 25 sept. 27 sept. 2 oct. groupes vont de MG 000 à MG III. Chaque décimale
133 jours 135 jours 140 jours correspond à peu près à un jour de maturité; donc un
1993 20 mai 21 sept. 26 sept. 1er oct. cultivar coté 1,5 MG arrivera à maturité environ cinq
124 jours 129 jours 134 jours jours plus tard qu’un cultivar coté 1,0 MG dans sa
1994 27 mai 14 sept. 16 sept. 21 sept. région d’adaptation.
109 jours 111 jours 116 jours
1995 23 mai 16 sept. 18 sept. 21 sept. Il est conseillé de choisir un cultivar dont le groupe de
115 jours 117 jours 120 jours
maturité est celui de la région (voir figure 2-1, Carte
1997 23 mai 17 sept. 21 sept. 27 sept.
116 jours 120 jours 126 jours
de la maturité relative du soya en Ontario). Ainsi, un
cultivar adapté à la région arrivera à maturité au début
1998 21 mai 14 sept. 17 sept. 23 sept.
115 jours 118 jours 124 jours de l’automne, s’il est semé dans les temps.
1999 12 mai 10 sept. 13 sept. 19 sept.
121 jours 124 jours 130 jours
49
Guide agronomique des grandes cultures
Les cultivars adaptés permettent de tirer profit de Pour faciliter les choix, les fournisseurs de semences
toute la saison de croissance pour assurer le meilleur diffusent des renseignements détaillés sur plusieurs
rendement possible. Cependant, pour les cultures de caractéristiques de croissance de leurs cultivars. Dans
soya de spécialité comme les cultivars à hile blanc, il l’évaluation du rendement, il ne faut pas oublier que
est conseillé de choisir ceux ayant un cycle plus court les résultats des essais effectués avec le travail du sol
(groupe de maturité moins élevé) pour s’assurer une traditionnel constituent aussi une indication fiable du
récolte de qualité. rendement du même cultivar obtenu avec la méthode
du semis direct.
Couleur du hile
Si le soya est destiné à nourrir le bétail à la ferme,
Le hile est le point d’attache de la graine de soya à il faut choisir un cultivar ayant une forte teneur
la gousse. Sa couleur diffère d’un cultivar à l’autre : en protéines.
jaune (Y), jaune imparfait (IY), gris (GR), chamois
(BF), brun (BR), noir (BL) ou noir imparfait (IBL). En Ontario, la verse peut réduire considérablement le
En général, le soya à hile jaune est celui qui est le plus rendement. Dans les champs qui ont un sol à texture
recherché pour les marchés d’exportation. Dans les moyenne à légère, qui reçoivent régulièrement du
cultivars à hile jaune imparfait (IY), celui-ci est parfois fumier, qui ont une forte teneur en azote résiduel ou
décoloré, et il se peut que les graines touchées ne soient qui ont déjà été touchés par la verse, il faut semer des
pas propres à l’exportation. cultivars qui ont une bonne résistance à la verse. On
peut aussi diminuer le taux de semis pour prévenir
ce phénomène.
Cultivars de qualité supérieure
En plus de la date de maturité, d’autres facteurs sont
pris en compte dans le choix des cultivars :
Le choix des cultivars est l’un des aspects à ne
• Le potentiel de rendement; pas négliger si l’on veut améliorer le rendement
• La résistance aux herbicides; du soya. Il est conseillé de cultiver au moins trois
• La résistance à la verse; cultivars différents chaque année pour évaluer
• La résistance aux insectes et aux maladies. les nouveaux cultivars, qui donnent un rendement
plus élevé.
Pour le choix des cultivars de qualité supérieure, il
existe trois principales sources de renseignements : Un même cultivar peut donner des résultats différents
selon les conditions de croissance. Pour réduire le
• Les résultats d’essais de rendement; risque d’échec de la culture, il est bon de semer plus
• Les résultats des bandes d’essai à l’exploitation; d’un cultivar. Il faut consacrer le gros de la superficie
• Les renseignements donnés par les fournisseurs ensemencée à des cultivars éprouvés et mettre les
sur les caractéristiques des cultivars. nouveaux à l’essai sur une superficie moindre.
50
2. Soya
51
Guide agronomique des grandes cultures
Lot B
concentration beaucoup plus élevée de rhizobactéries
Vigueur Pouvoir que l’ancienne poudre de tourbe non stérile, souvent
germinatif
contaminée par des microorganismes susceptibles
d’être des concurrents des rhizobactéries.
52
2. Soya
à la base de la vis de chargement au moment de Normalement, les racines du soya sont colonisées
remplir le semoir. Les fournisseurs vendent également par Bradyhizobium japonicum peu après la levée, et
des dispositifs qu’on accroche sur le côté d’un camion, les nodosités se forment de deux à trois semaines
d’un bac-citerne ou d’une remorque à décharge par après le semis. Il faut vérifier les champs à ce stade
gravité. Il arrive que des producteurs utilisent de pour pouvoir appliquer de l’azote en cas d’échec de
trop grandes quantités de liquide de traitement des l’inoculation. Dans les champs où l’on cultive du soya
semences ou d’inoculant, ce qui bouche le semoir pour la première fois, les nodosités se forment sur la
ou crée un dépôt dans la vis de chargement. On peut racine pivotante. Là où l’on a déjà cultivé du soya, il y
prévenir ce problème en appliquant une faible dose a également des nodosités sur les racines latérales.
de tourbe en même temps.
Certaines formes de traitement des semences et La nodulation s’est bien déroulée s’il y a de 7
certains engrais liquides peuvent nuire au rendement à 14 nodosités par plante à l’apparition de la
de l’inoculant. Avant d’utiliser un inoculant, il faut première fleur.
vérifier sur l’étiquette la durée de sa viabilité sur la
semence si l’application est effectuée avec une forme
de traitement ou en mélange avec un engrais liquide. Les feuilles de soya passent souvent par une teinte
vert clair ou même jaune pâle juste avant que les
Là où l’on a déjà eu une culture de soya de teinte vert nodosités commencent à produire des quantités
foncé ayant un bon nombre de nodosités, l’inoculant suffisantes d’azote; il s’agit d’une phase importante du
n’est pas essentiel, sauf sur les sols acides (pH inférieur à développement d’une culture saine. Habituellement,
6,0) ou sableux, et dans les champs mal drainés qui ont au stade de la troisième feuille trifoliée, lorsque les
été inondés pendant une longue période. Dans de tels nodosités se sont établies et commencent à produire de
cas, on recommande l’inoculation pour chaque nouvelle l’azote, les feuilles reprennent leur couleur vert foncé.
culture de soya. S’il subsiste une incertitude quant à la Si la nodulation se déroule bien, que les éléments
formation de nodosités en nombre suffisant dans les nutritifs sont en quantité suffisante et que le taux
cultures précédentes de soya, il est conseillé d’inoculer d’humidité est adéquat, la teinte jaune ne persiste
pour écarter tout risque de mauvaise nodulation. que pendant sept à dix jours.
Lors d’essais menés en Ontario, dans des champs où
une récolte précédente avait produit suffisamment de Date de semis
nodosités, l’inoculation du soya a donné un gain de
Le choix de la date de semis est un important outil
rendement de 0,1 t/ha (1,5 bo/ac). Même en l’absence de
d’optimisation du potentiel de rendement. Pour semer
cultures de soya, les rhizobactéries survivent de 7 à 10 ans
le soya, il faut vérifier la date du calendrier, l’état du lit
dans la plupart des sols, et même parfois plus de 50 ans.
de semence et les prévisions météorologiques pour les
48 heures qui suivent les semis. Il est indispensable que
Des études ont montré qu’il était difficile de remplacer
le lit de semence soit en bon état. Si d’importantes
les souches de bactéries existantes par d’autres souches
averses sont prévues, il faut attendre que les conditions
plus efficaces. Lorsqu’une souche est établie dans le sol,
s’améliorent avant de procéder aux semis. S’il tombe
elle élimine toute nouvelle souche qui pourrait être
une pluie froide juste après les semis, la levée peut
introduite sur les semences.
en faire les frais. Les effets des dates de semis sur le
Le fumier ou les engrais azotés commerciaux épandus rendement varient selon la saison de croissance et
sur les champs de soya constituent une source d’azote le groupe de maturité du cultivar. En moyenne, les
rapidement disponible que le soya absorbe avant celui meilleurs rendements sont obtenus avec les semis
produit par les rhizobactéries. Dans ces champs, la précoces, généralement effectués avant la mi-mai. Si les
formation de nodosités est parfois retardée, mais les conditions printanières sont favorables, il peut même
rendements ne sont aucunement touchés. Là où l’on être plus avantageux de semer à la fin avril ou au début
cultive du soya pour la première fois et où l’on épand mai qu’à la mi-mai. Passé cette date, le rendement peut
du fumier ou des engrais azotés commerciaux, les diminuer de 0,34 t/ha (5 bo/ac), comme le montre le
nodosités peuvent ne pas se former et il y a risque de tableau 2-6, Effets des dates de semis sur le rendement.
carence en azote à la fin de la saison à moins que le sol Si l’on sème tôt, il faut choisir un cultivar adapté à la
en contienne de grandes quantités. région ou à cycle plus long (0,5 MG) pour obtenir un
rendement maximal. Lors d’une étude menée sur trois
53
Guide agronomique des grandes cultures
ans au cours de laquelle on a comparé des cultivars de Tableau 2-7 – Rendement d’un cultivar adapté
saison longue à des cultivars adaptés à la région, on a par rapport à celui d’un cultivar de saison
découvert qu’on obtenait un gain de rendement de longue avec des semis précoces
0,28 t/ha (4 bo/ac) avec des cultivars de saison longue Moyenne des résultats de 22 essais menés en Ontario entre
semés tôt. Voir le tableau 2-7, Rendement d’un cultivar 2010 et 2012.
adapté par rapport à celui d’un cultivar de saison longue Date de semis Cultivar Rendement
avec des semis précoces. Mi-mai Adapté à la région 4,17 t/ha
(entre le 6 et le d’après la carte de la (62,1 bo/ac)
20 mai) maturité relative
Tableau 2-6 – Effets des dates de semis
Semis précoce Adapté à la région 4,23 t/ha
sur le rendement
(entre le 15 avril d’après la carte de la (62,9 bo/ac)
% par et le 5 mai) maturité relative
rapport à Semis précoce Cultivar de saison longue 4,45 t/ha
un plein (entre le 15 avril (entre 0,5 et 0,8 MG) (66,2 bo/ac)
Date de semis Rendement rendement et le 5 mai) pour la région, d’après
Entre le 15 avril et le 4,29 t/ha 100 % la carte de la maturité
5 mai (63,8 bo/ac) relative
Entre le 6 et le 20 mai 4,26 t/ha 99 %
(63,3 bo/ac) D’après des études de terrain, les cultivars de saison
Entre le 21 mai et le 3,93 t/ha 92 % courte (groupe de maturité peu élevé) semés tôt
5 juin (58,5 bo/ac)
peuvent donner un mauvais rendement si le temps
Moyenne des résultats de 22 essais menés en Ontario est sec en août, car ils arrivent à maturité trop tôt
entre 2010 et 2012.
et ne peuvent pas profiter des pluies de fin de saison.
Certains craignent qu’avec des cultivars de soya à cycle
plus long, la récolte soit retardée et décale du même
Le soya est plus sensible à la température du sol
coup les semis de blé d’automne. Toutefois, si l’on sème
que le maïs. Cependant, de façon générale, si la
un cultivar à cycle plus long avant la mi-mai, la récolte
température du sol et les conditions d’humidité
accuse un retard minime (un à trois jours) par rapport
permettent de semer du maïs, elles conviennent
à celle d’un cultivar adapté semé au début de mai.
aussi aux semis de soya. Si une forte pluie froide
survient après les semis et qu’elle provoque
l’encroûtement du sol, la levée du soya peut en
faire les frais.
Semis retardés
Lorsque les semis sont retardés, le soya prend moins de
Photo 2-2 – Différences selon la date de semis; la jours pour arriver à maturité; par exemple, si les semis
parcelle de gauche a été semée en mai, et celle de sont différés d’un mois, la maturité ne sera retardée que
droite, en juin de neuf jours. Par ailleurs, le retard dans les semis peut
réduire la période de croissance végétative, de sorte que
les plants sont plus courts et ont beaucoup moins de
nodosités, et les gousses sont plus basses. Le fait de semer
tard réduit également la durée de la période de floraison,
ce qui se traduit par une diminution du nombre de
gousses par plant. La date de semis a aussi une incidence
sur la durée du stade de remplissage des gousses.
54
2. Soya
55
Guide agronomique des grandes cultures
Écartement des rangs et matériel de semis Sur les sols plus lourds, notamment argileux, les
La culture du soya se prête bien à de nombreux types écartements plus larges permettent de semer davantage
d’écartements, surtout dans les régions ontariennes de graines par mètre de rang, ce qui peut faciliter la
où la saison de croissance est longue. Le choix de levée (voir photo 2-3). Sur les sols argileux sujets à
l’écartement dépend de facteurs tels que la méthode de l’encroûtement, les écartements de 38 cm (15 po)
travail du sol employée, l’équipement, les problèmes ou plus ont permis une meilleure levée que les semis
de mauvaises herbes, l’état du sol, la présence de denses de 19 cm (7,5 po). Il est toutefois déconseillé
pourriture à sclérotes et la date de semis. En Ontario, d’espacer les rangs de 76 cm (30 po) sur les sols
la plupart du temps, on cultive le soya en semis argileux lourds, car le couvert met trop de temps à se
dense (écartement de 19 cm [7,5 po]) ou en rangs à former, et les rendements sont moins élevés qu’avec des
écartement intermédiaire (38 à 56 cm [15 à 22 po]). rangs à écartement intermédiaire.
Les cultures en rangs espacés sont de plus en plus
populaires, en particulier dans les sols fertiles qui
sont très propices à la croissance végétative, ou dans
les champs régulièrement touchés par la pourriture à
sclérotes. En effet, cette méthode laisse mieux circuler
l’air, ce qui limite les effets de la maladie.
56
2. Soya
de l’écartement des rangs sur le rendement, bien que et augmentent les risques de verse et de maladies.
cet effet soit moins régulièrement observé que dans On devrait donc calculer les taux de semis du soya
les régions plus nordiques. Les écartements de 38 cm en graines par hectare (graines par acre) et non en
(15 po) sont de plus en plus employés parce qu’ils kilogrammes par hectare (livres par acre). Dans la
permettent d’utiliser des taux de semis moindres que plupart des types de sols, les taux de semis de plus de
les écartements de 19 cm (7,5 po) tout en donnant un 494 000 graines par hectare (200 000 graines par acre)
excellent potentiel de rendement. Dans la plupart des ne sont aucunement avantageux du point de vue du
régions de l’Ontario, un écartement intermédiaire de rendement, comme le montre la figure 2-3, Effets des
38 cm (15 po) est un bon compromis entre le potentiel taux de semis sur le rendement du soya.
de rendement plus élevé associé aux rangs serrés et les
avantages que procure une meilleure circulation de l’air
dans les rangs espacés. Dans les champs sujets à la 50
45
pourriture à sclérotes, il est conseillé de semer des
Rendement (bo/ac)
40
rangs espacés de 38 cm (15 po) ou plus, même dans 35
les régions à saison de croissance courte. 30
25
Tableau 2-9 – Incidence de l’écartement des rangs 20
15
sur le rendement
10
Écartement des 5
rangs Rendement1 0
0 50 100 150 200 250
18 cm 3,3 t/ha
(7 po) (49 bo/ac) Taux de semis (milliers/ac)
36 cm 3,2 t/ha
(14 po) (47 bo/ac) Figure 2-3 – Effets des taux de semis sur le
53 cm 3,0 t/ha rendement du soya
(21 po) (45 bo/ac)
D’après les résultats de 45 essais effectués en
71 cm 2,7 t/ha Ontario dans des rangs de 38 cm (7,5 po).
(28 po) (40 bo/ac)
1
Résultats de recherches effectuées sur des loams argileux Pour maximiser le potentiel de rendement sur des
dans une zone de correspondant à un groupe de maturité sols argileux lourds ou avec des semences de mauvaise
de 2,8 MG. L’incidence devrait être plus prononcée dans
les régions à saison de croissance plus courte. qualité, il faut augmenter les taux de semis de 10 %.
Toutefois, les taux de semis élevés peuvent entraîner
la verse, surtout sur les sols plus légers ou lorsque les
Le tableau 2-10, Rendements obtenus avec un semoir à
précipitations sont très abondantes (voir photo 2-4).
céréales et un semoir de précision, montre les résultats
produits par des peuplements ayant des écartements
différents (dense et intermédiaire). Le semoir de
précision, réglé sur un écartement de 38 cm (15 po),
a donné un rendement 3,5 % plus élevé (soit 0,12 t/
ha ou 1,8 bo/ac) par rapport au semoir à céréales, avec
le même écartement. Il a également surpassé le semoir
à céréales de 0,07 t/ha (1,1 bo/ac) lorsque ce dernier
était réglé sur un écartement de 19 cm (7,5 po). On
attribue souvent ce gain de rendement à la plus grande
précision du rayonneur, qui permet de donner un
peuplement plus uniforme.
Taux de semis
Photo 2-4 – Des taux de semis élevés peuvent
Le soya produit de bons rendements avec divers entraîner la verse (à gauche, les semis ont été
taux de semis. Les plants de soya compensent réalisés au taux de 250 000 graines par acre;
remarquablement bien les variations de peuplement à droite, un peuplement de 200 000 graines
de sorte que les rendements restent comparables. Les par acre ne montre pas de verse)
semis trop denses représentent un gaspillage d’argent
57
Guide agronomique des grandes cultures
Voir les quantités indiquées au tableau 2-11, Taux sont tardifs. Par ailleurs, il faut augmenter le taux
de semis recommandés pour le soya. Plus les rangs sont de semis si le pouvoir germinatif ou la vigueur est
espacés, plus le taux de semis requis est bas. Ces faible ou sur les sols sujets à l’encroûtement. Certains
chiffres s’appliquent aussi bien aux cultures utilisant producteurs obtiennent de bons résultats avec des taux
la méthode traditionnelle du travail du sol qu’aux de semis aussi bas que 320 000 graines par hectare
cultures en semis direct. Lorsqu’on utilise un semoir (130 000 graines par acre) dans des rangs à écartement
de précision, on peut prévoir un taux de semis de 5 % intermédiaire, voire encore plus bas dans des rangs de
de moins qu’avec un semoir à céréales. Si l’on traite 76 cm (30 po). Lors des semis, l’objectif est d’atteindre
les semences, on peut encore réduire le chiffre de 5 %. un nombre précis de plants par hectare ou par acre. Si
Un taux de levée de 75 à 80 % est considéré comme l’on fait preuve de rigueur et que le sol est en bon état,
normal. En Ontario, on obtient un plein rendement il est possible d’obtenir le nombre minimal de plants
avec des densités finales de 309 000 à 370 000 plants nécessaires par hectare ou par acre avec des taux de
par hectare (125 000 à 150 000 plants par acre), semis bas. Pour y parvenir, il faut utiliser un semoir
selon l’écartement des rangs. Sur les sols argileux de précision, effectuer les semis tôt et disposer de
lourds, il est parfois nécessaire d’avoir un peuplement semences d’excellente qualité.
plus élevé, surtout si le temps est sec ou si les semis
58
2. Soya
Nombre de graines par m (pi) de rang = Nombre de plants désirés par m (pi) de rang
% de pouvoir germinatif x % du taux de levée prévu
Exemple :
Objectif de 156 000 plants/ac : 4,5 graines/pi de rang = 7 graines/pi de rang
80 % de pouvoir germinatif x 80 % de levée
Exemple :
Objectif de 385 500 plants/ha : 15 graines/m de rang = 23 graines/m de rang
80 % de pouvoir germinatif x 80 % de levée
Il faut porter une attention particulière aux champs obtenu sur le peuplement et sur le rendement dépend
sujets à la pourriture à sclérotes; les principaux outils de des conditions météorologiques qui suivent les semis
prévention de cette maladie sont la sélection du cultivar, et de la pression exercée par la maladie et les insectes.
l’accroissement de l’espace entre les rangs, le semis Le tableau 2-12, Effets du traitement des semences sur la
direct et la réduction de la densité de peuplement. densité de peuplement et le rendement du soya, montre les
Bien que l’augmentation de l’écartement des rangs résultats d’essais menés à ce sujet. Là où les conditions
et la diminution des taux de semis s’accompagnent étaient favorables à une levée rapide et que la pression
d’une certaine perte de rendement les années où exercée par la maladie ou les insectes était faible, le
les conditions ne favorisent pas la progression de la traitement des semences de soya n’a produit aucun
pourriture à sclérotes, cette stratégie permet de limiter gain de rendement. Pour en savoir plus sur les animaux
de façon importante la gravité de cette maladie durant nuisibles et sur les mesures de lutte connexes, voir la
les étés humides. Dans les champs sujets à la pourriture publication 812F du MAAARO, Guide de protection
à sclérotes, il faut semer des rangs espacés de 38 cm des grandes cultures.
(15 po) ou plus à raison de 370 000 graines par hectare
(150 000 graines par acre). Dans les champs ayant été
Profondeur de semis
gravement touchés par cette maladie, il faut penser à
espacer les rangs de 76 cm (30 po). Pour le soya, une profondeur de semis de 3,8 cm
(1,5 po) convient généralement. Si l’on sème tôt
Pour faire des semis tardifs jusqu’à la mi-juin, il faut en semis direct, on peut ramener cette profondeur
augmenter le taux de semis de 10 %. Tous les cultivars à 2,5 cm (1 po), à condition que le sol soit assez
réagissent de façon comparable à la modification du humide. Cependant, compte tenu de la quantité
taux de semis. Voici la formule servant à calculer la d’eau nécessaire à la germination, il faut placer les
quantité de semences à employer : semences de façon à les recouvrir d’une couche de terre
humide de 1 cm (0,5 po) d’épaisseur, sans dépasser
Les écarts de grosseur des semences se répercutent une profondeur de 6,4 cm (2,5 po) (voir photo 2-5).
sur les taux de semis : plus les semences sont grosses, Une semence de soya qui vient d’être mise en terre
plus il faut de semences lors des semis. Pour chaque doit traverser le sol en puisant uniquement dans ses
cultivar, la taille et la qualité des semences dépendent propres réserves d’énergie. De façon générale, les
du déroulement de la croissance et des conditions graines plus grosses contiennent plus d’énergie que les
météorologiques de l’année précédente. En effet, la graines plus petites, et elles peuvent être placées un
grosseur des semences d’un même cultivar peut varier peu plus profondément. Certains semoirs à céréales
de 20 % d’une année à l’autre. permettent difficilement de placer les semences avec
précision, surtout dans les champs qui ont fait l’objet
d’un travail réduit du sol ou d’un semis direct. Pour
Traitement des semences
obtenir la profondeur appropriée, il peut être utile
Le traitement des semences permet d’accroître la d’appliquer de la pression sur le semoir, d’y ajouter
densité de peuplement et d’améliorer les rendements du poids ou d’utiliser un système de coutres. Il est
dans certaines situations. Il peut s’agir d’un outil important d’assurer un bon contact entre la semence et
important pour l’établissement d’un peuplement le sol et de bien fermer le sillon. La clé du succès est de
uniforme, surtout dans les cultures en semis direct, sur semer dans un sol assez humide à l’aide d’un semoir de
les sols argileux ou dans les champs semés tôt. L’effet précision ou d’un semoir à céréales bien réglé. S’il est
59
Guide agronomique des grandes cultures
impossible de semer dans la terre humide à l’aide d’un il accroît cependant les risques d’encroûtement, qui
semoir à céréales, il faut songer à utiliser un semoir de nuit à la levée. Dans les champs de soya qui n’ont
précision plutôt que d’attendre la pluie. pas été roulés après une mise en terre effectuée au
semoir à céréales, la levée est souvent plus rapide et
Tableau 2-12 – Effets du traitement des semences plus uniforme. Les champs roulés sont plus exposés à
sur la densité de peuplement et le rendement l’encroûtement s’il pleut après les semis. Par contre, si
du soya1 le temps est très sec, le roulage favorise la levée parce
Fongicide + qu’il conserve mieux l’humidité du sol. Rien ne permet
Effet Parcelle témoin insecticide de croire que le roulage augmente le rendement en
Densité de 307 000 plants/ha 321 000 plants/ha stimulant la croissance des plants ou leur floraison. S’il
peuplement1 (124 000 plants/ac) (130 000 plants/ac) y a des gains de rendement associés à cette opération,
c’est certainement parce qu’elle permet au tablier de la
Rendement 3,3 t/ha 3,4 t/ha
(49,4 bo/ac) (51,1 bo/ac) moissonneuse-batteuse de faire un meilleur travail.
1
Densité de peuplement mesurée 30 jours après les semis.
Le roulage des champs de soya après la levée ne
provoque pas de diminution des rendements dans les
conditions suivantes :
Encroûtement du sol
Photo 2-5 – Manque d’uniformité dans la germination Après une pluie battante ou la formation de flaques
ou la levée dû à des semis trop superficiels dans
d’eau, l’encroûtement du sol peut nuire à la levée du
une terre sèche (à gauche, semis à 4 cm [1,5 po]
de profondeur; à droite, semis à 2 cm [0,75 po])
soya et casser l’hypocotyle (partie du plant qui soutient
les cotylédons au-dessus de la surface du sol). S’il y
Les différents cultivars n’ont pas la même capacité a une forte pluie et qu’une croûte tend à se former,
à lever après avoir été semés à une profondeur de il faut la briser avant que les plantules commencent
plus de 5 cm (2 po). Les fournisseurs de semences à percer la surface. Souvent, cette opération est
communiquent parfois une « cote de levée » ou cote effectuée trop tardivement pour aboutir à une réelle
d’élongation de l’hypocotyle, qui témoigne de la amélioration du peuplement.
capacité de levée des graines semées plus profondément
que d’habitude. Pour briser la croûte et faciliter la levée des semences, il
faut travailler légèrement le sol avec une houe rotative,
une herse, un système de coutres, ou même un semoir
Roulage de précision ou un semoir à céréales. Habituellement,
Le roulage permet de conserver l’humidité du sol et de ces opérations réduisent d’au moins 10 % le nombre
le préparer en vue de la récolte. Cette opération peut de plants qui lèvent; toutefois, les pertes peuvent être
contribuer à aplanir le sol et à enfoncer les cailloux, plus importantes lorsque l’hypocotyle perce la surface.
ce qui facilite le travail de la moissonneuse-batteuse. Il se peut qu’il ne soit pas nécessaire de briser la croûte
Certains producteurs roulent leurs champs de soya dans les peuplements uniformément clairsemés (p. ex.
immédiatement après les semis, et d’autres attendent 60 %) qui ont déjà un plein potentiel de rendement.
que la levée ait lieu. Si le roulage a lieu immédiatement Pour déterminer le potentiel de rendement, voir le
après les semis, il améliore le contact entre la semence tableau 2-13, Rendement prévu des peuplements de soya
et le sol, et il risque moins d’endommager les plants; optimaux et réduits.
60
2. Soya
61
Guide agronomique des grandes cultures
Évaluation des réductions de peuplement Calcul des bénéfices après une reprise des semis
Il convient de faire une évaluation précise de la • Évaluer le rendement d’un peuplement complet semé
densité de peuplement, de l’écartement et de la santé à la première date.
des plants qui restent. En ce qui concerne la densité, • Mesurer la densité du peuplement existant;
voir la méthode qui est présentée à l’annexe K, pour ce faire, voir la méthode du cerceau qui est
Détermination de la densité de peuplement de la culture présentée à l’annexe K, Détermination de la
et des populations d’ennemis à l’aide d’un cadre. densité de peuplement de la culture et des populations
d’ennemis à l’aide d’un cadre.
Le tableau 2-13, Rendement prévu des peuplements de • Évaluer le potentiel de rendement du peuplement
soya optimaux et réduits, montre une estimation du réduit. Voir le tableau 2-13, Rendement prévu des
potentiel de rendement par rapport à un peuplement peuplements de soya optimaux et réduits.
complet, d’après des recherches effectuées en Ontario. • Évaluer le potentiel de rendement du peuplement
Notons que ces chiffres reflètent le nombre de plants complet une fois le champ réensemencé. Le retard
sains qui restent dans un peuplement clairsemé de des semis entraîne une diminution du potentiel de
densité uniforme et non soumis à la concurrence des rendement. Voir le tableau 2-6, Effets des dates de
mauvaises herbes. semis sur le rendement.
• Évaluer le coût de la reprise des semis.
• Comparer la valeur du peuplement réduit à celle du
Sur la plupart des types de sols, il ne faut pas peuplement complet une fois le champ réensemencé
reprendre les semis si la densité du peuplement (voir la figure 2-4, Champ à peuplement réduit)
est supérieure à 222 000 plants par hectare
(90 000 plants par acre) avec des rangs espacés Exemple :
de 19 cm (7,5 po). Sur les sols argileux très
lourds, la reprise des semis n’est justifiée que On estime qu’un champ ensemencé le 12 mai aurait
si la densité est inférieure à 250 000 plants par un potentiel de rendement de 3 t/ha (45 bo/ac) si le
hectare (110 000 plants par acre). peuplement était complet. Le 5 juin, un peuplement
réduit semé avec un semis dense (écartement de 18 cm,
ou 7 po) a une densité moyenne de 222 220 plants
par hectare (90 000 plants par acre); son potentiel
de rendement est donc de 87 % du peuplement
complet (2,6 t/ha ou 39 bo/ac) (voir le tableau 2-13,
Rendement prévu des peuplements de soya optimaux
Diamètre de 76 cm (30 po)
Semis ponctuel
Dans le cas d’un établissement médiocre, un nouveau
Vides comblés semis effectué entre les plantules déjà établies pour
par les plants voisins compléter ou épaissir le peuplement existant ne permet
d’améliorer le rendement que si le peuplement est très
ténu. En effet, les plantules issues de ce nouveau semis
Figure 2-4 – Champ à peuplement réduit ont un retard de croissance si grand qu’elles ne sont
pas en mesure de rivaliser avec le peuplement original,
même s’il est clairsemé. Néanmoins, il s’agit sans doute
de la meilleure solution pour maximiser les rendements,
et c’est généralement mieux que de repartir à zéro
62
2. Soya
en retirant le peuplement existant. Si l’on prévoit de les cultivars de saison longue mettent donc moins de
compléter ou d’épaissir le peuplement, il faut employer le temps à arriver à maturité s’ils sont semés tard que s’ils
même cultivar et ne pas détruire le peuplement existant. sont semés tôt.
Avec cette méthode de réparation, il peut être difficile
de choisir le moment des activités de lutte contre les
Germination et levée
mauvaises herbes et de récolte, mais elle est gérable, en
La germination débute lorsque la graine absorbe
particulier avec les cultivars tolérant le glyphosate.
l’humidité du sol et atteint une teneur en eau
d’environ 50 %. Le premier signe externe de
Croissance des plants germination est l’apparition de la radicule (racine
Le tableau 2-14, Stades végétatifs du soya, montre les séminale), qui pousse vers le bas et s’ancre dans le
stades de croissance du soya de la levée à la pleine sol. Peu après, l’hypocotyle (partie de la tige située
maturité. Le tableau 2-15, Stades reproductifs du soya, au-dessus de la radicule) commence à pousser vers le
indique les stades reproductifs du soya, du début de la haut en entraînant les cotylédons (feuilles séminales).
floraison à la pleine maturité. Une fois levé, l’hypocotyle, en forme de crochet, se
redresse, les cotylédons se replient vers le bas et le
Dans la croissance du soya, on distingue deux types de point végétatif est exposé au soleil. Normalement,
stades : les stades végétatifs (V), pour les feuilles et les la levée se produit de 5 à 21 jours après le semis,
nœuds, et les stades reproductifs (R), pour les fleurs, selon l’humidité et la température du sol ainsi que
les gousses et les graines. On désigne les stades V selon la profondeur des semis.
le nombre de nœuds présents sur la tige principale
et portant des feuilles pleinement développées, en En Ontario, les cultivars de soya commerciaux sont
commençant par les feuilles unifoliées. On considère indéterminés, c’est-à-dire qu’ils continuent de croître
qu’une feuille est pleinement développée si les folioles et de produire de nouvelles feuilles après le début de la
portées par le nœud suivant sont assez déroulées pour floraison. Les grands cultivars à croissance déterminée
que leurs bords ne se touchent plus. Par exemple, atteignent leur hauteur maximale avant le début de
au stade V1, les feuilles unifoliées sont entièrement la floraison, qui est de courte durée. En général, les
développées, c’est-à-dire que la feuille située au-dessus gousses les plus basses des grands cultivars déterminés
(première feuille trifoliée) est déroulée; c’est pourquoi sont plus hautes que celles des cultivars indéterminés.
on désigne souvent ce stade comme étant celui de la
« première feuille trifoliée ». Le nœud est le point où la
feuille est ou était attachée à la tige. Pour déterminer Gestion de la fertilisation
les stades V, on ne compte pas les feuilles trifoliées
situées sur les branches. Azote et soufre
Les cultures de soya n’ont généralement pas besoin
Les deux premières feuilles du plant de soya sont d’engrais azotés (voir section Inoculation du chapitre 2).
unifoliées (une seule foliole chacune) et opposées; elles Les recherches effectuées sur l’épandage d’engrais azotés
se forment au niveau du premier nœud, au-dessus des au moment des semis montrent que l’excès d’azote peut
cotylédons. Les feuilles suivantes sont trifoliées (trois retarder la formation des nodosités et la fixation de
folioles chacune) et alternes. Après l’apparition de deux l’azote, et favoriser une croissance végétative excessive
ou trois feuilles trifoliées, les nodosités, indispensables qui augmente les risques de verse. Selon les recherches
à la fixation de l’azote atmosphérique, apparaissent sur menées en Ontario, l’épandage d’engrais azotés sur un
les racines. champ de soya qui possède suffisamment de nodosités
ne produit pas de gain de rendement notable. Rien ne
Si on sème les plants de soya à la date optimale, ils permet non plus de penser que l’application de soufre a
forment de cinq à sept feuilles trifoliées avant le début un effet sur le soya dans la province.
de la floraison, qui est principalement déclenchée
par les changements de longueur des jours et de Si les nodosités ne se forment pas et que les plants de
température. Cependant les cultivars très précoces soya sont vert pâle et souffrent d’une carence en azote,
sont presque insensibles à la longueur des jours, et leur on suggère d’appliquer 50 kg/ha (45 lb/ac) d’azote à
floraison dépend essentiellement du nombre d’unités l’apparition de la première fleur, sous forme d’urée
thermiques accumulées. Ceux qui sont plus tardifs ou de nitrate d’ammonium et de calcium, lorsque la
sont davantage influencés par la longueur du jour; surface du feuillage est sèche.
63
Guide agronomique des grandes cultures
Stade Levée Feuille unifoliée Première feuille Troisième feuille Cinquième feuille Énième feuille
trifoliée trifoliée trifoliée trifoliée
Nombre de 15 5 5 3 3 3 jours par
jours pour feuille trifoliée
atteindre
ce stade1
64
2. Soya
1
Estimation du nombre de jours requis pour passer d’un stade au suivant.
2
Estimation du nombre de jours selon la cote de maturité du cultivar, la date de semis, la région de croissance et les conditions
climatiques; elle peut varier d’une saison à l’autre et au cours d’une même saison.
65
Guide agronomique des grandes cultures
66
2. Soya
Méthodes d’application
Le phosphore et le potassium ne doivent pas entrer
en contact avec les semences de soya parce qu’ils
contiennent des sels qui peuvent les endommager. Le
rendement du soya, contrairement à celui du maïs, ne
bénéficie pas d’une telle pratique. L’engrais peut être
épandu à la volée puis incorporé au sol à l’automne ou
au printemps. On peut aussi le placer à une distance
de 5 cm (2 po) à côté de la semence et de 5 cm (2 po)
au-dessous de celle-ci, au moyen d’un semoir de
précision équipé d’un outil spécialement conçu pour la
fertilisation. Pour en savoir plus, voir le tableau 9-22,
Doses maximales sûres des éléments nutritifs dans les
Photo 2-6 – Carence en potassium (K) se
engrais, au chapitre 9.
manifestant sur le feuillage plus vieux par le
jaunissement
ou le brunissement du pourtour des feuilles Analyse des tissus végétaux
Tableau 2-18 – Effet de l’application d’azote au Pour l’analyse des tissus du soya, on recommande de
printemps dans des sols à teneur faible sur le prélever la feuille pleinement développée la plus haute
rendement du soya (trois folioles et la tige) à l’apparition de la première fleur
Moyenne de trois essais avec analyse du sol au cours desquels (voir tableau 2-19, Interprétation des résultats d’analyse
ont été appliqués 11 ppm de phosphore (P) et 92 ppm de des tissus végétaux pour le soya). Si l’échantillonnage est
potassium (K). Tout l’épandage s’est fait au printemps. L’azote fait à un autre moment, il faut prélever des échantillons
épandu à la volée a été incorporé au sol.
provenant de parties du champ qui sont saines et
Un écart de moins de 81 kg/ha (1,2 bo/ac) est sans
importance sur le plan statistique. de parties touchées pour en faire la comparaison.
LÉGENDE : – = aucune donnée disponible
À l’échantillon de tissu végétal, on peut joindre un
échantillon de sol prélevé au même endroit et en même
Gain de
Traitement Rendement rendement temps pour étayer l’interprétation diagnostique.
Aucun 3,05 t/ha –
(45,3 bo/ac)
25 lb de P + 40 lb de K 3,33 t/ha 0,28 t/ha
Oligo-éléments
(à la volée) (49,5 bo/ac) (4,2 bo/ac)
25 lb de P + 40 lb de K 3,35 t/ha 0,30 t/ha Manganèse
(en bandes, 2 x 2 po) (49,8 bo/ac) (4,5 bo/ac) Le manganèse (Mn) est le seul oligo-élément pour
25 lb de P (dans la raie 3,32 t/ha 0,27 t/ha lequel une carence a été signalée dans les cultures de
de semis) (49,3 bo/ac) (4,0 bo/ac) soya en Ontario, mais on peut s’attendre à des carences
2-20-18 + inoculant 3,27 t/ha 0,22 t/ha en zinc sur les terres où la couche arable a été emportée
liquide (dans la raie de (48,6 bo/ac) (3,3 bo/ac) par l’érosion.
semis)
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Guide agronomique des grandes cultures
68
2. Soya
vitesse d’avancement entre 4 et 5 km/h. De plus, il faut et les mauvaises herbes soient tout à fait sèches. Il faut
régler la vitesse du rabatteur selon l’état des cultures. arracher les mauvaises herbes telles que la morelle noire
de l’Est et le phytolaque d’Amérique avant la récolte,
La barre de coupe flottante permet de couper les plants ou demander à l’opérateur de la moissonneuse-batteuse
de soya près du sol. Pour améliorer la récolte, il faut : d’éviter les zones envahies par ces espèces.
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Guide agronomique des grandes cultures
batteuse à mesure que les conditions de récolte l’humidité les refroidit. Au fur et à mesure que les
évoluent; les réglages effectués dans le but de réduire graines sèchent, elles s’approchent de la température de
les dommages mécaniques peuvent accroître la l’air de séchage. Par conséquent, plus elles demeurent
quantité d’impuretés, mais ces pertes sont largement longtemps en contact avec l’air chauffé, plus elles
compensées par les primes offertes aux producteurs. deviennent sèches et chaudes.
• Entreposer le soya à identité préservée dans des silos
distincts des autres cultivars et des autres grains et
oléagineux. Séchage du soya à l’air chaud et à l’air froid
On récolte parfois le soya à une teneur en eau plus
Si le soya est cultivé en vertu d’un contrat signé, élevée en raison d’un temps pluvieux, ou à une date
toutes ces exigences y sont mentionnées. Avec ou plus précoce que d’habitude pour limiter les pertes. Il
sans contrat, tout manquement peut entraîner une est possible d’adapter toutes les méthodes de séchage
réduction des primes. au soya si l’on suit certaines règles sur l’utilisation
de la chaleur et les pratiques de manutention.
70
2. Soya
séché à l’air ambiant si les conditions s’y prêtent. Cette manomètre, un appareil tout simple servant à mesurer
opération exige beaucoup d’attention de la part de la pression statique dans le faux fond perforé sous
l’exploitant parce que le soya absorbe et perd facilement la cellule. Il affiche la pression en centimètres ou
de l’humidité. Il faut mettre le ventilateur en marche en pouces d’une colonne d’eau (voir figure 12-1,
uniquement lorsque les conditions extérieures sont Manomètre de fabrication artisanale). À partir de la
propices au séchage. Il ne faut pas laisser le ventilateur courbe de rendement du ventilateur, on peut calculer
en marche 24 heures sur 24, parce que les graines son débit à la pression statique mesurée. Pour ce faire,
redeviendraient humides pendant la nuit, ce qui il faut diviser le débit en l/sec (pi3/min) par le nombre
annulerait les progrès réalisés pendant le jour. de boisseaux contenus dans la cellule de stockage. Pour
obtenir un débit suffisant, on peut aussi ne remplir que
partiellement la cellule de stockage. Ainsi le ventilateur
Exigences minimales pour le séchage du soya à devra vaincre une pression statique moins importante
l’air ambiant et donnera un débit d’air par boisseau plus élevé.
• Aménager un faux fond entièrement perforé dans la
cellule de stockage.
• Niveler la surface du soya dans toute la cellule de Teneur en eau à l’équilibre
stockage. Des chercheurs ont mis au point des tableaux qui
• Assurer un débit d’air d’au moins 6,5 l/sec/m3 indiquent la teneur en eau finale du soya selon
(0,5 pi3/min/bo). la température et l’humidité relative de l’air (voir
• Nettoyer les graines afin de les débarrasser des tableau 2-10, Teneur en eau à l’équilibre (% à l’état
gousses et des particules fines accumulées. humide) du soya exposé à l’air. Par exemple, pour
• Mesurer précisément la teneur en eau du soya dans connaître la teneur en eau à l’équilibre du soya exposé
la cellule de stockage. à l’air extérieur à 10 °C et à 70 % d’humidité relative,
• Bien lire la température de l’air et l’humidité relative il suffit de trouver l’intersection de la rangée et de la
à l’extérieur. colonne correspondantes dans le tableau. La valeur
• Bien connaître la teneur en eau à l’équilibre du soya. indiquée à cet endroit (13,2 %) est la teneur en eau
• Installer un interrupteur de commande du ventilateur. à l’équilibre du soya, qu’il atteindra s’il est soumis à
ces mêmes conditions extérieures pendant un délai
Il faut un faux fond entièrement perforé pour suffisamment long.
permettre à l’air de circuler de façon uniforme partout
dans la cellule; avec un faux fond partiellement perforé Tableau 2-20 – Teneur en eau à l’équilibre (% à
ou un réseau de conduits d’air, il reste des zones l’état humide) du soya exposé à l’air
où l’air ne circule pas, ce qui présente des risques Humidité relative
d’altération. Les gousses, les résidus et les particules
Température 50 % 60 % 70 % 80 % 90 %
fines qui s’accumulent dans la cellule de stockage
gênent le passage de l’air ou le dévient. L’air qui 0 °C 10,0 11,8 13,7 16,2 19,8
traverse la masse de soya suit toujours le chemin 5 °C 9,8 11,5 13,5 15,9 19,6
offrant le moins de résistance. 10 °C 9,5 11,2 13,2 15,7 19,4
15 °C 9,2 11,0 13,0 15,5 19,2
Détermination du débit d’air 20 °C 9,0 10,7 12,8 15,2 19,0
Il faut un débit suffisant pour faire passer l’air dans 25 °C 8,7 10,5 12,5 15,0 18,8
toute la masse de soya. Pour retirer l’humidité, le débit
d’air doit être au moins de 6,5 l/sec/m3 (0,5 pi3/min/bo);
en deçà de ce seuil, il aura pour effet de modifier la Mesure du taux d’humidité relative
température du soya sans toutefois influencer sa teneur Pour sécher le soya à l’air, il est important de connaître
en eau. Les débits d’air de 26 l/sec/m3 (2 pi3/min/bo) avec précision le taux d’humidité relative de l’air
ou plus permettent seulement d’accélérer le séchage. extérieur, qui peut être difficile à mesurer. Dans
Pour calculer la valeur du débit en l/sec/m3 (pi3/min/bo) certains cas, cette information peut être communiquée
pour une cellule donnée, il faut déterminer le nombre par une station météorologique de la région, mais les
de boisseaux qu’elle contient et la pression statique conditions peuvent varier d’un endroit à l’autre. Pour
que le ventilateur doit vaincre. On peut utiliser un le séchage à l’air du soya gourd, il n’est pas conseillé
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Guide agronomique des grandes cultures
d’utiliser un hygromètre domestique, ce type d’appareil Dommages causés par le gel et la grêle
n’étant généralement pas assez précis. On recommande
plutôt d’utiliser un psychromètre fronde ou un Début de saison
hygromètre de bonne qualité, qui conviennent Les plants endommagés sous les cotylédons par le gel
tous deux parfaitement à cet usage. ou la grêle en début de saison ne se rétablissent pas
(voir photo 2-10). Si le gel ou la grêle endommage le
point végétatif du plant sans toutefois toucher la tige
Quand faire fonctionner le ventilateur sous celui-ci, le plant produit de nouvelles pousses à
Il faut mettre le ventilateur en marche non pas partir de la base des feuilles ou des cotylédons. Il faut
en fonction de l’heure de la journée, mais bien en de trois à quatre jours aux nouvelles pousses pour sortir
fonction de la température et du taux d’humidité du point d’attache des feuilles sur la tige (aisselles).
relative de l’air. En effet, selon la journée, le séchage D’après des essais de recherche, la perte de feuilles aux
peut avoir lieu entre 9 h et minuit ou seulement entre premiers stades de la croissance a peu d’incidence sur
9 h et 18 h. Il faut souvent vérifier la température et le le rendement final ou la maturité. Le tableau 2-21,
taux d’humidité relative de l’air au cours de la journée. Pourcentage de perte de rendement des cultivars de soya
Pour que le séchage progresse, l’air extérieur doit être indéterminés selon la surface foliaire endommagée et le
plus sec que l’air intérieur. Si pendant une journée stade de croissance, résume les pertes de rendement
donnée, la teneur en eau à l’équilibre est inférieure prévues dans différents cas.
à la teneur en eau des graines les plus humides, le
séchage est possible et le ventilateur doit être mis en
marche. On peut installer un humidistat permettant
à l’opérateur de régler à l’avance le taux d’humidité
auquel le ventilateur doit se mettre en marche.
72
2. Soya
73
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 2-21 – Pourcentage de perte de rendement Le soya peut facilement être endommagé par le gel
des cultivars de soya indéterminés selon la surface jusqu’à ce qu’il atteigne la maturité physiologique
foliaire endommagée et le stade de croissance au stade R7 (lorsque l’une des gousses de la tige
LÉGENDE : – = aucune donnée disponible principale devient brune ou grise). Passé ce stade,
Surface de feuilles détruites (%) le gel n’abîme généralement pas les plants de soya
si les gousses ne sont pas touchées. Mais avant ce
stade, il peut nuire à la qualité des graines. Pendant
Stade de
croissance 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 la floraison et le remplissage des gousses, une forte
VC-Vn – – – – – – – – – – gelée peut réduire les rendements de 80 %. Si elle
R1 – 1 2 3 3 4 5 6 8 12 survient lors du remplissage des gousses, les graines
R2 – 2 3 5 6 7 9 12 16 23 sont fortement endommagées et prennent une
R2,5 1 2 3 5 7 9 11 15 20 28
teinte verdâtre (aspect « confit »). Même les graines
modérément gelées de couleur verdâtre et dont le
R3 2 3 4 6 8 11 14 18 24 33
tégument est légèrement ridé sont considérées comme
R3,5 3 4 5 7 10 13 18 24 31 45
endommagées. Elles peuvent être rejetées si elles sont
R4 3 5 7 9 12 16 22 30 39 56
trop nombreuses parce qu’elles finissent par sécher avec
R4,5 4 6 9 11 15 20 27 37 49 65
un tégument ridé. Bien que les plants endommagés
R5 4 7 10 13 17 23 31 43 58 75 par le gel puissent arriver à maturité plus tôt, ils ont
R5,5 4 7 10 13 17 23 31 43 58 75 la même teneur en eau que les plants non touchés. La
R6 1 6 9 11 14 18 23 31 41 53 germination se trouve elle aussi gravement réduite. La
R6,5 0 1 1 3 4 5 7 13 18 23 Commission canadienne des grains considère comme
Imprimé avec l’autorisation de National Crop Insurance endommagés par la gelée les plants de soya dont le
Services (NCIS). Ne pas reproduire sans autorisation. cotylédon, une fois coupé, « est vert ou d’un brun
verdâtre avec un aspect cireux et vitreux ».
En ce qui a trait aux pertes de rendement, c’est lors de
la floraison et du remplissage des gousses que le soya
est le plus vulnérable. C’est particulièrement le cas si
Au fur et à mesure que la récolte arrive à
les tiges sont cassées, ce qui entraîne une diminution
maturité, les gelées de fin de saison produisent
du nombre de gousses et de la taille des graines. Il peut
des pertes de rendement de moins en moins
aussi y avoir des retards dans la maturité.
importantes. Si elles surviennent au stade R5,
les gelées réduisent le rendement de 50 à 70 %.
Dommages causés par le froid et le gel en Au stade R6, les pertes sont de 20 à 30 %.
fin de saison Lorsque la récolte a atteint le stade R7, les
pertes prévues sont seulement de 5 à 10 %. Si
Le soya est considéré comme une culture de saison
les plants ont atteint leur pleine maturité, aucune
chaude, et il est donc relativement sensible au
perte de rendement n’est prévue.
froid, notamment pendant la floraison. En effet, on
croit qu’une période de froid prolongé (moins de
10 °C) pendant la floraison nuit à la formation du
Dommages dus à la foudre
pollen, et il en résulte des gousses apyrènes (dites
« parthénocarpiques »). Cependant certains cultivars Les dommages dus à la foudre sont limités à un cercle
n’ont pas la même tolérance au temps froid que d’autres. ou un ovale d’un diamètre de 5 à 10 m (13 à 30 pi).
Les plants sont généralement tués, mais ils survivent
Les cultivars qui ont une pubescence brun jaunâtre parfois en bordure de la zone touchée. Celle-ci est
sont souvent plus tolérants au froid que ceux qui nettement délimitée (l’eau stagnante ou l’eau courante
ont une pubescence grise. s’y est accumulée durant l’orage), ce qui rend le
diagnostic relativement facile (voir photo 2-11). La
partie touchée ne s’élargit pas avec le temps. Les tiges
sont souvent noircies, et les feuilles mortes restent
attachées aux plants.
74
2. Soya
75
3. Cultures fourragères
Les fourrages sont des plantes entières que l’on Pour en savoir plus sur la production de maïs à
cultive pour nourrir le bétail. Ils constituent un ensilage, voir la section Choix des hybrides destinés à
élément important de la rotation des cultures dans de l’ensilage du chapitre 1, Maïs. Dans la section Ensilage
nombreuses exploitations agricoles. Ils procurent de préfané et ensilage de maïs du présent chapitre, on
nombreux avantages à cet égard, de même que sur le trouvera également de l’information sur l’ensilage
plan environnemental, puisqu’ils permettent de réduire du maïs et son entreposage.
l’érosion du sol et d’améliorer sa santé et sa teneur en
matière organique. D’ailleurs, il a été démontré que Pour plus d’information sur les pâturages, voir
lorsqu’une culture de luzerne précède une culture de la publication 19F du MAAARO, La culture des
maïs dans une rotation, elle lui apporte non seulement pâturages, qui se trouve sur le site du ministère à
100 lb/ac d’azote, mais aussi un gain de rendement l’adresse ontario.ca/cultures.
de 10 à 15 %.
• Ils sont généralement cultivés en association avec Lorsqu’elles sont bien inoculées, les légumineuses
différentes espèces; utilisent l’azote atmosphérique, de sorte qu’elles n’ont
• On peut les utiliser sous forme de fourrages pas besoin d’engrais azoté. De plus, les légumineuses
entreposés ou de pâturage; fournissent une quantité considérable de cet élément
• Il y a des espèces annuelles et des espèces vivaces; aux graminées avec lesquelles elles sont en association.
• Ils sont soumis à de nombreuses méthodes de récolte
et d’entreposage différentes;
• Pour survivre à l’hiver, les espèces vivaces doivent
être gérées de manière particulière.
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Guide agronomique des grandes cultures
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3. Cultures fourragères
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Guide agronomique des grandes cultures
peu profondes et fasciculées, se développent à partir des Les diverses espèces de graminées exercent une
nodosités des stolons rampants. Le trèfle blanc pousse concurrence variable face aux légumineuses, ce qui
mal par temps sec, mais il tolère relativement bien les se répercute sur le ratio légumineuse-graminée du
broutages fréquents et a une bonne sapidité. On peut peuplement établi. Le dactyle pelotonné et le ray-grass,
le semer sur le sol gelé ou en semis direct dans des par exemple, font souvent davantage concurrence à
pâturages de graminées pour améliorer la qualité du la luzerne que la fléole ou le brome. Les graminées
fourrage et son rendement. sont moins riches en protéines que les légumineuses
lorsqu’on les récolte au même stade de croissance.
Toutefois, elles ont généralement une teneur en fibres
Mélilot plus élevée et une meilleure digestibilité des fibres.
Le mélilot est une légumineuse bisannuelle à croissance
lente occasionnellement cultivée comme plante
fourragère et parfois utilisée pour alléger le sol. Il ne Fléole
fleurit pas pendant l’année de son établissement. Au La fléole est la graminée fourragère la plus cultivée
printemps de la deuxième année, il croît rapidement en Ontario, généralement en association avec la
et devient une plante haute à tige grossière. Comme luzerne. Elle arrive à maturité plus tard que les autres
il contient de la coumarine, le bétail l’apprécie moins. graminées, ce qui facilite la gestion de la récolte. Les
Il en existe deux espèces : le mélilot blanc (à fleurs semences de fléole se mélangent bien aux semences
blanches) et le mélilot officinal (à fleurs jaunes). Le de luzerne et peuvent passer par les petits trous des
mélilot blanc a une tige plus longue et plus grossière semoirs. C’est une graminée en touffe qui se prête
que le mélilot officinal, ainsi que des racines plus peu au tallage; elle ne livre donc pas une concurrence
profondes; il se prête mieux à la production d’engrais intense aux autres espèces. Elle s’établit facilement au
vert que de cultures fourragères. Le mélilot officinal début du printemps ou à la fin de l’été et s’adapte bien
est meilleur au goût pour le bétail et attire davantage aux sols lourds et à drainage variable. La fléole a une
les abeilles; il convient donc mieux à la production bonne sapidité et un rendement élevé à la première
de fourrage. Un foin de mélilot qui est moisi peut coupe. Bien que certains cultivars aient été créés pour
contenir du dicoumarol, un anticoagulant qui peut favoriser une meilleure repousse, leur production
causer la mort du bétail par hémorragie. est limitée après la première coupe et à la mi-saison,
surtout si le temps est chaud et sec, car ils tolèrent mal
la sécheresse. La fléole est la graminée à privilégier dans
Trèfle d’Alsike la production de foin pour chevaux.
Le trèfle d’Alsike est une plante vivace, parfois traitée
comme plante bisannuelle. Il peut pousser sur des
sols acides et mal drainés. Il ne donne qu’une coupe Brome inerme
de foin par année et il constitue rarement un premier Le brome inerme se propage par des rhizomes et ses
choix comme légumineuse fourragère. Il peut causer peuplements peuvent devenir denses avec le temps.
la photosensibilité et des dommages au foie chez les Il arrive à maturité un peu plus tôt que la fléole. Il a
chevaux; il ne faut donc pas l’inclure dans le foin ni une faible persistance face aux calendriers de fauche
dans les mélanges de pâturage qui leur sont destinés. intensifs, mais il peut être coupé deux fois. Le brome
inerme a une bonne sapidité et, à l’approche de la
maturité, il conserve mieux sa valeur nutritionnelle que
Graminées vivaces
la plupart des autres graminées. Ses graines, grosses et
Les graminées possèdent de nombreuses feuilles légères, passent mal dans les petits trous des semoirs.
longues et minces portées par une tige. Elles ont des Le brome inerme s’établit difficilement s’il est semé en
racines très fasciculées qui retiennent le sol et réduisent surface ou à plus de 5 cm (2 po) de profondeur.
ainsi l’érosion. Les graminées « gazonnantes » ont des
rhizomes (ou tiges souterraines) qui produisent de
nouvelles pousses à partir de chaque nœud. Elles peuvent Brome des prés
se propager et rendre un peuplement plus dense. Les Le brome des prés ressemble au brome inerme, mais
graminées « en touffe » ne peuvent pas se propager par il est plus utile pour les pâturages parce qu’il pousse
des rhizomes, mais elles peuvent produire des talles à rapidement au début du printemps et se rétablit sans
partir des bourgeons du collet, à la base du plant. tarder après le broutage.
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3. Cultures fourragères
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Guide agronomique des grandes cultures
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3. Cultures fourragères
On cultive moins souvent les graminées en peuplements et troisième coupes, on peut opter pour le dactyle
purs parce que leur rendement est faible en l’absence pelotonné, une graminée agressive qui envahit la
d’importants apports d’azote. Pour en savoir plus, voir luzerne à mesure que le peuplement vieillit. Le brome
la section Gestion de la fertilisation du présent chapitre. et l’alpiste roseau occupent une place intermédiaire
Même avec une fertilisation adéquate, certaines espèces entre la fléole et le dactyle pelotonné pour ce qui est
de graminées donnent un rendement très faible par de l’agressivité, et ils ne se prêtent pas bien aux régimes
temps chaud et sec durant le milieu de l’été. Toutefois, à trois et à quatre coupes.
si l’objectif est de produire du foin pour chevaux ou
si l’état du sol (p. ex. mauvais drainage) empêche la Récolte précoce ou tardive
culture de mélanges contenant des légumineuses, Le mode de gestion a un effet sur la concurrence entre
les peuplements de graminées purs peuvent être très les graminées et les légumineuses. Une récolte tardive,
productifs à condition que l’on choisisse les espèces effectuée au moment de la floraison des graminées,
et les programmes de fertilisation appropriés. favorise celles-ci par rapport aux légumineuses,
notamment dans le cas de l’alpiste roseau. Coupé
lors du gonflement, l’alpiste roseau n’envahit pas
Choix des mélanges d’espèces les légumineuses. Cependant, si on le laisse avoir
Maturité des graminées pour la récolte une épiaison complète, il domine rapidement le
Dans le choix d’une graminée, la maturité à la récolte peuplement. Il est important de récolter les graminées
est un facteur très important. Pour les espèces qui ont dès le stade de gonflement, surtout dans les mélanges
une épiaison précoce comme le dactyle pelotonné et de dactyle pelotonné et de brome ou d’alpiste roseau.
l’alpiste roseau, il faut récolter tôt, sinon la sapidité et Si cela n’est pas possible ou pratique, la fléole constitue
la qualité du produit en souffriront. Si la récolte doit alors un meilleur choix comme graminée.
se faire plus tard, on conseille de choisir plutôt une
graminée à maturité plus tardive telle que la fléole. Choix des cultivars
Il ne faut pas oublier que le moment de la maturité Toutes les semences fourragères vendues sous un nom
diffère souvent beaucoup parmi les cultivars de la de cultivar doivent être certifiées et porter l’étiquette
même espèce. bleue attestant le nom du cultivar. Les semences
certifiées doivent répondre à certaines exigences
Ratio légumineuse-graminée concernant leur pouvoir germinatif et leur teneur
Il faut prendre en compte le ratio légumineuse- en graines de mauvaises herbes.
graminée souhaité dans le mélange. Si l’on peut
accepter une teneur en protéines plus faible, comme Sur le marché, certaines semences fourragères sont
dans les fourrages destinés à des bovins de boucherie, vendues sans nom et d’autres sous une marque de
à des génisses laitières ou à des chevaux, on peut commerce. Il peut s’agir de mélanges de lots différents.
opter pour une proportion de graminées plus élevée. Elles doivent aussi répondre à des exigences relatives au
Les mélanges contenant une plus forte proportion pouvoir germinatif et à la teneur en graines de mauvaises
de graminées résistent généralement mieux aux herbes, ces exigences étant cependant moins rigoureuses
invasions de mauvaises herbes, surtout de pissenlits. que pour les semences certifiées. Les semences sans nom
Si les conditions sont peu favorables à la survie ne font l’objet d’aucune garantie sur la résistance aux
des légumineuses, il faut utiliser une plus grande maladies et la persistance. Le rendement des peuplements
proportion de graminées pour garantir le peuplement. établis à partir de semences vendues sans nom ou sous
Les espèces les plus agressives, comme le dactyle une simple marque de commerce est donc imprévisible
pelotonné, donnent une plus grande proportion de et varie souvent d’une année à l’autre. Par conséquent,
graminées, même si leur part est à peu près égale dans on recommande fortement l’utilisation de semences
le mélange de semences. certifiées, la seule option qui garantisse le rendement,
la persistance, la résistance aux maladies et le délai de
Nombre de coupes maturité voulus. Pour obtenir des précisions techniques
La fléole n’envahit pas la luzerne; dans un régime à sur les différents cultivars, il faut communiquer avec les
trois coupes, elle fournit généralement très peu de fournisseurs de semences fourragères.
fourrage aux deuxième et troisième coupes. Mélangé
à la luzerne, le dactyle pelotonné produit plus à la Le tableau 3-2, Mélanges suggérés pour le fourrage entreposé
mi-été que la fléole. Pour obtenir une forte proportion et le pâturage, résume les caractéristiques des espèces
de graminées dans le mélange, surtout aux deuxième fourragères vivaces et des mélanges cultivés en Ontario.
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Guide agronomique des grandes cultures
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3. Cultures fourragères
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3. Cultures fourragères
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Guide agronomique des grandes cultures
moins 10 cm (4 po) de chaume à la récolte, ou 15 à Il faut attendre que l’ensilage soit complètement
20 cm (6 à 8 po) pour le broutage. Le régime à une fermenté (six à huit semaines) avant de le donner
coupe augmente considérablement le rendement, mais aux animaux.
aux dépens de la qualité fourragère, et celle-ci baisse • Immédiatement après une gelée, retirer le bétail
énormément après l’épiaison. du pâturage jusqu’à ce que ce dernier soit sec
(généralement au bout de six à sept jours). Si de
On a créé des cultivars de sorgho fourrager et de nouvelles pousses se forment, effectuer une récolte
sorgho-Soudan à nervure principale brune possédant sous forme d’ensilage plutôt que de pâturage.
une bien meilleure qualité nutritionnelle. La nervure • Après une période de sécheresse suivie d’une pluie,
principale brune résulte d’une mutation génétique qui ne pas faire paître la repousse.
réduit la quantité de lignine, améliore la digestibilité
des fibres, et augmente l’énergie digestible et la prise
alimentaire. Toutefois, elle peut aussi nuire à la Intoxication aux nitrates
croissance vigoureuse et augmenter le risque de verse. Les fourrages ayant des teneurs anormalement élevées
en nitrates (NO3) peuvent provoquer des intoxications
Sorgho herbacé mortelles chez le bétail et, si le fourrage est ensilé, des
Le sorgho herbacé est utilisé pour le broutage. Il a des émanations de gaz d’ensilage qui posent un risque très
tiges de la grosseur d’un crayon et conserve sa sapidité grave pour la santé humaine. Parmi les diverses espèces
même après l’épiaison. Il ne doit pas être brouté avant fourragères, ce sont le sorgho, le maïs et les céréales
d’avoir atteint une hauteur de 45 cm (18 po). En qui accumulent les plus fortes teneurs de nitrates;
pâturage tournant, la culture demeure productive et les légumineuses n’en contiennent que peu et sont
succulente toute la saison. Le sorgho herbacé tolère des rarement source de danger, alors que les graminées
sols légèrement plus humides que les autres espèces de fourragères se situent entre ces deux groupes. La
sorgho, mais il préfère les endroits assez bien drainés plupart du temps, le risque d’intoxication aux nitrates
ou bien drainés. se pose lorsqu’on récolte du maïs à ensilage dans les
journées qui suivent un épisode de pluie ayant mis fin
à une sécheresse
Intoxication à l’acide prussique
L’intoxication à l’acide prussique (acide cyanhydrique) Les teneurs élevées en nitrates deviennent dangereuses
peut survenir chez le bétail nourri au sorgho et au dans des conditions de croissance anormales, telles que
sorgho herbacé. Les plants jeunes ou immatures et les suivantes :
ceux qui ont souffert du gel ou de sécheresse peuvent
avoir une teneur en acide prussique plus élevée. • Sols à très forte teneur en azote (apports excessifs
Généralement, le sorgho présente un risque plus élevé d’engrais azotés ou de fumier, ou une combinaison
en la matière que le sorgho herbacé, et le sorgho- de ces causes, avec l’enfouissement d’une
Soudan occupe une place intermédiaire. Certains légumineuse comme engrais vert);
nouveaux hybrides de sorgho fourrager ont des • Longue période de sécheresse suivie de pluie; dans
teneurs moins élevées en acide prussique. Le millet ces circonstances, attendre 10 jours après la pluie
ne présente pas de risques d’intoxication de ce type. avant de récolter pour permettre la transformation
L’ensilage peut contenir de l’acide prussique, qui peut des nitrates en protéines;
être libéré dans l’air lorsqu’il fermente et lorsqu’on le • Toutes les circonstances naturelles entraînant la
déplace et qu’on le donne aux animaux. Si de nouvelles destruction des feuilles pendant que les racines et les
pousses se forment après un épisode de gel, le risque tiges sont encore actives et accumulent les nitrates
d’intoxication peut être élevé si le champ est destiné au (p. ex. gel, grêle et parfois sécheresse).
pâturage. Voici quelques conseils pour réduire le risque
d’intoxication à l’acide prussique : La fermentation réduit la teneur en nitrates des
fourrages. Il faut qu’ils aient fermenté pendant au
• Ne pas pacager le sorgho ni en faire de fourrage moins trois à cinq semaines avant d’être donnés aux
vert avant qu’il atteigne 45 à 60 cm (18 à 24 po) animaux. On peut analyser les aliments douteux pour
de hauteur; mesurer leur teneur en nitrates. À noter que l’ensilage
• Après une gelée meurtrière, attendre trois à cinq de fourrage à forte teneur en nitrates peut produire
jours avant d’ensiler le sorgho de plus de 76 cm un gaz mortel, le dioxyde d’azote (voir la section Gaz
(30 po) de hauteur ou d’en faire du fourrage vert. d’ensilage du présent chapitre).
88
3. Cultures fourragères
Brassicacées fourragères : colza fourrager, chou Le tableau 3-3, Caractéristiques des cultures fourragères
fourrager et navet fourrager annuelles en Ontario, résume les particularités de toutes
Le colza fourrager, le chou fourrager et le navet ces espèces cultivées dans la province.
fourrager font d’excellents pâturages de septembre à
décembre. Pour en savoir plus, voir le tableau 8-5,
Caractéristiques des cultures couvre-sol cultivées en
Ontario, du chapitre 8, ou voir la publication 19F du
MAAARO, La culture des pâturages.
89
Guide agronomique des grandes cultures
90
3. Cultures fourragères
par unité de poids. Les conditions médiocres (p. ex. Tableau 3-4 – Taux de semis recommandés pour
un lit de semence irrégulier, une culture-abri dense) les peuplements de légumineuses et les
ne peuvent être compensées par une augmentation peuplements de graminées purs
des taux de semis. LÉGENDE : — = aucune donnée disponible
Espèce Taux de semis Nombre de graines
La taille des semences peut varier entre les cultivars Légumineuses
et les lots de semences d’un même cultivar. Il faut
Luzerne 13 kg/ha 440 000 graines/kg
calibrer soigneusement le semoir pour éviter de semer (12 lb/ac) (200 000 graines/lb)
trop ou pas assez de semences. Pour en savoir plus,
Trèfle rouge 11 kg/ha 605 000 graines/kg
voir le tableau 3-4, Taux de semis recommandés pour (10 lb/ac) (274 000 graines/lb)
les peuplements de légumineuses et les peuplements de
graminées purs. Trèfle blanc — 1 760 000 graines/kg
(798 000 graines/lb)
En règle générale, on enfouit les semences de la plupart Lotier 9 kg/ha 935 000 graines/kg
des cultures fourragères à 6 à 12 mm (0,25 à 0,5 po) corniculé (8 lb/ac) (424 000 graines/lb)
de profondeur dans les sols argileux et loameux, et à Mélilot 8 à 10 kg/ha 572 000 graines/kg
12 à 18 mm (0,5 à 0,75 po) dans les sols sableux. Le (7 à 9 lb/ac) (259 000 graines/lb)
pourcentage de levée baisse rapidement si les semences Trèfle — 1 540 000 graines/kg
fourragères sont enfouies à plus de 20 mm (0,75 po) d’Alsike (699 000 graines/lb)
de profondeur. Les semences de légumineuses déposées
Graminées (peuplements purs)1
en surface peuvent s’établir si les conditions d’humidité
Fléole 8 à 10 kg/ha 2 706 000 graines/kg
sont idéales après le semis. Elles ont beaucoup plus de (7 à 9 lb/ac) (1 227 000 graines/lb)
chances de s’établir si les semis ont lieu à la fin mars ou
au début avril (y compris les semis sur sol gelé) qu’à la Dactyle 8 à 10 kg/ha 1 439 000 graines/kg
pelotonné (7 à 9 lb/ac) (653 000 graines/lb)
fin avril ou en mai.
Brome 10 à 14 kg/ha 300 000 graines/kg
(9 à 12,5 lb/ac) (136 000 graines/lb)
Matériel de semis Fétuque 9 à 11 kg/ha 506 000 graines/kg
élevée et (8 à 10 lb/ac) (230 000 graines/lb)
Semoir à céréales fétuque
Pour les semis de cultures fourragères, le dispositif des prés
le plus employé est le semoir à céréales muni d’une Fétuque 10 à 12 kg/ha 506 000 graines/kg
trémie pour semences de petit calibre. On peut se des prés2 (9 à 11 lb/ac) (230 000 graines/lb)
servir d’une trémie de ce type pour semer les graines
Ray-grass 10 à 15 kg/ha 500 000 graines/kg
de légumineuses et les graines de graminées plus petites vivace (9 à 13,5 lb/ac) (227 000 graines/lb)
comme celles de la fléole et de l’alpiste roseau, et les
Alpiste 10 à 12 kg/ha 1 173 000 graines/kg
graines de dactyle pelotonné et de Festulolium en petite
roseau (9 à 13,5 lb/ac) (532 000 graines/lb)
quantité. Certains semoirs à céréales sont équipés
d’une trémie supplémentaire et d’un agitateur conçus Pâturin — 4 790 000 graines/kg
(2 173 000 graines/lb)
pour les graminées, comme le brome et le dactyle
pelotonné, dont les graines plus grosses et plus légères 1
Pour un semis précoce dans un lit de semence ferme et
ne passent pas bien dans une trémie standard. à texture fine, ces taux peuvent être réduits de 25 %, sauf
pour les semences enrobées.
2
Utiliser des semences enrobées et semer avec la trémie
La plupart des semoirs à céréales conventionnels du semoir.
devraient laisser quelques graines à la surface du sol.
Si ce n’est pas le cas, il se peut que la mise en terre soit ouvre-sillons pour qu’un peu de terre recouvre l’engrais
trop profonde. avant l’arrivée de la semence. L’apport d’engrais de
démarrage est particulièrement utile dans les sols dont
Pour épandre un engrais phosphaté de démarrage par la teneur en phosphore est faible ou moyenne.
le semoir à céréales, il faut aligner les tubes de descente
de façon à ce que les semences tombent alignées, par- Le tassage du sol après les semis peut se traduire par
dessus l’engrais mis en place par le disque ouvre-sillons. une germination plus rapide et plus uniforme, surtout
Il faut faire tomber les semences derrière le disque si le temps est sec et le sol, léger. Les roues plombeuses
91
Guide agronomique des grandes cultures
permettent de mieux recouvrir les semences fourragères 2. Les unités de distribution à air évitent les
et d’affermir le sol autour d’elles. On peut aussi tirer problèmes de vent, de ségrégation des semences
un rouleau derrière le semoir, ou effectuer un tassage et de distribution non uniforme tout en étant
dès que possible après les semis pour prévenir la perte très rapides. On peut aussi utiliser un épandeur
excessive d’humidité. Il est préférable d’utiliser un d’engrais à air pour appliquer du phosphate
rouleau brise-mottes plutôt qu’un rouleau lisse pour monoammonique en même temps que les
éviter de provoquer un encroûtement du sol et pour semences fourragères.
enfoncer dans le sol les graines qui se trouvent à la
surface. L’utilisation du rouleau n’est pas conseillée
lorsque le sol est mouillé, surtout sur les loams argileux Semoirs pour semis direct
où il y a des risques d’encroûtement. Le semis direct des cultures fourragères donne d’assez
bons résultats lorsque le sol est lisse et nivelé après
Avec un semoir pneumatique ou un semoir à la culture précédente. La lutte contre les mauvaises
céréales doté d’un dispositif de distribution herbes, la mise en place des semences à la bonne
et d’ouvre-sillons à air, on peut ensemencer profondeur et le passage des roues tasseuses sont tous
rapidement de grandes superficies. des aspects importants à prendre en compte. Là où il y
a une épaisse couche de résidus en surface, les limaces
peuvent endommager les plantules. Cependant une
Semoirs cultitasseurs couche épaisse de résidus végétaux protège davantage
Les semoirs cultitasseurs comme les Brillion peuvent les sols sujets à l’érosion. Quoi qu’il en soit, le matériel
très bien servir à semer des cultures fourragères; ils de semis doit pouvoir fonctionner malgré la quantité
sont équipés de trémies pour les semences de petit de résidus laissée en place après un travail réduit, sans
et de gros calibre, et de deux rouleaux. Le premier compromettre la mise en place des semences et tout
rouleau affermit et nivelle le sol, et il ouvre un sillon en assurant un contact suffisant entre celles-ci et le sol.
à la surface duquel la semence est ensuite déposée. Le Par ailleurs, si le sol est trop humide, les raies issues du
deuxième rouleau enterre les semences et affermit le semis direct pourraient ne pas se fermer correctement,
sol autour d’elles. Les semoirs cultitasseurs permettent ce qui nuirait au contact entre la semence et le sol.
une excellente maîtrise de la profondeur de semis et
affermissent bien le lit de semence. Toutefois, ils ne Si l’on sème en semis direct ou en présence
donnent pas de bons résultats sur les sols très durs d’importantes quantités de résidus, il faut suivre
ou sableux, et ne peuvent pas épandre l’engrais de quelques directives :
démarrage en bandes comme le font certains semoirs
à céréales. C’est un inconvénient, surtout là où le • Éliminer les mauvaises herbes vivaces comme le
sol a une teneur en phosphore faible ou moyenne. chiendent, les pissenlits et les annuelles hivernales
avant les semis. Épandre de l’herbicide pour
prévenir l’apparition de mauvaises herbes annuelles
Semoirs à la volée dicotylédones dans les nouveaux semis.
Le principal avantage des semoirs à la volée est qu’ils • Veiller à ce que les résidus de la culture précédente
permettent d’augmenter la vitesse et la capacité de soient répartis de manière uniforme. Gérer le
semis. Cependant, il peut s’avérer difficile de maîtriser surplus de résidus pour améliorer la mise en place
la profondeur de semis, et il faut effectuer un tassage des semences et prévenir les dommages dus aux
pour recouvrir les semences. Il est préférable d’utiliser limaces. Pour optimiser les résultats, faire les semis
un rouleau brise-mottes plutôt qu’un rouleau lisse de printemps par semis direct dans le chaume de
pour enfoncer dans le sol les graines qui se trouvent soya, de céréales et de maïs à ensilage.
à la surface. • Semer à 6 à 12 mm (0,25 à 0,5 po) de profondeur
dans les sols argileux et loameux, et à 12 à 18 mm
Il existe deux types de semoirs à la volée : (0,5 à 0,75 po) dans les sols sableux. Vérifier que les
ouvre-sillons placent les semences dans le sol et non
1. Les semoirs à disques rotatifs peuvent donner une
dans les résidus de surface.
répartition inégale, surtout par temps venteux ou
lorsque les mélanges sont composés de semences
légères et de semences lourdes. Cette méthode de
semis produit généralement des peuplements de
moins bonne qualité.
92
3. Cultures fourragères
Les semis directs sont plus répandus en Ontario, pour L’avoine est la culture de céréales en herbe par
les raisons suivantes : excellence. Bien qu’elle puisse être touchée par la
rouille, l’avoine fourragère donne généralement
• Le risque d’érosion est moindre; un meilleur rendement que l’orge (surtout dans
• Les sols sont bien drainés, ce qui permet de faire les de mauvaises conditions et avec des semis tardifs),
semis au début du printemps; produit moins de repousses et d’épis lors de la
• La lutte contre les mauvaises herbes se fait deuxième coupe, et ne produit pas de barbes. On
efficacement dans le cadre des rotations; ajoute parfois des pois aux céréales pour améliorer
• Il faut de l’ensilage préfané avec une qualité la qualité nutritionnelle du fourrage. Avec cette
nutritionnelle constamment élevée, notamment technique par contre, on ne peut pas lutter contre
dans les fermes laitières. les mauvaises herbes au moyen d’un herbicide, et
le flétrissement peut prendre plus de temps et ainsi
Les semis directs ne connaissent pas le succès sur endommager les semis de la culture fourragère.
toutes les exploitations agricoles. La concurrence des
mauvaises herbes peut être plus intense avec les semis Il faut couper les céréales au stade qui correspond le
directs qu’avec une culture-abri contre-ensemencée. mieux aux besoins nutritionnels du bétail. Pour obtenir
Une culture-abri de céréales peut protéger rapidement une qualité fourragère élevée, on conseille de récolter
les champs qui sont plus menacés par l’érosion au les céréales au stade du gonflement. Le report de la
début de l’établissement, par exemple les sols légers en récolte au moment de l’épiaison complète augmente
pente. Les semis directs effectués sur des loams argileux le rendement, mais réduit la qualité du fourrage. Les
lourds nécessitent plus de soins à la préparation du céréales peuvent atteindre le stade du gonflement en
lit de semence et aux semis, surtout aux endroits plus seulement 60 jours, donc si elles sont semées avant la
vulnérables à l’encroûtement et aux problèmes de levée première semaine de mai, elles peuvent être récoltées à
si les semis sont suivis de fortes pluies. la fin juin ou au début juillet. Lorsque le sol demeure
raisonnablement humide après la récolte, on a de
93
Guide agronomique des grandes cultures
94
3. Cultures fourragères
Lutte contre les mauvaises herbes et repousse rendements pendant toute la vie du peuplement. Pour
de céréales obtenir un rendement maximal, si la luzerne a deux
Il est fréquent que la présence de mauvaises ans ou plus, il faut semer un autre type de culture et
herbes annuelles hivernales après les semis d’été attendre un an avant de semer à nouveau de la luzerne.
rende nécessaire l’épandage d’herbicides. Voir la
publication 75F du MAAARO, Guide de lutte contre les Les toxines issues de la culture de luzerne établie ne
mauvaises herbes. Il faut toutefois éviter d’effectuer un sont pas présentes la première année après les semis; les
traitement à l’herbicide qui retarderait la croissance de semis infructueux ou les nouveaux plants détruits par
la culture. l’hiver peuvent donc être resemés sans qu’il y ait risque
d’autotoxicité. Cela est valable pour un semis d’été
Comme les repousses de céréales sont parfois denses après l’échec d’un semis de printemps, ou un semis de
et compétitives, elles peuvent poser de sérieuses printemps après l’échec d’un semis d’été ou d’un autre
difficultés lorsqu’un semis d’été suit une culture semis de printemps.
céréalière, notamment de blé d’automne. L’avoine
et l’orge sont détruites par l’hiver en novembre, On ne recommande pas d’effectuer un semis sous
mais le blé d’automne résiste jusqu’à la première couvert pour augmenter la densité d’un peuplement
coupe de l’année suivante. On peut travailler le sol de luzerne établi, parce que les chances de succès sont
et épandre du glyphosate pour réduire les problèmes très minces. Souvent, les nouveaux semis germent,
causés par les repousses de céréales, mais les semis semblent d’abord croître correctement, puis meurent
seront alors retardés. au cours de l’été. En cas d’urgence, il est préférable de
semer du trèfle rouge dans les zones clairsemées.
Semis direct
Les semis directs d’été peuvent réussir si l’on prête une Semis sur sol gelé dans les pâturages
attention suffisante à la gestion des résidus, à la mise À la fin de l’hiver ou au début du printemps, on peut
en place des semences et à la lutte contre les mauvaises effectuer un semis à la volée de légumineuses (trèfles
herbes. Toutefois, il n’est pas recommandé d’employer et lotier) dans un pâturage établi pour augmenter
le semis direct pour réensemencer un champ de luzerne la teneur en légumineuses du peuplement. Il est
en août en raison de l’autotoxicité de la luzerne, ainsi préférable de procéder quand le sol est encore gelé,
que des limaces et des maladies qui peuvent être car le cycle de gel-dégel qui survient au début du
présentes dans l’ancienne prairie. printemps contribue à assurer un bon contact entre
la semence et le sol. Il faut faire paître le pâturage à
maintes reprises au cours de l’automne précédent pour
Autotoxicité de la luzerne
réduire la concurrence exercée par l’espèce vivace qui
Il est très risqué de semer de la luzerne à la place y est établie. La luzerne et la plupart des graminées
d’un ancien peuplement de luzerne parce que celui- semées sur sol gelé donnent généralement de très
ci laisse une toxine qui inhibe la germination, le mauvais résultats.
développement des racines et la croissance des
nouvelles plantules de la même espèce. C’est ce qu’on
appelle l’autotoxicité de la luzerne. Les racines des Inoculation
plants touchés sont gonflées, recourbées et décolorées, Pour croître normalement, toutes les légumineuses
et elles n’ont pas de poils absorbants. Les effets ainsi doivent avoir des nodosités productrices d’azote dans
produits sur la croissance des racines peuvent avoir des leur système racinaire. Ces nodosités sont formées par
répercussions importantes sur les rendements pendant la bactérie Rhizobium.
toute l’existence du peuplement.
Pour produire une nodulation adéquate, chaque espèce
Si l’on resème la luzerne deux ou trois semaines après de légumineuse (luzerne, trèfle, lotier corniculé) a
avoir détruit un ancien peuplement, le nouveau besoin d’une souche de Rhizobium qui lui est propre.
peuplement germera mal et sera clairsemé. Un Si on sème une légumineuse pour la première fois
délai prolongé permet un établissement complet, dans un champ, la semence doit être inoculée avec
mais les toxines peuvent persister pendant six mois la souche correspondante de bactérie Rhizobium
et endommager de façon permanente les parties avant le semis. L’utilisation de semences préinoculées
souterraines des nouveaux plants, ce qui limitera les donne des résultats satisfaisants, à condition que
95
Guide agronomique des grandes cultures
l’inoculant soit appliqué pendant la saison en cours. Tableau 3-5 – Doses d’azote recommandées sur
Comme l’inoculant doit être vivant, il faut vérifier la les cultures fourragères vivaces
date d’expiration et suivre les avertissements relatifs Quantité d’azote
à la manipulation qui figurent sur l’emballage pour Cultures suggérée
s’assurer d’une fixation adéquate de l’azote. Lorsqu’une Semis de légumineuses ou d’un mélange légumineuse-
légumineuse fourragère est semée régulièrement graminée
dans un champ comme culture dans la rotation, ces Sans culture-abri 0 kg/ha
bactéries sont habituellement présentes dans le sol et Avec culture-abri 15 kg/ha
devraient permettre une bonne nodulation. Le coût Pâturage non amélioré 50 kg/ha
de la bactérie Rhizobium est peu élevé si on le compare Graminée de semence 90 kg/ha
à celui des semences. En cas de doute sur la présence Foin ou pâturage
de la bactérie Rhizobium dans le sol, il est conseillé Plus de la moitié en 0
d’inoculer les semences. légumineuses
Un tiers à un demi en 60 kg/ha
légumineuses
Graminées (moins du tiers en 23 kg/t
Gestion de la fertilisation légumineuses) (45 lb/t. c.) de matière
sèche prévue
Azote 100 kg/ha = 90 lb/ac
Les engrais azotés ont un effet sur le rendement des
peuplements de cultures fourragères qui contiennent
moins de 50 % de légumineuses. Pour en savoir plus, Phosphate et potasse
voir le tableau 3-5, Doses d’azote recommandées sur les Les directives pertinentes figurent au tableau 3-6,
cultures fourragères vivaces. Doses de phosphate (P2O5 ) recommandées pour les cultures
fourragères, et au tableau 3-7, Doses de potasse (K2O)
Les peuplements de graminées contenant moins recommandées pour les cultures fourragères. Elles reposent
d’un tiers de légumineuses ont besoin d’azote pour sur des analyses de sol reconnues par le MAAARO,
donner un rendement optimal. Si les conditions le réalisées avec la méthode axée sur les concentrations
permettent, il est généralement plus économique de convenables, qui consiste à épandre la dose d’éléments
semer un mélange contenant des légumineuses. Il nutritifs la plus économique pour une année donnée.
peut cependant être profitable d’ajouter de l’azote à Pour plus d’information sur l’utilisation de ces tableaux
des peuplements de graminées composés d’espèces ou en l’absence d’une analyse de sol reconnue par
fourragères productives; s’ils sont bien gérés, ces le MAAARO, voir la section Directives relatives aux
peuplements réagiront bien à l’ajout d’azote. Pour engrais du chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs.
les peuplements de graminées (contenant moins
d’un tiers de légumineuses), la dose suggérée est de Dans le cas d’un semis direct sur un sol nécessitant un
23 kilogrammes par tonne (45 lb/t. c.) de matière apport de phosphate, l’établissement de la culture peut
sèche fourragère prévue. être amélioré par l’épandage d’un engrais riche en cet
élément à 5 cm (2 po) sous la semence. À cette fin, on
L’apport d’azote augmente aussi la teneur en protéines utilise un semoir à céréales muni d’une trémie pour
des graminées. Pour le foin ou les pâturages, faire engrais et d’une autre pour les semences de graminées.
la première application aussitôt que possible au L’engrais est déposé par les ouvre-sillons et les semences
printemps, lorsque la culture commence à verdir, puis fourragères sont déposées sur un sol bien ferme, juste
une deuxième après la première coupe et une troisième derrière les ouvre-sillons. Habituellement, on conseille
après la deuxième coupe. Pour éviter les risques de de tasser la surface du sol immédiatement après le semis.
toxicité par les nitrates, une application d’azote ne peut
pas dépasser un taux de 170 kg/ha (150 lb/ac). La potasse peut améliorer davantage la persistance
des fourrages si elle est ajoutée dans les six semaines
Les signes de carence en azote dans les fourrages sont précédant le début de la période de repos d’automne.
le jaunissement généralisé et le rabougrissement des Chez la luzerne, une carence en potasse se manifeste
plants. Ces signes peuvent apparaître d’abord sur les par l’apparition de petits points pâles sur les folioles.
parties basses des plants. Chez les légumineuses, la Ces points peuvent se trouver n’importe où sur la
carence en azote résulte généralement d’une mauvaise foliole, mais ils sont habituellement regroupés près
nodulation ou du faible pH du sol, ou des deux.
96
3. Cultures fourragères
Tableau 3-6 – Doses de phosphate (P2O5) recommandées pour les cultures fourragères
D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain de rendement ou de qualité
dépasse le coût d’application de l’élément nutritif en question.
Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la section sur le
fumier du chapitre 9).
LÉGENDE :
RÉ = réaction élevée RM = réaction moyenne RF = réaction faible RTF = réaction très faible RN = réaction nulle
Teneur en phosphore
évaluée au Au semis avec ou sans Semis en bandes sans
bicarbonate de sodium culture-abri culture-abri1 Peuplements établis Pâturage non amélioré
0 à 3 ppm 130 kg/ha (RÉ) 130 kg/ha (RÉ) 180 kg/ha (RÉ) 70 kg/ha (RÉ)
4 à 5 ppm 110 kg/ha (RÉ) 110 kg/ha (RÉ) 120 kg/ha (RÉ) 60 kg/ha (RÉ)
6 à 7 ppm 90 kg/ha (RÉ) 90 kg/ha (RÉ) 90 kg/ha (RÉ) 50 kg/ha (RÉ)
8 à 9 ppm 70 kg/ha (RÉ) 70 kg/ha (RÉ) 60 kg/ha (RÉ) 30 kg/ha (RÉ)
10 à 12 ppm 50 kg/ha (RM) 50 kg/ha (RM) 30 kg/ha (RM) 20 kg/ha (RM)
13 à 15 ppm 30 kg/ha (RM) 40 kg/ha (RM) 20 kg/ha (RM) 20 kg/ha (RM)
16 à 20 ppm 20 kg/ha (RM) 30 kg/ha (RM) 0 (RF) 0 (RF)
21 à 25 ppm 20 kg/ha (RM) 20 kg/ha (RM) 0 (RF) 0 (RF)
26 à 30 ppm 0 (RF) 20 kg/ha (RF) 0 (RTF) 0 (RF)
31 à 40 ppm 0 (RF) 20 kg/ha (RF) 0 (RTF) 0 (RTF)
41 à 50 ppm 0 (RTF) 20 kg/ha (RF) 0 (RTF) 0 (RTF)
51 à 60 ppm 0 (RTF) 0 (RTF) 0 (RTF) 0 (RTF)
61 ppm et plus 0 (RN) 2
0 (RN) 2
0 (RN) 2
0 (RN)2
100 kg/ha = 90 lb/ac
1
Seulement pour les semis en bandes effectués directement au-dessus de l’engrais enfoui.
2
Quand la cote est « RN », l’application du phosphore sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire le rendement ou la
qualité des cultures fourragères et peut augmenter le risque de carence en magnésium.
97
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 3-7 – Doses de potasse (K2O) recommandées pour les cultures fourragères
D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain de rendement ou de qualité
dépasse le coût d’application de l’élément nutritif en question.
Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la section sur le
fumier du chapitre 9).
LÉGENDE : RÉ = réaction élevée RM = réaction moyenne RF = réaction faible RTF = réaction très faible RN = réaction nulle
Applications à l’été ou à l’automne sur
Teneur en potassium évaluée à Au semis de nouveaux semis et des peuplements
l’acétate d’ammonium avec ou sans culture-abri établis
0 à 15 ppm 90 kg/ha (RÉ) 480 kg/ha (RÉ)
16 à 30 ppm 80 kg/ha (RÉ) 400 kg/ha (RÉ)
31 à 45 ppm 70 kg/ha (RÉ) 320 kg/ha (RÉ)
46 à 60 ppm 50 kg/ha (RÉ) 270 kg/ha (RÉ)
61 à 80 ppm 40 kg/ha (RÉ) 200 kg/ha (RÉ)
81 à 100 ppm 30 kg/ha (RM) 130 kg/ha (RÉ)
101 à 120 ppm 20 kg/ha (RM) 70 kg/ha (RM)
121 à 150 ppm 20 kg/ha (RM) 20 kg/ha (RM)
151 à 180 ppm 0 (RF) 0 (RF)
180 à 250 ppm 0 (RTF) 0 (RTF)
251 ppm et plus 0 (RN)1 0 (RN)1
100 kg/ha = 90 lb/ac
1
Quand la cote est « RN », l’application du phosphore sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire le rendement ou
la qualité des cultures fourragères et peut augmenter le risque de parésie post-partum chez les vaches laitières durant le
tarissement. Par exemple, l’épandage de potasse dans des sols pauvres en magnésium peut provoquer une carence en
magnésium.
98
3. Cultures fourragères
99
Guide agronomique des grandes cultures
100
3. Cultures fourragères
• Faire paître les légumineuses lorsqu’elles sont La fiche technique du MAAARO intitulé Terminologie
en fleurs; de la fabrication des aliments pour animaux et de la
• Penser à employer un additif alimentaire nutrition animale contient de plus amples renseignements
anti-ballonnement tel que le poloxalène. sur l’interprétation des rapports d’analyse de fourrages.
• Faire paître de petites superficies à la fois (l’équivalent Pour en savoir plus, visiter le site ontario.ca/cultures.
de la consommation d’une journée) pour inciter
le bétail à manger les tiges en même temps que les
Mesure de l’énergie digestible de
feuilles météorisantes.
l’ensilage de maïs
Pour en savoir plus sur la gestion des pâturages, voir L’ensilage de maïs a la particularité d’allier deux
la publication 19F du MAAARO, La culture des composants très différents : les grains très humides et
pâturages, qui se trouve à l’adresse ontario.ca/cultures. les épis débarrassés des grains. L’énergie digestible doit
être élevée pour réduire le besoin en supplément de
céréales. La teneur en NDF doit être faible et la valeur
Qualité du fourrage
de digestibilité des fibres (dNDF) doit être plus élevée
Dans le cas des cultures fourragères récoltées pour pour accroître la prise alimentaire; c’est également le
l’entreposage, c’est le type de bétail à nourrir qui cas de l’énergie.
détermine la qualité du fourrage. Celle-ci doit
correspondre aux besoins nutritionnels des animaux. L’énergie digestible de l’ensilage de maïs dépend
Un troupeau de vaches laitières très productives a principalement des quantités relatives d’amidon et de
besoin d’un fourrage de qualité, c’est-à-dire à forte NDF, et de leur digestibilité. Par le passé, on évaluait
teneur en énergie et en protéines digestibles. Les l’énergie à partir d’ADF et la prise alimentaire à partir
valeurs repères pour la luzerne destinée à des vaches des NDF, mais à elles seules ces valeurs ne prennent
laitières très productives sont 20 % de protéines brutes, pas en compte la digestibilité. De nouvelles méthodes
30 % de fibres au détergent acide (ADF) et 40 % permettent de calculer l’énergie digestible de l’ensilage
de fibres au détergent neutre (NDF). Le fourrage de maïs avec plus de précision à partir des protéines
doit aussi avoir une valeur de digestibilité des fibres brutes, des NDF, de la dNDF, de l’amidon, des cendres
(dNDF) élevée. Pour les vaches de boucherie, le et des lipides. Il est également possible de calculer la
meilleur foin est plus mature et a un rendement plus digestibilité de l’amidon à partir de la teneur en eau,
élevé et, par conséquent, il a une teneur en protéines des cotes de conditionnement du grain et d’autres tests
et une digestibilité plus faibles. Comme bon nombre de digestibilité effectués en laboratoire.
de chevaux ont des besoins nutritionnels nettement
moins élevés, les propriétaires préfèrent le foin plus
Période de récolte du fourrage
mature qui renferme davantage de graminées que
n’en contient normalement le foin destiné aux vaches La période de récolte est le facteur le plus important
laitières. Les chevaux étant sujets aux problèmes pour la production d’un fourrage de qualité
respiratoires et aux coliques, le foin qui leur est donné nutritionnelle élevée. La valeur nutritive des cultures
doit absolument être exempt de dommages dus à la fourragères baisse au fur et à mesure qu’elles arrivent
pluie, de moisissures et de poussières. Par ailleurs, sur à maturité. Après le stade du bouton de la luzerne,
le marché de première qualité, le foin doit avoir une la teneur en protéines diminue d’environ 0,2 % par
couleur verte et être exempt de mauvaises herbes. Plus jour et la digestibilité d’environ 0,4 % par jour (voir
loin dans cette section, le terme « qualité nutritionnelle tableau 3-9, Digestibilité et teneur en protéines de la
élevée » désigne une teneur élevée en protéines et en luzerne et du brome à divers stades de maturité). Chez la
énergie digestibles. luzerne et les graminées, la maturité peut varier d’un
cultivar à l’autre, ce qui permet d’échelonner la récolte.
Les analyses de laboratoire sur les fourrages sont Un petit retard dans la coupe du fourrage entraîne une
indispensables pour la mise au point d’une ration forte réduction de sa qualité nutritionnelle. Les choses
alimentaire précise. La teneur en éléments nutritifs se compliquent d’autant plus lorsqu’il faut attendre
varie considérablement selon le type de fourrage, le une période de temps sec.
degré de maturité à la coupe et la bonne préservation.
101
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 3-9 – Digestibilité et teneur en protéines de la luzerne et du brome à divers stades de maturité
Digestibilité (%) Teneur en protéines brutes (%)
Stade de maturité Date Luzerne Brome Luzerne Brome
Bouton moyen 4 juin 72,6 73,8 21,5 13,4
Début de floraison 20 juin 65,2 67,2 17,0 10,0
(sortie des épis)
Floraison complète 30 juin 62,1 60,6 16,2 6,7
Premières graines 6 juillet 60,9 59,7 15,6 5,8
La période de récolte dépend des besoins nutritionnels • Degrés-jours de croissance (DJ) (voir la section
du bétail. La coupe de la luzerne effectuée avant Degrés-jours de croissance du chapitre 10, Dépistage);
le stade du bouton ou au début de celui-ci réduit • Équations prédictives de la qualité de la luzerne
les rendements et peut affaiblir le peuplement. De (ÉPQL), à partir du stade de développement et
plus, une extrême faiblesse des teneurs en fibres de la hauteur des tiges;
peut entraîner des problèmes nutritionnels. Pour • Échantillons coupés aux ciseaux;
ce qui est des graminées, on atteint habituellement • Analyse de laboratoire.
un compromis entre le rendement et la qualité au
stade du gonflement. Chez les graminées fourragères, De nombreux producteurs laitiers prennent leurs
la maturité varie d’un cultivar à l’autre. Le dactyle décisions relatives à la coupe en se fondant sur la
pelotonné précoce commence à épier en premier, teneur en NDF comme principale variable de qualité.
généralement suivi de l’alpiste roseau, de la fétuque Pour les vaches laitières très productives, la teneur en
élevée, du brome inerme et de la fléole. Les cultivars NDF optimale de la luzerne pour la prise alimentaire
de dactyle pelotonné à maturité tardive arrivent au et la fibre alimentaire est d’environ 40 %. Par temps
stade de l’épiaison deux à trois semaines après les chaud, la teneur en NDF peut augmenter d’environ
cultivars précoces. Les retards dans la récolte du 0,7 unité par jour, ce qui entraîne une diminution
fourrage se traduisent par un meilleur rendement et rapide de la qualité nutritionnelle. Si la récolte est
une plus grande persistance, mais réduisent la qualité effectuée trop tôt, le rendement est moindre, la
du fourrage. Pour les grandes superficies de fourrage, quantité de fibres alimentaires, limitée, et la quantité
il est conseillé de commencer la coupe plus tôt pour de protéines brutes solubles, trop élevée. D’une
s’assurer de la qualité de ce qui est coupé en dernier. année à l’autre, la teneur en NDF peut accuser des
écarts atteignant 10 % à la même date de coupe. La
La deuxième et la troisième coupes de luzerne peuvent relation entre le stade phénologique (début ou fin
se faire à intervalles d’environ 30 jours (milieu du du stade du bouton) et la teneur en NDF peut aussi
stade du bouton) à 40 jours (début de floraison), voire varier passablement. La méthode des ÉPQL consiste
plus, selon que l’on recherche une qualité élevée ou à calculer la teneur en NDF de la luzerne dans une
une persistance et un rendement maximums (voir culture sur pied à partir du stade de développement et
Destruction des cultures fourragères par l’hiver). de la hauteur des tiges. Les estimations de NDF par la
méthode des ÉPQL sont inscrites sur une baguette à
mesurer facile à lire et dont on peut se servir au champ
Prévoir la qualité de la luzerne dans une culture pour prendre des décisions relatives à la coupe. Pour
sur pied en savoir plus sur l’utilisation de cette méthode, voir
Les méthodes ci-dessous permettent de déterminer la page Prévisions de la qualité de la luzerne à l’aide de
à quel moment on peut effectuer la première coupe la méthode des ÉPQL sur le site Web du MAAARO,
de luzerne : à l’adresse ontario.ca/cultures. Certains laboratoires
offrent des services d’analyse d’échantillons coupés
• Date du calendrier;
aux ciseaux avec un temps de roulement court; c’est la
• Stade de développement (milieu du stade de bouton,
méthode la plus précise pour contrôler la qualité des
stade du bouton complet, etc.); fourrages dans une culture sur pied, en particulier dans
• Hauteur des plants;
les peuplements luzerne-graminée.
102
3. Cultures fourragères
Foin
Pertes à la récolte séché optimal (voir le manuel d’utilisation).
40 Foin au 40
Ensilage séché champ
Ensilage en
Ensilage fané préfané
30 direct
grange
30
Après la coupe, il faut laisser des andains étalés aussi
larges que possible pour accélérer le séchage et réduire
20 20 ainsi la perte des sucres par respiration. Les andains
étalés larges font baisser la densité des fourrages et
10 10
l’humidité des andains groupés, et augmenter la
0 0 surface d’évaporation exposée au soleil. Bon nombre
80 70 60 50 40 30 20 10 des faucheuses-conditionneuses permettent d’élargir
Teneur en eau à la récolte des andains étalés; si ce n’est pas le cas, on peut utiliser
un système à ailettes. On peut aussi se servir d’une
Figure 3-2 – Estimation des pertes de foin et faneuse après la coupe pour étaler l’andain de façon à
d’ensilage préfané à la récolte et à l’entreposage ce qu’il ait la même largeur que la faucheuse.
Adapté de Hoglund, 1964.
103
Guide agronomique des grandes cultures
104
3. Cultures fourragères
Il faut régler la hauteur de façon à ce que les dents • de la teneur en eau du foin;
n’incorporent pas de terre dans l’andain groupé, sinon • de la densité des balles et de leur empilage plus ou
le foin contiendra beaucoup de cendres et de poussière. moins serré à l’entreposage;
Les râteaux à roues ont tendance à « lier » l’andain • de la ventilation des installations d’entreposage;
groupé; ce dernier est donc moins aéré et uniforme • de la température et de l’humidité de l’air ambiant.
qu’avec un râteau rotatif et peut contenir des bottes
qui mettront plus de temps à sécher. Par contre, les Le tableau 3-11, Guide des teneurs en eau à
grands râteaux à roues ont une grande capacité et l’entreposage et poids approximatif des balles, donne
peuvent former un seul andain groupé avec plusieurs les valeurs à respecter pour l’entreposage de
andains étalés dans les champs où le rendement est différents types de balles.
moins élevé. Une fois groupés, les andains peuvent
aussi être hachés et transformés en ensilage préfané. Il est très important d’assurer une bonne gestion du
foin à l’entreposage pour qu’il sèche continuellement.
Les faneuses ressemblent aux râteaux rotatifs, mais elles Lorsqu’on met du foin en balles et qu’on l’entrepose,
élargissent les andains étalés au lieu de les rassembler l’humidité des balles s’évapore; c’est ce qu’on appelle
pour en faire un andain groupé. On utilise souvent couramment la « transpiration » ou le fanage. Il
une faneuse peu après la coupe pour élargir l’andain faut assurer une bonne ventilation des installations
étalé au maximum, sans toutefois rouler dessus, ce d’entreposage pour que cette humidité se dissipe le
qui permet d’accélérer le séchage. Lorsque la teneur plus rapidement possible. Pour ce faire, on peut placer
en eau est faible (moins de 50 %), la faneuse convient les balles en rangées sur des plates-formes ou des
mieux aux graminées qu’à la luzerne, car elle risque de palettes et les espacer. Au début, le métabolisme des
provoquer d’importantes pertes de feuilles. plants se poursuit un peu, ce qui produit de la chaleur
et de l’humidité. Dans du foin qui vient d’être mis en
On utilise parfois des conditionneurs pour balles, il n’est pas rare de voir la teneur en eau grimper
manipuler l’andain étalé et accélérer le séchage. légèrement et la température gagner 5 °C par rapport à
Lorsque le foin n’est pas tout à fait prêt à être mis la température ambiante du jour de mise en balles. Au
en balles, la couche inférieure de l’andain étalé a bout d’un moment, la teneur en eau et la température
souvent du mal à sécher. Pour prévenir les pertes de devraient commencer à baisser. Toutefois, si elles
feuilles qui pourraient survenir avec le râtelage d’un continuent à grimper, c’est qu’il y a une croissance
fourrage à faible teneur en eau, on peut utiliser un microbienne importante dans le foin. Pour surveiller
vire-andains ou un regroupeur d’andains afin de l’apparition d’un éventuel échauffement, il faut
retourner l’andain étalé de manière plus délicate mesurer ces deux paramètres avec un humidimètre et
pour qu’il puisse sécher au soleil. une sonde thermométrique.
105
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 3-11 – Guide des teneurs en eau à l’entreposage et poids approximatif des balles
Teneur en eau à Poids approximatif (lors
Type de balles Taille l’entreposage de son utilisation)1
Petites balles rectangulaires ~ 0,9 x 0,38 x 0,45 m 15 à 18 % 22 à 35 kg
(~ 3 x 1,25 x 1,5 pi) (50 à 75 lb)
Grosses balles rondes – centre moins 1,2 x 1,5 m 13 à 16 % 180 à 275 kg
dense (4 x 5 pi) (400 à 600 lb)
Grosses balles rondes – centre plus dense 1,2 x 1,5 m 12 à 15 % 385 à 408 kg
(4 x 5 pi) (~ 850 à 900 lb)
Grosses balles rondes – centre plus dense 1,5 x 1,8 m 12 à 15 % 690 à 910 kg
(5 x 6 pi) (~ 1 500 à 2 000 lb)
Grosses balles rectangulaires 0,9 x 0,9 x 2,1 m 12 à 15 % ~ 50 kg/m linéaire
(3 x 3 x 7 pi) (~ 110 lb/pi linéaire)
Grosses balles d’ensilage 1,2 x 1,2 m 55 % 545 kg
(4 x 4 pi) (1 200 lb)
Grosses balles d’ensilage 1,2 x 1,5 m 55 % 690 à 910 kg
(4 x 5 pi) (1 500 lb)
Source : Clarke et Stone, MAAARO, 2016.
1
Le poids d’une balle varie selon sa teneur en eau, sa densité et sa proportion de graminée-luzerne.
106
3. Cultures fourragères
en eau peut varier grandement dans un même andain la mise en balles, il n’y a pas assez de ventilation sous
étalé; il peut donc y avoir des zones humides qui ne la bâche pour permettre à l’humidité de s’échapper,
seront pas traitées correctement. Il se peut que les ce qui peut ralentir et réduire le fanage. Quant aux
humidimètres à main ne soient pas assez précis pour balles rectangulaires, qu’elles soient petites ou grosses,
mesurer convenablement les variations de teneur en il faut les entreposer à l’intérieur pour éviter qu’elles
eau, et qu’ils ne permettent donc pas de calculer la se détériorent.
dose d’agent de conservation requise. Dans ce cas, il
vaut mieux ajuster la dose en fonction de la teneur en Il faut retirer rapidement les balles du champ pour
eau maximale mesurée, et non de la teneur moyenne. qu’elles ne soient pas endommagées par la pluie et
Il existe des systèmes informatisés comportant des qu’elles n’absorbent pas l’humidité du sol, et pour
capteurs d’humidité à l’intérieur de la chambre qui éviter d’abîmer les repousses fourragères par le passage
ajustent automatiquement les doses. Désormais, les de la machinerie. Pour maintenir leur qualité, il
ramasseuses-presses qui produisent des grosses balles faudrait retirer les grosses balles rectangulaires du
rectangulaires en sont presque toujours équipées. Il champ le jour même de la mise en balles.
faut impérativement entreposer correctement les balles
(à l’intérieur, au-dessus du sol sur des palettes ou sur
Pertes à l’affouragement
une couche de vieux foin, avec une bonne ventilation)
Les pertes de foin sec à l’affouragement peuvent être
pour que l’humidité s’évapore des balles traitées au
assez importantes; elles peuvent atteindre 50 % lorsque
propionate et se dissipe rapidement.
des bovins sont affouragés sur le sol plutôt que dans
une mangeoire. Les mangeoires coniques et circulaires
Entreposage du foin produisent moins de pertes que les crèches ou les
Compte tenu de l’augmentation de la valeur des terres, mangeoires mobiles. Les ramasseuses-presses équipées
des coûts de production du foin et du prix du foin, de couteaux qui coupent le foin avant son entrée dans
il est de plus en plus important de préserver la valeur la chambre permettent de réduire le gaspillage lors de
du foin en l’entreposant correctement. L’entreposage l’affouragement, car la quantité de foin retirée de la
de foin dehors, à même le sol, se traduit par des mangeoire et piétinée est moins importante. Compte
pertes impressionnantes. Si le coût d’investissements tenu de la hausse des coûts de production du foin,
d’une structure d’entreposage de foin est amorti sur l’achat de mangeoires bien conçues est très vite amorti.
15 à 20 ans, le coût de production supplémentaire
est généralement nettement moins élevé que le coût
Foin pour chevaux
des pertes qui peuvent survenir si le foin n’est pas
Les paramètres de qualité du foin pour chevaux ne
correctement entreposé. Si les balles de foin sont
sont pas tout à fait les mêmes que pour le bétail et les
entreposées à l’intérieur, mais qu’elles sont placées
moutons. Bon nombre de propriétaires de chevaux
directement sur un plancher en béton ou en graviers,
jugent la qualité du foin principalement par sa couleur
elles se détérioreront, car l’humidité se condensera
verte, qui indique qu’il a séché rapidement et est
dans la partie inférieure. Il faut entreposer les balles au-
exempt de moisissure, de poussière et de mauvaises
dessus du sol, par exemple sur des palettes ou sur une
herbes. Le foin qui n’est pas assez sec au moment de
couche de vieux foin.
la mise en balles moisit et devient poussiéreux, ce
Si on entrepose de grosses balles rondes dehors, au- qui peut provoquer de graves problèmes respiratoires
dessus du sol, il faut les recouvrir d’une bâche pour chez les chevaux, ainsi que des coliques. Un bon foin
réduire les risques de détérioration. Dans une balle pour chevaux ne doit pas avoir été exposé à la pluie.
ronde de 1,5 m (5 pi) de diamètre, 19 % du foin La plupart des chevaux n’ont pas besoin de foin riche
se trouve dans la couche externe de 8 cm (3 po), en protéines, et dans de nombreux cas les chevaux
et 36 %, dans la couche externe de 15 cm (6 po). d’équitation n’ont pas de grands besoins énergétiques.
Placées à même le sol, les balles absorbent l’humidité On leur donne souvent un mélange de fléole-luzerne.
et s’abîment considérablement. Il faut donc les mettre Le foin pour chevaux peut généralement être récolté
au-dessus du sol, par exemple sur des palettes ou plus tard dans la saison de fenaison, à un degré de
sur de la pierre concassée. L’entreposage à l’extérieur maturité plus avancé; cela permet de disposer d’une
doit se faire dans un endroit bien drainé. C’est bien certaine latitude pour la fenaison et de réduire les
connu, en cas de tempête, les bâches qui enveloppent risques d’exposition à la pluie.
les balles restent difficilement en place. De plus, après
107
Guide agronomique des grandes cultures
Il y a une bonne demande pour le foin pour chevaux du plastique qui a servi à l’enrubannage des balles.
en petites balles rectangulaires, parce que de nombreux Pour en savoir plus, voir la fiche technique du
propriétaires ne disposent pas de l’équipement MAAARO intitulée Le recyclage des films plastiques
nécessaire à la manutention de grosses balles. Il existe utilisés sur la ferme à l’adresse ontario.ca/cultures.
également un marché national et d’exportation en
forte croissance pour les grosses balles rectangulaires. Avec l’ensilage en balles, la fermentation est moins
Pour produire du foin pour chevaux de qualité en longue, voire incomplète, par rapport à l’ensilage préfané
grosses balles rectangulaires, il faut être en mesure haché, et le pH n’est pas aussi bas (environnement
de le mettre en balles et de l’entreposer quand il est moins acide). Pour prévenir la formation de moisissures
suffisamment sec, pour qu’il conserve sa couleur verte et la détérioration du fourrage, le fourrage doit être
et qu’il ne moisisse pas. Mais avec les grosses balles, on davantage maintenu dans des conditions d’anaérobie
peut produire nettement plus de foin quand le temps (absence d’oxygène) et être enveloppé de plastique
est au beau fixe. Pour en savoir plus sur le foin pour de qualité. Il en résulte un ensilage plus instable que
chevaux, visiter le site Web du MAAARO à l’adresse l’ensilage préfané traditionnel. La durée de l’entreposage
ontario.ca/cultures. et le temps pendant lequel les balles sont exposées à
l’oxygène avant d’être consommées doivent être ajustés
en fonction des conditions.
Ensilage en balles (grosses balles
d’ensilage préfané) Suivre les pratiques de gestion suivantes :
L’ensilage en balles permet la mise en balles d’ensilage
préfané à tige longue à des teneurs en eau plus élevées; • Faire des balles denses, fermes et uniformes. Les
on emballe alors les balles avec du plastique pour grosses balles rectangulaires sont généralement
qu’elles deviennent anaérobies. Même si des précautions plus denses que les rondes. Les ramasseuses-presses
s’imposent pour éviter la formation de moisissures, il équipées de couteaux qui coupent le foin avant
s’agit d’une solution simple pour entreposer un fourrage son entrée dans la chambre produisent des balles
d’excellente qualité. Lorsqu’il est bien fait, l’ensilage plus denses.
en balles peut avoir une qualité nutritionnelle très • Faire les balles quand leur teneur en eau s’élève entre
élevée et une bonne sapidité. Cette méthode permet 40 et 55 %. Il vaut mieux que le foin soit trop sec
de procéder à des coupes de manière plus intensive et plutôt que trop humide. Les teneurs en eau plus
régulière, car elle réduit les risques de dommages dus faibles (25 à 35 %) peuvent donner de bons résultats,
à la pluie qui pourraient survenir lors des périodes de notamment avec les grosses balles rectangulaires,
récolte plus courtes. De nombreux producteurs en mais dans ce cas les risques d’altération sont plus
font leur principal système d’entreposage, mais il peut grands. Il est primordial d’ajouter du plastique pour
aussi s’agit d’une solution de rechange souple lorsque que l’enrubannage assure une protection hermétique.
les conditions météorologiques ne permettent pas • Ne pas lésiner sur le plastique! Les balles doivent être
un séchage adéquat ou lorsque les silos sont pleins. emballées hermétiquement avec au moins 6 mils de
Avec cette méthode, on peut utiliser le matériel qui pellicule de plastique. Pour que la pellicule résiste aux
sert à la fenaison, à savoir les mangeoires ainsi que déchirures, il est préférable de choisir une épaisseur
les ramasseuses-presses à grosses balles rondes et à d’au moins 8 mils, notamment dans le cas des balles
grosses balles rectangulaires. Toutefois, des machines plus sèches.
plus lourdes et des tracteurs à quatre roues motrices • Emballer les balles rondes dans les deux heures qui
pourraient s’avérer nécessaires pour la manipulation des suivent leur confection par temps chaud et dans les
balles d’ensilage plus pesantes. quatre à douze heures lorsqu’il fait plus frais. Les
grosses balles rectangulaires supportent mieux les
Par ailleurs, il faut absolument tenir compte du retards d’emballage.
coût et de l’élimination des pellicules de plastique. • Éviter d’emballer du foin qui a été sous la pluie.
Généralement, on peut justifier ces coûts dans la • Ne pas mettre de terre dans l’andain groupé en
mesure où ils augmentent les teneurs en énergie et en passant le râteau sur le sol, sans quoi le fourrage
protéines du fourrage entreposé, réduisent les pertes pourrait être infecté par la bactérie Clostridia, ce qui
à la récolte et suppriment le besoin d’installations nuira à sa fermentation. Éviter les champs où l’on a
d’entreposage supplémentaires. De nombreuses épandu du fumier depuis la coupe précédente.
municipalités offrent des programmes de recyclage
108
3. Cultures fourragères
• Éviter le foin mûr à faible teneur en sucres. ce faire, il faut casser une rafle en deux et examiner les
• Prendre en compte qu’il est généralement plus facile grains. Dès l’apparition de la dent (ligne d’amidon à
de faire de l’ensilage en balles avec des graminées 0 % de la hauteur du grain), il apparaît sur le grain
précoces qu’avec de la luzerne. une ligne blanchâtre qui constitue la démarcation
• Bien vérifier qu’il n’y a pas de déchirures ou de entre la zone laiteuse et la zone pâteuse. Elle se déplace
perforations dans le plastique, et les réparer s’il y en a. du pourtour du grain vers la rafle au fur et à mesure
que celui-ci approche de la maturité et s’assèche.
Lorsqu’elle atteint la rafle (ligne d’amidon à 100 %
Ensilage préfané et ensilage de maïs
de la hauteur du grain), un point noir apparaît.
L’entreposage du fourrage sous forme d’ensilage Habituellement, on récolte le maïs quand la ligne
préfané plutôt qu’en balles présente divers avantages, d’amidon se situe entre la moitié et les deux tiers de
notamment : la hauteur du grain.
• la réduction des pertes à la récolte; Les plants de maïs durement touchés par le stress
• la capacité à récolter une superficie plus grande thermique et dépourvus de rafles n’ont pas de ligne
plus rapidement; d’amidon qui peut être utilisée pour obtenir des
• la réduction de la dépendance à l’égard des bonnes estimations; toutefois, ces plants présentent souvent
conditions de séchage, ce qui permet de faucher la des teneurs en eau plus élevées que l’interprétation
récolte au degré de maturité souhaité. qu’on en fait. De plus, il peut être parfois difficile
d’estimer avec précision la teneur en eau des plants
L’ensilage du maïs se pratique beaucoup du fait de son entiers à partir de la ligne d’amidon lorsque le maïs
rendement, de la sapidité du produit et de sa teneur a subi des dommages dus au gel. Les différences
élevée en énergie, et parce qu’il peut être récolté en entre hybrides faussent également les estimations de
une seule fois. la teneur en eau à partir de la ligne d’amidon. Les
hybrides de maïs possèdent des degrés variables de
Modes d’entreposage des ensilages « tenue en vert ». Une bonne tenue en vert signifie
Voici les modes d’entreposage les plus courants pour que le grain s’assèche plus rapidement que les épis
les ensilages : débarrassés des grains. Cette caractéristique est
recherchée pour les hybrides de maïs-grain parce qu’à
• silo vertical (silo-tour) – traditionnel, hermétique mesure que les grains sèchent, les tiges restent vertes et
(limitant l’oxygène); saines, et elles sont moins vulnérables aux cassures et
• silo horizontal – silo-couloir, silo-meule, silo-boudin; à la verse en fin de saison. Les hybrides mis au point
• grosses balles d’ensilage préfané (ensilage en balles). strictement pour l’ensilage affichent une moins bonne
tenue en vert, de façon à ce que la teneur en eau du
grain soit plus élevée que celle de la plante entière. En
Moment de la récolte de l’ensilage de maïs d’autres mots, les hybrides qui ont une bonne tenue
Pour obtenir un ensilage de maïs de qualité, il faut le en vert présentent des lignes d’amidon plus avancées
récolter à la bonne teneur en eau. Pour le maïs plante que ne le laisseraient croire les teneurs en eau des
entière, c’est généralement à une teneur en eau allant plantes entières. Les hybrides destinés uniquement à
de 65 à 70 % que la fermentation de l’ensilage se fait l’ensilage possèdent une moins bonne tenue en vert
dans les meilleures conditions et que le rendement et sont habituellement prêts à être récoltés quand la
de l’élevage est optimal. Cette teneur convient bien ligne d’amidon est moins avancée. Il est conseillé de
aux silos horizontaux et aux silos-boudins; cependant s’adresser au représentant du fournisseur de semences
dans le cas des silos verticaux, l’ensilage doit être un pour lui demander quelles sont les recommandations
peu plus sec si l’on veut prévenir le suintement (voir d’usage relatives à la ligne d’amidon pour estimer la
Maintien de la bonne teneur en eau). teneur en eau d’un hybride donné.
Ligne d’amidon Mesure de la teneur en eau
On s’est souvent fondé sur la « ligne d’amidon » des La méthode la plus précise pour déterminer le
grains pour évaluer le moment où il faut récolter le moment de la récolte du maïs à ensilage est de
maïs à ensilage, mais cette méthode a ses limites. Pour mesurer directement sa teneur en eau.
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Guide agronomique des grandes cultures
110
3. Cultures fourragères
111
Guide agronomique des grandes cultures
112
3. Cultures fourragères
Les espèces et les souches de bactéries dans les Tous les additifs destinés à la vente au Canada, y
inoculants commerciaux ont été sélectionnées pour compris les inoculants pour ensilage, doivent être
leur croissance rapide et efficace, et parce qu’elles font homologués par l’Agence canadienne d’inspection des
augmenter le taux de fermentation et provoquent aliments (ACIA). Il faut demander aux représentants
une chute plus rapide du pH. Si les pertes par des fabricants de fournir des résultats de recherches
fermentation sont réduites, c’est parce qu’il y a une indépendantes pour étayer leurs allégations concernant
meilleure fermentation avec l’acide lactique, et moins leurs produits aux fins d’assurance de la qualité.
d’acide acétique, d’éthanol et de dioxyde de carbone Il est important que le produit soit étiqueté en
qui se dissipent dans l’environnement. En tablant sur fonction de la culture à traiter et que les instructions
une réduction modeste de 3 % des pertes de matière d’entreposage soient suivies. L’application d’un
sèche par fermentation, on constate que l’achat d’un inoculant pour ensilage ne compense pas les effets
inoculant est facilement amorti si l’on tient seulement d’une mauvaise gestion de l’ensilage ou de conditions
compte de la réduction du tassement, avant même de météorologiques défavorables.
regarder la possible amélioration du rendement des
animaux et de la durée de conservation en silo.
Problèmes d’ensilage fréquents, causes
Les inoculants de bactéries lactiques donnent et diagnostics
généralement de meilleurs résultats dans l’ensilage de Problèmes d’ensilage fréquents
luzerne et de graminées que dans l’ensilage de maïs. • Odeur rance ou odeur de poisson
L’ensilage de maïs a une teneur en sucres plus élevée Une odeur rance ou de poisson révèle la présence
et un pouvoir tampon plus faible, ce qui favorise la d’acide butyrique résultant de la contamination de
fermentation. Au moment de la récolte, la plupart l’ensilage par les clostridies provenant du sol. Ce
des plants de maïs sont naturellement recouverts de problème peut se produire lorsqu’on coupe ou qu’on
bactéries lactiques. Mais si une gelée meurtrière vient racle le fourrage trop près du sol. Les clostridies
de survenir, il est bon d’appliquer un inoculant. peuvent aussi être introduites dans l’ensilage par
les pneus du tracteur utilisé pour le tassage, par les
Les inoculants pour ensilage de maïs qui contiennent éclaboussures de pluie au champ et par l’épandage
des bactéries lactiques et Lactobacillus buchneri de fumier trop longtemps après la coupe précédente.
sont dits « hétérofermentaires ». Ils produisent de L’acide butyrique se développe aussi fréquemment
l’acide lactique au début pour réduire les pertes par lorsque l’ensilage est trop riche en eau (teneur en
fermentation, et de l’acide acétique par la suite pour eau supérieure à 70 %). Non seulement l’ensilage
améliorer la stabilité aérobie, ce qui permet à l’ensilage dégage une mauvaise odeur, mais il présente aussi
de rester frais plus longtemps lors de l’affouragement. parfois une texture poisseuse et collante et des
L’acide acétique réduit la croissance des levures et rend particules agglomérées caractéristiques de l’acide
l’ensilage plus résistant à l’altération et à la chaleur à butyrique. Les pertes par fermentation sont élevées,
la sortie. Dans les cas où l’altération à la sortie pose ce qui fait que la teneur en fibres au détergent acide
problème, l’utilisation de l’inoculant Lactobacillus (ADF) est élevée elle aussi, et la qualité des protéines
buchneri pour l’ensilage de maïs peut entraîner la est réduite. Avec une sapidité réduite et un faible
diminution des moisissures et des mycotoxines, niveau d’énergie digestible, les animaux consomment
l’amélioration de la sapidité et de la prise alimentaire, moins d’ensilage et sont moins productifs.
et la réduction des pertes totales de matière sèche. • Moisissure et odeur de moisi
La présence de moisissure dans l’ensilage provoque
Les inoculants contiennent parfois des additifs d’importantes pertes de matière sèche ainsi qu’une
enzymatiques, tels que les cellulases, les hémicellulases baisse de la sapidité et donc du rendement des
et les amylases, qui contribuent à la décomposition animaux. Cette détérioration est due à la présence de
de la cellulose, de l’hémicellulose et de l’amidon. Le conditions aérobies (oxygène) résultant d’un mauvais
bilan des recherches est mitigé, et les additifs doivent tassage de l’ensilage, de la longueur du processus
être présents en quantité suffisante pour donner les de remplissage du silo, d’une faible teneur en eau,
résultats escomptés. Certains inoculants plus récents d’une mauvaise herméticité, d’un affouragement
contiennent des bactéries qui produisent leurs propres lent ou d’une mauvaise gestion du front d’attaque de
enzymes, lesquelles améliorent la digestibilité des fibres l’ensilage. Si l’ensilage est encore chaud, cela signifie
et donc l’énergie digestible et la prise alimentaire. que l’activité microbienne se poursuit et que le
produit continue de se dégrader.
113
Guide agronomique des grandes cultures
114
3. Cultures fourragères
Tableau 3-12 – Concentrations typiques des produits dérivés de la fermentation de l’ensilage (matière sèche)
Ensilage préfané de Ensilage préfané de
légumineuses légumineuses
Produits dérivés de la Teneur en Teneur en Ensilage préfané de
fermentation Ensilage de maïs eau > 65 % eau < 55 % graminées
pH 3,7 à 4,2 4,3 à 4,5 4,7 à 5,0 4,3 à 4,7
Acide lactique (%) 4à7 7à8 2à4 6 à 10
Acide acétique (%) 1à3 2à3 0,5 à 2,0 1à3
Acide propionique (%) < 0,1 < 0,5 < 0,1 < 0,1
Acide butyrique (%) 0 < 0,5 0 0,5 à 1,0
Éthanol (%) 1à3 0,5 à 1,0 0,5 0,5 à 1,0
Azote ammoniacal (% des protéines 5à7 10 à 15 < 12 8 à 12
brutes)
Source : Limin Kung, Université du Delaware.
provoque d’importantes pertes de matière sèche La production de gaz d’ensilage survient presque
et d’énergie digestible. Chez les ruminants, il immédiatement après le remplissage d’un silo. Le
provoque une diminution de la prise alimentaire danger est plus grand dans les 12 à 60 heures qui
et nuit au métabolisme. Si l’ensilage est riche en suivent le remplissage, puis les risques diminuent
acide butyrique, il vaut mieux s’en débarrasser pendant 4 à 6 semaines jusqu’à ce que l’ensilage
dans la mesure du possible. Le Dr Gary Oetzel, de ait terminé sa fermentation. Le gaz d’ensilage est
l’Université du Wisconsin, recommande les limites reconnaissable à son odeur d’agent de blanchiment.
maximales quotidiennes suivantes pour l’ingestion Il peut apparaître sous la forme d’un brouillard brun
d’acide butyrique, afin de prévenir la perte rougeâtre, mais il n’est pas toujours visible. Comme le
d’appétit et la cétose chez les vaches laitières : dioxyde d’azote est plus lourd que l’air, il a tendance à
s’accumuler juste au-dessus de l’ensilage. Il peut aussi
• vaches fraîches : < 50 grammes; pénétrer dans la chute des silos-tours et se répandre
• début de lactation : < 150 grammes; dans les salles de préparation des aliments. Les silos-
• toutes les autres vaches en lactation : < 250 grammes. tours sont plus à risque parce que le gaz reste à la
surface du maïs et les travailleurs entrent souvent dans
Gaz d’ensilage le silo après le remplissage pour étaler l’ensilage et
L’exposition au gaz d’ensilage (dioxyde d’azote, NO2) régler la désileuse.
peut occasionner chez les producteurs une détresse
respiratoire grave et des dommages permanents Inhalé, le dioxyde d’azote se combine à l’humidité
aux poumons, et même une mort subite. Étant du corps pour former de l’acide nitrique et causer des
donné qu’il est difficile de prévoir la présence de gaz brûlures graves aux poumons et au reste de l’appareil
d’ensilage, la prudence est toujours de mise après respiratoire. S’ensuit alors généralement un œdème
la récolte. Les conditions météorologiques et les pulmonaire s’ensuit chez les personnes touchées,
pratiques agronomiques ont une incidence sur la qui s’écroulent. Celles et ceux qui tentent de leur
teneur en nitrates des matières végétales, qui détermine porter secours peuvent eux aussi être terrassés. Les
la production de NO2 dans le silo. Par exemple, producteurs exposés au gaz d’ensilage doivent consulter
lorsqu’une pluie abondante suit une période de un médecin immédiatement.
sécheresse pendant la saison de croissance, la culture
de maïs a tendance à absorber de grandes quantités de Des précautions s’imposent :
nitrates dissous. S’il est récolté avant la transformation
des nitrates en protéines, l’ensilage de maïs dégage du • Ne pas entrer dans un silo pendant la période
dioxyde d’azote. à risque sans porter un appareil de protection
respiratoire autonome.
115
Guide agronomique des grandes cultures
Autres problèmes liés aux cultures Voici plusieurs facteurs qui contribuent à la
destruction hivernale des cultures fourragères :
Insectes et maladies
Après des maladies et des infestations graves d’insectes • L’étouffement dû aux inondations ou à la formation
qui nuisent à la vigueur du peuplement, réduisent d’une couche de glace;
les réserves racinaires et ralentissent la repousse, les • Le déchaussement dû au cycle de gel-dégel et à une
chances de survie à l’hiver sont réduites. La lutte contre déficience du drainage;
la cicadelle de la pomme de terre peut contribuer de • Les dommages au collet causés par le froid;
façon importante à la réduction des dommages dus à • Une fertilité médiocre;
l’hiver, en particulier l’année des semis (voir la section • La présence d’anciens peuplements;
Cicadelle de la pomme de terre du chapitre 15, Insectes et • Une mauvaise gestion des coupes;
animaux nuisibles aux grandes cultures). • Les maladies et les insectes.
La figure 3-3, Calendrier de dépistage des ennemis des Certaines espèces fourragères sont plus résistantes
cultures fourragères, indique quels sont les insectes et que d’autres. Les risques de destruction par l’hiver
les maladies qui peuvent être à l’origine des signes concernent surtout la luzerne. Les légumineuses
observés dans le champ. Les descriptions de chacun telles que le lotier corniculé, le trèfle rouge, le trèfle
des insectes et maladies et des stratégies de dépistage et blanc sauvage et le trèfle d’Alsike tolèrent mieux les
de lutte se trouvent au chapitre 15, Insectes et animaux conditions hivernales difficiles que la luzerne et le
nuisibles aux grandes cultures, et au chapitre 16, trèfle ladino. Les graminées telles que la fléole, l’alpiste
Maladies des grandes cultures. roseau, le pâturin et le brome sont rarement détruites
par l’hiver; par conséquent, l’emploi de mélanges
contenant ces espèces constitue une sorte d’assurance
sur le peuplement. Le dactyle pelotonné et le ray-grass
vivace sont plus susceptibles d’être tués par le froid ou
les accumulations de glace.
116
3. Cultures fourragères
Mildiou Mildiou
Maladies
Charançon Charançon
(p. 384)
Charançon des
feuilles du trèfle
Insectes et animaux nuisibles
Charançon postiche
de la luzerne (p. 386)
Légionnaire uniponctuée
(p. 358, 395)
Légionnaire d’automne
(p. 370, 388)
117
Guide agronomique des grandes cultures
15 août
North Bay
Chenaux
Manitoulin Ottawa
25 août
Cornwall
20 août
Kemptville
Brockville
Wiarton 25 août
4s Midhurst
ept Peterborough Belleville
.
30 août
25 août
Mt
Forest
Grand
Metro 4 sept.
25
Toronto
aoû
Guelph
t
Brucefield
Vineland
London
Nord de
Delhi l’Ontario
Sarnia
4 sept.
Thunder
Ridgetown
9 sept. Bay
Chatham 10 août
North
Harrow 15 août Bay
20 août
118
3. Cultures fourragères
Lorsque la récolte a lieu avant la période critique de • Présence d’anciens peuplements (trois ans ou plus);
récolte d’automne (ou période de repos automnal), • Sols à faible teneur en potassium (< 100 ppm);
elle laisse aux plants le temps de repousser et • pH faible (< 6,5);
d’emmagasiner suffisamment d’énergie dans leurs • Sol mal drainé;
racines. La luzerne a besoin de ces réserves pour résister • Pression exercée par les insectes (cicadelle de la
à l’hiver, pour accroître sa persistance, ainsi que pour pomme de terre);
connaître une croissance vigoureuse au printemps et • Pression exercée par les maladies (pourriture des
un bon rendement à la première coupe. La période racines et du collet).
critique de récolte d’automne de la luzerne dure six
semaines avant la date moyenne de la première gelée
meurtrière. Il est toutefois difficile de prévoir quand Coupes automnales tardives à la fin de la période
celle-ci surviendra. Comme la date réelle de la première critique de récolte
gelée meurtrière correspond rarement à la date Si une récole a lieu à l’automne, on peut réduire
moyenne, ces dates ne sont données qu’à titre indicatif. les risques de destruction hivernale, sans toutefois
Quand la culture est coupée tôt pendant cette période, les éliminer, en coupant la luzerne vers la fin de sa
les plants de luzerne utilisent leurs réserves racinaires période de croissance, aussi près que possible d’une
pour repousser, vidant ainsi le « réservoir ». Plus tard, gelée meurtrière. La situation devient difficile si
au cours de cette même période, ils emmagasinent les faibles réserves des racines sont épuisées par la
dans les racines des glucides produits par la repousse et qu’il n’y a pas suffisamment de chaume
photosynthèse, pour remplir à nouveau le « réservoir ». pour retenir la neige et isoler du froid les collets des
Les risques sont plus élevés lorsqu’on coupe au milieu plants, qui sont alors endommagés par le temps froid
de la période critique (troisième ou quatrième semaine) et subissent un déchaussement. Le fait de laisser au
qu’au début ou à la fin. Voir la figure 3-4, Début de moins 15 cm (6 pouces) de chaume peut aider. Si de
la période critique de récolte d’automne pour la luzerne, la glace se forme pendant l’hiver, les chaumes font
pour savoir quand commence cette période dans saillie, permettant à l’air de pénétrer sous la couche de
chaque région de l’Ontario. Voir la fiche technique glace. Il faut limiter les coupes tardives aux champs
du MAAARO, Risques de destruction hivernale de la qui, à d’autres égards, présentent moins de risques,
luzerne, à l’adresse ontario.ca/cultures. Comme la par exemple les champs fertiles et bien drainés où
luzerne, le lotier corniculé doit également être récolté les racines et le collet des plants sont en santé. Une
à l’automne, la période critique commençant environ gelée est dite meurtrière lorsque les températures
10 jours avant celle de la luzerne. atteignent -4 °C ou moins pendant plusieurs heures.
Après une gelée meurtrière, la valeur nutritive de la
luzerne diminue rapidement puisqu’il y a des pertes de
Gestion des facteurs de risque feuillage et que la pluie lessive les éléments nutritifs.
Certaines régions de la province, comme la vallée de On observe parfois l’étouffement des plants ou leur
l’Outaouais et le New Liskeard, sont plus susceptibles destruction par les maladies après l’hiver dans des
de voir leurs cultures de luzerne détruites en hiver. peuplements très denses de graminées ou de trèfle
Sont particulièrement à risque les sols plats et lourds rouge, en raison de l’épaisseur du couvert végétal des
sur lesquels l’eau gelée s’accumule au lieu de s’infiltrer parties supérieures. En revanche, la luzerne perd la
dans les drains en hiver. Les sols humides et saturés majeure partie de son feuillage dès la première gelée à
en automne réduisent l’endurcissement à l’hiver et pierre fendre, et les tiges restantes demeurent dressées
contribuent à la destruction hivernale. Des intervalles et présentent rarement un risque d’étouffement.
de coupe de moins de 30 jours augmentent également
les risques de destruction, alors que des intervalles
de plus de 40 jours (qui permettent la floraison) Conditions météorologiques
les réduisent. On constate parfois des rendements Une couverture de neige suffisante, c’est-à-dire d’au
décevants à la première coupe dans les champs où une moins 15 cm (6 po), isole le collet et les racines de la
quatrième coupe a été effectuée l’automne précédent. luzerne aux températures modérées. Lorsqu’il n’y a
pas suffisamment de neige, le collet de la luzerne peut
Par ailleurs, les cultures qui réunissent les conditions être exposé à des températures inférieures à -15 °C;
suivantes sont sujettes à la destruction hivernale et sont les cellules végétatives sont alors endommagées et
celles qu’il vaut mieux éviter de récolter à l’automne le plant finit par mourir. L’effet isolant de la neige
(à moins qu’une autre culture doive prendre sa place) : réduit également les fluctuations de température et les
119
Guide agronomique des grandes cultures
risques de déchaussement. L’hiver, en l’absence d’une Évaluation des chances de survie à l’hiver d’un
couverture de neige, ces fluctuations (températures peuplement de luzerne
minimales sous le point de congélation et températures Bien qu’il soit possible d’évaluer le rendement potentiel
maximales durablement supérieures à 5 °C) peuvent en comptant les plants ou les tiges sur une superficie
interrompre la dormance et rendre les plants encore donnée, il est extrêmement important de prendre en
plus vulnérables au gel. compte la santé du collet et des racines. Les comptes
de tiges sont plus précis que les comptes de plants,
La fonte rapide des neiges suivie de températures mais au début du printemps, on ne peut parfois que
froides peut entraîner la formation de couches de compter les collets. Il faut se préparer à remplacer un
glace qui étouffent les plants en les privant d’oxygène. vieux peuplement s’il contient moins de 43 plants/m2
Comme elle est peu isolante, la glace ne protège pas le (4 plants/pi2); voir le tableau 3-13, Densités souhaitables
collet de la luzerne, qui peut alors être endommagé par des peuplements de luzerne, et les photos 3-6 et 3-7.
le gel.
On conseille de déterrer plusieurs plants pour évaluer
la santé du collet et des racines. Les collets sains sont
Déchaussement de la luzerne par le gel
gros et symétriques et portent de nombreuses pousses.
La répétition du cycle de gel-dégel fait sortir la racine
Il faut ouvrir une racine en la coupant dans le sens de
pivotante du sol (voir photo 3-5). Au début, les plants
la longueur. Les racines saines sont blanches ou couleur
touchés peuvent verdir et avoir l’air indemnes, mais,
crème à l’intérieur, et elles sont fermes et dures à peler
en général, les racines pivotantes qui sont déchaussées
quand on les gratte avec l’ongle. Les racines et le collet
de plus de 2,5 cm (1 po) sont cassées et incapables
des plants mourants sont décolorés et leur texture est
d’absorber des éléments nutritifs et de l’humidité
spongieuse. Il faut vérifier la vigueur des nouvelles
en quantité suffisante. À la longue, les peuplements
pousses ou des bourgeons.
meurent ou sont gravement rabougris. Les plants qui
sont légèrement déchaussés peuvent survivre, mais Quand la luzerne mesure environ 15 cm (6 po) de
leur longévité et leur productivité seront réduites. Il hauteur, on peut mesurer la densité du peuplement en
faut remplacer les peuplements très touchés par le nombre de tiges par mètre carré (ou par pied carré).
déchaussement par une culture différente, en effectuant Une densité de 590 tiges/m2 (55 tiges/pi2) présente
de nouveaux semis dans la rotation. un bon potentiel de rendement (voir figure 3-5,
Rendement potentiel de la luzerne selon le nombre de
tiges par unité de surface). Il pourrait y avoir des
pertes de rendement si la densité se situe entre
431 et 539 tiges/m2 (entre 40 et 50 tiges/pi2).
120
3. Cultures fourragères
120
% du rendement maximal
100
80
60
40
20
0
Tiges/m2 105 160 215 270 325 375 430 485 535 590 645 700
Tiges/pi2 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
121
4. Céréales
Les céréales font partie intégrante de la production Il existe d’autres options pour la mise en terre
agricole de l’Ontario, où elles occupent environ de céréales :
25 % des terres arables (soit environ 607 000 ha
ou 1,5 million d’acres). Pour les producteurs, elles • Semis direct;
offrent de nombreux avantages dont d’excellentes • Méthode traditionnelle;
perspectives de profit, une amélioration marquée • Semis sur sol gelé;
de la structure du sol, des possibilités de gestion du • Semis aérien de céréales d’automne;
fumier et la possibilité d’étaler la charge de travail. • Semis à la volée.
Lorsque la gestion est efficace, les céréales donnent de
très bons résultats; lorsqu’une attention suffisante est Semis direct
portée aux détails, elles constituent l’une des cultures
les plus rentables. La plupart des cultures de blé d’automne sont
semées par semis direct. Les rendements ainsi
obtenus sont souvent équivalents à ceux des
méthodes traditionnelles. Les semoirs à semis direct
Travail du sol peuvent suivre la moissonneuse-batteuse dans le
même champ, ce qui permet d’avancer les dates de
Méthodes de travail du sol
semis et d’augmenter les rendements. Les plants de
Les céréales sont peu sensibles au choix de la méthode céréales d’automne en semis direct résistent mieux
de travail du sol. Dans une recherche effectuée à cet au déchaussement par le gel parce qu’ils sont ancrés
effet sur le blé d’automne, on a démontré un avantage dans un sol plus ferme.
économique par rapport au travail réduit du sol et
on n’a constaté aucun écart de rendement important Pour ce qui est du semis direct, il faut prendre
entre le labour à la charrue à socs, le travail réduit du en compte la gestion des engrais, la capacité du
sol et le semis direct, comme le montre le tableau 4-1, semoir et la lutte contre les mauvaises herbes. Par
Rendement du blé d’automne selon la méthode de travail comparaison avec celles qui sont cultivées par la
du sol. Les rendements dépendent peu de la méthode méthode traditionnelle, les céréales soumises au semis
de travail du sol, mais un bon contact entre la semence direct réagissent mieux à l’application d’un engrais de
et le sol et le taux d’humidité du sol sont essentiels démarrage avec les semis, notamment de phosphore
à la germination. (voir Syndrome du rang de maïs).
Le choix de la méthode de travail du sol a des Le contact entre la semence et le sol est essentiel à
répercussions sur d’autres aspects du système cultural. l’absorption de l’humidité. Les semoirs de semis direct
Pour que les cultures puissent donner des rendements doivent pouvoir traverser les résidus et pénétrer le
élevés et être rentables, la méthode de travail du sol sol dur pour placer les semences avec précision. Le
doit tenir compte des facteurs tels que la fertilité du semoir peut être équipé de roues plombeuses ou de
sol, la pression exercée par les insectes et les maladies, dispositifs tasseurs en plastique recourbés comme des
et la lutte contre les mauvaises herbes. Les risques bâtons de hockey qui poussent les graines au fond de
accrus de déchaussement par le gel et de moisissure des la raie, améliorent le contact entre la semence et le sol
neiges comptent parmi les inconvénients associés à un et assurent une profondeur de semis plus uniforme.
travail du sol plus intensif dans les cultures d’automne. Dans les systèmes de semis direct, la lutte contre
De plus, l’érosion est à craindre dans toutes les cultures les mauvaises herbes joue un rôle fondamental. Il
soumises au travail du sol. importe d’effectuer systématiquement une destruction
chimique avant les semis pour assurer une maîtrise du
123
Guide agronomique des grandes cultures
124
4. Céréales
Semis aérien du blé d’automne Photo 4-1 – Limace mangeant le germe d’une graine
Le semis aérien donne les meilleurs résultats s’il est Photo : T. Meulensteen, C & M Seeds
effectué avant que les plants de soya aient perdu Les semis aériens du blé donnent un système racinaire
10 % de leurs feuilles. Les feuilles de soya couvriront superficiel, donc plus vulnérable au déchaussement
ainsi les semences et retiendront l’humidité avant la et aux dommages causés par le vent (voir la section
germination du blé. Profondeur de semis du présent chapitre). Au printemps,
les plants de blé sont reliés au sol par un seul poil
Les semis aériens donnent des résultats variables. La
absorbant. Si celui-ci casse sous l’effet des mouvements
semence est extrêmement vulnérable aux dommages
de torsion imposés par le vent, le plant meurt.
dus aux limaces. En effet, celles-ci se nourrissent
du germe de la graine, et elles peuvent réduire Selon les données provenant d’essais à petite échelle
gravement le peuplement voire le détruire, surtout effectués à la ferme, compte tenu de ces risques
dans les tournières. À première vue, la graine semble inhérents, les rendements du blé après un semis aérien
reposer normalement à la surface du sol, prête à sont souvent de 10 % inférieurs à ceux obtenus avec
germer, mais un examen plus attentif montre qu’elle un semoir à céréales. Les semis aériens ne sont donc
a été endommagée (voir photo 4-1). Il est possible pas très employés. Lorsqu’on opte pour cette méthode,
de remédier à ce problème en réensemençant les on devrait porter le taux de semis à 5 millions de
tournières après la récolte du soya. graines par hectare (2 millions de graines par acre) pour
compenser la diminution de la densité de peuplement.
Tableau 4-2 – Comparaison des semis de céréales de printemps sur sol gelé et sur sol sec
Méthode de travail du sol1 Rendement Poids spécifique
Sol gelé Sol sec Sol gelé Sol sec
Avoine 5,3 t/ha 4,6 t/ha 46,5 kg/hl 44,6 kg/hl
(140,3 bo/ac) (120,6 bo/ac) (37,3 lb/bo) (35,8 lb/bo)
Blé de printemps après du soya 4,6 t/ha 3,9 t/ha 75,9 kg/hl 73,7 kg/hl
(67,7 bo/ac) (57,5 bo/ac) (60,9 lb/bo) (59,1 lb/bo)
Blé de printemps après du maïs 4,1 t/ha 2,6 t/ha 74,6 kg/hl 64,8 kg/hl
(60,5 bo/ac) (39,4 bo/ac) (57,9 lb/bo) (52,0 lb/bo)
Source : Johnson, MAAARO, Thorndale, 2006-2007.
1
Chaque traitement représente la moyenne de trois populations de 2, 3 et 4 millions de graines/ha (0,8, 1,2 et 1,6 million/ac)
pour l’avoine, et de 3, 4 et 5 millions de graines/ha (1,2, 1,6 et 2,0 millions/ac) pour le blé de printemps (nombre de graines/ac x
2,47 = nombre de graines/ha).
125
Guide agronomique des grandes cultures
126
4. Céréales
127
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 4-4 – Éléments nutritifs de la paille Néanmoins, comme la paille contient environ
Valeur de la paille en $/t (P et K seulement) = $/t de phosphate 1 cent/livre d’éléments nutritifs, le premier 1 cent/livre
monoammonique x 0,003 + $/t de potasse x 0,014 ne constitue pas un profit. Il devrait servir à acheter de
Valeur de la paille en $/t (N, P, K et S) = $/t d’urée x 0,015 + la potasse et du phosphore pour remplacer les éléments
$/t de soufre x 0,006 + valeur de P et K (équation ci-dessus) retirés avec la paille.
Pour convertir la valeur en cents/livre, diviser par 22,05.
Élément
nutritif Moyenne Minimum Maximum Classes
Azote (N) 7,0 kg/t 4,2 kg/t 10,7 kg/t
Le nombre de classes de blé continue de s’accroître
(14,0 lb/t. c.) (8,4 lb/t. c.) (21,3 lb/t. c.) (voir tableau 4-5, Caractéristiques de diverses classes
Phosphore (P) 1.6 kg/t 0,9 kg/t 3,0 kg/t de céréales). Au milieu des années 1980, seuls le blé
(3,2 lb/t. c.) (1,8 lb/t. c.) (6,0 lb/t. c.) de printemps destiné au bétail et le blé tendre blanc
Potassium (K) 8,4 kg/t 4,0 kg/t 21,2 kg/t d’automne étaient cultivés en Ontario; depuis cette
(16,8 lb/t. c.) (8,0 lb/t. c.) (42,5 lb/t. c.) date, le nombre de classes s’est multiplié de façon
Source : MAAARO, 2003-2004 et Falk, 2004-2005. spectaculaire, et ce mouvement devrait se poursuivre
puisque d’autres cultivars destinés à des marchés
Il est beaucoup plus difficile de quantifier la valeur spécifiques sont en cours de développement. À bon
de la matière organique qui retourne dans le sol avec nombre de ces classes sont associés des rendements et
la paille, bien que sa très grande importance ne fasse des primes dont il faut tenir compte au moment de
aucun doute. Les estimations varient : cette valeur choisir les cultivars. Par exemple, les cultivars de blé
pourrait être au moins égale à celle des éléments vitreux roux ont généralement un rendement de 10 %
nutritifs prélevés, ou bien le prélèvement de quatre inférieur à celui du blé tendre roux. Les primes doivent
récoltes de paille à haut rendement pourrait avoir donc être suffisantes pour compenser la perte de
pour effet de réduire la teneur du sol en matière rendement associée à la culture du blé vitreux roux.
organique de 0,1 %. Selon l’état et la texture du sol,
cette quantité de matière organique pourrait retenir Puisque les caractéristiques varient d’une exploitation
au plus 4,4 cm (1,75 po) d’eau pour la croissance à l’autre, les résultats varient également. Sur les sols
des cultures. En théorie, pendant une saison sèche, qui sont déjà riches en azote (élevages produisant
cette même quantité d’eau permettrait un gain de du fumier ou des fourrages), il est beaucoup plus
rendement de 0,24 t/ha (3,5 bo/ac) de soya, ou de facile d’obtenir une teneur élevée en protéines pour
0,88 t/ha (14 bo/ac) de maïs. Il ne s’agit là que de toucher ces primes. Sur les terres destinées aux cultures
simples calculs mathématiques, mais ils mettent en commerciales, il faut souvent beaucoup plus d’azote
évidence l’importance du rôle de la matière organique pour obtenir les teneurs en protéines optimales dans les
avec la paille. cultivars de blé de qualité non pâtissière (voir les classes
Blé roux d’automne dans le tableau ci-après). Tous ces
Points de réflexion sur la vente de paille facteurs doivent être pris en compte au moment du
Étant donné que la paille enrichit la teneur en matière choix d’un cultivar.
organique du sol, sa vente est un sujet très controversé.
Des recherches menées à la station de recherche
Espèces céréalières
d’Elora sur la rotation des cultures à long terme ont
clairement démontré que la présence de céréales dans
Orge
la rotation compensait largement les conséquences
Tous les types d’orge ont le potentiel génétique de
négatives du retrait de la paille. Même en l’absence
former six rangs de grains par épi (orge à six rangs),
de paille et de culture couvre-sol (trèfle rouge), les
mais certains n’en ont que deux. En général, les
cultures suivantes de maïs et de soya ont vu leur
cultivars à deux rangs ont des grains plus gros, et leurs
rendement grimper en flèche (12 % pour le maïs et
plants sont plus petits et résistent mieux à la rouille des
14 % pour le soya), et les paramètres de santé du sol
feuilles et au mildiou. Ils ont souvent un rendement
(p. ex. matière organique, agrégats stables à l’eau) se
moins élevé que les cultivars à six rangs. Ces derniers
sont grandement améliorés. Si le fait de vendre la paille
résistent habituellement mieux à la rhynchosporiose et
améliore la rentabilité de la production de céréales au
supportent plus facilement la chaleur et l’humidité, ce
point où les producteurs maintiennent plus souvent les
qui les rend plus tolérants à un semis tardif.
céréales dans leur rotation, alors il faudrait la vendre.
128
4. Céréales
129
Guide agronomique des grandes cultures
Orge à grains nus protéines de bonne qualité (14 à 20 %). Il est possible
L’orge couverte ou orge vêtue contient environ 10 % de formuler des rations où l’avoine nue constitue la
d’enveloppe et de 90 % de grain. Dans l’orge à grains principale source d’énergie; il suffit d’y ajouter de faibles
nus, une bonne partie de l’enveloppe se décolle au quantités de tourteau de soya, de tourteau de canola ou
moment de la récolte. L’orge à grains nus a un poids de lysine (un acide aminé) pour obtenir un rendement
spécifique plus élevé et une teneur en fibres plus faible comparable à celui du tourteau de soya-maïs.
que l’orge vêtue. Ses grains doivent être manipulés
avec soin parce que l’embryon (germe) est fragile. La L’avoine nue devient du gruau au battage. Les fines
quantité de paillette qui se sépare du grain dépend en enveloppes restent dans le champ sous forme de
partie des conditions climatiques au moment de la paillette, ce qui fait perdre aux grains d’avoine de 25 à
récolte. L’orge à grains nus donne un rendement moins 30 % de leur poids par rapport aux cultivars ordinaires
élevé que les cultivars vêtus parce que les enveloppes qui conservent leur enveloppe. Le gruau des cultivars
restent au champ; cependant elle a des teneurs en actuels est recouvert d’une couche de poils fins qui
énergie et en protéines plus élevées. l’empêchent de s’écouler librement et qui causent
des démangeaisons, ce qui rend l’avoine désagréable
à manipuler. Il y a eu de grandes améliorations à ce
Avoine chapitre avec l’introduction de nouveaux cultivars.
L’avoine est une culture fourragère traditionnelle en
Ontario, notamment pour les chevaux. Son contenu Il est important de prendre des précautions lors du semis,
en protéines est plus équilibré et elle a une teneur en de la récolte, de la manutention et de l’entreposage de
fibres plus élevée que l’orge. Il est important de choisir l’avoine nue. Comme le grain n’est pas protégé par
des cultivars résistants à la rouille des feuilles. Par l’enveloppe, son germe est très fragile. On doit aussi
ailleurs, le nerprun est l’hôte intermédiaire de la rouille prendre des précautions au moment des semis. La
des feuilles de l’avoine, et il faut l’éliminer du pourtour récolte et la manipulation peuvent endommager
des champs dans la mesure du possible. l’embryon. Par ailleurs la grande quantité d’huile qui
se trouve à la surface du grain attire les insectes des
En 2006, une nouvelle « race » de rouille a vaincu la entrepôts. Enfin, il faut maintenir la teneur en eau
résistance génétique de l’avoine à la rouille couronnée. au-dessous de 10 % pour que le grain conserve sa
Tant qu’il n’existe pas de cultivar qui résiste à cette qualité pendant l’entreposage.
nouvelle variante, il faut pulvériser du fongicide
sur l’avoine avant son épiaison, sans quoi la rouille
pourrait grandement nuire à son rendement et à Mélanges de céréales
sa qualité (75 % de perte de rendement, 50 % de Les mélanges de céréales occupent une superficie
perte de poids spécifique). Le Nord de l’Ontario fait importante en Ontario. Il s’agit le plus souvent
exception à cette règle, car il n’est pas encore touché d’avoine et d’orge, mais certains mélanges contiennent
par le problème de rouille. du blé de printemps ou des pois des champs. Les
mélanges de céréales sont destinés uniquement à
Avoine de meunerie l’alimentation animale.
Comme elle est destinée à la consommation humaine,
l’avoine de meunerie doit satisfaire à certaines On ne peut formuler de directives quant aux meilleurs
exigences de qualité : grains ventrus, poids spécifique mélanges. En général, les cultivars d’avoine et d’orge
élevé, et gruau (grain) exempt de décoloration et de qui donnent les meilleurs rendements lorsqu’ils sont
corps étrangers (insectes et graines de mauvaises herbes semés en peuplements purs font de même dans les
et d’autres espèces cultivées). Les exigences visant mélanges, mais les cotes de maturité des éléments d’un
l’avoine de meunerie sont affichées sur le site même mélange doivent être compatibles. L’ajout de
www.grainscanada.gc.ca; (sous Guides et manuels, blé ou de pois augmente les teneurs en énergie et en
cliquer sur Guide officiel du classement des grains). protéines du grain, mais entraîne aussi une réduction
des rendements.
Avoine nue
L’avoine nue peut intéresser les éleveurs de porcs Les maladies des feuilles et des épis sont habituellement
et de volaille parce que son grain (gruau) contient beaucoup moins graves dans les cultures de mélanges
sensiblement la même quantité d’énergie métabolisable de céréales que dans les peuplements purs d’avoine
que le maïs. Elle a également une teneur élevée en ou d’orge. Les cultures d’avoine et d’orge mélangées
130
4. Céréales
tolèrent mieux les conditions de drainage irrégulières; un couvert très clairsemé, d’où l’importance accrue de
ainsi, la composante qui devient prédominante est la lutte contre les mauvaises herbes, en particulier les
l’orge dans les zones plus sèches du champ et l’avoine graminées annuelles. Ces cultivars constituent donc
dans les zones mal drainées. une culture-abri idéale pour un sous-semis de luzerne
ou de foin.
Blé d’automne
Le blé d’automne est la culture céréalière qui occupe Seigle
la plus grande superficie en Ontario, et il est produit Les types de seigle de printemps et d’automne sont
dans toute la province. Tout comme l’orge d’automne cultivés et disponibles en Ontario, mais le seigle
et le seigle d’automne, il doit subir une vernalisation, d’automne est plus répandu. Généralement, on sème
c’est-à-dire une période froide (en deçà de 5 °C) qui le seigle d’automne dans les sols sableux légers où l’on
le fait passer du stade végétatif au stade reproductif. produit du tabac et des cultures maraîchères, pour
Pour le blé, le meilleur stade pour la vernalisation est prévenir l’érosion éolienne et enrichir le sol en matière
celui de cinq feuilles, mais elle peut avoir lieu dès le organique. Le seigle de printemps est parfois cultivé
début de la germination. Ainsi le blé d’automne peut comme plante fourragère annuelle. Contrairement aux
être semé à n’importe quel moment de l’automne autres cultures céréalières, le seigle est assez sensible à
jusqu’aux gelées et avoir une épiaison normale l’année l’ergot, ce qui nuit à son utilisation comme aliment
suivante. Le blé d’automne semé au printemps n’a pas destiné aux animaux ou aux humains.
subi de vernalisation et n’atteint donc jamais le stade
reproductif. On sème parfois le blé d’automne au Parmi les céréales d’automne, c’est le seigle qui résiste
printemps pour donner une pelouse qui n’a presque le mieux à l’hiver. Il est précoce et vient à maturité
jamais besoin d’être coupée. bien avant le blé ou l’orge d’automne. Par contre,
étant donné qu’il est difficile à battre, et en dépit de
sa maturité précoce, souvent, on ne le récolte que
Blé de printemps longtemps après le blé ou l’orge pour laisser le temps
Blé fourrager à la paille de se détériorer et faciliter ainsi le battage.
Le blé fourrager est une source de protéines et
d’énergie plus concentrée que l’orge ou l’avoine. Il est Certains éleveurs souhaitant obtenir un supplément de
nécessaire de limiter la quantité de blé fourrager dans fourrage sèment du seigle d’automne après l’ensilage
la ration alimentaire des non-ruminants pour éviter du maïs. Ce seigle commence à épier au printemps
les problèmes digestifs. En général, le blé ne doit pas suivant, vers la mi-mai; il est alors coupé et envoyé à
dépasser 25 % de la ration totale. Il est recommandé l’ensilage préfané ou à l’ensilage en balles. Les haricots
de consulter un nutritionniste pour obtenir plus secs comestibles ou le soya sont alors semés sans que
d’information à ce sujet. le retard des semis ait de répercussions notables sur
les rendements. Cette pratique comporte cependant
Certains cultivars de blé fourrager peuvent donner des certains risques dont les effets allélopathiques (toxicité
rendements semblables à ceux de l’avoine et de l’orge des résidus de seigle en décomposition pendant la
de qualité fourragère. Parfois, ils peuvent atteindre croissance de la nouvelle culture) et la possibilité d’une
une qualité qui les rend propres au marché du blé repousse de seigle dans les cultures de blé des années
de meunerie. Pour savoir si un cultivar donné est de suivantes.
qualité meunière ou fourragère, il suffit de visiter le
site www.gocereals.ca. Lorsque des cultivars de blé
fourrager donnent un produit de qualité meunière, Triticale et épeautre
c’est une bonne nouvelle, mais il ne faut pas en faire Le triticale (un croisement de blé et de seigle) et
une attente. l’épeautre sont cultivés à petite échelle en Ontario.
Il existe du triticale d’automne et du triticale de
Blé de meunerie printemps. On cultive le premier comme fourrage,
Pour que le produit soit accepté sur le marché, il faut comme le seigle (ci-dessus), et on ne cultive le second
miser sur sa qualité et accorder l’attention voulue que comme fourrage d’urgence lorsque les prairies de
aux facteurs tels que le choix du cultivar, la précocité fauche sont détruites par l’hiver, le plus souvent en
des semis et la lutte contre les mauvaises herbes. Les même temps que des pois (voir Graminées annuelles
cultivars de blé de printemps donnent habituellement de saison chaude au chapitre 3, Cultures fourragères).
131
Guide agronomique des grandes cultures
L’épeautre, un précurseur du blé moderne, est Les recherches et les innovations technologiques
cultivé principalement pour le marché des produits portant sur la maîtrise de la profondeur de semis
biologiques. Entre l’épeautre et le blé, il n’y a presque accusent un retard important en ce qui a trait aux
aucune différence génétique si ce n’est le codage de la céréales, comparativement aux cultures de maïs et de
« paillette » : celle du blé se détache facilement alors soya. Avec les semoirs actuels, la profondeur de semis
que celle de l’épeautre adhère au grain. peut fluctuer de 1,25 à 7,5 cm (0,5 à 3 po) sur le
même rang, selon l’état du sol.
Biotechnologie et cultures céréalières
On peut tenter de resserrer cet écart en utilisant des
La plupart des plantes cultivées sont diploïdes, c’est- dispositifs tasseurs qui maintiennent les semences
à-dire que leurs chromosomes sont par paires; c’est au fond de la raie. Le nivellement du terrain et les
le cas de l’orge et de l’avoine. Chez le blé dur, les vitesses de semis moindres contribuent à réduire ces
chromosomes vont par quatre (doubles paires), et la fluctuations. La profondeur des semis de céréales
plante est donc tétraploïde (génome AABB). Tous ne sera jamais aussi précise que celle du maïs tant
les autres blés cultivés en Ontario sont hexaploïdes, que des jauges de profondeur (roues plombeuses)
c’est-à-dire que leurs chromosomes vont par six – suivront des ouvre-sillons à double disque ou que des
paires triples (génome AABBDD). Cela complique le coutres simples sans bras parallèles feront partie de
transfert de gènes dans le blé. Aussi, la marge de profit l’équipement de série.
liée à la production de semences et à l’amélioration
génétique est beaucoup moins importante que Les céréales sont les cultures qui réagissent le mieux
pour bien d’autres espèces cultivées. De plus, chez à un semis précoce qui est fait au bon moment
les consommateurs, le degré d’acceptation du blé (voir Dates de semis). Lorsqu’elles sont semées trop
génétiquement modifié est très faible, de sorte que profond, elles peuvent lever avec une semaine de
les investissements en biotechnologie sont moindres retard ou plus (voir figure 4-1). Un retard de la
pour cette espèce. C’est pourquoi la mise au point levée a les mêmes effets qu’un retard équivalent de
de cultivars de céréales ayant des caractéristiques la date des semis et entraîne la même réduction du
particulières à l’aide de la technologie de transfert rendement. Il est évident que la précision des semoirs
génique est au point mort. doit être améliorée.
132
4. Céréales
Racines
secondaires Pousse Pousse Pousse
Profondeur sous la surface du sol (en pouces)
(coronales)
Racines Racines
secondaires secondaires
(coronales) (coronales)
0,5
Racines
séminales
1 Semis
aérien Racines
Semis
Racines superficiel séminales
1,5 coronales Racines
en surface Racines séminales
coronales Semis
80 DJ au niveau optimal
2 de la graine
105 DJ Racines
coronales à
2,5 la profondeur 150 DJ
maximale
175 DJ
130 DJ
200 DJ
8 11 13 15 18 20
Même si 2,5 cm (1 po) est une profondeur de semis La figure 4-2, Stades de croissance des céréales, montre
optimale, la plupart des semoirs ne peuvent atteindre ces différents stades selon l’échelle de Zadok (l’échelle
un tel niveau de précision. Un semis pas assez profond de Feekes, également employée pour mesurer la
est presque toujours plus nuisible pour le rendement croissance des céréales, mais surtout aux États-Unis,
qu’un semis profond. Si l’on tient compte de la précision n’est pas représentée ici). La connaissance de ces
du semoir, il faudrait que la profondeur de semis soit stades est cruciale pour de nombreuses décisions
comprise entre 3 et 4 cm (entre 1,25 à 1,5 po). Les de gestion. Les applications d’herbicides et d’azote
producteurs qui réussissent à semer le blé d’automne doivent être effectuées au stade du tallage, et c’est
avec précision voient ce dernier afficher un meilleur aux stades de l’élongation et de l’épiaison que la lutte
taux de survie à l’hiver et des rendements plus élevés. contre les maladies revêt la plus grande importance. La
connaissance des stades de croissance de la culture est
essentielle à la bonne planification des intrants et des
Croissance des céréales
mesures de prévention.
Il est possible de déterminer le stade de croissance
des plants de céréales par le décompte des degrés- Pour en savoir plus sur les stades de croissance et
jours (DJ) de croissance accumulés. Ces calculs sont leur identification, voir le Guide de champ sur
expliqués plus en détail au chapitre 10, Dépistage, dans les stades de croissance des céréales sur le site
la section Degrés-jours. Pour les céréales, on utilise la www.bayercropscience.ca (sous Ressources et guides).
valeur 0 comme base de calcul.
133
Guide agronomique des grandes cultures
Épi
complètement Grain
mûr
Épi à sorti
demi
sorti
Apparition Épi au
de la ligule gonflement
de la
dernière
feuille
Apparition
de la feuille
paniculaire
Apparition
Apparition du deuxième
du premier nœud
nœud de
la tige
Élongation Redressement
des gaines des gaines
foliaires
Début du Tallage foliaires
tallage
Une
pousse
Échelle de Zadok
10 21 26 29 30 31 32 37 39 47 55 59 92
134
4. Céréales
90
80
Rendement (bo/ac)
70
60
50
40
30
20
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Années
lourds, argileux et mal drainés. Dans tous ces cas, il Les dates cibles pour les semis de céréales de printemps
vaut mieux semer si l’état du sol le permet. Si les semis sont le 10 avril dans le Sud-Ouest de l’Ontario, le
sont effectués plus de 10 jours avant la date optimale, il 15 avril dans le Centre et l’Est de la province et le
faut diminuer le taux de semis de 25 % pour prévenir 10 mai dans le Nord. Dans les zones recevant plus
la moisissure des neiges et la verse. Lorsque les semis de 3 100 unités thermiques de croissance, la culture
ont lieu à une date aussi précoce, la réduction des taux des céréales de printemps n’est généralement pas
de semis a souvent pour effet d’accroître le rendement. recommandée, et les semis sont carrément à proscrire
après le 20 avril. Pour connaître les dates limites
Comme l’orge d’automne doit être semée tôt, il est auxquelles les cultures peuvent être semées pour
important de choisir un cultivar qui tolère le virus être admissibles à l’assurance-production, il faut
de la jaunisse nanisante de l’orge ou d’utiliser des communiquer avec Agricorp.
insecticides appliqués aux semences pour maîtriser les
pucerons. Voir la publication 812F du MAAARO,
Guide de protection des grandes cultures. Céréales d’automne
Comme la date des semis de blé d’automne dépend
souvent de celle de la récolte du soya, la date de semis
Céréales de printemps optimale peut être dépassée, ce qui engendre des pertes
Il est pratiquement impossible de semer des céréales de rendement. Pour le blé cultivé après le soya, voir les
de printemps trop tôt, à moins que le sol ne soit directives simples présentées à la section Semis de blé
complètement détrempé. Devant les résultats d’automne après une culture de soya du chapitre 2, Soya.
spectaculaires produits par les semis précoces, certains
producteurs envisagent de semer sur le sol gelé. Le Pour le blé d’automne, voir la figure 4-4, Dates de
temps frais et humide du printemps favorise le tallage semis optimales du blé d’automne en Ontario. Les
et la production de gros épis. Dans ce cas, la date de isolignes tracées sur la carte reflètent les conditions
floraison est également plus précoce, de sorte que la météorologiques moyennes de 1960 à 1990, mais les
culture échappe aux chaleurs et à la sécheresse qui se dates réelles pourront varier d’une année à l’autre. Pour
produisent souvent à la fin juin et en juillet. améliorer la survie hivernale de l’orge d’automne, il
faut la semer de sept à dix jours avant les dates de semis
optimales pour le blé d’automne. L’orge d’automne est
moins résistante à l’hiver que le blé d’automne.
135
Guide agronomique des grandes cultures
26 août
North Bay
5 sept.
10 sept.
Chenaux
Manitoulin Ottawa
Cornwall
Kemptville
Kemptville
Brockville
5 sept.
20 sept.
Wiarton Midhurst 15 sept.
Peterborough
Belleville
15 sept.
London Northern
Region
Sarnia Delhi
Thunder
Ridgetown Bay
Chatham
26 août North
Harrow 5 sept. Bay
136
4. Céréales
Taux de semis
Formule de calcul du taux de semis :
Traditionnellement, on avait l’habitude d’exprimer les
taux de semis recommandés en boisseaux par acre, et Taux de semis (kg/ha) =
la norme était de 2 bo/ac (135 kg/ha) pour la plupart nombre de graines/ha x 100
des céréales. nombre de graines/kg % germination
Système
anglais = 1 500 000 x 100 = 132 lb/ac
(impérial) 12 000 95
137
Guide agronomique des grandes cultures
138
4. Céréales
139
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 4-10 – Aspects de la gestion des cultures de blé après diverses cultures dans les rotations
Culture
précédente Commentaires
Pois de • Meilleure option pour la rotation.
transformation • Meilleurs résultats avec des semis précoces.
• La présence d’azote résiduel réduit la quantité d’azote à épandre sur le blé.
• La verse peut poser problème.
Haricots • Excellente rotation.
comestibles • La mise en terre en temps opportun est souvent possible.
• Le rendement est plus élevé que si la culture de blé est précédée d’une culture de soya.
Soya • Excellente rotation.
• Lorsque la récolte du soya est retardée, le potentiel de rendement du blé semé tardivement est moins bon.
• Sur les sols sableux, les populations de hanneton européen peuvent réduire les peuplements.
Canola • Excellente rotation.
• Possibilité de mise en terre en temps opportun.
• Possibilité de réponse plus accentuée au phosphore de démarrage (le canola est non mycorhizien).
Maïs (ensilage ou • Risque maximal de fusariose.
grain) • Possibilité de mise en terre en temps opportun (ensilage).
• Pour une culture de blé après du maïs, choisir un cultivar coté MR pour Fusarium (voir www.gocereals.ca) et
prévoir l’épandage d’un fongicide pour prévenir cette maladie.
Luzerne • Possibilité de mise en terre en temps opportun.
(peuplements purs) • Risque de dommages causés par les insectes.
• Étant donné le moment de la libération de l’azote par rapport aux besoins de la culture, les apports en
azote ne sont pas entièrement mis à profit. Jusqu’à la moitié de l’azote peut être libérée après la fin de
l’absorption par la culture.
Foin de graminées • Rotation médiocre.
• Le risque principal est le piétin-échaudage, une maladie des racines qui infecte la culture à l’automne avec
possibilité de perte de rendement de plus de 50 %; risque d’autres maladies racinaires.
• Possibilité de maîtrise partielle du piétin-échaudage par un semis plus tardif combiné à l’application d’un
engrais de potasse placé avec les semences.
Avoine • Rotation raisonnable.
• Possibilité de mise en terre en temps opportun.
• Peu de maladies passent du blé à l’avoine.
Orge • Rotation correcte.
• Possibilité de mise en terre en temps opportun.
• Des maladies racinaires passent de l’orge au blé.
• Possibilité de maîtrise partielle du piétin-échaudage par un semis plus tardif combiné à l’application d’un
engrais de potasse placé avec les semences.
Blé • Pire option (absence de rotation).
• Pression maximale due aux maladies foliaires et racinaires.
• Risque élevé de piétin-échaudage, de piétin-verse et de strie céphalosporienne avec peu d’options de
gestion, voire aucune.
• Prévoir au moins 10 % de perte de rendement.
140
4. Céréales
des stomates, ce qui augmente souvent légèrement sur le dépistage et la présence d’une maladie. Toutefois,
le rendement, même en l’absence de verse (voir le pour la rouille de l’avoine et la fusariose du blé, il faut
tableau 4-11, Effets des régulateurs de croissance des recourir à un usage préventif de fongicide dans le cadre
plantes). Toutefois, cela peut aussi réduire le rendement d’une stratégie de lutte intégrée contre les ravageurs,
si les plants souffrent d’un stress hydrique. s’il est établi que le risque de maladie est élevé. Pour
plus d’information sur l’identification des maladies et
Les effets des régulateurs de croissance des plantes les méthodes de lutte, voir le chapitre 16, Maladies des
varient beaucoup d’une culture céréalière à l’autre, grandes cultures, et la publication 812F du MAAARO,
tout comme le risque de phytotoxicité (dégâts dus Guide de protection des grandes cultures. Les seuils
à l’application d’un régulateur). Les conditions d’intervention varient selon la maladie en cause, le
météorologiques extrêmes interagissent avec la plupart stade de croissance, l’état de la culture et les conditions
des régulateurs, endommageant parfois gravement la météorologiques. De façon générale, il est important de
culture. Si possible, éviter d’appliquer un régulateur si bien observer les deux feuilles supérieures des céréales
la température est basse (< 5 °C), haute (> 25 °C) ou si à tous les stades de croissance. Si la maladie atteint
elle connaît de grandes fluctuations (> 20 °C) la veille, l’une ou l’autre de ces feuilles ou les deux, il faut alors
le jour même ou le lendemain. En règle générale, le déterminer si le seuil d’intervention a été atteint et si un
blé d’automne est bien plus tolérant que les céréales traitement est justifié.
de printemps, le blé de printemps pouvant être le plus
sensible. Les cultivars d’une même espèce peuvent aussi Voici la nouvelle convention d’appellation pour les
réagir différemment. Il est important de lire et de suivre traitements de fongicide :
à la lettre les directives qui figurent sur l’étiquette d’un
régulateur de croissance avant de l’utiliser. • Le traitement précoce, appelé T1, assure
la protection contre les mauvaises herbes
Tableau 4-11 – Effets des régulateurs (stades de croissance : 30 et 31);
de croissance des plantes • Le traitement T2 protège la feuille paniculaire
LÉGENDE : – = aucune donnée disponible (stades de croissance : 37 à 39);
Traitement Rendement Gain • Le traitement T3 cible la fusariose (stades de
Parcelle témoin 6,89 t/ha − croissance : 58 à 61).
(102,5 bo/ac)
1,2 l/ha (0,5 l/ac) de 7,04 t/ha 2,2 % De manière générale, plus les cultures céréalières
Cycocel (104,7 bo/ac) reçoivent du fongicide tard, plus leur rendement est
2,5 l/ha (1,0 l/ac) de 7,06 t/ha 2,5 % élevé, jusqu’au traitement T3. C’est la protection des
Cycocel (105,0 bo/ac) feuilles supérieures des céréales durant le remplissage
1,8 l/ha (0,72 l/ac) de 7,10 t/ha 3,0 % des grains qui est la plus bénéfique pour le rendement.
Manipulator (105,6 bo/ac)
Néanmoins, l’écart de rendement entre le traitement
Source : P. Johnson, S. McClure. Données recueillies dans T2 et le traitement T3 est faible. Par ailleurs, les
neuf endroits entre 2011 et 2014.
traitements précoces ont moins d’incidence sur le
rendement, comme le montre le tableau 4-12, Effets
Fongicides du fongicide en fonction de la date du traitement.
Dans les conditions de croissance qui prévalent en
Depuis une dizaine d’années, les fongicides font partie
Ontario, l’incidence sur le rendement économique est
intégrante de la lutte intégrée contre les ravageurs dans la
marginale lorsqu’on applique deux fongicides, et rare
production de céréales en Ontario, et ce, pour plusieurs
lorsqu’on en applique trois. Si un producteur décide
raisons : hausse du prix des céréales, amélioration
d’utiliser plus d’un fongicide, il doit recourir à des
génétique, amélioration des fongicides, effondrement
modes d’action différents ou multiples pour retarder
de la résistance génétique aux maladies. Dans la mesure
le développement de la résistance aux maladies.
du possible, l’application d’un fongicide doit reposer
141
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 4-12 – Effets du fongicide en fonction ou qui le sont seulement en partie ne seront pas
de la date du traitement adéquatement protégés. Par ailleurs, de nombreuses
Type de traitement Évolution du rendement buses d’aspersion et combinaisons de buses permettant
T1 0,11 t/ha
de maximiser la couverture de tous les côtés des épis de
(1,6 bo/ac) blé ont été évaluées.
T2 0,46 t/ha
(6,9 bo/ac) Les résultats montrent que plus l’orientation des jets
T3 0,54 t/ha est voisine de l’horizontale, vers l’avant et l’arrière, plus
(8,0 bo/ac) la couverture est complète. Avec les buses dont le jet
T1 + T2 0,54 t/ha était voisin de la verticale, la couverture des épis était
(8,0 bo/ac) nettement moins bonne. La figure 4-5, Configuration
T1 + T3 0,60 t/ha suggérée pour un système à buses doubles orientées
(8,9 bo/ac)
avant-arrière, montre le dispositif en question vu de
T2 + T3 0,73 t/ha
(10,8 bo/ac)
l’extrémité de la rampe d’aspersion. Les buses Turbo
T1 + T2 + T3 0,87 t/ha
FloodJetMD montées à intervalle 51 cm (20 po) le
(12,9 bo/ac) long de la rampe sont également orientées à 15° sous
Source : Brinkman, Université de Guelph. Données du projet l’horizontale. Ce sont ces montages de buses doubles
SMART recueillies entre 2009 et 2011. qui donnent la meilleure couverture de pulvérisation
pour la lutte contre la fusariose.
Fusariose de l’épi Les buses ayant un angle d’attaque faible comme les
Les conditions climatiques de l’Ontario engendrent doubles buses avant-arrière et les buses Turbo FloodJet
pratiquement chaque année un risque élevé de fusariose alternatives donnent une bien meilleure couverture de
de l’épi pour les cultures céréalières. Dans la production pulvérisation des épis de blé que celles dont le jet est
de blé, cette maladie infecte les grains et produit des orienté vers le bas.
toxines (notamment le déoxynivalénol, ou DON)
qui peuvent les rendre impropres à la consommation Meilleure couverture Meilleure couverture
humaine et, dans les cas les plus graves, impropres à 15º 15º
la consommation animale. Compte tenu du climat
humide de l’Ontario et de la menace constante que Mauvaise
pose la fusariose, il est permis et presque indispensable couverture
de recourir à un fongicide pour combattre la fusariose.
L’orge de brasserie et les céréales cultivées pour
l’alimentation des porcs sont également concernées.
142
4. Céréales
6,7 (100)
6,1 (90)
Nettoyage des pulvérisateurs avant le traitement 5,4 (80)
du blé
4,7 (70)
Les pulvérisateurs doivent absolument être entièrement
nettoyés, y compris les couvercles d’extrémité de la rampe. 4,0 (60)
Avec fongicide
À l’épiaison, le blé est très sensible à toute contamination 3,4 (50) Sans fongicide
des produits de traitement, avec des pertes de rendement 2,7 (40)
avoisinant les 100 % dans les cas graves. Si le pulvérisateur 0 34 67 101 135 168
(0) (30) (60) (90) (120) (150)
n’est pas convenablement nettoyé, il vaut mieux ne faire
aucun traitement contre la fusariose. Dose d’azote – kg/ha (lb/ac)
143
Guide agronomique des grandes cultures
Directives générales
Pour les directives générales sur les apports d’azote
pour les céréales, voir le tableau 4-13, Besoins en azote
des cultures céréalières, le tableau 4-14, Besoins en azote
du blé de qualité pâtissière, et le tableau 4-17, Directives
relatives aux apports d’azote pour l’orge de printemps
selon la teneur du sol en azote des nitrates.
144
4. Céréales
Tableau 4-14 – Besoins en azote du blé de qualité pâtissière (dose d’azote la plus rentable)
Pour le blé tendre roux ou le blé blanc de qualité pâtissière. On peut épandre 10 kg d’azote/ha au semis et le reste en surface, au début
du printemps.
Blé vitreux d’automne (roux et blanc) donc parfaitement adaptés à l’absorption d’azote
Les cultivars de blé vitreux d’automne actuellement en provenance de sources qui libèrent cet élément
recommandés en Ontario ne sont pas équivalents lentement ou de sources organiques (enfouissement
aux blés roux de printemps de l’Ouest canadien de légumineuses ou fumier de bétail). De ce fait, les
(CWRS), mais ce sont des cultivars intermédiaires teneurs en protéines recherchées sont souvent plus
ou de vigueur moyenne ayant certaines propriétés de faciles à atteindre sur les fermes d’élevage. De la même
boulangerie ou d’autres qualités qui leur sont propres. façon que pour le fractionnement des épandages d’azote,
Pour répondre aux normes de qualité, ils doivent avoir des études ont montré que l’azote stable sur le plan
une forte teneur en protéines, ce qui nécessite souvent environnemental, ou ESN (urée enrobée de polymère,
d’augmenter la dose d’engrais azoté. La dose d’azote 44-0-0), augmente la teneur en protéines de 0,5 %
optimale est environ de 35 à 70 kg/ha (30 à 60 lb/ac) lorsqu’il est inclus dans l’azote épandu à hauteur de 50
supérieure à celle qui est recommandée pour le blé à 65 % (voir tableau 4-15, Augmentation de la teneur en
(tendre) de qualité pâtissière. Le fractionnement des protéines). Par contre, le rendement reste le même.
épandages d’azote permet d’accroître la teneur en
protéines, mais la différence est trop faible pour que Tableau 4-15 – Augmentation de la
cette méthode soit économique. D’après des études teneur en protéines
menées en Ontario, le fractionnement des épandages Augmentation
d’azote augmente le rendement de 0,5 %, en moyenne. de la teneur en
Apport protéines
Plus les doses d’azote sont élevées, plus le feuillage 35 kg/ha d’azote supplémentaires 0,5 %
des plants est dense, donc plus le risque de maladies 70 kg/ha d’azote supplémentaires 1,0 %
foliaires est élevé. En principe, l’azote épandu en Azote épandu par fractionnement 0,5 %
grande quantité n’a pas d’incidence sur le rendement, (stades de croissance 30 et 32)
sauf s’il est accompagné d’un fongicide permettant de Azote épandu après l’anthèse 0,75 %
(stades de croissance 30 + 69)
lutter contre les maladies des feuilles et des épis. Si la
culture n’a pas été touchée par la verse, la dose d’azote Azote épandu par fractionnement 1,0 %
(stades de croissance 30, 32 et 69)
épandue au printemps peut être augmentée de 30 kg/
Agrotain Plus 0,2 %
ha (27 lb/ac) si elle est conjuguée à un traitement de
ESN (50 %) 0,5 %
fongicide T2 ou T3.
ESN (100 %) 0,75 %
Au cours du développement du plant, l’absorption Source : P. Johnson, S. McClure, moyennes de résultats
d’essais menés entre 2008 et 2014.
d’azote allant à la production de protéines dans le
grain a lieu plus tard que celle allant à l’amélioration
du rendement. Les cultivars de blé vitreux sont
145
Guide agronomique des grandes cultures
Teneur du sol en azote des nitrates pour l’orge Tableau 4-16 – Épandage d’azote à l’automne
de printemps Incidence sur
L’épandage d’azote à l’automne est déconseillé en Épandage Rendement le rendement¹
Ontario en raison des conditions de croissance 100 kg/ha 5,53 t/ha 0
que l’on y trouve. Cette pratique n’a aucune (90 lb/ac) au printemps (82,2 bo/ac)
valeur pour le producteur et peut être néfaste 34 kg/ha 5,69 t/ha -0,26 t/ha
pour l’environnement si les nitrates gagnent l’eau (30 lb/ac) à l’automne + (84,6 bo/ac) (-3,8 bo/ac)
100 kg/ha
souterraine. Elle est certes viable dans d’autres (90 lb/ac) au printemps
régions où poussent des céréales d’automne, mais 135 kg/ha 5,94 t/ha 0
ces régions ont un climat plus doux qui leur permet (120 lb/ac) au printemps (88,4 bo/ac)
de poursuivre leur culture en hiver. En Ontario, 34 kg/ha 5,96 t/ha -0,16 t/ha
avec le manteau nival et le froid hivernal, les céréales (30 lb/ac) à l’automne + (88,7 bo/ac) (-2,4 bo/ac)
d’automne sont totalement en dormance. L’azote 135 kg/ha
(120 lb/ac) au printemps
épandu à l’automne n’est pas absorbé, car il n’y a
168 kg/ha 6,13 t/ha 0
aucune croissance. Par temps humide à la fin de (150 lb/ac) au printemps (91,1 bo/ac)
l’automne, en hiver et au début du printemps, l’azote Source : P. Johnson, S. McClure, données recueillies à
est exposé au lessivage ou à la dénitrification. D’après 18 endroits entre 2011 et 2013.
des études sur le sujet (voir tableau 4-16, Épandage 1
Par rapport au rendement d’une culture qui reçoit la même
d’azote à l’automne), plus de 50 % de l’azote épandu quantité d’azote uniquement au printemps.
à l’automne n’est pas absorbé à temps pour l’hiver.
Étant donné que l’épandage d’azote à l’automne L’analyse de la teneur du sol en azote des nitrates
(autre que la petite quantité présente dans le peut servir à prévoir les besoins en azote de l’orge de
phosphore de démarrage) ne présente aucun avantage printemps dans des régions de la province autres que
et peut nuire à l’environnement, cette pratique est l’Est de l’Ontario qui reçoivent moins de 3 000 UTC
fortement déconseillée. (voir figure 1-1, Unités thermiques de croissance
[UTC-M1] pour le maïs).
Comme les sols ont une capacité très variable à fournir
de l’azote aux plantes, les directives générales présentées D’ailleurs, la directive fondée sur l’analyse de la
au tableau 4-13, Besoins en azote des cultures céréalières, teneur du sol en azote des nitrates au printemps doit
ne sont pas nécessairement les plus rentables dans tous être considérée comme un indicateur utile en vue de
les cas. La quantité d’azote des nitrates présente dans l’élaboration du programme de fertilisation azotée
le sol au moment des semis est un bon indice de la de l’orge de printemps (voir tableau 4-17, Directives
capacité du sol à fournir de l’azote aux plantes. relatives aux apports d’azote pour l’orge de printemps
selon la teneur du sol en azote des nitrates).
Tableau 4-17 – Directives relatives aux apports d’azote (dose la plus rentable) pour l’orge de
printemps selon la teneur du sol en azote des nitrates
Dans les zones situées ailleurs que dans l’Est de l’Ontario qui reçoivent moins de 3 000 UTC.
Teneur du sol en azote des Rapport de prix2
nitrates au printemps à
030 cm1 8 7 6 5
10 kg/ha 138 kg/ha 147 kg/ha 156 kg/ha 165 kg/ha
20 kg/ha 107 kg/ha 114 kg/ha 122 kg/ha 129 kg/ha
30 kg/ha 76 kg/ha 81 kg/ha 87 kg/ha 93 kg/ha
40 kg/ha 44 kg/ha 49 kg/ha 53 kg/ha 57 kg/ha
50 kg/ha 13 kg/ha 16 kg/ha 18 kg/ha 21 kg/ha
60 kg/ha 0 0 0 0
100 kg/ha = 90 lb/ac
1
Teneur du sol en azote des nitrates (à 30 cm de profondeur) : pour convertir des kg/ha en ppm, diviser par 4.
2
Le rapport de prix est le coût de l’azote (N) contenu dans l’engrais ($/kg d’azote) divisé par le prix de vente de l’orge ($/kg d’orge).
Exemple de rapport de prix : voir tableau 4-13.
146
4. Céréales
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Guide agronomique des grandes cultures
Les engrais à base de NAU appliqués à l’aide de buses L’épandage de NAU peut se faire au moyen de diverses
à jet concentré brûlent peu les feuilles, voire pas du buses à jet concentré. D’après des essais, la hauteur
tout. IL EST DÉCONSEILLÉ de pulvériser de l’azote de la rampe peut avoir une grande influence sur le
28 % (NAU) à la volée (à l’aide de buses à miroir ou fonctionnement de certaines buses. Par exemple, avec
de buses à jet en T) sur des cultures de céréales levées. une distance normale de la buse à la cible, soit 50 cm
Le tableau 4-19 montre les pertes de rendement (20 po), les buses à trois jets fonctionnent très bien.
potentielles liées à cette pratique. L’ajout d’azote 28 % En revanche, s’il y a du relief ou si le sol est en mauvais
à une application d’herbicide, en particulier s’il s’agit état, la hauteur de la rampe peut varier, et si elle atteint
d’un herbicide de contact, accentue considérablement 75 cm (30 po), l’épandage des buses à trois jets est
les dommages aux feuilles et les pertes de rendement loin d’être idéal. Les dispositifs d’aspersion Chafer
(voir photo 4-3). permettent un épandage parfaitement uniforme, quelle
que soit la hauteur de la rampe, mais les buses peuvent
Tableau 4-19 – Le NAU comme support pivoter, et le repliage de la rampe avec ces corps de
pour herbicides buses volumineux peut s’avérer problématique.
Dommages
Application visibles Rendement
Moment des applications d’azote
200 l/ha d’eau 0% 6,4 t/ha
(18 gal/ac1 d’eau) (95 bo/ac) La plupart des engrais azotés destinés aux céréales de
150 l/ha d’eau 3% 6,4 t/ha printemps sont appliqués avant les semis et incorporés
+ 50 l/ha de NAU (95 bo/ac) au sol. Cette façon de procéder permet une absorption
(13,4 gal/ac d’eau optimale de l’engrais par la culture tout en limitant les
+ 4,5 gal/ac de NAU)
risques de pertes par ruissellement ou par volatilisation.
100 l/ha d’eau 5% 6,1 t/ha Le traitement en surface des céréales de printemps
+ 100 l/ha de NAU (91 bo/ac)
(9 gal/ac d’eau levées est acceptable, surtout si on a appliqué un
+ 9 gal/ac de NAU) engrais de démarrage au moment des semis.
50 l/ha d’eau 7% 6,1 t/ha
+ 150 l/ha de NAU (91 bo/ac)
(4,5 gal/ac d’eau Phosphate et potasse
+ 13,4 gal/ac de NAU)
Les recommandations pertinentes figurent au
200 l/ha de NAU 9% 6,0 t/ha
tableau 4-20, Doses de phosphate (P2O5 ) recommandées
(18 gal/ac de NAU) (89 bo/ac)
pour les céréales, et au tableau 4-21, Doses de potasse
1
1 gallon impérial = 1,2 gallon américain
(K2O) recommandées pour les céréales.
Source : S
ikkema, Université de Guelph (CTAR),
2008 à 2013.
Ces directives reposent sur les résultats des analyses
de sol reconnues par le MAAARO. Pour plus
d’information sur la lecture de ces tableaux ou
en l’absence d’une analyse de sol reconnue par le
MAAARO, voir la section Directives relatives aux
engrais du chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs.
148
4. Céréales
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Guide agronomique des grandes cultures
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4. Céréales
à la volée. De plus, le phosphore épandu à la volée agricoles. Il faut ouvrir les logettes à semences un cran
à l’automne qui n’est pas incorporé peut dériver et de plus par rapport à un semis de blé, et, au début,
nuire à l’environnement. Si le semoir ne permet pas régler le semis à 10 % de moins que la somme du
l’application de phosphore, on peut mélanger l’engrais poids par acre des semences et du poids par acre de
(phosphate monoammonique, 11-52-0) aux semences, l’engrais. Par la suite, on doit étalonner le semoir.
et semer le tout en même temps. Les semences et Si c’est l’application à la volée qui est choisie pour
l’engrais ne se dissociant pas, c’est une méthode qui le phosphore, il faut vérifier que l’engrais est bien
a fait ses preuves dans bon nombre d’exploitations incorporé pour éviter qu’il ne dérive.
151
Guide agronomique des grandes cultures
152
4. Céréales
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Guide agronomique des grandes cultures
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4. Céréales
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Guide agronomique des grandes cultures
une faible teneur en eau. Il se peut que la diminution faut régler le rabatteur vers l’avant et modifier l’angle
de la vitesse d’avancement de la moissonneuse-batteuse des peignes pour les rendre plus performants, de
réduise encore plus les niveaux de Fusarium puisque sorte que le rabatteur soulèvera la récolte au-dessus
l’air a ainsi plus de temps pour séparer le bon grain du du sol et au-dessus des couteaux. Il est possible de
grain infecté. Il faut penser à ouvrir davantage la grille faire la mise au point à partir des réglages suggérés
supérieure pour diriger l’air à la verticale; le mouvement dans le manuel d’utilisation.
de la masse de grain vers l’arrière est ainsi ralenti, ce qui • Passage à sens unique : La solution de dernier
facilite son nettoyage et sa séparation. Il faut veiller à recours, à laquelle il faut se résoudre certaines années,
ce que les épis et les particules de paille restent hors de consiste à faire la récolte à sens unique de sorte que le
l’échantillon de grain si la grille supérieure est ouverte. grain versé soit orienté vers le tablier.
Le blé entreposé doit absolument être sec (14 % Il ne faut pas récolter le blé infecté par la carie si sa
d’humidité ou moins). Une teneur en eau trop élevée teneur en eau est élevée. Les spores provenant des balles
permettrait la croissance de Fusarium et la production sporifères éclatées adhèrent plus facilement au grain
de toxines, ce qui nuirait encore davantage à la qualité mouillé. Il faut récolter le grain une fois qu’il est sec en
de la récolte. Il faut examiner fréquemment le grain faisant tourner le cylindre à basse vitesse et en ouvrant
entreposé pour s’assurer qu’il reste en bon état. le contre-batteur, de manière à réduire le nombre de
balles sporifères qui éclatent pendant l’opération. Il
est conseillé de faire fonctionner les ventilateurs de
Récolte de céréales versées nettoyage à haute vitesse pour éjecter le plus possible de
Si le blé a versé, le réglage de la moissonneuse-batteuse balles sporifères et de spores de carie vers l’arrière de la
nécessite plus de travail et dure plus longtemps dans le moissonneuse-batteuse.
champ. Même si les moissonneuses-batteuses modernes
sont habituellement dotées de tabliers flottants à soya L’entreposage du blé infecté par la carie est un bon
équipés de barres de coupe flexibles, il existe plusieurs moyen d’améliorer la qualité du grain. L’aération est ici
méthodes efficaces pour récolter les céréales versées. la clé du succès. Il faut stocker le grain infecté dans des
installations offrant une grande capacité d’aération, et
• Releveurs d’épis : Ils soulèvent la culture au-dessus de l’aérer jusqu’à ce que l’odeur disparaisse. On conseille
la barre de coupe. Il s’agit d’un moyen économique de le manipuler délicatement au moment de le retirer
de maximiser les rendements. de la cellule de stockage pour éviter de provoquer
• Réglage des couteaux : Sur les barres de coupe l’éclatement des balles sporifères qui seraient restées
flottantes, il faut laisser les couteaux inclinés vers le intactes, ce qui risquerait de contaminer à nouveau
bas et faire fonctionner le tablier dans la position le produit. Il faut déplacer le grain infecté par la carie
flottante, comme pour récolter une culture de soya. avec des transporteurs à courroie plutôt que des vis de
Si l’on opte pour cette solution, il faut prendre déchargement. Il est également possible de manipuler
garde de ne pas faire entrer de cailloux dans la le grain par aspiration, ce qui permet souvent de
moissonneuse-batteuse. le débarrasser des balles sporifères restantes et de le
• Réglage du rabatteur : Les moissonneuses-batteuses conserver en bon état.
plus récentes sont équipées d’un système hydraulique
permettant le réglage du rabatteur à partir de la Il ne faut jamais mélanger du blé propre et du blé
cabine, mais le réglage de la plupart des rabatteurs est infecté par la carie. Il suffit d’une très faible proportion
permanent et optimal pour la récolte du soya et ne de grains contaminés pour faire diminuer la qualité
convient pas à la récolte des céréales qui ont versé. Il de l’ensemble. Le mélange ne permet pas d’améliorer
156
4. Céréales
le grain endommagé, il a simplement pour effet de • Niveler la surface du grain dans toute la cellule
détériorer le bon grain. Pour en savoir plus, voir les de stockage.
sections Carie naine et Carie du blé du chapitre 16, • Assurer un débit d’air d’au moins 6,5 l/sec/m3
Maladies des grandes cultures. (0,5 pi3/min/bo), de préférence de 9,7 l/sec/m3
(0,75 pi3/min/bo) ou plus.
• Nettoyer le grain afin de le débarrasser des mauvaises
Séchage et entreposage du blé herbes et des particules fines.
• Mesurer précisément la teneur en eau du blé dans la
On récolte parfois le blé d’automne à une plus forte cellule de stockage.
teneur en eau parce qu’on prévoit du temps pluvieux, • Bien lire la température de l’air et l’humidité relative
ou dans le but de réduire les pertes à la récolte. Le à l’extérieur.
blé est considéré comme sec à une teneur en eau de • Bien connaître la teneur en eau à l’équilibre du blé.
14,5 %, selon la Commission canadienne des grains. • Installer un interrupteur de commande du ventilateur.
L’Ontario a décidé de baisser ce chiffre à 14 % pour se
rapprocher des autres normes internationales. Au-delà Il faut un faux fond entièrement perforé pour
de ce seuil, des frais de séchage peuvent être appliqués. permettre à l’air de circuler de façon uniforme partout
dans la cellule; avec un faux fond partiellement perforé
Pour pouvoir être entreposé sans risque pendant de ou un réseau de conduits d’air, il reste des zones où l’air
longues périodes, le blé d’automne doit avoir atteint ne circule pas, ce qui présente des risques d’altération.
une teneur en eau de 13 à 14 %. Les graines de mauvaises herbes, les résidus de végétaux
encore verts et les particules fines qui s’accumulent
Systèmes de séchage dans la cellule de stockage gênent le passage de l’air
ou le dévient. L’air qui traverse la masse de grain suit
Il existe trois principaux systèmes de séchage du blé :
toujours le chemin offrant le moins de résistance.
• Les cellules à l’air ambiant;
• Les séchoirs à basse température (moins de 40 °C); Tableau 4-26 – Débit d’air suggéré pour le séchage
du blé à l’air ambiant et à basse température
• Les séchoirs à haute température ou ultra-rapides
LÉGENDE : pi3/min = pied cube par minute
(plus de 40 °C).
Teneur en eau (à
l’état humide) Débit d’air minimal
Séchage à l’air ambiant et à basse température 16 % 6,5 l/sec/m3 0,5 pi³/min/bo
Le séchage du blé à l’air ambiant n’est possible que 17 % 9,75 l/sec/m3 0,75 pi³/min/bo
lorsque l’humidité relative à l’extérieur est inférieure 18 % 13 l/sec/m3 1,0 pi³/min/bo
à la teneur en eau à l’équilibre des grains. L’efficacité Adaptation d’un tableau tiré de Wilcke, William F., Hellevang,
de cette méthode se trouve considérablement réduite Kenneth J. Wheat and Barley Drying. FS-5949-GO, 1992.
pendant les périodes pluvieuses et la nuit, quand Université du Minnesota, Extension Service.
il fait frais et que les taux d’humidité relative sont
généralement élevés. Lorsque la température de l’air
tombe à moins de 10 °C, la ventilation à l’air ambiant Séchage à haute température
ne permet pas de retirer autant d’humidité, et il peut Le séchage du grain à haute température se fait avec
être nécessaire de chauffer. Des périodes prolongées de grands volumes d’air chaud à 40 °C ou plus, en
de temps humide peuvent aussi rendre nécessaire un quelques heures ou quelques jours. Pour ce faire,
chauffage d’appoint pour le séchage. En augmentant la on peut utiliser des séchoirs à maïs, mais il peut
température de l’air d’entrée de 5 °C, on assèche l’air être nécessaire de réduire la température de séchage
sans toutefois trop assécher le grain placé au fond de la afin d’éviter toute perte de pouvoir germinatif et
cellule. Voir le tableau 4-26, Débit d’air suggéré pour de qualité de l’amidon. Il est important de ne pas
le séchage du blé à l’air ambiant et à basse température. dépasser les valeurs recommandées, qui dépendent
du type de séchoir et de l’utilisation finale du blé.
Exigences minimales pour le séchage à l’air ambiant : Voir le tableau 4-27, Températures maximales de l’air
recommandées pour le séchage du blé de meunerie et
• Aménager un faux fond entièrement perforé dans la de semence.
cellule de stockage.
157
Guide agronomique des grandes cultures
158
4. Céréales
Par exemple, pour connaître la teneur en eau à l’équilibre Les traitements de lutte contre les insectes et animaux
de blé exposé à l’air extérieur à 25 °C et à 80 % d’humidité nuisibles et les maladies sont présentés dans la
relative, il suffit de trouver l’intersection de la rangée et publication 812F du MAAARO, Guide de protection
de la colonne correspondantes dans le tableau 4-28. La des grandes cultures.
valeur indiquée à cet endroit (14,4 %) est la teneur en
eau à l’équilibre du blé, qu’il atteindra s’il est soumis Destruction par l’hiver
à ces mêmes conditions extérieures pendant un délai
Pendant l’hiver et au début du printemps, il arrive
suffisamment long.
que les céréales d’automne soient détruites par le
déchaussement dû au gel, la glace, le froid ou la
Quand faire fonctionner le ventilateur moisissure des neiges. Les différents cultivars n’ont pas
Il faut mettre le ventilateur en marche non pas en tous la même résistance à ces facteurs de stress hivernal,
fonction de l’heure de la journée, mais bien en fonction ce qui explique que certains d’entre eux soient adaptés
de la température et du taux d’humidité relative de à certaines régions et ne donnent pas nécessairement
l’air. En effet, selon la journée, le séchage peut avoir de bons résultats partout dans la province.
lieu entre 9 h et minuit ou seulement entre 9 h et
18 h. Il faut souvent vérifier la température et le taux Il faut choisir les cultivars en fonction des risques de
d’humidité relative de l’air au cours de la journée. Au destruction par l’hiver dans la région concernée. Par
fur et à mesure que la teneur en eau du blé diminue, exemple, dans la vallée de l’Outaouais, les cultivars
il faut de l’air de plus en plus sec pour permettre au doivent être tolérants à la glace; dans la ceinture de
séchage de se poursuivre. Si pendant une journée neige du lac Huron, ils doivent supporter la moisissure
donnée, la teneur en eau à l’équilibre est inférieure à la des neiges, et ceux qui sont cultivés dans les argiles
teneur en eau des grains les plus humides, le séchage lourdes des comtés d’Essex et de Lambton ainsi que
est possible et le ventilateur doit être mis en marche. Il dans la péninsule du Niagara doivent résister au
faut installer un humidistat permettant à l’opérateur de déchaussement par le gel.
régler à l’avance le taux d’humidité auquel le ventilateur
doit se mettre en marche. Pour savoir évaluer le peuplement du blé d’automne
et décider s’il faut ou non reprendre les semis, voir
Le grain qui se trouve sur le dessus de la cellule la section Reprise des semis et le tableau 4-6, Calcul
de stockage séchera en dernier. Chaque jour où le du potentiel de rendement pour plusieurs densités
ventilateur fonctionne, le front de séchage progresse de peuplement.
un peu plus vers le haut de la cellule. Il se peut que
l’ensemble du front du séchage n’atteigne pas le haut de
la cellule le même jour. Il faut prélever des échantillons
159
Guide agronomique des grandes cultures
Blanc (oïdium) (p. 448), Taches bronzées (p. 450) Oïdium (blanc)
(blé)
Taches septoriennes
Taches septoriennes (p. 449) (blé)
Piétin-échaudage
(p. 443)
Charbon nu
(p. 451)
Insectes et animaux nuisibles
160
4. Céréales
Déchaussement par le gel Sur les sols vulnérables au déchaussement par le gel,
Les cycles de gel-dégel du début du printemps sont on peut augmenter le taux de semis pour réduire
l’une des principales causes de la destruction des les dommages. Avec un semis plus dense, les racines
végétaux par l’hiver en Ontario. Les sols à texture s’entremêlent en poussant, ce qui donne des plants plus
lourde et ceux dont le drainage souterrain est limité résistants au phénomène de déchaussement par le gel.
sont particulièrement vulnérables. Quand le gel
pénètre dans le sol, il s’insère sous le collet et soulève Glace
la plante (voir photo 4-8). Si ces cycles de gel-dégel se
Lorsque la neige fond rapidement ou qu’une pluie
répètent, ils font sortir le plant du sol. Les racines se
hivernale est suivie d’une gelée, il peut se former une
cassent et demeurent exposées hors du sol, et le plant
épaisse couche de glace sur les zones où l’eau s’est
meurt par dessèchement. C’est ce phénomène qu’on
accumulée. Même lorsque l’eau qui se trouve sous la
appelle le « déchaussement par le gel ».
couche de glace parvient à s’écouler, la glace elle-même
peut tuer les plants en les privant d’oxygène.
161
5. Haricots secs comestibles
Les haricots secs comestibles (Phaseolus vulgaris) sont d’être coupés par moissonneuse-batteuse. Certains
des légumineuses de la famille des papilionacées. Ils producteurs obtiennent une bonne récolte en coupe
sont principalement cultivés dans l’Ouest de l’Ontario, directe lorsque les haricots présentent une teneur en
et habituellement dans le cadre de contrats. Plus de eau idéale. La méthode traditionnelle de travail du
80 % de la production est exportée. Dans la province, sol est la méthode la plus couramment utilisée pour
on cultive principalement le petit haricot blanc, le préparer les lits de semence de haricots à grosses
haricot rognon, le haricot canneberge, le haricot noir, graines qui sont arrachés au moment de la récolte, mais
le haricot otebo et l’azuki (ou adzuki). L’azuki (Vigna de plus en plus de producteurs obtiennent de bons
angularis), qui n’a qu’un lointain lien de parenté avec résultats en utilisant d’autres méthodes de travail du
les haricots, comporte ses propres caractéristiques de sol. Les haricots à grosses graines sont plus susceptibles
croissance et de production et n’est pas vulnérable d’être endommagés par l’encroûtement en raison de
aux mêmes maladies et insectes. Afin d’optimiser la leurs grands cotylédons.
rentabilité et la qualité des haricots secs comestibles,
il faut adopter des pratiques culturales particulières. Dans les cultures en semis direct, une forme ou une
autre de travail du sol dans la zone de germination
au moment des semis est bénéfique aux haricots secs
comestibles. Ce phénomène est essentiellement dû
Méthodes de travail du sol
au fait que cette plante possède de petites racines peu
Les haricots secs comestibles poussent mieux dans développées. Les coutres du semoir effectuent dans
des sols bien drainés qui présentent une excellente la zone de germination le travail du sol nécessaire
structure. Les exigences relatives au lit de semence sont à l’optimisation de la levée, de l’établissement du
semblables à celles pour le soya, soit notamment une peuplement, de la rapidité de croissance et de la
surface ferme améliorant l’uniformité de la profondeur hauteur des plants. Les plants de haricots cultivés
de semis et un bon contact entre la semence et le sol par semis direct sont plus courts et se prêtent donc
qui favorise une levée rapide et uniforme. Les meilleurs mieux à la culture sur rangs rapprochés.
peuplements – ayant le plus grand rendement – sont
ceux qui ont levé dans la semaine suivant le semis Après les semis, le tassage du sol est généralement
et qui ne subissent pas de stress pendant les trois essentiel dans les cultures de haricots secs comestibles
premières semaines de croissance. Pour obtenir ces où l’on prévoit une récolte par coupe directe, et dans
conditions, il faut assurer : celles qui sont ensemencées en semis direct dans des
chaumes de maïs. Cette étape permet de niveler le
• l’uniformité de l’humidité du sol; champ en vue de couper les plants de haricots au ras
• un bon contact entre la semence et le sol; du sol et de réduire les pierres, les tiges de maïs et la
• un travail superficiel du sol limité à ce qui est contamination par la terre au moment de la récolte.
nécessaire pour la préparation du lit de semence;
• un état de la surface propre à réduire les risques
d’encroûtement du sol. Sélection du site et rotation des cultures
Voici quelques-uns des facteurs les plus importants
Le choix d’une méthode de travail du sol doit être dans la sélection d’un champ :
guidé par la technique de récolte. Les haricots blancs et
noirs sont récoltés en coupe directe et peuvent pousser • Présence de maladies dans le passé;
dans des champs où l’on a travaillé le sol par bandes • Culture précédente;
superficiellement ou de façon traditionnelle, réduite ou • Lutte contre les mauvaises herbes et rémanence
en semis direct. Les haricots à grosses graines, comme potentielle des herbicides;
les haricots rognons et les haricots canneberges, sont • Structure du sol, inclinaison du champ et drainage.
généralement récoltés par arrachage et andainage avant
163
Guide agronomique des grandes cultures
Type de sol et structure du sol du sol, mauvais drainage, courts intervalles entre les
Les champs ensemencés de haricots secs comestibles cultures de haricots, etc.). Les haricots secs comestibles
sont vulnérables à l’érosion du sol en raison des semis sont également des hôtes du nématode à kyste du soya,
tardifs, de la lenteur de la croissance et du système auquel l’azuki est particulièrement vulnérable. Pour
racinaire relativement peu développé de la culture. plus de renseignements sur le nématode à kyste du
Le feuillage et les résidus de culture ne protègent le soya et certaines maladies des haricots secs comestibles,
sol que pendant une relativement courte partie de voir le chapitre 16, Maladies des grandes cultures.
la saison. Dans le cas des haricots cultivés sur des
rangs écartés, il se peut que le feuillage ne couvre
entièrement le sol qu’au mois d’août. Les fournisseurs et acheteurs de haricots
peuvent indiquer aux producteurs les produits
Les haricots secs comestibles font partie des cultures de protection des cultures que ces derniers
les plus sensibles à la structure du sol et poussent peuvent utiliser en fonction de la limite
mieux dans des loams non compactés. Dans les sols maximale de résidus (LMR) approuvée par les
lourds qui sont mal drainés, sujets à l’encroûtement pays importateurs. Les producteurs doivent
ou difficiles à travailler, la levée risque d’être inégale consulter leur contrat ou leurs lignes directrices
et les peuplements, de mauvaise qualité. Les plantules de production et obtenir une liste des produits
subiront de graves dommages si le sol reste saturé approuvés auprès de leur fournisseur.
pendant 24 heures. Les haricots ont un système
racinaire relativement inefficace et peu développé qui
est vulnérable au stress. Une levée irrégulière mène à Lutte contre les mauvaises herbes
une maturation inégale, à un retard de la récolte et Dans les cultures de haricots secs comestibles, il y a
à la présence de graines immatures (criblures), ce qui peu de moyens d’utiliser les herbicides pour lutter
entraîne un déclassement du produit et l’attribution contre les mauvaises herbes vivaces et les dicotylédones
d’un prix de vente moins élevé. annuelles, de sorte que des mesures doivent être prises
pendant la culture précédente. Les mauvaises herbes
Il faut éviter de cultiver des haricots secs comestibles présentes à la récolte peuvent également nuire à la
dans des champs sujets au compactage : ce phénomène qualité des haricots (taches) et réduire l’efficacité de la
nuit gravement à ce type de culture parce qu’il récolte. Le phytolaque d’Amérique vivace et la morelle,
gêne la croissance des racines, favorise les maladies par exemple, peuvent les tacher gravement à la récolte.
racinaires et accroît les risques de lésions produites On privilégie souvent le maïs comme culture préalable
par les herbicides. Les pertes de rendement dues au parce qu’il se prête à de nombreuses formes de lutte
compactage et à une mauvaise structure du sol peuvent contre les mauvaises herbes. On peut aussi sarcler le
atteindre de 30 à 50 %. Les problèmes de compactage sol entre les rangs pour limiter les mauvaises herbes.
sont longs à résoudre, un simple travail du sol n’étant Consulter le chapitre 7 de la publication 75F, Guide
pas efficace. de lutte contre les mauvaises herbes, pour en savoir plus
sur les techniques de lutte culturales et chimiques
Présence de maladies dans le passé adaptées à la culture de haricots secs comestibles. Les
différentes catégories de haricots secs comestibles ont
Pour éviter le développement de maladies, il faut leur propre degré de tolérance aux herbicides; par
espacer les cultures de haricots d’au moins trois ans ailleurs la tolérance aux herbicides n’est pas évaluée
dans la rotation. Les pourritures des racines et la pour chaque catégorie.
pourriture à sclérotes (Sclerotinia) sont les maladies
les plus courantes favorisées par des rotations de Les haricots secs comestibles sont très sensibles à
courte durée. Il est mal avisé de cultiver le soya, le certains herbicides pouvant se trouver dans le sol.
canola, la pomme de terre et le tournesol dans une Il faut bien choisir ceux qui sont appliqués l’année
rotation comprenant des haricots, car ils sont tous précédant la culture de haricots pour limiter les
vulnérables à la pourriture à sclérotes. Il est difficile dommages causés par leur effet rémanent. Voir à ce
de prévenir les pourritures des racines par la rotation sujet le tableau 4-4, Restrictions (rotation des cultures et
parce qu’elles ont une large gamme de cultures-hôtes. pH du sol) – Grandes cultures, de la publication 75F du
Les organismes en cause sont souvent envahissants MAAARO, Guide de lutte contre les mauvaises herbes.
et infectent les plants soumis au stress (compactage
164
5. Haricots secs comestibles
En fonction de tous ces facteurs, le maïs, les cultures Il est primordial de choisir des cultivars dont le délai
fourragères et les céréales sont quelques-unes des pour atteindre la maturité convient. Les fournisseurs
cultures les plus propices à cultiver avant les haricots de semences et l’Ontario Pulse Crop Committee
secs comestibles dans une rotation. La culture préalable fournissent le nombre de jours avant la maturité pour
de maïs ou de céréales permet de bien lutter contre les chacun des cultivars. Il faut choisir des cultivars qui
mauvaises herbes et d’enrayer efficacement le cycle des parviennent à maturité au cours des trois premières
maladies des haricots comestibles. Comme les haricots semaines de septembre, lorsque le temps est
sont récoltés tôt, il est possible de semer rapidement habituellement plus favorable à la récolte et qu’on
le blé d’automne. Une culture de céréales conjuguée peut semer le blé d’automne. Une récolte par temps
à une bonne maîtrise des mauvaises herbes serait sec facilite le maintien d’une bonne qualité.
préférable à une culture de maïs quand une récolte
effectuée par temps humide aurait causé des problèmes On attribue une cote aux cultivars en fonction de leur
de compactage. Les cultures fourragères favorisent la résistance à deux maladies importantes : la mosaïque
formation d’une structure du sol optimale, mais elles commune du haricot et l’anthracnose. À l’heure
sont sujettes à des problèmes d’insectes terricoles et actuelle, tous les types de haricots sont vulnérables à la
de pression exercée par les mauvaises herbes. Pour pourriture à sclérotes, mais l’azuki y est plus résistant.
en savoir plus sur les rotations de cultures adaptées
aux haricots secs comestibles et sur les précautions à Les haricots rognons sont plus vulnérables à la
prendre selon la méthode de travail du sol choisie, voir pourriture des racines que les autres types de haricots;
le tableau Intro-1, Points à considérer dans le choix des c’est pourquoi ils poussent mieux dans des loams. Les
rotations des cultures, qui se trouve dans l’introduction. haricots noirs et l’azuki se distinguent quant à eux
par leur système racinaire plus solide et peuvent être
cultivés dans un plus grand nombre de types de sols.
Cependant, l’azuki met plus de temps à sortir de terre
Choix des cultivars que les autres haricots en raison de son tégument dur;
Avant de choisir une catégorie commerciale, il faut il est par conséquent plus vulnérable aux problèmes
évaluer minutieusement les exigences de production et de levée dans des sols sujets à l’encroûtement. Les
les risques propres à chacune d’elles. Le matériel et la haricots blancs, eux, sont cotés en fonction de leur
méthode de récolte requis peuvent varier en fonction compatibilité avec la récolte en coupe directe. Dans
de la taille des graines et du port des plants, et certaines les cultures en rangs serrés, il faut choisir des cultivars
catégories sont assorties de difficultés particulières au port érigé parce que la coupe directe est la seule
concernant le respect des normes de qualité. En méthode de récolte possible.
Ontario, la plupart des haricots secs comestibles sont
produits dans le cadre de contrats; il faut donc tenir
compte des multiples débouchés et formules de contrat.
Semis
Pour choisir un cultivar de haricot sec comestible,
Qualité des semences
il faut évaluer :
Pour favoriser une bonne vigueur en début de saison
• les caractéristiques de croissance (p. ex. port dressé et réduire les risques de maladies transmises par les
ou tiges grimpantes); semences, il est important d’utiliser des semences
• le nombre de jours avant la maturité; certifiées de qualité provenant de champs inspectés.
• le potentiel de rendement; Certaines années, la brûlure bactérienne, l’anthracnose
• la compatibilité avec la méthode de récolte prévue; et la mosaïque commune du haricot – des maladies
• sa résistance ou sa tolérance aux maladies transmises par les semences – peuvent occasionner
(p. ex. anthracnose, mosaïque commune de graves problèmes.
du haricot, brûlure bactérienne commune).
La plupart des semences de haricots colorés (sauf pour
Les données sur le rendement des différents cultivars les haricots noirs) sont importées de régions arides des
sont publiées annuellement par l’Ontario Pulse Crop États-Unis où l’incidence de la brûlure bactérienne
Committee, à l’adresse www.gobeans.ca. et de l’anthracnose est faible. Certaines semences,
surtout pour les haricots blancs et noirs, peuvent
provenir de productions ontariennes certifiées. Il faut
165
Guide agronomique des grandes cultures
évaluer le pouvoir germinatif de toutes les semences. l’encroûtement du sol et la pourriture des racines. Au
Voir l’annexe F, Laboratoires offrant des tests de moment de choisir la date des semis, il faut aussi tenir
germination sur demande en Ontario. compte de la température à la floraison. Si les semis
sont faits dans la fourchette de dates appropriées, le
On doit s’assurer que les graines sont exemptes temps ne sera pas chaud et sec pendant la floraison,
de dommages d’origine mécanique et causés par et la récolte pourra être effectuée à temps. Une
des intempéries, et les manipuler avec précaution. température supérieure à 32 °C peut causer la mort des
Les semences de haricots sont fragiles : si on les fleurs (chute des boutons et des fleurs). Peu importe la
manipule sans ménagement, on peut endommager date de semis prévue, il faut d’abord et avant tout que
le point végétatif dans la graine, ce qui occasionnera le sol soit en mesure de recevoir les semences. En cas de
une levée lente ou réduite, une croissance difforme retard dans les semis, avant de poursuivre, il faut bien
et l’absence de cotylédons. Les semences récoltées calculer la date à laquelle les haricots secs comestibles
dont la teneur en eau est inférieure à 16 % sont arriveront à maturité. S’ils sont semés tardivement, les
plus vulnérables aux dommages mécaniques. Pour haricots secs comestibles s’adaptent moins facilement
réduire ces dommages, on doit diminuer la hauteur que le soya à une saison de croissance plus courte.
de chute des semences (idéalement à moins de
0,5 m ou 2 pi) et utiliser des transporteurs et des
Taux de semis
vis à brosses au lieu d’une vis sans fin ordinaire. Les
graines de mauvaise qualité, y compris celles qui ont Le calibre des semences de haricots secs comestibles
des dommages d’origine mécanique, peuvent avoir varie considérablement. On doit vérifier que le semoir
une vigueur et un pouvoir germinatif réduits ou une est bien réglé pour déposer le bon nombre de graines
levée inégale et donner des plants rabougris ou même par mètre de rang. Il faut ajuster les taux de semis en
exfoliés (sans feuilles véritables). fonction de la qualité des semences et de leur taux
de germination prévu, de l’état du champ et des
antécédents de culture. Là où l’on craint une diminution
Date des semis du pourcentage de levée, il faut augmenter le taux
La température de germination idéale pour les haricots de semis de 10 %. Parmi les facteurs de risque élevé,
secs comestibles est de 15 °C ou plus. Le plant croît mentionnons des semis effectués dans des sols lourds,
de façon optimale à des températures situées entre les semis tardifs ou très précoces, les semis profonds, la
18 et 23 °C, mais peut pousser entre 10 et 32 °C. Le possibilité de pertes de plantules en raison de la présence
tableau 5-1, Dates de semis recommandées, montre, du ver fil-de-fer ou de la mouche des légumineuses, et
selon la région géographique, les dates de semis idéales les semis faits dans des sols sujets à l’encroûtement.
qui donnent les meilleurs rendements. Se référer à la
figure 1-1, Unités thermiques de croissance (UTC-M1) Le tableau 5-2, Taux de semis pour les haricots blancs
pour le maïs, du chapitre 1, Maïs, pour déterminer les et noirs, indique les taux à respecter en fonction
unités thermiques de la région considérée. Pour obtenir de l’écartement des rangs. Des directives générales
des recommandations sur les semis d’un cultivar en concernant les haricots colorés sont présentées au
particulier, consulter le distributeur de semences. tableau 5-3, Taux de semis pour les haricots colorés. La
densité de peuplement moyenne désirée pour l’azuki
Tableau 5-1 – Dates de semis recommandées est de 210 000 à 222 500 plants par hectare (85 000
Légende : UTC = unités thermiques de croissance à 90 000 plants par acre), et de 173 000 plants par
UTC de la région Dates de semis hectare (70 000 plants par acre) pour le haricot otebo.
géographique recommandées Pour obtenir de plus amples renseignements sur les
Moins de 3 000 UTC Du 26 mai au 6 juin taux de semis associés aux différentes catégories de
De 3 000 à 3 200 UTC Du 30 mai au 10 juin haricots, il faut consulter le fournisseur de semences.
Plus de 3 200 UTC Du 7 au 20 juin Les taux de semis peuvent aussi varier en fonction du
matériel utilisé.
Les haricots secs comestibles sont moins vigoureux que
le soya, et on doit donc les semer dans un sol chaud et
humide pour assurer une levée rapide et uniforme. Les
semis faits à basse température augmentent le risque de
levée lente et de dommages causés par les herbicides,
166
5. Haricots secs comestibles
167
Guide agronomique des grandes cultures
matériel de semis de qualité, précis et bien calibré pour • Il peut y avoir des problèmes de levée si les graines
assurer la réussite de la production de haricots secs sont semées dans des traces de pneus.
comestibles. Le roulage ou le tassement du sol avant
les semis contribue à raffermir le lit de semence et à Dans les rangs serrés, les haricots semés dans les traces
retenir l’humidité, et permet aussi de mieux contrôler du tracteur peuvent lever difficilement. Certains
la profondeur de semis lorsqu’on utilise un semoir à producteurs modifient la machinerie de manière à
grains. Le tassement du sol après les semis a pour effet herser ou à travailler la terre entre les roues du tracteur
d’aplanir les buttes, d’enfoncer les cailloux dans le sol et le semoir. Depuis l’avènement des arracheuses, les
et de retenir l’humidité, mais il rend aussi le sol plus plants de haricots semés en rangs écartés de 50 à 56 cm
vulnérable à l’encroûtement. (20 à 22 po) peuvent être arrachés et mis en andains.
• Les semoirs à céréales et les semoirs pneumatiques L’utilisation de la houe rotative peut réduire la densité
peuvent endommager les graines fragiles. de peuplement de 5 à 10 %, mais la plus grande
• Les semoirs de précision améliorent l’uniformité, la proportion de plants qui lèvent compense largement
précision de la profondeur de semis et la couverture cette diminution. Par contre, le passage de la houe
des semences. rotative au stade de la crosse s’accompagne de pertes
• Les rangs écartés comportent un plus grand nombre importantes. Il est possible de réduire les dommages
de graines par mesure linéaire pour traverser la croûte infligés aux plants de haricots par la houe rotative en
en surface. Par exemple, des rangs écartés peuvent effectuant cette opération au milieu de la journée,
avoir 16 graines par mètre (5 graines par pied) au lorsqu’ils sont plus flasques. La vitesse d’avancement
lieu de 10 graines par mètre (3 graines par pied) dans doit être de 10 à 20 km/h. Il faut ajuster l’appareil
des rangs de 36 cm (14 po). sur une courte distance et vérifier que le pourcentage
168
5. Haricots secs comestibles
Avant de reprendre les semis, il faut analyser les causes Type II – tige courte dressée, plante étroite ayant trois
de la mauvaise qualité du peuplement, la densité à cinq branches, par exemple la plupart des cultivars de
et l’uniformité des plants sains restants, la date de haricots blancs, noirs, rognons et otebo.
reprise des semis ainsi que les besoins en matière de
Type III – plants à tige principale faible produisant
lutte contre les mauvaises herbes. À la suite de semis
une tige prostrée, dite « procombante » (sur la surface
tardifs, les haricots canneberges donnent généralement
du sol).
un meilleur rendement que les haricots blancs ou les
autres haricots colorés.
Voir le tableau 5-4, Stades végétatifs et reproductifs
des haricots secs comestibles. Les stades végétatifs sont
Croissance des plants décrits selon le nombre de feuilles trifoliées portées
Les différents cultivars de haricots se distinguent par la tige principale. On compte les feuilles trifoliées
par leurs caractéristiques de croissance. Les à partir du moment où leurs bords ne se touchent
cultivars indéterminés poussent continuellement plus. Normalement, les haricots secs comestibles
et comportent de longues tiges. La plupart des s’autofécondent.
169
Guide agronomique des grandes cultures
170
5. Haricots secs comestibles
L’azote stimule la croissance des plants et des racines, ce à la volée et enfoui, incorporé au sol avant les semis
qui peut être utile quand les haricots poussent lentement ou épandu à l’aide d’un semoir équipé d’un dispositif
en raison de stress environnementaux ou d’un problème distinct pour l’engrais.
de pourriture des racines. Là où les rendements des
haricots comestibles sont habituellement faibles à cause
de bronzage ou de pourriture des racines, il faut épandre
100 kg/ha (90 lb/ac) d’azote avant le semis. L’azote ne
constitue pas un remède contre ces maladies, mais il
peut faire augmenter le rendement ainsi que la hauteur
des plants, ce qui est utile pour la récolte dans des rangs
serrés ou quand les haricots sont cultivés dans des sols
argileux et lourds. L’azote peut accroître les risques
de pourriture à sclérotes et la gravité de cette maladie
parce qu’il accroît la végétation, mais ne retarde pas
considérablement la maturité des haricots.
Phosphate et potasse
Les doses de phosphate et de potasse recommandées Photo 5-1 – Carence en potasse se manifestant chez
pour la culture des haricots secs comestibles sont les haricots blancs par un jaunissement des feuilles
présentées aux tableaux 5-5, Directives relatives au inférieures et une nécrose du pourtour des feuilles
phosphate pour la culture des haricots secs comestibles,
Tableau 5-5 – Directives relatives au phosphate
et 5-6, Directives relatives à la potasse pour la culture (P2O5) pour la culture des haricots
des haricots secs comestibles. Pour plus d’information secs comestibles
sur l’utilisation de ces tableaux ou en l’absence d’une D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
analyse de sol reconnue par le MAAARO, voir la
L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque
section Directives relatives aux engrais du chapitre 9, l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain de
Fertilité et éléments nutritifs. rendement ou de qualité dépasse le coût d’application de
l’élément nutritif en question.
Si on utilise du fumier, on doit réduire les épandages Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais
en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la
d’engrais en fonction de la quantité et de la qualité section sur le fumier du chapitre 9).
du fumier conformément au tableau 9-10, LÉGENDE : RÉ = réaction élevée RM = réaction
Quantités habituelles d’azote, de phosphate moyenne RF = réaction faible RTF = réaction très faible RN
et de potasse biodisponibles selon la source = réaction nulle
d’éléments nutritifs organiques. Teneur en phosphore
évaluée au bicarbonate Quantité de phosphate
Lorsque le sol a une teneur adéquate en ces éléments de sodium à appliquer
nutritifs, le rendement des haricots secs comestibles 0 à 3 ppm 80 kg/ha (RÉ)
n’augmente que très peu après l’épandage de 4 à 5 ppm 60 kg/ha (RÉ)
phosphore comme engrais de démarrage. Quand 6 à 7 ppm 50 kg/ha (RÉ)
le sol contient peu de potassium, la carence se 8 à 9 ppm 40 kg/ha (RÉ)
manifeste chez les haricots blancs sous forme de 10 à 12 ppm 30 kg/ha (RM)
jaunissement des feuilles inférieures et de nécrose 13 à 15 ppm 20 kg/ha (RM)
du pourtour des feuilles, comme on le montre à la 16 à 30 ppm 0 (RF)
photo 5-1. Les plantules des haricots secs comestibles 31 à 60 ppm 0 (RTF)
sont très sensibles aux dommages causés par la 61 ppm et plus 0 (RN)1
toxicité de l’ammonium et le sel des engrais de
100 kg/ha = 90 lb/ac
démarrage. Aucun engrais ne devrait être en contact 1
Quand la cote est « RN », l’application du phosphore
direct avec les semences. Il faut appliquer l’engrais sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire le
de démarrage en bandes, 5 cm (2 po) à côté et rendement ou la qualité des cultures. Par exemple, des
5 cm (2 po) au-dessous des semences. Lorsque du apports de phosphore peuvent entraîner des carences
en zinc dans les sols pauvres en zinc et augmenter les
phosphore ou du zinc est nécessaire, un épandage en risques de pollution de l’eau.
bandes est plus efficace. L’engrais peut être épandu
171
Guide agronomique des grandes cultures
172
5. Haricots secs comestibles
En général, les haricots réagissent bien à un apport de Les conditions météorologiques automnales
manganèse dans les parties du champ où la carence détériorent certains types de haricots beaucoup plus
est évidente. Il n’y a aucun intérêt à appliquer cet rapidement que d’autres. Voici quelques différences
élément sur des plants qui ne présentent pas de signes entre les catégories :
de carence.
• À maturité, les haricots rognons, bruns hollandais
et noirs supportent généralement mieux les
Zinc intempéries que les petits haricots blancs, les haricots
Il y a parfois peu de zinc dans les sols pauvres en canneberges, les haricots otebo et les haricots
matière organique, compactés, sableux, érodés ou au rognons blancs.
pH très élevé. Des signes de carence peuvent aussi • Les haricots canneberges sont sujets à un
apparaître par temps frais et humide au début de la noircissement du tégument une fois parvenus
saison de croissance. à maturité, ce qui fait baisser leur valeur; il est
donc important de les récolter rapidement.
Comme le zinc n’est pas très mobile dans les plants, • Les haricots colorés de gros calibre ont tendance
la carence se manifeste généralement sur les nouvelles à absorber plus d’humidité après une averse
pousses : les feuilles ont une coloration vert pâle entre et mettent ainsi plus de temps à sécher.
les nervures et jaunissent sur le bout et le pourtour. • L’azuki a un port nettement dressé et est plutôt
Au début de la carence, les feuilles peuvent être résistant à l’altération sur pied, et son tégument dur
déformées ou trop petites. Plus tard en saison, les tissus n’absorbe pas l’humidité une fois parvenu à maturité.
foliaires peuvent présenter des signes d’insolation et
de bronzage ou brunissement des feuilles, et la carence Chaque type de haricot est assorti de ses propres
peut entraîner la chute des gousses terminales à la normes de qualité que les acheteurs recherchent; il
floraison, ce qui retarde la maturation. importe donc de les connaître avant la récolte. Les
haricots blancs doivent être propres et exempts de
Le rendement des haricots secs comestibles n’augmente saleté (venant du lissage) et de taches. Pour les haricots
généralement pas lorsqu’on épand du zinc, à moins canneberges et l’azuki, ce sont la taille et la couleur
que la teneur du sol en cet élément soit faible (indice des graines qui importent, alors que pour les haricots
inférieur à 15). Pour en savoir plus sur les possibilités rognons, c’est le faible nombre de téguments fissurés.
d’épandage au sol et de pulvérisation foliaire de zinc,
consulter le chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs.
Impuretés et criblures
Les impuretés sont tous les corps étrangers séparés des
Bore
haricots pendant le criblage. Certaines d’entre elles
Comme les haricots sont très sensibles au bore, ils
ne peuvent être que partiellement éliminées par cette
ne devraient pas être cultivés dans un champ où l’on
opération (p. ex. graines de mauvaises herbes, maïs,
a épandu du bore sur une culture de rutabagas, de
soya et autres cultures). Un chargement peut être refusé
betteraves à sucre ou de fourrages l’année précédente.
si les haricots sont fortement tachés par des mauvaises
herbes ou des végétaux, et la qualité sera moindre si
les haricots sont sales. Un chargement peut aussi être
Récolte et entreposage refusé s’il contient des morceaux de métal ou de verre,
Il est très facile d’endommager les haricots secs par exemple. Il est impératif que les haricots livrés soient
comestibles à la récolte. Comme ils sont vendus en exempts de soya, de maïs ou d’autres sortes de haricots.
fonction de leur apparence, la qualité et la couleur de La présence de soya ou de maïs dans un échantillon peut
leur tégument sont importantes. Le but ultime est de entraîner le rejet du chargement, car l’on présumera
produire des haricots propres, brillants et entiers, et il est qu’ils sont génétiquement modifiés, ce que ne tolèrent
essentiel de les récolter rapidement pour préserver leur pas certains pays importateurs. Des allergènes comme
qualité. Il faut aussi connaître les normes de qualité de le blé et le soya peuvent aussi poser problème, et il est
la catégorie commerciale visée. La teneur en eau idéale possible que le traitement des haricots n’arrive pas à
pour la récolte est de 16 à 20 %; si la récolte est effectuée enlever tous les contaminants. Avant la récolte, il faut
à l’extérieur de cette plage, la qualité diminuera. En débarrasser la moissonneuse-batteuse de tous les résidus
effet, une faible teneur en eau à la récolte fera augmenter de graines des récoltes précédentes.
la quantité de graines fendues et de téguments fissurés.
173
Guide agronomique des grandes cultures
On appelle criblures le pourcentage (en poids) de Certaines améliorations apportées aux moissonneuses-
haricots défectueux, notamment de graines fendues, batteuses permettent de réduire les pertes à la récolte
décolorées et déformées qui restent après le nettoyage et de limiter la quantité de haricots salis, fendus et
des impuretés. La pénalité financière encourue pour endommagés. Les techniques de nettoyage et de
les criblures est double puisqu’elle correspond au poids battage adaptées à la culture varient au cours de
des graines enlevées, plus le coût de leur retrait. la journée, à mesure que change la teneur en eau;
autrement dit, on devrait ajuster la moissonneuse-
Deux méthodes sont couramment utilisées pour la batteuse tout au long de la journée.
récolte des haricots secs comestibles : l’arrachage
suivi de l’andainage, et la coupe directe par Voici ce qu’il faut prendre en considération lorsqu’on
moissonneuse-batteuse. configure la moissonneuse-batteuse :
174
5. Haricots secs comestibles
flexible permettait de réduire les pertes de 25 % directives qui y sont indiquées. L’utilisation de certains
comparativement à une tête flottante traditionnelle. produits peut aussi être proscrite pour les haricots secs
De plus, les barres de coupe « à mouvement rapide » comestibles exportés dans des marchés précis; il est
permettent une réduction des pertes pouvant donc impératif de consulter le fournisseur de haricots
atteindre 40 % comparativement à une barre de pour connaître les restrictions.
coupe ordinaire.
• L’utilisation d’un rabatteur avec soufflerie Si un entreposage à l’exploitation est nécessaire,
améliore considérablement le chargement de la on doit placer chacun des cultivars de haricots secs
moissonneuse-batteuse et réduit les pertes au niveau comestibles dans des cellules distinctes qui sont
du couteau; il dégage ainsi la barre de coupe sans exemptes d’oléagineux ou d’autres grains. Les haricots
faire pénétrer les cailloux dans la tête. Le rabatteur récoltés doivent demeurer exempts de cailloux, de
avec soufflerie offre un maximum d’avantages dans morceaux de verre ou d’autres contaminants de la
des conditions de récolte difficiles, en cas de verse grosseur des graines. La présence d’impuretés peut
ou lorsque le volume de la récolte est réduit. Dans faire diminuer la valeur de la récolte.
de bonnes conditions, les pertes à la récolte peuvent
n’être que de 3 %, que l’on utilise un rabatteur
avec soufflerie ou non. Tard dans la journée, avec Autres problèmes liés aux cultures
l’assèchement des gousses, les pertes au niveau de
la tête peuvent dépasser les 20 % si l’on utilise un Insectes et maladies
rabatteur ordinaire, et elles ne seront que de 10 %
La figure 5-1, Calendrier de dépistage des ennemis des
si l’on utilise un rabatteur avec soufflerie.
haricots secs comestibles, indique les causes possibles
• Il faut modifier le parcours de la moissonneuse-
des signes de dommages observés dans le champ. On
batteuse de façon à améliorer le rendement et la
trouvera une description des insectes, des animaux
qualité. Il faut circuler dans le sens contraire de la
nuisibles, des maladies ainsi que des stratégies de
verse pour récolter les branches qui retombent et les
dépistage et de lutte aux chapitres 15, Insectes et
gousses basses, ce qui permet de réduire le nombre
animaux nuisibles aux grandes cultures, et 16, Maladies
de gousses restées sur le plant. Si le peuplement n’est
des grandes cultures. Les traitements recommandés
pas parvenu à maturité de manière uniforme, on doit
contre les insectes, les animaux nuisibles et les maladies
repousser la récolte dans les zones concernées jusqu’à
sont présentés dans la publication 812F du MAAARO,
ce que la maturité soit suffisante.
Guide de protection des grandes cultures.
175
Guide agronomique des grandes cultures
176
5. Haricots secs comestibles
(p. 350)
Chrysomèle du haricot,
1re et 2e gén. (p. 400)
177
Guide agronomique des grandes cultures
178
6. Canola de printemps et d’automne
Le canola est un oléagineux cultivé en saison fraîche graines sous les résidus et bien en contact avec le
qui est bien adapté aux régions tempérées de l’Ontario. sol. L’efficacité du semis direct repose sur la bonne
Les semis et la gestion du canola d’automne sont gestion des résidus présents à la récolte dans l’année
semblables à ceux du canola de printemps; les précédant la culture du canola. Si les résidus de culture
différences relatives à la gestion de ces céréales sont (paille et paillette) ne sont pas étalés uniformément, le
présentées ci-dessous. semoir pourrait mal placer les graines, et les plantules
auront alors du mal à pousser à travers la couche de
Le canola fait partie de la famille des Brassicae, qui résidus. Soulignons aussi que les résidus mal étalés
englobe le radis sauvage (cultivé en tant que culture constituent un habitat idéal pour les limaces. Il n’est
couvre-sol), le rutabaga, la moutarde, le chou-fleur, le donc pas recommandé de semer le canola par semis
chou et le brocoli. Les cultivars de canola contiennent direct dans des résidus de céréales à cause des risques
moins de 30 µmol/g de glucosinolate et moins de 2 % de destruction du peuplement par les limaces. Certains
d’acide érucique, et ont une teneur en huile moyenne de outils de travail du sol déplacent les résidus, perturbent
40 à 45 %. En Ontario, on trouve les Brassicae napus l’habitat des limaces et répartissent uniformément la
(originaires d’Argentine), qui se distinguent des autres paille et la paillette, ce qui facilite la mise en place des
espèces par la forme de leurs feuilles supérieures. Le semences. Les roues tasseuses du semoir pour semis
canola a des feuilles cireuses de couleur bleu-vert foncé direct doivent placer fermement la semence au fond
aux lobes peu profonds, alors que les plants de moutarde d’une raie peu profonde, assurant ainsi un bon contact
ont des feuilles velues vert pâle aux lobes profonds. entre la semence et le sol. Il est possible de semer par
semis direct dans la plupart des types de résidus, y
compris les tiges de maïs, si le matériel utilisé s’y prête
Méthodes de travail du sol bien et est correctement ajusté.
Travail réduit du sol et semis direct La rotation des cultures est un excellent moyen de
réduire la progression des maladies et infestations
Quand on utilise la méthode de travail réduit du sol d’insectes. On recommande de laisser trois ou quatre
et le semis direct, le canola peut donner de très bons ans entre chaque culture de canola. Les longues
résultats, à condition que le semoir puisse placer les rotations comprenant des cultures ne servant pas
179
Guide agronomique des grandes cultures
180
6. Canola de printemps et d’automne
181
Guide agronomique des grandes cultures
de 10 °C. La basse température du sol sur une longue méthode a l’avantage de permettre des semis précoces,
période nuit à l’embryon des graines. Au bout du une économie de temps et une réduction des coûts,
compte, pour les semis, on doit se fonder sur l’état d’où un potentiel de rendement supérieur. Son
du sol et les prévisions météorologiques, mais il est principal inconvénient est le manque d’uniformité
raisonnable de viser une température de 5 °C ou plus. de la profondeur et de l’étalement des semis. Il faut
À 6 °C, tous les plants lèvent en huit jours ou moins. souvent utiliser un taux de semis plus élevé (de 10 à
Lorsque les plantules sortent de terre, le point végétatif 15 %) quand on applique les semences à la volée au
est exposé entre les cotylédons (feuilles séminales). Les lieu de les enfouir. Les dommages causés par le gel
plantules de canola sont considérablement résistantes constituent aussi un risque lié aux semis précoces. Une
au gel (-5 à -8 °C) quand elles ont eu le temps de bonne préparation du lit de semence avant le semis à
s’acclimater après plusieurs jours de froid. Par contre, la volée, suivie d’un hersage ou d’un tassage, contribue
les plantules de canola qui poussent par temps chaud, à assurer la régularité de la profondeur de semis et
et qui sont donc plus molles, peuvent être tuées par un bon contact entre la semence et le sol. Les semis
des températures de quelques degrés à peine sous le effectués à la volée peuvent donner des peuplements
point de congélation. Lorsque les semis sont effectués inégaux durant les années sèches.
très tôt, le fait d’accroître les taux de semis de 5 à 10 %
contribuera à compenser la lenteur de la levée et la
Conditions de semis
hausse de la mortalité des plantules.
Le lit de semence doit être de niveau, ferme, friable,
Quand le canola est planté au début du mois d’avril, et humide jusqu’à 2,5 cm (1 po) de profondeur dans
il risque davantage d’être tué par des maladies des le sol. Un lit de semence ferme contribue à préserver
plantules, l’encroûtement du sol et l’altise. Le canola l’humidité près de la surface et favorise l’uniformité
semé à une date précoce risque aussi davantage d’être de la profondeur et de la levée du semis. Un sol à la
envahi par le charançon de la graine du chou aux surface friable couvert à au moins 30 % de résidus n’est
stades de la floraison et du début de la formation des pas sujet à l’encroûtement après des épisodes de pluie
gousses. Il faut être prêt à éliminer les populations battante et permet donc la levée des petites graines
d’altises si le canola tarde à passer le stade où il de canola. Ce point est essentiel parce qu’il n’est
cesse d’être vulnérable à ce ravageur (c.-à-d. stade pas possible de remédier à l’encroûtement après son
de 4 feuilles vraies). On doit semer le canola avant apparition. La croûte peut casser l’hypocotyle (tige de
le début du mois de mai pour réduire le risque de la plantule) qui soutient les cotylédons au-dessus de la
dommages causés par la cécidomyie du chou-fleur. surface du sol.
Consulter le chapitre 15, Insectes et animaux nuisibles
aux grandes cultures, pour obtenir de plus amples
renseignements sur ce ravageur. La photo 6-1 montre
un plant de canola rabougri et déformé à cause d’une
infestation de cécidomyie du chou-fleur.
182
6. Canola de printemps et d’automne
Taux de semis
Exemple de taux de semis
Il faut ajuster le taux de semis en fonction du taux de
levée prévu dans un champ donné en se fondant sur On peut calculer le taux de semis à partir du
divers facteurs comme le type de sol, les conditions poids en grammes de 1 000 graines, qui est
météorologiques, le semoir et la date de semis. Un indiqué sur l’étiquette des semences, avec la
peuplement optimal correspond à 75 à 130 plants formule suivante :
sains par mètre carré (7 à 13 par pied carré), et il faut
une densité d’au moins 54 plants par mètre carré Système métrique
(5 par pied carré) pour maintenir le potentiel de Taux de semis (kg/ha)
rendement. Dans des rangs écartés de 19 cm (7,5 po), = (densité de peuplement désirée par m² x poids
cela équivaut à 14 à 25 plants par mètre (4,5 à 6 par en grammes de 1 000 graines ÷ taux de survie
pied) de rang. Le taux de semis moyen pour le canola des plantules) ÷ 100
est de 5 à 6,2 kg/ha (4,5 à 5,5 lb/ac). Pour déterminer Système impérial
le taux de semis qui donnera un peuplement optimal, Taux de semis (lb/ac)
il faut tenir compte de la taille des semences, du = (densité de peuplement désirée par pi² x poids
pouvoir germinatif ou de la vigueur indiqués sur en grammes de 1 000 graines ÷ taux de survie
l’étiquette des semences, et du pourcentage de levée des plantules) ÷ 10,4
prévu dans le champ concerné.
Taux de survie des plantules (peuplement final)
La taille des semences de canola varie considérablement = % de germination (sur l’étiquette des
d’un cultivar à l’autre, mais elle n’a pas d’incidence sur semences) x % de levée prévu
le pourcentage de levée ou les rendements. On doit Exemple de calcul
calculer le taux de semis cible en kg/ha (ou en lb/ac) en Poids de 5 g pour 1 000 graines, semences
se fondant sur le poids en grammes de 1 000 graines et no 1 ayant un taux de germination garanti de
le pourcentage de germination, tous deux indiqués sur 90 % et pourcentage de levée prévu de 75 %
l’étiquette des semences, ainsi que sur le pourcentage
de levée prévu dans le champ en question. Voir le Taux de survie des plantules
calcul dans l’encadré Exemple de taux de semis. =0,9 x 0,75
=0,675
Le tableau 6-1, Taux de semis du canola, présente le
Taux de semis (kg/ha)
taux de semis cible pour deux pourcentages de levée
= 75 plants/m2 x 5 g ÷ 0,675 ÷ 100
prévus (75 % et 60 %). Si on s’attend à une levée de
= 5,6 kg/ha
seulement 60 %, il faudra utiliser une plus grande
quantité de semences pour obtenir un peuplement Taux de semis (lb/ac)
adéquat. Au tableau 6-1, le peuplement visé est de = 7 plants/pi2 x 5 g ÷ 0,675 ÷ 10,4
75 plants par mètre carré (7 par pied carré), et le = 5,0 lb/ac
taux de survie des plantules correspond au taux de
germination (90 %) multiplié par le pourcentage de
levée prévu (75 % ou 60 %). On doit employer un taux
de semis supérieur à celui indiqué si on souhaite obtenir
un peuplement de plus de 75 plants par mètre carré.
183
Guide agronomique des grandes cultures
184
6. Canola de printemps et d’automne
Le taux de levée et de survie des plantules variera en pour ajuster le taux de semis. Il est possible d’améliorer
fonction de la date et de la profondeur des semis, du la précision du taux de semis en étoffant les semences
type de sol et des maladies des plantules. Selon une avec du soufre élémentaire en granules, du phosphate
étude menée dans les champs de canola de l’Ouest monoammonique, de l’engrais MicroEssentials SZ
du Canada, à peine 40 à 60 % des graines plantées (soufre et zinc) ou des épis de maïs moulus. On ne doit
produisent habituellement des plantules viables. De pas employer d’autres engrais avec les semences de canola
même, en Ontario, on estime qu’un pourcentage parce que la toxicité du sel risquerait de faire diminuer le
de levée de 75 % est raisonnable dans de bonnes taux de germination et de levée.
conditions, mais que si les conditions sont plus
mauvaises que la moyenne, un taux de 60 % constitue
Profondeur de semis
une base de référence raisonnable pour le calcul du
taux de semis. Il faut utiliser le taux de semis se situant Quand on plante une culture, on souhaite une levée
dans la fourchette supérieure recommandée dans les rapide et uniforme. La profondeur de semis a une
champs sujets à l’encroûtement, ou quand les semis se grande incidence sur la vigueur des plantules. Il
font par temps frais ou très tardivement. faut semer à une profondeur de 1,25 à 2,5 cm
(0,5 à 1 po) si le taux d’humidité est adéquat, ou
Une hausse du taux de semis peut faire augmenter la plus profondément au besoin, pour que les graines
levée et la densité du peuplement, mais n’améliorera pas se trouvent sous 0,6 cm (0,25 po) de terre humide.
forcément le rendement final. Le canola est considéré On ne doit pas dépasser une profondeur de 4 cm
comme une plante « plastique », dans le sens qu’elle (1,5 po), sans quoi la levée peut baisser de 50 à 60 %
s’adapte à son environnement et arrive à compenser par rapport à la profondeur optimale. Des semis faits
de fortes variations de son peuplement sans que le dans de la terre humide favorisent une levée et une
rendement final en souffre grandement. Dans des croissance uniformes, ce qui facilitera la détermination
peuplements denses, les plants de canola produiront du calendrier des mesures de lutte contre les mauvaises
moins de branches. Un peuplement dense peut être herbes, d’épandage de pesticides et de récolte. Si le
plus uniforme en ce qui a trait à la formation et à la sol est sec au moment des semis ou dans la semaine
maturation des gousses, alors que des peuplements suivante, il est possible que la mortalité des plantules
clairsemés, comportant plus de branches, auront augmente beaucoup.
une période de floraison plus longue et prendront
plus de temps pour parvenir à maturité. Parfois les Il faut vérifier comment les ouvre-sillons placent
peuplements denses ont des tiges plus minces et versent les semences à différentes profondeurs. Sur certains
davantage, mais ils concurrencent mieux les mauvaises semoirs, si les disques sont réglés à une profondeur de
herbes et peuvent être préférables quand on prévoit de 2,5 cm (1 po), les graines seront seulement déposées
grands dommages causés par l’altise. Les peuplements à la surface. Pour surmonter ce problème, on doit
clairsemés pourraient ne pas donner des rendements régler le sabot à son plus bas sur le disque, et ajuster la
adéquats si le taux d’humidité est faible. profondeur des ouvre-sillons. Des roues plombeuses
installées sur le semoir permettent de placer les
semences uniformément au fond de la raie. Le rebond
Étoffement des semences du semoir peut poser davantage de difficultés à des
Avec certains vieux semoirs traditionnels, il peut être vitesses supérieures à 8 km/h. Si le canola est semé
difficile de respecter les taux de semis visés pour le canola. à l’aide d’une trémie de semoir à graminées, il faut
On doit calibrer l’appareil avant de se rendre au champ orienter les tubes à semences derrière les ouvre-sillons
et vérifier que les ouvertures des logettes à semences et devant les roues plombeuses. La photo 6-2 montre
ont toutes le même réglage. On peut utiliser des roues la levée d’une plantule de canola qui a été semé à une
dentées fonctionnant à basse vitesse ou des agents profondeur de 2,5 cm (1 po).
d’étoffement des semences avec des semoirs traditionnels
185
Guide agronomique des grandes cultures
186
6. Canola de printemps et d’automne
Les écarts de maturité entre les cultivars sont herbes et la sécheresse peuvent limiter la croissance
généralement de moins de sept jours. Quand on retarde racinaire; ainsi, le rendement potentiel du canola
les semis de canola, les plants s’adaptent en passant dépendra d’averses opportunes pendant la floraison
plus rapidement par les différents stades végétatifs grâce et le remplissage des gousses. La croissance racinaire
aux températures plus élevées habituellement présentes atteint son apogée à la floraison.
à cette période. Règle générale, le report des semis
d’une semaine retarde la maturation de trois jours.
Une température élevée (c.-à-d. de plus de 28 °C) au Croissance des plants
moment de la floraison peut faire avorter les fleurs et La germination du canola est semblable à celle des
les gousses et nuire considérablement au rendement. autres dicotylédones : les plants lèvent généralement
Le stress causé par la sécheresse et la chaleur a pour de 4 à 15 jours après les semis, selon l’état du sol et
effet d’accélérer la maturation. les conditions météorologiques. La petite graine du
canola n’alimente la croissance que pendant environ
sept jours avant que les plants utilisent des éléments
Système racinaire nutritifs provenant du sol ou de la photosynthèse.
Le canola a une grande racine pivotante qui peut La mortalité des plantules peut être élevée si la levée
s’enfoncer jusqu’à 1,5 m (4,9 pi) dans le sol dans n’est pas rapide et uniforme. À leur sortie du sol, les
des conditions de croissance favorables, mais il est plantules ont des racines de 3 à 5 cm (1,2 à 2 po) de
incapable de pénétrer une croûte et est vulnérable long. La première feuille vraie apparaît 4 à 8 jours
au compactage du sol. Environ 70 % de son système après la levée. La photo 6-3 montre une plantule
racinaire se trouve dans les premiers 15 cm (6 po) de canola au premier stade foliaire : elle arbore ses
sous la surface du sol. Une croissance racinaire premières feuilles vraies et deux cotylédons. Le point
précoce améliore grandement les rendements finaux. végétatif du canola se trouve entre les cotylédons
Si, pendant les premiers stades végétatifs, la couche (feuilles séminales) et est vulnérable aux dommages
arable est humide mais que le sous-sol est sec, le causés par le gel, l’altise et la grêle. Le développement
système racinaire sera peu profond. Les racines foliaire influe directement sur la vitesse de croissance
du canola ne poussent pas en vue de chercher de et le rendement final. Le canola est généralement
l’eau ou des éléments nutritifs; elles se contentent plutôt lent à atteindre le stade 4 feuilles, et c’est
d’intercepter ce qui est à leur portée. La compaction pourquoi il combat mal les mauvaises herbes.
du sol, la concurrence exercée par les mauvaises
187
Guide agronomique des grandes cultures
Mûrissement
Le remplissage des gousses se termine 30 à 40 jours
après la floraison. Le mûrissement des gousses débute
au pied du plant; des gousses peuvent se développer
à cette hauteur alors que les bourgeons floraux se
forment près du sommet du plant. La sénescence des
feuilles débute une fois que les graines sont vertes,
Photo 6-3 – Plantule de canola au premier stade et les plants prélèvent alors une bonne part des
foliaire photosynthétats dans l’enveloppe des gousses, bien
Le canola peut former six feuilles cireuses sans poils que la tige joue aussi un rôle important à cet égard.
sous forme de rosette avant le début de l’élongation Pendant leur formation, les gousses peuvent avorter si
de la tige. Les jeunes feuilles poussent au centre de la elles subissent du stress découlant de la température ou
rosette. Quand le plant forme et maintient une surface d’une sécheresse.
foliaire en hauteur, il donne de meilleurs rendements.
Le canola d’automne, dans son cas, doit atteindre le Les semences de cultivars argentins matures (Brassica
stade de la rosette avant l’hiver. Les feuilles à l’extrémité napus) sont brun-noir, et pendant la maturation des
de la rosette pourraient ne pas survivre à l’hiver, mais les graines et le changement de coloration du tégument,
plants, eux, demeureront viables si leur collet n’est pas l’intérieur de la semence (embryon) commence lui aussi
endommagé et s’ils ne sont pas soulevés hors du sol. à perdre sa couleur verte. Le changement de couleur des
graines débute dans le bas du plant et progresse le long
Pour le canola de printemps et d’automne, l’allongement de la tige principale à mesure que leur teneur en eau
des jours et l’augmentation des températures au baisse. Quand le tégument de 30 à 40 % des graines
printemps déclenchent la formation de bourgeons au sur la tige principale a commencé à changer de couleur,
centre de la rosette et la « montée » rapide de la tige. la teneur en eau globale des graines est de 30 à 35 %,
Trois à cinq branches secondaires pousseront à partir de et les graines des dernières gousses formées finissent de
l’aisselle des feuilles le long de la tige principale, laquelle se remplir. Le changement de coloration des graines
atteindra sa longueur maximale sensiblement en même progresse d’environ 10 % tous les deux ou trois jours; le
temps que le pic de la floraison. Lorsque la densité du phénomène s’accélère par temps chaud, et peut ralentir
peuplement est faible, le canola développe une tige par temps frais. À la maturité des graines, la couleur
principale plus épaisse et se ramifie davantage. En raison de la gousse variera en fonction du cultivar et de
de cette ramification accrue, les plants fleurissent durant l’environnement; la coloration de la gousse ou du plant
une plus longue période et prennent davantage de temps dans le champ n’est donc pas une bonne indication de
à parvenir à maturité. La tige est une source importante la maturité des graines ou de leur teneur en eau. Les
de photosynthétats au cours du remplissage des gousses gousses matures s’égrènent facilement.
et des graines.
Floraison
Gestion de la fertilisation
La floraison commence au bourgeon situé le plus Épandage et calendrier
bas sur la tige principale et s’étend vers le haut sur
les branches principale et secondaires. Les fleurs La plupart des engrais destinés au canola sont épandus à la
demeurent réceptives à la pollinisation trois jours après volée. Vu l’importance des besoins en azote et les méthodes
leur ouverture, et la floraison dure de 14 à 21 jours. de semis employées, il est difficile et risqué d’épandre des
Le plant ne peut pas former autant de gousses qu’il engrais en bandes. Cette méthode peut toutefois convenir
a de bourgeons : il est donc normal que des fleurs dans certains cas, surtout quand le sol contient peu de
et des gousses avortent. Le canola est une plante à phosphore et qu’il serait avantageux d’épandre 20 kg/ha
autofécondation ou à fécondation croisée, selon divers (18 lb/ac) de phosphore avec les semences.
188
6. Canola de printemps et d’automne
Tableau 6-4 – Directives relatives à l’épandage d’azote au printemps pour le canola d’automne
(doses les plus profitables)
Rapport de prix1 Rendement prévu
($/kg de N ÷ $/kg 2 tonnes/ha 3 tonnes/ha 4 tonnes/ha
de canola) (0,81 t/ac) (1,21 t/ac) (1,62 t/ac)
3,3 125 kg/ha d’azote 170 kg/ha d’azote 195 kg/ha d’azote
2,5 160 kg/ha d’azote 195 kg/ha d’azote 210 kg/ha d’azote
2,0 180 kg/ha d’azote 210 kg/ha d’azote 220 kg/ha d’azote
100 kg/ha = 90 lb/ac
1 t/ha = 893 lb/ac ou 44,1 bo/ac
1
Le rapport de prix est le coût de l’azote (N) contenu dans l’engrais ($/kg d’azote) divisé par le prix de vente du canola ($/kg de canola).
Exemple de rapport de prix :
Le prix du nitrate d’ammonium et d’urée (NAU) est de 350 $/t.
Un kg d’azote coûte 350 $ ÷ 280 = 1,25 $/kg.
La valeur du canola est de 420 $/t, ou 0,42 $/kg.
Le rapport de prix est de 1,25 $ ÷ 0,42 $ = 3.
Il faut 3 kg de canola pour payer 1 kg d’azote.
189
Guide agronomique des grandes cultures
Phosphate et potasse
Tableau 6-6 – Directives relatives à la potasse
Les recommandations relatives à ces deux éléments pour (K2O) pour le canola
les cultures de canola sont présentées aux tableaux 6-5,
Directives relatives au phosphate pour le canola, et 6-6, D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
Directives relatives à la potasse pour le canola, d’après les L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque
analyses de sol reconnues par le MAAARO. Pour plus l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain de
rendement ou de qualité dépasse le coût d’application de
d’information sur l’utilisation de ces tableaux, ou en l’élément nutritif en question.
l’absence d’une analyse de sol reconnue par le Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais
MAAARO, voir la section Directives relatives aux en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la
engrais du chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs. section sur le fumier du chapitre 9).
Légende : RÉ = réaction élevée RM = réaction moyenne RF
= réaction faible RTF = réaction très faible RN = réaction
Tableau 6-5 – Directives relatives au phosphate nulle
(P2O5) pour le canola
Teneur en potassium
D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
évaluée à l’acétate Quantité de potasse à
L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque d’ammonium appliquer
l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain
de rendement ou de qualité dépasse le coût d’application 0 à 15 ppm 70 kg/ha (RÉ)
de l’élément nutritif en question. 16 à 30 ppm 50 kg/ha (RÉ)
Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais 31 à 45 ppm 40 kg/ha (RÉ)
en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la
46 à 60 ppm 30 kg/ha (RÉ)
section sur le fumier du chapitre 9).
61 à 80 ppm 20 kg/ha (RM)
Légende : RÉ = réaction élevée RM = réaction moyenne RF
= réaction faible RTF = réaction très faible RN = réaction 81 à 100 ppm 20 kg/ha (RM)
nulle 101 à 120 ppm 0 (RF)
Teneur en phosphore 121 à 250 ppm 0 (RTF)
évaluée au bicarbonate de Quantité de phosphate à
251 ppm et plus 0 (RN)1
sodium appliquer
100 kg/ha = 90 lb/ac
0 à 3 ppm 70 kg/ha (RÉ)
1
Quand la cote est « RN », l’application de potasse
4 à 5 ppm 60 kg/ha (RÉ) sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire
6 à 7 ppm 50 kg/ha (RÉ) le rendement ou la qualité des cultures. Par exemple,
8 à 9 ppm 30 kg/ha (RÉ) l’épandage de potasse dans des sols pauvres en
magnésium peut provoquer une carence en magnésium.
10 à 12 ppm 20 kg/ha (RM)
13 à 15 ppm 20 kg/ha (RM)
16 à 30 ppm 0 (RF) Besoins en phosphore (P)
31 à 60 ppm 0 (RTF) Le canola a besoin de davantage de phosphore que les
61 ppm et plus 0 (RN)1 céréales vu que la teneur des graines en protéines est plus
100 kg/ha = 90 lb/ac élevée. Une culture de canola de 2,5 t/ha (1 t. c./ac) prélève
1
Quand la cote est « RN », l’application du phosphore en moyenne 53 kg/ha (48 lb/ac) d’engrais phosphaté
sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire le (P205) jusqu’à sa récolte. Les plants absorbent aussi 22 kg/
rendement ou la qualité des cultures. Ainsi, des apports
en phosphore peuvent entraîner des carences en zinc ha (20 lb/ac) de phosphore qui sera recyclé dans les résidus
dans les sols pauvres en zinc et augmenter les risques de de culture. Le canola prélève rapidement le phosphore du
pollution de l’eau. sol au début de sa croissance et continue d’en absorber
pendant environ huit semaines au maximum. Même s’il
a besoin d’une grande quantité de cet élément nutritif, on
obtient généralement un rendement maximal en épandant
des doses inférieures à celles requises pour la plupart des
céréales de printemps. Les racines du canola prolifèrent
abondamment lorsque des engrais phosphatés sont
appliqués en bandes. De plus, même si les plants réagissent
bien aux engrais phosphatés de démarrage, ils sont aussi
sensibles aux dommages causés par le sel. Consulter à ce
sujet le tableau 9-22, Doses maximales sûres des éléments
nutritifs dans les engrais, au chapitre 9.
190
6. Canola de printemps et d’automne
Lorsqu’on épand du phosphore, il est important de La dose d’azote, de potasse (K2O) et de soufre
fournir un apport adéquat près de la ligne de semences appliquée avec les semences ne doit pas dépasser
pour que les plants y aient facilement accès. Pour 11 à 33 kg/ha (10 à 30 lb/ac) selon le type de sol.
obtenir un rendement donné, il faut appliquer à la On réserve la dose la plus faible aux loams sableux.
volée de deux à quatre fois plus de phosphore que pour
un épandage en bandes, et le risque de ruissellement Le sulfate d’ammonium a un indice de sel élevé : une
est alors plus élevé. Selon des études réalisées au dose supérieure à 22 kg/ha (20 lb/ac) peut réduire la
Canada, le rendement du canola est optimal quand levée, surtout par temps sec.
on épand au départ de 17 à 22 kg/ha (15 à 20 lb/ac)
d’engrais phosphaté de démarrage, même quand le Soufre
sol est très fertile. L’engrais phosphaté de démarrage
est plus susceptible d’être efficace dans les sols froids Le soufre s’associe à la matière organique du sol et est
et peu fertiles lorsque les semis sont précoces. Des mobile, comme l’azote. C’est pourquoi les carences
études sur le canola ont confirmé que le phosphate sont plus susceptibles de se présenter dans un sous-sol
monoammonique (11-52-0) est aussi efficace que sableux ou meuble qui est pauvre en matière organique.
d’autres engrais de démarrage secs et des engrais Le canola a des besoins en soufre largement supérieurs
phosphatés liquides. On voit à la photo 6-4 l’effet de à ceux des autres grandes cultures, et les carences en cet
l’engrais de démarrage au début de la croissance dans élément sont de plus en plus courantes dans les champs
un sol moyennement fertile : à gauche, la culture de canola en raison des rendements élevés de la culture
n’a reçu aucun engrais de démarrage, alors qu’à et des apports moindres en soufre provenant des dépôts
droite, elle a reçu 55 kg/ha (50 lb/ac) de phosphate laissés par les pluies acides. Une carence peut se produire
monoammonique en tant qu’engrais de démarrage au à n’importe quel stade de la culture et ainsi réduire les
moment des semis. rendements; à la photo 6-5, on montre une carence au
stade de la rosette.
191
Guide agronomique des grandes cultures
Il est possible d’épandre du soufre à la volée pour Tableau 6-7 – Interprétation des résultats
pallier une carence observée. Idéalement, la dose d’analyse des tissus végétaux pour le canola
requise doit être appliquée au complet avant le stade de Les valeurs s’appliquent à la plus haute feuille pleinement
6 feuilles de la culture, où les besoins commencent à formée avant la floraison. Il faut noter que plus les plants sont
vieux, plus la concentration en éléments nutritifs a tendance à
monter en flèche, mais un épandage fait avant le début baisser. C’est pourquoi la valeur la plus basse de la plage de
de la floraison peut améliorer les rendements en cas suffisance s’applique davantage aux jeunes plants.
de carence. Les plants absorbent efficacement le soufre Les valeurs de référence se fondent sur des données de C.O.
venant des traitements foliaires effectués le soir ou tôt Plank et M.R. Tucker, 2000.
le matin, moments où la température est modérée et le Concentration Plage de
taux d’humidité, élevé. Élément nutritif critique1 suffisance2
Azote (N) 3,6 % 4,0 à 6,4 %
Phosphore (P) 0,37 % 0,42 à 0,69 %
Bore
Potassium (K) 2,15 % 3,5 à 5,10 %
Les carences en bore sont rares dans les cultures de Soufre (S) 0,47 % 0,65 à 0,90 %
canola. Selon des essais menés dans des champs en
Calcium (Ca) 1,60 % 2,1 à 3,0 %
Ontario où l’on pulvérisait sur le feuillage 0,34 kg/ha
Magnésium (Mg) 0,10 % 0,15 à 0,62 %
(0,3 lb/ac) de bore au début de la floraison, cette
Bore (B) 20,0 ppm 25 à 54 ppm
pratique n’améliore pas le rendement sur le plan
Cuivre (Cu) 4,0 ppm 5 à 25 ppm
économique de manière uniforme. Bien que
rare, la carence en cet élément peut diminuer Manganèse (Mn) 20 ppm 30 à 250 ppm
considérablement les rendements. Voici quelques 1
Prévoir une baisse de rendement due à une carence en
un élément nutritif donné lorsque la concentration de ce
signes de carence en bore : dernier tombe au niveau critique ou sous celui-ci.
2
La fourchette inférieure de la plage de suffisance
• Aspect rabougri des plants; présuppose un rendement relatif de 100 %.
• Présence de zones brunes sur la moelle de la tige,
ou de tiges fendues;
• Brunissement ou rougissement des nouvelles feuilles, Récolte et entreposage
et présence de taches jaunes ou brunes entre les Le plus souvent, en Ontario, le canola est récolté
nervures des feuilles; par moissonnage-battage, bien que l’andainage soit
• Déformation des feuilles en cuillère; employé dans certaines régions. Le moissonnage-
• Période de floraison prolongée et mauvaise pollinisation; battage donne habituellement une meilleure qualité
de graines que l’andainage, vu qu’il y a moins de
Cette carence peut être palliée par des applications sur particules fines et de graines vertes. L’andainage
le feuillage ou au sol d’engrais solubles à base de bore. peut toutefois réduire les pertes par égrenage et être
préférable dans les champs où la maturité est inégale.
Analyse des tissus végétaux Pour en savoir plus sur l’évaluation de la maturité et
le calibrage du matériel de moissonnage-battage et
Les analyses des tissus végétaux visant à diagnostiquer d’andainage, voir la section Managing Harvest de la
les carences ne sont pas au point. Il est difficile publication Canola Encyclopedia du Conseil canadien
d’évaluer la concentration en éléments nutritifs des du canola (www.canolacouncil.org).
plants de canola en fonction de leur âge, de la partie
analysée et du degré de stress qu’ils subissent. Quand le
canola est soumis à un stress, il est possible qu’il pousse Récolte par coupe directe
à une vitesse moindre, mais il continuera malgré tout Le moissonnage-battage donne de meilleurs résultats
d’absorber des éléments nutritifs. L’analyse des tissus lorsque la maturité de la récolte est uniforme et
végétaux doit être conjuguée à une analyse de sol de que celle-ci est relativement exempte d’alternariose,
façon à faciliter l’interprétation des résultats. Pour partiellement versée, abondante et bien fournie. Ces
faire analyser les tissus d’un plant de canola, il faut conditions réduisent le risque d’égrenage et de chute
prélever la feuille mature la plus récemment formée. des gousses due au vent ou à une pluie battante. La
Le tableau 6-7, Interprétation des résultats d’analyse culture est prête à être récoltée par coupe directe quand
des tissus végétaux pour le canola, indique les plages les gousses sont sèches et cliquettent si on les secoue.
de valeurs normales pour cette culture. Il doit y avoir peu de graines vertes, et la teneur en eau
des graines doit être de 10 % ou moins. Il faut récolter
192
6. Canola de printemps et d’automne
la culture dès que ces conditions sont réunies, car plus graines de canola peuvent perdre rapidement leur
les plants matures restent longtemps dans le champ, humidité; il est donc important d’en vérifier la teneur
plus les pertes par égrenage augmentent. Si le degré en eau pour assurer un andainage idéal.
de maturité est inégal, il faut évaluer le besoin et le
coût d’emploi d’un dessiccant et faire la comparaison
Herbicides pré-récolte pour faciliter
avec l’andainage. La teneur en huile de la graine est
la récolte du canola
généralement plus élevée lorsque la culture est récoltée
par coupe directe. Quand la culture de canola risque de Un traitement à l’herbicide effectué avant la récolte peut
verser ou de retomber, on diminuera considérablement faciliter la coupe directe en accélérant l’assèchement
les pertes par égrenage si on fait la récolte dans le sens des plants de canola. L’emploi d’un herbicide n’accélère
de la verse. toutefois pas la maturation. Cette méthode peut
être utile si la récolte est inégale puisqu’elle réduit
les risques d’égrenage des plants matures pendant
Andainage l’assèchement des parties moins matures. Il faut
Le meilleur moment pour andainer le canola est récolter aussitôt que la culture est prête parce qu’un
lorsque 50 à 60 % des graines des gousses de la assèchement plus poussé accroît les risques de pertes
tige principale ont changé de couleur. Dans les par égrenage.
exploitations cultivant le canola sur une grande
superficie, on doit commencer l’andainage lorsque On peut en outre appliquer des herbicides avant la
30 % des graines ont changé de couleur pour pouvoir récolte pour éliminer les mauvaises herbes, ce qui peut
récolter la plus grande partie de la superficie près de faciliter la récolte et réduire les impuretés. L’application
l’état de maturité optimal et éviter un état de maturité de glyphosate sur le canola Roundup Ready facilite la
trop avancé, qui entraîne l’égrenage des gousses. destruction chimique des mauvaises herbes, mais elle
n’assèche pas la culture. Si l’on prévoit de semer du blé
Pour évaluer le stade de maturité, on ne doit tenir d’automne et que les mauvaises herbes vivaces exercent
compte que des gousses qui se trouvent sur la tige une forte pression, la meilleure option pourrait être
principale. Comme ce sont les gousses du bas du plant une destruction chimique effectuée avant la récolte; en
qui mûrissent en premier, celles du haut peuvent effet, après la récolte du canola, il ne reste pas assez de
être encore verdâtres lorsque le champ est prêt pour parties aériennes des mauvaises herbes pour permettre
l’andainage. Il ne faut pas laisser le mûrissement une lutte efficace.
précoce dû à la pourriture à sclérotes ou à l’alternariose
fausser l’évaluation du stade optimal pour l’andainage,
Moissonnage-battage du canola
puisque la majeure partie du rendement viendra des
plants sains. On doit choisir un moment où la majeure Le meilleur moment pour récolter le canola, par
partie du champ se trouve au stade voulu tout en coupe directe ou par andainage, est lorsqu’il y a
vérifiant que dans les parties moins matures, les graines quelques graines vertes et que la teneur en eau des
sont vertes et fermes, et ne sont plus translucides. Les graines est inférieure à 10 %. Selon les conditions
graines encore vertes qui ne s’écrasent pas lorsqu’on météorologiques, les graines perdent rapidement leur
les fait rouler entre ses doigts sont suffisamment mûres humidité à raison de 1 à 3 % par jour ou plus. Il ne
pour l’andainage. faut pas tarder à récolter la culture, parce que les pertes
par égrenage augmentent énormément environ 10 jours
Il est parfois avantageux d’andainer la culture après la date de récolte optimale. Pour réduire ces
lorsqu’elle est humectée par la rosée ou par une pertes, on peut effectuer le moissonnage-battage
fine bruine. Il faut laisser un chaume assez haut lorsque les graines ont une teneur en eau plus élevée
– 25 à 30 cm (10 à 12 po) – pour qu’il supporte et faire sécher la récolte, ou bien récolter la culture de
l’andain étalé et le maintienne au sol, et pour limiter nuit ou en présence de rosée. Beaucoup d’opérateurs
l’usure de la moissonneuse-batteuse. Le canola commencent le moissonnage-battage quand les graines
mûrit et s’assèche rapidement dans l’andain étalé. ont une teneur en eau d’un peu plus de 10 %.
Habituellement, après 5 à 10 jours de temps sec, sa
teneur en eau a assez diminué pour que les graines On se retrouve avec des problèmes de graines vertes
des gousses de la partie supérieure du plant soient quand la chlorophylle n’est pas décomposée ou
fermes. Dans des conditions de séchage idéales, les éliminée dans la graine. Il faut vérifier les échantillons
193
Guide agronomique des grandes cultures
de récolte en écrasant les graines sur un bout de papier poches d’échauffement dans les cellules de stockage.
et en déterminant le pourcentage de graines qui sont Il faut faire sécher les graines ayant une teneur en eau
clairement vertes. Le canola de catégorie Canada nos supérieure à 10 % au cours des deux semaines suivant
1 et 2 peut en contenir respectivement 2,0 % et 6,0 % la récolte pour éviter leur détérioration. La vitesse
au maximum. Par temps chaud ou venteux, les graines de dégradation du canola entreposé dépend de la
peuvent présenter une teneur en eau propice à la température d’entreposage, de l’humidité relative, de la
récolte sans toutefois avoir eu le temps de perdre leur teneur en eau des graines, de la durée de l’entreposage
chlorophylle. Des épisodes de rosée ou de pluie légère et de la qualité initiale de la récolte (graines vertes,
favorisent la disparition de la couleur verte des graines. impuretés, etc.). Il faut vérifier l’état du canola
entreposé toutes les semaines.
Lorsqu’on récolte les andains étalés de canola, il faut
ajuster la vitesse et la hauteur de ramassage pour Pour en savoir plus sur le séchage, la manutention et
passer tout juste sous l’andain étalé et le soulever l’entreposage du canola, voir la feuille d’information
doucement. De plus, en ralentissant la vitesse Storage of Canola se trouvant sur le site Web du ministère
d’avancement de la moissonneuse-batteuse, on peut de l’Agriculture de l’Alberta (www.agric.gov.ab.ca).
réduire considérablement les pertes à la récolte. Au
cours de la journée, il faut poursuivre la surveillance et
ajuster la moissonneuse-batteuse pour réduire autant Autres problèmes liés aux cultures
que possible les pertes à la récolte. Si 54 graines/m2
(5 graines/pi2) restent au sol, cela équivaut à des pertes Insectes et maladies
de 1 kg/ha (0,9 lb/ac). En moyenne, celles-ci se situent
La figure 6-1, Calendrier de dépistage des ennemis
entre 10 et 50 kg/ha (9 à 45 lb/ac).
du canola, indique les causes possibles des signes
observés dans le champ. Les descriptions des insectes
Entreposage du canola et maladies et des stratégies de dépistage et de lutte se
Le canola est considéré comme sec à une teneur en trouvent au chapitre 15, Insectes et animaux nuisibles
eau de 10 %, mais s’il doit être entreposé à long aux grandes cultures, et au chapitre 16, Maladies des
terme, ce taux doit être de 8 à 9 %. Vu la petite grandes cultures.
taille des graines et leur teneur en huile élevée,
un échauffement se produit rapidement pendant Les traitements recommandés pour la lutte contre
l’entreposage. Cet échauffement endommage les les insectes et animaux nuisibles et les maladies sont
graines, qui présentent alors une teneur plus élevée en présentés dans la publication 812F du MAAARO,
acides gras libres et des problèmes de rancissement. Guide de protection des grandes cultures.
Une forte teneur en acides gras libres cause des
problèmes dans les broyeurs, et le chargement peut Gel
être refusé s’il comporte des graines échauffées.
Les plantules de canola peuvent se remettre d’une
gelée printanière légère si leur point végétatif n’est pas
Avant d’entreposer le canola, il faut vérifier si les
endommagé. Avant d’entreprendre quoi que ce soit, il
cellules de stockage ont des trous pour prévenir
faut attendre quatre à cinq jours pour pouvoir évaluer
les fuites, car les graines se déverseront librement.
les dommages. On doit examiner le point végétatif et
On doit aérer le canola immédiatement après la
vérifier s’il y a du vert au centre des rosettes. Même si
récolte pour réduire les risques d’échauffement et de
les cotylédons et les autres feuilles sont noirs, il peut
pourriture. Le canola fraîchement récolté maintient
y avoir une repousse au bout de 4 à 10 jours, selon
une forte respiration pendant un maximum de six
les conditions météorologiques, si le point végétatif
semaines avant d’entrer en dormance et de pouvoir
est encore en vie. La photo 6-6 montre de nouvelles
être entreposé sans risque. Les ventilateurs d’aération
pousses sur une plantule de canola touchée par le gel
conçus pour conditionner les céréales et d’autres grains
mais dont le point végétatif est indemne.
ne conviennent pas toujours au canola, vu la petite
taille de ses graines. Le front de refroidissement prend
plus du double du temps à traverser l’ensemble des
graines de canola que pour le blé. Les graines vertes
de canola (impuretés) ont habituellement une teneur
en eau plus élevée de 3 à 4 % et peuvent créer des
194
6. Canola de printemps et d’automne
195
Guide agronomique des grandes cultures
beaucoup quand le peuplement est clairsemé, il est stress provoqué par la sécheresse pendant le remplissage
possible que la perte de plants n’ait pas une énorme des gousses. On voit à la photo 6-8 un plant de canola
incidence sur le rendement. Si l’épisode de grêle touché par l’échaudage. Les récoltes ayant de fortes
survient durant la croissance végétative et cause une proportions de graines brunes peuvent ne pas convenir
perte de surface foliaire, le rendement sera alors moins au marché de l’alimentation humaine parce qu’elles
élevé. Les meurtrissures et le bris des tiges entraîneront ont une teneur beaucoup plus élevée en acides gras
des pertes plus importantes. libres et en phosphore, ce qui écourte la durée de
conservation de l’huile. Quelques recherches indiquent
Si la grêle survient pendant la floraison, les plants peuvent que la quantité de graines brunes s’accroît lorsque des
compenser en formant des grappes secondaires et de insectes se nourrissent des graines en développement
nouvelles ramifications. Voir à ce sujet le tableau 6-8, (p. ex. punaise terne, punaise et charançon de la graine
Pourcentage de perte de rendement due à la destruction du chou). L’homologation d’un nouveau cultivar
des ramifications pendant la floraison du canola. Les n’est possible que si sa teneur en acides gras libres est
pertes de rendement sont plus importantes quand la inférieure à celle des cultivars existants.
grêle tombe à la fin de la floraison et au stade du
remplissage des gousses. Le canola se remet mal
de la grêle quand il a commencé à remplir ses gousses.
Si la grêle tombe entre la floraison et le remplissage
des gousses, elle provoquera une poussée de croissance
et la pousse de fleurs, ce qui engendrera une
maturité inégale.
196
6. Canola de printemps et d’automne
197
7. Autres cultures
199
Guide agronomique des grandes cultures
un problème qui affecte le soya, les haricots secs Les semis faits avec un semoir à céréales donnent un
comestibles, le canola, le tournesol et le sarrasin. Dans peuplement plus uniforme, mais on peut aussi obtenir
la mesure du possible, il faut éviter les champs sujets des résultats satisfaisants avec des semis à la volée. Il
à la pourriture à sclérotes et planifier la rotation de faut semer à une profondeur de 4 à 6 cm (1,5 à 2,5 po)
manière à ce que ces cultures ne se succèdent pas. dans de la terre humide pour que la levée soit rapide et
uniforme. Les plantules devraient lever en l’espace de
Afin de réduire la proportion de repousses de céréales deux à cinq jours.
quand on cultive le sarrasin pour la semence, il faut
éviter les champs où l’on a précédemment cultivé Pour la production de céréales, on recommande
d’autres céréales. On peut remédier à ce problème un taux de semis de 50 à 65 kg/ha (45 à 60 lb/ac).
par un travail du sol à l’automne et par le semis d’une On obtiendra ainsi un peuplement idéal de 140 à
culture couvre-sol d’automne que l’on incorpore au 183 plants/m2 (13 à 17 plants/pi2).
printemps avant de semer le sarrasin.
Pour le sarrasin utilisé comme engrais vert ou culture
couvre-sol, le taux de semis optimal est de 50 à 60 kg/ha
Choix des cultivars
(45 à 54 lb/ac). Des taux de semis plus élevés donnent
Si la culture est destinée à l’exportation, le choix un peuplement plus dense qui contribue à étouffer
du cultivar est important. Les marchés japonais, les mauvaises herbes. Cependant, même avec un
nord-américain et européen exigent des cultivars peuplement plus clairsemé, la capacité du plant de
à grosses graines propices à la production de farine se ramifier compense souvent les espaces vides, ce
et de graines décortiquées. qui assure malgré tout une bonne lutte contre les
mauvaises herbes.
Les nouveaux cultivars ont tendance à produire des
graines plus grosses et ont un poids plus élevé au
boisseau. Ces cultivars à grosses graines ont des feuilles Utilisation comme engrais vert
plus larges, et par conséquent n’exigent pas un taux de Le sarrasin est capable de prélever le phosphate non
semis plus élevé que ceux à plus petites graines. assimilable par les autres cultures, augmentant ainsi
la quantité de phosphore biodisponible pour les
Pour trouver des fournisseurs de semences, se référer à cultures qui lui succèdent. Pour tirer avantage de
la liste Fournisseurs de semence de plantes de couverture son importante biomasse, on doit l’incorporer ou
affichée sur le site Web du MAAARO à l’adresse le détruire par des moyens chimiques de quatre à
ontario.ca/cultures. sept semaines après le semis, avant que la grenaison
ne commence. Si on laisse la culture atteindre la
pleine floraison, il y a de plus grands risques de
Semis
problèmes de repousse l’année suivante.
Le sarrasin germe à des températures allant de 7 à 40,5 °C
et fleurit 5 à 6 semaines après le semis. C’est une plante
à croissance indéterminée : sa maturation ne se fait Gestion de la fertilisation
donc pas de manière uniforme. On obtient un rendement Le sarrasin a des besoins de fertilisation similaires à
maximal quand le semis a lieu immédiatement après le ceux de l’avoine. Le tableau 7-1, Besoins en azote du
dernier gel. Un semis précoce fait dans des conditions sarrasin, le tableau 7-2, Directives relatives au phosphate
propices à la levée contribue à réduire au minimum les pour le sarrasin et le lin, et le tableau 7-3, Directives
problèmes de repousse l’année suivante. Traditionnellement, relatives à la potasse pour le sarrasin et le lin, montrent
le sarrasin était semé au milieu de l’été et souvent les doses recommandées d’azote, de phosphate et de
récolté après le gel. Cette méthode permet certes potasse selon les résultats d’analyses
d’éviter la floraison par temps chaud, mais les graines de sol reconnues par le MAAARO.
immatures tombent alors au sol et font réduire les
rendements, sans compter qu’elles créent éventuellement
un grave problème de repousse dans les cultures suivantes.
200
7. Autres cultures
Tableau 7-1 – Besoins en azote du sarrasin Tableau 7-3 – Directives relatives à la potasse
Dose maximale d’azote pour (K2O) pour le sarrasin et le lin
Région de croissance le sarrasin D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
Sud de l’Ontario 35 kg/ha (30 lb/ac) L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque
Nord de l’Ontario 55 kg/ha (50 lb/ac) l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain de
rendement ou de qualité dépasse le coût d’application de
l’élément nutritif en question.
L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais
l’accroissement de la valeur de la récolte créé par en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la
section sur le fumier du chapitre 9).
le gain de rendement ou de qualité dépasse le coût
Légende : RÉ = réaction élevée RM = réaction moyenne
d’application de l’élément nutritif en question. RF = réaction faible RTF = réaction très faible RN =
réaction nulle
Si on applique du fumier, il faut réduire les épandages Teneur en potassium
d’engrais en fonction de la quantité et de la qualité évaluée à l’acétate Quantité de potasse à
du fumier. Voir à ce sujet le tableau 9-10, Quantités d’ammonium appliquer
habituelles d’azote, de phosphate et de potasse 0 à 15 ppm 70 kg/ha (RÉ)
biodisponibles selon la source d’éléments nutritifs 16 à 30 ppm 50 kg/ha RÉ)
organiques, au chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs. 31 à 45 ppm 40 kg/ha (RÉ)
46 à 60 ppm 30 kg/ha (RÉ)
Tableau 7-2 – Directives relatives au phosphate 61 à 80 ppm 20 kg/ha (RM)
(P2O5) pour le sarrasin et le lin
81 à 100 ppm 20 kg/ha (RM)
D’après les analyses de sol reconnues par le MAAARO.
101 à 120 ppm 0 kg/ha (RF)
L’épandage d’éléments nutritifs est rentable lorsque
l’accroissement de la valeur de la récolte créé par le gain de 121 à 250 ppm 0 kg/ha (RTF)
rendement ou de qualité dépasse le coût d’application de 251 ppm et plus 0 kg/ha (RN)1
l’élément nutritif en question.
100 kg/ha = 90 lb/ac
Si on utilise du fumier, il faut réduire les épandages d’engrais 1
Quand la cote est « RN », l’application de potasse
en fonction de la quantité et de la qualité du fumier (voir la
sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire
section sur le fumier du chapitre 9).
le rendement ou la qualité des cultures. Par exemple,
Légende : RÉ = réaction élevée RM = réaction moyenne l’épandage de potasse dans des sols pauvres en
RF = réaction faible RTF = réaction très faible RN = magnésium peut provoquer une carence en magnésium.
réaction nulle
Teneur en phosphore
évaluée au bicarbonate Quantité de phosphate à Récolte et entreposage
de sodium appliquer
0 à 3 ppm 70 kg/ha (RÉ) Récolte
4 à 5 ppm 60 kg/ha (RÉ) Le sarrasin est une plante indéterminée. Le plant porte
6 à 7 ppm 50 kg/ha (RÉ) des fleurs, des graines vertes et des graines matures
8 à 9 ppm 30 kg/ha (RÉ) en même temps. La floraison commence de cinq à
10 à 12 ppm 20 kg/ha (RM) six semaines après le semis et se poursuit pendant au
13 à 15 ppm 20 kg/ha (RM) moins un mois. Les insectes, les abeilles mellifères et les
16 à 30 ppm 0 (RF) abeilles coupeuses de feuilles – les principaux agents de
31 à 60 ppm 0 (RTF) pollinisation – sont essentiels à une bonne grenaison.
61 ppm et plus 0 (RN)1 Une entente avec un apiculteur est mutuellement
100 kg/ha = 90 lb/ac
avantageuse. Il faut effectuer la récolte avant que les
graines ne soient trop mûres, soit dans les quelque
1
Quand la cote est « RN », l’application du phosphore
sous forme d’engrais ou de fumier risque de réduire le 10 semaines suivant le semis, quand la culture pousse
rendement ou la qualité des cultures. Par exemple, des et fleurit encore. À ce stade, il faut que de 70 à 75 %
apports de phosphate peuvent entraîner des carences des graines soient brunes et parvenues à maturité mais ne
en zinc dans les sols pauvres en zinc et augmenter les
risques de pollution de l’eau. pas avoir commencé à tomber de la base de l’épi. Si on
attend que les graines les plus près du sol commencent
à tomber pour récolter, on aura des rendements moindres
à cause de la chute des graines, en plus de problèmes
de repousse dans la culture suivante.
201
Guide agronomique des grandes cultures
202
7. Autres cultures
Gestion de la fertilisation
Il existe peu de directives sur la fertilisation de cette
culture en Ontario. Les doses d’engrais recommandées
sont semblables à celles pour le canola, un proche
parent de la caméline. Les teneurs en phosphore et en
203
Guide agronomique des grandes cultures
204
7. Autres cultures
205
Guide agronomique des grandes cultures
Pour savoir quels herbicides conviennent au lin, voir la peuvent être semés. Le chanvre industriel cultivé, traité
publication 75F du MAAARO, Guide de lutte contre les et vendu au Canada doit contenir au maximum 0,3 %
mauvaises herbes. de tétrahydrocannabinol (THC) dans ses feuilles et ses
fleurs. De plus, la réglementation établit un plafond de
10 parties par million (ppm) de résidus de THC dans
Insectes et maladies
les produits dérivés des graines de chanvre, comme
Habituellement, les insectes et les maladies ne posent la farine et l’huile. Pour obtenir de l’information sur
pas de problèmes dans la production du lin. les cultivars ainsi que sur les licences et règlements
connexes, communiquer avec le Bureau des substances
contrôlées de Santé Canada, ou écrire à [email protected].
CHANVRE
Description
Exigences de production
Différents cultivars sont utilisés pour la production
Types de sol : Préfère les sols bien drainés; rendements
textile et céréalière. Le chanvre cultivé pour la
moindres dans des sols à texture très lourde ou légère
production textile atteint une hauteur de 1,5 à 3 m
(5 à 10 pi), sans ramification. Quand le peuplement
pH du sol : 6,0 à 7,5
est dense, les feuilles du bas s’atrophient parce qu’elles
Cultures recommandées pour association en rotation : sont privées de lumière. C’est le rhytidome de la tige
Rotation de quatre ans comprenant des céréales ou qui contient les longues et solides fibres libériennes
le maïs pour lesquelles le chanvre est réputé. Le centre de la
tige contient des fibres courtes qui ont de nombreuses
Ne pas semer après les cultures suivantes : Canola, autres utilités (p. ex. litière).
haricots comestibles, soya, sarrasin, tournesol
État du sol
Température minimale du sol : 4 à 6 °C (les plantules
Le chanvre pousse bien dans un loam sableux bien
sont vulnérables au gel)
drainé ayant un pH de 6,0 à 7,5.
Température optimale de l’air : 25 à 28 °C
Plus le sol est argileux, plus la quantité de fibres
Date de semis la plus précoce : Début à la fin mai produites sera faible. Les sols argileux se compactent
facilement, et le chanvre est très vulnérable à la
Saison de croissance requise : 70 à 90 jours compaction du sol. Dans des sols bien drainés ayant
(production textile), ou 100 à 200 jours une bonne structure, la racine pivotante peut
(production céréalière) s’enfoncer de 15 à 30 cm (6 à 12 po) dans la terre,
alors que dans les sols compactés, elle demeure
Le chanvre (Cannabis sativa) est une annuelle cultivée courte et le plant forme davantage de racines
pour la production de grains de spécialité, d’huiles fasciculées latérales.
et de produits de soins personnels. Il sert aussi de
fibres à usage industriel dans les marchés du textile, Travail du sol et préparation du lit
du papier et des biocarburants. À l’heure actuelle, la de semence
production céréalière constitue le principal marché
du chanvre en Ontario. Dans le cas du chanvre, il faut assurer un bon contact
entre la semence et le sol. Le lit de semence doit
Le chanvre industriel est une substance réglementée; être ferme et nivelé et avoir une texture relativement
sa culture nécessite une licence de Santé Canada, fine; il est similaire à celui préparé pour les cultures
lequel régit l’importation, la production, le traitement, fourragères en semis direct. On peut travailler et
la possession, la vente, le transport, la livraison et la ensemencer le sol dès qu’il est suffisamment sec pour
mise en vente de chanvre industriel. Seuls les cultivars ne pas se compacter.
figurant dans la liste approuvée par Santé Canada
206
7. Autres cultures
207
Guide agronomique des grandes cultures
Photo 7-1 – Utiliser des courroies en caoutchouc Avant d’entreposer les graines de chanvre, on doit
pour éviter que les fibres des plants s’enroulent d’abord les faire sécher pour que leur teneur en eau
autour des axes, des chaînes, etc. descende à 12 %. Il faut les entreposer dans un endroit
Gracieuseté du gouvernement du Manitoba frais et sec.
En Ontario, les rendements en tiges sèches rouies
sont de 6,4 à 19,8 t/ha (2,9 à 8,8 t. c./ac), avec une Insectes et maladies
moyenne de 7,4 t/ha (3,3 t. c./ac). Plus de 50 différents virus, bactéries, champignons
et insectes nuisibles sont réputés dangereux pour le
Rouissage et retournement des andains chanvre. Cependant, sa croissance rapide et sa vigueur
lui permettent de résister à l’attaque de la plupart des
Le rouissage est le processus qui consiste à commencer
maladies et ravageurs.
à séparer les fibres libériennes des fibres courtes et des
autres tissus de la plante. Ce traitement est effectué À mesure que la concentration de cultures de chanvre
depuis le champ, en tirant profit de la rosée, de la pluie et d’autres hôtes de maladies augmente dans un secteur
et du soleil, ou dans des conditions contrôlées, à l’aide donné, le nombre et les populations d’organismes
d’eau ou de produits chimiques. La méthode employée nuisibles auront tendance à augmenter. Certains
est choisie en fonction de l’utilisation finale de la fibre. ravageurs ont été observés dans les champs de chanvre
de l’Ontario, comme les moisissures communes du
Le rouissage en champ nécessite un équilibre délicat
chanvre, la Botrytis cinerea (pourriture grise) et la
entre la rosée nocturne et de bonnes conditions de
Sclerotinia sclerotiorum (pourriture à sclérotes), qui
séchage durant le jour. Dans le Sud de l’Ontario, le
touche aussi le soya, les haricots comestibles, le canola,
climat local fait parfois en sorte que le rouissage en
le sarrasin et le tournesol. Il arrive que l’effet de ces
champ ne débute qu’à la fin du mois de juillet pour
maladies sur le chanvre (en tant qu’hôte et hôte
que la rosée soit adéquate. La durée du rouissage
intermédiaire) ne se fasse sentir que lorsque cette
(habituellement de 12 à 18 jours) est un élément
culture est cultivée plus intensivement dans des zones
essentiel dans l’optimisation du rendement en fibres
où on fait pousser des haricots et du canola. Des
et de la qualité de celles-ci. Les andains groupés sont
dommages laissés par le Fusarium ont été observés
retournés vivement, une ou deux fois, avec une faneuse
sur les racines de plants de chanvre. De plus, la pyrale
ou une machine à renverser les andains pour favoriser
du maïs s’attaque à certains peuplements dans le Sud
un rouissage uniforme et faire tomber les feuilles des
de l’Ontario.
tiges. La présence d’une trop grosse quantité de feuilles
nuira au séchage, et la paille pourrait alors ne pas être Quelques pesticides sont approuvés pour le chanvre en
conforme aux exigences de la Loi réglementant certaines Ontario. La rotation des cultures semble la meilleure
drogues et autres substances (1996). pratique culturale pour éviter le développement
de maladies d’ici à ce qu’on en sache plus sur la
Mise en balles et entreposage vulnérabilité de cette plante à diverses maladies. On
Pour la production textile, les tiges du chanvre recommande une rotation de quatre ans, où le chanvre
doivent avoir une teneur en eau de moins de 15 % ne doit pas succéder à une culture de soya, de haricots
au moment de la mise en balles, et continuer de secs comestibles, de canola ou de tournesol.
sécher pour atteindre une teneur d’environ 10 %.
208
7. Autres cultures
Le vent et la grêle peuvent causer des dommages (www.ontariobiomass.com) présente une liste des
importants dans les cultures de chanvre : les plants cultivars ainsi que des renseignements sur chacun d’eux.
hauts arborant beaucoup de feuilles en hauteur peuvent
facilement fléchir sous la force des orages se produisant Étant une plante vivace, le miscanthus commun a
du milieu à la fin de l’été. Les plants brisés s’en tendance à être plus tolérant à la sécheresse que les cultures
remettront en partie si la tige n’est pas cassée trop bas. annuelles. Il entre en mode survie en période de sécheresse,
mais est capable de poursuivre sa croissance rapidement
Pour en savoir plus, visiter la page ontario.ca/cultures une fois ce stress passé. Les baisses de rendement dues
(chercher Promo-Cultures, et cliquer sur Industriel, à la sécheresse ont tendance à être beaucoup moins
puis sur Fibres). importantes que pour les plantes annuelles.
Semis
MISCANTHUS COMMUN Le miscanthus commun s’établit grâce à des rhizomes
transplantés ou à des mottes de rhizomes ou de
Exigences de production
plantules généralement espacés de 1 m (3 pi) entre
Types de sol : Adapté à la plupart des types de sol; les rangs et au sein de ceux-ci. Le peuplement final
rendements moindres dans les sols à texture très lourde doit être d’environ 12 000 plants/ha (4 850 plants/ac).
ou légère Il faut planter des rhizomes de qualité quand la
terre est suffisamment humide pour assurer un bon
pH du sol : 5,4 à 6,8 établissement du peuplement.
Cultures recommandées pour association en rotation : On peut commencer le semis en serre ou la multiplication
Le miscanthus commun est une vivace à long terme; quatre à huit semaines avant le semis en champ. Il vaut
elle ne peut pas être utilisée en rotation. Le blé ou mieux procéder à la transplantation en champ de la
d’autres céréales peuvent servir de cultures-abris mi-avril à mai, après le dernier gel. Il faut prendre des
pendant son établissement. mesures pour lutter contre les mauvaises herbes au
cours de l’année d’établissement, car les nouveaux
Température minimale du sol : 4 °C pour le semis de plants qui lèvent les combattent mal et poussent
rhizomes, et 10 °C pour le semis de plants ou de mottes lentement après le semis.
Température optimale de l’air : 24 à 29 °C On met actuellement au point des techniques pour
récolter les rhizomes hors du champ, ajuster leur taille
Date de semis la plus précoce : Début à la fin mai
et les replanter dans de nouveaux champs dans les jours
suivant la récolte. Il faut empêcher les rhizomes de se
Saison de croissance requise : Culture vivace
dessécher entre la récolte des pieds et le repiquage.
(10 ans et plus)
209
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 7-4 – Taux de prélèvement des éléments nutritifs chez les cultivars de miscanthus commun récoltés à
l’automne et hivernant cultivés en Ontario (Engbers 2012) et comparaison avec les données d’études
Légende : – = aucune donnée disponible
Taux de prélèvement des éléments nutritifs1 Valeurs venant
Élément nutritif Période de récolte Elora Ridgetown d’études2
Azote Automne 40 à 80 kg/ha d’azote 20 à 25 kg/ha d’azote 20 à 60 kg/ha d’azote
Printemps (plants ayant 18 à 43 kg/ha d’azote 20 à 25 kg/ha d’azote –
hiverné)
Phosphore Automne 6 kg/ha de phosphore 4 kg/ha de phosphore 3 à 5 kg/ha de
phosphore
Printemps (plants ayant 3 kg/ha de phosphore 3 kg/ha de phosphore –
hiverné)
Potassium Automne 30 à 55 kg/ha de 13 kg/ha de potassium 24 à 83 kg/ha de
potassium potassium
Printemps (plants ayant 16 kg/ha de potassium 7 kg/ha de potassium –
hiverné)
100 kg/ha = 90 lb/ac
Source : B. Deen, Université de Guelph, 2015 (préparé par K. Withers).
1
Les taux de prélèvement des éléments nutritifs sont présentés sous la forme d’une fourchette de valeurs qui englobe les résultats
d’un essai regroupant quatre doses d’engrais azotés (0, 40, 80 et 160 kg/ha d’azote).
2
Kering, et coll., 2011. Oklahoma; Propheter et Staggenborg, 2010. Kansas.
210
7. Autres cultures
rondes ou à grandes balles rectangulaires, ensileuse). À Pour plus d’information sur cette production culturale,
l’heure actuelle, aucune classification n’est établie; c’est visiter la page ontario.ca/cultures.
le marché qui fixe les normes de qualité.
Entreposage QUINOA
Les conditions d’entreposage varient en fonction
de l’utilisation finale. Le miscanthus commun est Exigences de production
entreposé dans des silos presses, à couvert dans un Types de sol : Sols sableux et loams; les sols sujets
bâtiment ou à l’extérieur, avec ou sans bâches. La paille à l’encroûtement peuvent considérablement réduire
de cette culture se détériore moins vite que la paille de la germination
céréales. Il faut parfois faire subir d’autres traitements à
la récolte, par exemple un hachage, une agglomération pH du sol : 4,8 à 8,5
ou d’autres procédés qui augmentent sa densité et
améliorent son aptitude au stockage. Cultures recommandées pour association en rotation :
Maïs, céréales
Lutte contre les mauvaises herbes Température minimale du sol : 5 à 10 °C
Comme il y a peu de moyens de lutter contre les
mauvaises herbes, il faut choisir des champs où elles Température optimale de l’air : Préfère un climat
posent peu problème. Une destruction chimique au tempéré à semi-aride. Une température supérieure
moyen d’un herbicide non sélectif, comme le glyphosate, à 35 °C peut causer l’entrée en dormance des plants
au cours de l’automne précédent peut contribuer à ou la stérilité du pollen
réduire la pression exercée par les annuelles et bisannuelles
d’hiver. Il est utile de recourir à la technique du faux Date de semis la plus précoce : Semis précoce, comme
semis sur planches d’ensemencement avant le semis pour les céréales de printemps
quand il y a peu de moyens de lutter contre les mauvaises
herbes une fois que la culture de miscanthus commun Saison de croissance requise : 90 à 120 jours
est semée et levée. Cette technique exige de travailler le
sol longtemps avant le semis; on laisse alors les mauvaises Le quinoa est un grain entier habituellement utilisé
herbes lever pendant quelques semaines, puis on applique dans l’alimentation humaine (traditionnellement dans
un herbicide non sélectif, comme le glyphosate, pour les la cuisine sud-américaine) et moins couramment pour
tuer. En semant directement dans les mauvaises herbes la fabrication de farine.
tuées, tout en perturbant le sol le moins possible, on
permet à la culture de s’établir avant la prochaine vague Semis
de levée des mauvaises herbes. En général, il est plus Le quinoa est une plante annuelle. Elle est généralement
difficile de contrôler les graminées adventices parce plantée en semis direct à une profondeur de 1,5 à 2,5 cm
que les herbicides efficaces contre celles-ci causent des (0,5 à 1 po), dans des rangs de 38 à 76 cm (15 à 30 po)
dommages inacceptables au miscanthus commun. de largeur. Le taux de semis cible est de 325 000 graines/ha
L’ampleur des dommages varie selon le type de diaspore (131 500 graines/ac). La disponibilité des semences de
(semences, mottes, plants repiqués, rhizomes), ainsi que certains cultivars courants est parfois limitée. Il faut
le cultivar ou le génotype. choisir minutieusement le taux de semis pour tenir
compte des grandes différences sur les plans de la taille
Insectes et maladies des semences et du pourcentage de germination.
En Ontario, on ne connaît à l’heure actuelle aucun
insecte ni aucune maladie qui occasionnent des pertes Gestion de la fertilisation
économiques dans les cultures de miscanthus commun. Il existe peu de directives sur la fertilisation de cette
Il arrive toutefois que les nématodes et les lapins culture en Ontario. Selon l’expérience d’autres
posent problème. Dans d’autres régions, la pyrale du territoires, une dose d’azote de 100 à 120 kg/ha
maïs et le ver-gris occidental du haricot sont signalés (90 à 105 lb/ac) suffit à assurer la croissance des plants
comme insectes nuisibles. Il existe peu de produits de et un rendement optimal. Les teneurs en phosphore
lutte contre les ravageurs enregistrés pour cette culture. et en potassium doivent correspondre à celles
211
Guide agronomique des grandes cultures
recommandées dans l’analyse de sol (12 à 18 ppm peu de moyens de lutter contre les mauvaises herbes,
de phosphore et 100 à 130 ppm de potassium). Si on doit utiliser des champs où elles posent peu problème.
les teneurs sont inférieures aux valeurs cibles, il faut Une destruction chimique au moyen d’un herbicide non
incorporer ces éléments nutritifs dans le sol avant le sélectif, comme le glyphosate, au cours de l’automne
semis en utilisant des doses qui comblent le vide laissé précédent peut contribuer à réduire la pression exercée
par ce que prélève la culture tout en améliorant les par les annuelles et bisannuelles d’hiver.
teneurs au fil du temps. Voir les Directives relatives aux
engrais au chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs.
Insectes et maladies
La punaise terne, le perce-tige tacheté (nouvelle
Récolte et entreposage espèce), l’altise, les pucerons (p. ex. le puceron de
la betterave à sucre [Pemphigus populivenae]), la
Récolte cicadelle et le légionnaire de la betterave sont des
La récolte doit avoir lieu de 90 à 120 jours après le ravageurs connus du quinoa.
semis, selon le cultivar. On peut récolter le quinoa au
moyen d’une moissonneuse-batteuse à bec cueilleur De plus, on sait que le quinoa est touché par la pourriture
standard ou à sorgho. Comme les semences sont en de la tige (espèces de phomas), les tachetures foliaires
forme de disque et font de 1,5 à 2 mm de diamètre, fongiques, la fonte des semis, le mildiou (Peronospora
il faut utiliser des cribles ou des contre-batteurs de farinose), les tachetures foliaires (Ascochyta hyalospora), la
la bonne taille. Une humidité élevée ou des pluies pourriture grise (Botrytis cinerea) et la brûlure bactérienne
fréquentes peuvent causer la formation de repousses ou (espèces de Pseudomonas).
de moisissure sur les tiges porte-graines. Faits à noter,
le quinoa peut tolérer des gelées légères, et les plants À ce jour, la punaise terne et la pourriture de la
s’assèchent rapidement, ce qui peut engendrer des tige causée par les phomas sont les plus importants
pertes de graines. De plus, dans les essais en champ ravageurs du quinoa en Ontario. On a pu observer
en Ontario, le rendement se situe de 134 à 240 kg/ha un grand nombre de punaises ternes se nourrir de
(120 à 215 lb/ac). quinoa dans le cadre d’essais en champs réalisés dans la
province; cependant, on ne connaît pas l’incidence de
ces dommages sur le rendement. On sait aussi que les
Entreposage
oiseaux se nourrissent de quinoa.
Peu d’études ont été menées en Ontario sur
l’entreposage des récoltes de quinoa. Comme les Commentaires
graines ont des teneurs en huile et en protéines Pour plus d’information sur cette production
semblables à celles des graines de tournesol, les culturale, visiter la page ontario.ca/cultures et
conditions d’entreposage de cette culture peuvent chercher Promo-Cultures.
servir de ligne directrice générale pour le quinoa.
212
7. Autres cultures
Date de semis la plus précoce : Début mai • Hausse du rendement avoisinant les 20 %;
• Meilleure résistance aux maladies (p. ex. mildiou,
Saison de croissance requise : 100 à 120 jours rouille et verticilliose);
• Forte auto-compatibilité, ce qui réduit le besoin de
Le tournesol est une plante haute à larges feuilles pollinisateurs;
ne comportant habituellement qu’une tige, avec un • Hauteur et teneur en eau plus uniformes à la récolte.
seul capitule par plant. Il s’agit d’une plante sujette à
l’héliotropisme, c’est-à-dire que ses fleurs suivent le Des essais sur les cultivars sont effectués par
soleil au courant de la journée. Elle est dotée d’une l’intermédiaire de la National Sunflower Association
racine pivotante profonde qui lui donne accès à des of Canada; des renseignements à ce sujet se trouvent
réserves d’éléments nutritifs et d’eau en profondeur d’ailleurs à l’adresse www.canadasunflower.com.
généralement inaccessibles à de nombreuses autres
cultures annuelles. Par conséquent, le tournesol
s’adapte mieux à des conditions sèches que la plupart Rotation
des cultures. Pour éviter le développement de maladies, on ne doit
pas cultiver le tournesol dans un même champ plus
Le tournesol est cultivé en Ontario depuis plusieurs d’une fois tous les quatre ou cinq ans. Comme le
dizaines d’années. Dans la province, les marchés de canola, les haricots secs comestibles, le soya, le sarrasin
l’alimentation pour les oiseaux et de la confiserie et le chanvre sont tous des hôtes de la pourriture à
constituent les principaux débouchés. Autant les sclérotes (Sclerotinia), il faut bien surveiller les rotations
graines de tournesol noires que striées servent à comprenant ces cultures ou les éviter carrément.
l’alimentation des oiseaux. Actuellement, il n’existe
pas de marché d’extraction de l’huile de tournesol Dans certaines rotations des cultures, les repousses
dans la province. La superficie consacrée à cette culture de tournesol peuvent poser problème. Le tournesol
en Ontario s’est maintenue à entre 500 et 1 000 ha est vulnérable à la rémanence d’herbicides comme
(1 250 à 2 500 ac) au cours des 10 dernières années. l’atrazine et aux sulfonylurées (inhibiteurs de
l’acétolactate synthase).
Choix des cultivars
On distingue le tournesol de type oléagineux et le Travail du sol et préparation du lit
tournesol de confiserie. Le type oléagineux présente de semence
une écale noire; il peut s’agir d’hybrides traditionnels, Le tournesol a besoin d’un lit de semence humide et
d’hybrides nains, de cultivars à teneur modérée en ferme, sans mauvaises herbes. On utilise généralement
acide oléique ou de cultivars à pollinisation libre. Les la méthode traditionnelle de travail du sol au lieu du
hybrides nains parviennent à maturité 6 à 13 jours semis direct, principalement à des fins de lutte contre
plus tôt que les hybrides traditionnels. Les cultivars les mauvaises herbes.
de tournesol à pollinisation libre (Sunola) sont plus
petits (60 à 90 cm, ou 2 à 3 pi), contiennent beaucoup On obtient un rendement optimal dans des sols
d’huile et ont besoin de moins de chaleur pour arriver bien drainés à texture moyenne. Le tournesol pousse
à maturité que les tournesols ordinaires. Cependant, ils également bien dans un sol sableux, quoique le
résistent mal à la maladie. rendement soit moindre en cas de sécheresse. Les sols
mal drainés retarderont le semis et la croissance et
Le tournesol de confiserie, destiné à l’alimentation augmenteront la pression exercée par les maladies.
humaine, a des graines aux écales striées. Seuls les
cultivars produisant les plus grosses graines sont
Semis
destinés à la consommation humaine; ils sont
néanmoins vulnérables aux dommages causés Le tournesol est semé début mai, comme le maïs,
par les oiseaux et les insectes. et fleurit habituellement à la fin juillet. Il a besoin
d’environ 100 à 120 jours pour arriver à maturité. Les
213
Guide agronomique des grandes cultures
214
7. Autres cultures
215
Guide agronomique des grandes cultures
Les graines passent normalement dans la moissonneuse- Date de semis la plus précoce : Fin avril à mai
batteuse lorsqu’elles sont endommagées par une
infestation de faible intensité. Toutefois, une grave Saison de croissance requise : Culture vivace
infestation peut compliquer la récolte en raison de la (10 ans et plus)
maturation non uniforme des capitules couplée d’une
Le panic érigé est une plante vivace cultivée depuis
maladie secondaire.
relativement récemment en Ontario. Elle a des utilités
Les graines récoltées dans des champs infectés peuvent industrielles et agricoles : textile, biocomposites,
aussi être des vecteurs de la cochylis rayée du tournesol. papier, bioénergie (liquide et solide), bétail, litière
Les graines de tournesol doivent être entreposées au de volailles et paillis pour la culture du ginseng. On
frais et au sec. Si l’entreposage se fait sur une longue l’appelle aussi panic raide, panic dressé ou panic effilé.
période, les larves éclosent et dévorent les graines
entreposées. Il devient alors difficile de contrôler Rotation
les insectes adultes qui s’échappent, qui peuvent Le panic érigé est une vivace à long terme utilisée dans
par ailleurs contaminer les cellules de stockage, les les domaines du textile, des biocomposites, du papier,
entrepôts et les espaces de vente au détail. de la bioénergie et de l’alimentation animale et comme
litière. Elle possède un réseau de racines étendu grâce
La Sclerotina, ou pourriture à sclérotes, est la principale
auquel elle tolère relativement bien la sécheresse. Une
maladie touchant les cultures de tournesol. On trouvera
fois établie, on ne peut pas effectuer de rotation des
des descriptions des insectes, des animaux nuisibles,
cultures pendant de nombreuses années. On obtient
des maladies et des stratégies de dépistage et de lutte
un rendement optimal dans les sols fertiles, mais la
aux chapitres 15, Insectes et animaux nuisibles aux
plante s’adapte également bien aux terres marginales
grandes cultures, et 16, Maladies des grandes cultures.
où les annuelles sont moins productives.
Des traitements recommandés contre les insectes, les
animaux nuisibles et les maladies sont présentés dans Travail du sol et préparation du lit
la publication 812F du MAAARO, Guide de protection de semence
des grandes cultures. Les graines de panic érigé étant très petites, il faut
préparer un lit de semence qui assure un bon contact
Pour des renseigments plus détaillés sur la culture du
entre la semence et le sol. La plante s’établit mieux
tournesol, voir le document The Sunflower Production
dans des sols à texture moyenne bien drainés qui se
Guide de la National Sunflower Association of Canada
réchauffent rapidement et où il y a peu de concurrence
à l’adresse www.canadasunflower.com.
216
7. Autres cultures
exercée par les mauvaises herbes. Un tassage léger avant 60 à 70 kg/ha (50 à 60 lb/ac) est suffisante pour
le semis permet d’en uniformiser la profondeur, et un obtenir un rendement de 8 à 10 t/ha. Règle générale,
autre après le semis permet d’améliorer le contact entre il faut épandre 6 kg d’azote par tonne (12 lb d’azote
la semence et le sol. par t. c.) de biomasse retirée du champ. Un apport
excessif d’azote cause généralement la verse, une
Une culture de panic érigé qui suit le soya dans une diminution du rendement et des problèmes au
rotation fournit un lit de semence ferme et contenant moment de la récolte. Habituellement, l’épandage
peu de résidus qui est propice au semis direct. est effectué entre le milieu et la fin mai, lorsque la
culture est de 15 à 25 cm (6 à 10 po) de haut et
Semis qu’elle a repris sa croissance. Cette pratique contribue
à réduire les pertes de cet élément nutritif quand on
Le semis a généralement lieu au milieu du printemps, utilise de l’urée. Les épandages précoces ont tendance
mais peut aussi se faire à l’automne. Le taux de à favoriser la croissance des graminées adventices, tout
semis optimal est de 9 kg/ha (8 lb/ac) ou moins particulièrement les graminées adventices annuelles
de valeur culturale, où le poids des semences est de et le chiendent. Les besoins en azote du panic érigé
570 000 graines/kg (260 000 graines/lb). Les semences sont généralement à leur plus haut à la troisième
de panic érigé ont une dormance profonde. La valeur année de la culture, car celle-ci nécessite une quantité
culturale est une mesure de la quantité de graines considérable d’azote pour former l’ensemble de son
vivantes se trouvant dans un lot de semences en vrac. large réseau de racines.
La graine, très petite, nécessite un bon lit de semence
pour qu’il y ait un bon contact entre la semence et La dose de phosphore et de potassium requise
le sol. Elle est habituellement plantée dans des rangs dépend de la méthode de récolte employée. Le panic
espacés de 18 cm (7 à 7,5 po), à une profondeur de érigé récolté à la fin de l’automne ou mis en balles
1 à 1,5 cm (0,25 à 0,5 po). La terre doit être humide au printemps à partir d’andains groupés a besoin
pour assurer une bonne levée. Il est absolument de moins de phosphore et de potassium, parce que
indispensable de prendre des mesures pour lutter ces éléments nutritifs se font lessiver et sortent de
contre les mauvaises herbes afin d’assurer la réussite la biomasse, et les plants perdent leurs feuilles, qui
de l’établissement et de la production; c’est pourquoi contiennent souvent une grande quantité de ces
une culture-abri de blé de printemps peut favoriser éléments. Si la culture est récoltée l’été ou au début de
un meilleur établissement du peuplement, réduire la l’automne, une plus grande quantité de ces éléments
pression exercée par les mauvaises herbes et procurer un nutritifs seront retirés avec la biomasse récoltée.
revenu au cours de la première année de culture. Le blé
de printemps est préférable à l’avoine ou à l’orge, car La plupart des producteurs de l’Ontario coupent
il talle moins et ombrage moins les plantules de panic la culture à la fin de l’automne – la laissant passer
érigé. Il faut le semer au taux de semis associé à un l’hiver dans le champ sous forme d’andains étalés – et
peuplement complet. Une culture-abri peut favoriser la mettent en balles au début du printemps suivant.
l’établissement, mais elle risque de limiter les moyens Les producteurs de la province ont en effet découvert
chimiques de lutter contre les mauvaises herbes. qu’avec cette méthode, la plante se décomposait peu
pendant l’hiver : elle demeure en majeure partie gelée
Gestion de la fertilisation et reste sur le chaume, d’une hauteur de 10 cm (4 po),
ce qui empêche les andains étalés d’entrer en contact
Il existe peu de directives sur la fertilisation de cette avec le sol. Si on récolte la biomasse au printemps, il
culture. D’après les études ontariennes existantes, une n’y a habituellement pas lieu d’employer des engrais
dose d’azote de 50 à 80 kg/ha (45 à 70 lb/ac) améliore de phosphore et de potassium dans des sols ayant
le rendement économique, selon le prix du panic érigé une fertilité moyenne à élevée. De 90 à 95 % du
et le potentiel de rendement prévu. On ne doit pas potassium que contient le panic érigé se fait lessiver
épandre d’engrais azotés l’année du semis, car cela et se retrouve dans le sol quand on laisse la culture
favorise la concurrence exercée par les mauvaises herbes. dans le champ l’hiver. La culture a besoin de très peu
de potassium chaque année lorsqu’on la fait hiverner,
Dans la plupart des cas, la seule mesure requise après
puisque le panic érigé sec contient à peine 0,1 % de
la récolte est l’épandage d’un engrais azoté. Si la
potassium environ. Une biomasse de 10 t/ha (4 t. c./ac)
récolte se fait au printemps, une dose d’azote de
de panic érigé prélève seulement 10 kg/ha (9 lb/ac) de
217
Guide agronomique des grandes cultures
potassium dans le champ. Les producteurs peuvent Le panic érigé n’est habituellement pas récolté durant
prendre régulièrement des échantillons de sol pour l’année de son établissement; on attend au printemps
faire analyser les teneurs en phosphore et en potassium. suivant pour que la plante soit plus résistante à l’hiver.
Le rendement prévu durant l’année d’établissement
Les teneurs en phosphore et en potassium doivent correspond à environ le tiers du potentiel d’un
correspondre à celles recommandées dans l’analyse de peuplement complet, et l’année suivante, à environ
sol (12 à 18 de phosphore et 100 à 130 de potassium). les deux tiers. Une fois établi et bien entretenu, un
Si les teneurs sont inférieures aux valeurs cibles, il faut peuplement de panic érigé demeure productif
incorporer ces éléments nutritifs dans le sol avant le indéfiniment et peut donner une récolte de
semis en utilisant des doses qui comblent le vide laissé 8 à 12 t/ha de matière sèche à l’automne.
par ce que prélève la culture tout en améliorant les
teneurs au fil du temps. Voir les Directives relatives
aux engrais au chapitre 9, Fertilité et éléments nutritifs. Entreposage
Ce sont les besoins du marché qui déterminent le type
d’entreposage nécessaire. Des essais sont réalisés sur
Récolte et entreposage l’entreposage du panic érigé dans des silos presses, à
couvert dans un bâtiment ou à l’extérieur, avec ou sans
Récolte bâches. Les résultats ne sont pas concluants, mais il est
La gestion de la récolte varie en fonction de l’utilisation important de souligner que cette culture résiste mieux
finale prévue. Si on récolte le panic érigé deux fois dans aux intempéries que la paille des céréales.
une même année, ou avant la sénescence naturelle, le
peuplement risque de se dégrader. On peut récolter la Il peut être nécessaire de moudre le panic érigé et de
culture l’été si les conditions du marché le justifient, le comprimer ou de le transformer en granules pour
mais il ne faut pas le faire à la première année de faciliter son transport ou selon son utilisation finale.
croissance, ni chaque année. Par ailleurs, on poursuit actuellement les recherches sur
d’autres méthodes de traitement (p. ex. torréfaction)
On peut utiliser du matériel standard pour grandes visant à augmenter la densité et l’aptitude au stockage
cultures, comme des faucheuses à barre de coupe de cette culture.
ou à disques, des faucheuses-conditionneuses,
des presses à balles rondes ou à grandes balles
rectangulaires ou des ensileuses. Insectes et maladies
L’observation des ravageurs de cette culture en Ontario
Si la culture de panic érigé sert de litière, de pâture se fonde sur une expérience limitée. À ce jour, c’est la
ou de fourrage grossier pour le bétail, on peut la faire rouille (espèces de Puccinia) qui cause le plus de
paître pendant la saison de croissance, ou la couper problèmes dans la province. Le panic érigé est aussi
pour la production de foin en juillet ou août et faire touché notamment par les maladies et insectes nuisibles
éventuellement deux récoltes. Quand on l’utilise pour suivants : charbon des inflorescences (Tilletia maclagani),
la production d’éthanol cellulosique, le panic érigé est virus (virus de la jaunisse nanisante de l’orge, virus de la
souvent récolté à l’automne vu que les rendements mosaïque du panic), sauterelles, cicadelles, pucerons,
sont optimaux à cette période, mais sa teneur en eau perce-tiges tachetés et vers fil-de-fer.
peut alors être trop élevée et ne pas convenir à un
entreposage à long terme. Quand il est employé
Lutte contre les mauvaises herbes
comme biocarburant, une coupe et un andainage à la
fin de l’automne ainsi qu’une récolte au printemps Il est primordial de prendre des mesures pour lutter
permettent d’obtenir un produit de qualité optimale contre les mauvaises herbes avant l’établissement et
pour ce marché. Une récolte au printemps sera durant les deux premières années afin d’obtenir un
assortie d’une diminution des rendements de l’ordre peuplement adéquat, puisque les mauvaises herbes
de 15 à 25 %, mais la culture aura une meilleure rivaliseront avec les plants en cours d’établissement.
qualité de combustion. Il n’y a pas d’herbicides enregistrés pour cette culture,
d’où l’importance d’identifier les mauvaises herbes,
d’appliquer un herbicide en pré-semis et de recourir
aux méthodes de travail du sol.
218
7. Autres cultures
219
8. Gestion assurant la santé du sol
La gestion des sols fait partie intégrante de tout système • contient des vers de terre en abondance;
de production culturale. Même en ayant recours aux • dégage une bonne odeur;
meilleures pratiques culturales, il n’est pas certain qu’on • décompose rapidement les résidus;
obtiendra toujours une récolte satisfaisante dans un • favorise la levée de jeunes pousses et la croissance
champ où la gestion des sols laisse à désirer. Gérer en des racines;
assurant la santé du sol est le seul moyen de veiller à • produit une culture dont la couleur et la croissance
ce que les champs aient un rendement économique sont uniformes;
maximal en continu, en particulier les années où les
conditions météorologiques sont difficiles. Comme pour La plupart des caractéristiques d’un sol sain sont
le matériel acheté qui nécessite un entretien régulier, il associées directement ou indirectement à la matière
faut protéger le sol de l’érosion et y ajouter de la matière organique du sol.
organique pour alimenter les organismes présents dans
le sol et favoriser le recyclage des éléments nutritifs. Bonne gestion des sols
Ce chapitre indique comment : Le bon moyen de préserver la santé et la productivité
du sol varie d’une exploitation agricole à l’autre, tout
• assurer et préserver la santé du sol; comme les combinaisons de cultures et les types de sol.
• prévenir la dégradation du sol; Certains producteurs travaillent peu le sol, beaucoup
• évaluer les composantes d’un sol sain. font une bonne rotation, et d’autres épandent du
fumier et d’autres matières organiques pour améliorer
Les concepts et les exemples qui permettront le sol. Un sol bien géré est un sol fertile, non compacté
d’améliorer la connaissance de la santé du sol, d’évaluer et dont la bonne structure l’empêche de s’encroûter.
la santé actuelle du sol et d’exposer les principes C’est un sol où l’air peut s’infiltrer et l’eau peut
fondamentaux du maintien de la productivité s’introduire et circuler. Son rendement économique
économique des cultures seront illustrés en fonction est meilleur, car les rendements sont systématiquement
du contexte en Ontario. plus élevés même si les intrants sont réduits.
221
Guide agronomique des grandes cultures
222
8. Gestion assurant la santé du sol
des grandes cultures. Le nombre croissant d’années de La rotation des cultures atteint son efficacité maximale
culture du soya dans la rotation augmente également lorsque les producteurs font succéder des cultures de
la sensibilité à l’érosion des sols de l’Ontario. Le familles différentes. Les deux familles principales sont
tableau 8-1, Effets du travail du sol et de la rotation sur les graminées (monocotylédones) – qui comprennent
le rendement du soya, indique le rendement moyen du les graminées fourragères, les céréales et le maïs – et les
soya lorsqu’on utilise le semis direct à long terme et latifoliées (dicotylédones), comme le soya, le haricot
la méthode traditionnelle de travail du sol. Le tableau blanc, la luzerne et le canola.
8-2, Effet de la rotation des cultures et du travail du
sol sur le rendement du maïs, montre quant à lui le La rotation des cultures permet de
rendement moyen du maïs lorsqu’on utilise le semis stabiliser le rendement pendant les
direct à long terme (établi en 1995) et la méthode années difficiles
traditionnelle de travail du sol. Quand elle est diversifiée, la rotation des cultures
augmente les rendements, de même que les effets de la
Dans les rotations de maïs et de soya, la structure
rotation. Selon une étude sur des essais à long terme de
des sols peut se révéler pire que celle des sols de
méthodes de travail du sol et de rotations menés à
monoculture de maïs. Par exemple, l’érosion qui
Elora, en Ontario, une bonne rotation améliore
suit un orage intense en juin à la première année de
considérablement les rendements pendant les périodes
la culture de maïs suivant deux années de soya est
de croissance sèches et humides. La figure 8-1, Effets
souvent deux fois plus importante qu’après la culture
sur le rendement de la rotation des cultures et de la
de maïs, ou de blé contre-ensemencé de trèfle rouge
monoculture de maïs au cours des années où les
ou de la luzerne. Une structure du sol relativement
précipitations sont supérieures ou inférieures à la
médiocre après deux ans de culture de soya augmente
moyenne, montre le rendement supérieur que
non seulement la sensibilité à l’érosion, mais réduit
procurent trois rotations comparativement à la
aussi la porosité du sol (la capacité du sol à laisser
monoculture de maïs de 1984 à 2012. Les barres
l’eau de pluie s’infiltrer). Cette infiltration réduite
ombragées indiquent l’écart de rendement, et la
augmente à son tour le risque d’érosion, de formation
ligne, la variation des précipitations. Les années
de flaques d’eau et de manque d’humidité dans le sol,
où les précipitations étaient faibles, les rendements
autant de problèmes pouvant nuire au rendement,
des rotations étaient souvent supérieurs de plus de
surtout les années où les conditions météorologiques
700 kg/ha (630 lb/ac) à ceux de la monoculture,
sont difficiles.
et lorsque les précipitations étaient élevées, les gains
dépassaient souvent les 400 kg/ha (360 lb/ac).
223
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 8-2 – Effet de la rotation des cultures et du travail du sol sur le rendement du maïs
Rendement moyen du maïs cultivé en semis direct à long terme (établi en 1995) dans des sols travaillés traditionnellement et ayant une
teneur en azote de 120 et 180 kg/ha dans le cadre d’une rotation des cultures sur un loam argileux Brookston à Ridgetown, en Ontario,
de 2010 à 2014.
Un écart de moins de 0,38 t/ha (6 bo/ac) entre deux méthodes de travail du sol est sans importance sur le plan statistique.
LÉGENDE : tr = contre-ensemencé de trèfle rouge
Rotation des cultures Méthode de travail du sol
Moyenne entre les deux
Traditionnelle Semis direct méthodes
Monoculture de maïs 9,48 t/ha 8,35 t/ha 8,91 t/ha
(151 bo/ac) (133 bo/ac) (142 bo/ac)
Maïs et soya 9,10 t/ha 10,17 t/ha 9,63 t/ha
(145 bo/ac) (162 bo/ac) (153 bo/ac)
Blé d’automne, soya et maïs 10,61 t/ha 10,86 t/ha 10,73 t/ha
(169 bo/ac) (173 bo/ac) (171 bo/ac)
Blé d’automne (tr), soya et maïs 11,67 t/ha 11,30 t/ha 11,49 t/ha
(186 bo/ac) (180 bo/ac) (183 bo/ac)
Moyenne des différentes rotations des 10,22 t/ha 10,17 t/ha 11,65 t/ha
cultures (162,8 bo/ac) (162,0 bo/ac) (185,6 bo/ac)
Source : D. Hooker, Université de Guelph, campus de Ridgetown.
Précipitations Précipitations
inférieures à la moyenne supérieures à la moyenne
4 000 250
Gain de rendement par rapport à une monoculture de maïs
200
150
2 000
100
Précipitations
1 000 50
kg/ha-1
0 0
-50
-1 000
-100
-2 000
-150
2005
2007
1994
1988
2002
1997
1984
2012
1989
1998
2004
1983
2009
1987
2003
1990
1991
1985
2006
1995
2001
1999
2010
1982
2000
1996
1993
2011
2008
1986
1992
-3 000 -200
Semis direct Bill Deen
Figure 8-1 – Effets sur le rendement de la rotation des cultures et de la monoculture de maïs
au cours des années où les précipitations sont supérieures ou inférieures à la moyenne
224
8. Gestion assurant la santé du sol
9,4
(150)
Présence de blé dans la
Rendement – t/ha (bo/ac)
82
80 5,6
78 (90)
76
74 4,4
72 (70)
70
MMSS MMMM MMOO MMSB MMSBtr MMOtrOtr MMLL LLLL 3,1 M-M M-S M-S-B C-S-Btr M-M M-S M-S-B C-S-Btr
(50)
Rotation Avec travail du sol Semis direct
1 t = 1 000 kg
Teneur en carbone de parcelles cultivées en différentes rotations à long terme en fonction M-M = monoculture de maïs, M-S = rotation de maïs et de soya,
d’une masse équivalente de 4 800 t/ha (profondeur moyenne de la masse : 34 cm). Meyers-Aurich et coll., 2006 Hooker
M-S-B = rotation de maïs, de soya et de blé, (Campus de Ridgetown,
M-S-Btr = rotation de maïs, de soya et de blé contre-ensemencé de trèfle rouge Université de Guelph), 2014
225
Guide agronomique des grandes cultures
cultures, pour obtenir des estimations des coûts, ou Il faudrait envisager l’utilisation de cultures couvre-sol
visiter le site Web du MAAARO à l’adresse omafra.gov. dans le cadre d’une rotation globale. Ces cultures
on.ca/french/busdev/agbusdev.html. jouent un rôle dans l’entretien régulier du sol, en
particulier dans les sols légers à faible teneur en matière
Il faut être conscient de tout problème potentiel organique, ou dans les champs où l’intervalle entre les
d’insectes ou de maladies qui pourrait toucher les rotations est court et où l’apport de résidus de culture
cultures plus tard dans la rotation. Les cultures couvre-sol ou de fumier est faible. Les cultures couvre-sol peuvent
intégrées à la rotation peuvent aussi avoir une incidence contribuer à protéger adéquatement le sol hors de la
positive ou négative sur les maladies et les ravageurs. Pour saison de croissance et après les semis, ce qui aide à
de plus amples renseignements, consulter les sections sur éviter que le sol se retrouve dans les cours d’eau. Pour
les différentes cultures couvre-sol, ou les chapitres 15, sélectionner la culture couvre-sol qui convient le
Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures, ou 16, mieux, il faut déterminer à l’avance son utilité et ses
Maladies des grandes cultures. avantages potentiels. Le tableau 8-3 Cultures couvre-sol
recommandées selon leur fonction montre diverses
Cultures couvre-sol raisons d’inclure des cultures couvre-sol dans une
rotation et dresse la liste de cultures potentielles en
L’utilisation de cultures couvre-sol améliore la santé fonction de leur utilité.
du sol. Des adeptes de longue date du semis direct ont
constaté que l’ajout de cultures couvre-sol dans leur
rotation permettait d’introduire beaucoup plus
de carbone dans le sol.
226
8. Gestion assurant la santé du sol
227
Guide agronomique des grandes cultures
Moment habituel
Taux de semis3
Survie hivernale
Amélioration de
Température
minimale de
germination
la structure du
des mauvaises
Azote1
Élimination
Croissance
des semis
Racines
Espèce
herbes
sol
Graminées
Céréales de 30 à 90 kg/ha Mi-août à 9 °C P Détruites par Bonne Bonne Très Fasciculées
printemps sept. le gel intense rapide
Blé d’automne 60 à 120 kg/ Sept. et oct. 3 °C P Très bonne Bonne Bonne Rapide Fasciculées
ha
Seigle 60 à 120 kg/ Sept. et oct. 1 °C P Très bonne Très Très bonne Très Fasciculées
d’automne ha bonne rapide
Sorgho-Soudan 15 à 25 kg/ha Juin à août 18 °C P Détruit par Bonne Bonne/ Très Robustes
le gel moyenne rapide Fasciculées
Millet perlé 9 à 20 kg/ha Juin à août 18 °C P Détruit par Bonne Bonne/ Rapide Robustes
le gel moyenne Fasciculées
Ray-grass 12 à 25 kg/ha Avril et mai 4,5 °C P L’annuel Très Moyenne/ Lent à Fasciculées
ou août et et l’Italien bonne faible s’établir
début sept. survivent
en partie; le
vivace survit.
Dicotylédones légumineuses
Vesce velue 20 à 30 kg/ha Août 15,6 °C F/P Oui Bonne Moyenne/ Lent à Pivotantes,
faible s’établir et racines
secondaires
fasciculées
Trèfle rouge 8 à 10 kg/ha Mars et avril 5 °C F/P Oui Bonne Moyenne Lent à Pivotantes
s’établir faibles
Fasciculées
Mélilot 8 à 10 kg/ha Mars et avril 5,5 °C F/P Oui Bonne Moyenne Lent à Pivotantes
s’établir robustes
Soya 40 à 50 kg/ha Août 8 °C F/P Détruit par Faible Bonne/ Rapide Pivotantes
le gel moyenne
Trèfle incarnat 8 à 10 kg/ha Mai à août 6 °C F/P Ne survit pas Bonne Moyenne Lent à Fasciculées
toujours à s’établir
l’hiver
Pois des 40 à 100 kg/ Août 5 °C F/P Détruits par Faible Bonne/ Rapide Pivotantes
champs ha le gel intense moyenne faibles
Fasciculées
Dicotylédones non légumineuses
Sarrasin 50 à 60 kg/ha Juin à août 10 °C P Détruit par le Faible Très bonne Rapide Pivotantes
premier gel faibles
Fasciculées
Radis 3 à 10 kg/ha Mi-août 7 °C P Détruit par le Moyenne Très bonne Rapide Pivotantes
(selon le type à début gel intense moyennes2
et la méthode septembre
de semis)
228
8. Gestion assurant la santé du sol
Moment habituel
Taux de semis3
Survie hivernale
Amélioration de
Température
minimale de
germination
la structure du
des mauvaises
Azote1
Élimination
Croissance
des semis
Racines
Espèce
herbes
sol
Autres Selon les Mi-août à 5 à 7 °C P Selon les Moyenne Très bonne Rapide Pivotantes
brassicacées, espèces début sept. espèces; moyennes
comme le radis beaucoup
fourrager sont
détruites par
le gel intense
100 kg/ha = 90 lb/ac
1
Le radis et autres brassicacées, le sarrasin et les graminées ne fixent pas l’azote atmosphérique, mais captent l’azote du sol et du
fumier. Les cultures couvre-sol qui ne survivent pas à l’hiver libèrent souvent la majeure partie de l’azote qu’elles ont capté avant
que le maïs puisse l’absorber.
2
On a signalé que ses racines obstruaient les drains agricoles.
3
Il faut ajuster le taux de semis en fonction de l’utilité de la culture couvre-sol (p. ex. érosion, alimentation animale) et de la date
des semis (c.-à-d. augmenter le taux de semis plus tardivement à l’automne pour assurer une protection adéquate du sol).
229
Guide agronomique des grandes cultures
230
8. Gestion assurant la santé du sol
comme le blé, les haricots secs comestibles et les • évaluer le volume des résidus présents à la surface
légumes, se combinent très bien aux cultures couvre- au printemps; une couche épaisse de résidus peut
sol. Le sol est souvent sec en début de saison, mais un contribuer à préserver l’humidité d’un sol sableux
semis hâtif permet aux cultures couvre-sol de croître tout au long de la saison, mais pourrait maintenir
au maximum. L’utilisation d’un semoir assure une un loam argileux trop humide;
bonne mise en place des semences et un bon contact • semer quand l’état du sol s’y prête; si les semis sont
entre la semence et le sol, ce qui favorise une levée faits dans un sol trop humide, le sillon pourrait se
et une croissance plus rapides. Le semis à la volée est fissurer en période sèche;
une autre option qui fonctionne, mais son efficacité • planter lorsque la température du sol est suffisamment
dépend davantage des conditions météorologiques. chaude pour la germination, et éviter de semer
On met actuellement à l’essai le semis sous couvert trop profondément;
avec certaines cultures couvre-sol mélangées au maïs et • modifier le semoir pour assurer un bon contact entre
au soya, mais les conditions météorologiques influent la semence et le sol et bien fermer la raie;
grandement sur l’établissement et la croissance. • travailler le sol par bandes superficiellement pour
bien placer les semences tout en préservant une
couche protectrice sur le sol.
Incidence des herbicides sur les cultures
couvre-sol
Certaines cultures couvre-sol sont sensibles aux résidus Réduction du travail du sol
d’herbicides, lesquels peuvent nuire à leur croissance. On travaille le sol pour diverses raisons, notamment
Il faut vérifier les risques de rémanence des herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes, niveler le sol,
avant d’effectuer les semis, surtout lorsqu’on prévoit enfouir les résidus des cultures, incorporer les engrais et
semer ce type de culture sous couvert avec une culture le fumier et préparer les lits de semences. La découverte
sur pied comme le maïs. des herbicides a grandement réduit la nécessité de
sarcler le sol (sauf en production biologique). Par
Gestion et élimination ailleurs, l’invention de matériel permettant de semer
La préparation d’un plan d’élimination est tout aussi dans les résidus fait en sorte qu’il est possible de
importante que la sélection du bon type de culture planter des cultures en travaillant peu ou pas le sol. De
couvre-sol. Bon nombre des cultures couvre-sol manière générale, un sol travaillé en majeure partie au
courantes, comme l’avoine et le radis, ne survivront pas printemps sera moins vulnérable à l’érosion que s’il est
à l’hiver. Dans le cas de cultures comme les céréales de travaillé à l’automne. Il vaut mieux travailler le sol juste
printemps, il est possible de labourer ou de travailler assez pour atteindre ses objectifs, ce qui contribuera à
légèrement le sol pour limiter leur croissance végétative maintenir le sol en place et à prévenir les déversements
et veiller à ce que les autres plantes demeurent dans les cours d’eau et les rivières à proximité.
végétatives. Il faudra prévoir un plan pour limiter
rapidement au printemps la croissance des cultures Si toutes les composantes de la production sont prises
couvre-sol rustiques, comme le seigle, le blé d’automne en compte, la méthode de travail du sol gagnera en
et dans la plupart des cas le ray-grass annuel. efficacité. Un étalement uniforme des résidus et de
la paillette au moment de la récolte améliorera le
Lorsqu’on sème une culture couvre-sol au printemps, travail du sol et les semis. Plus la rotation des cultures
il faut : est bonne, plus le travail réduit du sol sera efficace.
L’adaptation du semoir, autrement que par l’ajout de
• tenir compte de la rapidité à laquelle la plante coutres ou de tasse-résidus, améliorera grandement la
mourra une fois que des mesures de contrôle mise en place des semences.
ont été appliquées;
• savoir qu’une culture couvre-sol puisera de Pour plus d’information à ce sujet, voir la rubrique
l’humidité dans le sol jusqu’à sa mort, ce qui peut sur le travail du sol correspondant à chacune des
être bénéfique par temps humide, mais causer des cultures décrites dans la présente publication.
problèmes en période sèche;
231
Guide agronomique des grandes cultures
232
8. Gestion assurant la santé du sol
233
Guide agronomique des grandes cultures
Il faut faire preuve de prudence lors de l’épandage de Tableau 8-7 – Effets de l’apport de fumier pendant
matières organiques pour éviter de contaminer les eaux 11 ans sur la teneur en matière organique
de surface. La teneur initiale en matière organique était de 5,2 %. L’étude
a été réalisée dans une monoculture de maïs à ensilage, en sol
argileux, et le fumier provenait de bovins laitiers. L’épandage a
Fumier également amélioré le degré d’agrégation du sol et la quantité
de pores.
Le fumier de bétail constitue une excellente source
de matière organique pour le sol. L’épandage de Dose d’épandage (par année)
fumier comporte aussi d’autres avantages, notamment 22 t/ha 45 t/ha 67 t/ha
la diversification des organismes dans le sol, une (10 t. c./ (20 t. c./ (30 t. c./
Nulle ac) ac) ac)
intensification de leur activité et une amélioration
de la structure. Voir à ce sujet le tableau 8-7, Effets Matière 4,3 % 4,8 % 5,2 % 5,5 %
organique
de l’apport de fumier pendant 11 ans sur la teneur en
Source : Building Soils for Better Crops, 3e version, 2009.
matière organique. (Magdoff) SARE Outreach (www.sare.org).
234
8. Gestion assurant la santé du sol
235
Guide agronomique des grandes cultures
236
8. Gestion assurant la santé du sol
organique du sol
atmosphériques qui réfléchissent l’énergie Compactage du sol
Hausse de l’érosion éolienne et hydrique
et encroûtement
thermique dégagée par la Terre. Le dioxyde de Poursuite de la baisse
Diminution des réserves
d’eau du sol, de la diversité
des organismes du sol et
carbone (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde de de la matière organique
Réduction du rendement
des éléments nutritifs
disponibles pour les plants
diazote (N2O) sont les trois gaz à effet de serre des cultures
Carences et malnutrition
associés à l’agriculture. Diverses pratiques
peuvent libérer ces gaz dans l’atmosphère.
Figure 8-4 – Cercle vicieux de la dégradation du sol
On entend par séquestration de carbone le
stockage de carbone dans le sol. Érosion du sol
•Les pratiques comme de bonnes rotations des L’érosion du sol constitue une grave menace pour
cultures, le semis direct, le travail réduit du la productivité des sols. Il est vrai que l’érosion des
sol, la plantation d’arbres et l’ajout de matière sols est un phénomène naturel, mais les pratiques
organique permettent d’augmenter la teneur en culturales en ont tout de même accéléré le rythme.
carbone du sol. Dans les champs cultivés, l’érosion se manifeste par le
•Le travail intensif du sol accélère la perte
détachement et le déplacement des particules de sol
de carbone.
à l’intérieur du champ ainsi que vers l’extérieur de ce
•En réduisant l’utilisation d’énergie, on diminue
la quantité de CO2 libéré dans l’atmosphère. dernier. Elle a diverses conséquences, notamment :
237
Guide agronomique des grandes cultures
238
8. Gestion assurant la santé du sol
Une mauvaise gestion des sols (travail excessif du Tableau 8-9 – Types de compactage du sol
sol et teneur en matière organique réduite) entraîne Cause Effet
la détérioration de leur structure et l’instabilité des Encroûtement
agrégats. Ces effets se traduisent par une augmentation
Les particules de sol non Ce type de compactage
du compactage et une réduction de l’aération du sol et protégées se dispersent favorise grandement le
de la rétention de l’eau, ce qui peut nuire à la biologie sous l’action des gouttes ruissellement et l’érosion
du sol. Une quantité moindre de pores de taille de pluie et forment une fine hydrique.
couche dense à la surface. La surface devient étanche,
moyenne à grosse réduit l’espace dans le sol disponible ce qui réduit l’infiltration
pour l’air et l’eau ainsi que pour les organismes qui d’eau.
ont besoin de pores plus gros. On distingue trois types Lorsque le sol est sec, une
croûte dure se forme, ce
de compactage du sol : l’encroûtement (en surface), le qui risque de retarder ou
compactage des semelles de labour et le compactage du d’empêcher la germination.
sous-sol (en profondeur). Voir le tableau 8-9, Types de Compactage de la semelle de labour
compactage du sol, pour en avoir la description. Le sol est érodé. La couche est très dense,
Il est pauvre en matière ce qui réduit l’infiltration de
organique. l’eau et la porosité du sol.
Pratiques de prévention ou de réduction Le passage de machinerie La croissance racinaire peut
lourde compacte le sol. être limitée.
de la compaction du sol
Le recours à une ou plusieurs des pratiques suivantes Compactage du sous-sol
contribuera à réduire ou à prévenir la compaction du sol. La pression exercée par L’écoulement de l’eau à
les disques ou la charrue travers la couche compactée
sur le sol, sous la semelle est restreint.
• Planifier en vue de travailler le sol et de faire les de labour, entraîne le Il y aura peu de croissance
travaux dans les champs au bon moment : éviter les compactage du sous-sol. racinaire dans la couche
champs humides, car le sol doit présenter un taux La pression exercée par compactée, voire aucune.
la machinerie lourde
d’humidité adéquat à la profondeur où il est travaillé. dont le poids est mal
• Bien drainer les champs : installer des drains réparti provoque aussi le
agricoles offrant des niveaux de drainage variés. compactage du sol.
• Effectuer une rotation des cultures plus longue,
et y inclure des cultures céréalières ou fourragères.
Santé du sol : évaluer pour gérer
• Intégrer des cultures fourragères et les laisser dans
la rotation plus d’un an. Au fil du temps, la méthode de gestion a une incidence
• Utiliser le matériel de travail du sol approprié : sur la santé du sol. L’évaluation de la santé du sol
s’assurer qu’il soulève et morcèle le sol (chisel à dans chacun des champs et l’adoption de mesures
coutres, cultivateur) au lieu de l’écraser et de le pour la maintenir ou l’améliorer sont un gage de
broyer (disque). productivité. La préservation de la santé du sol est un
• Travailler le sol à différentes profondeurs pour processus de longue haleine. Certaines pratiques de
éviter la formation de semelles de labour. gestion seront bénéfiques, et d’autres, nuisibles. Les
• Limiter la circulation de la machinerie dans le changements peuvent s’opérer relativement lentement,
champ, y compris pour le travail du sol, et la ou rapidement. Comment peut-on évaluer l’influence
contrôler si possible (p. ex. voies permanentes). des pratiques de gestion passées et actuelles sur le
• Limiter le compactage : créer une empreinte longue sol? Certaines pratiques sont faciles et relativement
et étroite en configurant les pneus à cette fin (p. ex. peu coûteuses à mettre en place, alors que d’autres
pneus radiaux, pneus larges, roues doubles, chenilles, exigent plus d’efforts et de détermination. Voici des
pression des pneus plus faible). caractéristiques des sols ainsi que des moyens simples
• Réduire la charge par essieu à moins de cinq tonnes. de les évaluer.
Les sols riches en matière organique qui ont un bon Évaluation de la santé du sol
drainage interne et une bonne structure sont moins
vulnérables au compactage. Pour en savoir plus, Structure du sol
visiter le site Web du MAAARO à l’adresse Importance
ontario.ca/cultures. L’eau circule facilement à travers un sol qui présente
une bonne structure, car il est très poreux (les espaces
d’air sont abondants). Les racines peuvent facilement
239
Guide agronomique des grandes cultures
y pénétrer. Les sols dont la couche arable possède une • Enfoncer une sonde à tuyau ou une tige flexible dans
mauvaise structure vont s’encroûter, ce qui réduit la la zone affectée, à une profondeur de 50 cm (20 po).
levée et la circulation de l’eau dans le sol. Refaire l’exercice en bordure du champ ou dans une
zone non affectée et comparer les résultats.
Évaluation • Introduire lentement la tige dans le sol à un rythme
On peut évaluer la structure du sol en la comparant constant.
aux profils décrits à la section Structure du sol, ou en • Évaluer la force nécessaire pour pousser la tige dans
employant la méthode présentée ci-dessous. le sol les bras légèrement pliés (voir photo 8-3a).
• Noter à quelle profondeur il devient nécessaire
• À l’aide d’une pelle, bêcher une motte de terre de d’intensifier la pression pour enfoncer davantage
la largeur de la pelle à environ 15 cm (6 po) de l’extrémité de la tige dans le sol. Ce sont peut-être
profondeur (voir photo 8-2a). des zones que les racines ne peuvent pas pénétrer.
• Soulever la motte avec la pelle. • Avec une pelle, déterrer des plantes dans la zone
• Lever la pelle jusqu’à hauteur de taille et laisser affectée et en examiner les racines.
tomber la motte. • Comparer les racines à celles de plants sains d’une
• Comparer la fragmentation du sol aux agrégats zone non affectée. Dans la zone compactée, les plants
de loam argileux montré sur les photos plus bas : auront des racines difformes ou frêles (voir photo
bonne condition (photo 8-2b), condition moyenne 8-3b). Le système racinaire peut être concentré dans
(photo 8-2c) et mauvaise condition (photo 8-2d). les 10 à 20 premiers centimètres (4 à 8 po) du sol.
240
8. Gestion assurant la santé du sol
241
Guide agronomique des grandes cultures
Évaluation Évaluation
• Au printemps, examiner le champ afin de savoir s’il • Bêcher soigneusement pour extirper les racines
se draine rapidement et si le sol est réchauffé et prêt à de plantes.
être travaillé. • Vérifier si les racines sont réparties de manière
• Observer la culture pour déterminer si un excès uniforme.
d’humidité réduit les rendements, sauf durant les • Les racines blanches sont vivantes.
années humides. • Les racines vont croître vers le bas et à un angle de
la base de la plante, plus ou moins en droite ligne.
• Les racines qui bifurquent soudainement se sont
Capacité de rétention de l’eau probablement heurtées à une zone compactée.
Importance
• Le compactage du sol freine aussi la croissance
La capacité de rétention de l’eau correspond à la
des racines; le système racinaire s’en trouve restreint
capacité du sol à fournir l’humidité nécessaire à
ou alors il se développe plus près de la surface
la croissance des cultures. Les plantes cultivées dans
(voir photos 8-6a et 8-6b).
des sols retenant bien l’eau supporteront mieux un
stress hydrique en période sèche.
Évaluation
• Vérifier si le sol garde bien son humidité.
• Observer les cultures pour voir si les plantes perdent
de leur vigueur durant les épisodes de sécheresse
modérée.
Développement de la culture
Photo 8-6a et 8-6b – Les racines se ramifient
Importance
largement dans le sol, à la recherche
Si le manque de vigueur de la culture n’est pas
d’eau et d’éléments nutritifs essentiels
attribuable aux insectes nuisibles, aux maladies, aux à la croissance des plantes
mauvaises herbes, aux conditions météorologiques
ou à d’autres circonstances, il peut alors s’agir d’un
problème lié au sol. Teneur en éléments nutritifs
Importance
Évaluation Une teneur satisfaisante en éléments nutritifs ainsi
• Examiner la culture au champ, surtout avant le stade
qu’un pH adéquat sont essentiels à la bonne croissance
de reproduction. Tenter de repérer les différences des cultures. Il est très important de faire analyser le sol
dans les stades de croissance et les couleurs. pour vérifier ces caractéristiques et pouvoir prendre les
• La culture devrait être vert foncé, et la croissance,
mesures qui s’imposent.
rapide et relativement uniforme.
• Des cartes de rendement sont également des Évaluation
indicateurs valables des différences dans le rythme Pour de l’information sur l’échantillonnage du sol
de développement des plantes à l’intérieur et des tissus végétaux, ainsi que sur les moyens de
d’un champ. suppléer les carences, voir le chapitre 9, Fertilité
du sol et éléments nutritifs.
Croissance des racines
Importance Fondements de la gestion du sol
Une faible croissance racinaire qui n’est pas causée
par des insectes ou des maladies est probablement Importance de la matière organique
attribuable à un problème de sol. Les racines se La matière organique du sol ne représente qu’une
ramifient largement dans le sol, à la recherche très petite partie du sol, mais elle y joue un rôle
d’eau et d’éléments nutritifs essentiels à la croissance déterminant. L’obtention et le maintien d’une teneur
des plantes. adéquate en matière organique comportent plusieurs
avantages, notamment :
242
8. Gestion assurant la santé du sol
• un gain de rendement et une meilleure santé Matière organique très stable (très décomposée)
des cultures; • Matières parfois désignées sous le nom d’humus.
• une tolérance accrue des cultures à la sécheresse et à • Activité pratiquement figée; elle fait partie intégrante
d’autres stress, comme les insectes et les maladies; du sol.
• une réduction des besoins d’engrais commerciaux • Ces matières s’accrochent à certains éléments
et de chaux. nutritifs et se libèrent graduellement.
• Elles peuvent diminuer les problèmes de drainage ou
On distingue trois types de réservoirs de matière de compaction.
organique dans le sol, comme l’illustre la figure 8-5, • Elles peuvent améliorer la capacité de rétention de
Réservoirs de matière organique du sol. l’eau dans les sols sableux.
243
Guide agronomique des grandes cultures
d’eau accessible aux cultures par le sol, puisque La formation des sols et de leur structure est
ce dernier est en mesure d’en stocker davantage étroitement liée à l’action des cycles de gel-dégel et
et que le volume du système racinaire augmente. des cycles sec/humide, à la croissance des racines,
Parallèlement, le drainage de l’excès d’eau dans au travail du sol et à l’activité des animaux et des
le sol est amélioré); micro-organismes qui s’y trouvent.
• rehausse la porosité en améliorant la structure du sol,
qui laisse ainsi l’air passer plus facilement. La matière organique active du sol, les résidus en
décomposition et la biologie du sol jouent tous un rôle
Des données indiquent aussi que la matière organique majeur dans la formation et le maintien de la structure
contribue à empêcher le phosphore de se transformer du sol. La structure représente le mode d’assemblage
en éléments non assimilables par les plantes. des particules du sol avec l’argile, l’humus et les
substances agglutinantes sécrétées par les organismes
vivants et en décomposition. Pour qu’un sol conserve
Biologie du sol
une bonne structure, c’est-à-dire qu’il présente un
Un sol sain est un milieu bien vivant. Les organismes bon degré d’agrégation, il faut un approvisionnement
qui s’y trouvent contribuent de très près à la santé continu de matière organique, de racines de plantes
du sol et des plantes. Le sol contient notamment vivantes et d’organismes du sol.
des bactéries, des champignons, des algues, des
protozoaires, des nématodes, des vers de terre et Les photos ci-dessous montrent les types de structure
des insectes (fourmis, coléoptères, mille-pattes, etc.). du sol que l’on trouve habituellement en Ontario.
Il abrite aussi des animaux de plus grande taille
(taupes, lapins, serpents, etc.) et contient des racines.
Structure granulaire
Les organismes du sol jouent plusieurs rôles • Le sol se fragmente en petits agrégats ou grumeaux
d’importance : (voir photo 8-7).
• On trouve habituellement ce type de structure
• Ils participent à la décomposition des résidus en surface.
organiques et à leur incorporation dans le sol : • Il s’agit de la structure idéale pour la couche arable.
à mesure que les matières organiques se décomposent, • Cette structure est associée à une très bonne capacité
les éléments nutritifs deviennent disponibles aux de rétention de l’eau et à une abondance de pores;
plantes, et de l’humus et les agrégats du sol se forment. elle favorise également la circulation de l’eau et la
• Ils créent des passages qui facilitent l’infiltration croissance des racines.
de l’eau et améliorent l’aération du sol.
• Ils contribuent à enfouir les résidus de surface
plus profondément dans le sol.
• Ils participent à la fixation de l’azote.
• Ils contribuent à lutter contre les ennemis des
cultures, comme les mauvaises herbes, les insectes
nuisibles, les nématodes et les maladies.
• Ils stimulent la croissance racinaire grâce à des
substances qu’ils sécrètent.
Structure du sol
Un sol bien structuré est propice à la croissance
des cultures. Il est poreux et l’eau peut y pénétrer
facilement au lieu de ruisseler à la surface. L’eau est
alors plus disponible pour les plantes et cause moins Photo 8-7 – Structure granulaire
d’érosion. Un sol poreux permet à l’oxygène de circuler
entre le sol et les racines et facilite l’élimination
du dioxyde de carbone, ce qui améliore la croissance
des racines.
244
8. Gestion assurant la santé du sol
Absence de structure
Photo 8-8 – Structure lamellaire Structure particulaire : le sol se fragmente en particules
individuelles (p. ex. sols sableux contenant peu de
Structure anguleuse matière organique).
• Les agrégats du sol sont de forme cubique ou
• Les sols sans structure ou ayant une mauvaise
irrégulière (voir photo 8-9).
structure ont tendance à former une croûte, surtout
• On trouve couramment ce type de structure dans
s’ils contiennent beaucoup d’argile.
la couche B du sol.
• Cette structure offre peu de résistance à l’érosion
• Cette structure est propice à la croissance des racines
éolienne et hydrique.
et à une bonne aération.
• Structure compacte : le sol se fragmente en grosses
mottes (voir photo 8-11).
• Les sols qui présentent cette structure sont
compactés, les pores y sont peu nombreux, et la
croissance des racines y est restreinte tout comme la
circulation de l’eau.
245
Guide agronomique des grandes cultures
246
8. Gestion assurant la santé du sol
place des composants du sol qui se trouvaient dans la couches dans le sol. Cette variabilité naturelle s’observe
glace. Le sable et le gravier contenus dans l’eau de souvent sur de très courtes distances.
fonte se sont empilés en couches minces, et des lits
plats de sable, de limon et d’argile se sont déposés dans Les producteurs agricoles sont conscients depuis des
les lacs formés par l’accumulation de l’eau de fonte. années de cette variabilité des couches du sol et tentent
Des vents forts soufflant sur les terres dénudées et plates d’améliorer les parcelles moins productives.
ont par ailleurs transporté au loin les particules de sol.
Tous ces dépôts sont à l’origine de nos sols actuels.
247
9. Fertilité et éléments nutritifs
249
Guide agronomique des grandes cultures
250
9. Fertilité et éléments nutritifs
Tableau 9-2 – Directives d’échantillonnage échantillons d’azote des nitrates doivent être pris à
visant à tenir compte des éléments nutritifs une profondeur de 30 cm (12 po); ensuite, dans des
appliqués en bandes champs en semis direct continu, où de l’azote a été
Espace entre Mise en pulvérisé à la volée et où de la chaux sera épandue, les
les bandes place Prélèvement échantillons pour l’analyse du pH doivent être prélevés
76 cm Semoir Une carotte dans la bande à une profondeur de 10 cm (4 po).
(30 po) pour chaque tranche de
20 carottes hors bande Un échantillon est un mélange d’au moins 20
30 cm Semoir Une carotte dans la bande différentes carottes de sol représentatif d’une zone
(12 po) pour chaque tranche de
8 carottes hors bande donnée. Chaque échantillon peut représenter au
76 cm Travail Une carotte dans la zone
maximum 10 ha (25 ac). On doit prélever les carottes
(30 po) du sol en pour chaque tranche de en zigzag dans la zone visée; voir à ce sujet la figure 10-1,
bandes 3 carottes hors zone, lorsque Schémas de dépistage, au chapitre 10, Dépistage.
superficiel, la zone d’influence a 25 cm Il faut éviter de prélever des carottes aux abords de
injecteurs (10 po) de largeur
de fumier chemins en gravier et aux endroits où l’on a entassé de
Espace entre Semoir Échantillons appariés : une la chaux, du fumier, du compost ou des résidus de
les bandes carotte prise aléatoirement culture. On doit prendre des échantillons distincts
connu; lieu et une autre à 50 % de la dans des zones suffisamment vastes pour être gérées
inconnu distance d’espacement
entre les bandes à partir
séparément (p. ex. zones de gestion précises, buttes
du premier échantillon, érodées). Il faut éviter de prélever des carottes dans
perpendiculairement à la des bandes fertilisées depuis peu, ou d’en prélever
bande à la distance des bandes indiquée au tableau 9-2,
Espace entre Semoir S = 8 [x ÷ 30 cm] Directives d’échantillonnage visant à tenir compte
les bandes (S = 8 [x ÷ 12 po])
inconnu S = nombre de carottes des éléments nutritifs appliqués en bandes.
prises entre les bandes (hors
du rayon d’influence de la Si on envoie tout le sol prélevé en laboratoire, il n’y a
bande, qui est de 5 cm si
les engrais sont épandus au pas lieu de le mélanger : le personnel de l’établissement
semoir) s’en chargera. Toutefois, avant de soumettre un
x = espace entre les bandes sous-échantillon au laboratoire, il faut d’abord bien
en centimètres ou pouces
mélanger la terre, défaire les mottes et retirer les
Sources : FERNANDEZ. « Assessment of Soil Phosphorus
and Potassium following Real Time Kinematic-Guided
pierres et les résidus de culture. Il faut parfois faire
Broadcast and Deep-Band Placement in Strip-Till and No- sécher les sols à texture lourde (argileux) pour pouvoir
Till », 2012. les mélanger et créer des sous-échantillons. On doit
Étude autonome menant à l’obtention de crédits envoyer l’échantillon ou le sous-échantillon – environ
d’éducation permanente, Crops & Soils, édition de juillet-
août. 400 g (1 lb) de terre – au laboratoire dans un sac
KITCHEN, WESTFALL et HAVLIN. « Soil Sampling Under No- étiqueté.
Till Banded Phosphorus », Soil Science Society of America
Journal, volume 54, 1990, p. 1661 à 1665.
BALL COELHO, ROY, BRUIN, MORE et WHITE. « Zonejection: Échantillonnage fondé sur des données
Conservation tillage manure nutrient delivery system »,
Agronomy Journal, numéro 101, 2009, p. 215 à 225. géoréférencées ou dirigé
En consignant le lieu d’échantillonnage au moyen
de systèmes de localisation GPS, il est plus facile
Technologies d’échantillonnage du sol de prendre de nouveaux échantillons au même
Pour échantillonner le sol, il faut notamment une endroit les années suivantes et de localiser les
tarière ou une sonde d’échantillonnage. Dans le zones d’échantillonnage ciblées à l’aide de données
cas d’une analyse des oligo-éléments, le tube doit géoréférencées. Cette pratique permet aussi de créer
être en acier inoxydable. Il peut être utile d’utiliser des cartes pour la tenue de registres pluriannuels et
un tournevis pour transférer la carotte de sol du l’épandage localisé d’éléments nutritifs ou de chaux.
tube d’échantillonnage à un contenant, comme un
seau de plastique propre. Les échantillons doivent Le nombre d’échantillons nécessaire pour évaluer un
généralement être prélevés à une profondeur de champ dépend de sa topographie et de la variabilité
15 cm (6 po), mais il y a des exceptions. D’abord, les des sols qui y sont présents, ainsi que du nombre et
du type de cultures. Pour diviser des zones de plus
251
Guide agronomique des grandes cultures
de 10 hectares (25 acres), il faut se fonder sur les d’échantillonnage homogènes dans chaque champ.
anciennes limites du champ ou les différences dans la Une manière simple de procéder est de dessiner
gestion, comme les épandages précédents d’engrais, grossièrement sur une carte les différences connues en
de fumier ou de chaux. On doit échantillonner matière de texture, de topographie ou d’antécédents
séparément chacune des zones problématiques, ainsi des champs ou d’épandage de fumier, puis
qu’une zone adjacente où la croissance est normale, d’échantillonner ces zones séparément. Cette méthode
pour déterminer si les carences en éléments nutritifs ne permet pas de produire automatiquement des cartes
nuisent à la croissance des cultures. L’échantillonnage d’épandage localisé, mais peut convenir à certaines
en grille, qui consiste à prélever des carottes dans des activités.
espaces placés stratégiquement dans le champ, peut
convenir pour créer une base de référence, mais cette L’échantillonnage dirigé peut se fonder sur des cartes
méthode ne permet généralement pas de déterminer la de rendement ou altimétriques, ou des mesures venant
variabilité des sols. Il faut intégrer les sous-divisions des de capteurs ciblant les cultures ou le sol installés sur
champs aux zones d’échantillonnage selon la variabilité la machinerie (habituellement munis d’un GPS). Le
des types de sol, de la texture, de la topographie, du tableau 9-3, Capteurs servant à définir les zones de
drainage ou des caractéristiques des cultures. On gestion et paramètres mesurés, présente en détail les
appelle cette pratique l’échantillonnage dirigé ou méthodes d’échantillonnage dirigé. La figure 9-1,
intelligent. Image infrarouge traitée pour montrer l’indice de
végétation par différence en vert, est quant à elle
Il existe beaucoup de paramètres pour décrire la une image du couvert végétal d’une culture prise au
variabilité d’un champ et aussi, par conséquent, moyen d’un capteur optique infrarouge installé sur un
un grand nombre de moyens d’établir des zones véhicule aérien sans pilote (UAV).
Tableau 9-3 – Capteurs servant à définir les zones de gestion et paramètres mesurés
Plateforme Capteur Mesure Indications sur le sol ou la culture
Capteurs au sol Capteur optique Réflexion d’ondes infrarouges et proches Produit un indice de végétation par
(cultures) infrarouges (fabricants : OptTRx, GreenSeeker) différence normalisée (IVDN), une
indication de la biomasse présente à
la surface.
Capteur de Conductivité électrique (fabricants : EM38, Capacité d’échange cationique, argile,
profondeur Veris Industries, DUALEM, Soil Doctor) eau dans le sol, concentration en
de champ sodium. On peut utiliser l’exemple
électromagnétique pour créer une carte des types de sol
secondaire (sol) présents dans un champ.
Capteur optique Réflexion d’ondes proches infrarouges (700 à Carbone organique, capacité
(sol) 900 nm) d’échange cationique, eau dans le sol
Télédétection Capteur optique Absorption et réflexion de la lumière par le sol Éléments visibles : structure et santé
• Satellite (rayonnement et les plantes de la plante, stress, volume, couleur
• Avion électromagnétique) Plusieurs fourchettes d’ondes mesurées : du sol.
• Véhicule aérien • Ondes visibles (400 à 700 nm); Imagerie multispectrale : on utilise
sans pilote (UAV) • Ondes infrarouges (700 à 1 000 nm); souvent les verts, l’infrarouge et le
• Ondes multispectrales (> 1 longueur d’onde) : proche infrarouge pour créer des
bleu, vert, rouge, proche infrarouge – bandes indices de végétation, p. ex. l’IVDN.
de 50 à 120 nm; Imagerie hyperspectrale : santé des
• Ondes hyperspectrales : spectre complet – cultures, humidité du couvert végétal,
bandes étroites (1 à 15 nm). carences en éléments nutritifs.
Capteur thermique Rayonnement thermique – température Santé des plantes et stress
Radar (détection Rétrodiffusion (fourchette et magnitude Type de sol, minéraux, humidité,
et télémétrie par de l’énergie réfléchie) de rayonnement volume, santé et stress
radioélectricité) hyperfréquence; images de deux ou
trois dimensions
Lidar (détection Délai entre l’envoi de l’impulsion laser vers la Topographie haute résolution,
et télémétrie par cible (sol) et son retour au capteur structure de la végétation, calcul du
ondes lumineuses) volume des cultures
252
9. Fertilité et éléments nutritifs
Figure 9-1 – Image infrarouge traitée pour montrer l’indice de végétation par différence en vert
On a transformé l’image en fausses couleurs (en haut à cartes de rendement avec d’autres cartes ou diverses
gauche) en indice de végétation par différence présenté connaissances du producteur.
en vert (en haut à droite) afin d’établir les zones
d’échantillonnage devant être vérifiées dans le champ La figure 9-2, Carte topographique de zones
(réalité de terrain) ou étayées par d’autres données d’échantillonnage définies selon le relief, illustre
(p. ex. cartes de rendement). une stratégie d’échantillonnage efficace qui fait
bien correspondre la productivité des cultures
Il faut savoir que la corrélation entre les mesures et les avec la topographie. On peut obtenir des données
extrants cartographiés n’est pas toujours bien définie, altimétriques notamment au moyen du GPS d’un
comme quand on utilise des capteurs évaluant un instrument agricole ayant de préférence un signal
paramètre pour produire des cartes traitant d’autres de qualité. Il faut exploiter le matériel qui passe
propriétés qui ont une corrélation faible ou inconnue le plus souvent dans le champ pour dresser un
avec le paramètre. En pareil cas, il faut prélever des portrait complet de la variabilité topographique. À
échantillons de sol ou de tissus végétaux dans le la figure 9-2, on a utilisé un ensemble de données
champ pour vérifier les données des capteurs visant altimétriques provenant d’un semoir de 12 m (40 pi)
à cartographier des caractéristiques précises du sol ou guidé par un système de positionnement cinématique
des cultures. en temps réel (RTK) et un GPS pour établir des zones
d’échantillonnage et ensuite les représenter en trois
dimensions. Les échantillons composites sont prélevés
Zones d’échantillonnage du sol (zones
dans trois différentes zones topographiques qui ont
de gestion)
un bon drainage (butte), un mauvais drainage (faible
dépression) ou un drainage non uniforme (pente sur
Zones de rendement pluriannuelles
le côté). On mélange les carottes pour obtenir un
Si les tendances liées au rendement sont stables
échantillon par catégorie de relief, en présumant que la
depuis plusieurs années, on peut établir des zones en
texture est similaire dans toute la zone.
fonction des rendements normalisés. Normaliser les
rendements, c’est déterminer dans quelle mesure le
rendement est supérieur ou inférieur à la moyenne Utilisation des résultats des analyses de sol
du champ. Chaque année, les zones sont classées en Les résultats des analyses de sol peuvent servir à définir
fonction de leur rendement faible, moyen ou élevé. des zones de gestion pour l’épandage d’éléments
On peut préparer des cartes de rendement normalisé nutritifs et de chaux. Si les besoins des différentes zones
pour la rotation en englobant tous les types de d’échantillonnage sont identiques ou sensiblement les
cultures, ou en analysant une même culture pendant mêmes, on peut les fusionner pour créer de grandes
un certain nombre d’années. En pareil cas, les zones zones de gestion. Les zones de gestion du sol doivent
d’échantillonnage se fondent uniquement sur les présenter des besoins en éléments nutritifs semblables
rendements. Souvent, pour les définir, on combine les
253
Guide agronomique des grandes cultures
et être suffisamment vastes pour que l’on puisse utiliser Moment de l’année
efficacement le matériel d’épandage sur place. On doit Compte tenu des délais de transport et d’analyse, il faut
employer un système d’information géographique prendre les échantillons à l’automne, avant de fertiliser les
(SIG) pour créer des cartes de prescription d’épandage champs pour les cultures semées au printemps. Toutefois,
d’éléments nutritifs ou de chaux et ainsi adapter la vu le surcroît de travail au moment des récoltes et la
dose d’épandage. Il faut copier la carte de prescription fréquence des pluies à cette période de l’année, l’été est
dans le logiciel du tracteur ou du doseur et ajuster parfois un meilleur moment. En prenant des échantillons
la dose comme il se doit pendant que la machine à la même période chaque année, on peut faire un suivi
circule dans le champ. On peut en outre varier la dose plus précis des tendances au fil du temps.
d’épandage en fonction d’autres facteurs : par exemple,
on peut réduire la quantité d’éléments nutritifs à
épandre dans les zones à faible rendement présentant Boîtes à échantillons et feuilles de renseignements
les mêmes résultats d’analyses de sol que ceux de zones On peut obtenir des boîtes à échantillons de sol, des
à fort rendement pour compenser la faible absorption feuilles de renseignements ainsi que le prix des différentes
des éléments nutritifs. Si c’est un problème d’eau et analyses auprès des laboratoires accrédités ou de
non la fertilité du sol qui réduit les rendements, il nombreux fournisseurs d’engrais et de produits agricoles.
peut être plus profitable d’épandre moins d’engrais
dans les zones à texture grossière du champ, même Les pratiques de gestion comme l’épandage de fumier et
si les recommandations liées aux éléments nutritifs l’enfouissement de foin de légumineuses peuvent avoir
découlant des analyses de sol sont les mêmes. une incidence sur les résultats des analyses de sol et sur les
besoins en engrais. Essentielles à la création d’un équilibre
entre les réserves d’éléments nutritifs et les besoins des
Bon drainage 0 280 pi cultures, les données de gestion doivent être consignées
Drainage non uniforme dans la feuille de renseignements sur le champ qui
Mauvais drainage accompagne les échantillons de sol soumis pour analyse.
254
9. Fertilité et éléments nutritifs
255
Guide agronomique des grandes cultures
Qualité de la chaux
Pour modifier l’acidité du sol, on peut épandre à la
volée de la chaux moulue et l’enfouir dans le sol, La chaux calcitique contient surtout du carbonate
aux doses déterminées selon les résultats d’analyses de calcium, et la chaux dolomitique, des carbonates
du sol. Le tableau 9-4, Directives de chaulage pour de magnésium et de calcium. Il faut utiliser la chaux
les cultures de l’Ontario, indique le pH au-dessous dolomitique sur les sols dont la teneur en magnésium
duquel le chaulage est recommandé, ainsi que la est de 100 ou moins, car c’est une excellente source
valeur cible selon la culture. En Ontario, la plupart de magnésium bon marché pour les sols acides. Dans
des cultures poussent bien à un pH plus élevé que les sols dont l’analyse révèle une teneur en magnésium
celui où le chaulage est recommandé. Le pH du sol supérieure à 100, les deux types de chaux peuvent être
est une mesure du degré d’acidité du sol et indique si utilisés.
le chaulage est nécessaire à la culture. Il ne permet pas
d’évaluer la quantité d’acidité de réserve. L’efficacité de la chaux dépend de deux facteurs
importants : la valeur neutralisante et la finesse de
mouture. La valeur neutralisante de la chaux est sa
pH tampon capacité à neutraliser l’acidité du sol lorsqu’elle est
Le pH tampon est la quantité d’acidité de réserve complètement dissoute. On l’exprime en pourcentage
maintenue dans l’argile et les particules de matière de la valeur neutralisante du carbonate de calcium
organique dans le sol à partir de laquelle on pur. Un échantillon de chaux qui neutralise 90 %
déterminera la quantité de chaux nécessaire. Des de l’acidité possède une valeur neutralisante de 90.
quantités différentes d’acidité de réserve signifient que En général, plus la chaux contient de calcium et de
deux sols présentant le même pH auront besoin de magnésium, plus sa valeur neutralisante est élevée. Voir
quantités différentes de chaux pour redresser le pH à la à ce sujet le tableau 9-5, Quantité de chaux nécessaire
valeur voulue. Plus la quantité d’acidité de réserve est pour corriger l’acidité du sol en fonction du pH et du
grande, moins le pH tampon est élevé et plus il faut de pH tampon.
chaux pour augmenter le pH. À l’aide du tableau 9-4
Directives de chaulage pour les cultures de l’Ontario,
on peut déterminer la quantité de chaux dont ont
besoin les sols qui en manquent pour atteindre les
différents pH cibles.
256
9. Fertilité et éléments nutritifs
Tableau 9-5 – Quantité de chaux nécessaire Tableau 9-6 – Exemple de calcul de la finesse
pour corriger l’acidité du sol en fonction de mouture de la chaux
du pH et du pH tampon Taille des % de Facteur
Chaux moulue nécessaire – t/ha (t. c./ac) (en fonction d’un particules l’échantillon x d’efficacité = Cote
indice agricole de 75)
Plus 10 % x 0 = 0
pH pH cible grosses
tampon1 7,0 6,52 6,03 5,54 qu’un tamis
no 101
7,0 2 (0,9) 2 (0,9) 1 (0,5) 1 (0,5)
Tamis no 10 40 % x 0,4 = 16
6,9 3 (1,3) 2 (0,9) 1 (0,5) 1 (0,5) à 602
6,8 3 (1,3) 2 (0,9) 1 (0,5) 1 (0,5) Plus petites 50 % x 1,0 = 50
6,7 4 (1,8) 2 (0,9) 2 (0,9) 1 (0,5) qu’un tamis
no 60
6,6 5 (2,2) 3 (1,3) 2 (0,9) 1 (0,5)
Cote de finesse = 66
6,5 6 (2,7) 3 (1,3) 2 (0,9) 1 (0,5)
1
Un tamis Tyler no 10 a des mailles de 2,0 mm.
6,4 7 (3,1) 4 (1,8) 3 (1,3) 2 (0,9) 2
Un tamis Tyler no 60 a des mailles de 0,25 mm.
6,3 8 (3,6) 5 (2,2) 3 (1,3) 2 (0,9)
6,2 10 (4,5) 6 (2,7) 4 (1,8) 2 (0,9)
6,1 11 (4,9) 7 (3,1) 5 (2,2) 2 (0,9) Indice agricole
6,0 13 (5,8) 9 (4,0) 6 (2,7) 3 (1,3) Un indice agricole de la chaux a été mis au point en
5,9 14 (6,2) 10 (4,5) 7 (3,1) 4 (1,8) Ontario pour permettre la comparaison de chaux ayant une
5,8 16 (7,1) 12 (5,4) 8 (3,6) 4 (1,8) valeur neutralisante et une finesse de mouture différentes.
5,7 18 (8,0) 13 (5,8) 9 (4,0) 5 (2,2)
Valeur neutralisante x
5,6 20 (8,9) 15 (6,7) 11 (4,9) 6 (2,7) Indice finesse de mouture
= _____________________________
5,5 20 (8,9) 17 (7,6) 12 (5,4) 8 (3,6) agricole
5,4 20 (8,9) 19 (8,5) 14 (6,2) 9 (4,0) 100
5,3 20 (8,9) 20 (8,9) 15 (6,7) 10 (4,5) L’indice agricole peut servir à comparer l’efficacité
5,2 20 (8,9) 20 (8,9) 17 (7,6) 11 (4,9) relative de différentes chaux à neutraliser l’acidité du
5,1 20 (8,9) 20 (8,9) 19 (8,5) 13 (5,8) sol. La chaux possédant un indice agricole élevé vaut
5,0 20 (8,9) 20 (8,9) 20 (8,9) 15 (6,7) proportionnellement plus que la chaux possédant un
4,9 20 (8,9) 20 (8,9) 20 (8,9) 16 (7,1) indice plus faible, car elle peut être appliquée à des
4,8 20 (8,9) 20 (8,9) 20 (8,9) 18 (8,0) doses inférieures.
4,7 20 (8,9) 20 (8,9) 20 (8,9) 20 (8,9)
Par exemple, si deux pierres à chaux moulues, A et B,
4,6 20 (8,9) 20 (8,9) 20 (8,9) 20 (8,9)
ont des indices agricoles de 50 et 80 respectivement, la
1
En Ontario, le pH tampon est mesuré au moyen du tampon
Shoemaker, MacLean et Pratt (SMP). D’autres territoires dose de A requise pour certains sols sera de 80/50 fois
peuvent utiliser des tampons différents qui donnent des la dose de B. Donc, la chaux A vaut 50/80 fois le prix
résultats similaires, mais non identiques. de la chaux B par tonne.
2
Chaulage nécessaire si le pH est inférieur à 6,1.
3
Chaulage nécessaire si le pH est inférieur à 5,6.
4
Chaulage nécessaire si le pH est inférieur à 5,1. Les directives associées aux analyses du pH et du pH
tampon du sol reconnues par le MAAARO se fondent
Le deuxième facteur qui influe sur le pouvoir sur une chaux ayant un indice agricole de 75. Si
neutralisant de la chaux est la finesse de sa mouture. l’indice agricole de la chaux est connu, on peut calculer
En effet, une pierre à chaux a une surface de contact la dose précise pour une chaux de cette qualité à l’aide
avec l’acidité du sol bien moins grande que si elle est de la formule suivante :
réduite en poudre; pour cette raison, elle neutralise Taux de
beaucoup moins vite l’acidité et, à toutes fins utiles, 75
chaulage _____________ Dose de
a peu de valeur. Le calcul de la cote de finesse de la selon x Indice =
chaux moulue est illustré au tableau 9-6, Exemple de chaulage
l’analyse agricole de
calcul de la finesse de mouture de la chaux. de sol la chaux
257
Guide agronomique des grandes cultures
Par exemple, si la dose requise, d’après l’analyse de notamment d’engrais, de fumier, de biosolides et de
sol, est de 9 t/ha (4 t. c./ac) et que la chaux offrant résidus n’excède jamais les besoins de la culture.
le meilleur rapport qualité-prix possède un indice
agricole de 90, il faudra appliquer 7,5 t/ha, ou Phosphate et potasse
3,3 t. c./ac (75/90 x 9). Les directives relatives au phosphate et à la potasse se
fondent sur les résultats des analyses de sol reconnues
L’indice agricole ne fournit aucune indication sur la par le MAAARO. Les besoins des cultures en ces deux
teneur en magnésium de la chaux. Il faut utiliser de la éléments nutritifs sont présentés à la section Gestion
chaux dolomitique sur les sols pauvres en magnésium. de la fertilisation de chaque chapitre consacré à une
culture. On doit utiliser ces tableaux uniquement
avec les résultats d’analyses de sol reconnues par le
Profondeur du travail du sol MAAARO. Les analyses non accréditées peuvent
La quantité de chaux indiquée au tableau 9-5, utiliser des solvants d’extraction qui retirent des
Quantité de chaux nécessaire pour corriger l’acidité du quantités différentes d’éléments nutritifs; leurs résultats
sol en fonction du pH et du pH tampon, devrait élever ne peuvent donc pas être interprétés convenablement
le pH des 15 premiers cm (6 po) de sol au pH cible avec les tableaux du MAAARO.
précisé. Si le sol est labouré à une profondeur
supérieure ou inférieure à 15 cm (6 po), il faut
proportionnellement plus ou moins de chaux pour
atteindre le même pH cible. Quand on réduit la Teneur du sol en phosphore
profondeur de travail du sol, on doit diminuer la dose Il faut bien lire les résultats de l’analyse utilisant
proportionnellement. Un chaulage plus fréquent sera la méthode Olsen (bicarbonate de sodium) pour
alors nécessaire. Pour des champs en semis direct où évaluer la teneur en phosphore. On ne peut
des engrais ont été épandus à la surface, il faut prendre pas se fonder sur d’autres méthodes, comme
des échantillons dans les premiers 10 cm (4 po) du sol les Bray ou le Mehlich 3, pour déterminer les
pour déterminer le pH, et épandre les deux tiers de la recommandations en matière d’engrais en
dose indiquée au tableau 9-5. fonction des sections Gestion de la fertilisation
de la présente publication.
Diminution du pH du sol
Lorsque le pH est inférieur à 6,5, il est possible Un examen a été réalisé en 2015 sur les recommandations
d’abaisser le pH (rendre le sol plus acide) en lui liées au phosphate et à la potasse en Ontario. L’exercice
ajoutant du soufre ou du sulfate d’ammonium. Cet consistait à cibler 368 essais provinciaux menés de
apport peut être opportun pour certaines cultures, 1969 à 2013 sur le rendement de cultures recevant
notamment pour lutter contre la galle de la pomme de des engrais de phosphore et de potassium. Il en est
terre, mais, en général, il ne convient pas aux cultures ressorti que le rendement économique du maïs, du
de rotation. On ne peut pas faire alterner le pH du soya, du blé et de la luzerne était habituellement
sol, de faible à moyen, d’une année à l’autre. Si le faible quand le sol avait une teneur en phosphore de
pH du sol est supérieur à 6,5, il est déconseillé – et plus de 12 ppm (méthode Olsen) ou une teneur en
habituellement très peu pratique – d’abaisser le pH potassium de plus de 100 ppm (An Ontario P + K
en raison des grandes quantités de soufre ou de sulfate Database to Affirm and Update BMPs in Field Crop
d’aluminium nécessaires. Production Systems, Janovicek et coll., 2015). En pareil
cas, c’est une dose d’épandage de 20 kg/ha (18 lb/ac)
Azote de P2O5 et de 20 à 30 kg/ha (18 à 27 lb/ac) de K2O
Les directives relatives aux engrais azotés pour les grandes qui donnait généralement les meilleurs rendements
cultures figurent dans les tableaux de la section Gestion économiques. À la lumière de ces résultats, les auteurs
de la fertilisation de chaque chapitre consacré à une de l’examen ont indiqué qu’une teneur en phosphore
culture. Les doses sont diminuées quand on épand de 12 à 18 ppm et en potassium de 100 à 130 ppm
du fumier ou si la culture précédente comprenait des constituait la fourchette de valeurs optimale. À ce jour,
légumineuses vivaces comme la luzerne. aucune analyse économique complète n’a été réalisée
en Ontario concernant la profitabilité à long terme du
Afin de préserver la qualité de la culture et d’éviter maintien du sol au-dessus des teneurs en phosphore et
toute pollution de l’eau souterraine, il faut s’assurer en potassium susmentionnées.
que l’apport total en azote biodisponible provenant
258
9. Fertilité et éléments nutritifs
Phosphore actif : phosphore à l’état solide qui Sans analyse de sol, on peut se faire une idée générale
alimente la réserve de phosphore en solution. des besoins à l’aide des tableaux de directives relatives
Principale source de phosphore biodisponible au phosphate et à la potasse. Il suffit de suivre les
pour les cultures, il provient de minéraux (p. ex. consignes suivantes :
phosphate de calcium), de phosphore inorganique
attaché aux particules de sol, et de phosphore • Si le champ est fertilisé régulièrement depuis de
minéralisé à partir de matière organique. nombreuses années ou s’il a été fortement fertilisé au
cours des dernières années, il faut utiliser la dose de
Phosphore fixé : phosphate inorganique non phosphate et de potasse recommandée pour la cote
biodisponible et phosphore organique qui ne moyenne (RM).
minéralise pas. Il peut demeurer des années dans le • Si le champ a reçu peu d’engrais par le passé, on doit
sol sans jamais devenir assimilable par les plantes. utiliser l’une des doses recommandées pour une cote
élevée (RÉ).
Source : The Nature of Phosphorus in Soils, • Les sols dont la cote du phosphore est nulle
Busman et coll., 2009. www.extension.umn.edu (RN) contiennent beaucoup plus de phosphore
biodisponible qu’il est nécessaire pour la plupart
La surveillance régulière du sol au moyen d’analyses des cultures.
et le maintien de teneurs raisonnables en éléments
nutritifs jouent un rôle important dans la gestion des Il n’est pas conseillé d’épandre du phosphore, que ce
risques associés à une exploitation agricole. Il importe soit sous forme d’engrais, de compost, de fumier ou de
également de noter que les résultats des analyses de biosolides, car cela pourrait réduire les rendements ou
sol ne sont qu’une estimation de la biodisponibilité la qualité de la culture. Ainsi, des apports en phosphate
des éléments nutritifs. Dans le cas du phosphore et peuvent entraîner des carences en zinc dans les sols
du potassium, la valeur indiquée dans l’analyse de sol pauvres en cet élément nutritif et augmenter les risques
correspond à la proportion de ces éléments nutritifs de pollution de l’eau.
qui est biodisponible, soit un petit pourcentage de
la quantité totale présente dans le sol. Par exemple, Le risque de contamination des eaux de surface par le
pour le phosphore, la valeur équivaut à la quantité phosphore est plus grand si la teneur en phosphore est
de phosphate que les plantes peuvent, de façon plus élevée selon l’analyse de sol. Comme le phosphore
modérée, assimiler dans l’immédiat, soit le phosphore se lie fortement aux particules de sol, le déplacement de
en solution et une partie du phosphore actif (voir la ces dernières hors du champ par érosion constitue aussi
barre sur le côté). Les engrais phosphatés épandus un risque important de contamination. C’est pourquoi
sont hautement solubles et intègrent d’abord la réserve la contamination des eaux de surface par le phosphore
en solution; toutefois, une partie de ces engrais, à la ne peut être évaluée uniquement d’après la teneur en
suite d’une réaction chimique, intégrera la réserve de phosphore indiquée dans l’analyse de sol. Si les résultats
phosphore fixé, qui n’est pas assimilable par les plantes. des analyses de sol donnent une cote d’efficacité très
En raison de la nature réactive et non mobile du faible ou nulle aux apports en phosphore, il faut alors
phosphate, il est plus efficace de l’épandre en bandes appliquer toute source de phosphore en se basant
près des racines des cultures pour qu’il soit absorbé au sur un indice-phosphore. Il convient de se référer au
maximum au cours de l’année d’épandage. logiciel NMAN ou à la fiche technique du MAAARO,
Détermination de l’indice-phosphore dans un champ,
Un sol fertile a nécessairement une bonne structure. tous deux disponibles à l’adresse ontario.ca/omafra.
Ainsi, un réseau de racines étendu permet à la L’indice-phosphore indique le risque relatif de
culture d’absorber les éléments nutritifs d’un plus contamination des eaux de surface selon les applications
259
Guide agronomique des grandes cultures
260
9. Fertilité et éléments nutritifs
d’acidité du sol. La forme oxydée du manganèse ou dans l’engrais, ou les deux, peut causer une carence
est moins assimilable que sa forme réduite, ce qui en zinc ou l’aggraver. Il faut épandre seulement la dose
explique pourquoi les signes apparaissent parfois de phosphore recommandée. L’épandage de fumier ou
dans des zones bien aérées et peu compactées. Pour de biosolides peut prévenir ou amoindrir les carences en
plus de renseignements sur les produits et les doses à zinc. La maîtrise de l’érosion peut prévenir ce type de
utiliser pour pallier une carence, se référer aux sections carence en limitant le déplacement de la couche arable.
Oligo-éléments des chapitres consacrés aux différentes
cultures. L’interprétation des résultats des analyses de On peut prévenir les carences en zinc en épandant un
sol pour le manganèse est présentée au tableau 9-7, engrais de zinc à une dose de 4 kg/ha (3,6 lb/ac). On
Interprétation des résultats sur le manganèse. peut aussi en épandre à la volée (dose maximale de
14 kg/ha [12,5 lb/ac]), ce qui suppléera une carence
Tableau 9-7 – Interprétation des résultats pour trois ans, mais toute dose supérieure à 4 kg/ha
sur le manganèse (3,6 lb/ac) ne devrait pas être appliquée en bandes.
Les pulvérisations foliaires permettent parfois de pallier
Teneur du sol
en manganèse1 Mesures suggérées
une carence après l’apparition des signes pour autant
qu’elles soient effectuées au début de la saison de
Supérieure à 30 La biodisponibilité du manganèse est
adéquate pour les grandes cultures. croissance. L’interprétation des résultats des analyses de
16 à 30 La biodisponibilité du manganèse est sol pour le zinc se trouve au tableau 9-8, Interprétation
adéquate pour de nombreuses cultures des résultats sur le zinc.
mais s’approche des niveaux de carence
pour l’avoine, l’orge, le blé et le soya.
Si des signes de carence apparaissent, Tableau 9-8 – Interprétation des résultats sur le
il faut faire une pulvérisation de zinc
manganèse. On peut vérifier le tout au Teneur du sol
moyen d’une analyse des tissus végétaux. en zinc1 Mesures suggérées
Inférieure à 16 La biodisponibilité du manganèse est sans Supérieure à Il y a lieu de soupçonner une
doute insuffisante pour l’avoine, l’orge, le 200 contamination de l’échantillon ou du
blé et le soya. On doit faire une pulvérisation champ.
de manganèse au stade 4 feuilles des
céréales, puis répéter l’opération trois 25 à 200 La biodisponibilité du zinc est adéquate
semaines plus tard s’il y a lieu. pour la plupart des grandes cultures.
1
Ces valeurs donnent un indice de la biodisponibilité 15 à 25 La biodisponibilité du zinc est adéquate
du manganèse; elles sont fondées sur la quantité de pour la plupart des grandes cultures.
manganèse extractible à l’aide d’acide phosphorique, et Cependant, elle est à peine suffisante
sur le pH du sol. pour le maïs. Si le champ n’est pas
pH ≤ 7,1 : teneur du sol en manganèse = 498 + 0,248 uniforme en ce qui concerne sa texture,
(manganèse extractible à l’aide d’acide phosphorique en son pH ou sa vulnérabilité à l’érosion, il
mg/l) - 137 (pH) + 9,64 (pH)2 peut être bénéfique d’épandre du zinc
pH > 7,1 : teneur du sol en manganèse = 11,25 + 0,248 dans certaines zones. Des signes de
(manganèse extractible à l’aide d’acide phosphorique en mg/l) carence au stade 4 à 6 feuilles indiquent
une carence certaine en zinc.
Zinc Inférieure à 15 Le sol ne renferme probablement pas
assez de zinc pour le maïs et devrait en
être enrichi au moyen d’un engrais.
Prévenir et suppléer les carences en zinc 1
Ces valeurs donnent un indice de la biodisponibilité du
En Ontario, le maïs est la culture qui présente le plus de zinc; elles sont fondées sur la quantité de zinc extractible
carences en zinc. On a signalé aussi ce type de carence à l’aide d’acide diéthylènetriaminepentaacétique et sur le
dans les cultures de haricots secs comestibles d’autres pH du sol.
régions, mais elles ne se présentent qu’occasionnellement Teneur en zinc = 203 + 4,5 (zinc extractible à l’aide d’acide
diéthylènetriaminepentaacétique en mg/l) – 50,7 (pH) +
en Ontario. Ces carences ont tendance à apparaître 3,33 (pH)2
dans des sols compactés, sableux et érodés qui ont un
pH très élevé et une faible teneur en matière organique.
Des signes peuvent également apparaître par temps Cuivre
frais et humide au début de la saison de croissance. Les On ne peut pas vraiment se fier aux analyses de sol
carences en zinc se manifestent généralement sur les pour déterminer la teneur en cuivre des terres de
nouvelles pousses sous forme de zones vert pâle entre les l’Ontario, mais il en est autrement avec les analyses
nervures et de jaunissement sur le bout et le pourtour des tissus végétaux, qui sont fort utiles. Le cuivre est
des feuilles. Une haute teneur en phosphore dans le sol rarement déficient dans les sols minéraux, excepté
261
Guide agronomique des grandes cultures
Fer et molybdène
Aucune carence en fer ou en molybdène n’a été On utilise de plus en plus tous les amendements
signalée dans les grandes cultures en Ontario. organiques, et non seulement le lisier. Il peut
s’agir de fumier, de matières de source non
agricole comme des biosolides, du compost et
Ajustement des directives relatives du digestat, et de certains produits enregistrés
aux engrais auprès de l’Agence canadienne d’inspection
Les directives générales relatives aux engrais présentées des aliments qui contiennent des matières
dans ce guide s’appliquent dans les cas où aucune organiques (p. ex. biosolides traités).
source organique d’éléments nutritifs n’a été épandue
sur le champ. Si du fumier ou des biosolides ont été Dans la présente publication, on peut interchanger
épandus, ou si des légumineuses sont enfouies, il faut les termes « fumier » et « autres amendements
réduire la fertilisation afin de compenser l’apport en organiques » dans l’analyse de la biodisponibilité
éléments nutritifs sous forme organique. des éléments nutritifs et des risques.
262
9. Fertilité et éléments nutritifs
Tableau 9-9 – Réduction des besoins en Évaluation des éléments nutritifs biodisponibles à
azote à la suite de l’enfouissement d’un partir de valeurs moyennes
engrais vert de légumineuses La meilleure façon de déterminer la concentration de
Pour toutes chaque élément nutritif dans le fumier est d’en faire
les cultures, analyser un échantillon. Malheureusement, il n’est
réduire le pas toujours possible de le faire, comme dans le cas
besoin en N
d’une nouvelle exploitation. Les valeurs moyennes
Type de culture de
fournissent alors une estimation des éléments nutritifs
Moins du tiers en légumineuses 0
biodisponibles pour la culture.
Un tiers à un demi en légumineuses 55 kg/ha
(49 lb/ac)
Le tableau 9-10, Quantités habituelles d’azote, de
Plus de la moitié en légumineuses 110 kg/ha
(100 lb/ac) phosphate et de potasse biodisponibles selon la source
Légumineuses vivaces semées et enfouies 45 kg/ha
d’éléments nutritifs organiques, présente une estimation
la même année1 (40 lb/ac) des éléments nutritifs que contiennent divers types
Résidus de soya et de haricots de grande 0 de fumier. Les valeurs indiquées se fondent sur les
culture2 résultats moyens d’analyses de fumiers effectuées dans
1
S’applique là où le peuplement est dense et les plantes les laboratoires accrédités de l’Ontario. L’azote est
atteignent plus de 40 cm (16 po) de hauteur. indiqué sous sa forme biodisponible selon les pratiques
2
Pour toutes les cultures autres que le maïs. Pour ajuster
les besoins en engrais pour le maïs, se référer à la Feuille
d’épandage. Les quantités de phosphate et de potasse
de calcul des doses d’azote pour le maïs de l’annexe B. correspondent aux quantités d’éléments nutritifs
assimilables qui peuvent remplacer les éléments
apportés par des engrais. On peut utiliser ces valeurs
Ajustement des engrais après l’épandage comme point de départ pour calculer l’apport en
de fumier éléments nutritifs provenant du fumier.
Beaucoup d’exploitations agricoles de l’Ontario font de
l’élevage, générant ainsi plus de 25 millions de tonnes
de fumier par année. Pour maximiser les avantages
économiques du fumier en nuisant le moins possible à
l’environnement, le producteur doit savoir bien gérer
les éléments nutritifs provenant de ce fertilisant.
263
Guide agronomique des grandes cultures
264
9. Fertilité et éléments nutritifs
La biodisponibilité de l’azote du fumier dépend des le fumier n’est pas incorporé immédiatement. Le reste
proportions d’azote ammoniacal et d’azote organique de l’azote du fumier est présent sous forme organique
qui s’y trouvent, ainsi que de la période de l’année où et devient graduellement assimilable par la culture à
l’épandage et l’incorporation sont effectués. L’azote mesure que les composés organiques se décomposent.
ammoniacal du fumier, qui est immédiatement
assimilable par la culture, a la même composition On peut estimer plus précisément les éléments nutritifs
chimique que l’azote que l’on trouve dans bon biodisponibles en tenant compte du moment et des
nombre d’engrais minéraux. Malheureusement, l’azote conditions de l’épandage, ainsi que du délai avant
ammoniacal est également susceptible de se volatiliser si l’incorporation. Voir à ce sujet la feuille de travail du
265
Guide agronomique des grandes cultures
266
9. Fertilité et éléments nutritifs
Selon un examen récent des données sur la réaction Tableau 9-11 – Proportions approximatives
des cultures à l’azote du fumier, il y aurait plusieurs d’azote ammoniacal par rapport à l’azote
moyens d’améliorer l’absorption de l’azote provenant total par type de fumier
de ce fertilisant. Plus précisément, la biodisponibilité Azote
estimée de l’azote du fumier de ruminants (p. ex. Type Source ammoniacal2
fumier de bovins avec litière) est plus élevée quand Fumier Fumier liquide – porcs 66 %
l’épandage se fait à l’automne, et moindre lorsqu’il liquide1 Fumier liquide – bovins 42 %
est effectué au printemps, en présemis. L’apport en laitiers
azote de fumier de porcs et de volailles est demeuré Fumier liquide – bovins de 43 %
relativement le même par rapport aux anciennes boucherie
estimations. Fumier liquide – volailles 67 %
Fumier Fumier solide – porcs 26 %
solide2 Fumier solide – bovins 21 %
Azote minéral provenant du fumier laitiers
Le fumier de divers types d’élevages comporte des Fumier solide – bovins 12 %
proportions variables d’azote organique et ammoniacal. de boucherie (litière
Le fumier liquide contient par exemple plus d’azote abondante)
ammoniacal que le fumier solide. On peut déterminer Fumier solide – chevaux 15 %
les proportions respectives d’azote ammoniacal Fumier solide – volailles 6%
(poulets à griller)
(NH4-N) et d’azote organique au moyen d’une analyse
du fumier, ou par approximation à partir des valeurs Fumier solide – volailles 46 %
(pondeuses)
fournies au tableau 9-11, Proportions approximatives
Fumier composté – bovins 0,6 %
d’azote ammoniacal par rapport à l’azote total par type
Sources Biosolides d’épuration 1,6 %
de fumier. municipales (digestion aérobie)
Biosolides d’épuration 35 %
L’azote ammoniacal (NH4-N) est directement (digestion anaérobie)
assimilable par les cultures en croissance, tout comme Biosolides d’épuration 12 %
l’azote que contiennent les engrais minéraux, mais déshydratés
il est également susceptible de se volatiliser. La Biosolides d’épuration Trace
volatilisation se poursuit jusqu’à ce que le fumier passe stabilisés à la chaux
dans le sol, soit par incorporation ou à cause de la Biosolides d’usine de papier Trace
pluie. Quand il est incorporé rapidement, le fumier Compost de résidus de 5%
fournit davantage d’azote à la culture. Le taux de champignons
volatilisation de NH4-N dépend du degré d’humidité 1
Plus l’humidité est élevée (ou que la matière sèche
diminue), plus le contenu en azote ammoniacal augmente.
du sol et des conditions météorologiques au moment 2
Le reste de l’azote est sous forme organique.
de l’épandage. L’azote ammoniacal est davantage
absorbé par l’eau du sol lorsque ce dernier est humide,
tandis que les températures chaudes augmentent les Lorsque le fumier est épandu à la fin de l’automne
pertes par volatilisation. Les pertes sont plus élevées (< 10 °C), les pertes sont plus faibles puisque les
les jours chauds et ensoleillés quand les sols sont secs, températures fraîches diminuent l’activité microbienne
et plus faibles par temps couvert et froid (< 10 °C), du sol, ce qui réduit la conversion. Il peut y avoir de
lorsque les sols sont humides ou durant les périodes grandes pertes à cause du ruissellement des applications
de pluie. L’azote ammoniacal résiduel dans le sol de fin d’automne, surtout si le fumier n’est pas incorporé.
est assimilable par la culture. Une estimation de la La section Atténuation des risques liés à l’azote traite des
quantité d’azote ammoniacal préservé dans certaines pertes d’azote par lessivage et dénitrification.
conditions figure au tableau 9-12, Estimation de la
proportion (facteur) d’azote ammoniacal du fumier qui
est préservée pendant l’année d’épandage. Ces valeurs
moyennes, présentées à des fins de planification,
tiennent aussi compte de l’incidence de la température.
267
Guide agronomique des grandes cultures
Azote organique provenant du fumier assimilable par la culture. On peut estimer cette
L’azote organique n’est assimilable par la culture biodisponibilité en déterminant la quantité d’azote
qu’après avoir été minéralisé sous forme ammoniacale dont les organismes présents dans le sol auront besoin
par l’activité microbienne. L’ampleur de la minéralisation pour minéraliser l’azote que contient le fumier. Si la
dépend du type de fumier, puisque dans certains cas, quantité d’azote dans le fumier excède les besoins de
la matière organique qu’il contient se décompose ces organismes, l’excédent est alors relâché dans le sol.
moins bien. En général, l’azote organique devient Inversement, si la quantité d’azote dans la matière
plus rapidement biodisponible s’il provient de fumier organique est inférieure aux besoins des organismes,
d’animaux nourris avec des concentrés plutôt que la portion supplémentaire d’azote requise est tirée
des fourrages. (empruntée) du sol, ce qui réduit la quantité d’azote
biodisponible pour la culture.
La minéralisation cesse presque complètement lorsque
les températures du sol se rapprochent du point À la lumière d’une évaluation des données de 180
de congélation et s’accélère par temps chaud et en études de terrain portant sur le rendement des cultures
présence d’un bon taux d’humidité, c’est-à-dire à des après l’épandage de fumier menée par J. Lauzon
conditions qui favorisent la croissance microbienne. et K. Janovicek (Université de Guelph) en 2013,
L’azote de fumier solide épandu juste avant les semis une estimation de la quantité d’azote organique
pourrait ne pas être assimilable à temps pour répondre biodisponible provenant du fumier épandu au
aux besoins de la culture. La flore microbienne du printemps a été ajoutée à la formule présentée plus bas.
sol joue un rôle important dans la minéralisation de Dans cette dernière, on présume qu’en moyenne 42 %
l’azote organique. Le ratio carbone-azote peut aider à du carbone provient de la matière sèche du fumier,
prévoir la quantité d’azote qui sera libérée pour une qu’on préserve 37,4 % du carbone pour le fumier
culture : du fumier solide de bovins ayant une forte liquide et 31 % pour le fumier solide, et que le ratio
teneur en carbone (litière de copeaux de bois) et une carbone-azote de la biologie du sol est de 8:1.
faible teneur en azote (fourrages de faible qualité)
présentera un ratio carbone-azote élevé (p. ex. 50:1). Formule (voir version longue plus bas) : Azote
Du fumier solide de volailles ayant une diète riche en organique biodisponible du fumier = azote organique
protéines qui contient de la litière de paille aura quant x (carbone dans le fumier x carbone absorbé par les
à lui un faible ratio carbone-azote (p. ex. 9:1) organismes présents dans le sol x ratio carbone-azote
de la biologie du sol) x facteur de conversion (% de lb
Pour calculer la quantité d’azote organique par t. c. ou par 1 000 gallons).
biodisponible, il faut tenir compte des résultats de
l’analyse des éléments nutritifs du fumier, du carbone Le NH4-N, qu’il soit appliqué directement ou
organique et du ratio carbone-azote. Voir la formule provienne de la minéralisation de l’azote organique, est
présentée plus loin dans cette section, Pourcentage converti en azote des nitrates par l’activité microbienne
estimatif des pertes d’azote organique biodisponible dans le sol. Contrairement au NH4-N qui se lie aux
pendant l’année de l’application, qui sert à évaluer particules du sol, l’ion nitrate peut circuler librement
la quantité d’azote organique du fumier qui sera avec l’eau du sol.
268
9. Fertilité et éléments nutritifs
De l’azote des nitrates (NO3-N) se perd par lessivage quantité d’azote biodisponible l’année suivante. Pour
ou dénitrification du sol si le fumier (surtout le fumier évaluer la quantité d’azote assimilable par la culture,
liquide, qui est riche en NH4-N) est épandu en été ou il faut multiplier la quantité d’azote présente dans
au début de l’automne sur un sol dénudé. La quantité le fumier (selon l’analyse) épandu au champ par le
perdue dépend de la quantité de NO3-N produite, qui facteur de biodisponibilité (tableau 9-13) selon le type
elle dépend du temps requis pour la conversion du de fumier et le moment de l’épandage.
NH4-N et l’azote organique en NO3-N. Les épandages
de fumier faits à la fin de l’été risquent davantage Exemple : 45 000 l/ha (4 000 gal/ac) de fumier liquide
d’occasionner des pertes de NO3-N que ceux effectués de porcs de finition sont épandus au début de l’automne
juste avant le gel ou au printemps. sur un sol dénudé (l’analyse montre que le fumier
contient 0,52 % d’azote au total, ce qui correspond à
Les cultures couvre-sol peuvent contribuer à retenir 5,2 kg/m3 ou 52 lb/1 000 gal d’azote au total). Vu les
l’azote du fumier épandu l’été ou au début de pertes causées par un épandage au début de l’automne,
l’automne. Les cultures qui captent l’azote, comme l’apport total en azote du fumier est de 82 kg/ha
les brassicacées (radis), les céréales (avoine) et les (73 lb/ac). [45 l/ha x 5,2 kg/l x 0,35 = 82 kg/ha]
légumineuses (trèfle rouge), le conservent dans leurs
racines et leur biomasse. Consulter à ce sujet la section Le tableau 9-13 tient compte de la volatilisation
Cultures couvre-sol au chapitre 8, Gestion assurant la de l’azote ammoniacal, de la minéralisation de
santé du sol. l’azote organique et de la perte des nitrates par
dénitrification ou lessivage. Une grande partie de
Le tableau 9-13, Estimation de l’azote biodisponible l’azote ammoniacal se volatilise quand on laisse
provenant de fumier épandu à la fin de l’été et à le fumier à la surface du sol, sans l’incorporer; la
l’automne, sous forme de proportion (facteur) de l’azote proportion d’azote assimilable par la culture est
total épandu, présente les résultats d’essais au champ donc plus élevée si le fumier est incorporé.
avec certains types de fumier, qui visaient à établir la
Exemple : fumier liquide de bovins laitiers Exemple : fumier solide de poulets à griller
(4,5 % de matière sèche, 0,25 % de l’azote total; 0,12 % de (70 % de matière sèche, 3,12 % de l’azote
NH4-N; 0,04 % de phosphore; 0,19 % de potassium) total; 0,6 % de NH4-N; 1,4 % de phosphore;
1,8 % de potassium)
269
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 9-13 – Estimation de l’azote biodisponible provenant de fumier épandu à la fin de l’été
et à l’automne, sous forme de proportion (facteur) de l’azote total épandu
Azote biodisponible du fumier = azote total (selon l’analyse) x azote biodisponible (facteur du tableau)
On présume qu’il s’agit d’une culture semée au printemps qui poussera pendant toute la saison (p. ex. maïs).
Les données tiennent compte des pertes d’ammoniac par volatilisation et de la minéralisation de l’azote organique.
Incorporé (< 24 heures) Non incorporé1
Type de Début de Fin de Début de Fin de
fumier Moment de l’épandage Fin de l’été l’automne l’automne l’automne l’automne
Fumier Fumier solide – bovins/ 0,20 0,30 0,35 0,30 0,35
solide moutons/chevaux
Fumier solide – porcs/compost1 0,30 0,40 0,45 0,40 0,45
Fumier solide – volailles/visons 0,40 0,50 0,60 0,50 0,60
Fumier Fumier liquide – bovins 0,30 0,30 0,35 0,30 0,35
liquide Fumier liquide – porcs 0,25 0,35 0,45 0,35 0,45
Fumier liquide – volailles/visons 1
0,25 0,35 0,50 0,35 0,50
Biosolides sous forme liquide 0,25 0,35 0,45 0,35 0,45
1
Ces coefficients se fondent sur la biodisponibilité présumée de l’azote selon les caractéristiques de chaque type de fumier, car il
n’existe pas de mesures directes de cette biodisponibilité.
Adatation (par K. Reid) d’un document de J. Lauzon et K. Janovicek, Université de Guelph, 2013. Le tableau se fonde sur une
évaluation des données de 180 champs, dont 165 de maïs, portant sur le rendement des cultures après l’épandage de fumier.
Azote total 0,82 % 0,38 % Azote organique Azote total – NH4-N = azote organique
biodisponible De l’azote organique est relâché lentement grâce à
+ l’activité microbienne à un taux variant de 5 à 30 %, selon :
NH4-N biodisponible • le moment de l’épandage;
= • le ratio carbone-azote;
Azote total biodisponible • l’état du sol et les conditions météorologiques.
270
9. Fertilité et éléments nutritifs
Matière 42 % 18,5 % 463 kg/t La matière organique biodisponible est indiquée sous
organique (185 kg/m3) forme de matière sèche épandue.
La teneur actuelle du sol en matière organique aura une
incidence sur l’absorption, le recyclage et la perte des
éléments nutritifs ainsi que la capacité à retenir l’eau.
Lorsqu’on épand régulièrement du fumier, le sol contient
habituellement plus de matière organique.
271
Guide agronomique des grandes cultures
Densité 455 kg/m3 1 062 kg/m3 – La densité apparente du sol est un point important
apparente du (28,4 lb/pi3) (66,3 lb/pi3) à considérer dans la planification du transport et de
sol l’épandage d’amendements.
Elle est généralement de 25 lb/pi3 pour le fumier de
poulets à griller ou les matières compostées, et peut
souvent dépasser 50 lb/pi3 dans le cas de fumier solide
de bovins contenant beaucoup de litière.
Conversion : kg/m3 x 2,2 ÷ 35,31 = lb/pi3
Soufre (S) 627 ppm 320 ppm 0,63 kg/t Une grande proportion se présente sous forme
(3,2 kg/m3) de soufre organique ou élémentaire, qui est libéré
lentement grâce à l’activité microbienne.
Un épandage régulier de fumier fournit habituellement
une quantité de soufre adaptée aux besoins des
cultures.
Si l’épandage est peu fréquent, les cultures de canola
ou de luzerne pourraient manquer de cet élément
nutritif, surtout si le sol est frais et humide.
Conductivité 10 mS/cm 14 mS/cm 6,4 kg/t Tous les sels : K, NH4, Mg, Ca, Al et le sodium (Na).
électrique (9 kg/m3) La conductivité électrique et le sodium (Na) sont tous
(conductivité) deux des mesures de la teneur en sel.
Ils ont une teneur élevée en sel et peuvent causer
des dommages (semis/germination) si on plante les
cultures trop rapidement après l’épandage, ou si la
matière a été épandue à la surface (semis direct) par
temps très sec.
Sodium (Na) 0,86 % 0,06 % 8,6 kg/t Le sodium est un type de sel qui favorise la conductivité
(0,6 kg/m3) électrique. C’est notamment celui que l’on trouve
dans la nourriture humaine et animale. Le compost
de déchets alimentaires et certains types de fumier
contiennent beaucoup de sodium.
272
9. Fertilité et éléments nutritifs
273
Guide agronomique des grandes cultures
274
9. Fertilité et éléments nutritifs
Valeur à long terme du fumier Si les épandages de fumier visent à combler tous
L’analyse de sol est le meilleur moyen d’évaluer la les besoins en azote d’une culture de maïs, on se
biodisponibilité à long terme du phosphore, du retrouve habituellement avec des concentrations de
potassium, du magnésium, du zinc ou du manganèse phosphore et de potassium supérieures à ce que peut
provenant d’épandages antérieurs de fumier. À la assimiler la culture, et l’analyse de sol révélera une
longue, l’épandage de grandes quantités de fumier peut augmentation des concentrations de ces éléments
amener de fortes concentrations de phosphore et de nutritifs. Dans le cas du fumier liquide, on considère
potassium assimilables dans le sol. Le fumier apporte comme un compromis raisonnable le fait d’en épandre
aussi de la matière organique et d’autres éléments suffisamment pour répondre aux deux tiers ou aux trois
nutritifs pour les plantes qui contribuent à améliorer la quarts des besoins en azote de la culture de maïs. Dans
structure du sol et son pouvoir tampon. le cas du fumier solide, étant donné la forte teneur en
carbone de la litière, la libération d’azote est beaucoup
La majeure partie de l’azote biodisponible que l’on moins prévisible. Compte tenu de la difficulté à
retrouve dans le fumier est absorbé par la culture épandre uniformément aussi bien le fumier solide que
ou se perd durant la première saison de croissance le fumier liquide, il est encore souvent conseillé de
qui suit l’épandage. L’azote organique restant recourir à un engrais de démarrage, sauf lorsque les
devient assimilable en petites quantités, lesquelles résultats de l’analyse de sol indiquent que cet apport
diminuent graduellement au cours des années n’augmentera pas le rendement économique.
suivantes. Beaucoup de facteurs influent sur la
biodisponibilité, mais, à des fins de planification, on On doit tenir compte de l’azote résiduel provenant
présume qu’environ 10 % de l’azote organique est des cultures de légumineuses au moment d’évaluer les
assimilable au cours de l’année suivant l’épandage, et besoins en apport supplémentaire d’azote provenant
que ce taux passe à 5 % et à 2 % pour les deux années de fumier ou d’engrais. D’ailleurs, voir à ce sujet le
subséquentes. En général, la quantité d’azote résiduel tableau 9-9, Réduction des besoins en azote à la suite
provenant de l’épandage de fumier liquide est trop de l’enfouissement d’un engrais vert de légumineuses.
faible pour avoir une incidence réelle sur les directives Il faut épandre judicieusement le fumier sur des
relatives à l’azote visant une culture. Cependant, cultures de céréales, de soya ou de canola, étant
lorsque du fumier solide est régulièrement épandu donné qu’un taux d’application trop élevé augmente
dans un champ, la concentration d’azote résiduel l’incidence de la verse.
biodisponible peut atteindre un niveau important.
La technologie de la machinerie fournit de nouveaux
moyens d’épandre du fumier sur des cultures en
Besoins des cultures croissance, comme le maïs, les cultures fourragères
Ce sont les résultats des analyses de sol et les et les cultures couvre-sol semées après la récolte du
objectifs de rendement qui déterminent en fait les blé. Lorsque l’épandage se fait en été sur des cultures
doses maximales d’épandage de fumier et d’engrais fourragères établies, on doit utiliser des doses de
additionnels qu’il est rentable d’utiliser. Il arrive NH4-N inférieures à 45 m3/ha (4 000 gal/ac), ou de
souvent que les résultats des analyses de sol des 55 à 65 kg/ha (50 à 60 lb/ac). Il faut effectuer les
exploitations d’élevage indiquent que la fertilité du sol épandages sur les cultures fourragères aussitôt que
est tellement grande qu’un apport supplémentaire en possible après la récolte afin d’éviter les dommages
éléments nutritifs ne donnerait aucun bénéfice. aux nouvelles pousses, dus au passage des roues, ainsi
que les risques de brûlure des nouvelles feuilles par
Au lieu de calculer les doses d’épandage du fumier l’azote. On doit éviter d’épandre du fumier concentré
en fonction des résultats d’analyse de sol, on peut se à forte teneur en azote ammoniacal (p. ex. du fumier
fonder sur les quantités d’éléments nutritifs prélevés liquide de poules pondeuses ou du fumier concentré
par la culture et comparer ces dernières aux quantités de porcs de finition) sur les tissus foliaires des récoltes
de phosphore et d’azote provenant du fumier. Cette sur pied. Les peuplements de fourrages plus avancés
méthode devrait théoriquement assurer le maintien de qui renferment davantage de graminées sont ceux qui
la fertilité du sol. Le tableau 9-15, Prélèvement moyen profitent le plus de l’azote du fumier.
d’éléments nutritifs (N, P2O5, K2O) par certaines grandes
cultures, permet de calculer l’absorption moyenne des Bon nombre de producteurs sont aux prises avec des
éléments nutritifs pour diverses cultures. problèmes de compactage, et c’est ce qui explique en
grande partie la popularité des épandages de fumier
275
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 9-15 – Prélèvement moyen d’éléments nutritifs (N, P2O5, K2O) par certaines grandes cultures
Prélèvement
276
9. Fertilité et éléments nutritifs
sur les cultures en croissance et en fin d’été ou au fumier l’hiver ou au début du printemps crée des
début de l’automne. Le compactage nuit au drainage risques de ruissellement et d’accumulations d’éléments
et à l’aération du sol. Le meilleur moyen de l’atténuer nutritifs dans les eaux de surface. Il ne faut jamais
ou de l’éviter est d’épandre le fumier lorsque le sol épandre du fumier sur un sol couvert de neige ou
est sec. L’épandage par système d’irrigation peut gelé en raison du risque de ruissellement des éléments
réduire la compaction, tout comme les pneus radiaux nutritifs : comme le lisier ne peut pas s’infiltrer dans
et les options de gonflage des pneus offertes avec le le sol, le phosphore se déplace avec les eaux de fonte
matériel d’épandage de fumier. Il faut aussi s’assurer de et les particules de sol. Aucun plan de gestion des
maintenir la charge par essieu en deçà de 4,5 tonnes éléments nutritifs ne devrait prévoir d’épandage
(5 t. c.). Les épandages de printemps sont souvent en hiver, mais il est possible d’épandre du fumier
effectués sur des champs détrempés; il n’est pas rare au cours d’un redoux si ce dernier est incorporé
qu’on puisse localiser les voies empruntées par la immédiatement. Lorsqu’il est indispensable de faire
machinerie simplement à partir des bandes de cultures des épandages durant l’hiver (c.-à-d. dans le cadre
rabougries dans le champ. d’un plan d’urgence), il faut se limiter aux champs qui
présentent le plus faible risque de contamination des
eaux de surface par ruissellement.
Problèmes environnementaux liés au fumier
Pour réduire au minimum les problèmes
environnementaux liés au fumier, on peut aussi La contamination de l’environnement est
appliquer aux épandages de fumier le concept du 4R, interdite selon la Loi sur la protection de
utilisé couramment concernant les engrais : l’environnement (1990), la Loi sur les ressources
en eau de l’Ontario (1990), et la Loi sur les
• Bon produit
pêches (1985) du gouvernement fédéral. De
• Bon endroit
plus, la Loi de 2002 sur la gestion des éléments
• Bon moment
nutritifs et le Règlement 267/03 comportent des
• Bon dosage
exigences précises concernant l’épandage du
fumier. Consulter les plus récentes versions de
Le fumier a des caractéristiques particulières qui le
la réglementation et des protocoles à l’adresse
distinguent des engrais : comme on ne peut ajuster la
ontario.ca/fr/lois.
concentration en éléments nutritifs (c.-à-d. les ratios
d’azote, de phosphore et de potassium) du fumier,
on peut l’utiliser conjointement avec des engrais La pluie peut provoquer le lessivage de l’azote
commerciaux pour combler les besoins des cultures. organique vers les cours d’eau quand le fumier a été
Inversement, l’apport en certains éléments nutritifs épandu sur des terres non protégées. Le phosphore,
peut excéder les besoins, mais la culture (ou rotation attaché aux particules de sol, peut être entraîné
des cultures) doit pouvoir les assimiler au fil du temps. jusqu’aux cours d’eau sous l’effet de l’érosion. Des
Il est possible de régler ce problème en préparant un pratiques de conservation du sol peuvent réduire
plan de gestion des éléments nutritifs. les risques de pollution des cours d’eau par les
éléments nutritifs.
On peut déterminer le moment de l’épandage en
fonction de la production et de la capacité de stockage Une zone tampon végétale située le long des cours
du fumier. Il ne faut pas que les éléments nutritifs d’eau protège ces derniers contre la contamination
(surtout l’azote inorganique) restent longtemps à par le fumier épandu dans les champs adjacents
la surface avant que la culture les absorbe. On peut et contre l’érosion des berges. Le potentiel de
envisager de semer des cultures couvre-sol si le fumier ruissellement dépend de l’inclinaison du champ et
est épandu à la fin de l’été ou au début de l’automne. de la texture du sol. L’eau qui circule dans les réseaux
de drainage souterrain peut devenir contaminée si
L’épandage sur des champs en pente abrupte ou sur le fumier pénètre dans un puisard ou s’infiltre dans
des sols imperméables peut favoriser le ruissellement les drains agricoles par des fissures dans le sol ou des
du fumier lorsque les doses sont trop élevées. Pour galeries formées par des vers de terre ou des racines.
certains types de sol, il peut être nécessaire de faire Pour réduire le risque de contaminer l’eau qui circule
plusieurs épandages à dose réduite. L’épandage de dans les réseaux de drainage, il faut épandre de faibles
277
Guide agronomique des grandes cultures
doses lorsque les drains ne sont pas en fonction ou l’infiltration dans les eaux souterraines se produit la
travailler superficiellement le champ avant l’épandage plupart du temps de la fin de l’automne au début
afin de supprimer les grands pores. du printemps, lorsque les précipitations dépassent
l’évaporation. Dans des sols sableux bien drainés,
L’épandage de fumier ou d’engrais dont les éléments la majeure partie des nitrates présents à l’automne
nutritifs dépassent les besoins d’une culture risque peut être lessivée dans les eaux souterraines pendant
d’entraîner la contamination des eaux souterraines, le drainage. Dans les sols lourds, la perte se produit
surtout aux endroits où la couche de terre recouvrant surtout par dénitrification. En réduisant la quantité de
le substratum rocheux est mince, là où la nappe nitrates présente dans le sol à l’automne, on diminue
phréatique se trouve près de la surface ou dans les les deux types de pertes.
sols très sableux où le lessivage pose problème. La
contamination des eaux souterraines peut se produire Exemples de pratiques culturales réduisant le risque de
par le lessivage ou l’infiltration des nitrates dans les perte de nitrates :
fissures et les trous du sol. Il est également possible que
le fumier s’infiltre directement dans l’eau de puits mal • Utilisation de cultures couvre-sol quand du fumier
protégés. Il faut éviter d’épandre du fumier à moins de est appliqué en fin d’été ou en début d’automne;
15 m (50 pi) de puits forés, de 30 m (100 pi) de puits • Épandage d’azote aux moments où la culture en a
ordinaires, ou de 100 m (330 pi) d’un puits municipal. besoin (bon moment);
Voir la Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs • Harmonisation de la quantité d’azote total épandu
et l’article 43 du Règlement 267/03. avec les besoins des cultures (bon dosage).
278
9. Fertilité et éléments nutritifs
Le calcul de l’indice-phosphore tient compte : d’incorporer la paille des céréales ainsi que le fumier
et même de semer des cultures couvre-sol. Lorsque
• du risque d’érosion du sol; le temps est chaud et sec, les vers de terre restent
• du risque de ruissellement; profondément dans la terre; le travail minimal du
• de la teneur du sol en phosphore; sol ne détruira pas les galeries qu’ils créent, et l’azote
• de la méthode (bon endroit) et de la dose d’épandage facilitera la décomposition de la paille.
(bon dosage) des engrais et du fumier. • Il faut épandre le fumier dans les champs de maïs
lorsque les sols sont secs afin d’éviter la formation
Le MAAARO met actuellement au point une nouvelle d’ornières et la compaction. On peut aussi faire
version de l’indice-phosphore, qui tient aussi compte des épandages en bandes sur le maïs sur pied. Si
des effets des drains agricoles, de la solubilité de divers l’apport en éléments nutritifs, surtout l’azote, est
types de fumier et du risque de perte hors de la saison l’objectif principal, il faut déterminer ce qui est le
de croissance. Pour en savoir plus sur l’évaluation plus important : un travail du sol planifié restreint,
des risques liés au phosphore, voir la fiche technique ou une certaine perte d’azote. La quantité d’azote
du MAAARO intitulée Détermination de l’indice- qui risque d’être perdue dépend du type de fumier
phosphore dans un champ ou visiter le site Web épandu. Comme le fumier solide contient moins
ontario.ca/cultures. d’azote ammoniacal, il y aura moins de perte d’azote
au total. Plus la teneur en azote organique est élevée,
Fumier et semis direct moins il y a d’azote biodisponible, mais plus l’azote
est alors libéré sur une longue période. Lorsque le
L’objectif du semis direct, c’est de réduire la fumier est épandu en surface sur un sol dénudé, la
perturbation du sol et des lits de semence. L’objectif de majeure partie de l’azote ammoniacal qu’il contient
l’épandage de fumier, dans une culture en semis direct, sera perdue. S’il pleut (10 à 15 mm ou environ
c’est de fournir les éléments nutritifs dont les cultures 1/2 po de pluie qui pénètre en douceur) peu après
et les micro-organismes présents dans le sol ont besoin, l’épandage, une partie de l’azote ammoniacal sera
et d’ajouter de la matière organique pour améliorer la incorporée au sol.
santé du sol. L’épandage de fumier est des plus efficaces • Même si la pourriture à sclérotes pose moins
lorsque les éléments nutritifs sont incorporés. Quand problème dans les cultures en semis direct, le fumier
on épand du fumier sur des champs en semis direct, épandu avant les semis de soya entraîne souvent une
des compromis sont nécessaires : il faut travailler un densification du couvert végétal, ce qui accentue les
peu le sol, autrement une partie des éléments nutritifs risques. On doit choisir un cultivar présentant une
seront perdus. Les avancées dans les technologies certaine résistance à cette maladie.
d’épandage et les techniques d’application pendant • L’épandage de fumier liquide sur des cultures
la culture (y compris l’épandage de fumier à l’aide de fourragères est une bonne solution. Il faut épandre
barres d’aspersion sous le feuillage ou l’ensemencement le fumier aussitôt que possible après la récolte,
de cultures couvre-sol combiné à l’épandage après la avant la repousse. L’apport en éléments nutritifs est
récolte de céréales) permettent d’épandre du fumier supérieur lorsque le fumier est épandu sur de vieux
dans des champs en semis direct tout en réduisant au peuplements de luzerne.
minimum les pertes d’éléments nutritifs. • Lorsque le fumier est épandu à la surface de champs
en semis direct, il y a de plus grands risques de
Lorsqu’on envisage d’épandre du fumier dans une
ruissellement du phosphore dans les cours d’eau,
culture en semis direct, il est bon de tenir compte de
surtout quand l’application est faite hors de la
certains points, notamment les suivants :
saison de croissance. En augmentant les résidus
ou les cultures couvre-sol, le producteur limitera
• On doit planifier les épandages de fumier en tenant
ce phénomène, mais quand le fumier est épandu
compte des rotations des cultures et des applications
sur un terrain en pente, il vaut mieux prévoir une
pendant la culture, surtout quand on fait du semis
zone tampon (végétaux ou distance de retrait) par
direct pur et dur et que les éléments nutritifs ne sont
rapport aux cours d’eau ou aux parties du champ où
pas incorporés par travail du sol.
l’écoulement de l’eau est concentré.
• La meilleure solution consiste à épandre le fumier
• Il ne faut jamais prévoir d’épandre du fumier sur
après une récolte de blé ou de céréales de printemps.
un sol gelé ou couvert de neige, car il y a alors des
Un travail du sol superficiel effectué à la verticale ou
risques élevés de ruissellement des éléments nutritifs
à l’aide de disques lorsque le sol est sec permettra
(surtout du phosphore). On doit éviter d’épandre du
279
Guide agronomique des grandes cultures
fumier liquide sur des cultures fourragères vivaces Tableau 9-16 – Calibrage des épandeurs de fumier
recouvertes de neige, puisque de la glace peut se Fumier solide –
former sous le fumier et risquer d’aggraver les Calibrage1 Fumier liquide – Calibrage2
dommages hivernaux et le ruissellement. Profondeur
• Il est important de faire évaluer les teneurs en du fumier
éléments nutritifs du fumier quelle que soit la culture, Quantité liquide
de manière à pouvoir ajuster les doses d’engrais par Dose dans le
feuille d’épandage3 seau Dose d’épandage
commerciaux selon la composition du fumier.
• Des doses importantes de fumier épandu en 0,5 kg 3,6 t/ha 2,5 mm 25 m3/ha
(1⁄10 po) (2 225 gal imp./ac)
surface peuvent ralentir le réchauffement du sol (2 675 gal US/ac)
au printemps ou faire croûter le sol. Il est donc 0,9 kg 7,2 t/ha 3,2 mm 32 m3/ha
essentiel de calibrer les épandeurs afin d’obtenir (1⁄8 po) (2 850 gal imp./ac)
le bon dosage. (3 420 gal US/ac)
1,4 kg 10,8 t/ha 6,4 mm 64 m3/ha
(1⁄4 po) (5 520 gal imp./ac)
Calibrage des épandeurs (6 845 gal US/ac)
Le calibrage du matériel d’épandage du fumier est 1,8 kg 14,3 t/ha 10 mm 100 m3/ha
(4⁄10 po) (8 900 gal imp./ac)
indispensable. On peut recourir à différentes méthodes (10 690 gal US/ac)
pour mesurer les doses d’épandage : l’une d’elles consiste 2,3 kg 17,9 t/ha 12,7 mm 127 m3/ha
à peser la charge de fumier et à mesurer la superficie (1⁄2 po) (11 305 gal imp./ac)
qu’elle peut couvrir. Une autre méthode consiste à peser (13 580 gal US/ac)
le fumier solide en étalant des feuilles de plastique sur le 3,2 kg 25,1 t/ha 15,0 mm 150 m3/ha
sol. Dans le cas du fumier liquide, on peut employer des (6⁄10 po) (13 355 gal imp./ac)
(16 040 gal US/ac)
seaux à parois verticales pour mesurer la profondeur des
4,5 kg 35,8 t/ha 19,1 mm 191 m3/ha
applications. Il faut tenir compte des chevauchements, (3⁄4 po) (17 000 gal imp./ac)
surtout quand on utilise des systèmes d’irrigation. Le (20 420 gal US/ac)
tableau 9-16, Calibrage des épandeurs de fumier, présente 6,8 kg 53,8 t/ha 25,4 mm 254 m3/ha
une estimation des doses d’épandage, et le tableau 9-17, (1 po) (22 610 gal imp./ac)
(27 160 gal US/ac)
Densité de différents types de fumier, compare la densité
de divers types de fumier. Pour de plus amples 1 m3 = 1 000 l
renseignements, visiter le site Web du MAAARO
1
À l’aide d’une feuille de 122 x 102 cm (sac de moulée en
plastique de 40 x 48 po).
à l’adresse ontario.ca/cultures. 2
À l’aide d’un seau à parois verticales.
3
t. c./ac = t/ha x 0,45.
280
9. Fertilité et éléments nutritifs
281
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 9-18 – Engrais – Éléments nutritifs Tableau 9-19 – Engrais – Éléments nutritifs
primaires et secondaires secondaires et oligo-éléments
Élément nutritif Quantité
aire
Magnésium (Mg)
prim
Chaux dolomitique 6 à 13 % de Mg
i ti f
Sulfate de magnésium (sel d’Epsom) 10,5 % de Mg
el 1
el 2
nutr
14 % de S
de s
de s
Sulfate de potasse et de magnésie 11 % de Mg
ent
e
ce
fre
20 % de S
ce
Form
Élém
Matière
Indi
Sou
Indi
Soufre (S)
Azote (N) Sulfate de calcium (gypse) 19 % de S
Nitrate Sec 30 à 104 14,5 Soufre élémentaire 90 % de S
d’ammonium 34 % Thiosulfate d’ammonium 12 % de N
(34-0-0) 26 % de S
Nitrate Sec 27 % 93 15,3 Bore (B)
d’ammonium
Borate de sodium 12 à 21 % de B
et de calcium
(27-0-0) Solubor 20,5 % de B
Urée (46-0-0) Sec 45 à 73 8,1 Cuivre (Cu)
46 % Sulfate de cuivre 13 à 25 % de Cu
Sulfate Sec 21 % 24 % 88 16,3 Cuivre chélaté 5 à 13 % de Cu
d’ammonium
(21-0-0) Manganèse (Mn)
282
9. Fertilité et éléments nutritifs
toutefois avoir d’effets marqués sur les concentrations • la proportion de sels que l’engrais contient par unité
de sel dans le reste du sol. La concentration de sel dans d’élément nutritif;
l’eau du sol s’accentue quand il y a peu d’eau. • les différences de solubilité des sels dans le sol;
• la présence de certains constituants ou éléments qui
Les sels solubles interfèrent aussi avec l’absorption de sont particulièrement toxiques (p. ex. ammoniac, bore).
l’eau par les plantes. C’est pourquoi la croissance des
plantes est plus affectée par la présence de sels solubles De nombreux engrais azotés, même s’ils présentent une
quand le temps est sec au moment de la plantation. faible teneur en sel, libèrent de l’ammoniac libre dans
le sol.
On peut facilement déterminer en laboratoire ou sur
le terrain la teneur en sels solubles en mesurant la
conductivité électrique d’un mélange pâteux d’eau
et de terre. Plus la concentration de sels solubles
dans l’eau est élevée, plus la conductivité est forte.
Le tableau 9-21, Interprétation des résultats de conductivité
du sol, permet d’interpréter, comme son nom le dit, les
résultats de conductivité du sol : « F » signifie « faible »,
« M » moyen, « É » élevé, et « T » trop élevée. Certaines
dissolutions nuisent davantage aux plantes (p. ex. Na+,
Cl-) que d’autres (Ca2+, Mg2+, SO42-, HCO3-); ainsi,
quand les sels posent problème, la détermination des
concentrations d’ions permet de faire un meilleur
diagnostic que la conductivité électrique.
283
Guide agronomique des grandes cultures
Engrais azotés L’urée est toxique quand elle est appliquée en bandes
Le nitrate d’ammonium, le phosphate avec les semences ou près d’elles, mais est sans danger
monoammonique et le sulfate d’ammonium ont une si on l’épand à la volée à une dose normale. Les
toxicité semblable et sont beaucoup moins dangereux mélanges dont la teneur en azote est supérieure à
que l’ammoniac anhydre, l’hydroxyde d’ammonium la moitié de la quantité de phosphate contiennent
et l’urée. Le phosphate diammonique est plus toxique souvent de l’urée.
que le phosphate monoammonique, mais moins que
l’urée. Il faut réduire les doses d’urée ou augmenter
les distances entre les semences et la bande d’engrais, Engrais phosphatés
surtout dans le cas de semences sensibles comme les La plupart des engrais phosphatés ne sont guère
haricots ou les pois, et dans les sols à texture grossière toxiques puisqu’une grande partie du phosphate est
(sables et loams sableux). précipitée dans le sol avant même d’entrer en contact
avec les racines. La concentration du phosphore en
Comme l’ammoniac anhydre et l’hydroxyde solution dans le sol est toujours très basse, de sorte
d’ammonium libèrent de l’ammoniac libre, ils ne qu’il n’existe aucune limite quant aux quantités à
devraient pas être épandus près des semences. Il est appliquer près des semences de cultures faites en
donc préférable d’appliquer ces engrais au présemis, champ ou avec elles.
perpendiculairement à la direction du semis. Une
réduction de la densité de peuplement de la bande Le phosphate diammonique est plus dommageable que
peut malgré tout se produire dans des sols très secs ou les autres engrais phosphatés. Voir la section Engrais
si les semis ont lieu trop tôt après l’application. azotés à ce sujet.
284
9. Fertilité et éléments nutritifs
Tableau 9-21 – Interprétation des résultats Directives relatives à l’application sans danger
de conductivité du sol d’éléments nutritifs pour les semis
Selon un ratio eau-sol de 2:1. Pour obtenir l’équivalent en pâte La toxicité des engrais varie grandement selon le
saturée, il faut multiplier par cinq. degré d’humidité du sol. Les dommages se produisent
Conductivité plus fréquemment sur des sols à texture grossière
du sol (sableux ou graveleux) dont la teneur en matière
(millisiemens/
organique est faible, et par temps sec. Pour s’assurer
cm) Cote Réaction des plantes
qu’en toutes circonstances les engrais appliqués en
0 à 0,25 F Convenable pour la plupart
des plantes si les quantités bandes ne seront pas nocifs, il faut en appliquer de
recommandées d’engrais très faibles quantités. Les doses maximales suggérées
sont utilisées. ici pourraient réduire ou retarder la germination ou la
0,26 à 0,45 M Convenable pour la plupart croissance jusque dans 10 % des cas. C’est pourquoi
des plantes si les quantités on recommande généralement d’utiliser au semis
recommandées d’engrais
sont utilisées. des quantités plus faibles que celles indiquées dans
0,46 à 0,70 É Pourrait réduire la levée le tableau 9-22, Doses maximales sûres des éléments
et causer des dommages nutritifs dans les engrais.
allant de légers à graves aux
plantes sensibles au sel.
L’application excessive d’engrais peut endommager les
0,71 à 1,00 T Pourrait réduire la levée plantules sous l’effet de l’ammoniac et du sel, en raison
et causer des dommages
allant de légers à graves à la du contenu en azote et en potassium des engrais. C’est
plupart des plantes. pourquoi on recommande généralement d’utiliser au
1,00 T Causera probablement de semis des quantités plus faibles que celles indiquées.
graves dommages à la plupart Si les besoins en engrais sont élevés, il est parfois
des plantes.
préférable d’en épandre la majeure partie à la volée
et de n’appliquer qu’une faible portion en bandes au
Engrais potassiques moment du semis.
Le chlorure de potassium (KCl) est la source de
Les engrais sont plus dommageables lorsqu’ils
potassium la plus courante dans les engrais. Il est
contiennent du bore, du cuivre, du fer, du manganèse
moins dommageable par unité d’élément nutritif que
et du zinc. Par conséquent, les doses maximales
la plupart des engrais azotés.
auxquelles on peut les utiliser sans danger sont
Le sulfate de potassium (K2SO4) contient moins de sel inférieures à celles qui sont indiquées dans le
que le chlorure de potassium. Le sulfate de potasse et tableau 9-22. Le bore est particulièrement toxique et
de magnésie est à peu près aussi toxique par unité de ne devrait pas être appliqué en bandes.
potassium que le chlorure de potassium. Le nitrate de
Certains producteurs épandent en bandes des doses
potassium est l’une des sources de potassium les moins
beaucoup plus élevées d’engrais qu’il n’est recommandé
dangereuses.
ici, sans problème apparent. Les cultures tolèrent des
Le tableau 9-22, Doses maximales sûres des éléments doses d’engrais beaucoup plus élevées pourvu que le
nutritifs dans les engrais, présente les doses maximales taux d’humidité soit adéquat, mais il est impossible de
d’éléments nutritifs qui sont sécuritaires pour diverses prévoir les mauvaises conditions qui peuvent survenir
cultures. Les doses indiquées s’appliquent pour à la germination. Il est toujours plus prudent de ne pas
l’épandage d’un seul engrais. Si des épandages de dépasser les doses maximales sûres.
deux éléments nutritifs et plus sont combinés, l’effet
cumulatif peut endommager la culture même si les
doses d’épandage sont individuellement en deçà du
seuil de nuisibilité.
285
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 9-22 – Doses maximales sûres des éléments nutritifs dans les engrais
LÉGENDE : – = aucune donnée NR = non recommandé
Azote Azote + potasse + soufre
Rangs Rangs Rangs Rangs Rangs Rangs
espacés de espacés de espacés de espacés de espacés de espacés de
75 cm 38 cm 18 cm 75 cm 38 cm 18 cm
Culture Engrais (30 po) (15 po) (7 po) (30 po) (15 po) (7 po)
Engrais appliqué en bandes – 5 cm (2 po) à côté et 5 cm (2 po) au-dessous des semences
Maïs1 Urée 40 kg/ha – – 79 kg/ha – –
Autres engrais 52 kg/ha – – 117 kg/ha – –
Soya2, pois, haricots Sulfate d’ammonium 30 kg/ha 60 kg/ha – NR NR –
secs Autres engrais NR NR – 90 kg/ha 180 kg/ha –
Engrais avec la semence3
Maïs Autres engrais NR NR – 10 kg/ha 20 kg/ha –
Blé d’automne, Autres engrais – – 15 kg/ha – – 40 kg/ha
triticale, orge
Avoine de printemps, Urée – NR 10 kg/ha – – 30 kg/ha
orge, blé Autres engrais – NR 35 kg/ha – – 55 kg/ha
– sols sableux
Autres engrais – – – 45 kg/ha – – 70 kg/ha
argile
Canola Sulfate d’ammonium – – 22 kg/ha – – 11 kg/ha
– sols sableux
Sulfate d’ammonium – – 22 kg/ha – – 33 kg/ha
– argile
Application à la volée, travail du sol par bandes superficiel
Maïs Urée 200 kg/ha – – 250 kg/ha – –
100 kg/ha = 90 lb/ac
1
À des doses plus élevées, il faut placer l’engrais à au moins 15 cm (6 po) des semences. Lorsque l’espace entre les rangs n’est
pas de 75 cm, on peut ajuster la dose d’engrais pour uniformiser la concentration maximale dans le rang. Par exemple, dans des
rangs espacés de 50 cm (20 po), la dose sûre se calcule ainsi : 75/50 x 52 = 78 kg/ha (70 lb/ac) d’azote.
2
Comme les concentrations élevées d’azote nuisent à la nodulation, il n’est pas recommandé d’en épandre une grande quantité.
3
Il n’est pas recommandé d’appliquer de l’urée avec la semence dans les cultures de maïs, de soya ou de blé d’automne.
Engrais foliaires
L’application excessive d’engrais peut
endommager les plantules sous l’effet de L’apport en oligo-éléments peut se faire par fertilisation
l’ammoniac et du sel, en raison du contenu en foliaire, particulièrement lorsque les carences sont
azote et en potassium des engrais. La toxicité attribuables à l’immobilisation des éléments nutritifs
varie grandement selon la texture du sol, le taux dans le sol (p. ex. du manganèse). La quantité d’éléments
d’humidité, la culture, ainsi que la source et le nutritifs qu’il est possible d’épandre par cette méthode
mode d’application des engrais. Le tableau 9-22, est limitée à cause du risque de brûler les feuilles. Lors de
Doses maximales sûres des éléments nutritifs la préparation d’un mélange d’éléments nutritifs, il faut
dans les engrais, fournit des directives qui s’assurer que la solution n’est pas trop concentrée. On
permettront en général de limiter les dommages, doit consulter l’étiquette des pesticides avant d’y mêler
notamment un taux de germination réduit et des des éléments nutritifs pour pulvérisation foliaire.
retards de croissance, à moins de 10 % des cas.
Les conditions météorologiques, le stress et les Il n’est pas pratique d’épandre des oligo-éléments à
autres facteurs qui influent sur la croissance travers le feuillage, vu la concentration et la quantité
peuvent augmenter les risques de dommages. limitées d’éléments nutritifs qui peuvent être pulvérisés.
Certains éléments nutritifs peuvent être épandus en
quantité importante de cette manière, d’autres non.
286
9. Fertilité et éléments nutritifs
Le choix de l’engrais de démarrage dépend du type Tableau 9-15 – Prélèvement moyen d’éléments
de culture, des besoins en engrais minéraux et de la nutritifs (N, P2O5, K2O) par certaines
machinerie disponible. Il est souvent aussi efficace grandes cultures
d’épandre une partie de l’engrais comme engrais de
démarrage et d’épandre le reste à la volée que d’épandre Adaptation de :
tout l’engrais au semoir. Cette façon de faire permet MURRELL, T.S. « Average nutrient removal rates for
d’économiser temps et énergie, et présente moins de crops in the northcentral region », 2005. En ligne :
risques de dommages aux plantules. L’application à la www.ipni.net/article/IPNI-3258.
volée d’engrais phosphatés à la surface, sans incorporation,
augmente par contre les risques d’atteinte à la qualité de Tableau 9-18 – Engrais – Éléments nutritifs
l’eau. Il faut envisager d’autres options si possible. primaires et secondaires
287
10. Dépistage
289
Guide agronomique des grandes cultures
un dépistage quotidien pour assurer l’opportunité Il est par ailleurs important de porter des vêtements
de l’intervention. On pourra passer plus tard dans la adéquats pour se protéger du soleil et des éléments
saison à un dépistage aux deux semaines, ce qui est nuisibles comme les plantes vénéneuses, les tiques et les
généralement suffisant. Certains insectes et certaines moustiques. Il faut aussi vérifier s’il y a eu récemment
maladies apparaissent plus tard dans la saison et des traitements pesticides sur le terrain et, le cas
peuvent atteindre les seuils d’intervention en quelques échéant, se conformer aux délais de non-retour dans les
jours (p. ex. légionnaire et puceron du soya). Lorsque zones traitées indiqués sur les étiquettes des produits.
les conditions météorologiques et le terrain favorisent
ces ennemis de fin de saison, il faut revenir à un
Nouveaux outils de dépistage
dépistage hebdomadaire. Les observations recueillies
avant la récolte servent souvent à évaluer le rendement De nouveaux outils enrichissent le dépistage et
et à planifier la culture de l’année suivante. Si des facilitent la tenue de registres, notamment de
mauvaises herbes ont échappé aux traitements malgré nombreuses applications d’aide au dépistage pour
que l’on ait appliqué les bons produits correctement, tablettes et téléphones intelligents. Les applications
il faut recueillir des échantillons de mauvaises herbes utilisées doivent cibler toutes les données d’intérêt
pour en vérifier la résistance aux herbicides avant et s’intégrer aux autres logiciels ou au matériel
la récolte. Les échantillons peuvent être envoyés au informatique de l’exploitation agricole, car une
laboratoire de recherche sur les mauvaises herbes application ne vaut pas grand-chose si les données
de l’Université de Guelph (Crop Science Building, restent confinées dans l’appareil. Beaucoup de systèmes
50 Stone Road East, Guelph [Ontario] N1G 2W1). de gestion des cultures et des exploitations agricoles
dans leur ensemble comportent des applications
mobiles qui s’intègrent à leurs programmes principaux.
Outils et techniques de dépistage Bon nombre d’entre elles ont des fonctions GPS
Les outils servant à surveiller les ennemis des cultures donnant aux utilisateurs la possibilité de mieux
et la croissance des cultures varient selon la culture et indiquer l’endroit où ils découvrent des problèmes.
l’ennemi en cause. Voici le matériel de base nécessaire
au dépistage : Autre avantage des appareils électroniques : l’accès
rapide aux ressources documentaires (guides,
• Planchette à pince et formulaires de dépistage ou instruments de mesure, etc.) intégrées à la même
calepin pour consigner les observations (qui peuvent plateforme. Il n’est donc plus nécessaire d’emporter
également être consignées en format électronique). des guides papier avec soi. Certains de ces outils
• Cartes du champ. permettent notamment aux utilisateurs d’échanger
• Pelle. leurs observations et de dresser ainsi le portrait de
• Canif. la présence d’insectes, de leur densité de population
• Sacs en papier et en plastique pour y déposer et de leur répartition dans toute la province. Cette
des spécimens. collaboration sert de système d’alerte et aide à cibler
• Loupe grossissant 10 fois et cadre d’échantillonnage le dépistage durant la saison.
(p. ex. cerceau).
• Règle. Une nouvelle application a été conçue pour faciliter
le dépistage des ennemis des cultures les plus courants
Les dépisteurs professionnels utilisent souvent d’autres en Ontario : il s’agit de Pest Manager, compatible avec
outils, notamment les suivants : toutes les plateformes courantes (www.pestmanager.ca).
290
10. Dépistage
Voici une brève liste des fonctions de base généralement Utilisation de pièges
offertes dans les logiciels de dépistage et les applications Les pièges peuvent être pratiques pour dépister des
mobiles de cartographie : espèces précises telles que la cécidomyie du chou-
fleur ou le ver-gris occidental du haricot. Il existe de
• Cartes et imagerie satellitaire servant à trouver
nombreux types de pièges, qui diffèrent souvent d’une
l’emplacement du champ (p. ex. routes, cours d’eau). espèce à l’autre. Les pièges à phéromones aident à
• Indication des zones problématiques sur la carte par
surveiller les insectes au fil du temps en facilitant leur
des points, des lignes ou des polygones. capture, leur identification et leur dénombrement. Il
• Calcul du périmètre ou de la superficie de la est alors possible de comparer leur population avec
zone touchée. le seuil d’intervention correspondant au stade de
• Application de balises géographiques sur les photos croissance de la culture. Par ailleurs, on peut utiliser
des zones problématiques. un réseau de pièges pour déterminer la population
• Diagnostic à partir de listes et de bases de données en de ravageurs dans une culture d’une région donnée,
ligne (p. ex. banques d’images et listes de mauvaises notamment pour le de ver-gris occidental du haricot
herbes, de maladies et de signes de carence en dans le maïs.
éléments nutritifs).
• Acquisition d’autres services agronomiques Il existe différents fournisseurs de pièges (voir
pour établir le diagnostic ou régler le problème annexe A, Fournisseurs de matériel pour le dépistage
(échantillonnage du sol à un endroit particulier d’insectes). Pour certains ravageurs, le seuil
ou autres services sur mesure offerts depuis d’intervention est fondé sur le nombre d’insectes
l’application). capturés avec des pièges.
• Importation et consultation (en ligne ou hors
ligne) d’information, de données recueillies par les
appareils installés dans les champs (p. ex. capteurs) Utilisation d’un filet fauchoir
et de cartes (p. ex. rendement, activités de dépistage Le filet fauchoir constitue la meilleure méthode de
précédentes, rapports). dépistage dans les cultures denses telles que les céréales,
• Exportation et téléversement automatisés, entièrement la luzerne, le canola et le soya en semis denses. Des
ou partiellement, des données de dépistage et des filets fauchoirs standard de 37 cm (15 po) de diamètre
registres d’observations depuis le champ, à partir d’un sont offerts par les divers fournisseurs figurant à
appareil mobile connecté à Internet, ou dès que le l’annexe A. La technique consiste à marcher dans la
dépisteur retourne à son bureau. culture en balançant le filet d’un côté à l’autre comme
• Différents niveaux d’accès dans la même un pendule de sorte qu’il balaie la partie supérieure du
application permettant aux grandes organisations feuillage sur 37 cm (15 po) et que la partie supérieure
de choisir les outils, les options de modification et du filet arrive à égalité avec le dessus du feuillage. Il
les services à la disposition de chaque utilisateur faut éviter de recueillir de la terre.
(p. ex. dépisteur, gestionnaire).
Les seuils d’intervention sont établis selon
deux méthodes :
Dépistage des insectes
L’utilisation d’une toile, de pièges ou d’un filet fauchoir 1. Un balayage décrivant deux arcs de 180° :
peut faciliter la capture et le dénombrement des Certains chercheurs considèrent que chaque
insectes peu visibles ou de ceux qui se déplacent trop balayage correspond à un mouvement de va-et-
rapidement dans le feuillage pour être vus et comptés. vient complet (aller-retour), c’est-à-dire à deux arcs
de 180°, que l’on effectue en marchant lentement.
Utilisation d’une toile
2. Un balayage décrivant un seul arc de 180° : Pour
On étend une toile blanche sur le sol entre deux rangs d’autres chercheurs, un balayage s’entend d’un
de plants. Par la suite, on les secoue vigoureusement arc de 180° où l’on fait passer le filet fauchoir une
au-dessus de la toile pour que les insectes y tombent. seule fois d’un côté du corps à l’autre.
Il est alors plus facile d’identifier les insectes et de
les dénombrer.
291
Guide agronomique des grandes cultures
292
10. Dépistage
293
Guide agronomique des grandes cultures
Pour déterminer la densité de peuplement des cultures à Tableau 10-3 – Détermination de la densité de
rangs étroits ou le degré d’infestation par les mauvaises peuplement de la culture et des populations
herbes ou les insectes, on peut utiliser un cadre d’ennemis à l’aide d’un cadre
d’échantillonnage d’une superficie connue. Il suffit Compter le nombre de plants qui se trouvent à l’intérieur du
alors de l’insérer soigneusement dans le feuillage pour cerceau ou du cadre carré et le multiplier par le facteur indiqué
pour obtenir la densité de peuplement par hectare ou par acre.
éviter d’endommager les plants et, le cas échéant, de
faire tomber les insectes à compter, puis de dénombrer Facteur par lequel multiplier
le nombre de plants à
les ravageurs ou mauvaises herbes qui se trouvent à l’intérieur du cerceau pour
l’intérieur de ses limites. On peut utiliser un cadre obtenir le :
carré (p. ex. de 1 x 1 m = 1 m2 = 1/10 000 d’hectare Nbre de
[25 x 25 po = 4,36 pi2 = 1/10 000 d’acre]) ou un cadre Dimensions Nbre de plants plants par
circulaire (p. ex. un cerceau). Ces deux méthodes sont intérieures Superficie par hectare acre
présentées au tableau 10-3, Détermination de la densité Cerceau
de peuplement de la culture et des populations d’ennemis à 91 cm 0,66 m 2
15 228 6 162
l’aide d’un cadre. (36 po) (7,1 pi2)
84 cm 0,55 m2 18 122 7 334
Bien des seuils d’intervention correspondent à un (33 po) (5,9 pi2)
nombre moyen d’insectes par plant, par balayage, par 76 cm 0,46 m2 21 928 8 874
unité de surface ou par longueur de rang. Certains (30 po) (4,9 pi2)
peuvent aussi être basés sur le taux de défoliation ou 71,8 cm 0,37 m2 24 711 10 000
(28,25 po) (4,36 pi2)
de dommages. Peu importe la méthode utilisée, il
61 cm 0,29 m2 34 263 13 866
faut faire suffisamment de décomptes aléatoires par (24 po) (3,1 pi2)
champ pour déterminer les populations moyennes.
Cadre carré
Le tableau 10-1 indique le nombre de points
63,6 x 0,405 m2 24 712 10 000
d’échantillonnage recommandés selon la taille du 63,6 cm (4,36 pi2)
champ et l’ennemi en question. À partir du résultat (25 x 25 po)
de chaque décompte, que l’on consigne, on calcule 100 x 1,00 m2 10 000 3 920
la moyenne de tous les décomptes pour estimer la 100 cm (11,1 pi2)
population d’ennemis. Les ennemis pourraient être (40 x 40 po)
294
10. Dépistage
295
Guide agronomique des grandes cultures
Le nombre de DJ accumulés au cours de cette journée, maximale, mais selon une équation très différente. Le
selon le modèle des DJ applicable à la pyrale du maïs, modèle des UTC comprend des calculs différents pour
est donc de 11,5. les températures maximale et minimale. On utilise
10 °C comme température de base pour la température
Il faut tenir compte de quatre facteurs pour comparer de jour ou température maximale, et 30 °C comme
les accumulations de DJ provenant de sources ou de plafond, parce que les cultures de saison chaude ne se
régions diverses. développent pas à des températures inférieures à 10 °C
et connaissent la croissance la plus rapide à environ
1. Les températures de base utilisées dans les 30 °C. On utilise 4,4 °C comme température de base
équations sont-elles les mêmes? pour la température de nuit ou température minimale
et on ne spécifie aucune température optimale, car
Les températures de base utilisées pour calculer les températures minimales de nuit dépassent très
les DJ varient selon les organismes. Ainsi, 150 DJ rarement les 25 °C en Ontario. La température de
pour une température de base de 10 n’égalent pas nuit est considérée comme un facteur linéaire, tandis
150 DJ pour une température de base de 0. que la température de jour est considérée comme
un facteur non linéaire du fait que la croissance
2. Les DJ commencent-ils à s’accumuler à la des cultures est optimale à 30 °C et commence à
même date? ralentir à des températures plus élevées. Les UTC
quotidiennes sont calculées à partir des moyennes
De façon générale, les DJ commencent à des deux valeurs quotidiennes tirées des équations ci-
s’accumuler le 1er avril de chaque année. Toutefois, dessous ou peuvent être obtenues à partir de la matrice
dans les modèles de DJ applicables à certains du tableau 10-4, Accumulations quotidiennes d’unités
insectes, les DJ commencent à s’accumuler à thermiques de croissance en fonction des températures
partir d’un repère biologique (biofix) précis, qui maximale et minimale. La figure 1-1, Unités thermiques
correspond à un stade biologique particulier. de croissance (UTC-M1) pour le maïs, qui se trouve
au chapitre 1 indique sur une carte les accumulations
3. Les équations servant au calcul de la valeur de DJ
d’UTC totales pour la saison en Ontario.
quotidienne sont-elles les mêmes?
Les producteurs qui consignent les températures
Au fil des ans, de nombreuses versions du calcul
maximale et minimale quotidiennes peuvent utiliser
simple des DJ ont vu le jour; elles portent
le tableau 10-4 pour calculer l’accumulation d’UTC
d’ailleurs parfois le même nom.
sur leur exploitation agricole. Dans toutes les régions,
les accumulations sont calculées du 1er mai jusqu’à
4. Les températures sont-elles en degrés Celsius ou
la première journée d’automne où le mercure atteint
en Fahrenheit?
-2 °C. La croissance du maïs est surtout liée à la
Les accumulations de DJ varient de façon température, particulièrement durant la période entre
importante selon qu’elles sont exprimées en degrés les semis et l’apparition des soies. Contrairement au
Celsius ou Fahrenheit. Les modèles de DJ sont soya, la longueur du jour a peu d’effet sur la vitesse
spécifiquement conçus pour être utilisés dans de croissance du maïs. Le système d’UTC utilisé en
un système ou dans l’autre, de telle sorte que le Ontario a été élaboré de façon à évaluer les effets de la
passage de l’un à l’autre nécessite des conversions. température sur la croissance du maïs.
Le modèle de DJ applicable à la pyrale du maïs est
L’accumulation d’UTC agit différemment sur le soya
en degrés Celsius.
que sur le maïs. Culture de saison chaude, le soya est
plus sensible au froid, surtout pendant la floraison. En
Unités thermiques de croissance effet, on croit qu’une période de froid prolongé (moins
Les unités thermiques de croissance (UTC) reposent de 10 °C) pendant la floraison nuit à la formation
sur un principe semblable à celui des degrés-jours de du pollen, et il en résulte des gousses apyrènes (dites
croissance : les accumulations sont calculées sur une « parthénocarpiques »). À noter que les cultivars n’ont
base quotidienne à l’aide des températures minimale et pas toute la même tolérance au temps froid.
296
10. Dépistage
quotidienne
enregistrée
maximale
< 5 °C
10 °C
11 °C
12 °C
13 °C
14 °C
15 °C
16 °C
17 °C
18 °C
19 °C
20 °C
21 °C
22 °C
23 °C
24 °C
5 °C
6 °C
7 °C
8 °C
9 °C
< 10 °C 0 1 1 2 3 4 5 – – – – – – – – – – – – – –
11 °C 2 2 3 4 5 6 7 8 – – – – – – – – – – – – –
12 °C 3 4 5 5 6 7 8 9 10 – – – – – – – – – – – –
13 °C 5 5 6 7 8 9 10 11 11 12 – – – – – – – – – – –
14 °C 6 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 – – – – – – – – – –
15 °C 7 8 9 10 10 11 12 13 14 15 16 17 – – – – – – – – –
16 °C 8 9 10 11 12 13 13 14 15 16 17 18 19 – – – – – – – –
17 °C 10 10 11 12 13 14 15 16 16 17 18 19 20 21 – – – – – – –
18 °C 11 11 12 13 14 15 16 17 17 18 19 20 21 22 23 – – – – – –
19 °C 12 12 13 14 15 16 17 17 18 19 20 21 22 23 24 25 – – – – –
20 °C 12 13 14 15 16 17 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 26 – – – –
21 °C 13 14 15 16 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 25 26 27 28 – – –
22 °C 14 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 23 24 25 26 27 28 29 30 – –
23 °C 15 15 16 17 18 19 20 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 29 30 31 –
24 °C 15 16 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 25 26 27 28 29 30 31 32 33
25 °C 16 16 17 18 19 20 21 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 30 31 32 33
26 °C 16 16 17 18 19 20 21 22 23 24 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 33
27 °C 16 17 18 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 27 28 29 30 31 32 33 34
28 °C 16 17 18 19 20 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 29 30 31 32 33 34
29 °C 16 17 18 19 20 21 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 30 31 32 33 34
30 °C 17 17 18 19 20 21 22 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 31 32 33 34
31 °C 16 17 18 19 20 21 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 30 31 32 33 34
32 °C 16 17 18 19 20 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 29 30 31 32 33 34
33 °C 16 17 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 26 27 28 29 30 31 32 33 34
34 °C 16 16 17 18 19 20 21 22 23 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 32 33
Calcul des valeurs d’UTC quotidiennes Tmax = Température maximale quotidienne (°C)
(mesurée de minuit à minuit)
L’équation servant au calcul de la valeur d’UTC
(L’exactitude devrait être < 0,25 °C)
quotidienne pour un lieu donné se lit comme suit :
Ymin = (1,8 x (Tmin - 4,4))
Valeur d’UTC quotidienne = (Ymax + Ymin) ÷ 2 (Si les valeurs sont négatives, ramener à 0)
Ymax = (3,33 x (Tmax - 10)) - (0,084 x (Tmax - 10)2) Tmin =Température minimale quotidienne (°C)
(Si les valeurs sont négatives, ramener à 0)
297
Guide agronomique des grandes cultures
Figure 10-2 – Exemple de carte créée avec les Agri Cartes de l’Ontario (ontario.ca/agricartes)
298
11. Agriculture de précision
En production culturale, l’agriculture de précision se en tout temps et peut ajuster les intrants (chaux,
définit comme un système de gestion : engrais, densité de peuplement, profondeur du semoir,
pression sur le semoir, cultivars, pesticides, profondeur
• axé sur l’information et la technologie; de labour ou agressivité) selon les données chargées
• adapté à un lieu précis; dans les contrôleurs du matériel. Puisque l’agriculture
• utilisant des données de différente nature pour de précision englobe l’agronomie, le génie et l’analyse
optimiser la profitabilité, la durabilité et la protection géospatiale, il convient de poursuivre le rapprochement
de l’environnement : des producteurs, des conseillers et du personnel de
–– sols (texture, pH); vulgarisation agricole œuvrant dans ces disciplines
–– cultures (intrants, santé et croissance); de façon à utiliser ces technologies de manière plus
–– éléments nutritifs; efficace et plus productive.
–– élévation/topographie;
–– ravageurs; Les GPS ont permis d’automatiser le guidage du
–– humidité; matériel agricole, ce qui comporte plusieurs avantages
–– rendement. importants, notamment la réduction de la fatigue
et du stress qu’éprouvent les opérateurs après une
(Source : Département de l’agriculture des États-Unis, longue journée dans leur tracteur. De nombreuses
Natural Resources Conservation Service (NRCS), études indiquent d’ailleurs que le pilote automatique
Agronomy Technical Note N o 1, 2007.) améliore considérablement l’efficacité, le confort et la
précision des opérateurs. Autre avantage des systèmes
Ce chapitre traite de certaines notions de base de de guidage automatisé : l’efficacité du matériel. En
l’agriculture de précision dans le domaine de la effet, les machines de grande taille peuvent être
production de grandes cultures sans toutefois en utilisées avec une précision centimétrique d’un passage
dresser le portrait complet. L’agriculture de précision à l’autre, assurant ainsi un emploi efficace du temps,
utilise des technologies servant dans d’autres domaines du carburant et des intrants. De plus, comme ces
agricoles (p. ex. élevage, horticulture), qui ne seront systèmes automatisent le matériel, l’opérateur n’a pas
pas abordés. Il est fortement recommandé aux lecteurs à se soucier de leur trajectoire; il n’a qu’à surveiller les
de consulter fréquemment leurs sources d’information systèmes eux-mêmes et les conditions du champ et à
locales. Pour connaître certaines stratégies de faire des ajustements au besoin.
l’agriculture de précision, voir le chapitre 9, Fertilité
et éléments nutritifs, et le chapitre 10, Dépistage.
Applications de l’agriculture de précision
1. L’une des premières mais ô combien importantes
applications de l’agriculture de précision est la
Outils de précision
cartographie du rendement à partir du matériel
Cinématique en temps réel et système de agricole (surtout des moissonneuses-batteuses).
localisation GPS Avant l’arrivée des GPS, on utilisait des capteurs
de rendement, mais le mariage de ces deux
Les avancées en agriculture de précision découlent de technologies a amélioré la qualité des relevés.
l’adoption du positionnement cinématique en temps Une fois calibrés, les capteurs révèlent avec une
réel (RTK) et de la cartographie précise de l’élévation, grande fiabilité les variations de rendement
rendue possible par la technologie géospatiale, dans un champ, qui sont enregistrées pour que
notamment les systèmes de localisation GPS. Ainsi, le producteur puisse se rendre exactement aux
des technologies de plus en plus sophistiquées sont endroits où les capteurs ont relevé un écart
utilisées pour la gestion des champs à une échelle important et en déterminer la cause.
autrefois impossible. Désormais, l’ordinateur de bord
du matériel agricole en connaît l’emplacement exact
299
Guide agronomique des grandes cultures
Les capteurs de rendement recueillent une quantité rapidement aux variations topographiques et aux
phénoménale d’information qui permet de dresser conditions du sol pour optimiser et uniformiser le
rapidement des cartes montrant les endroits où les semis. L’utilisation de cette technologie n’empêche
variations de rendement nuisent à la productivité pas l’opérateur de vérifier occasionnellement
globale du champ et dans quelle mesure. Même par lui-même l’efficacité des semoirs et ainsi la
si ces capteurs existent depuis plusieurs dizaines profondeur, le compactage, l’espacement et la
d’années, on commence à peine à les utiliser à densité de peuplement en déterrant des semences
leur plein potentiel grâce à l’amélioration de leur dans chaque rang.
précision, à leur compatibilité avec les GPS et aux
nouveaux outils logiciels de traitement de données. 4. Les fabricants de matériel agricole recueillent en
temps quasi réel des données sur la machinerie,
2. Autre avancée en agriculture de précision : en plus de compiler et d’analyser les données
l’utilisation de semoirs en ligne, en plus d’exploitations agricoles à l’échelle individuelle,
d’épandeurs d’engrais solides et liquides dotés de régionale, provinciale et nationale afin d’évaluer
systèmes d’arrêt différentiels. Comme le matériel l’efficacité du matériel et son incidence sur les
détecte sa propre position et enregistre le trajet décisions de gestion des cultures. À l’heure
effectué, il est possible de le programmer pour actuelle, les fabricants de matériel, les fournisseurs
arrêter l’application d’intrants (p. ex. semences, de semences et les fournisseurs d’intrants agricoles
engrais, pesticides) aux endroits où il est déjà s’associent pour mettre leurs données en commun
passé afin d’en éviter l’épandage excessif, ce et y trouver réponse à leurs questions d’agronomie.
qui entraîne des économies et réduit les risques
environnementaux. Ces avantages font des semoirs
Application à taux variable
et des épandeurs dotés de fonctions d’application à
taux variable une technologie indispensable et un L’utilisation des données recueillies par le matériel
excellent investissement. pour la gestion intra-parcellaire des champs suscite
de plus en plus d’intérêt. Ce type de gestion nécessite
3. La technologie de réglage de la pression sur au sein d’un même champ la création de zones de
le semoir est un autre outil d’agriculture de gestion distinctes selon le comportement des sols
précision qui n’est pas directement lié aux GPS. au fil du temps (zones ayant une texture du sol, une
Théoriquement, elle sert à régler le contact du topographie, un drainage et un rendement similaires).
semoir avec le sol de façon à optimiser la mise en Comme il est fréquent que plusieurs parties d’un
place des semences par l’utilisation de : même champ aient un comportement différent,
la délimitation de zones ayant une productivité
–– systèmes pneumatiques et hydrauliques potentielle semblable et l’application d’intrants
contrôlant la hauteur du semoir tout entier; différents d’une zone à l’autre devraient permettre
–– systèmes similaires contrôlant la hauteur de d’optimiser le rendement. Ainsi, on applique dans
chaque rayonneur individuellement. chaque zone une quantité d’intrants particulière (p. ex.
engrais, pesticides, travail du sol, semences) selon les
La plupart des producteurs ont de la difficulté taux définis dans les contrôleurs de la machinerie. C’est
à surveiller continuellement les semoirs, la ce que l’on appelle l’application à taux variable (ATV).
profondeur de semis et la qualité de la raie, entre
autres choses, mais la technologie de réglage de L‘ATV vise à optimiser l’utilisation d’intrants et le
la pression facilite le tout. Les producteurs en potentiel de rendement des champs. Pour ce faire, il
ont cependant une opinion mitigée : certains faut souvent faire en sorte que le taux d’application
considèrent qu’il est déjà suffisant que le système des intrants varie grandement dans un même champ :
puisse tenir compte des conditions générales du certaines zones en reçoivent moins, d’autres plus. Ainsi,
champ et ajuster la pression en conséquence, mais même si la quantité d’intrants peut être inférieure ou
d’autres estiment que le système devrait réagir supérieure à celle utilisée avec les méthodes actuelles,
300
11. Agriculture de précision
leur distribution géospatiale garantit qu’ils seront résultats en fonction des intrants et des extrants.
utilisés le plus efficacement possible. Globalement, on Cela permettrait aux producteurs d’établir une base
s’attend à ce que cette pratique réduise la quantité de de connaissances et, avec le temps, d’appliquer la
résidus d’intrants dans l’environnement par rapport quantité optimale d’intrants dans chaque zone de
aux pratiques actuelles. gestion de leurs champs.
L’ATV ne tient pas compte d’un aspect important : Figure 11-1 – Application d’azote à taux variable en
la validation des cartes des zones de gestion et de la temps réel au moyen de capteurs optiques installés
quantité d’intrants établie pour chacune, sans quoi sur un doseur d’engrais Y-Drop. Les capteurs
GreenSeekerMC utilisés pour la culture du blé et du
il est impossible de savoir si les zones et la quantité
maïs sont encerclés en rouge sur la rampe.
d’intrants sont appropriées. Cette validation consiste
à appliquer différents taux des intrants déterminés Photos : Hensall Co-op (gauche) et Claussen
dans chaque zone, puis à examiner et à interpréter les Farms (droite).
résultats pour déterminer la dose optimale, que l’on
compare ensuite avec celle appliquée dans l’ensemble Télédétection
de la zone. Malheureusement, tout comme les autres Les capteurs optiques installés sur du matériel portatif
méthodes de validation des pratiques de production ou des machines servent au dépistage. Le plus souvent,
culturale, celle-ci se fait rétrospectivement; mais ils sont utilisés pour définir l’IVDN.
avec le temps, elle garantit l’efficacité optimale
de l’agriculture de précision. À l’heure actuelle, On s’attend toutefois à une utilisation de plus en plus
l’emploi de procédures de validation et l’examen grande d’autres types de capteurs, dont les capteurs
des résultats demandent beaucoup d’efforts et de thermiques, pour détecter le stress occasionné aux
temps. On cherche donc à établir des systèmes de plantes et d’autres facteurs actuellement invisibles à
validation qui appliquent indépendamment différents l’œil nu. Ces capteurs permettront aux dépisteurs et
taux d’intrants à divers endroits de chaque zone de aux producteurs de déterminer si l’apparition d’une
gestion. Idéalement, de tels systèmes recueilleraient, maladie est imminente et, le cas échéant, d’employer
interpréteraient et compareraient automatiquement des technologies telles que des fongicides à action
les données des sous-parcelles et produiraient des préventive au bon moment, avant même que les signes
rapports indiquant le taux ayant obtenu les meilleurs ne soient visibles. Ces capteurs peuvent être utilisés
301
Guide agronomique des grandes cultures
comme des appareils mobiles ou être installés sur le Les avancées de la télédétection et des UAV
matériel agricole, sur un véhicule aérien sans pilote nécessiteront probablement la vérification au sol des
(UAV) ou sur une plateforme satellitaire. différences relevées (p. ex. semis, culture, mauvaises
herbes, couleur du sol) pour que l’on puisse, à l’avenir,
détecter les différences, en déterminer la cause et
Véhicule aérien sans pilote / système
prendre automatiquement des décisions de gestion
d’aéronef sans pilote
appropriées. On s’attend à ce que cette technologie
Communément appelés « véhicules aériens sans évolue au point où il ne sera plus nécessaire de valider
pilote » (UAV), les systèmes d’aéronef sans pilote les relevés des capteurs en personne.
(UAS) gagnent rapidement en popularité dans le
domaine de l’agriculture. À voilure fixe (avions) ou à Un jour, les capteurs détecteront les maladies, les
rotor (hélicoptères), les UAV peuvent avoir différentes insectes, les sécheresses, les mauvaises herbes, les
tailles, capacités de charge utile et durées de vol. Les inondations, etc. Certaines sociétés de communication
capteurs qui peuvent y être installés ont un prix et par satellite évaluent actuellement le rôle qu’elles
un niveau de sophistication très variés. Les UAV pourraient jouer en agriculture et le moment où les
ne peuvent cependant pas être utilisés n’importe relevés profitent le plus à la gestion des cultures.
où : puisqu’ils partagent l’espace aérien des avions
ordinaires, les autorités fédérales doivent veiller à Bon nombre de ces nouvelles technologies élargiront
ce qu’ils ne présentent aucun risque pour ceux-ci. les possibilités d’amélioration de la production
Les questions de protection de la vie privée limitent culturale sur les plans économique et environnemental.
également leur utilisation. Il est donc courant de
demander la permission des propriétaires fonciers
avant de les employer. Mise à l’essai
La charge utile variée de ces véhicules peut enregistrer Il existe de nombreux logiciels et services
diverses images et données durant les activités infonuagiques d’agriculture de précision. Bon
de dépistage (photos et vidéos numériques haute nombre d’entre eux permettent aux producteurs
résolution, modèles 3D de l’élévation, images d’y téléverser les données de leurs champs
infrarouges ou thermiques, IVDN et relevés d’autres (p. ex. données sur la chimie du sol et le
types de capteurs). Il est possible de rendre ces données rendement) aux fins d’analyse et de télécharger
accessibles aux producteurs et aux conseillers, qui une carte de prescription pour l’application à taux
pourront s’en servir pour surveiller la culture d’une variable. Certains se fondent toutefois sur des
parcelle ou d’un champ entier, ou même de champs résultats modélisés plutôt que sur les données
à l’échelle locale, régionale ou nationale. Cette météorologiques et les données sur les sols du
technologie séduit différents groupes qui s’intéressent champ en question. Il faut donc éviter de se fier
à l’état et à l’évolution des cultures durant la saison de aveuglément à ces cartes et mettre en place
croissance. des stratégies de validation. Par exemple, dans
la figure 11-2, Captures d’écran comparant des
Même si ces précieux outils pourraient, dans un bandes et des blocs où ont été appliqués des taux
monde idéal, recueillir, interpréter et comparer les variables d’azote, on remarque que des passages
données, à l’heure actuelle, ils ne font qu’indiquer entiers ou de petits blocs des zones de gestion
les endroits dans un champ où les différences se correspondent à ceux des pratiques courantes
produisent. Il faut donc en interpréter les résultats soi- d’application uniforme que le producteur aurait
même sur place pour prendre des décisions de gestion normalement utilisées. L’analyse consécutive à
économiques qui régleront ces différences. la récolte comparerait l’approche de l’agriculture
de précision aux résultats de la méthode courante
durant la saison de croissance en question; elle
permettrait donc de déterminer les zones où le
taux appliqué est optimal et celles où il doit être
ajusté dans les prochaines années.
302
11. Agriculture de précision
303
12. Gestion des grains entreposés sur place
Le maintien en bon état des grains entreposés exige • Utiliser la pression statique mesurée et la courbe de
des inspections périodiques minutieuses et de bonnes rendement du ventilateur (que l’on peut obtenir
pratiques d’entreposage. Or, ces pratiques ne se auprès du fabricant) pour déterminer le débit d’air
limitent pas à mettre des grains de bonne qualité dans du ventilateur.
un conteneur à l’épreuve des intempéries. • Bien couvrir les prises d’air de ventilation lorsqu’elles
ne sont pas utilisées pour éviter tout déplacement
d’air involontaire dans les grains. Indiquer sur
Entreposage des grains dans les commandes du ventilateur qu’il faut retirer le
couvercle avant de démarrer l’aération.
des cellules
La qualité des grains est optimale au moment où ils
sont entreposés : comme elle s’améliore rarement Morceau de contreplaqué de 1,27 cm (0,5 po)
pour ne pas dire jamais, elle ne peut que diminuer 12,7 x 81 cm (5 x 32 po)
au fil du temps. Les stratégies présentées ci-dessous Morceau de contreplaqué de 1,27 cm (0,5 po)
contribueront à maintenir la qualité des grains au 12,7 x 61 cm (5 x 24 po)
même niveau que lors de leur mise en cellule découpé de manière à fournir
de stockage. un ajustement serré aux tubes et
cloué à l’autre morceau de contreplaqué
305
Guide agronomique des grandes cultures
306
12. Gestion des grains entreposés sur place
Tableau 12-1 – Temps requis pour que le front Les stratégies suivantes sont essentielles pour prévenir
d’aération atteigne la surface du grain les infestations et réduire le recours aux traitements
LÉGENDE : pi3/min = pied cube par minute; 1 pi3/ d’urgence par fumigation.
min/bo = 13 l/sec/m3
Refroidissement (heures)
Garder les lieux propres
Débit d’air Automne Hiver Printemps
La stratégie la plus importante pour garder les lieux
0,65 l/s/m³ 300 400 240
(1⁄20 pi3/min/bo) exempts d’insectes est de nettoyer les cellules de
1,3 l/s/m³ 150 200 120 stockage et le matériel avant d’entreposer les grains.
(1⁄10 pi3/min/bo) Les résidus de grains des récoltes précédentes sont
2,6 l/s/m³ 75 100 60 la principale source d’infestation dans les grains
(1⁄5 pi3/min/bo) entreposés. Il faut donc nettoyer complètement les
3,2 l/s/m³ 60 80 48 cellules avec un aspirateur performant au moins
(1⁄4 pi3/min/bo) deux semaines avant leur remplissage pour retirer
4,3 l/s/m³ 45 61 36 tous les résidus et les grains compactés, puis vérifier
(1⁄3 pi3/min/bo)
qu’il n’y a plus de vieux grains dans les lézardes et
6,5 l/s/m³ 30 40 24
fissures, derrière les cloisons, entre les doubles parois,
(1⁄2 pi3/min/bo)
sur les surfaces extérieures et en dessous des cellules
9,7 l/s/m³ 20 27 16
(3⁄4 pi3/min/bo) de stockage, de même que dans le matériel servant à
13,0 l/s/m³ 15 20 12 manipuler les grains, dans les canalisations d’aération
(1 pi3/min/bo) et sous les faux-fonds perforés. Les résidus de récolte
collés au matériel servant à manipuler ou à récolter
les grains sont également une source d’infestation.
• Vérifier que la surface du grain a le même aspect que Comme les faux-fonds entièrement perforés ne
lors de la dernière inspection. Si elle est décolorée ou peuvent être facilement soulevés pour être nettoyés, des
de couleur atypique, essayer de trouver la cause du particules de grains s’y accumulent et ouvrent la porte
problème. aux infestations.
• Vérifier s’il y a eu un changement de pression
statique ou de pression de fonctionnement du Les grains et le fourrage tombés au sol à proximité du
ventilateur dans la chambre de répartition d’air qui matériel de manipulation et des cellules de stockage
se trouve sous le faux-fond perforé. doivent être jetés, et les résidus de grains enlevés
–– S’il y a diminution de pression, il n’y a pas lieu de doivent être brûlés, jetés dans une décharge ou broyés
s’inquiéter. pour nourrir les animaux. De plus, il faut laisser un
–– Une augmentation indique que quelque chose espace entre les salles de préparation des aliments et
a fait augmenter la résistance au passage de l’air les cellules de stockage pour éviter que les ravageurs
dans la masse de grain. Il faut donc examiner ne passent de l’une à l’autre. Une fois que l’infestation
l’état du grain. s’est déclarée, elle peut rapidement se répandre aux
• Chercher tout signe de présence d’insectes. installations d’entreposage à proximité.
• Noter les observations dans un registre de
surveillance afin de pouvoir les comparer d’un mois Les grains ne doivent pas être entreposés dans des
à l’autre. bâtiments qui abritent des animaux ou du foin. Les
mangeoires, les trémies et les auges sont souvent
infestées d’insectes. De plus, ces bâtiments représentent
un excellent site d’hivernation, car les insectes y sont
Maîtrise des insectes dans les grains au chaud.
entreposés sur place
Maintenir les installations d’entreposage
La maîtrise des insectes dans les grains en bon état
entreposés passe par de bonnes pratiques Une fois les installations nettoyées, il faut faire les
d’assainissement et d’entreposage. réparations nécessaires pour qu’elles soient à l’épreuve
des ravageurs, soit sceller les lézardes et les fissures où
les insectes pourraient s’introduire.
307
Guide agronomique des grandes cultures
Le dépistage du cucujide roux et de la pyrale indienne Les cellules doivent être propres avant l’application du
de la farine peut se faire à l’aide de pièges-sondes en produit. Si les parois sont poussiéreuses ou couvertes
plastique (voir photo 12-1). Ces pièges-sondes sont de grains compactés, la poudre n’atteindra pas tous les
très sensibles et indiqueront une infestation bien avant insectes rampants et ne pourra donc pas les tuer.
qu’elle n’atteigne le seuil de nuisibilité économique. Si
des cucujides roux ou des pyrales indiennes de la farine Utiliser des traitements de secours au besoin
sont trouvés dans les grains, une fumigation s’impose. Si une infestation survient, il peut être nécessaire de
Les fumigants sont des produits à usage restreint recourir à la fumigation. Le brassage des grains ou
convenant uniquement au grain dont la température leur transfert dans une autre cellule peut réduire les
est supérieure à 5 °C.
308
12. Gestion des grains entreposés sur place
infestations de ravageurs secondaires sous le seuil de identification aide aussi à déterminer la source
nuisibilité économique. Cependant, si des cucujides de l’infestation. Certains insectes ne sont que des
roux ou des pyrales indiennes de la farine sont visibles, ravageurs secondaires qui ne causent pas toujours de
c’est que le problème est grave. S’il y a des toiles à pertes économiques.
la surface des grains, il faut râteler et enlever cette
couche avant la fumigation. Des renseignements sur
les fumigants figurent dans la publication 812F du Insectes des grains entreposés
MAAARO, Guide de protection des grandes cultures.
Technique de dépistage des insectes des
Les fumigants ne sont efficaces que si la température grains entreposés
des grains est supérieure au point de congélation; on
ne peut donc pas toujours y recourir. Les fumigants On insère dans la masse de grain quatre pièges-sondes
ne peuvent être appliqués que par un exterminateur en plastique (voir photo 12-1) à mi-chemin entre le
accrédité. Avant la fumigation, il faut sortir le bétail et centre et la paroi de la cellule de stockage, selon une
la volaille du bâtiment, surtout s’ils se trouvent sous la croix dont le point central correspond au centre de la
cellule de stockage. cellule. On place les pièges à la verticale en veillant à
ce que leur sommet arrive à environ 25 cm (10 po)
L’utilisation de malathion n’est plus recommandée de la surface du grain. On les retire et les examine
pour maîtriser la pyrale indienne de la farine puisque au moins une fois par semaine. En cas d’infestations
l’insecte a développé une résistance à ce produit, qui importantes, il est possible de capturer des insectes
s’avère donc souvent inefficace. après seulement un jour ou deux. Les pièges-sondes
sont très sensibles et indiqueront une infestation
bien avant qu’elle atteigne le seuil de nuisibilité
Identifier les ravageurs correctement économique. Si des insectes se trouvent dans les pièges-
Les insectes des grains entreposés ne sont pas sondes, il faut appliquer les stratégies de lutte indiquées
spécifiques à certaines cultures; ils peuvent s’attaquer au tableau 12-2, Stratégies de lutte contre les insectes
à plusieurs types de grains. Il est important de des grains entreposés sur place. Des lignes directrices
savoir à quels insectes nuisibles on a affaire et de sur les insecticides et les fumigants figurent dans la
bien en évaluer les populations, car les stratégies de publication 812F du MAAARO, Guide de protection
lutte peuvent varier selon le ravageur. Une bonne des grandes cultures.
Tableau 12-2 – Stratégies de lutte contre les insectes des grains entreposés sur place
Description Cycle biologique Dommages Stratégies de lutte
Cucujide roux (voir photo 12-2)
• L’adulte est un coléoptère plat brun • L’insecte tolère le froid. • Adultes et larves se • Observer de
rougeâtre. • Il hiverne au stade adulte. nourrissent du germe et bonnes pratiques
• Il mesure environ 2 mm de long. • Il peut pondre 500 œufs à du son. d’assainissement et de
• Ses antennes sont au moins aussi la surface des grains. • L’insecte attaque les dépistage.
longues que sa tête et son thorax réunis. • L’éclosion des larves grains endommagés et • Employer la terre de
• Il vole à des températures supérieures à prend 35 jours. sains. diatomées pour protéger
25 °C uniquement. • La pupaison se produit à • Il se disperse dans toute les grains contre une
• La larve est blanche, mesure environ l’intérieur du grain que la la masse de grain. nouvelle infestation.
3 mm de long et a deux urogomphes larve pénètre. • Les fortes • Consulter la
bruns à l’arrière. • L’adulte émerge en infestations entraînent publication 812F du
• La petite taille de l’insecte l’aide à se laissant un trou de sortie l’échauffement du grain, MAAARO, Guide de
déplacer facilement dans toute la masse caractéristique. qui moisit et se gâte. protection des grandes
de grain. cultures, pour obtenir
de l’information sur
les insecticides et
les fumigants.
309
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 12-2 – Stratégies de lutte contre les insectes des grains entreposés sur place
Description Cycle biologique Dommages Stratégies de lutte
Pyrale indienne de la farine (voir photo 12-3)
• L’adulte mesure environ 12 mm (0,5 po) • Par temps chaud, son • L’adulte ne s’alimente • Tenir compte du fait
de long et a un corps en forme de « A » cycle biologique dure de 21 pas et ne cause pas de que l’adulte résiste au
quand les ailes sont au repos. à 30 jours, environ. dommages. malathion.
• Les ailes sont grises à l’avant et bronze • L’insecte ne tolère pas le • La larve se nourrit du • Enlever la couche de
à l’arrière. froid. germe et du son, qu’elle grains remplie de toiles
• L’insecte est nocturne. • La température limite le enlève des grains. avant la fumigation.
• La larve mesure environ 8 mm de long. nombre de générations par • Les individus de tous les • Consulter la
• Elle est crème rosâtre, jaune pâle ou année. stades larvaires tissent publication 812F du
vert pâle tirant sur le jaune avec la tête • La femelle pond ses œufs des toiles (cette activité MAAARO, Guide de
noire. sur les grains de céréales s’intensifie à l’approche protection des grandes
• Elle a trois paires de pattes thoraciques se trouvant à la surface de de la pupaison). cultures, pour obtenir
et cinq paires de fausses pattes la masse. • L’insecte se trouve de l’information sur
abdominales. • On trouve les jeunes généralement à la les insecticides et les
• La larve mature erre à la recherche d’un larves dans des amas de surface du grain, à fumigants.
site de pupaison. trois à dix grains retenus 50 cm (20 po) ou moins
ensemble par des fils de de profondeur.
soie. • Les fortes populations
produisent un matelas
de grains enchevêtrés
de toiles jusqu’à une
profondeur de 50 cm
(20 po).
Charançon du blé (voir photo 12-4)
• L’adulte est un coléoptère brun foncé. • La femelle pond ses œufs • Adultes et larves se • Consulter la
• Il mesure environ 4 mm de long. dans les trous qu’elle nourrissent de grains publication 812F du
• La larve, qui mesure environ 4 mm de creuse dans les grains sains. MAAARO, Guide de
long, est blanche, ridée et aptère. avec son rostre. • La larve passe toute sa protection des grandes
• La larve se trouve toujours à l’intérieur • Elle referme ensuite le vie à l’intérieur d’un seul cultures, pour obtenir
des grains, qu’elle ne quitte qu’au stade trou. grain dont elle dévore de l’information sur
adulte. • La larve se développe à l’endosperme. les insecticides et
• L’insecte s’attaque aux grains de l’intérieur du grain. • Plusieurs larves peuvent les fumigants.
céréales, mais pas aux légumineuses. • L’adulte peut vivre huit se trouver à l’intérieur du
• Il ne vole pas. mois. même grain.
• Il ressemble au charançon du riz, mais • En sortant, l’adulte
les petits creux qu’il a sur le thorax sont laisse un trou de sortie
ovales plutôt que ronds. rond dans le grain.
• Il ne survit pas au froid.
Bruches du pois et du haricot
• Les deux espèces s’attaquent soit aux • Son cycle biologique est • La bruche du pois • Faire le dépistage des
pois, soit aux haricots. parfois très court. s’attaque aux pois, et la bruches dans les haricots
• Les dommages et les larves bruche du haricot, aux entreposés.
ressemblent à ceux du charançon du blé. haricots. • Réagir à leur présence
• L’adulte, court et large, mesure de 3 à • L’adulte pond ses par une fumigation.
4 mm de long environ. œufs au champ dans • Trier les haricots pour
• Il a la tête fuselée vers l’avant. les haricots à maturité enlever ceux qui sont
• Il est habituellement chamois avec des sans laisser de traces piqués.
rayures longitudinales peu apparentes. visibles. • Tenir compte du fait
• La larve est jaune crème et apode et a • Les dommages que les pois ou haricots
une capsule céphalique cuivrée. apparaissent lorsque lourdement infestés
les adultes émergent peuvent être servis aux
des grains et laissent animaux.
derrière eux des trous • Consulter la
ronds. publication 812F du
MAAARO, Guide de
protection des grandes
cultures, pour obtenir
de l’information sur
les insecticides et
les fumigants.
310
12. Gestion des grains entreposés sur place
Tableau 12-2 – Stratégies de lutte contre les insectes des grains entreposés sur place
Description Cycle biologique Dommages Stratégies de lutte
Petit perceur des céréales (voir photo 12-5)
• L’adulte est un coléoptère brun-noir. • La femelle pond ses œufs • L’insecte risque de • Signaler la présence
• Il mesure environ 2 mm de long. par grappes à la surface migrer en Ontario à de ce ravageur à
• Il a un corps cylindrique. des grains. cause du réchauffement l’entomologiste provincial
• De nombreux petits trous se trouvent à • Les larves éclosent et climatique. spécialisé dans les
la surface des ailes. creusent des trous dans • Adultes et larves grandes cultures.
• L’adulte se reconnaît par la position de les grains. dévorent les grains • Consulter la
sa tête. • Les larves se développent sains. publication 812F du
• La tête est inclinée vers le bas à l’intérieur du grain. • Ils percent des trous aux MAAARO, Guide de
et recouverte d’un large bouclier contours irréguliers dans protection des grandes
prothoracique. les grains. cultures, pour obtenir
• La larve est blanc crème, en forme de • Ils ne laissent derrière de l’information sur
« C », et a une tête sombre enfoncée eux qu’une coquille les insecticides et les
dans le thorax. vide et une poussière fumigants.
• Ce ravageur dégage une odeur de moisi. poudreuse.
• Chaque adulte et chaque
larve dévorent plusieurs
grains.
• Plusieurs individus
peuvent s’attaquer au
même grain.
• L’insecte se nourrit
aussi de poussière de
grains.
Psoque
• Cet insecte est aussi appelé pou des • Il subit une métamorphose • Il n’est pas un ravageur • Brasser et nettoyer le
livres (famille des psocoptères). incomplète, de sorte que direct du grain. grain.
• L’adulte a le corps mou. les nymphes ressemblent • C’est un ravageur • Rester à l’affût dans les
• Il mesure de 1 à 2 mm de long, environ. aux adultes. secondaire qui se nourrit lieux humides.
• Il a une grosse tête et de longues • Il y a plusieurs générations de poussière de grains et • Réduire le taux
antennes. par saison. de grains endommagés. d’humidité.
• Il va du brun au blanc et est souvent • L’insecte peut se multiplier • Quand ces insectes • Consulter la
opaque. rapidement par temps pullulent, on les voit publication 812F du
• Il peut être ailé ou non. chaud. courir sur la masse MAAARO, Guide de
• Il ressemble à un puceron. de grain; il faut donc protection des grandes
• Les jeunes sont plus petits et inspecter visuellement cultures, pour obtenir
légèrement plus pâles que les adultes. la surface du grain à la de l’information sur
recherche d’insectes les insecticides et les
minuscules se déplaçant fumigants.
rapidement.
• Ils ne se trouvent
généralement qu’à la
surface de la masse de
grain.
Acarien
• L’adulte est à peine visible à l’œil nu. • La présence de cet insecte • C’est un ravageur • Garder le grain sec et en
• Il mesure environ 0,5 mm de long. dépend du taux d’humidité secondaire du grain en bon état.
• Il a huit pattes et est arrondi et brun dans la cellule. détérioration. • Consulter la
jaunâtre. • Il préfère le grain publication 812F du
• La larve ressemble à l’adulte, mais n’a humide. MAAARO, Guide de
que six pattes. • Il se nourrit de protection des grandes
• Deux stades nymphaux ont quatre paires poussière de grains et cultures, pour obtenir
de pattes, ce qui les fait ressembler aux de moisissures. de l’information sur
adultes. les insecticides et les
fumigants.
311
Guide agronomique des grandes cultures
Photo 12-2 – Le cucujide roux adulte a des Photo 12-5 – Dégageant une odeur de moisi, le petit
antennes au moins aussi longues que perceur des céréales a la tête inclinée vers le bas
sa tête et son thorax réunis et recouverte d’un large bouclier prothoracique
312
13. Lutte contre les mauvaises herbes
313
Guide agronomique des grandes cultures
314
13. Lutte contre les mauvaises herbes
3 000 Épandage à
la volée la première vague de mauvaises herbes annuelles à
2 500 Application racines superficielles.
en bandes
2 000
1 500
1 000
500
0
Chénopode Moutarde Sétaire
blanc des champs verte
• Densité de peuplement et écartement des rangs : Photo 13-1 – Mauvaises herbes en quantité
Ces deux éléments peuvent nuire à la croissance des nettement moindre au début de septembre
mauvaises herbes en provoquant la fermeture du après l’application, au stade de 3 à 4 feuilles, de
couvert végétal plus tôt dans la saison. Les rangs l’herbicide Liberty dans une culture de maïs ayant
étroits, les peuplements denses et les cultivars qui une densité de peuplement de 42 000 plants/ac
poussent rapidement peuvent donner à la culture
une longueur d’avance sur les mauvaises herbes. Par
exemple, les essais menés par l’Université de Guelph
ont révélé une réduction du nombre de mauvaises
herbes ayant échappé en fin de saison aux traitements
dans les cultures de maïs dont la densité de peuplement
est plus élevée que la normale (104 000 plants/ha ou
42 000 plants/ac comparativement à 84 000 plants/ha
ou 34 000 plants/ac; voir photos 13-1 et 13-2,
respectivement). Plusieurs fournisseurs de maïs de
semence offrent des calculateurs de taux de semis
servant à déterminer le taux le plus profitable dans
les cultures d’hybrides. Si l’hybride réagit bien à
l’augmentation du taux de semis, la fermeture du Photo 13-2 – Mauvaises herbes au début de
couvert végétal plus tôt dans la saison pourrait alors septembre après l’application, au stade de
réduire la présence de mauvaises herbes qui germent 3 à 4 feuilles, de l’herbicide Liberty dans
après la culture. Si l’on emploie des herbicides, le une culture de maïs ayant une densité
semis précoce et l’utilisation, suivant les densités de de peuplement de 34 000 plants/ac
peuplement recommandées, de semences vigoureuses
et de grande qualité dans le but d’obtenir un peuplement • Pratiques de travail du sol et lutte mécanique contre
uniforme donnent à la culture une longueur d’avance les mauvaises herbes :
sur les mauvaises herbes. Dans les cultures biologiques –– Semis direct – Au total, 75 % des graines de
ou les grandes cultures où l’utilisation d’herbicides mauvaises herbes présentes dans le sol sont à
est limitée, il est possible de retarder le semis pour 5 cm (2 po) et moins de la surface. L’utilisation
éliminer bien des vagues de mauvaises herbes avant d’herbicides de contact donne de bons résultats
l’ensemencement, qui se fera alors dans un sol plus contre un grand nombre de mauvaises herbes
chaud. Ainsi, la culture poussera plus vite et sera vivaces comme le chiendent.
avantagée par rapport aux mauvaises herbes. Le –– Charrue à socs – Les graines sont mieux réparties
semis profond peut retarder la levée et favoriser la dans toute la profondeur du sol labouré.
315
Guide agronomique des grandes cultures
–– Hersage en plein – Cette pratique détruit les nématodes à kyste du soya sont plus élevées lorsqu’on
plantules de mauvaises herbes juste avant la levée laisse le lamier amplexicaule et le lamier pourpre
de la culture. pousser à l’automne4.
–– Houe rotative – Les dents de la houe rotative,
qui fonctionne à une vitesse de 10 à 20 km/h,
soulèvent et malaxent la terre, déracinant ainsi les
mauvaises herbes de petite taille juste avant ou
peu après la levée de la culture.
–– Travail des entre-rangs – Le travail entre les rangs
déracine les mauvaises herbes de petite taille et
coupe les plus grandes. Le succès de l’intervention
dépend du moment où elle est effectuée et de
la hauteur de la culture par rapport à celle des
mauvaises herbes.
–– Fauchage – Le fauchage contribue à réduire la
quantité de mauvaises herbes et la production de
graines dans les cultures fourragères nouvellement
établies, les cultures de céréales, le chaume de
céréales, etc. Photo 13-3 – Le céraiste sert d’hôte de
remplacement au ver fil-de-fer
• Lutte durant la récolte : Les producteurs australiens
utilisent différentes techniques pour éliminer les
graines de mauvaises herbes durant la récolte.
Ces méthodes sont devenues nécessaires après
l’apparition de résistances aux herbicides, mais
pourraient également être utiles si les conditions
environnementales entraînaient l’échec des
traitements. L’outil le plus prometteur est le système
de désherbage Harrington Seed Destructor, inventé
par le producteur Ray Harrington. Il s’agit d’un
broyeur à paillettes permettant de détruire 95 %
des graines de mauvaises herbes qui entrent dans la
moissonneuse-batteuse durant la récolte. On met
actuellement à l’essai l’un de ces appareils au Canada
pour en vérifier l’efficacité contre les mauvaises
herbes d’Amérique du Nord. Photo 13-4 – Le lamier amplexicaule sert d’hôte de
• Lutte après la récolte : Le décompte des graines remplacement au nématode à kyste du soya
de mauvaises herbes six semaines après la récolte
du blé d’automne en Ontario a révélé que plus de
50 millions de graines pouvaient être disséminées
par la suite. On voit donc l’importance de lutter
contre les mauvaises herbes après la récolte afin
de réduire leur production de graines. Certaines
espèces annuelles d’automne, comme le céraiste,
le lamier amplexicaule et le lamier pourpre (voir
photos 13-3, 13-4 et 13-5, respectivement), servent
d’hôtes de remplacement pour certains ravageurs
et doivent donc être éliminées. Plus précisément, le
céraiste sert d’hôte de remplacement au ver fil-de-
fer, et le lamier amplexicaule et le lamier pourpre,
au nématode à kyste du soya. Une étude menée en
Photo 13-5 – Le lamier pourpre sert d’hôte de
Indiana a d’ailleurs démontré que les populations de
remplacement au nématode à kyste du soya
316
13. Lutte contre les mauvaises herbes
Haricots sec
comestibles
refroidit à la fin de l’été et au début de l’automne, 60 %
Maïs
Soya
de nombreuses espèces vivaces commencent à
Tournesol
emmagasiner des glucides dans leurs racines en 50 %
prévision de l’hiver. C’est alors que les herbicides 40 %
systémiques atteignent les racines, ce qui réduit la
Canola
Céréales de
printemps
quantité de mauvaises herbes au printemps suivant. 30 %
d’automne
L’utilisation, avant ou après la récolte, de glyphosate 20 %
comme traitement contre les mauvaises herbes
Blé
vivaces du début du stade du bouton au début du 10 %
317
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 13-3 – Période critique d’absence de Incidence des différentes espèces de mauvaises
mauvaises herbes dans les grandes cultures en herbes sur les pertes de rendement
Ontario Le dépistage sert à déterminer les espèces de mauvaises
Période critique herbes présentes et leur densité de peuplement respective.
d’absence de D’ailleurs, dans le cadre d’un sondage mené en 2014
Culture mauvaises herbes Source auprès de conseillers en cultures agréés, on a dressé la
Maïs De 3 à 10 pointes de Swanton (Université liste des espèces de mauvaises herbes qu’ils rencontrent
feuilles de Guelph)
le plus souvent lors de dépistages dans les cultures de
Soya Stade de 1 à Swanton (Université soya, de céréales d’automne et de maïs (voir tableau 13-5).
3 feuilles trifoliées de Guelph)
(V2 à V3) Certaines mauvaises herbes exercent une concurrence
Céréales de Stade de 1 à 3 Van Dam, Swanton plus forte que d’autres. Le tableau 13-6, Pertes de
printemps feuilles (stade 10 à (Université de rendement attribuables aux mauvaises herbes dans le soya
13 sur l’échelle de Guelph) et le maïs en fonction de densités de peuplement connues,
Zadok)
compare les pertes de rendement causées par différentes
Blé De 500 à 1 000 Welsh et coll.,
espèces de mauvaises herbes.
d’automne degrés-jours 1999 (Université de
de croissance Reading)
(température de base On doit tenir compte de la concurrence exercée par
de 0) les mauvaises herbes avant de traiter les mauvaises
Cultures Année Dillehay (Université herbes ayant échappé aux traitements antérieurs.
fourragères d’établissement : de d’État de
4 à 6 semaines après Pennsylvanie)
Les estimations figurant au tableau 13-6 reposent
le semis sur des conditions météorologiques normales, des
Canola De la levée au stade Van Acker taux d’humidité convenables et une levée simultanée
6 feuilles (Université de des mauvaises herbes et de la culture. Les pertes de
Guelph) rendement peuvent augmenter si le sol est sec et varier
en fonction des conditions de stress.
Incidence de l’humidité du sol sur la concurrence Il faut également tenir compte de l’incidence des
exercée par les mauvaises herbes peuplements de mauvaises herbes sur la qualité de la
Quand l’humidité du sol est élevée, la concurrence récolte et sur les méthodes de récolte. Par exemple,
exercée par les mauvaises herbes a moins de la morelle noire de l’Est ne menace pas le rendement
répercussions sur le rendement. Le tableau 13-4, Pertes outre mesure, mais elle peut avoir des conséquences
de rendement du maïs et du soya dues aux mauvaises désastreuses sur la qualité du soya à identité préservée.
herbes dans différentes conditions d’humidité du sol,
compare les pertes de rendement dans les cultures de
maïs et de soya attribuables aux mauvaises herbes à Lutte mécanique
la station de recherche d’Elora au cours d’une saison Un hersage non sélectif au moyen d’un ensemble de
pluvieuse et au cours d’une saison sèche. herses légères opérant peu profondément avant la
levée de la culture, ou d’une herse-bineuse munie de
Tableau 13-4 – Pertes de rendement du maïs et du dents flexibles en équerre lorsque la culture fait de 5 à
soya dues aux mauvaises herbes dans différentes 10 cm (de 2 à 4 po) de hauteur, procure une certaine
conditions d’humidité du sol maîtrise des plantules de mauvaises herbes annuelles, à
Précipitations Maïs Soya condition que les mauvaises herbes soient petites et que
(de mai à août) la surface du sol soit sèche et meuble. Il est également
458 mm 18 % 23 % possible de détruire une partie des plantules par un
218 mm 96 % 84 % travail du sol rapide (10 km/h) et peu profond (de
Source : Weed Science Research Program, département de 2,5 à 3 cm ou de 1 à 1,5 po) avec une houe rotative
phytotechnie, Université de Guelph (1986-2015). quand le maïs fait de 7 à 8 cm (3 po) de hauteur ou
quand les haricots sont au stade de 1 à 2 feuilles. Ces
techniques ne réduisent pas l’action des herbicides
et peuvent, certaines années, accroître l’efficacité du
désherbage chimique. Lorsque le sol est sec, le passage
de la houe rotative dans une culture de haricots secs
comestibles dans les 7 à 10 jours suivant le semis aide
318
13. Lutte contre les mauvaises herbes
Tableau 13-5 – Les 30 espèces de mauvaises herbes les plus courantes dans les cultures ontariennes de soya,
de blé d’automne et de maïs selon un sondage auprès de conseillers en culture agréés mené en 2014
à maîtriser les mauvaises herbes en train de lever, mais les rangs peut être nécessaire lorsque des mauvaises
peut également activer les herbicides appliqués au herbes ont échappé au traitement herbicide. On
sol en les mettant en contact avec l’humidité du sol. considère que les mauvaises herbes ont échappé au
Il est peu probable que la houe rotative enlève bien traitement quand elles mesurent de 5 à 7 cm (de 2 à
des mauvaises herbes ayant dépassé le stade 2 feuilles 3 po) de hauteur. Étant donné que le sarclage donne de
vraies. moins bons résultats contre les mauvaises herbes plus
avancées, il faut l’effectuer le plus tôt possible après
Le sarclage entre les rangs peut être un complément l’échec du traitement herbicide. Si les mauvaises herbes
aux autres méthodes de lutte contre les mauvaises sont trop avancées, il convient d’envisager d’autres
herbes. Il est plus efficace lorsque les mauvaises herbes traitements herbicides.
sont petites. Le sarclage doit se faire en surface pour
empêcher la germination de nouvelles mauvaises L’application des herbicides en bandes réduit leur coût
herbes, diminuer les pertes d’humidité et éviter les de moitié aux deux tiers, selon l’écartement des rangs
dommages aux racines de la culture. Le sarclage entre et la largeur des bandes. Il s’agit ensuite de maîtriser les
319
Guide agronomique des grandes cultures
mauvaises herbes entre les bandes à l’aide d’un sarclage Tableau 13-6 – Pertes de rendement attribuables
superficiel. Il faut tenir compte de la combinaison des aux mauvaises herbes dans le soya et le maïs en
deux opérations au moment d’évaluer s’il est rentable fonction de densités de peuplement connues
d’appliquer les herbicides de cette manière. Les pertes sont établies dans l’hypothèse où les mauvaises
herbes lèvent en même temps que la culture.
Perte de rendement
Résistance aux herbicides
1 plante/ 5 plantes/
Selon l’Université de Guelph, il y a 19 espèces de Culture Mauvaises herbes m2 m2
mauvaises herbes résistantes aux herbicides en Ontario. Maïs Dicotylédones annuelles
Ces espèces compromettent l’efficacité de huit modes
Grande herbe à poux 13 % 36 %
d’action des herbicides (voir le tableau 13-7, Mauvaises
Chénopode blanc 12 % 35 %
herbes résistantes aux herbicides en Ontario en date de
Amarante 11 % 34 %
janvier 2016).
Lampourde glouteron 6% 22 %
Les espèces résistantes dominent un peuplement de Herbe à poux 5% 21 %
mauvaises herbes quand on utilise de façon répétée Moutarde des champs 5% 18 %
des herbicides ayant le même mode d’action. La Abutilon 4% 15 %
vitesse d’apparition de la résistance varie en fonction Renouée persicaire 3% 13 %
de la rotation des cultures et des modes d’action Renouée liseron 2% 10 %
des produits employés à répétition. L’application Morelle noire de l’Est 2% 7%
des principes de lutte intégrée contre les mauvaises Graminées annuelles
herbes retarde l’apparition de peuplements de Sétaire géante 2% 10 %
mauvaises herbes résistantes aux herbicides. Voici Panic millet 2% 10 %
certaines mesures destinées à prévenir ou à tout le Panic d’automne 2% 10 %
moins à ralentir la prolifération des mauvaises herbes Pied-de-coq 2% 7%
résistantes :
Sétaire verte 2% 7%
Sétaire glauque 1% 5%
• Identifier les mauvaises herbes, inspecter les champs
et tenir des registres; Panic capillaire 1% 5%
320
13. Lutte contre les mauvaises herbes
Tableau 13-7 – Mauvaises herbes résistantes aux herbicides en Ontario en date de janvier 2016
Mode d’action Espèces
Inhibition de la synthèse des lipides (ACCase) (groupe 1) Une espèce :
(p. ex. Assure ll, Excel, Poast Ultra, Venture) Digitaire sanguine
Inhibition de la synthèse des acides aminés (groupe 2) Onze espèces :
(p. ex. Accent, Classic, Pinnacle, Pursuit, Ultim) Lampourde glouteron, érigéron du Canada1, petite herbe à poux2,
morelle noire de l’Est, sétaire (verte et géante), grande herbe à
poux1, chénopode blanc2, amarante (à racine rouge et hybride)2,
amarante rugueuse2
Régulation de la croissance (groupe 4 – acides benzoïques) Une espèce :
(p. ex. Banvel ll, Distinct) Carotte sauvage
Inhibition systémique de la photosynthèse, triazines (groupe 5) Dix espèces :
(p. ex. atrazine, Sencor, Princep Nine-T) Pied-de-coq, séneçon vulgaire, petite herbe à poux3, chénopode
blanc, amarante (à racine rouge et hybride)3, amarante
rugueuse3, moutarde des champs, panic capillaire, sétaire
glauque
Inhibition non systémique de la photosynthèse (groupe 6) Deux espèces :
(p. ex. Basagran, Pardner) Amarante (à racine rouge et hybride)
Inhibition systémique de la photosynthèse, urées substituées Deux espèces :
(groupe 7) Amarante (à racine rouge et hybride)
(p. ex. Lorox)
Inhibition de la synthèse des acides aminés aromatiques Quatre espèces :
(groupe 9) Érigéron du Canada3, petite herbe à poux, grande herbe à poux3,
(p. ex. glyphosate, Roundup, Weathermax, Touchdown Total) amarante rugueuse2, 3
Dipyridyles (groupe 22) Trois espèces :
(p. ex. Reglone, Gramoxone) Érigéron du Canada, morelle noire de l’Est, cresson des champs
1
Certaines populations résistent également aux herbicides du groupe 9 (p. ex. glyphosate).
2
Certaines populations résistent également aux herbicides du groupe 5 (p. ex. atrazine).
3
Certaines populations résistent également aux herbicides du groupe 2 (p. ex. FirstRate, Pursuit).
• Contamination d’un fongicide ou d’un insecticide matières organiques (comme les plants assimilent
par des résidus d’herbicides présents dans le réservoir davantage les herbicides dans de telles conditions,
de mélange (p. ex. la pulvérisation, sur du blé leur concentration doit être réduite).
d’automne, de Folicur contenant des résidus d’Ultim
endommagera considérablement les plants et Le stade de croissance de la culture, le type de cultivar,
entraînera une baisse importante de rendement). les facteurs de stress, les conditions ambiantes et
• Embruns d’herbicides sur des cultures voisines. la nature des produits chimiques et des adjuvants
• Application d’herbicides après le stade de croissance présents dans le mélange herbicide auront aussi une
indiqué sur l’étiquette (dans le cas d’une culture incidence sur l’étendue et la gravité des dommages
céréalière, l’application d’herbicide près du stade éventuels. Lorsqu’une culture est soumise à un stress,
d’épiaison risque de nuire à la pollinisation et de son aptitude à métaboliser les herbicides s’en trouve
réduire le rendement). réduite : elle est donc plus exposée aux blessures. Le
• Conditions ambiantes défavorables lors de mode d’action de l’herbicide aura également une
l’application de l’herbicide ou au moment de la levée incidence sur la gravité des blessures. En général,
de la culture. les blessures infligées par les herbicides de contact
• Fluctuation de la température de plus de 20 °C ou peuvent paraître plus graves que celles causées par les
maximum diurne dépassant les 30 °C. herbicides systémiques, mais ces derniers, parce qu’ils
• Averse violente immédiatement après l’application agissent à long terme, peuvent en définitive s’avérer
au sol d’un herbicide causant des éclaboussures de plus dommageables. Le mode d’emploi de chaque
solution chimique sur les feuilles. herbicide comprend des mises en garde concernant les
• Concentration inappropriée d’herbicides dans des différents facteurs de risque. Pour réduire au minimum
sols à risque. les risques de dommages aux cultures causés par les
• Concentration excessive de certains herbicides herbicides, il importe de prendre connaissance de ces
(p. ex. métribuzine) par rapport à celle indiquée mises en garde et de la section Signes de dommages
sur l’étiquette pour les sols à pH élevé et pauvres en causés par différents groupes herbicides.
321
Guide agronomique des grandes cultures
Signes de dommages causés par différents végétatif peut être endommagé et, dans le cas du
groupes herbicides soya, le peuplement peut être réduit (voir photo 13-
Cette section comprend une description des signes de 10).
dommages généralement causés par différents groupes
herbicides. Le mode d’action de chaque groupe
herbicide touche une partie différente des plants. Les
descriptions sont classées selon la partie touchée et le
type de blessure causée par chaque groupe herbicide.
Graminées
• Les pousses sont courtes et épaisses et peuvent avoir
une coloration rouge ou violette (voir photo 13-6).
• Le peuplement est clairsemé (voir photo 13-7).
Dicotylédones
• L’hypocotyle (portion de la tige située sous les
cotylédons) peut être gonflé et fendillé.
Graminées
• Les pousses sont courtes et épaisses, les feuilles sont
déformées et l’établissement du peuplement est
réduit.
Dicotylédones
• L’hypocotyle (portion de la tige située sous les
cotylédons) peut être gonflé et fendillé.
Photo 13-8 – Graves nécrose et déformation des
• Les feuilles deviennent déformées ou crispées et ont
feuilles de soya causées par l’assimilation excessive
un pourtour nécrosé (voir photo 13-9). de flumioxazine (p. ex. Valtera) alors que la culture
• Les feuilles sont gravement déformées, leur point levait sous de fortes pluies
322
13. Lutte contre les mauvaises herbes
Graminées
• Les feuilles peuvent pousser sous le sol.
• Les pousses prennent un aspect anormal quand
les feuilles ne se déploient pas correctement (voir
photo 13-11).
Dicotylédones
• Les feuilles sont crispées et leur nervure centrale Photo 13-13 – Jaunissement des feuilles inférieures
est courte, ce qui leur donne la forme d’un cœur, causé par l’assimilation excessive
comme si elles portaient un lacet trop serré (voir de chloroacétamide (p. ex. Dual II Magnum)
photo 13-12). après de fortes pluies
323
Guide agronomique des grandes cultures
324
13. Lutte contre les mauvaises herbes
Graminées
• Les graminées tolèrent généralement les inhibiteurs Photo 13-19 – Soya endommagé par le bentazone
de photosynthèse non systémiques, à l’exception du (p. ex. Basagran Forte)
bromoxynil (Pardner) lorsqu’il est appliqué avant le
stade 4 feuilles du maïs (voir photo 13-18).
Dicotylédones
• Généralement, les feuilles présentent des
mouchetures, des marbrures, un bronzage ou des
pointes brûlées (voir photos 13-19 et 13-20).
325
Guide agronomique des grandes cultures
326
13. Lutte contre les mauvaises herbes
327
Guide agronomique des grandes cultures
Graminées
• Les entre-nœuds raccourcissent, et les feuilles se
déforment et prennent une coloration jaune ou
violacée (voir photos 13-34 et 13-35).
Dicotylédones
• Les entre-nœuds raccourcissent.
• Les feuilles se déforment, et les régions internervaires
jaunissent.
• Le revers des feuilles présente parfois des nervures Photo 13-34 – Réaction du maïs à l’imazéthapyr
(p. ex. Pursuit) : déformation des feuilles et
rouges, brunes ou violacées (voir photo 13-36).
coloration rouge ou violacée des tissus foliaires
328
13. Lutte contre les mauvaises herbes
329
Guide agronomique des grandes cultures
Photo 13-38 – Dommages causés par le 2,4-D, Photo 13-41 – Fusion de racines échasses causée
qui se distinguent de ceux causés par le dicamba par un régulateur de croissance; le risque
par l’élongation du pétiole de la feuille trifoliée, le de dommage est plus élevé si l’on applique
gonflement des tissus foliaires et le rétrécissement une forte concentration après le stade de
des feuilles trifoliées sur leur largeur croissance indiqué sur l’étiquette, surtout
dans le cas d’hybrides sensibles
Photo 13-39 – Courbure des feuilles de soya causée Photo 13-42 – Fragilité et versement causés par
par un embrun de dicamba (p. ex. XtendiMax) l’application de MCPA au stade de 7 à 8 feuilles du
maïs, soit bien après celui indiqué sur l’étiquette
(stade 4 feuilles)
330
13. Lutte contre les mauvaises herbes
331
Guide agronomique des grandes cultures
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JANZEN. Nitrogen fertilizer timing and application
method affect weed growth and competition with spring
wheat, « Weed Science », 2004, vol. 52, p. 614 à 622.
4
CREECH, J. E., J. FAGHIHI, V.R. FERRIS, W.G.
JOHNSON et A. WESTPHAL. Influence of
intraspecific henbit (Lamium amplexicaule) and purple
deadnettle (Lamium purpureum) competition on
soybean cyst nematode (Heterodera glycines)
reproduction, « Weed Science », 2007, vol. 55,
p. 665 à 670.
5
La figure 13-2 – Pertes de rendement attribuables
à la concurrence des mauvaises herbes dans les grandes
cultures est adaptée des sources suivantes :
332
14. Lutte intégrée contre les ravageurs et protection
de leurs ennemis naturels et des pollinisateurs
2. Mesures préventives (lutte culturale)
Lutte intégrée contre les ravageurs
La lutte intégrée contre les ravageurs est une • Procéder à la rotation des cultures pour que celles à
approche qui comprend toutes les pratiques et risque ne soient pas au même endroit chaque année,
les technologies disponibles visant à maintenir les ce qui contribue à briser le cycle biologique de
populations de ravageurs sous les seuils de nuisibilité certains ravageurs.
économique tout en ayant le moins d’effets possible • Préparer le champ de manière à atténuer les risques
sur l’environnement. Avec cette approche, on emploie (lutte contre les mauvaises herbes appropriée avant le
uniquement des traitements chimiques lorsque ces semis ou le travail du sol afin d’enlever les résidus de
seuils sont atteints et qu’aucune autre méthode de culture pouvant favoriser certaines maladies).
lutte contre les ravageurs n’a donné de bons résultats. • Planter des semences certifiées et garder le matériel
Cette approche débute avant tout par la collecte agricole exempt de terre et de débris végétaux.
d’information sur les ravageurs en question, leur cycle • Nettoyer les cellules de stockage avant d’entreposer
biologique et leur incidence sur la culture, de façon à les grains.
ce que l’on puisse effectuer le dépistage et employer • Choisir des cultivars résistant aux maladies et ayant
des mesures préventives et culturales au bon moment. un bon rendement dans des conditions de stress.
Les producteurs intègrent souvent de telles mesures • Adapter la période de semis de façon à éviter que
culturales à leurs pratiques sans même savoir qu’elles les ravageurs n’endommagent les cultures.
constituent des mesures de lutte contre les ravageurs • Planter les semences dans de bonnes conditions de
(p. ex. rotation des cultures, choix du cultivar, travail croissance pour assurer la réussite de l’établissement
du sol et récolte précoce pour réduire les problèmes de des cultures.
maladies et de qualité). • Gérer les éléments nutritifs pour maintenir une
bonne qualité de sol et assurer la santé des plants
Voici les grands principes de lutte contre les ravageurs. sans entraîner de risques supplémentaires pour
l’environnement ni favoriser la prolifération de
1. Connaissance et identification des ravageurs, certains ravageurs.
des maladies et des mauvaises herbes • Favoriser la biodiversité par l’établissement de
l’habitat naturel des ennemis naturels des ravageurs
• Connaître les principaux ravageurs pour chaque (p. ex. cultures couvre-sol, bandes tampons).
culture et savoir comment les reconnaître, de même
que les dommages qu’ils causent. 3. Évaluation des populations de ravageurs dans
• Connaître les stades de croissance des cultures et les champs
lesquels sont les plus à risque.
• Connaître les conditions météorologiques favorables • Comprendre les modèles de prévision et s’en servir
à la prolifération des ravageurs. pour connaître le niveau de risque.
• Connaître les effets de chaque ravageur sur • Inspecter les champs régulièrement et en temps
les cultures. opportun pour déceler la présente de ravageurs
• Savoir que la présence de ravageurs n’a pas et de leurs ennemis naturels.
nécessairement de conséquences économiques • Installer des pièges et utiliser des outils de
néfastes. surveillance appropriés au besoin (p. ex. filets
• Connaître le cycle biologique des ravageurs fauchoirs, loupes, guides de dépistage et
et les stades auxquels ils sont dommageables. d’identification).
• Savoir reconnaître les ennemis naturels de chaque • Connaître la différence entre « seuil de dommage
espèce de ravageurs de même que leur présence. économique » et « seuil de nuisibilité économique »,
et savoir quand une intervention est requise.
333
Guide agronomique des grandes cultures
• Repérer les autres ravageurs qui pourraient devenir la monoculture limite généralement la diversité
problématiques après l’application d’un traitement d’ennemis naturels et fait donc augmenter le nombre
chimique et en l’absence d’ennemis naturels. de ravageurs. Les cultures vivaces comme les cultures
• Demander de l’aide pour le diagnostic ou fourragères mixtes ont tendance à attirer une plus
l’identification, au besoin. grande variété d’ennemis naturels que les cultures
annuelles. Par conséquent, l’augmentation de la
4. Lutte contre les ravageurs par l’application des biodiversité des champs, en particulier des espèces
méthodes les moins destructives vivaces comme les arbres et arbustes qui les bordent,
favorise la présence d’ennemis naturels. Ces bandes
• Lutte culturale : Retirer les mauvaises herbes ayant tampons ou habitats naturels servent d’abris aux
résisté aux traitements, maintenir la santé du sol, prédateurs et aux parasitoïdes, leur fournissent des
planter des hybrides de maïs Bt et du maïs servant sources de pollen et de nectar et leur offrent une
de refuge, effectuer la récolte au bon moment et certaine protection contre les pesticides épandus dans
employer d’autres mesures préventives. les champs adjacents. Cependant, le choix des espèces
• Lutte biologique : Attirer les prédateurs, les parasitoïdes végétales qui s’y trouvent est important, car elles ne
et les agents pathogènes qui s’attaquent aux ravageurs doivent pas attirer également des ravageurs. De plus,
et favoriser leur action. ces bandes tampons sont à éviter dans les cultures de
• Lutte chimique : Appliquer des pesticides uniquement consommation humaine, car les virus qui pourraient
lorsque les seuils sont atteints, choisir les produits s’y trouver risquent d’être transportés jusqu’aux
les moins nocifs pour les ennemis naturels et cultures par des ravageurs (p. ex. pucerons) et de
les pollinisateurs, porter attention aux délais de nuire à leur qualité. La culture intercalaire ou culture
non-retour et de non-traitement avant récole, et en bandes alternantes est également prometteuse,
utiliser en alternance des produits et technologies mais nécessite une connaissance approfondie des
appartenant à différents groupes chimiques pour antécédents d’infestation de chaque champ pour
réduire le risque d’apparition de résistances. éviter que les cultures-abris ne causent de nouveaux
problèmes de ravageurs.
5. Évaluation et adaptation des mesures
Le travail du sol peut avoir une incidence négative sur
• Retourner dans le champ après l’application des les ennemis naturels puisque de nombreuses espèces
programmes de lutte pour évaluer leur réussite. utilisent les résidus de culture comme abris ou habitats
• Vérifier si d’autres ravageurs sont présents ou si le d’hivernage. L’adoption du semis direct ou d’une
ravageur cible est réapparu. méthode de travail réduit du sol doit être bien planifiée
• Surveiller l’apparition de résistances. puisqu’elle peut augmenter le risque de présence de
• Tenir des registres des observations pour chaque ravageurs terricoles et de maladies, selon le type de sol
année, qui serviront de documents de référence et la rotation des cultures.
lorsqu’une culture à risque est plantée de nouveau
ou que des ravageurs posent problème. Autre aspect important de la protection des ennemis
naturels : l’utilisation sélective de pesticides, c’est-à-dire
Utilisation et protection des l’épandage de pesticides uniquement lorsque les
ennemis naturels infestations ont atteint le seuil d’intervention, l’utilisation
d’insecticides appartenant à des groupes chimiques
Technique de gestion agricole favorisant la présence moins nocifs pour les ennemis naturels et l’application
d’ennemis naturels et visant l’élimination des de traitements localisés dans les endroits infestés. Il a été
infestations de ravageurs, la « lutte biologique de démontré que l’utilisation fréquente de fongicides
conservation » suscite de plus en plus d’intérêt. foliaires réduit la présence de champignons pathogènes
Bien que de nombreuses recherches en la matière (qui s’attaquent aux insectes); il convient donc de les
soient toujours nécessaires, on a constaté que utiliser uniquement lorsque c’est nécessaire. De plus, le
certaines pratiques contribuent à augmenter la traitement des semences avec des insecticides systémiques
présence d’ennemis naturels. Il est bien connu que peut nuire aux ennemis naturels de deux manières :
334
14. Lutte intégrée contre les ravageurs et protection de leurs ennemis naturels et des pollinisateurs
335
Guide agronomique des grandes cultures
ANTHOCORIDES
(Orius insidiosus et autres)
Photo 14-2 – Coccinelle se nourrissant d’un Description : Prédateurs vivant sur les plantes. En
charançon postiche de la luzerne forme de goutte, les adultes sont très petits (maximum
de 5 mm ou de 0,2 po) et ont sur leur dos des motifs
noirs et blancs rappelant un drapeau de pirate (voir
photo 14-4). Les nymphes ont une taille et une forme
similaires à celles des adultes, mais sans ailes, et ont
une couleur allant de jaune-orange à rouge.
Importance : Les adultes et les larves comptent parmi Photo 14-4 – Anthocoride adulte
les principaux prédateurs de nombreuses espèces
de ravageurs, notamment le puceron du soya. Bon Importance : Les anthocorides se nourrissent de
nombre de coccinelles passent l’hiver dans les maisons ravageurs (pucerons, acariens et petites chenilles) et de
ou dans des zones abritées comme des boisés ou des nectar. Ils comptent parmi les principaux prédateurs
amas de feuilles mortes. du puceron du soya. Comme ils sont très sensibles aux
insecticides, il est recommandé d’en éviter l’utilisation
STAPHYLINS le plus possible.
(Aleochara bilineata, Philonthus fuscipennis et
autres espèces) SYRPHES
Description : Habituellement des prédateurs terricoles. (Allograpta obliqua, Toxomerus germinatus,
Les adultes peuvent atteindre 35 mm (1,4 po). La T. marginatus et autres espèces)
plupart ont de très petites ailes ne recouvrant qu’une Description : Prédateurs vivant sur les plantes. Les
petite partie de leur abdomen, ce qui leur donne adultes de nombreuses espèces ressemblent beaucoup
une grande souplesse; ils peuvent d’ailleurs courber à des abeilles en raison de leurs rayures jaunes et
l’extrémité de leur abdomen, comme un scorpion, noires, mais, comme toutes les mouches, ils n’ont que
lorsqu’ils se font déranger ou qu’ils courent. Les deux ailes, alors que les abeilles en ont quatre (voir
336
14. Lutte intégrée contre les ravageurs et protection de leurs ennemis naturels et des pollinisateurs
Vertébrés
Bien des vertébrés, comme des oiseaux (p. ex.
étourneaux sansonnets, merles noirs) et des
mammifères (moufettes et ratons laveurs, en
Photo 14-5 – Syrphe particulier), sont omnivores et peuvent être considérés
comme des ennemis naturels des ravageurs.
Malheureusement, certains d’entre eux endommagent
les cultures lorsqu’ils creusent le sol pour trouver
des asticots ou ouvrent les épis de maïs avec leurs
griffes pour atteindre les larves de ver-gris occidental
du haricot. Leur présence est parfois un signe
d’infestation; il n’est pas rare qu’une moufette creuse
une tranchée le long des rangs d’un champ de soya
infesté d’asticots. De même, les oiseaux qui piquent
dans un champ de luzerne ou de blé sont généralement
un bon indicateur de la présence de chenilles
ravageuses (p. ex. larves de charançons postiches de la
luzerne, légionnaires); il convient alors d’inspecter le
champ pour déterminer si une intervention est requise.
Parasitoïdes
Photo 14-6 – Larve de syrphe Les parasitoïdes sont des organismes qui pondent leurs
œufs sur ou dans d’autres organismes. Les larves se
Importance : Les syrphes adultes sont de très nourrissent de leur hôte et en émergent une fois adulte
importants pollinisateurs. Les larves jouent un rôle pour recommencer ce cycle.
essentiel dans la lutte biologique contre les pucerons,
les thrips et les acariens; elles comptent d’ailleurs parmi
les principaux prédateurs du puceron du soya.
337
Guide agronomique des grandes cultures
DIPTÈRES (MOUCHES)
(Tachinidae et autres familles)
Description : Ressemblant généralement à des
mouches domestiques ordinaires, les tachinaires adultes
sont gris, noirs ou rayés, et de nombreuses espèces ont
des soies sur l’abdomen. Leurs œufs blancs peu discrets
sont faciles à voir puisque les adultes les pondent
directement sur le dos de l’insecte-hôte. Lorsqu’ils
éclosent, les minuscules larves se creusent un chemin
pour dévorer leur hôte de l’intérieur (voir photo 14-7).
338
14. Lutte intégrée contre les ravageurs et protection de leurs ennemis naturels et des pollinisateurs
VIRUS
Les virus mortels pour les insectes se trouvent
naturellement à la surface du sol et des plantes.
Après l’ingestion, l’insecte infecté grimpe
généralement tout en haut d’une plante, où il meurt
et se désintègre, contribuant ainsi à la propagation du
virus. Les baculovirus sont ceux qui infectent le plus
couramment les insectes, en particulier les chenilles.
Les légionnaires que l’on retrouve mortes, collées à un
épi de blé ou à une autre plante, ont été tuées par un
virus (voir photo 14-10).
Photo 14-9 – Prolifération fongique
BACTÉRIES
(Bacillus thuringiensis, B. cereus, Burkholderia
cepacia et autres espèces)
Les bactéries qui s’attaquent aux insectes se trouvent
naturellement dans le sol et servent à lutter contre un
groupe précis d’insectes. La plus commune, Bacillus
thuringiensis (Bt), produit des cristaux qui, après leur
ingestion, se transforment en molécules protéiques
toxiques détruisant les parois de l’estomac. Les
insectes cessent de se nourrir à peine quelques heures
après l’ingestion et meurent généralement de deux à
cinq jours plus tard. Les produits foliaires à base de
Bt sont sécuritaires pour les systèmes de production Photo 14-10 – Légionnaires tuées par un virus
biologique. Le maïs transgénique Bt a été modifié
afin qu’il fabrique les protéines insecticides produites Protection des pollinisateurs et des
naturellement par la bactérie. Ces hybrides de maïs insectes utiles
Bt contiennent soit une souche de Bt s’attaquant à En Ontario, les abeilles mellifères, les abeilles indigènes
la pyrale du maïs, soit une souche s’attaquant à la et les autres insectes pollinisateurs jouent un rôle
chrysomèle des racines du maïs, soit les deux. important pour bien des cultures. Les insectes utiles
contribuent grandement à maintenir les populations de
ravageurs sous les seuils d’intervention. La protection
des pollinisateurs et des insectes utiles nécessite donc
une utilisation réfléchie des insecticides.
339
Guide agronomique des grandes cultures
Il convient de suivre les pratiques de lutte intégrée • Éviter que les insecticides et la poussière contaminée
contre les ravageurs et d’employer des insecticides par ceux-ci n’atteignent les mauvaises herbes
uniquement lorsque c’est nécessaire. Cette approche (pissenlit) et les cultures couvre-sol (p. ex. trèfle) en
peut comprendre des méthodes culturales visant à floraison qui se trouvent à l’intérieur ou à proximité
repousser les ravageurs par la détermination précise du champ, car les abeilles et les autres pollinisateurs
du problème et des facteurs de risque. pourraient s’y empoisonner.
• Si possible, couper les cultures couvre-sol ou les
• Inspecter les champs pour déterminer si la plantes en floraison qui se trouvent à l’intérieur
population de ravageurs excède les seuils ou si les ou sur le périmètre du champ avant d’appliquer
champs sont très à risque avant de décider d’utiliser des insecticides pour protéger les abeilles. Lutter
un traitement insecticide des semences, d’appliquer contre les mauvaises herbes en floraison telles que
des insecticides dans la raie de semis ou d’employer les pissenlits avant d’épandre des insecticides ou de
des insecticides foliaires. Utiliser uniquement des planter des semences traitées avec des insecticides.
insecticides lorsque c’est nécessaire. • Consulter le blogue Field Crop News
• Si un traitement insecticide est justifié, utiliser (http://fieldcropnews.com/) pour obtenir
la plus petite dose efficace. des renseignements à jour sur la réduction du
• Utiliser des insecticides moins toxiques pour les transport des poussières produites par les semoirs.
abeilles et les autres insectes utiles dans la mesure • Les insecticides systémiques peuvent également
du possible. être très dangereux pour les abeilles, qui risquent
d’être exposées aux résidus se trouvant sur les
Il faut également réduire le risque de dérive et choisir feuilles et dans les fleurs, le pollen, le nectar
soigneusement le moment de l’application. et les eaux de surface.
• Réduire ou contrôler les poussières contenant de
• Appliquer les insecticides à un moment où les l’insecticide produites par les semoirs à pression
abeilles sont peu exposées (p. ex. après la floraison). négative, car des études indiquent que leur utilisation
––Les traitements de jour sont les plus pose un risque d’exposition considérable pour les
dangereux pour les abeilles, car c’est à ce pollinisateurs.
moment qu’elles butinent. –– Suivre les instructions des fabricants des semoirs
––Les traitements de soir sont les plus et se tenir au fait des nouvelles consignes
sécuritaires, à moins qu’il y ait un cas de forte d’utilisation.
inversion de température. –– Nettoyer et entretenir les semoirs régulièrement,
–– Dans des conditions normales, les insecticides y compris le boîtier du ventilateur et la trémie
appliqués après 20 h ont le temps de sécher avant des semoirs pneumatiques (p. ex. utiliser un
que les abeilles n’y soient exposées le lendemain. aspirateur pour enlever les poussières qui
–– Les insecticides peuvent aussi être appliqués de pourraient s’y trouver).
manière sécuritaire tôt le matin, bien avant 7 h. –– S’il y a lieu, utiliser des déflecteurs pour diriger
–– Les abeilles mellifères et la plupart des la poussière vers le sol et ainsi en réduire la dérive
autres insectes pollinisateurs ne butinent vers les plantes et les arbres en floraison.
habituellement pas en dessous de 13 °C,
mais les bourdons le font. Pour assurer la protection des abeilles mellifères, il est
• Ne pas appliquer d’insecticides sur les cultures en important que les producteurs, les entrepreneurs, les
floraison où les abeilles butinent. personnes chargées de l’épandage et les apiculteurs
• Pour éviter la dérive vers les ruches à proximité, ne communiquent et collaborent ensemble. Avant
pas appliquer d’insecticides les jours venteux. l’application d’insecticides (p. ex. traitement des
• Prendre des mesures pour éviter que la poussière semences, insecticides foliaires), il faut aviser tous
contaminée par des insecticides produite par les les apiculteurs se trouvant à cinq kilomètres et
semoirs à pression négative n’atteigne les plantes moins du champ afin qu’ils protègent leurs ruches
et les arbres en floraison qui se trouvent à l’intérieur temporairement ou les placent – ou déplacent, si
ou à proximité du champ.
340
14. Lutte intégrée contre les ravageurs et protection de leurs ennemis naturels et des pollinisateurs
Renseignements connexes
Des renseignements supplémentaires, notamment
sur les pratiques exemplaires de gestion, figurent
à la page « Protection des insectes pollinisateurs »
du site Web de Santé Canada, à l’adresse
santecanada.gc.ca/pollinisateurs.
341
15. Insectes et animaux nuisibles aux
grandes cultures
de lutte doivent être adaptées au cycle biologique de
La publication 812F du MAAARO, Guide de chaque espèce.
protection des grandes cultures, complète la
publication 811F. On y trouve de l’information Description : Les asticots sont des larves blanches
sur les méthodes de lutte intégrée contre les en forme de « C », avec une tête brun-orange et un
ravageurs ainsi que sur les produits à utiliser pour postérieur noir (voir photos 15-1 et 15-2). Lorsqu’ils
combattre les insectes et animaux nuisibles et se déplacent, leur postérieur traîne sur le sol. Pour
les maladies. Le site du MAAARO est accessible identifier correctement l’espèce, il faut examiner les
à l’adresse ontario.ca/cultures. soies de l’écusson anal de la larve à l’aide d’une loupe.
Ces soies sont situées sous la larve, sur son dernier
Plusieurs ennemis naturels contribuent à la lutte segment abdominal. Chaque espèce a un écusson
contre les ravageurs. D’ailleurs, de plus amples anal de forme différente. L’identification de l’espèce
renseignements sur les principaux ennemis permettra de déterminer à quel moment elle se nourrit,
naturels et sur la façon de favoriser leur présence combien de temps elle demeure dans le sol et à quel
et de les protéger figurent au chapitre 14, Lutte moment on pourra la combattre le plus efficacement.
intégrée contre les ravageurs et protection de
leurs ennemis naturels et des pollinisateurs.
ASTICOTS
(Hanneton européen, hanneton commun
et scarabée japonais)
Cultures à risque : maïs, soya, fourrages
et céréales d’automne
Plusieurs types d’asticots s’attaquent aux grandes
cultures. Les asticots du hanneton européen et du
hanneton commun sont ceux qui causent le plus de Photo 15-2 – Asticot se nourrissant d’une
plantule de maïs
problèmes en Ontario, mais les asticots du scarabée
Source : J. Smith, Université de Guelph,
japonais sont aussi à surveiller. Il faut bien identifier campus de Ridgetown.
les espèces d’asticots à combattre puisque les stratégies
343
Guide agronomique des grandes cultures
Insecte Janv.-mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov.–déc.
Hanneton Hivernation Alimentation Sortie des adultes, Alimentation Alimentation Alimentation Hivernation
européen des larves du et pupaison accouplement des larves des larves des larves des larves
3e stade des larves et ponte; absence du 1er stade du 2e stade du 3e stade du 3e
larvaire du 3e stade d’alimentation larvaire larvaire larvaire stade
larvaire larvaire
Hanneton An Hivernation des adultes Sortie des adultes, Éclosion des œufs; Alimentation Hivernation
commun 1 dans le sol accouplement alimentation des larves des larves des larves du
et ponte du 1er stade larvaire du 2e stade 2e stade larvaire
larvaire
An Hivernation Alimentation Alimentation des larves Hivernation
2 des larves du des larves du 3e stade larvaire des larves du
2 stade larvaire
e
du 2e stade 3 stade larvaire
e
larvaire
An Hivernation Alimentation Pupaison et hivernation
3 des larves du des larves des adultes dans le sol
3 stade larvaire
e
du 3e stade
larvaire
Scarabée Hivernation Alimentation des larves Sortie des adultes, Alimentation Alimentation Hivernation
japonais des larves du du 3e stade larvaire accouplement des larves des larves des des larves du
3e stade larvaire et ponte du 1er stade 2e et 3e stades 3e stade larvaire
larvaire larvaires
Figure 15-1 – Cycles biologiques et périodes d’alimentation des principaux asticots (hanneton européen,
hanneton commun et scarabée japonais); les zones ombrées indiquent les stades nuisibles
344
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
du champ. On ameublit le sol à la main de manière à • Un pâturage bien géré comportant un bon mélange
briser les mottes, puis on compte le nombre d’asticots de légumineuses et de graminées peut contribuer à
présents dans chaque échantillon. Si la culture a déjà freiner les pertes de densité de peuplement, puisque
levé, il faut chercher des trous dans le peuplement ou les asticots ont tendance à se nourrir davantage des
des plants flétris, puis déterrer les racines du plant en racines des espèces de graminées. Une reprise des
santé le plus près pour voir si des asticots sont en train semis ou un sursemis pourrait être indiqué pendant
de les manger. quelques années pour compenser les pertes dues
aux asticots.
Seuil d’intervention : Pourpouvoir utiliser des semences • Certains prédateurs, parasitoïdes et agents
de maïs ou de soya traitées aux néonicotinoïdes, il pathogènes peuvent contribuer à réduire les
faut trouver en moyenne deux asticots par point populations d’asticots dans des conditions
d’inspection. Cette moyenne est calculée sur cinq idéales, mais ils sont loin d’être aussi efficaces
points d’inspection (voir annexe G). Si les populations que les méthodes de lutte chimique.
sont élevées (au moins quatre larves par zone de • Aucun traitement de secours n’est actuellement
30 cm2 ou de 1 pi2), il convient d’utiliser la dose disponible.
supérieure de l’insecticide pour traiter les semences.
Espèces d’asticots nuisibles
Pour les autres méthodes de lutte, la présence d’au
moins deux larves par zone de 30 cm2 (1 pi2) indique HANNETON EUROPÉEN
qu’une intervention est nécessaire. (Rhizotrogus majalis)
Cultures à risque : maïs; cultures parfois à risque :
Stratégies de lutte :
cultures fourragères et céréales
• Le travail du sol et le passage des disques (au moins
Description : Les larves du hanneton européen se
trois passages) comptent parmi les méthodes de lutte distinguent des autres asticots par le motif en « Y » que
culturale qui ramènent les asticots à la surface, où ils forment les soies de l’écusson anal (voir photo 15-3).
sont exposés aux éléments et aux ennemis naturels Elles mesurent 4 mm (0,2 po) au premier stade larvaire
(p. ex. oiseaux, moufettes, ratons laveurs). Pour de et de 25 à 30 mm (1 à 1,2 po) au troisième. Les adultes
bons résultats, le labour d’automne doit se faire avant sont des hannetons de taille moyenne, soit d’environ
que les asticots migrent sous la semelle de labour. 13 mm (0,5 po). Ils sont brun-beige et ont une ligne
• Le semis doit se faire dans des conditions de sol idéales
brun foncé à la jonction des ailes. Le hanneton européen
afin que la culture s’établisse rapidement et soit à
est plus petit que le hanneton commun, mais plus grand
même de tolérer des infestations légères ou moyennes.
que le scarabée japonais.
• Il convient de traiter les semences avec un insecticide
ou d’appliquer un insecticide dans la raie de semis.
En Ontario, l’utilisation de néonicotinoïdes pour
traiter les semences de maïs et de soya est restreinte et
nécessite une évaluation parasitaire (voir annexe G).
• Il faut éviter de planter des cultures fourragères ou
d’autres cultures sensibles dont les semences n’ont
pas été traitées aux insecticides ou ne seront pas
traitées après le semis dans les champs ayant des
antécédents d’infestation. Si les populations d’asticots
sont élevées ou que le hanneton commun est dans
la deuxième année de son cycle (soit la principale
période d’alimentation), les cultures fourragères sont
également à éviter en faveur de cultures pouvant être
traitées avec des insecticides radiculaires ou dont les
semences ont été traitées avec des insecticides. Après Photo 15-3 – Écusson anal de l’asticot
la mise en œuvre de cette mesure, il faut réévaluer du hanneton européen
les populations d’asticots pour savoir si le champ Source : A. Schaafsma, Université de Guelph,
pourra être ensemencé d’une culture fourragère campus de Ridgetown.
l’année suivante.
345
Guide agronomique des grandes cultures
346
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
SCARABÉE JAPONAIS
(Popillia japonica)
Cultures à risque : soya, cultures fourragères
Description : L’asticot du scarabée japonais se distingue Photo 15-5 – Écusson anal de l’asticot
des autres asticots par le motif en « V », large et peu du scarabée japonais
profond, de son écusson anal (voir photo 15-1). Il est Source : H. Russell, Université d’État du Michigan.
aussi beaucoup plus petit que l’asticot du hanneton
européen et celui du hanneton commun. Les adultes
sont également les plus petits des trois espèces : ils
mesurent environ 13 mm (0,5 po) de longueur et se
reconnaissent facilement à leur tête vert métallique
et à leurs ailes d’un reflet cuivré, teintées de vert aux
extrémités (voir photo 15-6). Douze touffes de poils
blanchâtres garnissent le bord de leur abdomen.
347
Guide agronomique des grandes cultures
348
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Facteurs de risque : Sont à risque les sols sableux ou un ver par piège indique qu’il est nécessaire de traiter
limoneux où il y a une très fréquente rotation de les semences avec un insecticide ou d’appliquer un
cultures de graminées (céréales et fourrages mixtes, insecticide radiculaire.
en particulier s’ils font suite à du gazon), de canola
ou de légumes (p. ex. carottes, pommes de terre et Stratégies de lutte dans toutes les cultures :
patates douces), de même que les champs de graminées • Dans les champs où les infestations ont atteint le
adventices et les champs après la jachère d’été. Les seuil d’intervention, qui ont déjà été infestés par
dommages sont plus fréquents au printemps, lorsque les des vers fil-de-fer ou à la suite d’une couverture
temps frais et pluvieux ralentissent la levée des plants. gazonnée, il convient de traiter les semences avec
un insecticide ou d’appliquer un insecticide dans la
Technique de dépistage : Le meilleur moment pour raie de semis. Pour pouvoir utiliser des semences de
procéder au dépistage est à l’automne ou au printemps, maïs ou de soya traitées aux néonicotinoïdes, il faut
lorsque la température du sol est tout juste au-dessus effectuer une évaluation parasitaire puis en soumettre
de 10 °C, mais inférieure à 26 °C. Les appâts sont le rapport au moment de passer la commande de
plus efficaces à environ 10 °C, puisqu’ils fermentent et semences (voir annexe G).
dégagent du CO2 qui attire le ver. À des températures • Éviter de planter des céréales ou du maïs après du
plus élevées, le ver est davantage attiré par d’autres gazon ou des cultures fourragères; les cultures de
végétaux dans le sol. Pour pouvoir utiliser des semences luzerne, de légumineuses et de sarrasin ne sont pas à
de maïs ou de soya traitées aux néonicotinoïdes afin risque.
de lutter contre les vers fil-de-fer, il faut effectuer • Lutter contre les graminées adventices des cultures de
une évaluation parasitaire suivant les exigences de l’année précédente lorsque des cultures sensibles les
la réglementation sur les pesticides de catégorie 12, suivent.
énoncées à l’annexe G. • Augmenter le taux de semis d’au plus 10 % pour
compenser les pertes de rendement possible.
Technique générale de dépistage sans lien avec les • Effectuer le semis par temps chaud et humide, car
exigences relatives aux pesticides de catégorie 12 : cela accélère la levée et l’établissement des cultures.
On installe deux pièges-appâts à chacun des endroits • Tenir compte du fait que les prédateurs et les agents
du champ les plus à risque (p. ex. buttes sableuses pathogènes ne jouent qu’un rôle mineur dans la lutte
ou limoneuses, zones où poussent des graminées contre le ver fil-de-fer.
adventices et endroits où le peuplement est clairsemé) • Ne pas compter sur un traitement de secours, car
en creusant à chaque endroit un trou d’une profondeur aucun n’est actuellement disponible.
et d’une largeur d’environ 15 cm (6 po), dans lequel
MILLE-PATTES
on verse une tasse de farine tout usage ou une tasse
(Diverses espèces)
d’une quantité égale de semences de maïs, de blé et
de haricots non traitées ayant trempé dans de l’eau Cultures à risque : maïs, soya
pendant la nuit. On enterre l’appât en brisant les Description : Le mille-pattes n’est pas un insecte, mais
mottes et en prenant soin de faire un tas de terre pour un arthropode à carapace. De forme cylindrique, le
éviter la formation d’une flaque d’eau. Si le sol est mille-pattes fait environ de 2,5 à 5 cm (1 à 2 po) de
encore frais, on place un sac de plastique noir sur le longueur (voir photo 15-11). Il tient son nom de
piège et on en recouvre les bords de terre ou de roches. ses très nombreuses pattes : deux courtes paires par
On place un ruban de marquage à l’emplacement segment corporel au stade adulte. Le mille-pattes
du piège pour faciliter son repérage par la suite. On adulte est de couleur brun rougeâtre foncé à gris-noir
déterre les pièges sept jours plus tard pour vérifier la et possède une carapace dure. Son apparence à l’état
présence de vers. Note : il est possible que les appâts immature est semblable, mais il est blanc, possède
aient aussi attiré des mille-pattes. Voir la section moins de pattes et a le corps mou (voir photo 15-12).
Mille-pattes pour savoir comment les reconnaître. Plus le mille-pattes se développe, plus il acquiert
un grand nombre de pattes et devient foncé. Autre
Pour pouvoir utiliser des semences
Seuil d’intervention : caractéristique notable : il se recroqueville lorsqu’il
de maïs ou de soya traitées aux néonicotinoïdes, il faut est dérangé.
trouver en moyenne un ver par point d’inspection.
Cette moyenne est calculée sur cinq points d’inspection
(voir annexe G). Pour les autres cultures ou les
méthodes de lutte chimique, la présence d’au moins
349
Guide agronomique des grandes cultures
350
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
351
Guide agronomique des grandes cultures
Seuil d’intervention : Aucun seuil n’a encore été établi. Cycle biologique : Ily a une génération par année,
Rien ne permet de réchapper un champ endommagé. mais on compte deux populations qui arrivent à
Il faut parfois reprendre les semis. maturité au printemps et à l’automne, respectivement.
Par conséquent, les limaces ont deux occasions
Stratégies de lutte : d’endommager les jeunes plants. Les œufs et les adultes
• Dans les champs à risque selon les facteurs indiqués hivernent. Les jeunes limaces sont les plus nuisibles aux
ci-dessus, envisager de traiter les semences avec cultures. Elles éclosent au printemps ou à l’automne
un insecticide ou d’appliquer des insecticides et sont surtout actives par temps frais et pluvieux. Les
radiculaires dans la raie de semis. limaces préfèrent les milieux caractérisés par une forte
• Utiliser des semences de bonne qualité qui lèveront humidité et des températures relativement fraîches. Les
rapidement et les planter à une profondeur débris (p. ex. résidus de culture, fumier) leur procurent
appropriée. un abri contre le soleil.
• Après avoir incorporé du fumier ou des résidus verts
au printemps, le cas échéant, attendre au moins deux Dommages : Les limaces se nourrissent dans le sol ou
semaines pour procéder au semis. hors du sol, selon l’humidité. Elles se nourrissent de
• Faire les semis plus tard, dans de bonnes conditions semences en germination et de plantules sans afficher
édaphiques, quand on ne prévoit aucun temps frais de préférence réelle pour une partie de la plante en
et pluvieux, afin de garantir une levée rapide des particulier. Sur les plantes plus grosses, les limaces
plantules. dévorent les feuilles du bas en totalité ou en partie,
• Tenir compte du fait qu’aucun traitement de secours laissant sur les dicotylédones des trous aux pourtours
n’est actuellement disponible. déchiquetés qui donnent aux feuilles un aspect
squelettique (voir photo 15-17). Les limaces peuvent
dévorer ou endommager le cotylédon des plants de
LIMACE
(Deroceras reticulatum et autres espèces) soya, en en tuant le point végétatif. Pour ce qui est du
maïs, elles dévorent les feuilles en bandelettes, laissant
Cultures à risque : maïs, soya, nouveaux semis des dommages semblables à ceux causés par la grêle,
fourragers, canola
mais s’attaquent rarement au point végétatif. En grand
Description : Jeunes et adultes ont le corps mou, sont
nombre, les limaces se nourrissent de semences en
apodes, grisâtres ou mouchetés et recouverts d’une
germination et les vident de leur contenu avant la levée
substance visqueuse ou gélatineuse qui les empêche
des plants. Elles peuvent laisser des traces visibles sur le
de se dessécher. Ce sont ni plus ni moins que des
sol ou les feuilles (voir photo 15-18).
escargots sans la coquille. La tête est pourvue de deux
paires de tentacules; sur l’une d’elles se trouvent les
yeux. Les limaces mesurent habituellement de 1 à 3 cm
(0,4 à 1,2 po) de longueur, mais peuvent atteindre
10 cm (4 po) (voir photo 15-16).
352
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Stratégies de lutte :
• Un bon point de départ pour réduire au minimum
Photo 15-18 – Traces visibles laissées par des les dommages causés par les limaces est d’effectuer
limaces sur une feuille de soya le semis dans des conditions qui favorisent une
Facteurs de risque : Les champs à risque sont les croissance rapide.
champs de soya, de canola et de maïs en semis direct • Il importe de bien fermer les sillons.
(surtout ceux qui ont une épaisse couche de résidus), • Le travail du sol aide à combattre les limaces,
les champs de blé contre-ensemencés de trèfle rouge, car l’élimination des résidus les expose à la
les nouveaux peuplements de luzerne et les champs qui déshydratation et aux prédateurs (mammifères,
suivent des cultures fourragères mixtes (en particulier oiseaux). Le travail du sol par bandes en profondeur
de graminées). Les raies de semis ouvertes représentent ou le passage de socs bineurs accélère l’assèchement
un habitat de choix. Le risque d’infestation est plus sur le rang et diminue le risque de dommages par
grand lorsque l’hiver est doux et accompagné de les limaces. Le fait d’éloigner les débris des plantules
neige abondante, et qu’il est suivi d’un printemps peut aussi contribuer à réduire les dommages.
frais, pluvieux et nuageux et d’un automne doux. • Les prédateurs (p. ex. carabes) peuvent grandement
L’évaluation des populations dans chaque champ à contribuer à la lutte contre les limaces. Selon des
l’automne donne une bonne idée de l’ampleur du recherches récentes, le traitement des semences de
problème qu’elles poseront le printemps suivant : la soya aux néonicotinoïdes est préjudiciable pour les
population qui hiverne est la même qui dévorera les carabes, qui se nourrissent de limaces contenant ces
plants le printemps venu. insecticides. Comme ceux-ci n’ont aucun effet sur les
limaces, il convient d’utiliser des semences traitées
Technique de dépistage : Le dépistage automnal uniquement avec des fongicides pour favoriser
permet de prévoir les problèmes qui surviendront la présence de carabes lorsque les limaces posent
au printemps suivant. Les limaces étant nocturnes, problème.
leur dépistage se fait la nuit ou au petit matin, • Il n’existe actuellement aucun traitement chimique
lorsqu’elles sont actives. Les indices à surveiller sont rentable contre les limaces qui soit homologué pour
des trous dans le peuplement, des bandelettes de les grandes cultures. Les insecticides (appliqués aux
tissu foliaire disparues ou de petits trous mâchouillés semences, aux feuilles ou au sol) sont inefficaces
dans les feuilles. Il faut aussi examiner les débris contre les limaces. On trouve sur le marché des
et les mottes de terre. Des traces visqueuses de appâts à limaces (granulés de phosphate de fer), mais
couleur argent sur les plants ou le sol sont un indice ils ne sont pas rentables et ne sont recommandés que
indéniable de la présence de limaces. Pour évaluer leur pour de petites zones. Pour qu’ils soient pleinement
population, on installe des pièges à une dizaine ou efficaces, ces appâts doivent être posés peu après le
une quinzaine d’endroits répartis dans tout le champ. 24 mai.
Ces pièges consistent en deux morceaux de matériau • Les expériences réalisées à l’aide de mélange d’azote
de couverture blanc (idéalement), de bardeau, de 28 % et d’eau ou d’applications foliaires de potasse
contreplaqué ou de carton mouillé de 30 cm2 (1 pi2) ont donné des résultats inégaux, de sorte que
que l’on place directement sur le sol après avoir retiré l’utilisation de ces produits n’est pas encouragée.
les résidus de culture. Pour éviter qu’ils ne partent au
vent, on y dépose une roche. Ensuite, il s’agit de les
353
Guide agronomique des grandes cultures
Ravageurs du maïs
Le tableau 15-1, Signes d’infestation dans les champs de maïs, indique à quels ravageurs peuvent être attribués les signes
décrits.
354
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
355
Guide agronomique des grandes cultures
du sol ou juste en dessous (voir photo 15-22). Dans les Facteurs de risque : Les champs qui bordent le lac Érié
champs peuplés de mauvaises herbes ou de végétation sont souvent la proie d’infestations par le ver-gris noir,
au début du printemps, les larves se développent sur mais tous les champs peuplés de végétation basse en
les mauvaises herbes jusqu’à ce que la culture lève et début de saison, durant la migration des noctuelles
que les mauvaises herbes soient traitées. Les larves (fin mars à mai), sont à risque. Sont les plus à risque
migrent alors vers la culture et deviennent plus grosses les champs en semis direct ayant une épaisse couche
et plus difficiles à maîtriser. Les larves passent par six de résidus, les cultures de maïs suivant une culture de
stades larvaires au total et sont nocturnes, c’est-à-dire soya dans des champs où se trouvent des mauvaises
qu’elles se nourrissent uniquement la nuit. Durant leur herbes annuelles hivernantes (p. ex. céraiste vulgaire,
croissance, qui prend de 20 à 40 jours, chaque larve moutardes, blé spontané) avant le semis, et les champs
coupe en moyenne cinq plants de maïs. Lorsque le travaillés et ensemencés tardivement.
maïs atteint le stade V5, son point végétatif est situé
au-dessus du sol et ses racines sont bien établies, Technique de dépistage : Dès que le maïs lève, on
ce qui lui permet de survivre aux dommages causés procède au dépistage tous les cinq jours jusqu’à ce
par les larves. Durant une saison de croissance que la culture atteigne le stade V5. Il faut inspecter
normale, les larves sont alors sur le point de se au moins cinq points par tranche de 10 ha (25 ac)
transformer en pupes. de champ en portant une attention particulière aux
zones lourdement infestées de mauvaises herbes
juste avant le travail du sol et le semis. Les feuilles
piquées de trous d’épingle sont le premier indice de
la présence des jeunes larves sur le plant. Il faut aussi
vérifier la présence de plants flétris, de feuillage dévoré
ou de plants coupés au sol. Si l’on trouve des plants
endommagés, on creuse autour à une profondeur de
5 cm (2 po) pour examiner le sol, étant donné que les
larves aiment s’y cacher le jour, puis l’on note la taille
des larves trouvées et le stade foliaire de la culture.
Stratégies de lutte :
• Il importe de lutter contre les mauvaises herbes et
de retirer les résidus de culture avant le semis. Les
champs doivent rester à nu au moins deux à trois
semaines avant le semis.
• Le travail du sol et le semis tardifs sont à éviter.
• Dans les champs souvent infestés, on peut semer
des hybrides de maïs Bt renfermant une protéine
insecticide (p. ex. Cry 1F, Vip3A).
• En Ontario, le traitement des semences aux
Photo 15-22 – Ver-gris noir et plant coupé
Source : J. Smith, Université de Guelph, néonicotinoïdes dans le seul but de lutter contre le
campus de Ridgetown. ver-gris noir est interdit par la réglementation sur les
pesticides de catégorie 12. Il n’est pas justifié de traiter
356
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
les semences avec un insecticide contre le ver-gris de racines. Ces dommages sont rarement perceptibles
noir spécifiquement, puisqu’il s’agit d’un ravageur et n’ont aucune conséquence économique. Les larves
périodique. Le traitement des semences et le semis de se transforment ensuite en pupes. Moins de deux
maïs Bt sont plus efficaces contre les jeunes larves. semaines plus tard, les adultes émergent du sol pour
• Des insecticides foliaires sont offerts sur le marché. s’attaquer aux cultures. Trois ou quatre générations
Ils sont le plus efficaces lorsqu’ils sont appliqués à se chevauchent chaque année. Seules les générations
la culture peu après l’éclosion des larves. Comme présentes du début mai à la fin juin (durant la levée
celles-ci sont surtout actives le soir, on applique les du maïs) sont considérées comme étant un problème
insecticides en soirée ou de nuit, puis on évite de potentiel. Comme les adultes transportent la bactérie
perturber le sol pendant cinq jours. Les insecticides Erwinia stewartii (causant la maladie de Stewart) dans
foliaires sont inefficaces contre les larves de plus de leur appareil digestif, ils transmettent cette maladie aux
2,5 cm (1 po). plants lorsqu’ils se nourrissent.
• Il n’est pas nécessaire de traiter le champ au complet,
mais uniquement les zones qui présentent des signes Dommages : Les dommages causés aux feuilles par les
d’infestation. altises prennent la forme de longues égratignures ou
de « fenêtres » généralement parallèles aux nervures.
ALTISE DU MAÏS
Ceux-ci n’ont aucune répercussion économique.
(Chaetocnema pulicaria)
Le véritable problème des altises, c’est qu’elles
Description : Ils’agit d’un coléoptère minuscule transmettent la maladie de Stewart, qui se manifeste
de 1,8 mm (0,1 po) noir et brillant. Ses pattes sur les feuilles par des lésions linéaires aux contours
postérieures allongées lui permettent de sauter lorsqu’il ondulés (voir photo 15-24). Les plants atteints peuvent
est dérangé (voir photo 15-23). se flétrir ou voir leur croissance s’arrêter. Les plans sont
plus à risque de contracter cette maladie du stade de
plantule au stade 5 feuilles, mais la transmission peut
Dans les champs en semis direct, il importe aussi avoir lieu durant les stades reproductifs du maïs.
d’éliminer la végétation qui attire les noctuelles
au début du printemps. À l’automne, la
destruction chimique des céréales spontanées
et des mauvaises herbes est recommandée.
357
Guide agronomique des grandes cultures
358
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Dommages : Les larves de la légionnaire uniponctuée souvent confondus avec des œufs, se trouvent dans
se nourrissent la nuit. La plupart des dommages le verticille ou sur le sol près du plant. Pendant
causés par leur alimentation surviennent en juin et l’observation sur le terrain, il convient de vérifier si
au début juillet, mais certains peuvent se produire les larves portent des œufs de mouche parasite sur
dès la fin mai. Dans les champs de maïs soumis à leur dos. Ces petits œufs, ovales et blanc jaunâtre, se
des méthodes traditionnelles de travail du sol, les trouvent habituellement juste derrière la tête de la
dommages surviennent habituellement d’abord dans larve (voir photo 15-73). De ces œufs vont naître des
les rangs périmétriques, tandis que dans les cultures asticots qui pénétreront dans les larves de légionnaires
de maïs en semis direct qui suivent des graminées uniponctuées et les tueront. Si le champ est bordé de
adventices ou des cultures de petites céréales, champs de céréales, de gazon, d’étendues herbeuses
de gazon ou de fourrages mixtes, les dommages ou de maïs, il faut en inspecter le pourtour pour
apparaissent un peu partout dans le champ. Ce y détruire les larves qui proviennent des champs
ravageur envahit fréquemment les champs de maïs avoisinants avant qu’elles envahissent la culture.
depuis des champs de céréales avoisinants. Les larves
rongent le pourtour des feuilles, puis se déplacent Seuil d’intervention : L’application d’insecticides
vers le haut des plants pour se nourrir des panicules foliaires sur les plantules de maïs peut être justifiée s’il
et des fleurs, ne laissant que les nervures principales y a au moins deux larves non parasitées par plantule
(voir photo 15-26). Tant que le point végétatif n’est ou si au moins 10 % des plants sont endommagés et
pas endommagé, le plant de maïs peut se remettre de que les larves mesurent moins de 2,5 cm (1 po). Dans
dommages de gravité moyenne. les cultures de maïs qui ont passé le stade 6 feuilles, si
50 % des plants ont des feuilles endommagées et sont
infestés par des larves de moins de 2,5 cm (1 po), un
traitement insecticide peut être justifié. Tant que le
point végétatif du plant n’est pas endommagé, le plant
de maïs peut habituellement se remettre de dommages
de gravité moyenne.
Stratégies de lutte :
• Si les larves mesurent plus de 2,5 cm (1 po) de long,
il n’y a aucun avantage à appliquer un insecticide
puisque le gros des dommages est déjà fait et que les
insecticides n’ont plus aucun effet sur elles.
• Il est possible de restreindre le traitement aux zones
infestées. Si les légionnaires uniponctuées migrent
depuis des champs de maïs ou de céréales adjacents,
Photo 15-26 – Dommages causés par la légionnaire il peut être suffisant de pulvériser l’insecticide sur le
uniponctuée aux feuilles d’un plant de maïs pourtour du champ.
Facteurs de risque : Sont particulièrement à risque les
• Des parasites et d’autres organismes utiles réussissent
cultures suivant une sole de gazon, des fourrages mixtes habituellement à maintenir les populations de
ou des graminées adventices dans un champ soumis légionnaires sous le seuil de nuisibilité, sauf durant
à un travail réduit du sol, de même que les champs à les printemps frais et pluvieux qui nuisent à ces
proximité de cultures de céréales. parasites. L’application d’un traitement insecticide en
présence d’un grand nombre de larves parasitées est
Technique de dépistage : Le meilleur moment pour donc à éviter.
inspecter les champs est juste après la brunante, • Il importe d’éliminer les graminées adventices, qui
lorsque la larve se nourrit. Pour ce faire, on examine sont un lieu de ponte privilégié des légionnaires
vingt plants en cinq points du champ (cent plants uniponctuées. Cependant, la lutte contre les
au total) et on note le nombre de larves et leur graminées adventices n’est pas toujours une bonne
taille. Le jour, on peut trouver les larves dans le solution tard dans la saison, car les larves risqueraient
verticille, à l’aisselle des feuilles, parmi les débris alors de délaisser les graminées mortes pour migrer
de culture qui jonchent le sol ou sous des mottes vers la culture.
de terre. Il est possible que des excréments bruns,
359
Guide agronomique des grandes cultures
PENTATOMES
PUNAISE FÉTIDE
(Euschistus servus)
PUNAISE VERTE
(Chinavia hilaris)
PUNAISE MARBRÉE
(Halyomorpha halys)
Description et cycle biologique : Voir page 380.
360
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
361
Guide agronomique des grandes cultures
les plantes-hôtes, en général sur le revers des feuilles, Dépistage des individus de la deuxième
près de la nervure principale. Les larves de pyrales du génération : On cherche des masses d’œufs sur le
maïs univoltines se développent tout au long de la revers des feuilles, près de la nervure principale,
saison jusqu’à l’automne, moment où, parvenues au en particulier sur les trois feuilles qui se trouvent
cinquième stade larvaire, elles se préparent à hiverner. au-dessus et en dessous de l’épi, et l’on note le
Les larves de pyrales du maïs bivoltines de la première pourcentage de plants qui comportent des masses
génération se transforment en pupes au milieu de d’œufs. On procède au dépistage tous les cinq
l’été, émergent sous forme d’adultes et engendrent à sept jours jusqu’à ce que les pics de vol soient
une deuxième génération avant d’entrer en diapause passés (soit pendant environ un mois).
à l’automne.
Seuil de nuisibilité économique pour les hybrides de
Dommages : Les larves de début de saison se maïs non-Bt :
nourrissent de feuilles, qu’elles couvrent de petites Voir l’annexe H, Calculs afférents à la détermination
piqûres et quittent tôt ou tard pour migrer dans le du seuil de nuisibilité économique de la pyrale du maïs,
verticille et s’attaquer aux panicules. Les larves de fin pour savoir comment calculer le seuil de nuisibilité
de saison se nourrissent brièvement de feuilles, puis économique de la pyrale dans les champs de maïs.
s’enfoncent dans la nervure principale et migrent dans Pour le maïs de semence, voir la publication Seed Corn
la tige du plant et les spathes. Parfois, les larves se Best Management Practices for Ontario, accessible à
nourrissent directement des grains en formation. Des l’adresse www.scgo.ca/seed-corn-ontario-research/.
infestations graves peuvent entraîner la verse des plants
et l’affaissement des épis. Ce ravageur peut être un Stratégies de lutte applicables aux hybrides de
vecteur de pourritures de la tige et de l’épi. maïs non-Bt :
• En général, les insecticides ne combattent pas de manière
Facteurs de risque : Grâce à l’usage répandu des rentable les pyrales dans le maïs de grande culture.
hybrides de maïs Bt, la pyrale du maïs est désormais • S’il n’est pas possible de combattre la pyrale du maïs
très peu présente dans les champs de maïs et risque à l’aide d’hybrides de maïs Bt, il importe de choisir
davantage de s’attaquer à d’autres types de cultures. des hybrides de maïs non-Bt qui ont une résistance
Ainsi, seuls les champs de maïs non-Bt sont à risque, ou une tolérance à la pyrale du maïs, de bonnes
de même que les champs en semis direct ayant une valeurs agronomiques et une tige vigoureuse.
couche épaisse de résidus, les rotations comprenant • Le déchiquetage des débris après la récolte est un
plusieurs cycles de maïs, les régions où le maïs est moyen efficace de détruire les pyrales qui hivernent
prépondérant (au moins 50 % des cultures) et les dans les tiges et le chaume; il faut donc laisser le
régions où les souches univoltines et bivoltines sont moins possible de tiges.
toutes deux présentes. • Les stades immatures de la pyrale du maïs sont la proie
d’ennemis naturels. Certains prédateurs (p. ex. coccinelles,
Technique de dépistage : En début de saison, les anthocorides) se nourrissent des œufs et des jeunes larves.
pyrales adultes sont attirées par les champs de maïs Des guêpes parasites et des acariens prédateurs peuvent
d’une bonne hauteur qui ont été ensemencés tôt. Les aussi contribuer à maîtriser ce ravageur.
femelles adultes de deuxième génération sont quant à
elles attirées par les soies et les panicules des champs Stratégies de lutte applicables aux hybrides de
ensemencés plus tard. L’inspection doit porter sur au maïs Bt :
moins cinq ensembles de vingt plants par champ (cent • L’Agence canadienne d’inspection des aliments
plants au total). exige que les producteurs qui comptent utiliser du
maïs Bt appliquent des stratégies de lutte contre
Dépistage des individus de la première les résistances. La Coalition canadienne contre les
génération : Il faut être à l’affût de dommages ravageurs du maïs appuie cette exigence.
sur les feuilles. On tire et déroule le verticille des • La quantité de cultures-refuges à semer et leur
plants endommagés à la recherche de larves et l’on emplacement dépendent du type d’hybride
fend la tige des plants de haut en bas pour localiser de maïs Bt. Le sélecteur d’hybrides refuges
les larves plus vieilles, puis l’on note le pourcentage (www.refugeselector.ca/refuge_fr.php) permet de
de plants endommagés et le nombre et la taille des déterminer la quantité de cultures-refuges requises
larves trouvées. selon l’hybride de maïs Bt et le type d’hybride refuge
disponible dans une certaine région.
362
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
• Les semences de maïs Bt et non-Bt ne doivent pas de distinguer les mâles des femelles (voir photo 15-34).
être mélangées, que ce soit avant ou pendant le semis. Les adultes des deux espèces mesurent environ de 4 à
• Les hybrides de maïs ordinaires et les hybrides de 7 mm (0,125 à 0,25 po). Les larves sont blanches et ont
maïs à caractère unique résistants aux herbicides la tête brune, ainsi qu’une plaque sombre distinctive à
peuvent servir de cultures-refuges s’ils parviennent à l’extrémité de l’abdomen. Elles mesurent environ 1 cm
maturité à peu près au même moment que l’hybride (0,5 po) de long (voir photo 15-35).
de maïs Bt et s’ils ont des valeurs agronomiques
similaires (écart de moins de 100 à 150 unités
thermiques de croissance [UTC]). De plus, ils
doivent être semés en même temps que le maïs Bt
pour que les pyrales femelles les trouvent tout aussi
attrayants comme lieu de ponte.
• Le traitement des semences des cultures-refuges ou
l’application d’insecticides radiculaires pour lutter contre
les larves de chrysomèles des racines du maïs peut être
justifié selon le seuil de nuisibilité économique.
• Si le seuil indique qu’une intervention est justifiée,
les cultures-refuges non-Bt peuvent être traitées
avec un insecticide foliaire (qui ne contient pas de Photo 15-33 – Chrysomèle occidentale
Bt) pour lutter contre les autres chenilles ravageuses des racines du maïs adulte
(p. ex. ver-gris occidental du haricot). Si l’on traite les
cultures-refuges, on doit également traiter le maïs Bt.
363
Guide agronomique des grandes cultures
364
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
365
Guide agronomique des grandes cultures
Stratégies de lutte :
Photo 15-37 – Pucerons du maïs sur un épi • La lutte chimique est uniquement justifiée si
les ennemis naturels et les parasites du puceron
Cycle biologique : On compte plusieurs générations
du maïs sont absents, si les plants souffrent de
de pucerons par année. Ce ravageur n’hiverne pas
stress hydrique et si les populations de pucerons
en Ontario, mais est plutôt porté chaque année par
dépassent le seuil d’intervention indiqué ci-dessus.
les courants d’air venant du sud, généralement en
Plusieurs ennemis naturels sont assez efficaces
juillet et en août. Les premiers individus à arriver
contre les pucerons du maïs, notamment certaines
au printemps se nourrissent de céréales jusqu’à ce
guêpes parasites ainsi que les adultes et les larves
que le maïs devienne attrayant. Les populations
de la coccinelle et de la chrysope.
migrantes sont composées uniquement de femelles
• La lutte chimique tue les ennemis naturels, ce qui
ailées. Une fois qu’elles sont établies, ces femelles se
peut mener à une recrudescence des populations
reproduisent sans s’accoupler et donnent naissance à
de pucerons.
des nymphes dépourvues d’ailes. Sont ainsi produites
des générations d’adultes à la fois ailés et non ailés,
selon la qualité des éléments nutritifs du plant. Les
pucerons ailés s’envolent ensuite vers les champs de
maïs à proximité et pénètrent dans le verticille.
366
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
PYRALE DU MAÏS
(Ostrinia nubilalis)
— VOIR PAGE 361
PENTATOMES
(Euschistus servus, Chinavia hilaris et Halyomorpha
halys)
— VOIR PAGE 360 Photo 15-38 – Jeune ver-gris occidental du haricot
VER-GRIS OCCIDENTAL DU HARICOT
(Striacosta albicosta)
367
Guide agronomique des grandes cultures
368
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Seuil d’intervention : Une pulvérisation est justifiée si bordées d’une large bande d’un brun plus foncé (voir
des œufs ou de petites larves se trouvent sur 5 % des photo 15-44). Les masses d’œufs sont difficiles à voir,
plants. La pulvérisation doit avoir lieu lorsque 95 % étant de couleur et de largeur similaires aux soies.
des panicules sont déployées ou, si elles le sont déjà
toutes, lorsque la plupart des œufs sont sur le point
d’éclore.
Stratégies de lutte :
• Dans les champs ayant déjà été infestés par le ver-
gris occidental du haricot, il convient de semer des
hybrides de maïs Bt contenant la protéine Vip3A,
qui, jusqu’à présent (2016), offre une protection
presque parfaite. Les hybrides Bt contenant la
protéine Cry1F sont moins efficaces depuis quelques
années, ce qui laisse croire que le ver y devient Photo 15-43 – Larve de ver de l’épi du maïs sur des
résistant ou que ces hybrides deviennent moins soies de maïs
tolérants.
• Si l’on ne peut ou ne souhaite pas utiliser d’hybrides
contenant la protéine Vip3A, il faut procéder au
dépistage et appliquer un insecticide foliaire dès que
le seuil d’intervention est atteint.
• Il faut choisir des hybrides qui contiennent rarement
du DON (vomitoxine).
• Le moment choisi pour appliquer l’insecticide
foliaire est crucial : une fois que les larves ont pénétré
dans l’épi, elles sont à l’abri des insecticides. Il
importe de choisir des insecticides ayant un certain
effet résiduel ou qui tuent les œufs et les larves.
• L’application de l’insecticide doit coïncider avec
Photo 15-44 – Papillons du ver de l’épi du maïs
l’éclosion des œufs et le moment où les jeunes larves
se nourrissent de la plante-hôte.
• Le travail du sol en profondeur peut perturber
La taille du ver de l’épi du maïs et la présence
et éliminer les larves qui s’y sont réfugiées pour
de bandes sur son corps permettent de le
l’hiver, mais il est peu probable que cela réduise
différencier de la pyrale du maïs, et sa tête de
considérablement les populations.
couleur chamois, de la légionnaire d’automne.
• Des pluies abondantes peuvent réduire le taux de
De plus, il se distingue du ver-gris occidental du
survie des jeunes larves.
haricot par l’absence de bandes sur le pronotum.
• Plusieurs ennemis naturels se nourrissent des œufs
et des jeunes larves, notamment les coccinelles et les
araignées. Cycle biologique : Le ver de l’épi du maïs, aussi appelé
noctuelle de la tomate, s’attaque également aux champs
de coton. Il n’hiverne pas en Ontario; au stade adulte,
VER DE L’ÉPI DU MAÏS la noctuelle migre du Sud des États-Unis, portée par
(Helicoverpa zea)
des fronts orageux, et arrive habituellement en Ontario
Description : De couleur très variable (vert clair à en août, mais peut arriver aussi tôt que la fin juin. La
jaune), ce ver peut atteindre 4 cm (1,5 po) de long. noctuelle pond ses œufs un à un sur les soies fraîches.
Son corps est parcouru longitudinalement de bandes Après l’éclosion, les larves consomment soies et grains
proéminentes et de tubercules sombres (verrues) à la pointe de l’épi. Généralement, chaque épi ne
hérissés de poils (voir photo 15-43). L’adulte est un compte qu’une larve, puisque les larves sont cannibales
papillon de nuit de couleur fauve ou chamois. Ses ailes et dévorent également les larves d’autres vers de l’épi
antérieures sont marquées d’un point brun central, du maïs et les larves du ver-gris occidental du haricot
visible du revers. Ses ailes postérieures sont pâles, plus petites qu’elles. Elles amorcent ensuite la pupaison
dans le sol, mais meurent peu après l’arrivée du gel.
369
Guide agronomique des grandes cultures
Dommages : Le ver de l’épi du maïs cause rarement • Certains hybrides de maïs Bt transgéniques procurent
de dommages économiques en Ontario. Les larves se une maîtrise temporaire des vers de l’épi du maïs,
nourrissent de feuilles et de panicules, mais surtout de mais ils ne doivent pas être utilisés à seule fin de
soies et de grains en formation. Elles endommagent les maîtriser un ennemi sporadique comme celui-ci.
panicules, nuisant ainsi à la pollinisation, et consomment
les soies, ce qui nuit au développement de l’épi.
LÉGIONNAIRE D’AUTOMNE
(Spodoptera frugiperda)
Description : À maturité, la larve de la légionnaire
Contrairement à la pyrale du maïs, au ver-gris
d’automne mesure 4 cm (1,5 po) de long. Sa couleur
occidental du haricot et à la légionnaire
varie de chamois ou vert pâle à presque noir (voir
d’automne, le ver de l’épi du maïs ne laisse
photo 15-45). Elle a trois minces rayures blanches le
pas de trous d’entrée dans les spathes, car il
long du dos, ainsi qu’une large rayure jaune picotée
pénètre directement dans les canaux des soies
rouge sur les côtés, juste au-dessus des pattes. Les
et se nourrit surtout dans le tiers supérieur de la
adultes sont des papillons de nuit gris foncé dont
pointe de l’épi.
les ailes présentent un motif moucheté et une tache
blanche proéminente à l’extrémité.
Facteurs de risque : Sont à risque les champs ensemencés
tardivement et les cultures au début du stade d’apparition
des soies, qui présentent des soies fraîches durant le pic
de vol de la noctuelle.
370
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Cycle biologique : Une fois adultes, sous forme de Stratégies de lutte dans le maïs :
papillons, les légionnaires d’automne migrent du Sud • Les hybrides de maïs Bt contenant la protéine
des États-Unis et arrivent tard dans la saison (de la Cry1F offrent une certaine protection contre la
fin juillet à la fin août), quand le maïs est parvenu à légionnaire d’automne.
maturité. Elles pondent leurs œufs sur les plantes- • Des parasites et d’autres organismes utiles réussissent
hôtes, et ceux-ci éclosent en moins d’une semaine. habituellement à maintenir les populations de
Les larves passent par six stades larvaires avant de légionnaires sous le seuil de nuisibilité. En présence
descendre au sol pour se transformer en pupes. Les d’un grand nombre de larves parasitées, les
légionnaires ne peuvent pas hiverner là où la terre gèle. traitements insecticides sont à éviter.
• Le maïs semé tardivement est très vulnérable aux
Dommage : La légionnaire d’automne cause rarement dommages aux feuilles et au verticille. Comme les
des dommages économiques dans le maïs de zones herbeuses dans les champs et en périphérie
grande culture. Les larves se nourrissent des feuilles sont des lieux de ponte privilégiés, on recommande
du verticille et des épis, surtout de la fin juillet à d’éliminer les graminées et les mauvaises herbes qui
septembre. Elles se nourrissent durant la journée, s’y trouvent.
tandis que les larves de la légionnaire uniponctuée
font leurs ravages la nuit. Au début, la légionnaire
d’automne ne fait que de minuscules trous dans les Ravageurs du soya
feuilles, comme la pyrale du maïs, mais à mesure que
les larves grossissent, les trous deviennent très gros Le tableau 15-3, Signes d’infestation dans les champs de
et leur pourtour est déchiqueté, un peu comme les soya, indique à quels ravageurs peuvent être attribués
dommages causés par les sauterelles. Les dommages les signes décrits.
graves causés aux jeunes plants ressemblent à ceux
provoqués par la grêle. Un autre signe est la présence, à
proximité, d’excréments brun rougeâtre et humides.
371
Guide agronomique des grandes cultures
372
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
PUCERON DU SOYA
(Aphis glycines)
Description : Le puceron du soya est un petit puceron
(pas plus gros qu’une tête d’épingle) jaune pâle
aux cornicules noires et à la queue jaune pâle (voir
photo 15-46). Certains adultes sont ailés, d’autres pas.
Les nymphes, aptères, sont plus petites que les adultes.
Sur le nerprun, les œufs sont petits et en forme de
ballon de football. Ils sont jaunes au moment de la
ponte, puis deviennent brun foncé comme les rameaux
du nerprun. Les œufs sont habituellement pondus le Photo 15-46 – Puceron du soya adulte et aptère
long des replis des bourgeons de nerprun. Source : A. Schaafsma, Université de Guelph,
campus de Ridgetown.
Cycle biologique : D’origine asiatique, le puceron du
Dommages : Le puceron possède des pièces buccales
soya a été vu pour la première fois en Amérique du de type perceur-suceur capables de perforer l’épiderme
Nord en 2000 et en Ontario en 2001. Pour compléter de la plante et d’en absorber par succion la sève et
son cycle biologique, l’insecte doit compter sur deux les éléments nutritifs. Lorsqu’il est présent en petit
hôtes. En effet, les pucerons du soya survivent en tant nombre dans une culture de soya, le puceron peut vivre
qu’œufs sur les branches de nerprun. Au printemps, les et s’alimenter de la plante sans entraîner une baisse de
nymphes éclosent, et les pucerons vivent pendant deux rendement. Par contre, une fois les seuils de nuisibilité
générations sur le nerprun, comme femelles aptères. La dépassés – notamment lors des saisons sèches qui
troisième génération se transforme en adultes ailés qui imposent un stress supplémentaire aux plants –,
migrent vers les plants de soya semés tôt. Les pucerons le puceron peut empêcher la floraison, ralentir la
continuent par la suite de produire des générations croissance des plants et entraîner une baisse de la
aptères jusqu’à ce que les plants de soya soient fortement production de gousses et de graines et une réduction
infestés et que leur qualité diminue. Ils produisent alors de leur qualité. Les pertes de rendement attribuables au
des pucerons ailés qui migrent vers des plants moins puceron sont plus importantes aux premiers stades R
fortement infestés du même champ ou des champs (R1 et R2) du développement des plants, au moment
avoisinants. On peut compter jusqu’à 18 générations de où la floraison peut être interrompue, compromettant
pucerons par an dans le soya. À l’instar de la plupart des la formation des gousses. Une infestation importante
espèces de pucerons, les pucerons du soya sont tous des au stade du remplissage des gousses (R3) et aux stades
femelles qui donnent naissance à des nymphes vivantes, ultérieurs peut se traduire par une réduction de la taille
qu’elles portaient en elles à la naissance. Les mâles ne et de la qualité des graines. Par ailleurs, le puceron du
voient le jour qu’à l’automne pour que les femelles soya excrète une substance collante, appelée miellat,
puissent s’accoupler avec eux et pondre des œufs sur le qui peut servir de substrat à la formation de fumagine
nerprun. Les infestations en début de saison (avant ou grise. Enfin, le puceron du soya peut devenir un
pendant le stade R1) sont plus fréquentes dans l’Est de vecteur du virus de la mosaïque du soya (voir la section
l’Ontario, lieu d’hivernation du puceron sur le nerprun. Mosaïque du soya du chapitre 16).
Dans le Sud de la province, où l’on trouve beaucoup
moins de nerpruns, les infestations ont lieu plus tard Facteurs de risque : Les champs de soya ensemencés tôt
dans la saison (pendant ou après le stade R3), lorsque peuvent être infestés par les pucerons qui proviennent
le puceron migre des États-Unis. directement du nerprun (surtout présent dans l’Est de
l’Ontario). Les pucerons qui migrent vers le milieu ou
la fin de l’été préfèrent les champs de soya ensemencés
tardivement. Tous les champs peuvent être infestés tous
les ans; c’est la présence d’ennemis naturels tôt dans
la saison qui détermine si les populations atteignent le
seuil. Dans la plupart des champs de l’Ontario, le seuil
n’est atteint que tous les trois à quatre ans.
373
Guide agronomique des grandes cultures
Technique de dépistage : En début de saison, les recommandé de respecter le seuil de 250 pucerons
pucerons sont portés à se concentrer sur les nouvelles si les plants sont soumis à un stress et que le couvert
feuilles et les feuilles trifoliées du haut. Plus tard, végétal a de la difficulté à se fermer.
après le début des stades reproductifs, les pucerons
vont plutôt dans le feuillage de mi-hauteur ou du
bas, peut-être pour échapper à la chaleur ou aux
prédateurs, plus nombreux au sommet. En raison
de ces déplacements pendant la saison végétative, la
meilleure technique de dépistage consiste à compter
le nombre de pucerons sur des plants complets et
à comparer ce nombre au seuil d’intervention. En
début de saison, les infestations se produisent dans
les champs ensemencés tôt, alors que les pucerons qui
migrent au milieu de l’été préfèrent généralement les
champs ensemencés tardivement.
374
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
375
Guide agronomique des grandes cultures
Dommage : En règle générale, la défoliation du soya Facteurs de risque : Après l’hivernation, les adultes
causée par la chrysomèle adulte est négligeable en s’en prennent aux champs de soya ensemencés tôt,
Ontario. Les dommages aux plantules (stades V1 surtout dans les comtés les plus au sud de l’Ontario.
à V2) par les adultes hivernants font exception à la Les champs ensemencés tardivement sont également
règle. En cas de lourdes infestations, il arrive que les la proie de la nouvelle génération d’adultes, qui peut
cotylédons et les plantules soient coupés. Lorsque s’attaquer aux gousses. Les champs de soya avoisinants
les feuilles apparaissent, la chrysomèle fait de petits d’un champ de luzerne ou d’autres légumineuses sont
trous circulaires entre les nervures principales des également à risque. Ce risque est plus élevé après un
folioles (voir photo 15-51). Les larves se nourrissent hiver doux.
de racines et de nodosités, mais ne causent pas de
dommages économiques. En fin de saison, l’adulte Technique de dépistage :
se nourrit également de gousses, ce qui constitue un Stade de plantules : On choisit au hasard au moins
autre problème : elle dévore la surface des gousses, ne cinq sites d’échantillonnage, dans lesquels on compte
laissant qu’une mince couche de tissus pour protéger toutes les chrysomèles en marchant lentement sur
les graines (voir photo 15-52). Ces lésions augmentent 4,5 à 6 m (15 à 20 pi) le long du rang. Ensuite, on
la vulnérabilité des gousses aux maladies secondaires, calcule le nombre moyen par mètre ou pied de rang.
telles que l’alternariose. Il arrive aussi que les gousses Il est possible que les insectes se laissent tomber
soient coupées du plant, mais ce n’est pas la principale des plants pour se cacher dans le sol; il faut donc
cause de perte de rendement. En fait, le plus gros s’approcher subtilement et éviter de projeter une
problème est que la chrysomèle est un vecteur du virus ombre sur les plants.
de la marbrure des gousses du haricot, qui rend le
plant et les graines ridés et marbrés, avec pour résultat Après le stade de plantule, jusqu’au stade R4 :
un produit de qualité inférieure. À 10 endroits différents dans le champ, on détermine
le pourcentage de défoliation selon la méthode décrite
à la section Évaluation de la défoliation du soya et les
images de la figure 15-2.
Seuil d’intervention :
Stade de plantule (VE à V2) : Leseuil d’intervention
Photo 15-51 – Feuille endommagée par la
contre la chrysomèle du haricot est de 52 adultes
chrysomèle du haricot
par mètre de rang (16 par pied de rang) au stade de
Source : J. Smith, Université de Guelph,
campus de Ridgetown. plantule. Une intervention est justifiée si des plants
sont sectionnés.
376
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Stratégies de lutte :
• Dans les champs ayant déjà été endommagés par le
passé, on retarde le semis à la fin mai ou au début
juin, après la fin de l’hivernation des insectes.
Cependant, dans les champs ensemencés plus tard, la
nouvelle génération d’adultes risque d’endommager
les gousses vers la fin de la saison.
• Si les cultures du champ ont déjà subi des dommages
aux plantules par le passé, il faut éviter que la culture
soit la première de la région à lever.
• Pour pouvoir utiliser des semences de soya
traitées aux néonicotinoïdes afin de lutter contre
la chrysomèle du haricot, il faut effectuer une Photo 15-53 – Tétranyques à deux points
évaluation parasitaire, puis en soumettre le rapport Cycle biologique : Il peut y avoir tout au plus sept
au moment de passer la commande de semences générations par an, leur période de croissance se
(voir annexe G). On peut traiter avec des insecticides chevauchant. En général, les tétranyques à deux points
les semences semées dans les champs ayant déjà hivernent en tant que femelles adultes en se servant, entre
été infestés en début de saison alors que la culture autres, des débris végétaux et des bordures des champs
était au stade de plantule ou les semences de qualité comme abri. Les champs de blé contre-ensemencés de
alimentaire; le but est de réduire le nombre de trèfle rouge qui ont été fauchés constituent un autre site
vecteurs et ainsi l’incidence du virus de la marbrure d’hivernation important. En effet, le trèfle rouge peut
des gousses du haricot. nourrir le tétranyque jusqu’aux gelées, lui permettant
• Le traitement des semences aux insecticides ne de survivre dans le champ. À la fin avril, quand la
protège pas les cultures contre la nouvelle génération température se réchauffe, le tétranyque commence
d’adultes, qui risque tout de même de causer la à chercher de la nourriture et des sites de ponte. Les
défoliation des plants et d’endommager les gousses. tétranyques se déplacent en rampant; les infestations ont
Le semis précoce permet d’éviter les infestations donc tendance à s’étendre lentement depuis les bordures
dans les champs où ces dommages surviennent des champs. Les femelles non accouplées se massent
fréquemment. au sommet des plants et tissent des toiles qui, agissant
• L’application d’insecticides foliaires n’est justifiée que comme des « montgolfières », se gonflent sous l’effet des
lorsque les seuils de défoliation ou de dommage aux grands vents et les amènent à un autre site. Les femelles
gousses sont atteints. peuvent se reproduire sans s’accoupler. En fait, une seule
• Avant d’appliquer un insecticide foliaire, il faut femelle peut être le point de départ de toute une colonie.
évaluer les populations de pucerons du soya et de Par temps chaud, sec et venteux, les infestations peuvent
tétranyques et choisir l’insecticide en conséquence. se propager très rapidement. Des pluies fréquentes et du
• Certains insecticides peuvent être plus néfastes temps frais réduisent généralement les populations dans
pour les ennemis naturels que pour les ravageurs les champs de soya.
et provoquer un gonflement des populations de
pucerons ou de tétranyques. Dommages : Le tétranyque peut causer de graves
dommages économiques dans les champs de soya
TÉTRANYQUE À DEUX POINTS et passe souvent inaperçu avant qu’il soit trop tard.
(Tetranychus urticae) Il s’alimente du contenu des cellules végétales sur le
revers des feuilles grâce à ses pièces buccales similaires
Description : Adulte, le tétranyque à deux points est
à des stylets. Des points marquent les endroits rongés
pratiquement invisible à l’œil nu. Mesurant entre
par le tétranyque. Une accumulation importante
0,5 et 1,0 mm de long, cet insecte brun jaunâtre a le
de ces points fait en sorte que les feuilles jaunissent,
corps rond, huit pattes et deux taches foncées sur les
brunissent ou s’enroulent (voir photo 15-54). Tôt
côtés de l’abdomen (voir photo 15-53). Les nymphes
ou tard, la feuille s’assèche et tombe. Un examen
ressemblent aux adultes, mais en plus petit. Les larves
minutieux révèle une fine toile sur le revers des
ont six pattes au lieu de huit. Les femelles hivernantes,
feuilles. Les dommages les plus graves se produisent
elles, sont orange ou rouges. Les œufs, de minuscules
par temps chaud et sec, normalement à la mi-juillet,
sphères blanches translucides, se trouvent sur le revers
après la récolte du blé d’automne. Habituellement,
des feuilles.
377
Guide agronomique des grandes cultures
les dommages par les tétranyques débutent sur les Techniques de dépistage : Les infestations, qui vont
pourtours des champs, mais le vent transporte les habituellement du bord des champs vers l’intérieur,
tétranyques vers l’intérieur des champs, où ils créent se présentent sous forme de points névralgiques. Le
des foyers d’infestation isolés. De la route, ces foyers dépistage consiste à parcourir les champs chaque
isolés font penser à des zones soumises à un stress semaine à partir de la première semaine de juillet en
hydrique (voir photo 15-55). cherchant de petits points blancs sur le dessus des
feuilles du milieu du feuillage, que l’on retourne et
secoue au-dessus d’une feuille blanche pour observer
les tétranyques qui s’agitent. Il faut une loupe
grossissant 10 fois pour les voir. On vérifie également
la présence d’œufs; s’il y en a beaucoup, il pourrait être
nécessaire d’inspecter les plants de nouveau quatre à
sept jours après l’application d’un traitement foliaire
puisque les tétranyques qui écloront risquent d’être à
l’origine d’une nouvelle infestation. La pluie peut faire
tomber les tétranyques des plants; en cas de risque
d’averse, il convient de retarder la pulvérisation et de
réévaluer les populations après la pluie.
378
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
379
Guide agronomique des grandes cultures
CHRYSOMÈLE DU HARICOT
(Certoma trifurcata)
Description et cycle biologique : Voir page 375
PUNAISE VERTE
(Chinavia hilaris)
5% 10 %
PUNAISE FÉTIDE
(Euschistus servus)
PUNAISE MARBRÉE
(Halyomorpha halys)
380
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Les nymphes (individus juvéniles) peuvent présenter au milieu ou à la fin des stades reproductifs, lorsque les
une allure très différente de la forme adulte : elles épis ou les gousses sont formés. À la fin de l’été ou au
ont des ébauches d’ailes très courtes et tronquées début de l’automne, les adultes migrent vers leurs sites
et des couleurs souvent très différentes de celles des d’hivernation.
adultes. En particulier, la punaise verte présente,
au stade nymphal, une brillante palette de couleurs
avec du noir, du vert, de l’orange et du jaune (voir * NOUVELLE ESPÈCE ENVAHISSANTE * : La
photo 15-58). Les œufs, déposés en amas compacts punaise marbrée (voir photo 15-29) est une
et géométriques, sont blanc jaunâtre et en forme de nouvelle espèce envahissante très problématique
barillet. Les œufs de certaines espèces sont couronnés pour les cultures de maïs et de soya aux États-
de minuscules épines formant un halo. Unis. Elle se confond facilement avec les autres
pentatomes, dont la punaise fétide (voir photo 15-30).
Bien que l’on sache qu’elle hiverne en Ontario,
on n’a pas encore relevé sa présence dans les
champs. En cas de découverte potentielle de
punaises marbrées, il faut communiquer avec le
Centre d’information du MAAARO par téléphone
au 1 877 424-1300 ou par courriel à l’adresse
[email protected]. Des renseignements
à jour concernant l’identification et l’incidence
potentielle des punaises marbrées, ainsi que les
stratégies de lutte, sont accessibles à l’adresse
Photo 15-58 – Nymphe de la punaise verte ontario.ca/punaise.
381
Guide agronomique des grandes cultures
Dommages : Nymphes et adultes ont des pièces (1 pi). Il faut répéter l’opération à au moins quatre
buccales de type perceur-suceur conçues pour autres endroits du champ. Il faut aussi éviter de
percer l’épiderme des plantes et en sucer la sève. Les toucher les plants avant de les secouer, car la punaise
pentatomes se nourrissent directement des gousses et marbrée se laisse tomber au sol si elle perçoit la
des graines. Ils injectent dans les graines des enzymes moindre perturbation.
digestives qui les font rider en surface (voir photo 15-59).
Les ouvertures ainsi pratiquées ouvrent la voie à La deuxième méthode consiste quant à elle à faire
différentes maladies et réduisent la qualité des graines. vingt balayages de filet fauchoir de 38 cm (15 po) de
À cela s’ajoutent des dommages indirects, comme le diamètre (chacun décrivant un arc de 180°) à cinq
retard de la maturation des graines, appelé syndrome endroits différents du champ, à compter le nombre
de la graine verte (l’activité des punaises n’en est total d’insectes capturés (nymphes et adultes), puis à
toutefois pas la seule cause). diviser le total par cent pour obtenir le nombre moyen
d’insectes recueillis par balayage du filet.
382
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
l’on peut ensuite traiter avec un insecticide foliaire pour réduire le risque que les insectes adultes s’attaquent au reste
du champ.
Signes
Dommages aux Peuplement clairsemé et plants flétris O O – – – – – –
racines et aux Profondes rainures en spirale dans la racine pivotante – – O – – – – –
plantules
Dommages aux Galeries entre les couches des feuilles – – – O – – – –
feuilles Feuilles perforées ou dont il ne reste que les nervures – O O – O – – –
Dommages aux pourtours des feuilles – – – – O – – O
Feuilles herbacées entièrement dévorées sauf la nervure – – – – – O – –
principale et panicules endommagées
Jaunissement en forme de « V » à l’extrémité des feuilles – – – – – – O –
Champs de couleur gris argenté – – – – O – – –
383
Guide agronomique des grandes cultures
384
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Facteurs de risque : Les champs de luzerne au sol à • Des essais menés dans l’État de New York indiquent
texture légère (p. ex. loam sableux, sable, gravier) situés que des nématodes parasites réduiraient efficacement
dans des régions souvent infestées (voir ci-dessus) sont les populations de ce ravageur.
les plus à risque.
RAVAGEURS DES CULTURES
Technique de dépistage : Dans les comtés de l’Est
de l’Ontario fréquemment infestés, le dépistage se FOURRAGÈRES DE SURFACE
fait tôt, de la fin avril à la fin mai, au moyen d’un Les abeilles butinent les cultures fourragères;
filet fauchoir et d’inspections visuelles. Il importe certaines précautions s’imposent donc pour protéger
d’examiner le pourtour du champ, le côté des routes et, les pollinisateurs durant l’application d’insecticides
avant d’entrer dans les champs qui ne sont pas infestés, foliaires. Voir la section Protection des pollinisateurs
le matériel de fenaison. Plus tard dans la saison (de et des insectes utiles du chapitre 14 pour en savoir
septembre à la mi-octobre), on déterre les plants plus.
de luzerne flétris et on retourne la terre à proximité
avec une pelle pour vérifier la présence de dommages CHARANÇON DE LA LUZERNE
aux racines et de larves. Le charançon de la luzerne (Otiorhynchus ligustici)
peut s’en prendre à toutes sortes d’hôtes. Les larves – VOIR PAGE 384
affectionnent particulièrement la luzerne, mais elles
peuvent aussi s’attaquer à toutes les espèces de trèfle, de
vigne et de fraisier. Elles s’en prennent même parfois
aux mauvaises herbes, en particulier à celles qui ont MINEUSE VIRGULE DE LA LUZERNE
des racines charnues comme la carotte sauvage et le (Agromyza frontella)
pissenlit. Description : L’adulte de cette espèce est une très petite
mouche de 4 mm (0,2 po) noire et arquée. Les larves
Seuil d’intervention : Aucun seuil n’a été établi. sont petites et jaune pâle; on les trouve à l’intérieur des
tunnels dans le tissu des feuilles.
Stratégies de lutte :
• On ne peut compter sur aucun traitement chimique. Cycle biologique : À la fin mai, les mouches adultes
• Il importe de bien retirer la terre et les débris émergent des pupes dans lesquelles elles ont hiverné à
végétaux de la machinerie avant de la sortir d’un la surface du sol. Les femelles pondent leurs œufs dans
champ infesté. Pour réduire le risque d’introduire le les feuilles des nouveaux plants de luzerne. Les larves
ravageur dans de nouveaux champs, il est préférable viennent à maturité dans les petits tunnels des feuilles,
de réaliser tous les travaux dans les champs qui ne puis se transforment en pupes sur le sol. Une deuxième
sont pas infestés avant de passer à ceux qui le sont. génération d’adultes apparaît environ une semaine plus
• Le charançon de la luzerne ne peut survivre très tard (à la mi-juillet), et une troisième vers la mi-août.
longtemps sans plante-hôte. Il importe donc de
procéder fréquemment à la rotation des cultures; Dommages : Cet insecte pose maintenant un grave
après deux ou trois ans de culture de luzerne (une problème dans le Nord de l’Ontario. Il laisse de petites
année au stade de plantule et une ou deux années perforations dans les feuilles lorsqu’il s’alimente et
de production), il faut cultiver des espèces qui ne pond ses œufs. Après l’éclosion, la larve se nourrit de
servent pas d’hôtes (p. ex. maïs, soya, céréales à l’intérieur des feuilles en creusant de petites galeries ou
paille) pendant au moins deux ans. tunnels entre les couches supérieures et inférieures. Ces
• Les charançons de la luzerne adultes présents durant tunnels partent habituellement de la base de la feuille
la récolte peuvent se retrouver dans les balles et y et s’élargissent à l’extrémité, créant des « pustules »
survivre pendant un certain temps. Il faut donc sur leur chemin (voir photo 15-63). En général, les
entreposer le foin de première coupe d’une luzernière dommages dus à l’alimentation font diminuer la
infestée au moins deux mois avant de l’expédier qualité du fourrage, mais nuisent peu au rendement,
ailleurs. sauf en cas de grande sécheresse.
• Si l’on soupçonne la présence de ce ravageur, il
faut communiquer avec l’entomologiste provincial
spécialisé dans les grandes cultures ou un spécialiste
des fourrages.
385
Guide agronomique des grandes cultures
Stratégies de lutte :
• Il existe dans le Sud de l’Ontario une espèce de
parasite qui est efficace contre la mineuse virgule
de la luzerne. Les insecticides lui sont toutefois Photo 15-65 – Larve de charançon postiche
nuisibles; par conséquent, on conseille de les éviter à de la luzerne
moins que la population de mineuses virgules de la
luzerne soit extrêmement élevée.
• Pour qu’un insecticide soit efficace, on doit
l’appliquer au plus tard au moment où les
perforations apparaissent.
• Il est possible que la première coupe coïncide avec
la première génération et qu’elle permette donc de
réduire efficacement la population de ce ravageur.
386
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Cycle biologique : On compte une génération de cet et saines. Les larves infectées par le champignon
insecte par année. Les adultes hivernent dans les pathogène, qui sont jaunes ou havane, se déplacent
résidus de culture et émergent au printemps pour se lentement.
nourrir des nouvelles pousses. La ponte a lieu dans
les tiges de luzerne en mai. Après l’éclosion, les larves Seuil d’intervention :
atteignent le sommet des plants, où elles se nourrissent • L’évaluation du seuil d’intervention et des mesures
des bourgeons à feuilles et des boutons floraux. À la appropriées (récolte ou traitement insecticide) est
fin juin ou au début juillet, elles s’enferment dans des fondée sur la gravité des dommages aux pointes des
cocons blancs peu serrés, dans les feuilles (pupaison). feuilles et le nombre d’insectes observés. Si 40 % des
Elles en émergent en tant qu’adultes une à deux pointes des feuilles sont abîmées, qu’il y a deux ou
semaines plus tard. trois charançons actifs par tige et qu’il reste plus de
sept à dix jours avant la date de récolte optimale, il
Dommages : Les larves causent le plus de dégâts, faut envisager d’épandre un insecticide. (On entend
puisqu’elles s’alimentent de l’intérieur des bourgeons par « feuilles abîmées » le pourcentage de pointes
à feuilles en se déplaçant vers le haut des plants. Les de feuilles qui présentent des signes évidents de
dommages se manifestent d’abord par des perforations, dommages, et non le pourcentage de défoliation.)
puis par des tissus d’apparence décharnée entre les • Aucune intervention n’est nécessaire s’il y a moins
nervures. Dans les champs fortement infestés, les d’une larve active par tige; par contre, il faut
feuilles sont endommagées au point que les champs continuer de surveiller la situation.
ont l’air blanc grisâtre ou givré. Les dommages aux • Si la luzerne mesure moins de 40 cm (16 po)
tissus foliaires peuvent rapidement nuire à la qualité de haut et contient deux larves actives par tige,
fourragère. Les adultes qui se nourrissent pendant l’été il faut intervenir.
ne causent pas de dégâts considérables. • S’il y a plus de trois larves actives par tige, il faut
intervenir immédiatement.
Facteurs de risque : L’emploi fréquent d’insecticides
foliaires peut être néfaste pour les agents de lutte Si les populations de charançons sont élevées lors d’une
biologique. Les printemps secs peuvent nuire au première coupe précoce, il peut arriver que les larves
développement de champignons pathogènes qui survivantes s’alimentent des repousses de luzerne, ce
s’attaquent au charançon postiche de la luzerne. Les qui peut entraîner une perte totale du peuplement. Si
hivers doux peuvent contribuer à la survie des adultes, le champ est fortement infesté, il importe de surveiller
et le temps chaud au mois de mai peut entraîner la repousse du chaume. Principal signe à surveiller : les
l’émergence précoce des adultes, avant que la culture plants de luzerne ne verdissent pas, car les charançons
lève. Il devient alors impossible de procéder à la récolte se nourrissent des bourgeons du collet. La présence
précoce pour contrer ce ravageur. d’au moins deux larves actives par collet ou de quatre
à huit larves par zone de 30 cm2 (1 pi2) justifie la
Technique de dépistage : Le dépistage consiste à pulvérisation d’un insecticide sur le chaume.
inspecter plusieurs parties de chaque champ deux
fois par semaine entre la mi-mai et juin. Les premiers Stratégies de lutte :
dommages se manifestent dans les sols peu profonds • Des traitements insecticides ne sont recommandés
ou sur les pentes orientées vers le sud, surtout si le que lorsqu’il est impossible de faucher la luzerne, par
printemps est chaud et sec. En Ontario, on a observé exemple avant le stade du bouton, où le fauchage
que le point culminant des dommages coïncide risquerait de réduire la vigueur du peuplement et
normalement avec le stade du bouton de la première de donner un fourrage de trop grande qualité pour
culture. Pour compter les larves, on prélève, suivant un la plupart des animaux d’élevage. La repousse peut
tracé en forme de « M », 30 tiges que l’on place ensuite également afficher un moins bon rendement en
dans un seau blanc et que l’on frappe contre la paroi raison des dommages attribuables au charançon.
afin d’enlever les larves des troisième et quatrième • La clé de la lutte contre le charançon postiche
stades. Les larves des premier et deuxième stades, plus de la luzerne est l’opportunité de la récolte ou
petites (au plus 3 mm de long), sont d’une couleur l’application d’un insecticide selon l’inspection
variant de jaune pâle à vert pâle, et n’ont pas encore des champs. Si l’infestation est menaçante, il faut
de rayure blanche. Il peut y en avoir dans les feuilles faucher immédiatement les champs afin d’éviter les
supérieures, mais il ne faut pas compter ces larves plus dommages dus à l’alimentation. La plupart des larves
jeunes. Il importe de vérifier si les larves sont actives seront ainsi éliminées du champ. Généralement, les
387
Guide agronomique des grandes cultures
larves restantes se dessèchent, meurent de faim ou ou sous des mottes de terre. Il est également possible
sont la proie d’ennemis naturels. que des excréments bruns, souvent confondus avec
• Les insecticides foliaires tuent aussi les insectes des œufs, se trouvent sur le sol près du plant. Pendant
utiles, ennemis naturels du charançon. Leur emploi l’observation sur le terrain, il importe de vérifier si les
augmente donc les risques d’infestations futures. larves portent des œufs de mouche parasite sur leur
• À l’occasion, s’il fait chaud au mois de mai, les dos. Ces petits œufs, ovales et jaunâtres, se trouvent
charançons éclosent tôt, et les dommages dus à habituellement juste derrière la tête de la larve. De ces
l’alimentation se manifestent avant le stade du œufs vont naître des asticots qui tueront les larves de
bouton (où l’on peut récolter la luzerne). Le cas légionnaires (voir photo 15-73).
échéant, un traitement insecticide pourrait être
justifié. Seuil d’intervention : Une intervention est justifiée
si l’on trouve au moins cinq larves mesurant moins
de 2,5 cm (1 po) par zone de 30 cm2 (1 pi2). Dans
LÉGIONNAIRE UNIPONCTUÉE
les cultures au stade de plantules, la présence, dans
(Mythimna unipuncta)
un carré de 30 cm2 (1 pi2), de deux ou trois larves de
LÉGIONNAIRE D’AUTOMNE moins de 2,5 cm (1 po) de long peut justifier une
(Spodoptera frugiperda) intervention. Les traitements insecticides sont à éviter
en présence d’un grand nombre de larves parasitées.
Description et cycle biologique : Voir
la page 358 pour
la légionnaire uniponctuée et la page 370 pour la Stratégies de lutte :
légionnaire d’automne. • Si les larves font plus de 2,5 cm (1 po) de long, il n’y
a aucun avantage à appliquer un insecticide puisque
Dommages : Les cultures fourragères mixtes sont le gros des dommages est déjà fait.
généralement plus à risque lorsque des infestations de • Il est possible de restreindre le traitement aux zones
légionnaires surviennent dans des champs de céréales et infestées. Si les légionnaires migrent depuis des
de maïs. Les larves se nourrissent de nuit. Elles ne s’en champs de maïs ou de céréales adjacents, il peut être
prennent pas aux peuplements purs de luzerne, mais suffisant de pulvériser l’insecticide sur le pourtour du
plutôt aux mélanges de luzerne et de graminées. Les champ.
larves rongent le pourtour des feuilles de graminées, • Des parasites et d’autres organismes utiles réussissent
puis se déplacent vers le haut des plants pour se nourrir habituellement à maintenir les populations de
des panicules, ne laissant que les nervures principales. légionnaires sous le seuil de nuisibilité, sauf durant les
Les infestations de légionnaires uniponctuées sont printemps frais et pluvieux, qui nuisent à ces parasites.
généralement causées par la deuxième génération,
lorsque les céréales et les autres plantes-hôtes sont à
un stade de croissance plus avancé, mais la première CICADELLE DE LA POMME DE TERRE
génération peut également être problématique en juin (Empoasca fabae)
si les champs de céréales et de maïs adjacents sont Description : La cicadelle adulte est un insecte ailé vert
infestés. La légionnaire d’automne pose quant à elle pâle d’environ 3 mm de long, qui possède des pièces
problème à la fin de l’été. buccales de type perceur-suceur (voir photo 15-67)
et un corps cunéiforme : elle a la tête plus large et un
Facteurs de risque : Sont à risque les cultures corps qui s’affine graduellement en allant vers le bout
fourragères mixtes adjacentes à des champs de céréales des ailes. Elle a aussi six taches blanches rondes sur le
et de maïs infestés. derrière de la tête. Les nymphes sont aptères et plus
petites que les adultes (voir photo 15-68).
Technique de dépistage : Le meilleur moment pour
inspecter les champs est à la brunante ou juste après.
On examine 10 points du champ pour évaluer le
nombre de larves par zone de 30 cm2 (1 pi2). Si le
champ est bordé de champs de céréales ou de maïs, il
faut en inspecter le pourtour pour y détruire les larves
qui proviennent des champs avoisinants avant qu’elles
envahissent la culture. Le jour, les larves se réfugient
parfois dans les débris de culture qui jonchent le sol
388
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
389
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 15-6 – Seuils d’intervention contre la Cycle biologique : On compte une génération de cet
cicadelle de la pomme de terre dans la luzerne insecte par année. Les œufs hivernent sur les tiges de
Hauteur des résidus de culture et de mauvaises herbes et éclosent
Cicadelles capturées par balayage2 au printemps. Les jeunes larves s’enroulent dans les
tiges1
9 cm (3,5 po) 0,2 adulte feuilles, qu’elles ferment grâce à un tissu soyeux. Elles
15 cm (6 po) 0,5 adulte se nourrissent de fléole et d’autres graminées jusqu’à
25 cm (10 po) 1,0 adulte ou nymphe la fin juin. Ensuite, les larves s’attachent aux tiges de
36 cm (14 po) 2,0 adultes ou nymphes
graminées ou au revers des feuilles de mauvaises herbes
et se transforment en chrysalides (stade nymphal du
1
Plus la luzerne est haute, plus on peut tolérer de
cicadelles avant d’intervenir. papillon). Les adultes émergent environ deux semaines
2
Un balayage du filet fauchoir correspond à un arc de 180°. plus tard.
390
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Cèphe du blé
Signes
Dommages Peuplement clairsemé O O O – – – – – – – –
aux racines Semences vidées – – O – – – – – – – –
et aux
plantules Racines des plantules coupées O O – – – – – – – – –
• Plants rabougris devenant bleu-vert – – – – O – – – – – –
• Tallage
• Présence de pupes semblables à des graines de lin
dans la base des tiges
• Dommages surtout observés dans les champs
ensemencés au début de l’automne
Dommages • Égratignures parallèles aux nervures – – – – – O – – – – –
aux feuilles • Taches sur les vêtements après le dépistage
Feuilles déchirées, comme par la grêle – – O – – – – – – – –
Trous aux pourtours déchiquetés ou défoliation complète – – – – – – O – O – –
laissant uniquement les tiges
• Présence de pucerons sur la collerette – – – O – – – – – – –
• Plants devenant d’une couleur bronze
• Feuilles de l’épi tordues limitant la croissance de celui-ci
• Dommages surtout observés dans les champs de
céréales ensemencés au début de l’automne
Dommages • Tiges cassant facilement à la hauteur d’un nœud – – – – O – – – – – –
aux tiges et • Entre-nœuds courts
aux épis • Plants se cassant et versant à partir de la base – – – – – – – – – O –
• Galeries creusées dans tout le plant, y compris les
nœuds
• Épis non blanchis
• Présence de larves près de la base des plants
• Épis blanchis – – – – – – – O – – –
• Présence de chenilles dans les tiges
• Dommages surtout observés dans l’Est de l’Ontario
• Tiges coupées en morceaux d’environ 13 cm (5 po) – – – – – – – – O – –
laissés sur le sol
• Tiges faciles à arracher – – – – – – – – – – O
• Épis blanchis alors que les plants sont encore verts
• Piètre remplissage des grains
• Présence d’asticots (apodes) dans les tiges près du
sommet des plants
Épis coupés – – – – – – O – O – –
391
Guide agronomique des grandes cultures
RAVAGEURS TERRICOLES DES CÉRÉALES les céréales, mais sa présence n’a pas été relevée en
Ontario.
ASTICOTS – VOIR PAGE 343
Cycle biologique : Les pucerons qui envahissent les
VER FIL-DE-FER – VOIR PAGE 347
céréales hivernent en Ontario sur le blé d’automne,
LIMACE – VOIR PAGE 342 en particulier durant les hivers doux marqués par
une épaisse couverture de neige, mais bon nombre
RAVAGEURS DES CÉRÉALES DE SURFACE d’entre eux migrent dans la province, portés par des
vents orageux. Dès qu’ils trouvent une culture-hôte,
Complexe des pucerons des céréales : ils colonisent les jeunes plants et produisent plusieurs
générations aptères jusqu’à ce qu’ils aient besoin de
PUCERON DU MERISIER À GRAPPES voler vers des plants moins fortement infestés. Tous les
(Rhopalosiphum padi) pucerons sont des femelles qui donnent naissance à des
nymphes vivantes. On en compte plusieurs générations
PUCERON DES CÉRÉALES par année.
(Sitobion avenae)
Dommages : En Ontario, il est rare que les pucerons
PUCERON DU MAÏS soient directement responsables de dommages. Ils
(Rhopalosiphum maidis)
s’agglutinent sur le dessus des feuilles près de la base
Description : On trouve principalement trois espèces de des jeunes plants. Tôt ou tard, ils atteignent le sommet
pucerons dans les champs de céréales de l’Ontario, la des plants et s’installent dans les verticilles. Toutes les
plus courante étant le puceron du merisier à grappes. espèces de pucerons ont des pièces buccales de type
Il s’agit de petits insectes de 2 mm ou moins. L’adulte perceur-suceur qui aspirent la sève (éléments nutritifs)
est vert olive, avec des taches rouge orangé vers l’arrière contenue dans les tissus des jeunes plants. Les pucerons
de l’abdomen entre deux protubérances appelées sécrètent une substance collante appelée « miellat »,
« cornicules » (voir photo 15-70). Les cornicules et les qui peut se couvrir de fumagine. De fortes populations
pattes sont vert pâle, et les antennes, longues et noires. peuvent donner au champ une coloration bronzée
Les jeunes pucerons sont vert pâle. Les adultes ailés et tordre les feuilles de l’épi, qui serrent les barbes et
sont plus foncés que les adultes aptères. entraînent ainsi la déformation des épis de blé. Les
feuilles tordues par le puceron du merisier à grappes
ont une forme de tire-bouchon. Les pucerons sont
des vecteurs du virus de la jaunisse nanisante de l’orge
(voir Jaunisse nanisante de l’orge au chapitre 16).
392
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Seuil d’intervention : Une intervention peut être la population d’automne qui est la plus à craindre,
justifiée s’il y a de 12 à 15 pucerons par tige avant surtout pour les cultures de blé d’automne. D’autres
l’épiaison, nombre pouvant atteindre 50 pucerons par cultures céréalières, dont l’orge, l’avoine et le seigle,
épi par la suite. semblent tolérer davantage les pucerons, mais elles n’en
sont pas épargnées pour autant.
Stratégies de lutte :
• Il convient d’appliquer un insecticide lorsque le Les plants semés à l’automne peuvent être rabougris.
seuil est atteint. Afin de prévenir toute infection par Les larves se nourrissent à l’intérieur de la gaine
le virus de la jaunisse nanisante de l’orge dans les foliaire à la base des jeunes plants. Les enzymes qu’elles
céréales d’automne, il ne faut pas faire les semis plus sécrètent dans le plant provoquent l’épaississement des
de 10 jours avant la date de semis optimale pour la tiges, le rabougrissement des plants et l’élargissement
région, indiquée dans la figure 4-4, Dates de semis des feuilles. Les plants peuvent produire de multiples
optimales du blé d’automne en Ontario, qui se trouve talles. Les plants infestés prennent une teinte d’un
au chapitre 4, Céréales. bleu-vert foncé. Leur survie à l’hiver est compromise.
• La destruction du blé spontané deux ou trois Les dommages causés au printemps par la première
semaines avant les semis peut contribuer à réduire les génération se concentrent juste au-dessus des nœuds,
populations de pucerons aux abords des cultures de là où les larves se nourrissent. Les entre-nœuds ne
céréales et le risque de transmission du virus. s’allongent pas, ce qui nuit au transport des éléments
• Les pucerons ont plusieurs ennemis naturels, nutritifs vers l’épi. À la moindre traction, les tiges
notamment les coccinelles (larves et adultes) et les cèdent au niveau des nœuds infestés. Les épis
larves de syrphes et de chrysopes. Parmi les plus blanchissent parfois, et les plants peuvent verser.
importants ennemis naturels, on trouve aussi des
guêpes parasites qui peuvent décimer des populations Facteurs de risque : Les champs les plus à risque
de pucerons avant qu’un traitement soit nécessaire. sont ceux où poussent des cultivars sensibles de blé
d’automne qui ont été semés tôt, avant les périodes
MOUCHE DE HESSE
d’inactivité de la mouche, indiquées à la figure 4-4,
(Mayetiola destructor)
Dates de semis optimales du blé d’automne en Ontario,
Description : Au stade adulte, la mouche de Hesse du chapitre 4, Céréales.
ressemble à un petit moustique. Elle est gris foncé
et frêle. Son abdomen est pointu et rouge terne. Les Technique de dépistage : Au printemps, on inspecte les
adultes volent mal et ne vivent qu’environ trois jours. champs au début du remplissage des épis en cherchant
Les larves sont des asticots blancs et apodes de 2 mm des plants qui ont des entre-nœuds courts et des
de long. Les pupes sont brun rougeâtre, ont la forme épis blancs. On tire doucement sur leur tige pour
de graines de lin et peuvent être observées à la base des voir si elle cède facilement à la hauteur d’un nœud,
plants à la fin de l’automne et au début du printemps. puis on vérifie la présence de larves à l’intérieur de
l’entre-nœud, là où la tige s’est cassée. À l’automne,
Cycle biologique : On compte deux générations le dépistage débute trois semaines après la levée des
par année. La mouche de Hesse hiverne dans une plants de blé. On examine vingt plants en cinq points
coque de nymphose qui ressemble à une graine de du champ, où l’on écarte les feuilles de façon à en
lin à la base du feuillage des vieux plants. La pluie voir la base sur la tige. Pour déterminer l’ampleur de
déclenche l’apparition des adultes au printemps. l’infestation, on cherche des coques de nymphose en
Les femelles pondent leurs longs œufs rougeâtres forme de graines de lin.
en rangées, qui rappellent un chapelet de saucisses,
sur la face supérieure des feuilles des jeunes plants Seuil d’intervention : Aucun seuil n’a été établi. La lutte
de blé d’automne ou de blé spontané. Les larves se repose sur la prévention.
développent et se nourrissent pendant environ trois
semaines avant de former une coque de nymphose au Stratégies de lutte :
milieu de juin. Une deuxième génération apparaît, et • Il n’existe aucun traitement de secours. Ici, la
l’insecte poursuit son cycle jusqu’à la fin septembre, où prévention est la clé.
il forme une coque de nymphose pour y hiverner. • En retardant les semis de céréales d’automne jusqu’au
moment où les vols de mouche de Hesse ont cessé,
Dommages : Les infestations de mouches de Hesse on s’assure que les plants ne lèveront pas avant la fin
sont rares en Ontario. Bien que les dommages de la ponte. Les champs ensemencés en août et au
puissent survenir au printemps et à l’automne, c’est
393
Guide agronomique des grandes cultures
début septembre sont les plus à risque. Cycle biologique : On compte une génération par
• Il faut éviter de cultiver du blé deux années d’affilée année. Les criocères des céréales hivernent au stade
dans le même champ et il faut détruire le blé adulte dans les débris de feuilles situés dans des zones
spontané et le chaume avant le semis. abritées comme les boisés et les épaisses couches de
• Il existe des cultivars résistants. résidus de végétaux. Ces adultes émergent au début
du printemps, après quoi les femelles fertilisées
pondent leurs œufs dans les champs de blé, sur la
CRIOCÈRE DES CÉRÉALES
(Oulema melanopus) face supérieure des feuilles. De ces œufs vont naître
des larves dès la mi-mai. Les larves se transforment
Description :Le criocère des céréales adulte est un ensuite en pupes, d’où émergent les adultes vers la mi-
coléoptère bleu-vert métallique d’environ 5 mm juin. Ces derniers se nourrissent brièvement de blé,
(0,2 po) de long, à la tête et aux pattes orange puis envahissent les champs de maïs pour se nourrir
rougeâtre (voir photo 15-71). Les larves mesurent pendant un court laps de temps avant d’entrer en
6 mm (0,25 po) de long à maturité et sont jaunâtres, dormance jusqu’à l’automne, où ils se dirigent vers les
mais leur couleur est obscurcie par une couche sites d’hivernation.
d’excréments noire qui leur donne l’aspect de limaces
(voir photo 15-72). Dommages : Les criocères des céréales se nourrissent
de blé, d’avoine, de maïs, de fourrages et de graminées
adventices. Les semis printaniers sont les plus
attrayants, particulièrement les semis tardifs, bien que
certaines cultures de blé d’automne puissent aussi être
infestées au printemps. Les adultes et les larves causent
tous deux des dommages en dévorant de longues
bandes de tissus entre les nervures des feuilles. Comme
la couche superficielle de la feuille reste intacte,
les dommages font penser à des « fenêtres » (voir
photo 15-72). Le gros des dommages est causé par les
larves en juin. Les champs lourdement endommagés
Photo 15-71 – Criocère des céréales adulte semblent argentés.
Source : J. Smith, Université de Guelph, campus de
Ridgetown. Facteurs de risque : Le labour propre augmente les
risques d’infestation par ce ravageur, car il détruit les
sites d’hivernation des parasites. Les champs où l’on
applique fréquemment des insecticides foliaires sont
également plus à risque. Les infestations semblent
plus fréquentes dans certaines régions de l’Ontario,
notamment celles de Dresden, Bolton, Stayner,
Seaforth et Clinton.
394
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Seuil d’intervention : Il faut intervenir si l’on trouve tueront les larves de légionnaires.
en moyenne trois larves par talle avant le gonflement,
ou un criocère (adulte ou larve) par tige entre le Seuil d’intervention : La lutte chimique est justifiée si
gonflement et l’épiaison. Une intervention peut l’on trouve quatre ou cinq larves non parasitées de
également être justifiée si les feuilles de l’épi se font moins de 2,5 cm (1 po) par zone de 30 cm2 (1 pi2). Si
lourdement endommager au début de l’épiaison. beaucoup d’épis de blé se font couper, la pulvérisation
peut être justifiée, à condition que les larves se
Stratégies de lutte : nourrissent toujours activement, qu’elles mesurent
• Il faut employer des insecticides foliaires uniquement moins de 2,5 cm (1 po) et que le délai de non-
lorsque le seuil est atteint tout en respectant le délai traitement avant récolte ne soit pas dépassé.
de non-traitement avant récolte.
• Les ennemis naturels, en particulier les parasitoïdes, Stratégies de lutte :
maîtrisent très efficacement ce ravageur, mais certains • Les parasitoïdes (voir photo 15-73), les agents
sont vulnérables aux insecticides. Leur emploi risque pathogènes utiles (entomopathogènes) et les virus
donc d’entraîner des infestations fréquentes pendant (voir photo 15-74) jouent un rôle important dans le
des années. maintien des populations de légionnaires sous le seuil
• Le labour propre augmente les risques d’infestation d’intervention chaque année, mais les printemps frais
par ce ravageur, car il détruit les sites d’hivernation et pluvieux leur sont nuisibles.
des parasites • Les traitements insecticides sont à éviter en présence
d’un grand nombre de larves parasitées.
• Les traitements insecticides ne sont pas efficaces sur
LÉGIONNAIRE UNIPONCTUÉE
les larves de plus de 2,5 cm (1 po) de long.
(Mythimna unipuncta)
• Il est possible de restreindre le traitement aux zones
Description et cycle biologique : Voir page 358. infestées. Si les légionnaires migrent depuis des
champs de maïs ou de céréales adjacents, il peut être
Dommages : Les larves de la légionnaire uniponctuée suffisant de pulvériser l’insecticide sur le pourtour du
se nourrissent la nuit. La plupart des dommages dus champ.
à leur alimentation surviennent en juillet dans les • Il importe de respecter le délai de non-traitement
céréales. Les larves dévorent les feuilles et ne laissent avant récolte.
que la tige. Elles peuvent se déplacer vers le haut des
plants pour se nourrir des grains et des barbes ou
couper les épis de blé.
395
Guide agronomique des grandes cultures
TENTHRÈDE
(Espèces de Pachynematus)
Description : La larve vert vif a, tout le long du corps,
plusieurs paires de grosses fausses-pattes, qui les
Photo 15-74 – Légionnaires tuées par un virus distinguent des chenilles (voir photo 15-75). Sa tête
Source : A. Schaafsma, Université de Guelph, brun orangé pâle est légèrement enfoncée sous le corps.
campus de Ridgetown. Elle mesure environ 25 mm (1 po) de long et se courbe
en forme de « C » lorsqu’elle tombe au sol, ce qui lui
RAVAGEURS DES CÉRÉALES S’ATTAQUANT donne l’apparence d’une petite bille verte. Les adultes
AUX ÉPIS ET AUX TIGES ressemblent un peu à des guêpes noires et ont un gros
ovipositeur en forme de scie.
PYRALE DU MAÏS
(Ostrinia nubilalis)
Description et cycle biologique : Voir page 361.
396
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
ne causent pas ce genre de dommages. Par contre, tout Facteurs de risque : Les infestations surviennent
comme ces dernières, les larves de tenthrèdes coupent généralement après un mois d’avril anormalement
parfois les épis directement à la base. Une seule larve chaud, qui représente des conditions idéales pour
peut couper de 10 à 12 épis. la ponte. Le semis direct et le travail réduit du sol
peuvent augmenter les chances de survie de l’insecte à
l’hiver.
Tableau 15-8 – Signes d’infestation dans les champs de haricots secs comestibles
LÉGENDE : O = compte parmi les signes d’infestation – = ne compte pas parmi les signes d’infestation
Ravageurs
Signes
Dommages Semences trouées – – O O – – – – – –
aux Peuplement clairsemé O O O – – O – – – –
semences
et aux Galerie dans le cotylédon ou l’hypocotyle – – O – – – – – – –
plantules Racines coupées O O – – – – – – – –
Dommages Trous aux contours déchiquetés semblables aux dommages – – – O – – – – – –
aux feuilles causés par la grêle
Feuilles dont il ne reste que les nervures – – – O – – O – – –
Trous ronds – – – – – O – – – –
Pourtours ou extrémités jaunes, et feuilles cloquées et roussies – – – – O – – – – –
Dommages Trous à la surface – – – – – O – – – –
aux gousses Trous d’entrée, présence de larves et graines dévorées – – – – – – – – O –
Trous d’entrée, aucune larve présente et graines dévorées – – – – – – – O – –
Taches dures et foncées sur les gousses, et piqûres ou – – – – – – – – – O
dépressions sur les graines
397
Guide agronomique des grandes cultures
par mètre carré ou de trois épis par pied carré. Il faut par la cicadelle de la pomme de terre sont souvent
également tenir compte des légionnaires qui pourraient attribués à tort aux herbicides, à une carence nutritive
être présentes dans le champ. ou à un stress hydrique.
398
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
%
SCARABÉE JAPONAIS 60
(Popillia japonica)
Remplissage des gousses
Description et cycle biologique : Voir page 347. 50
Floraison
Croissance végétative
Perte de rendement
399
Guide agronomique des grandes cultures
de remplissage des gousses, il est plus important Insectes s’attaquant aux gousses
d’évaluer les dommages aux gousses plutôt que Lorsque la culture de haricots secs comestibles
la défoliation. atteint le stade de remplissage des gousses, il est plus
important d’évaluer les dommages aux gousses plutôt
Technique de dépistage : Des stades végétatifs
que la défoliation. Voici les insectes qui peuvent
au remplissage des gousses, le dépistage consiste s’attaquer aux gousses.
à prélever, en dix points du champ, des feuilles
trifoliées entièrement déployées dans le milieu du
feuillage de cinq plants, puis à jeter la foliole la moins CHRYSOMÈLE DU HARICOT
endommagée et celle la plus endommagée de chacune (Certoma trifurcata)
de ces feuilles trifoliées. On compare ensuite les folioles
Description et cycle biologique : Voir page 375.
restantes à la figure 15-2, Défoliation du soya due aux
insectes défoliateurs, pour déterminer le pourcentage Dommages : La chrysomèle s’alimente de la surface des
moyen de défoliation dans le champ et on note le gousses, ne laissant qu’une mince couche de tissus pour
stade de la culture au moment de l’évaluation. Durant protéger les graines, mais il est rare qu’elle les perce.
le stade de remplissage des gousses, on évalue les Ces lésions augmentent la vulnérabilité des gousses
dommages aux gousses comme l’indique la section à des maladies secondaires, telles que l’alternariose
Insectes s’attaquant aux gousses. (voir photo 15-78). Il arrive aussi que les gousses soient
coupées du plant, mais ce n’est pas la principale cause
Seuil d’intervention :Le tableau 15-10, Seuils de
de perte de rendement. Si les gousses présentent des
défoliation des haricots secs comestibles, indique le
trous d’entrée, il est plus probable que les dommages
seuil de défoliation correspondant aux différents
aient été causés par le ver-gris occidental du haricot ou
stades de croissance.
la pyrale du maïs.
Tableau 15-10 – Seuils de défoliation des haricots
secs comestibles
Stade de croissance Défoliation
Préfloraison (stades végétatifs) 35 %
De la floraison au remplissage 15 %
des gousses
Durant le remplissage des Surveiller les dommages
gousses aux gousses (voir
section Insectes
s’attaquant aux
gousses)
400
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Stratégies de lutte : durant le jour. Les larves de pyrales du maïs ont plus
• Il convient d’utiliser des insecticides foliaires si le tendance à rester dans les gousses. En Ontario, les
seuil d’intervention est atteint et que les adultes se dommages que cause le ver-gris sont constatés dans
nourrissent toujours activement. un nombre grandissant de champs de haricots secs
• Il importe de tenir compte du délai de non- comestibles, que ce soit directement dans les champs
traitement avant récolte lorsque la récolte approche. avant la récolte ou sur les graines après la récolte.
Comme la présence de cet insecte est difficile à déceler
VER-GRIS OCCIDENTAL DU HARICOT dans les champs de haricots secs comestibles, il faut
(Striacosta albicosta) d’abord surveiller les adultes au moyen de pièges à
phéromones pour déterminer si et quand le dépistage
Description et cycle biologique : Voir page 367. est nécessaire (communiquer avec l’entomologiste
provincial pour savoir comment disposer les pièges, où
Dommages : Les larves s’attaquent d’abord aux feuilles,
se procurer le matériel nécessaire et quels protocoles de
mais dès que les larves sont plus grosses, elles percent
surveillance appliquer). Chaque champ doit contenir
les gousses et se nourrissent des gousses et des graines
deux pièges, installés en périphérie, sur deux côtés
(voir photo 15-79). Le ver-gris occidental du haricot
opposés, près de végétation basse (p. ex. graminées
est le seul insecte à entrer dans les gousses durant
adventices). Les pièges doivent être installés au plus
la nuit et à en ressortir avant l’aube. Ainsi, chaque
tard la dernière semaine de juin et doivent être relevés
nuit, les larves pénètrent dans de nouvelles gousses
régulièrement tout au long de la saison de croissance,
pour se nourrir. Les graines endommagées semblent
au moins une fois par semaine, pour compter les
piquées, ce qui peut nuire à leur classement et
noctuelles attrapées. Il est préférable d’utiliser les pièges
entraîner des frais supplémentaires pour leur tri une
comme des guides et d’effectuer le gros du dépistage de
fois aux silos-élévateurs. Les trous d’entrée dans les
10 à 20 jours environ après le pic de vol des noctuelles,
gousses favorisent aussi la transmission de maladies, en
lorsque les larves risquent de s’attaquer aux gousses.
compromettant ainsi la qualité.
Le dépistage des masses d’œufs dans les champs de
maïs adjacents (où elles sont plus faciles à voir) peut
également servir à évaluer la population de vers-gris.
401
Guide agronomique des grandes cultures
Seuil d’intervention : Une intervention peut être Dommages : Les stades les plus nuisibles sont le stade
justifiée si l’on trouve des trous d’entrée à plusieurs adulte et les derniers stades nymphaux. La punaise
endroits dans le champ avant le stade R6. terne est dotée de pièces buccales de type perceur-
suceur qui lui permettent de percer l’épiderme des
Stratégies de lutte : plantes et d’y injecter une substance salivaire qui
• Il convient d’employer des insecticides foliaires si les détruit une partie du tissu végétal. Lorsqu’elle s’attaque
dommages aux gousses sont répandus. Un traitement aux fleurs, la punaise terne peut provoquer l’échec de
localisé peut être efficace si les dommages sont la floraison. Au stade de formation des gousses, les
concentrés dans une partie du champ. piqûres de la punaise provoquent des malformations
• Il importe de choisir des insecticides ayant un ou laissent des marques, des creux ou des trous à la
certain effet résiduel et de respecter le délai de non- surface de celles-ci. De la sève peut s’échapper des
traitement avant récolte. trous, augmentant le risque transmission de maladies.
L’insecte peut aussi percer des trous directement dans
PUNAISE TERNE les graines, provoquant l’apparition de piqûres, ce qui
(Lygus lineolaris) en réduit la qualité.
Description : Les punaises ternes adultes mesurent
Facteurs de risque : Les populations de punaises ternes
environ 5 mm (0,2 po) de long, ont des taches allant
ont tendance à gonfler lors des étés chauds et secs. Les
du brun jaunâtre au rougeâtre ainsi qu’un petit triangle
champs adjacents à d’autres cultures-hôtes sont les plus
sur le dos (voir photo 15-81). Les nymphes, très
402
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
à risque, en particulier après la récolte de la luzerne et Seuil d’intervention : L’utilisation d’insecticides peut
des cultures fourragères. être justifiée si l’on attrape en moyenne une ou deux
punaises ternes (nymphes ou adultes) par balayage du
Technique de dépistage : On inspecte les champs une filet au stade de formation des gousses.
fois par semaine dès le début des stades de la formation
et du remplissage des gousses. Une fois que les champs Stratégies de lutte :
de luzerne voisins ont été fauchés, on intensifie la • Plusieurs espèces de guêpes parasites contribuent à
surveillance en faisant vingt balayages de filet (chacun maîtriser les punaises ternes, mais comme elles sont
décrivant un arc de 180°) à cinq endroits différents du vulnérables aux insecticides, il faut employer des
champ et on calcule le nombre moyen de nymphes et insecticides foliaires uniquement lorsque le seuil est
d’adultes capturés par balayage. Les punaises ternes atteint.
ont une préférence pour les amarantes en fleurs; il • Il importe de lutter contre les mauvaises herbes,
faut donc surveiller l’éclosion de ces fleurs, qui devrait notamment l’amarante, parce qu’elles attirent les
annoncer l’arrivée prochaine des punaises autour et à punaises ternes.
l’intérieur des champs. Les rangs périmétriques étant
susceptibles d’abriter des populations plus denses de
punaises, il importe d’y faire des prélèvements avec le Ravageurs du canola
filet fauchoir.
Le tableau 15-11, Signes d’infestation dans les champs de
canola, indique à quels ravageurs peuvent être attribués
les signes décrits.
Ver-gris terne
Signes
Dommages Peuplement clairsemé O O O O O – – –
aux Racines coupées O – – – – – – –
semences
et aux Plantules dévorées au niveau du sol ou sous terre – O O – – – – –
plantules Cotylédons mâchouillés – O O – – – – –
Base des plants coupée – – O – O – – –
Dommages Petits trous sur les feuilles et plants flétris – – O – – – – –
aux feuilles Plants difformes à partir du point végétatif, sans montaison ni floraison – – – – – O – –
Gros trous sur le pourtour des feuilles – – – O O – – –
Dommages Peu ou pas de montaison ou de développement des gousses, ou – – – – – O – –
aux gousses gousses disposées en bouquets
Trous d’entrée et graines dévorées – – – – – – O –
Perforations ou marques sur la surface des gousses, surtout les – – O – – – – –
années chaudes et sèches
Petites lésions d’où suinte de la sève, et graines parfois rapetissées ou – – – – – – – O
ratatinées
403
Guide agronomique des grandes cultures
404
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
plantules. Une fois que les plants ont atteint le stade Technique de dépistage : On inspecte 10 plants en
4 feuilles, ils sont généralement établis et peuvent 10 points du champ, en particulier dans les zones où
se remettre des dommages subis. Une intervention le peuplement est visiblement clairsemé, et on creuse
peut également être justifiée si on trouve, sur chaque à leur base pour vérifier la présence de larves, dont on
plant, au moins 50 adultes de la nouvelle génération note la grosseur.
s’attaquant activement aux gousses durant leur stade de
formation pendant une année chaude et sèche. Seuil d’intervention : L’application d’un insecticide peut
être justifiée si le peuplement est réduit de 25 à 30 %
Stratégies de lutte : et que les larves mesurent au maximum 2,5 cm (1 po).
• Il importe de lutter contre les mauvaises herbes avant
le semis, en particulier les crucifères adventices (p. ex. Stratégies de lutte :
moutarde des champs, canola spontané, sagesse-des- • Une lutte efficace contre les mauvaises herbes
chirurgiens, tabouret des champs). réduit l’attrait du champ durant la pondaison
• Le semis doit se faire dans de bonnes conditions (généralement en août).
édaphiques qui favoriseront la croissance rapide des • Il peut être efficace d’appliquer un traitement localisé
plants et le bon établissement du peuplement. de nuit, lorsque les larves se nourrissent, puisque les
• Le sursemis peut compenser une certaine diminution infestations sont généralement limitées à certains
de la densité de peuplement. endroits.
• Les excès d’azote sont à éviter puisqu’ils favorisent la • Le semis direct peut favoriser les ennemis naturels.
croissance d’un feuillage luxuriant, attrayant pour les
altises. CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR
• Le traitement des semences avec un insecticide est (Contarinia nasturtii)
nécessaire au moment du semis afin de maîtriser les
altises, car il est difficile d’en prévoir la population. Description : La cécidomyie du chou-fleur adulte est
Un traitement foliaire peut tout de même être une très petite mouche brun pâle. Elle mesure de 1,5 à
nécessaire si l’activité des adultes se poursuit et 2 mm et est très difficile à distinguer des autres espèces
que le seuil d’intervention est atteint une fois que de cécidomyies qui lui sont apparentées. Les larves
le traitement des semences n’est plus efficace. Les sont de petits asticots (de 0,3 à 3 mm à maturité) de
traitements n’ont pas tous la même durée d’efficacité. couleur blanc cassé à jaune, qui se rassemblent au
Un traitement localisé est de mise si les dommages se point végétatif des plantes (voir photo 15-83).
limitent au pourtour du champ.
405
Guide agronomique des grandes cultures
le sol, abritée dans un cocon, et se transforme en par la cécidomyie du chou-fleur pendant cette saison,
pupe au printemps. Les premiers adultes émergent mais est généralement épargné au printemps et à l’été
vers le milieu ou la fin de mai, mais pas tous en puisqu’il a atteint un stade de croissance avancé lorsque
même temps. En effet, il existe deux phénotypes les infestations surviennent.
principaux caractérisés par des périodes d’émergence
différentes, dont les premiers pics surviennent dans
un intervalle de 10 à 14 jours de la fin mai au début
juin. L’émergence est déclenchée par des précipitations
d’au moins 6 mm (0,2 po) sur une période de sept
jours. Les adultes vivent d’un à trois jours seulement
et, même s’ils volent relativement mal, ils peuvent
parcourir plusieurs centaines de mètres et se laisser
porter par le vent sur des distances beaucoup plus
grandes. Les femelles sont prêtes à s’accoupler dès
qu’elles émergent et pondent des amas de 20 à 50 œufs
sur les parties des plantes-hôtes les plus jeunes et à la
croissance la plus rapide. Une fois écloses, les larves se
Photo 15-84 – Rabougrissement des plants de
nourrissent en groupe sur le point végétatif des plantes
canola causé par la cécidomyie du chou-fleur
pendant une à trois semaines, selon la température. À
maturité, les larves s’enfoncent de quelques centimètres Facteurs de risque : Sont à risque les cultures situées
dans le sol et y demeurent pendant deux semaines tout près des cultures de canola de l’année précédente
avant d’émerger en tant qu’adultes. Plusieurs larves dans une région fréquemment infestée, mais surtout
de chaque génération d’été entrent en diapause, les champs ensemencés tardivement, dont les cultures,
leur nombre augmentant à mesure que les jours plus jeunes, seront à un stade vulnérable durant le pic
raccourcissent. Par ailleurs, de 2 à 10 % d’entre elles d’activité des adultes.
demeurent en diapause pendant deux ans, voire plus.
Technique de dépistage : Ce ravageur nécessite une
Dommages : Les enzymes contenus dans la salive surveillance et une lutte intensives. Le dépistage
des larves détruisent le tissu végétal, causant ainsi le consiste à utiliser des pièges à phéromones pour
gonflement et la déformation des feuilles, des pousses surveiller les adultes, puisque les larves sont difficiles
et des boutons floraux (voir photo 15-84). Le principal à voir et risquent de sortir des plants avant que les
point végétatif des jeunes plants peut mourir, ce qui dommages deviennent apparents.
empêche la montaison et produit des pousses borgnes.
Des racèmes secondaires peuvent se former à partir On pose les pièges au début de mai, dès que les
des pousses primaires détruites, ce qui retarde la plantules ont levé, pour surveiller l’émergence ou
maturation. Les dommages peuvent prendre cinq jours l’arrivée des premiers adultes et le nombre d’insectes par
ou plus pour devenir apparents, et demeurent présents rapport au seuil d’intervention. On inspecte les pièges
jusqu’à la récolte. Pour vérifier que les dommages sont du stade feuille vraie jusqu’à la pleine floraison. Comme
causés par la cécidomyie du chou-fleur et non par les le nombre d’insectes peut atteindre le seuil rapidement,
herbicides ou la machinerie, on ouvre le point végétatif il importe d’inspecter les pièges régulièrement (aux
des plants endommagés et on regarde s’il y a des petits deux jours) pour calculer le nombre d’adultes capturés
asticots qui se nourrissent à l’intérieur. Toutefois, quotidiennement à chacun des pièges.
comme les dommages ne disparaissent pas, il est
possible que les larves aient déjà quitté les plants pour Il est possible de se procurer ces pièges auprès de Solida
se transformer en pupes. Les dommages causés avant (www.solida.ca). Le matériel suivant est requis pour
la montaison peuvent entraîner le rabougrissement surveiller un champ pendant huit semaines :
des plants et le regroupement des gousses dans le haut
de la tige, un peu comme un bouquet ou un balai de • 4 pièges Jackson blancs par champ
sorcière. Si l’infestation survient après la montaison • 66 plaquettes collantes (une plaquette par piège
(stades de croissance 30 à 39 ou 2,1 à 2,10), l’effet changée deux fois par semaine pendant huit
des dommages est généralement moins prononcé, semaines, et deux plaquettes supplémentaires)
mais les boutons à l’aisselle des feuilles risquent d’être • 8 capsules de phéromones (une par piège, remplacée
infestés. Le canola d’automne peut être endommagé après quatre semaines)
406
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
Il faut aussi avoir quatre piquets par champ (de • Le canola de printemps doit être semé le plus tôt
préférence ceux utilisés dans les prairies temporaires) possible pour éviter qu’il ne soit aux stades les plus
et quelques pince-notes. On pose les piquets sur vulnérables au début juin, c’est-à-dire du stade
le pourtour du champ à au moins 60 m (200 pi) végétatif (rosette) au stade du bouton vert (stades
d’intervalle. On ouvre les pièges pour qu’ils forment de croissance 11 à 51 ou 2,0 à 3,3), lorsque de
un triangle, à la base duquel on insère une plaquette, minuscules boutons floraux se développent au
face collante vers le haut. On fixe l’appât sur l’attache centre du plant, et durant le stade de développement
de métal comprise avec le piège, que l’on accroche à secondaire des boutons (stade de croissance 58).
l’intérieur du piège, sur l’une des surfaces supérieures. S’il est impossible de faire le semis assez tôt, il faut
Ensuite, on utilise la plus grosse attache de métal envisager de choisir une culture qui n’attire pas ce
également comprise pour accrocher le piège au piquet. ravageur.
La base du piège ne doit pas être à plus de 25 cm • Tout le matériel agricole utilisé dans les champs
(10 po) du sol. On utilise un pince-notes pour fixer infestés doit être bien nettoyé, et les champs infestés
solidement le piège contre le piquet, au cas où il doivent être travaillés en dernier pour réduire le
venterait. La plaquette collante doit être remplacée risque de propagation du ravageur dans les champs
à chaque inspection (tous les deux ou trois jours), et qui ne sont pas infestés. Comme la cécidomyie
l’appât, toutes les quatre semaines. hiverne et effectue la pupaison à une profondeur d’à
peine 1 à 2 cm (0,4 à 0,8 po), les cocons peuvent
Seuil d’intervention : On commence à compter le facilement rester pris sur les roues et être transportés
nombre de cécidomyies attrapées dans chaque piège ailleurs.
dès le stade feuille vraie et on applique un insecticide • Le travail du sol effectué peu après la récolte peut
dès que l’on a capturé vingt adultes au total. Des contribuer à réduire les populations hivernantes.
traitements supplémentaires pourraient être nécessaires • Le traitement insecticide doit être fait aussitôt que le
si l’on attrape quotidiennement une moyenne de seuil est atteint.
cinq adultes par piège et que la culture est encore aux • L’utilisation de grands volumes d’eau (> 200 l/ha ou
stades de préfloraison. Pour calculer cette moyenne, on 18 gal/acre) et de gouttelettes de petite taille assure la
compte le nombre total de cécidomyies capturées et on bonne distribution de l’eau et sa pénétration dans les
le divise par le nombre de pièges, puis par le nombre crevasses où se nourrissent les larves.
de jours écoulés depuis la dernière inspection. Le • À l’heure actuelle, aucun produit homologué n’offre
traitement insecticide doit se faire le plus rapidement une protection complète.
possible lorsque le seuil est atteint; il ne faut pas se fier • Il est probable que plusieurs traitements soient
aux signes de dommages pour déterminer quand celui- nécessaires. Chacun doit être fait à au moins sept
ci est nécessaire. jours d’intervalle.
• Il importe d’utiliser en alternance des produits
Stratégies de lutte : appartenant à différents groupes chimiques pour
• La rotation des cultures joue un rôle très important. réduire le risque d’apparition de résistances.
Dans les champs ayant déjà été infestés, il vaut mieux • De plus amples renseignements sur la dose
éviter de resemer du canola et d’autres cultures à utiliser et les précautions à prendre figurent
crucifères pendant au moins quatre ans. dans la publication 812F du MAAARO, Guide de
• Il faut éviter de semer du canola à moins de deux protection des grandes cultures.
kilomètres du champ de canola le plus près ou de la
culture de l’année précédente.
• Il convient d’éliminer les crucifères adventices et les INSECTES S’ATTAQUANT AUX GOUSSES
cultures couvre-sol qui se trouvent à l’intérieur ou
CHARANÇON DE LA GRAINE DU CHOU
sur le pourtour du champ, car elles peuvent servir (Ceutorhynchus obstrictus)
d’hôtes de remplacement. Voici les crucifères et
cultures visées : moutardes (moutarde des champs, Description : Le charançon de la graine du chou adulte
moutarde blanche, moutarde noire, moutarde est un insecte de couleur cendré à noir qui mesure
d’Inde, alliaire officinale, sisymbre officinal), environ 4 mm (0,2 po) de long. Comme tous les
bertéroa blanc, tabouret des champs, radis sauvage, charançons, il est doté d’un rostre qui ressemble à
radis fourrager, bourse-à-pasteur, barbarée vulgaire, une trompe d’éléphant (voir photo 15-85). Les larves
cresson alénois et canola spontané. sont blanches, en forme de « C » et apodes. On ne les
trouve qu’à l’intérieur des gousses.
407
Guide agronomique des grandes cultures
408
15. Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures
pulvériser un insecticide dans les champs de canola Aucun seuil d’intervention n’a
Seuil d’intervention :
de printemps pour lutter contre le charançon de la été établi pour l’Ontario. Ailleurs, on recommande
graine du chou, à moins qu’ils aient été ensemencés de pulvériser un insecticide dès qu’on capture deux
très tôt et que le seuil d’intervention ait été atteint. punaises ternes par balayage du filet après le stade de la
Avant d’entreprendre un traitement, il faut vérifier chute des pétales, mais avant la maturité des gousses.
que les adultes s’attaquent toujours aux plants.
• Certaines précautions s’imposent pour protéger Stratégies de lutte :
les pollinisateurs des insecticides foliaires (voir • Plusieurs espèces de guêpes parasites contribuent
chapitre 14). à maîtriser les punaises ternes, mais comme les
• Il existe une guêpe parasite qui contribue produits insecticides leur sont très nuisibles, il faut
efficacement à la lutte contre le charançon, mais employer des insecticides foliaires uniquement
les insecticides utilisés contre ce dernier lui sont lorsque le seuil d’intervention est atteint.
également préjudiciables. • Certaines précautions s’imposent pour protéger
• Il importe d’éliminer les crucifères adventices les pollinisateurs des insecticides foliaires (voir
(p. ex. moutarde, tabouret des champs) et le canola chapitre 14).
spontané qui pourraient servir d’hôtes. • Il importe de lutter contre les mauvaises herbes,
notamment l’amarante, parce qu’elles attirent les
punaises ternes.
Punaise terne
(Lygus lineolaris)
409
16. Maladies des grandes cultures
Un grand nombre d’agents pathogènes sont la fonte des semis et la pourriture des racines en
responsables des maladies des grandes cultures début de saison. Un peuplement clairsemé, une levée
courantes en Ontario. La maîtrise de ces maladies irrégulière, des trous ou des plants manquants sont
est une composante importante de tout système des signes évidents d’infection des semences ou des
de production de grandes cultures. Par ailleurs, le plantules. De nombreux champignons peuvent être
dépistage et la bonne identification des maladies sont à l’origine de ces maladies; certains (p. ex. Fusarium
des composantes essentielles à la mise en place de solani et Rhizoctonia solani) infectent différentes
mesures de lutte. Les descriptions suivantes visent donc cultures, alors que d’autres sont spécifiques à une
à faciliter l’identification des maladies des grandes culture (p. ex. Phytophthora sojae, qui infecte le soya).
cultures et la lutte contre celles-ci.
Les agents pathogènes sont difficiles à combattre parce
qu’ils parviennent à survivre dans de nombreux types
de sol. Selon l’année et les conditions du champ, leurs
Généralités sur les pourritures des
répercussions sont de mineures à graves (reprise des
semences et la fonte des semis dans semis nécessaire). Les maladies apparaissent souvent
les grandes cultures en premier dans les zones basses ou mal drainées du
Incidence : Lestemps frais ou pluvieux qui retardent champ. Les pourritures des semences et la fonte des
la germination des semences ou la croissance des semis peuvent sévir davantage dans les champs en
plantules peuvent entraîner la pourriture des semences, semis direct ou dans les champs soumis à un travail
411
Guide agronomique des grandes cultures
réduit du sol, du fait que les épaisses couches de Stratégies de lutte : L’utilisation de semences ayant
résidus qui s’y trouvent maintiennent le sol plus frais un bon taux de germination et une bonne vigueur
et plus humide que dans les sols soumis à une méthode réduit considérablement les risques de pourritures
de travail traditionnelle. La fonte des semis survient des semences et de fonte des semis. Les semences
lorsque la culture est semée tôt dans des conditions fissurées ou qui ont été endommagées pendant la
propices à l’éclosion de la maladie ou lorsque les récolte ou la manutention doivent être jetées, car
conditions environnementales font en sorte que la elles sont les plus vulnérables aux infections. Les
semence reste longtemps dans le sol. D’autres facteurs pratiques favorisant la germination rapide (p. ex.
qui retardent la germination et la levée, notamment réduction au minimum du compactage du sol,
le compactage du sol, son encroûtement ou le semis drainage du sol pour enlever l’excès d’humidité,
profond, peuvent également donner un peuplement élimination des résidus de culture abondants)
clairsemé. Il est important de faire la distinction entre peuvent également réduire la gravité des infections.
les maladies des plantules et d’éventuels problèmes
causés par les insectes, les herbicides, le compactage Le traitement des semences aux fongicides offre une
du sol, etc. certaine protection aux plantules vulnérables. Ce
Aspect : Il peut être difficile de distinguer les agents type de traitement est recommandé pour toutes les
pathogènes en cause, car certains signes sont assez semences afin de réduire au minimum l’apparition
similaires. Les pourritures des semences sont des de maladies en début de saison, avant ou après la
maladies qui attaquent les semences avant ou peu après levée. En moyenne, un traitement fongicide procure
la germination et qui provoquent leur pourriture et deux semaines de protection tout au plus. Aucune
leur mort. Les semences endommagées ou ayant une protection n’est aussi efficace que le semis au bon
faible vigueur sont les plus sensibles aux pourritures. moment dans un bon lit de semence. Des lignes
Sont particulièrement à risque les semences qui restent directrices sur le traitement des semences figurent
longtemps dans un sol frais (10 à 13 °C) et humide d’ailleurs dans la publication 812F du MAAARO,
après les semis. Les plantules qui mettent longtemps à Guide de protection des grandes cultures.
lever sont les plus vulnérables aux infections fongiques.
412
16. Maladies des grandes cultures
ANTHRACNOSE
(Colletotrichum graminicola)
Incidence : L’anthracnose peut devenir grave les années
chaudes et pluvieuses. Elle est souvent la première
maladie foliaire du maïs à apparaître. Elle se manifeste Photo 16-1 – S’attaquant à la fois aux feuilles et à
d’abord sur les feuilles inférieures et progresse vers la tige, l’anthracnose se manifeste surtout par des
taches sur les feuilles, le dépérissement du sommet
le haut du plant. Les signes disparaissent souvent
du plant et la pourriture de la tige
à mesure que le plant de maïs amorce sa phase de
croissance rapide. Le champignon responsable de Cycle biologique : Lesrésidus jouent un rôle important
l’anthracnose provoque non seulement une brûlure dans la progression de l’anthracnose, étant donné que
des feuilles, mais aussi une pourriture de la tige le champignon survit (hiverne) à l’état de mycélium
(voir section Pourritures de la tige). Les producteurs ou de sclérote dans les résidus ou la semence de maïs.
devraient noter où les signes de l’anthracnose se sont La pluie éclabousse les spores contenues dans les
manifestés sur le feuillage au début de la saison et résidus de maïs sur les feuilles inférieures et la tige.
retourner dans ces zones quelques semaines avant la C’est pourquoi la deuxième année de culture du
récolte afin de vérifier la présence de pourriture sur maïs rend celui-ci plus vulnérable aux infections par
les tiges. Les méthodes de travail du sol qui laissent l’anthracnose, surtout par temps chaud et pluvieux.
une épaisse couche de résidus de végétaux infectés à
la surface du sol peuvent aggraver la maladie et en Stratégies de lutte : Le choix d’hybrides résistant à
augmenter l’incidence. la forme foliaire de l’anthracnose peut contribuer
à combattre cette maladie. Toutefois, la résistance
Aspect : L’anthracnose s’attaque à la fois aux feuilles à la pourriture de la tige causée par l’anthracnose
et à la tige. Elle se manifeste surtout par des taches sur est distincte de la résistance à la forme foliaire de
les feuilles, le dépérissement du sommet du plant et l’anthracnose; la résistance des hybrides à la pourriture
la pourriture de la tige. Les taches sur les feuilles sont de la tige causée par l’anthracnose ne garantit donc
ovales, peuvent atteindre 15 mm (6 po) de long, ont pas la résistance aux infections des feuilles en début
un centre chamois et un contour brun rougeâtre (voir de saison. Dans les champs de maïs travaillés selon
photo 16-1). Les lésions isolées peuvent s’amalgamer, des méthodes traditionnelles, l’enlèvement des résidus
formant ainsi des stries le long du pourtour ou de la de maïs par le travail du sol diminue les risques
nervure principale de la feuille. Il est fréquent que d’infection, surtout lorsque le maïs suit le maïs. Dans
les tissus entourant les zones infectées jaunissent. De les champs en semis direct ou soumis à des méthodes
petites taches noires (acervules) sont visibles à la loupe de travail réduit du sol, la rotation des cultures
au centre des lésions. Un examen attentif révèle la (éviter de cultiver du maïs pendant deux années
présence de soies noires raides qui sortent de ces taches consécutives) et l’utilisation d’hybrides résistants sont
noires. La maladie se manifeste d’abord sur les feuilles les meilleurs moyens de combattre la forme foliaire
du bas avant de gagner les feuilles supérieures. Le de l’anthracnose. L’application de fongicides n’est pas
dépérissement du sommet du plant peut se produire rentable dans les champs de maïs, étant donné qu’un
tard dans la saison, à mesure que les feuilles atteintes se seul traitement ne suffit pas à maîtriser la maladie, mais
flétrissent et meurent, donnant l’impression d’avoir été elle peut l’être dans les champs de maïs de semence.
endommagées par le gel.
413
Guide agronomique des grandes cultures
PIÉTIN-VERSE
Photo 16-2 – Le dessèchement entraîne la formation (Aureobasidium zeae)
de longues stries elliptiques vert grisâtre ou chamois Incidence :Même si le piétin-verse endommage
Cycle biologique : Lechampignon survit dans les normalement peu le maïs, la maladie prend de
résidus de maïs sous forme de spores ou de filaments l’ampleur en Ontario à mesure que se répand la
mycéliens (mycélium). Les spores du champignon pratique de laisser une couche plus épaisse de résidus
se propagent aux plants de maïs en croissance par le de maïs dans le champ.
vent ou les éclaboussures d’eau depuis les résidus à
Aspect : La maladie produit des taches rondes ou
la surface du sol. Même si le champignon hiverne en
Ontario, une majorité de spores provient du Corn Belt ovales caractéristiques pouvant atteindre 4 mm
du Midwest des États-Unis et des États voisins des (0,1 po) de diamètre, au centre chamois ou brun et
au pourtour brun ou violacé (voir photo 16-4). Ces
414
16. Maladies des grandes cultures
lésions sont entourées d’un halo jaune translucide grandement réduit l’incidence de la maladie dans la
visible quand la feuille est face à une source lumineuse. province et dans le Corn Belt des États-Unis.
Il arrive que la feuille paraisse brûlée lorsque ces lésions
s’amalgament et tuent une bonne partie des tissus de la Aspect : La maladie comporte deux phases distinctes :
feuille. La maladie peut être confondue avec des taches la phase du flétrissement et la phase tardive. La phase
foliaires physiologiques non infectieuses ou avec des du flétrissement touche surtout les lignées de maïs
dommages causés par des insectes. de semence extrêmement sensibles et les hybrides de
maïs sucré au début de la saison (des stades V2 à V4).
Le premier signe perceptible de la maladie consiste en
de longues stries jaunes qui s’étendent sur la longueur
de la feuille (voir photo 16-5). Ces stries deviennent
gorgées d’eau et finissent par céder la place à des
lésions brunes de tissu mort (nécrosé). Les bactéries
interrompent la circulation de l’eau et des éléments
nutritifs dans la plante en obstruant son système
vasculaire, ce qui provoque un flétrissement rapide et
même la mort du plant. Comme la nouvelle pousse
est touchée, le flétrissement et la mort des tissus
progressent de haut en bas. Une coupe longitudinale
révèle un point végétatif pourri ou évidé de
Photo 16-4 – Le piétin-verse se manifeste par des couleur altérée.
taches rondes ou ovales au centre chamois ou brun
et au pourtour brun ou violacé, entourées d’un halo
jaune translucide bien visible devant une source
lumineuse
415
Guide agronomique des grandes cultures
Cycle biologique : La bactérie hiverne dans l’appareil Aspect : Les signes apparaissent sur les feuilles
digestif des altises du maïs adultes, qui se cachent inférieures peu après l’apparition des panicules. La
pendant l’hiver dans des zones abritées (voir la section maladie produit des lésions uniques, caractérisées par
Altise du maïs du chapitre 15, Insectes et animaux leur forme rectangulaire, étroite et allongée de 2 à 7 cm
nuisibles aux grandes cultures). Les hivers doux peuvent (1 à 3 po) et par leur couleur chamois clair. Ces lésions
entraîner l’augmentation des populations d’altises. sont parallèles aux nervures des feuilles. Avec le temps,
Les adultes qui hivernent se nourrissent de maïs, du les lésions deviennent grises et s’amalgament, tuant ou
stade plantule à celui de verticille; ils causent ainsi le brûlant des feuilles entières.
flétrissement de la tige des cultivars sensibles, ce qui
entraîne la perte totale du plant. Cette situation se Cycle biologique : Lamaladie des taches grises sévit
produit rarement chez les hybrides, mais à l’occasion surtout lorsque le maïs suit le maïs dans les champs
chez les parents de maïs de semence sensible. La recouverts d’une couche épaisse de résidus de maïs. Le
génération d’altises adultes suivante émerge après la champignon survit sous forme de filaments mycéliens
floraison femelle (apparition des soies) et provoque le dans des résidus de maïs. Les spores produites sur les
flétrissement des feuilles, fréquemment observé chez résidus sont dispersées par le vent et les éclaboussures
de nombreux hybrides. La transmission de la maladie d’eau. Le temps chaud et humide favorise la
aux semences est rare. Le plus souvent, les infections sporulation et la progression de la maladie.
tardives qui surviennent après l’apparition des soies
sont associées à de fortes populations d’altises. Le Stratégies de lutte : La rotation des cultures et le travail
maïs sucré est souvent plus sensible que le maïs de du sol réduisent la quantité d’inoculum dans les résidus
grande culture et peut d’ailleurs servir de réservoir à la surface du sol. Dans les méthodes de travail réduit
de bactéries. La maladie frappe souvent les meilleurs du sol, la rotation des cultures et le choix d’hybrides
champs; la fertilité semble jouer un rôle dans cette résistants peuvent s’imposer. La lutte chimique n’est
équation. Enfin, la vulnérabilité à la maladie augmente habituellement pas nécessaire, mais elle peut être
dans les champs où les concentrations d’azote et de justifiée dans les champs d’hybrides très sensibles ou les
phosphore sont élevées. champs infectés tôt en début de saison. De plus amples
renseignements figurent dans la publication 812F du
Stratégies de lutte : Comme le maïs de grande culture MAAARO, Guide de protection des grandes cultures.
a une bonne tolérance à la maladie de Stewart, il ne
nécessite habituellement aucune mesure de lutte, ROUILLE COMMUNE
à moins qu’il s’agisse d’un hybride très vulnérable. (Puccinia sorghi)
Certaines lignées de maïs de semence y sont sensibles.
Incidence : Tout comme la rouille américaine, la
Les lignées sont cotées en fonction de leur tolérance
à la maladie, dont la maîtrise passe par la lutte contre rouille commune n’hiverne pas en Ontario; elle
l’altise du maïs. Le traitement des semences aux provient du maïs infecté du Sud des États-Unis et du
néonicotinoïdes s’est jusqu’ici révélé très efficace. De Mexique. Les spores des plants de maïs infectés sont
plus amples renseignements sur les méthodes de lutte poussées par le vent jusqu’en Ontario. La plupart du
figurent à la section Altise du maïs du chapitre 15, temps, la rouille ne cause que des pertes économiques
Insectes et animaux nuisibles aux grandes cultures. négligeables. Toutefois, il arrive certains printemps que
des fronts orageux transportent les spores jusque dans
la province, où elles provoquent alors des infections
TACHES GRISES en début de saison. La progression de la maladie est
(Cercospora zeae-maydis) favorisée par une forte humidité et des soirées fraîches
Incidence : La maladie des taches grises, très (de 14 à 18 °C) suivies de journées douces.
destructrice, a des répercussions économiques
importantes dans le Corn Belt des États-Unis et les Aspect : La rouille commune se manifeste d’abord par
États voisins des Grands Lacs. Elle prend de l’ampleur l’apparition de taches ou de mouchetures jaunes sur les
en Ontario (en particulier dans le Sud-Ouest), mais, deux côtés des feuilles. Ces lésions se transforment en
contrairement au dessèchement, elle cause rarement de petites pustules rouge brique qui percent la surface
des pertes importantes. Comme pour la plupart des ou l’épiderme de la feuille (voir photo 16-6). La couleur
maladies foliaires, le temps chaud, pluvieux et humide rouge brique est le résultat de la libération des spores
en favorise la progression. provenant des lésions ovales ou allongées de 2 à 10 mm
(0,1 à 0,4 po). Tout autour de ces lésions, la feuille
416
16. Maladies des grandes cultures
jaunit. Il se forme des zones où les tissus brunissent Aspect : Le charbon commun hiverne dans le sol et
et meurent, et, dans les cas graves, la feuille entière dans les résidus de maïs. Les spores sont propagées par
meurt. Les spores rouge brique noircissent à mesure le vent et les éclaboussures d’eau. Tous les tissus aériens
qu’elles viennent à maturité, ce qui fait également de la plante sont vulnérables, mais l’infection survient
noircir les lésions et la surface des feuilles. le plus souvent dans les tissus en croissance active.
L’incidence du charbon commun augmente dans les
cultures écimées ou endommagées par la grêle, le gel,
la sécheresse, la machinerie, les herbicides, les insectes
ou le vent. La progression de cette maladie est favorisée
par de grandes quantités d’azote et de fumier.
CHARBON COMMUN
(Ustilago zeae)
417
Guide agronomique des grandes cultures
Cycle biologique : Les spores qui s’échappent des des tiges, et accélérer la sénescence. Les champignons
tumeurs sont bien adaptées aux conditions de responsables des pourritures de la tige nuisent à la
l’Ontario. Elles survivent dans le sol et les résidus de circulation des éléments nutritifs de trois façons :
culture pendant de nombreuses années. Le printemps,
elles germent pour produire de nouvelles spores qui 1. Les sucres (photosynthétats) produits par la
infecteront les zones en croissance rapide ou les parties photosynthèse ou les glucides qui se trouvent dans les
endommagées des plants. Les tumeurs qui se forment racines et la`tige sont redirigés vers le champignon
sont une source de spores qui infectent d’autres plants. plutôt que vers l’épi. Ces éléments nutritifs permettent
La progression de la maladie est favorisée par les au champignon de croître et de se propager.
averses, de forts taux d’humidité et des températures
élevées conjuguées à des lésions sur les plants. 2. L’intégrité de la tige est compromise. Pour
répondre aux besoins en éléments nutritifs de l’épi
Stratégies de lutte : La plupart des hybrides de maïs en croissance et des agents pathogènes, le plant de
commerciaux sont suffisamment résistants pour prévenir maïs commence à s’autodétruire en transportant
de graves épidémies. Toutefois, le charbon est présent à les glucides solubles des racines et de la tige. Les
divers degrés dans la plupart des champs et est encore problèmes surviennent lorsque le plant de maïs ne
très problématique dans bien des champs de maïs de parvient plus à répondre aux besoins en éléments
semence. Le meilleur moyen de se prémunir contre le nutritifs de l’épi en croissance. Il en résulte une
charbon est de réduire au minimum les dommages causés tige plus faible (vulnérable à la verse) et une moins
par la machinerie et les herbicides, tout en maintenant un grande résistance aux champignons.
programme de fertilité équilibré. La rotation des cultures
et le travail du sol sont de peu de secours, étant donné 3. L’infection et la colonisation obstruent bon
que les spores peuvent survivre longtemps dans le sol. nombre des voies qui servent normalement à la
circulation des éléments nutritifs. Les pertes de
rendement (généralement de l’ordre de 10 à 20 %)
POURRITURES DE LA TIGE
découlent du mauvais remplissage des épis et des
(Généralités)
pertes à la récolte occasionnées par la verse.
Incidence : Les champignons causent les pourritures
de la tige. Les dommages qu’ils provoquent sont plus
étendus si la culture est soumise à l’un ou l’autre Dépistage des pourritures de la tige
des facteurs de stress suivants : temps pluvieux ou
sec, températures fraîches, temps couvert, présence On a recours à deux méthodes pour faire le dépistage
de maladies foliaires (p. ex. rouille ou maladie de des pourritures de la tige.
Stewart), dommages aux feuilles et aux épis (causés par
Test de la poussée
la grêle, les oiseaux et le gel), pollinisation incomplète,
1. Choisir au hasard vingt plants en cinq points
déséquilibre nutritif, dommages causés par les insectes
différents du champ, soit un total de cent plants.
(p. ex. pyrale du maïs), forte densité de peuplement, 2. Pousser la partie supérieure du plant de
sensibilité de l’hybride et mauvaises conditions de sol. manière à l’écarter de 15 à 20 cm (6 à 8 po)
de l’axe vertical pour voir si le plant verse
La répartition et la prévalence des maladies ou non.
responsables des pourritures de la tige et de l’épi Test de la pincée
varient d’une année à l’autre, mais ces maladies sont 1. Choisir au hasard vingt plants en cinq
présentes la plupart des années, même si leur incidence points différents du champ, soit un total
peut être faible. En Ontario, les dommages attribuables de cent plants.
aux pourritures de la tige sont essentiellement le fait 2. Enlever les feuilles inférieures et pincer la
de trois champignons, soit Anthracnose, Gibberella tige au-dessus des racines échasses.
et Fusarium, mais sont aussi occasionnellement 3. Noter le nombre de tiges pourries.
attribuables aux champignons Diplodia et Pythium.
Si de 10 à 15 % des plants ont versé, il convient
Des renseignements supplémentaires figurent dans les
de devancer la récolte. Les éventuels frais de
sections portant sur les différents types de pourritures.
séchage supplémentaires seront compensés
par la plus grande facilité de récolte et la moins
Répercussions : Même si les divers champignons
grande quantité de maïs laissé dans le champ.
pathogènes ont différents effets, ils ont tous le même
résultat : nuire au remplissage des grains et à l’intégrité
418
16. Maladies des grandes cultures
Stratégies de lutte : La lutte contre les pourritures de Cycle biologique : Le champignon responsable de la
la tige passe par une réduction des facteurs de stress, forme de l’anthracnose causant la pourriture de la tige
notamment par : survit dans les résidus de maïs et cause donc davantage
de problèmes la deuxième année de culture du maïs.
• le choix d’hybrides ayant une bonne résistance ou La progression de la maladie est favorisée par du temps
tolérance aux maladies foliaires et aux pourritures de chaud, pluvieux et humide.
la tige;
• la lutte contre les insectes (p. ex. ver-gris occidental
FUSARIOSE DE LA TIGE
du haricot, pyrale du maïs);
(Fusarium graminearum et Gibberella zeae)
• une lutte efficace contre les mauvaises herbes;
• une densité de peuplement adéquate; POURRITURE FUSARIENNE DE LA TIGE
• un programme de fertilisation équilibré en azote et (Fusarium verticillioides)
en potassium;
• la rotation des cultures; POURRITURE SÈCHE DE LA TIGE
• le travail du sol; (Diplodia maydis)
• l’utilisation sélective de fongicides.
Aspect : Ces trois maladies causent tous les signes
généraux de la pourriture de la tige, notamment le
POURRITURE DE LA TIGE CAUSÉE PAR flétrissement et la mort des plants. Les feuilles atteintes
L’ANTHRACNOSE
deviennent gris vert comme si elles avaient souffert du
(Colletotrichum graminicola)
gel. Les trois types de pourritures causent des lésions
Aspect : La pourriture de la tige causée par l’anthracnose ou taches externes sombres sur les nœuds inférieurs.
est la plus facile à identifier. Elle se manifeste par des La pourriture sèche de la tige (causée par Diplodia)
plaques ou des stries étendues et brillantes brun foncé produit de petites taches noires (pycnides) ancrées
ou noires à la surface de la tige. Ces plaques luisantes de à l’intérieur de l’écorce de la tige. Ces taches sont
couleur différente se trouvent souvent à la base de la tige. difficiles à enlever, ce qui permet de les distinguer des
Une coupe longitudinale de la tige révèle un cœur pourri petites taches rondes et noires sur les nœuds inférieurs
de couleur altérée (voir photo 16-9). Autre signe de la produites par la fusariose de la tige, qui elles sont
maladie apparaissant généralement à la fin août ou au faciles à gratter de la surface. Cette dernière, causée
début septembre : le dépérissement du sommet du plant. par Gibberella, rend les tissus de la moelle filamenteux
Les plants de maïs commencent à se flétrir et à mourir et rosés ou rouges (voir photo 16-10). La pourriture
progressivement de haut en bas, un peu comme à la suite fusarienne de la tige, causée par Fusarium, se présente
d’un gel. On observe alors la mort prématurée des tissus quant à elle sous forme de lésions de brun clair à noir
au-dessus de l’épi alors que ceux en dessous restent verts. près des nœuds. À l’intérieur de la tige, le tissu pourri
Les zones mortes présentent les mêmes zones noires de la moelle prend une couleur rose saumon.
luisantes que la base de la tige. Les plants qui dépérissent
depuis leur sommet se trouvent dans des zones du champ
qui ont été soumises à un stress en fin de saison.
419
Guide agronomique des grandes cultures
Cycle biologique : Voir la description de chaque maladie le maïs est sec ou ensilé, mais le niveau de toxines
à la section Pourritures et moisissures de l’épi ci-dessous. nocives déjà présentes reste inchangé. Les champignons
continuent de produire des toxines jusqu’à ce que la
teneur en eau du maïs passe sous les 20 %. De plus
PIÉTIN BRUN
(Pythium aphanidermatum) amples renseignements sont accessibles sur le site Web
du MAAARO, à l’adresse ontario.ca/cultures.
Aspect et cycle biologique : Le piétin brun, une
pourriture de la tige causée par Pythium, produit les Il est difficile de prévenir les pourritures et moisissures
mêmes signes généraux sur la partie aérienne du plant de l’épi étant donné que ces maladies sont très
que les autres organismes causant des pourritures de étroitement liées aux conditions météorologiques, et
la tige. Pythium entre dans une catégorie distincte même s’il existe certains hybrides tolérants, aucune
de champignons (qui comprend aussi Phytophthora), n’offre une résistance complète. La rotation des
appelés « oomycètes » ou « champignons aquatiques » cultures peut réduire l’incidence de la pourriture sèche
en raison de leur préférence pour les milieux de l’épi. Il a été démontré que certaines pratiques
humides. Une caractéristique unique de ce groupe culturales permettent plus ou moins de prévenir
de champignons est la production de spores mobiles les pourritures de l’épi et des grains et que certains
qui peuvent se déplacer à travers l’eau pelliculaire fongicides réduisent l’infection et la production de
des sols saturés. Les spores (étape de l’infection) sont mycotoxines, mais seulement s’ils sont appliqués au
capables de se déplacer physiquement vers les racines bon moment. Des renseignements sur les différents
des plants de maïs et, une fois qu’ils y ont pénétré, produits figurent dans la publication 812F du
de provoquer la maladie. Contrairement aux autres MAAARO, Guide de protection des grandes cultures. Il
pourritures de la tige qui produisent des structures qui est possible de prévenir la production de mycotoxines
hivernent (points noirs) ou des moisissures, les plants et la progression de maladies en effectuant la récolte
de maïs infectés par Pythium ne présentent pas de au bon moment et en utilisant de bonnes méthodes de
signes visibles de prolifération fongique à leur base. La séchage et d’entreposage.
coupe longitudinale de la base de la tige et des racines
infectées révèle des tissus à l’apparence détrempée et
spongieuse qui se désintègrent à la base des racines Si un champ de maïs comporte 10 % de tiges
(pourriture aqueuse). pourries, il faut en faire la récolte rapidement
afin de freiner la progression de la maladie et la
POURRITURES ET MOISISSURES DE L’ÉPI production éventuelle de mycotoxines.
Des renseignements détaillés sur l’incidence et le
cycle biologique de chaque type de pourriture et de En présence de pourriture de l’épi, il est conseillé
moisissure de l’épi figurent dans les différentes sections de prendre les précautions d’entreposage du maïs et
cidessous. d’alimentation des animaux d’élevage suivantes :
Stratégies de lutte : Le maïs dont l’épi ou les grains • Procéder à la récolte le plus tôt possible.
ont des moisissures blanches peut contenir ou non • Si des dommages par les oiseaux sont évidents,
des toxines, mais le maïs qui présente une moisissure récolter d’abord les rangs qui ne sont pas
rose ou violette est le plus souvent contaminé. Les endommagés et garder et manipuler les grains
pourritures causées par Fusarium ou Gibberella peuvent provenant de ces champs séparément.
s’établir après la pollinisation dans des lésions causées • Régler le matériel de récolte de manière à réduire au
par des insectes ou des oiseaux. Du temps chaud et minimum les dommages au maïs.
pluvieux ou des rosées prolongées à un moment ou à • Bien nettoyer le maïs pour le débarrasser des
un autre après la pollinisation peuvent provoquer la morceaux de rafles, des petits grains et des particules
pourriture des épis endommagés. fines.
• Refroidir le grain après le séchage.
Les moisissures vertes (Penicillium) et noires • Nettoyer les cellules de stockage avant d’y entreposer
(Cladosporium ou Alternaria) ne posent normalement le nouveau grain.
pas de problèmes. Toutefois, en grande quantité, • Inspecter souvent le grain entreposé pour en vérifier
elles peuvent être toxiques aux animaux d’élevage. La la température et déceler les taches d’humidité ainsi
progression des pourritures de l’épi s’arrête lorsque que la présence d’insectes et de moisissures.
420
16. Maladies des grandes cultures
• Maîtriser les insectes qui envahissent le maïs Cycle biologique : Fusarium survit dans les débris de
entreposé. maïs. Ce champignon est préoccupant, car il produit
• Faire preuve de prudence au moment de servir du une toxine appelée fumonisine. Or, il a été prouvé que
maïs moisi aux animaux d’élevage, surtout aux cette substance est cancérogène pour les humains. Les
porcs. Les moisissures roses ou rougeâtres sont conditions environnementales qui favorisent la maladie
particulièrement toxiques. Faire analyser le maïs sont du temps chaud et pluvieux pendant les deux à
suspect pour vérifier la présence de toxines. trois semaines qui suivent l’apparition des soies.
421
Guide agronomique des grandes cultures
422
16. Maladies des grandes cultures
POURRITURE PHYTOPHTHORÉENNE
(Phytophthora sojae)
POURRITURE PYTHIENNE
(Espèces de Pythium)
Incidence : Comptant parmi les maladies du soya
les plus dévastatrices de l’Ontario, les pourritures
phytophthoréenne et pythienne peuvent poser
problème dans les sols argileux lourds. Dans les
champs ayant déjà été touchés, l’augmentation de la
fréquence à laquelle le soya revient dans la rotation
accroît l’incidence de la maladie et favorise l’apparition
de nouveaux pathotypes (races) de Phytophthora.
Les nouvelles espèces de Pythium ont entraîné Photo 16-14 – La pourriture phytophthoréenne
l’augmentation de l’incidence de ces maladies en cause des lésions aqueuses sur les plantules et
Ontario. un changement de couleur de la tige, qui devient
violacée ou brun foncé, signes apparaissant
Aspect : La pourriture phytophthoréenne peut d’abord à la surface du sol et progressant ensuite
s’attaquer au soya à n’importe quel stade de croissance, vers les nœuds du bas
mais cause généralement le plus de dégâts au début de
la saison. La pourriture pythienne survient en début qui produisent des spores mobiles pouvant se déplacer
de saison. Les plants infectés au stade cotylédonnaire dans l’eau pelliculaire entre les particules du sol
affichent les signes typiques de fonte des semis : les jusqu’aux racines du soya. Ces champignons colonisent
plantules ne lèvent pas ou meurent peu après la levée, les tissus des racines et obstruent les tissus de transport
et les parties infectées de la tige sont gorgées d’eau de l’eau du plant, ce qui le fait flétrir. De plus amples
ou meurtries et se désintègrent facilement en raison renseignements sur les caractéristiques uniques de
de pourriture molle (voir photo 16-14). Comme ces Phytophthora figurent au paragraphe Cycle biologique
maladies produisent une pourriture aqueuse, il est de la section Maladies des plantules.
difficile de les distinguer à ce stade. En effet, toutes
deux entraînent la perte ou la pourriture de la racine Stratégies de lutte : Pour maîtriser la pourriture
pivotante et des racines latérales, ce qui cause le phytophthoréenne, il faut choisir les bons cultivars
jaunissement des feuilles ainsi que le flétrissement ou de soya, traiter les semences et employer de bonnes
même la mort des plants. Les plants infectés peuvent pratiques culturales. Certains cultivars de soya sont
être facilement arrachés du sol, car ils ne sont pas bien résistants ou tolérants à la pourriture phytophthoréenne,
enracinés. Les plants plus âgés peuvent être infectés par alors que d’autres y sont à la fois résistants et tolérants.
la pourriture phytophthoréenne à tout moment avant En revanche, ils n’ont aucune résistance ou tolérance
la maturité. La tige des plants flétris peut présenter des à la pourriture pythienne. Il importe de choisir des
taches violacées ou brun foncé s’étendant des racines cultivars ayant une résistance verticale (gènes Rps tels
(juste en dessous de la surface du sol) aux nœuds que 1k et 1c) et une bonne résistance horizontale
inférieurs. De plus, les dépressions dans les champs (tolérance) à toutes les races de Phytophthora. Les
peuvent contenir des plants morts, par touffes ou cultivars dont la résistance provient uniquement du
groupes de quelques plants d’affilée dans un même gène Rps 1a sont inefficaces dans la plupart des
rang. Souvent, les feuilles restent attachées aux plants régions de la province puisque plus de 95 % des
même après leur mort. pathotypes de Phytophthora (isolats) qui s’y trouvent
peuvent contourner ce gène. De nouvelles sources de
Cycle biologique : Le temps frais et pluvieux est propice résistance sont continuellement mises au point. Pour
à la progression des maladies. Les parties des champs connaître les caractéristiques des cultivars, il est
les plus vulnérables sont celles qui sont basses, mal possible de consulter les fournisseurs de semences ou
drainées et lentes à sécher. Les sols argileux lourds, le rapport sur les essais de rendement des cultivars de
le travail réduit du sol et les monocultures de soya soya en Ontario (Ontario Soybean Variety Trials), dont
peuvent aggraver les dommages causés par la maladie. la version la plus récente est accessible sur le site Web
Phytophthora et Pythium sont des organismes uniques du Ontario Soybean and Canola Committee (OSACC),
423
Guide agronomique des grandes cultures
au www.gosoy.ca. Y sont indiqués les pourcentages de • Installer des tuyaux de drainage souterrain dans les
pertes dues à la pourriture phytophthoréenne et les champs au drainage naturellement lent.
gènes de résistance de chaque cultivar. • Travailler légèrement le sol pour le réchauffer et
améliorer le drainage superficiel.
1. Cultivars résistants : On trouve différentes races • Semer lorsque la température du sol est supérieure
(pathotypes) du champignon Phytophthora dans à 13 °C.
les sols de la province. Chaque cultivar de soya • Consulter la publication 812F du MAAARO, Guide
possède une résistance efficace contre certaines de protection des grandes cultures, pour connaître
races du champignon, mais pas contre toutes. Le les différents traitements des semences existants.
risque de pourriture phytophthoréenne est écarté • Inspecter chacun des champs de soya à la fin juillet
d’un champ donné lorsque le cultivar utilisé est ou au début août pour vérifier s’ils contiennent
résistant à toutes les races de Phytophthora qui s’y des plants morts et déterminer si le cultivar est
trouvent. Cependant, l’apparition éventuelle d’une suffisamment résistant ou tolérant à Phytophthora
race à laquelle le cultivar est vulnérable affaiblit compte tenu des conditions locales.
inévitablement cette résistance. Le cas échéant,
il faut choisir un cultivar résistant ou tolérant à
RHIZOCTONE COMMUN
la nouvelle race ou doté d’un gène de résistance
(Rhizoctonia solani)
différent et cultiver en rotation des cultivars ayant
des gènes de résistance différents. Pour déterminer Incidence : On trouve le rhizoctone commun dans la
les races présentes dans un champ, on sème des plupart des régions de la province où l’on cultive le soya.
bandes de plusieurs cultivars ayant une résistance Dans la majorité des champs, les pertes de peuplement
connue à différentes races. varient de moins de 5 % à plus de 50 % dans les pires cas.
L’incidence du rhizoctone commun s’accroît et pourrait
2. Cultivars tolérants : La maladie se développe dans provoquer des pertes de rendement considérables. Cette
ces cultivars lorsqu’ils sont cultivés dans des sols maladie touche principalement les plantules et les jeunes
infectés, peu importe la race de Phytophthora en plants, causant la pourriture des racines et de la tige,
cause. Même si la maladie n’a habituellement pas surtout durant les longues périodes de pluie.
d’effets importants sur le rendement, les plants n’y
sont pas immunisés. Par conséquent, ils peuvent être Aspect : Le rhizoctone commun provoque la pourriture
endommagés si les conditions sont extrêmement des semences et la brûlure des plantules (fonte
favorables à la progression de la maladie. des semis). Des lésions rougeâtres caractéristiques
apparaissent sur la tige, à la surface du sol ou juste en
Toute pratique culturale qui réduit le compactage du dessous (voir photo 16-15). Ces lésions rouge brique
sol ou son engorgement réduit aussi l’incidence des fermes et sèches peuvent former une ceinture enfoncée
pourritures phytophthoréenne et pythienne. Pour dans la tige, qui peut suivre la racine pivotante et
les sols argileux à risque, on recommande les littéralement couper les racines sur son chemin.
mesures suivantes : Les signes qui se manifestent sur la partie aérienne
sont semblables à ceux causés par la pourriture
• Pour lutter contre Phytophthora, choisir un cultivar phytophthoréenne. Les plants deviennent jaune pâle,
ayant un faible pourcentage de plants infectés signe souvent attribué à tort à une carence en azote
(tolérance au champ) et un bon gène de résistance ou à une piètre nodulation. Les plants gravement
(Rps 1c, 1 k ou 8). Voir le rapport sur les essais de infectés peuvent perdre leurs feuilles. Généralement,
rendement des cultivars de soya en Ontario sur le les plants se flétrissent ou meurent par petites touffes.
site Web de l’OSACC, au www.gosoy.ca. Les lésions ceinturant la tige affaiblissent les plants, qui
• Alterner avec des cultures de maïs et de blé. Une peuvent casser au niveau du sol lors d’une tempête.
rotation courte augmente la population du pathogène Des conditions de croissance stressantes favorisent
et le nombre de races présentes dans le champ. la progression de la maladie. Le rhizoctone commun
• Ne pas travailler un sol mouillé. occasionne plus de dommages lorsque le temps frais et
• Adopter de bonnes pratiques culturales afin pluvieux du printemps est suivi de temps sec et chaud
d’améliorer la structure et le drainage du sol (de 25 à 29 °C).
(rotation, fumier, cultures couvre-sol, travail
réduit du sol, etc.).
424
16. Maladies des grandes cultures
425
Guide agronomique des grandes cultures
426
16. Maladies des grandes cultures
entraîner de grandes pertes de rendement. Les plants contenir entre 100 et 300 œufs. Le nombre de kystes
ont une meilleure capacité à compenser les dommages par plant varie de quelques-uns à des centaines. Dans
causés par le NKS dans de bonnes conditions de croissance un champ infesté, les kystes sont répartis dans toute
que dans des conditions de stress important. la rhizosphère et peuvent survivre 10 années et même
davantage. Le cycle biologique complet s’échelonne sur
environ quatre semaines quand la température du sol
se situe à 25 °C, mais peut durer cinq semaines, voire
plus, par temps frais.
Les signes d’infestation du NKS ne sont pas toujours Photo 16-20 – Racines de soya couvertes de kystes
évidents, et on a observé des pertes de rendement de de NKS, plus petits que les nodules fixateurs d’azote
25 à 30 % dans des champs sensibles sans qu’il y ait de Stratégies de lutte :
signes visibles en surface. Ces signes se manifestent le Les pratiques suivantes réduisent le risque qu’une
plus souvent dans les points d’entrée de la machinerie, infestation de NKS cause des pertes financières
les aires d’entreposage du matériel et des véhicules, importantes :
les tournières compactées, au sommet des collines
ainsi qu’en bordure des champs où s’accumule la terre • Utiliser des semences certifiées ou de bonne qualité,
emportée par le vent. propres et exemptes d’agrégats.
• En cas d’infestation, enlever toute terre collée à la
Cycle biologique : Le cycle biologique du NKS machinerie agricole avant de passer d’un champ ou
comporte trois stades principaux : l’œuf, le stade d’un terrain à un autre.
juvénile et le stade adulte. Le cycle commence par • Adopter des pratiques de conservation adéquates
l’éclosion des œufs, libérant de jeunes anguillules pour empêcher le transfert de terre entre les champs.
dans le sol. C’est le seul stade où le NKS peut infester • Faire preuve de rigueur dans la lutte contre les
les racines du soya. Une fois qu’ils ont pénétré les mauvaises herbes. De nombreuses mauvaises herbes,
racines, les jeunes nématodes migrent vers les tissus particulièrement les annuelles comme le lamier
de transport d’eau et d’éléments nutritifs (système pourpre, le lamier amplexicaule et le tabouret des
vasculaire) et établissent un site d’alimentation champs, servent d’hôtes au NKS.
(syncytium). C’est à ce stade que les femelles • Si on a confirmé la présence de NKS dans un champ,
commencent à gonfler et finissent par percer la surface utiliser des cultivars de soya qui lui sont résistants
des racines. Les femelles adultes qui continuent de (PI 88788, Peking, PI 437654), car le NKS entraîne
s’accrocher à la racine pour se nourrir pondent des des baisses de rendement importantes. Cela revêt
masses d’œufs dans une gangue gélatineuse hors de une importance particulière dans le cas des nouvelles
leur corps. Peu de temps avant la fin du cycle, d’autres technologies ou caractéristiques, telles que la
œufs se développent dans leur abdomen. Les corps, résistance aux herbicides.
enchâssés dans les racines, forment des « kystes » (voir • La résistance au NKS n’est pas totalement efficace;
photo 16-20). Au début, les kystes sont blancs; ils elle n’empêchera pas l’apparition de quelques
deviennent ensuite jaunes, puis bruns, à mesure que kystes sur les racines. Plus le cultivar est résistant
les femelles viennent à maturité. Les kystes peuvent et moins la population de NKS dans le champ est
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Guide agronomique des grandes cultures
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16. Maladies des grandes cultures
429
Guide agronomique des grandes cultures
Tableau 16-2 – Signes de pourriture brune des tiges, de chancre des tiges et de syndrome de la mort subite
Parties
Pourriture brune des tiges Chancre des tiges Syndrome de la mort subite
atteintes
Racines • Saines • Saines • Pourriture des racines
• Brunissement des racines
• Brunissement interne de la
racine pivotante
Tige (extérieur) • Saine • Chancre brun rougeâtre foncé, • Saine
enfoncé, commençant à un nœud
• Chancre pouvant s’étendre à la
longueur de la tige
• Chancre généralement restreint à un
seul côté
Tige (intérieur) • Moelle brune (centre) • Léger brunissement aux nœuds • Moelle blanche et saine
• Tissus blancs sous la surface de (première manifestation) • Brunissement des tissus sous
la tige • Tiges gravement atteintes la surface de la tige
complètement détériorées
Feuilles • Flétrissement des feuilles • Jaunissement général des feuilles • Flétrissement des feuilles
supérieures • Absence de points ou taches jaunes supérieures
• Taches jaunes entre les nervures distincts • Taches jaunes entre les
• Agrandissement jusqu’à ce que • Jaunissement entre les nervures nervures
les tissus entre les nervures soient pouvant entraîner la nécrose ou la • Agrandissement jusqu’à ce que
entièrement jaunis, puis brunis mort des tissus les tissus entre les nervures
• Feuilles restant attachées au plant soient entièrement jaunis, puis
brunis
• Feuilles restant attachées au
plant
430
16. Maladies des grandes cultures
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Guide agronomique des grandes cultures
les gousses et les tiges. Elles forment des pustules Cycle biologique :La rouille asiatique du soya est
qui produisent des spores (voir photo 16-27). Les causée par un parasite obligatoire, c’est-à-dire qu’il
lésions de couleur chamois produisent davantage a besoin de plants de soya vivants pour survivre.
de spores que celles de couleur brun rougeâtre. Les C’est une bonne nouvelle pour les producteurs de
feuilles infectées ont une apparence tachetée (voir soya de l’Ontario, puisque l’agent responsable de
photo 16-28). L’infection se déclare souvent sur les cette maladie ne peut pas hiverner dans la province.
feuilles inférieures et progresse vers le haut du plant. En revanche, même si la rouille asiatique du soya ne
Les feuilles finissent par jaunir et tomber. La perte de peut survivre aux durs hivers de l’Ontario, les spores
tissus photosynthétisants, la défoliation prématurée et migrent chaque saison de croissance de leurs lieux
la mort peuvent grandement diminuer le rendement. d’hivernation dans le Sud des États-Unis. La survie des
La rouille asiatique du soya se confond facilement avec spores dépend de nombreux facteurs, en particulier
la pustule bactérienne, la maladie des taches brunes, le du stade de croissance de la culture et des conditions
mildiou ou la brûlure bactérienne, qui sont toutes des environnementales lorsque les spores se déposent. Les
maladies courantes en Ontario. spores ont besoin de feuilles demeurant mouillées
longtemps, de températures entre 15 et 30 °C et d’une
humidité relative élevée pour germer.
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16. Maladies des grandes cultures
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Guide agronomique des grandes cultures
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16. Maladies des grandes cultures
Stratégies de lutte :
• On procède à la rotation des cultures avec des plantes
qui ne servent pas d’hôtes (p. ex. maïs, blé).
• On utilise de semences non infectées.
• On choisit un cultivar résistant.
• Les fongicides foliaires ne sont généralement pas
rentables, à moins que la maladie apparaisse tôt
dans la saison et qu’elle touche un cultivar très
sensible (les produits recommandés figurent dans la
publication 812F du MAAARO, Guide de protection
des grandes cultures).
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Guide agronomique des grandes cultures
noirs surélevés (pycnides) alignés ou regroupés pathogène. On peut éliminer ou réduire l’incidence de
en îlots (voir photo 16-36). D’autres points noirs la brûlure phomopsienne en adoptant une ou plusieurs
(anthracnose) apparaissent aussi en bon nombre sur des mesures suivantes :
les gousses, mais ils ne sont pas disposés de façon
particulière. • Faire la rotation des cultures et enlever les résidus
de soya.
• Utiliser des semences saines.
• Retarder le semis pour éviter les conditions favorables
à la prolifération du champignon.
• Faire la récolte au bon moment.
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16. Maladies des grandes cultures
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Guide agronomique des grandes cultures
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16. Maladies des grandes cultures
ANTHRACNOSE DE LA LUZERNE
(Colletotrichum trifolii)
ANTHRACNOSE DU TRÈFLE
(Kabatiella caulivora)
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Guide agronomique des grandes cultures
FLÉTRISSEMENT BACTÉRIEN
(Clavibacter michiganensis)
Incidence : Le flétrissement bactérien était auparavant
l’une des maladies des fourrages les plus dévastatrices
en Ontario et partout où se trouvaient de telles cultures.
La maladie est cependant moins courante aujourd’hui
grâce à la mise au point de cultivars résistants.
Photo 16-39 – La maladie des taches de poivre se Aspect : Le flétrissement bactérien se manifeste à
manifeste d’abord sur les feuilles par de petites mesure que le peuplement vieillit (trois ans ou plus).
taches sombres au centre chamois entourées Les plants infectés sont rabougris et jaune-vert.
d’un halo jaune, qui s’élargissent Lorsque l’infection est grave, les plants ont une tige
et finissent par s’amalgamer amincie et de petites feuilles déformées, tandis que les
Aspect : Ces maladies se manifestent d’abord sur les plants ayant subi un stress hydrique ou thermique, ou
feuilles inférieures et progressent vers le haut. Les taches les deux, se flétrissent ou meurent un peu partout dans
communes sont de petites taches rondes brunes ou noires le peuplement. En fait, la maladie stresse le plant et
de 1 à 2 mm de diamètre. Ces lésions s’amalgament augmente sa vulnérabilité à la destruction par l’hiver.
rarement. Souvent, le centre des lésions sur le dessus des La coupe transversale de la racine pivotante révèle des
feuilles est surélevé. Ces centres contiennent des organes tissus vasculaires brun pâle ou jaunes près du pourtour.
de fructification (bosses) noirs facilement visibles à la
loupe. En cas de doute, on peut mettre quelques feuilles Cycle biologique : Cette maladie est causée par une
infectées et des essuie-tout mouillés dans un sac en bactérie du sol qui survit pendant au moins 10 ans
plastique, ce qui accélérera la production de ces organes dans les racines de luzerne et les résidus de culture. Elle
de fructification. Les feuilles atteintes jaunissent (feuilles pénètre les plants par les blessures sur les racines et le
chlorosées) et tombent prématurément. collet ou par les tiges coupées. La bactérie se développe
dans les tissus de transport d’eau et d’éléments nutritifs
Cycle biologique : Comme le temps frais et pluvieux (système vasculaire), et les obstrue, ce qui provoque le
favorise le développement des taches, on les trouve flétrissement du plant.
principalement sur les feuilles des premières coupes
(printemps et début de l’été) et des repousses (automne). Stratégies de lutte : Tous les cultivars recommandés
Les champignons pathogènes survivent sur les feuilles sont résistants. Comme la maladie se répand par les
infectées et sur les feuilles mortes tombées au sol. Les blessures, il est conseillé de faucher d’abord les jeunes
spores produites sur les feuilles vivantes et mortes sont peuplements, moins vulnérables, pour ensuite passer
portées par l’air vers de nouveaux sites d’infection. Les aux plus vieux. Le fauchage doit se faire une fois que
jeunes feuilles sont les plus vulnérables. les peuplements sont secs, afin de limiter ou de réduire
la propagation éventuelle de la maladie. La bactérie
Stratégies de lutte : Il
importe de récolter le fourrage peut se propager par les semences et le foin.
en temps opportun pour réduire les pertes de feuilles
et l’incidence de la maladie dans la repousse. On VERTICILLIOSE
trouve sur le marché certains cultivars tolérants aux (Verticillium albo-atrum)
taches communes, mais aucun n’a de résistance ou
Incidence : Dans la luzerne, l’incidence de la
de tolérance aux taches de poivre. Il existe peu de
verticilliose augmente avec l’âge du peuplement;
stratégies pratiques de lutte contre les taches des
la maladie survient donc principalement après la
feuilles dans les fourrages. Comme les maladies
deuxième année de culture. On trouve le champignon
peuvent réduire la teneur en protéines des feuilles de
responsable de cette maladie dans la plupart des
légumineuses, il importe d’établir le moment de la
régions du Sud de l’Ontario. Il se peut que l’on observe
récolte en fonction de la teneur optimale (au stade
440
16. Maladies des grandes cultures
dans les champs qui ont déjà été infectés par cette réduit les infections précoces. Des lignes directrices
maladie des plants morts dans de jeunes peuplements sur les fongicides figurent dans la publication 812F
(deuxième année). La verticilliose peut réduire le du MAAARO, Guide de protection des grandes
rendement de 50 % et abréger la vie du peuplement. cultures. Le champignon se répand principalement
par l’intermédiaire de la barre de coupe du matériel
Aspect : Au début, seulement quelques tiges sont de récolte des fourrages. Avant la récolte, il faut
touchées. Tôt ou tard, les feuilles des plants infectés la nettoyer avec une solution de 1 % d’agent de
finissent par se flétrir, s’enrouler vers l’intérieur et blanchiment, puis la rincer à l’eau claire et la huiler.
prendre une couleur brun orangé ou brun chamois On fauche d’abord les champs les plus jeunes pour
(voir photo 16-40). Dans les premiers stades de la ensuite passer aux plus vieux. La récolte précoce peut
maladie, les feuilles ont un « V » jauni à l’extrémité des limiter les pertes de rendement et de qualité, ainsi
folioles. La croissance est souvent considérablement que ralentir la propagation du champignon d’un
retardée, et les plants finissent par mourir. Même si champ à l’autre. Il doit y avoir un intervalle de deux
toutes les feuilles meurent, les tiges restent vertes. ou trois ans entre les récoltes de luzerne. De plus, il
Le champignon pénètre le plant par la racine ou les importe d’adopter un bon programme de lutte contre
tiges coupées et se propage des vieux peuplements les mauvaises herbes, car certaines peuvent servir
infectés aux jeunes peuplements par le matériel de d’hôtes intermédiaires.
récolte, les insectes et le fumier. La maladie provoque
le brunissement des tissus vasculaires des racines et des
tiges, que l’on peut observer en coupant la tige.
Maladies des céréales
MALADIES DES PLANTULES
Pourriture des semences, fonte des semis et
pourritures des racines
Voir la section Généralités sur les pourritures des semences
et la fonte des semis dans les grandes cultures en début
de chapitre.
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Guide agronomique des grandes cultures
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16. Maladies des grandes cultures
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Guide agronomique des grandes cultures
444
16. Maladies des grandes cultures
Aspect : Les signes de moisissures nivéales apparaissent choix que d’utiliser ses réserves de glucides et de
peu après la fonte des neiges. Des plants isolés, des protéines pour survivre. Le plant subit donc un stress
groupes de plants ou de grandes zones du champ et est plus vulnérable aux maladies, en particulier aux
peuvent être atteints. La maladie se reconnaît d’abord moisissures nivéales.
et avant tout aux plants morts qui sont visqueux,
bruns et pourris (voir photo 16-44). Le blé semé tôt Stratégies de lutte : Aucun cultivar de blé d’automne
est habituellement touché étant donné que les plants n’est résistant, et les cultivars n’ont pas tous la
luxuriants favorisent l’infection et la propagation de la même tolérance. Le traitement des semences est très
maladie. Les plants qui ne meurent pas (dont le collet efficace contre les moisissures nivéales, mais un bon
est sain) peuvent présenter une ou plusieurs feuilles recouvrement est indispensable. Les années où les
totalement ou partiellement nécrosées (dont les pointes moisissures nivéales réduisent considérablement la
sont brunes). Les signes les plus prononcés sont dans densité de peuplement, il faut réensemencer le champ
les zones du champ qui ont reçu une épaisse couche de d’une céréale de printemps ou de soya. La maladie ne
neige, notamment sur les pourtours du champ, dans touche pas les céréales semées au printemps.
les tournières et au bas des collines. Les dommages
typiques dans le blé causés par l’hiver et attribuables ROUILLE DES FEUILLES
à d’autres causes se manifestent généralement dans (Puccinia triticina)
les zones où la neige ne s’est pas accumulée ou qui
ont été couvertes de glace. Les signes sont prononcés ROUILLE DES TIGES
dans les champs ensemencés avec de la semence non (Puccinia graminis)
traitée ou de mauvaise qualité. Les printemps chauds
et secs freinent la maladie et favorisent la croissance ROUILLE JAUNE
rapide des plants. Les plants lourdement endommagés (Puccinia striiformis)
se remettent souvent de la maladie avec peu ou pas de
Incidence : Divers types de rouille touchent le blé et
répercussions sur le rendement.
l’orge. Les trois types que l’on trouve dans le blé sont
la rouille des feuilles, la rouille des tiges et la rouille
jaune (voir tableau 16-3, Comparaison des principales
rouilles des petites céréales en Ontario). Des trois, la rouille
des feuilles est la plus courante. Elle se manifeste à
divers degrés chaque année et menace principalement
la production de petites céréales. La rouille des tiges,
malgré son recul, peut être gravement problématique
lorsque des petites céréales sont cultivées près d’épine-
vinette. Par ailleurs, une nouvelle rouille des tiges
(Ug99) menaçant la production mondiale de blé est
apparue dans d’autres régions du monde. Pour ce qui
est de la rouille jaune, son incidence a augmenté dans
la province au cours des dernières années, mais elle
dépend grandement des conditions environnementales
Photo 16-44 – Apparaissant à la fonte des neiges en début de saison. La plupart des années, les pertes
après de longues périodes d’enneigement, les de rendement causées par les trois types de rouille sont
moisissures nivéales entraînent la mort des plants, faibles, car les maladies apparaissent souvent une fois
qui deviennent visqueux, bruns et pourris que le blé d’automne est presque parvenu à maturité.
Plus l’infection survient tôt, plus elle nuit au rendement.
Cycle biologique : Les champignons qui causent les
moisissures nivéales tolèrent les basses températures Aspect : La rouille des feuilles touche le limbe et les
et prolifèrent sous une épaisse couche de neige. Les gaines foliaires, tandis que la rouille des tiges peut se
couches de neige de plus de 30 cm (12 po) isolent développer sur les feuilles, les gaines foliaires, les tiges
le sol et l’empêchent de geler tout en maintenant la et les épis. La rouille des feuilles se manifeste d’abord
température de la surface à 0 °C ou tout juste au- par l’apparition de petites taches (pustules) jaune-brun
dessus. Ces conditions réduisent considérablement la qui renferment des spores orange ou brun orangé
photosynthèse; le plant de blé en croissance n’a d’autre (voir photo 16-45). Dans la plupart des cas, l’infection
445
Guide agronomique des grandes cultures
446
16. Maladies des grandes cultures
deux feuilles du haut, il importe, durant le dépistage, analyses sérologiques précises. L’idéal est de transmettre
de surveiller non seulement les signes de la maladie des échantillons à un laboratoire de diagnostic offrant
sur la deuxième feuille du haut avant l’épiaison, mais de telles analyses.
aussi la feuille de l’épi durant l’épiaison. Un traitement
fongicide foliaire s’impose lorsque la feuille de l’épi
compte de 5 à 10 pustules ou que 1 % de la surface de
la feuille de l’épi est touché (de l’épiaison jusqu’à la fin
de la floraison) et que du temps humide et pluvieux
est annoncé. Le semis précoce de céréales de printemps
permet aux plants de parvenir à maturité avant que les
niveaux d’inoculum ne soient élevés. Dans l’avoine,
la rouille des feuilles (rouille couronnée) est liée à la
présence de nerprun commun, hôte intermédiaire de
l’agent pathogène; il faut donc enlever ou détruire
les nerpruns. Des lignes directrices sur les fongicides
figurent dans la publication 812F du MAAARO,
Guide de protection des grandes cultures. Photo 16-48 – Transmis par les pucerons, le virus
de la jaunisse nanisante de l’orge se manifeste par
le rabougrissement des plants accompagné d’une
Tableau 16-3 – Comparaison des principales coloration jaune, rouge ou violacée de la pointe des
rouilles des petites céréales en Ontario feuilles
Rouille
Points à des Rouille Rouille Cycle biologique : Le virus de la jaunisse nanisante
considérer feuilles jaune des tiges de l’orge est transmis uniquement par les pucerons.
Parties atteintes Feuilles Feuilles et Tiges et Plusieurs espèces de pucerons ont été identifiées comme
épis feuilles vecteurs de cette maladie, notamment le puceron
Couleur de la lésion Orange Jaune Rouge vert des graminées, le puceron du maïs, le puceron
(pustule) foncé
des céréales et le puceron du merisier à grappes. Ce
Forme de la lésion Simple Rayures Simple
sont des vecteurs parfaits pour le virus de la jaunisse
Températures 15 à 27 °C 12 à 21 °C 18 à 30 °C
nanisante de l’orge puisqu’ils entrent en contact avec la
Incidence en Annuelle et Croissante Très faible sève des végétaux, dont ils se nourrissent directement,
Ontario variable depuis
2 ans privant ainsi les plants des éléments nutritifs dont
ils ont besoin pour croître. La maladie se manifeste
généralement après le départ des pucerons en nuisant
JAUNISSE NANISANTE DE L’ORGE à la croissance des racines, en réduisant le tallage, en
retardant la maturité et en causant des signes semblables
Incidence : On dit de la jaunisse nanisante de l’orge à ceux d’une carence en éléments nutritifs. Les plants
qu’elle est la maladie virale des céréales la plus infectés sont habituellement regroupés par plaques de
largement répandue et la plus dévastatrice. Le virus de 1 à 2 m (3 à 7 pi) de diamètre, mais peuvent aussi être
la jaunisse nanisante de l’orge infecte un grand nombre distribués uniformément à la grandeur du champ si la
d’hôtes appartenant à la famille des graminées, dont le population de pucerons y est uniformément répartie.
blé, l’avoine et l’orge. De ces trois céréales, l’avoine est Les pertes de rendement sont très étroitement liées au
considérée comme la plus sensible. stade de la culture où se produit l’infection. En général,
les pertes sont plus importantes lorsque l’infection
Aspect : Les principaux signes sont le rabougrissement touche les plantules à l’automne (plus de 30 %) plutôt
du plant accompagné de la coloration jaune, rouge ou qu’au printemps.
violacée de la pointe des feuilles (voir photo 16-48).
Ces signes sont souvent attribués à tort à des carences Stratégies de lutte : Il existe peu de méthodes de
en éléments nutritifs, à des facteurs environnementaux lutte. Dans les céréales d’automne, la meilleure
ou à d’autres maladies virales, comme la mosaïque stratégie consiste à éviter de semer tôt. En effet, le
striée du blé et la mosaïque à Polymyxa du blé (voir semis précoce laisse plus de temps aux pucerons pour
tableau 16-4, Comparaison des virus s’attaquant aux infecter les plants à l’automne. Les dates de semis
céréales). Comme il est très difficile d’identifier les optimales ou recommandées pour le blé d’automne
agents pathogènes viraux, il faut s’en remettre à des (voir la section Dates de semis du chapitre 4, Céréales)
447
Guide agronomique des grandes cultures
tiennent compte du virus de la jaunisse nanisante de fortement chargé d’humidité ou dans les zones basses
l’orge et de la mouche de Hesse, et visent l’obtention et détrempées du champ. Ce sont ces zoospores qui
de plants vigoureux très résistants à l’hiver. Le semis transmettent le virus aux plants. Le champignon peut
précoce durant un automne doux ou tardif permet aux demeurer dans le sol pendant au moins huit ans.
pucerons de survivre plus longtemps qu’à l’habitude; L’important n’est pas d’identifier lequel des deux virus
il est donc uniquement avantageux dans les céréales de est présent, mais bien de déterminer que les signes ne
printemps. Les pulvérisations de produits chimiques sont pas attribuables à d’autres causes (champignons,
visant à enrayer les vecteurs que sont les pucerons ne bactéries, etc.). Sont à risque les champs qui ont servi
sont ni pratiques, ni économiques, car le dépistage à plusieurs reprises à la culture de blé d’automne au
des pucerons est très difficile. Quand les populations cours des huit à dix dernières années. Les pertes de
de pucerons deviennent visibles, l’infection a fort rendement varient de moins de 5 % à 40 %, mais
probablement déjà eu lieu. Les pulvérisations préventives sont généralement faibles. Les signes apparaissent
ne sont pas non plus rentables étant donné que la habituellement tôt au printemps, lorsque la croissance
maladie est difficile à prévoir. reprend. La température optimale pour leur apparition
va de 5 à 15 °C.
MOSAÏQUE À POLYMYXA DU BLÉ
Stratégies de lutte : Comme le champignon qui est le
MOSAÏQUE STRIÉE DU BLÉ vecteur des deux virus peut survivre de nombreuses
(Polymyxa graminis) années dans le sol, la rotation des cultures ne permet
pas toujours de combattre la maladie. L’inoculum
Incidence : Il est facile de confondre le virus de la du virus de la mosaïque striée du blé semble moins
mosaïque à Polymyxa du blé et le virus de la mosaïque important dans les champs qui ont reçu au fil des ans
striée du blé étant donné qu’ils se manifestent par d’abondants épandages de fumier de volaille et de
les mêmes signes, ont le même cycle biologique et se bétail.
répartissent de la même façon dans le champ. Il arrive
par ailleurs que les deux virus soient présents dans le
même champ. OÏDIUM (BLANC)
(Blumeria graminis)
Aspect : Les signes foliaires typiques de la mosaïque à Incidence : L’oïdium est une maladie courante des
Polymyxa du blé sont une mosaïque de taches vertes végétaux qui peut causer des dommages dans les
sur fond jaune, et ceux de la mosaïque striée du blé, champs de blé et d’orge. Les cultivars de blé n’ont
des stries jaunes ou vert pâle parallèles aux nervures des pas tous la même vulnérabilité à cette maladie. La
feuilles. Les stries sont souvent fuselées, ce qui donne maladie prive les plants d’éléments nutritifs et réduit la
aux lésions l’aspect de filosités. Le virus de la mosaïque capacité photosynthétisante des feuilles. Les infections
striée du blé peut aussi causer le rabougrissement des qui atteignent la feuille de l’épi et la deuxième feuille
plants et nuire au tallage. sont plus graves. La santé des deux feuilles du
haut détermine le calibre, le poids spécifique et le
Cycle biologique : Iln’est pas rare que de nombreux rendement du grain. Difficiles à prévoir, les pertes
plants soient infectés par les deux virus, étant donné de rendement sont généralement minimes lorsque
que ceux-ci ont le même vecteur, un champignon l’infection survient tôt, à moins que le temps ne reste
terricole appelé Polymyxa graminis. Ce champignon frais et humide. Elles peuvent représenter de 2 à 30 %
produit des zoospores (spores mobiles dans l’eau) du rendement total, mais il est très rare en Ontario
qui envahissent les poils absorbants et les cellules qu’elles dépassent les 10 ou 15 %.
épidermiques des jeunes plants lorsque le sol est
448
16. Maladies des grandes cultures
Aspect : Le signe caractéristique de l’oïdium est fortement infectées par cette maladie, il convient
la moisissure duveteuse blanche ou grise qui se d’utiliser des cultivars de blé d’automne résistants
forme souvent d’abord sur les feuilles du bas (voir (tolérants). L’enlèvement des résidus de culture par le
photo 16-49). Dans des conditions favorables, travail du sol conjugué à la pratique d’une rotation
l’infection peut progresser rapidement vers le haut sur des cultures qui délaisse le blé ou les autres céréales
les feuilles, les gaines foliaires, les tiges et les épis. Les sensibles pendant au moins deux ans peut réduire
feuilles se couvrent alors de stries jaunes allongées ou l’incidence de la maladie. L’application de fongicides
de zones qui peuvent brunir et mourir prématurément. foliaires est nécessaire lorsque l’infection risque
Les plants gravement atteints peuvent verser ou présenter d’entraîner des pertes de rendement. Le seuil établi
un mauvais remplissage des grains. Les zones gris pâle pour l’application de fongicides diffère selon l’âge
de la moisissure, plus vieilles, ont souvent de petites de la culture. La maîtrise de l’oïdium en début de
taches noires. La moisissure est surtout visible au petit saison est justifiée si l’infection atteint de 5 à 10 %
matin, lorsque les plants sont encore mouillés. Comme de la surface des feuilles du bas. Ce traitement peut
l’infection est superficielle, on peut facilement enlever réduire l’ampleur de la maladie par la suite. Plus tard
la moisissure en grattant la surface des zones atteintes. dans la saison, l’infection de la feuille de l’épi (1 %
de la surface) et de la deuxième feuille (de 3 à 5 % de
la surface) exige une intervention immédiate, surtout
si l’on annonce une longue période de pluie ou de
temps humide. Des renseignements sur les produits
fongicides figurent dans la publication 812F du
MAAARO, Guide de protection des grandes cultures.
TACHES SEPTORIENNES
(Septoria tritici)
Photo 16-49 – L’oïdium provoque la formation de
moisissure duveteuse blanche ou grise sur les TACHE DES GLUMES
feuilles du bas avant de gagner le haut du plant (Stagonospora nodorum)
Cycle biologique : Le champignon survit dans les Incidence : Les taches septoriennes et la tache des
résidus de culture, comme la paille ou le chaume, les glumes sont deux maladies causées par des espèces
plantules de blé d’automne, les céréales spontanées différentes de champignons du même genre (Septoria).
et le blé. Surtout disséminées par le vent, les spores Les deux maladies ont des répercussions économiques.
libérées ont besoin d’un taux d’humidité relative Elles frappent la plupart des petites céréales et bien des
frôlant les 100 % et de températures entre 15 et 21 °C. graminées, mais le blé est le seul hôte important parmi
Les conditions météorologiques qui assèchent le les cultures commerciales.
champ, par exemple les jours chauds, secs et ensoleillés,
ralentissent la progression de la maladie, qui s’arrête Aspect : La maladie des taches septoriennes s’attaque
dès que les températures atteignent plus de 25 °C. uniquement aux feuilles, tandis que la tache des
Un peuplement dense et une culture vigoureuse glumes s’attaque à la fois aux feuilles et aux glumes.
peuvent nuire à l’assèchement des feuilles et créer des La maladie se manifeste d’abord par de petites taches
conditions propices à l’oïdium. L’oïdium progresse vert pâle ou jaunes entre les nervures des feuilles du bas
rapidement dans les champs ayant reçu de fortes doses (voir photo 16-50); ces taches s’allongent ensuite pour
d’azote, élément qui favorise le tallage, ce qui donne créer des lésions brun rougeâtre de forme irrégulière. À
des peuplements denses et augmente la vulnérabilité de l’intérieur de ces lésions, on peut facilement observer
la culture. Il importe de faire le dépistage de l’oïdium à la loupe des pycnides (organes de fructification du
dans les champs qui ont reçu plus de 78 kg/ha champignon) brun foncé ou noires.
(70 lb/ac) d’azote.
Apparaissant après l’épiaison, la tache des glumes est
Stratégies de lutte : Dans la plupart des cas, l’oïdium favorisée par le temps chaud et humide. De petites
a peu de répercussions sur le seigle ou l’avoine, qui y taches ovales, irrégulières, allant du gris au brun,
sont très résistants. Dans les zones susceptibles d’être
449
Guide agronomique des grandes cultures
apparaissent sur les feuilles, et des zones brun violacé foliaire, les deux maladies progressent normalement
se forment sur les glumes (voir photo 16-51). Les zones de bas en haut. En revanche, à la phase où la tache
atteintes présentent également de petites pycnides des glumes se manifeste sur les glumes, la maladie ne
noires. La présence de pycnides est un signe important progresse pas à la verticale dans le feuillage, mais se
qui permet de distinguer les taches septoriennes et la propage rapidement dans le champ, n’infectant que
tache des glumes d’autres maladies foliaires. les épis.
TACHES BRONZÉES
(Pyrenophora tritici-repentis)
Photo 16-51 – La tache des glumes se manifeste
par l’apparition de petites taches ovales grises ou Incidence : La méthode de travail réduit du sol a
brunes sur les feuilles et de zones brun violacé sur augmenté l’incidence des taches bronzées dans la
les glumes province, mais les pertes économiques entraînées par
la maladie sont négligeables. Cependant, comme
Cycle biologique : Les champignons du genre Septoria la maladie est souvent confondue avec les taches
survivent dans les semences, la paille, le chaume ou septoriennes, les erreurs de diagnostic peuvent
le blé spontané. Ils sont favorisés par les conditions entraîner des applications inutiles de fongicides
pluvieuses ou humides et les températures modérées; foliaires. L’orge et l’avoine sont beaucoup plus
avec l’oïdium, les maladies foliaires qu’ils causent tolérantes aux taches bronzées que le blé.
sont donc souvent les premières à se manifester au
printemps. Même si les grandes chaleurs limitent la Aspect : La maladie se manifeste d’abord sur les feuilles
progression des deux champignons, Stagonospora est du bas sous forme de petites mouchetures chamois-
légèrement plus tolérant à la chaleur que Septoria. brun qui grossissent pour former des taches chamois
De longues périodes de pluie en mai et au début de ovales ou circulaires de 5 à 15 mm (0,2 à 0,6 po)
juin augmentent l’incidence des maladies. À la phase entourant un petit point central brun foncé. Un halo
450
16. Maladies des grandes cultures
jaune vif entoure les lésions. Les lésions sont faciles à Cycle biologique : Le champignon qui cause la maladie
voir lorsque la feuille est à contre-jour. survit dans les grains de blé infectés et infecte par la
suite les plants en croissance. Le champignon gagne
Cycle biologique : Lechampignon survit sur les résidus tout le plant et finit par infecter l’épi et remplacer les
de blé. La progression de la maladie est favorisée par grains. Les spores, disséminées par le vent, infectent
de longues périodes de temps frais, couvert et humide les plants adjacents. Les semences infectées paraissent
au début de la saison de croissance. Les spores sont normales et ne peuvent donc être distinguées de
disséminées par le vent. celles qui sont saines. Le blé et l’orge sont les
hôtes principaux, alors que l’avoine et le seigle
Stratégies de lutte : Laplupart des cultivars de blé sont sont assez tolérants.
sensibles aux taches bronzées. Il faut donc inclure dans
la rotation des cultures qui ne servent pas d’hôtes à Stratégies de lutte :Il convient de semer des semences
ce pathogène, notamment d’autres céréales, du maïs, sélectionnées préalablement traitées avec un fongicide
du soya et de la luzerne. Des renseignements sur systémique. De plus amples renseignements figurent
les différents traitements fongicides figurent dans la dans la publication 812F du MAAARO, Guide de
publication 812F du MAAARO, Guide de protection protection des grandes cultures.
des grandes cultures.
FUSARIOSE DE L’ÉPI
CHARBON NU (Fusarium graminearum)
(Ustilago tritici)
Incidence : La fusariose de l’épi est l’une des maladies
Incidence : Par le passé, le charbon nu comptait parmi des petites céréales les plus répandues en Ontario. Ces
les maladies du blé et de l’orge les plus dévastatrices en dernières années, d’importants foyers d’infection se
Ontario. Le traitement des semences aux fongicides sont déclarés lorsque le temps a été chaud et pluvieux
permet aujourd’hui de maîtriser très efficacement entre le stade de la floraison et le stade pâteux mou. La
cette maladie. Par ailleurs, l’emploi de semences de blé fusariose peut non seulement entraîner des pertes de
infectées et non traitées peut entraîner des pertes de rendement considérables, mais également produire des
rendement de 10 à 30 %. mycotoxines dangereuses pour le bétail.
Aspect : Les grains sont remplacés par des masses de Aspect : Les signes de la fusariose de l’épi apparaissent
spores sèches et noires, visibles peu après l’épiaison peu après la floraison. Les épillets atteints (glumes
(voir photo 16-52). Avec le temps, il ne reste plus que et fleurons) semblent avoir mûri (blanchi)
des épis nus. Les plants infectés paraissent normaux prématurément par comparaison aux épis sains,
jusqu’à l’épiaison. qui sont verts. Le champignon peut s’attaquer à la
totalité ou à une partie de l’épi. Le blanchiment des
épis apparaît de trois à cinq jours après l’infection.
L’épi au complet peut être détruit lorsque le col
(dernier entre-nœud de la tige sous l’épi) est infecté
(voir photo 16-53). Par temps chaud et humide, le
champignon produit un anneau de spores allant du
saumon au rose à la base de l’épillet ou dans le sillon
du grain. Si les conditions se maintiennent, l’infection
peut se propager aux grains adjacents. Les grains
infectés sont habituellement ratatinés, plissés et légers.
Ils ont un aspect rugueux et galeux et peuvent être
brun clair, rose ou blanc grisâtre. Le nombre de grains
atteints dépend du moment de l’infection et des
Photo 16-52 – Le charbon nu provoque le conditions météorologiques lors de l’infection.
remplacement des grains par des masses de spores
sèches et noires, visibles peu après l’épiaison
451
Guide agronomique des grandes cultures
Le semis de semences infectées peut exposer la culture Stratégies de lutte : Le semis de blé après des cultures
à la phase de brûlure des plantules de la maladie, distincte de blé ou de maïs est à éviter. La présence de résidus
de la fusariose de l’épi. Les grains infectés risquent de de l’une ou l’autre de ces cultures à la surface du sol
ne pas germer et peuvent donner des peuplements dans les champs de blé augmente considérablement
clairsemés. Les plants infectés qui lèvent manquent le risque d’infection par la fusariose de l’épi. Le
parfois de vigueur et finissent souvent par mourir labour propre des résidus infectés réduit les risques
avant de s’être établis. Les plantules infectées peuvent d’infection par les spores provenant du champ.
être brun clair ou brun rougeâtre et être couvertes de Toutefois, la fusariose de l’épi peut quand même
moisissure blanche ou rose. Les plants en croissance être propagée par les spores poussées par le vent
sont habituellement de plus petite taille et ont moins depuis les champs avoisinants dans des conditions
de talles et de plus petits épis. Si l’on coupe la racine météorologiques favorables. Comme bon nombre de
ou le collet, on peut apercevoir une pourriture brun grains infectés sont petits, ratatinés et plus légers que
clair ou brun rougeâtre. les grains sains, il est possible que le fonctionnement
du ventilateur à une vitesse supérieure à la normale
Cycle biologique : Même si plusieurs espèces de fasse en sorte qu’une grande partie de ces grains soient
Fusarium peuvent provoquer la fusariose de l’épi, le rejetés à l’arrière de la moissonneuse-batteuse, mais
principal agent pathogène est Fusarium graminearum, il se peut que l’on perde ainsi d’autres bons grains
qui peut par ailleurs infecter le maïs, le blé, l’orge, (jusqu’à 0,13 t/ha ou 3 bo/ac). De bonnes pratiques
l’avoine et le seigle. Toutes les espèces hivernent dans d’entreposage et de séchage limitent la propagation
des grains, des paillettes, du chaume ou des résidus de de la fusariose de l’épi après la récolte. L’utilisation de
paille ou de tiges infectés qui ont été laissés à la surface cultivars tolérants réduit le risque d’infection.
du sol. Les champignons survivent entre les cultures
sous forme de spores asexuées (conidies), de filaments Une étude sur la lutte contre la fusariose de l’épi, menée
mycéliens (mycélium) et d’organes de fructification au campus de Ridgetown de l’Université de Guelph, a
noir violacé (périthèces), qui produisent les spores débouché sur l’élaboration d’un modèle de prévision
sexuées (ascospores). Les champignons prolifèrent de vomitoxine, une mycotoxine, à partir de données
et produisent des spores depuis le moment de la recueillies sur de nombreuses années. Ce modèle, appelé
récolte jusqu’à ce que les résidus de culture se soient DONcast, est assez novateur puisqu’il met en relation
décomposés dans le sol. l’accumulation de vomitoxine dans le grain de blé et
les conditions environnementales durant l’épiaison et
Le vent et les éclaboussures d’eau propagent les deux indique leur incidence sur la production d’inoculum,
types de spores depuis les résidus infectés de la culture l’infection des épis de blé et la prolifération fongique
précédente jusqu’aux épis de blé. Les conidies sont qui suit dans l’épi. De plus amples renseignements sont
produites sur les résidus de maïs et de petites céréales accessibles sur le site Web de Weather INnovations
durant les épisodes de temps chaud et humide, tandis Consulting LP, au www.weatherinnovations.com. De
que les ascospores sont libérées par temps pluvieux et l’information sur les différents produits fongicides
sec. Le champignon peut ainsi disséminer des spores figure dans la publication 812F du MAAARO,
Guide de protection des grandes cultures.
452
16. Maladies des grandes cultures
453
Guide agronomique des grandes cultures
Aspect : Le premier signe de cette maladie fongique est Photo 16-54 – Les taches helminthosporiennes
généralement l’apparition de sclérotes bruns à violet provoquent l’apparition de taches brunes sur les
foncé qui sortent des épillets. Ces sclérotes remplacent feuilles et peuvent causer la fonte des semis et la
les grains et peuvent atteindre 1 cm (0,4 po) de long. pourriture de la base de la tige
454
16. Maladies des grandes cultures
455
Guide agronomique des grandes cultures
3. Ne pas épandre de fumier contenant des résidus de La pourriture fusarienne se manifeste d’abord
haricots sur les champs destinés à cette culture. (dans les premières semaines) par de petites lésions
brun rougeâtre qui, à mesure que le plant vieillit,
4. Ne pas entrer dans le champ de haricots si le s’amalgament pour former de grandes lésions ou
feuillage est mouillé pour éviter la propagation des stries à la surface de la racine pivotante. La
des maladies. coupe de la racine pivotante, du collet et du bas
de la tige révèle des tissus de transport d’eau brun
rougeâtre. Sur les plants dont la racine pivotante
COMPLEXE DE LA POURRITURE DES RACINES est endommagée, des racines adventives peuvent se
(Fusarium solani, Rhizoctonia solani, espèces de développer au-dessus de la zone endommagée. Les
Pythium et Chalara basicola) infections tardives tuent rarement les plants, mais
Incidence : Nombre d’organismes causent la pourriture entraînent leur rabougrissement.
des racines de haricots secs comestibles. En Ontario,
les principaux champignons pathogènes responsables La pourriture pythienne se reconnaît à la lésion
sont Fusarium, Pythium, Rhizoctonia et Chalara brune gorgée d’eau qui débute à la base de la racine
(anciennement appelé « Thielaviopsis »). Ils peuvent pivotante et qui progresse le long de la racine et de
se présenter seuls ou en combinaison, ce qui est la tige jusqu’à 2 ou 3 cm (0,8 à 1,2 po) au-dessus du
souvent le cas. On parle alors de « complexe de la sol. Souvent, l’infection tue les plantules, ce qui nuit à
pourriture des racines ». La gravité des dégâts varie l’établissement du peuplement. Même si les plantules
selon l’état de santé général et les antécédents de la plus vieilles et les plants matures ne meurent pas
culture, la sensibilité du cultivar et les conditions nécessairement, leurs racines sont souvent coupées, ce
environnementales. qui donne des plants rabougris, mal ancrés et flétris qui
semblent malades.
Aspect : Les signes peuvent apparaître sur les plants
à tout stade de croissance. Les infections de début de Le rhizoctone commun est une pourriture des racines
saison se manifestent normalement par la pourriture causée par Rhizoctonia qui provoque la formation de
des semences et la fonte des semis, réduisant ainsi lésions enfoncées brun rougeâtre sur la tige et la racine
la densité de peuplement (problèmes de levée). Les pivotante, généralement près de la surface du sol.
plants qui survivent à une infection en début de saison Les lésions peuvent ceinturer complètement la tige,
(fonte des semis) ou qui deviennent infectés plus tard provoquant du coup le rabougrissement ou la mort
affichent des signes caractéristiques de pourriture du plant. Elles sont d’un rouge brique caractéristique
des racines, notamment l’altération de la couleur des visible immédiatement après l’arrachage du plant et
racines et le rabougrissement et le flétrissement du qui s’estompe rapidement à l’air. Il s’agit là d’un moyen
plant (voir photo 16-56). de distinguer cette maladie de la pourriture fusarienne.
456
16. Maladies des grandes cultures
La pourriture noire des racines causée par Chalara commune et la graisse bactérienne à halo sont les
produit des lésions brunes ou noires sur la racine principales maladies bactériennes qui touchent cette
pivotante et les racines latérales. Si le plant est gravement culture. La plupart des cultivars de haricots sont
atteint, la racine pivotante peut être entièrement noire. sensibles à la brûlure bactérienne commune, mais
résistent à la graisse bactérienne à halo. La tache
Cycle biologique : Les champignons responsables de bactérienne a récemment été observée pour la première
ces pourritures survivent dans le sol, dans les débris de fois en Ontario dans les cultures de haricot adzuki,
végétaux ou sous forme de mycélium. Ils sont attirés mais elle peut toucher tous les types de haricots secs.
par les sucres et les exsudats des racines en croissance.
Ils posent surtout problème lorsque le temps est frais Aspect : Ces maladies sont difficiles à distinguer
et pluvieux durant le semis ou lorsque ces conditions l’une de l’autre. La brûlure bactérienne commune et
retardent la levée ou la croissance des plantules. Un la graisse bactérienne à halo se manifestent d’abord
stress hydrique entre le milieu et la fin de la saison par de petites cloques d’eau sur les folioles. Dans le
(temps sec) augmente l’incidence des infections des cas de la brûlure bactérienne commune, ces cloques
racines par Fusarium et Rhizoctonia. sont foncées et apparaissent sur le revers des folioles
en premier (voir photo 16-57). Elles grossissent et
Stratégies de lutte : Il
est impossible d’éliminer s’amalgament pour former, entre les nervures, de
ces maladies, mais les pertes de rendement qui en grandes zones brunes et sèches au pourtour jaune. Ce
découlent peuvent être réduites par l’adoption des pourtour jaune clair est mince dans le cas de la brûlure
bonnes pratiques culturales suivantes : bactérienne commune et plus large et plus apparent
dans le cas de la graisse bactérienne à halo. Par temps
• Choisir des cultivars ayant une bonne tolérance chaud, il arrive que ce halo jaune ne se forme pas.
générale aux pourritures des racines.
• Favoriser la croissance des racines par de bons
programmes de fertilisation. Veiller à ce que le sol
soit riche en matière organique.
• Garder le sol meuble en pratiquant une rotation des
cultures convenable (intervalle de trois ans entre
deux cultures de haricots, quels qu’ils soient) et en
évitant de le travailler lorsqu’il est détrempé ou de le
travailler trop finement.
• Retirer l’excès d’eau en améliorant le drainage
souterrain et en réduisant au minimum le
compactage du sol.
• Traiter les semences contre les pourritures des racines
afin de protéger les plants durant la germination et
le début de la croissance. Voir les lignes directrices en
la matière dans la publication 812F du MAAARO, Photo 16-57 – Les brûlures bactériennes se
Guide de protection des grandes cultures. manifestent d’abord par l’apparition sur les folioles
de petites cloques d’eau qui s’amalgament pour
former, entre les nervures, de grandes zones brunes
Brûlures bactériennes et sèches au pourtour jaune
BRÛLURE BACTÉRIENNE COMMUNE À mesure que ces maladies progressent, les feuilles
(Xanthomonas campestris du pathovar phaseoli) infectées deviennent cassantes et tombent prématurément.
Les plants infectés peuvent perdre leurs feuilles une
GRAISSE BACTÉRIENNE À HALO semaine ou deux avant les plants sains. Dans les cas
(Pseudomonas syringae du pathovar phaseolicola) graves, les petites nervures et la nervure principale
prennent une coloration rougeâtre. Les feuilles des
TACHE BACTÉRIENNE plants infectés par la graisse bactérienne à halo s’enroulent,
(Pseudomonas syringae du pathovar syringae) et les jeunes feuilles jaunissent sans présenter de halo
Incidence :Plusieurs bactéries différentes peuvent perceptible ni de zones de tissu mort. La graisse
causer des dommages graves aux haricots secs bactérienne à halo se distingue généralement de la
comestibles. En Ontario, la brûlure bactérienne brûlure bactérienne commune par les lésions plus
457
Guide agronomique des grandes cultures
petites et le halo jaune-vert plus large qu’elle crée sur pluie et la grêle peuvent aussi propager les bactéries
les feuilles, la brûlure bactérienne commune causant dans le champ. Les dommages causés par la grêle, le
quant à elle un mince pourtour jaune. vent, les orages violents et la machinerie favorisent
l’infection et la propagation de la maladie dans un
Les maladies se manifestent sur les gousses par des même champ et entre les champs voisins. La présence
lésions rondes et gorgées d’eau (voir photo 16-58) de ces trois maladies bactériennes est favorisée par une
ou des stries le long des sutures qui renferment en forte humidité et différentes températures (plus de
leur centre une masse de bactéries jaune ou crème 27 °C pour la brûlure bactérienne commune, moins
leur donnant un aspect gras. Avec le temps, ces de 27 °C pour la graisse bactérienne à halo et moins
lésions se creusent et s’assèchent. Elles présentent de 30 °C pour la tache bactérienne).
alors un pourtour brun rougeâtre et un centre jaune.
Plus l’infection des gousses survient tôt, plus les Stratégies de lutte : Les bactéricides cupriques peuvent
répercussions sur la qualité des graines sont grandes. être utiles contre les brûlures bactériennes à condition
Généralement, les graines sont ratatinées et, dans le qu’ils soient appliqués tôt, avant que l’infection se
cas de la brûlure bactérienne commune, ont des taches répande. Comme les bactéricides n’offrent qu’une
brun jaunâtre. Les graines infectées produisent des protection à court terme, plusieurs applications sont
plants à la tige ceinturée ou ayant de la pourriture souvent nécessaires dans des conditions propices à
au-dessus du nœud cotylédonaire. Ces plants affaiblis l’infection. Habituellement, les bactéries n’hivernent
peuvent verser. pas dans les champs, mais il vaut mieux laisser un
intervalle d’un an entre les cultures sensibles. Il
importe de ne pas employer de semences provenant de
champs infectés, de ne pas semer la culture à côté d’un
champ ayant été gravement infecté l’année précédente
et d’incorporer les débris de haricots infectés dans
le sol après la récolte. Les brûlures bactériennes se
propagent facilement lorsque les plants sont mouillés
par la pluie ou la rosée. Il faut donc éviter la circulation
de la machinerie et des travailleurs dans les champs
mouillés. De plus, il faut nettoyer le matériel avant de
passer d’un champ à l’autre. Récemment, des cultivars
de haricots blancs offrant une résistance génétique
aux brûlures bactériennes ont été mis au point. Ces
cultivars sont offerts aux producteurs ontariens.
Photo 16-58 – Gousses infectées par la brûlure
bactérienne ANTHRACNOSE
(Colletotrichum lindemuthianum)
La tache bactérienne cause quant à elle l’apparition
Incidence : L’anthracnose est une maladie redoutable
sur les feuilles de petites zones nécrosées circulaires
des haricots comestibles en Ontario. On la combat
au pourtour habituellement jaune. Les lésions
par l’utilisation de cultivars résistants, de semences
s’amalgament pour former des stries brunes entre les
saines et de traitements de semences. Des dommages
nervures. L’infection des pétioles cause le flétrissement
considérables sont à craindre dans les champs où la
et la mort des feuilles. Les lésions sur les gousses et
maladie apparaît à la suite d’une infection par de
la tige sont semblables à celles causées par la graisse
nouvelles souches du champignon pathogène ou de
bactérienne à halo.
l’utilisation de semences infectées.
Cycle biologique : Les bactéries responsables n’hivernent
Aspect : Les signes comprennent l’apparition de
pas en Ontario normalement; elles survivent d’une
lésions rondes, angulaires ou ovales sur les feuilles,
année à l’autre dans les semences infectées. Une fois
les tiges et les gousses (voir photo 16-59). Les lésions
que les plants sont infectés, la maladie se propage
sont enfoncées ou semblables à des cratères et ont un
aux plants sains à la faveur des intempéries et de la
anneau noir distinct sur leur pourtour. Souvent, le
circulation des travailleurs et de la machinerie d’un
centre des lésions est recouvert de plusieurs petites
champ à l’autre lorsque les plants sont mouillés. La
458
16. Maladies des grandes cultures
masses de spores noires. Au revers des feuilles, les Stratégies de lutte : Pour prévenir l’anthracnose, il
nervures sont généralement brun-rouge ou rouge convient d’utiliser des semences saines traitées avec un
violacé. Les pertes de rendement sont attribuables au fongicide, d’incorporer les résidus de haricots infectés
vieillissement précoce des feuilles, à la mort prématurée dans le sol après la récolte, d’inscrire la culture de
des plants, au rabougrissement des semences et au haricots dans une rotation incluant pendant au moins
nombre élevé de graines présentant des lésions sur deux ans des cultures autres que des cultures hôtes
le tégument. et de rester hors des champs lorsque les plants
sont mouillés.
459
Guide agronomique des grandes cultures
POURRITURE À SCLÉROTES
(Sclerotinia sclerotiorum)
460
16. Maladies des grandes cultures
Stratégies de lutte : Les pratiques suivantes contribuent la tige (hypocotyle), causant un ceinturage ou un
à réduire au minimum les pertes causées par la pincement de la tige à la surface du sol ou tout près.
pourriture à sclérotes : La tige est affaiblie et risque de casser ou de s’affaisser à
l’endroit où se forment les lésions d’un brun rougeâtre
• Utiliser des cultivars moins vulnérables ou des caractéristiques. Généralement, les plantules infectées
cultivars au port dressé. se flétrissent ou meurent en réaction au stress causé
• Ne pas semer de haricots secs comestibles après par la réduction, l’étranglement ou la pourriture de
d’autres grandes cultures (p. ex. soya, betterave leur système racinaire, en particulier par temps sec. Les
sucrière, canola, tournesol, chanvre), toutes sensibles peuplements sont lents à lever, clairsemés ou inégaux
à la pourriture à sclérotes, dans les champs où la et ont un rendement réduit. En cas de pertes graves, la
maladie a déjà sévi. Autrement, laisser un intervalle reprise des semis peut s’imposer.
d’au moins trois ans entre les cultures sensibles.
• Veiller à la bonne circulation de l’air en respectant Cycle biologique : Les champignons en cause
les taux de semis recommandés et en espaçant survivent dans le sol, dans des résidus de végétaux
convenablement les rangs afin d’abaisser le taux en décomposition. Les conditions qui ralentissent
d’humidité et de rendre l’environnement moins la germination et la croissance sont propices à leur
propice à la prolifération de la maladie. Éviter la prolifération. Les parties souterraines se lignifient
surfertilisation, qui accélère la fermeture du couvert. au stade de 2 à 4 feuilles, que les plants vigoureux
Cela évitera par le fait même une augmentation de atteignent rapidement. À ce stade, les plantules
l’humidité, qui crée un milieu propice à l’infection. peuvent lutter contre la progression de l’infection et
• Appliquer des fongicides foliaires au moment de arrivent à régénérer leurs racines plus vite qu’elles n’en
la première floraison, avant que la maladie ne se perdent. Pythium préfère les sols frais et humides, et
manifeste; les pulvérisations faites après l’apparition Rhizoctonia, les sols secs et légers.
de la maladie ne permettent pas de combattre
la pourriture à sclérotes efficacement. Voir les Stratégies de lutte : Il convient de semer des semences
fongicides recommandés dans la publication de bonne qualité dans un lit de semence ferme et
812F du MAAARO, Guide de protection des humide quand les conditions sont propices à une
grandes cultures. germination rapide, en évitant de les enfouir
profondément. Le traitement des semences aux
fongicides réduit l’incidence des infections et facilite
Maladies du canola l’établissement du peuplement (voir la publication 812F
COMPLEXE DES MALADIES DES PLANTULES du MAAARO, Guide de protection des grandes cultures).
Incidence : L’établissement du peuplement est une De plus, il importe de maintenir un bon équilibre des
préoccupation majeure des producteurs de canola. éléments nutritifs et d’éviter un apport excessif d’engrais
Si le peuplement s’établit mal, c’est souvent à cause pour ne pas favoriser les maladies et les phytotoxicités.
d’infections aux plantules causées par un ou plusieurs
champignons qui provoquent différentes maladies JAMBE NOIRE
faisant partie de ce que l’on appelle le « complexe des (Leptosphaeria maculans)
maladies des plantules ». Les principaux champignons Incidence : La jambe noire est une maladie fongique
en cause sont Rhizoctonia, Fusarium et Pythium. Ils présente partout au Canada où l’on cultive le canola.
sont le plus problématiques par temps frais. Dans l’Ouest canadien, il existe deux souches (de
virulence faible et élevée) du champignon, qui y
Aspect : L’infection se manifeste par de nombreux
entraînent des pertes substantielles. Ces dernières
signes, dont la pourriture des semences, la fonte des
années, l’incidence de la maladie a augmenté en
semis avant et après la levée, la brûlure des plantules
Ontario, en particulier dans les champs de canola
et la pourriture des racines des plantules, qui
d’automne. Heureusement, la souche virulente,
apparaissent pendant les quatre premières semaines
responsable des pertes dans l’Ouest, n’y a pas encore
ou avant le stade 4 feuilles. Les semences peuvent ne
été signalée.
pas germer ou mourir peu après la levée. Les plantules
qui lèvent peuvent paraître normales, mais avoir Aspect :L’infection se manifeste d’abord sur les
des racines pourries. La fonte des semis se produit cotylédons ou sur les feuilles, où se forment des taches
quand la pourriture des racines monte le long de blanches ou chamois circulaires ou irrégulières de 1 à
461
Guide agronomique des grandes cultures
2 cm (0,4 à 0,8 po) de diamètre, chacune contenant Stratégies de lutte : Ilconvient de faire une bonne
de nombreux petits points noirs, soit des pycnides rotation des cultures en laissant au moins trois ans
(voir photo 16-63). Au fil de la saison, le champignon entre les cultures de canola et d’utiliser des cultivars
peut s’étendre à la tige et au collet, formant un chancre moins sensibles. La plupart des cultivars sont cotés
qui ceinture la tige (voir photo 16-64). Les plants sur une échelle de 1 (résistants) à 5 (très sensibles).
gravement atteints mûrissent prématurément, et leur Les traitements fongicides réduisent les infections
collet ou le bas de leur tige vire au noir ou au gris. transmises par les semences et réduisent au minimum
Les plants gravement infectés versent et ont de petites le risque d’introduction de la jambe noire dans de
graines ratatinées, probablement elles-mêmes infectées nouveaux champs. Cependant, la maladie peut quand
par le champignon. même se propager d’un champ à l’autre par les plants
et les résidus infectés. Les différents traitements
possibles sont décrits dans la publication 812F du
MAAARO, Guide de protection des grandes cultures.
POURRITURE À SCLÉROTES
Incidence : La pourriture à sclérotes est une
maladie du canola qui se manifeste de manière
sporadique dans une région et dont l’incidence
varie considérablement d’une année à l’autre. Par
conséquent, il est très difficile de prévoir la gravité
ou l’apparition de cette maladie, très destructrice
pendant les longues périodes de temps pluvieux.
Des pertes pouvant atteindre 50 % peuvent survenir
dans des conditions qui lui sont favorables.
Photo 16-63 – La jambe noire provoque
l’apparition de taches blanches ou chamois Aspect : La pourriture à sclérotes provoque la
circulaires ou irrégulières contenant de formation de lésions blanchies sur les tiges et de
nombreux points noirs (pycnides) sclérotes noirs et durs à l’intérieur de ces dernières, en
plus de causer le vieillissement prématuré des plants.
Cette maladie est souvent problématique lorsque le
canola suit des cultures de canola, de haricots blancs,
de soya ou de tournesol. L’infection qui commence
sur les fleurs mortes se propage aux tissus adjacents,
où elle provoque la mort des ramifications ou des
plants. Les plants peuvent verser. Les tiges atteintes
paraissent habituellement blanchies (voir photo 16-65).
Les infections du canola par la pourriture à sclérotes
peuvent être graves si les deux dernières semaines de
juin sont marquées par du temps frais et pluvieux qui
se poursuit jusqu’au début juillet, lors de la floraison.
Les sclérotes noirs se retrouvent parfois dans
les semences de canola récoltées. Elles peuvent
Photo 16-64 – La jambe noire se propage à la tige et d’ailleurs avoir une couleur et une taille similaires
y produit un chancre qui ceinture la base de la tige (voir photo 16-66).
Cycle biologique : Le champignon causant la jambe
noire survit sur les résidus de canola ainsi que sur les
semences et les plants infectés. Il peut se propager d’un
champ à l’autre par les résidus ou les plants infectés.
Ses spores sont disséminées par la pluie, le vent et les
semences infectées.
462
16. Maladies des grandes cultures
MOSAÏQUE DU NAVET
Incidence : Le virus de la mosaïque du navet est devenu
un problème important dans certaines régions où le
canola d’automne est cultivé.
463
Annexes
465
Guide agronomique des grandes cultures
Annexe B – Feuille de calcul des doses d’azote pour le maïs (unités métriques) et explications détaillées
Les cinq tableaux (non numérotés) suivants font partie de la Feuille de calcul des doses d’azote pour le maïs.
Loam sableux 38 19
Sable 52 19 Tableau J. Azote additionnel en bandes latérales –
Ajustement en fonction de la période d’application
Argile sableuse, loam 43 19 (Sud-Ouest et Centre de l’Ontario seulement)
sablo-argileux
Texture du sol Ajustement
Loam limoneux 20 1
(kg/ha)
Loam limono-argileux 36 1
Argile, loam argileux, loam, loam limoneux, 0,8
Argile limoneuse 49 1 argile limoneuse, loam limono-argileux
* L’Est de l’Ontario comprend Frontenac, Renfrew et les Argile sableuse, loam sablo-argileux, loam 0,9
comtés plus à l’est. sableux
Sable, sable loameux 1,0
466
Annexes
Explication des facteurs de la feuille de calcul d’azote donnant le meilleur rendement économique pour chaque
ajout d’engrais diminue. On indique au tableau E l’importance de
A. Besoins de base en azote la baisse des doses d’azote pour différentes combinaisons de
Dans la plupart des régions de la province, ce sont les sols à prix du maïs et de l’azote.
texture moyenne (loams limoneux et loams) qui fournissent le On peut calculer l’ajustement des doses d’engrais pour les prix
plus d’azote aux cultures de maïs, comme l’indiquent leurs hors des fourchettes données comme suit :
« besoins de base en azote » moindres (tableau A). Dans les sols
à texture plus grossière ou plus fine, les besoins en azote sont • Déterminer le prix d’un kilogramme d’azote. Diviser le prix d’une
plus élevés. tonne d’engrais par le nombre de kilogrammes d’azote dans
chaque tonne (pourcentage d’azote multiplié par 10). Calculer
Les données recueillies indiquent que les besoins en azote des le prix à la livre en multipliant par 0,45 le prix au kilogramme.
sols de la vallée de l’Outaouais sont considérablement inférieurs Par exemple, si l’urée (46 % d’azote) se vend 865 $ la tonne,
à ceux des autres régions de la province, mais on ne sait pas le prix d’un kilogramme d’azote sera de 865 $/460 kg =
exactement pourquoi. C’est le cas de tous les sols situés dans 1,88 $/kg, ou 0,85 $/lb.
les comtés à l’est de l’axe de Frontenac.
• Estimer la valeur d’un kilogramme (ou d’une livre) de maïs pour
Puisque ces valeurs proviennent des données moyennes recueillies l’année suivant la récolte (sauf si le maïs a été préalablement
dans un grand éventail de sites, elles représentent les besoins vendu à prix fixe), y compris tous les paiements de stabilisation,
prévus pour les sols ayant des caractéristiques « moyennes ». moins les frais de séchage, de transport et d’élévateur. Le maïs
Quand les sols ont des propriétés s’écartant de la moyenne donné comme nourriture aux animaux à la ferme est évalué au
(p. ex. une teneur en matière organique plus élevée ou plus prix payé pour du maïs qu’on achèterait de l’extérieur. Le prix
basse), les doses d’azote optimales peuvent différer. d’un kilogramme de maïs est le prix attendu d’une tonne, divisé
par 1 000. Le prix d’une livre de maïs est le prix net attendu
B. Ajustement en fonction du rendement
d’un boisseau, divisé par 56.
Il existe un lien vague mais certain entre les besoins d’azote plus
grands de certains champs et leurs rendements plus élevés aux • Calculer le rapport de prix de l’azote et du maïs en divisant le
doses d’azote optimales. Le facteur rendement, qui est dérivé prix d’un kilogramme (ou d’une livre) d’azote par la valeur d’un
des données sur la réponse aux apports d’azote (0,77 lb d’azote kilogramme (ou d’une livre) de maïs.
par boisseau de rendement), correspond presque à la quantité • Soustraire 5 du rapport de prix, parce que les recommandations
d’azote prélevée du sol que l’on retrouve dans le grain. d’azote ont été élaborées pour un rapport de 5.
Il faut utiliser les rendements moyens des cinq dernières années • Multiplier le résultat par 6,7 (ou par 6 dans le cas des unités
pour estimer le potentiel de production du champ. Le fait impériales); inscrire ce nombre dans la case d’ajustement du
d’utiliser un rendement potentiel gonflé dans cet ajustement rapport de prix.
n’augmenterait pas la productivité du champ. Les coûts seraient
par ailleurs plus élevés en raison de l’azote gaspillé, lequel F. Dose totale d’azote suggérée
pourrait être nuisible à l’environnement. Pour évaluer le Cette valeur, calculée en faisant la somme des valeurs de A à E,
rendement de maïs-grain à partir du rendement de maïs à représente les doses totales requises par la culture, qui sont
ensilage, on doit diviser par 5 le rendement d’ensilage pour normalement obtenues au moyen d’engrais de démarrage,
obtenir des tonnes à l’hectare (t/ha) ou des tonnes courtes à d’applications à la volée ou en bandes latérales et de fumier.
l’acre (t. c./ac), ou multiplier par 7 les t. c./ac pour connaître G. Soustraire l’azote appliqué au démarrage
le nombre de boisseaux à l’acre (bo/ac). Toute dose d’azote appliqué au démarrage doit être incluse ici.
C. Ajustement selon le nombre d’unités thermiques H. Soustraire l’azote provenant du fumier
Les recherches indiquent que le maïs a besoin de plus d’azote L’azote que contient le fumier (ou les biosolides) devrait être
dans les régions où la saison de croissance est longue. Ce inclus ici. Plus l’évaluation de l’azote biodisponible provenant du
phénomène pourrait s’expliquer par le fait que le stress hydrique fumier est juste, selon des doses précises d’épandage du fumier
sur la culture est accru dans les régions où les températures et des analyses de ce dernier, plus l’apport d’azote provenant du
moyennes sont supérieures, ce qui affaiblirait l’efficacité des fumier s’approchera de la réalité. Pour une estimation de l’azote
apports d’azote, ou par le fait que les teneurs en matière biodisponible provenant du fumier, se référer au tableau 9-10,
organique du sol sont différentes. Quantités habituelles d’azote, de phosphate et de potasse
D. Ajustement selon la culture précédente biodisponibles selon la source d’éléments nutritifs organiques.
Les besoins en azote sont étroitement liés à la culture qui a été I. Azote additionnel en présemis
faite dans le champ en question juste avant le maïs. Des cultures La différence entre la dose totale d’azote recommandée et les
comme le maïs-grain immobilisent d’importantes quantités apports provenant de l’engrais de démarrage et du fumier correspond
d’azote minéral dans le sol au fur et à mesure que se à la quantité d’azote qui devra être appliquée en présemis.
décomposent les résidus riches en carbone, ce qui se traduit par
une hausse des besoins en azote. Les cultures de légumineuses OU
fourragères fixent l’azote atmosphérique et le rendent accessible J. Azote additionnel en bandes latérales
à la culture de maïs au cours de la décomposition des résidus, L’azote qui est appliqué juste avant que la culture en ait besoin
entraînant ainsi une baisse des besoins d’azote. est utilisé plus efficacement que l’azote appliqué en présemis,
E. Ajustement selon le rapport de prix car les pertes par dénitrification ou lessivage s’en trouvent
La dose d’azote optimale est atteinte lorsque la hausse de réduites. La différence est plus prononcée dans les sols à texture
rendement occasionnée par la dernière livre d’azote ajoutée lourde. Les applications d’azote en bandes latérales ne sont
parvient tout juste à compenser le coût de l’azote supplémentaire. généralement pas profitables dans des sols sableux. NOTE : Ce
Lorsque le coût de l’engrais azoté monte ou que le prix de vente facteur d’ajustement n’est pas valable dans l’Est de l’Ontario, où
du maïs récolté baisse, il faut un plus fort rendement pour payer les doses d’azote recommandées sont déjà relativement faibles.
chaque livre supplémentaire d’azote. Autrement dit, la dose
467
Guide agronomique des grandes cultures
468
Annexes
469
Guide agronomique des grandes cultures
470
Annexes
Pour de l’information à jour, visiter le semences traitées aux néonicotinoïdes que les fournisseurs
https://www.ontario.ca/fr/page/reglementation-des- ont fait inscrire dans la Liste des pesticides de catégorie 12.
néonicotinoïdeses. Cette liste est publiée chaque année au mois d’août à
l’adresse suivante :
L’Ontario prend des mesures pour renforcer la santé des ontario.ca/fr/page/pesticides-de-categorie-12.
pollinisateurs et ainsi assurer la bonne condition des La réglementation ne comporte pas d’exigences liées au
écosystèmes, la productivité du secteur agricole et la vigueur transport et à l’entreposage des pesticides de catégorie 12.
de l’économie.
Les producteurs doivent se servir des pesticides de
La Stratégie pour la santé des pollinisateurs comporte de catégorie 12 conformément aux directives que le
multiples facettes : gouvernement fédéral présente sur l’étiquette.
• Programmes financiers d’aide aux apiculteurs qui Certaines exigences réglementaires visant à réduire
enregistrent des pertes importantes dans leurs ruches; l’utilisation des semences de maïs et de soya traitées aux
• Réglementation qui restreint l’utilisation de semences de néonicotinoïdes sont mises en œuvre de manière graduelle.
maïs et de soya traitées aux néonicotinoïdes;
Dates importantes concernant la réglementation
• Élaboration d’un Plan d’action pour la santé des
pollinisateurs complet qui touche à différents facteurs de À partir du 31 août 2016, si des producteurs veulent acheter
stress pour les pollinisateurs. et utiliser des semences de maïs et de soya traitées aux
néonicotinoïdes (pesticides de catégorie 12) en prévision de la
La Stratégie s’appuie sur d’anciens travaux visant à améliorer saison des semis de 2017, ils doivent :
la santé des pollinisateurs et définit les cibles suivantes : • suivre la nouvelle formation sur la lutte antiparasitaire
• Réduction de 80 % du nombre d’acres de champs intégrée;
ensemencés de graines de maïs et de soya traitées aux • remplir un rapport d’évaluation parasitaire;
néonicotinoïdes d’ici 2017;
• signer le formulaire Déclaration écrite relative à la lutte
• Atteinte d’un taux de mortalité hivernale des abeilles antiparasitaire intégrée (LAI) indiquant qu’ils tiennent compte
mellifères de 15 % d’ici 2020. des principes de la lutte antiparasitaire intégrée.
Dans le cadre de la stratégie globale de protection des Les producteurs devront fournir ces renseignements, ainsi que
pollinisateurs, l’exigence suivante a été ajoutée à la le numéro de leur certificat de formation sur la lutte
réglementation prise en application de la Loi sur les pesticides antiparasitaire intégrée, au représentant commercial ou au
de l’Ontario (1990) : les producteurs de maïs et de soya et les fournisseur de semences (y compris ceux vendant des
personnes utilisant des semences traitées par des semences directement aux producteurs) auprès duquel ils ont
entrepreneurs doivent démontrer la nécessité d’épandre des acheté les semences, ou à l’entrepreneur en traitement des
pesticides de catégorie 12 dans les champs d’une exploitation semences qui a traité les semences aux néonicotinoïdes.
agricole avant de pouvoir en acheter et en utiliser. La nouvelle
version de la réglementation est entrée en vigueur le Les pesticides de catégorie 12 ne peuvent être utilisés que
1er juillet 2015. dans la ou les zones d’application de l’exploitation agricole
indiquées dans le rapport d’évaluation parasitaire.
Pesticides de catégorie 12
Le gouvernement provincial doit classifier les pesticides et Formation sur la lutte antiparasitaire intégrée
régir leur vente, leur utilisation, leur transport, leur La lutte antiparasitaire intégrée est une méthode de gestion
entreposage et leur élimination. des ravageurs viable sur les plans environnemental et
économique. Elle appuie le recours à différentes techniques
Les semences traitées sont des graines enrobées d’un de prévention et de réduction des risques associés aux
pesticide. La nouvelle réglementation crée une nouvelle ravageurs et aide les insectes utiles, comme les
catégorie de pesticides – les pesticides de catégorie 12 – qui pollinisateurs. Dans le cadre de cette méthode, on utilise les
englobe les semences de maïs et de soya traitées avec les pesticides en dernier recours pour régler les problèmes de
néonicotinoïdes suivants : ravageurs.
• Imidaclopride; À compter du 31 août 2016, la réussite de la nouvelle
• Thiaméthoxame; formation sur la lutte antiparasitaire intégrée sera obligatoire
• Clothianidine. pour l’achat et l’utilisation de semences de maïs et de soya
traitées aux néonicotinoïdes. Les producteurs devront prouver
Cette nouvelle catégorie vise les semences de maïs destinées qu’ils ont suivi cette formation en soumettant leur numéro de
à la production de céréales ou à l’ensilage ainsi que les certificat à un représentant commercial, à un fournisseur de
semences de soya. semences ou à un entrepreneur en traitement des semences.
Le règlement ne s’applique pas au maïs à éclater, au maïs La certification reste valide pendant cinq ans (autrement dit,
sucré ou au maïs destiné à la production de semences, ni aux les producteurs ne devront faire la formation qu’une fois tous
semences de soya destinées à la production de semences les cinq ans).
certifiées dans le cadre d’un contrat. Les semences de maïs Les producteurs peuvent suivre la formation en classe à
et de soya traitées seulement avec un fongicide ne sont pas divers endroits, ou en ligne par l’intermédiaire du campus de
considérées comme des pesticides de catégorie 12 selon la Ridgetown de l’Université de Guelph (http://french.
réglementation. ipmcertified.ca/). Pour les encourager à participer, la formation
Les producteurs qui ne sèment pas de graines de maïs ou de sera offerte gratuitement jusqu’au 30 avril 2017.
soya traitées aux néonicotinoïdes ne sont pas visés par les Les producteurs n’ont pas à suivre la formation s’ils sont
nouvelles exigences réglementaires. propriétaires d’une exploitation agricole qui embauche des
Les producteurs ne peuvent acheter et utiliser que des gens pour acheter et utiliser les pesticides de catégorie 12.
471
Guide agronomique des grandes cultures
En pareil cas, c’est la personne qu’ils engagent (p. ex. le antiparasitaire doit effectuer l’évaluation parasitaire du sol est
gestionnaire ou superviseur de l’exploitation) qui doit actuellement mise en œuvre graduellement, sur une base
faire la formation. géographique. Voir le tableau Annexe G-1 pour le calendrier de
Une personne qui a suivi la formation sur la lutte mise en œuvre.
antiparasitaire intégrée peut superviser au maximum sept Une fois l’exigence mise en œuvre, un conseiller en lutte
personnes qui emploient des pesticides de catégorie 12 sur antiparasitaire devra faire ou superviser l’évaluation et
l’exploitation agricole. Les producteurs qui n’ont pas préparer un rapport au moins tous les trois ans. Les
l’intention d’acheter et d’utiliser des semences traitées aux producteurs qui possèdent un certificat pour la formation sur
néonicotinoïdes ne sont pas tenus de suivre la formation. Des la lutte antiparasitaire intégrée peuvent continuer de mener
semences non traitées ou des semences de maïs ou de soya des évaluations parasitaires les années où le recours à un
traitées uniquement avec un fongicide, par exemple, ne professionnel n’est pas encore obligatoire.
constituent pas des pesticides de catégorie 12. Les producteurs doivent consulter le tableau ci-dessous pour
Rapport d’évaluation parasitaire savoir quand l’exigence de recourir à un conseiller en lutte
Un rapport d’évaluation parasitaire est un document prouvant antiparasitaire sera en vigueur dans leur comté ou région.
qu’il existe un problème de ravageurs nécessitant l’emploi de Ce tableau présente la date de mise en œuvre à partir de
semences traitées aux néonicotinoïdes. Pour acheter des laquelle un conseiller en lutte antiparasitaire doit réaliser ou
pesticides de catégorie 12, une personne (c.-à-d. le superviser l’inspection du sol dans les différentes régions de
producteur) doit fournir un rapport d’évaluation parasitaire à l’Ontario. Chacune de ces dates correspond à une annexe de
un fournisseur, à un représentant commercial ou à un la réglementation. Après la date de mise en œuvre, un
entrepreneur en traitement des semences. conseiller en lutte antiparasitaire doit inspecter le sol au
L’évaluation parasitaire doit être réalisée conformément à la moins tous les trois ans.
ligne directrice Évaluation parasitaire préalable à l’utilisation
de pesticides de catégorie 12 (couramment appelée « Guide Tableau Annexe G-1 – Mise en œuvre graduelle de
d’évaluation parasitaire »). Cette ligne directrice énonce la l’exigence liée au conseiller en lutte antiparasitaire
manière dont l’évaluation doit être effectuée, définit les seuils
minimums et indique comment déterminer la ou les zones Date Annexe Comtés ou régions
d’application de l’exploitation agricole où les pesticides de 31 août Annexe 1 Dufferin, Frontenac, Halton, Lambton,
catégorie 12 seront utilisés. 2017 Middlesex, Muskoka, Prince Edward,
Il y a deux types d’évaluation parasitaire : l’inspection du sol Stormont, Dundas, Glengarry, Toronto,
et l’inspection des cultures. Wellington
31 août Annexe 2 Bruce, Elgin, Grey, Haldimand,
Inspection du sol
2018 Hamilton, Huron, Nipissing, Norfolk,
L’évaluation parasitaire du sol permet de confirmer la
Ottawa, Oxford, Peel, Sudbury,
présence d’une moyenne de deux asticots ou plus ou d’un ver
Waterloo
fil-de-fer dans des champs d’une exploitation agricole (voir le
Guide d’évaluation parasitaire à ontario.ca/fr/page/guide- 31 août Annexe 3 Algoma, Brant, Chatham-Kent,
devaluation-parasitaire pour en savoir plus sur les exigences 2019 Cochrane, Durham, Essex, Haliburton,
de dépistage et les seuils de présence de parasites). Hastings, Kawartha Lakes, Kenora,
Le rapport doit confirmer qu’on a atteint ou dépassé les seuils Lanark, Leeds et Grenville, Lennox
de présence de parasites. and Addington, Manitoulin, Niagara,
Northumberland, Parry Sound, Perth,
Il appartient aux producteurs de décider à quel moment ils
Peterborough, Prescott et Russell,
procéderont au dépistage des ravageurs dans le sol; l’idéal
Rainy River, Renfrew, Simcoe, Thunder
est de le faire au printemps ou à l’automne.
Bay, Témiscamingue, York
Du 31 août 2016 au 31 août 2017, les producteurs pourront
réaliser une évaluation parasitaire et préparer un rapport s’ils
détiennent un numéro de certificat pour la nouvelle formation Inspection des cultures
sur la lutte antiparasitaire intégrée. Cette méthode permet de déterminer si le pourcentage
de pertes causées par certains ravageurs est :
À compter du 31 août 2017, on appliquera graduellement la
nouvelle exigence selon laquelle l’évaluation parasitaire du sol • d’au moins 15 % dans une culture de maïs (ver fil-de-fer,
et le rapport connexe devront être effectués par un conseiller asticots, mouche des légumineuses ou chrysomèle des
en lutte antiparasitaire. racines du maïs);
• d’au moins 30 % dans une culture de soya (ver fil-de-fer,
Pour l’inspection du sol, il faudra remplir et signer un
asticots, mouche des légumineuses ou chrysomèle
formulaire Inspection du sol – Rapport d’évaluation parasitaire,
du haricot).
qui se trouve dans le Répertoire central des formulaires de
l’Ontario à l’adresse ontario.ca/formulaires. Les producteurs qui croient que leurs cultures ont été
Mise en œuvre graduelle de l’exigence liée au conseiller endommagées par des ravageurs peuvent décider de
en lutte antiparasitaire – Inspection du sol demander une évaluation des dommages. Ils devront alors
Le formulaire Inspection du sol – Rapport d’évaluation faire appel à un conseiller en lutte antiparasitaire, car cette
parasitaire doit être rempli chaque année. On peut l’utiliser évaluation nécessite des connaissances spécialisées sur les
pour l’achat et l’utilisation de pesticides de catégorie 12 en ravageurs et les dommages faits aux cultures.
tout temps au cours des 12 mois suivant la date de Dans le cas d’une évaluation parasitaire ciblant les
l’inspection pour la ou les zones d’application définies dans le dommages faits aux cultures, un conseiller en lutte
formulaire. L’exigence selon laquelle un conseiller en lutte antiparasitaire doit remplir et signer un formulaire
472
Annexes
Inspection des cultures – Rapport d’évaluation parasitaire, qui Pour en savoir plus :
se trouve dans le Répertoire central des formulaires de Centre d’information du ministère de l’Environnement et de
l’Ontario à l’adresse ontario.ca/formulaires. l’Action en matière de changement climatique
Tél. : 416 325-4000 (sans frais : 1 800 565-4923)
Envoi d’un rapport d’évaluation parasitaire dûment rempli Courriel : [email protected]
Les producteurs doivent fournir le rapport d’évaluation
parasitaire dûment rempli au fournisseur ou au représentant Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires
commercial en semences traitées auprès duquel ils se sont rurales de l’Ontario
procuré des semences traitées aux néonicotinoïdes, ou à un Tél. : 1 877 424-1300 (ATS : 1 855 696-2811)
entrepreneur en traitement des semences pour faire traiter Courriel : [email protected]
des semences aux néonicotinoïdes. Ils doivent en outre
conserver une copie du rapport à leur exploitation agricole
pendant au moins deux ans.
Le fournisseur ou l’entrepreneur en traitement des semences
soumettra ensuite le rapport au ministère de l’Agriculture, de
l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.
473
Guide agronomique des grandes cultures
Souches bivoltines (dans les régions où il y a deux générations de la pyrale du maïs par année)
A. Nombre de larves par plant (comptages cumulatifs effectués à 7 jours d’intervalle) _____ = nombre de masses
d’œufs/plant x 2 pyrales/masse d’œufs (On présuppose un taux de survie de deux larves par masse d’œufs; ce taux
peut varier selon les conditions météorologiques et la taille des masses d’œufs.)
B. Perte de rendement en % _____ = (A) Nombre de larves/plant x perte de rendement de 4 % par larve/plant
(On doit utiliser une perte de 3 % par larve par plant si l’infestation se produit une fois que les soies ont bruni. Les
avantages économiques des traitements risquent de baisser rapidement si les infestations surviennent après que
le maïs a atteint le stade du gonflement.)
C. Perte de rendement en t/ha (bo/ac) _____ = Perte de rendement en % x rendement prévu en t/ha (bo/ac)
D. Perte en $/ha (ac) _____ = (C) Perte de rendement en t/ha (bo/ac) x prix prévu en $/t ($/bo)
E. Perte évitable par ha (ac) _____ = (D) Perte en $/ha (ac) x efficacité de 75 %
(Ce pourcentage est une moyenne; on peut utiliser une autre valeur estimative au besoin.)
F. Coût du traitement _____ = Prix du pesticide + coût de l’application
G. Gain (+) ou perte (–) résultant du traitement _____ = (E) – (F)
474
Annexes
475
Guide agronomique des grandes cultures
476
Annexes
Annexe L – Teneurs en eau, poids spécifiques et taux de semis des semences de céréales commerciales
Culture Taux de semis Poids des semences1 Teneur en eau
Blé d’automne et de printemps 100 à 130 kg/ha 74,8 kg/hl 14,0 %
(60 lb/bo)
(365 g/0,5 l)
Avoine 60 à 110 kg/ha 42,4 kg/hl 13,5 %
(34 lb/bo)
(192 g/0,5 l)
Orge d’automne et de printemps 80 à 160 kg/ha 59,9 kg/hl 14,8 %
(48 lb/bo)
(288 g/0,5 l)
Seigle 70 à 95 kg/ha 69,9 kg/hl 14,0 %
(56 lb/bo)
(339 g/0,5 l)
Triticale 75 à 100 kg/ha 65 kg/hl —
(52 lb/bo)
Maïs de grande culture 11 à 22 kg/ha 69,9 kg/hl 15,5 %
(56 lb/bo)
(353 g/0,5 l)
Haricots blancs (rangs de 70 cm) 40 à 45 kg/ha 75 kg/hl —
(60 lb/bo)
Soya 65 à 155 kg/ha 74,8 kg/hl 13,0 %
(60 lb/bo)
(382 g/0,5 l)
Pois des champs 130 à 200 kg/ha 75 kg/hl —
(60 lb/bo)
Sarrasin 55 kg/ha 59,8 kg/hl 45,6 %
(48 lb/bo)
(294 g/0,5 l)
Lin 40 kg/ha 69,9 kg/hl 10,0 %
(56 lb/bo)
(331 g/0,5 l)
Canola de printemps et d’automne 45 kg/ha 62 kg/hl 10,5 %
(50 lb/bo)
Millet commun 40 kg/ha 70 kg/hl —
(56 lb/bo)
Tournesol oléagineux 4 kg/ha 33,6 kg/hl 9,5 %
(27 lb/bo)
(162 g/0,5 l)
Tournesol rayé (de confiserie) 6 kg/ha 39,9 kg/hl 9,5 %
(24 lb/bo)
(149 g/0,5 l)
Moutarde blanche 8 à 11 kg/ha 70 kg/hl —
(56 lb/bo)
Sorgho herbacé 14 kg/ha 50 kg/hl —
(40 lb/bo)
Sorgho 14 kg/ha 70 kg/hl —
(56 lb/bo)
Alpiste annuel 35 kg/ha 62 kg/hl —
(50 lb/bo)
Lupin 150 à 180 kg/ha 75 kg/hl —
(60 lb/bo)
Source : Commission canadienne des grains
1
Les poids par boisseau indiqués dans ce tableau sont les mêmes que ceux qu’utilise le département de l’Agriculture des États-
Unis (USDA).
— = aucune donnée disponible
477
Guide agronomique des grandes cultures
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Annexes
479
Guide agronomique des grandes cultures
Abréviations
% = pour cent l = litre
cm = centimètre m = mètre
cm 2
= centimètre carré m/s = mètres par seconde
g = gramme m3 = mètre cube
ha = hectare ml = millilitre
kg = kilogramme mm = millimètre
km/h = kilomètres à l’heure p. ex. = par exemple
kPa = kilopascal t = tonne
480
Annexes
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Guide agronomique des grandes cultures
Carte du champ : Il faut utiliser l’espace vide ci-dessous pour dessiner approximativement l’emplacement des plaques de mauvaises
herbes, d’insectes et de maladies et montrer l’état de la culture, avec les coordonnées GPS connexes.
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Annexes
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Guide agronomique des grandes cultures
484
Index
485
Guide agronomique des grandes cultures
céréales de printemps 85, 89, 128-131, 135, 138, criocère des céréales 394 Photo : 394
145, 149, 152 croissance des plants 63, 169, 187 Photo : 188
céréales cucujide roux 309 Photo : 312
classes 128 cuivre 154, 261
croissance 132, 133 culture-abri
espèces 85, 89, 228, 229 récoltée sous forme de grains 94
fongicides 141 récoltée sous forme d'ensilage 93
infectés par Fusarium 155 semis direct 93
maladies 441 cultures couvre-sol v, 226-231
ravageurs 391
régulateurs de croissance 140 D
reprise des semis 136 dactyle pelotonné 78, 81, 84
semis précoces 134 débit d’air (détermination) 70, 158
semis sur sol gelé 124 déchaussement par le gel / dommages causés par
taux de semis 137 le gel (voir aussi dommages causés par le froid
tolérance à la germination sur pied 126 40, 74, 120, 161, 175, 194 Photo : 161, 195
travail du sol 123, 124 décisions concernant la reprise des semis
chancre des tiges 429 Photo : 429 22, 61, 136, 169, 186
chanvre 206-209 degrés-jours de croissance (DJ) 132, 133, 295
charançon de la graine du chou 407 Photo : 408 degrés-jours de croissance et unités thermiques
charançon du blé 309 Photo : 312 de croissance 295
charbon 417, 451, 452 Photo : 417, 451 densité de peuplement (maïs) 15
chaulage 100, 255-258 dépistage, moment opportun 289
choix des cultivars vii, 48, 83, 126, 165, 180, dessèchement 414 Photo : 414
200, 204, 209, 213 destruction hivernale, destruction par l'hiver
choix des hybrides 9 116, 159, 197 Photo : 120, 121
« chevaux de trait » et « chevaux de course » 12 détermination de la densité de peuplement 293, 476
au rendement le plus élevé 11 dicotylédones légumineuses 77, 229
destinés à l’ensilage 13 dicotylédones non légumineuses 89, 230
et poids spécifique 14 diminution du pH du sol 258
et récolte 14 directives relatives aux engrais 255
passage à des hybrides à cycle plus court 13 dommages causés par l’ozone 178 Photo : 178
pour la résistance à la verse 12 dommages causés par la foudre 74 Photo : 75
chrysomèle des racines du maïs 363 dommages causés par la grêle 41, 72, 175, 195,
Photo : 363, 364 208 Photo : 41, 72
chrysomèle du haricot 375 Photo : 375, 376 dommages causés par le froid 40, 74, 161
cicadelle de la pomme de terre 388, 398 Photo : 389 Photo : 40, 161
coccinelle mexicaine des haricots 399 Photo : 399 dommages causés par les oiseaux 43 Photo : 43
coccinelle 335, 374 Photo : 336, 374 dommages ou lésions causées par
comment créer un sol sain 222 les herbicides 320-332 Photo : 322-332
compactage, compaction 9, 176, 238 données géoréférencées (et échantillonnage
Photo : 176, 240 dirigé) 251
compactage, prévention 239 doses maximales sûres d’éléments fertilisants
complexe de la pourriture des racines 456, 461 32, 285-286 Photo : 32
Photo : 456 doses sûres des éléments nutritifs dans
complexe des maladies des plantules 456, 461 les engrais 285
Photo : 456
complexe des pucerons des céréales 392 E
compost 234 écartement des plants (vides) 20, 61
concurrence de la culture aux mauvaises écartement des rangs 22, 56, 139, 168
herbes 317 rangs rapprochés 22
conservation du foin à l’aide de propionate 106 échantillonnage (tissus végétaux) 255
couleur du hile 50 échantillonnage de l’azote des nitrates
couvrir hermétiquement les silos 112 Photo : 112 avant l’épandage en bandes latérales,
486
Index
487
Guide agronomique des grandes cultures
fumier 262-280 I
analyse 265, 270-273
indice agricole 257
azote minéral et organique 268-269
inoculation 52, 53, 63, 95, 168
calcul des éléments nutritifs assimilables 274
inondation 43 Photo : 43
calibrage du matériel 280
insectes défoliateurs 379, 399
et semis direct 279
insectes et animaux nuisibles aux
gestion 266
grandes cultures 343
sur les cultures fourragères 99
insectes s’attaquant aux gousses 380
valeur 266, 275
intoxication à l’acide prussique 88
fusariose de l’épi (causée par Gibberella) 421
Photo : 421 J
fusariose de l’épi et du grain 421 Photo : 421
jambe noire 461 Photo : 462
fusariose de l’épi 142, 451 Photo : 452
fusariose de la tige (causée par Gibberella) 419 L
Photo : 419
laboratoires
fusarium vasculaire 421, 456 Photo : 421, 456
analyses de sol 468
G diagnostic 485
mycotoxines (aliments pour animaux
gaz à effet de serre 225, 237
et moisissures) 469
gaz d’ensilage 115
nématodes 469
gestion de la fertilisation 23, 63, 96, 144,
légionnaire d’automne 370 Photo : 370
170, 188
légionnaire uniponctuée 358, 395
gestion des cellules de stockage 306
Photo : 358, 395
gestion des pâturages 100
légumineuses vivaces 77
gestion des résidus v, 7, 46, 95, 179
ligne d’amidon 109
gestion en temps réel 301 Photo : 301
ligne d’amidon, maïs à ensilage 109
glace 116, 120, 127, 159, 161, 195, 197
limaces 352 Photo : 352, 353
grain endommagé par Fusarium 155
lin 204, 205
graine verte 75, 197
liste de vérification des cellules de stockage 306
graines brunes (endommagées par la chaleur) 196
lit de semence, préparation 90, 94, 199, 204, 206,
Photo : 196
213, 216
graines de soya vertes à maturité 75 Photo : 75
longueur de coupe des fourrages 111
grains entreposés
longueur de rang pour un millième d’acre 293, 476
identifier les ravageurs 309
lotier corniculé 78, 79, 84
insectes des grains 309-312 Photo : 312
lutte contre la fusariose (céréales) 142
graisse bactérienne à halo 457 Photo : 457
lutte contre les insectes (grains entreposés
graminées de saison chaude 86, 229
sur place) 308
graminées vivaces 80
lutte intégrée contre les mauvaises herbes
graminées 80-82, 86, 87, 229
x, 313, 320
grosses balles d'ensilage préfané 106, 108
lutte intégrée contre les ravageurs x, 140, 289,
groupe de maturité (soya) 48
333, 343, 471
guêpes parasites (insectes utiles) 362, 367,
lutte mécanique contre les mauvaises herbes 318
374, 394, 402, 409
luzerne 79, 84
H autotoxicité 95
charançon postiche 386 Photo : 386
hanneton commun 346 Photo : 346
charançon 384 Photo : 384
hanneton européen 345 Photo : 345
évaluation d’un peuplement 120
haricots comestibles (voir haricots secs comestibles)
mineuse virgule 386 Photo : 386
haricots secs comestibles
qualité dans une culture sur pied 102
coupe directe par moissonneuse-batteuse 174
survie à l’hiver 120
maintien de la qualité à la récolte 175
maladies 164, 175, 456
ravageurs 175, 396
récolte 173
travail du sol 163
herbicides pré-récolte pour la récolte du canola 193
hespérie des graminées 390
488
Index
489
Guide agronomique des grandes cultures
490
Index
491
travail du sol V
justification vii, 1, 315
véhicule aérien sans pilote (UAV) / système
méthodes 45, 123, 163, 179, 199, 315
d’aéronef sans pilote (UAS) 302
profondeur en vue du chaulage 258
ver de l’épi du maïs 369 Photo : 369
réduction 179, 231
ver fil-de-fer 347 Photo : 348
travail du sol en profondeur ix, 5
ver-gris à dos rouge 405
trèfle d’Alsike 80
ver-gris noir 355 Photo : 355, 356
trèfle rouge 78, 79, 84, 228
ver-gris occidental du haricot 367-369
trèfle
Photo : 367, 368
blanc 78, 79, 84, 91
vérification des cellules de stockage 306
d’Alsike 80, 91
verticilliose 440 Photo : 441
incarnat 228
virus de la jaunisse nanisante de l’orge 447
mélilot 80, 91, 228
Photo : 447
rouge 78, 79, 84, 91, 228, 438
virus de la marbrure des gousses du haricot 434
triticale et épeautre 131
virus de la mosaïque du navet 463 Photo : 463
type indéterminé (grimpant) 169
virus de la mosaïque du soya 433
U Photo : 433, 434
virus de la mosaïque striée du blé 448
uniformité de l’écartement (maïs) 20
uniformité de la levée 20 Photo : 47 Z
uniformité des épandages d’azote 147
zinc 34, 154, 173, 261
unités thermiques de croissance (UTC) 9, 296, 297
zinc carence 34, 173, 261 Photo : 34
maturité 48, 165
zones de gestion (champ) 253 Photo : 253
UTC-M1 et maturité 11
zones de gestion 253
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