Chap III
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Chap III
Chapitre III
Microanalyse X
Chapitre III Microanalyses X
III.1 La Microanalyse
La microanalyse X permet une analyse élémentaire, par détection des raies caractéristiques X
des éléments en présence. Cette détection du rayonnement X émis sous l'impact du faisceau
permet d'avoir des informations sur la composition de l'échantillon observé. Le classement
des photons X en fonction de leur énergie fournit un spectre d'analyse qualitatif et quantitatif
du point cible avec une résolution spatiale de l'ordre de 1 µm3.
L’ionisation d’un volume d’échantillon génère de multiples signaux différents tels que
ceux pour le domaine de l’imagerie, mais également des photons utiles en spectrométrie des
rayons X. Pour générer un rayon X, l’atome d’un élément donné doit être ionisé avec une
énergie supérieure ou égale à l’énergie critique d’ionisation de la raie de cet élément afin de
déloger un électron d’une couche électronique profonde. La lacune laissée par l’électron sera
comblée par un électron d’une autre couche moins profonde (voir la figure ci-dessous). Une
fois le remplacement effectué, l’atome demeure dans un état excité et doit relâcher cette
énergie excédentaire afin de retourner à son état neutre. Il peut le faire soit en émettant un
rayon X ou en relâchant un électron de sa bande de valences, appelé électron Auger. La valeur
en énergie du photon est propre à la raie de l’élément donné et est égale à la différence en
énergie entre la couche électronique profonde ionisée et celle d’où provient l’électron qui
effectue le remplacement.
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X est favorisée pour les numéros atomiques élevés. C’est pourquoi il est difficile de générer
un rayon X d’un élément de faible numéro atomique.
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III.3 Principe
Le faisceau d’électrons primaires (générés au sein du canon du microscope) interagit avec les
atomes de l’échantillon (chocs de type inélastiques) : ces atomes sont ionisés ; Ils passent de
l’état fondamental à l’état excité par l’éjection d’un électron, en général de valence ; Cet
électron libéré est dit « secondaire ».
Les atomes excités retournent à leur état d’équilibre en réaménagent leur cortège électronique.
Ce mécanisme génère l’émission de rayons X. En plaçant un détecteur dans la chambre du
microscope, ce rayonnement peut être détecté et enregistré. Trois types de détecteurs peuvent
être utilisés fonctionnant soit en dispersions d’énergie (EDS), soit en dispersion de longueur
d’onde (WDS) soit Un détecteur à dérive au silicium (en anglais Silicon drift detector ou
SDD).
-La spectroscopie à sélection d'énergie (EDS) : C'est une diode Si dopée au Li, qui, associée à un
analyseur multi canal, fait un classement des photons X en fonction de leur énergie. Il détecte
les éléments du bore (B, Z=5) ou du sodium (Na, Z=11), selon le type de fenêtre d'entrée de la
diode, à l'uranium, avec une résolution de 60 à 160 eV selon l'énergie, un rapport pic sur fond
de 10/1 à 100/1, et une limite de détection de 1000 ppm. Le positionnement de l'échantillon
est nettement moins critique qu'en WDX. Son manque de résolution en énergie est largement
compensé par sa souplesse d'utilisation et sa rapidité de mise en œuvre.
Avantage :
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Chapitre III Microanalyses X
Avantage :
- Détecteur à dérive au silicium (en anglais Silicon drift detector ou SDD) : les détecteurs à
dérive en silicium mesurent l'énergie d'un photon incident par la quantité d'ionisation qu'il
produit dans le matériau du détecteur. Cette variation d'ionisation produit une variation de
charge, que l'électronique du détecteur mesure pour chaque photon incident. Dans un SDD, ce
matériau est du silicium de haute pureté avec un très faible courant de fuite. Cette haute pureté
permet l'utilisation d'un refroidissement Peltier au lieu du traditionnel refroidissement à l'azote
liquide. Le principal trait distinctif d'un SDD est le champ transversal généré par une série
d'électrodes annulaires qui font 'dériver' les porteurs de charge vers une petite électrode
collectrice. Le concept de 'dérive' du SDD permet des taux de comptage significativement
plus élevés (de 300 à 500 kc/s (20 à 50 kc/s pour le SiLi) associés à une très faible capacitance
du détecteur.
III.4. Appareillage
La microsonde de Castaing (en anglais electron probe microanalyser, EPMA) est une
méthode d'analyse élémentaire. Elle consiste à bombarder un échantillon avec des électrons
avec une énergie d'impact qui peut varier de quelques centaines d'eV jusqu'à 50 keV et à
analyser le spectre des rayons X émis par l'échantillon sous cette sollicitation. Cet appareil est
conçu autour de 3 à 5 spectromètres WDS, disposés autour de la colonne électronique. Un
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microscope optique permet d'obtenir une image en lumière polarisée ou en DIC de la plage
analysée, en même temps que l'image en électrons secondaires ou rétrodiffusés. La stabilité
du courant et de la platine porte-échantillons sont particulièrement soignés. En général un
EDS permet de faire rapidement une mesure qualitative. Les mesures sont relativement
longues mais très précises. L'image est de même qualité que celle obtenue sur un MEB de
base.
Le MEB, utilisé seul, ne donne que des images de l’échantillon. Pour effectuer des
analyses élémentaires, il est nécessaire de le coupler avec un spectromètre à rayons X. Il en
existe deux types: en dispersion d’énergie (EDS) ou en dispersion de longueurs d’onde
(WDS). Ces deux détecteurs fonctionnent grâce aux rayons X.
III.5.1 Conductibilité superficielle : Quoi que d'une manière moins drastique que pour
l'imagerie en MEB, il convient d'assurer l'écoulement des charges de la surface d'échantillons
isolants. Le matériau déposé est choisi de manière à ce que ses raies caractéristiques ne gênent
pas la lecture du spectre et son épaisseur suffisamment faible pour ne pas absorber de manière
significative le signal X de l'échantillon. En général on prend du carbone ou un léger flash
d'or. Un excès d'or peut amener à une absorption importante des raies X d'énergie faible.
Certains programmes en tiennent compte, du moment que l'on connaît l'épaisseur déposée, ce
qui n'est pas évident (dépôt granulaire) .
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III.5.2 Planéité : Afin de limiter les effets de relief on a intérêt, pour des analyses
quantitatives en particulier, à avoir des surfaces polies. Moyennant un peu de prudence, l'EDS
est malgré tout suffisamment souple pour permettre des analyses qualitatives ou quantitatives
donnant un résultat acceptable, sur des surfaces au relief assez tourmenté.
III.5.3 Tenue au faisceau d'électrons : Les densités de courant utilisées sont plus
importantes qu'en imagerie et les risques de modifications chimiques locales ne sont pas
négligeables.
Ce sont la diffractions des rayons X (XRD) et la fluorescence X (XRF) qui donnent une
information structurale et chimique élémentaire moyennée sur un grand volume, et la
spectrométrie des photoélectrons (XPS) et des électrons Auger (AES) qui donnent une
information chimique et sur les états de liaison d'extrême surface.
-Le microscope Auger à balayage en particulier permet une approche très comparable à la
microanalyse X, mais à plus petite échelle (100 nm en latéral, 1-2 nm en profondeur) et avec
l'information supplémentaire des états de liaison.
-La spectrométrie de masse des ions secondaires (SIMS) permet un suivi analytique
élémentaire en profondeur par abrasion ionique.
-La cathodoluminesence, dont peut être équipé le MEB, est très sensible à des traces et des
dopants, et permet d'en faire la cartographie assez facilement (détection large bande ou
spectromètre UV-visible). Elle se pratique essentiellement sur des oxydes (minéraux naturels
et céramiques techniques).
1) Mise en place de l'objet : la distance de travail (WD) est imposée par le microscope.
L'échantillon doit être placé au point de convergence de l'axe optique du microscope et de
l'axe de la diode. L'angle d'inclinaison de la diode, ou d'émergence des rayons X détermine
cette distance. Il est en général compris entre 30 et 60° entre le plan de l'échantillon et l'axe de
la diode.
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2) Obtention d'une image MEB : La haute tension est choisie en fonction des éléments
supposés exister dans l'échantillon, ceci donne en première approche une énergie primaire de
12 à 20 keV. Dans le cas d'un échantillon totalement inconnu, une énergie primaire de 15 keV
permettra une première analyse. En TEM cette règle ne pourra pas être respectée, l'énergie
primaire étant de 100 à 400keV ; la détection des éléments légers sera aussi en conséquence,
loin de l'optimum. Une première observation de l'échantillon est alors faite en image
d'électrons secondaires et rétrodiffusés.
L'image en électrons secondaires permettra d'apprécier le relief de l'échantillon et celle en
rétrodiffusés donnera une première idée de son homogénéité (solution solide ou mélange de
plusieurs phases).
3) Positionnement de la diode et paramètres d'analyse : Elle est généralement reculée au
repos, pour permettre toute sa liberté de mouvements à la platine du microscope en imagerie.
On l'approche au plus près de l'échantillon pour avoir l'angle d'acceptance le plus grand et
donc le meilleur taux de comptage.
4) Choix de la plage analysée : Ce choix dépendra de l'échantillon. Sont possibles:
- Des analyses globales à faible grandissement;
- Des fenêtres à grandissement moyen;
- Des spots ou fenêtres sur des détails.
5) Acquisition du spectre : Lancer une première acquisition pour ajuster le courant incident
puis relancer l'acquisition. Le courant sonde habituel est dans la gamme des 50 à 500 pA. Il
peut être gênant pour le confort d'observation de trop baisser le courant (microscope
analogique) ; on peut alors réduire le taux de comptage en éloignant la diode, mais attention,
les effets de relief deviennent alors plus critiques.
6) Identification des éléments présents : Du fait de l'acquisition simultanée de l'ensemble du
spectre, une première identification peut être faite en cour de comptage, au moins pour les
majeurs. Mais ce n'est qu'en fin de comptage que l'on peut faire un dépouillement détaillé,
surtout pour un spectre complexe ou contenant des traces. Le système informatique contient
toujours une routine d'identification automatique.
7) Calcul des concentrations : Ayant identifié les éléments présents, il faut indiquer à
l'ordinateur toutes les données nécessaires au calcul des concentrations, puis examiner les
résultats obtenus . Confirmer toujours un calcul par une deuxième mesure sur une plage
similaire. Sur une analyse globale à faible grandissement, des éléments en faible
concentration dispersés de façon inhomogène peuvent ne pas être détectés. Inversement, sur
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des analyses ponctuelles ou des fenêtres à fort grandissement, des effets de "sous-sol", non
visibles en surface, peuvent fausser fortement une analyse.
Figure III.2. Spectre d’analyse EDS-X de l’échantillon WC-20%Co élaboré par frittage en
phase liquide
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Que l'opérateur le voie ou ne le voie pas, la séquence des opérations permettant de passer du
spectre brut au tableau de concentrations massiques ou atomiques sera à peu près la même.
L'informatique actuelle rend cette série d'opérations suffisamment rapide pour ne plus
nécessiter de les détailler et permettre par exemple de faire des calculs successifs en cours
d'acquisition, jusqu'à stabilisation des concentrations calculées. Pour autant il est utile de bien
distinguer les différentes étapes.
III.8. Cartographie X
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réciproquement. On obtient une carte par élément choisi, que l'on va pouvoir manipuler, et la
comparer à l'image MEB. L'ordinateur de la microanalyse prend le relais du MEB pour gérer
le balayage du faisceau du microscope pendant l'acquisition.
En image X spectrale : on balaye de même mais on mesure un spectre entier à chaque point.
On obtient une matrice de données 3D, où X et Y sont les côtés du champs de l'échantillon,
une première couche en Z est l'image MEB (électrons secondaires ou rétrodiffusés), et les
couches suivantes en Z sont les canaux successifs du spectre X. Au lieu d'une série
d'intensités, on a un spectre complet pour chaque pixel de l'image. Un traitement de ces
données a posteriori va permettre d'extraire :
- des spectres cumulés sur n'importe quelle portion de l'image MEB, et d'y faire des calculs de
concentrations.
- des cartes de répartitions de n'importe quel élément présent, identifié a posteriori sur les
spectres reconstitués.
- des lignes profils de concentrations, d'épaisseur contrôlable.
- des cartes de phases, par comparaison des spectres, et extraction des surfaces de l'image
ayant un spectre identique.
III.8.1 Protocole.
1) Choix de la plage ;
- Acquisition d'un spectre ;
- Identification des éléments présents ;
- Choix du grandissement et de la position ;
2) Introduction des paramètres de cartographie ;
3) Acquisition des cartes ;
4) Examens, traitements, etc.
La figure ci-dessus, représente une cartographie X de l’échantillon WC-20%Co élaboré
par frittage en phase liquide contenant une inclusion de graphite.
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