Introduction Generale Du Memoire

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INTRODUCTION GENERALE

Ce travail est un mémoire de master produit dans le cadre d’une recherche en Sciences
du Langage selon les normes académiques de l’Université Omar Bongo, qui stipulent que tout
étudiant inscrit en niveau master 2 doit produire un mémoire qui sanctionne la fin de son
cycle.

Les Sciences du Langage ou plus communément appelé la linguistique, font partie des
sciences humaines et sociales au même titre que la sociologie, les sciences cognitives, ou la
philosophie. Bien que plusieurs chercheurs se soient intéressés à l’étude du langage dans
l’antiquité tel que Aristote et Platon, la majorité des chercheurs considèrent que c’est le suisse
Ferdinand de Saussure 1857 1913 qui en est l’inventeur.

Les sciences du langage étudient le langage humain. C’est à dire qu’elles s’intéressent
à l’étude du fonctionnement des langues, de la parole, des messages. Les questions abordées
peuvent être très diverses selon que nous soyons dans le cadre de la linguistique interne ou
externe. Ferdinand de Saussure dit à ce propos que la linguistique interne est la linguistique de
la langue : morphologie, syntaxe, sémantique… et la linguistique externe est la linguistique de
la parole. Pour ce travail nous allons nous intéresser à la linguistique de la parole, notamment
à l’analyse du discours.

L’analyse du discours est une approche multidisciplinaire qualitative et quantitative


qui permet d’étudier un discours de façon précise, à travers l’analyse du contenu d’un
discours écrit ou orale pris dans son contexte. Cette analyse va permettre de faire émerger les
éléments clés d’un discours à travers une approche qui peut être soit descriptive ou critique.
L’approche descriptive permet de décrire un discours pour comprendre son fonctionnement
ainsi que la logique de la parole du locuteur, et l’approche critique a pour but d’établir une
critique du discours pour relever ses contraintes et ses limites.
Certains auteurs comme Adam, Bourdieu, Ducrot et Kerbrat Orecchioni pensent que le
discours ne se contente pas de décrire un réel qui lui préexiste mais construit la représentation
de réel que le locuteur souhaite faire partager à son allocutaire.

Dans la genèse de l’analyse du discours, notons que la problématique du discours a


toujours occupé une place importante dans l’étude du langage. Cela est né à travers le cours
de linguistique générale de Ferdinand de Saussure (C.L.G, 1916/ 1972) qui fonde la
linguistique structurale excluant l’étude du sens et ne traitant que du mot, il n’en postule pas
moins la nécessité d’une « linguistique de la parole ». Cette première tentative d’étudier la
parole ne vient pas de la linguistique mais de la littérature, où le structuralisme a été exploité
dans le cadre d’une problématique littéraire et sémiologique, allant des années 1920 à 1968.

Ainsi, Roland Barthes traite des principes et des méthodes dans le but de faire une
étude des récits sur le modèle de la description linguistique, dans son ouvrage intitulé
L « Introduction à l’analyse structurale des récits » bien que lui-même il doute plus tard de la
scientificité de cette méthode.

Le terme « analyse du discours » tel qu’il est appréhendé de nos jours, vient du
linguiste américain Zellig Sabbetai Harris (1909/1992), qui, en 1952 publie « Discours
analysis » dans la revue américaine Langage (Vol.28). Il est question des méthodes de la
linguistique distributionnelle américaine à l’unité transphrastique ou texte, c’est à dire qui
prône une linguistique qui étudie la distribution des unités au-delà de la phrase isolée. Dans
les années 1960, en Europe, de nouvelles problématiques se mettent en place, et le champ de
la linguistique joue un rôle moteur, grâce aux apports de Jakobson, Benveniste et Harris. Cette
époque est fortement marquée, en Europe occidentale et aux Etats unis, par les courants issus
de diverses disciplines et relativement indépendants les uns des autres. Ils avaient en commun
de poser la question du langage et de la textualité d’une manière différente et celle de la
linguistique structurale (Saussure et Bloomfield, 1887/1949).

Certains courants se réclament ainsi d’un projet d’analyse du discours, qui deviendra
plus tard l’école française d’analyse du discours. Ce courant sous l’impulsion du philosophe
marxiste critique Louis Althusser et de Michel Pêcheux, tente d’articuler la théorie marxiste
de l’idéologie, la psychanalyse (J. Lacan) et la linguistique pour appréhender le discours.

D’autres courants viennent des sciences du langage : grammaire de texte issue de la


grammaire générative et transformationnelle, théories de l’énonciation (Benveniste) ; d’autres
oscillent entre anthropologie et sociolinguistique, c’est le cas de l’ethnographie de la
communication (D. Hymes, J. Gumperz) ; l’ethnométhodologie (H. Garfinkel, H. Sacks…),
un courant sociologique américaine appelé « l’étude des conversation ».

Ces divers courants ont été fortement influencés par la pragmatique anglosaxonne
fondée sur une conception qui considère le discours comme un acte (Austin). Il faut ajouter
les travaux de M. Foucault et du russe M. Bakhtine, dont l’influence a été diffuse mais
considérable.
L’entrée en relation de ces courants a favorisé le renouvellement du champ des
sciences du langage, c’est à dire ses méthodes, ses découpages disciplinaires et ses concepts.
En France en particulier, le corpus privilégié était le discours politique. C’est le début de ce
qui est devenu plus tard l’école française d’analyse du discours, où le mot analyse n’a pas
pour simple signification étude, mais représente une sorte de psychanalyse du discours. On ne
reconnait pas à l’analyse du discours un fondateur comparable à Saussure comme pour la
linguistique structurale.

L’analyse du discours est née d’une conjoncture intellectuelle. C’est dans les années
1970, en Europe surtout, que la convergence entre les différents courants constitue un champ
d’analyse du discours. Les sciences du langage y ajoutent un rôle essentiel : grammaire de
texte, théories de l’énonciation et courants pragmatiques apportent un outillage conceptuel et
méthodologique considérable. L’analyse du discours se veut une psychanalyse du discours,
avec pour objectif de découvrir l’idéologie qui se cache sous la matérialité discursive.

A partir des années 1980/1990, on assiste à une réhabilitation, surtout en sciences


sociales, des logiques d’acteurs en prenant au sérieux les prétentions et les compétences des
gens ordinaires, au lieu de renvoyer leur propos à l’expression d’une illusion idéologique. Le
sujet n’est plus perçu comme un individu soumis aux contraintes sociales extérieures mais un
être qui négocie des marges d’action au sein des structures et des institutions dans lesquels il
agit. Comprendre le social suppose, entre autres, de comprendre les logiques d’acteurs, et
comprendre les logiques d’acteurs suppose de savoir analyser leurs productions discursives.
L’analyse du discours diversifie ses domaines d’étude : analyse du discours littéraire, analyse
du discours publicitaire, analyse du discours médiatique, analyse du discours institutionnel,
etc.

Trois tendances majeures ressortent en analyse du discours : la tendance française, la


tendance anglosaxonne et la tendance allemande. Dans le cadre de notre analyse, nous allons
nous intéresser à l’analyse du discours à la française

Ainsi, notre sujet de recherche s’intitule : « Analyse des productions discursives


économiques d’un ministre : cas du discours d’Emile Doumba ».

Cette étude se veut théorique, méthodologique et pratique car c’est la suite du projet de
mémoire que nous avons produit en master 1, dans lequel nous avons amorcé une étude
préthéorique et méthodologique du présent sujet recherche.
Le but recherché dans ce travail est de rendre compte des relations complexes qui se
jouent dans le discours à travers les marques d énonciation auxquelles a eu recours Emile
Doumba dans ses productions discursives en tant que ministre dans quelques ministères de
l’économie, à savoir, au Ministère de l’Economie Forestière, des Eaux, de la Pêche et des
Parcs Nationaux et au Ministère de l’Economie Forestière, des Eaux, de la Pêche chargé de
l’environnement et de la protection de la nature. Ces discours s’étendent sur une période d’un
an, allant du 21 avril 2005, au 25 novembre 2006.

Notre étude est prise dans un contexte socio-économique au Gabon et en Afrique


Centrale dans une période où l’Afrique centrale veut relever un défi important : celui de
protéger la nature en mettant en place des travaux durant lesquels Emile Doumba en tant que
Ministre et président de la COMIFAC a la charge de diriger pour mettre en place des
stratégies pour parvenir à protéger l’écosystème des forêts d’Afrique centrale et avenir ainsi
au développement durable.

Nous allons donc analyser les productions discursives de ce dernier, pour saisir son
comportement discursif et voir comment il s’inscrit dans ses discours en tant que sujet. De ce
fait, nous allons maintenant structurer notre étude de la manière suivante.

Notre étude se divise en quatre parties : la première partie traite de la description du


paysage général Gabonais, qui comprend deux chapitres qui sont respectivement intitulés :
« présentation du Gabon » et « situation politique du Gabon ».

La deuxième partie s’intitule : « Méthodologie et problématique », elle se divise en


deux chapitres qui sont, « Méthodologie », pour le premier chapitre et « problématique »,
pour le deuxième chapitre. Ensuite nous abordons la troisième partie intitulée : « Enquête et
construction du modèle d’analyse », qui compte deux chapitres respectivement intitulés : « les
enquêtes exploratoires », et la « présentation du corpus ».

Enfin dans la quatrième partie intitulée « Analyse du corpus », qui comprend deux
chapitres à savoir, « Etude énonciative dans le discours d’Emile Doumba », et le deuxième
chapitre intitulé : « la subjectivité dans le discours d’Emile Doumba ».
Première partie : description du paysage générale Gabonais
Chapitre I : présentation du cadre physique et sociolinguistique du Gabon

Dans cette partie nous allons nous atteler à donner une description du paysage générale
Gabonais. Il s’agit ici de présenter de manière succincte les cadres : géographique,
démographique et sociolinguistique.

1.1 Présentation du cadre géographique du Gabon

Avec une superficie de 267.670 kilomètres carrés, le Gabon est un pays de situé en
Afrique centrale, traversé par l’équateur, frontalier a lest, au sud-est et au sud de la république
du Congo, au nord-ouest par la guinée Equatoriale au Nord par le Cameroun. C’est un pays
forestier ou la faune et la flore sont encore bien conservées et protégées dans treize parcs
nationaux dont les parcs nationaux de la Lopé et d’Ivindo, inscrits au patrimoine mondial de
L’UNESCO. D’importantes ressources forestières et un pétrole abondant ont permis au
Gabon d’être l’un des pays les plus prospères d’Afrique.

Le climat du Gabon est de type équatorial, chaud et humide, avec une alternance de
saisons sèches et de saisons de pluies au cours d’une année. Les températures moyennes sont
comprises entre vingt et un degré Celsius au sud-ouest du pays ; notamment à Port-Gentil,
Lambaréné, Mouila, Tchibanga et Mayumba ; et vingt et sept degré Celsius sur la côte et à
l’intérieur du pays. Les extrêmes vont de dix et huit degré Celsius à trente et six degré
Celsius.

On distingue trois types de relief dont : les plaintes côtières qui sont larges de vingt à trois
cent kilomètres à l’ouest du pays ; les plaines et les dépressions ; les deltas maritimes intérieur
de l’Ogooué. Ensuite il y a les massifs montagneux qui comprennent les monts de cristal au
nord-est de Libreville, le massif du chaillu au centre et le massif du Mayombe qui s’étend sur
huit cent kilomètres parallèlement à la cote de l’Atlantique. Enfin il y a les plateaux et
collines. Le plus grand ensemble de plateaux est localisé au nord-est, au Wolew Ntem et
Ogooué Ivindo, on retrouve les plateaux Batéké à l’est de la province du Haut Ogooué,
présentant un paysage de savane en milieu de foret. Le Gabon possède ainsi le plus fort taux
de de superficie forestière par habitant en Afrique.

1.1.2 Présentation du cadre démographique du Gabon


La définition de la population englobe tous les résidents indépendamment de leur statut
légal ou de leur citoyenneté, a l’exception des réfugiés qui ne sont pas établis en permanence
dans leur pays d’adoption autrement la démographie désigne l’ensemble des habitants vivant
dans un pays, une région, une ville, un lieu bien déterminé.

Le Gabon fait partie de l’aire de sous peuplement d’Afrique centrale, avec une densité de
5,5 habitants par kilomètre carré et une fécondité plus ou moins égale à la moyenne. Le
paradoxe de ce pays peu peuplé avec une population 2.278.829 habitants est que la moitié de
sa population vit dans les deux grandes villes du Gabon, qui sont Libreville et Port Gentil, ce
qui donne au Gabon l’un des plus forts taux d’urbanisation de l’Afrique avec une
concentration de peuplement élevée. En comparaison à l’extérieur du pays, la densité hors
agglomération est similaire à celles de pays désertiques sahariens ; inferieur à deux habitants
par kilomètre carré.

Présentation de la végétation

Couvert à plus de 85% par la forêt, le Gabon possède le plus fort taux de superficie
forestière par habitant en Afrique ; ce qui permet d’entretenir une faune et une flore
remarquables. Un grand nombre d’espèces animales et végétales sont protégées. La
biodiversité gabonaise est sans doute l’une des plus élevées de la planète avec sept cent (700)
espèces d’oiseaux, quatre-vingt-dix-huit « 98 » espèces d’amphibiens, entre 95 et 160 espèces
de reptiles, près de dix milles (10000) espèces de plantes, plus de quatre cent (400) essences
forestières et cent quatre-vingt-dix-huit (198) espèces différentes de mammifères. On y
trouve de nombreuses espèces animales rares tels que le pangolin, le picatharte etc.

Le Gabon est une des réserves de faunes les plus variées et les plus importantes
d’Afrique : c’est un important refuge pour les chimpanzés et les gorilles. Il abrite aussi plus de
la moitié de la population des éléphants de forets d’Afrique.

1.1.3 Sociolinguistique du Gabon

Le Gabon est un pays multilingue comme la plupart des pays africains. Ce multilinguisme
résulte de la présence des langues endogènes ou langues nationales d’une part, et des langues
étrangères ou exogènes d’autres part. On compte soixante et deux parlers nationaux selon la
classification de Kwenzi Mickala en 2009. Les langues exogènes ou langues étrangères qui
sont parlées par les différentes communautés d’immigrants venants d’autres pays du monde
entier.

Dans le paysage sociolinguistique gabonais, la langue française jouit d’un statut


particulier et assume plusieurs fonctions liées à ce statut, car à côté de ces langues endogènes
et exogènes se trouve le français. En effet le français est la langue officielle du Gabon comme
nous le montre l’article 2 de la constitution gabonaise du 23 juillet 1995 qui stipule que « la
république Gabonaise adopte le français comme langue officielle ». De ce fait, le français est
la langue de l’enseignement, de l’éducation, de la justice, de l’administration, de la religion,
du travail, des médias écrits et oraux, etc. il joue un rôle d’unification pour le pays, on évalue
à 80% la population du pays qui est capable de s’exprimer en français. Il s’agit ainsi de la plus
forte proportion de population du pays du continent Africain. Selon l’organisation
internationale de la francophonie, en 2010, 99% des habitants de Libreville savent lire, écrire,
et parler français. De ce fait, tous les discours qui sont destinés au public gabonais sont
produits en français ; comme c’est le cas des discours d’Emile Doumba qui fait l’objet de
notre étude.

1.2 : situation politique Gabon

Dans ce chapitre, il s’agit de décrire le paysage politique du Gabon en évoquant les


points qui concernent : l’indépendance, les pouvoirs qui régulent son fonctionnement,
l’avènement de la démocratie et le rôle et pour conclure cette partie, nous allons nous
intéresser au rôle et à l’enjeu de la communication dans un ministère.

1.2.1 l’indépendance du Gabon

L’indépendance d’un pays correspond à l’acquisition de son autonomie,


essentiellement dans le domaine politique, ainsi que dans le fait de ne pas être soumise à une
autre puissance. Elle dispose de son propre gouvernement et se dirige elle-même.

De la traite des noirs à la colonisation française, le Gabon est passé par plusieurs
étapes avant de connaitre son indépendance. En 1942 le Gabon est découvert par les navires
portugais. Le pays suscite aussi l’intérêt des marin Français, danois et britanniques qui visitent
régulièrement la cote pour marchander avec les tribus locales l’ivoire, les espèces de bois
précieux et les esclaves.
En 1849 la capitale de Libreville est fondée par les esclaves affranchis par les français.
En 1886, le gouvernement français nomme un gouverneur au Gabon et le pays devient ainsi
une colonie française. En 1911, la partie nord du nord est occupé par l’Allemagne.

De 1940 à 1946, le Gabon est d’abord subordonné au gouvernement de Vichy ; puis il


devient un territoire d’outre-mer de la France. A cette époque Leon Mba, le maire de
Libreville fonde le premier parti politique, le mouvement gabonais mixte (MMG9), qui est le
bras local du rassemblement Démocratique Africain (RDA). En réponse, son adversaire
politique et membre du parlement français ; Jean Hilaire Obame met en place sa propre
organisation, l’Union Démocratique Gabonaise (UDSG).

Apres ce long cheminement le 17 aout 1960 est déclarée l’indépendance du Gabon et


six mois plus tard, Léon Mba est élu chef de l’État.

Au début Léon Mba organise un gouvernement de coalition en nommant Jean Hilaire


Obame ministre des affaires étrangères. Mais les relations tendues entre les deux hommes
conduisent à la dissolution de l’assemblé nationale et à l’annonce de nouvelles élections.
Avant l’élection, Léon Mba est renversé par un coup d’Etat militaire, et Obame est invité à
l’organisation d’un gouvernement intérimaire. Peu de temps après, Léon Mba revient au
pouvoir.

Apres la mort de Léon Mba en octobre 1967. Albert Bernard Bongo devient le
nouveau président. En mars de l’année suivante il introduit dans le pays un système de partie
unique (PDG) Parti Démocratique Gabonais avant d’introduire le multipartisme en 1989.
Suite à la disparition d’Omar Bongo Ondimba en 2009, Ali Bongo Ondimba son fils devient
le président de la république, fonction qu’il occupe jusqu’à ce jour.

1.2.3 la séparation des pouvoirs

C’est au XVIIème siècle que l’expression séparation de pouvoirs est formulé par John
Locke et va être reprise par Montesquieu en France au siècle suivant où il distingue
concrètement les trois pouvoirs à séparer ; notamment le pouvoir législatif (légiférer), le
pouvoir exécutif, (exécute les lois et organise la gestion de l’État) et le pouvoir judiciaire
(rendre la justice au nom du peuple).

Au Gabon, c’est à la fin de l’ère du monopartisme entre 1990 et 1991, que les
prémices de la séparation des pouvoirs se mettent en place. D’ailleurs, ce principe de
séparation des pouvoirs a valeur constitutionnelle puisqu’il est consacré par l’article 16 de la
déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1989 aux termes duquel : « toute société
dans laquelle la garantie des droits de l’homme n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs
déterminée, na point de constitution ». Classiquement la séparation des pouvoirs est conçue
comme « la première condition d’un gouvernement libre », article 9 de la constitution de
1848.

Le Gabon est une république à régime semi-présidentiel oule président de la


république est le chef de l’État ; il veille au respect de la constitution ; il assure le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. Il détermine, en
concertation avec le gouvernement la politique de la nation et le premier ministre est le chef
du gouvernement selon la constitution de la République Gabonaise ; loi n 3/91 du 26 mars
1991.

Le président de la république est le détenteur suprême du pouvoir exécutif qu’il


partage avec le premier ministre. Il dirige son action ; assure l’exécution des lois. Sont
éligibles à la présidence de la république tous les gabonais des deux sexes jouissant de leurs
droits civiles et politiques, âgé de quarante ans au moins et résidant au Gabon depuis douze
mois au moins. Il est élu pour une durée de sept ans, au suffrage universel direct. Il est
rééligible. Le pouvoir législatif est partagé entre les deux chambres du parlement : l’Assemblé
Nationale et le Senat. Les membres de l’Assemblé Nationale portent le titre de Député. Ils
sont élus pour une durée de cinq ans au suffrage universel direct. Les membres du Sénat
portent le titre de Sénateur. Ils sont élus pour une durée de cinq ans au suffrage universel
indirect. Ils doivent être âgés de quarante ans au moins. Le Senat assure la représentation des
collectivités locales. Le parlement vote la loi, consent l’impôt, et contrôle l’action du pouvoir
exécutif dans les conditions prévues par la constitution.

Le pouvoir judiciaire représente la justice qui est rendue au nom du peuple gabonais
par la cour constitutionnelle, les juridictions de l’ordre judiciaire, les juridictions de l’ordre
administratifs, les juridictions de l’ordre financier, la haute cour de justice et les autres
juridictions d’exception. Le président de la république est le garant de l’indépendance du
pouvoir judiciaire, dans le respect des dispositions de la constitution Gabonaise dans son
article 68 du 12 janvier 2011.

L’autorité judiciaire est exercée par le conseil supérieur de la magistrature suprême qui
veille à la bonne administration de la justice et statue de ce fait sur les nominations, les
affectations, l’avancement et la disciplines des Magistrats comme le stipule l’article 70 du 12
janvier 2011.

Le conseil supérieur de la magistrature est présidé par le président de président de la


république. La première vice-présidente du conseil supérieur de la magistrature est assurée par
le ministre de la justice et des sceaux. Le parlement quanta lui est représenté par trois Députés
et deux Sénateurs désignés par le président de chaque chambre, avec voix consultative, tout
comme le Ministre chargé du budget assiste au conseil supérieur de la Magistrature avec voix
consultative. La composition, l’organisation et le fonctionnement du conseil supérieur de la
Magistrature sont fixés par une loi organique.

1.2.4 l’avènement de la démocratie

La démocratie est une notion qui désigne un régime politique, un système de


gouvernement dans lequel le peuple exerce la souveraineté, le pouvoir en prenant part aux
décisions. La question de la représentation est au cœur des débats, c’est un principe exigé par
les citoyens. La démocratie représentative consiste en la délégation des pouvoirs politique et
de la direction de la nation aux élus.

Le Gabon à l’instar de certains autres Etats d’Afrique a amorcé son processus


démocratique en 1990. Cette nouvelle étape politique qui enchante le cœur du peuple est à
l’origine de l’organisation d’une conférence nationale au mois de mars 1990, suivie de
l’organisation d’une table ronde ayant pour thème : « le projet politique de la refondation de
l’État du Gabon : opportunité et enjeux).

Le nouvel environnement politique issu de la démocratisation de la société, de la


séparation de l’État et du politique une reconfiguration des institutions déjà existante et la
mise en place d’autres institutions capables de contribuer au débat démocratique, à l’arbitrage
des conflits politiques internes et à l’apaisement du climat sociopolitique national.

Dans le but de préserver l’État et la société en dehors de tout conflit politique, l’État va
créer certains outils institutionnels de médiatisation, justifiant ainsi son intérêt pour la
préservation de la paix. Outre la présidence de la république, l’institution militaire et
l’assemblé nationale dont l’existence datent bien avant 1990, il y a eu la création du Senat.
Toujours dans l’esprit de médiation et de pacification des différents acteurs politiques
nationaux, en 1992, a été mis en place le Conseil national de la communication garant de la
liberté de la presse. Un an plus tard, c’est à dire en 1993, le Conseil économique et social a vu
le jour. Il a pour rôle de faire de faire le lien entre le peuple et l’État.

C’est ainsi que dans le même élan politique en 1996, a été créé la Commission
nationale des droits de l’homme et le Conseil national de la démocratie. La mission de cette
institution est d’élaborer un cadre de bonne conduite à l’usage des acteurs de la vie politique
nationale, ensuite d’assurer la médiation entre les conflits opposant les partis politiques et
l’administration des partis politiques entres eux.

Prenant en compte les nouvelles exigences politiques issues de la démocratie, le projet


de la refondation de l’État a exigé à ce que Larmée, autrefois actrice du Parti Démocratique
Gabonais (P.D.G) renonce à son engagement et à son attachement partisan pour se mettre à
l’écoute et au service de l’Etat employeur. Dans ce sens, la Garde Présidentielle prise sous le
décret n°71/PR du 4 Juin 1970 est réhabilitée et rebaptisée Garde Républicaine sous le décret
n°003/9603/96 du 6 Mars 1996.

1.3 La politique étrangère

Le Gabon appartient à la zone Franc de ma Communauté Economique et Monétaire


d’Afrique centrale (CEMAC) et à la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale
(CEEAC), dont Libreville accueille le siège. Il est membre de l’Organisation de coopération
islamique (OCI), et de la Commission des Forets d’Afrique Centrale (COMIFAC).

Sur la scène internationale, le gabons est engagé sur des questions environnementales
et climatiques. Le Gabon est le premier pays africain à avoir livré sa contribution à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre ; il a favorisé la conclusion de l’accord de paris
en décembre 2015, en coordonnant avec l’Allemagne, à la demande de la présidence française
les négociations sur les financements et les transferts de technologies en 2019.

En septembre 2019, le Gabon est également le premier pays africain récompensé par
l’initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI) pour la lutte cotre la déforestation depuis
janvier 2020, le Gabon assure la présence du groupe des négociateurs africains pour le climat.

Il fait parti des pays signataires depuis l’accord du Cotonou. Depuis la revue à mi-
parcours du Fond européens de développement (FED), le programme indicatif nationale du
Gabon prévoit une aide de six millions d’Euros. L’union européenne a déployé dans le pays
une mission d’observation électorale lors du scrutin présidentiel de 2016.les échanges entre
l’Union européenne et le Gabon se poursuivent dans le cadre du dialogue régulier. En février
2021 les deux partis ont signé le renouvellement et la transformation du protocole de l’Accord
de partenariat dans le secteur de la pêche (APPD), dans le cadre du développement et de la
transformation du secteur halieutique du Gabon.

Classé par les institutions internationales comme un pays à revenu intermédiaire de la


tranche supérieure, le Gabon présente une économie de rente peu diversifiée fondée sur
l’exploitation des matières premières. L’activité pétrolière représentait jusqu’en 2014, 40% du
PIB et plus de 85% des recettes d’exportation. Encore aujourd’hui, le secteur pétrolier est
celui qui conditionne la dynamique de la croissance gabonaise, soit plus de 3% du PIB en
2019, portée par une augmentation de la production pétrolière de 17%. Les trois principaux
producteurs sont Perenco, Total et Shell.

1.4 rôle et enjeu de la communication dans un ministère

Le terme ministère désigne l’ensemble des services de l’Etat placés sous la


responsabilité d’un ministre ; il s’occupe d’un ou de plusieurs domaines. Chaque ministère est
dirigé par un ministre, qui dispose d’un pouvoir hiérarchique sur ses services et leur indique
des instructions par des notes, directives ou circulaires. Il n’a pas de pouvoir réglementaire,
car ce pouvoir est réservé au président de la république. Il exerce seulement son pouvoir en
tant que chef de service pour organiser son département ou pour contresigner des actes du
chef de l’Etat et du premier ministre dont il doit assurer l’exécution. Les décrets d’attribution
pris après la formation du gouvernement par le premier ministre déterminent les domaines
d’intervention de chaque ministère.

Du point de vue administratif, le ministère est la structure fondamentale


d’encadrement et de répartition des services publics, au niveau de l’administration centrale.
Chaque ministre se trouve placé à la tête d’un département et constitue aussi une autorité
administrative. Dès lors, quel est le rôle et l’enjeu de la communication dans un
ministère ?

La communication est l’action de communiquer, de transmettre des informations ou


des connaissances à quelqu’un à travers un canal. C’est l’ensemble des interactions avec
autrui. En sociologie et en linguistique, la communication est l’ensemble des phénomènes qui
peuvent intervenir lorsqu’un individu transmet une information à un ou à plusieurs individus à
l’aide du langage articulé ou d’autres codes comme la voix, la gestuelle etc. Bourdieu nous dit
à ce propos que la communication est un jeu de social et un enjeu de société.

La communication dans un ministère va au-delà de la simple transmission


d’informations. Elle peut être interne ou externe. Elle est un levier essentiel de la cohésion et
de motivation dont le ministère doit se saisir. C’est l’ensemble des comportements attendus
par les collaborateurs au sein du ministère. Chaque ministre en tant que membre du collectif
du gouvernement, est en effet responsable de la communication de son ministère.

Cette communication peut être interne ou externe. Son rôle principal de légitimer
l’action du ministère, informer la population car il y a un devoir de rendre compte des actions,
des reformes et des intentions du ministère auprès des citoyens.

1.4.1 Le rôle de la communication interne

De manière plus spécifique, la communication interne au sein d’un ministère est


l’ensemble des procédés de transmission des informations entre les collaborateurs au sein du
ministère. Le public ciblé est interne au ministère, il peut s’agir d’une directive ou d’un
courrier interne dont la fonction est administrative. Cette communication peut avoir deux
formes qui sont : la communication horizontale et la communication verticale, elle a deux
objectifs principaux : informer et inciter le personnel ministériel à adhérer aux valeurs
politiques organisationnelle véhiculées par le ministère et exercer une influence. Elle doit être
sincère et ne pas se fonder sur la seule communication extérieure, qui sert à la publicité. Elle
permet également de soutenir les collaborateurs et de les rendre plus engagés.

La communication horizontale au sein d’un ministère permet aux différents


collaborateurs d’échanger et de partager les compétences et les points de vue au-delà de toute
hiérarchie. C’est une communication dynamique qui contribue à la consolidation d’un
véritable esprit d’équipe, les collaborateurs associent leurs compétences au service d’une plus
grande efficacité. Ainsi, chaque collaborateur a le sentiment d’être un acteur qui participe à la
réussite du fonctionnement du ministère au mémé titre que ses collaborateurs. Cette
communication est participante, elle transforme les instances de sa structure en dynamique
complémentaire et coopérante.

La communication verticale peut être : descendante ou ascendante. La


communication descendante a lieu lorsque l’information (règlement en vigueur, nouvelles
mesures…) descend et franchit différents échelons de l’organisation ministérielle, partant du
sommet de la hiérarchie (le ministre) vers la base opérationnelle (les collaborateurs, les âges).
Elle est émettrice, utilitaire et impérative car elle dicte l’ensemble ses actions susceptible
d’être développées par les différents collaborateurs du ministère. La consigne qu’un supérieur
donne à un subordonné, constitue une information d’autorité et d’influence.

La communication au sein d’un ministère est dite ascendante ou asymétrique lorsque


le retour de l’information monte du récepteur vers l’émetteur, c’est à dire lorsqu’elle va des
collaborateurs vers le supérieur hiérarchique : le ministre. Il s’agit pour la hiérarchie,
d’écouter les salariés ; de prendre la mesure de leurs difficultés et de leurs opinions et
sensations. Cette communication dite ascendante instaure un meilleur climat de confiance
entre le ministre et ses collaborateurs, ce qui rend ces derniers plus performants, car se sentant
écoutés, compris et encouragés. Cette communication est donc circulaire car est le résultat de
la réaction des collaborateurs vers le ministre, suite à l’information qu’ils ont reçu de dernier.

Le ministère en tant qu’organisation démocratique impose une interaction entre les


deux partenaires : le ministère doit rendre compte de ses actions et doit informer le peuple de
tout changement. Ainsi, la communication au sein du ministère a pour rôle de légitimer la
démocratie représentative et de respecter les programmes et promesses présentés lors des
campagnes électorales, en tant qu’une organisation démocratique gouvernementale : elle doit
favoriser la circulation de tous types de messages au sein du ministère par la circulation
d’information entre les collaborateurs de services différents pour les permettre d’être plus
efficaces et créatifs ; mettre en relation les collaborateurs pour susciter un sentiment
d’appartenance créant ainsi une dynamique collective qui les rend plus productifs ; empêcher
les incompréhensions et frustrations individuelles parfois causées par les identités
ethnoculturelles des uns et des autres.

1.4.2 le rôle de la communication externe

La communication externe regroupe l’ensemble des actions mises en œuvre par un


ministère pour s’adresser à son public afin de construire une bonne visibilité à l’entreprise
auprès d’un public cible, tout en mettant en place une véritable opération de relations
publiques, susceptibles de se construire une vraie identité : une image qui rend crédible. Pour
y parvenir, le ministère use selon les contextes et les objectifs, de documents écris, de
communiqué à la radio, d’information par la presse écrite et à la télévision ou par des actions
sociales : parrainage, création de soutiens de fondations et d’institutions de recherches, dons
aux plus nécessiteux…

Toutes ces opérations à travers lesquelles le ministère projette une image favorable de
son administration à travers les projets qu’il propose, les actions dont il rend compte et les
actions sociales qu’il pose, sont représentatives d’une communication qui a pour but de
construire une image positive de son institution.

Intéressons-nous maintenant aux enjeux de la communication dans un ministère. Par


définition, l’enjeu représente ce que chaque acteur de la communication cherche à gagner
dans une situation de communication.

1.4.3 Enjeux de la communication interne

L’enjeu informatif : qui est le fait que lors de la communication interne, les
collaborateurs du ministère cherchent seulement à transmettre une information.

L’enjeu identitaire : c’est le fait que chaque collaborateur du ministère lors d’une
situation de communication exprime son identité

L’enjeu normatif : lorsque les collaborateurs d’un ministère proposent un ensemble de


normes, de règles qui soutiennent les échanges où chacun tente de montrer une image
crédible.

Enjeu d’influence : c’est lorsque dans une situation de communication les


collaborateurs essaient de persuader les autres d’adopter leur point de vue et de changer leurs
idées ou leurs agissements afin de se donner de la visibilité.

L’enjeu relationnel : c’est lorsque les collaborateurs tentent de créer ou de consolider


leur relation dans une situation de communication pour montrer une image fiable.

1.4.4 Enjeu de la communication externe

L’enjeu majeur de la communication externe est de montrer une image positive du


ministère ; de développer sa visibilité aux yeux d’un public cible.

Comme nous venons de le voir ; les enjeux sont différents selon qu’il s’agit de la
communication interne ou externe dans un ministre. La communication interne répond à une
logique des ressources humaines, alors que la communication externe repose davantage sur
une logique stratégique.

DEUXIEME PARTIE : méthodologie et problématique


Chapitre I : Méthodologie

L’approche méthodologique est une étape importante de la recherche scientifique qui


s’élabore en un ensemble de procédés, de techniques, de méthodes visant à opérer des choix
théoriques de références. Le choix d’une méthodologique est essentiel pour le chercheur. Il
permet de mieux structurer notre travail et de pouvoir l’analyser. Dans le cadre de notre étude,
nous allons adopter la démarche méthodologique proposée par Quivy et Van Campenhoudt
(2011) dans Manuel de recherche en sciences sociales. Pour ces auteurs, l’amorce d’un travail
de recherche répond à une démarche scientifique articulée sur trois actes : la rupture, la
construction et la constatation.

La rupture sert à rompre avec les préjuges et les fausses évidences qui nous donnent
seulement l’illusion de comprendre les choses. Elle est le premier acte constitutif de démarche
scientifique et se compose des trois étapes suivantes : la question de départ, l’exploration et la
problématique.

La question de départ permet dénoncer le sujet sous la forme d’une question de départ.
Par cette question, il s’agit d’exprimer le plus exactement possible ce qu’on cherche à savoir,
à élucider, à mieux comprendre. C’est le fil conducteur de la recherche. Pour remplir
correctement sa fonction, la question de départ doit présenter des qualités de clarté, de
faisabilité et de pertinence. Par la qualité de la clarté, la question doit être claire, précise,
concise et unique, par la qualité de faisabilité la question doit être réaliste, c’est à dire en
rapport avec les ressources personnelles et techniques que l’on peut considérer comme
nécessaires et sur lesquelles on peut raisonnablement compter, et par la qualité de pertinence,
il est question du registre auquel le sujet fait appel ou se réfère. La question de départ ne doit
pas avoir de connotation morale et elle ne doit pas chercher à porter un jugement mais à bien
expliquer le sujet.

A partir de l’exploration, Quivy et Van rappellent que tout travail de recherche


s’inscrit dans un continiuum et qu’il convient dès lors de situer son travail dans des cadres
conceptuels reconnus. Il s’agit pour le chercheur de dépasser les interprétations établies et de
proposer de nouvelles idées et pistes de réflexions, une approche pénétrante du sujet.

La qualité du questionnement dépend dans des lectures et de leurs qualités. Elles


devront être liées à la question de départ et doivent également porter sur les textes diversifiés
qui donnent et proposent des éléments d’analyse et d’interprétation, ingérés par des lectures
de deux ou trois livres pour éviter toute une indigestion informationnelle. Les auteurs
complètent cette approche en passant en vue les types de ressources bibliographiques et en
proposant une méthode de lecture (résumés de lecture, comparaison de textes) afin de
s’assurer de retirer de ces lectures le maximum d’idées pour la recherche. Dans un second
temps enfin, il est recommandé de ne pas oublier le contact avec le réel, par le biais de
contacts informels ou d’entretiens dument préparés.

La troisième étape qui est la problématique est définie par les deux auteurs comme
l’approche ou la perspective théorique que l’on décide d’adopter pour traiter le problème posé
par la question de départ. Ils suggèrent de procéder en trois temps.

D’abord faire le point : il s’agit de dresser l’inventaire des points de vue déjà doptés
par le sujet, de repérer les liens ou les oppositions entre ces points vue, puis de mettre en
évidence les cadres théoriques implicites ou explicites de chacun d’entre eux ;

Ensuite, se donner une problématique ou cadre théorique à la lumière de l’inventaire


qui vient d’être réalise. Le chercheur peut maintenant choisir son cadre théorique, soit en
l’empruntant chez l’un des auteurs lus, soit en proposant un nouveau. Dans l’un ou l’autre cas
cela devra être le plus en lien avec la question de départ et avec les informations tirées des
entretiens exploratoires. Ce cadre aura une double finalité : aider à reformuler et à préciser la
question de départ qui deviendra donc définitive, et donner un fondement aux hypothèses
permettant de répondre à la question de départ.

Enfin, expliciter cette problématique en reformulant soi-même cette problématique ou


cadre théorique pour la faire sienne. Le chercheur sera à lui-même de se construire un modèle
d’analyse.
La construction est le système conceptuel organisé auquel se réfère et se concrétise la
rupture. Il s’agit d’un travail rationnel fonde sur la logique et sur le système valablement
constitue qui permet au chercheur d’exprimer la logique qu’il suppose être à base du
phénomène. Elle est à partir de la problématique, constituée de la construction du model
d’analyse. Ce cadre peut s’élaborer de deux façons : soit en partant des hypothèses pour
aboutir aux concepts, ou en adoptant les concepts pour aboutir aux hypothèses.

La constatation permet à une proposition d’acquérir le statut scientifique à partir du


moment où cette proposition est vérifiée. C’est la mise à l’épreuve des faits. Elle se fait en
trois étapes l’observation, l’analyse des informations et les conclusions.

Les auteurs rappellent la double nécessité : celle de bien circonscrire son champ
d’observation dans le temps, dans l’espace géographique, dans l’espace sociale et celle de
définir la marge de manœuvre du chercheur dans quels délais, quels ressources propres, quels
contacts etc…

Ensuite ils s’attaquent au cœur du problème en donnant la définition de l’échantillon,


ensuite est abordé l’observation proprement dite, sous tous ses angles d’observation (directe
ou indirecte) et les trois classiques que sont la conception de l’instrument dissertation, le test
de cet instrument et la collecte des données.

Quivy et Van proposent quatre méthodes les plus appropriées de recueil des
informations et les critères pour faire un meilleur choix de ces méthodes : l’enquête par
questionnaire, l’entretien, l’observation directe et le recueil de données existantes.

La sixième étape qui est l’analyse des informations recueillis correspondant bien aux
hypothèses de départ. Il s’agit d’une analyse de données, l’analyse des relations entre les
variables, la comparaison des résultats observes avec les résultats attendus et interprétation
des écarts. Les deux principales méthodes d’analyse des informations sont l’analyse
statistique et l’analyse des données.

La septième et dernière étape porte sur la conclusion. A cette étape le chercheur doit
d’abord rappeler les grandes lignes de la démarche qu’il a emprunter : rappel de la question de
départ dans sa manière dans sa dernière formulation ; présentation des caractéristiques
principales du modèle d’analyse ; présentation des champs d’observation des méthodes mises
en œuvre et des observations effectues. Enfin, comparaison des résultats attendus par des
hypothèses et des résultats obtenus en rappelant les principales interprétations des écarts.
Ensuite dans un deuxième temps, il s’agit de présenter les nouveaux apports de
connaissances issus de la recherche menée, celle relative à l’objet d’analyses mais aussi des
nouvelles connaissances théoriques.

Enfin, ces conclusions pourront aborder des pistes d’action suggérées par les analystes.
Ces trois actes sont étroitement liés grâce à l’enchainement des sept différentes étapes à partir
desquelles les trois actes de la démarche scientifiques sont effectifs.

1.1 Contexte de l’étude

Le contexte d’étude nous permet de montrer les faits qui justifient le choix de notre sujet
de recherche. Dans le cadre ce travail, nous situons notre analyse dans le contexte
économique qui nous intéresse particulièrement, car il exerce une influence importante sur le
comportement des marchés et consommateurs gabonais.

Il s’agit de montrer l’environnement dans lequel se situe notre sujet. Ainsi, notre sujet
intitulé : « Analyse des productions discursives économiques d’un ministre : cas du
discours d’Emile Doumba », a été choisi dans un environnement socio ministériel Gabonais
précis.

Pour mieux appréhender notre sujet de recherche il sied de l’interroger. Bachelard affirme
que « toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, alors
il ne peut y avoir de connaissance de connaissances scientifique ». De ce fait, nous formulons
notre sujet de recherche sous la forme des questions suivantes : comment Emile Doumba
s’inscrit-il ou s’efface dans ses productions discursives en tant en que sujet ? quels sont
les procédés discursifs dont il a recours pour influencer ses allocutaires ?

Nous avons choisi de travailler sur les discours d’Emile Doumba, car en tant que ministre
et homme influent, il se distingue des locuteurs ordinaires par sa posture idéo économique, à
travers laquelle il fait pénétrer ses allocutaires dans son univers ministériel et celui de la
société civile à laquelle il appartient.

Le fondement de la démocratie répond à un certain nombre de principes parmi


lesquelles on compte la liberté d’expression. En effet, le discours est une forme de
communication traduisant bien la liberté d’expression et un outil indispensable pour la
légitimité de la communication et un indice révélateur qui reflète le comportement d’un sujet.
En tant ministre de l’économie, les discours d’Emile Doumba ont de la valeur et
intéressent les différentes couches sociales du pays qui éprouvent le devoir d’être au fil de
l’actualité des activités économiques de leur pays.

1.2 Les objectifs de l’étude

Les objectifs d’étude désignent un but à atteindre ou une finalité que l’on s’est fixé et qui
doit être réalisé. Visant la production d’un travail en analyse du discours, notamment sur le
discours d’un ministre, notre travail a pour objectif d’identifier et de décrire le
fonctionnement du discours d’Emile Doumba, en faisant une analyse énonciative et
subjective.

Cette analyse consiste à relever les marques que laisse ce dernier, à travers les indices qui
attestent de la manière dont il s’inscrit comme sujet dans ses productions discursive d’une
part, puis de décrire les procédures linguistiques énonciatives dont use ce dernier pour que ses
allocutaires adhèrent à ces propos, en repérant les traces formelles de sa présence, dans les
différents discours qu’il a produit dans sa fonction de ministre de l’économie.

1.3 Intérêt de l’étude

Ce travail a un intérêt académique et scientifique. A travers ce travail, nous apportons une


contribution dans le cadre de l’analyse du discours, notamment sur le discours d’un ministre.
Notre étude va servir de modèle d’étude pour les étudiants du département des sciences du
langage, qui pourront le consulter dans le cadre d’une recherche personnelle, ou dans le cadre
de la rédaction travail de recherche.

Il pourra servir de modèle et de piste d’analyse, laissant libre cours à ceux qui vont le
consulter, de pouvoir l’adapter et l’appliquer à d’autres travaux de recherche, car ce mémoire
reste un ouvrage dans la bibliothèque de notre département. Il reste aussi une œuvre
scientifique à part entière qui propose aussi la description du langage dans son
fonctionnement contextuel au même titre que la phonologie ou la syntaxe.

Ce travail est donc une œuvre scientifique qui répond également aux exigences
académiques de l’Université Omar Bongo (U.O.B), qui conditionne la fin du cycle Master par
la production d’un mémoire.
Chapitre II : Problématique

La problématique se définie comme la question principale qui se situe dans notre


recherche. Il s’agit du point central auquel nous voulons apporter des éléments de réponses.
Elle doit être objective. Quivy et Van nous disent à ce propos que la problématique doit être
claire ; concise et précise.

De ce fait nous avons formulé notre problématique sous la forme suivante : comment
Emile Doumba marque-t-il son engagement en tant que sujet dans ses productions
discursives ? autrement, à travers cette question nous voulons savoir quelles sont les marques
qui expriment l’engagement énonciatif d’Emile Doumba dans ses discours. Ainsi, notre
problématique est d’ordre énonciatif et nous conduit à interroger la situation d’énonciation
dans les discours de ce dernier pour identifier les marques qui témoignent de son inscription
en tant que sujet assumant ou non ses discours.

Pour répondre à cette question nous allons, nous allons aborder trois points essentiels à
savoir : la revue littéraire, l’état de la question, l’explicitation de la problématique, le cadre
théorique et les hypothèses. Toutes ces étapes nous permettent de situer au mieux notre travail
et de définir l’angle sous lequel nous pouvons l’aborder en ayant pris connaissance de
plusieurs travaux qui abordent des questions de l’analyse du discours.

2.1 La revue littéraire

La revue littéraire est la collecte d’informations dans un domaine ou sur un sujet


précis. Elle permet au chercheur de prendre connaissance des travaux et recherche déjà
effectuée à propos du sujet qui l’intéresse et ainsi d’établir les bases connues, afin de s’en
inspirer pour définir un cadre de recherche.

Charaudeau P, 2005 : Le discours politique. Les masques du pouvoir, Paris, Vuibert.

Cet ouvrage traite du discours politique du point de vue du langage en le présentant


comme une pratique sociale par laquelle les idées et les opinions sociales circulent dans un
espace public où se confrontent divers acteurs qui doivent respecter certaines règles du
dispositif de communication. Ce livre se divise en quatre parties.
Dans la première partie, voulant répondre à la question « qu’est-ce qu’un discours
politique ? », l’auteur pose une problématique axée sur le rapport existant entre langage,
action, pouvoir et vérité qu’il tente de résoudre dans les deux chapitres de cette partie. En
passant par une approche définitionnelle, il présente le discours politique comme une pratique
sociale qui marque le passage de la langue au discours, et qui est un espace de persuasion qui
légitime le faire politique et représente ainsi une sorte de contrat. Dans la seconde partie, il
décrit les enjeux et les stratégies communicatives, en présentant l’homme comme un être à la
fois individuel et collectif qui se distingue par ses choix individuels des normes de la langue.
La troisième partie elle, aborde « l’image des acteurs politique ». Pour l’auteur l’ethos est
constitutif de tout acte de langage, il peut être individuel ou collectif. Il met également
l’accent sur les procédés discursifs qui contribuent à fabriquer ces éthos. Enfin dans la
troisième partie intitulé « les imaginaires de vérités du discours politique », l’auteur aborde à
travers l’activité du langage, la façon dont la société détermine et classe les objets de
connaissances dans des domaines d’expérience. Il définit ainsi l’imaginaire social comme un
univers fondateur de l’identité du groupe et comme un imaginaire de vérité. Parmi les
principaux imaginaires de vérité l’auteur cite : les imaginaires de « la tradition », les
imaginaires de la « modernité », et les imaginaires de « la souveraineté populaire ». Au terme
de cette description Charaudeau propose une nouvelle réflexion permettant de contrer l’idée
due dégénérescence du discours politique et de proposer la recherche d’une nouvelle éthique.

A travers la lecture de cet ouvrage nous avons acquis des connaissances sur quelques
caractéristiques du discours politique, à savoir : la manipulation, le paraitre et la construction
de l’éthos pour convaincre.

Austin. J.L, 1970, Quand dire c’est faire, Paris, Seuil.

Dans cet ouvrage Austin transcrit une série de douze conférences qu’il a donné à
Harvard en 1995. Il s’agit pour l’auteur de comprendre le fonctionnement réel du langage en
partant de son usage courant en situation. Dans la première partie il estime qu’énoncer ce
n’est ni décrire ce que nous sommes en train de faire, ni affirmer que nous le faisons, c’est le
faire. Il appelle ce type de phrases : performatives ou énonciatives performatives. Il fait
ensuite remarquer dans la deuxième conférence que l’énonciation peut être malheureuse dans
la mesure où elle ne parvient pas à réaliser ce qu’elle est destinée à faire à cause des
circonstances inappropriées. Austin établit donc six règles auxquelles il faut se soumettre pour
la réalisation de l’acte. Dans la troisième conférence, il constate que sur les six règles qu’il a
établies, il y a une violation de quatre règles, ce qui conduit à ce qu’il va appeler « Echec ».
Ainsi, « Echec » désigne donc tout ce qui empêche la réalisation d’une énonciation. Dans la
quatrième conférence, il explique que les deux dernières règles auxquelles il faut se soumettre
pour l’accomplissement de l’acte sont celles qui entrainent la vérité ou la fausseté d’une
affirmation. Dans la cinquième conférence l’auteur réalise que les énonciation performative et
l’énonciation constative partagent les mêmes critères grammaticaux et lexicaux, il pose alors
la distinction selon laquelle, le performatif est heureux ou malheureux et le constatif est vrai
ou faux. Dans la sixième conférence il distingue le constatif implicite qui permet de décrire
l’acte et le constatif explicite qui le confirme. Dans la septième conférence, ne parvenant pas à
distinguer le constatif et le performatif, il s’intéresse donc à la portée significative qu’il y a
entre le dire et le faire. De la huitième à la dixième conférence il distingue trois sortes d’acte :
l’acte locutoire, l’acte illocutoire et l’acte perlocutoire. De la neuvième à la douzième
conférence, il fait une étude critique des actes d’illocution et propose de les classifier en
différentes valeurs illocutoires de cinq grandes classes : les verdictifs, les exercitifs, les
promissifs, les comportatifs et les expositifs.

L’étude de cette œuvre nous donne des outils théoriques qui peuvent nous permettre
d’identifier les actes de langage en présence dans notre corpus et de pouvoir les classifier
selon les valeurs illocutoires auxquelles ils correspondent.

Sonia BACHIRI 2018/2019, pragmatique Analyse du discours politique : cas du


dernier discours d’Emmanuel Macron précédant son élection présidentielle 2017, Université
Abderrahmane Mira.

Dans cette œuvre, l’auteure propose un exemple d’analyse pragmatique du discours


d’Emmanuel Macron, dans lequel elle relève quatre stratégies discursives dont use ce dernier
pour convaincre son auditoire. Pour l’auteure les stratégies discursives représentent les choix
langagiers auxquels a recours un locuteur dans une situation de communication. Ainsi, la
première stratégie qu’elle identifie c’est l’éthos discursif, qui permet à l’énonciateur de se
donner une image positive, celle d’un homme bienveillant, tolérant et crédible, pour gagner la
confiance de son auditoire. La deuxième stratégie c’est la stigmatisation qu’elle répertorie
dans le discours de Macron à travers l’emploi des termes péjoratifs tels que : nationaliste,
dangereux et anti-européen qu’il utilise pour discréditer le Front National aux yeux de
français. La troisième stratégie identifiée est la présupposition, à travers l’emploi du verbe
« tenir » et par des phrases ayant un sens posé et présupposé dans le but de persuader et
manipuler son auditoire en faisant passer certaines informations indirectement pour ne pas
heurter la sensibilité de son auditoire. La dernière stratégie que l’auteure identifie c’est la
promesse qu’elle identifie comme une manipulation de la part de Macron, nourrit par son
désir de maintenir le pouvoir sur le peuple, car à travers cette promesse, il peut efficacement
créer de l’espoir, de la confiance, ainsi que l’envie d’adhérer à son parti politique. Elle
présente la particularité du discours de ce dernier comme étant poétique et performatif.

L’intérêt de ce mémoire pour notre étude est l’apport des outils d’analyse pratique
permettant de saisir le comportement discursif d’un locuteur dans son discours.

Abdoullah. H, 2019, « l’image de soi dans le discours politique yéménite : cas du


discours du président de la république ».

Cet article nous propose l’étude de l’image de soi dans le discours politique yéménite
lors de la séance d’ouverture de la conférence du dialogue national qui s’est tenu à Sanaa en
2013. L’objectif de ce travail est de proposer une analyse de l’éthos discursif, en tenant
compte de l’impact que peut avoir l’éthos prédiscursif ou social dans la construction de
l’éthos discursif du président. L’article se divise en deux parties : une partie théorique et une
partie pratique. Dans la première partie, il aborde l’éthos et dans la seconde partie il fait une
analyse pratique de son corpus. Il distingue deux principales tendances de l’étude de l’éthos :
la première tendance qui vient d’Aristote mais a été développé plus tard par Chaïm Perlman
(1958), elle soutient que l’image de soi est un effet de discours qui ne doit pas prendre en
compte la conduite ou la réputation du sujet parlant avant sa prise de parole. La deuxième
tendance en analyse du discours avec Maingueneau, Ducrot, Ruth Amossy et Isocrate qui
considèrent que l’éthos est avant tout un résultat de l’identité sociale. Cette tendance porte un
intérêt aux éléments prédiscursif. Dans l’analyse du corpus, l’auteur relève diverses stratégies
langagières qui permettent au président de construire son ethos : la stratégie de dramatisation,
de l’autodésignation, et d’effacement énonciatif. Il utilise des termes d’adresse ayant une
valeur du déictique « vous », il présente un éthos religieux, de solidarité, d’égalité, de fidélité
de famille, de vertu, et de chef pour convaincre son auditoire. L’auteur relève un éthos
prédiscursif du président qui se manifeste par le fait que le locuteur dispose d’une double
autorité : individuelle et institutionnelle.
Cet article nous apporte des connaissances essentielles dans l’étude thorique et
pratique de l’éthos dans un discours, notamment sur l’analyse de l’éthos prédiscursif et de
l’éthos discursive dans un discours.

Maingueneau. D, 1994, l’énonciation en linguistique française, Paris, Hachette.

Cet ouvrage est un manuel d’initiation à la théorie de l’énonciation. L’auteur procède


par une approche explicative en choisissant pour fil conducteur les notions d’embrayeur et de
situation d énonciation. Dans la première partie il opère une distinction entre les « personnes
et les déictiques ». Il distingue les « personnes » renvoient aux pronoms personnels tels que
« je », « nous » et « vous », car ils réfèrent directement aux individus cités dans un énoncé.
Les « non personnes », eux, désignent les groupes nominaux et leurs substituts pronominaux.
Il établit également une distinction entre les déictiques spatiaux et les déictiques temporels.
Ensuite dans la seconde partie il aborde la question des temps de l’indicatif en opérant une
distinction entre le temps linguistique qui indique le moment de l’énonciation et le temps
extralinguistique qui marque le moment antérieur ou postérieur à l’énonciation. Enfin dans la
troisième partie, il fait référence au discours rapporté, particulièrement au discours direct qui
correspond à la préservation du discours cité à l’égard d’un discours citant et le discours
indirect renvoie à l’extraction de toute autonomie du discours cité et le subordonne à l’acte d
énonciation du discours citant. L’auteur évoque le fait que le discours rapporté s’intéresse
aussi à la problématique de la polyphonie qui est le fait de citer les propos d’un énonciateur
dans son énoncé en assumant la responsabilité.

Cet ouvrage est un support essentiel qui nous permet d’identifier et d’analyser les
différents aspects d’une énonciation dans un discours.

Mebiame Akono, P, 2008, « stratégies discursives et schématisation de soi dans une


production discursive d’Omar Bongo Ondimba », Gabonica 2, 148/ 167.

Dans ce travail l’auteur s’inscrit dans le paradigme de la linguistique parolière


héritière de F. de Saussure et de la linguistique parolière de C. Kerbrat Orecchioni lesquelles
estiment que le discours, en tant que mécanisme regroupant des unités sonores ou écrites
associées au sens, représente une réalité construite par un auteur. Aussi, le langage ne sert pas
uniquement à transmettre une information mais il est le lieu où se jouent plusieurs enjeux :
discursifs, relationnels et sociaux, puisque, parler induit dorénavant une pratique dans laquelle
les sujets parlants interagissent les uns sur les autres. L’auteur fait cette analyse dans l’objectif
de saisir l’inscription singularisant d’Omar Bongo Ondimba dans sa production discursive,
puis de décrire le processus de schématisation conduisant à la construction de son discours
prononcé à l’occasion de la commémoration de son quarantième anniversaire à la
magistrature suprême.

L’auteur présente quelques lieux d’inscription subjective dans le discours d’Omar


Bongo Ondimba, à travers l’utilisation que ce dernier fait des déictiques personnels pour voir
comment cette inscription du sujet dans ses productions énonciatives s’articule avec la
schématisation de soi et par l’affichage de soi par le discours et l’éthos.

2.2 Etat de la question

Plusieurs travaux de recherche en sciences du langage ont déjà porté sur l’analyse du
discours politique ; médiatique, gouvernementale, institutionnels…

Cependant, l’état de la question de notre étude va porter sur les questions qui sont liées
à notre problématique de recherche et à notre cadre théorique. Nous allons donc nous
intéresser à l’analyse des production discursives, notamment dans le cadre théorique de
l’analyse du discours en abordant la problématique de l’énonciation.

Ainsi, nous allons répertorier quelques ouvrages qui traitent des questions de l’analyse
du discours à la française, et de la problématique de l’énonciation dans son approche
descriptive, mais cette fois-ci, contrairement aux résumés que nous avons proposés dans la
revue littéraire, nous allons juste citer quelques travaux qui viennent en complément dans
notre travail pour renforcer nos connaissances sur la question que nous abordons, à savoir :

1. R. Amossy, 1999, « images de soi dans le discours. La construction de l’éthos,


Genève, Delachaux et Nietslé

2. Ban, D., 2005, « les marqueurs linguistiques de la présence de l’auteur »,


Harmattan
Charaudeau, P., et Maingueneau., 2002, « dictionnaire d’analyse du discours », Paris,
Seuil

3. Orecchioni, C., 1980, « l’énonciation de la subjectivité dans le langage », Paris,


Armand, Collin

Rabatel, A., 2004 « l’effacement énonciatif dans les discours représentés : effets
pragmatiques de sur et de sous énonciation », Langages, n°156, Paris, Larousse

4. Reboul, A., 2000, « communication expression, expression de la subjectivité »,


Langue Française
5. Maingueneau, D., 1981, « approche de l’énonciation en linguistique française »,
Paris, Hachette
6.

2.3 Les hypothèses

Le dictionnaire Larousse définit les hypothèses comme des propositions visant à fournir
une explication vraisemblable d’un ensemble de faits, et qui doit être soumise au contrôle de
l’expérience ou vérifiée dans ses conséquences. Elle est la réponse présumée à la question qui
oriente un travail d’enquête et elles structurent la recherche. De ce fait, les hypothèses qui
ressortent de notre sujet d’étude sont les suivantes :

1. Le locuteur en tant que chef de son ministère se pose-t-il comme sujet dans ses
production discursives ?

Réponse 1 : bien qu’étant le ministre en charge du ministère de l’économie, dès lors


qu’il prend la parole à travers ses productions discursives, il utilise la langue à son
compte, cela suppose déjà dune une certaine subjectivité, ce qui nous fait penser que
ce dernier assume ses discours en posant comme sujet parlant. Il peut toutefois choisir
de se positionner dans ses discours, tout comme il peut choisir de s’effacer.

2. Comment marque-t-il sa présence dans son discours ?


Réponse 2 : Toute prise de parole vise toujours un but à atteindre. Le positionnement
d’Emile Doumba en tant que sujet énonciateur dans son discours se révèle par
l’utilisation qu’il fait des marques énonciatives et subjectives, à travers les différentes
images qu’il se construit, par les déictiques personnels, les modalités et les stratégies
discursives.

Notre travail de recherche vise en effet, à infirmer ou confirmer ces différentes


hypothèses de travail, afin de tirer des conclusions sur le sujet de notre analyse des
productions discursives, ces réponses aux questions posées n’étant que provisoires, nous
allons tout au long de notre étude formuler des réponses définitives.

2.4 Explicitation de la problématique

Expliciter la problématique consiste pour nous à redéfinir l’objet de notre recherche et


à souligner l’aspect sous lequel nous choisissons d’inscrire notre analyse. La problématique
de l’énonciation est reliée à celle de la subjectivité dans le langage.

Elle met l’accent essentiellement sur la présence du locuteur dans la langue par l’étude
des différentes unités linguistiques à travers lesquelles il énonce sa position par rapport au
monde et par rapport à l’autre.

C’est dans cette optique que nous inscrivons notre sujet de recherche intitulé : «
Analyse des productions discursives économiques : cas du discours d’Emile Doumba »,
dans la problématique de l’énonciation.

Nous ne pouvons envisager de faire l’analyse des discours d’Emile Doumba, sans
prendre en compte l’étude de l’énonciation qui rend ces discours possibles, dès lors que la
langue se transforme en discours et s’organise lorsqu’un sujet prend la parole. De ce fait quel
est le positionnement énonciatif d’Emile Doumba sans ses discours ?

Benveniste nous dit à ce propos que « l’énonciation est cette mise en fonctionnement
de la langue par un acte individuel d’utilisation » (1974 :80). Il porte un intérêt particulier
aux marques linguistiques qui permettent de retracer un locuteur dans son discours. Il
privilégie le pôle de l’énonciation en s’intéressant à la relation qu’entretient le locuteur avec
la langue, en affirmant que « l’énonciation suppose la conversion individuelle de la langue en
discours » (1970 :12).

Cette assertion de l’auteur nous montre que la notion d’énonciation est liée à celle du
discours qui est l’usage spécifique de la langue par un sujet parlant. Maingueneau approuve
cette orientation de la langue vers le discours, ce qui nous renvoie à la notion de subjectivité.
Ainsi, nous envisageons aussi de rechercher dans notre corpus les marques subjectives sous
forme de traces linguistiques de l’activité énonciative, car la problématique de l’énonciation
est liée à celle de la subjectivité.

Dans notre étude nous allons nous intéresser à produire une analyse énonciative et
subjective des productions discursives d’Emile Doumba.

2.5 Cadre théorique

Le cadre théorique est la base sur laquelle repose toute recherche scientifique. Il
permet d’insérer notre recherche dans un cadre théorique spécifique et de maitriser les outils
conceptuels qui servent à mener une bonne étude.

Le choix définitif d’une perspective théorique est fondamental. De ce fait, nous


inscrivons notre recherche dans le cadre théorique de l’analyse du discours en adoptant une
approche énonciative.

2.6 Les concepts d’étude

La vise à présenter et à définir l’ensemble des concepts et notions centrales qui


conceptualisation seront exploités tout au long notre analyse. Ceci va permettre de donner
plus de fluidité à la lecture et à la compréhension de notre étude.

Le discours : selon Adam (1989) « un discours est un énoncé caractérisable certes par
des propriétés textuelles mais surtout comme acte de discours accompli dans une situation
participante, institutionnelle, lieu et temps »

L’énonciation : c’est le processus linguistique d’un individu dans une situation de


communication, où, ce dernier laisse des traces par lesquels on peut l’identifier. Benveniste et
Orecchioni nous disent à ce propos que l’énonciation est un ensemble de traces de l’activité
du sujet parlant dans l’énoncé.
L’étude de l’énonciation prend en compte les sujets de l’énonciation en rapport avec la
portion du temps chronologique où a lieu l’acte d énonciation et le lieu spécifique où se situe
les sujets parlants. Benveniste dit que « l’énonciation est cette en fonctionnement de la langue
par un acte individuel d’utilisation ». (1974 :80).

Faire une étude sur l’énonciation revient à mener une enquête sur le locuteur et
démontrer à travers les marques qu’il laisse dans son énonciation, s’il s’assume en tant que
sujet ou s’il essaie d’être objectif en gommant les marques qui peuvent justifier sa prise de
position dans ses productions discursives à travers.

Enoncé : désigne le contenu informationnel, c’est le dit, par opposition à l’énonciation


qui désigne l’acte de dire, il peut être comparé au produit fabriqué.

Troisième partie : Enquête et construction du modèle d’analyse


Chapitre 1 : les enquêtes exploratoires

L’enquête désigne l’étude d’une question au moyen des témoignages, des expériences et
des documents. C’est une investigation qui permet d’élucider le problème posé par le sujet de
recherche.

Ces enquêtes exploratoires s’accompagnent à la fois des lectures, des enquêtes


linguistiques et des enquêtes de terrain, qui postulent l’élaboration d’une problématique de
recherche en vue de découvrir les aspects du phénomène étudié auxquels n’aurait pas penser
le chercheur de manière spontanée et de compléter ainsi les pistes de travail mis en évidence
par les lectures exploratoires.

1.1 Enquête linguistique

L’enquête linguistique consiste à aller chercher des informations spécifiques à l’endroit


d’une communauté linguistique donnée, dépendant des informations auxquelles tente de
répondre le sujet. J. DUBOIS et al (2007 :182) disent à ce propos que « l’enquête linguistique
est la collecte d’information sur les productions d’une communauté linguistique ».

Dans le cadre de notre étude, nous avons collecter différents discours d’Emile Doumba
dans l’exercice de ses fonctions de ministre dans quelques ministères de l’économie.

1.2 Méthode de collecte de données


Comme l’énoncent Quivy et Van, les autres méthodes les plus appropriées pour le recueil
des informations et les critères pour faire un meilleur choix de ces méthodes sont : l’enquête
par questionnaire, l’entretien, l’observation et le recueil de données existantes.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons optés pour la méthode recueil de données
existantes sur la plateforme médiatique d’internet, car elle est celle qui correspond le mieux à
notre étude. Nous avons ensuite procédé au téléchargement de ces données par le canal d’un
ordinaire portable, puis nous les avons stockés dans une clé USB.

1.3 La pré enquête

La pré enquête comme son nom l’indique est une technique de préparation à l’enquête.
Elle consiste à repérer le lieu et le moment de l’enquête en prenant un premier contact avec
les informateurs. Dans le cadre de ce travail de recherche, nous n’avons eu recours à la prise
de contact avec des informateurs physiques. Nous avons plutôt repéré le site internet à partir
duquel nous pourrions établir le premier contact, afin de que nous puissions vérifier la
faisabilité de ne sujet d’étude.

Chapitre 2 : présentation et description du corpus

Le présent mémoire porte sur l’analyse des productions discursives économiques d’Emile
Doumba dans sa fonction de ministre dans quelques ministères de l’économie au Gabon à
partir du 21 avril 2005, au 25 novembre 2006. Notre corpus est un ensembles de documents
écrits, que nous avons recueilli sur le site internet :https://docplayer.fr. Il compte quatre (4)
discours.

2.1 Présentation du corpus

Les corpus sont des outils indispensables et précieux en linguistique et plus précisément
en analyse du discours. Ils permettent en effet d’extraire un ensemble d’informations utiles
pour l’analyse. Dun point de vue méthodologique ils apportent une objectivité nécessaire à la
validation scientifique, car on s’appuie sur les corpus pour formuler et vérifier des hypothèses.
Le premier corpus est un discours de cinq (5) pages qu’il a produit dans sa fonction de
ministre de l’Economie Forestière, des Eaux, de la Pêche chargé de l’environnement et de la
protection de la nature, à l’occasion de la treizième session de la commission durable, à New
York, le 21avril 2005.

Le deuxième corpus compte sept (7) pages. Il a produit ce discours dans sa fonction de
ministre de l’Economie Forestière des Eaux et de la Pêche et des parcs nationaux. A
l’occasion de la tenue de la troisième réunion du partenariat pour les forêts du bassin du
Congo, à Paris le 22 juin 2006.

Le troisième corpus compte treize (13) pages. Il a produit ce discours dans la même
fonction ministérielle que le corpus précédant. Ce corpus a été produit à l’occasion de la
sixième (6) session ordinaire du conseil des ministres de la commission des forêts d’Afrique
centrale, le 19 septembre 2006 à Malabo.

Le quatrième corpus compte cinq (5) pages. Il a été produit dans la même fonction
ministérielle que le corpus précédant, à l’occasion de la pose de la première pierre de l’usine
SUNLY INDUSTRIE à Lambaréné, le 25 novembre 2006.

2.2 Biographie d’Émile Doumba

Emile Doumba est né le 29 octobre 1944, c’est un homme politique gabonais. Apres avoir
dirigé la Banque Internationale pour le Commerce et l’industrie du Gabon (BICIG) en 1980, il
été nommé au gouvernement en tant que, Ministre de l’Economie, des Finances et de la
Privatisation de 1999 à 2022, puis ministre de l’économie Forestière de 2002 à 2009. Il a été
brièvement Ministre de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire de juin 2009 à juillet
2009, et Ministre de l’énergie et des ressources hydrauliques et des nouvelles Energies de
juillet 2009.

Considéré comme un technocrate compétent et respecté, il a été nommé Ministre des


finances pour résoudre une crise budgétaire causée par une baisse des recettes pétrolières et
des dépenses excessives. On pensait qu’il pouvait contribuer au refinancement de la dette
extérieure du Gabon. Bien que Doumba ait réussi cette lourde tâche, d’autres membres du
régime ont dépréciés sa confiance dans les mesures d’austérité (politiques de réduction des
dépenses pour réduire le déficit ou la dette publique), craignant que leurs propres intérêts
soient affectés.

Il a débuté sa carrière politique depuis 2021, lors des élections législatives décembre 2001,
où il a été élu à l’assemblé nationale en tant que candidat du parti démocratique gabonais
(PDG) dans la province de l’Ogooué lolo.

Quatrième partie : Analyse du corpus : étude énonciative


Introduction partielle

Cette partie se consacre à l’analyse du corpus recueilli, qui se compose de quatre


discours d’Emile Doumba dans sa fonction de ministre. Ces discours vont des années 2005 à
2007.

En effet, comme nous l’avons dit dans les chapitres précédents, notre analyse consiste
à faire relever les marques énonciatives qui indiquent l’engagement ou l’effacement du
locuteur dans ses productions discursives dans le but de répondre à notre problématique de
départ et notamment pour affirmer ou infirmer les hypothèses que nous avons formulés.

De plus, dans ce chapitre, nous allons consacrer notre analyse à faire ressortir les
indices qui réfèrent aux déictiques et aux marques de modalisation, puis nous allons faire
ressortir les différentes images qu’il se construit dans son discours. Pour bien mener notre
étude nous allons convoquer la théorie de l’énonciation.

Plusieurs auteurs abordent la théorie de l’énonciation, les plus emblématiques sont :


Benveniste, Maingueneau, Orecchioni.
Benveniste a développé la théorie de l’énonciation en France (1966/1974), en mettant
l’accent sur la présence de « l’homme dans la langue ». Il affirme que « l’énonciation suppose
la conversion individuelle de la langue en discours », (1974 :81). Le plus important pour
l’auteur c’est de déterminer le cadre formel de la réalisation de l’énonciation, dans lequel il
situe le locuteur comme premier paramètre nécessaire pour que s’opère cette transformation
de la langue en discours « après l’énonciation, la langue est effectuée en une instance de
discours ».

Cette réalisation individuelle est également perçue comme une « appropriation » de la


langue par le choix des différents indices qui vont permettre à l’homme de se poser comme
locuteur et de poser l’autre comme allocutaire, « en tant que réalisation individuelle,
l’énonciation peut se définir, par rapport à la langue comme procès d’appropriation ».

Pour finir, l’énonciation permet au locuteur de pouvoir exprimer sa vision du monde


en donnant des indices pour permettre à son allocutaire de faire une interprétation. Pour
Benveniste la particularité de chaque situation dénonciation réside dans ces éléments. Tout ce
qui indique la présence du sujet parlant dans son discours, allant des pronoms personnels, des
démonstratifs etc.

C’est de là qu’est né la théorie de l’énonciation : il s’agit de l’étude de toutes les marques de


la subjectivité.

Pour Maingueneau lui, il considère tout acte d énonciation comme un évènement


unique qui s’établit entre un énonciateur et un destinataire particulier dans une situation
particulière. Il réfère l’énonciation au domaine de la parole qui est un acte individuel, par
opposition qui est un système. Cependant il opère une « distinction entre chaque énonciation
individuelle et le phénomène, le schéma général de l’énonciation, invariant à travers la
multiplicité des actes dénonciation » (1981 :6).

C’est la description du fonctionnement de ces paramètres qui est l’objet de


l’énonciation. Il s’agit de savoir comment le système qu’est la langue est transformé par
l’individu en discours. A partir de ce moment le langage n’est plus considéré comme un
instrument neutre mais comme une activité qui permet au locuteur de se situer par rapport à
son allocutaire, au monde, à son énoncé et à celui des autres ; « ainsi le langage n’est pas un
simple intermédiaire s’effaçant devant les choses qu’il représente : il y a non seulement ce
qui est dit mais le fait de le dire, l’énonciation, qui se réfléchit dans la structure de
l’énoncé ».
Pour Orecchioni la problématique de l’énonciation se définit dans la recherche des
procédés linguistiques par lesquels le locuteur imprime sa marque à l’énoncé implicitement
ou explicitement et se situe par rapport à lui par les shifters, les modalisateurs, les termes
évaluatifs etc.

Elle propose de complexifier le schéma de communication de Jacobson par un


enrichissement du cadre énonciatif et de regrouper sous l’appellation d’univers du discours, et
à côté de la compétence linguistique , elle introduit aussi a compétence psychologique et
psychanalytique , ainsi que la compétence culturelle et idéologique, qui fait référence à
l’ensemble des savoirs que le sujet (émetteur ou récepteur) possède sur le monde et d’un autre
système d’interprétation et d’évaluation de univers révérenciel

Il s’agit ici de repérer les marques qui représentent les indices implicites ou explicites
qui relève de l’inscription de l’énonciateur dans son énoncé, de sa position par rapport à
l’objet de son discours.

Chapitre I : l’engagement énonciatif dans le discours d’Emile Doumba

L’engagement énonciatif désigne la prise en charge de l’énonciateur dans son discours,


qui se manifeste par les marques appelées : les indices ou les traces énonciatives, que l’on
considère comme une ensemble de déictiques, les marques de modalisation, les termes
évaluatifs, l’éthos, les stratégies discursives.

Dès lors, dans le dictionnaire d’analyse du discours, les indices d énonciations sont défini
comme « les unités linguistiques qui indiquent le renvoie de l’énoncé à son énonciation :
pronoms de la première et deuxième personne, désinences des verbes, adverbes de temps,
adjectifs affectifs… ». (Charaudeau et Maingueneau2002 :230).

C’est par le biais des indices ou marques énonciatifs que nous pouvons éventuellement
repérer le sujet parlant : Emile Doumba dans ses productions discursives. C’est par cela qu’il
imprime sa marque dans le discours, s’inscrit dans son message.
1.1 L’engagement par les embrayeurs

Maingueneau appréhende « l’embrayage comme un l’ensemble des opérations par


lesquelles un énoncé s’ancre dans la situation d énonciation et embrayeur ou déictique
désigne les éléments, qui, dans l’énoncé marquent cet embrayage ». (Maingueneau 2007 :85).

De ce fait, nous allons considérer la récurrence des déictiques comme les marques
distinctives qui désignent la présence effective du locuteur dans ses productions discursives.

1.1.1 Les déictiques personnels

Les pronoms personnels « je » et « nous » sont ceux qui expriment par excellence, la
présence du locuteur dans ses productions discursives. De ce fait, pour apporter des éléments
de réponses qui vont nous permettre d’infirmer ou de confirmer la première hypothèse de
notre recherche, qui suppose l’engagement ou l’inscription d’Emile Doumba dans ses
discours, nous allons procéder à l’identification des pronoms personnels en présence.

Le pronom personnel ‘’je ‘’dans le discours d’Emile Doumba

Forme 1 : « je » s’associe au verbe de modalisation ‘’vouloir’’

Enoncé 1 : « Je voudrais tout d’abord, au nom de la COMIFAC et au mien propre, remercier


S.E Ricardo MANGUE OBAMA NFUBEA, Premier Ministre de la République de Guinée
Equatoriale, de l’honneur qu’il a bien voulu nous faire en acceptant de présider
personnellement la cérémonie d’ouverture de cette 4 session ordinaire du conseil des
Ministres de notre institution ». Corpus 3

Forme 2 : « je » s’associe au verbe d’état ‘’rester’’

Enoncé 2 : « Je reste enfin reconnaissant à mon pays… pour les investissements consentis et
le soutien dont ils ont bien voulu me gratifier tout au long de la présidence gabonaise de la
COMIFAC ». Corpus3
Forme 3 : « je » s’associe à l’auxiliaire avoir et nom espoir

Enoncé 3 : « J’ai bon espoir que d’ici la fin de l’année 2006, les autres Etats membres, à
l’instar de mon pays où le processus est quasiment à son terme, auront ratifiés le Traités ».
Corpus 3

Forme 4 : « je » s’associe aux verbes de volition ‘’souhaiter’’

Enoncé 4 : « Je souhaiterais également souligner que les promoteurs prévoient de réaliser un


investissement de 4,3 milliards de FCFA dans le déroulage et le sciage et de créer 150
emplois ». Corpus3

Le ministre Emile Doumba fait osciller dans ses productions discursives énonciatives
quatre formes d’association du pronom « je ».

Dans le premier cas « je » est associé au modalisateur « vouloir », ce qui exprime que
le locuteur manifeste le désir d’accomplir une volonté : celle de « remercier » l’assistance en
tant que représentant la « COMIFAC ».

Ensuite, il renforce son ancrage dans ce discours par l’utilisation du déictique


personnel « je », par lequel il se montre individuellement et pas seulement en tant que
représentant de la « COMIFAC » en précisant que ses remerciements à l’endroit de ses
collaborateurs sont aussi faits en son nom propre.

Cela montre bien son engagement énonciatif, du fait qu’il assume son discours et parle
certes, au nom de la COMIFAC, mais encore plus, en son nom propre. L’association du
modalisateur ‘’vouloir’’ au dectique personnel « je » est le plus récurent dans les discours du
ministre, et notamment dans le corpus 3. Cela exprime bien la volonté manifeste que ce
dernier souhaite à tout prix être distinguer en tant que sujet dans ses productions discursives.

Dans le deuxième cas, l’inscription du locuteur se fait par l’association du déictique


personnel « je » au verbe d’état ‘’rester ‘’par lequel il exprime son état de reconnaissance à
l’endroit de son pays qui lui a « gratifier » durant son mandat à la tête du COMIFAC.
Troisièmement l’auteur imprime sa marque dans ses productions discursives par
l’association du déictique personnel « j’» et ‘’espoir’’. L’auxiliaire ‘’avoir’’ sert seulement
d’intermédiaire car il aide à la formation du passé composé.

Cet énoncé a la même valeur que ‘’j’espère’’, ce qui fait qu’on considère ces trois
associations comme une volition, par laquelle l’auteur souhaite que les « Etats membres du
COMIFAC » puissent « ratifier » le « Traité ».

Quatrièmement, Emile Doumba marque son engagement par l’association qu’il fait du
déictique personnel « je », au verbe de volition : ‘’souhaiter’’. En effet dans l’association du
déictique personnel « je », et du verbe ‘’souhaiter’’, le locuteur ressent le désir de partager
avec ses collaborateurs le plan d’investissement des promoteurs qui pourrait avoir un impact
positif sur le marché de l’emploi, car ce projet participerait à la création de « 150 emplois ».

Il fait également une association du pronom « je » avec le verbe ‘’encourager’’ pour


définir clairement sa position par rapport à ce projet, c’est à dire qu’il y adhère entièrement
car il sait que ce projet offrira « un maximum d’emplois qualifiés » aux « nationaux », en
plus de bénéficier de l’accompagnement du gouvernement.

Ces multiples occurrences du déictique personnel « je » expriment l’engagement du


locuteur à établir des projets d’intérêt générale, car il s’agit de préserver non seulement
l’écosystème de son pays mais aussi celui de toute l’Afrique centrale.

S’il est évident qu’Emile Doumba utilise à profusion le détecte « je » pour marquer sa
présence individuelle devant ses allocutaires, il n’en demeure pas moins qu’il use également
du déictique « nous », comme nous le montre la suite de l’analyse.

Le pronom ‘’ nous’’ dans le discours de Emile Doumba

Forme 1 : ‘’nous ‘’ s’associe aux personnes spécifiées dans le cotexte, ‘’je’’+ ‘’ils’’

Enoncé 1 : « Nous, Ministres d’Afrique centrale en charge des forêts et de l’environnement,


avons plaisir à vous échanger sur un enjeu qui nous mobilise tous depuis déjà quelques
années, à savoir : la conservation et la gestion durable des forêts d’Afrique Centrale ».
Corpus 2

Dans cette production discursive Emile Doumba s’exprime par l’usage du déictique
personnel « nous » qui représente d’une part un ‘’je’’ qui fait référence à lui-même et un
‘’ils’’ qui fait référence à d’autres interlocuteurs particuliers qui sont les autres ministres
comme le précise le cotexte.

Le passage de « je » à « nous », montre que le discours du locuteur ne lui incombe pas


tout en tant que sujet. En tant que président de la COMIFAC, il est également Co énonciateur
car à travers lui ce sont tous les ministres qui s’expriment. On quitte d’une présence
individuelle « je » : Emile, Doumba vers une présence collective « nous » : Emile Doumba et
les autres ministres.

Ce « nous » est exclusif car le locuteur convie explicitement des personnes appartenant
une catégorie socio professionnelle : les ministres. Il exclut d’autres catégories de personnes
qu’il appelle « vous ».

Emile Doumba fait cette distinction de classes professionnelles, car en tant que
représentant des ministres, il doit informer les autres classes socio professionnelles sur « un
enjeu » qui les mobilise sur la « conservation des forêts d’Afrique Centrale » dans le
ministère dont il a la charge.

Forme 2 : ‘’nous’ ’ qui se réfère à ‘’je’’ + ‘’vous’’

Enoncé 2 : « Nous devons pendant nos travaux prendre des mesures concrètes et réalistes,
assorties de délais précis ». Corpus 1

Enoncé 3 : « Nous savons tous que d’importants efforts financiers ont été réalisés par nos
partenaires ». Corpus 2

Dans ces deux énoncés le déictique « nous » est inclusif et fonctionne comme une
expression d’invitation à la solidarité à travers laquelle Emile Doumba convie ses
interlocuteurs, aussi bien les ministres, que des personnes appartenant à d’autres classes
socioprofessionnelles à prendre des « mesures » adéquates, et ce, dans les meilleurs délais.

Ce « nous » permet de montrer que la relation qui existe entre Emile Doumba et ses
allocutaires. Son point de vue est beaucoup plus marqué lorsqu’il dit « nous devons… prendre
des mesures concrètes ».

Il met en avant son engagement à travailler à ses collaborateurs, ses partenaires et avec
les autres allocuteurs présent au moment où il tient son discours. Ce « nous » du locuteur
suppose « je, vous », ce qui a pour effet de marquer sa présence comme un homme de
pouvoir qui montre la vie à suivre aux autres sans le but de mettre en place un plan
d’investissement ayant un intérêt général, c’est fort de cette réalité que cette rencontre que
lors cette rencontre, plusieurs classes socio-professionnelles ont été conviés.

Forme 3 : « nous » qui se réfère à un ‘’je’’

Enoncé 4 : « Au niveau international nous pensons que la mise en œuvre effective du plan
d’action de Doha, du consensus de Montery et du plan d’action de Johannesbourg permettrait
à nos pays de de relever le défi de développement pour parvenir au développement durable ».
Corpus 1

Dans cet énoncé, Emile Doumba s’inscrit dans son discours par l’emploi qu’il fait du
déictique personnel « nous » inclusif par lequel il s’auto-désigne pour dévoiler sa pensée à
l’ensemble de ses interlocuteurs. A travers ce « nous » il parle non seulement en son nom
mais aussi au nom de tous les ministres. Ce « nous » est équivaut à « je ».

C’est un « nous » de majesté par le Emile Doumba a une double présence : une
présence individuelle et une présence collective car il est à la fois le ministre et le
représentant des ministres.

L’engagement personnel qu’il prend en partageant sa pensée, laquelle adhère à un plan


de développement pour parvenir au développement durable, n’est plus de sa seule
responsabilité, cette responsabilité incombe désormais à tous les ministres, qui, par la voix
d’Emile Doumba viennent aussi d’adhérer à ce projet.

Le fait qu’il utilise le déictique « nous » qui marque une présence collective pour dire ,
ce qu’il pense personnellement peut être perçu comme une manipulation.

Déictiques spatiotemporels

Enoncé 2 : je voudrais également lui rappeler la grande disponibilité de Madame WAGARI,


prix Nobel de la paix, copté à Brazzaville pour nos chef d’Etat pour faire valoir nos idéaux à
l’échelle du monde.

Enoncé : 3 Je tiens enfin à saluer nos partenaires qui ont bien voulu s’associer à cette grande
Aventure de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique
centrale en rejoignant notre groupe lors de la dernière réunion plenière du PFCB tenue en
juin 2006 à Paris, à savoir : l’Italie, le mécanisme mondial, le secrétariat de la convention sur
la lutte contre la désertification et la SNV.

Enoncé 4 : aussi, au moment où le Gabon s’apprête à passer le flambeau à la Guinée


Equatoriale… pour l’aboutissement du plan du convergence. Corpus 3

Enoncé 5 : à Yaoundé en 1999 et à Brazzaville en 2005, nos chefs d’Etat ont très clairement
affiché… la gestion durable et responsable de nos écosystèmes. Corpus3

Les indicateurs temporels se répartissent en deux catégories : ceux qui circonscrivent un


évènement dans un cadrage temporel précis et ceux qui définissent un cadrage diffus. Dans
nos énoncés nous avons des dates fixes qui situe le discours

L’inscription d’Emile Doumba dans ses productions discursives se montrent aussi par
la présence des déictiques spatiotemporels qui nous permettent de le situer dans un temps et
un espace au moment où il tient ses discours. Comme nous le disent Maingueneau et
Charaudeau dans le Dictionnaire d’analyse du discours P : 159 : « les déictiques sont des
expressions qui renvoient à un référent dont l’identification est à opérer nécessairement au
moyen de l’entourage spatiotemporel de leur occurrence. La spécificité du sens indexicale
est de donner un référent par le truchement de ce contexte ».

Les déictiques spatiotemporels qui situent le locuteur dans son énonciation sont : « Gabon »,
« paris », « Yaoundé », « Brazzaville », « Paris ».

1.2 Les marques de modalisation

Ce sont les marques énonciatives qui manifestent l’attitude de l’annonciateur par rapport
à son dire. Selon deux auteurs (Maingueneau et Charaudeau 2002 :232), la modalisation
« définit la marque que le sujet ne cesse de donner à son énoncé ».

Dans le cadre de notre étude nous allons nous intéresser aux modalisations évaluatives
qui désignent le degré de certitude ou de véracité qu’Emile Doumba tient dans ses discours.
Ces modalités réfèrent à ce qu’Orecchioni appelle les valeurs axiologiques positive ou
négative de l’énonciateur, elle compte quatre types de modalisateurs : de vérité, de volonté,
de nécessité et enfin d’appréciation ou de bien axiologique. Dans la rhétorique elle
correspond au pathos.

En revanche, la modalité affective indique selon Charaudeau « à la fois une propriété de


l’objet ou de l’État de chose considéré et une réaction émotionnelle du sujet parlant ».
(Maingueneau et Charaudeau, 2002 : 382).

Modalité de vérité

Nous allons identifier les modalités de vérité dans les corpus d’Emile Doumba. Cela
revient à relever un ensemble d’indices énonciatifs qui vont nous permettre de démontrer le
doute ou la véracité de l’énonciateur, pour voir si ce dernier s’inscrit en tant sujet dans des
productions discursives à partir des modalisateurs de vérité en présence.

Enoncé 1 : Nous savons tous que d’importants efforts financiers ont été réalisés par nos
partenaires. Nos travaux nous permettent… pour le financement du gap éventuel.

Enoncé 2 : Le Gabon reconnait l’importance d’un cadre intergouvernemental de suivi… en


matière de transfert de technologie de pointe.

Dans ces deux énoncés, la modalité de vérité est exprimée par les verbes : savoir et
reconnaitre. A travers ces deux verbes représentant la modalité de vérité, Emile Doumba et
ses collaborateurs (nous) ont pleinement conscience des efforts auxquels ont consentis les
collaborateurs pour la réalisation des travaux dans le ministère dont il a la charge.

Aussi, il présente le Gabon comme un pays juste qui reconnait le bien-fondé d’une
collaboration intergouvernementale. Emile Doumba s’inscrit donc comme un homme
conscient et loyale.

Modalité de volonté

Enoncé 3 : Je ne saurais terminer mon propos sans renouveler mes remerciements …


Oh combien l’accueil chaleureux réservé aux différentes délégations.
Emile Doumba exprime sa volonté d’être agréable en utilisant un verbe « (savoir), et
un adverbe (remerciements), il présente ses hôtes comme des personnes chaleureuses qui
méritent bien qu’il leur témoigne en retour de la bienveillance.

Modalité de nécessité

Enoncé 4 : La mise en œuvre de ce plan requiert les ressources financières dont le montant est
estimé à 850 milliards de FCFA…, sur dix ans.

Les modalités de nécessité se caractérisent par un ensemble d’indices énonciatifs qui


expriment la volonté ou le souhait de l’énonciateur dans le discours.

Le locuteur informe à ces ses allocutaires de la nécessité d’un financement important


du plan de développement durable. En donnant cette information il veut attirer l’attention de
ses partenaires investisseurs afin qu’il débourse le montant au besoin.

Modalité d’appréciation ou de bien axiologique

Enoncé 5 : C’est pour moi un insigne honneur et un agréable devoir de vous


transmettre les félicitations et les encouragements… pour les forêts du bassin du Congo.

La modalité axiologique ou appréciative est un ensemble d’indices énonciatifs qui


expriment un jugement de valeurs ou un point de vue personnel positif ou négatif de l’auteur.

Dans ce passage Emile Doumba apprécie le travail fourni par ensemble de ses
collaborateurs, il se réjouit et il en est tellement honoré qu’il use d’une métaphore : « agréable
devoir », pour dire à quel point il se sent privilégié d’être la personne qui les encourage. Il
trouve ses allocutaires dignes et à la hauteur des compliments sui prononcent à leur endroit.

Ceci dit, les extraits de corpus présentés démontrent la présence constante des marques
de modalisation, aussi bien évaluatives dans les productions discursives d’Emile Doumba.
Son engagement comme la présence du « je » qui est très récurrente et la référence au lieu et
au temps dans lesquels se situe Emile Doumba au moment de ses productions discursives à
travers l’utilisation des déictiques spatiaux et temporels.

Il se présente également par des verbes exprimant la volonté : « je souhaite », la


nécessité : « requiert », de vérité : « savons », les adjectifs exprimant l’appréciation :
« chaleureux », « agréable », autant d’indices qui sont révélateurs de la positivité, de la
reconnaissance et du ministre.

1.3 Les temps verbaux comme marques d’engagement

Les verbes sont considérés comme les marques d énonciations désignant également
l’opinion de l’énonciateur. Ils se manifestent sous deux formes : une forme qui exprime
l’opinion évaluatif et l’autre forme qui exprime l’opinion affectif.

Les temps verbaux jouent un rôle très important dans l’engagement énonciatif,
notamment le présent, le l’imparfait et le passé composé de l’indicatif. Ces trois temps
verbaux sont représentés comme les temps par excellence du discours par opposition aux
temps du récit qui sont qui englobent généralement le mode conditionnel et le subjonctif.

Temps du présent de l’indicatif

Ces remerciements S’adressent également à toutes les délégations qui ont fait le
déplacement de Paris et rehaussent ainsi ces assises de leur présence.

Enoncé 6 : J’ai bon espoir que d’ici la fin de l’année 2006, les autres Etats membres,
à l’instar de mon pays où le processus est quasiment à son terme, auront ratifié le traité.

Enoncé 7 : Nous, Ministre d’Afrique centrale en charge des forêts et de


l’environnement avons plaisir à vous rencontrer une nouvelle fois pour échanger sur un enjeu
qui nous mobilise tous depuis déjà quelques années, à savoir : la conservation des forêts
d’Afrique.

Par l’usage récurrentiel du présent et du futur de l’indicatif ; Emile Doumba s’inscrit


bien dans ses productions discursives. Il s’assume dans ses discours en temps réel, au
moment précis où il prononce ses discours. Il présente ses projets actuels et utilisent le futur
car il se projette dans la réalisation des projets qu’il tient et qu’il aimerait voir aboutir.
Conclusion partielle

Plusieurs traces énonciatives dans les productions discursives d’Emile Doumba qui
marquent sa présence dans ses discours et le pose comme sujet dans ses productions
discursives. Nous avons constaté que les déictiques personnels « je » et « nous » sont ceux
qui ont plus d’occurrence dans ses discours.

Nous avons relevé quatre modalités dans les discours d’Emile Doumba : la volonté, la
nécessité, l’appréciation et la vérité ; nous avons également relever la dominance des temps
présent et futur de l’indicatif car le locuteur parle des faits d’actualisé et exprime des projets
qu’il aimerait bien voir aboutir dans le futur, pour susciter de l’espoir chez ses allocutaires.

Par ailleurs, nous avons également répertorier des déictiques spatiaux et temporels tels que :
« Gabon », « Brazzaville », « Paris » et « ici », et temporels « Yaoundé », « 2003 », « juin
2004 », qui inscrivent Emile Doumba comme énonciateur dans ses discours, car ils indiquent
l’environnement culturel et physique dans lequel a lieu ses productions discursives.

Nous pouvons affirmer de ce fait, que, les déictiques : personnels, spatiaux, temporels ? les
modalités et les temps présent dans les discours montrent qu’Emile Doumba imprime bien sa
marque dans ses discours.

Chapitre 2 : La subjectivité dans les discours d’Emile Doumba

Dans ce chapitre nous allons nous atteler à montrer la schématisation des discours
d’Emile Doumba, puis nous allons relever les différentes images que ce dernier se construit
dans son discours, et voir si ces différentes images qu’il se construit de lui-même le valorise
où le dévalorise.

Notre analyse va se focaliser sur le fait de savoir comment Emile Doumba construit
son image discursive à partir des indices qu’il laisse dans sa production discursive. Les
analystes de discours, l’image de soi est un effet de discours, c’est à dire qu’elle doit se
construire dans le discours même sans tenir compte de la conduite et de la réputation du
locuteur avant sa prise de parole. Cette image ne saurait être explicite de par son contenu
sémantique, mais elle doit se dégager à partir de l’acte de l’énonciation. Elle concerne le
paraitre plutôt que l’être car il s’agit des mœurs oratoires et non des mœurs réelles du
locuteur : c’est l’éthos.

L’éthos se définit comme l’image que l’orateur ou l’énonciateur donne de lui-même


dans et par son discours lorsqu’il s’adresse à un publique. Cette notion vaste va connaitre une
évolution au fil des siècles, à mesure que ce sont posés les champs exploratoires de la
rhétorique, de de l’argumentation de l’énonciation. Présentation de soi dans la tradition
rhétorique grecque, puis problématique très prisée en littérature. L’éthos fait partie intégrante
des sciences sociales et de l’analyse du discours depuis les années 1970 à 1980.

En effet, dans la tradition de l’école française de l’analyse du discours, le texte est


abordé comme une production discursive inscrite dans un champ social. Il apparait comme
une construction travaillée et adaptée qui se développe avec une scénographie appropriée
visant l’identification et l’adhésion de l’allocutaire.

Forme 1 : un éthos de développementaliste

Enoncé 1 : la pressente session ministérielle constitue une importante étape dans le


processus de mise en œuvre du programme pluriannuel de la commission du développement
durable. Nous devons pendant nos travaux prendre des mesures concrètes et réalistes,
assorties de délais précis. Corpus 1

Enoncé 2 : nous reconnaissons tous que pour atteindre les objectifs du millénaire pour
le développement, il nous faut renforcer nos capacités techniques, financière et humaines
particulièrement en milieu rural.

Dans ces deux passages Emile Doumba affiche l’image d’un partisan du
développement, comme le montre le passage « développement » dans les deux énoncés.

En tant que ministre et représentant des ministres il invite ses collaborateurs à se fixer
des objectifs à la hauteur du projet qui est le « développement durable ». Et pour renforcer
cette idée il utilise la locution « mesures concrètes », qu’ils combinent à l’adjectif
« réalistes », pour soutenir son image d’homme développementaliste et déterminé.

Forme 2 : éthos patriote


Enoncé 1 : la présidence gabonaise s’est également investie dans le processus de
ratification du traité de la COMIFAC par les Etats membres.

Enoncé 2 : sur ce, au nom de la république gabonaise, j’ai l’honneur de remettre le


flambeau à la république sœur Guinée Equatoriale à qui je souhaite bonne chance et plein de
succès dans l’exercice de sa présidence de la COMIFAC.

En parlant au « nom de la république gabonaise », Emile Doumba porte l’identité de


fils et de serviteur de son pays avec amour, et travaille pour les intérêts de sa patrie avec
dévouement, comme l’indique le passage « j’ai l’honneur ».

Forme 3 : éthos de justice

Enoncé 1 : la communauté internationale devrait encourager la coopération Sud Sud, soutenir


et mettre en application les mesures préconisées par le secrétaire général des nations unies
dans une liberté plus grande :

Forme 4 : éthos responsable

Enoncé 1 : nous devons pendant nos travaux prendre des mesures concrètes et réalistes
assorties de délais précis.

Enoncé 2 :

Forme 5 : éthos égotique

Enoncé 1 : aussi, voudrais-je, au nom de mes pairs et au mien propre, remercier le


gouvernement français assurant la Facilitation du PFBC, d’avoir bien voulu abriter les travaux
de dernière rencontre. Corpus 2

Enoncé 2 : je voudrais également me féliciter des initiatives entreprises en matière


d’information et d’échange d’expérience au sein de la COMIFAC, en vue de d’harmoniser les
points de vue et d’arrêter une position régionale sur les enjeux forestiers et environnementaux
de l’heure, à l’occasion des rencontres internationales. Corpus 3

Forme 5 : éthos de légitimité


Enoncé 1 : nous, Ministres d’Afrique centrale en charge des forets et de
l’environnement, avons plaisir à vous rencontrer une nouvelle fois pour échanger sur un enjeu
qui nous mobilise tous depuis déjà quelques années, à savoir la conservation et la gestion
durable des forêts de l’Afrique centrale.

Enoncé2 : je voudrai enfin, en tant que président en exercice à la COMIFAC ,


souhaiter la plus cordiale des bienvenues en République de Guinée Equatoriale à toutes les
délégations ici présentes.

Le locuteur affiche un éthos de légitimé du fait qu’il ne manque pas d’énumérer ses
fonctions professionnelles sui sont doubles : ministre et président de la COMIFAC. En
utilisant le déictique personnel « nous », dans le premier passage, Emile Doumba ne présente
pas tous les ministres, il se met en avant de manière implicite.

Ce déictique personnel « nous » crée une indétermination de l’identité des


énonciateurs, et constitue un processus de glissement énonciatif entre divers points de
référence. Il se présente comme une synthèse de pronoms de façon à fusionner le je et le non
je, ce dont l’auteur en profite pour légitimer sa présence devant ses allocutaires.

Dans le deuxième énoncé, Emile DOUMBA affirme sa légitimité directement en se


présentant comme « président en exercice à la COMIFAC », pour se différencier de ses
collaborateurs ; qui ont la même fonction que lui en tant que ministre.

Pathos dans les productions discursives d’Emile Doumba

S’interrogeant sur le vaste domaine du langage affectif, le terme de pathos désigne les effets
émotionnels et passionnels produits par un discours sur le public. Il comporte à la fois une
dimension socio discursive, (c’est à dire l’émotion qui est partagé par plusieurs individus),
interactive (émotion communiquée entre énonciataires) et dynamique (émotion construite au
moyen du langage). D’abord circonscrite dans le champ de la rhétorique, puis appliquée aux
discours les plus divers, cette notion conserve une grande stabilité définitoire depuis des
siècles, même si elle tend aussi de nos jours à être vue comme synonyme de passion ou
d’émotion. en, outre , depuis le XVIII siècle, le terme pathos a pris secondairement un sens
péjoratif pour dénommer un débordement émotionnel manquant de sincérité.

Forme 2 :
Enoncé 1 : face à la démographie galopante de nos villes, nous sommes très préoccupés par la
qualité de l’eau et son utilisation, le traitement des eaux usées et autres déchets ainsi que par
l’accès des populations aux établissements humains.

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