Cours 3
Cours 3
Cours 3
Reference r
Ddm r= iA r
connexion
Fibre
Fm
t
dm
m m+dm
Espace−temps M x,y,z
donc pas de signication physique. Mais en utilisant cette section de référence, la dérivée
covariante se décompose en deux termes, d'après
8 la gure 3.2.7 :
s(m)
Reference ψ .r
ψ Ddm r=ψ iA r
d ψ.r
connexion
Ddm s=(d ψ) dm.r + ψ
D dm
r
Fibre section
Fm
t
dm
m m+dm
Espace−temps M x,y,z
F(∂/∂x,∂/∂y) = i (∂x Ay − ∂y Ax ) r
iq
= − Fx,y r
~
avec le tenseur électromagnétique Fx,y = (∂x Ay − ∂y Ax ) etc.. pour les autres composantes.
F(∂/∂x,∂/∂y) = Dx Dy r − Dy Dx r
donc
F(∂/∂x,∂/∂y) = Dx Dy r − Dy Dx r
= i (∂x Ay − ∂y Ax ) r
3.2. PARTICULE CHARGÉE DANS UN CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE 165
qχ(m)
ψ 0 (m) = ei ~ ψ (m)
comme sur la relation (3.2.7). De même la valeur de A= q ~ U
−A, change selon :
~
~0 = A
A ~ χ,
~ + grad U 0 = U − ∂t χ
Dx r0 = Dx e−iqχ/~ r
= ∂x e−iqχ/~ r + e−iqχ/~ Dx r
iq
= − (∂x χ) e−iqχ/~ r + e−iqχ/~ iAx r
~ q
= i − (∂x χ) + Ax e−iqχ/~ r
~
Par ailleurs
A0x = Ax + ∂x χ
~0 = A
A ~ χ,
~ + grad U 0 = U − ∂t χ
166 CHAPITRE 3. UNE PARTICULE À 3 DIMENSIONS SANS SPIN
Résumé
◦ En théorie de Jauge de l'électromagnétisme, la particule quantique est une section
d'un bré vectoriel sur l'espace-temps.
◦ Le champ électromagnétique est décrit par une connexion de ce bré. La courbure
du bré qui représente l'holonomie innitésimale exprime la présence de champs
électrique et magnétique (c'est le tenseur Fµν ).
◦ L'équation d'évolution de Schrödinger fait intervenir la dérivée covariante qui ex-
prime l'écart que fait la section avec la connexion du bré.
◦ Un choix de Jauge est le choix d'un repère dans chacune des bres, et permet
d'obtenir des expressions en terme de fonction numériques (et champs de tenseur).
Mais ces expressions dépendent de ce choix.
Comme ce groupe est de dimension 8 cela signie que exprimé par rapport à une
section de référence, la courbure F est un champ à 8 composantes. Ce sont les
8 champs de gluons 9
possibles . Attention que ces 8 composantes dépendent du
choix de Jauge.
◦ L'équation de Schrödinger s'écrira de la même manière, en faisant intervenir la
dérivée covariante.
En fait, pour que la théorie de la Chromo-dynamique ait une utilité par rapport aux
expériences, il est nécessaire d'apporter deux améliorations par rapport à la description
donnée ici :
1. Considérer la version relativiste. En eet les quarks sont légers (mq c2 ' 5
MeV) et toujours en régime ultra-relativiste dans le noyaux nucléaire. L'essentielle
de leur énergie E est sous forme d'énergie cinétique Ec . Un proton au repos (ou
un neutron) étant constitué de trois quarks, son énergie est l'énergie totale de ces
2
quarks et d'après E = mp c = 934MeV la masse (virtuelle) du proton provient
essentiellement de l'énergie cinétique des trois quarks (u,u,d) (ou (u,d,d) pour le
neutron) et des gluons. La matière ordinaire de notre monde de tous les jours est
donc virtuelle et faite d'énergie cinétique en quasi-totalité.
2. Les quarks inuencent les gluons, et il est donc important de quantier le champ
de gluons (d'après une remarque de la section suivante. Cela consiste à quantier
la connexion...ce qui n'est pas une chose aisée. De nombreux physiciens et mathé-
maticiens cherchent encore une formulation élégante et géométrique de cela. Lire
l'article de E. Witten 2007 (disponible sur la page web [Faua]). La résolution de ce
problème n'est pas connue et est considérée à ce jour comme un des plus grand dés
pour la physique et les mathématiques. (ref : wikipedia).
9. Exercice de mathématique : Plus généralement, montrer que le groupe de matrice SU (n) agissant
dans Cn est de dimension n2 − 1. Ainsi dim (SU (3)) = 9 − 1 = 8.
Solution :
Si l'on écrit une matrice n × n, M ∈ SU (n) sous la forme M = eiG (on appelle G le générateur), alors
la contrainte M unitaire s'écrit
+
M + = M −1 ⇔ e−iG = e−iG ⇔ G+ = G
Par conséquent il sut de compter la dimension des matrices G hermitiques (Gji = Gij ) et de trace nulle
P
( i Gii = 0). Pour une telle matrice il y a n (n − 1) /2 éléménts complexes indépendants Gij hors de la
diagonale i 6= j , soit n (n − 1) variables réelles, et n éléments réels Gii indépendants sur la diagonale moins
la contrainte de trace nulle, soit
|etat f inal >= |x1 > ⊗|em1 > +|x2 > ⊗|em2 >
c'est à dire une superposition de deux ondes électromagnétique, ce qui ne rentre pas dans
le cadre de l'électromagnétisme classique, mais nécessite bien une description quantique.
Champ
rayonné
Figure 3.2.8 Schéma montrant l'état |etat f inal >= |x1 > ⊗|em1 > +|x2 > ⊗|em2 >.
Cela est relié à une importante problématique qui date depuis les année 1920 et encore
actuelle qui est de rechercher la théorie quantique de la gravitation. C'est la même
situation que précédente, avec le champ de gravitation remplaçant le champ électroma-
gnétique. En eet la théorie d'Einstein de la relativité générale est une théorie classique,
3.3. (*) NIVEAUX DE LANDAU ET SPECTRE FRACTAL DE HOFSTADTER 169
qui décrit la dynamique du champ de gravitation classique (plus précisément le champ mé-
trique de l'espace-temps). Dans cette théorie classique, le champ de gravitation inuence la
matière et inversement la matière inuence le champ de gravitation. Par exemple le Soleil
émet un champ gravitationnel que ressent la Terre et détermine sa trajectoire circulaire au-
tour du Soleil. Mais la théorie quantique apparue dans les mêmes années, décrit la matière
comme quantique. Puisque celle-ci inuence le champ de gravitation, il faut donc selon
cette analyse une théorie quantique de la gravitation. La recherche d'une telle théorie est
toujours d'actualité. Les eorts les plus actifs en ce moments concernent la M-théorie et la
théorie des cordes. Ref : http://www.damtp.cam.ac.uk/user/gr/public/qg_ss.html.
Peut être que ces arguments sont trop naïfs, et que la physique connaitra un plus grand
bouleversement pour résoudre ces questions.
Exercice 3.3.1. On considère des électrons libres, connés dans un plan (x, y) (entre deux
couches de semi-conducteurs). On impose un fort champ magnétique transverse, constant
et uniforme ~ = B e~z , B = 0.21 T esla.
B On suppose les électrons indépendants.
Bz
y
X x
De plus on suppose que dans ce plan, les électrons subissent un potentiel périodique
V (x, y) de période X = 0, 2µm, (respectivement en x, y ), qui est créé par des grilles élec-
trostatiques articielles.
~ = Ax = − 1 By, Ay = 1 Bx, Az = 0
1. Montrer que A 2 2
est une expression possible
2
pour le potentiel vecteur. Écrire le Hamiltonien Ĥ = 1 ˆ ~
p~ − eA + V (x̂, ŷ) décri-
2m
170 CHAPITRE 3. UNE PARTICULE À 3 DIMENSIONS SANS SPIN
vant la dynamique d'un électron, à partir des opérateurs (x̂, p̂x , ŷ, p̂y ), (sans déve-
lopper).
(a) On propose d'eectuer le changement de variables suivant (x̂, p̂x , ŷ, p̂y ) → Q̂, P̂ , q̂, p̂ :
(
√1 px + eB
1
px − eB
Q= y
2 q = eBX 2
y
~eB
√1
,
P = ~eB
py − eB
2
x p = − eBX1
py + eB2
x
Quelles sont les unités physiques de Q̂, P̂ , q̂, p̂ ? Calculer les commutateurs des
opérateurs Q̂, P̂ , q̂, p̂ deux à deux, pour vérier que ce sont bien des variables
~
~ef f =
eBX 2
2
Exprimer ~ef f à partir du ux φ = BX de B à travers la surface élémentaire
2
X et du quantum de ux ou uxon φ0 = h/e ?
(b) En introduisant la fréquence cyclotron
ω = eB/m , donner l'expression de Ĥ en
(d) Dans le cas V quelconque, remarquer que H est périodique par rapport aux
variables (q, p). Donner l'expression des opérateurs de translations T̂q , T̂p qui
correspondent à cette périodicité et qui commutent donc avec Ĥ (Attention à
ne pas confondre ~ef f et ~).
h h ii
(e)
 B̂
En utilisant la relation de Glauber (e e = e
[ Â,B̂ ] B̂ Â
e e valable si Â, Â, B̂ =
h h ii h i
B̂, Â, B̂ = 0 ), exprimer T̂q T̂p à partir de T̂p T̂q ? Déduire que l'on a T̂q , T̂p =
0 si et seulement si
1
= N ∈ N : entier (3.3.1)
2π~ef f
2
Traduire cette condition en terme du ux φ = BX de B à travers la surface
2
élémentaire X , par rapport au quantum de ux φ0 = h/e ?
Application numérique : que vaut N pour les valeurs de B = 0, 21T esla et
X = 0, 2 µm, h = 6, 6.10−34 J.s., e = 1, 6.10−19 C ?
(f ) En supposant la condition (3.3.1) remplie, et en analogie avec la théorie de Bloch
pour les cristaux, déduire la nature du spectre de H?
(g) On suppose maintenant V faible mais non nul, et on s'intéresse au premier niveau
de Landau ; on supposera donc que les variables (Q, P ) sont gelées et seuls le
3.4. CONSEILS DE LECTURE 171
(h) Une variation continue de la valeur du ux φ implique une variation continue de
la valeur de 1/(2π~ef f ) (parmi les nombres réels). En utilisant le fait que tout
nombre réel s'approche par un rationnel a/b ∈ Q, montrer comment on peut se
ramener à la condition (3.3.1), étudiée ci-dessus (Aide : il faut considérer une
cellule élémentaire diérente). Discuter alors l'allure fractale du spectre du pre-
mier niveau de Landau, obtenu numériquement sur la gure ci-dessous, appelée
papillon de Hofstadter 10 (pour V (x, y) = Cste (cos(x/X) + cos(y/X))).
E
E
Pour approfondir :
◦ L'aspect géométrique de l'électromagnétisme et des théorie de Jauge :
Nakahara [Nak03].
Notes de cours de M2. [Fau10a]
10. Ce spectre a été étudié dans D. Hofstadter, Energy levels and wave functions of Bloch electrons in
rational and irrational magnetic elds Phys.Rev.B 14 ,2239, (1976). Il est (partiellement) observé expé-
rimentalement dans : Albrecht et al. Evidence of the Hofstadter Fractal energy spectrum in the Quantized
Hall Conductance Phys.Rev.Lett. 86 ,147 (2001). Chercher hofstadter buttery dans Google.
172 CHAPITRE 3. UNE PARTICULE À 3 DIMENSIONS SANS SPIN
Chapitre 4
Particule de spin 1/2
Dans ce chapitre nous montrons comment décrire les degrés de liberté interne d'une
particule formés par son spin (moment angulaire intrinsèque).
Jusqu'à présent, l'état quantique d'une particule est décrite par sa fonction d'onde |ψ >.
2 3
Celle ci est vue comme un vecteur de l'espace de Hilbert H = L (R ) (qui est de dimension
innie).
Pour certaines particules (électron, neutron, protons,. . .voir plus loin) l'expérience montre
qu'elles possèdent un moment cinétique intrinsèque ~
s, appelé spin, et qu'il y a seule-
ment deux états de spin distincts. to spin signie tourner sur soi-même. Nous verrons
que c'est l'image que l'on peut se faire d'un électron. La direction du spin est la direction
de l'axe rotation.
173
174 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
|+ z >
Faisceau
|− z >
Figure 4.0.1 Dispositif de Stern-Gerlach séparant les états de spin |+z > ou |−z > de
la particule.
2. Le deuxième principe est qu'il n'y a pas de direction privilégiée (dans l'uni-
vers).
Remarques :
◦ Pour relier cet état de spin |si = a|+z i + b|−z i à la mesure du spin selon l'axe z
dans l'appareil de Stern-Gerlach, gure 4.0.1, rappelons que le principe de la mesure
stipule que la probabilité d'observer la particule dans le faisceau supérieur sera alors
2 2 2 2
P+ = |h+hs|si
z |si|
= |a|2|a|+|b|2 et la probabilité P− = |h−hs|si
z |si|
= |a|2|b|+|b|2 de l'observer dans
le faisceau du bas. Après une détection, si la particule a été détectée dans le faisceau
du haut (par exemple), l'état de spin sera |si = |+z i.
◦ Le problème dans l'écriture (4.1.1) de l'état |s > ci-dessus, est que l'axe z semble
jouer un rôle privilégié, en contradiction avec le deuxième principe énoncé. Il nous
faudra trouver une description d'un état de spin sans faire référence à une direction
privilégiée.
◦ (*) Mathématiquement, la question précédente correspond à chercher une repré-
2
sentation projective du groupe de rotation SO(3) dans l'espace C . La théorie des
4.1. L'ESPACE DES ÉTATS DE SPIN 175
La rotation de l'état initial |−z i est de même (il est orthogonal au précédent) :
θ θ
R̂y (θ)|−z i = − sin |+z i + cos |−z i
2 2
En multipliant les équations précédentes par h±z | on obtient les éléments de matrice
h±z |R̂y (θ)|±z i de l'opérateur de rotation R̂y (θ) dans la base |±z i :
◦ Comme les rotations autour de l'axe y xé, vérient la relation de groupe R̂y (θ2 ) R̂y (θ1 ) =
R̂y (θ1 + θ2 ) (comme la fonction exponentielle) il est naturel de poser R̂y (θ) =
176 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
exp − ~i θŜy où Ŝy est une matrice 2×2 appelée générateur des rotations du
|+ z> θ/2
|+ z>
θ |s θ> |s θ>
y
x |− z>
|− z>
Figure 4.1.1 Pour un spin dans le plan (x, z), l'espace ordinaire et l'espace de spin sont
directement reliés.
ˆ,
R̂y (2π) = −Id ˆ.
R̂y (4π) = Id
Ce signe (−) est assez surprenant. On peut penser au premier abord qu'il est non
détectable car une mesure détecte des probabilités, le module des amplitudes, et non pas
les phases. Mais on peut imaginer de séparer le faisceau en deux et de détecter les phases par
un phénomène d'interférences, comme sur la gure (4.2.1). Une interprétation géométrique
est de dire que l'espace de spin est un double recouvrement de l'espace des directions
de l'espace ordinaire. Ainsi une rotation de 2π ne sut pas à obtenir l'état initial, il faut
4π . Voir gure (4.2.2). Voir plus loin une discussion plus précise.
4.3. GÉNÉRATEURS DES ROTATIONS ET MATRICES DE ROTATION 177
Spin Flipper
− |+ z >
|+ z >
|+ z >
On notera de même R̂x (θ), R̂z (θ) les opérateurs de rotation autour des autres axes de
base x, z respectivement.
On peut considérer les générateurs correspondant à ces rotations comme pour eq(??) :
178 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
Dénition 4.3.1. L'opérateur de spin selon y noté respectivement Ŝy est le générateur
−i
∀θ, R̂y (θ) = exp θŜy (4.3.4)
~
−i −i
∀θ, R̂x (θ) = exp θŜx , R̂z (θ) = exp θŜz
~ ~
!
d|sθ > −iŜy
= |sθ >, avec |sθ >= R̂y (θ)|+z >
dθ ~
~
Ŝx,y,z ≡(base |±z >) σx,y,z ,
2
avec les matrices de Pauli :
0 1 0 −i 1 0
σx = , σy = , σz = (4.3.5)
1 0 i 0 0 −1
Les deux valeurs propres de chacun de ces opérateurs sont (±~/2). C'est
à dire que l'on a
~ ~
Ŝx |+x i = + |+x i, Ŝx |−x i = − |−x i, etc pour y, z
2 2
1 1
|+x i = √ (|+z i + |−z i) , |−x i = √ (|+z i − |−z i)
2 2
et ceux de Ŝy :
1 1
|+y i = √ (|+z i + i|−z i) , |−y i = √ (|+z i − i|−z i)
2 2
Remarques :
◦ Les vecteurs propres respectifs des opérateurs Ŝx , Ŝy , Ŝz correspondent à des états de
spins respect. parallèles aux axes x, y, z car ils qui sont invariants par ces rotations.
On note l'ensemble de ces trois opérateurs par un opérateur vectoriel :
◦ Les opérateurs autoadjoints Ŝx , Ŝy , Ŝz sont interprétés ici comme des générateurs
des opérateurs unitaires de rotation R̂x (θ), R̂y (θ), R̂z (θ). Mais comme remarqué page
(90), une autre interprétation est que ce sont des observables lors d'une opération
de mesure. Par exemple dans l'expérience de Stern-Gerlach ci-dessus, à cause de
l'orientation particulière du dispositif, la mesure est associée à l'observable Ŝz . Il y
a donc deux résultats possibles de la mesure que sont les états |+z > ou |−z >. Voir
TD.
180 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
Démonstration. (*)Commençons par le calcul de la matrice de Ŝy : dans la base |±z >, d'après
(4.3.4) et (4.1.2),
!
− 12 sin 2θ − 12 cos θ
dR̂y (θ) 2
~ 0 −i ~
Ŝy = i~ = i~ 1 θ = = σy
dθ 2 cos 2 − 21 sin θ
2 θ=0
2 i 0 2
θ=0
Ensuite il sut de diagonaliser cette matrice. Voir Section A.2.2 page 363. Les valeurs propres
sont les racines du polynôme caractéristique P (λ) = det(Ŝy − λI) = λ2 − (~/2)2 , donc λ = ±~/2.
On recherche maintenant le générateur Ŝz des rotations autour de l'axe z . Comme pour
Ŝy , ses valeurs propres sont (±~/2) (car il n'y a pas de direction privilégiée), et les vecteurs
propres sont |±z > car ils sont situés sur l'axe de rotation qui est xe. Donc la matrice de
Ŝz est diagonale dans cette base.
Cherchons nalement Ŝx . L'axe x est obtenu en faisant tourner l'axe y de (−π/2) autour de
l'axe z, donc
z
Rx(θ) Ry(θ)
|s > y
θ
Rz(−π/2)
x
Figure 4.3.1 Cette gure montre que |sθ >= R̂x (θ)|+z >= R̂z (− π2 )R̂y (θ)|+z >. (Mais
attention R̂x (θ) 6= R̂z (− π2 )R̂y (θ), à vérier sur l'état |+y >).
π π
Ŝx = R̂z (− )Ŝy R̂z (+ )
2 2
Or !
eiπ/4
π −iŜz (−π/2) 0
R̂z (− ) = exp =
2 ~ 0 e−iπ/4
Ainsi on obtient
iπ/4 −iπ/4
~ e 0 0 −i e 0 ~ 0 1
Ŝx = =
2 0 e−iπ/4 i 0 0 e+iπ/4 2 1 0
~ 2 = ~2 3 Iˆ
S
4
2 2
(Aide : observer queσx = σy = σz2 = I ). Ce résultat sera obtenu en plus grande généralité
en section (6.3.6) page 255.
On dénit alors le vecteur ~s ∈ R3 par les valeurs moyennes de l'observable ~ˆ dans l'état
S
|s > :
~ˆ
D E
~s = S (4.4.1)
182 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
<s|Ŝx |s>
sx =
<s|s>
<s|Ŝy |s>
~s = sy = <s|s>
s = <s|Ŝz |s>
z <s|s>
Propriété : ~s caractérise l'état quantique |si à une constante près (phase près
Le vecteur
si |si est normalisé). Plus précisement, le vecteur ~ s de l'espace ordinaire, en coordonnées
sphériques ~s = (θ, ϕ, k~sk), est relié aux composantes (a, b) de l'état |si dans l'espace de
Spin par :
~
k~sk = : norme xée
2
a θ −iϕ
z= = cotg e ∈C: si b 6= 0 (4.4.2)
b 2
L'interprétation graphique de cette relation est que z = a/b est la projection stéréo-
graphique du vecteur ~
s, voir gure (4.4.1).
Il y a donc une relation bijective entre la direction du vecteur ~s, et l'état quantique
normalisé |s > (à une phase près).
sz
Sphère de la direction du spin
(rayon 1/2)
θ s
sy
ϕ
sx
Im(z)
z
Re(z)
Plan complexe z=a/b
s
θ/2 θ
|+ z > x
θ/2 θ/2
|s>
avec a, b ∈ C. Pourquoi peut-on dire que l'état physique de |ψi est caractérisé
seulement par le nombre complexe z = a/b ?
Sx |ψ> <ψ|Sy |ψ> <ψ|Sz |ψ>
sx = <ψ|hψ|ψi , sy = , sz =
b b b
2. Calculer les valeurs moyennes dans cet
hψ|ψi hψ|ψi
3
état, et les exprimer en fonction de z . On note ~ s = (sx , sy , sz ) ∈ R , et on montrera
que k~sk = 2 , donc que ~s est sur une sphère de rayon ~/2, appelée sphère de Bloch
~
1 2 2
(ou sphère de Riemann, ou P = P (C ) espace projectif de C ).
3. Inversement montrer que z = cotg (θ/2) e−iϕ , où (s, θ, ϕ) sont les coordonnées sphé-
riques du s = (sx , sy , sz ) ∈ R3 .
vecteur ~
1. Si M est un point sur la sphère, On place le plan complexe C, sous la sphère, tangent au pôle sud.
On considère la droite passant par le pôle nord et M . Elle intersecte C au point z . On dit alors que z ∈ C
est la coordonnée stéréographique du point M . Voir lm1 de [LGA].
184 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
L'espace projectif CP 1 = P (C2 ) (*) L'association d'une sphère (ici sphère des vecteurs
~s) à partir d'un espace vectoriel de dimension deux (ici Hspin ) est générale et ne se limite pas
au cas du spin. Voici la construction générale dans le langage de la mécanique quantique.
Soit H un espace vectoriel (espace de Hilbert quantique) de dimension n. En terme
0
de mesure, il est impossible de distinguer le vecteur |ψ > du vecteur |ψ >= λ|ψ >
pour tout λ ∈ C. Pour cette raison, on appelle rayon quantique l'ensemble des vecteurs
proportionnels entre eux. Ainsi le rayon quantique de |ψ > (supposant ψ 6= 0), noté [ψ],
est :
[ψ] = {|ψ 0 >, tels que ∃λ ∈ C, |ψ 0 >= λ|ψ >} .
L'ensemble des rayons est appelé l'espace projectif de H, et est noté P (H).
Par construction, un rayon est une famille à une dimension complexe (obtenu en faisant
varier λ ∈ C),
et l'ensemble des rayons est donc un espace de dimension complexe n − 1,
(n−1)
donc de dimension réelle 2(n − 1), aussi noté CP .
2
Si H ≡ C est un espace à deux états, (comme le spin), le paragraphe précédent a
1 2 2
montré que l'espace projectif est une sphère. C'est à dire CP = P (C ) = S . Dans un
problème à deux états, il est souvent commode de représenter l'évolution quantique sur
cette sphère, aussi appelée sphère de Riemann ou sphère de Bloch.
Si on considère deux rotations diérentes autour d'axes diérents, par exemple R̂x (α)
et R̂y (β), alors en général le résultat de la combinaison de ces deux rotations dépend de
l'ordre avec lequel on les fait. En général :
mutent pas car R̂x (α), Ry (β) = R̂x (α)R̂y (β) − R̂y (β) R̂x (α) 6= 0.
−1 −1
Remarquer que Ry (β)Rx (α) 6= Rx (α)Ry (β) ⇔ Ry (β)Rx (α)Ry (β)Rx (α) 6= I . On va
−1 −1
donc calculer Ry Rx Ry Rx . Voir gure 4.5.2.
La relation suivante est importante. Elle montre que la non commutativité de ces rota-
tions est liée à la non commutativité de leur générateurs. Le résultat est général en théorie
des groupe.
−1 −1 αβ h i
(Ry (β)) (Rx (α)) Ry (β) Rx (α) = I − 2 Ŝy , Ŝx + o(α2 , β 2 , αβ)
~
4.5. GROUPE SU(2) DE ROTATION DU SPIN, ET RELATIONS DE COMMUTATION185
z z
R1
x
Ry
Rx
y
y
R2
x
Figure 4.5.1 Cet exemple montre que les deux rotations suivantes sont diérentes :
R1 = Rx ( π2 )Ry ( π2 ) 6= R2 = Ry ( π2 )Rx ( π2 )
−1
Rx
−1
Ry
Ry
Résultat
Rx
Remarques :
◦ Cette dernière relation importante montre une signication des relations de com-
mutation en mécanique quantique : si les générateurs commutent, alors les éléments
du groupe commutent, et réciproquement. (C'est dans le cadre de l'interprétation
des opérateurs auto-adjoints comme générateurs).
Démonstration. Pour simplier les notations, on pose : A = −iŜx α/~, B = −iŜy β/~. On
a alors 1
R̂x (α) = exp −iŜx α/~ = exp (A) ' 1 + A + A2 + o(α2 )
2
−1 1
R̂x (α) = exp −iŜx (−α) /~ = exp (−A) ' 1 − A + A2 + o(α2 )
2
et de même pour R̂y (β). Alors
1 2 1 2
Ry Rx = 1 + B + B 1+A+ A
2 2
1 2 1 2
= 1 + A + B + BA + A + B + . . .
2 2
1 1
Ry−1 Rx−1 = 1 − A − B + BA + A2 + B 2 + . . .
2 2
donc
Il est donc important de calculer les commutateurs entre les générateurs. On trouve :
Proposition 4.5.2. On a
h i
Ŝx , Ŝy = Ŝx Ŝy − Ŝy Ŝx = i~Ŝz (4.5.1)
h i
Ŝy , Ŝz = i~Ŝx ,
h i
Ŝz , Ŝx = i~Ŝy
4.5. GROUPE SU(2) DE ROTATION DU SPIN, ET RELATIONS DE COMMUTATION187
Comme il n'y a pas d'axe privilégié, le résultat est identique en permutant les axes.
Remarque : Ainsi
αβ
Ry−1 (β)Rx−1 (α)Ry (β)Rx (α) = I + i Ŝz + o(α2 , β 2 , αβ) = Rz (−αβ) + o(α2 , β 2 , αβ)
~
qui s'interprète en disant que au premier ordre, la suite des opérations (innitésimales)
Ry−1 (β)Rx−1 (α)Ry (β)Rx (α) est équivalent à une rotation innitésimale d'un angle (−αβ)
autour de l'axe z .
Noter que nous avons établi ces résultats pour la rotation d'un spin quantique, mais
qu'ils sont valables aussi pour la rotation d'un objet solide en mécanique classique. La
diérence entre le groupe de rotation de spin (groupe SU(2)) et le groupe de rotation dans
R3 (groupe SO(3)) ne se percoit pas au niveau local ou innitésimal (où les deux groupes
sont isomorphes) mais globalement, comme l'a montré la section 4.2 (rotation de 2π ) ; voir
cours de math [Fau10b].
Nous avons déni au dessus les opérateurs de rotation du spin et les générateurs autour
des axes x, y, z .
Remarques :
◦ L'expression de R̂z (θ) ci-dessus est un cas particulier de cette formule avec ~u =
(0, 0, 1)
pointant vers l'axe z ; et de même pour les opérateurs R̂x (θ) et R̂y (θ)).
+
◦ L'opérateur Ŝ~
u = Ŝ~u est autoadjoint et de trace nulle : Tr Ŝ~ u = 0 (car
Tr Ŝx = Tr Ŝy = Tr Ŝz = 0). Donc R̂~u (α) est un operateur unitaire et de
A
déterminant 1 : det R̂~
u (α) = 1 (d'après la formule d'algèbre linéaire :det e =
eTr(A) ) dans un espace complexe de dim 2. On dit que c'est un élément du groupe
SU (2).
commutateur est encore un de ces trois opérateurs. Comme déni page 103, cela signie que
ces trois opérateurs forment une base d'une algèbre de Lie de dimension 3, appelée algèbre
de Lie des rotations, notée R, formée par les combinaisons linéaires de la forme :
ˆ~
~ .S ~ = (Ux , Uy , Uz ) ∈ R3
ŜU~ = Ux Ŝx + Uy Ŝy + Uz Ŝz = U ∈ R, U
h i
et (4.5.1) nous assure que
1
ŜU~ , ŜV~ ∈ R pour tous ~ , V~ ∈ R3 .
U
i
1 h i
ŜU~ , ŜV~ = ŜU~ ∧V~
i~
En posant :
~ = α~u,
U ~ ,
α= U ~u unitaire
on peut écrire
i i
R̂U~ = exp − ŜU~ = exp − αŜ~u = R̂~u (α)
~ ~
(la première relation signie la chose non triviale que la composition successive de deux
rotation est à nouveau une certaine rotation).
Pour spécier la rotation R̂~u (α),
il faut trois paramètres : la direction (θ, ϕ) de l'axe
~ = α~u ∈ R3 . Pour cela on dit que c'est un groupe
~u, et l'angle de rotation α, ou encore U
à trois paramètres continus, ou un groupe de Lie de dimension trois.
(on vérie facilement que cet ensemble forme un groupe avec la multiplication de matrices).
Inversement, à une matrice M ∈ SU (2), on associe un opérateur de rotation de spin R̂
par la même relation ci-dessus (voir preuve ci-dessous).
Ainsi le groupe des rotation du spin 1/2 exprimé dans une base orthonormée s'identie
au groupe de matrices SU(2).
1. Montrer qu'un générateur des rotations du spin 1/2 (i.e. élément de l'algèbre de Lie
~ ∈ R3 , s'exprime dans une base o.n. par une matrice hermitienne
Rspin ) ŜU~ , avec U
2 × 2 de trace nulle. Montrer inversement qu'une matrice hermitienne 2 × 2 de trace
nulle détermine un générateur ŜU ~.
2. Montrer que l'ensemble des matrices hermitienne 2 × 2 de trace nulle forme l'algèbre
de Lie su(2) du groupe SU (2) déni ci-dessus. Montrer que les matrices de Pauli
σx , σy , σz forment une base de cette algèbre su(2).
3. Grâce à l'application exponentielle, déduire que le groupe des rotations du spin 1/2,
Rspin , exprimé dans une base o.n., s'identie au groupe SU(2) des matrices.
190 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
Hespace = L2 R3
Hspin ≡ C2
Alors l'espace de Hilbert total est le produit tensoriel :
4.6.1 Remarques
◦ Pourquoi le produit tensoriel ? tout simplement, car il est possible d'envisager que
la particule soit dans un état quantique comme
|ψ >= a|x1 > |+z > +b|x2 > |−z > (4.6.1)
(avec des amplitudes a, b ∈ C), qui traduit un état où la position x est corrélée avec
l'état de spin. C'est exactement le cas à la sortie de l'appareil de Stern-Gerlach,
gure (4.0.1), où |x1 > est un état situé dans le faisceau supérieur avec spin |+z i,
et |x2 > un état situé dans le faisceau inférieur avec spin |−z i.
◦ Comme décrit page 148, le produit tensoriel d'espace de Hilbert permet l'existence
d'état corrélés qui sont surprenants pour le sens commun. C'est le cas de l'état
eq(4.6.1), ou l'état de spin est corrélé avec la position de la particule. Si on observe
la particule en x1 , elle aura le spin |+z >. Si on l'observe en x2 , elle aura le spin
|−z >. (Voir TD).
Les états |~x >, ~x ∈ R3 , forment la base (continue) de position de l'espace Hspatial .
De même les deux états |±z > forment une base de l'espace de spin Hspin .
D'après la dénition du produit tensoriel, voir (3.1.5), une base de l'espace
qui forme donc une fonction d'onde sur l'espace à deux composantes complexes. Cela
2
s'appelle un champ vectoriel à valeur dans C ou plus précisément un champ spinoriel.
C'est l'analogue du champ électrique ~ x)
E(~ qui lui est une fonction à trois composantes
réelles.
Noter que les deux composantes ψ+ (~x), ψ− (~x) dépendent du choix de la base |±z >, et
dépendent donc du choix de l'axe z . Pour éviter de choisir une base particulière, on peut
dire que |ψ > est une fonction
2
d'onde à valeur dans Hspin .
neutron |n > ne sont que deux états particuliers de l'espace à deux états du nucléon
2
appelé espace d'isospin, noté Hisospin ≡ C , et ayant pour base |p >, |n >. Par
1
exemple un nucléon peut être dans l'état interne d'isospin |N >= √ (|n > +|p >)
2
qui est une superposition. Cependant cette notion d'espace d'isospin est en fait
équivalente au point de vue plus conventionnel qui distingue le proton et le neutron.
comme un avantage dans l'échange de messages que l'on veut garder secrets, et d'éviter
ainsi l'espionnage.
En eet la cryptographie quantique se sert de l'énoncé équivalent :
0 ⊕ 0 = 0, 1 ⊕ 0 = 1, 0 ⊕ 1 = 1, 1 ⊕ 1 = 0.
Exemple : message = 10100110, clef=00110111, alors message crypté=10010001.
4.8. MESURE DE SPIN, APPLICATION RÉCENTE : LA CRYPTOGRAPHIE QUANTIQUE193
Exercice En supposant que Bob possède aussi la clef, quelle formule doit-il utiliser pour
décrypter le message ?
Solution :
message = message cry pté ⊕ clef
Exemple : message crypté =10010001 , clef=00110111, alors message = 10100110.
Remarque : cette méthode de cryptographie est la seule prouvée être sans
faille. Les inconvénients sont que Alice et Bob doivent être les seuls à connaître la clef
secrète, et qu'ils disposent d'une clef secrète aussi longue que le message à se transmettre.
Cette méthode s'appelle one time pad (1926). La diculté est donc que Alice et Bob
partagent une clef secrète. C'est là qu'intervient la cryptographie quantique présentée ci-
dessous.
La méthode la plus utilisée (sur internet par exemple) est cependant un encryptage
asymétrique à clef publique, de type R.S.A. (1978), basé sur la factorisation de grands
nombres premiers. Mais dans ce cas, il n'est pas prouvé qu'il n'existe pas d'algorithme
rapide permettant de décrypter le message.
Pour appliquer la méthode dite one time pad (1926) présentée plus haut, Alice et Bob
doivent partager une clef (suite de 0 et 1) connue d'eux seuls.
C'est là que la mécanique quantique intervient. Cette méthode a été mise au point
récemment et utilise non pas des spins 1/2, mais les 2 états de polarisation de la lumière :
l'échange d'une clef secrète se fait via l'échange de photons dans une bre optique.
Pour simplier la présentation, nous remplaçons la polarisation de la lumière par le spin
1/2 : nous supposons que Alice et Bob échangent des particules ayant deux états possibles
de spin 1/2.
Alice et Bob ont chacun de leur côté un appareil de type Stern-Gerlach qui permet à
Alice de polariser le spin de la particule dans l'état qu'elle veut, et à Bob de mesurer ce
spin par rapport à une direction choisie. Voir gure 4.8.1.
x y
|+ x > |+ y >?
z z
|−y >?
Figure 4.8.1 Alice prépare un état de spin, polarisé selon x ou y. Bob ensuite détecte
la polarisation avec un appareil orienté selon x ou y.
simplier :
Bx : |+x i ≡ 0 , |−x i ≡ 1
By : |+y i ≡ 0 , |−y i ≡ 1
(il est habituel en théorie de l'information quantique de noter une base de deux états
quantiques par |0i, |1i, et de l'appeler quantum bit ou qbit).
Voici la séquence des opérations :
1. Alice envoie des particules individuelles à Bob. Pour chacune d'elle, elle choisit l'état
de spin au hasard parmi les quatre ci-dessus.
Pour Alice, cela correspond à une suite de qbits (0 et 1) associée à une suite de
Bases, exemple :
0 1 1 0 1 0 0
Bx Bx By Bx By By Bx
2. Pour chaque particule reçue, Bob mesure l'état de spin par rapport à une base Bx
ou By qu'il choisit au hasard. Cela lui donne un résultat, une suite de qbits (0 et
1). Exemple :
0 1 0 0 1 1 0
Bx By Bx Bx By Bx Bx
Propriété :
◦ Si Bob a fait le même choix de base que Alice, alors il détecte le même qbit. (En
eet si Alice envoie |+x i, et que Bob détecte dans la direction x, il mesurera à
coup sûr |+x i).
◦ Pour les qbits où Bob a fait un choix diérent de base, il a en moyenne 50%
d'erreurs. (En eet si Alice envoie |+x i, et que Bob détecte dans la direction y ,
1
on décompose |+x i = √ (|+y i + |−y i), ce qui donne une probabilité P|+y i = 1/2
2
et P|−y i = 1/2)
◦ Au total, Bob a donc en moyenne 25% d'erreur sur sa suite de qbit.
4. Parmi cette suite, Alice annonce (publiquement) à Bob quelle sous suite corresponds
au même choix. Exemple ici :
Bx Bx By Bx
5. Alice et Bob ne gardent chacun que cette sous suite de qbit, ce qui correspond en
moyenne à 50% des évènements. Cette suite de 0 et 1 est nalement leur clef
secrète. Exemple ici : (0,0,1,0).
Pour être sûr que cette clef est secrète (i.e. connus d'eux seuls) il faut montrer que une
tierce personne nommée Eve ne puisse intercepter leur échange de qbit sans que Bob et
Alice ne s'en aperçoive (Eve est le nom habituel donné à l'espion en cryptologie, et vient
de l'anglais eavesdropper=qui écoute aux portes ).
Pour cela :
4.9. INTERACTION DU SPIN AVEC LE CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE 195
Théorème de non-clonage : Eve ne peut pas faire une copie de qbits sans les perturber
preuve : Supposons la possibilité d'une opération idéale de copie (i.e. sans perturbation) d'un
état quantique |ψi par Eve dans un registre, symbolisée par la transformation :
1
|+y i ⊗ |Registrei ⊗ |Eve0 i −→ √ (|+x i ⊗ |+x i ⊗ |Eve+ i + |−x i ⊗ |−x i ⊗ |Eve− i)
2
1 ˆ ~ ~xˆ, t)
2
Ĥ = ~σ . p~ − q A( + qU (~xˆ, t) (4.9.1)
2m
où ~σ = (σx , σy , σz ) sont les matrices de Pauli agissant dans l'espace du spin Hspin .
Cet Hamiltonien s'écrit aussi sous la forme plus commode :
1 ˆ ~ ˆ
2
~ + qU (~xˆ, t)
~ e .B
Ĥ = p~ − q A(~x, t) − M (4.9.2)
2m
196 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
avec
~e= qS
M ~ :moment magnétique de l'électron (4.9.3)
m
Preuve : On utilise la relation (A.2.2), et p~ˆ ∧ A
~ = −i~ rot(A) ~ ∧ p~ˆ (à
~ −A démontrer).
Remarques
◦ La forme (4.9.1), découle directement de l'équation de Dirac dans la limite non
relativiste. L'équation de Dirac est une équation d'onde qui a une écriture assez
naturelle et qui décrit la fonction d'onde d'un électron en théorie relativiste. (Il y
a cependant des problèmes théoriques avec l'équation de Dirac, qui ne sont résolus
que dans le cadre de la théorie quantique des champs).
◦ Le terme (4.9.3) est très semblable à l'expression du moment magnétique d'un dipôle
magnétique en mécanique classique : considérons une particule classique de charge
q sur une orbite circulaire de rayon r. La période de rotation est τ = 2πr
v
. Le courant
correspondant est
q qv
I= =
τ 2πr
et la surface du dipôle magnétique créé est S~ = πr2 .~u (~u est un vecteur normal
unitaire). Par ailleurs le moment orbital
3 est
~ = p~ ∧ ~r = m~v ∧ ~r = mvr~u.
L
Alors le moment magnétique est :
1 ˆ 2
~ ~xˆ, t) − M.
~ B~ + qU (~xˆ, t)
Ĥ = p~ − q A(
2m
avec :
~
~ = gµ S
M : moment magnétique
~
|e| ~
µ= : magnéton
2m
g : rapport gyromagnétique
3. On verra au chapitre ?? que le moment angulaire ~
L sont les générateurs des rotations dans R3 et
Valeurs expérimentales :
Électron Proton Neutron
g 2,002319314 5,5883 -3,8263
Remarques :
◦ Le Hamiltonien de Pauli (4.9.1),(4.9.3), donne ge = 2. La valeur expérimentale un
peu diérente s'explique à cause d'eets d'inuences de l'électron sur le champ élec-
tromagnétique quantique que l'on peut calculer dans le cadre de l'électrodynamique
quantique. Les valeurs de g pour le proton et le neutron sont dues à la structure
interne des ces particules (structure de quarks et de gluons), mais on ne connait pas
à ce jour de calcul précis qui le montre.
◦ Le moment magnétique du neutron est anti-parallèle à son spin. (signe négatif de
gn ).
◦ Pour le neutron ou proton, µN = e~/(2mp ) s'appelle le magnéton nucléaire. Pour
l'électron µB = e~/(2me ) s'appelle le magnéton de Bohr.
Nous discutons ici l'évolution de l'état de spin 1/2 d'une particule, qui pourrait être un
noyau nucléaire de spin 1/2, dans un matériau.
La particule est supposée être au repos, ce qui permet d'oublier l'état quantique spatial
de celle-ci, et de ne traiter que l'état de spin |s(t) >∈ Hspin . (Pour être plus précis, on peut
supposer que le champ ~
B est uniforme, et que l'état spatial de la particule est dans l'état
2
fondamental de Ĥespace = 1 ˆ − q A(
p
~ ~ ~xˆ, t) + qU (~xˆ, t).
2m
Ainsi, |ψ (t)i = |ψ0,espace i ⊗ |s (t)i, et on ne s'intéresse que à la dynamique de |s(t) >∈
Hspin décrite par :
gµ ~ ~
Ĥspin = −
S.B
~
1 gµ ~
qui a deux valeurs propres E± = ± ~ω , ω = B . L'équation d'évolution de Schrödinger
2 ~
est
d|s(t) >
i~ = Ĥ|s(t) >
dt
Nous cherchons à décrire l'évolution du vecteur spatial de spin déni eq(4.4.1) page 181 :
~ˆ =< s(t)|S|s(t)
~ˆ
D E
~s(t) = S >
Nous rappelons que inversement le vecteur ~ s(t) déni l'état |s(t) > à une phase près.
Comme k~s(t)k = ~2 , cette évolution déni des trajectoires sur la sphère de Bloch.
Propriété
~s(t) évolue d'après les équations de Bloch :
d~s(t) dHspin gµ
~ ∧ ~s
= ∧ ~s = − B (4.9.4)
dt d~s ~
198 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
où Hspin = − gµ ~
~s.B est le Hamiltonien (Classique).
~
Les trajectoires sont donc des cercles autour du champ ~,
B à la fréquence
gµ ~
ω= B
~
dans le sens indirect. Voir gure 4.9.1.
s(t)
ωp gp µN
= ' 5000
ωe ge µB
preuve : (TD)
◦ Argument rapide : lors de l'évolution, l'énergie est constante, donc ~ est constant donc
~s.B
l'angle ~
sB
c ~ est constant, ce qui oblige le spin ~s a tourner autour de B~.
~
◦ Autre preuve rapide, en coordonnées : on peut supposer que B = B ~ez . Alors Ĥspin =
− gµB
~ Ŝz . Il est utile de travailler dans la base (|+z >, |−z >) : si
a (t)
z (t) = = z (0) e−2iEt/~ = z (0) eiωt
b (t)
2|E| gµ ~
donc ϕ (t) = −ωt + ϕ (0) et θ (t) = θ (0) = cste, ω = ~ = ~ B .
4.9. INTERACTION DU SPIN AVEC LE CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE 199
Remarques :
◦ L'énergie de la trajectoire classique du spin est Espin = − gµ ~,
~s.B qui est extremum
~
pour ~s et ~
B parallèles. On vérie en particulier que dans ces derniers cas, ce sont
deux points xes de la dynamique de ~s(t), correspondant aux deux états propres
Ĥspin .
◦ On a des coordonnées canoniques (q, p) S 2 est
sur la sphère montrant que la sphère
un espace de phase classique pour la dynamique du vecteur classique ~
s(t) (θ, ϕ sont
les coordonnées sphériques) :
q = cos θ
p = s.ϕ
dq ∂Hspin
=
dt ∂p
dp ∂Hspin
=−
dt ∂q
@@TD : Décrire la trajectoire du neutron de spin 1/2 dans champ magnétique in-homogène.
Exp. de Stern-Gerlach
L'interaction du spin des particules avec un champ magnétique décrite ci-dessus, est
très utilisée pour faire de l'imagerie dans beaucoup de domaines (physique des matériaux,
biologie, médecine,...). Ces techniques d'imagerie se sont très developpées ces dernières
années et sont en particulier un outil formidable en médecine pour l'étude des tissus vivants,
et a révolutionné le domaine (voir par exemple une carte précise interactive du cerveau
http://www.med.harvard.edu/AANLIB/cases/caseNA/pb9.htm).
200 CHAPITRE 4. PARTICULE DE SPIN 1/2
Ces techniques sont basée sur l'interaction d'un champ magnétique appelé sonde avec
les spins des noyaux nucléaires du milieu étudié.
2. A un moment donné, et sur une courte durée (pulse de quelques µs.), le champ
magnétique appliqué est de la forme :
Bz
s(t)
x
Ce pulse a donc pour eet d'inverser les populations N+ , N− . Il faudra ensuite
un certain temps, appelé temps de relaxation T2 (' 1s), pour que les populations
retrouvent leur valeurs d'équilibre selon z. Durant tout ce temps, les spins ( +1/2
ou −1/2) qui sont ainsi rentrés en résonance ont émit un champ magnétique
induit qui est détecté collectivement. Le signal temporel ainsi détecté, appelé Free
Induction Decay (FID), constitue l'information de base sur l'échantillon.
ω1 ' ω . Or ω = gµ
(a) Il y a un signal, si il y a résonance. Il faut
~
B dépend de g ,
B , qui dépendent du noyau. Par exemple g = 2.016pour un spin 1/2 de F e3+
dans le composé M gO . La valeur de B = B0 (1 − s) ressentie par le noyau est
la valeur B0 modiée légèrement par l'environement électronique du noyau (les
−6
électrons créent un champ magnétique induit, appelé diamagnétique). s ' 10 .
Cet eet s'appelle le déplacement chimique.
(b) Il y a une faible interaction entre les spins de noyaux nucléaires voisins, qui
dépend de la conguration de la molécule dans laquelle se trouve le noyau.
Ces interaction, se traduisent par des décalages de fréquences ω , ou des multiplets
dans le cas de noyau indentiques comme dans CH4 .
(c) Le temps de relaxation T2 dépend beaucoup du matériau. C'est essen-
tiellement ce signal qui est utilisé en imagerie.
Prenons l'exemple d'un système comprenant deux particules diérentes, comme par
exemple l'atome d'hydrogène constitué d'un proton et d'un électron.
Ce sont des particules avec spin 1/2, et nous avons déni l'espace de Hilbert individuel
de chacune des particules : Hproton , Helectron qui permet de décrire l'état spatial de leur
fonction d'onde et leur état de spin. Or dans l'atome d'hydrogène, ces deux particules
interagissent, il faut donc considérer et décrire le système total.
Quel peut être un état quantique du système total ? Si |pi >, i = 1, . . . est une base de
Hproton |ej >, j = 1, . . . une base de Helectron , il est tout à fait possible d'imaginer un
et
état total de la forme |pi , ej >. Mais d'après le principe de superposition, il peut aussi y
avoir des combinaisons linéaires de ces états |pi ej >. Or ces états sont orthogonaux entre
eux (car ils décrivent des états physiques diérents, voir chapitre 1), ils forment donc une
203
204 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
base de Htotal . C'est justement la dénition de l'espace produit tensoriel, voir eq.(3.1.5)
page 148. Ainsi :
et une base de Htotal est |pi ej >= |pi > ⊗|ej >, avec i = 1, . . . , j = 1, . . ..
Cela peut paraître un peu abstrait, et en eet cela dépasse le bon sens parfois : du
fait du produit, cet espace Htotal est gigantesque et contient nous allons le voir des états
quantiques qui déent le bon sens. Le principe de superposition est à l'origine de ce résultat
(qu'il ne faut croire, que si l'expérience le conrme).
En terme de fonction d'onde : Si on oublie le spin des particules, une fonction d'onde
du proton est de la forme ψp (xp , yp , zp ), une fonction d'onde de l'électron est de la forme
ψe (xe , ye , ze ) (ce sont des fonctions à trois variables), alors qu'une fonction d'onde du sys-
tème global est de la forme φ(xp , yp , zp , xe , ye , ze ), c'est une fonction à six variables. Nous
avons déjà discuté, les corrélations qui peuvent apparaître entre ces variables, cf. gure
2 6 2 3 2 3
(3.1.2) page 148. (En tant que fonction à six variables, |φ >∈ L (R ) = L (R ) ⊗ L (R )
comme expliqué page 146).
Htot = H1 ⊗ H2 ⊗ . . . ⊗ HN
mais l'espace résultant est énorme ! (sa dimension est le produit des dimensions).
5.2. NON LOCALITÉ DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE, LE PARADOXE E.P.R.205
qui est une superposition de deux états factorisés. C'est un état non factorisable, dit état
enchevêtré (ou entangled state en anglais).
De tels états sont observés expérimentalement. Les manifestations physiques de ces
états déent le bon sens. On décrit ci-dessous une expérience à l'issue de laquelle deux
particules sont dans un état enchevêtré, et l'on discute les conséquences mesurables.
Dans cette expérience, une paire de deux particules de spin 1/2 est crée en un lieu et
instant précis. Nous appelons cet évènement E1 . Nous supposons que l'état quantique qui
décrit le spin des deux particules est :
1
|φ >= √ (|+z >1 ⊗|−z >2 −|−z >1 ⊗|+z >2 ) (5.2.2)
2
http://www.lkb.ens.
Il y a plusieurs façons de créer un tel état, voir par exemple :
fr/recherche/qedcav/french/rydberg/resonant/eprpair.html. Ce peut être par la
désintégration d'un pion π0 qui a un spin nul, en électron et positron :
π0 → e− + e+
Les particules 1 et 2 partent dans des directions opposées, vers des détecteurs symbolisés
par les physiciens P1 et P2 . Voir gure 5.2.1.
z z
P1 P2
1 2
(0)
Figure 5.2.1 Les deux particules 1 et 2 sont dans un état enchevêtré, et partent vers
deux détecteurs P 1 , P2 .
1 1
PA=+1 = |< +1,z |φ >|2 = ,
< φ|φ > 2
1 1
PA=−1 = |< −1,z |φ >|2 = .
< φ|φ > 2
1. si A = +1, l'état quantique réduit étant |φ >= |+z >1 ⊗|−z >2 , le physicien P2
mesure B = −1 avec la probabilité PB=−1 = 1 (c'est à dire certitude).
2. si A = −1, l'état quantique réduit étant |φ >= |−z >1 ⊗|+z >2 , le physicien P2
mesure B = +1 avec probabilité 1.
Cette certitude totale traduit une corrélation parfaite entre les états de spin des deux
particules. Remarquez que si le physicien P2 avait eectué sa mesure le premier l'analyse
aurait été analogue.
En résumé, d'après cette analyse de la situation par la mécanique quantique (et postulat
de la mesure), l'état |φ > est enchevêtré jusqu'à la première mesure, et subitement, dès la
première détection, il est réduit instantanément dans un produit factorisé |+z >1 ⊗|−z >2 ,
ou |−z >1 ⊗|+z >2 respectant la corrélation des deux spins opposés (on parle de réduction
ou collapse de l'état quantique).
Cela est en parfait accord avec les expériences, et cette réduction qui est une sorte
d'action à distance instantanée , (est même plus rapide que la vitesse de la
lumière qui est la vitesse limite du transport d'énergie et d'information d'après la théorie
de la relativité), car elle se passe même si les deux mesures sont deux évènements E2 ,E3
sans relation de causalité, c'est à dire espacés par un quadri-vecteur de type espace. Voir
gure 5.2.2.
Rayon lumineux
t
Mesure
E4 B=−1
Mesure E
A=+1
2 E3
(fruit du hasard)
état enchevétré
P1 E1 P2 x
Figure 5.2.2 Schéma dans l'espace temps des évènements. E1 est la création de l'état
enchevêtré |φ > eq.(205) représenté par la ligne grisée. Les particules 1 et 2 se séparent et
restent enchevêtrées, jusqu'à ce que le spin de la particule 1 soit mesuré. C'est l'évènement
E2 . Dans cet exemple le physicien P1 mesure A = +1. Au même instant (dans le référentiel
x, t du laboratoire ?), l'état quantique |φ > est réduit, et la particule 2 se retrouve dans
l'état |−z >. C'est l'évènement E3 . Cet état est ensuite mesuré par le physicien P2 , qui
observe B = −1 (Évènement E4 ). La ligne tiret-point est le cône de lumière qui représente
le trajet le plus rapide (vitesse de la lumière) informant du résultat A = +1. Sur ce schéma
il ne parvient pas à temps pour expliquer le résultat B = −1.
208 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
Remarque : Cette action instantanée à distance plus rapide que la lumière, ne permet
pas de transmettre de l'information, et ne contredit pas les principe de la relativité.
En eet, P1 ne choisit pas si le résultat est A = +1 ou A = −1 ; il ne peut donc pas
transmettre de message à P2 de cette manière.
Cependant il y a une diculté très visible sur la gure 5.2.2 : où se situe précisément
l'évènement de réduction (E3 ) ? Il peut être simultané à E1 , mais la notion de simultanéité
dépend du référentiel en relativité. Quel est le référentiel privilégié ici ? La question se pose,
bien qu'elle n'a pas d'impact sur le résultat observé. On peut tout de même constater que
la théorie quantique et la théorie de la relativité sont inconsistantes entre elles.
Résumé Dans ce paragraphe, nous avons montré que par suite logique du principe de la
superposition, la mécanique quantique entraîne des interactions non locales : le résultat
d'une mesure ici dépend de façon instantanée du résultat d'une mesure qui se passe là-
bas. Or la notion d'évènements instantanés, simultanés n'a pas de sens en théorie de la
relativité.
Hubert Reeves dans Patience dans l'azur écrit : Je reprends l'énoncé avec une com-
paraison pour le lecteur moins familier avec la physique des atomes. A deux messagers, on
a donné la consigne suivante : ils devront répondre à une question par oui ou par non. Si
le premier répond oui, le second devra répondre non, et vice-versa. Les choses se passent
telles que prévues. Il serait raisonnable de supposer qu'ils se sont donné le mot au départ
et qu'à chaque instant du trajet chacun savait ce que l'autre allait répondre. Pourtant on
montre que tel n'est pas le cas. Aucun des deux n'a choisi avant l'arrivée quelle réponse il
allait donner. Comment expliquer que le second connaisse la bonne réponse ?
En 1935, l'objection de ces trois physiciens fut que même si elle ne permet pas de
transmettre de l'information, cette action à distance est inacceptable, car non consistente
avec la théorie de la relativité qui est locale en espace-temps ; ils étaient partisans d'une
théorie physique locale.
Ces physiciens suggérèrent que les mêmes résultats expérimentaux peuvent s'interpréter
autrement, par une théorie qui serait locale : dès le départ l'état de spin des deux
particules serait décidé, c'est à dire que l'une ou l'autre des deux situation est déjà
engagée : |+z >1 ⊗|−z >2 ou |−z >1 ⊗|+z >2 chacune se produisant en moyenne 1
fois sur 2. Le choix de l'une ou l'autre situation est le fruit du hasard, ou résulte d'un
mécanisme microscopique déterministe ou non mais inconnu. Il y aurait donc des variables
dynamiques cachées.
Ces physiciens ont donc ouvert un débat : Quelle interprétation est correcte, la
mécanique quantique avec le postulat de la mesure qui est non local, ou une théorie locale
à variables cachées ?
5.2. NON LOCALITÉ DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE, LE PARADOXE E.P.R.209
En 1964, J. Bell montre que les deux interprétations précédentes ne sont pas équivalentes
et que des expériences pourraient trancher le débat [Bel64]. Les inégalités de Bell sont
des relations vériées par toute théorie locale à variable cachée, et dans certains cas non
respectées par le modèle de la mécanique quantique.
A la section suivante, nous présenterons une situation plus simple à expliquer montrant
la non localité de la mécanique quantique, appelé égalité de GHZ, découverte en 1989.
Cependant cette égalité n'a pas été observée expérimentalement.
A cause de l'importance historique de l'inégalité de Bell, et des expériences associées
nous établissons une telle inégalité pour dans ce chapitre.
Pour se mettre dans un cas où l'inégalité de Bell est transgressée par la mécanique
quantique, supposons que les physiciens P1 et P2 mesurent respectivement la composante
du spin de la particule 1 (et 2) selon a (et ~b). Voir gure 5.2.3.
l'axe ~
P1 P2
a b
1 2
(0)
Théorie locale à variable cachée Supposons que une théorie locale à variables cachées
soit valide. Pour simplier les notations mais sans perte de généralité, on note λ la variable
cachée dont on ne saurait prévoir le comportement, et p(λ) dλ la probabilité pour que lors
d'une expérience, une valeur de l'intervalle [λ, λ + dλ] soit réalisée.
Le résultat de la mesure de P1 est une certaine fonction de λ (inconnue) :
A (λ, ~a) = ±1
210 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
Noter que A(λ, ~a) ne dépend pas de ~b d'après l'hypothèse de localité. En eet le choix de
la valeur de ~
b se fait localement juste avant la mesure de B et ne peut pas inuencer le
résultat de A d'après l'hypothèse de localité. (La relation B(λ, ~
b) = −A(λ, ~b) vient de ce
que les deux résultats sont toujours corrélés).
D'après ce modèle, la valeur moyenne de l'observable Ê ~a, ~b est alors :
Z
Eloc ~a, ~b = dλ p(λ) A(λ, ~a) B(λ, ~b)
Démonstration.
Z
Eloc ~a, ~b − Eloc (~a, ~c) = dλ p(λ) A(λ, ~a) B(λ, ~b) − A(λ, ~a) B(λ, ~c)
Z
=− dλ p(λ) A(λ, ~a) A(λ, ~b) 1 + A(λ, ~b) B(λ, ~c)
Eloc ~a, ~b − Eloc (~a, ~c) ≤ dλ p(λ) 1 + A(λ, ~b) B(λ, ~c) = 1+Eloc ~b, ~c , car p (λ) dλ = 1
R R
donc
D E
~ ~
EQ (~a, b) = φ|Ê(~a, b)φ = − cos (θ)
Démonstration. On peut choisir les vecteurs ~a, ~b dans le plan (z, x). Montrons que l'état φ
est invariant par rotation : R̂θ |φi = |φi. Posant
θ θ
|θi = Rθ |+z i = cos |+z i + sin |−z i
2 2
on a :
1
R̂θ |φi = √ (|θi ⊗ |θ + πi − |θ + πi ⊗ |θi)
2
1
= . . . = √ (|+z i ⊗ |−z i − |−z i ⊗ |+z i) = |φi
2
On peut donc supposer que ~a est selon l'axe z. Alors utilisant h+|Sz |−i = 0,
D E 1 2 2
~
φ|Ê(~a, b)φ = (h+, −|Sz Sb |+, −i + h−, +|Sz Sb |−, +i)
2 ~
1 2
= (h−|Sb |−i − h+|Sb |+i)
2 ~
or Sb = ~
2
(|θihθ| − |θ + πihθ + π|) donc
D E 1
φ|Ê(~a, ~b)φ = |h−|θi|2 − |h−|θ + πi|2 − |h+|θi|2 + |h+|θ + πi|2
2
1 2 θ 2 θ 2 θ 2 θ
= sin − cos − cos + sin = − cos θ
2 2 2 2 2
Remarque : comme attendu pour ~a = ~b, les deux théories sont en accord :
π
2π 1 1
EQ ~a, ~b − EQ (~a, ~c) = − cos + cos = − − =1
3 3 2 2
π 1
1 + EQ (~a, ~c) = 1 − cos =
3 2
L(inégalité de Bell (5.2.3) n'est pas vériée. On dit qu'il y a violation de l'inégalité de
Bell par la mécanique quantique.
Conséquence : la mécanique quantique est une théorie non locale.
Exercice :
212 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
Fixer ~a, ~b = π
2
, et poser ~b, ~c = α, avec ~a, ~b, ~c coplanaires donc (~a, ~c) = π
2
+ α.
Calculer et tracer EQ ~a, ~b − EQ (~a, ~c) et 1 + EQ (~a, ~c) en fonction de α.
Solution :
π π
~
EQ ~a, b − EQ (~a, ~c) = − cos + cos + α = |sin(α)|
2 2
π
et 1 + EQ (~a, ~c) = 1 − cos(α). Voir gure 5.2.4. Pour 0 < α < 2
, on a sin α > 1 − cos α donc
violation de l'inégalité de Bell.
1+E Q(b,c)
Violation Violation
|E Q(a,b)−E Q(a,c)|
j
0 π 2π α
En 1976, les expériences de Alain Aspect utilisant des photons polarisés, (au lieu de
particules avec spin 1/2) montrent la violation d'inégalités de Bell, et sont donc en faveur de
l'interprétation par une théorie locale
la mécanique quantique [Asp76, ADR82]. Ainsi
à variable cachée n'est pas possible. La non localité de la mécanique quantique
est observée expérimentalement.
Les résultats de l'expérience sont en parfait accord avec la mécanique quantique.
Des expérience plus récentes ont été faites où la distance entre les deux mesures est de
l'ordre de 10 km. Elles sont toujours en parfait accord avec la mécanique quantique.
Une expérience peut être fait en T.P. à l'université, voir [DM02].
Nous présentons ici un autre protocle expérimentale qui démontre que la théorie
quantique est non locale.
Références : article de Laloë (sur la page web du cours), page 17, et Greenberger, Horne,
Zeilinger, Am. Jour of Phys. vol 58, p1131, 1990.
5.2. NON LOCALITÉ DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE, LE PARADOXE E.P.R.213
1 2 0
Comme auparavant, on note |+i ≡ ∈C et |−i ≡ ∈ C2 les deux états
0 1
de base d'un spin 1/2. On considère 3 particules de spin 1/2. On ne décrit que les états de
spin et non pas leur état spatial. L'espace quantique est donc de dimension 6, c'est :
⊗3
H = C2 = C6
Les trois particules sont séparées spatialement, et chacune est envoyée vers un détecteur
capable d'observer son état de spin.
ψ = | + ++i − | − −−i
Cela signie une modication instantanée, non locale de l'état de spin des particules 2 et
3. C'est le collapse de l'état quantique.
214 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
On considère l'observable
Âxyy := σx(1) σy(2) σy(3)
et
Lemme 5.2.1. L'état ψ = | + ++i − | − −−i est vecteur propre de l'opérateur Âxyy de
valeur propre +1, c'est à dire :
Âxyy ψ = ψ
et est vecteur propre de l'opérateur B̂ avec la valeur propre (−1), c'est à dire :
B̂ψ = −ψ
1.
1 1
ψ = √ √ (| +x +z +z i + | −x +z +z i − | +x −z −z i + | −x −z −z i)
2 2
1 1 1
=√ |+x i ⊗ √ (| +z +z i − | −z −z i) + |−x i ⊗ √ (| +z +z i + | −z −z i)
2 2 2
5.2. NON LOCALITÉ DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE, LE PARADOXE E.P.R.215
Proposition 5.2.3. Une mesure des l'observables Axyy ou Ayxy ou Ayyx dans l'état ψ
donne avec certitude le résultat
(car par symétrie le numéro de la particule n'importe pas). De même une mesure de B
dans l'état ψ donne avec certitude
B = −1 (5.2.5)
et nalement
donc
Proj+ (ψ) 1
Probaψ σx(1) = 1 = x
2 =
kψk 2
etc.
216 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
Pour B̂ψ on a
σx(1) ψ = | − ++i − | + −−i
σx(2) σx(1) ψ = | − −+i − | + +−i
Axyy = σx(1) σy(2) σy(3) = +1, Ayxy = σy(1) σx(2) σy(3) = +1, Ayyx = σy(1) σy(2) σx(3) = +1,
(i) 2
alors on obtient d'une part que Axyy Ayxy Ayyx = 1 et d'autre part, utilisant σ = +1 ,
∀i, on obtient
Axyy Ayxy Ayyx = σx(1) σy(2) σy(3) σy(1) σx(2) σy(3) σy(1) σy(2) σx(3)
(5.2.6)
L'électron est une particule élémentaire de spin 1/2. Si deux électrons sont respecti-
vement dans les états |ψ1 > et |ψ2 >, on pourrait penser que l'ensemble est décrit par
le vecteur |ψ1 > ⊗|ψ2 > de H1 ⊗ H2 . Déjà on peut remarquer que expérimentalement, il
serait impossible de distinguer l'état |ψ1 > ⊗|ψ2 > de l'état |ψ2 > ⊗|ψ1 >, ou de toute
combinaison linéaire de ces états, puisque l'échange des deux électrons passerait inaperçue.
Principe : L'expérience montre que dans la nature, chaque paire de particule identique
élémentaire de spin 1/2 (ou demi-entier 3/2, 5/2, 7/2) est dans un état de la forme dite
antisymétrique, notée :
1
|ψ1 > ∧|ψ2 >= √ (|ψ1 > ⊗|ψ2 > −|ψ2 > ⊗|ψ1 >) (5.3.1)
2
ou toute combinaison linéaire (i.e. superposition) de tels états antisymétrique. Les autres
combinaisons sont donc interdites.
Remarques :
◦ Les particules élémentaires de spin 1/2 soumises à ce principe s'appellent des Fer-
mions. Cer sont les quarks, électrons, neutrinos, leptons, et particules analogues
d'antimatière ...)
◦ Ce principe appelé principe spin-statistique se justie en théorie quantique rela-
tiviste. Mais il manque actuellement une explication simple de cette correspondance.
◦ (*) Le symbôle ∧ s'appelle le produit extérieur. L'espace des états quantique
décrivant deux électrons contient donc les vecteurs de la forme (5.3.1). C'est un
espace vectoriel, qui est le produit extérieur des espaces à un électron (ou l'anti-
symétrisé), et noté
Htotal = He ∧ He = Â (He ⊗ He )
√
◦ le facteur 1/ 2 est pour la normalisation dans le cas où |ψ1 >, |ψ2 > sont chacun
orthogonaux et normalisés. En eet dans ce cas
1
k|ψ1 > ∧|ψ2 >k2 = (2 < ψ1 |ψ1 >< ψ2 |ψ2 >) = 1
2
218 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
◦ On a
(|ψ1 > ∧|ψ2 >) = − (|ψ2 > ∧|ψ1 >)
◦ Conséquence de l'anti-symétrie : deux électrons ne peuvent être dans le même
état quantique . En eet
1
|ψ > ∧|ψ >= √ (|ψ > ⊗|ψ > −|ψ > ⊗|ψ >) = 0
2
qui est le vecteur nul et ne peut donc pas décrire un état physique. C'est le principe
d'exclusion de Pauli formulé en 1925 pour expliquer la structure des atome.
◦ (*) Cette anti-symétrie se reète au niveau de la fonction d'onde des deux particules.
Si les deux particules ont le même état de spin, disons |+ >∈ Hspin , et dans des
états spatial diérents, |ϕ1 >, |ϕ2 >∈ Hspatial posons :
alors
|ψ1 > ∧|ψ2 >= (|ϕ1 > ∧|ϕ2 >) ⊗ (|+ >1 ⊗|+ >2 )
Noter donc que la partie spatiale est antisymétrique, alors que la partie spin est
symétrique.
La fonction d'onde (spinorielle) est déni par :
Cette fois ci, la partie spatiale est symétrique, alors que la partie spin est anti-
symétrique.
5.3. PLUSIEURS PARTICULES IDENTIQUES 219
◦ En particulier, deux particules ayant le même état de spin, ne peuvent être au même
endroit ~x, car d'après ci-dessus,
Ce principe d'exclusion agit donc comme une répulsion, bien qu'il ne s'agisse pas
d'une force à proprement parler (il n'y a pas de particule qui transmet la force,
comme le photon transmet la force électromagnétique).
◦ Les particules composées d'un nombre impair de fermions sont approximative-
ment des fermions en régime de faible concentration. Par exemple le neutron est
composé de 3 quarks (u, d, d) est approximativement un fermion (de même pour le
proton).
◦ Ce principe d'antisymmétrie des fermions a des conséquences observables très claires
en physique. Elle explique :
pour les neutrons et protons, la structure des noyaux nucléaires.
pour les électrons, les règles de remplissage des niveaux d'énergie électronique
des atomes ou molécules.
le remplissage des états électroniques dans les solides cristallins. Ce remplissage
est à l'origine des propriétés isolantes ou conductrices de ces matériaux, et na-
lement de la solidité et impénétrabilité de la matière solide à notre échelle.
Elle explique la taille, et les propriétés des étoiles naines blanches, où les élec-
trons sont soumis à ce principe d'exclusion (et de même la taille des étoiles à
neutron).
Principe : L'expérience montre que dans la nature, chaque paire de particule identique
élémentaire de spin entier 0, 1, 2, . . . est dans un état de la forme dite symétrique, notée :
1
|ψ1 > ∨|ψ2 >= √ (|ψ1 > ⊗|ψ2 > +|ψ2 > ⊗|ψ1 >) (5.3.2)
2
ou toute combinaison linéaire (i.e. superposition) de tels états symétriques. Les autres
combinaisons sont donc interdites.
Remarques
◦ Les particules soumises à ce principe sont appelées des Bosons. C'est le cas du
photon, des gluons, et autres particules de Jauge Z, W et Boson de Higgs, ...
◦ C'est aussi le cas pour les particules composées de spin entier (contenant un nombre
pair de fermions) mais seulement dans l'approximation des faibles concentration.
Par exemple les mésons K, π = (q, q) (contenant un nombre pair de quarks), les
atomes et molécules de spin entier comme He4 = (p, p, n, n, e, e), contenant un
nombre pair de protons,neutrons et électrons, atome hydrogène H = (p, e), noyau
220 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
deuterium d = (p, n). référence : [MR90, §2.1.6]. Il est curieux que dans [CBF]p.1387
ce problème ne soit pas abordé.
◦ Cette correspondance appelée spin-statistique se justie en théorie quantique re-
lativiste.
◦ L'espace total des combinaisons linéaires d'états symétriques est noté :
Htotal = H ∨ H = Ŝ (H ⊗ H)
◦ Si les deux particules ont le même état de spin, disons |+ >∈ Hspin , la fonction
d'onde des deux particules est symétrique :
Il n'y a pas de propriété d'exclusion comme dans le cas des fermions. Au contraire,
il est favorable que deux particules soient dans le même état, ou au même endroit
~x. Cela amène au phénomène de condensation de Bose à basse température (voir
Cours de physique Statistique à ce sujet, [DGLR89]).
◦ Un faisceau laser contient un grand nombre de photons (n ' 1020 ) qui sont tous
(idéalement) dans le même état quantique, correspondant à un mode d'onde élec-
tromagnétique précis. Cela est possible car le photon est un boson.
π (|ψ1 > ⊗|ψ2 > ⊗|ψ3 >) = (|ψ2 > ⊗|ψ1 > ⊗|ψ3 >)
Un état de N bosons est une combinaison linéaire (i.e. superposition) de toutes les
permutations possibles, de la forme :
!
1 X
|ψ1 > ∨|ψ2 > ∨ . . . |ψN >= √ π (|ψ1 > ⊗|ψ2 > ⊗ . . . ⊗ |ψN >)
N! π∈SN
1 X
Ŝ := π (5.3.3)
N ! π∈S
N
qui agit sur l'espace H⊗N = H ⊗ . . . ⊗ H. (c'est un projecteur orthogonal, voir proposition
5.3.1 plus bas pour l'explication du facteur 1/N !). Ainsi :
√
|ψ1 > ∨|ψ2 > ∨ . . . |ψN >= N !Ŝ (|ψ1 > ⊗|ψ2 > ⊗ . . . ⊗ |ψN >) (5.3.4)
Un état de N fermions est une combinaison linéaire de toutes les permutations pos-
sibles aectée de leur signature, de la forme :
!
1 X
|ψ1 > ∧|ψ2 > ∧ . . . |ψN >= √ σ(π) π (|ψ1 > ⊗|ψ2 > ⊗ . . . ⊗ |ψN >)
N! π∈SN
1 X
 := σ(π) π (5.3.5)
N ! π∈S
N
222 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
π (|ψ1 > ∨|ψ2 > ∨ . . . |ψN >) = + (|ψ1 > ∨|ψ2 > ∨ . . . |ψN >)
π (|ψ1 > ∧|ψ2 > ∧ . . . |ψN >) = σ(π) (|ψ1 > ∧|ψ2 > ∧ . . . |ψN >)
par exemple pour une transposition, qui est une permutation échangeant seulement
deux particules, on a σ(π) = −1.
Ainsi les états à N bosons sont des vecteurs propres des opérateurs de transpositions,
avec la valeur propre (+1). Et les états à N fermions, sont des vecteurs propres des opéra-
teurs de transpositions, avec la valeur propre (−1).
1 X 1 X
π Ŝ = π π0 = π 00 = Ŝ
N! 0 N!
π ∈SN π 00 =π π 0 ∈SN
où on a utilisé le fait que σ(π −1 π 00 ) = σ(π −1 ) σ(π 00 ) (morphisme de groupes) et donc σ(π −1 ) =
σ(π).
Exercice Considérons un électron (fermion) qui peut être dans M états distincts, |e1 >
, |e2 >, . . . |eM >. L'espace de Hilbert H1 à un électron correspondant est donc de dimension
M.
1. D'abord dans le cas simple M = 3, supposons qu'il y a un deuxième électron .
Donner alors une base de l'espace à deux électrons H2 = H1 ∧ H1 , et déduire sa
dimension.
Ŝ 2 = Ŝ, Ŝ + = Ŝ
si N ≥, 2 alors Ŝ Â = 0,
si N = 2, alors ˆ
Ŝ + Â = Id.
Remarque 5.3.2.
√
◦ A propos du facteur N ! : si les vecteursψj ∈ H sont normalisés alors Ψ := ψ1 ⊗
⊗N
ψ2 . . . ⊗ ψN ∈ H est normalisé, kΨk = 1. Par contre ŜΨ est symétrique mais pas
normalisé (un projecteur orthogonal ne peut que diminuer la norme du vecteur) :
2
ŜΨ = hŜΨ, ŜΨi = hΨ, Ŝ 2 Ψi
1 X
= hΨ, ŜΨi = hΨ, πΨi
N ! π∈S
N
1 1
= kΨk2 = .
N! N!
On a utilisé que hΨ, πΨi = 0 si π 6= Id. Ainsi
√
N ŜΨ = 1
1
P
Démonstration. On a  := N! π∈SN σ(π)π . Donc
1 X
0 0 1 X
Â2 = σ(π)σ(π )π ◦ π = σ(π ◦ π 0 )π ◦ π 0 .
(N !)2 π,π0 ∈SN (N !)2 π,π0 ∈SN
00
car σ : SN → {−1, 1}
est un morphisme de groupe. Posons π = π ◦ π0 et faisons le
0 00 0 −1 00
changement de variable (π, π ) → (π, π ) avec π = π ◦ π . On a
!
1 X 1 X
Â2 = σ(π 00 )π 00 = 1 Â = Â
(N !)2 π,π 00 ∈SN
N! π∈SN
π+ = π Â+ = Â.
P
car il y a N! éléments dans SN donc π∈SN 1 = N !. On a donc De
@@
5.4.1.1 La matière
6 quarks
ces quarks n'existent que par groupes de deux (qq )ou trois (qqq ), où q dénote un quark,
et q dénote un anti-quark. Ce phénomène s'appelle le connement ; c'est un fait expéri-
mental pas entièrement compris au niveau théorique.
5.4. APERÇU SUR LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES ET FORCES ÉLÉMENTAIRES (*)225
5.4.1.2 L'antimatière
Ce processus a été très important au début de l'univers. Après une important phase
d'annihilation mutuelle, il est resté de la matière car elle était en excédent de 1%.
2
◦ Les bosons W et Z : W0 , W+ , W− de masse m = 80 GeV/c , et Z0 de masse
2
m = 91 GeV /c , transmettent la force nucléaire faible entre les particules de matière
et d'anti-matière. (quarks et leptons).
2
◦ Le boson de Higgs m = 125 GeV/c .
Remarques :
◦ Les neutrinos ne sont sensibles que à la force nucléaire faible, et n'intéragissent
3
donc que très peu. Ils peuvent traverser la Terre facilement. Il y en a 200 par m ,
provenant d'un reste fossile du Big Bang. Réf : Pour la science, juillet 2010.
◦ L'interaction gravitationnelle est aussi une force élémentaire, mais on ne sait pas si
la théorie quantique s'applique pour elle. Autrement dit, on ne sait pas si il y a une
particule de Jauge associée que l'on appelerait le graviton.
Il y a donc peu de particules élémentaires. Surtout que la plupart cités ci-dessus sont
instables : elles ont une durée de vie très courte. Elles apparaissent lors de collisions éner-
gétiques, et se désintègrent très rapidement. Les particules élémentaires stables sont
e− , neutrinos , γ
les mésons sont composés de deux quarks qq avec des gluons qui les lient. Par exemple
le méson appelé pion π0 est une superposion quantique :
1
π0 ≡ √ |dd > −|uu >
2
Les baryons sont composés de trois quarks qqq avec des gluons qui les lient. Par exemple :
Helium4 : (ppnn)
Ensuite, les noyaux s'entourent d'électrons pour former des atomes, les atomes s'as-
semblent pour former des molécules, des matériaux, des uides. . .
Les particules composées stables sont : le proton p, les noyaux nucléaires légers (He,C ,O,. . .)
les atomes, les matériaux,. . .
Remarque :
◦ le neutron isolé est instable, avec une durée de vie moyenne de 15mn (887 s. préci-
sément).
◦ L'antimatière serait stable sans l'environnement de la matière. On a fabriqué des
− +
atomes d'anti-Hydrogène composés de p et e .
◦ Le LHC au CERN, étudie depuis 2010 des collisions p+p à hautes énergies. On
espère de nouvelles découvertes.
228 CHAPITRE 5. PLUSIEURS PARTICULES
Deuxième partie
Outils et méthodes
229
Chapitre 6
Symétries et règles de conservation
Ce chapitre entame une deuxième partie du cours où l'on présente des méthodes spéci-
ques pour résoudre des problèmes de mécanique quantique. Dans le chapitre 8 méthodes
d'approximation, on présente diérentes techniques standard d'approximation.
Dans le chapitre 6 Symétries, il s'agit d'exploiter les symétries du problème.
Jusqu'à présent nous avons discuté le spectre d'un seul opérateur à la fois. La propriété
suivante qui concerne deux opérateurs est très utile pour la suite.
Alors il existe une base propre commune des deux opérateurs . C'est à dire
qu'il existe une famille de vecteurs |Vi > formant une base de H, tels que
231
232 CHAPITRE 6. SYMÉTRIES ET RÈGLES DE CONSERVATION
Considérons l'opérateur B̂ . Soit un vecteur |ψ >∈ Ha . Par dénition, Â|ψ >= a|ψ >. Notons
|ψ 0 >= B̂|ψ >, alors
Â|ψ 0 >= ÂB̂|ψ >= B̂ Â|ψ >= aB̂|ψ >= a|ψ 0 >
donc |ψ 0 >∈ Ha aussi. On dit que l'espace propre Ha de  est globalement invariant par
l'opérateur B̂ . On peut alors chercher le spectre de B̂ dans chaque l'espace Ha . Un tel vecteur
propre |Vi > vériera donc B̂|Vi >= bi |Vi > et Â|Vi >= a|Vi >, car |Vi >∈ Ha .
h i
Si  est un opérateur dont le spectre est connu, et si l'on a Â, Ĥ = 0, alors la
Exemples simples Voici des exemples (simples ; on verra des exemples plus compliqués
plus loin, montrant l'intérêt de la méthode).
h i
~2
p
1. Pour une particule libre dans (x, y, z), on a Ĥ = 2m
, et donc p~, Ĥ = 0, c'est à
dire Â1 = p̂x , et Â2 = p̂y , et Â3 = p̂z . L'espace propre commun de valeur propre
(px , py , pz ) correspond à une onde plane |px , py , pz >(Il est de dimension 1).Par
2. Pour une particule à une dimension, dans un double puits de potentiel symétrique,
p̂2
cad V (x) = V (−x) , ∀x, le Hamiltonien est Ĥ = + V (x). Considérons l'opéra-
2m
teur de parité P̂ déni par :
P̂ : ψ(x) → ψ(−x)
6.1. PROPRIÉTÉS ET MÉTHODES DE BASE 233
opérateur auto-adjoint.
Rappelons que l'opérateur auto-adjoint  peut s'interpréter comme étant une obser-
vable physique, ou encore comme le générateur d'un groupe à un paramètre de
transformations unitaires :
i
Ĝ(λ) = exp − Âλ , λ∈R
~
i
Û (t) = exp − Ĥt , t∈R
~
Les quatre relations suivantes sont alors équivalentes :
h i
Ĥ, Â = 0
h i
Û (t), Â = 0 , ∀t
h i
Ĥ, Ĝ (t) = 0 , ∀t
h i
Û (t) , Ĝ (t) = 0 , ∀t
h i h i h i hP n i
1
en eet, par exemple si Ĥ, Â = 0, alors Û (t), Â = exp −iĤt/~ , Â = n n! −iĤt/~ , Â =
h i
0 car Ĥ n , Â = 0, ∀n.
Nous allons voir maintenant que chacune de ces quatre relations a une interprétation
ou une conséquence physique
h spécique.
i
Tout d'abord la relation Ĥ, Â = 0 a été exploitée au paragraphe précédent.
Ensuite :
1. preuve : ConsidéronsP : R → R déni par P (x) = −x. Alors l'opérateur de parité est P̂ψ =ψ ◦ P .
0
Or (ψ ◦ P) = (ψ 0 ◦ P) P 0 = − (ψ 0 ◦ P) donc p̂P̂ = −P̂ p̂. Donc p̂2 P̂ = P̂ p̂2 . On a V (x̂) P̂ = P̂V (x̂) donc
nalement Ĥ P̂ = P̂ Ĥ .
234 CHAPITRE 6. SYMÉTRIES ET RÈGLES DE CONSERVATION
h i
De la relation Û (t), Â = 0 on déduit que quelque soit l'état initial |ψ >∈ H, la
valeur moyenne de l'observable  sur l'état |ψ(t) >= Û (t) |ψi est constante au cours
du temps :
D E hψ (t) |Âψ (t)i
 (t) = = constante/t (6.1.1)
hψ (t) |ψ (t)i
Aa , la probabilité à la date t est (on utilise que Û (t) est unitaire, et que P̂a , Û (t) = 0)
2 2
kPa ψ (t)k2 Pa Û (t) ψ (0) Û (t) Pa ψ (0) kPa ψ (0)k2
Pa (t) = = = = = Pa (0)
kψ (t)k2 Û (t) ψ (0)
2
kψ (0)k2 kψ (0)k2
Exemples simples
h i
~2
p
1. Pour une particule libre dans (x, y, z), on a Ĥ = 2m
, et donc p~, Ĥ = 0. Alors
h~pi (t) = cste, c'est à dire que l'impulsion moyenne est conservée au cours du temps.
2. Pour une particule à une dimension, dans un double puits de potentiel symétrique,
p̂2
Ĥ = 2m + V (x), si l'état |ψ(0) > est une fonction paire (respect. impaire) à la date
t = 0, alors elle reste une fonction paire (respect. impaire) à tout instant t.
h i D E
3. On a Ĥ, Ĥ = 0 naturellement. Donc Ĥ (t) = cste : l'énergie moyenne est
Remarques :
◦ Sur la brisure spontanée de symétrie, qui fait que certains états observés ne res-
pectent pas la symétrie de H. Ex : le crayon qui tombe, une particule dans un
double puits, ou la vie qui a la chiralité droite (on assimile pas le sucre gauche).
@@
◦ Non conservation de la parité par l'interaction faible. (1956) @@. Toutes les autres
forces connues conservent la parité.
6.1. PROPRIÉTÉS ET MÉTHODES DE BASE 235
h i
De la relation Û (t), Ĝ(λ) = 0, ∀t, λ, on déduit que la dynamique est invariante
U(t) U(t) G
G(λ) ψ ψ’
|ψ(0)> |ψ ’(0)>
(a) (b)
h i
La relation Ĥ, Ĝ(λ) = 0 a pour conséquence que si Ĥ|ψ >= E|ψ >, et si on
Ĥ|ψ 0 >= Ĥ Ĝ|ψ >= ĜĤ|ψ >= E Ĝ|ψ >= E|ψ 0 > (6.1.2)
donc |ψ 0 > est aussi vecteur propre de Ĥ , de même valeur propre E. Voir gure
6.1.1(b).
Autrement dit l'espace propre d'énergie E est invariant par l'action du groupe.
0
Si |ψ i n'est pas colinéaire à |ψi, on déduit que la valeur propre E est dégénérée.
0
Mais il se peut que |ψ i soit colinéaire à |ψi. On verra plus loin une règle générale à
ce sujet (selon que le groupe de symétrie est commutatif ou non).
236 CHAPITRE 6. SYMÉTRIES ET RÈGLES DE CONSERVATION
Exemples simples
h i
~2
p
1. Pour une particule libre dans (x, y, z), on a Ĥ = 2m
, et donc p~, Ĥ = 0. Or p~ est
Htot = H1 ⊗ H2 = L2 R3 ⊗ L2 R3
p~21 p~2
Ĥ = + 2 + V (~x1 − ~x2 )
2m1 2m2
L'énergie ne dépend donc que de la distance mutuelle ~x1 − ~x2 des deux particules.
Le système est donc invariant par translation de l'ensemble des deux parti-
cules, dont l'opérateur (de translation de ~λ) agissant dans Htot est :
i ~ i ~
T̂~λ = exp − p~1 .λ exp − p~2 .λ
~ ~
i
= exp − p~tot .~λ
~
montrant que le générateur des translation de l'ensemble du système est l'opérateur im-
pulsion totale :
p~tot = p~1 + p~2 : impulsion totale
(rappel : il s'agit en fait de p~tot = p~1 ⊗ Id2 + Id2 ⊗ p~2 , voir eq.5.1.1).
2
2. Plus généralement, ce calcul montre que le générateur Ĝtot d'une transformation dans Htot = H1 ⊗
H2 . . . ⊗ H N est la somme des générateurs Ĝtot = Ĝ1 ⊕ Ĝ2 . . . ⊕ ĜN .
6.1. PROPRIÉTÉS ET MÉTHODES DE BASE 237
(Par exemple un atome d'hydrogène aura le même comportement quel que soit sa
position globale initiale).
Plus généralement en physique, l'invariance par translation d'un ensemble de particules
isolées est une propriété fondamentale qui est même un principe en physique des particules
élémentaires (mais n'a plus de sens en relativité générale, car l'espace est courbe, et d'admet
pas d'isométrie en général).
p̂21 p̂2
Ĥ = + 2 + U (~x2 − ~x1 )
2m1 2m2
1. Poser
M = m1 + m2 . On considère le changement d'opérateurs (~x1 , p~1 , ~x2 , p~2 ) →
~ P~ dénis par
~x, p~, X,
(
~x := ~x2 − ~x1
rel. :
p~ := M1 (m1 p~2 − m2 p~1 )
(
X~ := M1 (m1~x1 + m2~x2 )
G:
P~ := p~1 + p~2
Noter que ~
X est la position du barycentre G, que P~ est l'impulsion totale et ~x la po-
sition relative des 2 particules. Montrer que les nouveaux opérateurs sont canoniques
(i.e. [x, px ] = i~Iˆ, etc..). Déduire que l'espace total s'écrit
Htot = H1 ⊗ H2 = Hrel. ⊗ HG
2. Montrer que
Ĥ = Ĥrel + ĤG
p̂2
Ĥrel = + U (~x)
2m
P̂ 2
ĤG =
2M
238 CHAPITRE 6. SYMÉTRIES ET RÈGLES DE CONSERVATION
m1 m2
avec m= m1 +m2
appelée la masse réduite. Noter que Ĥrel agit dans Hrel seule-
ment, que ĤG décrit le mouvement libre du barycentre et agit dans HG seulement.
On peut de manière analogue ramener un problème à N corps en interaction à la des-
cription du barycentre G libre découplé de (N − 1) corps. Plus généralement, pour
un groupe de symétrie, cette simplication s'appelle la réduction symplectique.
V ~x + ~l1 = V ~x + ~l2 = V ~x + ~l3 = V (~x) , ∀~x ∈ R3 ,
Noter que la position d'un noyau se répète comme ~xa,b,c = al~1 + b~l2 + c~l3 avec a, b, c ∈ Z3
entiers. Cela forme le réseau cristallin.
l3
l2
l1
Figure 6.2.1 Dans un cristal les atomes sont répartis de façon périodique. On note
~l1 , ~l2 , ~l3 les côtés d'une maille élémentaire.
6.2. GROUPE DE SYMÉTRIE DYNAMIQUE COMMUTATIF : ÉLECTRON DANS UN POTENTIEL
p̂2
Ĥ = + V (~x) (6.2.1)
2m
Sans calcul, il y a une façon simple de deviner la structure des niveaux d'énergies
électronique dans un potentiel périodique :
Rappel : le potentiel Coulombien créé par un atome de charge +Z est
(eZ)e 1
V (r) = −
4π0 r
Le potentiel créé par la structure régulière d'atomes est la superposition de ces potentiels
individuels, voir gure 6.2.2.
Figure 6.2.2
Pour un électron dans le potentiel d'un atome pris individuellement, le spectre a basse
énergie est discret (comme l'atome H ). Les états stationnaires (orbitales atomiques) sont
localisées.
Mais à cause de la symétrie par rotation et du spin, les niveaux sont (quasi) dégénérés.
Rappel : pour l'atome H les niveaux d'énergie sont
ε1 Z 2
En = −
n2
avec ε1 = me4 /(2~2 ) = 13, 6 eV. et ensuite les autres nombres quantiques sont 0 ≤
l ≤ n − 1, l ≤ m ≤ l , spin = ±1/2. On appelle états s, p, d, f, .. pour respectivement
l = 0, 1, 2, 3, .. Au total :
orbitales 1s 2s 2p 3s 3p
nombre de niveaux 2 2 6 2 6
240 CHAPITRE 6. SYMÉTRIES ET RÈGLES DE CONSERVATION
On s'intéresse maintenant à un état discret donné pour l'atome seul. cad (n, l, m, spin =
1
± 2 ) xés.
◦ Si 2 atomes identiques voisins : Les orbitales atomiques sont réparties sur les 2
atomes (liante-anti-liante) donnant 2 niveaux sérrés
◦ Si 3 atomes identiques : on a de même 3 niveaux sérrés.chaque fonction est répartie
sur les trois atomes.
◦ Si N atomes identiques (pour une mole, N ≈ 1023 .), il y aura N niveaux sérrés ≈
bande d'énergie et une fonction d'onde stationnaire est répartie sur tout le cristal
appelée onde de Bloch.
Voir gure 6.2.3.
La largeur de la bande dépend du recouvrement des orbitales atomiques. Donc
bandes étroites pour le niveau 1s et bandes plus larges au dessus.
Figure 6.2.3
Schéma parlant :
Par l'imagination, on ressère les atomes (distance inter-atomes a : ∞ → 0). Les
orbitales se recouvrent de plus en plus, alors les bandes passent de largeur 0 (dégénérés) à
très larges (car recouvrement)
Par ex : Sodium qui a 11 électrons par atome, et un écart entre atomes a = 3.7, voir
gures 6.2.4. Le remplissage des niveaux par les électrons donne la gure 6.2.5.
Figure 6.2.4
Figure 6.2.5
242 CHAPITRE 6. SYMÉTRIES ET RÈGLES DE CONSERVATION
On a aussi : h i
T̂i , T̂j = 0, ∀i, j = 1, 2, 3
Montrant que le groupe de symétrie dynamique sont les translations discrètes du
réseau, et que c'est un groupe commutatif.
h i
Démonstration. la relation T̂i , T̂j = 0 découle de [p̂i , p̂j ] = 0 (car les opérations de dérivation
h i
commutent). Pour montrer Ĥ, T̂i = 0, il faut utiliser :
ˆ T̂i = T̂i ~x
~x ˆ + ~li (6.2.2)
Cela découle de ˆ|x >= ~x|~x >, et T̂i |~x >= |~x + ~li >, obtenu en eq. (2.1.11). Ainsi pour tout état
~x
|~x >, on a ~x ˆ T̂i |~x >= ~xˆ|~x +~li >= ~x + ~li |~x +~li >. Et de même T̂i ~x ˆ + ~li |~x >= ~x + ~li T̂i |~x >=
~x + ~li |~x + ~li >. Donc ~x ˆ T̂i = T̂i ~xˆ + ~li . On déduit progressivement, que cela est aussi vrai
pour toute fonction V (x), (d'abord sur les monômes, puis polynômes,...) c'est à dire :
V ~x ˆ T̂i = T̂i V ~x ˆ + ~li
h i h i
dans notre cas, ˆ + ~li = V ~x
V ~x ˆ ; par ailleurs T̂i , p~ˆ = 0 donc Ĥ, T̂i = 0.
Ensuite, d'après la propriété de base page 231, an d'étudier le spectre en énergie de
Ĥ ,
on cherche d'abord les vecteurs propres communs de T̂1 , T̂2 , T̂3 .
Ces trois opérateurs sont unitaires, et donc leur valeurs propres sont des nombres com-
−iϕk
plexes de module 1, que l'on peut donc écrire sous la forme e , k = 1, 2, 3.
−1 +
En eet si T̂1 |ψ >= λ|ψ >, alors |ψ >= T̂1 T̂1 |ψ >= T̂1 T̂1 |ψ >= λλ|ψ >, donc |λ| = 1.
On note :
et l'espace de Hilbert des vecteurs propres communs de T̂1 , T̂2 , T̂3 , de valeur propre
−iϕ1 −iϕ3 −iϕ3
respectives (e ,e ,e ) sera noté H (ϕ1 , ϕ2 , ϕ3 ). C'est à dire
ψ(~x − ~l1 ) = h~x − ~l1 |ψi = hx|T̂1 |ψi = e−iϕ1 < ~x|ψ >
= e−iϕ1 ψ(~x)
Eϕ~ ,n , n = 0, 1, 2 . . .
et ψϕ~ ,n est une fonction d'onde vériant les conditions de Bloch (6.2.3).
Noter que grâce à la périodicité, au lieu de résoudre l'équation de Schrödinger dans
tout le cristal, on est ramené à la résoudre dans une cellule seulement. Si il n'y a pas de
symétrie supplémentaire, on ne peut rien dire de plus. Le spectre est discret en eet car
une cellule est compacte (comme un puits de potentiel). Voir argument de la gure 1.5.2.
(Les conditions de périodicité peuvent s'interpréter en disant que grâce à la périodicité,
3
l'espace de conguration est devenu un tore T ).
A n xé, et pour diérent ϕ
~, la valeur Eϕ~ ,n parcourt un ensemble d'énergies appelée
bande d'énergie. Chaque bande est indicée par la valeur de n.
La gure 6.2.6, montre l'allure des bandes d'énergie ainsi obtenues.
Un intervalle d'énergie n'appartenant à aucune bande est appelé bande interdite.