Cours de DJP - 1ère Partie
Cours de DJP - 1ère Partie
Cours de DJP - 1ère Partie
Dans toute société, le droit a pour but de faire respecter l’ordre social et il n’atteint
ce but que dans la mesure où les violations des droits subjectifs des individus sont
effectivement sanctionnées. En cela, le droit, considéré comme « l’ensemble des règles
régissant les relations de personnes vivant en société et sanctionnés par une contrainte
émanant de l’autorité publique »1, serait sans intérêt s’il n’était qu’un corps de règles
théoriques sans aucune mise en œuvre pratique. Ainsi, dans le cas où un droit est contesté,
le besoin d’un recours à la justice se fait sentir et se présente comme nécessité dans la
résolution de la contestation.
La justice est un service public de l’Etat, organisé et hiérarchisé suivant un ensemble
de règles établies, servant à organiser et à assurer le fonctionnement des tribunaux, à
définir le statut des magistrats, leur compétence et la manière dont les particuliers pourront
saisir le juge en vue d’obtenir un jugement, de même que les moyens et la procédure pour
faire exécuter la décision du juge.
1
Ph. MALINVAUD, Introduction à l’étude du droit, Litec, 2008, 12 e édition, p. 4
II- L’objet et importance du DJP
Le DJP est une matière essentielle dans la mesure où c’est elle seule qui apporte des
réponses aux difficultés techniques suscitées par un procès. Son importance se mesure au
regard de son objet et peut être soulignée de la manière suivante :
- Le DJP donne au titulaire d’un droit subjectif la possibilité de faire valoir ses
droits ou de les faire respecter. Pour ce faire, il doit recourir à un pouvoir chargé
de faire respecter la loi, toute chose qui permet d’éviter qu’il abuse de sa force
ou de son pouvoir à l’encontre de son débiteur ;
- le DJP est un facteur de sécurité et de paix sociale. Il enlève au titulaire du droit
subjectif toute possibilité de se faire justice lui-même ;
- le DJP est un facteur de confiance et de crédit, essentiel dans les rapports
d’affaires. Son existence paralyse à l’avance toute résistance, la fraude, la
mauvaise foi du débiteur, sachant qu’il peut être cité en justice et contraint de
payer ;
- le DJP permet le respect des droits de la défense, c’est-à-dire les deux parties
(demandeur et défendeur). Suivant les formes et procédures prescrites, l’une
peut faire valoir ses revendications et l’autre, sa défense. (Article 5 et 6 du CPC) ;
- le DJP impose une ligne de conduite aux magistrats qui ne peuvent agir à leur
guise et dire le droit selon leurs convenances.
Ainsi, le DJP a pour objet l’étude de l’organisation judiciaire, de la compétence des
tribunaux, de la procédure à suivre devant ceux-ci pour aboutir à une décision, et de la
manière d’obtenir l’exécution de ladite décision.
Le DJP a été pendant longtemps considéré comme matière du droit privé car il tend
à assurer la sanction des droits subjectifs des personnes privées. A l’encontre de cette
conception des auteurs font valoir qu’en englobant les questions d’organisation judiciaires
et de compétence, le DJP débauche sur le droit public. Il faut en outre ajouter que la justice
est un service public organisé par l’Etat. Ce dernier étant d’ailleurs directement intéressé
par la bonne administration de la justice. La réalité est donc intermédiaire en ce sens que le
DJP se rattache aussi bien au droit privé qu’au droit public, d’où le caractère mixte.
En procédure civile, les formes et les délais jouent un grand rôle. La loi décrit
minutieusement toutes les règles techniques que les plaideurs doivent respecter ainsi que
les sanctions de son non respect. Ces sanctions sont sévères que la violation des formes
d’un acte peut entraîner non seulement sa nullité mais également la nullité de tous les actes
subséquents. Dans certains cas, une telle nullité peut aller jusqu’à compromettre le fond du
droit lui-même.
Toutefois, la multiplicité des règles qui encadrent le procès alourdit son
déroulement. De plus, le fait pour un plaideur de perdre un procès pour une question de
procédure est mal accepté. Distinction entre le droit substantiel et le droit formaliste.
En réalité, ce caractère formaliste est aussi vecteur d’une certaine sécurité pour le
justiciable. Exemple : Il y a un délai pour exercer un recours contre une décision. Celui qui
respecte ce formalisme est assuré de conserver son droit sans avoir à craindre des
controverses ultérieures sur les actes déjà accomplis.
Toute formalité de procédure n’a pas forcement la nullité pour sanction. Lorsque
celle-ci est prévue, la nullité n’est prononcée que si une observation de la formalité a causé
préjudice à la partie adverse. « Pas de nullité sans délai. Pas de nullité sans grief ».
Position du problème
Sur la question de l’application dans le temps des lois nouvelles de DJP, il y a lieu de
préciser que lorsque la loi nouvelle entre en vigueur avant l’introduction de l’instance, la loi
nouvelle s’appliquera immédiatement et l’instance à introduire sera donc soumise à la loi
nouvelle. De même, lorsque la loi nouvelle survient après l’extinction de l’instance, c'est à
dire lorsque la décision est passée en force de chose jugée et que par conséquent le procès
est terminé, la loi nouvelle ne trouvera pas application.
Le problème vient de ce que la loi nouvelle de DJP intervient alors que l’instance est
liée mais n’est pas encore terminée autrement dit, le procès est en cours. Il convient alors
d’une part, de se demander si les actes accomplis sous l’empire de la loi ancienne restent
encore valables, ou s’il est opportun de les renouveler suivants les dispositions de la loi
nouvelle ; d’autre part, sous quel régime juridique, l’ancien ou le nouveau, l’instance en
cours devra-t-elle se poursuivre ?
A- L’application immédiate
Il s’agira dans cette partie d’étudier les règles relatives aux diverses catégories de juridiction
par le biais de leur composition, du statut de leurs membres ainsi que des auxiliaires de
justice. Il s’agit en somme de l’étude de l’organisation judiciaire. (Titre I)
Par la suite, il sera question des règles relatives aux compétences respectives des
juridictions ainsi que de celles propres à la résolution de compétence. C’est l’étude des
règles de compétence (Titre II).
Dans l’hypothèse où une affaire doit être portée devant les juridictions burkinabè, il
faudrait déterminer la juridiction spécialement habilitée à connaître de cette affaire. Pour ce
faire, il y’a nécessité à résoudre deux problèmes :
- premièrement, il faut identifier le type de juridiction compétent, c'est à dire, la
catégorie de juridictions qu’il convient de saisir suivant leurs attributions. C’est une question
de compétence d’attribution. La compétence d’attribution ou compétence ratione
materiae et dite encore compétence absolue ;
- deuxièmement, il faut préciser parmi les diverses juridictions du type déterminé,
laquelle connaîtra effectivement de l’affaire considérée, et autrement dit, c’est d’identifier
la juridiction devant laquelle il faudrait, en pratique, assigner l’adversaire. Ceci relève des
règles relatives à la compétence territoriale. La compétence territoriale ou compétence
ratione loci et dite encore compétence relative, est le pouvoir de juridiction appartenant
au juge, dans une circonscription déterminée.
Le TGI est également compétent pour connaître des affaires civiles dont le montant au
principal est supérieur à 300.000 F.
En matière pénale, tenant lieu de tribunal correctionnel et s ous réserve de dispositions
spéciales, le TGI connaît des infractions que la loi pénale qualifie de contraventions et de délits
(article 41).
II- La compétence du Président du TGI (Articles 51 à 62 de la loi 15-
2019)
Le Président du TGI constitue une véritable juridiction à juge unique. Les litiges lui
étant soumis à lui tout seul et non au tribunal. C’est ce qu’on appelle la juridiction
présidentielle. Le Président du TGI dans ce cadre, a des compétences juridictionnelles
propres s’exerçant en matière gracieuse comme en matière contentieuse.
- En matière gracieuse, le Président du TGI rend des ordonnances sur requêtes.
L’article 57, alinéa 1 de la loi 15-2019 dispose que : « le Président du tribunal est saisi par
requête dans les cas spécifiés par la loi ». Il faut donc identifier les textes qui prévoient la
procédure sur requête. Il en est ainsi par exemple, pour l’autorisation de saisie attribution
sans titre, de la demande en rectification d’un acte de l’état civil. Ensuite, alinéa 2 affirme
que le Président peut ordonner sur requête toute mesure urgente lorsque les circonstances
l’exigent, consacrant ainsi une compétence générale du Président du TGI pour rendre des
ordonnances sur requête, sous condition de démontrer l’urgence de la situation et la
nécessité de ne pas prévenir son adversaire.
NB : La requête est présentée de manière unilatérale au juge. Sa procédure est non
contradictoire, et la décision sur requête appelée précisément ordonnance sur requête à un
caractère provisoire.
- En matière contentieuse, les articles 52 et suivants de la loi 15-2019 donnent
au Président du TGI, compétence pour prendre des mesures urgentes qui ne se heurtent à
aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend.
Le référé est une procédure particulière généralement commandée par l’urgence
de la situation, et qui permet d’obtenir une décision à caractère provisoire qui ne préjuge
pas de la solution du fond. Cette dernière solution, ne relève pas de la compétence du juge
des référés, en l’occurrence, le Président du TGI. La procédure en référé est contradictoire,
ce qui suppose une assignation de son adversaire. Il est permis de recourir au référé en
toutes circonstances et ceci, en vue de prévenir la violation d’un droit gravement menacé.
Le Président du TGI a ainsi une plénitude de juridictions en matière de référé il peut
ordonner des mesures de référé dans les matières relevant du tribunal d’instance, devant
lequel il n’est prévu aucune procédure de référé. La décision du Président du TGI statuant
en référé, s’appelle ordonnance en référé, pouvant être modifiée, voire reportée par le
Président, et le cas échéant, faire l’objet d’un appel dans un délai de 15 jours suivant son
prononcé (article 56). L’appel est exercé devant le Président de la CA.
Enfin, et au terme de l’article 60 de la loi 15-2019, le Président du TGI est compétent
pour statuer sur les difficultés d’exécution d’un jugement ou d’un autre titre exécutoire. A
ce titre, il est juge de l’exécution. Cette compétence a un caractère impératif, et oblige tout
autre juge saisi des difficultés d’exécution a se déclaré incompétent.
En conclusion, le Président du TGI, en tant que juge des référés, juge des requêtes et
juge de l’exécution, peut déléguer ses pouvoirs à d’autres juges du tribunal. Ces pouvoirs
juridictionnels du Président ne doivent pas être confondus avec ses pouvoirs d’ordre
administratifs mis en œuvre pour assurer le bon fonctionnement du tribunal. Ainsi, il
représente le tribunal, répartit les juges entre les chambres et leur distribuent les affaires.
Le Président de la CA est compétent d’une part, pour connaître des appels interjetés
contre les ordonnances rendues par les juridictions de référé de 1 er degré (Président du TGI,
celui du TT et celui du TC), et d’autre part, pour examiner les requêtes aux fins des défenses
à l’exécution provisoire des jugements rendus en 1er ressort.
Que faut-il entendre par le domicile ? Le domicile est entendu selon l’article 43 du
Code de procédure civile au sens civiliste du terme, à savoir le lieu du principal
établissement. Il faut distinguer selon qu’il s’agit d’une personne physique ou d’une
personne morale. Pour la personne physique, la détermination du domicile est une
question de fait, relevant de l’appréciation souveraine des juges du fond. Il se peut que le
défendeur, personne physique n’ait pas de domicile connu. Dans ce cas, et en l’absence de
dispositions spécifiques, la compétence est généralement attribuée au tribunal du domicile
du demandeur. Dans certains autres cas, des textes spécifiques confèrent au demandeur
une option de compétence, ou détermine la compétence en un lieu différent.
B- En matière délictuelle
La victime, dans ce cas, dispose d’une option entre le tribunal du lieu du domicile du
défendeur et le tribunal du lieu du fait dommageable.
Par exemple : en matière de responsabilité civile pour faute, on peut saisir le tribunal du
lieu où la faute a été commise. Il s’agit ainsi d’éviter à la victime de se déplacer. Aussi, le
tribunal du lieu du fait dommageable paraît le plus indiqué pour conduire les enquêtes et
expertises qui seront éventuellement ordonnées.
E- En matière commerciale
Une option très large de compétence est offerte au demandeur qui peut saisir soit
le :
- tribunal du domicile du défendeur ;
- tribunal dans le ressort duquel la promesse a été faite, c'est à dire, le tribunal
du lieu de la conclusion du contrat ;
- tribunal dans le ressort duquel la marchandise a été livrée, c'est à dire, celui du
lieu d’exécution du contrat ;
- tribunal dans le ressort duquel le paiement doit être effectué.
Dans ce cas, les demandes formelles sont portées devant le tribunal où les frais ont
été exposés.
II- L’exception
Le Tribunal de Grande Instance en tant que tribunal de Droit commun, connaît des
demandes incidentes qui ne relèvent pas de la compétence exclusive d’une autre juridiction.
En somme, la même règle que celle des moyens de défense (« le juge de l’action est juge de
l’exception »), est en espèce appliquée.
Exceptionnellement, dans certains cas, la loi admet que l’ordre des juridictions ne
soit pas respecté. Par exemple, en matière de responsabilité civile, la victime d’une
infraction pénale peut demander la réparation du dommage à la juridiction répressive par le
biais de l’action civile jointe à l’action pénale. De même, la loi permet que le tribunal civil
puisse prononcer des peines contre ceux qui troublent l’audience (article 358 du CPC).
d’appel, juridiction de 2nd degré. En principe, et parce qu’il vise à assurer une bonne
administration de la justice, ce principe du double degré est considéré comme étant d’ordre
public. Par conséquent, 2 personnes ne pourraient pas se mettre d’accord pour porter
directement une affaire devant la Cour d’appel, juge de 2nd degré, sans passer par le juge du
1er degré. De même, les parties ne devraient pas pouvoir former devant la Cour d’appel, une
demande nouvelle qui n’a pas été examinée par les juges de 1er degré.
Ces conditions sont de deux ordres, les parties doivent être toutes commerçantes
d’une part, et avoir contracté en qualité de commerçant, d’autre part.
Ces deux conditions sont rigoureusement appréciées par la jurisprudence. En effet, la
jurisprudence soutient que la clause attributive de compétence territoriale est inopposable
au commerçant qui contracte pour les besoins de sa vie privée. De même, que la qualité de
commerçant ne peut être attribuée à une personne qui accomplit un acte de commerce
isolé.