Traité Des Propriétés Projectives Des (... ) Poncelet Jean-Victor Bpt6k9608143v

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Traité des propriétés

projectives des figures :


ouvrage utile à ceux qui
s'occupent des applications
de la géométrie [...]

Source gallica.bnf.fr / CNP


Poncelet, Jean-Victor (1788-1867). Auteur du texte. Traité des
propriétés projectives des figures : ouvrage utile à ceux qui
s'occupent des applications de la géométrie descriptive et
d'opérations géométriques sur le terrain. Tome 1 / par J.-V.
Poncelet. 1865-1866.
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TRAITÉ

DES

PROPRIÉTÉS PROJECTIVES

DES FIGURES.
Tout exemplaire du présent Ouvrage qui ne porterait pas, comme ci-dessous, la griffe du
Libraire-Éditeur, sera réputé contrefait. Les mesures nécessaires seront prises pour atteindre,
conformément à la loi, les fabricants et les débitants de ces exemplaires.
TRAITÉ
DES

PROPRIÉTÉS PROJECTIYES
DES FIGURES,

OUVRAGE UTILE A CEUX QUI S'OCCUPENT DES APPLICATIONS DE LA GÉOMÉTRIE


DESCRIPTIVE ET D'OPÉRATIONS GÉOMÉTRIQUES SUR LE TERRAIN;

PAR J.-V. PONCELET.

Il semble que, dans l'étatactuel des Sciences MatlléfflaLiqLleS,


le seul moyen d'empècher que leur domaine ne devienne li-op
vaste pour notre intelligence, c'est de généraliser de plus en
plus les théories que ces sciences embrassent, afin qu,un petit
nombre de vérités générales et fécondes soit, dans la tête des
hommes, l'expression abrégée de la plus grande variété des
* faits particuliers.
DUPIN, Développementsde (ievmélt ie.

TOME PREMIER.
DEUXIÈME ÉDITION, REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE D'ANNOTATIONS NOUVELLES.

PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE L'ÉCOLE IMPÉRIALE POLYTECHNIQUE, DU BUREAU DES LONGITUDES,
SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER,
Quai des Augustins, 55.

1865
(L'Éditeur de cet Ouvrage se réserve le droit de traduction.)
PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

Cet ouvrage est le résultat des recherches que j'ai entreprises, dès
le printemps de 1813, dans les prisons de la Russie : privé de toute
espèce de livres et de secours, surtout distrait parles malheurs de ma
patrie et les miens propres, je n'avais pu d'abord leur donner toute
la perfection désirable. Cependant j'avais dès lors trouvé les théo-
rèmes fondamentaux démon travail, c'est-à-dire les principes sur la
projection centrale des figures en général et des sections coniques en
particulier, les propriétés des sécantes et des tangentes communes
à ces courbes, celles des polygones qui leur sont inscrits et cir-
conscrits, etc.
Abordant d'abord le cas le plus élémentaire et le plus facile, j'avais
établi directement toute la théorie des cercles qui se coupent ou se
touchent sur un plan, et j'étais ainsi parvenu à plusieurs des résultats
que M. GAULTIER a consignés dans un beau Mémoire lu à l'Institut
en juin 1812, notamment ceux qui sont relatifs aux centres de simi-
litude et aux axes radicaux des cercles. Étant déjà parti pour la
Russie à cette époque, je n'avais pu avoir connaissance de ce Mémoire,
qui ne fut d'ailleurs imprimé que l'année suivante, dans le XVe Cahier
du Journal de rÉcole Polytechnique. Au reste, j'étais parvenu, dans
mon travail, à des propriétés que M. GAULTIER ne fait pas connaître,
sans doute parce qu'elles étaient inutiles à son objet ; ce sont préci-
sément ces propriétés qui me conduisirent, dès 1813, à la plupart
des conséquences que je me propose de développer ici, conséquences
qui me semblent procurer à la Géométrie ordinaire des ressources
qu'elle ne possédait pas auparavant, et qui peuvent être comparées,
jusqu'à un certain point, à celles que fournit elle-même l'Analyse
algébrique.
Quoi qu'il en soit, j'avais fait part de ces recherches à plusieurs
anciens Elèves de l'Ecole Polytechnique, mes compagnons d'infor-
tune à Saratoff; et, dès mon retour en France, en septembre 1814,
je m'empressai de les communiquer, d'abord à M. FRANÇAIS, et peu
de temps après à M. SERVOIS, tous deux savants professeurs aux
Écoles de l'Artillerie et du Génie, à Metz.
Depuis cette époque, je n'ai que fort peu ajouté à cette partie de
mes recherches, et je me suis principalement attaché à les mettre en
ordre et à les perfectionner; mais c'était à des intervalles éloignés et
pendant les courts loisirs que me laissaient les devoirs de mon état.
Elles auraient néanmoins déjà reçu le jour, sans des circonstances in-
dépendantes de ma volonté. Quelques fragments de ces mêmes re-
cherches ont seulement été publiés dans le tome VIII des Annales de
Mathématiques, et postérieurement encore j'ai présenté à l'Académie
royale des Sciences un Mémoire qui forme la première Partie de mon
travail et en contient les principes fondamentaux.
On sent assez, sans qu'il soit besoin de le dire, que plusieurs des
résultats auxquels je suis parvenu depuis 1813 ont dû être rencon-
trés, dans cet intervalle, par différents géomètres, et qu'il m'a fallu
également renoncer à la priorité pour beaucoup d'autres, que je ne
pouvais connaître qu'après des recherches pénibles dans une multi-
tude d'ouvrages; j'en ai fait volontiers le sacrifice, préférant ainsi à
la gloire de paraître toujours neuf celle d'être toujours vrai et utile.
En cela j'ai suivi l'exemple de plusieurs géomètres recommandables,
dont les noms sont souvent rappelés dans le cours de ces recherches.
Si donc il arrive que je n'aie pas toujours indiqué exactement les
premiers inventeurs de chaque théorème, on devra en accuser uni-
quement mon peu d'érudition.
Enfin, d'après la facilité avec laquelle les théories que j'expose con-
duisent à la plupart des propriétés générales et particulières des
figures, on demeurera persuadé que le but de ce livre, quelque volu-
mineux qu'il paraisse, est moins de multiplier le nombre de ces pro-
priétés que d'indiquer la route que l'on doit suivre. En un mot, j'ai
cherché, avant tout, à perfectionner la méthode de démontrer et de
découvrir en simple Géométrie. Je serai satisfait, si l'on juge que j'y
ai parfois réussi.
AVERTISSEMENT DE LA SECONDE ÉDITION.

L'intervalle de quarante-trois ans, écoulé entre cette nouvelle édition et la pré-


cédente, a d'autant plus besoin d'explication, que le premier volume du Traité des
Propriétés projectives des figures, publié en 1822, a été promptement épuisé,
et se vend, depuis un grand nombre d'années déjà, à des prix qu'on pourrait re-
garder comme scandaleux, si l'on venait à supposer qu'il s'est agi là d'une de ces
spéculations qui, trop souvent de nos jours, entachent et rabaissent le commerce
de la librairie et les utiles et honorables fonctions d'éditeur.
C'est pourquoi je me fais un devoir de protester contre toute supposition de cette
espèce, en rappelant ici, en peu de mots, les causes d'un aussi long retard, parmi
lesquelles d'ailleurs n'entre aucun sentiment de découragement ou d'indifférence
scientifique de ma part.
Dans l'intervalle de ISI5 à 1825, mon service d'ingénieur militaire m'ayant, bien
que j'en aie rempli scrupuleusement les devoirs, laissé assez de loisirs pour
cultiver la Mécanique et la Géométrie dont j'appréciais, avant tout, les utiles et
fécondes ressources pour la pratique des arts, j'en profitai pour rédiger divers
Mémoires de Géométrie spéculative ou appliquée, demeurés la plupart inédits
jusqu'à l'époque de 1825, et dont je me suis efforcé de mettre sous les yeux du public
éclairé les principaux éléments dans les volumes qui ont paru en 1862 et 1864,
sous le titre d'Applicationsd'Analyse et de Géométrie.
Malheureusement, ou heureusement peut-être, les marques honorables d'intérêt
que m'avaient values quelques travaux et inventions se rattachant à l'art de l'ingé-
nieur, de la part de MM. les Inspecteurs généraux de l'Artillerie et du Génie, Valé,
Baudrand, ainsi que de M. Arago, examinateurde l'École d'applicationde Metz, firent
qu'on me proposa, en 1823 et 1824, de créera cette École un Cours sur la science
des machines, que la récente introduction de l'industrie anglaise en France y
faisait vivement désirer. Ce fut sinon avec répugnance, du moins avec un vif senti-
ment de regret, que je consentis enfin, en 1825, à accepter cette tâche laborieuse
à laquelle je n'étais nullement préparé, et qui allait, en me privant de tout loisir,
ajourner indéfiniment la publication des travaux géométriques qui devaient faire
suite au premier volume du Traité des Propriétés projectives des figures, travaux
que d'éminents géomètres avaient jugés dignes, parleur caractère de nouveauté,
d'être professés au Collége de France, destiné, comme on sait, par son illustre et
libéral fondateur François Ier, à accueillir certaines idées repoussées par l'antique
Sorbonne, tandis que d'autres académiciens, moins bien disposés en faveur de
ces doctrines, traitaient, comme je l'ai rappelé ailleurs ( Applications d'Analyse et
de Géométrie), de Géométrie romantique, à quatre dimensions, cette partie de la
science qualifiée dans ces derniers temps de l'épithète, un peu hasardée et peut-
être ambitieuse, de Géométrie moderne.
Comme on peut le voir par un passage d'un Article de correspondanceinséré au
tome II des Applications ( IVe Cahier, p. 528), ces préventions étaient partagées par
mon illustre ami et protecteur François Arago, et par quelques autres partisans
éclairés de la doctrine utilitaire du chancelier Bacon, ce promoteur de l'indus-
trialisme anglais, qui redoutaient, non sans quelque raison, l'envahissement, en
France, des exagérations du transcendantalisme philosophique, si familier à nos
voisins, mais qui trop souvent conduit au matérialisme et au scepticisme moral.
M. Arago se hâta de me soustraire à de tels entraînements en me poussant,
en 1825, comme malgré moi, à l'École de Metz. Toutefois, qu'étaient-ce que les
théories du Traité des Propriétés projectiles des figures, où l'on perd rarement
de vue le sentiment de l'applicable et de l'utile, en comparaison de cette vaste
extension que de plus heureux et de plus habiles ont su leur faire acquérir à
partir de 1826 et 1827, sans craindre aucun empêchement ni reproche.
En m'exprimant ainsi sur la fin d'une longue et pénible carrière scientifique, la re-
connaissance me fait un devoir de déclarersans réserve, ni faussemodestie, qu'Arago,
si contraire au développement des idées géométriques abstraites, avait bien voulu,
lors de sa visite d'examenà Metz, en 1831, me proposer, au nom de mes illustres
et honorés maîtres, Ampère, Fourier, Lacroix, Legendre, Poinsot et Poisson, la
candidature à la place laissée vacante dans le sein de la section de Géométrie, à
l'Académie des Sciences de l'Institut, par la mort du célèbre auteur de la Méca-
nique céleste, candidature excessivement flatteuse pour l'amour-propre d'un mo-
deste officier du Génie, mais que je n'osai ni ne pouvais accepter par divers motifs
inutiles à expliquer, et qui, à mon refus, a été dévolue à M. Libri.
A l'égard des principaux obstacles ou des causes diverses des retards éprouvés
par mes publications, il me suffira de les résumer en peu de mots:
Pour tout ce qui concerne les publications étrangères à la Géométrie, je ren-
verrai à la liste finale de la page 564 du tome Ier des Applications d'Analyse et
de Géométrie; et, quant aux fonctions scientifiques, politiques ou administratives
dont j'ai été investi à diverses époques, elles peuvent être énumérées ainsi :
Années 1825 et 1826. — Nomination à la place de professeur de Mécanique à
l'École d'application de l'Artillerie et du Génie.—Voyage(aux frais du départementde
la Guerre) d'explorations et d'études dans les usines de France, de Belgique et
d'Allemagne, qui devait être suivi d'une autre visite plus importante encore dans
les principaux ateliers de la Grande-Bretagne, si je ne fusse tombé dangereusement
malade.
1827 à i83o.—Suite des leçons à l'École de Metz. — Cours professionnel public
et gratuit : Leçons du soir sur la Mécanique industrielle, à l'hôtel de ville deMetz.
— Expériences hydrauliques sous les auspices du Ministre de la Guerre, avec le
l'École
concours de feu le capitaine du Génie Lesbros, pour les besoins du Cours de
d'application; expériences qui avaient été précédées, en 1824, d'autres études expé-
rimentales sur les roues hydrauliques.
1830 à 1834. — Membre du Conseil municipal de la ville de Metz, et secrétaire
du Conseil général du département de la Moselle.
1834. — Membre de l'Académie des Sciences de l'Institut. — Chargé des Rapports
scientifiques et de la rédaction du Mémorial de l'Officier du Génie, près du Comité
des fortifications, fonctions que je remplissais intérimairement et durant la sus-
pension des leçons de l'École d'Application de Metz. — Adjoint définitivement au
Comité des fortifications, et cessation des fonctions de Professeur à l'École de
Metz, où je fus remplacé par M. Morin, détaché à cette École depuis 1828.
i838 à 1848. — Professeur à la Faculté des Sciences de Paris, où je fus chargé
de créer le Cours de Mécanique physique et expérimentale à la Sorbonne. — De
juillet à septembre 1841, expériences hydrauliques au Château-d'Eau de Toulouse,
sur les pertes de force vive dues aux étranglements dans les conduites.
1848 à 1851. — Membre de l'Assemblée constituante, nommé Professeur à
l'École d'Administration et au Collége de France, avec Lamartine, Garnier-Pagès,
Jean Reynaud, etc., et mon très-honorable et savant ami de Senarmont, Direc-
teur des études de cette éphémère, utile et regrettable institution, créée sous le
ministère de M. Carnot. — Commandant en chef de l'École Polytechnique, et par
intérim des gardes nationales de la Seine et autres départements, pendant les
cruellesjournées de juin 1848. —Réforme des études et des programmes de l'École
Polytechnique.
1851 à i858. —Président de la classe des machines et outils aux Expositions
universelles de Londres et de Paris. — Chargé du Rapport historique sur les ma-
chines-outils, à l'occasion de la première de ces Expositions.— Voyages d'explo-
ration dans les filatures et tissages de soie, de lin et de chanvre en France, entrepris
pour constater l'état de ces branches d'industrie.

Pour dernière indication j'ajouterai que le premier volume du Traité des Pro-
priétés projectives des figures est entièrement conforme à l'édition de 1822, sauf
quelques annotations placées à la fin de ce volume, et rappelées par des renvois
dans le cours de l'ouvrage ;
Qu'enfin le tome II comprend : les théories générales des centres des moyennes
harmoniques, de réciprocitépolaire ( dualité ), de l'Analyse des transversales, et leurs
principales applications aux propriétés projectives des courbes et des surfaces
géométriques, jusqu'ici demeurées inédites, et par conséquent hors de la portée du
plus grand nombre des lecteurs.
Paris, 14 Décembre 1864.
INTRODUCTION.

A l'époque où MONGE commença à professer la Géométrie descriptive, ou


plutôt cette Géométrie générale qui fait le caractère principal des ouvrages
de cet illustre Professeur et de ceux qui ont suivi ses traces dans la même
carrière, MONGE, disons-nous, avait raison de recommander aux Élèves
l'étude de la Géométrie analytique, celle-ci étant très-propre à donner aux
conceptions géométriques cette extension et cette généralité qui sont essen-
tiellement dans sa nature. En effet, à cette époque, la science était tout en-
tière à créer, et les principes, jusqu'alors suivis et reçus dans la Stéréotomie,
étaient beaucoup trop restreints pour servir de base à la nouvelle Géométrie.
Les leçons de MONGE d'ailleurs s'adressaient à des hommes appelés à parcou-
rir les diverses branches des connaissances humaines, dans tout ce qu'elles
ont de plus relevé.
Les choses sont aujourd'hui différentes à bien des égards ; les écrits de
MONGE, ceux de ses nombreux disciples, ont popularisé, si je puis m'expri-
mer ainsi, les idées générales; leur influence s'est manifestée jusque dans les
Éléments de la science, et cette influence s'étendra tous les jours davantage
à mesure que les applications de la nouvelle Géométrie deviendront plus
multipliées, plus nécessaires au grand nombre de ceux qui se vouent aux
arts. Peu à peu aussi les connaissances algébriques deviendront moins indis-
pensables, et la science, réduite à ce qu'elle doit être, à ce qu'elle devrait être
déjà, sera ainsi mise à la portée de cette classe d'hommes qui n'a que des
moments fort rares à y consacrer.
Les ouvrages mêmes de MONGE, ceux de ses Élèves, parmi lesquels nous
devons surtout citer l'auteur des Développements de Géométrie, ont prouvé
que la Géométrie descriptive, tla langue de l'artiste et de l'homme de génie, »
peut se suffire à elle-même, et atteindre à toute la hauteur des conceptions
de l'Analyse algébrique.
Cependant il reste encore quelque chose à faire; toutes les lacunes, tous
les vides ne sont pas encore remplis, et ces lacunes, ces vides se font surtout
sentir dans ce qui semble tenir de plus près aux connaissances préliminaires
de la Géométrie. Les grandes questions sont résolues, la doctrine est faite,
mais elle repose sur certaines données particulièresqu'il n'est pas aisé d'ac-
quérir, même dans les Traités de Géométrie analytique. En effet, la Géomé-
trie descriptive ne peut opérer sur les corps à trois dimensions qu'en rame-
nant les diverses questions qui leur sont relatives à d'autres concernant les
figures tracées simplement sur un plan, et c'est là même ce qui en constitue
toute la beauté et l'utilité. D'ailleurs les surfaces les plus générales ont pour
génératrices des lignes constantes ou variables, dont les projections sur les
plans coordonnés sont déterminées à chaque instant du mouvement; les élé-
ments du contact simple en un point d'une surface ne peuvent se déterminer
autrement que par ceux de deux génératrices quelconques passant par ce
point, et M. DUPIN a prouvé que les éléments de contact du second ordre
dépendent pareillement de ceux du même ordre relatifs à trois sections nor-
males, et ainsi de suite pour les contacts d'ordre supérieur. Or on est dans
l'usage de regarder comme remplie la tâche du géomètre, lorsqu'il est ainsi
parvenu à ramener les opérations de l'espace à celles qui concernent simple-
ment les lignes décrites sur un plan. C'est donc supposer que la Géométrie
descriptive plane soit faite, et elle ne l'est pas encore.
D'un autre côté, les méthodes générales, indiquées par la Géométrie à
trois dimensions, ne sont pas toujours les plus expéditives de celles qu'on
puisse mettre en usage ; et, pour remplir son but, elle est quelquefoisobligée
de recourir aux propriétés particulières des figures. Les arts d'ailleurs et le
goût s'accordent à n'employer que des formes dont la simplicité et la régula-
rité présentent des avantages sous le rapport de l'exécution : la ligne droite,
le cercle, les sections coniques et quelques autres courbes aussi faciles à
décrire, en sont les éléments nécessaires; il faut d'abord savoir construire ces
lignes, opérer sur elles, soit qu'on les considère d'une manière isolée, soit
qu'on les considère dans leurs diverses combinaisons, pour pouvoir s'occuper
ensuite de ce qui appartient aux formes plus générales qui en dérivent. C'est
ce qu'ont parfaitement senti les plus grands géomètres de notre époque, qui
se sont souvent complu à descendre des hauteurs de la science pour s'oc-
cuper de questions en apparence fort simples, mais qui ne laissaient pas de
présenter des difficultés à vaincre.
C'est donc cette Géométrie particulière qu'il faut chercher actuellement à
perfectionner, à généraliser, à rendre enfin indépendante de l'Analyse algé-
brique; c'est l'étude des propriétés des lignes et des surfaces individuelles
qu'il faut chercher à ramener dans le domaine de la simple Géométrie, à
laquelle elle semble encore se soustraire dans certains genres de questions.
Les efforts qui, à diverses époques, ont été faits par les géomètres pour
remplir ce but n'ont point été entièrement infructueux; une foule de pro-
priétés des lignes et des surfaces du second ordre ont été découvertes par les
principes de la Géométrie rationnelle, un grand nombre de questions parti-
culières ont été résolues ; mais il reste encore beaucoup à faire en ce genre,
non-seulement sous le rapport de l'invention, mais encore sous celui de la
méthode, des principes.
En effet, tandis que la Géométrie analytique offre, par la marche qui lui
est propre, des moyens généraux et uniformes pour procéder à la solution
des questions qui se présentent, à la recherche des propriétés des figures;
tandis qu'elle arrive à des résultats dont la généralité est pour ainsi 'dire
sans bornes, l'autre procède au hasard ; sa marche dépend tout à fait de la
sagacité de celui qui l'emploie, et ses résultats sont, presque toujours, bornés
à l'état particulier de la figure que l'on considère. Par les efforts successifs
des géomètres, les vérités particulières se sont multipliées sans cesse, mais
il est arrivé rarement que la méthode et la théorie générale y aient gagné;
encore peut-on reprocher à la Géométrie rationnelle, surtout à la Géométrie
ancienne, de faire un usage trop fréquent et trop étendu du mécanisme des
proportions, qui n'est au fond qu'un calcul déguisé, comme l'a observé un
savant géomètre, M. GERGONNE.
Ce reproche ne saurait s'adresser à la Géométrie dans l'espace, dont nous
avons déjà parlé, à cette Géométrie générale créée par le génie deMONGE; sa
marche est exempte d'hésitation, elle procède avec ordre, les lignes et les
surfaces qu'elle contemple sont indéfinies, rien ne limite la pensée, et ses
résultats ont, jusqu'à un certain point, toute l'extension de ceux de l'Analyse
algébrique, extension qui souvent étonne et embarrasse celui qui l'emploie.
Nous avons dit aussi que ce caractère de la Géométrie deMONGE lui vient pré-
cisément de l'usage qu'elle a fait, qu'elle fait encore, des considérations de
l'Analyse, de ce mélange, de cette fusion, en quelque sorte intime, de ces
deux manières de traiter la grandeur figurée.
Quelle est donc cette influence, cette puissance en quelque sorte extensive
de l'Analyse algébrique? Pourquoi la Géométrie ordinaire ou ancienne en
est-elle naturellement privée, et quel moyen pourrait-on mettre en usage
pour l'en faire jouir ? Voilà des questions qu'il semble utile de résoudre et de
méditer pour les progrès de la simple Géométrie. Nous nous bornerons ici à
hasarder quelques mots, à présenter quelques vues générales, remettant à
une autre époque de développer ce sujet avec toute l'étendue qu'il mérite.
L'Algèbre emploie des signes abstraits, elle représente les grandeurs abso-
lues par des caractères qui n'ont aucune valeur par eux-mêmes, et qui lais-
sent à ces grandeurs toute l'indétermination possible; par suite elle opère
et raisonne forcément sur les signes de non-existencecomme sur des quantités
toujours absolues, toujours réelles : a et b, par exemple, représentant deux
quantités quelconques, il est impossible, dans le cours des calculs, de se
rappeler et de reconnaître quel est l'ordre de leurs grandeurs numériques;
a-
l'on est, malgré soi, entraîné à raisonner sur les expressions b, sja—b, etc.,
comme si c'étaient des quantités toujours absolues et réelles. Le résultat doit
donc lui-même participer de cette généralité, et s'étendre à tous les cas pos-
sibles, à toutes les valeurs des lettres qui y entrent ; de là aussi ces formes
extraordinaires, ces êtres de raison, qui semblent l'apanage exclusif de l'Al-
gèbre.
Or on est conduit à toutes ces conséquences, non-seulement quand on
emploie les signes et les notations de l'Algèbre, mais aussi toutes les fois
qu'en raisonnant sur des grandeurs quelconques on fait abstraction de leurs
valeurs numériques et absolues; en un mot, toutes les fois qu'on emploie le
raisonnement sur des grandeurs indéterminées, c'est-à-dire le raisonnement
purement implicite. C'est ce qui arrive, en particulier, dans la Géométrie,
lorsque la figure se complique, ou que les rapports qui en lient les parties
se multiplient, parce qu'il n'est plus possible alors de discerner, au simple
coup d'œil, l'ordre de grandeur et de situation de ces parties. C'est encore
ce qui a lieu quand certaines de ces parties sont l'objet d'une recherche
faite sur la figure, ou qu'on les suppose inconnues à la fois de grandeur et
de situation; et voilà pourquoi aussi la marche des Anciens, qu'ils nom-
maient analytique, et à laquelle ils attachaient une si grande importance,.
n'était point tout à fait dépourvue de cette généralité, de cette force qui ap-
partient à l'Algèbre. Enfin, et c'est surtout ce qui arrive quand on fait abs-
traction de la figure et qu'on se dispense de la décrire; de là, et principale-
ment de là, cette généralité de conceptions et cette grande extension de la
Géométrie qui considère les objets dans l'espace; de là du moins provient la
facilité avec laquelle les géomètres ont transporté les notions abstraites et
figurées, d'abord manifestées par le calcul algébrique, dans le domaine de
cette Géométrie.
Dans la Géométrie ordinaire, qu'on nomme souvent la synthèse, les prin-
cipes sont tout autres, la marche est plus timide ou plus sévère; la figure est
décrite, jamais on ne la perd de vue, toujours on raisonne sur des grandeurs,
des formes réelles et existantes, et jamais on ne tire de conséquences qui ne
puissent se peindre, à l'imagination ou à la vue, par des objets sensibles; on
s'arrête dès que ces objets cessent d'avoir une existence positive et absolue,
une existence physique. La rigueur est même poussée jusqu'au point de ne
pas admettre les conséquences d'un raisonnement, établi dans une certaine
disposition générale des objets d'une figure, pour une autre disposition
également générale de ces objets, et qui aurait toute l'analogie possible
avec la première; en un mot, dans cette Géométrie restreinte, on est forcé de
reprendre toute la série des raisonnements primitifs, dès l'instant où une
ligne, un point ont passé de la droite à la gauche d'un autre, etc.
Or voilà précisément ce qui en fait la faiblesse; voilà ce qui la met si
fort au-dessous de la Géométrie nouvelle, surtout de la Géométrie analytique.
S'il était possible d'y appliquer le raisonnement implicite, en faisant abstrac-
tion de la figure, si seulement il était permis d'y appliquer les conséquences
de ce genre de raisonnement, cet état de choses n'existerait pas, et la Géomé-
trie ordinaire, sans pour cela employer les calculs et les signes de l'Algèbre,
se montrerait, à bien des égards, la rivale de la Géométrie analytique, de
même qu'elle l'est déjà, avons-nous dit, toutes les fois qu'il n'est pas pos-
sible de conserver la forme du raisonnement explicite.
Considérons une figure quelconque, dans une position générale et en
quelque sorte indéterminée, parmi toutes celles qu'elle peut prendre sans
violer les lois, les conditions, la liaison qui subsistent entre les diverses par-
ties du système; supposons qùe, d'après ces données, on ait trouvé une ou
plusieurs relations ou propriétés, soit métriques, soit descriptives, appartenant
à la figure, en s'appuyant sur le raisonnement explicite ordinaire, c'est-à-
dire par cette marche que, dans certains cas, on regarde comme seule ri-
goureuse. N'est-il pas évident que si, en conservant ces mêmes données, on
vient à faire varier la figure primitive par degrés insensibles, ou qu'on im-
prime à certaines parties de cette figure un mouvement continu d'ailleurs
quelconque, n'est-il pas évident que les propriétés et les relations, trouvées
pour le premier système, demeureront applicables aux états successifs de ce
système, pourvu toutefois qu'on ait égard aux modifications particulières
qui auront pu y survenir,, comme lorsque certaines grandeurs se seront éva-
nouies, auront changé de sens ou de signe, etc., modifications qu'il sera
toujours aisé de reconnaître à priori, et par des règles sûres?
C'est du moins ce que l'on conclurait sans peine du raisonnementimplicite,
et c'est ce qui, de nos jours, est assez généralement admis comme une sorte
d'axiome dont l'évidence est manifeste, incontestable, et n'a pas besoin
d'être démontrée : témoin le principe de la corrélation des figures, admis par
M. CARNOT, dans sa Géométrie de position, pour établir la règle des signes;
témoin encore le principe des fonctions, employé par nos plus grands géo-
mètres pour établir les bases de la Géométrie et de la Mécanique; témoin
enfin le Calcul infinitésimal, la Théorie des limites, la Théorie générale des
équations, et tous les écrits de nos jours, où l'on s'attache à une certaine gé-
néralité dans les conceptions.
Or ce principe, regardé comme un axiome par les plus savants géomètres,
est ce qu'on peut nommer le principe ou la loi de continuité des relations
mathématiques de la grandeur abstraite et figurée.
Ce n'est pas qu'au reste le principe de continuité ait été admis dans toute
son étendue et sans aucune restriction par les différents géomètres qui s'en
sont servis, soit ouvertement, soit tacitement; car, sans cela, ils se seraient
jetés dans toutes ces considérations métaphysiques des imaginaires, qui ont
été constamment repoussées du sanctuaire étroit dela Géométrie rationnelle.
Son emploi explicite, dans cette science, s'est presque toujours borné aux
états réels d'un système qui se transforme par degrés insensibles, et c'est
même là ce qui a donné lieu aux infiniment petits, aux infiniment grands,
que des géomètres cherchent encore, de nos jours, à bannir du domaine des
sciences exactes. Cependant, nous avons montré plus haut que ce principe
revient uniquement à admettre les conséquences du raisonnement implicite,
et que, dans bien des circonstances, il était absolument impossible, même
dans la Géométrie ancienne (*), d'éviter ce genre de raisonnement. Cepen-
dant encore, il ne serait pas difficile d'établir ce principe, d'une manière en-
tièrement directe et rigoureuse, à l'aide des calculs mêmes de l'Algèbre,
dont la certitude n'est du moins plus mise en doute de nos jours, grâce à
deux siècles d'efforts et de succès!
Toutefois cela serait-il bien nécessaire, et ne serait-on pas en droit d'ad-
mettre, dans toute son étendue, le principe de continuité en Géométrie
rationnelle, comme on l'a fait d'abord dans le calcul algébrique, puis dans
l'application de ce calcul à la Géométrie, si ce n'est comme moyen de dé-
monstration, du moins comme moyen de découverte ou d'invention? N'est-il
pas, pour le moins, aussi nécessaire d'enseigner les ressources employées, à
diverses époques, par les hommes de génie, pour parvenir à la vérité, que
les efforts pénibles qu'ils ont été ensuite obligés de faire pour les démontrer
selon le goût des esprits ou timides ou peu capables de se mettre à leur portée?

(*) Un exemple bien simple de la nécessité d'admettre la loi de continuité nous est offert par
la Prop. XXI du Liv. III de la Géométrie de M. LEGENDRE, ouvrage connu par la rigueur des dé-
monstrations et des principes. Il s'agit de démontrer la similitude des triangles qui ont les côtés
perpendiculaires; or le raisonnement, pour ètre général, suppose les propriétés des quadrilatères
non convexes, qui ne font pas partie des Éléments. Il est vrai que l'auteur montre ensuite que la
proposition a lieu pour tous les cas, et il serait aisé d'établir la démonstration, sans aucune restric-
tion, et cela pour le cas général où, au lieu d'être perpendiculaires, les côtés formeraient des
angles égaux quelconques ; il suffirait, en effet, de supposer que l'un des triangles tournât d'une
quantité angulaire convenable. On pourrait même étendre cette démonstration à des polygones
quelconques; mais il est bien des exemples, plus compliqués que celui-ci, où la difficulté ne serait
pas aussi facile à vaincre.
Enfin, quel mal pourrait-il en résulter, surtout si l'on se montrait sévère
à conclure, si l'on ne se payait jamais de demi-aperçus, si l'on n'admettait
jamais l' analogie et l'induction, qui sont souvent trompeuses, et qu'il ne
faut pas confondre avec le principe de continuité? En effet, l'analogie et
l'induction concluent du particulier au général, d'une série de faits isolés,
sans liaison nécessaire, en un mot discontinus, à un fait général et constant :
la loi de continuité veut, au contraire, que l'on parte d'un état général et en
quelque sorte indéterminé du système, c'est-à-dire tel, que les conditions
qui le régissent ne soient jamais remplacées par des conditions plus géné-
rales encore, et qu'elles subsistent dans une série d'états semblables, pro-
venus les uns des autres par gradation insensible; elle exige, en outre, que
les objets auxquels elles s'appliquent soient, de leur nature, continus ou
soumis à des lois qu'on puisse regarder comme telles. Certains objets peuvent
bien changer de position, par suite des variations survenues dans le système,
d'autres peuvent s'éloigner à l'infini, ou se rapprocher à des distances in-
sensibles, etc. ; les relations générales subissent alors des modifications,
sans cesser pour cela de s'appliquer au système.
La seule difficulté consiste, comme on voit, à bien entendre ce qu'on veut
dire par ce mot état général ou indéterminé et état particulier d'un système;
or, pour chaque cas, la distinction est facile : par exemple, une droite, qui
en rencontre une autre sur un plan, est dans un état général par rapport au
cas où elle devient perpendiculaire ou parallèle à cette droite. Pareillement
une ligne, droite ou courbe, qui en rencontre une autre sur un plan, est dans
une situation générale et indéterminée à l'égard de cette autre, et la même
chose a lieu encore quand elle cesse de la rencontrer, pourvu que ces deux
états ne supposent aucune relation particulière de grandeur ou de position
entre ces lignes; le contraire aurait évidemment lieu si elles devenaient ou
tangentes, ou asymptotes, ou parallèles, etc.; elles seraient dans un état
particulier à l'égard de l'état primitif.
L'admission ouverte de la loi de continuité, dans les recherches géomé-
triques, conduira nécessairement à des notions singulières, à de véritables
paradoxes; mais ces notions, ces paradoxes ont subsisté et subsistent éga-
lement dans l'Analyse algébrique, et n'ont pourtant point arrêté sa marche
ni ses progrès. D'ailleurs est-il raisonnable de repousser, en Géométrie, des
notions généralement admises en Algèbre, et dont personne ne conteste plus
la rigueur? N'y a-t-on pas déjà reçu les infiniment petits, les infiniment
grands, dont l'existence est purement hypothétique? Qui empêcherait enfin
d'y recevoir aussi les considérations relatives aux imaginaires?
La Géométrie d'EucuDE a certainement de très-grands avantages : elle
accoutume l'esprit à la rigueur, à l'élégance des démonstrations et à l'en-
chaînement méthodique des idées; sous ces divers rapports, elle est digne
de notre admiration et mérite seule de constituer la base des Éléments. Ce
serait, sans doute, une grande témérité que de chercher à introduire, dans
cette Géométrie, les expressions figurées de l'Analyse; car, d'après la sim-
plicité des formes qu'elle envisage, cette innovation serait, pour le moins,
aussi inutile que dangereuse. En effet, il n'y est guère question que des pro-
portions des figures les plus régulières; rarement y considère-t-onleur ma-
nière d'être mutuelle, ou, si l'on veut, leurs dépendances relatives à la dis-
position des points et des lignes. Or c'est précisément cette dernière dépen-
dance entre des figures qui paraissent, au premier abord, n'avoir rien de
commun, qui peut exiger qu'on introduise, dans le langage et les concep-
tions de la Géométrie, les expressions et les notions abstraites de l'Analyse;
elles seules, en effet, peuvent permettre d'établir un point de contact, sinon
absolu, au moins fictif, entre certaines figures et certains résultats géomé-
triques.
Cette manière de raisonner, quoique souvent abstraite et figurée, ne sau-
rait entraîner à l'erreur, parce qu'elle est fondée sur des rapprochements
en eux-mêmes rigoureux et exacts ; elle a d'ailleurs l'avantage d'agrandir les
idées, de lier par une chaîne continue des vérités en apparence lointaines,
et de permettre d'embrasser dans un seul théorème une foule de vérités
particulières. Si, après les travaux géométriques des savants illustres qui
composent la moderne École, on peut encore former l'espoir de faire faire
quelques progrès vraiment utiles à la science de l'étendue, ce ne peut être
évidemment qu'en suivant de près leurs traces, qu'en cherchant sans cesse
à généraliser le langage et les conceptions de la Géométrie.
Ce serait ici le lieu de montrer comment l'admission de la continuité en
Géométrie conduit, d'une manière naturelle et nécessaire, à l'interprétation
de toutes les notions abstraites ou métaphysiques qui appartiennent à la
grandeur figurée; nous aurions à étudier et à démontrer la loi de l'influence
qu'exerce la position sur les signes, ce qui nous conduirait à considérer,
dans leur rapport, l'Analyse algébrique et la Géométrie, à résoudre les dif-
ficultés et les objections que ce rapprochement a fait naître jusqu'à cette
heure; par là, nous justifierions, d'une manière en quelque sorte rigoureuse,
le principe de continuité et dans sa nature et dans ses applications; mais
notre but, avons-nous dit, n'a été que de présenter quelques vues géné-
rales, quelques aperçus sur le moyen de procurer à la Géométrie ordinaire
ce caractère d'extension qui lui manque, et que possède si bien la
Géométrie
analytique.
Je me propose d'ailleurs de donner, dans le cours de cet Ouvrage, quelques
éclaircissements sur les applications du principe de continuité, à mesure
qu'il pourra se présenter des circonstances favorables pour le faire, sans
trop déranger la marche générale des idées. Car mon objet n'y est point de
démontrer ce principe, encore moins d'en adopter sans réserve toutes les con-
séquences; je veux seulement fixer l'attention des géomètres sur son utilité,
signaler quelques-unes des applications que l'on en a faites, souvent sans
s'en douter; en jeter en avant quelques autres, moins évidentes et moins
faciles à admettre, après les avoir justifiées toutefois par la marche du rai-
sonnement ordinaire; faire voir, en un mot, qu'on ne traite point encore la
Géométrie avec toute l'extension qu'elle comporte, et qu'il reste beaucoup
à faire pour la rendre, sous ce rapport, la rivale de l'Analyse algébrique.
En m'arrêtant quelque temps au développement de ces idées, j'annonce
des considérations singulières et non accoutumées, je préviens les objections
qu'on pourrait leur faire, je lève enfin les scrupules qui auraient pu naître
dans l'esprit des personnes qui, ne voulant absolument admettre, dans les
recherches géométriques, d'autres principes et d'autre genre de démons-
tration que ceux qui nous viennent des Anciens, regardent, avec raison, la
Géométrie pure comme une science depuis longtemps faite, et dont la marche
.et la doctrine ne sont plus susceptibles de perfectionnements.
Mais le défaut de généralité et d'extension de la Géométrie ordinaire n'est
point le seul qu'on puisse lui adresser; nous avons dit qu'elle manque encore
deméthodesdirectes et uniformes pour procéder à la recherche de la vérité,
et qu'elle fait un usage trop fréquent, surtout trop étendu, du mécanisme
des proportions.
Encore une fois, ce dernier reproche ne saurait s'adresser à cette Géo-
métrie générale de l'École de MONGE, qui, des propriétés descriptives de
l'espace, conclut celles des figures décrites sur un plan, pour repasser en-
suite à ce qui concerne les figures à trois dimensions; et la même exception
doit être faite, jusqu'à un certain point, pour les principes de la Théorie des
transversales, car elle n'emploie uniquement que des rapports de lignes,
et elle se borne à les multiplier entre eux, sans jamais se permettre de les
décomposer; autrement dit, elle ne fait guère usage que des équations à
deux termes et de leurs combinaisons les plus évidentes et les plus élémen-
taires.
Il ne s'agit ici que de cette Géométrie ancienne, de cette Géométrie cul-
tivée par EUCLIDE, AnCHIMÈDE, APOLLONIUS, et plus récemment encore par
les VIÈTE, les FERMAT, les GRÉGOIRE DE SAINT-VINCENT, les HALLEY, les
VIVIANI, les R. SIMSON, etc., de cette Géométrie mixte ou particulière enfin,
qui, mettant en œuvre une multitude de relations et de lignes auxiliaires,
a une marche à la fois embarrassée et incertaine.
En réfléchissant attentivement à ce qui fait le principal avantage de la
Géométrie descriptive et de la Méthode des coordonnées, à ce qui fait que
ces branches des Mathématiques offrent le caractère d'une véritable doc-
trine, dont les principes, peu nombreux, sont liés et enchaînés d'une ma-
nière nécessaire et par une marche uniforme, on ne tarde pas à reconnaître
que cela tient uniquement à l'usage qu'elles font de la projection.
En effet, la Méthode des coordonnées rapporte les objets, décrits dans un
plan ou dans l'espace, à deux droites ou à trois plans fixes au moyen de
deux ou de trois systèmes de droites abaissées, des différents points de la
figure, parallèlement à ces axes ou à ces plans, ce qui revient proprement
à faire la projection de ces points sur les axes et les plans dont il s'agit.
La Géométrie descriptive considère également les projections des figures
dans l'espace, mais seulement sur deux plans coordonnés, ce qui est un
degré de simplification; elle pourrait même ne faire usage que d'un seul
plan de projection, en indiquant la hauteur des points au-dessus de ce plan
par des cotes, comme il arrive dans certains levés militaires, et comme cela
est généralement usité en Fortification (*), où le peu de régularité des
formes dans le sens vertical, joint à leur peu de relief relativement aux
dimensions horizontales, prête difficilement à la représentation au moyen
de projections verticales.
Voici donc quel est l'avantage de ces différentes méthodes : par la pro-
jection des figures planes sur des droites, on réduit l'examen des relations
de ces figures à celui des relations beaucoup plus simples entre les distances
comprises sur les axes de projections; au lieu de deux dimensions, on n'en a
souvent plus qu'une à considérer, ou, si l'on en a deux, elles sont toujours
mesurées dans des directions parallèles ou sur les mêmes droites; des ré-
flexions analogues sont applicables aux coordonnées dans l'espace. D'ailleurs

(*) Dans ce système de projection, la position absolue d'une droite dans l'espace est indiquée
par les cotes de deux points de sa projection ; celle d'un plan l'est par sa trace horizontale et la
cote d'un quelconque de ses points , ou par la projection cotée de sa ligne de plus grande pente,
ou par les cotes de trois quelconques de ses points, dont on a la projection, etc. Quant à la
manière de définir les surfaces, on est dans l'usage, surtout pour celles qui ne sont pas assujetties
à une loi rigoureuse, de se donner la suite des tranches parallèles au plan de projection, et leurs
cotes au-dessus de ce plan; mais il est évident que, dans la plupart des cas, on peut se contenter,
comme en Géométrie descriptive, de connaître le mode particulier de génération de la surface, en
se donnant, par des cotes, les points, les droites ou plans fixes auxquels il se rapporte. A l'égard
des génératrices, si elles sont planes et constantes de forme, il suffit d'avoir le rabattement de
la théorie des lignes proportionnelles et la proposition de PYTHAGORE, qui
sont les bases de la Géométrie, suffisent, dans tous les cas, pour repasser de
ces relations particulières aux relations générales qui subsistent entre les
objets mêmes de la figure; de là doit donc résulter à la fois uniformité et
simplicité dans la méthode, mais aussi nécessité d'employer des calculs plus
ou moins compliqués, et impossibilité de pouvoir jamais opérer directement
sur les figures ou sur les grandeurs graphiques qui les composent. Malgré
ce dernier désavantage, qui cesse d'en être un lorsqu'il ne s'agit que d'exa-
miner les relations purement métriques d'une figure, on a vraiment lieu de -
s'étonner que, dans les Éléments, on fasse si peu usage de la considération
des projections pour simplifier à la fois les énoncés et les démonstrations
de certains théorèmes.
Pour montrer un seul exemple de cette application, nous considérerons
un polygone quelconque plan, coupé par une droite transversale arbitraire.
Si, en effet, on projette ce polygone sur une nouvelle droite quelconque, par
des parallèles à la première, et si l'on observe que les rapports des distances
qui appartiennent à un même côté restent les mêmes en projection, on en
conclura aisément la relation connue entre les différents segments formés
par la transversale sur les côtés du polygone; car cette relation se réduira
à une simple identité pour la projection.
La Théorie des transversales, qui, suivant la remarque déjà faite par
M. CARNOT, n'est à proprement parler que la Théorie des coordonnées prises
sur une même droite, et réduite par conséquent à un plus grand degré de
simplicité, n'est donc qu'un corollaire, en quelque sorte évident, des prin-
cipes de la Méthode des projections. Or un grand nombre d'autres théo-

l'une quelconque d'entre elles sur le plan de projection. Enfin les lignes à double courbure peuvent
être définies par leur projection et par une surface quelconque qui en contiendrait les différents
points. En un mot, la figure dans l'espace doit être tellement définie, qu'on puisse aisément trouver
la cote d'un de ses points dont on aurait simplement la projection. Il est évident que la plupart
des figures employées dans les arts se prêtent, sans difficultés, à ces diverses conditions; en sorte
qu'il doit être possible de résoudre sur elles, directement et à l'aide d'un seul plan de projection,
toutes les questions qui sont du ressort de la Géométrie descriptive ordinaire.
Les premiers essais, en ce genre, ont été faits à l'École du Génie de Mézières, et ils sont dus à
MM. DE CHATILLON, MILET DE MUREAU, DUBUAT, MEUSNIER et MONGE. Dans un Mémoire, qui a
pour date l'année 1775, MEUSNIER a fait une application fort heureuse du tracé, par courbes ho-
rizontales, pour la recherche du plan tangent (DUPIN, Essai historique sur Monge, pages I37
et suiv.). Un de mes anciens camarades à l'École Polytechnique et à l'École de Metz, le Capitaine
du Génie NOIZET, a fait, de cette partie de la Géométrie descriptive, l'objet de ses méditations;
espérons qu'il n'en restera pas là, et qu'après avoir donné à ses recherches le développementdont
elles sont susceptibles, il consentira à en faire jouir ses camarades, à qui ces recherches pourront
être plus particulièrement utiles.
rèmes sur les polygones et sur les polyèdres se rattachent également, comme
on sait, à ces principes. Mais poursuivons.
Nous avons dit que la Géométrie descriptive, telle qu'on l'emploie d'or-
dinaire, a, sur celle des coordonnées, l'avantage de ne faire usage que de
deux plans de projection. De plus, elle opère directement et graphiquement
sur les figures de projection, et, par des opérations graphiques encore, elle
remonte à ce qui concerne la tigure même dans l'espace. En un mot, toutes
les relations ou propriétés descriptives du plan sont traduites, par elle, en
relations ou propriétés de l'espace, et réciproquement. De là donc, indé-
pendamment du car-actère d'extension qu'elle imprime aux objets de ses
conceptions, doit résulter une foule de rapprochements et de conséquences
infiniment profitables à la simple Géométrie et à la Géométrie à trois dimen-
sions, ce dont MONGE a montré les plus beaux exemples dans sa Géométrie
descriptive et dans les différents Mémoires qu'il a publiés depuis, parmi les
Recueils de l'École Polytechnique. Il est évident que ces avantages sont uni-
quement dus à la nature même de la projection qui, en modifiant la forme
et l'espèce particulière des figures, les place dans des circonstances ou plus
générales ou au contraire plus restreintes, sans pour cela en détruire les
relations et propriétés génériques, ou en les modifiant seulement d'après
des lois fort simples et toujours faciles à deviner et à saisir. Tout autre
mode de déformation n'aurait point évidemment les mêmes avantages.
Mais la méthode des projections ne se borne point là, et ses avantages ne
sont point limités à ceux qui appartiennent en propre à la Géométrie des-
criptive ordinaire et à la Théorie des coordonnées. En effet, dans l'une, la
projection réduit les lignes et les surfaces à une seule dimension en longueur,
et, dans l'autre, les lignes courbes restent il est vrai des courbes, mais les
surfaces sont représentées par des aires planes; c'est un avantage sous un
certain rapport, mais c'est un inconvénient sous plusieurs autres, notamment
en ce que les dimensions effectives de ces objets ne peuvent point se conclure
directement de leurs projections, comme cela a lieu pour les simples dis-
tances dans le premier cas, et pour les simples courbes dans le second. Or,
il est une manière plus générale de considérer la projection, c'est de pro-
jeter les lignes courbes, planes ou à double courbure, sur d'autres lignes
planes ou à double courbure, et de projeter pareillement les surfaces courbes
quelconques suivant d'autres surfaces pareilles; c'est-à-dire qu'une ligne
tout entière sera représentée par une ligne en projection, et une surface tout
entière par une autre surface du même genre : c'est ce qu'on peut nommer
proprement la projection-reliefdes lignes et des surfaces.
Cette méthode, il est vrai, ne sera pas, sous le rapport des constructions,
aussi avantageuse que celle de la Géométrie descriptive ordinaire; mais elle
aura la propriété de conserver la plus grande analogie possible entre la figure
primitive et sa dérivée, et de permettre ainsi de ramener facilement les rela-
tions métriques ou descriptives de l'une de ces figures à celles qui appar-
tiennent à l'autre. Elle doit donc être la plus féconde de toutes lorsque, vou-
lant simplement ne faire usage que des considérations de la Géométrie
rationnelle, on a pour but de découvrir les propriétés des lignes et des sur-
faces individuelles. Nous verrons, dans le cours de cet Ouvrage, que c'est à
ce genre de projection générale qu'il faut rapporter divers modes de transfor-
mation employés dans les arts pour les lignes et les surfaces : comme lors-
qu'on fait croître ou décroître leurs ordonnées dans un certain rapport, soit
dans leur propre direction, soit dans des directions parallèles quelconques,
c'est-à-dire en les faisant balancer ou osciller en même temps sur leurs bases,
suivant une quantité angulaire constante (*). Nous verrons aussi que ces dif-
férents modes de transformation des figures ont été employés par plusieurs
géomètres, notamment par MM. DUPIN et CHASLES, pour arriver à la con-
naissance d'un grand nombre de propriétés intéressantes des lignes et des
surfaces du second ordre.
Enfin, jusqu'ici nous avons supposé les coordonnées, ou projetantes, paral-
lèles entre elles; mais cette condition n'est pas indispensable, ou plutôt on
peut la remplacer par la condition, beaucoup plus générale, que toutes ces
projetantes aillent concourir vers un point ou centre de projection unique
du plan de la figure ou de l'espace : alors la projection sera proprement ce
qu'on nomme conique ou centrale; ce sera, si l'on veut encore, une sorte de
perspective dont le point de vue sera ce que nous venons de nommer le
centre de projection, mais qui n'aura véritablement de tableau que dans le
cas où tous les objets de la figure primitive seront à la fois projetés sur une
seule et même aire plane, ou sur une seule et même aire courbe.
Les relations ou propriétés, soit métriques, soit descriptives, qui subsis-
teront à la fois dans l'une et dans l'autre figures, auront nécessairement
toute la généralité, toute l'indétermination possible; elles devront être indé-
pendantes de toutes grandeurs absolues et déterminées, telles qu'ouvertures
d'angles, distances, paramètres constants, etc. ; en un mot, elles seront des

(*) Le premier moyen est souvent employé en Fortification pour renforcer, sur le dessin, le
relief des ouvrages, toujours peu considérable, comme nous l'avons fait observer, eu égard aux
dimensions horizontales du projet; l'objet est, par là, d'augmenter l'échelle des constructions, et de
les rendre plus rigoureuses. Le second est principalement usité en Architecture, pour convertir
les arcs droits en arcs rampants, etc.
propriétés de genre et non d'espèce, comme il peut arriver pour les projec-
tions par des parallèles, qui ont été définies précédemment.
On voit, d'après les diverses réflexions qui précèdent, que deux moyens
généraux, également puissants, se présentent pour perfectionner la Géomé-
trie rationnelle : l'un qui consiste à étendre l'objet des conceptions de cette
Géométrie à l'aide du principe de continuité, l'autre qui met en usage les
principes de la doctrine des projections pour procéder, par une marche à
la fois rapide et exempte d'hésitation, à la recherche des vérités géomé-
triques.
Agrandir les ressources de la simple Géométrie, en généraliser les con-
ceptions et le langage ordinairement assez restreints, les rapprocher de ceux
de la Géométrie analytique, et surtout offrir des moyens généraux propres
à démontrer et à faire découvrir, d'une manière facile, cette classe de pro-
priétés dont jouissent les figures quand on les considère d'une manière pure-
ment abstraite et indépendamment d'aucune grandeur absolue et détermi-
née, tel est l'objet qu'on s'est spécialement proposé dans cet Ouvrage. De
telles propriétés subsistent, avons-nous dit, à la fois pour une figure donnée
et pour toutes ses projections ou perspectives; on a donc dû les distinguer
de toutes les autres par le nom générique de propriétés projectives, qui en
rappelle, d'une manière abrégée, la véritable nature.
Indépendamment de tout ce qui a été dit, dans ce qui précède, sur les
propriétés projectives, comme elles doivent, sans contredit, compter parmi
les plus générales que l'on connaisse, elles méritent, à ce titre seul, toute
l'attention des géomètres; on sait, en effet, que les propriétés de l'étendue
sont d'autant plus fécondes en conséquences curieuses ou utiles à la pratique,
qu'elles se trouvent renfermées sous des énoncés plus généraux, plus simples
et plus faciles à saisir. On sait encore que, sous l'indétermination même
qui leur est propre, elles enveloppent implicitement, et comme corollaires
immédiats, toutes les propriétés particulières des figures.
D'un autre côté, nous avons vu que, pour le perfectionnement de la Géo-
métrie descriptive, comme pour celui des divers arts dont elle est la base,
ce sont principalement les méthodes de la Géométrie plane qu'il faut cher-
cher à étendre et à simplifier, et que parmi les propriétés, soit métriques,
soit descriptives, qui peuvent appartenir à cette Géométrie, celles qui sont
simplement relatives aux lignes droites et aux sections coniques sont surtout
utiles et intéressantes par l'élégance de la forme et la facilité de la descrip-
tion de ces lignes. C'est donc vers l'étude des propriétés projectives de ces
sortes de figures et des principes de projection qui les concernent que nous
avons dû principalement diriger nos efforts, en entreprenant ce travail.
Un grand nombre de géomètres distingués, à la tête desquels il faut placer
l'illustre MONGE, ont senti toute l'importance des ressources que pouvait
offrir la doctrine des projections pour la recherche et la démonstration des
propriétés générales des figures. PASCAL, DE LAHIRE, LAMBERT, et plus ré-
cemment encore M. CARNOT, dans son Essai sur la Théorie des transversales,
MM. GERGONNE, SERVOIS, FERRIOT, DURRANDE, etc., dans les Annales de
Mathématiques, MM. HACHETTE, ROCHE, CHASLES, dans la Correspondance
sur l'École Polytechnique, ont successivement fait usage, avec plus ou moins
de restriction, de considérations semblables pour étendre le résultat des
premières conceptions géométriques. Enfin M. BRIANCHON a fait insérer,
dans le Xe Cahier du Journal de l'École Polytechnique, un Mémoire qui pré-
sente, sur ce sujet, des réflexions à la fois neuves et étendues; je me fais un
plaisir et un devoir de reconnaître que je dois l'idée première de mon travail
à la lecture de cet écrit. Mais tous ces géomètres, n'ayant en vue que la dé-
monstration de quelques propriétés particulières des figures, ne se sont pas
occupés, d'une manière spéciale, de rechercher les divers principes que la
seule doctrine des projections pouvait fournir; ce qui fait que, pour la plu-
part, ces propriétés auraient pu être établies d'une manière plus générale et
plus simple encore, comme on aura lieu de s'en convaincre par la suite.
Un Traité complet sur les propriétés projectives des figures embrasserait,
pour ainsi dire, toutes les propriétés particulières et générales de l'étendue;
aussi voulons-nous borner presque uniquement nos recherches aux considé-
rations qui sont relatives à la projection conique ou centrale. Malgré cette
restriction, qui doit entraîner avec elle toute la généralité possible dans les
énoncés, nous aurons lieu de voir que la classe des propriétés projectives,
ainsi définies, est encore d'une étendue immense, et qu'à cette classe se
rattachent les plus anciennes comme les plus intéressantes découvertes géo-
métriques. On doit distinguer surtout les recherches qui font le sujet ordi-
naire de la Géométrie de la ligne droite ou de la règle, et de cette ingénieuse
Théorie des transversales, dont les principes, aussi simples que féconds, ont
beaucoup accru, dans ces derniers temps, le champ de la Géométrie spécu-
lative et pratique, et mériteraient bien, selon le vœu d'un de nos savants
modernes (*) et celui de l'auteur qui les a, le premier, réunis en corps

(*) Voyez la note placée au commencementdu beau Mémoire sur les Polygones et les Polyèdres,
par M. POINSOT (Xe Cahier du Journal de l'École Polytechnique). Il serait bien à désirer que le
Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique et MM. les Professeurs des Collégesfixassent
leur attention sur cet objet, beaucoup plus important qu'on ne le pense d'ordinaire, tant à cause
des développements considérables que peut encore recevoir la Théorie des transversales, que parce
de doctrine, d'être admis au nombre des Éléments de la Géométrie ordi-
naire.
Au surplus, la simplicité des considérations mises en usage par la Théorie
des transversales suffirait seule pour faire soupçonner que les Grecs ont dû
s'en occuper, si d'ailleurs PAPPUS, auteur du IVe siècle, ne nous apprenait,
dans la préface du VIle Livre des Collections mathématiques, qu'EUCLIDE
avait composé un Traité, en trois livres, sur les Porismes, dont les considé-
rations se rapprochaient probablement beaucoup de celles de cette Théorie
et de la Géométrie de la règle. Au rapport de PAPPUS, cet ouvrage d'EucLiDE
était plein de génie et d'invention (artificiosissimus), et fort utile pour la ré-
solution des problèmes difficiles et compliqués; il dit que, de son temps, on
ne connaissait plus la véritable signification des Porismes, parce que des
commentateurs peu instruits les avaient obscurcis et mutilés, pour ne les
avoir pas compris dans toute leur généralité, et avoir voulu substituer des
démonstrations restreintes à celles de l'auteur. Il cherche ensuite à expliquer
quel sens on doit attacher au mot Porismes; mais cette explication, déjà
peu satisfaisante par elle-même, renferme encore des lacunes, et les figures
sont perdues.
Les commentateurs modernes, parmi lesquels on doit citer, en première
ligne, les COMMANDIN, les FERMAT, les SCHOOTEN, les R. SIMSON, ne pa-
raissent guère avoir mieux réussi que PAPPUS ; et nous croirons volontiers
que, de leur temps, la Géométrie n'avait point encore assez fait de progrès :
le dernier cependant doit être excepté pour la restitution qu'il a faite de
plusieurs propositions dans le genre des Porismes, et dont les énoncés sont
mutilés dans le texte de PAPPUS, grâce à la barbarie des siècles du moyen
âge et à l'ignorance des copistes ! Pour nous, qui n'avons pas la prétention
d'expliquer le sens du texte de PAPPUS, nous nous contenterons de faire
connaître, dans le cours de cet Ouvrage, et à mesure que l'occasion pourra

qu'elle tend à remplir un vide qui se fait de plus en plus sentir dans les Éléments de la science.
Nous citerons volontiers l'exemple de notre ancien professeur au Lycée de Metz, M. BADELLE,
connu par le grand nombre d'Élèves qu'il a formés pour l'École' Polytechnique, et qui, dans ses
cours, ne manquait jamais de donner une notion suffisamment approfondie des principes de cette
Théorie.
La Théorie des transversales rectilignes el sphériques vient d'acquérir d'ailleurs un nouveau
degré d'intérêt, par le rapprochement qui a été fait entre ses principes et ceux de la composition
des forces en Mécanique. M. CORIOLIS, répétiteur d'Analyse à l'École Polytechnique, a bien voulu
m'en faire part dès 1820, et, sur une simple indication, M. GERGONNE s'en est servi ensuite pour
démontrer les deux beaux théorèmes de la page 289 du tome IX des Annales de Mathématiques,
dont l'un avait été énoncé seulement par CORIOLIS. Il convient aussi de dire que M. GERGONNE
avait déjà appliqué, peu de temps auparavant, des principes semblables à d'autres recherches
géométriques.
s'en présenter, divers théorèmes qui ont dû appartenir au Traité d'EuCLIDE
sur les Porismes et dont COMMANDIN, dans son commentaire sur PAPPUS, a,
mal à propos, restreint les énoncés, les démonstrations et les figures : nous
y ajouterons aussi ceux qui ont été restitués ou indiqués parR. SIMSON et
par les différents géomètres qui, de nos jours, se sont occupés de la Théorie
des transversales, et l'on demeurera convaincu, ou du moins on inclinera
fortement à croire que le Traité des Porismes d'EucLiDE n'avait guère
d'autre objet que ces propriétés générales et abstraites des figures, dont le
caractère ne pouvait que difficilement être défini par la langue de la Géomé-
trie ancienne; en un mot, que les Porismes étaient de véritables propriétés
projectives, déduites par EUCLIDE (*) des considérations de la Perspective,
qui lui étaient devenues familières, à en juger par un Traité qu'il a publié
sur ce dernier objet. On trouve d'ailleurs, dans les Coniques d'APOLLONIUS
de Perge, plusieurs propositions du même genre, et que nous ferons con-
naître dans la lIe Section de ce Traité.
Nous aurons aussi l'occasion de voir, au sujet de ces diverses recherches,
que les Anciens ne s'étaient point bornés simplement aux considérations
relatives aux figures planes, et qu'ils avaient également découvert le prin-
cipe fondamental de la Théorie des transversales sphériques; que CL. PTOLÉ-
MÉEmême, dans son Almageste, en a fait usage pour résoudre plusieurs pro-
blèmes d'Astronomie ; mais notre intention n'est pas de faire ici, en détail,
l'historique des propriétés projectives, pour lequel on doit beaucoup à
M. BRIANCHON, et nous continuerons, dans ce qui suit, d'en présenter sim-
plement le point de vue général et philosophique.
DESARGUES, ami de l'illustre DESCARTES, et dont celui-ci faisait le plus grand
cas comme géomètre ; DESARGUES, qu'on peut appelèr, à plus d'un titre, le

(*) Telle paraît être aussi l'opinion personnelle du savant professeur à l'École des Ponts et
Chaussées de France, M. EISENMANN, qui s'est occupé de traduire, dans notre langue, l'ouvrage de
PAPPUS, et qui ne tardera probablement pas à faire jouir les amateurs de l'ancienne Géométrie, de
ce fruit de longues et pénibles recherches. Remarquons, à cette occasion, que l'on a généralement
tort de croire qu'il ne faille que des connaissancesfort ordinaires, en Géométrie, pour lire et com-
prendre les ouvrages qui nous ont été transmis par les Anciens; tout porte à penser, au contraire,
que leurs connaissances en ce genre étaient aussi profondes qu'étendues ; car la plupart de leurs
écrits scientifiques ne nous sont connus que par les fragments imparfaits qui nous restent des
Collections de PAPPUS, qui pourtant n'étaient que de simples Lemmes, de simples éclaircissements
sur certains passages difficiles que présentaient ces écrits, déjà défigurés ou mal compris dès le
temps de ce Géomètre, c'est-à-dire vers le IVe siècle de l'ère chrétienne. Il est même à remarquer
que ce n'est que depuis peu que l'on est parvenu à restituer quelques-uns des Lemmes de PAPPUS,
et sans doute que plusieurs des résultats géométriques, dont s'honorent les Modernes, ont été pres-
sentis ou parfaitement connus des Grecs. Nous n'en voulons pour preuve que le théorème sur la
cubature des solides, si généralement connu et si mal à propos attribué à GULDIN, bien qu'il se
trouve énoncé formellementdans les Collections de PAPPUS,
MONGE de son siècle, que les biographes n'ont point assez connu, ni assez
compris; DESARGUES, enfin, que des contemporains, indignes du beau titre
de géomètre, ont noirci, persécuté et dégoûté, pour n'avoir pu se mettre à
la hauteur de ses idées et de son génie, fut, je crois, le premier, d'entre les
modernes qui envisagea la Géométrie sous le point de vue général que je
viens de faire connaître. Il traita, soit parles considérations de l'espace, soit
par la Théorie des transversales, quelques-unes des propriétés des triangles
et du quadrilatère, en imaginant, à cet effet, une notation ingénieuse, à
l'aide de laquelle il réduisait la multiplication et la division des rapports
composés, qui se reproduisent à chaque pas dans cette théorie, à de simples
additions et soustractions de quantités. On peut en voir un exemple dans une
petite note placée à la fin de certains exemplaires du Traité de Perspective
publié, en 1648, par BOSSE, qui n'était rien moins que géomètre, bien qu'il
fût excellent graveur, et qu'il eût reçu des leçons de DESARGUES.
DESCARTES écrivait, en janvier 1639, au sujet d'un papier de DESARGUES,
que lui avait transmis le P. MERSENNE : A La façon dont il commence son
»
raisonnement, en l'appliquant tout ensemble aux lignes droites et aux
»
courbes, est d'autant plus belle qu'elle est plus générale, et semble être
»
prise de ce que j'ai coutume de nommer la Métaphysiquede la Géométrie,
»
qui est une science dont je n'ai point remarqué qu'aucun autre se soit ja-
»
mais servi, sinon ARCHIMÈDE. Pour moi, je m'en sers toujours pour juger
» en
général des choses qui sont trouvables, et en quels lieux je les dois
» trouver. »
Il ajoute qu'on ne doit pourtant pas tellement s'y fier qu'on se
croie dispensé de toute espèce de démonstration : que, par exemple, en ap-
pliquant les mêmes raisonnements aux lignes droites et aux courbes, il faut
prendre garde qu'il n'y ait rien qui appartienne à leur différence spécifique.
Il parait bien évident, d'après cette lettre, que DESARGUES avait deviné et
connu l'extension qu'on pouvait donner aux principes élémentaires de la
Théorie des transversales, en les appliquant indistinctement aux systèmes
de lignes droites et aux lignes courbes; et, en effet, M. CARNQT a démontré
depuis, dans sa Géométrie déposition ( voy. le Chapitre Ier, Section II du pré-
sent Ouvrage), que la relation entre les segments, formés sur les côtés d'un
triangle coupé par une courbe géométrique d'ordre quelconque, est préci-
sément celle qui a lieu pour un autre triangle coupé par un système de droites
en nombre égal à celui qui marque le degré de cette courbe ; de sorte que,
sous ce point de vue général, le système de deux, de trois,..., droites tra-
cées dans un plan, doit être considéré comme représentant une courbe du
2e, du 3e,..., ordre, et doit jouir des mêmes propriétés, quant à ce qui con-
cerne la direction indéfinie des lignes et leurs rapports indéterminés de
grandeur, propriétés que nous avons ci-dessus caractérisées par l'épithète
de projectiles.
Au surplus, il ne paraît pas que DESARGUES ait rien écrit sur les courbes
d'ordre supérieur, et qu'il ait envisagé la question dans toute sa généralité;
il est, au contraire, raisonnable de croire qu'il s'est contenté d'examiner le
cas où la courbe est simplement une section conique, pour lequel le théo-
rème de M. CARNOT peut se démontrer directement et d'une manière pure-
ment élémentaire. C'est ce qu'on voit par une autre lettre de DESCARTES, OÙ il
est question d'un projet de Traité des Sections coniques dont s'occupait DE-
SAHGUES, et dans laquelle, tout en louant ce dernier sur le but qu'il cherchait
à remplir, il le blâme d'avoir voulu refaire la langue de la Géométrie an-
cienne, et d'avoir employé des termes nouveaux, dans l'invention desquels
il reconnaît pourtant « de l'esprit et de la grâce. » On voit aussi, dans cette
lettre, que DESARGUES avait coutume de considérer les systèmes de droites
parallèles comme concourant à l'infini, et qu'il leur appliquait le même rai-
sonnement qu'aux lignes convergentes; sur quoi DESCARTES fait des ré-
flexions analogues à celles que nous avons déjà rapportées ci-dessus.
Nous citons d'autant plus volontiers ces passages des lettres de DESCARTES,
qu'ils montrent qu'à une époque où la Méthode des coordonnées venait à
peine de naître, DESARGUES cherchait à imprimer aux conceptions de la
simple Géométrie une généralité qu'elle n'a reçue que beaucoup plus tard,
et par le concours d'un grand nombre de savants géomètres.
Quant au Traité des Sections coniques, dont parle DESCARTES, il paraît être
le même que l'écrit qui a été publié en 1639, sous le titre de : Brouillon-
Projet d'une atteinte aux événementsdes rencontres du cône avec un plan, etc.,
ouvrage que nous ne connaissons que par la critique, fort amère et fort peu
lumineuse, qui en a été faite par BEAUGRAND, dans une lettre imprimée qu'on
trouve encore à la Bibliothèque du Roi, et qui est loin, sans doute, de pou-
voir fixer nos idées sur l'esprit de la méthode employée par DESARGUES. Nous
ferons connaître, au commencement de la lIe Section de cet Ouvrage, le peu
que nous a transmis BEAUGRAJND sur cet écrit de DESARGUES, et l'on verra
qu'il devait briller partout des traits de l'originalité et du génie.
PASCAL, qui n'avait encore que seize ans, et qui déjà comptait parmi les
plus grands géomètres de. son temps, guidé d'ailleurs par les préceptes et
l'exemple de DESARGUES, comme il a soin de nous l'apprendre lui-même, fit
paraître, en 1640, c'est-à-dire peu de temps après l'écrit de ce dernier, son
Essai pour les Coniques: c'est uneNotice très-courte, remarquable par l'usage
que PASCAL y fait des considérations de la perspective ou projection cen-
trale, et par un passage où, en donnant les plus grands éloges à DESARGUES,
il dit que ce géomètre, dans la méthode qu'il avait suivie, traitait générale-
ment des sections du cône, sans se servir du triangle par l'axe. Parmi plu-
sieurs propositions dans le genre de celles de la Géométrie de règle et de la
la Théorie des transversales, cet Essai renferme l'énoncé de la propriété de
l'hexagone inscrit aux coniques, attribuée à DESARGUES par DESCARTES, et
que PASCAL a ensuite employée sous le nom d'hexagrammummysticum, dans
un Traité inédit sur les sections coniques, que LEIBNITZ a eu entre les mains,
lors de son séjour en France, en 1676, et dont ce grand homme nous a trans-
mis une analyse très-succincte, qui est tout ce qui reste de cet ouvrage de
PASCAL. A en juger par les titres des six livres dont il était composé (*), cet
ouvrage, beaucoup plus étendu que celui de DESARGUES sur le même sujet,
devait renfermer les plus belles des propriétés projectives des sections coni-
ques, aujourd'hui généralement connues des géomètres; et, en effet, elles
ne sont, pour la plupart, que des corollaires fort simples de l'hexagrarnme
mystique, qui lui-même n'est qu'une extension du Porisme de PAPPUS, ou
plutôt d'EuCLIDE, sur l'hexagone inscrit à l'angle formé par deux droites.
Quelle fatalité a donc fait disparaître ces productions de trois hommes doués
d'un génie également original et profond?
Dans un autre écrit, qui porte la date de 1654, PASCAL fait encore men-
tion de son Traité complet des Sections coniques, eu rendant compte de plu-
sieurs ouvrages dont il s'était occupé, et dont il se contente simplement de
rapporter les titres. Parmi ces recherches de PASCAL, nous ne citerons ici
que celles qui sont relatives aux Contacts des sections coniques, aux Lieux
plans et à la Perspective, qui, d'après ce qu'il en dit lui-même (**), devaient
être traitées avec une grande généralité, et par des principes tout à fait dif-
férents de ceux jusque-là mis en usage, soit par les anciens, soit par les
nouveaux géomètres. (Voyez les ANNOTATIONS de l'ERRATA.)
L'éditeur des OEuvres de BLAISE PASCAL, je veux dire l'abbé BOSSUT,

(*) Nous transcrivons ici ces titres, d'après la lettre de LEIBNITZ, insérée dans les Œuvres de
PASCAL ( tome IV, édition de 1779 ), et dont la date est du 3o août 1676 :
I. Generatio coni sectionum tangentium et secantium, sine Projectio peripherice tangentium et
secantium circuli, in quibuscunque oculi, plani ac tabellce positionibus. II. De hexagrammo mys-
tico etconico. III. De quatuor tangentibus,et rectis puncta tactuum jungentibus, unde rectarum har-
monice sectarum et cliametrorum proprietates oriuntur. IV. De proportionibus segmentorum
secantium et tangentium. V. De tactionibus conicis, sive De punctis et rectis quas sectio conica
attingit. VI. De loco solido.
(**) LOCI PLANI : Non solum illi quos a veteribus tcmpus abripuit, nec solum illi quos his res-
titutis perillustris hujus cevi geometra subjunxit, sed et alii huc usque non noti, utrosque complec-
tentes, et multo latizls exuberantes, metltodo, ut conjicere est, omnino nova, quippe nova prcestante,
via tamen longe breviori. PERSPECTIVA METIIODUSJ etc.
pensait, d'après les progrès qu'avaient faits toutes les branches des sciences
exactes depuis ce grand homme, que l'on ne devait pas beaucoup regretter
la perte des divers ouvrages que nous venons de rappeler; nous croyons que
bien peu des personnes, qui aiment à suivre la marche progressive de nos
idées et de nos découvertes en Géométrie, seront de cet avis, surtout si elles
se reportent à l'époque où écrivait ce savant éditeur; nous croyons, en outre,
qu'on nous pardonnera aisément les détails dans lesquels nous sommes
entré, et qu'on ne les trouvera pas dénués de tout intérêt.
Après DESARGUES et PASCAL, il s'écoula un grand nombre d'années sans
qu'il parût rien, sur les propriétés projectives des figures, qui soit digne
d'être cité ou qui fût véritablement neuf. En effet, l'ouvrage de GRÉGOIRE
DE SAINT-VINCENT, intitulé : Opus geometricum, et qui parut en 1647, ne
renferme, en ce genre, que quelques théorèmes relatifs à la division harmo-
nique des lignes droites, qu'il nomme moyenne et extrême raison proportion-
nelle, et ces théorèmes se trouvent exposés, pour la plupart, dans les Collec-
tions de PAPPUS; on en peut dire à peu près autant du Traité in-4° des
Sections coniques que DE LAHIRE fit paraître en 1673, et qui contient presque
toute la Théorie des pôles et des polaires des lignes du second ordre, outre
celle de la division harmonique des lignes droites, mais d'après une marche
dénuée entièrement d'élégance et de généralité. DE LAHIRE écrivait peu de
temps après DESARGUES et PASCAL, et il cite, dans sa Préface, les écrits du
premier; il a donc dû connaître plusieurs des beaux résultats auxquels ils
étaient parvenus; son travail, qui fit beaucoup de bruit dans le temps, sur-
tout à l'étranger, doit ainsi être placé bien au-dessous de celui de ces illustres
géomètres, tant pour l'invention que pour l'exposition, et parce qu'il n'est
point, à beaucoup près, aussi complet et aussi étendu que le leur; sous ce
rapport même, on peut dire que cette partie de la science avait rétrogradé.
Ce ne fut que vers le commencement du siècle suivant, c'est-à-dire de 1720
à 175o, que le célèbre MAC-LAURIN, reprenant le travail de DE LAHIRE,
retrouva, sans doute (*) sans avoir eu connaissance des écrits de DESARGUES
et de PASCAL, les principaux théorèmes qui avaient dû les occuper, notam-
ment la propriété de l'hexagramme mystique; il en découvrit en outre plu-
sieurs autres, d'un genre analogue, soit sur les sections coniques, soit sur
les courbes d'ordre supérieur, et il indiqua même des moyens pour décrire,
par points, ces différentes courbes. On remarquera toutefois que sa méthode

(*) MAC-LAURIN nous et


apprend, au sujet de la dispute qui s'est élevée entre lui BRAIKENRIDGE,
dans les Transactions philosophiques de 1735, que c'est pendant son séjour à Nancy, en novem-
bre 1722, qu'il entreprit ces recherches.
est inférieure à celles de ces géomètres, en ce qu'il emploie souvent le cal-
cul algébrique, et qu'il ne fait jamais usage des considérations générales
fournies par la Perspective ou par la Théorie des transversales.
Nous ne croyons pas nécessaire de faire connaître la multitude des ou-
vrages, sur les sections coniques, qui, depuis lVIAC-LAURIN, ont paru soit
en Angleterre, soit en Suède, soit en Allemagne, et dans lesquels les
recherches de ce géomètre ont été reproduites, souvent par des voies pé-
nibles, quelquefois d'une manière incomplète, et presque toujours sans rien
y ajouter qui soit bien digne d'intérêt. BRAIKENRIDGE et R. SIMSON, qui
écrivaient à peu près en même temps que MAC-LAURIN, doivent cependant
être exceptés, tant parce qu'il est encore douteux que le premier ait eu
connaissance des travaux de ce géomètre, qu'il a même devancé dans la pu-
blication, que parce que l'autre a découvert ou restitué plusieurs théorèmes
des Anciens, qui ont pu ouvrir la voie à MAC-LAURIN pour des recherches
plus relevées. Le Traité des Sections coniques, que R. SIMSON a fait paraître
à Édimbourg, en 1750, et dans lequel se trouvent exposées plusieurs des
propriétés projectives, soit graphiques, soit métriques, qui ont occupé
DESARGUES, PASCAL et MAC-LAURIN, est d'ailleurs remarquable par la rigueur
des démonstrations, toutes à la manière d'EucLiDE et d'ApOLLONius. Enfin
on doit encore distinguer le célèbre LAMBERT qui, dans un Traité de Perspec-
tive publié en 1774, employa le premier, depuis DESARGUES et PASCAL, les
considérations générales de cette Théorie pour établir plusieurs propositions
élégantes dans le genre de celles de la Géométrie de la règle, et qui sentit
ainsi, jusqu'à un certain point, les ressources qu'on pouvait tirer de ce genre
de considérations.
On avait entièrement oublié ces sortes de recherches en France, où les
esprits se trouvaient naturellement dirigés vers des spéculations plus rele-
vées, mais non plus intéressantes, ni plus immédiatement utiles, lorsque
MONGE, dans son immortelle Géométrie descriptive, démontra, avec cette élé-
gance qui lui est propre, les principales propriétés de la Théorie des pôles
des lignes et des surfaces du second ordre. Bientôt après parut la Géométrie
de position de M. CARNOT, qui renferme à peu près tous les résultats auxquels
ont dû parvenir EUCLIDE, DESARGUES et PASCAL, et où se trouve exposée,
pour la première fois et dans toute sa généralité, cette belle Théorie des
transversales dont nous avons déjà si souvent parlé dans ce qui précède, et
dont les Anciens n'avaient fait qu'entrevoir les principes et la fécondité.
Ce savant ouvrage fut aussitôt suivi de plusieurs autres, où l'on s'attache
à simplifier et à étendre les mêmes doctrines. Telles sont les Solutions peu
i
connues de différents problèmes de Géométrie pratique, publiées en 8o5, par
M. SERVOIS, ouvrage vraiment original et. qui a le mérite d'offrir les pre-
mières applications de la Théorie des transversales à la Géométrie de la Règle
ou des Jalons, et d'avoir ainsi mis au jour la fécondité et l'utilité de cette
Théorie. Telles sont aussi les recherches ingénieuses de M. BHIANCHON, qui
étendit les théorèmes de MONGE et de LIVET sur les pôles et polaires des sur-
faces du second ordre, et découvrit la propriété de l'hexagone circonscrit
aux coniques, non moins féconde et non moins élégante que celle de PASCAL
sur l'hexagone inscrit. Tel est enfin l' Essai* même de M. CARNOT sur la
Théorie des transversales, ouvrage dans lequel l'auteur, mettant à profit ses
propres découvertes et celles des savants qui viennent d'être cités, offre un
résumé lumineux des divers principes élémentaires et des applications de
cette Théorie.
Depuis cette époque, beaucoup d'autres Géomètres, dont les noms ont déjà
été rappelés plus haut, se sont occupés des mêmes questions et des mêmes
théories, soit dans les Recueils de l'École Polytechnique, soit dans les Annales
de Mathématiques; mais il n'en est aucun qui ait autant fait pour elles que
M. BRIANCHON. Son Mémoire sur les lignes du second ordre, publié en 1817,
celui sur les courbes de raccordement, qu'il a inséré tout récemment dans le
XIXe Cahier du Journal de l'École Polytechnique, etc., renferment, outre
plusieurs principes nouveaux sur les sections coniques et les systèmes de
lignes droites, la solution générale et purement géométrique de cette inté-
ressante question : Décrire une section conique assujettie à toucher des droites
ou à passer par des points donnés sur un plan; ce qui, en admettant que cer-
tains points ou certaine droite puissent se trouver a l'infini, comprend im-
plicitement toutes les questions analogues relatives à l'hyperbole et à la
parabole, comme l'a fait voir lui-même M. BRiANCHON aux endroits cités, et
comme l'a aussi montré, d'après ses indications, M. COSTE, dans un Mémoire
sur la parabole, inséré au VIlle volume des Annales de Mathématiques.
Il convient, au surplus, de remarquer que plusieurs de ces questions
avaient déjà été traitées, d'une manière à peu près semblable pour quelques-
unes de celles qui n'exigent que la règle, et d'une manière beaucoup moins
simple et moins élégante pour quelques autres, d'abord par DE LAHIRE, en-
suite par MAC-LAURIN, BRAIKENRIDGE, SIMSON, etc. PASCAL paraît avoir ré-
solu aussi les mêmes problèmes dans ses écrits géométriques (voyez la note
de la page xxvm), mais il ne nous en est absolument rien parvenu.
Quant à ce qui concerne l'histoire des recherches entreprises par les
géomètres sur les propriétés projectives des figures à trois dimensions, nous
nous contenterons de signaler celles de MONGE sur les diamètres conjugués
parallèles, l'intersection et le contact des surfaces du second degré ; celles de
MM. Dupuis, DUPIN, GAULTIER, GERGONNE, etc., sur les propriétés générales
des cercles et des sphères qui se coupent ou se touchent; celles, sur les pro-
priétés analogues des surfaces du second degré semblables et semblablement
placées, qu'on doit à M. CHASLES, qui a mis en œuvre, d'une manière très-
heureuse, les principes de la Théorie des transversales, pour démontrer la
plupart des théorèmes de MONGE; celles enfin de M. LAMÉ, sur les surfaces
du second ordre assujetties à passer par les mêmes points ou par les mêmes
courbes. D'ailleurs nous avons déjà dit un mot de quelques autres recherches
semblables, dues à MM. MONGE, LIVET, DUPIN, BRIANCHON et CHASLES; tel est
donc l'ensemble, assez vaste, des découvertes géométriques qui se rapportent
spécialement aux propriétés projectives des figures, considérées soit dans
l'espace, soit dans un plan.
Dans une analyse aussi succincte, et pourtant déjà bien étendue, il a dû
nous échapper beaucoup de choses, et il ne nous a guère été possible d'indi-
quer avec précision la nature et l'époque des diverses découvertes; encore
moins avons-nous pu faire connaître l'esprit des méthodes employées par
les différents géomètres; nous avons dû nous étendre principalementsur les
ouvrages peu connus, ou dont il ne nous reste que quelques traces ; en un mot,
sur les ouvrages des hommes de génie, qui marquèrent nos premiers pas dans
cette partie de la science où l'on envisage les relations les plus générales et
les plus abstraites des figures.
D'ailleurs, le but de l'ouvrage que nous mettons au jour est d'offrir un
tableau, sinon complet, du moins assez étendu, des Propriétés projectives; et
nous saisirons toutes les occasions qui pourront s'offrir de signaler les pre-
miers inventeurs. Cet Ouvrage sera donc véritablement un exposé historique
et scientifique de cette branche intéressante de la Géométrie. Nous regrettons
toutefois que le défaut d'espace ne nous permette pas d'y faire entrer nos re-
cherches relatives aux propriétés projectives des courbes géométriques des
divers ordres, et nous oblige d'en renvoyer la publication à une époque
plus reculée : cet ensemble, plus complet, aurait montré qu'il est peu de
propriétés générales de l'étendue qu'on ne puisse ramener dans le domaine
d'e la simple Géométrie, au moyen des ressources offertes, soit par la doc-
trine des projections, soit par la loi de continuité.
TRAITÉ
DES

PROPRIÉTÉS PROJECTIVES 1

DES FIGURES.

SECTION PREMIÈRE.
PRINCIPES GÉNÉRAUX.

Il n'en est pas de la méthode purement géométrique comme de celle de


l'Analyse des coordonnées ; dans celle-ci tout se ramène immédiatementà des
principes connus, à des procédés uniformes de calcul, et il ne reste à celui
qui l'emploie qu'à développer les conséquences d'une manière plus ou moins
élégante et rapide ; dans l'autre, au contraire, les principes peuvent entiè-
rement manquer, au moins ceux d'où découle, d'une manière directe et
immédiate, l'objet particulier que l'on a en vue; et, pour remplir les la-
cunes, on se voit quelquefois obligé, après plusieurs essais, de reprendre
les choses d'un peu haut pour se frayer une route qui soit facile. Tel est pré-
cisément le cas des recherches qui suivent; comme elles se rattachent né-
cessairement à des notions jusqu'ici étrangères à la simple Géométrie, nous
nous voyons entraînés naturellement à exposer d'abord ces notions, pour par-
venir ensuite, d'une manière à la fois rapide et simple, à l'objet particulier et
véritable de ces mêmes recherches. Voilà pourquoi, après avoir exposé dans
le premier Chapitre de cette Section les notions préliminaires concernant la
projection ou perspective des figures en général, nous laisserons là ce sujet
pour ne nous occuper, dans le Chapitre suivant, que des notions relatives à
la manière d'être de certaines lignes particulières, notions sur lesquelles
reposent, de toute nécessité, les principes de projection qui doivent former
la base de tout l'ouvrage.
Si cette marche n'a pas l'avantage d'être aussi directe qu'on pourrait le
désirer, elle nous fournira, en revanche, l'occasion de présenter, sur les dé-
pendances qui lient entre elles les lignes droites et les sections coniques,
un grand nombre de considérations nouvelles, qui nous mettront à même
de généraliser le langage et les conceptions de la Géométrie; ce qui n'est
pas le but le moins important que nous ayons cherché à atteindre dans ce
travail.
Au reste, ayant principalement pour objet l'examen des propriétés des
figures décrites sur un plan, et notamment de celles où n'entrent que des
systèmes de lignes droites et de sections coniques, qui offrent par elles-
mêmes un assez vaste sujet de recherches, et sont d'ailleurs presque les
seules employées dans les arts fondés sur le dessin linéaire, nous ferons tou-
jours en sorte de ne jamais perdre de vue ce but véritable de notre travail,
et de ne recueillir sur notre route que des vérités qui s'y rattachent de la
manière la plus intime.
D'après cela, il ne sera guère question, dans cette première Partie de l'ou-
vrage, que des notions qui peuvent appartenir en propre à ces sortes de
figures, quoique la plupart d'entre elles puissent s'étendre, d'une manière
analogue, aux figures dans l'espace et notamment aux surfaces du second
ordre. On aura lieu de s'apercevoir, d'ailleurs, qu'au moyen des principes
établis cette extension devient assez facile et assez évidente pour que nous
puissions laisser à d'autres le soin de la développer, et nous renfermer dans
les justes limites du sujet que nous voulons traiter. Néanmoins, dans les
autres Parties de l'ouvrage, qui concernent proprement les applications des
principes renfermés dans la première, il nous arrivera quelquefois d'indi-
quer, chemin faisant, soit par des notes, soit d'une manière très-rapide
dans le texte lui-même, l'extension dont pourraient être susceptibles cer-
taines propositions ou certaines théories particulières, relativement aux
figures considérées en général dans l'espace. Enfin nous donnerons, dans le
Supplément, une idée assez étendue de la manière dont on doit traiter ces
sortes de figures, et notamment les surfaces du premier et du second ordre,
pour arriver aux principales comme aux plus importantes des propriétés qui
les concernent.
Pour éviter toute espèce d'ambiguïté par la suite, nous croyons devoir
prévenir expressément, avant d'entrer en matière, que les droites, les
courbes, les plans, etc., dont il sera fait mention dans le cours de ce travail,
seront supposés indéfiniment prolongés dans l'espace; le discours fera con-
naître les cas où l'on n'en considérerait qu'une portion terminée et finie.
Ainsi, quand il sera question des points de rencontre de certaines cordes
inscrites à des courbes, ou de certains côtés d'un polygone avec une ligne
ou transversale quelconque, nous entendrons toujours parler de la direction
indéfinie de ces cordes et de ces côtés; il est sans doute inutile d'ajouter
que nous donnerons au mot de polygone toute l'étendue de sens qu'il com-
porte, et que, par conséquent, une telle figure pourra avoir des angles
rentrants et des côtés qui se croisent ou se replient les uns sur les autres.
Par ligne géométrique d'un certain degré ou d'un certain ordre, nous en-
tendrons d'ailleurs parler d'une ligne, plane ou à double courbure, qui ne
puisse être coupée par une droite ou par un plan arbitraire en un plus grand
nombre de points qu'il est marqué par ce degré ou cet ordre, et qui puisse
cependant l'être en un tel nombre de points : la même définition devra
s'étendre d'une manière analogue aux surfaces.

CHAPITRE PREMIER.
NOTIONS PRÉLIMINAIRES SUR LA PROJECTION CENTRALE.

1. Dans ce qui suit, nous donnerons presque toujours au mot de projec-


tion le même sens que celui de perspective; ainsi la projection sera conique
ou centrale.
Dans cette sorte de projection, la surface sur laquelle on projette la figure
donnée peut être quelconque; cette figure elle-même peut être située arbi-
trairement dans l'espace; mais, cette grande extension étant inutile à l'objet
particulier des recherches qui suivent, nous supposerons, en général, que
la figure donnée et la surface de projection soient l'une et l'autre planes :
lorsqu'il nous arrivera, par la suite, d'être obligés d'employer le mot de
projection dans un sens plus étendu ou au contraire plus restreint encore,
nous aurons soin d'en prévenir à l'avance d'une manière expresse, ou bien
nous emploierons des épithètes convenables et exactement définies.
D'après cela, concevons que, d'un point donné pris pour centre de projec-
tion, parte un faisceau de'lignes droites dirigées vers tous les points d'une
figure tracée sur un même plan; si l'on vient à couper ce faisceau de droites
projetantes par un autre plan disposé d'une manière arbitraire dans l'espace,
il en résultera, sur ce plan, une nouvelle figure qui sera la projection de la
première.
2. Cette projection ne change évidemment ni la corrélation, ni le degré
ou ordre des lignes de la figure primitive, ni, en général, toute espèce de
dépendance graphique entre les parties de cette figure, qui ne concernerait
que la direction indéfinie des lignes, leur intersection mutuelle, leur con-
tact, etc.; mais elle pourra faire varier seulement la forme, l'espèce parti-
culière de ces mêmes lignes, et, en général, toutes les dépendances qui
pourraient concerner des grandeurs absolues et déterminées, telles qu'ou-
vertures d'angles,paramètresconstants, etc. Ainsi, par exemple, de ce qu'une
lignç est perpendiculaire à une autre dans la figure primitive, on ne saurait en
conclure qu'elle le soit dans la projection de cette figure sur un nouveau
plan.
3. Toutes ces propriétés de la projection centrale résultent, d'une manière
purement géométrique, de sa nature propre et des notions les plus commu-
nément admises, et il n'est pas besoin de recourir à l'Analyse algébrique
pour les reconnaître et les démontrer : ainsi, pour prouver qu'une ligne du
degré m reste du même degré dans la projection, il suffit de remarquer que,
la première ne pouvant être coupée en plus de m points par une droite arbi-
traire tracée dans son plan, il devra nécessairement en être de même de
l'autre; puisque la projection d'une droite est toujours une ligne droite, qui
doit passer par tous les points correspondants à ceux de la première.
4. Suivant la définition d'Apollonius, généralement admise en Géométrie,
une section conique ou simplement une conique est la ligne suivant laquelle
un plan arbitraire rencontre un cône quelconque à base circulaire; une co-
nique n'est donc autre chose que la projection d'un cercle, et, d'après ce qui
précède, c'est aussi une ligne du second ordre, puisque la circonférence du
cercle ne peut être coupée en plus de deux points par une droite arbitraire
tracée dans son plan (*).
5. Une figure dont les parties n'auront entre elles que des dépendances

(*) C'est une ellipse, une parabole, ou une hyperbole, suivant que le plan sécant rencontre à
la fois toutes les arêtes du cône, est parallèle à l'une d'elles, ou est parallèle en même temps à
deux d'entre elles; dans le premier cas, la courbe n'a qu'une branche entièrement fermée; dans
le second, cette branche est fermée d'un côté et s'étend à l'infini de l'autre; dans le troisième, la
graphiques de la nature de celles qui précèdent, c'est-à-dire des dépen-
dances indestructibles par l'effet de la projection, sera appelée, dans ce qui
va suivre, figure projective.
Ces dépendances elles-mêmes, et, en général, toutes les relations ou pro-
priétés qui subsistent à la fois dans la figure donnée et dans ses projections,
seront appelées également relations ou propriétésprojectives.
6. D'après ce que nous venons de dire des propriétés projectives de dis-
position ou graphiques, il sera toujours facile de reconnaître si des propriétés
sont telles, à leur simple énoncé ou à l'inspection de la figure: et il résulte
immédiatement de leur nature particulière qu'il suffira de les établir et de
les démontrer pour une projection quelconque de la figure à laquelle elles
appartiennent, pour qu'elles soient en général applicables à cette figure elle-
même et à toutes ses projections possibles.
7. Quant aux propriétés projectives qui concernent les relations de gran-
deur et que nous appellerons métriques, il est certain que rien ne peut indi-
quer, à priori, si elles subsistent dans toutes les projections de la figure à
laquelle elles appartiennent : en effet, la relation connue entre les segments
des sécantes du cercle, qui ne concerne que des grandeurs indéterminées,
n'est pas pour cela une relation projective; car on sait bien qu'elle ne sub-
siste pas pour une section conique quelconque, projection de ce cercle, et
la raison en est que cette relation dépend implicitement du paramètre ou
rayon.
D'un autre côté, de ce qu'une figure donnée renferme des lignes d'une
espèce particulière, comme, par exemple, des circonférences de cercle, il
ne faut pas en conclure de suite que toutes les relations qui lui appar-
tiennent cessent par là même de subsister dans des projections générales de
la figure; car, si ces relations ne portent sur aucune grandeur déterminée et
constante et qu'elles appartiennent à tout un genre, le contraire aura évi-
demment lieu.
Si donc une figure d'espèce particulière jouissait de certaines propriétés
métriques, on ne pourrait affirmer à priori, et sans examen préalable, ni

courbe a deux branches infinies, séparées et distinctes. D'après cela, il est aisé de voir que l'hy-
perbole a deux points à l'infini avec deux tangentes en ces points nommées asymptotes, et que,
pour la parabole, ces deux points et ces deux tangentes se confondent en un seul point et en une
seule tangente située tout entière à l'infini.
Nous reviendrons, dans le Chapitre III, sur ces notions, en les exposant dans toute leur gé-
néralité.
que ces propriétés subsistent, ni qu'elles cessent de subsister dans les di-
verses projections de la figure primitive. Or, on sent toutefois l'importance
qu'il y aurait à pouvoir reconnaître, à l'avance, si telle ou telle relation exa-
minée est ou n'est pas projective de sa nature; car il en résulterait qu'ayant
démontré cette relation pour une figure particulière, on pourrait de suite
l'étendre à toutes les projections possibles de cette figure.

8. Il ne paraît pas facile d'établir une règle simple pour tous les cas; la
méthode trigonométrique et l'Analyse des coordonnées ne conduiraient elles-
mêmes qu'à des résultats rebutants par la prolixité des calculs; cependant,
vu son importance, cette question est digne d'attirer l'attention des géo-
mètres. En attendant qu'ils l'aient résolue d'une manière convenable, pour
les relations projectives en général, nous nous occuperons d'une classe par-
ticulière, quoique très-étendue, de ces sortes de relations, dont le caractère
est aussi remarquable par sa simplicité que facile à vérifier et à reconnaître
dans les relations qui en sont douées.

9. Pour traiter la question avec la généralité qui lui est propre, nous sup-
poserons que la figure que l'on considère soit située arbitrairement dans
l'espace.
Appelons A, B, C,... (fig. i), les différents points de cette figure; soit S
le centre de projection; imaginons que de ce point partent différentes
droites projetantes dirigées vers les points A, B, C,...; soient pris sur la
direction de ces droites de nouveaux points A', B', C',..., correspondant res-
pectivement aux premiers; soient joints ces points entre eux par des lignes
droites de même que dans la figure donnée, en conservant par conséquent
aux parties de la nouvelle figure la liaison qui subsiste dans la primitive:
cette nouvelle figure pourra être regardée comme une espèce de projection
de la première; mais le mot de projection aura, dans ce cas, un sens plus
étendu que celui que nous lui avons accordé dans ce qui précède. Cela posé,
considérons en particulier ce qui se passe dans le plan formé par les proje-
tantes indéfinies SA, SB passant par les extrémités des droites AB et A'B',
dont la dernière est censée la projection de l'autre.
t
D'après un théorème fort connu de la Géométrie élémentaire, les surfaces
des triangles SAB, SA'B', qui ont l'angle en S commun, sont entre elles
comme les rectangles SA. SB, SA'. SB' des côtés qui comprennent cet angle,
et par conséquent le rapport de la surface de chacun de ces triangles au
rectangle qui lui correspond est constant. Si donc on nomme ^ m ce rapport,
qui ne dépend évidemment que de l'ouverture plus ou moins grande de
l'angle en S, et qu'on représente simplement par a, b les longueurs des pro-
jetantes SA, SB, et par p celle de la perpendiculaire abaissée du centre de
projection sur la direction de AB, on aura

d'où l'on tire

expression beaucoup plus simple que celle qui serait fournie par la Trigono-
métrie (*), et qui nous présentera de grands avantages par la suite.
En considérant une autre droite CD de la figure donnée, et appelant c,
d, m' et p' les nouvelles grandeurs qui lui correspondent, on aurait de
même

et ainsi de suite pour toutes les autres parties de la figure.


10. Maintenant, soit une relation quelconque existant entre les parties
de la figure donnée ABCD..., et supposons qu'il s'agisse d'examiner si cette
relation subsiste aussi dans toutes les figures qui, ainsi que celle A B'C'D'...,
peuvent être regardées comme les projections de la première.
Puisque cette relation doit avoir lieu, quelle que soit la position parti-
culière des points A, B, C,..., ou A', B', C',..., sur les projetantes SA, SB,...,
il s'ensuit que, si on met à la place des quantités qui y entrent les valeurs
correspondantes trouvées ci-dessus, elle devra être satisfaite, indépendam-
ment de toute grandeur particulière attribuée aux droites SA, SB,..., ou a,
b, p,..., qui fixent la position des points correspondants A, B,...; donc ces
droites ou distances doivent disparaître d'elles-mêmes du résultat de la sub-
stitution, soit par réductions partielles, soit comme facteurs à tous ses
termes; en sorte qu'il ne resterait plus qu'une relation entre les constantes
m, m',..., si l'on remplaçait en même temps les perpendiculairesp, p',...,
par les valeurs qu'elles représentent dans chaque triangle partiel SAB,...,
SA'B',....
Réciproquement, si les choses se passent ainsi, la relation examinée sera

( * ) En effet, on obtiendrait par cette dernière la formule


nécessairement projective, c'est-à-dire qu'elle aura lieu pour toutes les
figures, telles que A'B'C'D', qui peuvent être regardées comme les projec-
tions de la première : en effet, il en résultera, en premier lieu, qu'il existe
entre les constantes m, m',..., une certaine relation ; mais les distances A'B',
B/C',..., de la nouvelle figure peuvent s'exprimer, de la même manière que
celles de la figure primitive, au moyen des projetantes qui leur corres-
pondent et des constantes m, mdonc, si l'on substitue pareillement
dans la relation examinée, à la place des distances AB, BC,..., les nouvelles
distances A'B', B'C',.. ou plutôt les expressions qui les représentent, il ne
,
restera également qu'une relation entre les constantes m, m',..., identique
avec la première; d'où il résulte, en second lieu, que les distances de la nou-
velle figure satisfont exactement à la relation proposée, et que cette relation
est par conséquent projective.
11. Il existe une classe très-étendue de relations pour lesquelles les per-
pendiculaires p, //,..., disparaissent à la fois, avec a, b,..., du résultat de
la substitution, sans qu'on soit obligé de les remplacer, comme dans la sup-
position générale ci-dessus, par les valeurs qu'elles représentent dans les
triangles correspondants. Ce sont précisément ces sortes de relations que
nous avions en vue dans ce qui précède.
Et, comme on n'a fait absolument aucune hypothèse particulière sur la
situation des points A', B', C',..., dans l'espace, non plus que sur celle des
points A, B, C,..., dont ils sont censés la projection, il s'ensuit que toute
relation, qui satisfera aux conditions précédentes, aura non-seulement lieu
dans les projections ordinaires de cette figure sur un plan, mais encore
dans toutes les figures rectilignes et gauches qui pourraient être censées
résulter de la première par l'espèce de projection que nous venons de con-
sidérer.
12. Cette conséquence suppose expressément que les lettres a, b,p,...,
disparaissent du résultat de la substitution indépendamment de toute rela-
tion particulière de grandeur existante entre elles, et en ayant simplement
égard à la liaison purement descriptive qui existe entre les points et les
distances du système, telle que leur contiguïté ou juxtaposition, leur direc-
tion en ligne droite, etc. Mais il serait inutile d'avoir égard à toute dépen-
dance moins générale; comme, par exemple, à celle qui aurait lieu si un
certain nombre de points étaient rangés sur une circonférence de cercle;
à
car les relations examinées ne pourraient s'appliquer toutes les projections
possibles de la figure, mais seulement à celles où la circonférence en ques-
tion demeurerait un cercle; or ces relations doivent, par hypothèse, se véri-
fier indépendamment de ces circonstances particulières.
13. La contiguïté ou juxtaposition de deux distances ou de deux segments
de ligne droite, AB et BC, qui ont une extrémité commune, peut s'exprimer
immédiatement, en écrivant que la projetante SB ou b, qui correspond à
cette extrémité, est la même pour l'une et pour l'autre; leur direction en
ligne droite peut s'exprimer d'une manière tout aussi simple, en écrivant
p
que les perpendiculaires qui leur correspondent sont aussi égales. Quant
à la condition qui exigerait que la figure fût en totalité ou seulement en
partie sur un plan, elle serait beaucoup plus difficile à exprimer; aussi vou-
lons-nous borner nos recherches aux relations qui se vérifient indépen-
damment de cette circonstance particulière, et sont nécessairement plus
générales que les autres, puisqu'elles auront lieu, non-seulement pour les
projections planes de la figure proposée, mais aussi pour la projection beau-
coup plus générale définie art. 9, et qu'on peut appeler projection ou per-
spective-relief.
14. Il y a plus, ces relations subsisteront même quand on supposera que
tout se passe dans un plan, c'est-à-dire quand on supposera que le centre
de projection, la figure donnée et sa projection se trouvent à la fois dans
un seul et même plan. Ce genre particulier de projection pourrait s'appeler
projection ou perspective dans un plan. On peut la considérer évidemment
comme la projection plane d'une autre projection déjà existante dans l'espace,
ou comme le rabattement de cette dernière sur le plan de projection.
15. Enfin ces mêmes relations subsisteront encore pour la projection de
la figure donnée sur une seule et unique ligne droite; ce qui suppose néces-
sairement que cette droite, le centre de projection et la figure donnée soient
dans un même plan, comme dans le cas qui précède. La droite en question
remplissant ici la fonction de plan de projection, ou de tableau, on peut
appeler l'espèce de projection qui en résulte projection sur une droite.
16. Au reste, on peut remarquer, quelle que soit l'espèce de projection
que l'on considère, que les relations projectives qui appartiennent à la figure
proposée, par cela même qu'elles satisfont aux conditions ci-dessus pres-
crites (11), doivent aussi subsister entre les constantes m, ln',..., lesquelles
ne dépendent absolument (9) que de l'ouverture plus ou moins grande des
angles ASB, CSD,..., qui leur correspondent respectivement, et qu'on peut
appeler angles projetants des droites AB, CD,....
En effet, supposons chacune de ces relations réduite à sa plus simple
expression, et par conséquent composée de termes tous différents et sans
dénominateurs : il est clair qu'en substituant dans chaque terme, à la place
des longueurs AB, CD,..., les valeurs trouvées ci-dessus (9) qui leur cor-
respondent respectivement, il ne pourra se faire aucune réduction de terme
à terme, non plus qu'auparavant; car chaque nouveau terme sera affecté
d'un coefficient composé en m, m',..., comme l'ancien l'était en AB,CD,...;
c'est-à-dire qu'ils seront tous différents entre eux. Donc les lettres a,b,p,...
devant disparaître indépendammentd'aucune relation particulière, il faudra
qu'elles disparaissent comme facteurs communs à tous les termes, en sorte
qu'il ne restera plus qu'une relation composée en m, m',... seules, comme
la relation proposée l'est elle-même en AB, CD,....
Réciproquement,s'il existe entre les contantes m, m',..., appartenant aux
différents angles projetants d'une figure donnée, une relation telle, qu'en y
remplaçant ces constantes par les distances qui leur correspondent respecti-
vement, la nouvelle relation ainsi obtenue satisfasse aux conditions par-
ticulières de l'article 11, cette relation aura lieu effectivement entre les
distances dont il s'agit, non-seulement pour la figure que l'on considère en
particulier, mais encore pour toutes celles qui peuvent en être censées la
projection (*).
17. Les quantités m, mque nous venons de considérer, ne sont
évidemment autre chose que les sinus des angles projetants, ou les rapports
constants entre les perpendiculaires abaissées des différents points de l'un
des côtés de chacun de ces angles sur le côté correspondant, et les distances
de ces mêmes points au sommet commun ou centre de projection; ainsi l'on
peut énoncer le principe général qui suit:
Si, à partir d'un point quelconque pris pour centre de projection, on dirige
un faisceau de lignes droites projetantes vers les différents points d'unefigure
donnée arbitrairement dans l'espace ou sur un plan, et que les parties de cette
figure aient entre elles une ou plusieurs relations métriques projectiles , satisfai-
sant aux conditions prescrites (art. 11), les mêmes relations auront lieu aussi
entre les sinus des anglesprojetants qui leur correspondent respectivement.
18. Supposons maintenant que le centre de projection soit précisément
le centre d'une surface sphérique, prise elle-même pour surface de projection ;

(* On doit pourtant excepter le cas où le centre de projection serait supposé à l'infini, parce
)
qu'alors les relations posées ( art. 9) cessent de subsister (. Voyez plus loin, art. 47.)
les diverses longueurs ou distances linéaires de la figure donnée se trouveront
remplacées par des arcs de grands cercles de la sphère, lesquels auront pour
sinus les sinus mêmes des angles projetants qui leur correspondent respec-
tivement; en sorte qu'on a cet autre théorème général, identique, quant au
fond, avec le premier :
Une figure étant donnée, à volonté, dans l'espace ou sur un plan, si on la
projette sur une surface sphérique quelconque, dont le centre coïncide avec celui
de projection, toutes les relationsprojectives satisfaisant aux conditions pres-
crites (art. 11), et qui appartiennent aux distances qui separent entre eux
les divers points de cetteigure, auront lieu aussi entre les sinus des arcs de grands
cercles correspondants.

19. Les mêmes choses ont évidemmentlieu, d'une manièreanalogue, pour


les relations purement graphiques de la figure donnée, et qui sont projectives
de leur nature ( 5) ; c'est-à-dire que ces relations subsisteront aussi entre les
droites, plans et cônes projetants, et entre les points, arcs de grands cercles
et courbes à double courbure qui leur correspondent respectivement sur la
surface dela sphère qui a pour centre celui de projection, pourvu toutefois
qu'on n'entende plus parler, dans ce dernier cas, du degré des diverses lignes,
qui sera nécessairement doublé aussi bien que le nombre des points de la
figure. Cette dernière extension a même lieu quand on projette la figure
donnée sur une surface quelconque, à partir d'un point donné de l'espace
pris pour centre de projection; mais ces considérations générales sont
étrangères à l'objet véritable des recherches que nous avons en vue dans
ce travail.
20. Parmi l'infinité de relations projectives qui satisfont aux conditions
particulières de l'article 11, il en est qui méritent surtout d'être remarquées
par la facilité avec laquelle on peut, à l'avance, en assigner le caractère, et,
par suite, les reconnaître au simple énoncé, sans qu'il soit nécessaire d'effec-
tuer en aucune manière les substitutions prescrites.
Supposons, en effet, une relation ou équation à deux termes, sans déno-
minateurs, composés chacun d'un même nombre de facteurs exprimant de
simples distances entre les divers points d'une figure donnée; supposons
encore, si l'on veut, que l'un des membres ou tous deux soient multipliés
par des nombres absolus d'ailleurs quelconques; il est évident que cette
relation satisfera aux conditions de l'article dont il s'agit: i ° si les mêmes
lettres se retrouvent dans les facteurs linéaires qui composent les deux membres ;
2° si à chaque distance appartenant à l'un des membres, il en correspond une
autre dans le second, qui ait la même direction que la première ou soit sur la
même droite. Car, par suite de la première hypothèse, toutes les projetantes
a, b, c,..., disparaîtront du résultat de la substitution, et, par suite de la
seconde, il en sera encore ainsi des perpendiculairesp,p',...; en sorte qu'il
ne restera plus qu'une relation entre les quantités m, m',..., qui sont indé-
pendantes les unes des autres.
On remarquera que, pour arriver à cette conséquence, il n'est nullement
nécessaire de recourir aux principes de l'Algèbre ; il suffit de posséder les
notions les plus simples de la théorie ordinaire des proportions ou des rap-
ports géométriques ; car la relation qui vient de nous occuper peut aisément
se ramener à l'égalité de deux rapports composés, et les raisonnements des
articles 9 et 10 peuvent alors se réduire eux-mêmes à des considérations fort
simples sur ces sortes de quantités.
Nous verrons plus tard que les relations particulières qui viennent d'être
définies d'une manière purement géométrique sont presque les seules qu'on
rencontre dans les recherches où l'on se propose de découvrir les propriétés
projectives de certaines figures; on doit concevoir, d'après cela et d'après ce
qui a été dit ci-dessus (7), quelle est l'importance des discussions auxquelles
nous nous sommes livrés dans ce qui précède.
21. Pour donner un exemple très-simple de cette sorte de relation, nous
considérerons les quatre points A, B, C, D (fig. 2), situés en ligne droite,
et liés entre eux par la proportion

c'est-à-dire que la ligne AB est divisée en segments proportionnels par le


point C et le point D.
Il est évident que cette relation rentre dans la classe particulière de celles
de l'article 20; donc elle aura lieu pour toutes les projections de la figure (*):
propriété qui a été connue des anciens, comme il paraît d'après la Propo-
sition CXLV du VIle livre des Collections Mathématiques de Pappus.

(* ) M. Brianchon arrive à ce résultat ainsi qu'à quelques autres, d'une manière à peu près sem-
blable, en observant que : « pour quatre droites fixes issues d'un même point, sous des angles
» quelconques, et rencontrées en A, B, C, D par une droite transversale arbitraire,

f Mémoire sur les lignes du second ordre. Paris, 1817.)


22. La relation ci-dessus jouit d'un grand nombre de propriétés curieuses,
et se reproduit souvent dans les recherches géométriques; en la mettant
sous cette forme

on voit qu'elle revient à la proportion harmonique, telle qu'elle a été définie


par les Grecs (même ouvrage, liv. III), proportion où n'entrent que les dis-
tances du point D aux trois autres A, C, B; c'est pourquoi la distance du
point D au point C, intermédiaire entre les points AetB, se nomme la
moyenne harmonique des deux autres DA et DB.
23. D'après cela, on dit aussi qu'une droite est divisée harmoniquement
par deux points, lorsque les segments respectifs qu'ils forment sur elle sont
proportionnels, ce qui exige nécessairement que l'un de ces points soit sur
la droite elle-même et l'autre sur son prolongement.
Ainsi les droites AB et CD sont divisées harmoniquement, la première par
C et D, l'autre par A et B ; car on a réciproquement (21)

Les deux points et D, étant étroitement liés entre eux par rapport à la
C
droite AB sur laquelle ils se trouvent, sont conjugués l'un de l'autre : il en est
de même des points A et B par rapport à CD.
Nous verrons plus tard (155) un moyen de trouver, avec la règle seule,
le point qui est le conjugué d'un autre, et divise avec lui la droite corres-
pondante en segments proportionnels ou harmoniquement.
24. Les quatre points A, B, C, D qui viennent d'être définis se nomment,
par abréviation, harmoniques, et il en est de même des quatre droites qui
projetteraient ces points d'un autre point quelconque de l'espace : l'ensemble
de ces quatre droites, que Lahire appelle aussi harmonicales (*), forme
de plus un faisceau harmonique (**) ; ainsi (21) :
Un faisceau harmonique est coupé par une droite transversale quelconque en
quatre points harmoniques.
25. Il est évident encore que la proportion (21) a lieu entre les sinus des
angles qui, dans le faisceau harmonique, correspondent aux segments dont

(*) Traité des sections coniques, in-folio, liv. le..,p. 5.


(**) Voyez le Mémoire de M. Brianchon, déjà cité précédemment (2'1, note).
elle se compose et en sont les angles projetants (17); et réciproquement, si
la relation dont il s'agit a lieu entre les angles de quatre droites convergeant
en un même point, ces quatre droites formeront un faisceau harmonique (* ).
Il n'en est plus de même de la proportion (22), car elle ne satisfait pas aux
conditions particulières de l'article 11. Il ne faut pourtant pas en conclure
qu'elle ne soit pas projective, puisque le contraire a évidemment lieu.
26. En général, quand une relation quelconque entre les distances d'une
figure ne satisfait pas aux conditions dont il s'agit, on ne peut affirmer, ni
qu'elle soit, ni qu'elle ne soit pas projective ; seulement, elle ne peut être de
la nature de celles qui sont à deux termes, lesquelles doivent toutes (20) satis-
faire à ces conditions pour être projectives. Il faut alors avoir recours à
d'autres moyens, et chercher, par exemple, à transformer cette relation en
une autre qui jouisse du caractère particulier dont il s'agit. C'est ainsi que,
la proportion (22) se ramenant de suite à celle (21), on en peut conclure
qu'elle est, par là même, projective de sa nature. On en verra des exemples
beaucoup plus généraux dans le tome Il.
Il y a tout lieu de croire, au reste, que les mêmes transformations doivent
être possibles pour des relations projectives quelconques; car d'une part,
comme nous l'avons déjà fait observer, presque toutes les relations projectives
qu'on rencontre dans les recherches sont de la nature particulière de celles
qui satisfont aux conditions de l'article 20 ; et, d'une autre, on peut obtenir
au moyen de celles-ci, combinées d'une manière convenable avec celles qui
expriment la juxtaposition des distances rangées sur une même droite, une
infinité de relations qui seront nécessairement projectives, et ne satisferont
pourtant pas aux conditions particulières dont il s'agit.
27. Supposons (fig. 2) que le pointDsoit à l'infini, ouqueSD soit parallèle
à AB; les segments DA et DB devenant à la fois infinis, et ne différant entre
eux que de la quantité finie AB, auront pour rapport l'unité, et il en sera de
même par conséquent de ceux CA et CB auxquels ils sont proportionnels;
c'est-à-dire que :
.
Si l'on coupe un faisceau de quatre droites harmoniques (24) par une autre
droite parallèle à l'une quelconque des premières, la conjugée à celle-ci divisera
en parties égales la distance comprise entre les deux autres sur la transversale ;
et réciproquement, si cela a lieu à l'égard dufaisceau de quatre droites conver-
geant en un mêmepoint, ces quatre droites seront harmoniques.

(*) Essai sur la Théorie des transversales, par M. Carnot (art. i5).
Si la ligne AB se trouvait divisée en un nombre quelconque de parties
égales, le point à l'infini de cette droite serait, d'après ce qui précède, le qua-
trième harmonique de trois points de division consécutifs quelconques; donc,
si l'on projetait tous ces points, à partir de S, sur une transversale arbi-
traire A'B', en observant que la projetante du point à l'infini est parallèle
à AD, la même relation aurait lieu encore entre les différents points de la
projection, et l'on obtiendrait sur la distance qui représente AB ce qu'on
nomme une échelle fuyante, échelle qui est d'un grand secours dans la
perspective : le nombre des divisions de l'échelle harmonique aussi bien que
le point qui représente celui à l'infini de l'échelle ordinaire étant donnés,
il sera aisé d'obtenir, soit par le calcul, soit de toute autre manière, les diffé-
rentes parties dont. elle se compose (*).
28. La proposition énoncée ci-dessus sur le faisceau de quatre droites
harmoniques pouvant se démontrer d'une manière très-simple, à l'aide de
quelques triangles semblables, il en résulte, à posteriori, une justification
entièrement rigoureuse de la notion, souvent admise, d'où nous sommes
partis, et dont l'énoncé général est que :
Si deux distances ou grandeurs infinies ne diffèrent entre elles que d'une
quantité finie et donnée, leur rapport sera l'unité ; en sorte qu'elles pourront être
regardées comme rigoureusement égales entre elles.
Il est évident d'ailleurs que cela a lieu, soit que les distances infinies que
l'on considère appartiennent à une même droite, ou à des droites différentes
et par conséquent parallèles; on voit de plus que, pour que la condition soit
parfaitement remplie dans les deux cas, il est indispensable que ces diverses
distances puissent être censées, d'une part, aboutir au même point à l'in-
fini, et que, d'une autre, elles aient leur origine en des points donnés à
distance finie des autres objets de la figure; car c'est alors seulement qu'on
pourra regarder ces mêmes distances comme différant entre elles de quantités
également finies.
29. D'après ce que nous avons dit (27) relativement au cas où l'un quel-
conque des quatre points harmoniques A, B, C, D passe à l'infini, on voit
que, si le centre de projection S, où convergent les quatre droites du faisceau
harmonique qui s'appuie sur ces points, passe en même temps à l'infini, ou
que ces quatre droites deviennent parallèles, on voit, dis-je, que la droite
qui répond au point dont il s'agit passera elle-même tout entière à l'infini, et

(*) Application de la Théorie des transversales, par C.-J. Brianchon, §67. Paris, 1818.
que sa conjuguée harmonique divisera en parties égales l'intervalle compris
entre les deux autres; c'est-à-dire que celles-ci seront placées symétrique-
ment par rapport à la première.
Réciproquement, si trois droites parallèles sont disposées ainsi, la conju-
guée harmonique de celle du milieu pourra être regardée comme située
entièrement à l'infini; et, en effet, toute transversale détermineraévidem-
ment dans le faisceau de ces quatre droites quatre points harmoniques (28),
puisque, d'après les notions les plus simples de la théorie des parallèles, le
pointtconjugué à celui qui est à l'infini divisera en parties égales la distance
comprise, sur la transversale, entre les deux autres.
30. La division harmonique des lignes donne lieu à beaucoup d'autres
remarques curieuses: ainsi, par exemple, on a, entre les segments formés
par les quatre points harmoniques A, B, C, D considérés ci-dessus (21), la
nouvelle relation

En effet, d'abord cette relation est projective (20), ensuite elle a lieu sur
une droite parallèle à la projetante du point D; car, d'après ce qui précède,
le point D passant à l'infini, le rapport de CD à AD devient l'unité, tandis
que celui de CB à AB est une demie.
On a de même évidemment la relation
AB.CD = 2AC.BD,
qui est une suite de la précédente, et aurait pu se déduire directement, ainsi
qu'elle, de celle qui définit les quatre points harmoniques A, B, C, D, si
nous n'avions préféré montrer une nouvelle application des principes posés
dans ce Chapitre.
31. Supposons que l'on divise la distance CD, moyenne harmonique entre
DB et DA, en deux parties égales au point 0, on pourra mettre la proportion
de l'article 21 sous cette forme

d'où l'on tire

La même proportion donne encore


et par conséquent, en substituant à DO sa valeur ci-dessus,

dernières relations nous seront utiles pour la partie des applications


Ces
où nous aurons à faire connaître quelques-unes des propriétés du point 0.
On remarquera, au surplus, qu'elles ne sauraient appartenir aux projections
de la figure, attendu que, pour ces projections, le point 0 cesse, en général,
d'être le milieu de la distance CD.
32. Nous croyons superflu de donner d'autres exemples de relations pro-
jectives; leur nombre, en se bornant même à celles qui sont relatives aux
segments formés par différents points rangés sur une même droite, n'est pas
aussi restreint qu'on pourrait le croire au premier abord, et chacune d'elles
donnerait lieu à des observations aussi intéressantes que celles qui viennent
d'être faites sur la proportion harmonique.
La plupart de ces relations paraissent d'ailleurs avoir été connues des an-
ciens qui en étudiaient les transformations sous le titre de Lemmes ; c'est ce
qu'on peut voir, entre autres, par le VIP livre des Collections Mathématiques
de Pappus. Mais les anciens ne s'étaient pas bornés simplement aux rela-
tions projectives, ils avaient étendu leurs recherches à toutes sortes de rela-
tions entre les distances de divers points rangés sur une même droite; et
cette partie de leurs travaux, alors si pleine d'intérêt et aujourd'hui si né-
gligée par suite des progrès du calcul algébrique, formait à elle seule la
moitié de leurs écrits géométriques, dont elle était la base essentielle.
Nous pensons que c'est dans ces sortes de Lemmes, qui correspondent par-
faitement à nos transformations algébriques, que consistait principalement
l'avantage de l'Analyse géométrique des Grecs. Tel est, par exemple, celemme
qu'on retrouve encore dans tous les éléments de nos jours : « Le carré fait
» sur
la somme ou la différence de deux lignes égale le carré de la pre-
1>
mière, plus le carré de la seconde, plus ou moins le double du rectangle
»
de l'une par l'autre. »
Il est évident qu'il ne fallait plus qu'un pas pour passer de là au calcul
algébrique lui-même. Mais les Grecs n'employaient presque exclusivement
que le mécanisme des proportions pour opérer ces sortes de transformations,
et, quoiqu'ils s'y fussent rendus très-habiles, ils n'avaient pas créé d'algo-
rithme général et de règles fixes; aussi sont-ils restés fort au-dessous des
modernes.
oô. Avant de terminer ce sujet, nous donnerons dès à présent une idée
de la facilité avec laquelle les principes qui précèdent peuvent conduire aux
diverses propriétés connues des sections coniques, d'autant plus que presque
toutes ces propriétés nous seront indispensables pour ce que nous aurons à
dire dans les Chapitres suivants.
Je commence par établir ce beau théorème, qui n'est, comme on le verra
plus tard, qu'un cas particulier d'un autre beaucoup plus général dû à l'il-
lustre auteur de la Géométrie de position.
34. Soit ABC {fig. 3) un triangle quelconque, situé sur le plan d'une sec-
tion conique, et dont les côtés AB, BC, AC, ou leurs prolongements, sont ren-
contrés en P et P', Q et Q', R et R' respectivement par cette courbe : je dis qu'on
aura
-
AP. API. RQ. BQI. CR. CRI = BP. BPI. CQ. CQI AR. AR'.
En effet, cette relation est, de sa nature, projective, et satisfait aux con-
ditions particulières de l'article 20; de plus, elle se vérifie aisément pour le
cas du cercle, au moyen de la propriété connue des sécantes; elle a donc
lieu pour une section conique quelconque, dont le cercle peut être censé
la projection.
35. Supposons que les côtés AB et AC, de concourants qu'ils étaient,
deviennent parallèles (fig. 4), le sommet A passera -à l'infini, et les segments
qui lui correspondent pourront être considérés comme égaux (28); donc
la relation ci-dessus se changera en cette autre

ou
.
BQ. BQ' CR. CR' = BP. BP'. CQ. CQ',

c'est-à-dire que le produit des ordonnées BP, BP' est à celui des abscisses cor-
respondantes BQ, BQ' dans un rapport constantpour toutes les parallèles à AB :
propriété très-anciennementconnue des sections coniques, et qui subsiste,
ainsi que la précédente, quand on remplace la courbe par le système de deux
lignes droites quelconques.
36. Supposons encore que le triangle ABC (fig. 5), au lieu d'avoir des
côtés parallèles, soit circonscrit à la section conique et la touche aux points
P, Q, R : la relation ci-dessus (34) deviendra évidemment, à cause que les
points P et P', Q et Q', R et R' (flg. 3) se seront respectivement confondus
en un seul,
AP BQ. CR = BP. CQ. AR,
laquelle exprime une autre propriété très-remarquable des sections co-
niques également due à M. Carnot.
37. Supposons, de plus, maintenant que le côté BC du triangle circonscrit
soit mené parallèlement à la corde de contact PR de l'angle opposé A, c'est-
à-dire à la droite qui joint les points de contact des côtés de cet angle : on
aura

donc BQ = CQ, et par conséquent le point Q appartient à la droite AO qui


passe par le sommet de l'angle A et par le milieu 0 de la corde de con-
tact PR.
En menant la nouvelle tangente B'C' parallèlement a la première BC et à
la corde PR, on conclurait de même que son point de contact Q' est sur la
droite AO : ainsi cette droite appartient à la fois à toutes les cordes de la
section conique qui seraient parallèles à celle PR ou aux tangentes BC
etB/C/; c'est-à-dire, en d'autres termes, que les cordes parallèles des sections
coniques ont leurs milieux et les points de concours des tangentes qui corres-
pondent à leurs extrémités respectives, distribués sur une même droite appelée
diamètre.
38. Pareillement, si l'on observe que les trois tangentes BQ, BB', B'Q',
prolongées d'une manière convenable, peuvent être censées former un
triangle circonscrit BB'K dont les côtés BK et B'K sont parallèles et con-
courent à l'infini en K (*), on conclura de ce qui précède (28 et 36) la nou-
velle relation
PB.Q'B' = PB'.QB.
Mais, à cause des parallèles BQ, OP et B'Q',

donc

c'est-à-dire que le diamètre QQ' est divisé harmoniquement (23) par le milieu
de chaque corde PR et par le sommet A de l'angle circonscrit correspondant {**).

(*) Désormais, pour indiquer que plusieurs lignes ont un point commun hors du champ de la
figure, nous terminerons ainsi leurs extrémités par la même lettre censée représenter ce point.
(**) C'est la XXXVIIIe Proposition du Ier livre des Coniques d'Apollonius.
On voit que, si l'une des extrémités du diamètre, Q par exemple, passait
à l'infini, ce qui arrive nécessairement quand la courbe est une parabole, la
relation ci-dessus deviendrait simplement (27)
OQ' = AQ';
c'est-à-dire que, dans la parabole, la partie du diamètre comprise entre la
corde du contact et le sommet de l'angle circonscrit correspondant est divisée en
parties égales par le sommet de la courbe.
39. De là on déduirait immédiatement toutes les définitions et les pro-
priétés connues du centre, des axes, des diamètres conjugués et des asymp-
totes (4) des sections coniques.
Soient, par exemple, MN et PR (fig. 6) deux cordes parallèles d'une sec-
tion conique quelconque, AB le diamètre conjugué à leur direction com-
mune, c'est-à-dire celui qui passe par leurs points milieux 0 et Q (37), la
proportion de l'article 35 deviendra évidemment

d'on l'on tire

p étant une quantité constante qui ne varie qu'avec la direction du dia-


mètre AB, et représente évidemment, dans le cas de l' ellipse et de l' hyper-
bole, le rapport inverse du carré de ce diamètre à celui qui lui est conjugué.
40. Dans le cas particulier de la parabole, les mêmes choses n'ont plus
lieu, à cause que l'une des extrémités, B par exemple, du diamètre AB
passe nécessairement à l'infini avec le centre de la courbe; la relation de
l'article 35 devient simplement alors, en observant que les segments BQ
et BO, qui partent du sommet B, ont pour rapport l'unité,

d'où l'on tire

p étant encore une quantité constante pour un même diamètre, et qui a"
évidemment une signification tout autre que celle qu'on lui a attribuée ci-
dessus, puisqu'ici c'est une ligne appelée paramètre, et non plus simplement
un nombre. -
41. Dans tous les cas, et quelle que soit la nature particulière de la
courbe, on obtiendra très-facilement la valeur de la constante p, au moyen
d'une seule ordonnée OM et du segment ou des segments qui lui corres-
pondent sur le diamètre AB; de sorte que, sans s'inquiéter si cette courbe
est de telle ou telle espèce, on pourra la construire entièrement au moyen
de ces seules données, et être sûr par conséquent que c'est une section co-
nique. Or, il en résulte cette conséquence générale, qu'il nous était indis-
pensable d'établir pour ce qui suit : La projection d'une section conique quel-
conque sur un plan arbitraire est encore une section conique.
Il est visible, en effet, que la projection d'une section conique quelcon-
que sur un plan devra jouir de la propriété générale de l'article 34, puis-
qu'elle est projective, et par suite de toutes celles qui viennent d'être établies
dans ce qui précède, et qui sont la conséquence de celle-là; mais les
dernières de ces propriétés sont aptes à décrire la courbe, et ne peuvent
décrire que des sections coniques sous les mêmes données; donc la projec-
tion d'une section conique est nécessairement aussi une section conique.
42. Au reste, on déduirait avec la même facilité, de ce qui précède, les
propriétés de similitude des sections coniques en général. A cet effet, nous
ferons observer que, pour que deux courbes quelconques soient semblables,
il faut qu'on puisse les considérer, l'une et l'autre, comme les limites de
polygones semblables d'un nombre infini de côtés infiniment petits. Mais,
d'après la théorie de ces sortes de figures, pour que deux polygones soient
semblables, il est nécessaire et il suffit qu'on puisse les décrire, l'un et
l'autre, sous des données et par des constructions elles-mêmes semblables,
c'est-à-dire .telles, que les parties qui les composent appartiennent à des
figures semblables, ce qui exige simplement que les distances homologues
y soient proportionnelles et fassent les mêmes angles de part et d'autre;
donc, pour que deux courbes quelconques soient semblables, il est nécessaire
et il suffit que les mêmes conditions soient remplies; c'est-à-dire que, ces
conditions ayant lieu, toutes les autres lignes homologues seront, par là même,
proportionnelles, et formeront les mêmes angles dans les deux courbes (* ) :
ainsi, par exemple, on pourra inscrire et circonscrire à l'une d'elles des
polygones semblables à ceux qui sont inscrits et circonscrits à l'autre, etc.
43. Pour en venir maintenant à notre objet, nous remarquerons que,

(*) Si, de plus, les droites homologues sont parallèles dans les figures élémentaires qui con-
struisent les proposées, la même chose aura lieu dans celle-ci ; en sorte qu'elles ne seront plus
simplement semblables, mais semblables et semblablementplacées entre elles.
d'après ce qui précède, pour que deux sections coniques soient semblables,
il faut d'abord qu'elles soient de même espèce; que de plus, en traçant dans
l'une et dans l'autre deux diamètres homologues, que je nomme (AB) et
(A'Br), les conjugués à ces diamètres, ou, plus généralement, les directions
de cordes que ces diamètres divisent respectivement en parties égales,
fassent avec eux le même angle de part et d'autre, car ces directions sont
parallèles à celles des tangentes aux extrémités des diamètres (AB), (A'B'),
lesquelles sont évidemment homologues. En second lieu, si l'on prend à
chaque instant sur ces diamètres des points (0) et (0') qui les divisent en
segments proportionnels, ou qui soient entre eux dans le rapport de (AB)
à (A'B'), il faudra que les ordonnées ou demi-cordes correspondantes (OM)
* et
(O'M') soient aussi entre elles dans le même rapport; car alors la con-
struction des deux courbes (41) sera exactement ce que nous avons appelé
semblable de part et d'autre, et ces courbes, par conséquent, seront elles-
mêmes semblables. Mais, puisque ce sont des sections coniques, on a en
général (39)

d'où

D'un autre côté, on a, par hypothèse,

donc

par où l'on voit que les ordonnées OM, O'M' ne peuvent être entre elles dans
p
le rapport de AB et A'B', à moins que les constantes etp qui leur appar-
tiennent ne soient égales.
Réciproquement, si cela est, et qu'en même temps les autres conditions
qui précèdent soient remplies, les ordonnées correspondantes à des segments
proportionnels aux diamètres AB.et A'B' seront elles-mêmes proportionnelles
à ces diamètres, et les constructions des deux courbes seront semblables :
c'est-à-dire que :
Deux sections coniques (ellipses ou hyperboles) sont semblables, quand les
cordes conjugées à deux diamètres de ces courbes forment, de part et d'autre,
le même angle avec ces diamètres, et que, de plus, la constante p qui correspond
à ces diamètres est aussi la même, ou, en d'autres termes, quand ces diamètres
sont entre eux comme leurs conjugués (*).
44. Dans le cas particulier où les sections coniques sont des paraboles,
les diamètres AB et A'B' deviennent infinis, et les raisonnements qui précè-
dent n'ont plus lieu ; mais si l'on choisit, dans deux paraboles quelconques,
deux diamètres qui fassent le même angle avec leurs cordes conjuguées, ce
qui est possible d'une infinité de manières, puis qu'on prenne, sur ces dia-
mètres, des abscisses AO, A'O' qui soient dans le rapport des paramètres
p et p' qui leur correspondent respectivement, on aura (40)

c'est-à-dire que les ordonnées OM, O'M' seront. elles-mêmes dans ce rapport;
d'où il suit par conséquent que les courbes sont semblables : ainsi
Deux paraboles quelconques sont deux courbes semblables.
45. C'est sur ce petit nombre de principes, déjà connus, que nous nous
proposons d'établir, dans ce qui suit, les diverses propositions qui doivent
former la base de cet ouvrage.
On remarquera, au surplus, que les considérations générales d'où nous
avons déduit ces principes ne concernent proprement que les relations pro-
jectives qui ont lieu entre les longueurs ou distances qui lient entre elles les
différentes parties d'une même figure; mais on pourrait obtenir aisément
des résultats analogues pour les relations entre les aires des triangles.
Soient, en effet, ABC(y?g". i) un triangle quelconque appartenant à la figure
proposée, et A'B'C' sa projection ; d'après un théorème connu de la Géomé-
trie élémentaire, analogue à celui déjà cité (9) pour la simple projection des
distances, les solidités des pyramides SABC, SA'B'C' sont entre elles dans le
rapport des produits des trois arêtes qui comprennent l'angle solide commun
S, et par conséquent le rapport de la solidité de chaque pyramide au produit
des trois arêtes correspondantes est un nombre constant.

(*) Si, de plus, les deux courbes avaient leurs diamètres conjugués parallèles, elles seraient
(42, note) semblables et semblablement placées entra elles, en sorte que leurs axes principaux,
leurs asymptotes, etc., seraient également parallèles. On démontrerait d'ailleurs aisément que
deux hyperboles quelconques, comprises dans le même angle d'asymptotes, sont nécessairement
des courbes semblables de grandeur et de position.
Nommant donc y ce rapport, invariable pour un même angle solide S,
et a, b, c, les trois arêtes ou projetantes SA, SB, SC, la solidité de la pyramide
SABC sera égale à a.b.c. D'un autre côté, en nommant P la hauteur de
cette pyramide, ou la perpendiculaire abaissée du centre de projection S sur
le plan du triangle de base ABC, cette solidité a aussi pour expression
-31 P: surf. ABC; donc

formule entièrement analogue à celle trouvée ci-dessus (9) pour les simples
distances, et qui donne lieu aux mêmes remarques relativement à la projec-
tion des aires. C'est-à-dire que, si, dans une relation quelconque entre les
aires triangulaires d'une certaine figure, on substitue, à la place de chaque
triangle, l'expression ci-dessus qui y correspond, et qu'il arrive que les
lettres a, b, c, P disparaissent d'elles-mêmes du résultat de la substitu-
tion, cette relation sera nécessairement projective de sa nature, et appar-
tiendra a toutes les figures qui pourront être censées la projection de la
première.
46. De là on pourrait déduire beaucoup de conséquences relatives aux
aires de certaines figures; mais, quoique cet examen se rattache immédia-
tement à notre sujet, nous croyons devoir nous borner simplement, dans
ce travail, aux relations projectives concernant les distances et la direction indé-
finie des lignes, qui offrent par elles-mêmes un assez vaste sujet de recherches.
Au surplus, il est essentiel de remarquer que l'analogie que nous avons
reconnue (18 et 19 ) entre les figures situées dans l'espace ou sur un plan et
celles tracées sur une sphère ne subsiste plus quand on ne considère que
les relations d'aires qui sont projectives, bien qu'alors même ces relations
aient encore lieu entre les quantités constantes m, m'...; car chacune de
ces constantes n'a plus de rapport déterminé (*) avec l'ouverture de l'angle
solide correspondant, ou avec l'aire du triangle sphérique qui lui sert de
mesure.
47. On doit aussi remarquer que la relation ci-dessus (45), de même que
celle de l'article 9, relative à la projection des simples distances, n'est appli-
cable qu'au cas où l'on suppose la projection centrale; car, dans la projec-

En effet, la quantité 172 représente alors le demi-produit du sinus de l'angle de deux arêtes
( * )

ou projetantes quelconques, par le sinus de l'angle que leur plan fait avec l'arète opposée. Forez un
Mémoire de Lagrange, inséré dans le VIe Cahier du Journal de VÉcole Polytechnique.
tion orthogonale et dans la projection oblique sous un angle donné, les
projetantes étant parallèles et le centre de projection par conséquent à l'in-
fini, ces relations deviennent insignifiantes, et prennent la forme indéter-
0-
rninée0 On peut alors les remplacer par les relations suivantes :
AB — m. A'B',
surf. ABC = m. surf. A'B'C',
dans lesquelles la lettre m représente le rapport des sinus des angles que
forment respectivement, avec la direction d'une projetante quelconque,
d'une part les droites A'B' et AB, d'une autre les plans A'B'C' et ABC. Mais,
notre intention n'étant que de nous occuper des rapports les plus généraux
des figures, d'où découlent immédiatement tous les autres comme simples
corollaires, ces considérations sur les projections orthogonale et oblique de-
viennent, en quelque sorte, étrangères à l'objet véritable de ces recherches.
Dans ce qui précède, nous avons exposé les diverses notions à l'aide des-
quelles on peut reconnaître, au simple énoncé, si une tigure et une relation
donnée qui la concerne sont projectives; il nous resterait, pour compléter
cet objet, à établir les principaux théorèmes de projection qui servent à
modifier les figures suivant certaines conditions particulières, et à faire dé-,
couvrir quelle est la nature de ces modifications et dans quel cas elles sont
possibles; mais la démonstration de la plupart de ces théorèmes repose né-
cessairement sur quelques notions, non encore reçues des géomètres, con-
cernant les changements qui s'opèrent dans certaines figures, quand une ou
plusieurs de leurs parties cessent d'avoir une existence absolue et réelle;
c'est pourquoi nous allons exposer, dans le Chapitre suivant, ces diverses
notions, en en déduisant, par occasion, quelques corollaires relatifs au cas
particulier du cercle, corollairesqu'on pourra, au surplus, considérer comme
des espèces de lemmes pour la partie des applications.

CHAPITRE II.
NOTIONS PRÉLIMINAIRES SUR LES SÉCANTES ET LES CORDES IDÉALES
DES SECTIONS CONIQUES.

48. Il résulte des principes posés dans le précédent Chapitre (37 et 38),
qu'une droite indéfinie mn (fig. 6) étant tracée sur le plan d'une section
conique quelconque (C) ('), 10 le milieu ou centre 0 de la corde MN qu'y
intercepte la courbe se trouve à l'intersection de cette droite et du diamètre AB
qui est conjugué à sa direction; 2" le point 0' où concourent les tangentes
aux extrémités de la corde est, par rapport à ce même diamètre, le conju-
gué harmonique du point 0 (23), c'est-à-dire qu'on a

Or, il résulte de ces définitions des points 0 et 0' que ces points peuvent
se construire indépendamment des points M et N, et subsistent par consé-
quent dans tous les cas possibles, même quand la droite mn est extérieure à
la courbe.
Cela paraît d'abord évident, à priori, pour le premier de ces points, et
cela ne l'est pas moins pour le second, comme on va le voir par ce qui suit.
Supposons, en effet, que la droite mn se transporte en m'n' extérieurement
à la courbe; soit 0' le point où la rencontre, dans cette nouvelle position,
la direction indéfinie du diamètre AB qui renferme le milieu des cordes pa-
rallèles à m'n' ; supposons que, du point 0', on mène deux tangentes O'M, O'N
à la courbe, elles seront évidemment possibles pour le cas actuel, et vien-
dront déterminer deux points de contact M, N et une corde correspondante
MN dont la direction, nécessairement conjuguée à celle du diamètre AB, sera
parallèle à m'n' et rencontrera ce diamètre au point 0 demandé ; car on
aura évidemment (38), entre les points 0, 0', la relation harmonique dont
il a été question ci-dessus.

49. On voit qu'il existe entre les droites mn, m'n' et les points 0, 0' qui
leur correspondent à la fois, une relation extrêmement remarquable, et qui
est telle, que, quand l'une de ces choses est donnée, les trois autres s'en-
suivent nécessairement. A cause de la nature particulière de cette relation,
on pourrait dire que ces droites et ces points sont conjugués harmoniques re-
lativement à la direction commune du diamètre AB; définition qui, au reste,
s'accorde avec celle déjà donnée (23) à l'occasion de la division harmonique
des lignes.
Quoi qu'il en soit, les points 0 et 0', considérés comme appartenant à
la droite mn, subsistant indépendamment de la réalité ou de la non-réalité
des intersections M, N de cette droite et de la courbe, il n'y a aucune raison

(*) Désormais, nous indiquerons presque toujours ainsi une section conique par la lettre de son
centre placée entre parenthèses; et nous pourrons en agir de même à l'égard de courbes quel-
conques, en substituant à la lettre du centre celle de quelque point remarquable.
de les négliger plutôt dans un cas que dans l'autre, non plus que cette
droite elle-même, puisqu'en devenant extérieure à la courbe elle ne cesse
pas de conserver certaines dépendances avec elle.
Le point 0' jouit, en particulier, d'un grand nombre de propriétés cu-
rieuses, par rapport à la droite dont il s'agit et à la section conique; sa con-
sidération est très-importante dans les recherches, et c'est à cause d'une de
ces propriétés qu'il a reçu des géomètres le nom de pôle de cette droite,
tandis que celle-ci a été appelée, à l'inverse, la polaire du point 0'.
50. Ces dénominations sont, sans contredit, fort simples, et nous pour-
rons en faire usage, sans d'ailleurs nous attacher, quant 'i présent, à l'idée
qu'entraîne, d'après leur acception ordinaire, les mots de pôle et polaire.
Mais aussi, en supposant qu'on ne veuille pas créer des termes nouveaux
pour désigner la droite mn et ce qui lui appartient, et qu'on persiste à la
regarder comme une sécante de la courbe quand elle cesse de la rencontrer,
nous dirons, afin de conserver l'analogie entre les idées et le langage, que
ses points d'intersection avec la courbe, et par conséquent la corde corres-
pondante, sont imaginaires, qu'elle est elle-même sécante idéale de cette
courbe; et nous la distinguerons ainsi de toute ligne droite entièrement in-
constructible dans son cours et sa direction, laquelle conservera d'ailleurs la
dénomination, déjà admise, de droite imaginaire.
51. Par suite de ces premières définitions, et en supposant que l'on consi-
dère la droite indéfinie m'n' extérieure à la courbe (C), droite qui, d'après
ce qui précède, est sécante idéale de cette courbe, nous dirons aussi que le
point 0' est le centre idéal de la corde imaginaire que détermine m'n', et
le point 0 le concours idéal des tangentes imaginaires qui correspondent
aux extrémités de cette corde, laquelle prend d'ailleurs (37) le nom de corde
de contact relativement au point 0; enfin la droite m'n' sera elle-même la
sécante idéale de contact par rapport à ce point.
52. Pour concevoir l'objet de ces définitions, il suffit de supposer que la
section conique que l'on considère ne soit pas décrite, mais seulement
donnée par certaines conditions, et qu'alors on se propose de rechercher,
soit les points où elle est rencontrée par la droite réelle tracée sur son plan,
soit tout autre objet qui en dépende ; car on ignore alors si les uns ou les
autres sont ou non possibles, et il est naturel de persister, dans tous les cas,
à regarder cette ligne droite comme une sécante véritable de la courbe, et
par conséquent de la traiter comme telle dans le raisonnementgéométrique
qui sert à faire découvrir les objets qu'on cherche.
53. En général, on pourrait désigner par l'adjectif imaginaire tout objet
qui, d'absolu et réel qu'il était dans une certaine figure, serait devenu en-
tièrement impossible ou inconstructible dans la figure corrélative, « celle
»
qui est censée provenir de la première par le mouvement progressif et
»
continu de quelques parties, sans violer les lois primitives du système; »
l'épithète idéal servirait à désigner le mode particulier d'existence d'un ob-
jet qui, en demeurant au contraire réel dans la transformation de la figure
primitive, cesserait cependant de dépendre d'une manière absolue et réelle
d'autres objets qui le définissent graphiquement, parce que ces objets se-
raient. devenus imaginaires. Car, de même qu'on a déjà en Géométrie des
noms pour exprimer les divers modes d'existence qu'on veut comparer, tels
que infinimentpetits, infiniment grands, il faut aussi en avoir pour exprimer
ceux de la non-existence, afin de donner de la justesse et de la précision à
la langue du raisonnement géométrique.
Ces définitions ont, sur toutes celles qu'on pourrait leur substituer, l'a-
vantage de pouvoir s'étendre directement à des points, des lignes et des
surfaces quelconques ; elles ne sont d'ailleurs ni indifférentes, ni inutiles
en elles-mêmes; elles servent à abréger le discours et à étendre l'objet des
conceptions géométriques; enfin elles permettent d'établir un point de
contact, sinon toujours réel, au moins fictif, entre des figures qui paraissent,
au premier aspect, n'avoir aucun rapport entre elles, et de découvrir sans
peine les relations et les propriétés qui leur sont communes.
54. Pour poursuivre l'objet de ces premières définitions, supposons qu'ayant
déterminé le diamètre AB (fig. 6) de la section conique, qui est conju-
gué à la direction de la sécante idéale m'n', et divise par conséquent en deux
parties égales toutes les cordes qui lui sont parallèles, on prenne, sur m'n',
deux points M' etN' satisfaisant à la relation

identique avec celle qui définit les points M et N suivant lesquels la sécante
mn, parallèle à la première, rencontre réellement la section conique (39),
pourvu toutefois qu'on n'ait point égard à la différence de situation des
lignes (*); on obtiendra une longueur M'N', divisée également au point 0',
et qu'on pourra regarder comme représentant, d'une manière fictive, la corde

(*) En effet, cette différence de situation entraîne le changement de signe du segment O'B, ce
qui rend la relation ci-dessus impossible pour les positions de iiï'll' extérieures à la courbe; c'est-à-
dire que les ordonnées correspondantes de la courbe deviennentelles-mêmes impossibles ou imagi-
naires.
imaginaire qui correspond à la droite m'n' considérée comme sécante de la
courbe. Cela posé, si l'on appelle cette distance corde idéale de la section
conique proposée, et qu'on construise toutes celles qui lui sont parallèles,
leurs extrémités formeront évidemment une autre section conique, qui aura
même diamètre de contact AB, même constantep, et par conséquent même
grandeur et même direction de diamètre (réel ou idéal) DE conjugué à AB.
La section conique ainsi construite sera évidemment une hyperbole ou
une ellipse, selon que l'autre sera, au contraire, une ellipse ou une hyper-
bole ; elle sera d'ailleurs une parabole, en même temps que la proposée,
ayant même diamètre qu'elle avec même paramètre et même tangente au
sommet commun parallèle à la direction donnée. Enfin, quand l'une des
deux courbes est un cercle, l'autre est une hyperbole équilatère, dont le
diamètre de contact est perpendiculaire à la direction donnée m'n'. Dans
tous les cas, si l'une des deux courbes devient infiniment petite en demeurant
semblable à elle-même, c'est-à-dire si elle se réduit à un point, la supplé-
mentaire se réduira elle-même à deux lignes droites confondues avec les
asymptotes, et vice versâ.
Désormais nous dirons de deux sections coniques, ainsi conjuguées,
qu'elles sont supplémentaires l'une de l'autre par rapport à la direction de la
droite que l'on considère; parce qu'en effet l'une quelconque d'entre elles
répond aux questions faites sur l'autre dans le sens qui vient d'être indiqué.

55. Il est à remarquer, au surplus, qu'une même section conique a une


infinité de supplémentaires, correspondant à l'infinité de systèmes de
diamètres conjugués qui lui appartiennent; mais, parmi cette infinité de
supplémentaires, il n'y en a jamais qu'une seule qui corresponde à une di-
rection donnée mn, parce que nous n'admettons que celle dont le diamètre
réel AB, ou le diamètre du contact, divise en deux parties égales les cordes
de la proposée qui sont parallèles à cette même direction.
Ainsi, quand une ligne droite m'n' est extérieure à une section conique
donnée quelconque (C), il y a toujours une autre section conique supplé-
mentaire de la proposée relativement à la direction de cette droite, laquelle
intercepte sur elle une distance réelle M'N' qui est la corde idéale de la pre-

même centre 0' et le même pôle 0 dans l'une et l'autre courbes.(48) en ;


mière. Il est évident, en outre, qu'à la même droite m'n' correspondent le

sorte que ce dernier est à la fois le point de concours idéal des deux tan-
gentes qui appartiennent à la droite m'n' et à la section conique proposée, et
le point de concours réel de celles qui appartiennent à cette même droite et
a la supplémentaire de cette section conique. La même chose a lieu évidem-
ment pour le point 0' et la sécante mn qui lui est conjuguée.
56. Considérons maintenant le système de deux sections coniques quel-
conques tracées sur un plan; si elles ont une sécante ou corde réellement
commune, il est évident : i° que les diamètres conjugués à sa direction dans
l'une et l'autre courbe iront la rencontrer en un même point, centre de la
corde en question; 20 que, si l'on appelle 0 ce point, AB et A'B' les diamètres
qui lui correspondent, enfin p et p' les constantes qui appartiennent à ces
diamètres (39), on aura
p. OA. OB = p'. OA. OR'.
Ces deux conditions sont nécessaires et suffisent évidemment pour déter-
miner toutes les cordes ou sécantes communes à deux sections coniques
quelconques tracées sur un plan; mais elles n'appartiennent pas aux seules
cordes réellement communes à ces courbes, elles peuvent aussi appartenir à

des droites qui leur seraient entièrement extérieures; il suffit, en effet,
d'après ce qui précède, pour que cela ait lieu, que la direction de chacune
d'elles soit celle d'une corde réellement commune aux supplémentaires des
sections coniques proposées relativement à cette direction : ce qu'on peut
exprimer en disant que la droite correspondante doit être une sécante ou
corde idéale commune à ces sections coniques.
57. La question actuelle consiste à savoir si deux sections coniques (C) et
(C7, tracées sur un plan, ont effectivement, pour des positions géné-
rales, des cordes communes idéales remplissant les conditions qui précèdent.
Pour parvenir à la résoudre, nous remarquerons d'abord qu'il y a sur le
plan des deux courbes (C) et (C') une infinité de points 0 et de droites
correspondantes mn, qui satisfont à la première de ces conditions. En effet,
pour obtenir un système semblable, il suffit évidemment de mener, dans
une direction quelconque, des tangentes, parallèles entre elles, aux deux
courbes; de tracer ensuite l'es diamètres AB et A'B', qui passent respective-
ment par leurs points de contact; car le point 0 de leur intersection commune
sera le point demandé, et la droite mn, menée de ce point dans une direction
parallèle aux tangentes, sera la droite qui lui correspond. Tous les points 0,
ainsi obtenus, sont sur une certaine courbe, et cette courbe passe évidemment
par l'un et l'autre centres C, C' des proposées (*).
(*) Pour démontrer cette assertion, il suffit d'observer que, quand le diamètre AB, par exemple,
a atteint la position CC', celui A'B' qui lui correspond, et qui renferme avec lui le point 0, le ren-
contre nécessairement au centre C' lui-même.
Les dernières conditions exigent, en outre, qu'ayant tracé les coniques
supplémentaires aux proposées, qui correspondent à la droite mn détermi-
née ainsi que nous venons de le dire, les parties MN, M'N', interceptées sur
cette droite par l'une et l'autre courbes, soient égales entre elles, ou, ce qui
revient au même, que OM soit égal à OM'. Cette condition ne sera évidem-
ment pas remplie pour une position quelconque de la droite mn; mais si,
pour chacune des situations qu'elle peu! prendre, on détermine le point M
correspondant à la courbe (C), et celui M' qui correspond à la courbe (C'),
chacun de ces points engendrera évidemment une courbe particulière, et ces
courbes indiqueront, par leurs intersections mutuelles, les positions des
points générateurs M et M' pour lesquelles ils se confondent, et pour les-
quelles par conséquent les parties ou ordonnées OM et OM' sont égales, et
les droites correspondantes mn des sécantes idéales communes aux deux sec-
tions coniques proposées.
Nous pourrions arrêter ici l'examen qui nous occupe, car il est visible que
les courbes (M) et (M'), n'ayant entre elles qu'une dépendance générale,
doivent aussi, en général, se couper selon la position relative des sections
coniques (C) et (C'); mais, pour ne rien laisser à désirer, nous allons faire
voir, par l'examen d'un cas très-étendu, qu'en effet les courbes (M) et (M')
sont susceptibles de s'entrecouper d'une manière réelle, et par conséquent
de donner des cordes idéales communes à celles (C) et (C).
58. Prenons pour exemple général le système de deux ellipses (C) et (C'),
de grandeur et de situation arbitraires, mais pourtant telles, qu'elles soient
entièrement extérieuresJ'une à l'autre. La courbe parcourue parle point0,
passant nécessairement (57, note) par les centres C et C' des deux ellipses,
aura une partie de son cours entièrement au dehors de ces ellipses, et il
existera une infinité de positions correspondantes de la droite mn, pour les-
quelles elle sera tout à fait extérieure à ces mêmes courbes.
Cela posé, considérons, comme ci-dessus, les deux coniques supplémen-
taires qui correspondentà une telle position de la droite mn; il est évident
qu'on aura démontré que le point M se confond, pour une certaine position
de mn, avec le point M', et par conséquent le point N avec le point N', si
l'on parvient à prouver que, parmi toutes les grandeurs que peut prendre la
corde MN, il y en a deux telles, que l'une soit plus grande et l'autre plus
petite que celle de M'N' qui leur correspond; car, à cause de la loi de con-
tinuite, il y aura nécessairement une position intermédiaire où ces cordes
seront parfaitement égales. Or, si l'on suppose que, dans la situation actuelle
des hyperboles supplémentaires, MN soit plus grand que M'N', il ne sera pas
difficile de s'apercevoir qu'il existe une autre position du système, pour la-
quelle la corde MN dévient nulle, et par conséquent où les points M et N se
réunissent au point 0. En effet, cette circonstance arrivera nécessairement
lorsque le point 0 se trouvera sur l'ellipse correspondante (C), en sorte qu'il
suffit de démontrer que la courbe des points 0 rencontre effectivement cette
ellipse : mais c'est ce qui a lieu précisément dans la supposition actuelle ; car
la courbe (0) passant par les centres C et C', et les ellipses étant entièrement
extérieures l'une à l'autre, le point 0 doit nécessairement les traverser, toutes
deux, par un mouvement continu.
Donc, en effet, il existe une position du point 0 pour laquelle la corde MN
est plus grande, et une autre pour laquelle cette corde est plus petite que sa
correspondante M'N' ; ce qui ne peut avoir lieu qu'autant qu'il existe une
position intermédiaire où ces cordes sont parfaitement égales, et se confon-
dent par conséquent en une seule, qui devient ainsi une corde idéale com-
mune aux deux ellipses proposées.
59. La courbe des points 0 rencontrant nécessairement chacune de celles
(C) et (C') au moins en deux points réels, puisque, après être entrée dans
leur intérieur et avoir passé par leurs centres respectifs, elle doit nécessaire-
ment en ressortir, on pourrait prouver, en suivant l'esprit des raisonnements
que nous venons de mettre en usage, que les deux sections coniques dont
N il
s'agit ont une autre corde idéale commune différente de celle qui précède.
Enfin il ne serait pas difficile de constater l'existence de semblables cordes
pour d'autres circonstances également étendues; mais il suffit, pour notre
objet actuel, d'avoir prouvé la chose d'une manière. générale et, en quelque
sorte, indéterminée, et d'avoir fait connaître même les moyens propres à
construire ces cordes graphiquement dans tous les cas possibles.
En effet, dans la discussion qui précède, nous n'avons attribué aucune
grandeur absolue ou fixe aux parties qui déterminent la grandeur et la posi-
tion du système ; la seule condition admise ne tient qu'à une limitation de la
possibilité de résoudre le problème, et cette limitation laisse d'ailleurs tout
arbitraire. La nature particulière supposée aux deux sections coniques ne
détruit pas la généralité des raisonnements; car ces raisonnements en sont
indépendants, et ils subsistent, pourvu qu'une partie de la courbe des points 0
soit à la fois au dehors des deux sections coniques, quelle que soit d'ailleurs
leur espèce; or cette condition laisse entièrement indéterminées, entre cer-
taines limites, les grandeurs des parties du système.
Il en est ici évidemment comme dans l'Analyse algébrique elle-même, où
l'on regarde une quantité, objet d'un problème, comme généralement pos-
sible, quand les conditions de sa réalité, dans les équations finales qui le
déterminent, sont indépendantes de toute grandeur ou relation absolue et
donnée, et que ces conditions laissent variables, entre certaines limites, les
diverses quantités qui fixent le système.
Concluons donc que :
Deux sections coniques, situées sur un même plan, ont, en général et pour
des situations indéterminées, des cordes et des sécantes idéales communes, tout
comme elles ont, pour de semblables situations, des points d'intersection réels et
des cordes réelles également communes.
60. Pour faire entrevoir, à l'avance, l'utilité que peut présenter la consi-
dération des cordes idéales, et, en même temps, pour faire sentir le but qu'on
se propose en les admettant dans les recherches géométriques, nous présen-
terons, dès à présent, un exemple bien connu, où leur emploi peut paraître
de quelque importance pour la solution d'une difficulté singulière, qui se
présente assez souvent dans les applications de la Géométrie descriptive.
Quand on se propose de rechercher la courbe d'intersection de deux sur-
faces de révolution dont les axes sont dans un même plan, on arrive, comme
l'on sait, à la construction suivante, pour déterminer un point quelconque
de la projection de la courbe, sur le plan diamétral qui contient à la fois les
deux axes (*).
Soient SB, SB' (fig. 8) les deux axes en question; AMB, A'MB', ou (C)
et(C'), les deux courbes génératrices, situées l'une et l'autre dans le plan
commun des axes, courbes que nous supposons ici être toutes deux des
ellipses; du point d'intersection S de ces axes, comme centre, soit décrite à
volonté une circonférence de cercle rencontrant à la fois les deux courbes;
soit tracée, pour chacune d'elles, la corde MN ou M'N' qui lui est commune
avec ce cercle : le point 1 de l'intersection mutuelle des deux cordes, ainsi
obtenues, appartiendra à la projection de la courbe de pénétration des deux
surfaces sur le plan commun des axes.
Cette construction s'applique très-bien à tous les points de la courbe qui
sont situés entre les limites extrêmes où le cercle cesse de rencontrer à la
fois les ellipses génératrices, et, en cela, elle sert à donner tous ceux qui
peuvent répondre a la commune intersection des deux surfaces que l'on consi-
dère ; mais elle est tout à fait inapplicable à ceux qui sont situés au delà de
ces mêmes limites; les points M et N, M' et N', où la circonférence coupe

(*) Voyez la Géométrie descriptive de Monee, art. 83 (Ire édition).


les deux génératrices, deviennent en effet, en tout ou en partie, imagi-
naires (*).
A ne consulter que la manière ordinaire de voir en Géométrie, il semble-
rait naturel de penser que la génération de la courbe ne s'étend pas au delà
des limites que nous venons de reconnaître, et qu'ainsi cette génération ne
serait pas sujette à la loi de continuité, qui subsiste dans toutes les courbes
géométriques ; mais ce serait une véritable erreur que de le supposer, erreur
qui serait contraire aux notions et aux résultats les plus certains de l'Analyse
algébrique : on trouve, en effet, par les procédés qui lui sont propres, que
la courbe des points 1 s'étend à l'infini par une loi continue, et qu'en parti-
culier c'est une hyperbole, quand les axes de révolution SB, SB' sont en
même temps des axes principaux des ellipses méridiennes. ( Voyez l' Errata. )
61. paradoxe géométrique disparaît dès l'instant où l'on admet, ainsi
Ce
qu'il est naturel de le faire, que les sécantes communes MN, M'N', qui d'abord
étaient réelles et absolues, se sont changées en des sécantes communes pure-
ment idéales, jouissant d'ailleurs des mêmes caractères quant à l'objet qu'on
se propose. Il résulte, en effet, des principes qui précèdent, que ces sécantes
pourront subsister et se construire, même quand le cercle auxiliaire en ques-
tion ne rencontrera plus les courbes génératrices, ou, si l'on veut, les ren-
contrera en des points imaginaires.
Supposons, par exemple, le cas déjà cité où les droites AB, A 'B' sont les

(*) M. Hachette a déjà fait des remarques semblables pour les cas particuliers où l'on considère
la pénétration mutuelle d'une surface cylindrique droite- avec une autre surface cylindriquepareille
ou avec une sphère [Correspondance Polytechnique, t. III, p. 197). Il résout la difficulté en
employant l'Analyse des coordonnées, qui lui donne, en effet, un moyen simple de prolonger la
projection de la courbe de pénétration des deux surfaces au delà des limites où cette courbe de-
vient imaginaire.
Nous avions depuis longtemps fait la même remarque pour le cas général où la projection de la
courbe d'intersection de deux surfaces quelconques s'abaisse à un degré moitié, sans se décomposer
.
C'est l'examen de la difficulté qui en résulte qui nous a conduits, en partie, à la recherche du
système d'interprétation que nous venons de mettre en usage pour les sections coniques.
Depuis, nous avons eu occasion de voir que M. Vallée ( Traité cle la Géométrie descriptive, p. 204 )
a présenté, au sujet du cas particulier qui vient de nous occuper, des réflexions analogues aux
nôtres, et qui tendent à prouver que la courbe des points 1 n'est pas limitée aux points extrêmes
de la pénétration des surfaces données, puisque la construction s'étend naturellement au delà de
ces points; mais M. Vallée n'a pas fait attention que cette constructionavait elle-même des limites,
de sorte qu'elle ne donne pas effectivement tous les points de la courbe ; il aurait encore pu re-
marquer que la courbe demeurerait possible dans le cas même où les deux surfaces cesseraient
tout à fait de s'entrecouper. Il est évident que la solution satisfaisantede ces difficultés ne peut se
trouver que dans la théorie qui vient d'être exposée, ou plutôt dans l'admission indéfinie de la
continuité des lois géométriques.
axes principaux de deux ellipses; ayant décrit, à volonté, une circonférence
de cercle qui ne rencontre ni l'une ni l'autre de ces courbes, pour trouver,
malgré cela, les sécantes communes correspondantes, qui seront nécessaire-
ment idéales, on tracera (54) pour chaque ellipse, pour celle (C) par exemple,
la conique supplémentaire qui a mêmes axes qu'elle et AB pour diamètre de
contact; on tracera pareillement l'hyperbole équilatère qui correspond au
cercle auxiliaire et a le diamètre compris sur SB pour axe de contact; cher-
chant ensuite celle des sécantes communes à ces supplémentaires qui est
perpendiculaire à l'axe AB, ce sera évidemment (56) la sécante idéale com-
mune au cercle auxiliaire et à l'ellipse (C).
Une opération semblable donnerait celle qui correspond à la courbe (C'),
et le point où sa direction irait couper celle de la première serait nécessaire-
ment un de ceux du prolongement de la courbe des points I. Il est visible, en
effet, que les points ainsi obtenus jouiront de la même propriété que les
premiers : savoir que « si, de l'un quelconque d'entre eux, on abaisse des
»
perpendiculairessur les diamètres AB et A'B', les rectangles des segments
»
qu'elles y formeront seront toujours entre eux dans le même rapport (56). »
Il est à remarquer, au surplus, que la construction précédente donnerait
simultanément deux sécantes idéales correspondantes à chaque courbe géné-
ratrice, et qu'ainsi leur pénétration mutuelle donnerait à la fois quatre points
appartenant à la courbe cherchée.
62. On voit, par cet exemple particulier, combien il devient nécessaire
d'étendre le langage et les conceptions de la Géométrie ordinaire, et de les
rapprocher de celles admises dans la Géométrie analytique. Vouloir repousser
des expressions fondées sur des rapports exacts et rigoureux, quoique parfois
purement figurés, pour leur substituer des noms insignifiants, et qui ne rap-
pellent que des caractères particuliers et insolites de l'objet défini; éviter de
se servir, dans le raisonnement géométrique, des expressions et des notions
qui qualifient la non-existence et la rappellent, ce serait véritablementrefuser
à la Géométrie rationnelle les seuls moyens qu'elle ait de suivre les progrès
de l'Analyse, et d'interpréter, d'une manière satisfaisante, les conséquences
des résultats souvent bizarres auxquels elle parvient.
Mais il est temps que nous revenions à l'objet véritable des discussions que
nous avons un instant abandonnées, dans le dessein de répandre quelque jour
sur la nature du sujet.
63. Supposons donc que la sécante, réelle ou idéale, commune au système
de deux sections coniques tracées sur un même plan, et qui satisfait aux
conditions ci-dessus prescrites (56), au lieu d'être d'ailleurs quelconque,
comme le supposent ces conditions, soit telle, qu'elle ait même pôle dans l'une
et l'autre courbe. Dans le premier cas, les deux sections coniques se touche-
ront (48 et 49) en deux points réels appartenant à cette droite, qui sera
ainsi une sécante commune de contact, ou la réunion de deux sécantes réelles
communes. Dans le second, les deux supplémentaires des sections coniques
proposées, relativement à la direction de la sécante idéale, se toucheront évi-
demment en deux points réels, situés également sur la direction de cette
sécante, qui sera ainsi la réunion de deux sécantes idéales communes aux pro-
posées, ou, si l'on veut, une sécante idéale de contact commune ces courbes.
Dans ce même cas, on peut dire aussi, par analogie, que les deux courbes
ont un double contact idéal, ou se touchent en deux points imaginaires placés
sur la sécante commune.
64. Au surplus, quelle que soit l'espèce de sécantes idéales communes
que l'on considère, il résulte de ce qui précède qu'elles sont assujetties, dans
leur détermination, aux mêmes conditions générales que les sécantes com-
munes réelles, et qu'elles n'en diffèrent absolument que par leur situation à
l'égard des deux courbes; les unes et les autres forment naturellement avec
ces courbes deux systèmesassujettis aux mêmes lois, en sorte qu'elles doivent
jouir des mêmes propriétés et se comporter de la même manière dans les
recherches; c'est au moins ce qui résulte, à priori, de la loi de continuité;
et ce que nous établirons, par la suite, d'une manière entièrement rigou-
reuse, en donnant des moyens assez simples de les construire, dans tous les
cas possibles, par des procédés généraux et indépendants de leur nature par-
ticulière. Pour le moment, nous nous contenterons de démontrer leur com-
mune origine dans le cône du second ordre; ou, plus exactement, dans le
cône qui a pour'base l'ellipse, la parabole ou l'hyperbole.
65. Supposons que l'on coupe une telle surface par deux plans quel-
conques, il en résultera (41) deux sections coniques, qui auront, en général,
deux points réels communs, situés sur la droite d'intersection des deux plans,
laquelle sera, par conséquent, aussi en général, une sécante réelle commune
à ces courbes et à celles qui proviendraient du rabattement de l'une d'elles,
sur le plan de l'autre, autour de la droite d'intersection commune des deux
plans. Or je dis que cette droite deviendra une sécante idéale commune,
quand les deux courbes cesseront de s'entrecouper.
Soient, en effet, S [fig. 9) le sommet du cône, et mn la droite en question;
on prouve aisément (37) que les centres de toutes les cordes parallèles d'une
surface conique du second ordre sont renfermés dans'un même plan appelé
diamétral, et qui renferme le sommet du cône. Concevons donc le plan dia-
métral qui est conjugué à la direction de mn, et divise les cordes qui lui sont
parallèles en deux parties égales, il coupera le cône suivant deux arêtes SA,
SB, et les deux plans des sections que l'on y considère suivant deux droites
AO, A'O, qui se rencontreront évidemment en un point 0 de mn, et dont les
parties AB, A'B', terminées aux arêtes SA, SB, seront les diamètres de ces
deux sections, conjugués à la direction de la droite mn : or c'est la première *
des conditions que cette droite ait à remplir (56), pour être sécante idéale
commune aux sections coniques dont il s'agit.
Il faut, en outre, qu'on ait, p etp' étant les constantes qui appartiennent
aux diamètres AB et A'B',
p. OA. OB = //. OA'. OB',
comme cela a lieu évidemment pour le cas où la droite mn rencontre à la
fois les deux courbes. Mais on peut toujours déterminer, sur la surface du
cône, deux sections (ab), (a'b'), parallèles et par conséquent semblables (*)
aux premières, qui s'entrecoupent d'une manière réelle, et dans lesquelles
la relation ci-dessus aura naturellement lieu entre les lignes et les constantes
correspondantes; de plus ces constantes seront nécessairement (43) égales à
celles p, p' des sections coniques (AB), (A'B') dont il s'agit, et d'ailleurs
toutes les lignes sont respectivementproportionnelles de part et d'autre; donc
enfin l'on a effectivement la relation ci-dessus, et partant la droite mn est
une sécante idéale commune aux deux courbes (AB) et (A'B'), comme il
s'agissait de le démontrer.
66. On prouverait, d'une manière tout aussi simple, que réciproquement
deux sections coniques, situées dans des plans différents, et qui ont l'inter-
section de ces plans pour sécante idéale commune, sont susceptibles d'ap-
partenir a une même surface conique, tout comme cela aurait lieu évidem-
ment si cette droite était une sécante réelle commune ; or cela suffit pour
prouver l'identité de nature et d'origine des unes et des autres dans le cas
particulier où les deux courbes sont couchées sur un même plan. On peut,
au surplus, remarquer que les raisonnements qui précèdent demeureraient
applicables, d'une manière analogue, à une surface du second ordre quel-

(*) En effet, ces sections pourront être considérées, d'après un théorème connu la Géométrie
de
élémentaire, comme les limites respectives de deux polygones semblables de grandeur et de
situation (42, note).
conque coupée par deux plans arbitraires. Enfin on prouverait également que
toutes les sections qu'on pourrait former dans un cône ou une surface quel-
conque du second ordre, par des plans passant à la fois par une même droite
extérieure à la surface, auraient la même corde idéale commune placée sur
cette droite, etc.

67. Supposons maintenant que l'une (A'B') des deux sections, qui ont été
considérées ci-dessus dans le cône, vienne à passer par le sommet S de ce
,
cône ; on pourra la regarder comme une section infinimentpetite, semblable
à celle qu'on obtiendrait par un plan quelconque parallèle au sien, et ayant
par conséquent même constante p', par rapport à la direction de SO, qui
représente la nouvelle direction du diamètre conjugué à la sécante idéale mn ;
donc, MN étant la corde idéale relative à cette sécante et à (AB), on
aura (54 et 65)

c'est-à-dire que le rapport de OM à OS représentera (39) le rapport des dia-


mètres conjugués, parallèles à ces droites, qui appartiennent à la section
conique infiniment petite que l'on considère.
Supposons, par exemple, que le plan SOM soit parallèle à celui d'une sec-
tion circulaire du cône; SO sera évidemment perpendiculaire à mn, et p'
égal à l'unité, de sorte qu'on aura OM = OS ; c'est-à-dire que la longueur
de SO sera précisément moitié de celle de la corde idéale MN : résultat qui
nous sera utile par la suite.
On obtiendrait évidemment des conséquences analogues pour le cas où MN
serait une corde réelle de la section conique (AB) ; car le plan passant par le
sommet S et cette droite couperait le cône suivant deux arêtes, représentant
les asymptotes de la section correspondante réduite à ces deux arêtes, et par
conséquent le rapport des distances OM et OS serait encore celui des deux
diamètres conjugués parallèles à leurs directions, tant pour la section dont
il s'agit, que pour toutes celles qui lui sont semblables dans le cône et appar-
tiennent à des plans parallèles.
68. En partant de ce qui précède, nous pourrions déduire, quant à pré-
sent, un grand nombre des propriétés des sections coniques et des surfaces
du second degré relatives aux sécantes idéales communes; delà on s'élève-
rait, sans peine, aux considérations les plus générales concernant l'intersec-
tion et le contact de ces lignes et de ces surfaces ; mais nous ne devons pas
oublier que notre objet actuel est seulement de poser des principes qui puis-
sent servir à la recherche des propriétés projectives des figures.
Bornons-nous donc à considérer le système de deux circonférences de
cercle (C) et(C'), fig. 10, situées sur un même plan.

69. D'après la définition que nous avons donnée en général (56) de la


sécante idéale commune à deux sections coniques, il paraît évident que si mn
est une telle droite sur le plan de deux cercles, elle doit être perpendicu-
laire à la distance CC' qui sépare leurs centres; de plus elle devra déter-
miner, sur chacun des diamètres correspondants AB, A'B', deux segments
dont le rectangle soit le même de part et d'autre. Or ces conditions qui don-
nent la corde idéale commune à ces cercles quand ils n'ont aucun point d'in-
tersection, appartiennent aussi à leur corde réelle commune quand ces cercles
se pénètrent; donc ces cordes s'échangent réciproquement entre elles, sans
jamais exister ensemble. Il résulte d'ailleurs des considérations qui pré-
cèdent, relatives aux sections coniques en général, que les sécantes réelles
et idéales communes doivent jouir absolument des mêmes propriétés; mais
c'est ce qu'on peut aussi démontrer, pour le cas particulier de deux cercles,
d'une manière tout à fait directe et fort simple.

70. Car, si l'on imagine, par exemple, que les cercles se détachent du
plan primitif qui les renferme, en tournant autour de leur sécante idéale
commune mn, prise pour charnière, le système des nouveaux cercles, par-
venus a une position quelconque, appartiendra à une même sphère, par suite
de la définition ci-dessus de la sécante idéale commune à deux cercles; or il
en résulte immédiatement que, si, d'un point quelconque P d'une telle sécante,
on mène des tangentes PT, PT',..., aux cercles qui lui correspondent, ces tan-
gentes seront égales : propriété qui appartient aussi aux sécantes communes
ordinaires de deux cercles. Il est d'ailleurs évident'qu'il n'existe que les
seuls points de la sécante idéale commune qui jouissent de cette propriété
sur le plan de ces cercles.
71. En partant de là, on démontre aisément toutes les autres propriétés
des sécantes réelles ou idéales communes à deux ou à plusieurs cercles, par
exemple :
Trois cercles étant tracés à volonté sur un plan, les sécantes, réelles ou idéales,
qui leur sont communes, deux à deux, se coupent nécessairementen un même
point, pour lequel les six tangentes correspondantes sont égales.
En effet, d'après ce qui précède, il ne saurait y avoir aucun autre point
du plan qui jouisse de cette propriété, s'il n'appartient à la fois aux sécantes
dont il s'agit (*).
72. Cette propriété fournit un moyen graphique fort simple de construire
la sécante idéale commune à deux cercles donnés sur un plan ; car, si on les
coupe par un troisième cercle quelconque, les deux sécantes communes qui
en résulteront, et qui seront réelles, devront concourir sur celle dont il s'agit.
73. Pareillement, concevons sur un plan une suite de cercles (C), (C'),...
(fig. 10), ayant tous une sécante réelle ou idéale commune mn; d'un point
quelconque P de sa direction soient menées des tangentes PT, PT,..., aux
différents cercles, toutes ces tangentes seront égales, et leurs points de con-
tact T, T appartiendront à une nouvelle circonférence, qui aura pour
centre le point P d'où sont issues les tangentes ; de plus, ce cercle et tous ses
semblables (P'),..., coupant orthogonalement, ou à angles droits, tous ceux
de la série qu'on examine, auront eux-mêmes évidemment la ligne CC' des
centres de cette série pour sécante commune; mais cette sécante sera néces-
sairement idéale, quand l'autre sera réelle, et vice versâ. En effet, les tan-
gentes CT, Ct,..., à ces nouveaux cercles, partant d'un même point quel-
conque C de cette ligne, seront toutes égales entre elles (70).
74. Tout cercle (P), qui coupe orthogonalementles deux cercles (C), (C')
de la série proposée, a évidemment son centre sur la sécante mn qui leur est
commune, et par conséquent il coupe aussi à angles droits tous les autres
cercles de cette série; donc il fait partie de la série orthogonale réciproque de
la proposée.
75. Une condition quelconque, comme celle de passer par un point ou de
toucher une droite donnée, suffit évidemment pour déterminer entièrement
un cercle appartenant à l'une ou à l'autre série; or les propriétés qui pré-
cèdent serviront à tracer ce cercle, sans qu'il soit besoin de recourir aux
points mêmes de l'intersection commune des cercles proposés, lesquels
peuvent par conséquent être imaginaires ; donc les sécantes idéales se com-
portent, en tout, comme les sécantes réelles, et ne peuvent nullement en être
distinguées dans les recherches.
76. Le cas où la sécante mn, commune à une série de cercles (C), (C),...,

(*) La démonstration de Monge, à qui l'on doit cet élégant théorème, démonstration qui ne
s'applique qu'au seul cas où les trois sécantes sont réellement communes, à moins qu'on n'admette
le principe de continuité, est trop généralement connue des géomètres, pour qu'il soit nécessaire
de la rappeler ici.
est idéale offre une circonstance particulière qui mérite d'être remarquée;
c'est que, parmi l'infinité de cercles dont elle se compose, il en est toujours
deux qui ont des dimensions infiniment petites, ou qui sont réduits à des
points K etL symétriquement placés sur la ligne des centres à l'égard de la
sécante commune. Ces points sont précisément ceux où passent a la fois tous
les cercles de la série orthogonale réciproque de la proposée ; on peut les
appeler les points ou cercles limites de cette dernière série : ceux de la série
réciproque sont évidemment imaginaires quand les premiers sont réels, et
vice veisa.
77. D'après toutes ces propriétés de la sécante idéale commune à deux ou
plusieurs cercles, il est aisé de reconnaître la droite que des géomètres ont
appelée l' axe radical de ces cercles (*); ils ont de même désigné par l'ex-
pression de centre radical de trois cercles tracés sur un plan, le point où con-
courent (71) les trois sécantes réelles ou idéales qui leur sont deux à deux
communes. Ces définitions sont aussi simples que naturelles: mais elles ont
l'inconvénient de ne présenter qu'un caractère particulier de l'objet défini,
applicable seulement aux cas du cercle, et de faire perdre de vue par consé-
quent la dépendance générale et purement graphique qui lie cet objet aux
autres parties de la figure. Enfin elles ne sauraient nullement convenir aux
sécantes communes à des sections coniques quelconques.
Au reste, les sécantes communes à deux ou plusieurs cercles, tracés sur un
plan, jouissent d'un grand nombre d'autres propriétés non moins remar-
quables ; il nous suffira, pour le moment, d'exposer rapidement quelques-
unes de celles qui nous seront utiles par la suite, et qui se rattachant plus
particulièrement au sujet qui nous occupe, deviennent, par là, susceptibles
d'être démontrées sans le secours de considérations qui lui soient étran-
gères.
78. Soit A (jig. 11) un point pris, à volonté, sur le plan d'une suite de
cercles (C), (C'),..., ayant une sécante .réelle ou idéale commune mn-, conce-
vons, par ce point, la circonférence ABKL qui coupe orthogonalement tous
les cercles de cette série, et a par conséquent son centre P placé sur mn ( 74) ;
joignons le point A au centre C de l'un quelconque des cercles de la suite
dont il s'agit, par une droite indéfinie AC, elle rencontrera de nouveau le
cercle (P) en B', et déterminera, par ses intersections avec (C), le diamètre
FG. Cela posé, soit T l'un des points appartenant à la fois au cercle (P) et au

(*) Voyez le Mémoire de M. Gaultier, de Tours, inséré au XVIe Cahier du Journal de l'École
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Polytechnique
cercle (C), le rayon CT ou son égal CG sera moyen proportionnel entre les
segments CB' et GA ; mais le diamètre FG est divisé en deux parties égales
en C, donc (31) il est aussi divisé harmoniquement aux points A et B', et
par conséquent le point B' est le conjugué harmonique du point A, relative-
ment au diamètre dont il s'agit.
Il suit de là évidemment que le point B' n'est autre chose ( 48 ) que le milieu
de la corde de contact ou polaire MN qui répond au point A dans le cercle
(C); ce qui a lieu d'ailleurs quelle que soit sa position par rapport ce à
cercle, puisque les raisonnements qui précèdent en sont tout à fait indépen-
dants, Donc :
Tous les milieux des cordes de contact qui correspondent à un même point
quelconque du plan d'une suite de cercles, ayant une sécante commune, sont
distribués sur une nouvelle circonférence coupant orthogonalement toutes les
premières.
79. On peut remarquer en passant, que, quel que soit le diamètre du
cercle (C) que l'on considère, il sera divisé harmoniquement aux deux points
où sa direction rencontre le cercle (P) qui lui est orthogonal; et, comme il
en doit être de même réciproquement des diamètres de ce dernier cercle,
on conclut généralement que :
Deux cercles qui se coupent orthogonalement sur un plan sont réciproque-
ment tels, que les diamètres de l'un sont coupés harmoniquementpar la circon-
férence de l'autre.
Et, par conséquent (76),
Si une suite de cercles, ayant une sécante commune, possède deux points
limites, ces deux points divisent à lafois harmoniquement tous les diamètres qui
leur correspondent dans les différents cercles de cette suite.
80. On peut conclure de cette propriété des points limites K et L (fig. 11)
de deux ou plusieurs cercles (C), (C'),..., qui ont une sécante idéale com-
mune mn, que chacun d'eux est à la fois (48 et 49), pour les différents
cercles, le pôle de la droite qui, passant par l'autre, est parallèle à la sécante
commune dont il s'agit.
La même propriété a lieu évidemment à l'égard de chacun de ces points
limites et du point situé à l'infini sur la sécante commune mn, puisque la
polaire de ce dernier, par rapport aux différents cercles, se confond néces-
sairement avec la ligne des centres CC' qui renferme les deux autres. Enfin,
il serait facile de prouver, à l'aide des considérations de l'article 78, qu'il
n'existe, sur le plan de la suite des cercles que l'on considère, que les trois
points ci-dessus qui jouissent de la propriété d'avoir à la fois même polaire
à
par rapport tous ces cercles. Donc on peut énoncer généralement la propo-
sition suivante :
Deux ou plusieurs cercles, tracés sur un plan, ayant une sécante idéale com-
mune, il existe trois points et il n'existe que trois points sur ce plan, savoir : les
deux points limites et le point à l'infini de la sécante commune, tels, que l'un
quelconque d'entre eux soit le pôle de la droite qui renferme les deux autres,
par rapport à tous les cercles que l'on considère.
81. Revenons à l'objet des raisonnements de l'article 78 ; puisque tous les
centres B' des cordes de contact ou polaires MN, qui correspondent à un
même point A et à chaque cercle (C) de la suite qui a mn, pour sécante com-
mune, appartiennent à la circonférence de cercle invariable (P), ces polaires
iront toutes concourir à l'autre extrémité A' du diamètre de ce cercle qui
passe par A ; c'est-à-dire que :
Toutes les cordes de contact, ou polaires, qui correspondentà un même point
quelconque et à une suite de cercles ayant une sécante commune, vont concourir
en un point unique du plan de ces cercles.
82. Si l'on appliquait au point A' les raisonnements faits sur le point A,
on trouverait évidemment que le concours des polaires qui lui correspondent
est sur le même cercle (P), à l'extrémité du diamètre qui passe par ce
point, c'est-à-dire en A; donc les points A et A' sont réciproques l'un de
l'autre.
On peut remarquer aussi que, quand le point A est pris sur la direction
de la sécante commune mn, son réciproque A' s'y trouve nécessairement
aussi, ou, ce qui revient au même,
Tous les points de la sécante commune à une suite de cercles tracés sur un
même plan sont tels, que les polaires correspondantes vont concourirréciproque-
ment en des points appartenant à cette sécante.
Cette proposition n'est, au reste, qu'un corollaire fort simple des ar-
ticles 71 et 73.
83. Supposons toujours que mn (fig. 11) soit une sécante idéale commune
à une suite de cercles (C), (C'),..., situés sur un même plan; tous les cercles
orthogonaux (P) passeront par les deux points K et L, limites des pre-
miers (76); et, si DE est une droite quelconque donnée arbitrairement sur
le plan de la figure, chacun des cercles (P) la coupera en deux points A, B,
dont les réciproques A', B' seront situés à l'extrémité des diamètres corres-
pondants, sur une droite ou corde A'B', constamment parallèle à DE, et qui
viendra rencontrer la ligne des centres CC' en un point S tel, qu'on aura
SA/.SB' = SK SL;
relation qui indique (35) que tous les points A',B' sont sur une conique,
puisque la courbe passe d'ailleurs par les points K et L, et que la suite des
points l, milieux des cordes A'B', est sur une droite ou diamètre HE (-1<).
84. Quand la droite mn est une sécante réellement commune aux cercles
de la suite (C), (C'),..., les points limites K et L deviennent imaginaires (76),
et les raisonnements qui précèdent cessent d'être applicables ; mais, comme
la courbe existe toujours, il résulte du principe de continuité qu'elle devra
être encore une section conique, ayant la droite CC' pour sécante idéale com-
mune avec tous les cercles (P); car, d'après ce qui précède (69 et 75), cette
droite doit jouir des mêmes propriétés dans tous les cas possibles. C'est, au
reste, ce qu'on pourrait démontrer d'une manière entièrement directe, quoi-
qu'un peu plus pénible (**); ainsi nous pouvons énoncer généralement la
proposition suivante :
Tous les points qui sont réciproques (82) de ceux d'une droite, donnée sur le
plan d'un système de cercles ayant une sécante réelle ou idéale commune, sont
situés sur une seule et même section conique, passant par les deux points, réels
ou imaginaires, qui sont la limite des cercles dont il s'agit ; c'est-à-dire que
toutes les courbespareilles ont la ligne des centres des cercles du système pour
sécante réelle ou idéale commune avec la suite orthogonale réciproque de ces
cercles.
85. Du centre d'un cercle quelconque de la suite proposée, menons la
C
perpendiculaire CA à DE, et condevons la circonférence orthogonale (P) qui
passe par le pied A de cette perpendiculaire; elle rencontrera de nouveau
CA au point B', qui sera (48 et 78) le pôle de DE par rapport au cercle (C),
et la droite DE au point B qui sera évidemment le réciproque de B', puisque
BB' est un diamètre de ( P). Donc :
La section conique qui renferme tous les points réciproques de ceux d'une
droite donnée sur le plan d'une suite de cercles ayant une sécante commune, est
aussi le lieu de tous les pôles de cette même droite par rapport aux cercles dont
il s'agit.

(* ) Cette dernière assertion paraîtra évidente, si l'on considère que la double perpendiculaireII'
aux cordes AB, A'B' du cercle (P) demeure toujours parallèle à elle-même, et qu'elle est toujours
divisée également au point P de son intersection avec la sécante commune mn des cercles
(C), (C'),....
(** ) Voyez la Note 1 placée à la fin de cette Section.
86. Nous avons déjà observé que la section conique des réciproques passe
par les points limites K et L du systèmedes cercles (C), (C'),...; il est évident,
en outre, qu'elle passe aussi par le point situé à l'infini sur la sécante com-
mune mn; car les polaires qui répondent au point D, où la directrice DE
rencontre la ligne des centres CC', sont évidemment parallèles à la sécante
dont il s'agit, ou concourent à l'infini sur cette sécante en un point qui, étant
le réciproque (81, 82) de D, appartient nécessairement à la courbe. Enfin
les polaires qui correspondent au point à l'infini de DE, étant parallèles entre
elles et perpendiculaires à la direction de cette droite, la courbe a deux points
à l'infini situés, l'un sur la sécante commune, l'autre sur la perpendiculaire
à la directrice DE; c'est-à-dire que c'est une hyperbole dont les asymptotes
sont parallèles à ces même droites.
87. Il suit de là que, si l'on se donne deux droites ou directrices quel-
conques sur le plan de deux ou plusieurs cercles ayant une sécante com-
mune, les courbes des réciproques de ces droites passeront à la fois par les
deux points limites de ces cercles et par le point à l'infini de leur sécante
commune; il est visible d'ailleurs que le point réciproque de celui où se
coupent les deux directrices données est aussi un point commun aux deux
courbes dont il s'agit, ainsi l'on peut déterminer, à l'avance, les quatre points
d'intersection qui leur appartiennent.
88. La courbe des réciproques dégénère en deux lignes droites dans les
circonstances suivantes :
io Quand la directrice DE se confond avec la ligne des centres CC/. Les
polaires des points qui s'y trouvent deviennent, en effet, toutes parallèles
entre elles et à la sécante commune mn ; elles concourent donc toutes à l'in-
fini sur cette sécante, en sorte que la courbe des réciproques semblerait se
réduire toujours à un point unique : mais, comme il y a des cas où il existe
deux points K et L de CC' pour lesquels les polaires correspondantes se con-
fondent (80) ou plutôt n'ont aucun point d'intersection distinct, la courbe se
réduit véritablement alors à deux droites, parallèles à la sécante commune,
et passant par les points limites K et L dont il s'agit.
20 Quand la directrice DE passe par l'un, L, des points limites du système.
Les points A, D, L se confondant à la fois en un seul L (fig. ' a), les angles
BLB', LKA', sous-tendus par les diamètres BB', A'L, sont droits, et par con-
séquent les réciproques B' des points B de la directrice LE sont constamment
sur la perpendiculaire B'L, tandis que ceux A' du point L demeurent, d'un
autre côté, sur la parallèle KA' à la sécante commune mn. Ainsi la courbe
dégénère elle-même en ces deux droites.
Si d'ailleurs la directrice LE se confondait avec la ligne des centres CC',B'L
deviendrait parallèle à mn et par conséquent à A'K ; et, au contraire, si la
directrice était parallèle à mn, la droite B'L se confondrait avec la ligne des
centres CC'.
3° Enfin, quand la directrice DE (fig. 11 II),sans passer par aucun des points
limites K et L du système, est d'ailleurs parallèle à la sécante commune mn.
La section conique des réciproques dégénère évidemment encore en deux
lignes droites, dont l'une, polaire du point à l'infini de la directrice DE se
confond entièrement avec la ligne des centres CC', et dont l'autre, parallèle à
la directrice, se trouve symétriquement placée de l'autre côté de la sécante
commune mn, qui ainsi forme avec elles (29) les trois premières droites d'-un
faisceau harmonique dont la dernière est à l'infini.
Si, d'ailleurs, la directrice se confondait avec la sécante commune mn, la
droite des réciproques, qui lui est symétrique d'après ce qui précède, s'y con-
fondrait nécessairement aussi ; ce qui revient évidemment à la proposition
de l'article 82.

89. Ces remarques nous seront très-utiles pour la partie des applications ;
mais c'est assez nous arrêter, pour le moment, sur les propriétés dont jouis-
sent les sécantes communes au système de deux ou plusieurs cercles tracés
sur un plan, et il est temps que nous revenions aux sections coniques en
général. Or les diverses considérations présentées, dans le cours de ce Cha-
pitre, sur les sécantes réelles ou idéales communes au système de ces courbes,
conduisent immédiatement à quelques notions nouvelles, que nous allons
exposer, en nous bornant à celles qui peuvent présenter le plus d'intérêt par
leur généralité.
Considérons d'abord le système de deux ou plusieurs hyperboles s. et s. p.
(c'est-à-dire semblables et semblablement placees) sur un plan; ces hyper-
boles ont évidemment (42, note) leurs asymptotes parallèles; donc elles ont
deux points communs situés à l'infini sur ces asymptotes (4, note); ou, en
d'autres termes, elles ont une sécante commune à Vinfini.
90. Pareillement, quand deux ou un nombre quelconque d'ellipses sont
s. et s. p. sur un plan, il existe une infinité de systèmes d'hyperbolessupplé-
mentaires (54) à ces courbes, relativement à des directions données quel-
conques, dont les diamètres de contact sont parallèles ou concourent à l'infini ;
or, pour chacun de ces systèmes pris en particulier, les hyperboles supplé-
mentaires sont évidemment ( -13 ) toutes s. et s. p. ; et, d'après ce qui pré-
cède, elles ont une corde ou sécante réelle commune à l'infini, qu'on peut
supposer parallèle à la direction donnée; donc aussi (56) les ellipses pro-
posées ont une sécante idéale commune à l'infini, ou, en d'autres termes, elles
ont deux points imaginaires communs à l'infini.
91. On remarquera que les propositions réciproques ne sont pas toujours
vraies, quant aux hyperboles qui ont une sécante commune à l'infini, c'est-
à-dire que ces courbes ne sont pas nécessairement s. et s. p.; il est évident,
en effet, que, pour que des hyperboles aient une sécante commune à l'infini,
il suffit que leurs asymptotes soient parallèles; or elles ne seront nullement
semblables, si elles se trouvent comprises dans des angles d'asymptotes dif-
férents. Il n'en est plus ainsi des ellipses qui ont une sécante idéale com-
mune à l'infini, parce qu'elles doivent avoir nécessairement des hyperboles
supplémentaires à asymptotes parallèles et dont les diamètres de contact avec
ces ellipses, ou les diamètres réels, soient également parallèles (56) ; c'est-
à-dire que des ellipses qui ont une sécante idéale commune à l'infini sont
nécessairement semblables de grandeur et de position.
92. Maintenant, si l'on suppose que les courbes, déjà s. et s. p., soient en
outre concentriques, les hyperboles se toucheront évidemment toutes aux
deux points communs à l'infini, ou auront une sécante réelle de contact à
l'infini; donc aussi (63) les ellipses auront une sécante idéale de contact à
l'infini, ou, si l'on veut, un double contact imaginaire à l'infini.
93. Ces considérationsne sauraient s'appliquer directement à la parabole,
à cause que la supplémentaire d'une telle courbe est nécessairement aussi
une parabole (54); mais, toutes, les paraboles étant des courbes sem-
blables (44), pour qu'elles soient semblablement situées entre elles, il suffit
qu'elles aient leurs axes parallèles : si donc on les considère comme des
ellipses infiniment allongées, on pourra supposer qu'elles aient même extré-
mité de grand axe à l'infini avec une tangente commune également à l'infini ;
c'est-à-dire que des paraboles semblablement situées se touchent en un point
réel dont la tangente est à l'infini.
Nous ne chercherons pas à justifier directement ces notions relatives aux
sections coniques s. et s. p., notre intention étant d'y revenir, plus tard,
d'une manière générale et qui ne laisse rien à désirer sous le point de vue
géométrique; il nous suffit, pour le moment, d'avoir donné une idée des
conséquences auxquelles conduisent les principes posés dans ce Chapitre ;
c'est pourquoi nous terminerons par dire quelques mots du cas particulier
où les sections coniques sont remplacées par des cercles.
94. Deux ou un nombre quelconque de circonférences de cercles, situées
arbitrairement sur un plan, sont évidemment des courbes s. et s. p. sur ce
plan ; donc elles ont une sécante idéale commune à l'infini, et, si elles sont à
la fois concentriques, cette droite sera pour elles une sécante idéale de con-
tact, la seule commune alors à ces cercles.
Des cercles placés arbitrairement sur un plan ne sont donc pas tout à fait
indépendants entre eux, comme on pourrait le croire au premier abord ; ils
ont idéalement deux points imaginaires communs à l'infini, et, sous ce rap-
port, ils doivent jouir de certaines propriétés appartenant à la fois à tout
leur système, et analogues à celles dont ils jouissent quand ils ont une
sécante commune ordinaire : ainsi, par exemple, les tangentes issues d'un
point quelconque de la sécante commune à l'infini sont égales entre elles (28),
et les cordes de contact ou polaires correspondantes sont parallèles, ou con-
courent réciproquement en un autre point de la sécante dont il s'agit; pro-
priétés qui se rapportent à celles déjà trouvées ci-dessus (70 et 82).
95. Par conséquent, deux cercles quelconques, situés sur un plan, ayant
toujours une autre sécante commune, réelle ou idéale, à distance donnée et
finie, sauf les cas où ils sont concentriques et où cette sécante passe elle-
même à l'infini en se confondant avec la première ; et, de plus, ces deux
cercles n'en ayant qu'une seule de cette sorte (69), on peut les considérer
idéalement comme deux sections coniques qui ont quatre points communs,
dont deux sont nécessairement imaginaires et à l'infini, tandis que les deux
autres, à la fois réels ou imaginaires, sont, en général, situés à distance
donnée et finie.
Relativement à la suite des cercles que déterminent les deux proposés et
leur sécante commune ordinaire (73), cette sécante et la sécante idéale qui
leur est, en outre, commune à l'infini, d'après ce qui précède, sont évidem-
ment les limites de tous ces cercles par rapport à l'infiniment grand, de même
que les points que nous avons appelés K et L (76) en sont les limites par
rapport à l' infinimentpetit; c'est-à-dire que le cercle de la suite que l'on
considère, dont le rayon est infini, se confond exactement avec l'une et l'autre
des sécantes dont il s'agit.
Ainsi, quand une circonférence de cercle quelconque devient infinie, elle
dégénère en deux lignes droites, l'une à distance donnée, et l'autre à dis-
tance infinie. Cette notion est plus générale et plus exacte que celle commu-
némentadmisepar les géomètres, et elle laisse apercevoir commentlaligne du
deuxième degré peut se convertir en une autre du premier degré seulement.
96. Au surplus on peut remarquer que la sécante à l'infini, commune à
plusieurs cercles ou à plusieurs ellipses, est nécessairement indéterminée de
situation à l'égard des autres objets de la figure, puisqu'il n'y a aucune
direction, donnée sur le plan de ces courbes, pour laquelle le système d'hy-
perboles supplémentaires correspondantes n'ait une sécante commune réelle
à l'infini. La même indétermination subsiste évidemmentdans la direction de
la sécante à l'infini, commune à plusieurs hyperboles tracées dans un même
plan ou dans des plans parallèles ; car rien n'indique, à priori, si la corde
correspondante fait plutôt partie de tel système de cordes parallèles que de
tel autre. Enfin elle a encore lieu pour la sécante de contact commune, à
l'infini, au système de plusieurs sections coniques concentriques, s. et s. p.
En général, quand une ligne droite se transporte d'un mouvement continu,
mais d'ailleurs quelconque, jusqu'à une distance infinie, sans quitter le plan
de la figure à laquelle elle appartient, elle devient nécessairement indé-
terminée de direction à l'égard des autres objets de la figure ; c'est du moins
ce qui résulte de l'admission du principe de continuité, qui veut que tous les
points à l'infini d'un plan puissent être considérés idéalement comme distribués
sur une droite unique, située elle-même à l'infini sur ce plan.
97. Les considérations qui viennent de nous occuper peuvent servir, dès
à présent, à justifier cette notion purement métaphysique ; nous la verrons
se reproduire, sous plusieurs formes, dans diverses circonstances particu-
lières, et nous aurons même occasion de l'établir d'une manière générale,
et d'en donner une explication satisfaisante au moyen des considérations
propres à la perspective. Au surplus cette notion et toutes celles établies
dans ce qui précède pourraient se justifier directement par les principes
reçus dans l'Analyse des coordonnées ; mais nous croyons la chose pour le
moins peu utile, si ce n'est superflue; car là, comme en Géométrie, les
notions abstraites et purement figurées ont pour principe unique la volonté
qu'on a d'étendre la conception d'une figure, où tout est actuellement géo-
métrique et possible, aux divers états par lesquels peut passer cette figure,
même à ceux où certains objets perdent leur existence absolue et réelle.
98. Il nous paraît d'ailleurs assez inutile d'examiner ce que deviennent ces
notions et les propriétés des sécantes réelles ou idéales, communes aux sec-
tions coniques et aux circonférences de cercle, dans les diverses circonstances
particulières que ces courbes peuvent présenter; comme il arriverait, par
exemple, si une ou plusieurs d'entre elles se réduisaient à des points, ou
dégénéraient en des droites (54, 76 et 95) : il est évident que ces notions et
ces propriétés subsisteront d'une manière analogue, et avec des modifications
qu'indiqueront toujours la loi de continuité et l'examen attentif de ce qui
arrive dans le passage de la figure générale à la figure particulière.
Dans ce qui suit, nous nous occuperons spécialement des principes de pro-
jection à l'aide desquels on peut ramener la recherche des propriétés géné-
rales des sections coniques à celle des propriétés du cercle. En nous appuyant
sur les diverses considérations qui précèdent, nous établirons ces principes
d'une manière entièrement géométrique et bien simple, si on compare nos
démonstrations à celles qu'on pourrait déduire de la Géométrie analytique.

CHAPITRE III.
PRINCIPES RELATIFS A LA PROJECTION DES FIGURES PLANES LES UNES
DANS LES AUTRES.

99. Il résulte de la nature même des propriétés projectives, telles qu'elles


ont été définies (art. 5), que, voulant établir une semblable propriété sur une
figure donnée, il suffira de démontrer qu'elle a lieu pour l'une quelconque
de ses projections. Or, parmi toutes les projections possibles de cette figure,
il peut en exister qui soient réduites à des circonstances plus simples, et sur
lesquelles la démonstration ou la recherche qu'on se propose devienne de la
première facilité, et n'exige qu'un léger coup d'œil, ou, tout au plus, la con-
naissance de quelques propriétés élémentaires de la Géométrie, pour être
aperçue ou sentie. Par exemple, la figure renfermant, en particulier, une
section conique, pourra être regardée comme la projection d'une autre, pour
laquelle la section conique sera remplacée par une circonférence de cercle;
et cette seule remarque suffira pour ramener les questions les plus générales,
sur les sections coniques, à d'autres qui soient purement élémentaires.
100. On conçoit, d'après cela, de quelle importance peut être la doctrine
des projections pour toutes les recherches géométriques, et combien les con-
sidérations qu'elle offre peuvent abréger et rendre faciles ces recherches.
Une figure étant donnée, tout se réduira, comme on voit, à recher-
cher celle de ses projections qui présentera des circonstances plus élémen-
taires, et plus propres, par leur simplicité, à faire découvrir les relations
particulières que l'on a en vue. La doctrine des projections fournit déjà quel-
ques principes pour y parvenir; mais il s'en faut de beaucoup qu'elle n'en
puisse fournir encore d autres, et notre objet actuel est précisément de les
rechercher et de les faire connaître, d'une manière purement géométrique,
à l'aide des notions établies dans ce qui précède.
101. Rappelons d'abord quelques principes généralement connus, et dont
la dèmonstration est on ne peut plus facile.
Une figure plane quelconque, qui renferme un système de droites ou de
courbes ayant un point comrnun d'intersection, peut toujours être regardée
comme la projection d'une autre, du même genre ou ordre (3), dans laquelle
le point d'intersection est passé à l'infini et les lignes correspondantes sont deve-
nues parallèles.
Il suffit évidemment, pour que cela ait lieu, que le plan de projection soit
pris parallèle à la droite qui joint le point de concours du premier système
au centre, d'ailleurs arbitraire, de projection.
102. Réciproquement,
Une figure plane qui renferme un système de lignes droites ou courbes, paral-
lèles ou concourantes à l'infini, a en général pour projection, sur un plan quel-
conque, une figure du même genre, dans laquelle les lignes correspondantes
concourent en un point commun à distance finie, projection de celui du premier
système.
Quand le plan de projection est parallèle à la droite qui joint le point de
concours au centre de projection, les lignes du système demeurent évidem-
ment parallèles ou concourantes à l'infini; et, si l'on suppose, de plus, qu'il
soit parallèle au plan de la figure primitive, la projection devient semblable
à cette figure et semblablement placée (art. 65, note).
103. Ces propositionsdonnent l'interprétation géométrique de cette notion
généralement admise : Les lignes parallèles concourent en un point unique à
l'infini. On voit, en effet, que les points de concours à distance infinie et à
distance donnée s'échangent réciproquement par l'effet de la projection.
104. Si le point de concours que l'on considère était, en même temps, un
point de contact pour certaines lignes de la figure primitive, il serait égale-
ment, d'après la nature de la projection centrale, un point de contact de la
projection de ces mêmes lignes ; de sorte que, ce point passant à l'infini, les
lignes en question deviendraient tangentes à l'infini, au lieu d'avoir leurs
branches correspondantes simplement parallèles : ce qu'on exprime ordinai-
rement en disant qu'elles sont asymptotiques.
D'ailleurs elles seraient asymptotiques du premier, du second.... ordre, si
les primitives étaient elles-mêmes osculatrices de cet ordre.
Ainsi les lignes asymptotiques et les lignes dont le cours est simplement
parallèle dans certaines régions, ou qui ont des droites asymptotes parallèles,
jouissent des mêmes propriétés projectives que les lignes du même genre qui
se coupent ou se touchent en un point donné ; en sorte qu'elles ne diffèrent
de celle-ci qu'en ce que leur point de concours ou de contact est situé à
l'infini.
105. Une figure plane quelconque, où entre une certaine ligne droite, peut
être considérée comme la projection d'une autre, dans laquelle la droite corres-
pondante est passée tout entière à l'infini ; en sorte que tout système de droites ou
de courbes concourant en un point de la premie're, sur la figure primitive, est
devenu un système de lignesparallèles ou concourantes à l' infini dans la pro-
jection qui en dérive.
Il suffit évidemment, pour que cela ait lieu, que le plan de projection soit
pris parallèle à celui qui renferme la droite de la figure primitive et le centre,
d'ailleurs arbitraire, de projection.
106. Réciproquement,
-
Unefigureplane quelconque, qui renferme un nombre arbitraire de systèmes
de lignes, droites ou courbes, respectivementparallèles ou asymptotiques, c 'est-
à-dire qui concourent à l'infini dans chaque système respectif, a, en général,
pourprojection sur un plan quelconque une autre figure, dans laquelle les points
de concours à l'infini de la première se trouvent rangés sur une seule et même
ligne droite, à distance donnée et finie.
107. Ces dernières considérations, déduites uniquement des principes élé-
mentaires de la projection centrale, donnent l'interprétation de cette notion
métaphysique que nous avons déjà fait connaître ( 96) :
Tous les points situés à t'infini sur un plan peuvent être considérés idéalement
comme distribués sur une ligne droite unique, située elle-même à l 'infini sur ce
plan.
On voit, en effet, par ce qui précède, que tous ces points sont représentés,
en projection, par ceux d'une ligne droite unique située, en général, à dis-
tance donnée et finie.
Cette notion paradoxale reçoit ainsi un sens fixe et naturel, quand on l'ap-
plique à une figure donnée sur un plan, et qu'on suppose cette figure mise
en projection sur un autre plan quelconque. L'indétermination, observée
dans la direction de la droite à l'infini, vient précisément de l'indétermina-
tion même qui existe dans celle du plan qui projette cette droite, au moment
où il va devenir parallèle au plan de la figure donnée ; mais on voit aussi
que cette indétermination n'a lieu que parce qu'on persiste à donner menta-
lement une existence réelle à la droite de leur intersection commune, quand
ils sont devenus tout à fait parallèles. Au reste, l'indétermination n'existe
véritablement que dans la loi ou la construction primitive, qui donnait cette
droite lorsqu'elle était à distance finie, et non dans sa direction même,
puisque réellement elle cesse d'exister d'une manière absolue et géomé:"
trique.
108. Dans tous les principes qui précèdent, rien ne fixe la position du
centre de projection dans l'espace ; elle est tout à fait arbitraire, et, pour un
point quelconque donné, on pourra toujours remplir l'une ou l'autre des
conditions prescrites. Il n'en est pas ainsi des principes qui suivent; ils ne
peuvent avoir lieu que pour une série de positions particulières du centre de
projection; et, comme la démonstration en est assez difficile, et n'est pas
encore connue des géomètres, il est à propos que nous nous y arrêtions
quelque temps, et que nous la donnions d'une manière complète.
109. Unefigure plane quelconque, où entrent une certaine droite et une sec-
tion conique, peut, en général, être regardée comme la projection d'une autre,
pour laquelle la droite est passée entie'rement à l'infini, et la section conique est
devenue une circonférence de cercle.
Pour démontrer ce principe d'une manière qui ne laisse absolument rien
à désirer sous le point de vue géométrique, nous supposerons qu'il s'agisse
de résoudre la question suivante :
110. Étant données une section conique ( C), fig. 9, et une droite MN, située
à volonté sur son plan, trouver un centre et un plan de projection tels, que la
droite donnée MN soit projetée à l'infini sur ce plan, et que la section coniquey
soit en même temps représentée par un cercle.
Soit S le centre inconnu de projection ; d'après les conditions du pro-
blème, le plan qui passe par ce point et par la droite MN doit être parallèle
au plan de projection, et ce dernier doit couper la surface conique, dont (C)
est la base et S le sommet, suivant une circonférence de cercle ; or de là
résulte, en premier lieu, que la droite MN doit être entièrement extérieure à
la section conique (C), c'est-à-dire sécante idéale de cette courbe.
En second lieu, si l'on détermine (54) la corde idéale MN qui répond à
cette droite et à la conique (C), puis qu'on joigne son milieu 0 au centre S
de projection par la droite SO, cette droite devra être égale (67) à la demi-
corde idéale OM, et faire avec elle un angle MOS qui soit droit : c'est-à-
dire que :
Le centre auxiliaire de projection doit se trouver sur une circonférence de
cercle, décrite du milieu de la corde idéale qui répond à la droite donnée, comme
centre, avec un rayon égal à la moitié de cette corde (*), et dans un plan qui
lui soit perpendiculaire.
Comme il n'y a aucune condition à remplir, on peut en conclure qu'il
existe une infinité de centres et de plans de projection qui satisfont aux
données de la question; mais, pour cela, il faut que la droite MN ne ren-
contre pas la courbe, car autrement la distance OS ou OM deviendrait ima-
ginaire.
111. Ainsi la proposition énoncée ci-dessus (109 ) est vraie pour une série
de positions générales et indéterminées de cette droite, et elle cesse de l'être
pour une autre série de positions semblables de la même droite : ou, si l'on
veut, elle devient purement idéale pour les positions qui correspondent à
cette dernière série. C'est dans ce sens seulement que nous avons entendu
dire, dans l'énoncé, que le principe avait lieu en général : à peu près comme
l'on pourrait dire que « d'un point donné sur le plan d'un cercle, on peut,
» en
général, mener deux tangentes à ce cercle. » Cette manière de s'exprimer
étant universellement admise dans l'Analyse des coordonnées, nous ne
croyons pas qu'on puisse la récuser en Géométrie, ni par conséquent avoir
des doutes sur le sens que nous lui attribuerons dans ces recherches.
La question qui vient de nous occuper donne lieu à quelques observations
intéressantes, auxquelles il ne sera pas hors de propos de s'arrêter.
112. Nous venons de remarquer que, quand la droite donnée rencontre la
section conique (C), telle que celle M'N' par exemple, la projection de cette
courbe, suivant un cercle, devient impossible ou imaginaire ; on peut alors
demander que cette projection soit une hyperbole équilatère, dont le dia-
mètre parallèle à la droite donnée soit l'axe idéal : or on voit que le problème
aura une infinité de solutions, et que la suite des centres auxiliaires de pro-
jection se trouvera, comme précédemment (67), sur une circonférence de
cercle, décrite du milieu 0' de la corde M'N' qui correspond à la droite
donnée, comme centre, avec un rayon égal à la moitié de cette corde, et
dans un plan perpendiculaire à sa direction.
Plus généralement, si l'on demande que la projection soit une hyperbole

( *)Algébriquement,cela revient à dire que le carré de ce rayon est égal au carré de la demi-
corde interceptée dans la section conique par la droite correspondante, mais pris avec un signe
contraire; en sorte que ce rayon est réel ou imaginaire, selon que, au contraire, la corde sera
imaginaire ou réelle.
équilatère quelconque, le lieu des centres auxiliaires de projection ne sera
plus simplement un cercle, mais une sphère qui aura la corde ci-dessus pour
diamètre.
En effet, puisque la section conique de projection doit être une hyperbole
équilatère, ses asymptotes doivent comprendre entre elles un angle droit ;
mais, si l'on conçoit par le sommet du cône projetant un plan parallèle à
celui de cette hyperbole, il le coupera suivant deux arêtes SM', SN'parallèles
aux asymptotes (4, note), et passant par les deux points M',N' d'intersection
de la droite donnée avec la base (C) ; donc la corde qui correspond à ces
deux points sera le diamètre d'une sphère, sur la surface de laquelle devront
se trouver tous les centres auxiliaires de projection.
113. Si l'on demandait, plus généralement encore, que la courbe de pro-
jection fût une hyperbole quelconque semblable à une hyperbole donnée,
ses asymptotes devraient, de même, comprendre entre elles un angle égal à
celui qui correspond aux asymptotes de cette dernière (43, note) ; par con-
séquent la surface, lieu des centres auxiliaires de projection, ne serait plus
simplement une sphère, mais une surface annulaire, engendrée par un arc
de cercle capable de l'angle donné, et qui, s'appuyant par ses extrémités sur
les deux points M', N', communs à la droite et à la section conique proposées,
tournerait autour de cette droite comme axe de révolution.
L'arc générateur dont il s'agit pouvant être prolongé au-dessous de la
corde correspondante, on voit que la surface annulaire se trouve réellement
composée de deux nappes continues, dont l'une appartient aux hyperboles
comprises dans l'angle même donné, et l'autre à celles qui seraient comprises
dans le supplément de cet angle. En outre, si l'on joint, par une droite, le
milieu de la corde commune à tous les cercles générateurs et un point quel-
conque de ce cercle, l'angle qu'elle formera avec cette corde représentera
évidemment (67) l'angle de deux diamètres conjugués de l'hyperbole corres-
pondante, et le rapport de cette droite elle-même à la demi-corde sera pré-
cisément le rapport de ces diamètres. Or il est aisé de conclure de là que, si
l'on mène par le centre de la corde une droite quelconque terminée de part
et d'autre au cercle générateur, ce centre y interceptera deux segments, dont
l'un sera égal au produit de la demi-corde par le rapport des diamètres con-
jugués correspondants, et l'autre au produit de cette même demi-corde par
le rapport inverse du précédent.
114. Entin, si l'on demandait que la section conique de projection, au
lieu d'être une hyperbole, fût une ellipse semblable à une ellipse donnée,
la droite MN devrait être entièrement extérieure à la courbe (C), comme
dans le cas ci-dessus du cercle, et par conséquent la corde correspondante
et les asymptotes deviendraient imaginaires ou impossibles à construire. Or
il est très-facile de prouver que, malgré cela, il existe encore une infinité de
centres de projection, remplissant les conditions du problème, tous situés
sur une autre surface de révolution, ayant toujours la droite donnée MN
pour axe.
En effet, soit S un tel centre de projection, s'il existe; concevons la
droite SO qui passe par ce centre et par ce milieu de la corde idéale MN ré-
pondant à la droite donnée; tout plan, parallèle à celui qui renferme le
point S et la droite MN, coupera le cône, dont ce même point est le sommet
et la conique (C) la base, suivant une ellipse dont deux diamètres conjugués
seront parallèles (67) aux droites SO, MN, et tels, que leur rapport sera pré-
cisément égal au rapport de SO à OM. Or, pour que cette ellipse soit sem-
blable à une ellipse donnée, il suffit que les diamètres en question soient
proportionnels à deux diamètres conjugués de cette dernière, et fassent entre
eux le même angle (43). Prenant donc SO de façon que l'angle SOM soit
celui de deux diamètres conjugués quelconques de l'ellipse de comparaison,
et que le rapport de SO à la demi-corde OM soit précisément celui de ces
diamètres, le point S sera un centre de projection tel qu'on l'a demandé; et
il en sera de même de tous ceux (*) qui appartiennent au cercle engendré
par ce point dans la révolution de l'angle SOM autour de MN comme axe.
La suite des cercles pareils, relatifs aux divers systèmes de diamètres con-
jugués de l'ellipse de comparaison, formera la surface de révolution lieu des
centres de projection cherchés, laquelle, existant aussi bien que pour le cas
où la courbe de comparaison est une hyperbole, devra être nécessairement
encore une surface annulaire engendrée par un arc de cercle, qui alors
aura MN pour corde idéale commune avec la section conique proposée (C) :
c'est au moins ce qui résulterait facilement de l'application du principe de
continuité, et ce qu'on peut démontrer, d'une manière tout à fait di-
recte, par les seuls principes de la Géométrie rationnelle (**).
115. Il resterait à examiner le cas où la courbe de projection de la sec-
( * ) Cette remarque se trouve consignée dans le Rapport de M. Cauchy. Quoique je fusse, de-
puis longtemps, parvenu à la proposition générale qui fait l'objet du présent article et de ceux qui
précèdent, je n'avais pas jugé à propos d'en faire mention dans le Mémoire présenté à l'Institut,
parce que, en effet, elle est en quelque sorte étrangère au but que l'on s'y propose, « la projection
des sections coniques suivant des cercles. »
(** ) Voyez la Note II, placée à la fin de cette Section,
tion conique (C) doit être une parabole, d'ailleurs quelconque, car toutes
les paraboles sont nécessairement des courbes semblables (44) ; mais alors il
est nécessaire et il suffit que le plan de projection soit parallèle à une cer-
taine arête du cône projetant (4, note), ou que celui qui lui est mené paral-
lèlement par le sommet de ce cône, et qui projette la droite donnée MN, soit
tangent à la surface de ce cône; ce qui exige simplement que cette droite,
au lieu d'être quelconque comme dans ce qui précède, soit elle-même tan-
gente à la section conique donnée (C) : cela étant, tous les points de l'espace
seront aptes à projeter la courbe donnée suivant une parabole; c'est-à-dire
que le problème sera entièrement indéterminé.
Revenons maintenant au cas général où la courbe de projection est quel-
conque.
116. Le pôle 0' (49) de la droite MN et de la section conique proposée (C)
jouit d'une propriété très-remarquable, c'est qu'il est la projection inva-
riable, sur le plan de cette courbe, de tous les centres des sections qu'on
obtiendrait dans la surface d'un cône projetant dont le sommet serait en un
point quelconque S de l'espace, et qui, ayant la courbe (C) dont il s'agit
pour base, serait coupé par des plans parallèles à celui qui renferme ce som-
met et la droite donnée MN ; car (65 et 67) tous les diamètres de ces sec-
tions, conjugués à la direction de MN, sont parallèles entre eux et à la
droite SO, et se trouvent terminés aux deux arêtes projetantes SA, SB par-
tant des extrémités du diamètre correspondant AB de la base. D'une autre
part, les quatre droites SA, SO', SB, SO formant un faisceau harmonique (48
et 24), chacun des diamètres dont il s'agit se trouve partagé en deux parties
égales (27) au point de son intersection avec SO', lequel est par conséquent
à la fois le centre de la courbe correspondante et la projection du point 0'
sur le plan de cette courbe. Ainsi :
Quand, d'un point quelconque de l'espace, on projette une section conique
et urte ligne droite, situées dans un même plan, sur un nouveauplan parallèle au
plan projetant de cette droite, ou, en d'autres termes (105), de manière que la
droite passe entie'rement à l'infini, le pôle de cette même droite a précisément
pour projection, sur le nouveau plan, le centre de la section conique projetée.
117. Réciproquement :
Si l'on projette une section conique sur un nouveau plan quelconque, son
centre aura pour projection le pôle de la ligne droite qui est la représentation,
ou la projection, de celle à l'infini du plan primitif.
Il résulte d'ailleurs directement, des définitions admises (48 et 49) pour
le pôle et la polaire, que le centre d'une section conique quelconque a pour
polaire la droite située à l'infini sur son plan; en sorte que, dans l'espèce
de projection qui précède (116), le pôle de la droite dont il est question
demeure, en projection, le pôle de la droite à l'infini qui correspond à la
première; mais on peut démontrer, plus généralement, que la polaire et
le pôle sont projectifs, c'est-à-dire que :
118. Si l'on projette une section conique quelconque sur un plan arbitraire,
le pôle de toute droite, située sur le plan de cette section conique, -demeurera, en
projection, .le pôle de la droite qui représente la première.
En effet, supposons que l'on coupe la surface conique projetante par un
plan quelconque, parallèle au plan projetant qui renferme la droite donnée
et sa projection; d'après ce qui précède, le centre de la nouvelle section co-
nique aura à la fois pour projections, sur les deux premiers plans, les pôles
des droites qui leur correspondent respectivement, ce qui exige nécessai-
rement que ces pôles soient projections l'un de l'autre. On déduirait, au
reste, la même conséquence de la propriété qu'a le pôle d'une droite quel-
conque d'être le point de concours, réel ou idéal, des tangentes qui lui cor-
respondent dans la courbe, mais elle ne pourrait recevoir toute son exten-
sion qu'à l'aide du principe de continuité.
119. Les conséquences qui précèdent étant indépendantes de l'espèce de
sections coniques que l'on considère, elles demeurent toutes applicables "au
cas particulier de la circonférence du cercle : ainsi, par exemple, « un cercle
» et une
droite étant donnés sur un plan, on peut, en général, mettre la
»
figure en projection sur un nouveau plan, de façon que la droite passe à
»
l'infini, et que le cercle demeure toujours un cercle. »
Au reste, si nous nous sommes autant arrêtés à ces conséquences, c'est
qu'elles sont élémentaires et servent de base à toutes celles qui vont suivre.
120. Unefigure plane quelconque, qui renferme une certaine section conique
et un point, peut, en général, être regardée comme la projection d'une autre,
pour laquelle la section conique est devenue un cercle, ayant précisémentpour
centre la projection du point que l'on considère.
Ce principe est un corollaire très-simple des théorèmes qui précèdent.
En effet, (C) et 0' (fig. 9) étant la conique et le point que l'on considère,
si l'on détermine la droite MN qui est la polaire de 0', elle sera évidemment
telle que, en lui appliquant, ainsi qu'à la section conique (C), la question
résolue à l'article 110, le cercle de projection aura précisément pour cen-
tre (116) la projection du point donné 0'.
Ainsi le principe qui nous occupe est assujetti, en tout, à des conditions
et à des limitations semblables à celles du principe de l'article 109; comme
lui, il s'applique à toutes les sections coniques possibles, et le lieu des
centres auxiliaires de projection demeure toujours un cercle.
121. Une figure plane quelconque, qui renferme deux sections coniques,
peut, en général, être regardée comme la projection d'une autre, pour laquelle
les sections coniques sont devenues des circonférences de cercle (*).
Ce principe peut être regardé comme un corollaire immédiat et presque
évident de ce qui précède; car, deux sections coniques quelconques ayant,
en général (59 ), des sécantes idéales communes, tout comme elles en ont de
réelles également communes, il est clair, d'après l'article 110, que, si l'on
met une de ces sections coniques en projection sur un plan, de façon qu'elle
devienne un cercle, et que l'une des sécantes idéales en question passe en
même temps à l'infini, l'autre de ces sections coniques deviendra nécessai-
rement aussi un cercle sur le plan de projection. De plus, il est visible qu'il
n'y a que les cordes idéales communes aux deux sections coniques proposées
qui puissent remplir les conditions prescrites; en sorte qu'en rapprochant
ces conséquences de celles de l'article 110 déjà cité, on peut conclure la
proposition suivante :
Tous les points de l'espace, susceptibles de projeter à la fois, suivant des cer-
cles, deux sections coniques quelconques situées sur un même plan, sont distri-
bués sur autant de circonférences de cercle qu'il y a de cordes idéales communes
aux deux courbesproposées. Ces circonférences sont décrites du milieu de chaque
corde, comme centre, avec un rayon égal à la demi-corde, et dans un plan
perpendiculaire à cette même corde. Enfin le plan qui donne des sections cir-
culaires est parallèle à celui qui passe par le centre de projection et la corde
idéale que l'on considère en particulier.
122. On pourrait énoncer cette proposition d'une manière moins res-
treinte et plus conforme à l'esprit de l'Analyse, en disant qu'il y a autant de
circonférences, lieux des centres auxiliaires de projection, qu'il y a de sé-

(*) La question à laquelle donne lieu ce principe a déjà fixé l'attention des géomètres; je ne
sache pas que, depuis l'appel qui leur a été fait à ce sujet dans les Annales de Mathématiques
(t. VII, p. 128), personne soit encore parvenu à une solution bien satisfaisante; l'ébauche pure-
ment algébrique qu'on en trouve, dans le volume déjà cité de cet intéressant recueil, est plutôt
propre, en effet, à faire sentir la difficulté de la question qu'à la résoudre. Au reste, cette diffi-
culté tient au fond même des choses ; car le calcul doit naturellement conduire, pour l'expression
du lieu des centres auxiliaires de projection, à des équations du 12e degré, composées de six fac-
teurs représentant autant de cercles, et inséparables d'une manière explicite et rationnelle.
cantes communes aux deux sections coniques proposées, pourvu qu'on ajou-
tât que le carré du diamètre de chacune de ces circonférences est égal à
celui de la corde commune correspondante, mais pris avec un signe con-
traire; car cette condition détermine quelles sont celles de ces circonférences
dont les diamètres, étant imaginaires, sont par là même impossibles à con-
struire : on voit, en effet, que ces circonférences appartiennent aux cordes
réelles communes.
En adoptant cette généralité dans les expressions, généralité qui ne sau-
rait induire en erreur, d'après ce qui précède, et faisant attention que ce
que l'on a dit de deux sections coniques s'applique naturellement à un nom-
bre quelconque de sections coniques qui ont une sécante idéale commune,
on pourra énoncer ainsi, d'une manière plus générale, le principe de pro-
jection qui fait le sujet de l'article 121:
Deux ou plusieurs sections coniques, situées sur un même plan et qui ont une
sécante ou corde commune, peuvent, en général, être regardées comme la pro-
jection d un égal nombre de circonférences de cercle, pour lesquelles la droite
dont il s'agit est passée tout entie're à l'infini, et est devenue par conséquent (94
et 107) la sécante idéale commune, à l'infini, à tous ces cercles.
123. En cherchant ainsi à étendre le sens et l'énoncé des divers principes
qui se présentent, notre objet est de généraliser les conceptions de la
simple Géométrie, et de les rapprocher de celles qui découlent de l'Analyse
algébrique. Cette extension se trouve justifiée, d'une manière en quelque
sorte rigoureuse, par l'identité de nature qui règne (66) entre les sécantes
réelles et idéales communes; si, de plus, nous prouvons qu'elles répondent
aux mêmes questions, qu'elles se déterminent et se construisent de la même
manière, il devra paraître évident qu'il n'y a aucune distinction à faire entre
elles, et qu'on peut appliquer aux unes ce qu'on a dit des autres, pourvu
qu'on ait soin de ne pas prononcer sur la réalité ou la non-réalité des points
qui en dépendent, et qu'on n'entende s'occuper que de leur direction indé-
finie sur le plan des deux courbes : or c'est, en effet, ce que nous ferons plus
tard, dans la partie des applications.
Nous reviendrons au reste, à la fin de ce Chapitre, d'une manière générale
sur ces diverses remarques, en nous attachant à les éclaircir davantage et à
en faire sentir le véritable but; on nous permettra jusque-là de poursuivre,
sans plus de réflexions, l'objet particulier de nos recherches.
124. Dans la proposition de l'article 121, nous n'avons envisagé que le cas
où il s'agirait de projeter deux sections coniques données suivant des cir-
conférences de cercle; mais si l'on demandait, plus généralement, que les
courbes de projection fussent d'autres sections coniques semblables entre
elles et à une section conique quelconque donnée, non-seulement la projec-
tion serait possible, en général, comme dans le cas particulier du cercle,
mais encore, au lieu d'être simplement une ligne, le lieu des centres auxi-
liaires de projection serait une surface tout entière, engendrée (113 et 114)
parla révolution d'un cercle, qui aurait une corde, réelle ou idéale, com-
mune avec les sections coniques proposées, et tournerait autour de cette
corde comme axe. Le nombre des surfaces annulaires ainsi formées étant
d'ailleurs égal à celui des cordes communes aux sections coniques propo-
sées, c'est-à-dire en général six, on voit que le centre de projection pourra
être pris partout où l'on voudra sur l'une de ces surfaces, pourvu que le
plan de projection correspondant soit parallèle à celui qui passe par ce
point et par la sécante commune à laquelle appartient la surface que l'on
considère en particulier. Le problème présente, du reste, des restrictions
analogues à celles observées pour le cas particulier des cercles; et l'on peut
remarquer que non-seulement les deux .sections coniques de projection
seront semblables entre elles et à celle prise pour terme de comparaison,
mais qu'encore elles seront semblablement placées sur le nouveau plan.
Cette dernière circonstance peut être établie d'ailleurs, d'une manière
beaucoup plus générale, quand on n'exige point que les sections coniques
deviennent précisément semblables à une autre section conique choisie en
particulier.
125. Concevons, en effet, que, d'un point quelconque de l'espace, on pro-
jette deux ou plusieurs sections coniques situées sur un même plan et ayant
une sécante commune, sur un nouveau plan parallèle à celui qui renferme
cette sécante et le centre de projection ; toutes les sections coniques seront
nécessairementdevenues des courbes s. et s. p. sur le nouveau plan ; car, si
l'on mène une droite par le sommet commun des cônes projetants et par le
centre de la corde, réelle ou idéale, qui répond à la sécante dont il s'agit,
cette droite et la demi-corde seront parallèles et proportionnelles (67) à deux
diamètres conjugués de l'une et de l'autre des sections faites dans les cônes
projetants par un plan parallèle à ces droites ; ces sections auront donc elles-
mêmes un système de diamètres conjugués parallèles et proportionnels, ce qui
exige nécessairement(42, note) qu'elles soient toutes s. et s. p. entre elles (*).

(*) Il y a cependant un cas d'exception, c'est celui où, la corde commune étant réelle, les
hyperboles de la projection se trouvent situées dans des angles différents d'asymptotes; ce cas
Dans cette projection, la sécante commune aux courbes primitives est
devenue évidemment (89, 90 et 107) la sécante, à l'infini, commune à toutes
celles du nouveau système ; de sorte que :
Quand on met deux ou plusieurs sections coniques, situées sur un même plan
et ayant une sécante commune, en projection sur un nouveau plan, de façon
que cette sécante passe à l'infini, ces sections coniques deviennent, en général,
toutes semblables entre elles, semblableméntplacées et ayantpour sécante com-
mune, à l'infini, la projection de la première.
Il est évident que la même chose aurait encore lieu si les sections coniques
proposées avaient toutes un point de contact avec une tangente commune en
ce point; car elles deviendraient, en projection, des paraboles à diamètres
parallèles, lesquelles seraient, par là même, des courbes s. et s. p. ayant un
point de contact commun à l'infini (93).
126. On prouverait réciproquement, et de la même manière, que :
Quand on met deux ou plusieurs sections coniques, semblables et semblable-
ment situées sur un plan, en projection sur un nouveau plan quelconque, les
sections coniques qui en résultent ont une sécante commune, qui est la projection
de celle à 1 'infini du premier système.
Ainsi, dans l'espèce de projection qui précède, la sécante commune à
toutes les courbes de l'un des systèmes demeure la sécante commune à toutes
les courbes de l'autre, que cette sécante soit d'ailleurs réelle ou idéale; mais
on peut démontrer, plus généralement, que les sécantes réelles ou idéales
communes sont projectives, c'est-à-dire que :
127. Les sécantes réelles ou idéales, communes au système de deux ou de
plusieurs sections coniques situées sur un même plan, demeurent aussi des
sécantes communes à leur projection sur un plan quelconque.
En effet, concevons un plan quelconque parallèle à celui qui projette la
sécante commune à toutes les courbes primitives, il coupera (125) toutes les
surfaces coniques projetantes suivant des courbes en général s. et s. p. entre
elles, et qui auront pour sécante idéale commune, à l'infini, la projection de

arrive nécessairement (91 ) quand, parmi les diamètres des sections coniques proposées, conjugués
à la direction de la corde commune, il en est qui sont réels tandis que d'autres ne le sont pas;
alors les sections coniques qui ont leurs diamètres à la fois réels, et celles qui ont leurs diamètres
à la fois imaginaires, sont, en projection, les seules qui soient s. et s. p. entre elles. Quant au
système complet des unes et des autres, elles n'en conservent pas moins une corde commune à
l'infini et des diamètres conjugués parallèles et proportionnels, pourvu qu'on substitue, à chacun
des diamètres imaginaires, le diamètre idéal qui lui correspond. En un mot, la similitude est
devenue imaginaire.
la première ; mais on peut considérer, à leur tour, ces courbes semblables
comme ayant pour projection les sections coniques qui résultent des mêmes
surfaces projetantes coupées par un plan quelconque; donc (126) ces sec-
tions coniques ont une sécante commune à tout leur système, qui est à la
fois la projection de celle à l'infini des courbes semblables, et de celle qu'on
suppose commune aux courbes primitives.
128. D'après cela, il est permis, de dire que, quand deux ou plusieurs
sections coniques ont deux points réels ou imaginaires communs, leur pro-
jection sur un plan quelconque jouit de la même propriété; en sorte que
l'on peut considérer, à leur tour, les deux nouveaux points comme la pro-
jection des deux premiers, c'est-à-dire, en d'autres termes, que les points
imaginaires sontprojectifs, de même que les points réels; et il en est évidem-
ment ainsi de tous les autres objets décrits ou figurés qui, appartenant à ces
points, seraient réels ou imaginaires.
D'ailleurs ces considérations sont indépendantes de l'espèce particulière
des sections coniques, qui peuvent être par conséquent, en toutou en partie,
des paraboles ou des circonférences de cercle.

129. Quand les sections coniques proposées auront deux sécantes réelles
ou idéales communes réunies en une seule, c'est-à-dire quand elles auront
une sécante, réelle ou idéale, commune de contact, ou enfin un double
contact réel ou idéal, les projections de ces courbes sur un nouveau plan
quelconque jouiront aussi de la même propriété; car il suffit que la sécante
commune à ces projections ait même pôle dans toutes (63) : or, c'est ce qui
a évidemment lieu, de même que pour les sections coniques proposées,
puisque, d'après ce qui précède (118 et 127), les sécantes communes, les
polaires et les pôles sont projectifs.
130. Si l'on suppose, en outre, que la projection se fasse de manière que
la sécante commune passe à l'infini sur le nouveau plan, les sections coni-
ques seront devenues (125, 116), en général, s. s. p. et concentriques; elles
auront une sécante de contact commune, à l'infini, projection de la pre-
mière (92).
131. Si enfin, sans changer cette hypothèse, le centre de projection, au
lieu d'être entièrement arbitraire, était pris parmi ceux qui sont susceptibles
de projeter l'une des sections coniques données suivant un cercle, toutes les
autres sections coniques deviendraient également des circonférences de cercle
concentriques à la première; d'où ce nouveau principe :
Une figure plane, qui renferme deux ou un nombre quelconque de sections
coniques ayant un double contact commun, peut, en général, être regardée
comme la projection d'une autre, dans laquelle les sections coniques sont deve-
nues des circonférences de cercle, toutes concentriques entre elles, et ayant une
sécante idéale de contact commune, à l'infini, projection de celle qui appartient
à la figure primitive.
132. Les divers principes de projection, exposés dans ce qui précède,
peuvent servir à interpréter et à justifier, d'une manière entièrement rigou-
reuse, les notions établies par une voie directe, dans le second Chapitre, sur
les sections coniques s. et s. p. et sur les circonférences de cercle; ils don-
nent lieu à beaucoup d'autres principes également propres à étendre les
conceptions géométriques, et à interpréter certaines notions abstraites de
l'infini. Ainsi, par exemple, nous avons déjà eu l'occasion de remarquer (115)
que, si l'on met une section conique quelconque en projection sur un nou-
veau plan parallèle à une tangente quelconque de la courbe, on obtient né-
cessairement une parabole, qui est touchée, par la droite qui représente
celle à l'infini de son plan, en un point appartenant à la fois à tous les dia-
mètres parallèles de cette parabole.
Réciproquement, si l'on projette une parabole quelconque sur un nou-
veau plan également quelconque, la section conique qui en résultera aura,
pour une de ses tangentes, la droite à l'infini du plan de la parabole : c'est
la conséquence nécessaire de la définition même de la parabole, en tant qu'on
la considère comme issue du cône (4); or il résulte de là, plus généralement,
et de ce que tous les points à l'infini d'un plan doivent être considérés
comme appartenant à une même droite (107), que :
Deux ou plusieurs paraboles quelconques, situées sur un même plan, sont
touchées, à la fois, par la droite à l'infini de ce plan ; en sorte que, si on les met
en projection sur un nouveau plan arbitraire, il en résultera un égal nombre
de sections coniques ayant une tangente commune, avec des points de contact
différents, si les axes des paraboles ne sont pas parallèles (125).
La proposition réciproque est également vraie, et résulte, à priori, de la
définition même de la parabole.
133. Pareillement encore :
Deux sections coniques, tracées sur un même plan, peuvent, en général,
être mises en projection sur un nouveau plan, de façon que l'une quelconque
d'entre elles devienne une circonférence de cercle, concentrique à la section
conique, d'ailleurs quelconque, qui répond à l'autre.
En effet, deux sections coniques quelconques ont, en général, quatre
points communs; par conséquent, si on lés met en projection sur un nou-
veau plan, de façon que l'une d'elles devienne un cercle ayant pour centre (120)
le point d'intersection de deux des sécantes communes àces sections coniques,
en les choisissant parmi celles qui ne se coupent pas à la fois sur les deux
courbes, ce centre sera commun au cercle et à la section conique de pro-
jection, puisqu'il divisera en parties égales deux cordes qui leur appar-
tiennent à la fois.
134. Il deviendrait fastidieux de multiplier davantage le nombre des
exemples; ce que nous venons de dire suffira pour mettre sur la voie propre
à en faire trouver d'autres, quand cela deviendra nécessaire pour faciliter
une recherche sur une certaine figure. On voit d'ailleurs qu'il dépendra tout
à fait de la sagacité du géomètre de choisir dans chaque cas particulier,
parmi tous les principes que peut fournir la doctrine des projections, ceux
qui seront susceptibles de conduire plus directement ou plus facilement au
but qu'il se propose d'atteindre : la partie de ces recherches que nous des-
tinons aux applications pourra tenir lieu de préceptes généraux à cet égard.
Dans ce qui nous reste à dire sur la doctrine des projections, nous nous bor-
nerons à présenter quelques réflexions propres à résoudre certaines diffi-
cultés, et à étendre les conséquences géométriques auxquelles l'emploi de
ces mêmes principes peut faire parvenir.
135. La plupart des théorèmes, ou principes, qui viennent de nous oc-
cuper sont susceptibles d'une plus ou moins grande limitation; c'est-à-dire
qu'ils sont vrais pour une série de positions indéterminées des parties de la
figure que chacun d'eux concerne, mais qu'ils peuvent cesser de l'être, d'une
manière absolue et géométrique, pour une série d'autres positions également
indéterminées de ces parties; nous avons vu, en effet, que la projection
d'une figure, selon des conditions données, pouvait devenir, dans certains
cas, impossible ou imaginaire, quoique dans d'autres, non moins généraux,
elle fût possible et réelle.
Il résulte de là que les propriétés projectives qu'on pourra déduire de la
,
considération de ces principes, selon ce qui a été enseigné au commencement
de ce Chapitre, ne seront elles-mêmes des conséquences absolues et rigou-
reusement nécessaires des raisonnements établis que pour une série de posi-
tions indéterminées de la figure, comprises entre certaines limites; tandis
que, pour une autre série de positions pareillement renfermées entre ces
limites, mais qui sont au delà, quand les autres sont en deçà et récipro-
quement, la même chose ne saurait plus avoir lieu, a cause que la projection
correspondante aura elle-même cessé d'exister d'une manière absolue et
purement géométrique. Ainsi les propriétés examinées ne seront démon-
trées, d'une manière rigoureuse et absolue, que pour les premières de ces
positions, et elles cesseront de l'être pour les autres.
Toutefois on ne doit pas conclure que, l'objet des raisonnements primitifs
étant devenu illusoire, la propriété ait par là même cessé de subsister; car
les deux séries de positions que l'on considère renferment toutes celles que
peut prendre la figure, sans changer les conditions qui la déterminent; et,
par hypothèse, ces positions sont telles, qu'on peut regarder, à volonté, les
unes comme provenant des autres par le mouvement progressif et continu
de certaines parties de cette figure, sans violer la liaison et les lois primiti-
vement établies entre elles. Or, quand deux figures géométriques sont ainsi
liées entre elles, les propriétés de l'une sont directement applicables à
l'autre, sauf les modifications qui peuvent arriver dans les signes de posi-
tion, ou dans la réalité et la grandeur absolue des parties; modifications
qu'il est toujours facile de reconnaître à l'avance, à la simple inspection de
la figure. C'est là ce qui constitue en effet, pour la Géométrie, le principe
de continuité, généralement admis dans toutes les recherches qui se fondent
sur l'Analyse algébrique; principe que nous avons déjà mis en usage, plu-
sieurs fois, dans le cours de cette première Section, mais seulement dans
des circonstances où son application devenait conforme aux idées reçues,
et pouvait se justifier, d'une manière naturelle et entièrement rigoureuse,
par des principes directs.
136. Son admission ouverte en Géométrie ne saurait donner lieu à aucune
difficulté sérieuse; car, si la propriété qu'on examine et qui, par hypothèse,
a été établie pour une situation non singulière, mais indéterminée, des par-
ties de la figure, ne concerne que des objets actuellement réels et construc-
tibles, elle aura lieu d'une manière entièrement absolue et géométrique;
(Jans la supposition contraire, elle cessera d'être applicable à ces objets d'une
manière absolue, sans pour cela devenir ni fausse ni absurde à l'égard des
objets demeurés réels; en sorte que, si l'on conserve mentalement une exis-
tence de signe ou d'expression aux objets impossibles, la propriété devient
purement idéale à l'égard de ces objets. C'est précisément dans ce sens que
nous avons entendu dire, jusqu'ici, qu'une propriété ou une relation quel-
conque est vraie, en général, alors même qu'elle l'est pour une série indé-
finie de positions de la figure, tandis qu'elle cesse de l'être pour une autre
série de positions assujetties à la même loi et aux mêmes conditions.
137. D'ailleurs il est essentiel de remarquer que certains objets, qui ont
avec d'autres, devenus impossibles, une dépendance connue et donnée, ne
deviennent pas pour cela eux-mêmes inconstructibles ; car ces objets peuvent
être liés aux autres parties de la figure par des dépendances plus générales,
et qui demeurent toujours réelles.
Ainsi la sécante indéfinie, qui passe par les deux points de contact d'une
section conique et de deux tangentes issues d'un certain point, demeure tou-
jours constructible et réelle (48), quoique les tangentes elles-mêmes puis-
sent devenir imaginaires lorsque le point passe dans l'intérieur de la courbe :
la même chose a lieu, comme nous l'avons vu, à l'égard de la sécante com-
mune de deux cercles ou de deux sections coniques situées sur un même
plan, etc. En général, on peut poser, pour principe propre à faire recon-
naître à l'avance les objets figurés qui peuvent demeurer réels, quand les
parties qui les construisent deviennent imaginaires, que ces objets doivent
nécessairement dépendre, d'une manière symétrique et simultanée, d'un
nombre pair de ces dernières. La considération de ces sortes d'objets est
extrêmement importante en Géométrie, et nous ne craignons pas d'avancer
qu'elle seule peut parvenir à donner une interprétation satisfaisante de cer-
tains résultats étranges de l'Analyse algébrique, concernant les grandeurs
qui sont imaginaires.
138. En ayant égard à ces diverses remarques, ainsi qu'à toutes celles qui
se trouvent répandues dans le cours de cette Section, nous regarderons comme
générales, et applicables à tous les cas possibles, les propriétés géométriques
qu'il sera possible de déduire des principes de projection qui viennent d'être
exposés, quand bien même ces principes pourraient cesser d'avoir lieu géo-
métriquement pour certaines dispositions de la figure, et qu'en conséquence
sa projection pût devenir imaginaire.
Ainsi, par exemple, toutes les propriétés projectives qui appartiennent
au système de deux circonférences de cercle concentriques appartiennent
aussi (131) au système de deux sections coniques qui ont un double contact,
que ce contact soit d'ailleurs réel ou idéal ; nous avons vu, en effet (63), que
l'un de ces cas ne differe pas essentiellement de l'autre, et qu'ils sont assu-
jettis à la même loi; de sorte que, sans violer cette loi et sans particulariser
les deux courbes, on peut faire coïncider celles d'un système avec celles de
l'autre par un mouvement progressif et continu.
Pareillement toutes les propriétés projectives dont jouit le système général
de deux circonférences de cercle situées sur un même plan, appartiennent
aussi au système de deux sections coniques quelconques situées également
sur un même plan ; et ces propriétés demeureraient applicables au cas même
où les deux courbes se pénétreraient en quatre points réels ; circonstance
pour laquelle leur projection, suivant des cercles, serait évidemment impos-
sible. Nous en dirons tout autant des autres principes exposés dans le cours
de ce Chapitre ; et c'est pour cette raison principalement que nous les avons
tous énoncés sous une forme générale, qui ne puisse rappeler, en aucun cas,
la restriction dont ils peuvent être susceptibles.
139. Nous le répétons encore avant de terminer: en regardant comme
générales et applicables à tous les cas les propriétés qui peuvent découler
de ces principes, nous n'entendons pas, pour cela, dire qu'elles ont toujours
un sens absolu et réel, mais seulement qu'elles ne peuvent, à proprement
parler, devenir fausses, ni entrainer par conséquent, dans leur adoption et
dans leurs conséquences, à des erreurs véritables, à des absurdités manifestes
et contraires aux axiomes incontestables de la raison. Ainsi ces propriétés
pourront bien ne conserver, dans certains cas, qu'une signification purement
idéale dans ce qu'elles expriment, à cause qu'une ou plusieurs des parties
qu'elles concernentauront perdu leur existence absolue et géométrique ; elles
deviendront, si l'on veut, illusoires, paradoxales, dans leur objet; mais elles
n'en seront pas moins logiques, et propres, si on les emploie d'une manière
convenable, à conduire à des vérités incontestables et rigoureuses, d'ailleurs
susceptibles des mêmes limitations et des mêmes restrictions que les pre-
mières.
140. Il me paraît actuellement inutile de développer davantage ces idées,
d'autant plus que, la suite de ce travail ayant spécialementpour objet d'appli-
quer les notions qui précèdent à la recherche des propriétés projectives des
sections coniques, cette application servira d'éclaircissement naturel à tout
ce que ces notions pourraient encore conserver d'obscur ou de difficile à
comprendre. On verra, au reste, avec quelle simplicité ces notions conduisent
aux propriétés déjà connues et à une infinité d'autres que la Géométrie ordi-
naire semblerait ne pouvoir facilement atteindre ; et cela, sans employer
aucune construction auxiliaire, et en ne se fondant que sur les propositions
les plus simples, celles qui, ne concernant que la direction et la grandeur
des lignes des figures élémentaires, n'exigent, la plupart du temps, qu'un
léger coup d'œil pour être aperçues et senties. Aussi me contenterai-je, fort
souvent, de citer ces propositions, sans m'astreindre à les démontrer, lors-
qu'elles seront évidentes par elles-mêmes, ou des conséquences faciles
d'autres propositions déjà généralement connues.
NOTES DE LA PREMIÈRE SECTION.

NOTE I.

DÉMONSTRATION DIRECTE DU THÉORÈME DE L'ARTICLE 84, POUR LE CAS OÙ LES POINTS LIMITES
DE LA SUITE DES CERCLES PROPOSÉS DEVIENNENT IMAGINAIRES.

Soient toujours CC' (fig. i3) la ligne des centres des cercles relatifs à la suite dont mn est la
sécante réelle commune; DE la droite donnée, rencontrée en A, B par un cercle quelconque (P)
de la suite orthogonale réciproque de, la proposée, qui a mil pour ligne des centres, et CC' pour
sécante idéale commune ; les points A' et B', situés aux extrémités des diamètres qui répondent à
A et B, seront, d'après ce que nous avons vu (82), deux points de la courbe qu'on cherche; et
HE, divisant en deux parties égales toutes les cordes A'B'aux points l', et allant concourir en E,
avec la droite donnée, sur la sécante commune mn, sera d'ailleurs un diamètre de cette courbe.
Au point D, où la droite donnée DE rencontre la ligne des centres CC', élevons la perpendicu-
laire DH à cette droite; parle point H, où celle-ci rencontre le diamètre EH, menons de nouveau
la perpendiculaire indéfinie HG à la ligne des centres CC' ; elle sera parallèle à la sécante com-
mune mil, et rencontrera la droite donnée en G et la ligne des centres en F.
Cela posé, puisque mil divise en deux parties égales les perpendiculaires II' sur les milieux des
cordes AB, A'B', en tant qu'on suppose ces perpendiculaires terminées au diamètre EH et à la
droite DE, elle divisera pareillement en deux parties égales, au point n, la parallèle HD, terminée
aux mêmes lignes ; donc le point E sera le milieu de DG, et le diamètre HE divisera aussi en
parties égales toutes les droites parallèles à DG, terminées aux droites HD et HG. Par conséquent,
si l'on prolonge, de part et d'autre, la corde A'B' jusqu'à sa rencontre en D' et G' avec ces mêmes
droites, l' sera à la fois le milieu de A'B' et de D'G', et l'on aura D'A' = B'G'; mais le rectangle
D'B'.D'A' est évidemment égal au rectangle DA.DB, lequel est constant (73), puisque CC'.est
sécante idéale commune à tous les cercles (P ; donc le rectangle B'D'.B'G' est aussi constant et
égal au rectangle DA.DB, propriété qui ne peut convenir qu'à une hyperbole comprise entre les
asymptotes HD et HG.
Qu'on mène, en effet, les ordonnées B'X et B'Y parallèles à ces deux droites ; les triangles B'G'Y,
B'D'X, semblables au triangleDGH, donneront

d'où

Mais le triangle DGH est invariable, donc le rectangle B'X.B'Y est constant : propriété connue de
l'hyperbole entre ses asymptotes, et d'où résulte par conséquent la première partie de la proposi-
tion qu'il s'agit de démontrer.
Recherchons maintenant les points où la direction du diamètre HE rencontre la courbe ; pour ces
points, la corde A'B' doit être nulle ainsi que celle AB qui lui est égale; par conséquent le cercle
correspondant (P ) doit être tangent en là la droite donnée DE, ainsi qu'on le voit exprimé fig. 14
i
ou HI' est nécessairement le demi-diamètre appartenant à HE, et D'I' la grandeur de son con-
jugué idéal mesurée sur la tangente au sommet l'de la courbe, parallèle à ce diamètre ; mais II' est
parallèle à DH ; décrivant donc le cercle (D), qui a son centre en D et fait partie de la suite (C),
(C'),..., des cercles proposés, il coupera la droite donnée DE en deux points 1 et T tels, qu'en les
projetant sur la direction de HE par des parallèles II', TT' à DH, les points l'et T', qui en résultent,
seront les extrémités du diamètre correspondant (*), dont le conjugué idéal est, d'après ce qui
précède, égal et parallèle à D'G'.
Maintenant il nous sera facile de démontrer que la ligne des centres CC' est une sécante idéale
commune, à la fois, à tous les cercles (P) et à la section conique des réciproques de DE.
En effet, puisque les droites DG et DH sont divisées également en E et n par la parallèle mn
à GH, DF est aussi divisée également au point 0 par cette parallèle; mais HD et HG sont les
asymptotes de la courbe ; donc HO est la direction du diamètre conjugué au parallèle à DF :
c'est-à-dire que le point 0 est le milieu dela corde idéale qui répond à DF ou CC'dans la courbe (54),
comme il est aussi évidemment le milieu de la corde idéale qui répond à cette droite dans le
cercle (P) et dans tous ses semblables. Reste donc à prouver (56) que le point 0 détermine, sur le
diamètre qui appartient à HO, deux segments dont le rectangle, multiplié par le rapport inverse
du carré de ce diamètre et de celui qui lui est conjugué, est égal au rectangle OV.OU des segments
formés par ce même point sur le diamètre UV du cercle (P), qui répond à mn; rectangle qui,
d'ailleurs, est le même pour tous les cercles de la suite dont le premier fait partie ( 73), puisque CC'
est leur sécante idéale commune.
Or les triangles rectangles DFH, DGH sont évidemment semblables; donc les droites HO et HE,
qui divisent les côtés homologues DF et DG en parties égales, sont aussi des lignes homologues ;
et par conséquent l'angle DHO = EHG, et l'angle DOH = HEG = HI'G' : c'est-à-dire que les dia-
mètres correspondants à HO et HI' forment les mêmes angles avec leurs conjugués respectifs et avec
les asymptotes de la courbe, en sorte qu'ils sont parfaitement égaux. Portant donc sur HI' la dis-
=
tance HO' HO, O'I'.O'T' représentera le rectangle des segments formés par le point 0 sur le
diamètre qui répond à HO, et il ne s'agira plus que de prouver, selon ce qui vient d'être observé
ci-dessus, que

Projetons le point 0' en w sur DE, par la parallèle indéfinie wO' àDB, on aura évidemment, à
cause des triangles semblables,

et par conséquent

D'un autre côté, Dw est égal à DO, car leur rapport à la même ligne HO', ou HO, est évidem-
ment égal, pour les deux, au rapport des diamètres conjugués DT, HI' que l'on considère ; donc la

(*) En effet, puisque le cercle (D) fait partie de la suite des cercles (C), (C'),..., il coupe orthogona-
lement le cercle inconnu (P) de la suite réciproque, et par conséquent (173) son rayon sur DE est, en
grandeur et en direction, la tangente DI relative au cercle (P); c'est-à-dire que le cercle (D) passe par
les points de contact du cercle (P) et de son analogue.
relation à démontrer devient simplement

laquelle a lieu, en effet, à cause que les triangles rectangles OPD, PDI ont l'hypoténuse com-
mune DP.
Donc enfin la ligne des centres CC' des cercles proposés est une sécante idéale, commune à la
fois à tous les cercles (P) et à la section conique des réciproques de la droite donnée DE, comme
il s'agissait de le prouver directement, d'une manière entièrement géométrique et rigoureuse.
Cet exemple et celui que renferme la Note suivante peuvent servir à donner une idée des avan-
tages qui résultent de l'admission du principe de continuité en Géométrie : nous aurons l'occasion
d'en rencontrer un grand nombre d'autres, dans le cours de ces recherches, et il ne serait pas
difficile de les multiplier davantage, si cela pouvait être nécessaire à notre objet. Nous nous con-
tenterons d'en citer un, d'autant plus frappant qu'il est dû à l'un des plus célèbres disciples de
Monge dans la science de l'étendue : c'est celui qui est offert par M. Dupin, dans son beau Mémoire
sur la description des lignes et des surfaces t-Iii. second degré, inséré au XIVe Cahier du Journalde
PÉcole Polytechnique; l'auteur part, en effet, d'un mode de génération qui ne saurait s'appliquer
qu'aux courbes et aux surfaces du second ordre entièrement fermées ; mais il n'en étend pas moins
les conséquencesauxquellesil parvient à toutes les lignes et surfaces de cet ordre, et par conséquent
au cas où ce même mode de génération est impossible ou imaginaire. A la vérité, ce savant géo-
mètre s'appuie sur les considérations offertes par l'Analyse algébrique pour justifier cette extension
du cas réel au cas imaginaire, mais il reste toujours à démontrer que l'Analyse a la singulière
faculté de traiter les êtres de non-existence comme les êtres absolus; et, si elle ne lui vient pré-
cisément que parce qu'on y admet le principe de continuité, il n'y aura aucune raison de ne pas
admettre, dans les recherches géométriques de même nature, le principe lui-même, d'une manière
entièrement directe et sans recourir aucunement à l'Analyse algébrique.

NOTE II.

SUR LE LIEU DES POINTS DE L'ESPACE SUSCEPTIBLES DE PROJETER UNE SECTION' CONIQUE DONNÉE
ET UNE DROITE TRACÉE DANS SON PLAN DE FAÇON QUE, LA DROITE PASSANT A L'INFINI SUR LE
NOUVEAU PLAN, LA SECTION CONfQUE Y DEVIENNE, EN MÊME TEMPS, UNE ELLIPSE SEMBLABLE A
UNE ELLIPSE DONNÉE.

Nous avons vu que, mn et (C), fig. 9, étant, la droite et la section conique données, 0le centre
de la corde idéale MN répondant à ces lignes, si l'on traçait une suite de droites OS dans l'espace,
dont le rapport à la demi-corde idéale OM fût égal à celui de deux diamètres conjuguésquelconques
de l'ellipse de comparaison, et qui fissent entre elles le même angle SOM, toutes les extrémités S,
ainsi obtenues, pouvaient être prises pour des centres auxiliaires de projection, et que la suite de
tous ces centres formait nécessairement une surface de révolution.
Or on peut remarquer que rien ne fixe l'ordre dans lequel les distances OS, OM doivent être
proportionnelles aux diamètres conjugués correspondants de l'ellipse, ni le sens dans lequel doivent
être situés les points S par rapport au point 0 ; ce qui donne naturellement quatre points pour
chaque droite indéfinie OS, également propres à satisfaire aux conditions du problème, et par con-
séquent quatre circonférences de cercle appartenant à la surface de révolution, lieu des centres de
projection ; mais on voit, en même temps, que la considération de ceux de ces points qui sont au
delà du point 0, par rapport à S, devient inutile, attendu que les circonférences qui leur corres-
pondent sont reproduites par les points qui appartiennent à la position symétrique de la droite OS
en dessous de OM, et qui fait avec cette dernière un angle supplément de l'angle SOM.
Soient donc S et S' (fig. 15 ) les deux points que l'on considère d'un même côté du point 0;
soient a', b' les diamètres conjugués de l'ellipse de comparaison, qui correspondent à l'angle SMO,
on aura

d'où

En partant de là et des propriétés connues des diamètres conjugués de l'ellipse, on en conclut


sans peine que tous les points S, S', appartenant à un même plan méridien, sont distribués sur
une circonférence de cercle unique, ayant la droite MN pour corde idéale commune avec la sec-
tion conique qui sert de base aux différents cônes projetants.
Soit, en effet, K le milieu de la distance SS', on aura

supposons que, du point K, on abaisse la perpendiculaire KP sur OM, et qu'on élève, au contraire,
la perpendiculaire KC sur SS'; cette dernière ira rencontrer celle OA, qui correspond à MN et au
point 0, en un point C, tel que le triangle OKC sera semblable au triangle OKP, et qu'on aura

Mais la surface du parallélogrammeformé sur les diamètres conjugués a', est, comme on sait,
constante et égale à a.b, en appelant a et b les axes principaux de l'ellipse de comparaison; et,
d'une autre part, cette surface est au rectangle a'.bl des côtés a' et b' comme le sinus de l'angle
OK
SOM de ces côtés est à l'unité, ou comme KP est à OK; donc a'.bl = a.b On a d'ailleurs
Kr .
a'- -b bl2 = a' + b\ et partant

Mais si l'on détermine, sur la direction de OC, les points A et A' analogues à S et S', on aura,

à cause que l'angle AOM est celui des axes de l'ellipse de comparaison OA = T)
OM a OA' = OM
ab
;

donc le point Cest Je milieu de la distance AA', comme le point K l'est de SS' ; et, puisqu'on a
d'ailleurs OS.OS'= OM 2 = OA.OA', on voit que tous les points S, S' appartiennent, en effet, à une
circonférencede cercle unique, dont C est le centre, et qui a la distance MN pour corde idéale com-
mune avec la courbe de base donnée. Le lieu de tous les centres auxiliaires de projection cherchés
est donc une surface annulaire, engendrée par la révolution de ce cercle autour de MN comme axe,
ainsi qu'il s'agissait de le démontrer d'une manière directe,
Quand les deux axes a, b de l'ellipse de comparaisonsont égaux, cette ellipse devient un cercle,
et l'angle SOM est constamment droit; donc OS se confond toujours avec OA; et comme d'ailleurs
OS = OS', on voit que la circonférence méridienne (C) se réduit à un point, et la surface annulaire
par conséquent à une circonférencede cercle dont le plan est perpendiculaire sur le milieu de OM :
ce qui revient à ce qui a déjà été démontré directement, art. 110.
SECTION II.
PROPRIÉTÉS FONDAMENTALES DES LIGNES DROITES, DES SECTIONS
CONIQUES ET DES CERCLES.

141. Nous croyons devoir commencer ces applications par l'exposition des
intéressantes propriétés des transversales et des points de concours, en nous
bornant toutefois à celles de ces propriétés qui peuvent mériter le plus d'in-
térêt, soit par leur élégance, soit par leur généralité ou leur fécondité. Indé-
pendamment de l'importance qui leur est propre, et des ressources qu'elles
offrent dans les applications de la Géométrie aux opérations qui s'exécutent
sur le papier et sur le terrain, elles se reproduisent si souvent dans les
recherches, qu'on doit les considérer comme la base essentielle de toutes les
autres propriétés projectives des figures. Bien que, pour la plupart, elles
soient assez généralement connues des géomètres, et qu'elles appartiennent
à des théories quelquefois purement élémentaires, nous n'en pensons pas
moins faire une chose utile que de les réunir ici sous un même point de vue
et par des principes qui puissent les faire retrouver, sans peine, au besoin.
Nous promettons, au reste, d'être aussi courts que possible, dans un sujet
naturellement fort étendu, et de ne nous arrêter, sur chaque théorème, qu'au-
tant qu'il sera nécessaire pour mettre le lecteur sur la voie propre à lui faire
entrevoir, par lui-même, toutes les conséquences.

CHAPITRE PREMIER.
GÉOMÉTRIE DE LA RÈGLE ET DES TRANSVERSALES.

142. La Géométrie de La règle, ou Théorie des points de concours, ne s'occu-


pant, d'une part, que des propriétés descriptives ou de situation des systèmes
de lignes droites indéfinies, et la Géométrie des transversales n'ayant pour
objet, d'une autre, que les relations métriques relatives aux figures com-
posées également de systèmes de lignes droites indéfinies, coupées d'une ma-
nière quelconque par des droites ou courbes appelées, pour cette raison,
transversales ; on conçoit, à priori, qu'elles se trouvent toutes deux comprises
implicitement dans la définition que nous avons donnée des relations et des
figures projectives, et que, par conséquent, tout ce que nous avons pu dire,
en général, de ces dernières propriétés s'applique naturellement à celles qui
font le sujet ordinaire de la Géométrie de la règle et des transversales. Ce
qui suit montrera, en outre, que toutes les relations de la Géométrie des
transversales sont de la nature particulière de celles qui ont été définies
art. 20 ; de sorte que nous pouvons dès à présent conclure, d'une manière
générale, que les théorèmes des articles 18 et 19 de la premièré Section sub-
sistent pour ces sortes de relations.
143. M. Carnot avait déjà montré d'une manière directe, dans sa Géomé-
trie de position et son Essai sur la Théorie des transversales, que les relations.
de cette théorie s'appliquent également aux figures tracées sur la surface
d'une sphère quelconque, en substituant des arcs de grands cercles aux
transversales rectilignes. Le savant rédacteur des Annales de Mathématiques,
M. Gergonne, a depuis fait observer que la même chose avait lieu pour les
propriétés de situation des sections coniques et des lignes droites, quand on
les projette sur la surface de la sphère au moyen de cônes et de plans par-
tant du centre de cette sphère, considéré comme centre de projection. Ce
qui précède est plus général, et fait voir sous quelles conditions l'une ou
l'autre extension est possible.
144. On conçoit également, d'après ce qui a été dit art. 11, que quelques-
unes des propriétés des transversales et des points de concours doivent
s'étendre, d'une manière analogue, aux figures situées dans l'espace et dont
les premières pourraient être considérées comme des projections (13).
Enfin les relations de la Géométrie des transversales auront nécessai-
rement encore lieu pour l'espèce de projections définies art. 14 et 15,
c'est-à-dire pour la projection dans un plan et pour la projection sur une
droite.
Nous faisons à l'avance toutes ces remarques, pour ne pas être obligés d'y
revenir, à chaque pas, dans la suite. Notre objet étant d'ailleurs dé nous
occuper spécialement des figures décrites sur un plan, nous ne donnerons
que par aperçu la manière dont certains théorèmes, relatifs aux polygones
plans, peuvent s'étendre aux polygones gauches coupés par des plans ou des
surfaces du second ordre, etc.; seulement, afin de faire connaître les beaux
résultats auquels est parvenu M. Carnot, dans sa Géométrie de position et
dans sa Théorie des transversales.
145. Si tous les côtés AB, BC, CD, DE, EA d'un polygone plan ABCDE
(fig. 16), ou leurs prolongements, sont coupés par une transversale droite quel-
conque, mr, aux points respectifs m, n, p, q, r, il y aura sur chaque côté, ou
sur son prolongement, deux segments formés par la transversale, tels que le
produit de tous ceux de ces segments, qui n'auront point d'extrémités com-
munes, sera égal au produit de tous les autres, c'est-à-dire qu'on aura C")
Am.Bn.Cp.Dq.Er= Ar.Bm.Cn.Dp.Eq.
Cette relation étant projective de sa nature (20), il suffit de prouver
qu'elle a lieu pour l'une quelconque des projections de la figure. Or c'est ce
qui est en effet, puisque, si on la projette sur un nouveau plan de façon
que la transversale passe à l'infini, c'est-à-dire (105) sur un plan parallèle
à cette transversale, tous les segments ci-dessus deviendront eux-mêmes
infinis, et par conséquent le rapport de deux quelconques d'entre eux sera
l'unité (28).
146. La même relation s'étend évidemment à un polygone gauche quel-
conque coupé par un plan transversal arbitraire : pour le prouver, il suffit
de mettre la figure en projection sur un nouveau plan parallèle au plan
transversal, pourvu qu'on prenne pour centre de projection un point quel-
conque de ce dernier plan; car alors tous les segments deviendront encore
infinis et égaux, comme dans le premier cas. D'ailleurs ce dernier théorème
se ramène immédiatement au premier, quand on projette la figure sur un
plan quelconque, à partir d'un point du plan transversal pris pour centre de
projection; et le premier se réduit à une simple identité, quand on projette
la figure qui le concerne sur une droite quelconque de son plan (15), à partir
d'un point de la transversale pris pour centre de projection.
147. Si l'on considère une nouvelle transversale m'r' dans le polygone
ABCDE, on aura, comme ci-dessus,
Am'.Bn' Cp' .Dq' .Er' = Ar' .Bmr .Cn' Eq'. p'.
Donc, si l'on représente simplement par (Am) le produit Am. Am', par
(Bn) le produit Bn. Bn', et ainsi de suite pour les autres, il viendra, en

(*) M. Brianchon a déjà remarqué (Correspondance Polytechnique, t. II, p. 257) que ce


théorème et son analogue pour la sphère ont été connus des anciens, quant à ce qui concerne le
cas du triangle. Voyez Y Almageste de Ptolémée, liv. 1, chap. xn.
multipliant terme à terme,
( (Ain)(Bn) (Cp)(Dq)(E r)
=(Ar) (Bm) (C»)(Dp)(EgJ;
relation qu'on peut étendre, de la même manière, à un polygone plan coupé
par un système de droites arbitraires, en nombre quelconque, et (146) à
un polygone gauche coupé pareillement par un nombre quelconque de plans
arbitraires.
148. Cette même relation s'étend encore au cas où l'on remplace le sys-
tème des deux droites par une section conique quelconque, comme cela a
déjà été démontré par anticipation (34), pour le cas particulier où l'on ne
considère qu'un simple triangle : c'est-à-dire que :
Si tous les côtés d'un polygone plan quelconque ABCDE, ou leurs prolonge-
ments, sont rencontréspar une section conique quelconque, et qu'on nomme,
comme ci-dessus, (Am), (Bm) les produits des segments interceptés, sur AB,
entre chacun des sommets A et B respectivement et les deux branches de la
courbe, par (Bn) et(Cn) les produits semblables relatifs au côté BC, etc., on
aura
(Am)(Bn)(Cp)(Dq)(E r)
= (Ar)(Bm)(Cn)(Dp)(Eq).
La démonstration est évidemment la même que celle de l'article 34 déjà
cité (").
149. Enfin la proposition qui nous occupe peut s'étendre, avec la même
facilité, aux polygones gauches coupés par des surfaces quelconques du
même ordre. En effet, elle a évidemment lieu pour le cas particulier où le
polygone se réduit à un simple triangle, puisque le plan de ce triangle ren-
contre nécessairement la surface suivant une section conique; si donc on
décompose le polygone ci-dessus en triangles partiels, au moyen de diago-
nales partant d'un même angle; puis qu'ayant écrit les relations qui corres-
pondent à ces divers triangles, on les multiplie entre elles dans un ordre
convenable, les rectangles des segments formés sur chaque diagonale dispa-
raîtront tous à la fois du résultat, et il ne restera plus qu'une relation entre
les segments relatifs aux côtés du polygone, identique avec celle qui précède.
150. M. Carnot, en exposant, dans sa Géométrie déposition, ces théorèmes
d'une élégance et d'une simplicitévraiment admirables, a fait voir, en outre,
qu'ils s'étendent, d'une manière analogue, à toutes les courbes géométriques

(*) On doit à Pascal un théorème qui revient à celui-ci, pour le cas particulier où l'on ne con-
sidère que le système de quatre droites dans le plan d'une section conique. Voyez son Essai pour
les Coniques, qui a paru en 1640, et qui se trouve imprimé parmi ses OEupres, t. IV, édition de
la Haye, 1779.
prises pour transversales, lorsque le polygone est plan, et à toutes les sur-
faces dont les sections faites par des plans quelconques sont des courbes
.géométriques, lorsque le polygone est gauche. Or, d'après le raisonnement
qui vient d'être établi pour les surfaces du second ordre, on voit que tout
consiste à démontrer la proposition dans le cas particulier du triangle et
d'une courbe géométrique, de degré quelconque, prise pour transversale,
c'est-à-dire qu'en adoptant les conventions déjà admises ci-dessus (145 et
147), il s'agit simplement de prouver qu'on a
(Am)(Bii)(Cp) = (Bm)(Cn).
Supposons, en effet, qu'on mette la figure en projection sur un nouveau
plan, de façon que l'un des sommets, C par exemple, passe à l'infini, ce qui
est possible d'une infinité de manières (101); tous les segments, qui se me-
surent à partir de ce point, deviendront infinis et par conséquent égaux (28);
et, comme la relation ci-dessus est nécessairement projective (20), il s'agira
finalement de prouver que, dans la nouvelle figure, on a
( km) ( B n ) = ( kp) ( Bm),
ou
(Am) : (Bm) :: (Ap) ; (Bn),

c'est-à-dire que « le produit des abscisses A m, kmest au produit des


»
abcisses Bm, Bm',..., formées sur la même droite AB, comme le produit
»
des appliquées Ap, Ap',...,correspondantes aux premières, est au produit
»
des appliquées parallèles Bn, B/z,..., qui appartiennent aux secondes : »
or cette propriété des courbes géométriques est connue, et a été donnée par
Newton dans son Énumération des lignes du troisième ordre.
151. Ces divers théorèmes prouvent, dans leur généralité, que les lignes
et surfaces géométriques des divers ordres doivent jouir de certaines pro-
priétés qui leur sont communes avec les systèmes analogues de lignes droites
et de surfaces planes; il nous serait d'ailleurs facile d'en déduire, dès à pré-
sent, un grand nombre de conséquences particulières; mais notre objet ici
est seulement de faire voir comment on peut arriver directement aux diverses
relations connues de la Géométrie des transversales, au moyen des principes
de projection posés dans la première Section; et nous réservons pour un
autre travail de faire connaître les résultats auxquels nous ont conduits ces
mêmes relations, quant à ce qui concerne les lignes et les surfaces courbes
géométriques d'un ordre quelconque.
152. Il est d'ailleurs évident que ces relations, ayant été établies d'une
manière générale, s'appliquent aux divers cas particuliers qui peuvent se
présenter, pourvu qu'on y introduise les modifications que nécessite le
nouvel état du système, et qu'indique toujours la loi de continuité : ainsi.
plusieurs des points d'intersection peuvent se réunir en un seul, ou s'éloi-
gner à l'infini, etc.
Supposons par exemple, avec M. Carnot, que la section conique ou la
surface du second ordre, transversale d'un polygone plan ou gauche, de-
vienne tangente à tous les côtés de ce polygone, les segments qui appar-
tiennent à un même sommet et à un même côté seront évidemment égaux;
en sorte qu'on a la proposition suivante, qui est une extension de celle déjà
établie à l'article 36, pour le cas du triangle et des sections coniques :
Un polygone, plan ou gauche, ayant tous ses côtés tangents à une même
ligne ou à une même surface du second ordre, il existe, à partir de chaque
point de contact, deux segments sur le côté correspondant; et le produit de
tous les segments non contigus, ou qui n'ont point d'extrémités communes,
est égal au produit de tous les autres.
153. On voit que ce théorème a la plus grande analogie avec celui (146)
qui est relatif au polygone gauche coupé par un plan transversal arbitraire;
et il résulte en particulier, de ce rapprochement, que, si tous les points de
contact, moins un, des côtés d'un polygone gauche quelconque, circonscrit
à une surface du second ordre, étaient situés dans un même plan, le der-
nier s'y trouverait nécessairementaussi, pourvu toutefois que la disposition
des points soit telle, qu'il y en ait un nombre pair ou impair sur le prolon-
gement des côtés, suivant que le polygone est lui-même d'un ordre pair ou
impair. Cette circonstance ayant lieu, en particulier, pour le cas d'un qua-
drilatère circonscrit à une surface de second ordre, il en résulte ce corol-
laire déjà connu (*) :
Dans tout quadrilatère gauche circonscrit à une surface du second ordre,
les quatre points de contact sont dans un même plan.
Mais en voilà assez sur ces considérations générales; revenons maintenant
aux propositions élémentaires de la Géométrie des transversales, relatives
aux figures décrites sur un plan.
154. Soit ABCD (fig. 17 et 18) un quadrilatère simple quelconque, dont
les côtés opposés, AB et CD, ADetBC, prolongés jusqu'à leurs rencontres res-
pectives en E et F, forment ce qu'on appelle le quadrilatère complet BAEDFCB

(*) Mémoire sur les lignes du second ordre, par C.-J. Brianchon, p. 14, note.
avec les trois diagonales AC, BD et EF, dont les deux premières, apparte-
nant au quadrilatère simple ABCD, se rencontrent en G et rencontrent la
troisième en 1 et H respectivement. Traçons les droites indéfinies GE, GF,
qui joignent le point G d'intersection des diagonales avec les points de con-
cours E et F des côtés opposés du quadrilatère simple ABCD ; ces deux droites
iront rencontrer les côtés de ce quadrilatère, auxquels elles n'appartiennent
pas, en quatre nouveaux points : la première aux points P et M de AD et BC,
la seconde aux points L et N de AB et CD. On aura ainsi formé une figure
composée de neuf lignes droites, sur chacune desquelles se trouveront quatre
points : or je dis que ces différents systèmes de quatre pointsformeront autant
de groupes harmoniques ( 24 ).
En effet, si l'on met la figure en projeclion sur un nouveau plan, de
façon (105) que l'une des trois diagonales du quadrilatère complet, EF par
exemple, passe à l'infini, les droites dirigées vers le point E deviendront
parallèles entre elles, et il en sera de même de celles qui aboutissent au
point F; le quadrilatère simple ABCD sera transformé en un parallélo-
gramme avec ses deux diagonales AC et BD, se croisant au centre G : or
toutes les lignes de la nouvelle figure porteront trois points, indépendam-
ment de celui qui est à l'infini, dont les deux extrêmes seront à égale distance
de celui du milieu ; donc ( 27 ) ils pourront être regardés, avec le point à l'in-
fini, comme autant de groupes de quatre points harmoniques, et par consé-
quent il en sera de même des lignes et des points correspondants de la figure
primitive.
Il reste à démontrer que la troisième diagonale EF est aussi divisée har-
moniquement aux points H et 1; or, c'est ce qui paraîtra évident, à priori,
si l'on considère que les quatre droites GE, GF, GH et GI, qui se croisent
au point G et appartiennent aux quatre points harmoniques E, N, D, C, for-
ment naturellement un faisceau harmonique (25) : il suit de là évidemment,
et de ce qui précède, que :
155. Dans tout quadrilatère complet ayant ses trois diagonales, chacune
d'elles est divisée harmoniquement, ou en segments proportionnels, par les
deux autres.
Ce théorème a été connu des anciens, comme il paraît d'après la Propo-
sition CXXI du livre VII des Collections mathématiques de Pappus. Il a été
reproduit depuis par Grégoire de Saint-Vincent ( *), et deLahire s'en ser.t(H)

(*) Opus geometricum (1647), p. 6, Propos. X.


(**) Sectiones conicce. in-fol., 1685, p. 9, Propos. XX.
pour déterminer, avec la règle seule, le quatrième harmonique 1 de trois
points E, F, H donnés sur une même droite : il suppose qu'on forme, à vo-
lonté, un quadrilatère ABCD dont une des diagonales passe par H, et dont
les côtés opposés concourent en E, F respectivement. La même construction
est employée par Schooten (*) pour mesurer la distance d'un point inac-
cessible 1 à un point donné, F, sur le terrain.
156. Les fig. 17 et 18, qui viennent de nous occuper, appartiennent
évidemment aussi au système des six distances qui joignent, deux à deux,
les quatre points A, B, C, D, et des trois lignes droites qui réunissent, dans
le même ordre, les nouveaux points d'intersection E, F, G des premières :
or ces figures donnent lieu à beaucoup d'autres relations faciles à recon-
naître.
Par exemple, on peut remarquer que les quatre points L,M,N, P déter-
minent deux segments sur les côtés de chacun des trois quadrilatères sim-
ples ABCD, AFCE, BEDF, et que le produit de quatre de ces segments, qui
ne sont pas contigus et appartiennent aux côtés d'un même quadrilatère,
est égal au produit des quatre autres, c'est-à-dire qu'on a, pour le quadri-
latère simple ABCD pris en particulier,
AL.BM.CN.I)P = AP.BL.CM.DN.
Pour le prouver, il suffit de se reporter à la projection ci-dessus de la
figure, pour laquelle cette relation, qui d'ailleurs est projective, devient
évidemment identique.
On voit pareillement que les côtés opposés du quadrilatère LMNP, qui a
pour sommets les quatre points que l'on considère, devenant respectivement
parallèles aux diagonales AC et BD du parallélogramme de la projection,
doivent nécessairement, dans la figure primitive, concourir aux points 1 et H
où ces mêmes diagonales rencontrent la droite EF.
157. Soit D.( mêmesfigures) un point situé quelque part sur le plan d'un
triangle ABC; par le point D, et des sommets du triangle, abaissons des
droites AF, BG et CE sur les côtés opposés à ces sommets; joignons deux à
deux, par de nouvelles droites, les points F, G, E ainsi obtenus sur ces côtés,

)
(* Exercitationum.mathematÜ:arum lib.II: Deconstructione problematum simplicium geome-
tricorum, seiiqitoe -solvi possunt, ducendo tantum rectas lineas, 1656 ; Appendix, Propos. V. Dans
cet Appendice, on traite les cas où certains points sont inaccessibles ; il y est fait aussi mention
d'un écrit intitulé : Geometria peregrinans, qui a le même objet, et que Schooten attribue à un
noble polonais; on y résout, dit-il, seize problèmes relatifs aux points et lignes inaccessibles sur
le terrain, sans autre instrument que des jalons.
il en résultera un second triangle EFG inscrit ou exinscrit au premier. Or
l'ensemble de toutes ces lignes, au nombre de neuf et prolongées jusqu'à
leurs intersections respectives, produira une figure entièrement identique
avec celles qui nous ont occupés dans ce qui précède, et qui jouira par con-
séquent des mêmes propriétés. Ainsi chacune de ces neuf lignes portera
quatre points, qui formeront autant de groupes harmoniques C); et les six
nouveaux points H, I, L, M, N, P, obtenus par le croisement de ces lignes,
seront, trois à trois, sur quatre droites LPH, MNH, PNI, LMI, dont la der-
nière appartient aux points de concours des côtés respectivementopposés des
deux triangles ABC et EFG. Je dis, de plus, qu'on aura, dans le triangle ABC,
AE. BF. CG = BE. CF. AG,
propriété qui peut s'énoncer de cette manière :
158. Si, par un point quelconque pris dans le plan d'un triangle, on abaisse,
de chaque angle, une droite sur le côté opposé, on obtiendra, sur chacun de
ces côtés, deux segments tels, que le produit de trois segments quelconques, non
contigus, sera égal au produit des trois autres (**).
En effet, cette relation est projective, et devient évidemment identique
dans la projection ci-dessus (154) du quadrilatère ABCD suivant un paral-
lélogramme.
159. On arriverait d'ailleurs directement (16) a cette relation, en remar-
quant qu'elle a lieu, également d'une manière identique, entre les sinus des
angles formés autour du point D, pris pour centre de projection des six
segments correspondants; et, comme cette remarque s'applique à un poly-
gone quelconque d'un nombre impair de côtés, des sommets duquel on
aurait abaissé des droites sur les côtés respectivement opposés, en les fai-
sant toutes passer par un même point pris à volonté sur le plan de la figure,
on voit que la relation ci-dessus a encore lieu, d'une manière analogue,
entre les différents segments formés, par ces droites, sur les côtés du poly-
gone; donc on a ce théorème général, qui n'a, je crois, encore été établi
nulle part :
Si. par un point pris à volonté dans le plan d'un polygone quelconque d'un
nombre impair de côtés, on abaisse, de chaque angle, une droite sur le côté

(*) Géométrie de position, p. 287 et 288; Application de la Théorie des transversales, etc.; par
C.-J. Brianchon. Paris, 1812, § 53.
(**) Suivant la remarque faite par M. Servois, ce théorème appartient à Jean Bernoulli. Voyez
les OEuvres de ce dernier, t. IV, n° CLV.
opposé, on obtiendra sur chacun de ces côtés deux segments, et le produit de
tous les segments non contigus sera égal au produit de tous les autres.
160. Cette proposition s'étendant, en vertu du principe de continuité, au
cas où un ou plusieurs des côtés deviennent nuls en conservant une direction
donnée, a lieu, comme on voit, également pour un polygone d'un nombre
pair de côtés, pourvu qu'en menant par l'un quelconque de ses sommets
une droite arbitraire, on la considère comme la direction d'un côté nul ou
infiniment petit du polygone.
Il est, au surplus, à remarquer que la réciproque de cette proposition
n'aura lieu en général que pour le cas particulier du triangle; c'est-à-dire
que, si la relation ci-dessus (157) subsiste entre les segments formés par
trois points E, F, G pris convenablementsur les côtés d'un triangle ABC, ou
sur leurs prolongements, les trois droites AF, CE, BG se croiseront en un
même point D.
Je dis que les trois points E, F, G doivent être pris convenablement sur
les côtés, parce qu'en effet, suivant la remarque déjà faite par M. Brian-
chon, ils doivent toujours être en nombre pair sur les prolongements de ces
côtés. S'il en était autrement, ces trois points appartiendraient à une même
droite, d'après le théorème de l'article 145, appliqué au cas particulier du
triangle.

161. Quand un triangle quelconque ABC (fig. 19) est circonscrit à une
section conique, les trois points de contact E, F, G déterminent sur les côtés
de ce triangle six segments, qui ont entre eux (36 et 152) la relation de
position et de grandeur que nous venons de définir; donc toutes les pro-
priétés démontrées aux articles 154 et 156 lui sont applicables directe-
ment (") : ainsi, par exemple, les droites AF, BG et CE iront se croiser en un
même point D.
Il suit de là que, si l'on se donnait trois tangentes d'une section conique
et les points de contact de deux de ces tangentes, ou trois points et les tan-
gentes en deux de ces points, on obtiendrait de suite, avec la règle seule, soit
le troisième point de contact, soitla troisième tangente dela courbe (**). Nous
verrons bientôt (191) comment, d'après ces données, on peut décrire en-
tièrement cette courbe par points.

(*) Géométrie de position, p. 293 et 453.


(**) Algèbreposthume de Mac-Laurin, 1748, Appendice, § 42.
162. Enfin si, sur la direction des côtés d'un triangle ABC (fig.17 et 18),
on prend, à volonté, trois points L, M, I, situés en ligne droite, puis les
quatrièmes harmoniques E, F, G des premiers par rapport aux côtés ou aux
sommets correspondants du triangle, ces six points jouiront encore des
propriétés qui viennent d'être énoncées. Ainsi, par exemple, les trois droites
AF, BG, CE se croiseront en un même point D, et l'on aura la relation
AE. BF. CG = BE. CF. AG,
qu'il serait d'ailleurs facile de vérifier directement, en écrivant (145) que
la droite LMI est une transversale par rapport au triangle ABC (*).
163. Prenons maintenant, sur les côtés du triangle ABC, de nouveaux
points X, Y, Z, tels, que les distances EL, FM, GI soient partagées en deux
parties égales en ces points respectifs, ou, si l'on veut (31), tels que

on aura (31)

d'où (162)

Ce qui démontre évidemment que les trois nouveaux points X, Y, Z, sont en


ligne droite, comme les trois premiers L, M, 1 qui leur correspondent res-
pectivement, puisque d'ailleurs ils sont nécessairement à la fois extérieurs
au triangle ABC, quelle que soit la position de la droite LMI.
Nous ferons usage de ces considérations plus tard; pour le moment, nous
nous bornerons à en déduire ce théorème déjà connu :
164. Dans tout quadrilatère complet, les milieux des trois diagonales sont
situés sur une même ligne droite.
En effet, dans le quadrilatère complet BAEDFCB (fig. 17), par exemple,

(*) Ces propriétés s'étendent, d'une manière analogue, au tétraèdre, sur chacune des arêtes
duquel on aurait pris deux points, divisant cette arête en segments harmoniques. Ainsi ces douze
points seront trois par trois sur de nouvelles droites, et six à six sur de nouveaux plans, renfer-
mant quatre de ces droites; ce qui fait en tout seize droites et huit plans pareils, dont les derniers
s'entrecoupent tous suivant ces mêmes droites. Voyez à ce sujet le Mémoire de M. Brianchon
sur les surfaces du second degré, inséré au XIIIe Cahier du Journal de VÉcole Polytechnique, et le
théorème XII de l' Essai sur la Théorie des transversales, par M. Carnot.
les trois diagonales forment un triangle GHI dont les côtés sont divisés har-
moniquement par les sommets correspondants du quadrilatère (155), les-
quels sont d'ailleurs disposés, trois par trois, sur quatre lignes droites,
comme les six points E, F, G, L, M, 1 du théorème qui précède (162).
165. On peut généraliser ainsi qu'il suit les théorèmes de l'article 156,
relatifs aux quadrilatères.
Supposons qu'au lieu de mener les transversales EPM, FNL (fig. 17 et 18)
par le point de croisement G des diagonales du quadrilatère ABCD, comme
on l'a supposé au même endroit, on leur donne une direction quelconque
(jig. 20), en les faisant toujours passer par les points de concours E et F des
côtés opposés de ce quadrilatère; la démonstration employée pour le cas
particulier prouve qu'on aura encore, entre les segments formés par ces
transversales sur les côtés, la relation
AL. BM. CN.DP = AP. RL. CM. DN,
c'est-à-dire que :
Si, de chacun des points de concours E, F des côtés respectivement opposés
d'un quadrilatère ABCD, on mène des transversales arbitraires EPM, FNL sur
les deux autres côtés, il en résultera, en tout, quatre points L, M, N, P et huit
segments sur ces côtés ; or le produit de quatre de ces segments, non contigus,
sera égal au produit des quatre autres.
Je dis, de plus, que :
Si l'on joint deux à deux, par de nouvelles droites, les quatre points dinter-
section L, M, N, P, pourformer le quadrilatère simple LMNP, les points de con-
cours 1 et H des côtés opposés de ce quadrilatère seront situés respectivementsur
les deux diagonales du quadrilatèreproposé ABCD.
166. Pour prouver la chose dans toute la généralité qui lui est propre,
nous considérerons un quadrilatère quelconque ABCD (fig. 21), sur les côtés
duquel on ait pris respectivement les quatre points L, M, N, P satisfaisant à
la relation ci-dessus, sans que, pour cela, les points qui appartiennent à des
côtés opposés se trouvent, comme précédemment, sur des droites concou-
rant avec les deux autres côtés du quadrilatère.
Or, la figure peut être considérée comme la projection d'une autre, dans
l'espace, pour laquelle le quadrilatère plan ABCD serait devenu gauche; et,
comme la relation ci-dessus aura également lieu (11) pour le nouveau qua-
drilatère, les quatre points L, M, N, P seront situés (146) dans un même
plan, ce qui ne peut être évidemment sans que les droites LM, PN, AC,
d'une part, et les droites LP, MN, BD, d'une autre, concourent respective-
ment en un même point, soit dans l'espace, soit sur le plan de la figure pri-
mitive (').
La réciproque s'ensuit nécessairement, et peut d'ailleurs se démontrer de
la même manière, c'est-à-dire que :
Si, d'un point quelconque 1 de l'une AC des diagonales d'un quadrilatère plan
ou gauche ABCD, on mène des transversales IML, INP dans les triangles ABC,
A CD formés par cette diagonale, elles iront déterminer, sur les côtés correspon-
dants de ces triangles, quatre points L, M, N, P qui jouiront des mêmes pro-
priétés que les précédents. Ainsi l'on aura la relation ci-dessus (165), et les
nouvelles droites MN et LP, qui appartiennent aux trianglesformés par l'autre
diagonale BD, iront concourir en H sur cette diagonale.
167. Ces divers théorèmes pourraient encore se démontrer directement,
soit au moyen de la propriété (145) du triangle coupé par une transversale
quelconque, soit en mettant la figure en projection sur un nouveau plan, de
façon que la diagonale AC passe à l'infini. Dans ce dernier cas, les triangles
BLM, DNP se changeant nécessairement en deux triangles semblables, sem-
blablement placés et ayant le point H pour centre de similitude, ou point de
concours des trois droites qui joignent, deux à deux, les sommets homo-
logues, toutes les relations ci-dessus se trouveront à la fois satisfaites dans la
nouvelle figure. On voit, en outre, que la proportionnalité des lignes homo-
logues donnera lieu aux nouvelles relations
HP. HM. AL. CN = HL. HN, AP. CM,
HP. HB. AL. CD = HL. HD. AP. CB,
LB.MI.PNAD=LM.NI.PD.AB,
analogues aux précédentes.
La relation graphique qui lie entre eux les deux triangles BLM, DNP peut
évidemment s'exprimer ainsi :
168. Deux triangles quelconques étant tellement disposés, sur un plan, que
leurs sommets respectifs s 'appuient, deux à deux, sur trois droites convergeant
en un même point, les côtés opposés aux sommets qui se correspondent iront

(*) Cette propriété du quadrilatère gauche et sa réciproque peuvent servir à démontrer, d'une
manière très-simple, la double génération de l'hyperboloïde à une nappe au moyen d'une droite.
[Voyez un article de M. Chasles, p. 466 du tome II de la CorrespondancePolytechnique.) Les pro-
positions des articles 170, 171, celles surtout des articles 201, 208, 215 et 217 conduiraient à ce but
d'une manière plus directe encore. Ces propositions et leurs corollaires ont donc entre elles la plus
grande analogie, et se rapportent toutes à des propriétés des surfaces gauches du second degré.
Voyez, à la page 332 du tome 1 des Annales de Mathématiques, une démonstration du principe
de l'article 201, par M. Servois.
concourir, dans le même ordre, en trois points situés en ligne droite ; et récipro-
quement, si ces côtés concourent, deux à deux, en trois points situés en ligne
droite, les droites qui joignent, dans le même ordre, les sommets correspondants
des triangles iront converger en un même point (*).
Soient, par exemple, ABC, A'B'C' (fig. 22 et 23) deux triangles tellement
disposés, que les droites AA', BB', CC' concourent en un même point S; les
côtés AB et A'B', BC et B'C', AC et A'C iront concourir respectivement aux
trois points 1, K, L situés en ligne droite; et réciproquement, si ces trois
points sont sur une même droite, les trois droites AA', BB', CC' concourront
en un même point S.
Cette relation nous offre le premier exemple de deux figures qui sont la
projection ou perspective l'une de l'autre dans un plan (14), et il est bien
digne de remarque que, pour l'établir, il n'est point indispensable d'avoir
recours aux relations métriques des figures; car elle est évidente, à priori,
pour le cas où les triangles sont dans l'espace, et elle le devient, par là même,
pour celui où ils sont dans un plan, puisque l'une de ces figures peut tou-
jours être considérée comme la projection de l'autre. Nous reviendrons, au
reste, plus tard sur ces considérations, en les exposant dans toute leur gé-
néralité.
169. Retournons maintenant aux circonstances particulières offertes par
la fig. 20 et ses analogues, où les droites PM, LN, passent par les points de
concours E, F des côtés opposés du quadrilatère ABCD.
On remarquera, en premier lieu, que ces droites et les côtés du quadrila-
tère forment naturellement un hexagone ALNCMPA dont les côtés de rang
impair AL, CN, MP concourent en E, tandis que ceux de rang pairLN,MC, AP
concourent en F ; or, d'après ce qui précède (165), les trois droites LM, AC,
PN, qui joignent les sommets respectivement opposés de l'hexagone, con-
courent aussi en un même point 1; donc on a ce nouveau théorème :
Dans tout hexagone plan, dont trois côtés non contigus quelconques con-
courent en un même point, tandis que les trois autres concourent également en
un point, les trois diagonales qui joignent les sommets respectivement opposés
vont aussi se croiser en un seul et même point.
(*) Desargues est, je crois, le premier qui ait exposé cette propriété des triangles ( voyez la fin
du Traité de perspective, publié par Bosse, en 1648). Elle paraissait complétementoubliée, lorsque
M. Servois la reproduisit dans un excellent ouvrage publié à Metz, en l'an XII ( 1804), sous le
titre modeste de : Solutions peu connues cle différents problèmes de Géométrie pratique, p. 23.
On est parvenu depuis une propositionbeaucoup plus générale. Voyez lapage326 du tome XI des
Annales de Mathématiques, et la page 69 du tome XII du même recueil.
170. On peut remarquer pareillement que la figure ENPFMLE forme un
autre hexagone, dont les sommets s'appuient alternativement sur les deux
droites EM et FL, et qui est ce qu'on appelle inscrit à ces droites : or, les
côtés EN et FM, NP et LM, PF et LE, qui sont respectivement opposés dans
cet hexagone, vont concourir aux trois points C, 1, A, placés sur une même
droite; donc on a cet autre théorème, qui a la plus grande analogie avec le
premier :
Dans tout hexagone inscrit à deux droites situées sur un plan, les points de
concours des côtés respectivement opposés sont tous trois sur une même droite { ' ).
171. Ces deux théorèmes ne sont, comme on voit, que des manières dif-
férentes d'exprimer la propriété de l'article 165, relative au quadrilatère
complet coupé par deux transversales passant par deux de ses sommets
opposés; ce qui n'empêche pas que, sous cette nouvelle forme, ils ne soient
très-importants à considérer, car les figures auxquelles ils se rapportent sont
essentiellementdistinctes, si l'on ne veut point avoir égard au prolongement
indéfini des lignes, ce qui arrive presque toujours dans les recherches géo-
métriques. La figure que l'on considère peut d'ailleurs être tellement dis-
posée, qu'il soit difficile de reconnaître celle à laquelle elle se rapporte en
particulier, et il en est de cela évidemment comme des diverses transfor-
mations qu'on fait subir à une même relation métrique appartenant à une
figure.
Considérons, par exemple, l'hexagone ABCDEFA (fig. 24 )> inscrit au
système des deux droites DB et AE; il résulte de ce qui précède que les
points de concours 1, K, L des côtés opposés sont sur une autre droite; or il
serait très-difficile de reconnaître cette particularité, à priori, si l'on vou-
lait avoir recours à la propriété ci-dessus (165) du quadrilatère.
On remarquera, au surplus, que la distinction que nous venons d'établir
entre les diverses manières d'énoncer les propriétés d'une même figure ne
saurait s'appliquer à des figures qui, quoique présentant un aspect différent,
sont pourtant de même nature et composées des mêmes lignes diversement
placées entre elles ; en un mot, à des figures qui peuvent être censées pro-
venir les unes des autres par la simple transposition de quelques parties : car
ces figures, étant corrélatives (53), jouissent absolument des mêmes pro-
priétés, en vertu de la loi de continuité. Ainsi, par exemple, quelle que
soit la position respective des sommets A,B,C, D,E,F de l'hexagone ci-des-

(*) C'est la CXXX" Proposition du livre VII des Collections Mathématiques de Pappus, ou
le lemme XIIIe pour les Porisl7lCs d'Euclide.
sus, pourvu qu'ils ne cessent pas d'appartenir aux deux mêmes droites. AE
et BD, la propriété qui les concerne sera toujours vraie et applicable : la.
même remarque devra s'étendre, en général, à tout ce qui va suivre.
172. Soient maintenant ABCD (fig. a5) un quadrilatère simple quelconque
avec ses deux diagonales AC et BD, ae une droite ou transversale arbitraire
rencontrant les directions indéfinies de ces diagonales aux points e, etf
celles des côtés AB, BC, CD, DA aux points a, b, c, d respectivement; je dis
qu'on aura les sept relations suivantes, dont une quelconque doit nécessai-
rement comporter toutes les autres, c'est-à-dire que, par des transforma-
tions convenables, on doit pouvoir les rendre identiques :

ee .ab .df = eb.af. de, ea.cd.bf = ed.cf.ab,


f = ae.be.df,
ad.be. e ad.bf.ee = de.af.be.
Pour le prouver, on remarquera d'abord que les quatre dernières relations
peuvent se déduire des trois autres par voie de multiplication. Cela posé, si
l'on met la figure en projection sur un plan, de façon (105) que les points
de concours E et F des côtés opposés du quadrilatère passent à l'infini, ce
quadrilatère se changera en un parallélogramme, pour lequel il sera facile
de vérifier les trois premières relations, en comparant les triangles qui sont
semblables; et, comme elles sont projectives (20), il s'ensuit qu'elles auront
lieu également pour le quadrilatère proposé.
173. Ces relations fort remarquables ont été données, d'une manière ana-
logue, par M. Briancbon, dans son intéressant Mémoire sur les lignes du
second ordre, § VIII. Pappus avait déjà démontré, dans le VIle livre des Col-
lections Mathématiques (Propos. CXXX), une propriété qui, envisagée sous
un autre point de vue, exprime l'une des dernières de ces relations; enfin
on trouve également dans la Géométrie de position, p. 456, un théorème sur
le quadrilatère qui revient encore aux premières d'entre elles : l'auteur l'a
déduit comme conséquence particulière d'une proposition beaucoup plus
générale, relative aux polygones inscrits aux sections coniques, et que nous
ferons connaître par la suite. Il fait observer que cette propriété du quadri-
latère est une extension de celle (155) qui concerne la division harmonique
des diagonales du quadrilatère complet, puisqu'il suffit, pour obtenir cette
dernière, de supposer, dans les relations ci-dessus, que la transversale ae
s'applique sur la troisième diagonale EF du quadrilatère BAEDFCB.
Nous ajouterons qu'on obtiendrait des résultats analogues pour les droites
qui joignent les points E, F au point de croisement G des deux autres dia-
gonales, et qu'on arriverait à des conséquences égalementdignes de remarque,
si l'on supposait que la transversale passât seulement par l'un des points de
concours E, F des côtés opposés du quadrilatère ABCD, ou par le point d'in-
tersection G de ses diagonales : le nombre des relations non identiques se
réduirait alors à quatre (*), dont l'une quelconque comporterait les trois
autres; en sorte qu'une seule d'entre elles ayant lieu entre cinq points rangés
sur une droite, les dernières s'ensuivraient nécessairement.
.
174. M. Brianchon, en faisant connaître les relations générales ci-dessus,
remarque qu'elles sont précisément celles qui auraient lieu entre les douze
segments formés sur un quadrilatère complet dont les trois diagonalesseraient
ef, ac, bd, relations qu'on obtient de suite C'''') en considérant la direction
de l'un quelconque des côtés de ce quadrilatère comme une transversale (145)
par rapport au triangle formé par les trois autres. Or cette correspondance
découle naturellement du principe de l'article 15 ; car six points rangés sur une
même droite, entre lesquels une seule des relations dont il s'agit aurait lieu,
pourraient, par cela même, être considérés comme la projection, sur cette
droite, des six sommets qui appartiennent à un quadrilatère complet, en
supposant que toutes les lignes de la figure et le centre de projection soient
dans un seul et même plan.
On voit par là que ces considérations pourraient être étendues à un
nombre quelconque de points rangés, suivant un certain ordre, sur une même
droite, et qu'il en résulterait une infinité de relations analogues à celles qui
précèdent, lesquelles, comme nous l'avons déjà fait observer (32), seraient
autant de propositions dans le genre des lemmes analytiques des anciens.
175. Le principe que nous venons de citer conduit à une autre remarque
non moins intéressante, et qui donne, en quelque sorte, l'interprétation des
sept relations de l'article 172.
Supposons que l'on considère la droite ae comme une transversale par
rapport au triangle ACD formé avec trois des sommets du quadrilatère sim-
ple ABCD, on aura la relation (145)
dA.eC.cD = dD.eA.cC,
laquelle devient évidemment, d'après le principe cité et en supposant qu'on

(*) Voyez l'article 178, plus loin.


(** Géométrie de position, p. ay8 et 270.
la projette du quatrième sommet B du quadrilatère sur la transversale ae,
ad.be.cf ae.bc.df,

qui est identique avec la sixième des relations trouvées ci-dessus.
En prenant à son tour chacun des trois derniers sommets du quadrilatère
pour centre de projection par rapport au triangle formé par les trois autres,
supposé coupé par la transversale ae, on obtiendrait évidemment les trois
relations analogues à celles qui précèdent. Quant aux relations qui ont lieu
entre huit segments, il est aisé de s'assurer qu'elles sont la projection sur
la transversale ae, et par rapport aux points de concours E,F, G des côtés
et des diagonales, pris successivement pour centres de projection, de la
relation qui existe entre les huit segments formés par cette même transver-
sale sur la direction indéfinie des quatre côtés du quadrilatère.
176. Les sept relations qui viennent de nous occuper se rapportent évi-
demment à celles qui auraient lieu entre les segments formés, sur une trans-
versale arbitraire, par les directions indéfinies des six distances qui séparent
deux à deux quatre points A, B, C, D, pris à volonté sur un même plan :
par où l'on voit que, si ces quatre points étaient situés d'une manière quel-
conque dans l'espace, auquel cas les six distances qui les séparent deux à
deux formeraient naturellement un tétraèdre quelconque, les sept relations
dont il s'agit devraient également avoir lieu entre les douze segments cor-
respondants formés, sur ces distances ou leurs prolongements, par un plan
transversal arbitraire; car cette dernière figure peut être considérée comme
ayant pour projection la première, par rapport à un point quelconque du
plan transversal pris pour centre de projection. Et, comme d'ailleurs les
relations dont il s'agit peuvent s'établir directement, en considérant succes-
sivement les quatre faces triangulaires et les trois quadrilatères gauches qui
appartiennent au tétraèdre comme coupés par le plan transversal (145,146),
il en résulte, à priori, une nouvelle démonstration fort simple de la propo-
sition de l'article 172.
177. Enfin les sept relations qui nous occupent peuvent encore être
considérées comme exprimant la propriété d'un quadrilatère plan quel-
conque ABCD, inscrit aux systèmes de deux droites BD, AC (c'est-à-dire
(lont les sommets s'appuieraient alternativement sur ces droites), relative-
ment à une transversale ae tracée arbitrairement dans le plan de la figure ;
or je dis que ces mêmes relations auront lieu aussi, quand on remplacera le
système des deux droites AC et BD par une section conique quelconque ABCD
(fig.
26).
En effet, si l'on met la figure en projection sur un nouveau plan, de façon
que cette section conique devienne un cercle, et que les points de concours
des côtés opposés du quadrilatère passent à l'infini (109), ce quadrilatère
se changera (105) en un rectangle inscrit, coupé, ainsi que le cercle, par
la transversale ae, et dans lequel on aura évidemment, d'après la propriété
connue des sécantes,

Mais, à cause des triangles semblables, on aura aussi

donc

relation qui revient évidemment à la première des sept relations de l'ar-


ticle 172, lesquelles par conséquent ont lieu à la fois pour un quadrilatère
inscrit à une section conique, coupé par une transversale quelconque.
178. Ce beau principe fait la base du Mémoire, souvent cité, de M. Brian-
chon : d'après un passage de l'Essai sur les Coniques de Pascal (*), il paraî-
traît que Desargues avait connu quelques-unes des relations qui le con-
cernent ; ce que confirme également une lettre de Beaugrand, publiée
en 1639. Cette lettre, vraiment digne de Zoïle, contient la critique d'un écrit
de Desargues, imprimé la même année, et ayant pour titre : Brouillonprojet
d'une atteinte aux événements des rencontres du cône avec un plan, etc. Selon
Beaugrand, le tiers de cet écrit était employé à examiner les propriétés qui
résultent de l'assemblage de six points rangés sur une même droite, entre
lesquels auraient lieu les trois premières relations de l'article 172 ; il ajoute
que Desargues nommait cette liaison remarquable: involution de six points,
laquelle se réduit simplement à une de cinq, quand deux de ces six points
(qui sont conjugués ou jouent le même rôle par rapport aux quatre autres)
se confondent en un seul, et à une de quatre, quand la même chose arrive
pour deux autres points également conjugués, ce qui donne alors lieu à ce
que nous avons nommé relation harmonique. (ANNOTATIONS de YErrata.)
Supposons, par exemple, que les points e,f (fig. 25), qui sont évidem-
ment conjugués, se confondent en un seul g, les relations (172) se rédui-

(* ) Voyez la note de l'article 148.


ront simplement aux quatre suivantes :

gc .gd -ab = ga.gb .cd, gb.gc.ad = ga.gd.bc,


lesquelles constituent ainsi une involution de cinq points.
La plus grande partie du surplus de l'ouvrage de Desargues aurait été
consacrée, d'après ce qu'en dit le même Beaugrand, a établir la proposition
suivante, ainsi que ses corollaires : Un quadrilatère étant inscrit à une section
conique quelconque, toute transversale détermine, par ses intersections avec la
courbe et les côtés du quadrilatère, six points qui sont en involution (*).
179. On voit, d'après cela, que l'ouvrage de Desargues, qui ne nous est
point parvenu, devait contenir plusieurs des intéressantes propriétés du qua-
drilatère inscrit qui sont aujourd'hui généralement connues; et, en effet, le
théorème de l'article 177 est un des plus fécondsqui existent sur les coniques,
comme on peut le voir par l'excellent parti qu'en a su tirer M. Brianchon,
dans le Mémoire déjà plusieurs fois cité.
Supposons, par exemple, que l'on connaisse cinq points A, B, C, D et/
d'une section conique; et qu'ayant mené arbitrairement, par le pointf, une
transversale indéfinie fe qui coupe, en a et c, b et d, les deux couples de côtés
respectivement opposés du quadrilatère ABCD, formé au moyen des quatre
autres points donnés pris pour sommets, on demande le second point d'inter-
section e de la transversale et de la courbe.
On construira le nouveau quadrilatère A'B'CfD' dont la diagonale B'D'
passe par/, et dont les couples des côtés opposés concourent respectivement,
en a et c, b et d, avec les côtés opposés du premier quadrilatère; la seconde
diagonale A' Cf ira (172 et 177) rencontrer la transversale au point e demandé ;
et ce procédé, comme le remarque M. Brianchon (**), s'appliquera même au
cas où, étant situés sur le terrain, les quatre points A, B, C, D seraient
inaccessibles, quoique visibles dans les directions AB, BC, CD et DA.
Cette construction ingénieuse donne, comme on voit, le moyen de résoudre
linéairement, c'est-à-dire avec la règle ou des jalons, le problème qui suit :
Par cinq points, donnés à volonté, faire passer une section conique.
180. Supposons encore qu'ayant rendu fixes les trois points a, b, c de la
(*) On retrouve aussi quelques-unes de ces propriétés du quadrilatère inscrit dans le Ve Livre
du Traité des Sections coniques, par Robert Simson (2e édition; Édimbourg, 1750), mais étendues
au cas où la transversale touche ou cesse de rencontrer la courbe.
(**) Mémoire sur les lignes du second ordre, § XXX.
transversale ci-dessus, on fasse mouvoir le quadrilatère ABCD, de façon que,
demeurant toujours inscrit à la courbe, ses trois premiers côtés passent,
dans le même ordre, par les points dont il s'agit ; le quatrième côté CD pivo-
tera évidemment sur un dernier point fixe d, situé sur la droite qui ren-
ferme les trois autres ; théorème qu'on peut énoncer ainsi :
Si l'on inscrit à une section conique une suite de quadrilatères dont les trois
premiers côtés aillent concourir sans cesse, et dans un ordre assigné, en trois
points pris à volonté sur la direction d'une même droite, le quatrième côté
pivotera également sur un quatrièmepointfixe, placé sur la droite dont il s'agit.
181. Cette propriété, qui subsiste évidemment quand on remplace la sec-
tion conique par le système de deux lignes droites quelconques, n'est qu'un
cas très-particulier d'une proposition beaucoup plus générale qui sera
démontrée par la suite. Il serait d'ailleurs aisé de l'établir directement à
l'aide de nos principes ; car, en mettant la figure en projection de façon que
la section conique devienne un cercle et que la transversale des points fixes
passe à l'infini (109), les trois premiers côtés du quadrilatère demeureront
sans cesse parallèles à eux-mêmes; donc il en sera de même aussi du qua-
trième : c'est-à-dire que ce côté concourra sans cesse en un point dela trans-
versale à l'infini.
182. On pourrait encore déduire, comme l'a montré M. Brianchon, beau-
coup d'autres conséquences du théorème de l'article 177 ; en supposant, par
exemple, que la transversale touche la courbe, passe par l'un des points de
concours des côtés opposés du quadrilatère, ou les renferme tous deux à la
fois, et enfin en supposant qu'un ou deux côtés opposés de ce même quadri-
latère deviennent infiniment petits ou tangents à la courbe, auquel cas les
deux autres côtés se confondent en un seul qui est la corde de contact même
des deux premiers. Dans ces divers cas, les relations établies ci-dessus se
réduisent a quatre (178), ou seulement à une seule, et expriment les pro-
priétés qui lient entre eux les points correspondants de la transversale ; les-
quels, d'après Desargues, forment alors des involutions de cinq ou de quatre
points.
Je n'entrerai point dans le détail de cette discussion, qui est facile, et des
diverses conséquences qui peuvent s'en déduire relativement aux figures
inscrites aux sections coniques, mon but n'étant ici que de montrer com-
ment la doctrine des projections peut conduire, d'une manière simple et
directe, aux principales relations de la théorie des transversales.
183. C'est d'ailleurs le cas de remarquer la facilité avec laquelle les prin-
cipes de cette théorie conduisent immédiatement aux propriétés de situation
des systèmes de lignes droites ; nous en avons présenté, à dessein, plusieurs
beaux exemples dans ce qui précède, et il serait aisé de les multiplier davan-
tage, en montrant, avec MM. Carnot, Servois et Brianchon, qu'il n'est aucune
des propriétés. des points de concours qui ne puisse être considérée
comme
un corollaire de quelque relation de la Géométrie des transversales ; mais ce
n est pas ainsi que nous nous sommes proposé de parvenir aux propriétés des-
criptives des figures; et, de même que nous avons cherché a établir les pre-
mières d'une manière pour ainsi dire isolée, de même aussi nous voulons arri-
ver à celles-ci directement et indépendamment de la connaissance des autres.
Ce n'est pas qu'au fond, en y réfléchissant bien, on puisse réellement séparer
ces deux genres de spéculations, si ce n'est peut-être en admettant, à priori
et dans toute son étendue, le principe de continuité; toujours est-il, et nous
pensons ainsi avec M. Gergonne (*), qu'on doit, le moins qu'il est possible,
faire intervenir les unes de ces propriétés dans la démonstration des autres.
184. Et, comme les propriétés générales des systèmes de lignes droites
indéfinies ne sont encore, ainsi que nous en avons déjà vu quelques exemples,
que des cas particuliers des propriétés beaucoup plus générales apparte-
nant aux sections coniques (**); que ces dernières propriétés sont souvent
plus faciles à établir ; que d'ailleurs on peut passer immédiatement de celles-
ci aux premières par la seule application de la loi de continuité, il entre dans
le plan de cet ouvrage d'exposer d'abord les cas généraux, et d'en déduire
ensuite les autres comme simples corollaires; d'autant plus que, par là, on
peut éviter bien des longueurs et des répétitions inutiles. C'est ainsi que
nous procéderons désormais, soit dans le Chapitre suivant, soit dans tout le
reste de l'ouvrage : souvent même il nous arrivera d'indiquer rapidement les
conséquences, sans nous y arrêter; plus souvent encore il nous arrivera, à
mesure que nous avancerons, de les négliger tout à fait pour les abandonner
à la sagacité du lecteur.
Enfin il serait pareillement inutile de s'arrêter à chaque pas pour exa-
miner ce que deviennent les propriétés des figures générales, quand, leur

(* ) Annales de Mathématiques, t. VIII, p. 160.


( **) Pour apercevoir commentcette conséquence résulte immédiatement de la loi de continuité,

on peut supposer que la courbe, étant d'abord une hyperbole, se soit confondue ensuite avec ses
asymptotes, en restant ainsi (43, note) s. et s. p. par rapport à elle-même; il est évident que,
dans ce nouvel état, elle aura conservé le même centre, la même direction et le même rapport de
diamètres conjugués. Quant aux tangentes, elles passeront toutes alors par le centre devenu le
sommet de l'angle des deux droites.
appliquant le principe de continuité, on suppose que certains points, cer-
taines lignes se réunissent ou se confondent, disparaissent entièrement ou
s'éloignent à l'infini, et nous nous bornerons là-dessus, comme pour ce qui
précède, à donner quelques exemples et à indiquer rapidement les autres.
Après ces explicationsqui nous paraissaient indispensables, nous pouvons
passer aux autres propriétés de la Géométrie de la règle.

CHAPITRE II.
CONTINUATION DU MÊME SUJET. -
DES FIGURES INSCRITES ET CIRCONSCRITES AUX
SECTIONS CONIQUES. -QUESTIONS QUI S'Y RAPPORTENT.
ET POLAIRES RÉCIPROQUES.
-
THÉORIE DES POLES

185. Un quadrilatère quelconque étant inscrit à une conique, soit tracée


la droite qui passe par les deux points de concours des côtés opposés; on
pourra regarder la figure comme la projection d'une autre, pour laquelle la
droite en question sera passée a l'infini, en même temps que la section conique
sera devenue un cercle (109) ; le quadrilatère inscrit à cette section conique
sera lui-même converti en un quadrilatère inscrit au cercle, et ayant les côtés
opposés parallèles (105), c'est-à-dire que ce sera un rectangle.
Soit donc ABCD [fig. 27) le rectangle dont il s'agit ; toutes les propriétés
projectives qui lui appartiendront, ainsi qu'au cercle correspondant, seront
aussi des propriétés de la figure primitive.
Cela posé, par chacun des sommets A, B, C, D menons une tangente au
cercle pour former le parallélogrammecirconscrit abcd, dont les côtés opposés
vont par conséquent concourir à l'infini ; traçons les diagonales AC et BD, cic
et bd: elles passeront par le centre P, et, de plus, les deux dernières seront
parallèles aux côtés du quadrilatère ABCD, ou concourront avec eux à l'in-
fini. Menons enfin des tangentes aux points E et G, F et H où ces mêmes dia-
gonales coupent la circonférence : elles seront, deux à deux, parallèles entre
elles et aux côtés du rectangle inscrit, et iront par conséquent concourir
avec eux en deux points à l'infini; de plus, toutes les droites, partant du
centre P et terminées à la circonférence ou aux côtés opposés des deux qua-
drilatères ABCD, abcd, sont divisées en parties égales en ce point, et peuvent
être regardées comme coupées harmoniquement par ce même point et par
celui qui est à l'infini; etc., etc.
Si l'on se reporte maintenant à la figure primitive, les droites parallèles
entre elles seront devenues concourantes en des points de la droite (106)
qui représente celle à l'infini ; le centre P sera devenu (117) le pôle de cette
droite, et tout le reste sera le même de part etd'autre; donc on a ce théorème :
186. Si on inscrit à une section conique un quadrilatère quelconque ABCD
(jig. 28), et qu'on lui en circonscrive un autre abcd, dont les côtés touchent la
courbe aux sommets du premier:
10 Les quatre diagonales de ces deux quadrilatères se croiseront en un même
point P.
20 Les points de concours L et M, 1 et m, des côtés opposés du quadrilatère
inscrit et du quadrilatère circonscrit, seront tous quatre rangés sur une même
droite polaire de P.
3° Les diagonales du quadrilatère circonscrit iront concourir respectivement
aux points L et M où se coupent, deux à deux, les côtés opposés du quadrilatère
1.nscrit.
4° Chacun de ces derniers points est le pôle de la droite, ou diagonale, qui
le
passe par l'autre et par point P; ou, ce qui revient au même, c'est le point de
concours des tangentes qui correspondentà cette diagonale.
5° Toute ligne droite, passant par le point P et terminée à la section conique
ou à deux côtés opposés de l'un des quadrilatères, est divisée harmoniquement
en ce même point et en celui où la droite rencontre sa polaire LM ; et pareille
chose a lieu à l'égard des points L, M par rapport aux droites PM et PL dont
ils sont les pôles.
La fig. 27, étant symétrique, donne une infinité d'autres relations et
d'autres alignements, et chacun d'eux fournit un théorème : ainsi, par
exemple, en appelant F' et H' les points où la diagonale bd rencontre les
côtés opposés AD et BC du quadrilatère inscrit, on a (20 et 28) les relations
projectives suivantes :

Mb.MF.Hd=:=Md.MH.Fb;
On remarquera que les quatre dernières relations expriment des pro-
priétés du quadrilatère complet circonscrit lbmcdal, et que les trois précé-
dentes appartiennentaux cinq points qui résultent, en général, de la courbe,
d'un angle quelconque bad circonscrit à cette courbe et de la corde de con-
tact AB de cet angle, quand on les coupe par une même transversale arbi-
traire bd (182). On voit d'ailleurs qu'on obtiendrait des relations analogues
pour les autres diagonales ac, Im du quadrilatère complet circonscrit : la
facilité avec laquelle on peut reconnaître toutes ces propriétés nous dispense
d'entrer dans de plus grands développements (*).
187. Quand la courbe est. décrite, la fig. 28 indique des moyens fort
simples de trouver le pôle par la polaire, et réciproquement, le tout en
n'employant que la règle seulement : elle donne donc aussi un moyen, pure-
ment linéaire, de mener, d'un point extérieur à une section conique, deux
tangentes à la courbe; car les points de contact se trouvent évidemment à
l'intersection de cette courbe et de la polaire du point donné.
Par exemple, voulant mener du point M deux tangentes ME, MG à la
courbe, on n'aura qu'à tracer les sécantes arbitraires MBA, MCD par ce point;
joignant ensuite, par de nouvelles droites, les points d'intersection A, B,
C, D ainsi obtenus, elles iront se croiser aux points P et L appartenant à la
corde de contact ou polaire EG du point M (**).
188. On voit pareillement que, si l'on se donnait soit quatre points A, B.
C, D d'une section conique et la tangente en l'un de ces points, soit quatre
tangentes ab, bc, cd, ad et le point de contact de l'une d'elles, on obtiendrait
de suite, par des constructions purement linéaires, les tangentes qui appar-
tiennent aux trois autres points, ou les points de contact qui appartiennent
aux'trois autres tangentes.
189. En général, si l'un des quadrilatères ABCD, abcd est donné, on
connaîtra les trois points L, M, P qui lui sont communs avec l'autre, et l'on

(*) Les 4e et 5e des propriétés énoncées en tète de cet article ont été données par de Lahire,
dans les deux premiers livres de ses Traités des sections coniques, imprimés à Paris en 1673
et i685; les trois autres appartiennent à Mac-Laurin (-voyez l'ouvrage déjà cité, art. 161, note) :
elles ont été reproduites ensuite par R. Simson, Millier, etc. Ces différents géomètres n'ont, proba-
blement fait que répéter ce qu'avait déjà exposé le célèbre Pascal, dans le Ille Livre de son Traité
inédit sur les sections coniques. D'après les Propositions 154, i55, 156, 15g, 161 du VIF Livre des
Collections Mathématiques, qui n'étaient que des lemmes pour les Porismes d'Euclide, il parai-
trait que les anciens ont aussi connu quelques-unes de ces propriétés.
(**) Cette construction se trouve indiquée dans le Mémoire de M. Brianchon, déjà cité plus haut,
art. 162, note.
pourra s'en servir pour déterminer linéairement, ou avec la règle, toutes
les parties de la figure qui en dépendent directement.
Qu'on se donne, par exemple, le quadrilatère circonscrit abcd et un point
quelconque de la direction de l'un des côtés du quadrilatère inscrit, ce der-
nier sera entièrement déterminé de position, comme ci-dessus (188), aussi
bien que les quatre points de contact du premier : il en arriverait de même
évidemment si l'on se donnait le quadrilatère inscrit ABCD avec une droite
quelconque renfermant l'un des sommets du quadrilatère circonscrit, car
ce dernier serait entièrement déterminé de situation.
190. Supposons encore que l'on connaisse, soit le quadrilatère circonscrit
abcd et un point H de la courbe, situé sur l'une bd de ses diagonales, soit le
quadrilatère inscrit ABCD et la direction d'une tangente HL passant par
l'un L des points de concours des côtés opposés de ce quadrilatère; on voit,
par la figure, que la tangente au point donné H, ou le point de contact de
la tangente donnée HL, seront immédiatement connus. On aura donc cinq
tangentes de la courbe et le point de contact de l'une d'elles dans le pre-
mier cas, et cinq points de la courbe et la tangente en l'un d'eux dans le
second ; au moyen de quoi, et de ce qui précède (188), on obtiendra de suite,
toujours par des constructions linéaires, soit les points de contact des autres
tangentes, soit les tangentes des autres points.
Enfin, si l'on se donnait généralement cinq points ou cinq tangentes
quelconques de la courbe, on déterminerait encore sans peine et linéaire-
ment, au moyen des propriétés 2e et 3e de l'article 186, soit les tangentes
aux points donnés, soit les points de contact des tangentes pareillement don-
nées (*); mais nous exposerons bientôt des moyens plus directs et plus
simples pour résoudre ces dernières questions.
191. Dans les diverses circonstances particulières qui viennent de nous
occuper, auxquelles il faut joindre celles de l'article 161, on pourra con-
struire la courbe, qui est unique, par points, sans employer d'autre instru-
ment que la règle ou de simples alignements.
Supposons, en effet, que l'on connaisse les deux tangentes mB, mD, se

(*) Ces constructions, aussi bien que celles de l'article 488, ont été données par Mac-Laurin
dans l'Appendice placé à la fin de son Traité d'Algèbre posthume, §§ 38, 39, 40 et 4I. Celles d'es

articles 189 et 490 l'ont été par M. Brianchon, partie dans son Mémoire sur les lignes du second
ordre, partie dans un article imprimé, p. 383 du tome II de la Correspondance Polytechnique,
lequel renferme, en outre, la discussion des divers autres cas où la section conique peut se construire
par points au moyen de la règle seule. Nous reviendrons plus loin sur quelques-uns d'entre eux.
rencontrant en m, les points de contact B, D de ces tangentes et un troi-
sième point quelconque C de la courbe; la fig. 28 indique un moyen très-
simple et purement linéaire d'en trouver à volonté un quatrième A, et par
suite la tangente qui lui correspond : tout consiste évidemment à construire
un triangle quelconque AML dont les côtés passent par les trois points
connus B, D, m, et dont les sommets M, L s'appuient sur les droites données
CB et CD.
Si, au lieu du point- C de la courbe, on se donnait une troisième tan-
gente quelconque bc, la figure montre qu'on en obtiendrait également une
infinité d'autres ad et les points de contact correspondants A, en construi-
sant une suite de triangles aPd dont les sommets s'appuient sur les deux
premières tangentes données et sur la corde de contact BD qui leur appar-
tient, et dont les côtés aP, dP, adjacents au sommet P situé sur cette corde,
passent respectivement par les points d'intersection c et b de la troisième
tangente donnée bc avec les deux premières mB et mD; car les derniers
côtés ad des triangles ainsi construits seront évidemment les tangentes de-
mandées (186).
Ces diverses constructions ne sont d'ailleurs que des cas particuliers de
celles qui seront exposées un peu plus loin (203 et 209).
192. La relation qu'ont entre eux, et avec les quadrilatères inscrits et
circonscrits, les trois points L, M, P et les droites qui les contiennent
deux à deux est, comme nous l'avons vu, très-remarquable, et peut s'ex-
primer ainsi :
1° Dans tout quadrilatère inscrit à une conique, les points de concours des
diagonales et des côtés respectivement opposés sont trois points, tels que l'un
quelconque d'entre eux est le pôle de la droite qui renferme les deux autres.
20 Dans tout quadrilatère complet, circonscrit à une conique, chacune des
trois diagonales est la polaire du point d'intersection des deux autres.
Il résulte d'ailleurs directement de ce qui précède (186) que :
t 10 Quand trois points P, L, M, situés sur le plan d'une section conique,
»
sont tels, que l'un quelconque d'entre eux est le pôle de la droite qui con-
»
tient les deux autres, tous les triangles ABC, BDC, etc., inscrits à la
»
courbe de façon que les deux premiers côtés de ces triangles passent-res-
»
pectivement par deux des points donnés, ont naturellement leur dernier
»
côté dirigé vers le troisième ; de plus, chaque côté se trouve divisé harmo-
»
niquement par le point correspondant et par la droite qui renferme les
»
deux autres.
»
2° Dans les mêmes circonstances, il existe également une infinité de
»
triangles adm, abl, etc., circonscrits à cette même courbe, dont. les som-
» mets s'appuient respectivement sur les droites ML, MP, PL qui joignent,
»
deux à deux, les points en question, et chacun des côtés du trian-
»
gle LMP formé par ces droites est divisé harmoniquemenl par le som-
» met correspondant du triangle circonscrit et par le. côté opposé à ce
» sommet (*). »
193. Ces propriétés des triangles inscrits et circonscrits s'appliquant,
d'une manière analogue, aux quadrilatères inscrits dont les côtés opposés et
les diagonales concourent aux trois points L, M, P, et aux quadrilatères
complets circonscrits dont les sommets opposés s'appuient respectivement
sur les droites qui joignent deux à deux ces trois points, il en résulte que,
quand les droites et les points dont il s'agit seront connus, on pourra con-
struire linéairement (155), et d'une manière très-simple, soit le quadrilatère
inscrit quand un des sommets sera donné, soit le quadrilatère circonscrit
quand un des côtés sera pareillement donné : or cette circonstance arrivera
(192) toutes les fois qu'on aura, soit un autre quadrilatère inscrit, ou quatre
points de la courbe, soit un autre quadrilatère circonscrit, ou quatre tan-
gentes de cette même courbe.
Si donc on se donne, en outre, soit un nouveau point, soit une nouvelle
tangente, on obtiendra immédiatement trois autres points ou trois autres
tangentes de la courbe, laquelle ne pourra néanmoins se construire tout
entière par ce procédé, qu'autant qu'on se serait donné à la fois cinq points
ou cinq tangentes; car, si l'on avait au contraire quatre tangentes et un
point, ou quatre points et une tangente, on obtiendrait bien trois nouveaux
points ou trois nouvelles tangentes, ce qui ferait en tout quatre points et
quatre tangentes, mais il serait impossible évidemment d'en obtenir d'autres
de la même manière (**).
194. Les propositions de l'article 186 donnent encore lieu aux énoncés
qui suivent :
Si l'on inscrit, à une section conique, une suite de cordes AB, A'B', A"B",...,

(*) Ces diverses propriétés ont été indiquées par M. Brianchon, aux §§ 20, 21, 22 et 23 du
Mémoire sur les lignes du second ordre; elles sont (182) des corollaires fort simples du théorème
(177) sur le quadrilatère inscrit, coupé par une transversale quelconque.
Cette construction, pour le cas de quatre tangentes et un point, revient à celle du § 23 du
(** )

Mémoire souvent cité de M. Brianchon. Voyez aussi le § 43 de l'Appendice de Y Algèbre de


Mac-Laurin.
( fig. 29), toutes dirigées vers un même point P choisi à volonté sur le plan de
la courbe, il arrivera que :
1° Tous les points C, C',..., qui sont, par rapport à ces cordes, les quatrièmes
harmoniques conjugués du point P, seront situés sur une seule et même ligne
droite, polaire ou corde de contact de P ( * )

2° Tous les points de croisement L et M, L' et M',..., des nouvelles cordes qui
joignent, deux à deux, les extrémités appartenant aux différents couples des
premières, seront encore situés sur la polaire dont il s 'agit.
3° Il en est de même de tous les points de concours T, T',..., des paires de
tangentes menées aux extrémités de chaque corde AB, A'B',—
4° Réciproquement, si, des différents points T, T',...,d'une droiteprise arbi-
trairement sur le plan d'une section conique, on mène des paires de tangentes
à cette courbe, les cordes de contact AB, A'B',..., qui leur correspondentrespec-
tivement, iront toutes concourir en un point unique P, pôle de la droite dont il
s'agit.
195. Ces deux dernières propriétés peuvent s'énoncer ainsi, d'une ma-
nière beaucoup plus générale et plus simple, en remarquant que les points
T, T',..., sont les pôles des cordes de contact AB, A'B',..., qui leur corres-
pondent :
Si une ligne droite, mobile sur le plan d'une section conique, est assujettie,
dans toutes ses positions, à pivoter autour d'un point fixe quelconque, le pôle de
cette droite parcourra successivement tous les points de la polaire du point fixe
dont il s'agit.
Si un certain point mobile est assujetti à demeurer sur une ligne droite quel-
conque, tracée dans le plan d'une section conique, la polaire de cepointpivotera
constamment autour d'un pointfixe, pôle de la droite dont il s 'agit.
196. Toutes ces propriétés pourraient s'établir directement, de la même
manière que celles de l'article 186 d'où elles dérivent : ce sont elles qui ont
fait donner au point P le nom de pôle de la droite TT', et à cette droite le
nom depolaire du point P (*') ; leur ensemble constitue ce qu'on appelle la

(*) C'est la XXXVIIe Proposition du Livre III des Coniques d'Apollonius. De Lahire y a joint
les trois suivantes, dans les deux premiers Livres de son Traité in-folio des sections coniques.
(**) Peut-être serait-il plus convenable d'appeler le point P le conjugué harmonique de la
droite TT', et cette droite la conjuguée harmonique du point P; en réservant, comme on le fait
d'ordinaire, les expressions beaucoup plus générales de pôle et polaire pour le cas où l'on aurait à
considérer des systèmes de droites mobiles autour de points donnés ou fixes. Le conjugué harmonique
d'un point situé sur le plan d'une section conique étant d'ailleurs celui qui divise harmoniquement,
theone des pôles, laquelle est presque tout entière renfermée dans la proposi-
tion suivante :
Si un certain point est situé sur une ligne droite tracée dans le plan d une sec-
tion conique, sa polaire passera par le pôle de cette même droite.
197. On peut remarquer, au surplus, que les propriétés ire et 2e ci-des-
sus (194) s'appliquent (184, note) au cas particulier où la section conique
dégénère en deux lignes droites MA, MB (fig. 3o), ou est remplacée par le
système de ces droites; la droite ML, qu'on peut continuer à appeler la po-
laire du point P, concourt alors avec les deux droites MA, MB au point M;
elle est, par rapport à ces droites, la conjuguée harmonique (24) de celle qui
passe par le point M et par le point P. Ces propriétés font partie de celles
du faisceau harmonique, et peuvent se déduire immédiatement des prin-
cipes de l'article 154; elles fournissent une solution bien simple et bien
connue C) du problème suivant :
Par un point donné L tirer une droite LL' au point de concours de deux
lignes droites A A", BB", dont les directions sont données, en ne faisant usage
que de la règle ou de simples, jalons.
Cette solution s'applique, comme on voit, au cas où le point de rencontre
M est inaccessible, et par conséquent à celui où les droites donnée's sont pa-
rallèles. Elle conduit immédiatement à celle de cet autre problème, non
moins intéressant, et qui nous sera utile par la suite :
198. Par un point L (jig. 31 ), donné à volonté sur le plan d'un parallélo-
gramme ABCD, mener, avec la règle, une parallèle à la droite EF située égale-
ment dans ce plan.
Soient E et F les points où la droite donnée rencontre les côtés adjacents
à l'angle A du parallélogramme; par ces points et par un point quelconque
K de la diagonale appartenant au même angle, menons les droites EK, FK;
elles rencontreront les côtés respectivement opposés à ceux d'où elles pro-
viennent aux nouveaux points G, H, et la droite GH sera parallèle à la droite
donnée EF; car le triangle AEF sera évidemment semblable au triangle CGH
et semblablement placé. Le problème se trouvera donc ainsi ramené à celui
qui précède, et s'exécutera, comme lui, en ne faisant usage que de la règle.
La figure ABCD pourrait être un quadrilatère quelconque, dont la troi-

avec le premier, une corde quelconque de la courbe, il en résulterait que « tous les conjugués har-
» moniques d'un
point donné sont sur la conjuguée harmonique de ce point. »
p.
(* ) Perspectivede Lambert, 2.epartie, 172 (Zurich, 1774). Voyez aussi un article de M. Hachette,
imprimé p. 3o5 du tome 1 de la Correspondance Polytechnique.
sième diagonale représenterait celle à l'infini du parallélogramme; et, en la
supposant toujours inaccessible comme auparavant, les constructions qui
précèdent donneraient, comme on voit, des moyens fort simples pour trouver
• autant de points que l'on voudrait du prolongement de cette droite, de
même qu'elles donnent aussi autant de systèmes de parallèles qu'on le désire
au moyen des deux premières (*).
Au surplus, quand on a, sur le plan d'une figure, une droite quelconque
et le point milieu de cette droite, on peut immédiatement mener des paral-
lèles à cette droite, passant par des points donnés, au moyen de la pro-
priété (155) du quadrilatère complet; tout consiste à observer que le con-
jugué harmonique du point milieu de la droite est situé (27) entièrement à
l'infini. Si donc on se donnait deux distances semblables et leurs points
milieux, on aurait tout ce qu'il faut pour déterminer deux systèmes quel-
conques de parallèles ou un parallélogramme, et par conséquent on aurait
en sa possession deux points de la droite à l'infini du plan de la figure; au
moyen desquels, et de ce qui précède, on en obtiendrait ensuite autant d'au-
tres qu'on voudrait : on pourrait donc aussi déterminer des quatrièmes pro-
portionnelles à des lignes données, diviser des lignes en un nombre quel-
conque de parties égales, etc. (H).
199. Lambert, qui a donné, à la fin de la seconde partie de son Traité de
perspective (197, note), des réflexions très-judicieuses sur le même sujet,
observe, en outre, que la conjuguée harmonique d'une droite, qui divise
en deux parties égales l'angle formé par deux autres, est perpendiculaire à
cette droite et divise en deux parties égales le supplément de cet angle (25);
de sorte que, trois quelconques des quatre droites dont il s'agit étant don-
nées, la dernière s'ensuit nécessairement (155) par une construction pure-
ment linéaire. Mais la solution de Lambert est fautive pour le cas où l'un
des côtés de l'angle est à déterminer.
Le même auteur donne, à l'endroit cité (p. 169, art. III), une solution
très-directe du problème ci-dessus (198), lequel a aussi été résolu, d'une
autre manière, par S'Gravesende (***), de même que quelques-unesdes ques-
tions qui précèdent. La solution de Lambert est surtout remarquable en ce
qu'elle s'obtient très-simplement au moyen des considérations de la perspec-

(*) Voyez plusieurs solutions élégantes de ce problème, p. 38 de l'ouvrage de M Servois, déjà


cité ( 167, note).
(**) Même ouvrage, p. 47.
( *** ) OEuvres philosophiques; Amsterdam, 1774; ire partie, Perspective, p. 174, § 3i 2,
tive. Elle est exprimée fig. 32, où EF, ABCD et L sont toujours la droite,
le parallélogramme et le point donnés : tout consiste, comme on voit, à
former un nouveau quadrilatère A'B'C'D', qui ait le point donné L pour
concours de deux côtés opposés, et dont les points de rencontre des côtés et
de la diagonale A'C', avec la droite donnée EF, soient les mêmes que ceux
des côtés et de la diagonale qui leur correspondent, dans le parallélo-
gramme ABCD, et portent les mêmes lettres différemment accentuées ; car
le second point de concours M des côtés opposés du quadrilatère A'B'C'D'
devra se trouver sur la parallèle LM demandée.
En effet, d'après la construction, le quadrilatère A'B'C'D' peut être con-
sidéré comme la perspective ou projection du parallélogramme ABCD sur
un autre plan, dont EF représente la trace avec le plan ABCD, et qui aurait
été rabattu ensuite sur ce dernier. Or, dans cette projection, LM représente
la droite qui renferme les points de concours des côtés respectivement op-
posés du parallélogramme; elle doit donc concourir à l'infini, avec elle, sur
la droite EF, c'est-à-dire qu'elle doit être parallèle à EF.
200. On voit, d'après cela, que les figures qui viennent d'être considérées
rentrent dans la définition que nous avons donnée de la projection ou per-
spective dans un plan (14); il est visible, en effet, que, si l'on joint par des
droites les sommets homologues des quadrilatères ABCD, A'B'C'DI, ces droites
iront concourir (168) en un même point S, qui est ainsi leur centre commun
de projection; mais nous avons déjà promis de revenir, par la suite, d'une
manière générale sur les propriétés de cette espèce de projection.
On remarquera également que les constructions précédentes ont la plus
grande analogie avec celles ci-dessus (179) relatives au quadrilatère inscrit
à une section conique; et, en effet, elles sont une suite évidente de la pro-
priété (172) du quadrilatère inscrit à deux droites, c'est-à-dire du quadri-
latère avec deux diagonales, coupé par une transversalearbitraire, qui, dans
le cas actuel, est représentée par EF.

201. Revenons maintenant aux sections coniques, et soit ABCDEF (jig. 33 )


un hexagone quelconque inscrit à une telle courbe; prolongeons, deux à
deux, les côtés opposés AB et DE, BC et EF, CD et AF jusqu'à leurs ren-
contres respectives en L, K, 1; concevons qu'on mette (109) la figure en pro-
jection sur un nouveau plan, de façon que la droite qui renferme les deux
premiers points L, K passe à l'infini, et que la section conique devienne en
même temps un cercle; les côtés opposés AB et DE, de concourants qu'ils
étaient, deviendront parallèles, et il en sera de même des côtés BC et EF.
Or cela ne peut avoir lieu pour un hexagone quelconque (convexe ou non
convexe) inscrit au cercle, à moins que les deux derniers côtés CD et AF,
qui sont opposés, ne soient également parallèles (*); car l'angle en B étant
égal à l'angle en E, puisqu'ils ont, par hypothèse, les côtés parallèles, l'arc
ABC sera nécessairement égal aussi à l'arc DEF. Donc (106) les points de
concours 1, K, L de la première figure sont tous trois rangés sur une
même ligne droite, c'est-à-dire que :
Dans tout hexagone inscrit à une conique, les points de concours des côtés
respectivement opposés sont tous trois situés sur une même droite.
202. Cette propriété, qui subsiste quelle que soit la position respective
des six sommets A, B, C, D, E, F de l'hexagone sur la courbe, et qui s'ap-
plique (170) comme cas particulier au système de deux lignes droites quel-
conques AE, BD (jig. 24) tracées dans un même plan, est une des plus fé-
condes qui existent sur les sections coniques : elle a été énoncée, pour la
première fois, par Pascal, dans son Essai sur les Coniques (148, note). Au
rapport du célèbre Leibnitz (**), cette propriété n'est autre que celle de
l'hexagrammum mysticum, sur laquelle Pascal composa ensuite un traité
complet des sections coniques, qui ne nous est pas parvenu. Depuis lors,
elle a été reproduite sous différentes formes par un grand nombre de géo-
mètres, notamment par Mac-Laurin, R. Simson, etc., et en dernier lieu par
l'auteur de la Géométrie de position. M. Brianchon, à qui l'on doit ces re-
marques historiques, a établi, sur le principe de Pascal, toute la théorie des
pôles et polaires des sections coniques et des surfaces du second ordre
(XIIIe Cahier du Journal de l' École Polytechnique).
203. Lorsque cinq points A, B, C, D, E d'une section conique sont don-
nés sur un plan, les fig. 33 et 34 indiquent un moyen fort simple d'en
trouver à volonté un sixième F, et successivement autant d'autres qu'on
voudra, en ne faisant usage que de la règle; mais, comme on peut varier
cette construction de la courbe par points d'autant de manières diffé-
rentes que l'on peut former d'hexagones distincts dont les cinq premiers
sommets soient les points donnés, il est bon de remarquer qu'on n'ob-
tiendra jamais qu'une seule et même courbe; car tous les hexagones dis-

(*) M. Gergonne a donné, de la propriété de l'hexagone inscrit et de celle de l'hexagone cir-


conscrit qui sera exposée un peu plus loin (208), une démonstration fondée sur des principes de
projection analogues à ceux qui viennent d'être mis en usage ( Annales de Mathématiques, t. IV,
p. 78).
(**) Voyez une lettre de Leibnitz à M. Perrier, imprimé dans le tome V des OEuvres de Pascal.
tincts, formés au moyen des six mêmes points pris à volonté sur une section
conique, étant corrélatifs entre eux (171), jouissent également de la pro-
priété d'avoir les points de concours des côtés opposés placés en ligne droite;
ainsi :
Par cinq points, donnés à volontésur un plan, on ne peut faire passer qu'une
seule section conique.
204. Les figures qui nous occupent montrent encore comment on peut
trouver, toujours avec la règle, le second point d'intersection F d'une droite
quelconque AF passant par l'un A des cinq premiers qu'on suppose donnés.
Enfin l'on en déduit sur-le-champ le corollaire suivant dû, ainsi que ce qui
précède, à Mac-Laurin CC) :
Si les côtés d'un triangle mobile FIK, situé sur le plan de deunc droites ICD,
KCB, sont assujettis à pivoter autour des trois points fixes A, E, L, comme
pôles (196, note), et qu'en même temps les deux premiers sommets 1, K
soient astreints à parcourir les droites données DCI, BCK, comme directrices,
le troisième sommet F parcourra, par suite du même mouvement, une section
conique.
205. La discussion directe apprend, en effet, que la ligne du second
ordre, ainsi décrite, passera par les cinq points connus A, B, C, D, E. Elle
se réduirait, selon la remàrque de Mac-Laurin, à une du premier, si trois
quelconques de ces cinq points se trouvaient en ligne droite, ce qui arrive
dans deux cas distincts :
1° Lorsque les trois pôles A, E, L sont disposés en ligne droite, la ligne des
points F passe alors évidemment par le sommet C de l'angle des directrices.
(C'est aussi le corollaire (**) de la propriété de l'article 168.)
20 Lorsque la droite qui renferme les pôles ou points fixes A, E, renferme
en même temps [fig. 24) le sommet C de l'angle des deux directrices. (C'est
aussi le corollaire de la propriété (170) de l'hexagone inscrit à deux droites,
due aux anciens.)
206. Supposons que, dans l'hexagone ABCDEF (jig. 33 et 34), inscrit à

(*) Voyez, dans les Transactions philosophiques dela Société Royale de Londres, pour 1735, la
dispute qui s'est élevée, au sujet de ce théorème et de plusieurs autres, entre Braikenridge et
Mac-Laurin.
(**) D'après la Préface du VIP livre des CollectionsMathématiques de Pappus, ce même corol-
laire faisait partie des Porismes d'Euclide.
Il a été démontré ensuite par R. Simson, dans un Mémoire sur les Porismes, et étendu à un
nombre quelconque de pôles et directrices, comme l'indique Pappus à l'endroit cité; nous revien-
drons sur ce sujet intéressant dans la quatrième Section.
une section conique, l'un des côtés EF devienne infiniment petit, ou que sa
direction soit tangente à la courbe, la propriété de l'hexagone subsistera
toujours (*) : étant donc donnés cinq points A, B, C, D, E ( fic,. 35) d'une
section conique, on peut, en l'un d'eux E, mener une tangente KF à la
courbe, en ne faisant usage que de la règle.
207. La même construction sert aussi à donner, à volonté, un cinquième
point A de la courbe, quand on en connaît quatre autres B, C, D, E et la
tangente KF en l'un d'eux E; au moyen de quoi il devient facile de décrire
la courbe tout entière par points (**), par un procédé analogue à celui qui
précède (204) : les articles 188 et 191 offrent une autre solution de ce
même problème.
Enfin la propriété de l'hexagone inscrit s'appliquerait encore, suivant la
remarque de M. Carnot (Géométrie de position, p. 455 et 456), au cas où
l'on supposerait que deux ou trois côtés non contigus devinssent à la fois
infiniment petits ou tangents à la courbe, ce qui ferait retomber sur quel-
ques-unes des propriétés et des constructions exposées ci-dessus relative-
ment au quadrilatère et au triangle inscrits aux sections coniques, et con-
duirait de suite à toutes celles de la théorie des pôles et polaires.
208. Revenons à l'hexagone inscrit ABCDEF (jig. 33 ),
et supposons
qu'on circonscrive à la courbe le nouvel hexagone abcdef dont les points de
contact sont les sommets du premier; d'après la construction, les sommets
opposés a et d de l'hexagone circonscrit ont pour polaires deux côtés op-
posés AF et CD de l'hexagone inscrit; donc la diagonale ad est la polaire du
point d'intersection 1 de ces côtés (196), donc elle renferme le pôle P de la
droite ILK qui appartient aux points de concours des côtés opposés de l'hexa-
gone inscrit, et par conséquent le point P est à la fois le croisement des
trois diagonales qui joignent les sommets opposés de l'hexagone circonscrit.
C'est, au reste, ce qu'on aurait pu démontrer, d'une manière directe, sur
la projection circulaire de la courbe (201) ; car, puisque les côtés opposés AF

(*) R. Simson est, je crois, le premier qui ait fait cette remarque d'une manière ostensible :
(voyez la Proposition 48 du Ve livre de son Traité des Sections coniques, a.6 édition) ; cependant il
'
a recours ensuite à la propriété des quadrilatères inscrit et circonscrit, comme le fait lui-même
Mac-Laurin (190, note), pour mener la tangente en l'un des cinq points donnés d'une conique, et
c'est à M. Brianchon qu'on doit le moyen de solution qui suit ( Correspondance Polytechnique,
t. l, p. 3io).
(**) Cette construction et celle de l'article 191 ont été déduites comme corollaires particuliers
de la Proposition ci-dessus (204), par Braikenridge, dans l'ouvrage intitulé : Exercitatio geome-
trica de descriptione linearum curvarum.
et CD de l'hexagone inscrit sont parallèles dans cette projection, les som-
mets a et d de l'hexagone circonscrit appartiennent à un diamètre du cercle,
et, comme la même chose arrive pour deux autres sommets opposés quel-
conques, les diagonales qui joignent deux à deux ces sommets passent toutes
par le centre P du cercle. Donc enfin :
Dans tout hexagone circonscrit à une section conique, les diagonales qui
joignent deux à deux les sommets respectivement opposés se croisent toutes
trois en un même point.
209. Ce principe, non moins élégant et non moins fécond que celui de
Pascal, et qui subsiste également quelle que soit la position respective des
côtés de l'hexagone autour de la courbe, appartient à M. Brianchon, qui l'a
démontré dans le XIIIe Cahier du Journal de l'École Polytechnique : voici les
principales conséquences qu'il en a déduites tant dans l'endroit cité qu'à la
page 387 du lie volume de la Correspondance sur la même École.
Supposons qu'on ait cinq tangentes quelconques d'une section conique, la
fig. 33 ou 36 indique un moyen très-simple d'en déterminer à volonté, et
avec la règle seulement, une sixième et successivement autant d'autres qu'on
voudra. Tout consiste évidemment à faire un hexagone quelconque abcdef
dont la direction des cinq premiers côtés soit celle des tangentes données, et
dont les trois diagonales des sommets opposés se croisent en un même point P,
car le dernier côté sera la tangente demandée.
On peut d'ailleurs remarquer que la courbe ainsi construite est nécessai-
rement unique, et la raison en est (203) que la proposition de l'article 208
s'applique à la fois à tous les hexagones distincts formés par six lignes droites
tangentes à une même section conique. Donc :
Il n'existe qu une seule section conique qui soit tangente à cinq lignes droites
donnees, à volonté, sur un plan.
210. On déduit encore de ce qui précède ce théorème :
Si les sommets d'un triangle aPf sont assujettis à parcourir respectivement
trois droitesfixes be, bg, eg, tandis que les deux premiers côtés aP, Pf, ou leurs
prolongements, pivotent autour de deux points invariables c et d, comme pôles,
le troisième côté af roulera, dans toutes ses positions, autour d'une même section
conique.
211. La courbe ainsi construite touche évidemment les droites connues
bg, eg, cd, bc, de, et se réduit à un point, quand trois de ces droites, ou
tangentes, concourent elles-mêmes en un seul point, ce qui présente les
deux cas suivants :
1° Lorsque les trois droites fixes, ou directrices, se croisent toutes en un même
point.
2° Lorsque la droite cd, qui joint lesdeuxpoints fixes, ou pôles, passe par le
point de concours des deux directrices bg et eg qui comprennent tous les derniers
côtés af du triangle mobile.
Ces propositions sont les réciproques de celles de l'article 205, et par
conséquent des corollaires des théorèmes 168 et 170.
212. Supposons encore que, dans l'hexagone circonscrit abcdef (fig. 36
et 33), deux des côtés af etfe, ou leurs points de contact E, F, viennent à se
réunir en un seul E (jig. 37), le sommet /coïncidera aussi avec E, et la
figure se réduira au pentagone circonscrit abcde. Donc :
Dans un pentagone quelconque abcde circonscrit à une conique, deux diago-
nales ad et be, qui ne partent pas d'un même angle, se croisent en un point P,
situé sur la droite qui joint le cinquie'me angle c avec le point de contact E du
côté opposéae.
213. Ainsi, quand on a cinq tangentes d'une section conique, ou un pen-
tagone circonscrit à la courbe, non-seulement, on peut trouver directement,
et en ne faisant usage que de la règle, une infinité de nouvelles tangentes
de la courbe, mais on peut aussi déterminer linéairement le point de con-
tact de chacune d'elles et des premières. Les mêmes constructions peuvent
aussi servir à tracer la courbe, quand on a seulement quatre tangentes quel-
conques de cette courbe et le point de contact de l'une d'elles; la fig. 37
montre, en effet, comment, ayant les quatre tangentes de, ae, ab, bc et le
point de contact E de ae, on peut en trouver, à volonté, une cinquième cd,
et successivement autant d'autres que l'on voudra (*).
Enfin, on déduirait des conséquences également remarquables du principe
de l'article 208, en supposant que de nouveaux côtés, non contigus aux
premiers, vinssent à se confondre en un seul, ce qui ferait retomber direc-
tement sur quelques-unes des propriétés du triangle et du quadrilatère cir-
conscrits déjà exposées précédemment, propriétés qui se déduisent également
du théorème de Pascal, comme on l'a remarqué art. 207.
214. Nous avons résolu, dans ce qui précède, les cas principaux où la
section conique peut se construire linéairement par points ou par l'enveloppe
de ses tangentes, quand on se donne un certain nombre de ces points et de

(*) Les articles 188 et 191 offrent une autre manière de résoudre ce même problème.
ces tangentes, ou des conditions équivalentes (189); et il résulte de cette
discussion que tous les cas, pour lesquels la courbe est unique, sont compris
implicitement dans celui où l'on se donne à la fois soit cinq tangentes, soit
cinq points quelconques de la courbe; car (207 et 213), au moyen du prin-
cipe de continuité, on peut immédiatement passer de ceux-ci aux autres, en
supposant que certains points ou certaines droites données se réunissent ou
se confondent deux à deux. Pour compléter cet objet, il nous resterait à
examiner les autres cas de la question qui nous occupe, pour lesquels la
construction de la courbe cesse d'être linéaire, ou d'appartenir à la Géomé-
trie de la règle; mais cette discussion exigerait des considérations nouvelles
qui ne seraient pas ici à leur place, et pour lesquelles nous renverrons au
Chapitre premier de la Ille Section.
215. On peut, au surplus, se proposer d'opérer directement au moyen du
calcul, ce qui devient souvent indispensable dans certaines circonstances
particulières ; or les principes des articles 148,177 et 186, joints aux diverses
remarques répandues dans la présente Section, notamment celles de l'ar-
ticle 182, pourraient très-bien servir pour cet objet, ainsi que l'a déjà fait voir
M. Brianchon, dans son Mémoire sur les lignes du secondordre; mais il ne sera
pas inutile d'y ajouter les principes suivants, qui peuvent être considérés
comme de nouvelles conséquences des propriétés des hexagones inscrit et
circonscrit, et offrent l'avantage de conduire à des procédés très-simples pour
le tracé des sections coniques par points, ou par l'enveloppe des tangentes,
lorsqu'il s'agit d'opérer sur le terrain.
Soient ABCD (fig. n, 9-1 bis et 21 ter ) un quadrilatère circonscrit à une
conique ; LN et MP deux autres tangentes quelconques de la courbe, dont la
première rencontre les côtés opposés AB et CD du quadrilatère en L et N-
respectivement, et la seconde les deux autres côtés opposés en M et P; la
figure APMCNLA sera un hexagone circonscrit à la section conique, et par
conséquent les trois diagonales NP, AC, LM iront concourir (208) en un
même point 1, qui est aussi un point de l'une des diagonales du quadrilatère
ABCD. Or il résulte de là (166) que l'on a, entre les segments formés par -
les tangentes MP, LN sur les côtés de ce quadrilatère, la relation
AL.BM.CN .DP = AP.BL.CM.DN,
c'est-à dire que :
Un quadrilatère quelconque étant circonscrit à une conique, deux nouvelles
tangentes de la courbe viendront déterminer, la première sur deux côtés opposés
quelconques du quadrilatère, la seconde sur les deux autres côtés opposés, deux
segments, ce qui fait en tout huit segments ; et le produit de quatre de ces seg-
ments, non contigus, sera égal au produit des quatre autres.
216. La même relation donne

ce qui fait voir que si, en laissant MP fixe, on faisait varier la tangente LN
autour de la courbe, le produit des rapports inverses des segments
formés par cette tangente sur les côtés opposés AB, CD du quadrilatère ABCD
serait constant; donc réciproquement, si une droite LN se meut de façon
que ce produit soit constant, elle demeurera perpétuellement tangente à la
section conique déterminée par les côtés du quadrilatère et par la droite MP,
ce qui fournit un moyen bien simple de trouver, à l'aide du calcul, autant
de tangentes que l'on voudra d'une section conique quand on en aura cinq
autres.
217. La figure ENPFMLE, construite au moyen des droites LM, PN par-
tant du point 1 de la diagonale AC du quadrilatère ABCD, est un autre hexa-
gone dont les trois côtés opposés vont concourir respectivement aux trois
points A, C, 1 situés en ligne droite ; donc il est inscriptible à une section
conique, et par conséquent ses six sommets peuvent être censés appartenir
à une telle courbe : or il résulte de là réciproquement et de ce qui pré-
cède que :
Quand une section conique passe par les points de concours E et F des côtés
opposés d'un quadrilatère quelconque ABCD, ses quatre autres points d'in-
tersection L, M, N, P, avec les côtés de ce quadrilatère, déterminent sur chacun
d 'eux deux segments, ce quiait en tout huit segments, et le produit de quatre
quelconques de ces segments, non contigus, est égal au produit des quatre
autres, c 'est-à-dire qu'on a la relation
AL. BM. CN. DP = AP. BL. CM. DN,
déjà écrite ci-dessus.
218. Étant donnés cinq points E, F, N, P, L d'une section conique, on
en déterminera à volonté un sixième M, et successivement autant d'autres
qu'on voudra, au moyen du calcul, en traçant une fois pour toutes les
droites EL, EN, FP, et faisant varier à chaque fois la quatrième droite FCB
qui porte le point M ; car ces quatre droites formeront, par leurs intersec-
tions mutuelles, le quadrilatère ABCD, dans lequel on aura la relation ci-
dessus ; en sorte qu'il suffira de mesurer, pour chaque point M correspondant
à FCB, les trois distances BL, CN et BC.
On arriverait, au reste, directement à ces divers résultats, en supposant
qu'on mette la figure en projection sur un nouveau plan, de façon que la
section conique que l'on considère y devienne un cercle, et que la droite AC
passe à l'infini.
219. Les propositions que nous venons d'établir sur les hexagones inscrits
et circonscrits ayant lieu, aussi bien que celles des articles 201, 208, indé-
pendammentde la position respective des points et des lignes, doivent comme
elles s'étendre, en vertu du principe de continuité, au cas où certaines de
ces lignes et certains de ces points viennent à se confondre deux à deux, ce
qui conduit immédiatement à des relations analogues sur les pentagones et
les quadrilatères inscrits et circonscrits; d'où il est facile ensuite de déduire
des moyens de solution, par le calcul, des différentes questions (214) qui. ont
déjà été traitées, d'une autre manière, dans ce qui précède.
Supposons, par exemple, que, dans l'hexagoneinscrit ENPFMLE considéré
ci-dessus, le côté EL devienne infinimentpetit ou que le point L se réunisse
au point E, le quadrilatère ABCD subsistera toujours, et la relation de l'ar-
ticle 217 deviendra
AE. RM. CN. DP = AP. BE. CM. DN.
Mais la droite EAB est alors tangente à la courbe au point E, et l'hexa-
gone ENPFMLE s'est réduit à un pentagone inscrit, avec la tangente en l'un
des sommets ; donc il en résulte un moyen très-simple d'obtenir, par le calcul,
soit la tangente en l'un des cinq points donnés d'une section conique, soit
un cinquième point quelconque de la courbe, quand on en a quatre autres et
la tangente en l'un d'eux.
On voit ce qu'il y aurait à faire si plusieurs côtés de l'hexagone ci-dessus
devenaient à la fois nuls ou tangents à la courbe.
220. Supposons pareillement que dans l'hexagone ALNCMPA, circonscrit
à une section conique, le côté MP vienne, par un mouvement continu, s'ap-
pliquer sur la direction indéfinie AD de son adjacent AP, sans quitter la
courbe ; le sommet P sera devenu leur point de contact commun ; le point M
s'étant d'ailleurs confondu avec F, l'hexagone se sera réduit en un pentagone
circonscrit ALNGFA ; et, comme on aura alors (216)
cette relation pourra servir à construire, soit le point de contact P, quand les
cinq tangentes seront données, soit une tangente quelconque de la courbe,
quand on en connaîtra quatre autres et le point de contact de l'une d'elles.
On voit ce qu'il y aurait à faire si de nouveaux côtés de l'hexagone ci-
dessus venaient à se confondre en un seul, en demeurant tangents a la
courbe.
221. Les relations générales des articles 215 et 217 s'étendraient même
au cas où la section conique que l'on considère se réduirait au système de
deux droites ou d'un point, ce qui arrivera évidemment toutes les fois que
trois des points de la courbe se trouveront placés en ligne droite, ou que trois
de ces tangentes passeront par un même point; la fig. 20, où les droites LN
et PM passent par les points respectifs F, E, fournit à la fois l'exemple des
deux cas, et l'on retombe ainsi sur les propriétés particulières exposées direc-
tement aux articles 156 et 165.
Enfin il résulte encore du principe de continuité que ces mêmes rela-
tions, et toutes celles que nous avons établies dans ce qui précède, subsistent,
avec des modifications convenables, quand on vient à supposer qu'au lieu
de se confondre deux à deux, certains points ou certaines droites s'éloi-
gnent à l'infini sur le plan de la figure; or de là découle une série de pro-
priétés extrêmement intéressantes sur les coniques à branches infinies, dont
nons nous contenterons de donner quelques exemples, en renvoyant, pour
plusieurs autres, au Mémoire souvent cité de M. Brianchon, et à celui de
M. Coste sur la parabole, qui se trouve inséré au VIlle volume des Annales
de Mathématiques, notre objet n'étant ici que de nous occuper des rapports
les plus généraux des figures.

222. Supposons, en premier lieu, que, dans le théorème de l'article 215,


la courbe que l'on considère soit une parabole: il existera (132) une posi-
tion de la tangente LN où cette droite sera tout entière à l'infini, et pour
laquelle par conséquent les segments correspondants seront infinis et égaux ;
donc (216) le produit constant DP BiM
sera l'unité, c'est-à-dire que, pour
la parabole, on a

quels que soient le quadrilatère ABCD et les tangentes LN et MP; ou, en


d'autres termes :
Dans tout quadrilatère circonscrit à une parabole, les côtés opposés sont
divisés en segments proportionnels par une cinquième tangente quelconque.
Théorème dû, je crois, à Halley (*), et qui donne un moyen fort simple
de tracer la parabole par ses tangentes, lorsque quatre quelconques d'entre
elles sont données; tout consiste, en effet, à diviser en un même nombre
quelconque de parties égales les deux côtés opposés du quadrilatère formé
par ces tangentes, en prolongeant la division de part et d'autre de leùrs
extrémités ; joignant ensuite, par des droites, les points de division qui se
correspondent sur ces côtés, on aura autant de tangentes de la courbe cher-
chée.
ABCD étant toujours un quadrilatère circonscrit à la parabole, soit P le
point de contact du côté AD, on aura de même (220)

relation au moyen de laquelle on obtiendra très-facilement le point de con-


tact sur chaque tangente.
On arriverait à des relations analogues pour l'hyperbole, à l'aide des ar-
ticles 217, 218 et 219.
223. Pour donner d'autres exemples, supposons que, dans la jig. 28
relative à l'article 186, le côté ad du quadrilatère abcd, circonscrit à la sec-
tion conique, passe à l'infini, et que la courbe soit par conséquent une pa
rabole; les droites bd et cd, ba et ca, cb et ml deviendront respectivement
parallèles, tandis que celles AB, CA et DA seront des diamètres de la courbe;
toutes les autres relations graphiques, énoncées à l'article cité, restant
d'ailleurs les mèmes, il en résultera autant de propriétés de la parabole,
qu'il sera facile de reconnaître à priori; ainsi, par exemple :
Que, d'un point quelconque P de la corde de contact BD d'un angle BmD
circonscrit à une parabole, on mène deux parallèles Pa e/ Pd aux côtés de cet
angle, elles iront rencontrer de nouveau ces côtés en deux points c et b, qui
appartiendront à une troisième tangente bc de la courbe.
C'est la Proposition 21 du livre III du grand Traité des sections coniques de
de Lahire.
224. Les segments qui correspondent aux points a, d, / devenant tous
infinis, on déduit pareillement (28) des relations posées, article 186, les

)
(" Apollonii Pergcei de scctione, etc,, Oxonii (1706); De sectione rationis, lib. I, p. 64.
relations nouvelles
6B.cD = bm.cm,

dont la première exprime que :


Dans tout angle B m D, circonscrit à la parabole, les côtés sont divisés en seg-
ments inversement proportionnelspar une troisième tangente quelconque bc de
la courbe.
Cette proposition, qui revient à la 41 du livre III des Coniques d'Apol-
lonius, peut également être considérée comme un corollaire de celle exposée
ci-dessus (222), sur le quadrilatère circonscrit à la parabole. On s'en sert
ordinairement pour le tracé des raccordements de routes, etc. (*).
225. On voit encore que la tangente bc, parallèle à la polaire ML du
point P, divise en deux parties égales la distance comprise entre cette droite
et ce point, car la figure bmcV est un parallélogramme; ainsi :
Dans la parabole, la droite qui divise en deux parties égales toutes les
distances comprises entre un point quelconque et sa polaire est une tangente de
la courbe.
Pour découvrir ce que devient cette droite dans le cas de l'hyperbole,
supposons que, dans la jig. 28 relative à une section conique quelconque,
la droite AD soit placée à l'infini; la courbe sera ainsi une hyperbole, ad
et cd seront ses asymptotes auxquelles seront parallèles les droites CPA et
BPD qui aboutissent aux extrémités de la corde BC concourant elle-même à
l'infini avec la polaire ML du point P; mais la figureBMCP sera évidemment
un parallélogramme; donc la diagonale BC, parallèle à ML, divisera aussi
en deux parties égales la distance MP comprise entre le point P et sa polaire
ML; c'est-à-dire que :
Dans l'hyperbole, la droite qui divise en deux parties égales toutes les dis-
tances comprises entre le pôle et la polaire rencontre la courbe en deux points

(*) SGANZIN, Cours de Construction. PRONY, XE Cahier du Journal Polytechnique, etc.


Depuis la rédaction de cet ouvrage, il a paru, sur les courbes de raccordement, un Mémoire fort
intéressant de M. Brianchon, qui fera partie du XIXe Cahier du Journal de l'École Polytechnique,
actuellement sous presse. Il nous serait aisé de faire voir comment les différentes pratiques qui
y sont indiquées et celle de l'article 222, relatives au tracé de la parabole, peuvent s'étendre (132)
aux sections coniques en général, en substituant, à l'échelle ordinaire des divisions égales, l'échelle
fuyante ou harmonique (27) : on arriverait d'ailleurs directement aux mèmes résultats, à l'aide
des propriétés générales établies dans ce qui précède.
tels, qu 'en les joignant par de nouvelles droites avec le pôle, ces droites sont
toujoursparallèles aux asymptotes.
226. Il est évident que, pour l'ellipse et le cercle, la droite en question
cesse de rencontrer la courbe, ce qui indique que les asymptotes sont ima-
ginaires. On voit d'ailleurs ce que deviendraient les autres propriétés de
l'article 186, pour le cas de l'hyperbole.
A cause de ces diverses propriétés de la droite qui vient de nous occuper,
on pourrait la nommer l'indicatrice de la section conique correspondante.
Ainsi, tandis que la polaire est le lieu des points du plan d'une section
conique dont les distances au pôle sont moyennes harmoniques (22) entre
les segments formés sur les cordes correspondantesde la courbe par ce pôle,
l'indicatrice est, de son côté, le lieu des points dont les distances au pôle
sont les moyennes géométriques (31) entre les segments formés, sur ces
mêmes cordes, par les points dont il s'agit.
Mais c'est assez nous arrêter sur ces conséquences particulières, qu'au
moyen de la loi de continuité il sera toujours facile de reconnaître et de
discuter; et je reviens maintenant aux propriétés générales de situation des
lignes droites et des sections coniques, sur lesquelles il me reste encore
quelque chose à dire pour compléter l'objet de ce Chapitre.
227. Il résulte directement de la théorie des pôles exposée ci-dessus, et
en particulier de la proposition de l'article 196, que :
Si deux hexagones, situés sur le plan d'une section conique, sont tels, que
les sommets de l'un soient respectivement les pôles des côtés de l'autre, réci-
proquement les sommets de celui-ci seront les pôles des côtés du premier.
228. D'après cela, il est évident que deux côtés opposés quelconques de
l'un d'entre eux auront pour pôles deux sommets opposés de l'autre, et
viceversâ; donc le point de concours de ces côtés sera précisément (196)
le pôle de la diagonale qui joint les sommets opposés dont il s'agit, et
partant :
Si les trois points de concours des côtés opposés de l'un des hexagones
ci-dessus sont situés en ligne droite, les diagonales qui joignent les sommets
opposés de l'autre et qui sont les polaires de ces trois points concourront en
un même point, pôle de la droite dont il s'agit, et réciproquement.
En combinant cette remarque avec les propriétés (201, 208) des hexa-
gones inscrits et circonscrits aux sections coniques, on en conclut de suite
que :
Si l'un quelconque des hexagones ci-dessus est inscriptible à une section
conique, l'autre sera, par là même, circonscriptible à une telle courbe, et
réciproquement.
229. Ces théorèmes, qui ont été donnés par M. Brianchon à la page 379
du tome IV des Annales de Mathématiques, sont susceptibles d'une extension
beaucoup plus grande; on peut, en effet, observer que le principe de l'ar-
ticle 227 s'applique immédiatement à deux polygones d'un nombre quel-
conque de côtés, polygones que, pour cette raison, il convient d'appeler
polaires réciproques par rapport à la section conique qui sert de directrice oit
d' auxiliaire.
Deux semblables polygones étant d'ailleurs tels (228), que les points de
concours des côtés de l'un sont les pôles respectifs des diagonales qui ap-
partiennent aux sommets correspondants de l'autre, et vice versâ, on voit
que les droites qui renfermeraient, deux à deux, trois à trois, etc., ces
points de concours, auraient encore pour pôles les points de rencontre des
diagonales qui leur correspondent respectivement dans l'autre polygone.

230. Il résulte, en outre, des articles 203, 209 et de ce qui a été dit pour
le cas de l'hexagone (228), que si, ayant deux sections coniques quel-
conques sur un plan, on prend à volonté, sur l'une d'elles, cinq points ou
cinq tangentes quelconques, leurs polaires ou leurs pôles, par rapport à
l'autre, détermineront une troisième section conique, à laquelle appar-
tiendra la polaire ou le pôle, soit d'un sixième point, soit d'une sixième
tangente, pris à volonté sur la première section conique : or de là on con-
clut en général que :
Si un polygone quelconque, placé sur le plan d'une section conique, est
inscriptible à une autre section conique, son polaire réciproque sera, par là
même, circonscriptible à une telle courbe, et vice versâ.

231. Donc aussi on a ces théorèmes :


Si un point ou pôle, pris sur le plan d'une section conique quelconque, se
meut sur une autre section conique, sa polaire en enveloppera une troisième
dans son mouvement.
Et réciproquement :
Si une droite ou polaire, située dans le plan d'une section conique, se meut
en touchant continuellement une autre section conique, son pôle parcourra
successivement tous les points d'une troisième section conique.
En remplaçant, dans ces énoncés, les noms de pôle et polaire par ceux
de sommet d'angle circonscrit et de corde de contact, qui leur sont équiva-
lents (49), on retombe directement sur la propriété démontrée par M. Brian-
chon a la page i4 du Xe Cahier du Journal de l'École Polytechnique (*).
232. Nous avons donné ailleurs (H), de ces mêmes théorèmes, une démons-
tration beaucoup plus générale que celle qui précède, et qui s'étend au cas
où l'on remplacerait la section conique donnée, que décrit le pôle ou qu'en-
veloppe la polaire dans son mouvement, par une courbe d'un ordre quel-
conque. Voici, pour y arriver, la première des propositions à établir :
Si deux courbes quelconques, situées sur le plan dune section conique donnée,
sont telles, que les points de l' une soient respectivementles pôles des tangentes de
l'autre, réciproquement les points de celle-ci seront les pôles des tangentes de la
première; de sorte que chacune d'elles pourra être considérée, à lafois, comme
l' enveloppe des polaires des points de l'autre, ou comme le lieu des pôles des tan-
gentes de cette autre.
En effet, les deux courbes dont il s'agit peuvent être considérées comme
la limite de deux polygones inscrits ou circonscrits, d'un nombre infini de
côtés infiniment petits, qui se trouvent dans la situation de ceux de l'ar-
ticle 229 par rapport à la section conique auxiliaire, et pour les éléments des-
quels par conséquent le théorème est évidemment vrai. D'après cela, on peut
donc dire que les deux courbes sont polaires réciproques l'une de l'autre, de
même que les polygones dont elles sont les limites.
233. On arriverait d'ailleurs directement aux mêmes conséquences, au
moyen de la théorie des pôles et de la loi de continuité, en observant que, si
un certain point se déplace intiniment peu sur la première courbe, sa polaire,
qui, par hypothèse, est une tangente de l'autre, tendra à tourner autour du
point de contact de cette tangente, lequel est évidemment (196), à son tour,
le pôle de l'élément ou de la tangente qui correspond au point que l'on con-
sidère sur la première ; c'est-à-dire que :
Si, en un point quelconque de l'une des deux courbes, on mène une tangente
à cette courbe, la polaire de ce point touchera l'autre courbe en un point qui sera
réciproquement le pôle de cette tangente.
Ces systèmes de points et de tangentes peuvent s'appeler polaires réci-
proques, comme les courbes mêmes dont ils font partie; et cette définition

(*) On doit au même géomètre d'avoir étendu cette propriété des sections coniques, ou plutôt
sa réciproque, aux surfaces du second ordre en général. Voyez le Mémoire qu'il a fait insérer au
XIIIe Cahier du Journal de l'École Polytechnique.
(** ) T. VIII des Annales de Mathématiques, p. 201 et suiv. ( Voyez l'Errata à la fin du présent
yolume.)
doit s'étendre à des figures quelconquesqui auraient entre elles la même cor-
rélation par rapport à la section conique auxiliaire (*).

234. Pour en venir maintenant à notre objet, supposons qu'on trace une
droite arbitraire dans le plan de la polaire réciproque d'une courbe donnée:
cette droite la rencontrera, en général, en autant de points qu'il est marqué
par son degré. Or, d'après ce qui précède, chacun de ces points est le pôle
d'une certaine tangente à la courbe donnée, et, par la théorie des pôles (196 j,
cette tangente passe nécessairement par le pôle de la droite arbitraire; donc
cette dernière rencontrera la polaire réciproque dont il s'agit en autant de
points qu'on pourra, par son pôle, mener de tangentes à la courbe donnée;
c'est-à-dire que :
Le degré de la polaire réciproque dune courbe donnée est, au plus, égal au
nombre qui exprime combien, d'un point arbitraire, on peut mener de tangentes
à cette dernière courbe.
Ainsi, dans le cas particulier où la courbe donnée est une section conique,
sa polaire est elle-même une ligne du second ordre, comme il s'agissait de
le démontrer directement, et sans rien emprunter aux propriétés des hexa-
gones inscrits et circonscrits aux sections coniques.
Il existe d'ailleurs entre la courbe donnée et sa polaire réciproque, en gé-
néral, des dépendances extrêmement remarquables, et qu'il est facile de re-
connaître au moyen de ce qui précède; ainsi, par exemple :
«
Les points de rebroussement de l'une ont pour réciproques les points
»
d'inflexion de l'autre, et vice versâ; les points multiples de l'une sont les
»
pôles des tangentes communes à la fois à plusieurs branches de sa réci-
> proque, et précisément à un nonibre de branches marqué par l'ordre de
*
multiplicité des points dont il s'agit, etc. ("). »

235. Nous pourrons faire usage de la théorie des polaires réciproques par
la suite; pour le moment, nous nous contenterons de remarquer, en géné-
ral, que les considérations qui précèdent peuvent s'étendre à des figures
quelconques, composées de points, de droites et de courbes quelconques
tracées sur le plan d'une section conique, ce qui donne lieu à une foule de
conséquences et de rapprochements très-curieux concernant la réciprocité et

(*) D'après la note de l'article 196, on pourrait dire aussi que ces figures sont réciproquement
conjuguées harmoniques, relativement à la section conique auxiliaire.
(**) Voyez, pour plus de développements, l'article des Annales de Mathématiques déjà cité ci-
dessus (232, note).
l'analogie qui existent entre certaines figures et certaines propriétés. Ainsi
l'on voit, par exemple, qu'à chaque propriété des polygones inscrits aux sec-
tions coniques, doit correspondre une certaine propriété des polygones cir-
conscrits de même espèce, et vice versâ; on peut même dire, en général, qu'il
n'existe aucune relation descriptive d'une figure donnée sur un plan, qui
n'ait sa réciproque dans une autre figure; car tout consiste à examiner ce
qui se passe dans sa polaire réciproque par rapport à une section conique
quelconque prise pour directrice : si, par exemple, l'on soumet à cette
épreuve les figures relatives aux théorèmes des articles 170 et 201, on retom-
bera évidemment sur les propriétés des articles 169 et 208, qui, sous ce
point de vue, peuvent être envisagées comme les réciproques des premières.
Au reste, la théorie des polaires réciproques, qui n'est, comme on l'a
vu, qu'une extension fort simple de celle des pôles, s'étendrait sans peine
aux figures dans l'espace, en remplaçant la section conique auxiliaire par
une surface du second ordre quelconque (*); mais il n'entre point dans l'ob-
jet de ce Chapitre de nous arrêter longuement à ces diverses recherches,
quelque intérêt qu'elles puissent d'ailleurs présenter.
Nous terminerons ici l'exposition des principales propriétés de la Géo-
métrie de la règle et de la théorie des transversales, en remarquant qu'il
n'est aucun des principes établis qui ne puisse servir à résoudre, soit à
l'aide de jalonnements, soit à l'aide de chaînages plus ou moins multipliés,
quelques-uns des problèmes qu'on se propose d'ordinaire sur le terrain, lors-
qu'il s'agit de tracer des alignements à travers des obstacles qui bornent la
vue, ou de mesurer des distances inaccessibles, ou enfin de décrire des sec-
tions coniques et d'opérer directement sur elles, comme cela est nécessaire,
par exemple, dans le tracé des raccordements de routes ou de canaux, etc.
Nous regrettons de ne pouvoir entrer dans plus de détails sur ce sujet inté-
ressant, qui, au reste, a déjà été traité, d'une manière spéciale, par M. Ser-
vois, dans ses Solutions peu connues de différentsproblèmes de Géométrie pra-
tique et par M. Brianchon dans son Application de la Théorie des transver-
,
sales, et dans son Mémoire sur les courbes de raccordement (224, note). Nous
avons voulu seulement établir les divers principes de solution, en les réu-
nissant tous sous un même point de vue, ce qui n'avait point encore été fait
jusqu'ici d'une manière complète. Nous reviendrons, au surplus, sur cet
objet par la suite, ainsi que sur quelques autres propriétés projectives con-
nues, à mesure qu'il se présentera des occasions favorables de le faire; pour

(*) Voyez le Supplément à la fin de l'ouvrage, art. 592.


le moment, il convient que nous reprenions la théorie des sécantes réelles
ou idéales communes au système de deux ou de plusieurs cercles, et que
nous lui donnions toute la généralité dont elle peut être susceptible.

CHAPITRE III.
DU CENTRE DE SIMILITUDE EN GÉNÉRAL, ET DE CELUI DE DEUX CERCLES EN
PARTICULIER. - DES CERCLES QUI SE COUPENT OU SE TOUCHENT SUR UN PLAN.
DES CONIQUES SEMBLABLES ET SEMBLABLEMENT PLACÉES, EN GÉNÉRAL.
-

236. Nous avons déjà exposé, à la fin du second Chapitre de la première


Section, quelques-unes des propriétés dont jouit le système de deux ou de
plusieurs circonférences de cercle tracées sur un plan, en les considérant
comme des applications faciles des principes posés dans ce Chapitre; mais
il en existe un grand nombre d'autres non moins dignes de remarque et
qui n'étaient guère susceptibles d'être traitées de la même manière, au moins
avec quelque élégance, tandis qu'elles sont, au contraire, des conséquences
on ne peut plus simples des principes de la projection centrale; c'est pour-
quoi nous avons cru devoir les rejeter dans la partie des applications, quoi-
qu'elles appartiennent réellement à des théories purement élémentaires. On
peut d'ailleurs regarder leur exposition comme une introduction nécessaire
aux propriétés analogues des sections coniques en général; et, quoiqu'a
l'aide des principes de la projection centrale il soit possible de traiter les
unes et les autres simultanément, nous avons préféré les séparer constam-
ment dans nos recherches, afin d'être plus clair et de ne point partager inu-
tilement l'attention; nous montrerons au surplus, à la fin de ce Chapitre,
comment on peut étendre immédiatement ces mêmes propriétés aux sec-
tions coniques s. et s. p. (semblables et semblablementplacées) sur un plan.
237. Considérons donc le système de deux circonférences de cercle (C)
et 38, situées sur un même plan; on sait qu'il existe toujours,
sur la ligne CC' de leurs centres, deux points S et S', par lesquels passent
respectivement les faisceaux de droites qui joignent les extrémités de deux
rayons parallèles quelconques, selon que ces rayons sont dirigés dans le
même sens ou en sens contraire, par rapport aux centres C et C'. Ces points,
qui divisent ainsi en segments proportionnels, ou harmoniquement, la
distance CC' des centres, sont en même temps ceux où concourent respecti-
vement, soit les tangentes extérieures, soit les tangentes intérieures, com-
munes aux deux cercles, quand ces tangentes sont réelles et possibles. Afin
de distinguer ces points entre eux et de tout autre point du plan des deux
cercles correspondants, les géomètres ont, depuis quelque temps, donné le
nom de centre de similitude directe au point S où concourent les droites qui
joignent les extrémités des rayons parallèles dirigés dans le même sens, et
celui de centre de similitude opposée au point S' où concourent, au contraire, les
droites qui joignent les extrémités des rayons parallèles dirigés en sens inverse.
238. Nous ferons, sur ces définitions, des observations analogues ~ celles
que nous avons déjà présentées (53 et 77) sur les grandeurs graphiques en
général et sur les axes radicaux des cercles en particulier; quoiqu'elles soient
aussi simples que naturelles, à cause que deux cercles quelconques, tracés
sur un plan, sont nécessairement s. et s. p. à l'égard de chacun des deux
points dont il s'agit, et qu'elles offrent l'avantage d'être absolument indé-
pendantes de l'existence propre des tangentes communes, toutefois elles ont
l'inconvénient de ne pouvoir s'appliquer directement, et avec exactitude, au
système de deux'sectionsconiques ou de deux courbes en général, lesquelles
peuvent cependant avoir, dans certaines situations, des points jouissant des
mêmes propriétés que ceux où concourent, dans d'autres, les tangentes com-
munes, bien que ces tangentes elles-mêmes soient devenues tout à fait im-
possibles ou imaginaires.
Bien plus, ces définitions ne sauraient nullement convenir aux divers
points de concours des tangentes intérieures et extérieures communes, qui
peuvent appartenir au système de deux cercles tracés sur un plan ; lesquels,
comme nous le verrons bientôt (259), jouissent cependant de certaines pro-
priétés semblables à celles des centres de similitude, et qui sont propres à
définir et à déterminer les uns et les autres de ces points d'une manière com-
plète et simultanée. Or, l'un des objets principaux de ces recherches étant
de montrer comment on peut généraliser et étendre immédiatement, au
moyen du principe de continuité, la conception géométrique des figures,
nous ne croyons pas devoir abandonner entièrement la définition primitive,
et jusque-là généralement admise, de points de concours des tangentes com-
munes, laquelle a l'avantage d'être, en quelque sorte, intuitive, et de pré-
senter un caractère purement graphique ou descriptif de l'objet : seulement,
pour éviter l'espèce de contradiction qui peut avoir lieu, dans certains cas,
entre les termes et les objets qu'ils servent à désigner, on peut, si toutefois
on le juge absolument indispensable, employer à l'ordinaire les adjectifs réel
et idéal, qui ne portent que sur la manière d'être de l'objet défini à l'égard
de ceux qu'on rappelle ou dont il dépend, et non sur son existence propre
qui est censée demeurer absolue et réelle. D'après cela, nous appellerons
indistinctement, selon les vues particulières de l'esprit, les points S et S'
centres de similitude, points de concours des tangentes communes, relati-
vement au système des cercles (C) et (C) auxquels ils se rapportent.
On pourrait, au surplus, justifier à priori ces dernières définitions, pour
le cas où les tangentes sont imaginaires, de la même manière qu'on l'a fait
pour les sécantes idéales communes à deux cercles (69); il suffirait, pour
cela, de considérer les hyperboles supplémentaires relatives à ces sécantes;
car elles auraient évidemment les mêmes centres de similitude, et ces centres
appartiendraient à des tangentes réellement communes aux hyperboles.
239. L'existence du centre de similitude n'est point particulière au cas
de deux cercles tracés sur un plan, elle a lieu pour deux figures quelconques,
s. et s. p. (42, note), soit sur un plan, soit, en général, dans l'espace. Le
centre de similitude n'est autre chose, dans ces divers cas, que le point vers
lequel convergent toutes les droites ou rayons de similitude qui joignent,
deux à deux, les points homologues de l'une et l'autre figure, et qui divise
toutes ces droites, ou leurs prolongements, en deux segments proportion-
nels (*) : c'est d'ailleurs un centre de similitude directe ou opposée, selon
que les deux segments en question sont dirigés dans le même sens ou en
sens contraire par rapport à ce point.
240. Deux figures s. et s. p. n'ont évidemment, en général, qu'un centre
de similitude, soit directe, soit opposée; mais, quand elles ont, comme le
cercle, la sphère, les lignes et les surfaces du second ordre, un centre de
figure ou de symétrie, elles ont nécessairement aussi deux centres de simi-
litude, soit directe, soit inverse; il est, au reste, bien évident que, dans
tous les cas, quand l'une des figures est plane, celle qui lui correspond l'est

(*) Il est évident réciproquement que, lorsque deux figures quelconques ont un tel point, ces
figures sont nécessairement s. et s. p., et qu'il en est de même du cas où, ayant leurs lignes homo-
logues parallèles, elles ont, en outre, un point de concours unique des droites joignant les points
homologues, c'est-à-dire un centre de projection (9). Toutes ces notions sônt tellement simples, et
dérivent si immédiatement des premiers principes de la Géométrie, qu'on pourrait, en quelque
sorte, les considérer comme des axiomes, ainsi que le propose lui-même l'auteur de la Géométrie
de position (p. 481, note). La dernière, surtout, mérite d'être remarquée, en ce qu'elle repose
uniquement sur l'idée de direction indéfinie des lignes, idée fondamentale et qui n'a rien de
commun avec celle de leur grandeur, malgré ce qui en a été dit, à l'endroit cité, par M. Carnot.
Nous donnerons, dans la Section suivante, quelques éclaircissements sur cet objet.
aussi. Enfin, l'idée de similitude de grandeur et de position de deux figures
quelconques, tracées ou non dans un même plan, emportant avec elle celle
de la proportionnalité et du parallélisme des droites homologues (142, note),
les notions qui précèdent et celles qui suivent en découlent comme corol-
laires très-simples.

241. Considérons deux figures quelconques s. et s. p.; il est clair que


les droites et les plans qui appartiennent à des points homologues sont eux-
mêmes homologues et parallèles, ou concourent à l'infini, comme aussi les
points et les droites qui sont l'intersection mutuelle de droites ou de plans
homologues sont eux-mêmes homologues; d'ailleurs, les points homologues
quelconques sont sur des droites dirigées vers le centre de similitude, et il
en est de même des plans qui renferment les droites homologues, quand la
figure est dans l'espace; donc on peut conclure immédiatement que :
« 1°
Si un certain point de l'une des figures se meut sur une droite, une
courbe ou une surface quelconque, son homologue, dans l'autre, décrira
aussi une droite, une courbe ou une surface homologue à la première, c'est-
à-dire une ligne ou surface semblable de grandeur et de position, et par
conséquent du même ordre ou degré. »
< 2°
Si une certaine ligne ou surface de l'une des figures est assujettie, soit
à pivoter sur un point fixe, soit à rouler autour d'une autre ligne ou d'une
autre surface quelconque, son homologue pivotera aussi sur le point homo-
logue au premier, ou roulera autour d'une courbe ou surface homologue à
la première, c'est-à-dire semblable de grandeur et de position, et par con-
séquent du même ordre. »
«
3° Les lignes et les surfaces homologues des deux figures ont néces-
sairement leurs branches et leurs nappes infinies parallèles ou asympto-
tiques (103 et 104), c'est-à-dire qu'il n'existe aucun point ou aucune ligne
à l'infini de l'une des deux figures qui n'appartienne en même temps à
l'autre. »
i 4° Les lignes et surfaces de l'une des figures s'entrecoupent en des points
et des lignes qui ont pour homologues ceux ou celles qui appartiennent aux
lignes et surfaces homologues de l'autre figure, etc. »
En général, on voit que toutes les constructions ou opérations quel-
conques que l'on pourra effectuer sur l'une des figures se répéteront de la
même manière sur l'autre, et produiront de nouvelles figures s. et s. p., soit
entre elles, soit à l'égard des premières. Il est d'ailleurs évident que le
centre de similitude sera un point de concours, réel ou idéal, des tangentes
communes, pour chaque couple de lignes homologues qui se trouvent dé-
crites dans un seul plan, et un sommet de surface conique enveloppante,
pour chaque couple de surfaces ou de lignes homologues situées dans l'espace.
242. Revenons maintenant au cas particulier de deux cercles (C) et (C'),
fig. 38, tracés sur un même plan; ce que nous pourrons dire des deux
centres de similitude Set S' qui leur appartiennents'appliquera immédiate-
ment à ceux de deux sections coniques quelconques s. et s. p. sur un plan;
or il est essentiel de remarquer qu'à chaque point A, pris à volonté sur l'un
des cercles, et pour un même centre de similitude S, correspondent en gé-
néral, sur l'autre, deux points A' et E' placés sur la droite qui joint le pre-
mier au centre de similitude; mais il n'y en a évidemment qu'un seul A'
qui soit homologue par similitude avec A; c'est celui dont l'arc a sa cour-
bure dirigée dans le même sens, par rapport au centre de similitude S, que
l'arc qui appartient au point A : pour le distinguer du point E', nous dirons
l' l'
qu'il est homologue direct du point A, et que le point E' est homologue
inverse du même point.

243. En conséquence de ces définitions, deux arcs, deux cordes, deux


tangentes, etc., appartenant respectivement à deux cercles, seront directe-
ment ou inversement homologues, suivant que leurs extrémités ou points de
contact seront des points de l'une ou de l'autre espèce; et cette définition
devra s'étendre en général à des points, des droites, des courbes quel-
conques qui pourraient provenir des premiers points ou des premières
droites.
On voit d'après cela qu'à un point, un arc, une corde, une tangente, etc.,
donné par rapport à l'un des deux cercles, il ne correspond jamais, sur
l'autre, qu'un seul point, un seul arc, une seule corde, etc., duquel on
puisse dire qu'il est son homologue de l'une ou de l'autre espèce, du moins
relativement au même centre de similitude.

244. Nous avons exposé, dans ce qui précède, les nombreuses propriétés
dont jouissent les points, droites, etc., homologues directs; et il en résulte,
en particulier, que les lignes droites ou courbes, homologues de cette
espèce, sont parallèles ou concourent sur la sécante idéale, à l'infini, com-
mune aux deux cercles (94 et 107); or je dis que toutes ces propriétés ont
lieu d'une manière analogue, pour les points, droites, etc., homologues
inverses, relativement à l'autre sécante, à distance finie, commune à ces
mêmes cercles, c'est-à-dire relativement à leur axe radical.
Il suffit, pour cela, de démontrer que le premier de ces systèmes peut
être envisagé comme la projection ou perspective de l'autre, et réciproque-
ment; et c'est ce qui a lieu en effet, puisque l'on peut, en général (119 et
122), mettre la figure en projection sur un nouveau plan, de façon que les
cercles proposés y demeurent encore des cercles pour lesquels la sécante
commune à l'infini sera devenue la sécante commune à distance finie (127)
et vice versâ; il est, en outre, bien évident qu'il se sera fait un pareil
échange entre les deux points de concours des tangentes intérieures ou ex-
térieures communes, qui ainsi seront encore des centres de similitude dans
la nouvelle figure, et comme tels, par conséquent, jouiront des propriétés
ci-dessus exposées (241). Mais, dans cette nouvelle figure, les points et
lignes homologues directs sont évidemment remplacés par les points et lignes
homologues inverses, et pareille chose a lieu, dans la figure primitive, à l'é-
gard de sa projection; donc leurs systèmes jouissent des mêmes propriétés
projectives par rapport aux sécantes communes qui leur correspondent res-
pectivement.
Cette démonstration, il est vrai, ne s'applique en toute rigueur (121) qu'au
cas où la sécante à distance finie, commune aux cercles proposés, est idéale;
mais il est facile de la rendre entièrement générale, en supposant que l'on
mette la figure en projection sur un nouveau plan, de façon (125) que les
deux cercles deviennent des sections coniques quelconques s. et s. p., pour
lesquelles les raisonnements qui précèdent demeurent rigoureusement ap-
plicables, sans restriction.
Enfin il est évident, d'après les principes des articles 125 et 127, que les
mêmes raisonnements et les mêmes conséquences sont applicables à des sec-
tions coniques quelconques s. et s. p. sur un plan (242) ; mais, comme cette
remarque subsiste, à quelques restrictions près, pour tout ce qui va être dit
touchant le cas particulier de la circonférence du cercle, il devient inutile
de la répéter à chaque fois, et nous pouvons renvoyer à la fin de ce Cha-
pitre ce qui est essentiel à dire sur le cas général. Ainsi dorénavant il ne
sera plus question que de la circonférence du cercle.

245. D'après ce qui précède, deux circonférences de cercle, tracées sur


un même plan, peuvent être regardées (14) de deux manières différentes,
comme la projection ou perspective l'une de l'autre, par rapport à chacun de
leurs centres de similitude pris pour centre de projection, selon que les points,
arcs et lignes que l'on considère sont homologues directs ou inverses : dans
la première, les lignes homologues sont parallèles et concourent sur la, sé-
cante à l'infini commune aux deux cercles; dans 1 autre, les lignes homo-
logues concourent, au contraire, sur la sécante, à distance finie, commune
aux mêmes cercles; en sorte que les figures qui résulteraientde là cesseraient
d'être (241) semblables de grandeur et de position, et jouiraient simplement
des propriétés de la projection plane (1) ou perspective ordinaire.

246. On voit qu'ici le mot de projection a un sens beaucoup plus restreint


que celui que nous lui avons accordé, art. 9 et 14, puisque les lignes
homologues, qui sont la projection les unes des autres, au lieu d'être quel-
conques, sont nécessairement, ou parallèles, ou concourantes sur une droite
donnée dans le plan de la figure; droite que, pour cette raison, on pourrait
appeler l' axe de projection ou de concours des deux figures.
Pour en avoir une idée entièrement exacte, on pourrait, dans l'un ou
l'autre des cas dont il s'agit, regarder les deux cercles comme représentant
de deux manières différentes deux sections planes d'une surface conique
dont le sommet serait le centre de similitude que l'on considère en particu-
lier : dans le premier cas, les sections seraient parallèles; dans le second,
elles concourraient en une droite représentée par la sécante, à distance finie,
commune aux deux cercles.
247. Toutes ces propriétés, sur lesquelles nous nous proposons de revenir
d'une manière générale dans la Section suivante, pourraient s'établir, au
surplus, directement et sans avoir recours aucunement aux considérations
de l'espace; elles subsisteraient évidemment encore, en tout ou en partie et
avec des modifications convenables, si l'on venait à supposer, en vertu du
principe de continuité, que l'un des deux cercles proposés, ou tous deux,
devinssent infiniment petits, infiniment grands, ou se rapprochassent l'un
de l'autre jusqu'à une distance insensible, c'est-à-dire si l'on supposait que
ces cercles se réduisissent, soit séparément, soit ensemble, à des points (76),
des droites (95), ou se confondissent.
Dans ce dernier cas, en admettant que, pour se confondre avec l'autre,
l'un des cercles ait glissé, en variant de grandeur, entre les deux tangentes
qui lui sont communes avec ce cercle, ou, ce qui revient au même, s'en
soit rapproché en conservant le même centre de similitude qu'auparavant,
la sécante commune, à distance finie, sera devenue évidemment la sécante
ou corde de contact des deux tangentes communes et du cercle fixe, c'est-à-
dire la polaire du point de concours de ces tangentes ou du centre de simili-
tude; les lignes et les points, que nous avons appelés homologues directs, se
seront confondus deux à deux, tandis que les lignes homologues inverses
concourront, comme auparavant, sur la sécante de contact ou polaire dont
il s'agit.
248. Ainsi les propriétés du pôle et de la polaire, et par conséquentcelles
des quadrilatères inscrits et circonscrits(186), ne sont que des conséquences
fort simples et des cas particuliers de celles des sécantes communes et des
points de concours des tangentes communes; or il résulte de ce rapproche-
ment et de ce qui précède que, relativement à un point quelconque ou pôle
pris pour centre de projection, deux arcs opposés d'un même cercle, ou d'une
même section conique (242 et 244), peuvent être regardés comme la pro-
jection ou perspective l'un de l'autre, dans le sens ci-dessus indiqué (246).
Quand, en outre, le point que l'on considère se confond avec le centre de la
courbe, la projection devient similitude, ou, plus exactement encore, symé-
trie ; la sécante commune ou axe de concours passe à l'infini : c'est par con-
séquent la polaire du centre de la courbe (117).
Arrêtons-nous un instant à l'examen de quelques-unes des conséquences
qui découlent du cas général (245) où l'on envisage deux circonférences de
cercle quelconques (C) et (C'),fig. 38, situées dans un même plan.
249. Il en résulte en premier lieu que, l'un quelconque S des centres de
similitude de ces cercles étant donné, on en peut déduire simultanément, et
par une construction très-simple, les deux sécantes communes qui lui
appartiennent. En effet, si, du point S dont il s'agit, on mène deux trans-
versales arbitraires SA, SB rencontrant ces cercles, la première en A et E,
A' et E' respectivement, la seconde aux points B et D, B' et D' correspondants
aux premiers, puis qu'on trace indéfiniment les cordes qui joignent deux
à deux les points qui appartiennent à un même cercle :
i ° Les cordes AB et A'B, DE et D'E', etc.,
qui sont homologues directes (243),
seront parallèles et concourront sur la sécante, à l'infini, commune aux deux
cercles.
2° Les cordes AB et D'E', DE et A' B', etc., qui sont homologues inverses ( 243),
iront, au contraire, concourir sur la sécante commune à distancefinie, ou sur
l'axe radical des deux cercles.
250. On pourrait ne tracer ou ne se donner qu'une seule transversale SA,
et alors, en menant les tangentes aux points A et E, A' et E' qui lui corres-
pondent respectivement sur les deux cercles, il arriverait encore que :
1° Celles AP et A'P', EP et E'P', qui sont homologues directes, seraient paral-
lèles ou iraient concourir sur la sécante à l'infini, commune aux deux cercles.
2° Celles AP et E'P', EP et A'p', qui sont homologues inverses, iraient, au
contraire, se rencontrer sur la sécante commune ordinaire des deux cercles, ou
leur axe radical.
2'51. Ces dernières relations, parfaitement analogues à celles qui ont lieu
pour le cas où les cercles sont dans l'espace, et ont une sécante commune
réelle ou idéale (66), conduisent immédiatement à la réciproque suivante :
Si, d'un point quelconque de l'une ou de l'autre sécante commune au système
de deux cercles quelconques tracés sur un plan, on mène des tangentes à chaque
cercle respectif; qu'on joigne ensuite deux à deux, par des lignes droites, les
points de contact qui appartiennent à des cercles différents, les unes iront con-
courir au centre de similitude directe, les autres au centre de similitude opposée
il
des deux cercles dont s'agit.

252. Ainsi, non-seulement on peut construire les sécantes communes à


deux cercles décrits sur un plan, quand on se donne un de leurs centres de
similitude, ou simplement une droite quelconque passant par ce centre, mais
on peut aussi déterminer simultanément les deux centres dont il s'agit, au
moyen d'un seul point appartenant à l'une de ces sécantes.
On peut même obtenir directement un second point de cette sécante, et
par conséquent sa direction indéfinie, sans avoir recours nullement aux
centres de similitude donnés par la construction qui précède. Il est évident,
en effet, que les cordes de contact qui sont, sur chaque cercle respectif, les
polaires du point pris à volonté sur l'une des sécantes communes, sont des
droites à la fois homologues par rapport aux deux centres de similitude,
dont l'espèce est indiquée par la nature de la sécante que l'on considère en
particulier, c'est-à-dire qu'elles sont directes, si le point donné est pris sur
la sécante commune à l'infini, et' inverses dans le cas contraire; donc ces
deux cordes ou polaires, étant homologues, vont concourir réciproque-
ment (249) en un point de la sécante même d'où elles proviennent.
Cette conséquence revient d'ailleurs au théorème de l'article 82, dont elle
offre ainsi une démonstration simple et nouvelle.

253. On remarquera que, quand le point d'où partent les tangentes est
précisément celui qui appartient à la fois aux deux sécantes communes des
cercles, lequel est placé à l'infini, la construction ci-dessus cesse d'être pos-
sible, ou plutôt elle devient illusoire dans son objet; il est évident, en effet,
que les cordes de contact ou polaires correspondantes cessent de s'entre-
couper et se confondent, pour la direction, avec la ligne CC' des centres des
deux cercles proposés.
La même remarque doit s'appliquer au cas où l'on se donne seule-
ment (250) une transversale SA, passant par l'un S des centres de similitude
des deux cercles, pour déterminer leurs sécantes communes; car, si cette
transversale se confond avec la ligne des centres CC', les tangentes AP,
E'P', etc., qui lui correspondent sur les deux cercles, deviendront évidem-
ment à la fois parallèles entre elles et à la sécante commune ordinaire : c'est-
à-dire qu'elles ne donneront que le point qui appartient à la fois à cette
sécante et à celle qui est à l'infini. Nous verrons d'ailleurs bientôt (258)
comment on peut, dans le cas général, déterminer directement le centre de
similitude S, au moyen de la transversale SA qui y passe, sans recourir nul-
lement à la construction des'sécantes communes.
254. Quoi qu'il en soit, il résulte de ce qui précède, et de ce que les deux
centres de symétrie ou de figure des deux cercles sont les pôles (248) de
la sécante qui leur est commune à l'infini, qu'une seule de ces six choses
étant donnée : les deux centres de symétrie, les deux centres de similitude,
ou deux droites passant respectivement par ces centres (250), les deux sé-
cantes communes, ou deux points appartenant respectivement à ces sé-
cantes (252), les cinq autres s'ensuivent nécessairement par des construc-
tions très-simples, et qui n'exigent toutes que l'emploi de la simple ligne
droite ou de la règle, quand les deux cercles sont donnés et décrits sur un
même plan.
En effet, nous avons enseigné dans le Chapitre précédent les moyens de
construire linéairement, soit (187, 206) des tangentes passant par des points
pris au dehors ou sur le périmètre d'une section conique donnée et décrite,
soit (197) des droites parallèles à des parallèles déjà tracées, c'est-à-dire
allant concourir avec elles à l'infini sur le plan de la figure. D'ailleurs, le
centre de l'un des deux cercles proposés étant donné, on en déduit sans
peine autant de systèmes de droites parallèles qu'on veut ou de droites con-
courant, deux à deux, sur la sécante à l'infini commune aux cercles dont il
s'agit; car tout consiste évidemment à mener par ce centre des diamètres
quelconques, et à joindre ensuite leurs extrémités par des droites, dont les
opposées seraient nécessairement parallèles.
255. Il arrive fort souvent que deux circonférences données et décrites
sur un plan s'entrecoupent en deux points ou se touchent; on pourra donc
alors déterminer leurs centres de similitude et de symétrie au moyen des
constructions qui précèdent, le tout sans employer d'autre instrument qu'une
règle; on pourra même construire des parallèles ou des perpendiculaires à
des droites données, partager en parties égales des arcs et des angles don-
nés, etc., en observant que le diamètre, perpendiculaire à une droite donnée
sur le plan d'un cercle, renferme le pôle de cette droite, divise en deux
parties égales la corde et l'arc qui lui correspondent, et que les tangentes à
ses extrémités sont parallèles à cette même droite, etc.
Ces choses auraient encore lieu si, les cercles ne se rencontrant pas, on
se donnait un point de la sécante commune à l'infini ou deux parallèles quel-
conques, puisqu'on en déduirait aisément (254) les centres de symétrie de
ces cercles. Mais il n'en serait plus ainsi évidemment du cas où l'on n'aurait
à sa disposition que la circonférence d'un seul cercle avec un système de
parallèles quelconque; car il serait impossible d'obtenir, avec la règle seule,
d'autres diamètres que celui qui a pour pôle le point à l'infini de ces paral-
lèles. Pour en obtenir un second, il faudrait un nouveau système de paral-
lèles différemment inclinées, c'est-à-dire que, même avec un cercle donné
et décrit sur un plan, dont le centre est d'ailleurs inconnu, il est impos-
sible de construire des droites parallèles à des droites données, ou d'obtenir
des points de la droite à l'infini du plan, autrement qu'en se donnant un
parallélogramme sur le plan de ce cercle, ou deux points quelconques de la
droite dont il s'agit (198).
Sous ce rapport donc, on n'est guère plus avancé. avec un cercle que si
l'on n'en avait point du tout; mais aussi, le centre étant une fois connu, on
pourra résoudre, avec ce cercle, des questions qu'on ne résoudrait pas avec
le simple parallélogramme, questions déjà indiquées ci-dessus, et dont quel-
ques-unes ont occupé d'une manière spéciale l'ingénieux Lambert, à la fin
de son Traité de perspective (197, note). Nous nous proposons, au surplus,
de revenir dans le Chap. Ier, Sect. III, d'une manière générale, sur ces
diverses réflexions, en donnant des moyens de construire linéairement tous
les problèmes du second degré, au moyen d'un seul cercle dont le centre est
assigné et le périmètre tracé.

256. Retournons maintenant aux considérationsd'où nous sommes par-


tis (249) et à la fig. 38 qui les concerne. D'après la théorie des pôles (194
et 248), les points H, 1 où se croisent, deux à deux, respectivement les
cordes AB et DE, AD et BE, et le point P où concourent les tangentes AP
et EP du c'ercle (C), c'est-à-dire le pôle de SA, sont situés sur la polaire HP
du centre de similitude S, d'où ces cordes et ces tangentes proviennent : il
en est de même évidemment des points H', F et P', qui sont les croisements
des cordes et des tangentes du cercle (C') homologues aux premières; ces
points sont pareillement sur la polaire du centre de similitude S, relative a
ce cercle. Mais chacun des premiers points est évidemment à la fois homo-
logue direct et inverse par rapport à celui qui lui correspond dans l'autre
cercle, puisque les deux systèmes de cordes ou de tangentes dont ils pro-
viennent sont eux-mêmes dans ce cas (243); de plus, les deux séries de
points semblables comprennent évidemment tous ceux qui jouissent de cette
propriété par rapport au centre de similitude S. Donc :
Tous les points du plan de dèux cercles, qui sont à lafois homologues directs
et inverses par rapport à l'un de leurs centres de similitude, pris en particulier,
sont distribués respectivementsur deux droites, polaires de ce centre de similitude,
lesquelles sont ainsi elles-mêmes à la fois homologues de l'une et de l'autre
espèce.

257. Les deux droites HP, H'P' sont évidemment parallèles et concourent
à l'infini au point de l'intersection des deux sécantes communes aux cer-
cles (C) et (C'); je dis, de plus, qu'elles sont symétriquement placées de
part et d'autre de celle KM de ces sécantes qui est à distance finie. En effet,
les quatre tangentes aux points A, E, A', E', appartenant à la transversale SA,
forment, par leurs intersections mutuelles, un parallélogrammePKP'L, dont
une diagonale KL se confond (250), pour la direction, avec la sécante en
question, et dont l'autre, terminée aux points P et P' appartenant aux po-
laires du centre de similitude S, se trouve ainsi divisée en deux parties égales
par cette sécante. Il suit de là évidemment (88, 3°) que :
Les polaires de l'un quelconque des centres de similitude de deux cercles
sont réciproques l'une de l'autre, dans le sens de l'article 84, et forment avec
les deux sécantes communes à ces cercles un faisceau de quatre droites har-
moniques.

258. Enfin, si l'on remarque que les points P et P', pôles de la transver-
sale SA par rapport à chaque cercle respectif, sont nécessairement, d'après
ce qui précède, à la fois homologues de l'une et de l'autre espèce, quelle que
soit la position de cette transversale, on en conclura que r
Les pôles de toute droite passant par l'un des centres de similitude de deux
cercles sont homologues et se trouvent, comme tels, placés sur une droite con-
courant réciproquement en ce centre.
Cette propriété est tellement caractéristique, que, lorsqu'elle a lieu pour
deux cercles et un point situés dans un plan commun, il faut nécessairement
que ce point soit un de ceux où concourent les tangentes communes à ces
cercles. Il est, en effet, évident que la transversale qui passe par ce point
ne peut devenir tangente à l'un des cercles, sans le devenir en même temps
à l'autre; car les deux pôles correspondants se trouvent alors à la fois sur
cette transversale.
259. Cette démonstration n'est, il est vrai, satisfaisante pour tous les cas
qu'autant que l'on admet le principe de continuité ; mais, d'après la remarque
à laquelle elle donne lieu, le point que l'on considère doit être ou tout à fait
extérieur ou tout à fait intérieur aux deux cercles proposés : dans le premier
cas, ce point est réellement un point de concours des tangentes communes;
dans le second, la discussion directe apprend que ce point est nécessairement
placé sur la ligne des centres de figure; et, si l'on abaisse alors de ces
centres deux perpendiculaires sur une transversale quelconque dirigée vers
le point donné, elles passeront par les pôles correspondants de cette trans-
versale; or on conclut immédiatement des triangles semblables, et de ce que
chaque rayon est moyen proportionnel entre la distance du centre au pôle
et à la transversale, que ces rayons sont entre eux comme les distances
des deux centres au point donné, propriété qui ne convient évidemment
qu'aux seuls centres de similitude des deux cercles.
La difficulté que nous venons de rencontrer provient de ce qu'il existe
d'autres points que les centres de similitude directe et inverse, qui jouissent
de la propriété examinée; car on peut démontrer, et nous démontrerons
plus tard directement, que chacun des six points de concours des tangentes
en général communes à deux cercles jouit, à l'égard de ces cercles, de la pro-
priété énoncée, propriété que nous n'avons encore établie que pour les seuls
points de concours des tangentes intérieures et des tangentes extérieures
communes, c'est-à-dire pour les centres de similitude des cercles.
260. Nous avons beaucoup insisté sur ce théorème réciproque, parce qu'il
nous sera utile par la suite, et afin de montrer par un nouvel exemple cono
bien l'admission ouverte du principe de continuité en Géométrie peut abréger
et rendre faciles les démonstrations et les recherches. Dans des cas plus com-
pliqués, l'avantage de cette admission est bien autrement évidente, et ce
serait a ne plus finir, ce serait vouloir poser des bornes aux progrès ulté-
rieurs de la Géométrie, que de s'astreindre à recommencer ainsi, dans chaque
cas, la démonstration des diverses propriétés qui se présentent.
Au surplus, la propriété qu'ont les pôles d'une transversale quelconque,
passant par le centre de similitude de deux cercles, d'être homologues et,
comme tels, placés sur une autre droite passant réciproquement par ce centre,
n'est point particulière à ces, sortes de points ; elle appartient évidem-
ment (241 et 244) aux points où se coupent respectivement deux systèmes
de cordes ou de droites homologues de l'une ou de l'autre espèce, aux pôles
respectifs de ces droites, etc., lesquels sont nécessairement eux-mêmes
homologues de l'espèce que l'on considère (243), c'est-à-dire que :
Les points homologues quelconques, soit directs, soit inverses, sont nécessai-
rement sur des droites dirigées vers le centre de similitude correspondant des
deux cercles.
261. Nous terminerons ce sujet par l'examen de quelques-unes des pro-
priétés, déjà connues, du système de deux cercles et de leur centre de simi-
litude, en faisant voir comment elles se rattachent toutes à celles qui pré-
cèdent.
Puisque deux cordes homologues inverses quelconques, telles que AB et
D'E', DE et A'B', etc. (fig. 38 ), vont concourir sur la sécante commune ordi-
naire MN des deux cercles (C) et (C'), les quatre extrémités de ces cordes
appartiennent à un autre cercle (71 ), qui devient tangent à la fois aux pro-
posés, quand ces cordes sont nulles ou infinimentpetites ; et réciproquement,
quand un cercle touche à la fois les cercles (C) et (C), les tangentes aux
points de contact concourent sur la sécante MN ; et par conséquent (251)
ces tangentes et ces points sont nécessairementhomologues inverses par rap-
port à l'un des deux centres de similitude, dont l'espèce est d'ailleurs déter-
minée par la nature du contact (*).
262. Il résulte de ces théorèmes une propriété remarquable du centre de
similitude de deux cercles, et qui consiste en ce que le rectangle des dis-
tances SE et SA' de ce centre à deux points homologues inverses quelconques
E et A', appartenant aux deux cercles, est constant; ce qui peut, au reste,
se déduire directement de la similitude des deux cercles; car, pour deux
points homologues directs A et A', on a SA' : SA = conste. ; d'ailleurs on a
aussi SA. SE = eonste. ; donc SA'. SE = conste.
263. De cette propriété du centre de similitude on déduirait immédiate-
ment toutes celles qui précèdent ; elle montre en particulier que, bien qu'un
cercle quelconque, tracé dans le plan de deux cercles donnés (C) et (C'),
détermine deux cordes qui concourent (71) sur la sécante commune ordi-
naire de ces cercles, ces cordes ne sont cependant point en général homo-

(*) Il est visible (242) que, quand le contact est de même espèce, ou que le cercle en question
touche à la fois extérieurement ou intérieurement les proposés, le centre de similitude correspon-
dant est direct ; et qu'il est opposé, ou inverse, quand le contraire arrive.
logues inverses ; et que, pour qu'elles le soient, il est nécessaire encore que
le produit constant des segments formés, à partir de l'un des centres de simi-
litude, sur une sécante quelconque de ce cercle, soit égal à celui ci-dessus
des segments qui correspondent à deux points homologues inverses quel-
conques relatifs à ce même centre. C'est ce qui aurait lieu, par exemple, si
ce cercle passait déjà par deux points de cette espèce, c'est-à-dire que :
«
Si, par deux points E et A' homologues inverses par rapport à l'un des
»
centresde similitude S de deux circonférencesde cercle (C) et (C'), on mène
» une autre
circonférence quelconque, elle ira rencontrer les premières en
»
deux nouveaux points D et B\ qui seront eux-mêmes homologues inverses
» par rapport à ce centre. »
264. Pareillement, tout cercle qui coupe orthogonalement les cercles (C)
et (C') ayant son centre sur la sécante commune MN (73), ses points d'inter-
section avec les proposés sont les points de contact des tangentes égales issues
de ce centre, et par conséquent, pris dans un certain ordre, ces points de
contact sont (251) deux à deux homologues inverses, soit par rapport à S,
soit par rapport à S'.
265. Supposons que, du point S comme centre, avec un rayon moyen
proportionnel entre les segments SA', SE relatifs à deux points homologues
inverses quelconques A' et E de deux cercles, on décrive un nouveau cercle
que j'appelle (S), il coupera à angles droits tous ceux qui viennent de nous
occuper et que je désigne en général par (c) ; donc (264) il fera partie de la
suite que déterminent les cercles (C) et (C'), c'est-à-dire qu'il aura même
sécante commune ordinaire MN avec eux.
266. Réciproquementtout cercle qui coupera orthogonalement le cercle (S)
fera nécessairementpartie (263) du système des cercles (c), c'est-à-dire qu'il
ira déterminer en général, sur les proposés (C) et (C'), quatre points qui,
pris dans un certain ordre, seront deux à deux homologues inverses par rap-
port à S.
267. Enfin deux cercles quelconques de la suite (c) sont évidemment tels,
que leur sécante commune ordinaire vient passer par le centre de similitude
;
correspondant S car, d'après ce qui précède, le cercle (S), qui a ce point
pour centre de figure, est à la fois orthogonal à ceux dont il s'agit (74).
268. Le cas particulier où les deux cercles (c) que l'on considère sont
tangents (261 ) aux cercles (C) et(C/) est surtout remarquable, en ce qu'il y
a réciprocité complète entre le système qu'ils forment et celui de ces der-
niers; carles cercles (C) et (C') sont, à leur tour, tangents de la même espèce
par rapport à ces cercles : il en résulte, par exemple, que le centre de simili-
tude, relatif aux deux cercles tangents (c) et à l'espèce particulière du con-
tact de ces cercles, est situé réciproquement sur la sécante commune aux
deux autres (C) et (C'), etc.
On remarquera, au surplus, que toutes les propriétés qui précèdent sont
indépendantes de l'espèce particulière du centre de similitude que l'on consi-
dère, c'est-à-dire qu'elles ont lieu de la même manière pour le centre de
similitude inverse S'.
269. Les considérations qui viennent de nous occuper conduisent, d'une
manière si naturelle et si simple, aux propriétés connues du cercle tangent à
trois autres sur un plan, que nous ne pouvons nous refuser au plaisir de les
rapporter ici, quoiqu'elles appartiennent à un sujet tant de fois traité par de
savants et profonds géomètres (*). D'ailleurs, comme ces propriétés se ratta-
chent d'une manière intime à la théorie des sécantes et tangentes communes,
et qu'elles peuvent s'étendre, ainsi que nous le verrons par la suite, aux
sections coniques en général, à l'aide des principes de projection posés dans
la première Section, leur examen rentre essentiellement dans l'objet de cet
ouvrage.
Considérons donc le système de trois cercles quelconques (C), (C'), (C")
(fig. 39), situés dans un même plan, ainsi que le système complet des six
centres de similitude qui leur appartiennent deux à deux, et divisent har-
moniquement (237) les côtés respectifs du triangle CC'C", qui a pour som-
mets les centres de figure des trois cercles. On prouve facilement, et de plu-
sieurs manières, cette propriété, due à Monge, que les six points dont il
s'agit sont distribués, trois par trois, sur quatre lignes droites appelées, pour

(*) La théorie des contacts des cercles et des sphères, et la solution des problèmes qui s'y rap-
portent, ont été le sujet des recherches d'Apollonius, de Viète, de Fermat, de Newton, d'Euler,
de Fuss, etc.; elles ont été reprises ensuite et traitées dans toute leur généralité par MM. Monge,
Carnot, Dupuis, Lancret, Dupin, Hachette, Cauchy, Gaultier, Poisson, Français, Gergonne,
J.Binet, etc., qui, pour la plupart, sont anciens Élèves ou Professeurs de l'École Polytechnique. Voyez
plus particulièrement à ce sujet les Annales de Mathématiques, la Correspondance et le Journal de
l'École Polytechnique.
Voici ce que Pascal écrivait, en 1654, à une Société de savants qui avait pris le titre d'Académie
de Paris, en lui rendant compte de quelques ouvrages dont il s'occupait :
« PROMOTUS APOLLONIUS
GALLUS : Id est tactiones circulares, non solum quales veteribus notce,
et a Vieta repertce, sed et adeo ulterius promotce ut vix eumdem patientur titulum. »
« TACTIONES SPHERLCJE, pari
amplitudine clilatce, quippe eadem methodo tractatce, etc., etc, a>
[OEuvres de Pascal, t. IV, edition de 1779.)
cette raison, axes de similitude des trois cercles proposés : c'est-à-dire que
ces six points jouissent exactement des propriétés indiquées art. 162.
Par exemple, si l'on considère deux triangles ayant pour sommets respec-
tifs les centres et les extrémités de trois rayons parallèles quelconques des
trois cercles, les points de concours des côtés opposés aux sommets qui appar-
tiennent au même rayon seront tous trois situés sur une même droite (168);
or ces points font évidemmentpartie (237) des six centres de similitude qui
correspondent aux trois cercles proposés.
270. Cela posé, considérons, en particulier, celui des quatre axes de
similitude de ces cercles dont la direction renferme à la fois les trois centres
de similitude directe S, S', S", et correspond évidemment (261, note) aux
cercles (c) et (c') qui ont à la fois un contact de même espèce avec les cercles
proposés ; ce que nous dirons de cet axe et de ces cercles, en particulier,
sera immédiatement applicable à chacun des trois autres axes et au système
des deux cercles tangents qui lui correspondent respectivement : or on
conclut, sans plus de raisonnements, des principes établis dans ce qui pré-
cède, que :
« 10 La sécante commune ordinaire des cercles tangents (c), (c'), ou
TT'T", ©0'©", passe à la fois (267) par les centres de similitude S, S', S",
et se confond par conséquent avec l'axe de similitude SS'S" des cercles pro-
posés. »
« 2°
Si l'on trace les cercles (S), (S'), (S"), qui appartiennent (265) aux
proposés, pris deux à deux, ils couperont à la fois orthogonalement les cercles
(c) et (c'), et auront la ligne cc' de leurs centres, laquelle est perpendicu-
laire a SS", pour sécante commune (74). »
«
3° Les trois points de contact T, T', T", ou 0, 8', 0", qui appartiennent
à chaque cercle tangent (c) ou (c'), sont (261 ) deux à deux et consécutive-
ment homologues inverses par rapport aux centres de similitude S, S', S", et
par conséquent il en est de même des cordes de contact T8, T'O', T"©", qui
leur correspondent sur chaque cercle proposé. »
«
4° Ces trois cordes vont concourir (268) au centre de similitude s des
cercles tangents (c) et (cI), lequel, devant se trouver aussi à la fois (249)
sur les trois sécantes communes ordinaires des proposés, n'est autre chose
que le point d'intersection mutuelle de ces sécantes, ou le centre radical des
cercles (C), (C'), (C") dont il s'agit. »
«
5° Les tangentes communes aux extrémités de chaque corde respective
T8, T'©', T"8", étant inversement homologues (268) par rapport aux cercles
(c), (c') et à leur centre de similitude s, vont se rencontrer deux à deux en
des points P, P', P" de la sécante commune SS" (250) de ces cercles; c'est-à-
dire que ces points, qui sont les pôles des cordes de contact dont il s'agit
par rapport aux cercles proposés (C), (C'), (C"), sont rangés sur l'axe de
similitude SS'S" de ces cercles. »
«
60 Les polaires ou cordes de contact AB, A'B', A"B", relatives aux trois
cercles proposés et à leur centre radical s, tendent (196) aux pôles respectifs
P, P', P" des cordes TE>, T'E>', T"0" qui passent (40) par ce centre; leurs six
extrémités appartiennent, en outre, au cercle qui a s pour centre et ren-
contre à la fois orthogonalement les proposés; et ce cercle coupe, en même
temps (264, 265), à angles droits ceux (S), (S'), (S") désignés ci-dessus,
c'est-à-dire (a°) qu'il fait partie de la suite des cercles tangents (c), (c') qui
ont la droite SS" pour sécante commune. »
Il 7°
Enfin les pôles 7r, n', n" de l'axe de similitude SS'S", par rapport à
chacun des cercles proposés, sont deux à deux homologues (258) relative-
ment aux centres de similitude S, S', S", et se trouvent d'ailleurs placés (196)
sur les cordes de contact T0, T'E), T"E>", polaires (50) des points P, P', P"
qui leur correspondent respectivementsur l'axe de similitude dont il s'agit.1)

271. Voilà, à peu de chose près, tout ce qu'on connaît d'intéressant sur
les cercles tangents à trois autres sur un plan; les propositions 4% 5e et 6e
donnent une solution du problème correspondant, analogue à celle qu'on
doit à M. Gaultier de Tours (*), et qui a sur elle l'avantage d'être plus géné-
rale et de n'exiger que l'emploi de la règle, quand les cercles donnés sont
décrits et qu'on a seulement (254), soit un point de l'une des sécantes com-
munes, ou deux parallèles quelconques, soit une droite passant par l'un des
centres de similitude, soit enfin le centre de figure de l'un des cercles pro-
posés. Les propositions 4e et 7e donnent une autre solution très-élégante, qui
revient, quant au fond, à celle qu'a présentée, du même problème, M. Ger-
gonne (**), et qui mérite d'autant plus d'être remarquée que la marche pure-
ment algébrique qu'a suivie ce géomètre est entièrement neuve, et paraît
susceptible de s'appliquer à un grand nombre de questions réputées difficiles
dans l'état actuel de l'Analyse. Enfin la propriété de l'article 257, combinée
avec celles que nous venons de citer en dernier lieu, fournirait encore une
troisième solution fort simple du problème du cercle tangent à trois autres,
également due à M. Gergonne.

(*) XVIe Cahier du Journal de l'École Polytechnique, p. 201.


(**) Tome IV des Annales de Mathématiques, p. 253.
Les considérations générales qui précèdent vont nous conduire à de nou-
velles propriétés du cercle tangent à trois autres sur un plan, et qui ne le
cèdent en rien aux premières, sous le rapport de l'élégance et de la simplicité
des constructions qui en dérivent. (Errata et Annotations.)
272. Nous venons de voir que les cercles (c) et (t/), tangents à la fois aux
proposés, et le cercle (s) qui leur est orthogonal et a son centre au point s,
avaient l'axe de similitude SS'S" pour sécante commune ordinaire; mais, au
moyen des articles 263, 264 et suivants, on peut facilement déterminer un
cercle quelconque de la suite qu'ils forment, sans la connaissance préalable
du centre radical s.
Soit pris arbitrairement un point A (fig. 40) sur la circonférence de (C);
soit A' le point inversement homologue à A sur (C') ; soit A" le point inver-
sement homologue à A' sur (C"); par les points A, A', A", ainsi obtenus,
faisons passer une circonférence de cercle (c"), elle rencontrera de nouveau
les proposées aux points respectifs B, B', B", et appartiendra nécessairement
à la suite des cercles (c) et (c') qui ont SS'S" pour sécante commune. En
effet, d'après la construction, ce cercle coupe orthogonalement (263 et 265)
les cercles (S) et (S"), de même que le font déjà les cercles (c) et (c') dont il
s'agit; ce qui ne peut être, à moins (73) qu'il n'ait la droite SS' pour sé-
cante commune avec eux; on voit, de plus, qu'il devra couper aussi à angles
droits le troisième cercle, (S') qui appartient à la même suite (270) que les
deux autres; c'est-à-dire que le cercle (c") joue, à l'égard des cercles (C) et
(C"), le même rôle qu'à l'égard des cercles C et C', C' et C" respectivement.

273. Il résulte de là immédiatement et de la construction du cercle dont


il s'agit que :
«
Si l'on trace les droites BA", BB', B'B", B"A, ainsi que les cordes AB,
A'B' et A"B" qui sont communes à ce cercle et à chacun des proposés :
»
1° Chacune des premières ira concourir (263 et 266) au centre de si-
militude S, S' ou S" des deux cercles auxquels cette droite correspond; en
sorte que les trois autres droites ou cordes AB, A'B', A"B" seront, deux à
deux, inversement homologues par rapport à ces centres respectifs. Ji
Il 2°
Ces trois cordes et toutes leurs semblables, appartenant aux diffé-
rents cercles de la suite (c), (c'), (s), (c") qui ont l'axe de similitude SS'S"
pour sécante commune, vont concourir respectivement (71) aux points inva-
riables P, P', P", pôles (270, 5°) des cordes de contact qui, sur chaque cercle
proposé, appartiennent aux deux cercles tangents (c) et (c'). »
«
A,
3° La figure A A' A"BB'B" inscrite au cercle (c") que l'on considère
en particulier et dont les sommets opposés s'appuient, deux par deux, sur les
cercles proposés, forme naturellement un hexagone fermé, qui, d'après ce
qui précède, ales centres de similitude S, S', S" pour points de concours des
côtés respectivement opposés, et dont les diagonales AB, A'B', A"B" des
sommets pareillement opposés, vont sans cesse concourir aux trois points
P, P', P" déjà désignés ci-dessus. »
274. D'après cela, réciproquement :
«
Trois cercles quelconques étant donnés sur un même plan, si l'on essaye,
à volonté, de construire un hexagone dont les sommets successifs s'appuient
alternativement sur chacun de ces cercles, et soient, deux à deux, consécuti-
vement homologues inverses par rapport à trois quelconques de leurs centres
de similitude appartenant à une même droite ou axe, il arrivera que :
»
10 Cet hexagone viendra naturellement se fermer au point pris pour

sommet de départ. »
«
a° Cet hexagone sera inscriptible à un cercle ayant l'axe de similitude
correspondant pour sécante commune avec les deux cercles tangents qui ap-
partiennent à cet axe. »
«
30 Les diagonales qui joignent les sommets respectivement opposés de
cet hexagone viendront rencontrer l'axe de similitude dont il s'agit aux
pôles invariables des cordes qui joignent, sur chaque cercle proposé, les
points de contact des cercles tangents relatifs à cet axe. »
275. On a donc un moyen aussi simple que commode pour construire si-
multanément, et avec la règle seule, les points P, P', P", relatifs à un axe
de similitude donné SS'S" et aux deux cercles tangents (c) et (c ) qui lui
appartiennent; traçant ensuite les polaires qui leur répondent respective-
ment dans les cercles proposés (C), (C'), (C"), elles iront déterminer, par
leurs intersections avec ces cercles, les six points de contact des deux cercles
tangents dont il s'agit, et se rencontreront, de plus, en un point unique s
qui, d'après ce qui précède (270), sera le centre radical de trois cercles
proposés.
276. Si l'on se proposait seulement de déterminer le pôle P et la corde
de contact qui lui correspond dans le cercle (C), la description de l'hexagone
deviendrait inutile; car si, au lieu de tracer cet hexagone tout entier, on
s'arrête aux trois premiers côtés AA', A'A", A"B, en prenant pour sommet
de départ un point quelconque A du cercle que l'on considère, on formera
naturellement une portion de polygone AA'A"B, dont les sommets extrêmes
A et B, ceux qui correspondent à (C), appartiendront à l'une des diagonales
de l'hexagone ci-dessus, et seront par conséquent situés sur une droite pas-
sant par le pôle P que l'on cherche, nouvelle propriété qui peut s'exprimer
de cette manière :
«
Si l'on construit, à volonté, une portion de polygone AA'AffB composée
de trois côtés, dont les sommets soient deux à deux et consécutivement ho-
mologues inverses par rapport aux centres de similitude S, S', S", placés en
ligne droite, les sommets extrêmes A etB, appartenant au cercle (C), seront
en général distincts entre eux; cela posé, si l'on trace la droite AB qui les
renferme à la fois, elle ira sans cesse concourir au pôle P qui correspond a
l'axe de similitude et au cercle dont il s'agit. Ji
277. On pourrait, par un semblable procédé, déterminer les points P'
et P" et les cordes de contact qui leur appartiennent dans les cercles (C') et
(C"); mais il est clair, d'après ce qui précède (273), que, si l'on détermine
sur ces derniers cercles les cordes inversement homologues à celle qu'on
aura déterminée sur (C), elles joueront, par rapport à eux, le même rôle
que celle-ci par rapport à (C), c'est-à-dire qu'elles seront, pour ces cercles
respectifs, les cordes de contact relatives aux cercles tangents (c) et (c
Cette construction, d'ailleurs moins symétrique que la première, a sur elle
l'avantage d'exiger le tracé d'un moins grand nombre de lignes, attendu
qu'on n'a à opérer que sur un seul des points P, P', P", qui ont les cordes
cherchées pour polaires respectives. L'une et l'autre, au surplus, sont fort
simples, puisqu'elles dispensent de construire les sécantes communes ou
axes radicaux qui appartiennent aux trois cercles proposés, combinés deux à
deux. On peut même éviter entièrement l'emploi direct des axes de simili-
tude, au moyen du procédé qui suit.
278. Ayant choisi, à volonté, trois centres de similitude situés en ligne
droite et appartenant aux trois cercles (C), (C'), (C") combinés deux à deux,
ptenez sur l'un (C) de ces cercles deux points quelconques; cherchez leurs
homologues inverses sur (C'), puis les homologues inverses de ceux-ci sur C",
et ainsi de suite, en procédant constamment dans le même ordre : à la
sixième opération, vous retomberez évidemment (274) sur les premiers
points. On n'aura donc, en tout, que dix lignes droites à tracer, pour obte-
nir, sur chaque cercle, quatre points. Cela posé, si l'on trace les quatre
cordes qui réunissent, deux à deux, ceux de ces points qui ne proviennent
pas d'une même combinaison ou d'un même premier point, ces cordes,
ainsi obtenues dans chaque cercle, détermineront, par leurs intersections
mutuelles, deux nouveaux points appartenant à la corde qui renferme les
deux points de contact demandés, laquelle sera ainsi parfaitement déter-
minée, aussi bien que ces points, pour chacun des cercles proposés.
En effet, les premières opérations reviennent à construire deux hexagones
semblables à celui de l'article 274 : or, si l'on traçait les cordes qui, dans
chaque cercle, appartiennent aux points d'une même combinaison, elles
seraient les diagonales respectives de ces hexagones, et, comme telles,
iraient concourir en celui des points P, P', P" qui est le pôle de la corde de
contact qu'on cherche sur ce cercle ; donc les quatre autres cordes, qui sont
indépendantes entre elles, ou ne proviennent pas d'une même combinaison,
vont se croiser (194) sur la corde de contact dont il s'agit.
279. Ainsi, non-seulement cette construction donnera, comme celles qui
précèdent, les cordes de contact, et par suite (275) le centre radical s, rela-
tifs aux cercles proposés, mais elle donnera aussi chacun des points P, P', P",
qui sont les pôles respectifs de ces cordes sur l'axe de similitude que l'on
considère en particulier.
En répétant les unes et les autres de ces diverses opérations pour chacun
des quatre axes de similitude, elles donneraient les cordes et points de con-
tact qui appartiennent aux huit circonférences tangentes aux proposées;
mais, si l'on remarque (270, 6°) que la polaire du centre radical s, par rap-
port à l'un quelconque de ces derniers cercles, rencontre les quatre axes
dont il s'agit aux points qui sont précisément les pôles des quatre cordes de
contact relatives à ce cercle, il sera beaucoup plus simple, une fois qu'on
aura obtenu par les constructions précédentes les premières cordes de con-
tact et le point s, de s'en servir pour déterminer simultanément les systèmes
de trois autres. Ces diverses constructions n'exigent d'ailleurs que l'emploi
d'une simple règle, pour les circonstances déjà spécifiées plus haut (271).
280. On aura remarqué que les cordes de contact TE>, T'E>', TffE>ff (fig. 39),
qui appartiennent à chacun des cercles (C), (C'), (C"), et jouent un si grand
rôle dans ce qui précède, sont non-seulement deux à deux consécutivement
homologues inverses par rapport aux centres de similitude correspondants
S, S', Sff, mais encore telles, que leurs points respectifs jouissent eux-mêmes,
trois par trois, de cette singulière propriété; c'est pourquoi l'on peut dire
que ces trois droites, et les systèmes de points correspondants, sont périodi-
quement homologues inverses, pour les distinguer des droites et des points
qui ne sont simplement que consécutivement homologues de cette espèce,
tels que les trois points A, A', A" et les tangentes qui leur appartiennent.
On pourrait d'ailleurs étendre cette définition à des périodes composées de
six droites ou de six points, etc.; ainsi, par exemple, les six sommets de
l'hexagone AA'A"BB'B" de la fig. 40 sont périodiquement homologuesin-
verses (274), aussi bien que les six tangentes qui leur correspondent. On voit
cependant, par cet exemple même et par celui des diagonales AB, A'B', A"B",
que ces diverses définitions comprennent également le cas particulier où
trois et six droites forment une période rentrante, sans que, pour cela, tous
les systèmes de points qui leur appartiennent soient périodiquement homo-
logues ; on pourrait dire que ces droites sont périodiquementhomologues du
second genre. Telles sont encore, par exemple, les tangentes aux trois points
de contact de l'un des cercles (c) ou (c'), etc.

281. Cela posé, revenons à nos trois cordes de contact T8, T'8/, T"0"
(fig. 39); on peut aisément démontrer, sans rien emprunter de ce qui pré-
cède, et en ne se fondant que sur les propriétés générales du centre de simi-
litude, qu'il n'existe sur le plan des trois cercles (C), (C'), (C"), et relative-
ment à l'axe de similitude SS'S" de ces cercles, que les seules cordes de
contact dont il s'agit qui soient périodiquement homologues du premier
genre, et que tous les systèmes de trois points semblables appartiennent né-
cessairement à ces cordes.
En effet, si l'on considère deux systèmes quelconques de points périodique-
ment homologues, les triangles qui leur correspondent respectivement, ou
qui ont pour sommets respectifs ces deux systèmes de points, sont évidem-
ment tels, que les côtés qui se correspondent vont concourir, deux à deux,
aux centres de similitude S, S', S" des trois cercles; donc (168) les droites
qui joignent, dans le même ordre, les sommets opposés à ces côtés, c'est-à-
dire celles qui appartiennent à chaque cercle respectif, vont concourir toutes
trois en un seul point. Mais ces droites, réunissant des points deux à deux
homologues inverses, sont elles-mêmes homologues de cette espèce; donc
leur point d'intersection mutuelle doit se trouver à la fois (245) sur les sé-
cantes communes ordinaires des cercles proposés, c'est-à-dire qu'il doit se
confondre avec le centre radical de ces cercles.
Il suit de là évidemment qu'un seul système de points périodiquement
homologues inverses suffit pour déterminer complétement les trois droites
dont il s'agit, et que ces droites comprennent par conséquent tous les autres
systèmes de points semblables, tels que les trois pôles TC, TC', TC" de l'axe de
similitude SS'S", et les systèmes T, T', T", 0, E), 0" des points de contact des
cercles tangents (c) e't (c') aux proposés, lesquels jouissent évidemment (258
et 261) de la propriété en question. Or, c'est ce qu'il s'agissait précisément
de démontrer, sans recourir en aucune manière aux principes de l'ar-
ticle 270.
282. En partant de là d'ailleurs, on déduit facilement des moyens d'ob-
tenir autant de points que l'on voudra des droites ou cordes de contact dont
il s'agit.
Supposonsqu'on choisisse, à volonté, une corde, nommée L, sur (C) ; soitL'
celle qui lui est inversement homologue sur (C'), L" celle qui est inverse-
ment homologue à celle-ci sur (Cf!); soit pareillement M l'homologue inverse
de L" sur (C), M', etc. : je dis que les cordes L et M de (C), L' et M' de (C'),
L" et M" de (C"), se coupent respectivement en trois points périodiquement
homologues inverses, et, comme tels, appartenant aux trois droites ci-dessus
désignées, que j'appellerai H, H', H".
En effet, quel que soit le point où la première corde L rencontre la
droite H qui lui correspond, son.homologue inverse sur L' sera nécessai-
rement aussi sur H', et pareillement l'homologue inverse de celui-ci sur L"
appartiendra en même temps à H"; mais, d'après la propriété qu'ont les
droites H, H', H", l'homologue du dernier point obtenu sur H" doit se con-
fondre, sur H, avec le point de départ, et, selon ce qui précède, il doit aussi
se trouver sur M, qui est homologue inverse de L" sur (C); donc il est à
l'intersection de L et de M, c'est-à-dire que le point de rencontre de ces deux
cordes appartient nécessairement à la droite H, quelle que soit la position
de la corde L, d'où l'on est parti en premier lieu. Or de là suit immédia-
tement la proposition qu'il s'agissait de démontrer, et qui revient évidem-
ment à l'une de celles exposées ci-dessus (278).
283. On peut, au surplus, démontrer d'une manière également directe
que, après la cinquième opération, les mêmes choses reviendront dans le
même ordre, c'est-à-dire qu'on retombera continuellement sur les mêmes
cordes L, L',..., et que ces cordes seront périodiquement homologues in-
verses (280). Tout consiste, en effet, à prouver (278) que cela a lieu pour
l'une quelconque des extrémités de la première corde L ou pour un point
pris arbitrairement sur le cercle (C), ce qui d'ailleurs résulte immédiatement
des principes déjà posés art. 274, et dont ce qui suit offrira ainsi une
démonstration directe et nouvelle.
Or, si dans les raisonnements et les opérations ci-dessus on substitue des
tangentes aux cordes que l'on y considère, il paraîtra évident qu'à la sixième
opération, en rapportant la tangente M" sur (C), on devra retomber sur la
première tangente L, puisqu'elle doit nécessairement passer par le point
commun à celle-ci et à la tangente M déjà obtenue à la troisième opération ;
autrement, en effet, il y aurait plus de deux tangentes possibles au même
cercle (C), passant par un point donné, ce qui est absurde. D'ailleurs la
dernière tangente M" devra se confondre avec la première L, et non avec
l'autre M; car, si elle se confondait avec celle-ci, les points de contact des
trois tangentes M, M', M" seraient périodiquement homologues, ce qui est
également absurde, ou au moins ne peut avoir lieu que pour les seuls
points (281) où les droites H, H', H" rencontrent respectivement les cercles
proposés. Donc les six tangentes qui nous occupent sont périodiquement
homologues inverses, et par conséquent il en est de même des six points
de contact qui leur appartiennent respectivement, dont le premier est d'ail-
leurs arbitraire.

284. On remarquera, de plus, que les six tangentes qui viennent de nous
occuper forment, en les prenant dans leur ordre naturel de succession, et en
supposant chacune d'elles terminée à celle qui la précède et la suit immé-
diatement, un hexagone fermé, dont deux côtés opposés quelconques, et
qui appartiennent par conséquent à un même cercle, vont, d'après ce qui
précède (282), concourir en un point de celle des cordes de contact H, H', H"
qui est relative à ce cercle, tandis que les diagonales qui joignent les som-
mets opposés de cet hexagone se confondent respectivement, pour la direc-
tion (250), avec les trois sécantes communes ordinaires ou les axes radicaux
des cercles proposés, combinés deux à deux. Or de là résulte évidemment ce
théorème :
«
Trois cercles quelconques étant donnés sur un plan, si l'on construit à
volonté un hexagone dont les côtés successifs touchent alternativement cha-
cun de ces cercles, et soient deux à deux consécutivement homologues in-
verses par rapport à trois quelconques de leurs centres de similitude appar-
tenant à un même axe, c'est-à-dire à une même droite, il arrivera que :
«
1° Les six côtés de cet hexagone formeront naturellement un système
de tangentes périodiquement homologues, c'est-à-dire un système tel, que
le sixième côté sera lui-même l'homologue inverse de celui d'où l'on est
parti, et qu'on suppose avoir été pris au hasard. »
«
2° Les diagonales qui joignent les sommets opposés de cet hexagone
se confondront respectivement, pour la direction, avec les trois sécantes
communes ordinaires des cercles proposés, combinés deux à deux. »
*
3° Les trois points de concours des côtés opposés de cet hexagone,
c'est-à-dire des côtés qui appartiennent à un même cercle, se trouveront
situés respectivement sur les trois cordes invariables qui, dans chaque cercle
proposé, renferment les points de contact des deux cercles tangents relatifs
à l'axe de similitude que l'on considère en particulier.
«
4° Pareillement, si l'on se borne à construire les quatre premiers côtés
de cet hexagone, c'est-à-dire un quadrilatère dont les côtés soient consé-
cutivement homologues inverses, ou dont les trois premiers sommets s'ap-
puient respectivement sur les sécantes communes correspondantes des cer-
cles proposés, le quatrième sommet, qui appartient aux tangentes d'un
même cercle, sera situé constamment sur la corde de contact relative à ce
cercle. »
285. De ces propriétés on déduirait immédiatement, par la simple ap-
plication de la théorie des pôles, celles des articles 273, 274 et 276, aux-
quelles elles se rapportent : tout consiste, en effet, à considérer l'hexagone
qui a pour sommets les points de contact des côtés de l'hexagone ci-dessus,
et à observer que les diagonales qui joignent les sommets opposés de cet
hexagone, et sont des cordes respectives des trois cercles proposés, ont pour
pôles les points de concours correspondants des côtés opposés de l'autre.
L'on arrive donc ainsi directement, et en se fondant simplement sur les pro-
priétés générales du centre de similitude et sur celles du pôle qui en dé-
rivent (248), à toutes les constructions qui nous ont occupés précédemment,
et qui sont relatives aux différents cercles qui en touchent trois autres don-
nés sur un plan. Il résulte, en outre, des propriétés qui viennent d'être
exposées en dernier lieu, une nouvelle solution, aussi simple qu'élégante,
pour résoudre cette sorte de problèmes, et qui a sur les autres l'avantage
particulier de ne dépendre directement que des seules sécantes communes
aux trois cercles proposés.
286. Il ne serait pas difficile, au surplus, d'étendre les diverses considé-
rations qui précèdent à un nombre quelconque de circonférences de cercle
tangentes à deux autres sur un plan; on serait ainsi conduit à des théorèmes
sur les polygones, dont ceux qui précèdent ne sont que des cas très-parti-
culiers. En remarquant ensuite que tout ce que nous avons pu dire dans ce
Chapitre s'applique immédiatement aux cas où certains cercles deviennent
infiniment petits, infiniment grands ou se rapprochent à des distances in-
sensibles, c'est-à-dire se réduisent à des points, dégénèrent en des droites (76
et 95) ou se confondent deux à deux (247), etc., il en résultera une infi-
nité de nouveaux théorèmes et de nouvelles figures, qu'il sera facile de
reconnaître par la simple application de la loi de continuité.
287. Considérons, par exemple, le système de trois cercles quelconques
situés sur un plan, aussi bien que l'un des quatre axes de similitude qui
leur appartiennent, ou plutôt les trois points de concours des tangentes
communes à ces cercles, pris deux à deux, et qui sont relatifs à cet axe.
Cela posé, imaginons que l'un des cercles dont il s'agit glisse entre les deux
tangentes qui lui sont communes avec l'un des deux autres, jusqu'à s'en
rapprocher à une distance d'abord infiniment petite, et ensuite nulle, c'est-
à-dire jusqu'à se confondre avec le cercle fixe; concevons que, par suite du
même mouvement, la dernière circonférence glisse également entre les deux
tangentes qui lui sont communes avec le cercle fixe, mais de manière cepen-
dant que le centre de similitude qui lui appartient, ainsi qu'au premier cercle
variable, reste toujours à la même place, ce qui est évidemment possible; il
arrivera nécessairement que cette circonférence se rapprochera sans cesse
de celle qui est fixe, et finira par s'y confondre en même temps que l'autre
qui en dirige le mouvement.
Or, dans ce nouvel état du système, les divers objets de la figure devront
jouir entre eux des mêmes propriétés que dans la figure primitive, pourvu
qu'on ait égard aux modifications qui auront pu s'y opérer; donc, si l'on
observe que les trois centres de similitude des cercles primitifs peuvent être
remplacés par trois points quelconques situés en ligne droite; que pareille-
ment les sécantes communes ordinaires de ces cercles, combinés deux à deux,
deviennent trois droites quelconques se coupant en un point unique, pôle
de celle qui précède, etc., on déduira immédiatement de ces considérations,
et sans qu'il soit besoin de nouveaux raisonnements, toutes les propriétés
descriptives des figures inscrites et circonscrites au cercle et aux sections
coniques, qui nous ont déjà occupés dans les deux précédents Chapitres.
En considérant un plus grand nombre de cercles tangents, il serait d'ail-
leurs facile d'en découvrir beaucoup d'autres relatives aux polygones en
général; mais, comme nous aurons occasion de revenir sur la plupart d'entre
elles par la suite, cette discussion, outre qu'elle ne serait pas ici à sa place,
ne présenterait qu'une répétition inutile. Il nous suffira, pour le moment,
d'avoir montré comment les propriétés générales du centre de similitude
non-seulement conduisent à celles de la théorie des pôles et polaires, mais
encore à toutes les autres propriétés qui font le sujet ordinaire de la Géo-
métrie de la règle.

288. Enfin il est essentiel, pour compléter l'objet de ce Chapitre, de


revenir sur cette remarque, déjà faite à la fin de l'article 244, que tous les
raisonnements dont nous nous sommes servi pour établir les diverses pro-
priétés des cercles situés sur un même plan s'appliquent directement, à
quelques restrictions près, au cas général où l'on remplace ces cercles par
des sections coniques quelconques s. et s. p. sur un plan; ce qui peut éga-
lement s'observer à l'égard des propriétés exposées à la fin du Chapitre II
de la Ire Section.
Les restrictions ne portent évidemment que sur ce qui concerne explici-
tement ou implicitement des grandeurs absolues et déterminées, c'est-à-dire
que cela se réduit uniquement à ce qui a été dit sur la relation d'égalité des
rectangles correspondant aux sécantes du cercle, 'et sur l'orthogonalité de
deux cercles qui ont réciproquement pour rayons les tangentes égales issues
de leurs centres respectifs. Or, pour que les raisonnements subsistent lors-
qu'il s'agit de sections coniques quelconques s. et s. p., il suffit de remplacer
chaque rectangle par son rapport avec le carré du diamètre qui, dans l'une
quelconque des courbes, est parallèle à la sécante d'où provient ce rectangle,
et de remarquer que la considération de l'orthogonalité est entièrement inu-
tile à ces raisonnements, et n'y est amenée que pour la simplicité des énoncés.
On peut d'ailleurs, pour le cas des sections coniques s. et s. p., la rem-
placer par la condition, beaucoup plus générale, que les directions sous les-
quelles ces courbes se rencontrent respectivement soient celles des différents
systèmes de diamètres conjugués qui leur appartiennent; ce qui pourrait
s'exprimer d'une manière plus simple, en disant que ces sections coniques
se coupent sous des angles conjugués : deux sections coniques ainsi appa-
riées sont, comme on voit, non-seulements. ets. p., mais encore telles, que
le centre de l'une est, relativement à l'autre, le pôle de la sécante commune
à toutes deux.

289. On arriverait encore à ces diverses conséquences, mais seulement


pour le cas particulier d'ellipses s. et s. p. sur un plan, en observant qu'un
tel système de courbes peut toujours être censé provenir d'un système pa-
reil de cercles, au moyen de la projection ordinaire de l'une des figures,
sur le plan de l'autre, par des droites parallèles. Il est évident, en effet,
que, dans cette projection, les propriétés de la figure primitive demeurent
applicables à sa dérivée, ou du moins se modifient de la manière déjà
ci-dessus indiquée. Quant aux autres relations qui subsistent individuel-
lement entre chaque cercle et son ellipse de projection, on peut consulter
l'article 47 de la Ire Section.
Pour étendre immédiatement ces dernières conséquences au cas où les
sections coniques, au lieu d'être simplement des ellipses, sont quelconques,
il faudrait nécessairement avoir recours à la loi de continuité; mais, à l'aide
des principes de la projection centrale, nous démontrerons les mêmes choses,
dans la Section suivante, d'une manière entièrement directe et générale: bien
plus, nous ferons voir dans le Supplément comment les propriétés des cer-
cles, qui nous ont occupés dans ce qui précède, peuvent s'étendre, d'une
manière analogue, à des cercles quelconques tracés sur la surface d'une
même sphère, à des sphères et des surfaces quelconques du second ordre
s. et s. p. dans l'espace, etc.; ce qui a déjà été établi, pour plusieurs d'entre
.elles, par les géomètres dont les noms ont été rappelés dans le cours de ce
Chapitre.
SECTION III.
DES SYSTÈMES DE SECTIONS CONIQUES.

Dans la précédente Section, nous avons cherché à exposer les propriétés


«
fondamentales, et pour ainsi dire élémentaires, des figures composées de
lignes droites et de sections coniques, propriétés qui se reproduisent dans
presque toutes les recherches géométriques : ce que nous avons ajouté de
plus général, dans le dernier Chapitre de cette même Section, touchant les
systèmes de lignes du second ordre, ne concerne encore que le cas particu-
lier où ces lignes sont s. et s. p. sur un plan, et ont par conséquent un centre
de similitude ; il nous reste maintenant à étendre ces considérations aux
sections coniques en général.
Or cette extension ne saurait présenter aucune difficulté sérieuse, d'après
les principes des articles 121, 122 et 138, joints à ceux des articles 105 et
127 et à toutes les applications qui en ont déjà été faites dans ce qui précède.
Nous pourrions, en conséquence, passer de suite à d'autres recherches, si
nous n'avions en vue que les propriétés exposées dans le Chapitre III de la
IIe Section ; mais nous avons à déduire de ces propriétés des conséquences
nouvelles, qu'il nous était impossible de développer de la manière con-
venable à l'occasion du cas particulier du cercle ; et ces conséquences
nous semblent se recommander assez fortement à l'attention des géomètres,
par leur utilité, pour que nous puissions consacrer à leur exposition une
grande partie de la Section qui va suivre, sans craindre qu'on nous adresse
le reproche de trop nous étendre.
Nous nous occuperons d'abord du cas le plus simple : celui où l'on en-
visage seulement le système de deux sections coniques tracées d'une ma-
nière quelconque sur un plan.
CHAPITRE PREMIER.
DU CENTRE D'HOMOLOGIE OU DE PROJECTION DES FIGURES PLANES EN GÉNÉRAL, ET
DE CELUI DES SECTIONS CONIQUES EN PARTICULIER.
QUESTIONS QUI S'Y RAPPORTENT.
-
APPLICATION A DIVERSES

Propriétés des sécantes communes et des points de concours des tangentes


communes des sections coniques.

290. Il résulte, en premier lieu, des remarques générales qui précèdent,


et des propriétés établies dans la IIe Section (245) pour le cas particulier où
l'on ne considère que des circonférences de cercle, que :
Deux sections coniques quelconques, tracées sur un plan, peuvent être regar-
dées, de deux manières différentes, comme étant projection ou perspective l'une
de l'autre par rapport à chacun des points de concours de leurs tangentes
communes, pris en particulier pour centre de projection.
291. Dans l'une de ces projections, les arcs que l'on considère ont leur
courbure dirigée dans le même sens par rapport au centre de projection, ou
point de concours correspondant des tangentes communes, et la projection
peut être dite directe ou de première espèce; dans l'autre, ces arcs tour-
nent leur convexité ou leur concavité en sens contraire par rapport à ce
point, et la projection peut être dite inverse ou de seconde espèce. D'ailleurs,
quelle que soit l'espèce de projection que l'on envisage, il est très-facile,
d'après ce qui a été dit art. 243, de reconnaître quels sont les arcs, les
lignes et les points qui, en général, sont homologues ou projections les
uns des autres; et il en résulte que deux points homologues quelconques
sont rangés (260) sur une droite, ou projetante, dirigée vers le centre de
projection que l'on considère en particulier; et que deux lignes, droites ou
courbes, homologues d'une certaine espèce, ou provenant de points homo-
logues de cette espèce, vont concourir sur l'une des sécantes communes aux
deux sections coniques proposées, laquelle renferme ainsi tous les points du
plan qui ont la propriété de se confondre respectivement avec leurs projec-
tions, ou d'être leurs propres homologues de l'espèce que l'on considère.
C'est pourquoi, quand l'on n'a à s'occuper, en particulier, que de l'un des
centres de projection qui appartiennent aux deux sections coniques propo-
sées, on pourrait appeler les deux sécantes communes, qui proviennent de
points homologues de la première ou de la seconde espèce, axes de projection
directe ou inverse.

292. On a vu d'ailleurs (249 et suiv.), pour le cas particulier de deux


cercles tracés sur un plan, la liaison intime qui existe entre les deux centres
de similitude et les deux sécantes communes ou axes de projection corres-
pondants, liaison qui est telle, que, quand l'une de ces quatre choses est
connue, les trois autres s'ensuivent nécessairement, au moyen de construc-
tions d'une grande simplicité, et qui n'exigent toutes que le tracé de lignes
droites indéfinies. D'après ce qui précède, ces constructions, toujours pos-
sibles, sont directement applicables au cas général de deux sections coniques
quelconques, pourvu qu'on regarde comme concourantes en des points d'une
même droite, les lignes qui d'abord étaient parallèles (106 et 107). Mais ici
le nombre des sécantes communes, ou axes de projection, peut être plus
considérable que pour le cas de deux cercles ; et c'est ce qui arrive, par
exemple, quand les courbes se pénètrent en quatre points réels. Cependant
les constructions citées donnent toujours et ne donnent jamais qu'un seul
centre ou un seul axe de projection qui corresponde à un centre ou à un axe
semblable supposé connu; nous dirons, pour les distinguer, que ce sont des
centres et des axes de projection conjugués, c'est-à-dire des points de con-
cours conjugués de tangentes communes, et des sécantes communes conju-
guées : celles-ci ont évidemment pour caractère distinctif de se couper en
dehors du périmètre des deux courbes; ceux-là d'appartenir à des paires de
tangentes communes différentes.

293. Quoique ces détinitions, et les propriétés auxquelles elles se rappor-


tent, se trouvent suffisamment justifiées par ce qui a déjà été dit pour le cas
particulier du cercle, il ne sera pas inutile de faire voir comment on peut y
parvenir directement, sans avoir recours aucunement à cet intermédiaire : et
d'abord on pourrait appliquer immédiatement, au cas général de deux sec-
tions coniques, le même genre de démonstration que celui employé pour deux
cercles; car, en mettant la figure en projection sur un nouveau plan, de
façon (105) que l'une quelconque des sécantes communes passe à l'infini,
les deux courbes deviendront (125) s. et s. p. sur ce plan, et auront pour
centre de similitude les points de concours des tangentes communes qui cor-
respondent aux sécantes de la projection. Mais on peut atteindre le même
but, d'une manière entièrement directe, en employant les considérations les
plus simples de l'espace; il suffit, pour cela, de prouver que :
Deux sections coniques quelconques, tracées sur un plan, peuvent être
considérées comme la projection de deux sections planes d'un cône, dont le
sommet est représenté par l'un des points de concours des tangentes communes.
294. En effet, nommons en général (C), (C) les courbes proposées, et S
le point de concours de deux tangentes communes quelconques de ces
courbes ; considéronsla surface du cône qui a ( C) pour base et pour sommet
un point quelconque de l'espace, il est évident que, si l'on projette ce cône
sur le plan dela basè, de façon que S soit la projection du sommet, ses deux
arêtes extrêmes seront représentées par les tangentes communes aux courbes
(C) et (C') qui passent par S. Cela posé, prenons à volonté un point a sur
la courbe (C'), et projetons-le sur la surface conique, à partir du centre de
projection choisi comme il vient d'être indiqué ; projetons-y également les
deux points de contact de cette courbe et des deux tangentes communes ; ces
points appartiendront aux arêtes extrêmes du cône ; concevons enfin le plan
qui renferme les trois points ainsi trouvés, il coupera le cône suivant une
section conique, dont la projection, sur le plan de la base, passera par le
points, et touchera les tangentes communes aux mêmes points que celle (C') ;
donc elle se confondra en une seule et même courbe avec elle, puisque (203
et 207) une section conique est entièrement déterminée de grandeur et d'es-
pèce, quand on en a trois points et les tangentes en deux de ces points.
Comme au point a, pris sur (C'), correspondent toujours deux points, l'un
supérieur, l'autre inférieur, sur la surface du cône que l'on considère, il en
résulte qu'il existe aussi deux sections planes de ce cône qui, dans des sens
différents, ont pour projection la courbe (C') ; donc les deux sections coniques
proposées peuvent être regardées, de deux manières différentes, comme
représentant les sections planes d'un même cône qui a S pour sommet, ce
qu'il fallait démontrer.
295. Cette démonstrationne s'applique, il est vrai, en toute rigueur, qu'au
cas où le point S appartient à deux tangentes communes réelles ; mais on
peut en étendre la conséquence à tous les cas, au moyen de la loi de conti-
nuité. En effet, quand le point dont il s'agit appartient à des tangentes com-
munes réelles, on déduit de ces conséquences un moyen de trouver les deux
sécantes conjuguées communes, lesquelles peuvent être d'ailleurs réelles ou
idéales ; et réciproquement on peut trouver ce point au moyen des sécantes
communes, quand ces dernières existent ; mais la construction est alors tou-
jours possible, et donne toujours (251) des points réels; donc ces points
doivent jouir, dans tous les cas, du même caractère et des mêmes propriétés,
qu'ils appartiennent ou non à des tangentes communes réelles.
296. Il est essentiel de remarquer que réciproquement les droites et les
points qui jouissent, par rapport au système de deux sections coniques tra-
cées sur un plan, des propriétés qui viennent de nous occuper, sont néces-
sairement des sécantes communes à ces courbes et des points de concours de
leurs tangentes communes; en sorte qu'il n'existe, sur le plan de deux sec-
tions coniques, d'autres droites et d'autres points que ceux dont il s'agit,
qui jouissent de ces propriétés.
En effet, si l'on met la figure en projection sur un nouveau plan parallèle
à une telle droite, d'après la propriété dont elle jouit à l'égard du point cor-
respondant et des deux courbes, les lignes que nous avons appelées homo-
logues deviendront parallèles; et, comme les droites qui renferment deux à
deux les points homologues iront encore concourir au point dont il s'agit, ce
point sera nécessairement (239, note) un centre de similitude des deux
courbes, lesquelles seront ainsi semblables entre elles de grandeur et de
position, et auront le point en question pour concours, réel ou idéal, de deux
de leurs tangentes communes. D'un autre côté, la droite située à l'infini sur
le plan de ces nouvelles sections coniques a pour projection celle que l'on
considère sur la figure primitive; donc (126) celle-ci est, à son tour, une sé-
cante réelle ou idéale commune aux sections coniques proposées.
De là, au reste, on déduirait immédiatement, et par la simple application
de la loi de continuité (247), toutes les propriétés qui constituent la théorie
des pôles et polaires des sections coniques, et, par suite, celles qui appar-
tiennent aux asymptotes et au centre de ces courbes.

Des figures homologiques, du centre et de l'axe d'homologie.


297. Les propriétés dont jouit le système de deux sections coniques, tra-
cées sur un plan, à l'égard de leurs points de concours des tangentes com-
munes, ne sont pas particulières à ces sortes de courbes; elles ont lieu pour
des figures planes beaucoup plus générales, quand, ainsi que les premières,
elles peuvent être regardées comme la projection ou perspective de deux
autres figures semblables de grandeur et de position sur un plan; il est évi-
dent, en effet, que, dans le premier système, le centre de similitude se trouve
représenté par un point qui jouit, à l'égard des figures correspondantes, de
toutes les propriétés du point de concours des tangentes communes à deux
sections coniques : ainsi, par exemple, les lignes homologues vont concourir,
deux à deux, sur une droite qui représente tous les points à l'infini du plan
des figures semblables, etc.
Nous avons d'ailleurs déjà fait remarquer (246) que ces propriétés ne sont
autres que celles dela projection centrale ou perspective ordinaire, mais
envisagées sous un point de vue tout particulier; c'est pourquoi il est à
craindre qu'en employant, comme dans ce qui précède, les expressions gé-
nérales de centre et d'axe de projection, pour désigner le point où convergent
toutes les droites qui renferment les points homologues, et les droites où se
rencontrent deux à deux les lignes qui leur correspondent, on ne fasse pas
suffisamment comprendre quel est l'état particulier du système que l'on
considère, et sa parfaite analogie avec celui de deux figures s. et s. p. sur
un plan : ces considérations et l'importance de la chose nous déterminent à
substituer à ces expressions des expressions nouvelles; d'autant qu'il nous
semble extrêmement avantageux, pour la langue géométrique, de pouvoir
désigner un même objet par plusieurs mots, quand ces mots correspondent
à des vues différentes de l'esprit, ou rappellent des propriétés distinctes de
cet objet.
298. Il n'est pas possible de conserver, dans le cas général qui nous
occupe, au point où concourent les droites qui renferment les points homo-
logues, le nom de centre de similitude; mais on peut fort bien l'appeler le
centre d'homologie des deux figures, et dire de ces figures elles-mêmes
qu'elles sont homologiques; la droite sur laquelle concourent, deux à deux,
les lignes homologues sera ainsi l'axe de concours ou d'homologie du sys-
tème, et celles qui convergent vers le centre d'homologie seront des rayons
d'homologie.
Quoique ces diverses expressions ne soient pas encore usitées, elles sont
si simples et si faciles à saisir, que nous ne croyons pas qu'on puisse se re-
fuser à les admettre; d'ailleurs, d'après l'idée qu'on attache d'ordinaire au
mot homologue, quand les figures sont s. et s. p., elles nous paraissent par-
faitement désigner l'espèce de correspondance particulière qui existe entre
les deux systèmes. Enfin elles ont l'avantage de pouvoir s'étendre immé-
diatement, comme nous le verrons plus tard (Supplém., art. 576 et suiv.)
aux figures situées dans l'espace, en remplaçant alors le mot d'axe par celui
de plan d'homologie ou de concours.

299. Quand les figures ont deux axes et deux centres d'homologie, il est
inutile de dire que toutes les expressions jusqu'ici mises en usage pour dis-
tinguer entre eux, soit ces axes, soit ces centres, soit enfin les lignes et les
points homologues de diverses espèces, subsistent.
300. Nous venons d'établir les propriétés des figures homologiques tra-
cées sur un plan commun, en nous appuyant sur les propriétés connues des
figures s. et s. p.; mais on peut aussi y arriver directement sans recourir à
cet intermédiaire, au moyen des considérations déjà employées ci-dessus (294)
pour le cas particulier de deux sections coniques; car on peut toujours
regarder deux pareilles figures comme la projection de deux autres figures
dans l'espace, mais situées dans des plans différents, et qui seraient la per-
spective l'une de l'autre, par rapport à un point quelconque de l'espace pris
pour centre de projection ou point de vue.
On peut d'ailleurs arriver au même résultat en observant que les condi-
tions, pour que deux figures soient homologiques sur un plan, sont néces-
sairement analogues et en nombre égal à celles qui établissent la similitude
de grandeur et de position de deux figures de même ordre, tracées égale-
ment sur un plan. Or toutes les propriétés des figures s. et s. p. sur un
plan dérivent de celles des triangles s. et s. p. ou à côtés parallèles; donc
toutes les propriétés des figures homologiques, en général, doivent aussi
dériver de celles qui appartiennent aux simples triangles homologiques sur
un plan.
Bien plus, il est évident que les relations purement descriptives, celles
qui ne dépendent que de la direction indéfinie des lignes, doivent dériver
uniquement de celles du même genre relatives aux simples triangles; et ces
relations sont exactement les mêmes (167) pour deux triangles homolo-
giques et pour deux triangles s. et s. p., pourvu qu'on admette la notion
que les lignes parallèles concourent à l'infini. Donc les figures homolo-
giques jouissent des mêmes propriétés descriptives que les figures s. et s. p.
sur un plan; et, comme le principe relatif aux triangles est d'une première
évidence (168), il en résulte que les propriétés purement descriptives des
figures planes homologiques sont tout à fait indépendantes de celles des
figures semblables, et ne reposent absolument que sur la définition de la
ligne droite et du plan, considérés dans leur direction indéfinie; ce qui peut
également se conclure des raisonnements déjà établis ci-dessus, au moyen
des considérations de l'espace.
301. Cette remarque est très-importante; car, si l'on admet la notion
relative aux parallèles, qu'on doit regarder comme un axiome inévitable et
fondamental de la Géométrie, qu'on suppose ensuite que l'axe d'homologie
des figures ci-dessus s'éloigne à une distance infinie, on en déduira immé-
diatement, et par réciproque, toutes les propriétés (241) des figures s. et
s. p. sur un plan, qui ne concernent que la direction indéfinie des lignes
et non leur mesure, lesquelles peuvent ainsi être établies indépendamment
d'aucune relation métrique, et sans recourir au principe relatif à la propor-
tionnalité des lignes homologues dans les figures semblables.
Quant aux relations métriques elles-mêmes (*), on peut les déduire toutes,
pour le cas de deux figures homologiques en général, de la propriété (145)
appliquée au cas du triangle coupé par une transversale droite quelconque;
et de là on déduirait immédiatement, comme corollaires, les théorèmes rela-
tifs à la proportionnalité des lignes homologues dans les figures semblables,
en admettant que les segments formés à partir de l'axe d'homologie sont
devenus infinis et égaux, ce qu'on peut regarder comme un autre axiome
incontestable; mais la propriété (145) reposant elle-même (9) sur la théorie
des lignes proportionnelles, dont elle n'est véritablement qu'une extension,
il ne paraît pas qu'on puisse établir, à priori, les relations métriques des
figures homologiques, comme on vient de le faire pour les relations pure-
ment descriptives, à moins, peut-être, d'admettre, avec M. Legendre (**),
le principe des fonctions, qui n'est au fond que le principe de continuité.
On remarquera d'ailleurs que toutes les relations, soit métriques, soit
descriptives, qui ont lieu pour l'une des figures et sont projectives de leur
nature, ont nécessairement lieu aussi (14) pour la figure qui lui est homo-
logique.

Construction de la figure homologique d'une figure donnée, au moyen de


certaines conditions.

302. Il résulte des propriétés purement descriptives des figures homo-


logiques que, si l'on se donne seulement un point de l'une d'elles avec son
homologue sur l'autre, puis le centre et l'axe d'homologie, on pourra décrire
entièrement cette figure au moyen de celle qui est donnée, en n'employant
que la simple ligne droite. En effet, les lignes homologues devant concourir
respectivementsur l'axe dont il s'agit, tout consistera à mener, par le point

(*) L'article 167 offre quelques exemples de ces propriétés pour le cas particulier de deux tri-
angles homologiques; et, au moyen des considérations mises en usage au même endroit, il serait
facile d'étendre de la même manière les autres relations qui appartiennent en général aux figures
s. et s. p.
( ** ) Éléments de Géométrie, Note lie.
donne, une suite de droites transversales dont les homologues seront par-
faitement déterminées, au moyen du point qui correspond au premier et
de l'axe d'homologie ; projetant ensuite, sur ces droites, les différents points
qui répondent à leurs homologues et à la figure donnée, on obtiendra évi-
demment les points correspondants de la figure non décrite, et par consé-
quent les lignes mêmes de cette figure. Il serait d'ailleurs facile de mener les
tangentes aux points ainsi obtenus, etc.
303. En général, on pourra résoudre graphiquement, sur la figure non
décrite et au moyen de ces seules données, toutes les questions qui ne con-
cerneraient que la direction indéfinie des lignes, leur intersection, leur tan-
gence, etc. : voulant, par exemple, rechercher l'intersection d'une certaine
courbe avec une droite donnée, on n'aura qu'à déterminer l'homologue de
cette qroite, et à projeter ses intersections avec la courbe homologue à la pro-
posée sur la droite donnée ; pareillement, si, d'un point donné, on veut
mener des tangentes à une certaine courbe de la figure non décrite, on cher-
chera l'homologue de ce point, duquel on mènera des tangentes à la courbe
correspondante de l'autre figure; on projettera ensuite les tangentes et les
points de contact ainsi obtenus, sur la figure non décrite, etc.
Ces constructions étant tout à fait analogues à celles qu'on pourrait déduire
de la perspective ordinaire, il est assez inutile de s'y arrêter.
304. Si, au lieu d'un point appartenant à la figure non décrite, on en don-
nait trois et leurs homologues, c'est-à-dire deux triangles homologues ;
comme encore, si l'on se donnait deux droites et un point avec leurs homo-
logues, on aurait, par là même, le centre et l'axe d'homologie ; en sorte que,
les figures étant dans un même plan, ou étant seulement planes et dans l'es-
pace, on pourrait, comme précédemment, décrire l'une d'elles au moyen de
l'autre, et résoudre les diverses questions graphiques qui lui sont relatives.
Mais si, avec le centre d'homologie, on ne se donnait que deuxdroites et leurs
homologues, ou si, avec l'axe d'homologie, on ne se donnait que deux points
et leurs homologues, on arriverait encore aux mêmes résultats. En général, on
voit qu'on peut varier, d'une infinité de manières différentes, la nature par-
ticulière des données, et qu'il s'agit seulement qu'elles soient en nombre
suffisant pour déterminer complétement le centre, l'axe d'homologie et deux
points ou deux droites homologues quelconques de l'une et de l'autre figure ;
car se donner deux droites homologues, c'est, par là même, se donner une
infinité de paires de points homologues, puisque les points homologues sont
rangés sur des droites qui passent par le centre d'homologie.
Cas où la figure donnée est une section conique.

305. Lorsque la figure supposée décrite est une section conique, son homo-
logue en est une aussi; et la question qui précède revient, en général, à
déterminer celle-ci au moyen de l'autre, quand on connaît un nombre suffi-
sant de conditions pour la construire. Or cette question peut se résoudre
linéairement, ou avec la règle seule, dans les cas suivants :
i0 Connaissant un centre et un axe d'homologie conjugués des deux courbes,
c'esl-à-dire (292) un point de concours des tangentes communes et une sécante
commune conjuguée à ce point, on se donne, soit un point, soit une tangente
de la courbe non décrite.
20 Connaissant l'un des centres ou l'un des axes d'homologie des deux
courbes, on se donne, soit trois points, soit trois tangentes, soit deux points et
une tangente, soit enfin deux tangentes et un point de la courbe inconnue.
30 Connaissant ou deux axes, ou deux centres d'homologie conjugués des
deux courbes, on se donne, soit un point, soit une tangente de la courbe cher-
chée.
306. Ces questions présentent en tout quatorze cas, dont deux pour la
première, huit pour la seconde et quatre pour la troisième : de ces quatorze
cas, les dix premiers seront seuls résolus dans ce qui va suivre ; les quatre
autres le seront dans le second Chapitre, à l'occasion de recherches particu-
lières, et qu'il serait hors de propos d'entamer ici.
Nous ferons d'ailleurs observer, avant d'aller plus loin, que les deux
centres et les deux axes d'homologie conjugués étant tellement liés entre
eux (292), qu'on ne peut obtenir l'un sans obtenir à la fois l'autre, il arrivera
toujours que, pour une même courbe inconnue, les solutions seront doubles,
soit qu'on cherche un centre, soit qu'on cherche un axe d'homologie. En
conséquence, le nombre des courbes cherchées, ou des solutions distinctes
du problème, ne sera véritablement que moitié de celui des centres ou axes
d'homologie trouvés.
307. Premier cas. Connaissant un centre et un axe d'homologie conjugués
des deux courbes, on se donne un point de celle qui n'est pas décrite.
Solution. Du centre d'homologie projetez le point donné (*) sur la section
conique décrite, ou, ce qui revient au même, menez par ces deux points une
droite transversale ; elle ira rencontrer la courbe en deux points, dont cha-

(*) On concevra très-aisément tout ce que nous allons dire, en suivant, dans chaque cas, les
raisonnements sur une figure, qu'il sera d'ailleurs facile de construire.
cun pourra être pris pour l'homologue du point donné, relativement à l'axe
d'homologie, et servira (302), conjointement avec cet axe, à déterminer
complètement l'une des courbes qui résolvent le problème, lesquelles seront
ainsi au nombre de deux seulement.
Remarque. Quand le centre d'homologie est extérieur à la section conique
donnée, ou que les tangentes qui lui répondent sont possibles; que, de plus,
l'axe d'homologie est une sécante réelle, le problème revient évidemment à
tracer la section conique dont on a trois points et deux tangentes.
308. Deuxième cas. Connaissant un centre et un axe d'homologie conju-
gués des deux courbes, on se donne une tangente de celle qui n'est pas dé-
crite.
Solution. Par le point où la tangente donnée rencontre l'axe d'homologie,
menez des tangentes à la courbe décrite; chacune d'elles pourra être prise
pour l'homologue de la première relativement à l'axe dont il s'agit; proje-
tant ensuite chacun des points de contact sur la tangente donnée, on obtien-
dra deux points qui seront respectivement les homologues des deux pre-
miers : on aura donc tout ce qu'il faut (302) pour décrire les courbes du
problème, qui ainsi seront au nombre de deux seulement, comme dans le cas
qui précède.
Remarque. Le problème revient à décrire une section conique dont on a
deux points et trois tangentes, dans les circonstances déjà indiquées ci-
dessus.
309. Troisième cas. Connaissant un centre d'homologie des deux courbes,
on se donne trois points de la courbe non décrite.
Solution. Les points donnés appartiennent à un triangle dont on obtien-
dra facilement l'homologique en projetant ses sommets sur la courbe décrite;
mais il en résulte en tout huit triangles, dont chacun peut être pris pour
l'homologue du proposé, et auquel correspond par conséquent un axe d'ho-
mologie particulier; donc il y a en tout huit axes d'homologie qui, étant
conjugués deux à deux (306) au centre d'homologie donné, fournissent
quatre courbes distinctes, faciles à décrire (302), et qui sont autant de solu-
tions du problème.
Remarque. Quand les tangentes du centre d'homologie sont possibles, le
problème revient, comme celui du premier cas (307), à déterminer une sec-
tion conique tangente à deux droites et passant par trois points donnés.
310. Quatrième cas. Connaissant un centre d'homologie des deux courbes,
on se donne, en outre, trois tangentes de celle qui n'est pas décrite.
Solution, Les trois tangentes données forment, par leurs intersections
mutuelles, un triangle circonscrit, dont il faut trouver l'homologue sur la
courbe décrite ; car l'axe de concours de ces deux triangles sera aussi l'axe
d'homologie des deux courbes ; au moyen de quoi le problème sera ensuite
facile à résoudre, puisqu'en projetant les points de contact des côtés du nou-
veau triangle sur ceux qui leur sont respectivement homologues dans le pre-
mier, on aura tout ce qu'il faut (302) pour déterminer complétement la
courbe inconnue. Mais le triangle homologue au proposé doit avoir ses som-
mets appuyés respectivement sur les rayons d'homologie qui appartiennent
à ceux de ce dernier ; donc il s'agira en définitive, pour l'obtenir, de circon-
scrire à la courbe donnée un triangle dont les sommets s'appuient sur trois
droites connues passant par un même point : question qui sera résolue, par
la suite (563), d'une manière purement linéaire, et qui offre deux solutions
distinctes, répondant (306) aux deux axes d'homologie conjugués au centre
d'homologie donné. Ainsi la courbe cherchée est unique.
Remarque. Quand le centre d'homologie donné répond à des tangentes
possibles, le problème revient à décrire une conique dont on a cinq tan-
gentes, ce qui peut s'exécuter très-simplement, comme il a été indiqué
art. 213.
311. Cinquième cas. Connaissant un centre d'homologie des deux courbes,
on se donne deux points et une tangente de la courbe non décrite.
Solution. En projetant les deux points sur la courbe donnée, on obtiendra
quatre points, qui, deux à deux, pourront être pris pour les homologues des
premiers, et d'où résultera par conséquent quatre cordes, qu'on pourra
regarder. séparément comme les homologues de celle qui passe par les deux
points donnés.
Cela posé, en prolongeant la corde qui passe par les deux points donnés
jusqu'à sa rencontre avec la tangente qui lui correspond, il en résultera un
point, dont l'homologue s'obtiendra en le projetant sur chacune des quatre
cordes qui sont les homologues de la première; menant ensuite, de chaque
point ainsi trouvé, deux tangentes a la courbe donnée, chacune d'elles pourra
être prise, pour l'homologue de la tangente proposée, et ira par conséquent
la rencontrer en un point qui, étant joint par une droite avec le point d'inter-
section des deux cordes correspondantes, donnera évidemment un des axes
d'homologie cherchés : la seconde tangente donnant un second axe d'homo-
logie nécessairement conjugué,au premier, on obtiendra en tout huit axes
d'homologie, deux a deux conjugués, et par conséquent quatre courbes
distinctes, qu'il sera d'ailleurs facile de construire.
Remarque. Quand les tangentes du centre d'homologie sont possibles, le
problème revient, comme celui de l'article 308, à déterminer une section
conique tangente à trois droites et passant par deux points donnés.

312. Sixième cas. Connaissantun centre d'homologie des deux courbes, on


se donne deux tangentes et un point de la courbe cherchée.
Solution. Si les deux tangentes communes qui correspondent au centre
d'homologie sont possibles, on aura quatre tangentes de la courbe cherchée,
qui, par leurs intersections mutuelles, formeront un quadrilatère complet,
dont une diagonale passera par le centre d'homologie et par le point d'inter-
section des tangentes données, et aura pour pôle (192) le point où se coupent
les deux autres diagonales : ce point étant connu, aussi bien que son homo-
logue qui doit être le pôle (258) de la même diagonale par rapport à la sec-
tion conique donnée, on aura ainsi deux points homologues appartenant
respectivement aux deux courbes.
Si, au contraire, les tangentes communes correspondantes au centre d'ho-
mologie étaient impossibles, on observerait que, dans le quadrilatère ci-des-
sus, les deux tangentes données, la diagonale ou le rayon d'homologie qui
passe par leur intersection, la droite qui joint cette intersection au pôle de la
diagonale doivent former un faisceau harmonique (186) ; de sorte que, les
trois premières étant connues, la dernière s'ensuit nécessairement ( 155) : on
trouvera ensuite le pôle lui-même, en projetant, sur la droite dont il s'agit,
le pôle qui lui est homologue dans la courbe donnée, et qui est connu.
Ayant ainsi obtenu deux pôles homologues, on projettera le point donné
sur la courbe décrite ; les deux points qui en résulteront seront, l'un l'ho-
mologue direct, l'autre l'homologue inverse du premier, et par conséquent
ils correspondront tous deux aux mêmes courbes, mais à des axes d'homo-
logie différents, en sorte qu'il suffira de s'occuper de l'un d'eux en parti-
culier.
Le problème se trouve, par là, ramené à la dernière partie de celui qui
précède ; car les deux systèmes de deux points homologues trouvés déter-
minent deux droites homologues, d'où il est facile de conclure les tangentes
qui, sur la courbe décrite, correspondentaux tangentes données, et par suite
les axes d'homologie cherchés, lesquels conduisent évidemment à deux solu-
tions distinctes du problème.
Remarque. Quand les tangentes du centre d'homologie sont possibles, le
problème revient à déterminer une section conique dont on connaît quatre
tangentes et un point.
313. Septième cas. On connaît un axe d'homologie des deux courbes, et
on se donne trois points de la courbe cherchée.
Solution. Prolongez les côtés du triangle qui a ces points pour sommets
jusqu'à leurs intersections avec l'axe d'homologie ; inscrivez à la courbe
donnée un triangle dont les côtés passent par les points ainsi obtenus : ce
problème, comme nous le verrons par la suite (*), aura deux solutions pure-
ment linéaires, et donnera par conséquent deux triangles qui seront évidem-
ment les homologues du triangle donné ; partant l'on aura deux centres
d'homologie qui, étant conjugués (306), ne donneront lieu qu'à une seule
courbe.
Remarque. Quand l'axe d'homologie est une sécante commune réelle, le
problème revient à celui qui a été résolu directement (203), au moyen de
l' hexagramme mystique de Pascal.
314. Huitième cas. On connaît un axe d'homologie des deux courbes et
trois tangentes de la courbe non décrite.
Solution. Les trois tangentes données forment un triangle par leurs inter-
sections mutuelles; pour obtenir un triangle homologue quelconque dans la
courbe décrite, et par suite un centre d'homologie, on mènera, des points
où les côtés du premier rencontrent l'axe d'homologie, trois tangentes quel-
conques à cette courbe, qui appartiendront au triangle demandé ; et, comme
de chacun des trois points, ainsi obtenus sur l'axe d'homologie, on peut
mener deux tangentes à la courbe donnée, on voit qu'il y aura en tout six
tangentes, qui, prises trois à trois, formeront huit triangles homologues au
proposé, auxquels correspondront par conséquent huit centres d'homologie,
et par suite (306) quatre courbes distinctes, solutions du problème.
Remarque. Si, au lieu de trois tangentes, on ne s'en donnait qu'une seule
avec le point de contact ; qu'on connût, de plus, la droite qui doit renfermer
les centres d'homologie cherchés, le problème n'aurait plus évidemment
qu'une solution unique, qu'il serait facile d'obtenir, puisqu'en menant deux
tangentes à la courbe décrite, par le point où la tangente donnée rencontre
l'axe, leurs points de contact seraient les homologues de ceux qui appar-
tiennent à cette tangente. On peut appliquer des remarques analogues aux
cas qui précèdent et à ceux qui suivent.
Quand l'axe d'homologie est une sécante commune réelle, le problème

(*) Foyez l'article 563 du Chapitre III de la IVe Section. Ces solutions résultent d'ailleurs immé-
diatement du principe de l'article 180, d'où il serait facile également de déduire, par la simple
application de la théorie des pôles, celles du problème don) il a été fait mention plus haut ( 310).
revient, comme celui des deuxième et cinquième cas, à déterminer la section
conique dont on a trois tangentes et deux points.
315. Neuvième cas. On connaît un axe d'homologie des deux courbes, et
l'on se donne deux points et une tangente de la courbe non décrite.
Solution. Par les deux points donnés faites passer une ligne droite ; elle ira
rencontrer l'axe d'homologie en un point qui doit être tel (82 et 252), que
les polaires correspondantes, dans les deux courbes, aillent concourir réci-
proquement en un autre point de cet axe : le point de concours en question
étant déjà connu, puisqu'on peut obtenir, pour la courbe décrite, la polaire
qui le donne, il sera facile de trouver un second point de la polaire relative
à la courbe cherchée, et par conséquent cette polaire elle-même ; car elle
doit rencontrer la droite qui renferme les deux points donnés de cette courbe,
en un nouveau point quatrième harmonique (194) des deux premiers et de
celui qui se trouve sur l'axe d'homologie; ainsi l'on aura deux droites homo-
logues, appartenant respectivement aux deux courbes. Cela posé., par le
point où la tangente donnée coupe l'axe d'homologie, menez des tangentes à
la courbe décrite ; chacune d'elles pourra être prise pour l'homologue de la
première, et par conséquent, en n'en considérant qu'un seule, on aura, pour
les deux courbes, deux paires de droites homologues qui donneront, par
leurs intersections respectives, deux points homologues ou un rayon d'ho-
mologie.
Pour en avoir un autre, joignez, par une droite, celui de ces deux points
homologues qui appartient à la courbe non décrite, avec l'un des points
donnés de cette courbe ; l'homologue de cette droite, pour la courbe donnée,
sera parfaitement connue et ira rencontrer cette courbe en deux points, dont
chacun pourra être pris pour l'homologue du point donné que l'on considère
en particulier ; on aura donc deux nouveaux rayons d'homologie, lesquels
rencontreront le premier en des points qui seront deux centres d'homologie
appartenant à deux courbes distinctes ; et, comme il y a sur la courbe décrite
deux tangentes qui correspondent à la tangente donnée, il en résultera en
tout quatre centres d'homologie, dont les derniers seront conjugués respec-
tivement aux deux autres, et ne produiront ainsi que deux courbes distinctes
pour la solution du problème proposé.
Remarque. Dans les circonstances déjà mentionnées ci-dessus (314), le
problème revient à déterminer une section conique dont on a quatre points
et une tangente.
316. Dixième cas. On connaît un axe d'homologie des deux courbes, et
l'on se donne deux tangentes et un point de celle qui n est pas décrite.
Solution. Les deux tangentes viennent couper l'axe d'homologie en deux
points, auxquels correspondent quatre tangentes sur la courbe donnée, et
par conséquent quatre paires de tangentes provenant de deux points diffé-
rents de l'axe d'homologie. Considérons, à volonté, une de ces paires de
tangentes; on pourra la regarder comme l'homologue de celle que forment les
tangentes données; donc, en joignant par une droite les points d'intersec-
tion respectifs qui leur appartiennent, ce sera déjà un rayon d'homologie, et
il suffira de chercher un autre rayon pareil pour avoir le centre d'homologie
correspondant. ' -
A cet effet, joignez, par une droite, le point donné de la courbe non décrite
avec celui où se coupent les deux tangentes correspondantes, elle ira rencon-
trer l'axe d'homologie en un point qui appartiendra à l'homologue de cette
droite, laquelle sera par conséquent connue, puisqu'elle passe d'ailleurs par
le point d'intersection des tangentes homologues aux premières : or cette
droite ira rencontrer la courbe décrite en deux points, et chacun de ces points
pourra être pris évidemment pour l'homologue du point donné; donc on
aura deux nouveaux rayons d'homologie, lesquels rencontreront celui déjà
trouvé, en deux points qui seront des centres d'homologie appartenant à des
courbes distinctes du problème.
Ainsi chaque paire de tangentes de la courbe décrite donne deux centres
d'homologie et deux solutions correspondantes; mais la paire de tangentes
restantes donnerait évidemment les centres d'homologie conjugués aux deux
premiers; donc ils répondent, deux à deux, à la même combinaison, et il n'y
a en tout que quatre solutions distinctes du problème.
.Rymarque. Quand l'axe d'homologie est une sécante réelle, le problème
revient, comme dans le premier et le troisième cas, à déterminer une sec-
tion conique dont on a deux tangentes et trois points.

317. Il est sans doute inutile de faire observer que, dans les diverses
questions qui précèdent, les tangentes ou les points donnés peuvent se con-
fondre deux à deux, sans que les solutions cessent de rester les mêmes,
pourvu qu'on assigne encore soit la direction de la droite qui renferme les
deux points confondus en un seul, soit, le point d'intersection des deux
droites qui sont également censées confondues en une droite unique. Dans
quelques-unes de ces circonstances, le nombre des solutions peut devenir
moins considérable que dans le cas général, et c'est ce qu'il sera toujours
facile de reconnaître par la discussion directe étàblie sur chaque espèce de
données. Ce qui va suivre montrera, en outre, comment la même remarque
peut s'étendre également aux axes et aux centres d'homologie des deux
courbes.
Application à la théorie des contacts des sections coniques.
318. La théorie des propriétés des sécantes communes et des points de
concours des tangentes communes des sections coniques, que nous avons
envisagée jusqu'ici sous le point de vue le plus général, conduit encore sans
peine, comme conséquence particulière, à celle des contacts et des oscula-
tions de divers ordres des mêmes lignes, et fournit ainsi, d'une manière
aussi directe que simple, la solution de la plupart des questions qui s'y rap-
portent.
Pour y parvenir, il suffit de remarquer que, quand deux points communs
au système de deux sections coniques viennent, par un mouvement continu,
à se réunir en un seul, ces deux courbes se touchent nécessairement en ce
point; que ces mêmes courbes deviennent osculatrices du second et du troi-
sième ordre, lorsqu'un ou deux nouveaux points communs à ces courbes
viennent pareillement à se réunir en un seul avec les deux premiers. Deux
sections coniques ne pouvant d'ailleurs (203) avoir plus de quatre points
communs sans se confondre, on voit qu'il est également impossible qu'elles
soient osculatrices d'un ordre plus élevé que le troisième.
319. Dans le premier de ces trois cas, la sécante commune Ss' (fig. 41),
qui renferme les deux points confondus en un seul S, devient à la fois tan-
gente aux deux courbes, et représente ainsi deux tangentes communes de
ces courbes confondues en une seule; le point S, étant lui-même devenu un
centre d'homologie, doit évidemment encore jouir, à l'égard des deux courbes
et de la sécante commune MN conjuguée à celle de contact, de toutes les
propriétés développées dans ce qui précède; mais on n'a plus alors que des
lignes et des points homologues directs à considérer, et MN est l'axe de
concours de ces lignes.
Quant au centre d'homologie S', conjugué au premier S ou au point de
contact, on peut également l'obtenir, comme dans le cas général (292), au
moyen de la sécante commune de contact ou de celle MN, qui lui est con-
juguée; ainsi les deux courbes peuvent avoir deux autres tangentes com-
munes S's, S's', et deux autres centres d'homologie s, s', lesquels sont néces-
sairement placés sur la tangente commune de contact, et sont conjugués
aux sécantes communes SM, SN qui joignent le point S avec chacun des deux
autres points M et N d'intersection des courbes proposées.
320. Pour le contact du second ordre, il faut, d'après ce qui précède,
que l'un N, des points M, N d'intersection des deux courbes, vienne de
nouveau se confondre avec le point de contact S déjà commun à ces courbes ;
c'est-à-dire que la sécante MN conjuguée à celle du contact, au lieu d'être
entièrement arbitraire comme ci-dessus, doit passer par le point S (fig. 42
qui appartient à la première.
Dans ce cas, le point de contact S conserve toujours, en vertu du prin-
cipe de continuité, ses propriétés primitives à l'égard des deux courbes et
de la sécante SM dont il s'agit, c'est-à-dire qu'il est encore un centre d'ho-
mologie de ces courbes : quant au centre d'homologie S' qui lui est conjugue,
il se trouve nécessairement sur la tangente du point de contact S, et c'est le
seul qui puisse alors exister avec le premier; en sorte que les courbes n'ont
plus qu'une tangente commune S'T, outre celle SS' du point de contact, qui
en représente trois confondues en une seule.
321. Enfin, pour qu'il y ait, au point donné S, contact du troisième ordre,
il suffit évidemment que la sécante commune, conjuguée à la tangente en ce
point, se confonde avec elle dans toute son étendue (fig. 43). Le point S
demeurant toujours un centre d'homologie des deux courbes, la condition
du contact sera remplie, si les droites homologues ab, a'b' des deux courbes
vont se rencontrer, deux à deux, sur la tangente S/ du point de contact C).
Dans ce même cas, il est visible que tous les centres d'homologie seront
confondus en un seul au point de contact S, et que toutes les sécantes et
tangentes communes seront pareillement confondues en une seule avec la
tangente au même point. Il serait d'ailleurs facile de déduire de ce qui pré-
cède les diverses propriétés et notions relatives au contact du troisième ordre
des sections coniques; ainsi, par exemple, on voit que le diamètre passant
par le point de contact, ou qui est conjugué à la tangente commune de ce
point, doit avoir même direction dans l'une et l'autre courbes, etc.
322. Nous n'avons encore rien dit du cas particulier où les sections co-
niques ont un double contact S, S' (fig. 44); mais il est évident, d'après
ce qui précède, que les deux points S, S' et les tangentes qui leur corres-
pondent seront toujours des centres et des axes d'homologie conjugués par
rapport aux deux courbes; que pareillement le point de concours P de ces

(*) Cette construction, appliquée à une courbe géométrique d'un degré quelconque, donnera
évidemment une courbe du même degré, osculatrice du troisième ordre au point de contact
de la tangente. On peut faire des remarques analogues pour les cas ci-dessus des contacts du
premier et du second ordre.
tangentes, qui sont les seules qui puissent alors appartenir à ces courbes, sera
à la fois et le pôle et le centre d'homologie conjugué à la sécante commune
de contact SS'; or de là résulte immédiatement une infinité de propriétés
particulières des sections coniques au double contact : que par exemple on
mène une sécante arbitraire AB par le pôle P de la corde de contact, on
voit qu'elle aura même pôle Q par rapport aux deux courbes, et que ce pôle
sera sur la corde dont il s'agit; de telle sorte que les droites PB, PQ, SS'
auront chacune pour pôle le point d'intersection des deux autres (196), etc.;
mais nous nous proposons de revenir plus tard, et par une voie différente,
sur les diverses propriétés des sections coniques au double contact.
323. Il nous reste maintenant à examiner comment, dans le-s divers cas
qui viennent de nous occuper, l'une des courbes et son point de contact avec
l'autre étant donnés, on peut tracer celle-ci au moyen de certaines conditions
suffisantes pour la déterminer complètement. Or, dans le contact du premier
ordre, on connaît déjà (319), soit un centre d'homologie, soit une sécante
commune, qui ne peuvent concourir simultanément à déterminer la section
conique tangente; ainsi trois conditions nouvelles sont nécessaires (305)
pour décrire complétement la courbe.
Pour le contact du second ordre, on connaît (320) un centre d'homologie
et un point de la sécante commune qui lui est conjuguée; en sorte que deux
conditions peuvent suffire pour déterminer complétement l'osculatrice.
Pour le contact du troisième ordre, on connaît (321) un centre d'homo-
logie des deux courbes et la sécante commune qui lui est conjuguée; et par
conséquent une seule condition, autre que celle du contact, peut suffire pour
déterminer complétement l'osculatrice.
Enfin, pour le double contact, on connaît (322) un centre d'homologie,
et on sait que la sécante commune conjuguée à ce centre, qui ne se confond
pas avec la tangente du point de contact donné, doit être une tangente com-
mune à la fois aux deux courbes; de sorte que deux conditions nouvelles
sont suffisantes pour tracer la courbe qu'on cherche.
324. Si, au lieu d'un point de contact, on se donnait, dans ce dernier
cas, la sécante de contact et par suite le pôle de cette sécante, on aurait à
la fois un centre d'homologie et la sécante commune qui lui est conjuguée ;
par conséquent une seule condition pourrait suffire pour décrire l'une des
deux courbes au moyen de l'autre.
325. On voit pareillement ce qui arriverait, dans le cas du contact simple
du premier ordre, si, à la place du point de contact des deux courbes qu'on
supposerait alors être inconnu, on se donnait, soit une sécante commune,
soit un centre d'homologie conjugués à ce point et à la tangente qui lui cor-
respond. Il est évident que, dans ces diverses circonstances comme dans
celles qui précèdent, l'on pourra toujours décrire l'une des deux courbes
au moyen de l'autre et de certaines données, par quelqu'un des procédés
généraux qui font le sujet des articles 307, 308 et suiv., le tout sans employer
autre chose qu'une simple règle ou des jalons, si l'on opère sur le terrain.

Cas où, soit le centre, soitl'axe d'homologie, soit tout autre objet des deux
figures, est situé à l'infini.
326. Voyons maintenant ce que deviennent ces diverses considérations,
et toutes celles qui font le sujet de ce Chapitre en général, quand on sup-
pose, en vertu de la loi de continuité, que certains points ou certaines droites
s'écartent à l'infini sur le plan de la figure.
Supposons, en premier lieu, que ce soit l'un des centres d'homologie de
deux sections coniques, d'ailleurs quelconques et situées sur un même plan,
qui passe ainsi à l'infini, les deux tangentes communes correspondantesde-
viendront parallèles, aussi bien que tous les rayons d'homologie appartenant
à ce centre ; l'une des deux courbes pourra être considérée de deux ma-
nières différentes (290), comme la projection de l'autre par des parallèles
quelconques : les droites homologues concourant d'ailleurs toujours sur les
axes d'homologie respectifs, conjugués au point à l'infini, il est visible que
la distance comprise entre deux points homologues d'une certaine espèce
sera partout divisée en deux segments proportionnels par la sécante com-
mune correspondante des deux courbes ; de sorte que l'une d'elles pourra
également être censée provenir de l'autre par l'augmentation ou la dimi-
nution, dans un certain rapport constant, des ordonnées de celle-ci prises
par rapport à une droite fixe qui leur sert de sécante commune.
327. Pareillement si, par deux points homologues d'une certaine espèce,
on mène, à volonté, deux droites vers un point quelconque de la sécante
commune correspondante, et que, par deux autres points homologues de la
même espèce, on mène deux nouvelles droites parallèles aux premières, on
verra sans peine qu'elles se couperont encore, ainsi que toutes leurs sem-
blables, sur la sécante commune que l'on considère; en sorte que les deux
courbes proposées peuvent aussi être regardées, d'une infinité de manières
différentes, comme provenant l'une de l'autre, par l'inclinaison, sous un
même angle, des ordonnées de la première, prises par rapport à un axe fixe
qui sert de sécante commune à toutes deux, et en faisant en même temps
glisser, sur des directions parallèles quelconques, les différents points d'ap-
plication de ces ordonnées sur la courbe. Enfin, si cette inclinaison est telle,
que les nouvelles ordonnées conservent la même grandeur, l'opération re-
viendra simplement à faire balancer ou osciller, suivant la même quantité
angulaire, celles des différents points de la courbe proposée.
328. Dans ces diverses déformations, qui reviennent identiquement à la
même, comme on voit, on connaîtra donc les propriétés qui sont communes
à la courbe primitive et à sa transformée (47, 289, etc.); et l'on pourra,
d'après les considérations générales qui précèdent, non-seulement construire
l'une d'elles au moyen de l'autre et de certaines données, mais encore déter-
miner directementles sécantes et tangentes communes qui leur appartiennent,
puisque l'on est censé connaître le centre d'homologie qui est à l'infini.
Si, de plus, on exige que la nouvelle courbe ait un double contact sui-
vant un diamètre, ou un contact du premier ou du second ordre en un point
donné de la première, on le pourra, en choisissant convenablement le mode
de transformation : par exemple, si l'on suppose le centre d'homologie à
l'infini, sur la tangente en un point donné de la courbe décrite, prise pour
axe fixe ou sécante commune, les transformées de cette courbe auront (320)
un contact du second ordre en ce point, etc.
Les mêmes choses s'appliquent évidemment (297) aux lignes courbes en
général, qui ont un centre d'homologie à l'infini; si ce n'est toutefois qu'il
est impossible d'obtenir alors d'autres points de la commune intersection
des deux courbes, que ceux qui sont sur l'axe d'homologie correspondant.
Comme les modes de déformation qui viennent de nous occuper sont sou-
vent employés dans les arts graphiques, et qu'on s'en est servi quelquefois
pour découvrir certaines propriétés des lignes courbes (*), nous avons cru
qu'il ne serait pas inutile de nous y arrêter quelques instants, et de montrer
comment leurs propriétés dérivent toutes de la théorie des figures homolo-
giques en général, théorie qui, comme on voit, donne méme beaucoup plus
que ce qu'on a coutume de considérer.
329. Revenons au système de deux sections coniques quelconques situées
dans un plan, et supposons qu'au lieu d'un centre d'homologie ce soit une
sécante commune qui passe à l'infini; les deux courbes deviendront s. et

(*) DUPIN,Développements de Géométrie, 111 Mémoire, p. 19 et suivantes; BRIANCHON, Corres-


pondance Polytechnique, t. III, p. J; CHASLES, même volume, p. 326. Nous donnerons, dans le
Supplément, les moyens d'étendre ces considérations aux figures tracées en général dans l'espace.
s. p. donc, si l'on admet que l'on puisse tracer des parallèles à des droites
:
données, on aura immédiatement un axe d'homologie dont on pourra se
servir, soit pour déterminer entièrement l'une des deux courbes au moyen
de l'autre et de certaines données, ainsi que cela a été fait dans ce qui pré-
cède pour le cas général où l'on se donne une sécante commune quelconque
de deux sections coniques, soitpour construire directement (292) les sécantes
et tangentes communes à la fois aux deux courbes, etc.
Si, maintenant, l'on suppose que la sécante à l'infini devienne une tan-
gente commune, ou que les deux points communs à l'infini se confondent
en un seul, les courbes deviendront des paraboles à diamètres parallèles ; et,
si l'on admet, en outre, que la sécante commune conjuguée à celle-là passe
par le point de contact à l'infini, ou soit parallèle à la direction commune des
axes, les deux paraboles deviendront osculatrices du second ordre (320)
au point dont il s'agit. Enfin elles deviendront osculatrices du troisième
ordre en ce point (321), si la sécante conjuguée dont il s'agit passe tout
entière à l'infini, et se confond par conséquent avec la tangente du point de
contact.
Le point de contact demeurant toujours un centre d'homologie des deux
courbes, si l'on mène, dans ce dernier cas, deux sécantes arbitraires paral-
lèles aux axes, c'est-à-dire deux rayons d'homologie, ces rayons viendront
déterminer sur les courbes deux cordes homologues parallèles, puisqu'elles
doivent concourir sur la sécante commune à l'infini : or il suit de là que les
portions de parallèles, comprises entre les deux courbes, seront partout
égales entre elles; donc :
Deux paraboles, osculatrices du troisième ordre à l'infini, sont parfaitement
égales, ont même direction d'axes et sont tournées dans le même sens.
330. En général, toutes les propriétés qui peuvent appartenir au système
de deux sections coniques, osculatrices d'un certain ordre en un point donné,
s'appliquent directement au cas où ce point se trouve placé à l'infini; et il
en est de même des constructions qui seraient aptes à donner l'une de ces
courbes au moyen de l'autre et de certaines conditions. Or il n'est nullement
indispensable, comme dans le cas précédent de la parabole, que la tangente
en ce point passe elle-même à l'infini ; elle peut demeurer quelconque, et
alors elle devient évidemment une asymptote commune aux deux courbes,
qui par conséquent sont des hyperboles.
Étant donc donnée une hyperbole, on peut, au moyen des constructions
relatives au cas général, déterminer la courbe de même espèce, qui aurait
avec elle un contact d'un certain ordre à l'infini, et remplirait, en outre,
d'autres conditions également assignées, comme de toucher des droites ou
de passer par des points donnés.

331. Enfin, au'cun axe, ni aucun centre d'homologie des deux courbes
n'étant supposé à l'infini, on peut exiger que cette circonstance ait lieu pour
une certaine tangente ou pour certains points de la courbe non décrite : or,
pourvu qu'on regarde comme parallèles les droites qui concourent en des
points à l'infini, les constructionsresterontles mêmes que dans le cas général,
en vertu du principe de continuité. Mais, se donner un ou deux points à
l'infini d'une section conique, c'est par là même se donner la direction d'une
ou de deux asymptotes de la courbe, qui par conséquent est une hyperbole;
et si l'on assigne, en outre, la tangente en l'un ou l'autre de ces points, on
aura par là même l'asymptote correspondante de la courbe.
Pareillement, demander que la section conique ait une de ses tangentes tout
entière à l'infini, c'est-à-dire (132) ait pour tangente la droite à l'infini du
plan de la figure, soit qu'on assigne ou non le point de contact de cette tan-
gente, c'est, par là même, exiger que la courbe soit une parabole, dont la
direction de l'axe est ou n'est pas donnée. Donc on pourra également résoudre
toutes les questions analogues à celles qui viennent de nous occuper, en exi-
geant que la courbe non décrite soit d'une espèce déterminée, c'est-à-dire
une hyperbole ou une parabole.

Cas où la section coni*que, homologique d'une autre, doit être s. et s. p.


relativement à une troisième section conique.,

332. Les considérations qui précèdent semblent ne pouvoir être facile-


ment appliquées au cas particulier du cercle, parla raison que trois conditions
quelconques suffisent pour déterminer entièrement une telle courbe, sans
que, en apparence, il y ait d'autres conditions accessoires à celles-là ; comme
il arrive dans le cas de la parabole, qui est toujours censée avoir une tan-
gente donnée à l'infini. Mais on ramène facilement encore ce cas particulier
au cas général, en traçant, à volonté, une circonférence de cercle quelconque
sur le plan de la figure; car elle aura (94) en commun, avec celle qu'on
cherche, une sécante à l'infini parfaitement déterminée, puisqu'elle est la
polaire du centre de ce cercle; et par conséquent, indépendamment des trois
conditions que doit remplir en général le cercle cherché, il sera encore assu-
jetti à passer par deux points définis par le système de cette sécante et du
cercle tracé à volonté sur le plan de la figure ; ce qui ramène évidemment les
questions dont il s'agit aux circonstances particulières des problèmes qui
précèdent.
333. En général on peut demander que la section conique, non décrite,
soit s. et s. p. relativement à une section conique quelconque donnée sur le
plan de la figure; car on aura, par là même, deux points à l'infini de cette
section conique. Il y a cependant ici une difficulté, qui n'a pas lieu lorsque les
deux points dont il s'agit sont immédiatement donnés : c'est que ces points
peuvent être entièrement imaginaires, pour le cas où la courbe cherchée doit
être une ellipse ou un cercle.
Voyons, par un exemple particulier, comment on pourra la résoudre ; il
sera, très-facile d'étendre ensuite ce que nous dirons au cas général où les
deux points imaginaires, au lieu d'être a l'infini, seraient quelconques, et
appartiendraient ainsi à une sécante idéale, à distance finie, commune à la
section conique qu'on cherche et à une troisième section conique donnée
prise pour auxiliaire.
334. Supposons donc qu'en un point donné S (fig. 45) d'une section
conique, il s'agisse de mener le cercle osculateur, et, afin de simplifier, pre-
nons pour cercle auxiliaire l'un quelconque de ceux qui touchent la section
conique en S; ce point sera (319) un centre d'homologie commun à la fois
aux trois courbes : or toute la question consiste à trouver un seul point de la
sécante commune à la section conique et au cercle osculateur, conjuguée à la
tangente en S ; car on sait (320) que cette sécante doit, en outre, passer par
le point dont il s'agit.
Traçons, à volonté, deux cordes AB et BC dans la section conique, et
soient A'B', B'C' leurs homologues dans le cercle auxiliaire; ces dernières
devront être parallèles aux cordes correspondantes du cercle osculateur,
c'est-à-dire qu'elles concourront avec elles sur la sécante commune à l'infini
à ces cercles. Ainsi, sans connaître le cercle osculateur, on peut déterminer
directement les points où les cordes qui lui appartiennent, et qui sont homo-
logues à celles AB etBC, rencontrent la droite à l'infini du plan de la figure;
projetant donc ces points sur les cordes AB, BC par les parallèles SK et SL à
A'B' et B' C', les points K et L, ainsi obtenus, seront, pour la section conique,
les homologues de ceux dont il s'agit; et par conséquent KL sera, pour cette
même courbe, la droite qui est l'homologue de celle à l'infini relative au
cercle osculateur. Mais les droites homologues doivent concourir (320) sur la
sécante commune conjuguée à7 la tangente au point S; donc SR, parallèle
à KL, est la sécante commune dont il s'agit, et partant le point R, où elle
rencontre la section conique, est un des points du cercle osculateur ; ainsi
l'on aura tout ce qu'il faut pour le déterminer complétement, soit par points,
soit directement, en menant par R un cercle tangent en S à la section
conique.
335. On remarquera que toutes ces constructions peuvent s'effectuer au
moyen de la règle seule, quand une fois le cercle auxiliaire est tracé ainsi
que son centre (255), ce qui a lieu même pour le cas où l'on n'aurait que
trois points quelconques A, B, C de la section conique et la tangente au qua-
trième point S; car au moyen de l'hexagramme de Pascal (207), on en
obtiendra immédiatement autant d'autres qu'on voudra.
Au reste, on simplifiera beaucoup les constructions qui précèdent, en fai-
sant attention que, si l'on prolonge les cordes A'B', B'C' du cercle auxiliaire
jusqu'à leurs rencontres en K' et L' avec celles qui leur sont respectivement
homologues sur la section conique, la droite K'L', qui passe par ces deux
points, devra nécessairement être parallèle à celle KL, déterminée ci-dessus;
car les triangles KLS, K'L'B', qui ont déjà deux côtés respectivement paral-
lèles, ont, par construction, le point B pour centre d'homologie ou de simi-
litude.
336. Si l'on observe que la droite K'L' est, à son tour, la sécante com-
mune au cercle auxiliaire A'B'C' et à la section conique, conjuguée à la tan-
gente commune du point de contact S, on en déduira, en passant, ce théo-
rème, dont nous donnerons plus tard une démonstration entièrement directe
et générale :
Les sécantes communes à une section conique et à une suite de cercles tangents
en un point donné de cette section conique, qui sont conjuguées à la tangente
en ce point, sont toutes parallèles entre elles, ou vont concourir en un même
point situé à V infini.
337. Quand le point de contact S est l'extrémité d'un des axes principaux
de la courbe, la sécante commune KL et toutes ses semblables deviennent évi-
demment parallèles à la tangente en S; donc celle SR, qui appartient au
cercle osculateur, se confond alors avec cette tangente, et partant (321) le
cercle osculateur a un contact du troisième ordre avec la section conique. Or
cette nouvelle condition détermine entièrement le cercle osculateur; en effet,
la corde de ce cercle, homologue à une corde quelconque AB d'e la courbe,
doit couper cette corde en un point de la tangente en S ; de plus, selon ce
qui précède, elle doit être parallèle à AB' ; donc sa position est entièrement
déterminée et, par suite, celle du cercle osculateur lui-même.
Usage des théoriesprécédentes pour la construction des sections coniques
assujetties à certaines conditions.

338. L'un des grands avantages de la théorie des centres et axes d'homo-
logie, c'est de permettre de ramener directement les questions graphiques
qu'on peut avoir à résoudre sur les sections coniques en général, à de simples
questions du même genre sur la circonférence du cercle. Tout consiste en
effet (302, 303) à tracer, sur le plan de cette section conique, un cercle
dont le centre et l'axe d'homologie avec elle soient connus : or c'est ce qui
est très-facile dans bien des cas.
Par exemple, si la section conique est décrite, on lui mènera un cercle
tangent en un point quelconque, en déterminant, au moyen de l'hexagramme
de Pascal (206), la tangente en ce point, qui d'ailleurs sera un centre d'ho-
mologie des deux courbes. Dans le cas où l'on n'aurait que cinq points ou
cinq tangentes, etc., de la section conique, on obtiendrait encore sans peine,
au moyen du théorème cité et de son analogue (212), soit la tangente en
l'un des points donnés, soit le point de contact de l'une des tangentes don-
nées, d'où s'ensuivrait, comme ci-dessus, le cercle homologique à la courbe
proposée.
339. En général, si la section conique, au lieu d'être décrite, n'est don-
née que par cinq conditions, il faudra se servir de ces conditions pour déter-
miner un cercle dont le centre et l'axe d'homologie avec la courbe proposée
soient connus. Or, en n'admettant parmi ces conditions que celles où l'on
se donne des points et des tangentes de la courbe, la question se ramènera
de suite à quelqu'une de celles qui font le sujet des articles 307, 308 et
suivants, soit en menant un cercle par deux des points donnés, soit eu
traçant, au contraire, un cercle tangent à deux des droites données.
Dans le cas où l'on demanderait que la courbe fût s. et s. p. par rapport
à une autre section conique donnée, le cercle auxiliaire deviendrait inutile,
et l'on pourrait se servir de la section conique donnée elle-même, puisqu'elle
devrait avoir, avec celle qu'on cherche, la droite à l'infini du plan pour sé-
cante idéale commune, droite qui est toujours censée connue, en admettant
qu'on puisse tirer des parallèles, ou qu'on ait seulement (198) un parallé-
logramme quelconque tracé dans le plan de la figure, ou enfin, ce qui revient
au même (248), qu'on ait le centre de la section conique qui sert de com-
paraison. Dans ces mêmes circonstances, trois conditions nouvelles suffi-
raient évidemment (306) pour déterminer entièrement la section conique.
Il y aurait un cas beaucoup plus général à considérer, c'est celui où l'on
demanderait que la courbe cherchée fût semblable de grandeur à une sec-
tion conique donnée, sans être semblablement placée; mais, excepté le cas
où la courbe doit être une parabole ou un cercle, la question paraît présenter
des difficultés toutes particulières, sur lesquelles je crois assez inutile d'in-
sister C).
340. Si l'on remplaçait les données générales qui précèdent par d'autres,
telles que les diamètres conjugués, les axes, les asymptotes, etc., de la courbe,
la recherche du cercle auxiliaire deviendrait encore plus simple et plus facile;
je me dispenserai d'entrer dans des détails à ce sujet. Cependant la question
où l'on se donnerait le centre de la courbe et certains points ou certaines
tangentes, au nombre de trois seulement, mérite particulièrement d'être
remarquée, tant à cause de la simplicité de la solution dont elle est suscep-
tible qu'à cause des conséquences qu'on en peut déduire pour des questions
plus générales.
En effet, au moyen de chacune des tangentes et de chacun des points
donnés, au nombre de trois seulement, on obtiendra directement une nou-
velle tangente et un nouveau point placés symétriquementà l'égard du centre
de la courbe; par quoi le problème sera de suite ramené a quelques-uns de
ceux qui précèdent. Or il résulte de là (120) que, quand on se donne, outre
trois points ou trois tangentes, etc., d'une section conique, un quatrième
point quelconque de son plan et la polaire qui lui correspond, on peut tracer
directement la courbe avec la règle seule.
341. Les questions que nous venons de résoudre se rapportent au pro-
blème général qui suit, dont les cas, dépendant purement de la Géométrie
de la règle, ont déjà été résolus dans le IIe Chapitre de la précédente
Section.
Étant donnés n points (n ne pouvant surpasser 5) et 5 — n tangentes d'une
section conique, tracer la courbe ?
Ce problème, envisagé dans toute sa généralité, a été traité d'une manière
complète par M. Brianchon, dans son excellent Mémoire sur les lignes du
second ordre, déjà souvent cité; mon dessein n'est pas de revenir en détail
sur chacun des cas dont se compose le problème, je ne ferais que répéter
ce qui a déjà été dit plus généralement dans ce qui précède; il me suffit

(*) Voyez p. 205 du tome XI des Annales de Mathématiques, un article sur la Détermination
de l'hyperbole équilatère au moyen de quatre conditions données. (ERRATA et ANNOTATIONS.)
d'avoir montré comment la théorie des sécantes et des tangentes communes
aux sections coniques peut y conduire sans peine et d'une manière tout à
fait directe. On remarquera, au surplus, que cette même théorie donne deux
et trois manières différentes de résoudre graphiquement chacun des cas
compris dans l'énoncé, selon que le cercle auxiliaire passe par deux points
donnés ou touche deux des droites données; elle offre, en outre, l'avantage
d'étendre le sens de cet énoncé à des questions intimement liées à la pre-
mière, et qui semblent en différer sous tous les rapports, en considérant les
choses sous le point de vue purement géométrique.

342. Ainsi nos constructions s'étendent au cas où deux des points ou


des droites données sont à la fois imaginaires, pourvu que le système de ces
points ou de ces droites soit défini d'une manière convenable : les deux points
par le système d'une droite et d'un cercle ou d'une section conique quel-
conque, les deux droites par celui d'une courbe pareille, considérée comme
tangente à ces droites, et d'un point qui en serait le concours idéal. Il serait
même possible, et il ne serait guère plus difficile, de trouver des construc-
tions qui s'étendissent au cas oÜ, soit quatre droites, soit quatre points,
deviendraient imaginaires; dans tous ces cas, le nombre des solutions est
toujours le même. Comme nous devons revenir, dans le Chapitre suivant,
sur les questions dont elles dépendent immédiatement (306), nous nous
contenterons, pour le moment, d'un seul exemple.
343. Supposons donc qu'on se donne une tangente et quatre points ima-
ginaires de la courbe; ces quatre points pourront être définis parle système
de deux droites et d'une autre section conique décrite sur le plan de la pre-
mière : or, ces droites pouvant et devant être regardées comme les sécantes
conjuguées communes aux deux courbes, ou comme deux axes d'homologie
conjugués, la polaire de leur point d'intersection, dans la courbe donnée,
devra évidemment (253) passer par les deux centres d'homologie corres-
pondants; de sorte qu'il ne s'agira, pour avoir l'un ou l'autre de ces deux
centres, que de trouver de nouvelles droites qui les renferment.
A cet effet, de chacun des points où la tangente donnée rencontre les axes
d'homologie on mènera deux tangentes à la courbe décrite : l'une sera l'ho-
mologue directe (250 et 292), et l'autre l'homologue inverse de la première ;
et par conséquent (251) les droites, réunissant les points de contact qui
n'appartiennent pas à des tangentes partant d'un même axe, iront rencon-
trer le rayon d'homologie déjà trouvé, en quatre points qui seront autant de
centres d'homologie, au moyen desquels on décrira sans peine chacune des
sections coniques distinctes qui résolvent le problème, lesquelles ne sont
évidemment (306) qu'au nombre de deux seulement.

Construction graphique du centre, des axes, des asymptotes, etc., d'une section
conique donnée par certaines conditions.

344. Il arrive fort souvent, dans les questions qui tiennent aux arts gra-
phiques : la perspective, les ombres, etc., qu'une section conique étant
donnée par certaines conditions, telles que celles énoncées art. 339 et 340,
on ait besoin de déterminer, soit les points où la coupe une droite tracée sur
son plan, soitles tangentespartant d'un point donné, soit ses axes principaux,
son centre, etc.; il conviendrait peu d'avoir recours au tracé de la courbe
par points, souvent aussi long que pénible, et qui pourrait ne rien donner
de bien exact; on se verra donc obligé, la plupart du temps, d'attaquer
chaque question d'une manière directe et indépendamment des objets don-
nés dans l'espace; or, je ne pense pas qu'aucune théorie puisse fournir des
solutions à la fois plus directes et plus simples que celles auxquelles conduit
la théorie des figures homologiques.
En effet, ayant décrit, comme il a été expliqué art. 338 et 339, un cercle
auxiliaire, on aura tout ce qu'il faut pour opérer directement sur la courbe
non décrite, et résoudre (303) les diverses questions graphiques qui lui sont
relatives et sont analogues à celles qui précèdent. On remarquera même que
ces constructions, si l'on en excepte celle du cercle auxiliaire, sont toutes
linéaires et peuvent s'exécuter par conséquent avec la règle seule ou de
simples alignements; d'où il suit que, dans le problème général de l'ar-
ticle 305, il est inutile que la section conique donnée soit décrite, et qu'il
suffit qu'on connaisse cinq des conditions qu'elle doit remplir.
345. Voyons maintenant comment ces constructions si faciles conduisent
immédiatement à la détermination du centre, des asymptotes et des axes de
la section conique. En observant que le centre d'une section conique est
précisément le pôle de la droite à l'infini de son plan; que les asymptotes
elles-mêmes sont les tangentes qui passent par ce pôle et touchent la courbe
aux points où la rencontre la droite dont il s'agit; qu'enfin les axes princi-
paux de la courbe ne sont eux-mêmes autre chose que les droites qui di-
visent en deux parties égales l'angle et le supplément de l'angle des asymp-
totes, on voit que tout revient finalement à trouver, pour le cercle auxiliaire,
la droite qui est l'homologue ou la projection de celle à l'infini du plan de
la figure, considérée comme appartenant à la section conique; ce qui est
facile, en recherchant les points où la droite à l'infini rencontre deux autres
droites quelconques relatives à cette courbe, et projetant ces points sur celles
qui leur sont homologues dans le cercle, par de nouvelles droites évidem-
ment parallèles aux premières et partant du centre d'homologie.
346. Supposons qu'ayant tracé (fig. 46) un cercle auxiliaire dont S soit
le centre d'homologie avec la courbe non décrite, on détermine, ainsi qu'il
vient d'être expliqué, la droite mn qui, pour ce cercle, est l'homologue de
celle à l'infini relative à la section conique; il pourra arriver que cette droite
rencontre le cercle en deux points x, y, la touche en un seul, ou n'ait aucun
point commun avec elle.
Dans le premier cas, la courbe aura deux points a l'infini, placés sur les
rayons d'homologie Sx et Sy, qui seront évidemment parallèles aux deux
branches de la courbe, laquelle sera par conséquentune hyperbole, dont on
obtiendra les asymptotes en recherchant les droites qui, par rapport à elle,
sont les homologues des tangentes Px, Py, aux points x et y du cercle.
Dans le second cas, la section conique n'aura qu'un seul point à l'infini,
mais la tangente qui lui correspond sera elle-même tout entière à l'infini;
ce sera donc une parabole, ayant pour direction commune à tous ses dia-
mètres le rayon d'homologie correspondant au point de contact de mn avec
le cercle. Or, on obtient de là aisément le grand axe de la courbe, puisqu'il
est la polaire du point situé à l'infini sur les directions perpendiculaires -,i
celle de ces diamètres.
Enfin, dans le dernier cas, la section conique, n'ayant aucun point à l'in-
fini, sera entièrement fermée et par conséquent une ellipse, dont on aura le
centre en recherchant le point qui, par rapport à elle, est l'homologue du
pôle P de la droite mn du cercle.
347. Dans le cas où la courbe est une hyperbole, on obtient aisément des
parallèles aux axes principaux, en divisant en deux parties égales l'angle
et le supplément de l'angle formé par les deux rayons d'homologie Sx et Sy
parallèles aux asymptotes. Or, on peut obtenir directement ces deux paral-
lèles aux axes, par une construction indépendante des rayons d'homologie
dont il s'agit, et qui s'applique par conséquent au cas de l'ellipse, pour le-
quel ces rayons n'existent plus.
Pour plus de simplicité, prenons que le centre d'homologie S soit un point
de contact (319) commun au cercle auxiliaire et à la courbe; traçons le
diamètre HK du cercle, qui passe par le pôle P de la droite mn, lequel est
toujours possible; menons par ses extrémités et par le point S les droites SH
et SK, elles seront évidemment les droites demandées. Cette construction,
étant toujours possible, servira, dans tous les cas, à faire connaître la position
et par suite la grandeur des axes de la courbe, puisque l'on en a déjà obtenu
le centre qui est homologue à P.
Si le centre d'homologie S n'appartenait pas au cercle auxiliaire, il fau-
drait faire passer un autre cercle par ce point, et qui eût mn pour sécante,
réelle ou idéale, commune avec le premier, ce qui est facile; après quoi la
construction s'effectuerait sur ce nouveau cercle, comme dans le premier cas,
au moyen du diamètre qui passe par P.
348. La question qui vient de nous occuper n'est évidemment qu'un cas
très-particulier de celle où il s'agit de trouver un système de diamètres con-
jugués formant un angle de grandeur donnée; question qui peut encore se
résoudre, d'une manière très-simple, à l'aide des considérations suivantes.
Soit toujours mn (fig. 47) la droite qui, pour le cercle auxiliaire, repré-
sente celle à l'infini du plan de la section conique, ou est son homologue;
soit P son pôle, lequel est homologue au centre de cette section conique;
menons à volonté, du point P, la sécante PAB dans le cercle, elle représen-
tera un diamètre de la section conique, ou, si l'on veut, elle sera homologue
à un certain diamètre de cette courbe; traçons enfin les tangentes aux points
A et B où cette sécante rencontre le cercle auxiliaire, elles représenteront
les tangentes parallèles aux extrémités du diamètre de la section conique,
et le point N de leur intersection, qui appartient nécessairement (194) à la
polaire mn de P, représentera le point à l'infini de ces mêmes parallèles.
Or, il suit de cette construction que PN, qui joint le point N au pôle P, sera
l'homologue du diamètre qui, dans la section conique, est conjugué à celui
que représente AB; donc les rayons d'homologie SM et SN, répondant aux
points M, N où les droites PB, PN rencontrent mn, seront respectivement
parallèles aux diamètres conjugués dont il s'agit, et partant l'angle MSN est
égal à l'angle formé par ces diamètres.
349. Supposons maintenant que l'on se donne l'angle MSN formé par deux
diamètres conjugués, et qu'il s'agisse de trouver la position de ces diamètres:
tout consistera évidemment à trouver celle des droites PM, PN qui les repré-
sentent dans le cercle, et à les projeter sur la section conique. On remar-
quera, a cet effet, que les trois points P, M, N doivent être tels (196), d'après
ce qui précède, que chacun d'eux soit le pôle de la droite qui joint les deux
autres; de sorte que, en essayant d'inscrire au cercle un quadrilatère RSTU
qui ait P et N pour points de concours des côtés opposés, et le centre d'ho-
mologie S pour un de ses sommets, ce quadrilatère devra se fermer, de lui-
même (193), sur le cercle, et avoir le point M pour intersection de ses dia-
gonales; donc la corde TU, qui sous-tend l'angle donné MSN dans le cercle,
doit passer par le point P, pôle de la droite connue mn: mais cette corde
est donnée de grandeur en même temps que l'angle dont il s'agit; donc la
question est ramenée à celle d'inscrire au cercle proposé une corde de lon-
gueur donnée, qui tende au point P; problème on ne peut plus facile à
résoudre.
Ayant ainsi la position de la corde TU, on en déduira de suite, par une
construction purement linéaire, celle des droites PM et PN, et partant la
grandeur et la position des diamètres conjugués qui leur correspondent dans
la section conique.
350. Ce problème a, comme on voit, deux solutions distinctes, qui se ré-
duisent à une seule quand l'angle des diamètres doit être droit. Dans ce cas,
on retombe évidemment sur la solution déjà donnée plus haut (347); mais
les considérations générales qui précèdent offrent, de plus, l'avantage de
faire connaître simultanément et la position et la grandeur de ces axes,
en faisant usage de la règle seulement, quand le cercle auxiliaire est
une fois décrit et que son centre est assigné. D'ailleurs les constructions qui
en résultent s'étendent à toutes les sections coniques, même à la parabole,
et elles mettent en évidence la loi que suivent les angles formés par leurs
systèmes de diamètres conjugués. Ainsi l'on voit très-bien que, dans la pa-
rabole et l'hyperbole, ces angles peuvent croître depuis o jusqu'à 200 degrés;
tandis que, dans l'ellipse, ces mêmes angles sont susceptibles d'un maximum
et d'un minimum.

Réflexions sur la possibilité de résoudre linéairement tous les problèmes du


second degré, au moyen d'un seul cercle une fois tracé, ou d'un angle
d'ouverture donnée.
,
351. Dans ce qui précède, on a vu comment, ayant deux droites homo-
logues à deux diamètres conjugués d'une section conique donnée seulement
par certaines conditions, on pouvait déterminer directement, au moyen du
cercle auxiliaire, l'angle formé par ces diamètres et la direction des côtés de
cet angle; les mêmes constructions s'appliquent évidemment à la détermi-
nation de l'angle de deux droites quelconques appartenant à la section co-
nique, en recherchant, pour le cercle, celles qui sont leurs homologues. Or
il suit de là qu'on pourra ramener immédiatement toutes les questions
d'angles qu'on se proposera sur les sections coniques, en général, à d'autres
questions semblables sur le cercle; pourvu, toutefois, que les autres con-
ditions du problème ne concernent que la direction indéfinie des lignes et
leurs concours (*).
352. Les problèmes qui ne concernent purement que les relations pro-
jectives sont surtout remarquables en ce que, ramenés à d'autres sur le cercle
auxiliaire, ils conduisent précisément à des questions du même genre que
celles qu'on s'était proposées sur la section conique correspondante, ce qui
n'a pas lieu pour le cas qui précède, où l'on considère des relations d'angles.
Il est à remarquer, d'ailleurs, que, sauf le tracé du cercle auxiliaire tangent
à la section conique, tout doit s'exécuter sans l'intervention du compas,
quand la solution est du second degré seulement : on en a rencontré de
nombreux exemples dans ce qui précède, et il ne serait pas difficile de
les multiplier davantage ; mais, au lieu de nous arrêter longuement à l'examen
des cas particuliers, il vaudra beaucoup mieux que nous présentions, sur ce
sujet, quelques réflexions générales.
353. Nous avons déjà vu (255) que, quand un cercle est donné et décrit
sur un plan, et qu'en outre on en a le centre, il est possible de mener, avec
la règle seule, des parallèles à des droites données sur son plan, d'abaisser
ou d'élever des perpendiculaires sur ces mêmes droites, ou de mener d'au-
tres droites qui fassent avec elles des angles donnés, etc., etc.; or je dis
qu'il en sera ainsi, en général, de tous les problèmes du second degré qu'on
pourrait se proposer sur certaines figures.
En effet, tout problème du second degré doit se ramener finalement à des
intersections de lignes droites connues et de cercles donnés par trois con-
ditions : comme de passer par certains points et de toucher certaines droites.
Mais chacun de ces cercles aura de plus, avec le cercle supposé donné et
décrit, une sécante idéale commune à l'infini, polaire du centre de ce cercle,
et par conséquent connue; donc on obtiendra, par quelqu'un des procédés
généraux précédemment décrits, et toujours avec la règle, le centre de simi-
litude qui appartient à ce cercle et au cercle donné par certaines conditions,
et finalement on obtiendra, avec la règle et au moyen du premier cercle,
tout ce qui peut appartenir au second (344,).

(*) On pourrait aussi admettre les relations métriques, pourvu qu'elles fussent projectives, ou
qu'au moins, en les étendant d'une manière convenable, on pût les considérer comme telles; car
ces sortes de relations subsistent évidemment (301 ) pour le cercle et la section conique qui lui
est homologique.
354. Ce qui précède nous a déjà fourni des exemples qui montrent com-
bien le choix du cercle auxiliaire a d'influence sur la simplicité des résultats
auxquels on doit parvenir : la même chose aura lieu pour toutes les questions
qu'on pourra avoir à résoudre; car il est visible que, plus le cercle auxiliaire
sera lié intimement aux données et aux inconnues du problème, plus la dé-
termination de ces dernières sera facile, et moins elle exigera de lignes droites
à tracer. On voit, d'ailleurs, comment il faudrait agir si l'on se trouvait, de
toute nécessité, réduit à l'emploi d'un cercle quelconque tracé sur le plan de
la figure; car, d'après ce que nous venons de dire, on trouvera de suite, à
l'aide de ce cercle et en ne faisant usage que de la règle, ce qui pourrait
concerner toute autre circonférence de cercle non décrite, qui aurait une
dépendance plus intime avec les objets de la figure, et des dépendances
connues avec les objets qu'on cherche.
355. Je n'ajouterai rien de plus sur ce sujet, qui d'ailleurs en vaudrait
bien la peine, et je me contenterai de conclure, d'une manière générale, que
tout problème du second degré qu'on a jusqu'ici résolu ou qu'on pourrait
résoudre, par la suite, avec la règle et le compas sur un plan, ou avec une
chaîne et un graphomètre non gradué sur le terrain, devra, par là même.
pouvoir se résoudre avec la règle seulement, où par de simples alignements
au moyen de jalons, toutes les fois que, parmi les données, se trouvera une
seule circonférence de cercle dont le centre sera connu et le périmètre tracé.
356. L'équerre d'arpenteur ou même la fausse équerre (c'est-à-dire un
angle quelconque d'ouverture donnée) qu'on peut se procurer partout à si
peu de frais, au moyen de deux traits de scie faits en croix sur la tête d'un
piquet, ou seulement de trois épingles qui y seraient fixées perpendiculai-
rement, présentera le moyen bien simple, non-seulement de faire passer un
cercle par deux points assignés sur le terrain, ce qui est assez peu utile,
mais encore de déterminer à priori, par un tâtonnement facile et souvent
usité pour l'équerre d'arpenteur, les deux points où ce cercle rencontre un
alignement quelconque donné sur le terrain.
On connaît, d'ailleurs, les moyens de mener directement, à l'aide de la
fausse équerre, des parallèles ou des perpendiculaires à des lignes accessibles
et données; donc il sera facile de déterminer, une fois pour toutes, le centre
du cercle dont il s'agit, ce qui, d'après les fonctions que remplit l'instru-
ment, ne sera indispensable que dans quelques circonstances particulières:
comme lorsqu'il s'agira, par exemple, de porter une distance donnée sur une
direction également donnée, etc. Ainsi, à l'aide d'une fausse équerre, on
sera à même de résoudre tous les problèmes du second degré sur le terrain,
sans mesurer aucun angle, ni aucune distance; et, comme on opère linéai-
rement sur les droites et les points inaccessibles, donnés au moyen de cer-
taines conditions, comme on opère sur les droites et les points situés à l'in-
fini (197,198), on voit qu'on pourra aborder directement toutes les questions
qui font le sujet ordinaire de la Géométrie pratique.
357. Ces diverses réflexions doivent faire sentir l'importance des res-
sources que peut offrir la fausse équerre pour résoudre certains problèmes
sur le terrain, et l'influence qu'elle peut exercer sur la simplicité des opé-
rations qu'on pourrait y faire : l'une et l'autre se trouvent d'ailleurs confir-
mées par les résultats auxquels est déjà parvenu l'ingénieux et savant auteur
des Solutions peu connues, etc. (168, note). Quant à ce qui touche la possi-
bilité de résoudre linéairement tous les problèmes du second degré à l'aide
d'un seul cercle dont on a le centre, elle nous semble également confirmée, et
par les réflexions générales qui précèdent, et par les diverses solutions de
problèmes données dans le Chapitre III de la IIe Section.
On peut prendre, d'après cela, une idée de l'étendue immense des déve-
loppements que peut recevoir un jour la Géométrie linéaire ou de la règle;
mais ce qui paraîtra surtout digne de remarque, c'est que cette même Géo-
métrie, si simple dans ses principes et dans sa marche, donne les solutions à
la fois les plus élégantes et les plus directes que l'on connaisse; c'est qu'elle
conduit à ces solutions d'une manière naturelle, et non par des tours de force,
comme il arrive pour la Géométrie du compas; en sorte qu'il semble de la
nature même des problèmes du second degré de pouvoir être ramenés, dans
leurs solutions, à des combinaisons d'une seule ligne de ce degré avec des
systèmes de lignes droites indéterminées de grandeur et de direction, et non,
au contraire, à des combinaisons plus ou moins complexes, plus ou moins
multipliées, de circonférences de cercle ou, en général, de courbes du
même degré. (Voyez les Annotations de VErrata.)
CHAPITRE II.
PROPRIÉTÉSET CONSTRUCTIONDU SYSTÈME COMPLETDES SÉCANTESET DES
TANGENTES A DEUXSECTIONSCONIQUESSITUÉESSURUN PLAN. DES
COMMUNES
SYSTÈMESDE SECTIONSCONIQUESQUI ONT DES SÉCANTESET DES TANGENTES -
COMMUNES, ETC.

358. Jusqu'ici nous nous sommes occupés uniquement des propriétés


individuelles des centres et axes d'homologie conjugués des sections co-
niques; il nous reste, pour compléter ce sujet, à rechercher l'ensemble des
relations qui lient entre eux tous les points et droites de cette espèce suscep-
tibles, en général, d'appartenir au système de deux sections coniques don-
nées à volonté sur un plan, c'est-à-dire les relations qui embrassent à la
fois toutes leurs sécantes communes et tous les points de concours de leurs
tangentes communes; nous en déduirons ensuite des moyens entièrement
directs de construire graphiquement ces droites et ces points, quand les
sections coniques sont décrites sur un plan ou seulement données par cer-
taines conditions; problème important et dont la solution nous semble ren-
fermer à elle seule toutes celles des problèmes des quatre premiers degrés,
puisqu'une question quelconque peut toujours être ramenée à la recherche
des points d'intersection de deux lieux donnés du second ordre.

Du système complet des sécantes et des tangentes communes à deux sections


coniques situées sur un même plan.

359. Deux sections coniques quelconques, tracées sur un plan, ne peuvent


avoir (203) plus de quatre points communs sans se confondre, et par consé-
quent plus de six sécantes communes, lesquelles forment par leurs intersec-
tions mutuelles un quadrilatère simple avec ses deux diagonales : or, en com-
binant, deux à deux, celles de ces sécantes dont le point d'intersection
n'appartient à aucune des deux courbes, on obtient évidemment, en tout,
trois systèmes de sécantes conjuguées communes, dont les points de concours
sont ceux des côtés respectivement opposés et des diagonales du quadrilatère
dont il s'agit; donc il n'existe pareillement ( 292) que trois systèmes de points
de concours conjugués de tangentes communes correspondant respective-
ment aux premiers; c'est-à-dire, en tout, six centres d'homologie, résultant
de l'intersection mutuelle des quatre tangentes communesque possèdent, en
général et au plus (209), les deux courbes.
S'il pouvait y avoir plus de trois systèmes de centres d'homologie conjugués
deux à deux, il y aurait pareillement plus de trois systèmes d'axes d'homo-
logie conjugués ou de sécantes communes réelles ou idéales; ce qui est
absurde, puisque le point d'intersection de deux sécantes, non conjuguées
entre elles, est nécessairement (*) un point commun des deux courbes, et
qu'elles en auraient ainsi plus de quatre de cette espèce. Enfin il est aisé de
voir que, quand deux sections coniques ont quatre points communs réels,
elles ont nécessairement aussi quatre tangentes communes; nous verrons
bientôt que la proposition inverse n'est pas vraie, comme cela résulte d'ail-
leurs directement de l'examen de ce qui se passe pour deux cercles, et de
plus nous ferons connaître les raisons pour lesquelles il en est ainsi.
360. Cela posé, considérons donc le système général de deux sections co-
niques ayant quatre points communs A, B, C, D (fig. 48), et quatre tangentes
communes A'B', B'C', C'D', D'A'; en joignant deux à deux, par des droites,
les quatre points dont il s'agit, pour avoir les six sécantes communes aux
deux courbes, on formera le quadrilatère simple ABCD, avec ses deux dia-
gonales AC et BD, qui sera inscrit à la fois à ces courbes, et dans lequel ces
deux diagonales et les deux paires de côtés opposés AB et CD, AD etBC se-
J'ont les trois systèmes de sécantes communes conjuguées, concourant res-
pectivement en L, M, K, au dehors du périmètre des deux courbes. Si l'on
prolonge pareillement les quatre tangentes communes jusqu'à leurs inter-
sections mutuelles, et qu'on joigne, deux à deux, par de nouvelles droites,
les points de cette intersection, on obtiendra le quadrilatère complet
PA'D 'C'QB'P, circonscrit à la fois aux deux courbes, avec ses trois diago-
nales A'C', B'D' et PQ, dont les sommets correspondants sont deux à deux
conjugués (292), et forment les trois systèmes de points de concours conju-
gués des tangentes communes; or il existe, entre ces systèmes et ceux qui
appartiennent aux sécantes communes, une liaison très-remarquable, et que
nous allons maintenant examiner.

(*) Cette conséquence, qui résulte immédiatement du principe de continuité, peut se déduire
également des propriétés qui doivent appartenir aux deux sécantes dont il s'agit. En effet, la
chose est évidente pour le cas où les deux sécantes sont réelles ; dans le cas contraire, on peut
mettre ( 121 ) la figure en projection sur un nouveau plan, de façon que les sections coniques
deviennent des cercles, qui ne sauraient avoir plus de deux sécantes communes (69), à distance
donnée ou infinie.
D'abord il résulte, des propriétés du quadrilatère inscrit aux sections co-
niques (192), que :
Les trois points L, M, K, où concourent, deux à deux, les sécantes conju-
guées communes, sont tels, que l'un quelconque d'entre eux est à la fois, pour
les deux courbes, le pôle de la droite qui renferme les deux autres.
D'un autre côté, il résulte aussi (253) directement des propriétés des
centres et axes d'homologie des sections coniques, qui ont été exposées pré-
cédemment, que :
Chacun des trois points L, M, K est le pôle de la droite qui renferme les deux
centres d'homologie conjugués aux sécantes communes passant par ce point.
Donc cette droite, qui est une des trois diagonales du quadrilatère circon-
scrit à la fois aux deux courbes, se confond, pour la direction, avec celle
qui passe par les deux autres des points L, M, K dont il s'agit, et par con-
séquent :
Les trois diagonales du quadrilatère complet formé par les quatre tangentes
communes aux deux courbes se confondent, pour la direction, avec les trois
droites quij"ol*gnent, deux à deux, les points L, M, K où concourent respective-
ment les sécantes conjuguées communes à ces courbes.

361. Ainsi chacun des trois points L, M, K est le concours unique de


quatre lignes droites formant un faisceau harmonique (186), savoir : deux
sécantes conjuguées communes et deux droites appartenant à deux systèmes
de points de concours conjugués de tangentes communes.
Pareillement, chacune des trois droites LM, LK, MK porte quatre points
formant un groupe harmonique (186), savoir : deux points de concours de
sécantes conjuguées communes, et deux points de concours conjugués de
tangentes communes.
Enfin, chacune des distances A'C', LK, etc., qui séparent, soit deux points
de concours conjugués de tangentes communes, soit deux points de concours
de sécantes conjuguées communes, est encore divisée harmoniquement aux
deux points où sa direction rencontre l'une ou l'autre courbe (186).

362. L'inspection de la figure donne encore lieu à beaucoup d'autres re-


marques : par exemple, on aperçoit de suite que, si l'on trace, dans chaque
courbe, le quadrilatère inscrit qui a pour sommets les points de contact cor-
respondants des tangentes communes, 1° les diagonales qui joignent ces
points de contact se croiseront toutes au point L; 2° les côtés opposés iront
concourir respectivement aux deux autres points K et M; en sorte que cha-
cun de ces trois points sera le concours unique de huit lignes droites appar-
tenant aux quatre quadrilatères; 3° etc.
Toutes ces propriétés résultent immédiatement de celles qui ont été éta-
blies, dans la deuxième Section, sur les quadrilatères inscrits et circonscrits
aux sections coniques; mais on peut aussi y arriver, d'une manière directe
et simultanée, en considérant (133) la figure comme la projection du système
d'une circonférence de cercle et d'une section conique concentriques : la
droite KM peut alors être censée à l'infini; le point L, pôle de cette droite,
est devenu le centre commun des deux courbes, et tout prend une position
symétrique autour de ce point; de sorte que les propositions qui précèdent
deviennent évidentes pour la nouvelle figure, et se peignent à l'œil.
363. Ces dernières considérations font voir, de plus, qu'un point quel-
conque ne peut être à la fois le pôle d'une même droite par rapport à deux
sections coniques, à moins qu'il n'appartienne à deux sécantes conjuguées
communes, réelles, idéales ou imaginaires, de ces courbes; car, en mettant
la figure en projection sur un nouveau plan, de façon que la droite passe à
l'infini, le point dont il s'agit deviendra (116) le centre commun des deux
courbes, dont l'une pourra d'ailleurs être un cercle, comme dans le cas qui
précède. Donc aussi :
Quand trois points, situés sur le plan de deux sections coniques, sont tels, que
chacun d'eux est le pôle de la droite qui renferme les deux autres, ces points
sont nécessairement ceux où concourent deux à deux les sécantes conjuguées
communes de ces courbes.

Cas où les tangentes et les points communs au système de deux sections


coniques deviennent en partie imaginaires.

364. Quand il arrive que les deux sections coniques, toujours situées sur
le même plan, n'ont plus que deux points réels communs, et que par con-
séquent les deux autres sont imaginaires, il n'existe plus qu'une sécante
commune réelle; celle qui lui est conjuguée est nécessairement idéale, quoi-
que toujours constructible (292). Quant aux quatre autres sécantes com-
munes, elles sont toutes imaginaires (359, note) : dans ces mêmes circon-
stances, on obtient encore deux points de concours conjugués des tangentes
communes, correspondant aux deux sécantes communes constructibles;
mais, de ces points, l'un est nécessairement réel et l'autre idéal, c'est-à-dire
que les deux courbes ont alors deux tangentes extérieures communes, et ne
peuvent en avoir plus de deux.
Enfin, ceux des points L, M, K qui n'appartiennent pas aux deux sécantes
en question sont, par cette raison même, devenus également imaginaires
aussi bien que les quatre autres centres d'homologie appartenant en général
aux deux courbes. Les mêmes choses résultent d'ailleurs directement de ce
que les deux courbes, ayant une sécante idéale commune, peuvent alors (121)
être considérées rigoureusement comme la projection de deux circonférences
de cercle.
365. Maintenant, si l'on suppose que les deux sections coniques soient
entièrement extérieures l'une à l'autre, comme l'exprime la fige 49, elles
cesseront d'avoir des points communs réels, ou, si l'on veut, leurs quatre
points d'intersection seront imaginaires ; mais alors même elles auront évi-
demment, ainsi que cela a lieu pour le cas particulier de deux cercles, quatre
tangentes communes réelles et par conséquent six centres d'homologie con-
jugués deux à deux; donc ces tangentes formeront encore, par leurs inter-
sections mutuelles, un quadrilatère complet PA'QD'C'B'P circonscrit à la fois
aux deux courbes, dont les trois diagonales se couperont aux trois points K,
L, M, qui en conséquence seront réels, comme dans le cas général (360) où
les courbes ont quatre points communs ; mais ces courbes ne sauraient d'ail-
leurs avoir plus de deux sécantes communes, lesquelles sont nécessairement
idéales et conjuguées, puisque autrement (359, note) elles posséderaient des
points d'intersection réels, ce qui est contre l'hypothèse.
Donc enfin les points de concours des sécantes communes conjuguées peu-
vent demeurer réels, quoique ces sécantes elles-mêmes soient devenues ima-
ginaires : circonstance parfaitement analogue à celle que présentent les points
de concours des tangentes communes, c'est-à-dire qu'il peut aussi exister
des points de concours idéaux de sécantes conjuguées communes.
366. Les trois points L, M, K, dont il s'agit, étant demeurés réels, doivent
encore jouir des mêmes propriétés à l'égard des sections coniques; ainsi,
par exemple : « chacun d'eux est à la fois, dans ces courbes respectives, le
»
pôle de la droite qui joint les deux autres (360) ; et, si l'on trace les deux
»
quadrilatères inscrits à ces courbes, qui ont pour sommets les points de
» contact
correspondants des tangentés communes, leurs diagonales et leurs
»
côtés opposés iront concourir respectivement aux trois points dont il
»
s'agit (362). »
La même chose doit avoir lieu également pour les six centres d'homologie
qui sont demeurés réels, pourvu qu'on ait égard aux observations de l'ar-
ticle 136, ou qu'on entende ne parler que des propriétés dont les points et
les lignes de constructiondemeurent possibles, comme les centres d'homo-
logie qui leur correspondent respectivement. Cette conséquence du prin-
cipe de continuité est évidente pour les centres d'homologie A' et C' où se
coupent les paires de tangentes communes de même espèce, et qui embrassent
à la fois les deux courbes dans le même angle ou dans des angles opposés
par le sommet ; car toutes les démonstrations, jusqu'ici établies pour con-
stater les diverses propriétés des centres d'homologie, sont précisément rela-
tives au cas dont il s'agit, et à celui où les deux tangentes sont supposées
imaginaires, tandis que leur point de concours est demeuré réel.
367. Or on peut démontrer cette proposition directement pour chacun
des quatre autres centres d'homologie B', D', P et Q qui appartiennent à des
tangentes communes d'espèces différentes, c'est-à-dire intérieures et exté-
rieures : ainsi, par exemple, pour choisir une propriété dont les lignes de
construction ne deviennent pas imaginaires, « si, par l'un quelconque B' de
» ces
points, l'on mène une droite arbitraire RB'R', son pôle 7r à l'égard de
»
l'une des deux courbes, et son pôle n' à l'égard de l'autre, seront situés sur
» une
nouvelle droite nn' allant concourir réciproquement au point B' (259). »
Remarquons, en effet, que la corde de contact ou polaire ab du point B',
par rapport à la première des deux courbes, doit renfermer le point 7r, pôle
de RB'R' par rapport à cette même courbe (196), et que par conséquent
cette corde est divisée harmoniquement (194) au point n et au point R où elle
est coupée par la droite RR' ; donc les deux tangentes communes B'a, B' b, la
droite B'R et celle qui joint le point 7r à B' forment un faisceau harmonique.
On prouverait de la même manière, à l'égard de l'autre courbe, que la droite
B'1\' forme avec les deux tangentes en question et la troisième droite RB'R'

un faisceau harmonique ; donc sa direction se confond avec celle de la droite


B'7ij et partant les points 7r, B', n' sont tous trois en ligne droite.
Ainsi la propriété dont il s'agit appartient à la fois aux six points où con-
courent, deux à deux, les tangentes communes aux deux courbes; ces points
forment donc séparément autant de systèmes assujettis à la même loi, et il
n'y a de différence entre eux que dans la réalité ou la non-réalité des points
d'intersection qui leur correspondent dans ces courbes.
368. La raison pour laquelle les autres propriétés, appartenant en général
aux centres d'homologie, ne sauraient être applicables au cas où les tan-
gentes correspondantes sont d'espèces différentes, c'est qu'elles feraient
trouver d'autres sécantes communes que celles MA, MC qui proviennent des
centres d'homologie A' et C', et qui sont, comme nous l'avons dit (365),
idéales et conjuguées, en sorte qu'il en résulterait des points d'intersection
réels pour les deux courbes, ce qui est contre l'hypothèse. Aussi arrive-t-il
que, quand on mène, par un semblable centre d'homologie, une sécante
arbitraire, elle ne saurait rencontrer à la fois ces courbes et donner des
points homologues. Les sécantes conjuguées communes que ce point est, en
général, susceptible de construire, sont donc tout a fait imaginaires, en vertu
même des propriétés (250) qui lui appartiennent : cet état particulier du
système, à l'égard du centre d'homologie que l'on considère, pourrait d'ail-
leurs s'exprimer en disant que l'homologie des deux figures est idéale ou
imaginaire.
Cas où les tangentes et points communs au système de deux sections coniques
sont à la fois imaginaires.
369. Il nous reste maintenant, pour compléter cet examen des circon-
stances générales que présente le système de deux sections coniques quel-
conques tracées sur un plan, à voir ce qui a lieu pour le cas où, les quatre
points de leur intersection commune étant toujours imaginaires, ces courbes
elles-mêmes sont entièrement renfermées l'une dans l'autre.
Dans ce cas, il n'y a plus de tangentes communes possibles, et l'on ne voit
pas de moyen direct de prouver qu'alors les courbes ont encore des centres
et des axes d'homologie; cependant, comme dans des circonstances pareilles
la chose a lieu pour le système de deux cercles tracés sur un plan commun.
et qu'un tel système a pour projection, en général, deux sections coniques
indépendantes dB conditions particulières (121), il est naturel d'en conclure
qu'elle a lieu également pour le cas dont il s'agit.
Ainsi deux sections coniques, renfermées l'une dans l'autre sur un même
plan, ne sont pas entièrement indépendantes ; elles peuvent avoir des centres
et des axes d'homologie conjugués, et jouir à cet égard des nombreuses pro-
priétés qui sont le sujet du précédent Chapitre, mais on voit en même temps
que ces centres et ces axes doivent appartenir à des tangentes communes et
à des points communs imaginaires.
Pour obtenir les axes ou les sécantes idéales communes dont il s'agit, et,
par suite (292), les centres d'homologie correspondants, on pourrait, dans le
cas actuel, avoir recours au procédé direct qui résulte de la définition même
établie pour ces sortes de sécantes (57) ; mais la construction serait beau-
coup trop laborieuse, et aurait le grave inconvénient de ne point éclairer la
discussion. Celle que nous allons donner, outre qu'elle est exempte de ces
défauts, offre encore l'avantage d'être générale et de pouvoir s'appliquer à
tous les cas que peut présenter le système des deux courbes données, en
même temps qu'elle réduit l'objet de la question au degré de simplicité
dont il paraît susceptible ; mais il est essentiel que nous développions aupa-
ravant les principes sur lesquels cette construction se trouve nécessairement
fondée.
Nouvelles propriétés et construction générale des points de concours des sécantes
conjuguées communes.
370. On a dû s'apercevoir, d'après tout ce qui a été dit sur les trois points
K, L, M (fig. 48 et 49) où se coupent, deux à deux, les sécantes conjuguées
communes au système de deux sections coniques, que ces points sont entiè-
rement analogues à ceux K, L (fig. 10) que nous avons appelés (76) les
cercles ou points limites d'une suite de circonférences ayant une sécante
idéale commune sur un plan. En effet, ces points, en y joignant celui où se
coupent, à l'infini, les deux sécantes communes aux cercles dont il s'agit,
sont les seuls (80) qui, comme les précédents, jouissent de la propriété d'être
tels, « que la droite qui joint deux quelconques d'entre eux est la polaire du
»
troisième, et se trouve divisée harmoniquement par chacune des deux
»
courbes. x
Or il résulte, de cette identité parfaite de nature entre les uns et les autres
de ces points, que, dans le cas particulier du cercle, les points limites K et L
peuvent être considérés réciproquement comme la mutuelle intersection
de sécantes communes conjuguées nécessairement imaginaires ; et, comme
ces points sont projectifs, de leur nature, étant liés aux deux cercles et à
leurs sécantes communes par des relations projectives, il en résulte encore
que leurs analogues, pour le cas général de deux sections coniques quel-
conques tracées sur un plan, doivent jouir (138) de toutes les propriétés pro-
jectives qui ont été développées dans les articles 83, 84 et suivants.
Ainsi, par exemple, en conservant aux points réciproques du plan commun
de deux sections coniques la définition admise (82) pour le cas de deux cir-
conférences de cercle, il résultera de l'article 84 que :
Tous les points réciproques de ceux d'une droite, donnée sur le plan de deux
sections coniques quelconques, sont situés sur une autre section coniquepassant
par les points où se coupent deux à deux les sécantes conjuguées communes
aux premie'res ; en sorte que, si l'on fait varier d'une manière quelconque la
droite dont il s'agit sur le plan des courbes proposées, les sections coniques des
réciproques auront, pour sécantes réelles ou idéales communes, les droites qui
renferment deux à deux les trois points dont il s'agit.
371. Il suit de là que, quand deux sections coniques sont données à vo-
lonté sur un plan, on peut déterminer directement les points où se coupent,
deux à deux, leurs sécantes conjuguées communes, en prenant arbitraire-
ment deux droites sur ce plan et traçant les sections coniques des réciproques
qui leur correspondent respectivement; ce qui peut s'exécuter très-simple-
ment, au moyen de la règle, en déterminant pour chaque droite les réci-
proques de cinq points quelconques de leur direction (81), puis en faisant
passer, au moyen de l'hexagramme mystique de Pascal (201), une section
conique par les points ainsi obtenus ; car les deux nouvelles sections coniques
viendront se couper, en général, en quatre points dont trois seront les points
demandés.
Le quatrième point d'intersection étant précisément (87) le réciproque
de celui où se coupent les deux droites ou directrices arbitraires pourra se
déterminer, à l'avance, au moyen de la règle seulement, et par conséquent
il sera toujours réel et constructible. Or de là nous déduirons cette consé-
quence inévitable :
Quelles que soient la position et la grandeur relatives des deux sections
coniques données sur un plan, elles ont au moins un de leurs points de con-
cours de sécantes conjuguées communes réel.

372. Tout consiste, en effet, à prouver que les deux réciproques qui cor-
respondent aux droites données, et qui ont déjà un point réel commun, en
ont nécessairement un second, et c'est ce qui résulte évidemment, et sans
intermédiaire, de ce que ces deux courbes sont continues de leur nature.
D'abord on peut toujours ramener l'état de la question au cas où les courbes
sont fermées, en les projetant convenablement sur un nouveau plan; en-
suite, si on les imagine, l'une et l'autre, engendrées par les extrémités de
deux rayons vecteups placés sur une droite mobile tournant autour du point
de l'intersection commune, comme pôle (196, note), l'examen attentif des
circonstances du mouvement fera voir que l'un des points générateurs, après
avoir été en deçà de celui qui lui correspond sur la même droite par rap-
port au pôle, devra enfin passer au delà; ce qui ne peut avoir lieu, par an
mouvement continu, sans qu'il y ait eu une position intermédiaire de la
droite mobile, pour laquelle les deux points en question se trouvaient néces-
sairement confondus en un seul, commun à la fois aux deux courbes pro-
posées.
La démonstration cesserait pourtant d'être applicable, si les deux courbes
ne se croisaient pas en faisant un angle au point pris pour pôle des rayons
vecteurs; mais alors les deux tangentes en ce point cesseraient également de
faire un angle, et par conséquent se confondraient en une seule; donc les
deux courbes se toucheraient au point commun; donc elles auraient deux
points communs confondus en un seul (*).
Ainsi deux sections coniques quelconques, tracées sur un plan, ont tou-
jours au moins un point de concours de sécantes conjuguées communes, et,
s'il arrivait qu'elles en eussent deux, elles en auraient nécessairement (360)
un troisième, qui serait le pôle de la droite qui contient les deux autres.

Construction des sécantes conjuguées communes dont le point de concours est


donné.
373. Voyons maintenant comment, étant donné un tel point, on peut
construire les deux sécantes conjuguées communes qui lui appartiennent;
et, pour cela, remarquons d'abord que la section conique des réciproques
d'une droite donnée sur le plan de deux autres sections coniques dégénère
elle-même en deux droites (88 ), quand la directrice passe par l'un des points
de concours des sécantes conjuguées communes, dont l'une, qui se confond
avec la polaire de ce point, commune aux courbes proposées, renferme les
deux points analogues au premier, et dont l'autre, au contraire, passe par
le point dont il s'agit, et forme avec la directrice et les deux sécantes con-
juguées correspondantes un faisceau de quatre droites harmoniques (**).
Il suit de là que, quand un point de concours de sécantes conjuguées
communes est donné, on peut très-facilement, et en ne faisant usage que
d'une simple règle, trouver deux systèmes de deux droites qui forment, avec
les sécantes en question, deux faisceaux de quatre droites harmoniques. Il
ne s'agit donc plus que de savoir comment, ces deux systèmes étant connus,
on pourra déterminer les deux sécantes communes correspondantes; ques-
tion qui revient évidemment (24), en coupant toutes ces droites par une
transversale arbitraire, à la suivante :
374. Trouver, sur une droite indéfinie, deux points P et M (fig. 28), qui

(*) Ces raisonnements s'appliquent évidemment à deux courbes quelconques, dont l'une est
fermée ou susceptibled'être mise en projectionsuivant une courbe fermée. L'on peut même démon-
trer, en suivant cette marche, qu'en général, pour deux pareilles courbes, le nombre de points
communs réels est nécessairementtoujours pair. Enfin on prouverait encore, à l'aide de la loi de
continuité, qu'il n'y a que les courbes de degré pair qui soient susceptiblesd'être fermées ou d'être
projetées suivant des courbes fermées.
(** ) Ceci se rapporte spécialementau troisième cas indiqué art. 88, attendu que dans les autres,
les sécantes communes, relatives aux points que l'on considère, sont impossibles.
divisent à la fois harmoniquement les distances FH, F'H' formées par deux
autres systèmes de deux points donnés sur cette même droite.
Par les deux points F et H, qui correspondent à la plus grande des deux
distances, on fera passer, à volonté, une circonférence de cercle, à laquelle
on mènera les deux tangentes HL, FL en ces points; on joindra ensuite le
point d'intersection L de ces tangentes avec les deux autres points donnés F'
et H', par les droites LF', LH', lesquels iront rencontrer respectivement la
circonférence aux quatre points B etC, A etD, tels, qu'en les joignant deux
à deux, dans un autre ordre, par de nouvelles droites, les unes iront con-
courir au point M, les autres au point P, demandés (186). Les points M et P,
ainsi trouvés, appartenant respectivementaux sécantes conjuguéescommunes
qu'on cherche, on aura ces sécantes elles-mêmes en joignant les deux points
dont il s'agit avec celui où elles doivent concourir et qui, par hypothèse, est
donné.

375. Cette construction n'est applicable qu'autant que les deux dis-
tances FH, F H' se trouvent comprises l'une dans l'autre; cependant on peut
prouver que les deux points P et M, et par suite les deux sécantes conjuguées
communes qui leur correspondent, sont encore réels quand ces distances sont
tout à fait extérieures entre elles; il est évident, en effet, que, dans ce cas, le
faisceau des quatre droites convergentes, qui renferment (373) les extrémités
de ces distances, pourrait encore être coupé par une tranversale, de façon
que les distances qui correspondent aux deux premières soient renfermées
l'une dans l'autre, comme dans le cas qui précède; c'est-à-dire que la con-
struction demeurera applicable toutes les fois que les angles, formés respec-
tivement par les deux systèmes de droites trouvées, ne se croiseront pas
entre eux, en se superposant en partie.
Dans le cas contraire, la construction sera tout à fait impossible, et les
deux sécantes communes seront par conséquent imaginaires. En effet, la
distance F'H' couvrira nécessairement une partie de FH, quelle que soit la
transversale qu'on ait choisie; l'un des points F', H' sera donc au dehors du
cercle décrit sur FH, et l'autre au dedans; l'un des systèmes de points cor-
respondants B et C, A et D, sera imaginaire et l'autre réel ; ce qui exige, de
toute nécessité, que les points P et M soient eux-mêmes imaginaires, sans
quoi les droites AB, AC, etc., qui les donnent devraient être réelles, ce qui
est absurde.
La même conséquence ne saurait plus avoir lieu quand les points F' et H'
sont a la fois extérieurs au cercle auxiliaire, parce qu'alors les quatre
points A, B, C, D deviennent à la fois imaginaires, et qu'on ne peut plus
affirmer, comme dans le premier cas, que celles qui les joignent deux à
deux, et qui donnent les points P et M, soient réellement impossibles.
376. Cette discussion n'est pas inutile; elle est un nouvel exemple de ce
qui a été avancé à la fin de la première Section (137), que, par cela seul
qu'une construction graphique est impossible, on ne peut pas affirmer que
l'objet final de cette construction le soit également; il faut que l'on puisse
donner des raisons manifestes pour prononcer sur cette impossibilité, si elle
a lieu. Au reste, on aurait pu éviter toute espèce de difficultés dans le cas
qui précède, en ayant recours à une solution suffisamment générale du pro-
blème.
Supposons, en effet, que bd et FH soient les distances données; des extré-
mités b et d de la plus grande des deux, menons deux paires de tangentes
au cercle, de rayon arbitraire, qui passe par F et H ; en joignant deux à deux,
par des droites, les points de contact qui n'appartiennent pas à une même
paire de tangentes, ces quatre droites viendront évidemment se croiser aux
points P et M demandés (186). Cette construction a même l'avantage de s'ap-
pliquer au cas où l'une des distances données est imaginaire, pourvu qu'on
connaisse la section conique qui en renferme les extrémités avec la droite
des deux autres points donnés : ces derniers points étant nécessairement alors
extérieurs à la courte, on voit, de plus, que la solution est toujours réelle
et possible.
Nous montrerons bientôt (382) comment on peut résoudre le problème
quand les deux distances sont à la fois imaginaires.

Recherche des diamètres conjugués parallèles des sections coniques, et con-


struction directe des points de concours des sécantes conjuguées communes,
quand l'un d'entre eux est donné.
377. La question que nous venons de résoudre revient évidemment à la
suivante :
«
Étant donnés, sur un plan, deux systèmes de deux droites convergentes
» en un
point commun, déterminer un autre système de deux droites telles,
» que, en menant une
transversale quelconque parallèle à l'une d'elles, les
»
distances interceptées sur cette transversale par chacun des premiers sys-
»
tèmes soient divisées en parties égales au point de leur intersection com-
». mune avec
l'autre. »
Or, si l'on regarde les deux systèmes de droites données comme deux sec-
tions coniques (184, note), cette question pourra être envisagée comme un
cas particulier de cette autre beaucoup plus générale :
Trouver les diamètres conjugués parallèles de deux sections coniques tracées
sur un même plan.
Cette question revient évidemment à trouver, sur le plan des deux courbes,
deux points à l'infini tels, que les polaires de l'un passent réciproquement
par l'autre : or tous les points à l'infini d'un plan pouvant être censés (107)
appartenir à une même droite, on voit qu'il s'agit, en définitive, de recher-
cher les deux points où cette droite est rencontrée par la section conique
lieu de ses points réciproques (370) ; ce qui est facile (344), en détermi-
nant, à volonté, cinq points de cette section conique avec la règle.
Présenté ainsi, ce problème paraît exiger la règle et le compas réunis;
mais nous ferons voir plus loin (389, note) qu'en se servant du tracé des
deux sections coniques proposées, la construction peut être remplacée par
une autre purement linéaire, quelle que soit d'ailleurs la position de la droite
donnée sur le plan de la figure.
378. Quand il arrive que la droite donnée, d'ailleurs quelconque, se trouve
avoir même pôle dans les deux courbes, ou si, cette droite étant à l'infini,
les courbes ont même centre, les deux points cherchés et le pôle dont il
s'agit doivent, par là même, être tels (196), que chacun d'eux soit le pôle de
la droite qui contient les deux autres; donc (363) ils se confondent néces-
sairement avec les trois points de concours des sécantes conjuguées communes
aux deux courbes. Dans cette circonstance, la construction ci-dessus de la
réciproque ne donne plus évidemment (195) qu'un seul point de son péri-
mètre, c'est-à-dire le centre commun dont il s'agit, ou le pôle qui le rem-
place. Enfin cette réciproque elle-même dégénère (88, ier cas) en deux
droites, que la construction précédente laisse ainsi indéterminées de situation
sur le plan de la figure.
La question proposée ne peut donc être résolue, dans le cas particulier
qui nous occupe, qu'en la ramenant à la suivante, dont l'énoncé rentre évi-
demment dans celui du problème déjà exposé ci-dessus (371) :
e79. Étant donnés l'un des trois points de concours des sécantes conjuguées
communes à deux sections coniques, et par conséquent aussi la droite qui ren-
ferme les deux autres et qui est la polaire commune du premier par rapport aux
deux courbes, construire directement ces deux autres points.
Il est facile de voir que cette question n'est que du second degré, et doit
par conséquent pouvoir se résoudre avec la règle et le compas. En effet, si
l'on construit, comme dans le cas général de l'article 371, les deux sections
coniques réciproques à deux droites quelconques du plan de la figure, elles
devront, d'après ce qui a été dit au même endroit, passer à la fois par le
point donné et par celui qui est le réciproque du point commun à la fois aux
deux directrices; donc on connaîtra, à l'avance, une de leurs cordes com-
munes et la direction de la sécante qui lui est conjuguée; au moyen de quoi
il sera facile (344) de construire les deux points cherchés qui se trouvent à
l'intersection commune de cette sécante et des deux réciproques.
Cette construction exige le trace d'un grand nombre de lignes auxiliaires,
mais on peut lui en substituer d'autres qui, quoique moins générales, sont
beaucoup plus directes et plus simples : or, nous ne devons pas oublier que
notre but véritable est (369) d'examiner les différents cas d'impossibilité du
problème qui consiste à rechercher les sécantes communes au système de deux
sections coniques données sur un plan; problème dont la solution complète et
générale se trouve, il est vrai, déjà renfermée dans ce qui précède, mais
n'éclaire pas suffisamment l'objet de la discussion.
Èn effet, nous avons bien fait voir, art. 372, que deux sections coniques,
tracées sur un plan, ont toujours au moins un point de concours de sécantes
conjuguées communes; nous avons même donné (373 et suiv.) les moyens
de construire, dans tous les cas, les sécantes communes qui appartiennent à
un tel point; mais il nous reste à rechercher dans quelles circonstances les
deux autres points de concours semblables subsistent aussi bien que les sé-
cantes qui leur correspondent respectivement: or, la première de ces ques-
tions revient précisément à celle qui a été posée ci-dessus, en regardant
comme donné celui des trois points qui est nécessairement réel dans tous les
cas. Cela posé, voyons donc comment, au moyen de celui-là, on pourra dé-
terminer directement les deux autres.
380. Supposons d'abord que le point dont il s'agit soit extérieur à la fois
aux deux sections coniques proposées : il est évident que sa polaire rencon-
trera en même temps les deux courbes; la question reviendra donc (361) à
trouver, sur la direction de cette polaire, les deux points qui divisent à la
fois harmoniquement les deux cordes qui lui correspondent; problème qui
peut être résolu par l'un des moyens ci-dessus indiqués (374, 375 et 376),
et qui est toujours possible (375), sauf le cas particulier où les deux cordes
se superposent en partie, circonstance qui n'a lieu évidemment que pour le
cas où les deux courbes se coupent en deux points seulement, puisque d'ail-
leurs, lorsqu'elles se coupent en quatre, les deux points cherchés sont né-
cessairement réels en même temps que le point donné (359).
Ainsi les trois points de concours des sécantes conjuguées communes sont
nécessairement réels quand, l'un d'eux étant à la fois extérieur aux deux
sections coniques proposées, il arrive que ces courbes ont, ou quatre points
d'intersection réels, ou sont entièrement extérieures, ou sont renfermées
l'une dans l'autre.
Dans tous ces cas, la construction pourra s'exécuter avec la règle seule-
ment, pourvu que, dans la construction générale (376) rappelée ci-dessus,
on substitue, au cercle auxiliaire dont on s'est servi pour déterminer les
deux points cherchés, l'une ou l'autre des sections coniques qu'on suppose
données et décrites sur le plan de la figure. Si elles n'étaient données que
par certaines conditions, la solution cesserait évidemment d'être linéaire, et
exigerait au moins (344) le tracé d'un cercle auxiliaire, comme dans le cas
général.

381. Supposons maintenant que le point donné soit seulement extérieur


à l'une des courbes proposées, mais intérieur à l'autre; alors la polaire com-
mune de ce point cessera de rencontrer à la fois les deux courbes, et n'en
rencontrera qu'une seule; l'une des cordes correspondantes deviendra par
conséquent imaginaire.
Dans ce cas, en appliquant à la section conique qui détermine cette corde
la construction indiquée art. 376, on obtiendra évidemment toujours deux
points réels, sans employer autre chose que la règle, quand la section co-
nique dont il s'agit sera entièrement décrite sur le plan de la figure. On
peut aussi mener, du point donné, deux tangentes à la section conique pour
laquelle il est extérieur; elles iront déterminer sur l'autre quatre points
qui, étant joints deux à deux par de nouvelles droites, donneront lieu à un
quadrilatère inscrit, dont les points de concours des côtés opposés seront ( 363)
les deux points demandés.
Cette conséquence résulte, en effet, de la théorie des pôles, pour le cas
ci-dessus où le point donné est à la fois extérieur aux deux courbes, et où
ces courbes sont comprises l'une dans l'autre; car alors les cordes réelles,
interceptées par la polaire de ce point, sont divisées à la fois harmonique-
ment (155 et 186) par les deux points trouvés; donc, en vertu de la loi de
continuité, il en doit être de même aussi du cas qui nous occupe où l'une
des deux cordes devient imaginaire.
Ainsi les trois points de concours des sécantes conjuguées communes sont
nécessairement réels, quand l'un de ces points est à la fois intérieur à l'une
des courbes et extérieur à l'autre, ce qui ne peut avoir lieu évidemment
qu autant que ces deux courbes n'ont aucun point commun réel, puisque les
sécantes communes du point donné sont essentiellement imaginaires.

Cas où le point de concours donné est à la fois intérieur aux deux sections
coniques, ou leur sert de centre commun. >
382. Il nous reste à examiner le cas où le point donné est à la fois inté-
rieur aux deux courbes proposées, et auquel par conséquent aucune des
constructions qui précèdent ne peuvent être applicables, puisque les cordes
qui correspondent à la polaire commune de ce point sont à la fois imagi-
naires. Mais alors on peut construire facilement deux cercles auxiliaires qui
aient respectivement cette polaire pour sécante idéale commune avec les sec-
tions coniques proposées; car tout consistera à rechercher (54) les cordes
idéales communes relatives à cette sécante; au moyen de quoi on aura, de
suite, les deux cercles. Cela posé, ayant cherché la sécante commune ordi-
naire de ces cercles, elle ira rencontrer la polaire ci-dessus en un point qu'on
prendra pour le centre d'un cercle orthogonal aux proposés, dont la circon-
férence, toujours possible, renfermera évidemment (79 et 380) les deux
points réels demandés (*).
Mais on peut aussi, dans le cas actuel, opérer directement sur les courbes
proposées.
En effet, si ces deux courbes ont des points communs, ces points doivent
évidemment être au nombre de quatre, car les sécantes conjuguées communes
qui passent par le point donné sont nécessairement réelles et possibles;
donc les deux derniers points cherchés le seront alors également, et pour-
ront se déterminer à priori et d'une manière très-simple, au moyen du tracé
des deux courbes.
Dans le cas contraire, les deux courbes seront nécessairement intérieures
l'une à l'autre (fig. 5o) ; et alors, si l'on conçoit (63) une nouvelle section
conique qui ait avec l'une d'elles, celle intérieure par exemple, la polaire MK
du point donné L pour sécante commune de contact idéal, et par suite ce

(*) La construction devient très-simple quand on remplace les cercles auxiliaires par les points
limites (76) des suites qui les renferment; en effet, pour ces points, les hyperboles supplémen-
taires, qui appartiennent respectivement aux deux cordes idéales trouvées (54), se réduisent à
des systèmes de droites rectangulaires; décrivant donc des cercles sur ces cordes, comme dia-
mètres, ils rencontreront les perpendiculaires élevées sur leurs milieux respectifs aux points
limites demandés; quant au cercle orthogonal qui renferme les points cherchés, il sera facile à
construire, puisqu'il doit avoir son centre sur la polaire donnée et passer par les deux points
limites trouvés.
point pour concours idéal des tangentes communes, il est évident, d après la
théorie des pôles, qu'il existera (322), sur la sécante de contact dont il s'agit,
une infinité de systèmes de deux points qui, avec le point donné, seront tels,
que l'un quelconque d'entre eux sera le pôle de la droite qui joint les deux
autres, par rapport aux sections coniques qui ont un double contact ; donc
le système des points K et M, qu'on cherche, devra être commun à la fois à
la nouvelle section conique et à la section conique extérieure proposée ; c'est-
à-dire (363) que les points L, M, K seront, pour celles-ci, des points de
concours de sécantes conjuguées communes.
Tout consiste donc à déterminer la section conique auxiliaire, de façon
que, sans la tracer, on puisse aisément obtenir les trois points L, M, K qui
lui sont relatifs ainsi qu'à la section conique extérieure ABCD.
A cet effet, on se donnera, à volonté, un point A de la section conique
extérieure pour y faire passer la nouvelle section conique ; la droite AL,
conduite par ce point et par le point L déjà donné, sera évidemment une
sécante commune à ces courbes, laquelle ira déterminer, sur celle qui est
donnée, un nouveau point commun C. D'un autre côté, d'après ce qui pré-
cède, la polaire MK du point L doit (360) renfermer les deux centres d'ho-
mologie, ou points de concours P, Q des tangentes communes aux mêmes
courbes, conjugués (292) à la sécante AC dont il s'agit; si donc on connaissait
un autre point quelconque X de la section conique auxiliaire et la tangente
XY en ce point, on pourrait déterminer immédiatement les centres d'homo-
logieP et Q (314, Rem.), et par suite le quadrilatère formé par l'intersection
des tangentes communes correspondantes,dont les diagonales doivent d'ail-
leurs renfermer (360) les deux points cherchés. Or cette section conique doit
avoir un double contact avec la section conique intérieure suivant MK, c'est-
à-dire qu'elle doit avoir, avec elle, le point donné L et sa polaire MK pour centre
et axe d'homologie conjugués (322) ; de plus, on connaît le point A de son
périmètre; donc enfin il sera facile (302) d'en obtenir un autre quelconque X
et la tangente XY qui lui correspond, le tout sans employer autre chose que
la règle.
383. Le problème que nous nous étions proposé à l'article 379 se trouve
donc ainsi complétement résolu, par des méthodes qui nous paraissent éga-
lement simples, et il en résulte qu'il n'y a qu'un seul cas où deux des trois
points de concours des sécantes conjuguées communes à deux sections coni-
ques soient imaginaires : c'est celui (380) où ces courbes ont deux points
d'intersection réels, et n'en ont que deux ; chose que l'on connaissait déjà,
d'après le cas particulier du cercle (76).
On remarquera, d'ailleurs, que la plupart des constructions qui précèdent
deviennent évidentes dans le cas où la polaire MK du point donné est à
l'infini, et où par conséquent (363) ce point lui-même est le centre commun
des deux courbes; or cette évidence peut servir à justifier les constructions
dont il s'agit d'une manière entièrement directe, en supposant qu'on ait mis
les courbes proposées en projection, sur un nouveau plan, de façon que la
polaire du point donné passe à l'infini.
Il en résulte aussi que, quand deux sections coniques tracées sur un même
plan sont concentriques, on peut déterminer de suite, et par de simples
intersections de lignes droites, soit les points où concourent deux à deux
les sécantes conjuguées communes, dont un est donné à l'avance, et par suite
ces sécantes elles-mêmes (373), soit (292) les tangentes communes, ou au
moins leurs points de concours, quand ces tangentes cessent d'exister.

Construction générale des sécantes et des tangentes communes au système de


deux sections coniques ; récapitulation des cas de possibilité et d'impossibilité
du problème, et de ceux où il s'abaisse au second degré.

384. Pour en revenir maintenant à l'objet du problème général que nous


nous étions proposé, et qui consite (369) à déterminer le système complet
des sécantes communes à deux sections coniques données sur un plan, nous
ferons observer que, d'après tout ce qui en a été dit dans ce qui précède, il
ne doit plus guère être question que de discuter les différents cas que peut
présenter ce problème, et le nombre des solutions dont il est susceptible ; or
cet objet se trouve déjà rempli par les articles 359, 364 et suivants, sauf
pour un seul cas, qui nous a semblé mériter exception à cause des doutes
qu'il a pu laisser : c'est celui où les deux sections coniques sont intérieures
l'une à l'autre (369).
Considérons donc le système de deux coniques ainsi disposées sur un plan,
et proposons-nous de rechercher si elles ont véritablement deux sécantes
idéales communes, ainsi que cela a été annoncé à l'endroit cité.
D'abord il résulte de ce qui précède (382) que les deux courbes ont alors
nécessairementtrois points de concours réels K, L, M ( fig. 5i) de sécantes
conjuguées communes, dont deux extérieurs et l'autre intérieur à la fois à
ces courbes. Or, pour trouver les deux sécantes communes qui correspondent
à l'un quelconque de ces points, à M par exemple, il faudra (373) chercher
deux systèmes de deux droites passant par ce point, qui, avec les sécantes
dont il s'agit, forment séparément deux, faisceaux de quatre droites harmo-
niques ; mais le système des droites MK et ML est déjà dans ce cas (361);
donc il ne s'agit plus que de trouver un autre système de droites pareilles.
Cela posé, si l'on prend, à volonté, un quatrième point P pour y faire
passer l'une des droites cherchées, dont la direction est toujours arbitraire ;
qu'on détermine ensuite le réciproque P' de ce point par rapport aux deux
courbes, c'est-à-dire (82) le concours des polaires qui lui correspondent,
MP' sera la droite conjuguée ou la réciproque (373) de MP, de telle sorte
que, si l'angle PMP' est compris dans celui des deux autres droites MK, ML,
ou renferme entièrement cet angle, il sera très-facile d'obtenir les deux
sécantes communes qui passent par le sommet M de ces angles, lesquelles
existeront toujours (375) dans l'hypothèse dont il s'agit, et seront imagi-
naires dans l'hypothèse contraire.
Maintenant, si l'on joint pareillement, au moyen de lignes droites, les
points P et P' avec chacun des deux autres points, K et L, de concours des
sécantes communes, on obtiendra évidemment à la fois les systèmes de droites
réciproques qui sont relatifs à ces points ; or je dis que, dans le cas actuel où
l'on suppose les sections coniques intérieures l'une à l'autre, il existe tou-
jours un des points K, L, M qui remplit la condition ci-dessus prescrite, ou
qui répond à deux sécantes communes non imaginaires. En effet, si l'on
suppose que l'on ait pris le point arbitraire P dans l'intérieur du triangle KLM,
il est évident que son réciproque P' sera nécessairement au dehors de ce
même triangle, puisque autrement les sécantes communes seraient, toutes
six, constructibles, selon ce qui précède; ce qui est absurde (359) quand
les courbes n'ont, comme on le suppose, aucun point commun. D'un autre
côté, on voit que nécessairementl'une des droites P'K, P'L, P/M, qui joignent
ce point aux sommets du triangle, mais seulement une de ces droites, tra-
versera la surface de ce triangle, de sorte que l'angle qu'elle formera avec sa
réciproque sera compris entièrement dans l'angle des côtés correspondants ;
donc il existera réellement un système de sécantes conjuguées communes,
mais il n'en existera qu'un seul de cette sorte, dont les sécantes seront néces-
sairement idéales, comme il.s'agissait de le démontrer.
Cette démonstration s'appliquerait évidemment, mot à mot, au cas où les
deux courbes proposées seraient entièrement extérieures, puisqu'alors elles
auraient également (383) trois points de concours réels de sécantes conju-
guées communes; ainsi l'on est dispensé d'avoir recours à la considération
des tangentes communes, comme on l'a fait (365) pour démontrer, dans ce
cas, l'existence des deux axes d'homologie.
385. Quand une fois l'on a trouvé les divers systèmes de sécantes conju-,
guées communes ou d'axes d'homologie qui appartiennent à deux sections
coniques, on en déduit sans peine (292) les points de concours conjugués,
des tangentes communes et ces tangentes elles-mêmes (* ) ainsi
; nous avons
complétement résolu ce problème difficile :
Trouver les sécantes et tangentes communes au système de deux sections
coniques données sur un plan.
Concluons aussi de tout ce qui précède que
:
Deux sections coniques quelconques, tracées sur un plan, ont en général, ou
six sécantes communes réelles, ou deux sécantes communes dont une idéale et
l autre réelle, ou enfin deux sécantes communes idéales.
Dans le premier cas, les deux courbes ont quatre tangentes et quatre points
communs réels, et par conséquent six centres d'homologie véritable (368).
Dans le second, elles ont deux points communs réels et deux imaginaires,
avec deux tangentes communes et deux centres d'homologie conjugués aux
deux sécantes, dont l'un réel et l'autre idéal ; dans le même cas, un seul des
points de concours des sécantes conjuguées communes subsiste, les deux
autres sont devenus imaginaires.
Enfin, dans le troisième cas, les quatre points d'intersection des deux
courbes sont imaginaires, et, quoiqu'elles n'aient plus que deux sécantes
communes idéales, elles n'en conservent pas moins, comme dans le premier
cas, trois points de concours de sécantes conjuguées communes; mais alors
deux de ces points de concours appartiennent à des sécantes communes ima-
ginaires. Si, en outre, les deux courbes sont totalementextérieures, les quatre
tangentes communes et les six centres d'homologie subsistent; mais, de ces six
centres, il y en a quatre dont l'homologie n'est qu'idéale ou imaginaire (368);
au contraire, si l'une des courbes est comprise dans l'autre, les quatre tan-
gentes communes et les quatre derniers centres d'homologie sont à la fois
imaginaires, mais les deux autres centres d'homologie subsistent.
386. Le mode de construction auquel nous sommes parvenus dans la so-
lution du problème général ci-dessus a cela de remarquable, qu'il revient
à ce que l'on a coutume d'appeler, en Algèbre,- la réduction des équations
du quatrième degré à celles du sixième, résolubles au moyen de celles du
second et du troisième degré, et l'on aura sans doute aperçu que ces mêmes
constructions s'appliqueraient très-bien au cas où les sections coniques ne

(*) On pourrait également obtenir ces tangentes, ou au moins leurs points de contact avec l'une
des deux courbes, en recherchant les points d'intersection de cette courbe et de celle qui est la
polaire réciproque de l'autre (231), par rapport à la première, prise pour directrice.
seraient pas décrites, mais données seulement par certaines conditions (338
et suivants); ce qui doit s'entendre également de toutes les solutions de pro-
blèmes qu'on a données jusqu'ici ou qu'on pourra donner par la suite.
Il résulte aussi, tant de ces constructions que de celles qui font le sujet
du précédent Chapitre, que la recherche des sécantes et tangentes, communes
au système de deux sections coniques données sur un plan, se réduit sim-
plement à un problème du second degré, qui peut se résoudre, par consé-
quent, avec la règle et le compas quand les courbes ne sont pas décrites,
ou simplement avec la règle quand l'une d'elles ou toutes deux sont tracées,
toutes les fois qu'on a soit une sécante commune ou seulement un point de
cette sécante (251 et 292), soit un centre d'homologie ou seulement une
droite passant par ce centre, soit enfin un point de concours de sécantes con-
juguées communes aux deux courbes; circonstances qui arrivent, en parti-
culier (328 et 383), quand les deux courbes sont s. et s. p. ou concen-
triques : nous verrons, par la suite, d'autres circonstances également géné-
rales où la même chose a lieu.
Enfin l'on voit encore que, si deux cercles quelconques étaient décrits
sur un plan, sans qu'on en connût le centre, il serait possible, au moyen de
ce qui précède, de déterminer graphiquement, et en ne faisant usage que
de la règle ou de simples alignements, soit les points limites de ces cercles,
soit leurs sécantes communes, soit enfin leurs centres de symétrie ou de
figure; au moyen de quoi on aurait tout ce qu'il faut (255 et 353) pour
résoudre linéairement tous les problèmes du second degré. Or cette question,
lorsque les cercles n'ont aucun point commun, ni aucune tangente commune
possibles, n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire au premier abord.

Solution du dernier des problèmes énoncés art. 305, et de quelques autres qui
s'y rapportent; des points réciproques dans le plan d'un système de sections
coniques ayant mêmes sécantes communes.
387. Sous les différents points de vue qui viennent d'être signalés, la
question générale de l'article 385 comprend implicitement toutes celles de
l'article 305; car tout revient, en définitive, à déterminer les centres et les
axes d'homologie de deux sections coniques, qui sont conjugués à un centre
ou à un axe d'homologie supposé donné. Il reste d'ailleurs à résoudre (306)
celles de ces questions qui sont relatives au cas où l'on se donne, soit deux
centres, soit deux axes d'homologie conjugués des deux courbes; or la solu-
tion de ces dernières questions résulte immédiatement et très-simplement
des principes qui précèdent.
En effet, si, dans le premier cas, les tangentes communes qui corres-
pondent à l'un des centres d'homologie donnés sont possibles, on pourra les
construire au moyen de l'une des deux courbes, et alors la question sera
ramenée à quelqu'une de celles qui ont été résolues art. 310 et 312.
Dans l'hypothèse contraire, les centres d'homologie étant à la fois inté-
rieurs aux deux courbes proposées, on pourra déterminer sans peine les
trois points où concourent deux à deux les sécantes conjuguées communes;
car l'un de ces points sera (360) le pôle de la droite qui renferme les deux
centres d'homologie donnés, les deux autres diviseront à la fois harmoni-
quement (361) la distance de ces centres et la corde interceptée, dans la
section conique supposée décrite, par la direction de la droite qui les ren-
ferme : appliquant donc à cette corde et à cette distance les constructions
de l'article 376, qui alors sont possibles et n'exigent le tracé d'aucune autre
courbe que de celle qui est donnée, on aura obtenu les trois points de con-
cours des sécantes conjuguées communes, et, par suite (360), les diagonales
du quadrilatère circonscrit à la fois aux deux courbes; au moyen de quoi,
connaissant une tangente ou un point de la courbe non décrite, on pourra (193)
en déduire sur-le-champ trois autres, et par suite (310 et 312) les deux axes
d'homologie conjugués dont dépend la construction de cette même courbe.
388. Quant au cas où l'on se donne deux axes d'homologie conjugués
des deux courbes, sa solution générale et complète dépend du théorème
suivant, qui est une conséquence évidente (122, 127) du principe établi,
art. 81, pour le cercle :
Si l'on considère l'ensemble des polaires qui correspondent à un point quel-
conque du plan d'une suite de sections coniques ayant mêmes sécantes com-
munes, c 'est-à-dire ayant quatre points réels ou imaginaires communs, toutes
ces polaires iront concourir en un point unique, qui jouira réciproquement de
la même propriété à l'égard du premier, c 'est-à-dire qu'il sera son réciproque
par rapport à toutes les courbes du système.
Or de là résulte immédiatement la solution de ce nouveau problème, qui
conduit sans peine à celle de la question proposée :
389. Deux sections coniques étant données à volonté sur un plan, décrire
une autre section conique qui ait mêmes points communs avec les deux pre-
mieres, ou, plus généralement, qui ait mêmes sécantes communes réelles ou
idéales, et passe, de plus, par un autre point donné, ou touche une droite quel-
conque également donnée.
D'abord on peut facilement trouver la tangente au point donné : en effet,
la polaire de ce point, pour la courbe qui y passe, se confond évidemment
avec cette tangente : mais, d'après le théorème ci-dessus, cette polaire et
celles du même point relatives aux courbes données doivent concourir toutes
trois au point qui est le réciproque du premier; traçant donc ces dernières,
elles détermineront, par leur intersection mutuelle, un point qui appar-
tiendra à la tangente cherchée, dont la direction sera ainsi parfaitement
connue.
Si l'on avait, au contraire, la tangente, on déterminerait le point où elle
touche la courbe correspondante, en recherchant, comme à l'article 377,
celui ou plutôt ceux où elle est rencontrée par la section conique de ses
réciproques, relative aux courbes données; car, selon ce qui précède, cha-
cun de ces points pourra être pris pour le point de contact demandé. Dans
ce cas donc, le problème pourra être susceptible de deux solutions dis-
tinctes (*).
La tangente et son point de contact étant ainsi connus, on trouvera sans
peine autant d'autres points qu'on voudra de la courbe demandée, en n'em-
ployant que la règle.
En effet, A A' (fig. 52) étant la tangente en question, A son point de con-
tact, on prendra à volonté un point T sur sa direction, et sa polaire pour la
courbe cherchée devra passer par A; mais elle doit aussi passer, d'après les
conditions du problème, par le point T', réciproque de T à l'égard des sec-
tions coniques données, point facile à construire au moyen des polaires qui
correspondent à ces courbes et au point T; traçant donc AT', ce sera la po-
laire ou sécante de contact du point T relativement à la section conique
cherchée.
Actuellement, pour trouver le second point X, qui appartient à la sécante
de contact AT' et à la courbe cherchée, on prendra un point quelconque B
sur la direction de cette droite ; sa polaire devra, d'après la théorie des
pôles (196), passer par T; mais elle doit aussi passer par le point B' réci-
proque de B et qu'il est facile de construire; traçant donc TB', ce sera la
polaire de B par rapport à la courbe cherchée.
Le point B, le point T et le point E où TB' rencontre AB, obtenus comme

(*) Nous avons observé, à l'endroit cité (377), que les deux points pouvaient se construire
linéairement, au moyen de deux courbes données qu'on supposerait décrites ; et, en effet, ces points
étant réciproques, ou tels (82), que les polaires de l'un quelconque d'entre eux, par rapport aux
deux courbes, passent par l'autre, doivent évidemmentdiviser à la fois harmoniquement (194) les
cordes interceptées par ces courbes sur la distance qui les renferme ; or ce problème, présenté
ainsi, a été résolu linéairement, et pour les divers cas, aux articles 380, 381 et 382.
il vient d'être expliqué, étant évidemment tels (196), que chacun d'eux est
le pôle de la droite qui joint les deux autres, par rapport à la courbe cher-
chée, il s'ensuit que la corde de contact AX devra (194) être divisée harmo-
niquement aux points trouvés E et B; il sera donc facile d'obtenir le point
inconnu X, au moyen des trois autres, en exécutant (155) les constructions
indiquées sur la figure; de plus, la droite TX sera en même temps la tan-
gente au point dont il s'agit.
Ainsi on obtiendra, par ce procédé, non-seulement autant de points qu'on
voudra de la courbe, mais encore la tangente en chacun de ces points, le
tout en n'employant que la règle.
390. Ces diverses constructions sont d'ailleurs immédiatementapplicables
au cas où les sections coniques proposées sont remplacées, soit en tout, soit
en partie, par des systèmes de deux lignes droites. Dans ce dernier cas, les
quatre points, réels ou imaginaires, par lesquels doit passer (389) la courbe
cherchée, se trouvant définis par le système d'une section conique et de
deux droites, la question revient immédiatement à celle qu'on s'était proposé
de résoudre art. 388, puisque ces droites peuvent être considérées comme
des sécantes, réelles ou idéales, communes à la courbe inconnue et à la
courbe donnée, selon que les points communs correspondants sont réels ou
imaginaires. Dans l'autre cas, les deux sections coniques étant remplacées
par deux systèmes de deux droites, les quatre points en question sont néces-
sairement réels et placés à l'intersection commune de ces systèmes; or il
résulte de là, entre autres, une nouvelle solution (206) assez simple de cet
intéressant problème :
Cinq points d'une section conique étant donnés, mener, avec la règle, la tan-
gente en l'un de ces points.
Tout se réduit, en effet, à tracer (jig. 53) deux paires de droites RAD
et RBC, SBA et SCD, qui renferment à la fois les quatre autres points donnés
A, B, C, D; puis à construire, pour ces paires de droites, les polaires (197)
RL et SK qui correspondent au cinquième point donné P; car elles viendront
se couper au point P' réciproque de P, qui sera un second point de la tan-
gente cherchée, en sorte que PP' sera cette tangente (*).

(*) D'après ce qui a été dit (389, note) pour le cas général où les paires de droites données sont
remplacées par des courbes, on voit que, si c'était, au contraire, la tangente PP' qui fût connue,
on obtiendrait de suite les points de contact correspondants P et P' par quelqu'un des procédés
décrits art. 374 et suiv., en observant que ces points doivent diviser à la fois harmoniquement les
distances comprises respectivement sur la tangente par chaque paire de droites données. Une autre
Il est sans doute inutile de dire que la plupart des théorèmes jusqu'ici
démontrés et de ceux qui suivent subsistent de même, quand on remplace
les sections coniques par des systèmes de deux droites, et donnent ainsi
lieu à un grand nombre de considérations aussi neuves qu'intéressantes :
c'est une remarque qui a été faite d'une manière générale, art. 184 de la
IIe Section, et que nous avons déjà eu occasion de reproduire dans diverses
circonstances particulières; c'est pourquoi nous ne croyons pas devoir insis-
ter davantage pour le moment.
Propriétés des diamètres conjugués parallèles des sections coniques qui ont
quatre points communs, réels ou imaginaires, sur un plan.
391. La théorie des points réciproques, dont nous avons déjà tiré un parti
si avantageux dans ce qui précède, conduit à beaucoup d'autres conséquences
également remarquables.
Supposons, par exemple, que, dans J'énoncé du théorème de l'article 388,
l'un des points réciproques dont il y est question passe à l'infini, on arrivera
directement à ce corollaire, dû à M. Lamé (*), et qui s'étend, d'une manière
analogue, aux surfaces du second ordre qui ont mêmes points ou mêmes
courbes d'intersection :
Lorsque plusieurs sections coniques ont quatre points communs, leurs dia-
mètres, conjugués à des diamètresparallèles, concourent tous en un même point.
Or de là on conclut immédiatement cet autre corollaire :
Les directions des diamètres conjugués parallèles, pour deux des sections co-
niques proposées, sont en même temps communes à toutes les autres.
392. Mais, parmi toutes ces sections coniques, il en est trois qui se trou-
vent réduites au système de deux lignes droites, savoir, les trois systèmes de
sécantes conjuguées communes à toutes les courbes ; donc :
La direction des diamètres conjugués parallèles d'un système de sections co-
niques ayant quatre points communs est aussi celle des diamètres conjugués
parallèles (377) des trois systèmes de sécantes conjuguées communes à toutes
les courbes du système ; c 'est-à-dire que, si l'on mène, par chacun des points de
concours des sécantes conjuguées communes, deux droites parallèles à ces dia-
mètres, elles formeront, avec les sécantes communes qui lui correspondent, un
faisceau de quatre droites harmoniques.
solution de ce problème se trouve implicitement renfermée dans celle que nous avons donnée du
problème général de l'article 341 : le même problème a aussi été résolu par M. Brianchon, art. 45
du Mémoire sur les lignes du second ordre.
{*) Examen des différentes méthodes, etc. Paris, 1818, p. 34etsuiv. (Anllotations de V Errata.)
393. Cette liaison remarquable offre, comme on voit, un nouveau moyen
fort direct et fort simple de « trouver le système des diamètres conjugués
parallèles de deux sections coniques, » quand on connaît les trois systèmes
de sécantes conjuguées communes qui leur appartiennent; car, en menant,
par l'un quelconque des points de concours de ces derniers systèmes, deux
droites parallèles aux sécantes communes de l'un des deux autres, la ques-
tion sera évidemment ramenée à celle (377) déjà traitée ci-dessus.
Cette solution montre, en outre, que les diamètres en question ne sont
imaginaires que dans le seul cas où les quatre points communs ne sont pas
susceptibles d'appartenir aux sommets d'un quadrilatère convexe; circon-
stance qui n'a lieu évidemment que lorsque les deux courbes sont à la fois
des hyperboles, et que le nombre des points d'intersection n'est pas le même
pour les deux branches.
394. Quand, des deux sections coniques que l'on considère, l'une se
trouve être un cercle, les diamètres conjugués parallèles ont alors, pour
direction, celle des grands axes de l'autre; c'est-à-dire que :
Étant donnée une section conique quelconque, si l' on trace, à volonté, un
cercle sur son plan, et qu'on détermine les sécantes communes correspondantes,
les axes principaux de cette section conique seront parallèles aux droites qui
divisent à lafois, en parties égales, l'angleformé par deux sécantes conjuguées
communes quelconques et le supplément de ce même angle.
On a donc, par là, un nouveau moyen bien simple de déterminer à priori
(345) la direction des deux axes principaux d'une section conique, et, par
suite, la position et la grandeur de ces axes eux-mêmes, puisque chacun
d'eux est la polaire du point situé à l'infini sur l'une des directions trouvées
au moyen des sécantes communes.
Cette solution suppose que la courbe donnée soit entièrement décrite ; dans
le cas contraire, il faudrait en connaître au moins cinq points, et alors, en
faisant passer une circonférence de cercle par trois quelconques de ces
points, la question serait ramenée à la suivante, qui se rattache immédiate-
ment au sujet de ce Chapitre :
395. Une section conique, non décrite, étant donnée par cinq points, dont
trois appartiennentà une circonférence de cercle, trouver directement le quatrième
point d'intersection des deux courbes, en n'employant que la règle.
Soient A, C, E (fig. 54) les points déjà communs aux deux courbes, B et D
les deux derniers points de la section conique; traçons les droites indéfinies
BC et CD et celles AB et DE qui se rencontrent en 1 : d'après la propriété de
l'hexagramme de Pascal (201), tout triangle FKL dont les côtés passeront
respectivement par les trois points A, E, 1, et dont les deux sommets K, L
appartiendront aux droites ou directrices indéfinies CD et BC, aura son der-
nier sommet F sur la section conique proposée. Pareillement, si l'on pro-
longe les directrices dont il s'agit jusqu'à leurs rencontres avec le cercle
donné en D' et Bi respectivement, qu'ensuite on trace les droites AB' et ED'
allant concourir en F, tout triangle KFL, dont les côtés s'appuieront sur les
points A, F, E, et dont les sommets K et L seront les directrices CDD', CB'B,
aura son dernier sommet F placé su.r le cercle; donc ce sommet sera à la fois
sur le cercle et sur la section conique, si le côté KL, qui lui est opposé,
passe lui-même à la fois par les deux pôles I, F; ainsi rien ne sera plus aisé
que d'obtenir ce sommet, en achevant le triangle KLF comme l'indique la
figure.
Cette solution s'applique évidemment au cas où les deux courbes sont des
sections coniques quelconques, pourvu que l'une d'elles soit entièrement
décrite; autrement il faudrait trouver les points d'intersection B' et D' des
directrices BC et CD avec la seconde courbe, ce qui s'exécuterait encore très-
simplement, avec la règle (204), si l'on connaissait deux autres points quel-
conques de cette courbe, indépendamment des trois points A, C, E qui lui
sont communs avec la première. On atteindrait encore, dans ces différents
cas, le but proposé, mais d'une manière plus générale, en se servant des pro-
priétés des sécantes communes dont trois ici sont supposées connues; car,
quelles que soient les conditions par lesquelles on se donne les deux courbes,
on pourra toujours ramener le problème à quelques-uns de ceux qui ont été
résolus art. 307 et suivants.

Du lieu des pôles d'une droite donnée sur le plan d'une conique variable assujettie
à certaines conditions; du lieu du centre de cette conique; de l'enveloppe de
ses polaires relatives à un point quelconque de son plan.

396. Reprenons la théorie des points réciproques, et observons que, d'a-


près les propositions 84 et 85 relatives au cas particulier du cercle, le théo-
rème de l'article 370 peut s'étendre, de la manière suivante, à un nombre
quelconque de sections coniques :
Quand plusieurs sections coniques ont quatre points communs, réels ou ima-
ginaires, le lieu des points réciproques de ceux d'une droite quelconque, don-
née sur le plan de la figure, est une seule et même section conique qui passe
par les trois points de concours des sécantes conjuguées communes aux pre-
mières, et contient à la fois tous les pôles de la droite dont il s'agit, par rap-
port à ces différentes courbes.
Or, en supposant que cette même droite passe à l'infini, il résultera de là,
entre autres, ce corollaire :
à avoir mêmes sécantes
Les centres de toutes les sections coniques, assujetties
ou mêmes points communs, sont situés sur une autre section conique passant
par les points où se coupent, deux à deux, celles de ces sécantes qui sont conju-
guées entre elles. En outre, cette section conique est aussi le lieu des points de
concours (391) des diamètresconjugués à la fois à une même direction donnée,
mais variable {*).
397. Les propriétés qui viennent de nous occuper en dernier lieu, et
celles de l'article 391, se rattachent évidemment aux questions générales
qui suivent :
Quel est le lieu des pôles d'une droite donnée par rapport à une section co-
nique variable assujettie à quatre conditions quelconques?
Quelle est la courbe enveloppe des polaires d'un point donné, par rapport
à une section conique variable assujettie à quatre conditions quelconques?
Quand on n'admet, parmi les conditions qui déterminent le système des
sections coniques proposées, que celles où l'on exige que ces sections co-
niques touchent des droites ou passent par des points donnés, les deux pro-
blèmes peuvent facilement être ramenés l'un à l'autre, au moyen de la
théorie des polaires réciproques exposée à la fin du IIe Chapitre de la
IIe'Section.
En effet, en supposant qu'on cherche le système des sections coniques (P')
qui sont (231) les polaires des proposées (P) par rapport à une section
conique auxiliaire quelconque (0), il est évident (232 et 233) 1° que,
si les sections coniques proposées (P) sont assujetties à toucher une même
droite donnée, leurs polaires réciproques (P') auront un point commun,
pôle de cette droite par rapport à la directrice (0); 20 que, si les sections
coniques (P) ont, au contraire, un point commun, leurs réciproques (P')
auront une tangente commune, polaire de ce point par rapport à la direc-
trice (0); 3° enfin que, si l'on prend à volonté un point A sur le plan des
sections coniques proposées (P), l'enveloppe de ses polaires, par rapport à
ces sections coniques, aura pour réciproque le lieu des points qui, par rap-
port aux sections coniques (P'), sont les pôles de la droite réciproque ou

(*) D'après cela, la courbe des points 0 de l'article 57 est nécessairement une section conique.
polaire de A relativement à la directrice auxiliaire (0), et vice versâ : or de
là résulte évidemment ce qu'il s'agissait de démontrer.
398. Supposons, par exemple, que l'on traduise de cette manière l'énoncé
du théorème de l'article 388, on en conclura sur-le-champ la réciproque
suivante :
Le lieu des pôles d'une ligne droite donnée, par rapport à une suite de sec-
tions coniques tangentes à quatre droites quelconques, est lui-même une autre
droite.
Dans le cas particulier où la droite donnée passe à l'infini, cet énoncé
se change évidemment en celui-ci :
Le lieu des centres des sections coniques tangentes aux quatre mêmes droites
est lui-même une autr-e ligne droite.
Les quatre droites proposées forment, par leurs intersections mutuelles,
un quadrilatère complet dont chacune des diagonales peut être regardée, en
vertu de la loi de continuité, comme le diamètre d'une section conique tan-
gente aux côtés du quadrilatère, et qui a ses deux branches superposées
suivant cette diagonale; or de là suit cet élégant théorème qui, selon la
remarque de M. Brianchon C), résulte aussi immédiatement de celui de
Newton (**), relatif au quadrilatère simple à deux diagonales :
Dans tout quadrilatère complet circonscrit à une conique, les points, milieux
des trois diagonales, appartiennentà un même diamètre.
399. La proposition de l'article 396 conduit pareillement à cette réci-
proque, quand on lui applique les considérations déjà mises en usage ci-
dessus :
Les polaires d'un point, donné sur le plan d'une suite de sections coniques
tangentes à quatre droites quelconques, enveloppent une autre section conique,
touchant à la fois les trois diagonales du quadrilatère complet formé par ces
quatre droites.
On voit d'ailleurs ce que deviendrait cet énoncé dans le cas où le point
donné serait supposé à l'infini.
Ces exemples nous semblent suffire pour faire apercevoir comment, à l'aide
des seuls principes posés dans cet ouvrage, il serait possible d'arriver à la
solution des divers autres cas du problème général dont il a été question ci-

(*) Mémoire sur les lignes du second ordre, art. 41-


(**) Principes mathématiques, etc., livre I, lemme XXV. Nous avons donné, dans les Annales
de Mathématiques, t. XII, p. lOg, une autre démonstration directe et géométrique de ce théorème
de Newton.
dessus; ceux qui désireraient de plus grands détails sur cet objet pourront
consulter plusieurs articles insérés aux Annales de Mathématiques (*), dont
quelques-uns, purement analytiques, appartiennent à M. Gergonne, rédac-
teur de ce recueil.
400. La théorie des polaires réciproques, dont nous venons de faire usage
dans ce qui précède, offre, comme on voit et comme cela a été avancé (235),
de grandes ressources dans la recherche des propriétés des figures ; or c'est
ici le lieu de remarquer « qu'il n'est aucune des propositions que nous
» avons
énoncées sur les sécantes communes au système de deux sections
»
coniques, qui ne puisse se traduire, de la même manière, en une autre sur
»
les points de concours de leurs tangentes communes, et vice versâ. »
En effet, d'après la remarque déjà faite ci-dessus (397), si l'on trace sur le
plan des sections coniques proposées une nouvelle section conique quel-
conque ; qu'ensuite on s'en serve, comme de directrice, pour trouver les
réciproques polaires des proposées, il paraîtra évident que, puisque tout
point commun à l'un de ces systèmes de sections coniques est le pôle d'une
tangente commune du système réciproque par rapport à la directrice, et vice
versâ, il paraîtra évident, dis-je, que les sécantes communes de l'un de ces
systèmes seront (195) les polaires des points de concours des tangentes com-
munes de l'autre, et que les points de concours des sécantes conjuguées com-
munes de ce système auront pareillement, pour polaires, les droites qui ren-
ferment, deux à deux, les points de concours conjugués des tangentes com-
munes du système réciproque; c'est-à-dire, en un mot, que les quadrilatères
complets, formés respectivementpar les sécantes et les tangentes communes,
seront réciproques polaires de l'un à l'autre système. D'ailleurs, tout point de
l'une des sécantes communes est remplacé par une droite passant par le point
de concours réciproque de deux tangentes communes, et vice versâ; donc il
sera facile de passer directement, des propriétés purement descriptives de
celui-ci, aux propriétés pareilles de celle-là, en s'appuyant d'ailleurs sur les
autres relations de réciprocité établies par la théorie des pôles et polaires.
On doit enfin remarquer qu'en vertu de la loi de continuité toutes ces
conséquences s'appliquent de même au cas où la sécante et le point de
concours que l'on considère cessent d'appartenir réellement à des points
communs ou à des tangentes communes des sections coniques.
401. Supposons, par exemple, que l'on applique ces considérations à la

(*) Tome XI, p. 2o5 et 379; t. XII, p. 109, 233 et 249.


propriété énoncée art. 82, qui s'étend à toutes les sections coniques, on
retombera évidemment sur celle de l'article 258; pareillement, la question
de J'article 312 se ramène immédiatement à celle de l'article 315, et les con-
structions qui leur sont relatives jouissent entre elles de la même récipro-
cité, etc., etc.
D'après cela, nous aurions pu aisément réduire et simplifier tout a la fois
l'objet de nos diverses recherches ; mais nous avons préféré être un peu plus
long, pour rendre l'exposition des vérités plus claire et plus complète :
d'autant mieux qu'il s'agit d'exposer, dans cet ouvrage, les relations pro-
jectives des figures, et que la seule doctrine des projections suffit pour y
parvenir d'une manière simple et directe. Nous continuerons à en agir de
même, par la suite, toutes les fois qu'il n'y aura aucune raison d'adopter la
marche contraire.

Nouvelles propriétés des sections coniques assujetties à certaines conditions sur illi
plan, des sections coniques s. et s. p. et du cercle osculateur en un point donné
d'une telle courbe.
402. Les propriétés qui nous ont occupé, depuis l'article 388, font partie
de celles qui appartiennent, en général, aux systèmes de sections coniques
variables assujetties à certainesconditions sur un plan ; or un grand nombre
de ces propriétés dérivent immédiatement des divers principes établis, dans
ce qui précède, poùr le cas de deux sections coniques données sur un plan.
Supposons, par exemple, que l'on considère une suite de sections coniques
ayant en commun, sur un plan, ou quatre tangentes, ou quatre points, ou
trois tangentes et un point, ou une tangente et trois points, ou enfin deux
points et deux tangentes ; soit que ces points et ces tangentes soient tous
réels, ou seulement en partie réels et en partie imaginaires, les théorèmes
des articles 360 et 361 feront découvrir, de suite, plusieurs des propriétés
communes aux courbes de ces différents systèmes. Ainsi l'on voit que, dans
le premier et dans le dernier cas, les cordes de contact des sections coniques
avec les tangentes que l'on considère, ou, si l'on veut, les polaires des points
d'intersection de ces tangentes, pivoteront respectivement sur des points
fixes (*) appartenant à la fois à deux des sécantes conjuguées communes, et

(*) Ces relations particulières ont été déduites, par M. Brianchon, comme conséquencesdes pro-
priétés (186 et suiv.) des quadrilatères inscrits et circonscrits aux sections coniques : voyez son -
Mémoire sur les lignes du second ordre, art. i5 et 19.
à deux des diagonales du quadrilatère formé par les tangentes communes de
ces courbes, combinées deux à deux ou prises dans leur ensemble, etc.
Mais il n'est pas nécessaire de recourir aux propriétés déjà établies pour le
cas particulier où l'on ne considère que le système de deux sections coniques
situées sur un plan, pour en déduire celles qui concernent un nombre quel-
conque de semblables courbes; on peut, comme nous l'avons dit (401), y
arriver directement, dans chaque cas, au moyen des principes de projection
si souvent mis en usage dans le cours de ces recherches, c'est-à-dire en
ramenant la figure à quelqu'une de celles qui sont élémentaires.
403. Pour en offrir un dernier exemple qui puisse nous conduire à quel-
ques conséquences nouvelles et faciles, nous considérerons le système d'un
nombre quelconque de circonférences de cercle, ayant une sécante commune
ordinaire sur un plan, outre celle qui leur appartient en général (94) à l'in-
fini. Cela posé, il est évident que, si l'on trace un dernier cercle quelconque
sur le plan des premiers, et ayant par conséquent la sécante à l'infini com-
mune avec eux, il est évident, dis-je, que ce cercle ira déterminer, sur cha-
cun de ceux-ci, une nouvelle sécante commune conjuguée à la précédente,
qui concourra (72), ainsi que toutes ses semblables, en un point unique de
la sécante commune ordinaire des cercles dont il s'agit; donc on aura le
théorème général qui suit (122) :
Si un nombre quelconque de sections coniques, tracées sur un plan, ont mêmes
points d'intersection ou mêmes sécantes conjuguées communes (ab) et (cd),
réelles ou idéales, et qu'on en trace, à volonté, une nouvelle qui ait l'une quel-
conque (ab) de ces sécantes .en commun avec les premières, elle ira déterminer,
sur chacune de celles-ci, une seconde sécante commune conjuguée à ( ab ) ; or
celle sécante et toutes ses semblables concourronten un point déterminé et unique
de celle (cd), qui appartient à la fois à toutes les sections coniques proposées.
On traduirait de même évidemment toutes les autres propriétés des cercles,
consignées à la fin du IIe Chapitre de la lre Section.
404. Supposons maintenant que l'on remplace le système des sections
coniques proposées, excepté la dernière, par des circonférences de cercle
ayant une sécante commune avec elle ; la sécante commune, conjuguée à
celle-ci et relative aux cercles, passera tout entière à l'infini (94); donc on
pourra énoncer ce corollaire, auquel nous sommes déjà parvenus d'une autre
manière (336), pour le cas particulier où les cercles touchent la section
conique proposée :
Si, sur le plan d'une section conique quelconque, on trace une suite de cercles
ayant avec elle deux points communs ou, plus généralement, une sécante
commune, toutes les autres sécantes, communes à cette section conique et aux
différents cercles, qui sont conjuguées à la première, seront parallèles ou iront
concourir en un même point à l'infini.
La proposition subsiste évidemment (90), quand on remplace les cercles
dont il s'agit par des sections coniques quelconques s. et s. p. sur le plan de
la première ; et il en résulte un moyen de mener, par deux points d'une sec-
tion conique donnée et décrite, ou un cercle, ou une section s. et s. p. à une
autre section conique quelconque, qui soient tangents à la première. En
partant de là d'ailleurs, on déduirait immédiatement tous les théorèmes qui
font le sujet des articles 392, 393 et 394.

405. La même proposition va nous donner un nouveau moyen, très-direct et


très-simple, de mener le cercle osculateur en un pointquelconque A (jig. 55 )
d'une section conique donnée et décrite sur un plan.
En effet, par le point A faites passer, à volonté, une circonférence de cercle
rencontrant, de nouveau, la courbe aux trois autres points B, C, D ; la
sécante BC sera (292) conjuguée à celle AD; et par conséquent, si par le
point A on mène, dans la section conique, la corde A A' parallèle à BC, son
extrémité A' appartiendra au cercle qui, passant par A et D, toucherait cette
section conique en A, car la corde AB sera devenue nulle, et sa direction
tangente a la courbe : rien n'est donc plus facile que de mener, en un point.
donné A d'une section conique décrite, un cercle qui soit tangent à cette
section conique.
Pour trouver maintenant le cercle osculateur au même point, on obser-
vera, toujours d'après le théorème cité, que ce cercle doit faire partie de
ceux qui touchent la courbe en A, et que par conséquent sa corde commune,
conjuguée à la tangente en ce point, doit être parallèle à celle A'D, et passer
par le point A (320); menant donc par ce point la corde AD' parallèle à
celle DA', sa nouvelle extrémité D', dans la courbe, appartiendra au cercle
osculateur, qui sera ainsi facile à tracer. On voit, au surplus, ce qu'il y aurait
à faire dans le cas où la section conique ne serait pas décrite, mais donnée
seulement par un certain nombre de points (395).
Si l'on connaissait l'un des axes principaux de la courbe, on pourrait se
dispenser de décrire le cercle auxiliaire ABCD; car (394) la direction de cet
axe devant former le même angle avec les cordes conjuguées AD et BC, la
direction de AA' serait par là même connue, et par suite celle de AD' paral-
lèle à A'D. Si, en outre, l'on se donnait la tangente en A, conjuguée à A'D,
tout reviendrait évidemment à mener par ce point une droite AD' for-
mant le même angle qu'elle avec l'axe de la courbe; autrement on pourrait
encore déterminer le point symétrique de A par rapport à cet axe,-car le
diamètre passant par ce point serait parallèle à D'A, et la construction revien-
drait alors à celle qu'a donnée du même problème R. Simson, dans son
Traité des sections coniques (liv. V, Prop. 39).

Réflexions générales sur l'objet du présent Chapitre et sur les moyens d'étendre,
aux sections coniques en général, les propriétés des cercles qui se coupent
ou se touchent sur un plan, etc.

406. Nous n'insisterons pas davantage sur ces exemples et ces applica-
tions; notre objet ici est moins, en effet, de multiplier le nombre des vérités.
particulières, quelque intéressantes qu'elles puissent d'ailleurs paraître, que
de faire pressentir la fécondité qui est propre à chaque théorie, et de donner
une idée exacte de l'étendue et de la généralité des conséquences qui peu-
vent résulter des principes qui ont été posés dans la première partie de cet
ouvrage. C'est pourquoi nous nous contenterons d'observer en général, pour
terminer le sujet qui nous occupe, que, puisque les sécantes communes
réelles ou idéales, les polaires, les pôles, etc., sont projectifs (118, 127),
toutes les propriétés et constructions établies, soit à la fin du IIe Chapitre
de la Ire Section, soit dans le dernier Chapitre de la IIe Section, et qui sont
relatives aux cercles qui se coupent ou se touchent sur un plan, etc., sub-
,
sisteront, d'une manière analogue (138), pour des sections coniques quel-
conques qui auraient déjà une sécante commune, réelle ou idéale, repré-
sentant celle à l'infini des cercles, ou pour des sections coniques s. et s. p.
sur un plan, dont la sécante commune serait de même placée à l'infini sur
ce plan.
Ainsi, par exemple, étant données, sur un plan, trois sections coniques
avant une sécante commune, 0'11 pourra déterminer, par des constructions
purement linéaires (270 à 286), une nouvelle section conique qui leur soit
à la fois tangente, et qui ait cette sécante en commun avec elles, etc., etc.
D'un autre côté, il résulte (400) de la théorie des polaires réciproques,
qu'il n'est aucune des propriétés des sections coniques, ayant une 0:U plu-
sieurs sécantes communes sur un plan, .qui ne puisse se traduire e4o une
propriété analogue des sections coniques ayant un ou plusieurs points de
concours de tangentes communes, et vice versâ; donc il sera facile de dé-
couvrir les diverses propriétés et solutions relatives, en générai, à des sec-
tions coniques assujetties à toucher les mêmes droites, ou à passer par les
mêmes points, donnés au nombre de deux, au moins, pour l'une quelconque
des espèces.
407. Si maintenant on ajoute que toutes les propriétés et solutions ainsi
obtenues demeurent applicables, en vertu de la loi de continuité, à tous les
états particuliers par lesquels peut passer le système que l'on considère,
comme, par exemple, lorsque certains points ou certaines droites deviennent
imaginaires, se confondent deux à deux ou passent à l'infini, tandis que des
sections coniques dégénèrent elles-mêmes en des points, en des droites, ou
se rapprochent (287) l'une de l'autre jusqu'à se superposer entièrement, on
concevra sans peine l'immensité des conséquences qui peuvent découler de
ce qui précède pour la simple Géométrie.
Il semble d'ailleurs qu'après les divers exemples présentés, soit dans ce
Chapitre, soit dans tout le reste de l'ouvrage, on ne pourra concevoir au-
cune espèce de difficultés dans l'application de nos principes; en sorte que
nous pourrions terminer ici la tâche que nous nous étions proposé de rem-
plir. Mais notre but ayant été aussi de développer les germes de chaque
théorie particulière, lorsqu'elle peut avoir des applications utiles aux arts
qui reposent sur le dessin linéaire, il nous reste encore beaucoup à faire sous
ce rapport; l'on sait, en effet, que l'essentiel et le difficile, en pareil cas,
n'est pas de poser des principes, mais de multiplier le nombre des applica-
tions et des exemples : nous poursuivrons donc la marche que nous avons
déjà suivie, sans toutefois nous arrêter plus longuement sur les propriétés
qui viennent de nous occuper en dernier lieu, lesquelles ne sont que des
extensions faciles et, en quelque sorte, évidentes des divers principes déjà
établis, dans la Ire et la IIe Section, pour le cas particulier des circonfé-
rences de cercle.

CHAPITRE III.
THÉORIE DES DOUBLES CONTACTS DES SECTIONS CONIQUES, ET SOLUTIONS
DES PROBLÈMES QUI S'Y RAPPORTENT.

408. L'une des applications les plus intéressantes de nos principes est la
théorie des doubles contacts des sections coniques, que nous n'avons point
encore eu l'occasion de développer de la manière convenable dans ce qui
précède, et qui a, comme nous le verrons bientôt, une liaison on ne peut
plus intime ave,c les propriétés des foyers des sections coniques, et celles
de certaines figures inscrites ou circonscrites aux mêmes courbes. Quoique
cette application ne présente aucune sorte de difficultés, et qu'elle soit une
conséquence extrêmement simple des propriétés générales établies dans le
précédent Chapitre, nous avons pensé qu'à cause du grand nombre de con-
sidérations neuves et piquantes qu'elle offre, ce ne serait pas trop faire que
de consacrer un Chapitre tout entier à son exposition, d'autant plus qu'il
n'est presque aucune de ces considérations qui ne soit indispensable pour
les recherches dont nous aurons à nous occuper par la suite.
Nous avons d'ailleurs déjà fait connaître, art. 322 et suivants, les pro-
priétés dont jouit le système de deux sections coniques qui ont un double
contact, réel ou idéal, relativement aux axes et centres d'homologie qui
peuvent leur appartenir; il ne peut donc plus être question de ces sortes de
propriétés, que nous supposerons désormais bien connues, non plus que des
moyens graphiques de construire l'une des courbes par l'autre, quand on se
donne, avec certaines conditions, soit un centre, soit un axe d'homologie.
409. Cela posé, considérons le système de deux sections coniques quel-
conques ayant un double contact, et supposons qu'on ne connaisse ni la sé-
cante de contact, ni le pôle de cette sécante, et qu'il s'agisse de les déter-
miner, soit immédiatement, quand les deux sections coniques sont tracées,
soit, au contraire, quand on ne se donne qu'une seule de ces courbes, et
que l'autre doit être assujettie à certaines conditions, comme de passer par
des points donnés, etc. Il est évident que ces sortes de questions sont d'un
tout autre ordre que celles qui ont été résolues aux articles cités, et qu'elles
exigent aussi des principes différents; or il convient que nous examinions
d'abord le cas où l'on suppose les courbes décrites ou données (341) par cer-
taines conditions. Et comme, jusqu'à présent, nous avons constamment fait
usage des principes de la projection centrale pour établir les bases de nos
diverses constructions, nous continuerons à en agir de même dans tout ce
qui va suivre.

Propriétés générales et construction de la sécante de contact commune au sys-


tème de deux sections coniques doublement tangentes et données sur un
plan.
410. Deux sections coniques au double contact pouvant, en général, être
regardées (131) comme la projection de deux cercles concentriques, pour
lesquels la sécante de contact est passée tout entière à l'infini, tandis que
son pôle est devenu le centre commun des deux courbes, il ne sera pas dif-
ficile de découvrir les propriétés projectives qui peuvent appartenir à leur
système.
Supposons, en effet [fig. 56), qu'au travers des deux cercles on mène une
transversale ar-bitraire AB, rencontrant ces cercles aux points A et B, A' et B'
respectivement; qu'ensuite on détermine les pôles P et P' de cette transver-
sale, par rapport à chaque courbe, il est visible que la droite PP' ira passer
par le centre commun 0, pôle de la sécante de contact à l'infini; ce sera
donc la direction commune à deux diamètres des cercles, dont le pôle à l'in-
fini L sera le même, et appartiendra à la sécante de contact de ces cercles.
Si l'on observe, en outre, que chacune des cordes AB, A'B' est divisée
harmoniquement (27) par le point 1 de son intersection avec la direction
commune des diamètres dont il s'agit, et par le point L qui se trouve sur
la sécante de contact, on aura, au besoin (374), un nouveau moyen de con-
struire directement ces deux points indépendamment de la connaissance des
pôles P et P'.
Pareillement encore, en traçant les tangentes aux extrémités des cordes AB
et A'B', elles formeront, par leurs intersections mutuelles, un quadrilatère
complet dont une diagonale PP' sera la direction commune des diamètres
ci-dessus, et dont les deux autres concourront évidemment, à l'infini, au
point L.
Mais, d'après le principe de l'article 138, toutes ces constructions demeu-
rent immédiatement applicables aux sections coniques proposées, dont les
cercles sont censés les projections; donc, en les répétant sur ces courbes
pour deux transversales arbitraires, on aura à la fois et la sécante de con-
tact qui leur appartient et le pôle commun de cette sécante, le tout par des
opérations qui n'exigent que l'emploi de la règle, quand les courbes sont
entièrement décrites.

411. Supposons encore que, d'un point quelconque P (jig. 57) du plan
de nos deux cercles, on leur mène respectivement deux paires de tangentes:
les cordes de contact ou polaires correspondantesAB, A'B' seront évidemment
parallèles, et donneront par conséquent un point L de la sécante de contact,
à l'infini, commune à ces cercles; de plus, si elles rencontrent à la fois les
cercles auxquels elles correspondent, c'est-à-dire si ce sont des cordes
réelles, et qu'on joigne, deux à deux, leurs extrémités par de nouvelles
droites, ces droites iront s'entrecouper respectivement aux points 1 et K, qui
appartiendront à la direction commune de deux diamètres passant par le
point P. Ainsi l'on aura obtenu, à la fois, et un point de la sécante de COÍl-
tact des deux courbes, et une droite passant par le pôle 0 de cette sécante.
Il ne serait pas difficile, au surplus, de trouver d'autres points ou d'autres
alignements propres à construire la sécante dont il s'agit et son pôle i la
symétrie des figures que nous venons de considérer nous dispense d'entrer
dans de plus grands développements.
Ainsi, quand deux sections coniques, au double contact, sont données et
décrites sur un plan, rien n'est plus aisé que de déterminer, à l'aide de con-
structions purement linéaires, leur sécante commune de contact et le pôle
de cette sécante; mais il n'en est plus de même du cas où, une seule de ces
sections coniques étant donnée et décrite, l'autre est seulement déterminée
par certaines conditions. En effet, la seule hypothèse que les courbes aient
entre elles un double contact comporte déjà deux conditions distinctes, et il
n'en reste que trois d'entièrement arbitraires, et qu'on puisse se donner ex-
plicitement. Il n'est donc plus possible d'opérer directement, sur la courbe
que déterminent ces conditions, comme on le ferait (344) si ces conditions
étaient au nombre de cinq et de la nature de celles de l'article 341.
Néanmoins les considérations qui suivent peuvent encore conduire au but,
d'une manière également simple, dans plusieurs des cas principaux.

Des sections coniques doublement tangentes à une section conique donnée, et


assujetties à passer par deux points aussi donnés.

412. Continuons, comme ci-dessus, à ne nous occuper que des cercles


concentriques, projections des deux sections coniques qui, par hypothèse,
doivent avoir entre elles un double contact; et remarquons qu'il ne peut ainsi
être question que des propriétés qui appartiennent individuellement à l'un
des systèmes de celles qui remplissent les conditions du problème; nous
nous occuperons ensuite du nombre des solutions dont peut être susceptible
ce même problème.
Soient A et B ( fig. 58) deux points de la circonférence extérieure, sup-
posée non décrite ; de chacun de ces points, menons une paire de tangentes
à la circonférence intérieure, pour former le quadrilatère simple MNPQ cir-
conscrit à cette circonférence; traçons les deux diagonales NQ et MP, ainsi
que la droite AB qui joint les points de concours des côtés opposés du qua-
drilatère. Il est évident, d'après la symétrie delà figure, que l'une, NQ, des
diagonales passera par le centre commun 0, et divisera la distance AB en
deux parties égales en I; qu'en outre l'autre diagonale MP sera parallèle à
cette même distance, et ira concourir avec elle en un point L de la sécante
de contact, à l'infini, commune aux deux cercles.
Ainsi, au moyen des deux points donnés A et B, on aura, à la fois, et un
point de la sécante dont il s'agit, et une droite renfermant le pôle 0 de cette
sécante. Si donc on se donnait un troisième point de la courbe extérieure,
on obtiendrait directement, au moyen de ce qui précède, la sécante de con-
tact et le pôle qui lui correspond, le tout par des constructions purement
linéaires.
413. Supposons maintenant que l'on trace le quadrilatère inscrit mnpq,
qui a pour sommets les points de contact des côtés du premier, il aura évi-
demment (186) 1 et L pour points de concours de ses côtés opposés, et le
point K sera l'intersection commune de ses diagonales et de celles du qua-
l,
drilatère MNPQ; en sorte que les points K, L seront tels (192), que « cha-
» cun
d'eux sera, par rapport à la courbe donnée, le pôle de la droite qui
»
contient les deux autres. » Donc on pourra se dispenser de construire les
tangentes qui répondent aux points A et B, et se contenter simplement de
tracer les polaires ou cordes de contact nq et mp qui appartiennent à ces
points.
Toutes les constructions qui précèdent demeurant immédiatement appli-
cables au cas où les deux courbes sont des sections coniques ayant un double
contact, on en déduit sur-le-champ la proposition suivante :
Si l'on fait varier une conique, assujettie à passerpar deux points connus A, B
(fig. 59), et à toucher, en deux points T, T', une autre section conique mnp
donnée de position, la sécante de contact TT', qui peut d'ailleurs être idéale,
changera de situation en pivotant constamment sur un pointfixe L, placé sur la
droite qui renferme les points A et B.
414. Dans le cas particulier où la section conique donnée mnp dégénère
en deux lignes droites, la proposition subsiste toujours, et revient à celle
qu'a démontrée M. Brianchon, à la page 20 de son Mémoire sur les lignes du
second ordre, et dont nous avons déjà dit quelques mots à l'article 402 du
précédent Chapitre. On peut, au surplus, les établir directement, l'une et
l'autre, sans recourir aux considérations particulières ci-dessus, et en leur
donnant toute la généralité dont elles sont susceptibles.
En effet, toutes les sections coniques qui passent par A et B ayant une
sécante commune, réelle quand ces points le sont eux-mêmes, et idéale quand
ils sont imaginaires, on pourra, en général (122), considérer la figure comme
la projection d'une autre, pour laquelle toutes les sections coniques seront
devenues des circonférences de cercle, dont la sécante commune sera passée
tout entière à l'intini. Or, par hypothèse, ces cercles doivent toucher, en deux
points, la section conique projection de celle qui est donnée; donc toutes
les cordes ou sécantes de contact seront parallèles entre elles et à l'un des
axes principaux de la courbe, c'est-à-dire qu'elles iront concourir en un
point de la droite, à l'infini, projection de celle où se trouvent les points A
et B qui, d'ailleurs, peuvent être réels ou imaginaires, aussi bien que la
corde de contact, sans que la proposition cesse de subsister.
415. On remarquera qu'il existe deux systèmes de cercles tangents à la
section conique de projection, auxquels correspondent deux systèmes de
cordes ou de sécantes de contact parallèles, mais dont l'inclinaison est diffé-
rente d'un système à l'autre, les unes étant parallèles au grand axe de la
courbe, les autres à son petit axe. Il y a donc aussi, dans le cas*général (413),
deux systèmes distincts de sections coniques doublement tangentes à la pro-
posée, et passant par les points A et B; or, il est aisé de voir que, tandis
que les cordes ou sécantes de contact des unes pivotent sur le point L, celles
des autres doivent pivoter, au contraire, sur le point 1 déjà défini ci-dessus,
et qui divise, avec le premier, la distance AB et la corde qu'elle intercepte
dans la section conique donnée, en segments harmoniques.
De là, au reste, on déduirait immédiatement tout ce qui a déjà été démon-
tré d'une autre manière (412 et 413) ; car si, de chacun des points A et B, on
mène une tangente à la courbe donnée, le système de ces deux tangentes
représentera une section conique ayant un double contact avec cette courbe,
et la corde ou sécante de contact correspondante, faisant partie de l'une des
séries de cordes en question, devra concourir en celui des points 1 et L au-
quel elle correspond en particulier.

Cas pour lesquels l'un des points de contact est donné ou se confond
avec l'autre.
416. Si l'on se donnait l'un, T, des deux points où la section conique,
passant par A et B, doit toucher la proposée, on aurait immédiatement celui,
T', qui lui correspond, par l'intersection de la droite LT ou IT avec cette
dernière courbe. Ainsi le problème, où l'on se propose de mener, par deux
points A etB, une section conique ayant un double contact avec une section co-
nique donnée, et dont un des points de tangence soit assigné, est susceptible de
deux solutions distinctes, qui n'exigent l'une et l'autre que l'emploi de con-
structions linéaires, quand la courbe donnée se trouve en même temps
décrite.
C'est, au reste, ce qu'on déduirait immédiatement des considérations ex-
posées, art. 323, puisque le point de contact donné peut être regardé comme
un centre d'homologie. Car, en recherchant, sur la courbe proposée, la
corde qui est l'homologue de celle donnée AB, par rapport à ce centre, elle
rencontrera celle-ci en un point qui devra appartenir à l'axe d'homologie
conjugué à ce centre; or, cet axe n'étant ici autre chose (322) que la tan-
gente commune au second point, de contact des deux courbes, ce point sera
parfaitement déterminé, et il en sera de même de la courbe cherchée.
417. Si l'on exigeait que la section conique, passant par A et B, fùt oscu-
latrice du troisième ordre de la proposée, les deux points de contact T, T' de-
vraient se confondre en un seul, et la sécante qui lui correspond deviendrait
une tangente à cette dernière section conique, passant par l'un ou par l'autre
des points L et I; le point d'osculation pourrait donc se déterminer aisément,
par des constructions purement linéaires, si la courbe donnée était en même
temps décrite; au moyen de quoi l'on obtiendrait ensuite (323) tout ce qui
concerne l'osculatrice, en ne se servant également que de la règle. Enfin on
voit qu'il existe, en général, quatre osculatrices distinctes satisfaisant égale-
ment bien aux conditions du problème.

Des sections coniques doublement tangentes à une section conique donnée, et


assujetties à passer par trois points aussi donnés.
418. Si, au lieu des conditions qui précèdent, on se donnait, à volonté,
un troisième point C, par lequel dût également passer la section conique
ayant un double contact avec la proposée ; en joignant ce point avec les deux
autres A et B, on obtiendrait deux nouvelles droites AC et BC qui, traitées
comme la première AB, donneraient quatre points analogues à ceux I, L,
appartenant deux à deux à ces droites : ce qui formerait, en tout, six points
rangés deux par deux, comme on vient de le dire, sur les côtés du triangle
ABC, et divisant harmoniquementchacun de ces côtés ; ainsi donc il y aurait,
entre ces six points et ceux A, B, C, les diverses dépendances qui ont déjà
été signalées art. 162.
La corde ou sécante de contact, relative à l'une des sections coniques
cherchées, s'obtiendrait ensuite en joignant à volonté, par une nouvelle
droite, deux quelconques de ces six points, qui ne proviennent pas d'une
même combinaison ou d'un même côté ; ce qui donnerait évidemment, en
tout, quatre droites distinctes, renfermant, trois à trois, les six points en
question, et formant, par leurs intersections mutuelles, un quadrilatère
complet dont ces six points seraient les sommets, et dont les droites AB, BC,
CD seraient, en direction, les trois diagonales.
Quant aux pôles 0 des sécantes de contact TT, ils se trouvent évidemment
(412 et 415), deux à deux, sur chacune des trois paires de droites analogues
à celles LK, IK qui correspondent à AB et ont, pour point d'intersection, le
pôle K de cette dernière droite, et pour pôles les points 1 et L qui appar-
tiennent à sa direction. Enfin, chacun des points 0 dont il s'agit s'appuyant à
la fois sur trois des six droites LK, IK provenant de combinaisons diffé-
rentes, ces six droites doivent former un quadrilatère simple avec ses deux
diagonales ordinaires, aux sommets duquel se trouvent situés les quatre
pôles des sécantes de contact.

419. L'ensemble de toutes ces relations est exprimé dans lafig. 6o : A,


B, C sont les trois points donnés, par lesquels il s'agit de faire passer une
section conique doublement tangente à la proposée; ANP et AMQ, BN"pIf et
BM"Q", CN'P' et CM'Q' sont les trois paires de tangentes issues des points A,
B, C et formant par leurs rencontres mutuelles, en les combinant deux à
deux, trois quadrilatères circonscrits MNPQ, M'N'P'Q', M"N"P"Q", analogues
à ceux dont il a été question précédemment (412 et 413) ; enfin II'L", II''L',
l' 1" et LL'L" sont les quatre sécantes de contact cherchées, et 0, 0', O", 0'"
les pôles qui leur correspondent respectivement. L'usage des autres lignes et
des autres points de la figure est facile à reconnaître, d'après ce qui a été dit
sur la fig. 5g, puisqu'on a eu le soin d'employer les mêmes lettres, diffé-
remment accentuées, pour indiquer les points qui remplissent des fonctions
analogues à l'égard de chacune des trois droites AB, BC et CD.
On remarquera que les trois paires de tangentes issues des points A, B, C
forment en outre, par leurs rencontres mutuelles, quatre hexagones distincts,
tels que NQ"N'QN"Q'N, circonscrits à la courbe donnée, dont les trois dia-
gonales NQ, N'Q',N"Q", qui joignent les sommets opposés et appartiennent
respectivement aux quadrilatères ci-dessus mentionnés, vont concourir (208
et 4.18) en l'un 0'" des quatre pôles des sécantes de contact cherchées, et
rencontrent celles des droites AB, AC, BC qui leur correspondent respective-
ment ou renferment les points de concours des tangentes d'où elles provien-
nent, en trois points I, l', 1" situés, deux par deux, sur trois des sécantes dont
il s'agit.
Si, au lieu des trois points A, B, C et des paires de tangentes qui leur
appartiennent, on considérait les polaires et les points de contact correspon-
dants, on arriverait à des conséquences analogues, que nous aurons occa-
sion de reproduire (424), lorsqu'il s'agira du cas où l'on se donne trois tan-
gentes de la section conique qui doit avoir un double contact avec la proposée.
Nous verrons, en effet, que les deux questions ont entre elles une analogie
telle, qu'on peut toujours les ramener l'une à l'autre au moyen de la théorie
des pôles.
Au surplus, toutes ces considérations deviennent, en quelque sorte, évi-
dentes, et peuvent se démontrer à priori en supposant, ainsi qu'on l'a fait
art. 412, la figure mise en projection, sur un nouveau plan, de façon que la
section conique proposée et l'une de celles qu'on cherche deviennent à la
fois des circonférences de cercle concentriques.

420. Les constructions par lesquelles nous venons d'obtenir les sécantes
de contact des sections coniques doublement tangentes à une section conique
donnée, et passant par trois points connus de position sur son plan, cessent
d'être applicables quand ces trois points sont, en tout ou en partie, compris
dans l'intérieur de la courbe donnée ; il en est encore de même, à plus forte
raison, du cas où deux de ces points doivent être imaginaires, c'est-à-dire
lorsque la droite correspondante doit être une sécante idéale commune (342)
à la section conique cherchée et à une autre section conique quelconque
donnée. Mais, excepté le cas où les points donnés se trouvent partie au
dedans,'partie au dehors de la courbe proposée, lequel ne peut évidemment
être susceptible d'aucune solution réelle, on ne doit pas conclure que, la con-
struction devenant illusoire, la section conique cherchée doive, parla même,
cesser d'être possible (376). En effet, dans le cas où deux des points donnés
sont imaginaires, on peut toujours (110) mettre la figure en projection sur
un nouveau plan, de façon que la section conique cherchée devienne une
circonférence de cercle : le problème se trouve donc ramené, d'une manière
directe et purement géométrique, à celui où il s'agit de mener, par un point
donné sur le plan d'une section conique' décrite, une circonférence de cercle qui
soit doublement tangente à cette section conique: problème qui est évidemment
toujours susceptible d'une solution réelle, quelle que soit la situation du
point donné sur le plan de la courbe.
421. Quant au cas où les trois points donnés sont à la fois intérieurs à la
section conique, on peut, comme dans l'article 412, supposer la courbe don-
née et celle qu'on cherche remplacées par des circonférences de cercles con-
centriques; or il n'est pas difficile de prouver qu'on peut encore dans ce
cas, de même que dans celui qui précède, déterminer directement, et par
des constructions purement linéaires, la sécante de contact à l'infini et le
centre commun des deux ceréles, c'est-à-dire le pôle de cette sécante.
Soient, en effet, A et B (jig. 61) deux points donnés de la circonférence
intérieure, K le pôle de la droite AB par rapport au cercle extérieur; joi-
gnons ce pôle aux deux points donnés par les sécantes indéfinies KA, KB,
rencontrant en D et F, E et G respectivement le cercle extérieur dont il s'agit,
les cordes DE, GF seront évidemment parallèles à AB et concourront par
conséquent avec elle en un point L de la sécante de contact à l'infini ;
celles DG, EF se couperont, au contraire, au point 1 milieu de AB, en
sorte que KI passera par le centre commun 0 des deux cercles. Ainsi on
aura obtenu, pour le système des points A et B, les deux droites IK, KL ana-
logues à celles qui nous ont occupés dans l'article 412 ; et l'on remarquera
que les nouvelles constructions ont, sur les premières, l'avantage de s'appli-
quer indistinctement aux deux cas.
Il est sans doute inutile de dire que la même opération, répétée sur cha-
cune des trois droites qui joignent deux à deux les points donnés, produira
les trois systèmes de lignes dont les intersections respectives appartien-
dront (418) aux pôles des sécantes de contact cherchées, lesquelles seront
évidemment encore au nombre de quatre, aussi bien que les courbes qui leur
correspondent respectivement (*). Nous avons donc résolu complètement et
d'une manière assez simple, ce semble, le problème général qui suit :
Par trois points, donnés à volonté sur le plan d'une section conique décrite,
mener, avec la règle seulement, une autre section conique qui ait un double
contact avec la premie're.
422. Il est bien digne de remarque que nous n'ayons employé que le tracé
de simples lignes droites pour résoudre ce problème, quand la section conique
donnée se trouve décrite, tandis que nous avons été obligés (309 et 339)
d'employer le tracé d'un cercle auxiliaire pour résoudre la même question
dans le cas où cette section conique dégénère en deux lignes droites. La rai-
son en paraîtra simple et évidente, si l'on considère qu'on ne peut et qu'on
ne doit pouvoir résoudre linéairement, sur un système de lignes droites don-
nées, que les problèmes qui ne sont susceptibles que d'une seule solution,
ou dont les solutions multiples sont entièrement séparables de leur nature ;

(*) Il serait aisé de reconnaître, d'après cela, le système des relations qui lient toutes ces droites
et tous ces points, soit entre eux, soit avec les données du problème.
et qu'il faut nécessairement le tracé d'une courbe du second degré, donnée
et décrite sur le plan de la figure, pour obtenir les solutions qui ne peuvent
être séparées autrement que par la pensée.

Des sections coniques doublement tangentes à une autre, et qui touchent,


deplus, trois droites données.

423. La question qui vient de nous occuper, dans ce qui précède, se


ramène directement à la suivante, et vice versâ:
Trois droites étant données à volontésur le plan d'une section conique décrite,
mener, avec la règle seulement, une autre section conique qui touche ces trois
droites, et ait un double contact avec la première.
En effet, il est facile de voir, soit à l'aide de la théorie des polaires réci-
proques, soit directement au moyen du principe de l'article 131, que :
La réciproquepolaire ( 231 ) d'une section conique doublement tangente à une
autre, prise pour directrice, doit toucher celle-ci aux mêmes points que la pre-
mière, ou, plus généralement, doit avoir même sécante de contact et même pôle
relatif à cette sécante.
Si donc trois tangentes quelconques de l'une des sections coniques au
double contact étaient données, il suffirait, pour avoir la sécante de contact
correspondante, de déterminer les pôles qui appartiennent aux trois tan-
gentes par rapport à la section conique supposée donnée et décrite, puis de
se proposer, sur ces trois points, la question qui a été résolue ci-dessus.
Réciproquement, trois points étant donnés, on recherchera leurs polaires
par rapport à la courbe décrite, et la question sera ramenée à celle où l'on
se donne trois tangentes de la courbe au double contact.
Mais on peut aussi opérer directement dans le cas de trois tangentes, et
la solution qu'on obtient, quand ces tangentes rencontrent à la fois la sec-
tion conique donnée, offre l'avantage d'être très-élégante et de n'exiger, en
quelquesorte, letracé d'aucune des lignes auxiliaires qui compliquent l'autre.
424. Soient, en effet, mp, nq (fig. 58 et 5g) deux quelconques des tan-
q
gentes dont il s'agit, rencontrant en m et p, net respectivement la courbe
qui est donnée, et se coupant mutuellement au point K; en joignant, deux à
deux, leurs extrémités par de nouvelles droites, ces droites détermineront,
par leurs intersections respectives, deux autres points 1 et L qui, avec le pre-
mier K, seront tels (192), que la droite qui joint deux quelconques d'entre
eux aura pour pôle le.troisième, par rapport à la courbe donnée; or il est
aisé de prouver, par les considérations déjà mises en usage, art. 412 et sui-
vants, que les points 1 et L, ainsi obtenus, appartiendront à la mutuelle
intersection de deux paires de sécantes de contact, tandis que les droites
correspondantes IK et KL renfermeront, deux à deux, les pôles de ces sé-
cantes.
Donc, si l'on opère de la même manière sur chacune des paires de tan-
gentes données, supposées au nombre de trois, on obtiendra simultanément
les quatre sécantes de contact dont il s'agit et les quatre pôles qui leur cor-
respondent respectivement. En se bornant. à exécuter les opérations rela-
tives à deux paires de tangentes, on voit que tout se réduira à tracer douze
lignes droites indéfinies; autrement il en faudrait dix-huit; mais alors les
points I, L et leurs analogues seront, trois par trois, en ligne droite, et les
droites IK, KL, prises dans un certain ordre, concourront, trois à trois, en
un même point, comme l'indique déjà la fig. 6o; d'ailleurs les droites et
les points ainsi obtenus seront les quatre sécantes de contact cherchées et
les quatre pôles qui leur correspondent respectivement.
L'ensemble de ces relations est exprimé par la fig. 62, dans laquelle mp,
lIq, rs sont les trois tangentes données, terminées aux points de leur inter-
section avec la section conique que doit toucher celle qu'on cherche. Les
douze droites, qui joignent deux à deux ces extrémités, forment, comme on
le voit, quatre hexagones inscrits, analogues à celui mnrpqsm dont les dia-
gonales, joignant les sommets opposés, sont précisément les trois tangentes
données, et dont la droite LUL", qui renferme les points de concours des
côtés pareillement opposés (201), est évidemment, d'après ce qui précède,
une des sécantes de contact cherchées. On voit, en outre, qu'au moyen de
l'un quelconque de ces hexagones, on obtiendra directement les quatre
pôles 0, 0', O", 0'" de ces sécantes : en effet, en joignant chacun des points
de concours L, L', L" des côtés opposés de cet hexagone avec celui des points
d'intersection K, K', K" des tangentes dont il provient, on formera un trian-
gle OO'O" dont les trois sommets feront partie des pôles dont il s'agit; en
joignant ensuite chaque sommet avec celui des points K, K', K" qui appar-
tient au côté opposé, on obtiendra trois droites qui, d'après ce qui précède,
viendront concourir au quatrième pôle 0"', lequel appartient précisément à
la droite LL'L" que l'on considère en particulier.
Au surplus, l'analogie qui règne entre la figure qui nous occupe et la
fig. 60 est facile à saisir, et, en les rapprochant entre elles, on aura, comme
on voit, l'ensemble des propriétés qui peuvent appartenir à trois points A, B, C,
donnés à volonté sur le plan d'une section conique, et aux polaires mp, nq, rs
de ces trois points.
Cas où, les droites données étant au nombre de deux seulement, l'un des points
de contact des deux courbes est assigné, se confond avec l'autre, ou est
variable avec lui sur l'une de ces courbes.
425. Les considérations qui viennent de nous occuper, relativement au
cas général où l'on se donne trois tangentes de la section conique au double
contact, s'appliquent également bien aux questions analogues à celles qu'on
s'est proposées art. 416 et 417 : supposons, par exemple, qu'on ne se donne
que deux tangentes mp et nq [fig. 59) de la section conique cherchée, et
qu'on demande que cette section conique soit osculatrice du troisième ordre
avec la proposée; tout consistera évidemment (424), pour avoir les points
d'osculation et, par suite, les différentes courbes qui résolvent le problème,
à mener, des points 1 et L obtenus comme il a été dit ci-dessus, deux paires
de tangentes à la courbe donnée, lesquelles auront pour points de contact
les points demandés, qui seront par conséquent, en général, au nombre de
quatre, aussi bien que les osculatrices qui leur correspondent respective-
ment; et, comme les droites LK, IK sont les polaires des points I. L dont il
s'agit, les quatre points d'osculation se trouveront précisément à l'intersec-
tion de ces deux droites et de la courbe donnée.
On voit d'ailleurs, d'après ce qui a été dit ci-dessus (423), ce qu'il y au-
rait à faire dans le cas où les tangentes mp et nq ne rencontreraient plus
cette courbe. Ainsi, excepté le cas où les tangentes données ne sont qu'en
partie extérieures à la section conique proposée, on pourra toujours résoudre
graphiquement ce problème, qui est en quelque sorte le réciproque de celui
qui nous a déjà occupés, art. 417 :
Mener une section conique osculatrice du troisième ordre à une autre section
conique décrite, et qui touche, de plus, deux droites données de position sur son
plan, le tout en n' employant que la règle.
426. On déduit encore, des considérations qui précèdent, ce théorème
analogue à celui de l'article 413 :
Si l'on fait varier une conique, assujettie à toucher deux droites don-
nées mp, nq (fig. 5g), et à avoir un double contact avec une autre section
conique quelconque mnp donnée de position sur le plan de ces droites, la sé-
cante de contact TT', réelle ou idéale, pivotera sans cesse sur un point fixe L,
placé sur la polaire du point d'intersection K des tangentes mp et nq; de plus.
le point L sera aussi celui autour duquel pivote la corde de contact relative à ces
tangentes.
Comme il y a deux séries distinctes de sections coniques au double con-
tact, il existe aussi deux points 1 et L, placés sur la polaire de K qui renferme
les pôles A et B des tangentes données, autour desquels pivotent respecti-
vement les deux séries de sécantes de contact d'espèces différentes; or il est
aisé de reconnaître (412 et suivants) que ces points divisent à la fois en seg-
ments harmoniques, soit la distance AB comprise entre les deux pôles dont
il s'agit, soit celle comprise entre les tangentes mp et nq qui leur corres-
pondent, soit enfin la corde interceptée par la section conique proposée sur
la droite AB, lorsque cette corde est possible.
On voit ce qu'il y aurait à faire pour résoudre cet autre problème :
Inscrire dans un angle donné une conique doublement tangente à une
conique décrite, et dont l'un des points de contact soit assigné.

Des sectionsconiques doublementtangentes au système de deux sectionsconiques


données sur un plan.

427. Les théorèmes qui précèdent sont susceptibles d'une extension beau-
coup plus grande, en remplaçant les deux tangentes données par une sec-
tion conique quelconque.
Soient M, N, P, Q (fig. 63) les quatre points où se coupent, en général,
les deux sections coniques proposées que doivent envelopper ou toucher dou-
blement celles qui sont variables; soient K, L, 1 les trois points où se cou-
pent, deux à deux (360), les sécantes conjuguées communes passant par les
points M, N, P, Q; considérons d'abord l'une quelconque TtT' des sections
coniques enveloppes, touchant en T et T, t et t' respectivement les propo-
sées, et soient R et r les pôles des cordes de contact TT', tt'. Si l'on met la
figure en projection sur un nouveau plan, de façon (110) que la section
conique enveloppe devienne un cercle et que la droite Rr, qui renferme les
deux pôles en question, passe à l'infini, les cordes de contact TT', tt' devien-
dront des diamètres de ce cercle, communs aux sections coniques propo-
sées, et par conséquent le point d'intersection de ces diamètres sera à la fois
le centre de ce cercle et de ces sections coniques; ce sera donc aussi (363)
l'un des trois points de concours K des sécantes conjuguées communes qui
appartiennent à ces dernières, et partant la droite Rr, qui est la polaire de
ce point, renfermera les deux autres points de concours 1 et L (360). Or de
là résulte immédiatement ce théorème :
Si une section conique quelconque a un double contact avec deux autres
sections coniques données, les sécantes de contact iront concourir en l'un des
trois points de concours des sécantes conjuguées communes à ces sections co-
niques, et par conséquent leurs pôles respectifs seront placés sur la droite qui
renferme les deux autres de ces trois points.
428. Cette proposition a été démontrée d'une autre manière par IVI. Chasles,
à la page 338 du tome III de la Correspondance Polytechnique; il s'en est
servi avec succès pour établir un théorème de Monge sur les surfaces du
second degré qui en enveloppent une troisième (*). Au reste, si l'on joint
à cette proposition tout ce qui a été dit (186) sur les quadrilatères inscrits
et circonscrits aux coniques et sur le pôle et la polaire; si l'on y ajoute
aussi les propriétés des articles 360 et 362, on aura a peu près le système
de celles qui appartiennent à une ou plusieurs sections coniques qui en en-
veloppent à la fois deux autres, ou ont un double contact avec chacune d'elles.
Toutes ces propriétés se déduisent d'ailleurs directement de la projection
de la figure dont il a été fait mention ci-dessus, puisque tout y est symétrique
par rapport au point K, devenu centre commun des trois courbes.
Comme il y a trois points de concours I, K, L des sécantes conjuguées
communes aux deux sections coniques proposées, il existe aussi trois sys-
tèmes distincts de sections coniques doublement tangentes, dont les points
de contact appartiennent à des combinaisons d'arcs différemment situés, et
qui sont faciles à reconnaître, pour chacun des points 1, K, L, puisque les
cordes de contact appartenant à ces arcs doivent concourir au point dont il
s'agit. Maintenant, si l'on suppose que l'on fasse varier les sections coniques
d'un même système, il en résultera cet énoncé général que nous avions en
vue dans ce qui précède :
Les trois systèmes distincts de sections coniques, à la fois doublement tan-
gentes à deux sections coniques données de position sur un [,-lanl, sont tels, que
pour chacun d'eux les cordes de contact correspondantespivotent sur un point
fixe, placé à l'intersection de l'un des trois systèmes de sécantes conjuguées com-
munes des sections coniquesproposées.
Quand on suppose qu'une ou deux des coniques proposées dégénèrent en
lignes droites, on retombe évidemment sur les propriétés des articles 402
et 426.
429. Les considérations de la projection centrale conduisent également à
la proposition suivante, qui est une extension du théorème de l'article 413 :
«
Supposons que, deux sections coniques, que je nommerai (0) et (0'),
J) ayant une
sécante commune, on en trace une infinité d'autres qui, passant
J) par
deux points quelconques A, B de la direction de cette sécante, aient
(*) Foyez le Supplément, à la fin de l'ouvrage, art. 601.
), un double contact de même espèce, soit avec (0), soit avec (0'); je dis
» que
les cordes de contact, relatives à l'un et à l'autre de ces systèmes, pi-
» voteront loutes sur
les mêmes points de la direction de AB. »
Pour le démontrer, il suffit de supposer la figure en projection, sur un
nouveau plan, de façon (122) que les sections coniques des deux systèmes
dont il s'agit deviennent des cercles, pour lesquels la sécante commune AB
passe à l'infini ; car, celles (0) et (0'), qui sont données de position et ont
aussi AB pour sécante commune, devenant en même temps (125) s. et s. p.,
les cordes de contact des deux séries de cercles tangents à l'une et à l'autre
de ces sections coniques seront respectivement parallèles à leurs axes prin-
cipaux, ou concourront aux mêmes points de la droite, à l'infini, qui repré-
sente AB dans la première figure.
Cette proposition, qui s'applique évidemment, comme les précédentes, au
cas où l'on remplacerait une ou plusieurs sections coniques par des systèmes
de lignes droites indéfinies, aurait pu s'établir directement, sans recourir
aux principes de la projection centrale, en remarquant que les points, au-
tour desquels pivotent les sécantes de contact de l'un et l'autre systèmes,
doivent diviser à la fois harmoniquement (415) la corde AB commune à ces
systèmes et celle qui, sur la direction de AB, est également commune aux
deux sections coniques proposées.

Considérations relatives au cas où l'on connaît, soit un point et deux tangentes,


soit une tangente et deux points, de la section conique doublement tangente
à une autre.
430; Je reviens maintenant au problème où il s'agit de déterminer une
section conique doublement tangente à une section conique donnée, et assu-
jettie à remplir, en outre, certaines conditions.
D'après ce qui en a déjà été dit dans ce qui précède, il ne reste plus évi-
demment qu'à s'occuper des cas où l'on se donnerait, soit deux points et une
tangente, soit deux tangentes et un point de la section conique cherchée :
or, ces cas ne peuvent se traiter directement comme ceux des articles 421 et
422, ou, au moins, exigent des principes essentiellement différents.
A la vérité, au moyen du système des deux tangentes ou des deux points
donnés, on trouve encore (412, 421, etc.) deux points 1 et L (fig. 5g), par
lesquels doivent passer les sécantes de contact, et deux droites IK et KL ren-
fermant les pôles correspondants de ces sécantes; mais il est impossible
d'obtenir, de la même manière et par les mêmes considérations, soit d'autres
droites, soit d'autres points appartenant à ces pôles ou à ces sécantes.
Toutefois, s'il est impossible de déterminer, à priori, ces sécantes et leurs
pôles, on peut au moins trouver, soit un second point de chacune des
courbes qui résolvent le problème, quand un seul est donné, soit une seconde
tangente de cette courbe, quand une seule tangente est donnée.
En effet, ayant obtenu les deux points 1 et L ainsi que les droites KL et IK
qui leur corrrespondent, on remarquera que, le point L étant, en particulier,
celui autour duquel pivotent les sécantes de contact de l'une des séries de
coniques doublement tangentes à la proposée mnp, qui remplissent les deux
premières conditions du problème, celle de toucher deux droites ou de pas-
ser par deux points donnés; on remarquera, dis-je, que IK est à la fois (412
et 424) la polaire du point L, soit par rapport à la courbe proposée, soit par
rapport à l'une quelconque de celles qui font partie de la série dont il vient
d'être parlé; de sorte que toute transversale passant par ce point rencontrera,
soit chacune des deux courbes, soit deux tangentes quelconques de l'une
d'elles, qui auraient leurs points d'intersection sur IK, en deux points dont
la distance devra être divisée harmoniquement (194) au point L et au point
de sa rencontre avec IK.
Supposant donc qu'on ait soit un point, soit une tangente quelconque de
l'une des deux courbes, il ne sera pas difficile d'obtenir linéairement un se-
cond point ou une seconde tangente de cette courbe, au moyen du point L
et de sa polaire IK : toutes ces remarques et ces constructions deviennent
d'ailleurs évidentes, à priori, quand on considère la projection des deux
courbes suivant deux cercles concentriques (jig. 58).
Ainsi, par ce qui précède, on aura à la fois deux points et deux tangentes
de celles des courbes cherchées dont les sécantes de contact passent par le
point L, et l'on en obtiendrait tout autant pour celles dont les sécantes de
contact passent, au contraire, par le point I; mais on remarquera, sans
doute, que, pour avoir trouvé un nouveau point ou une nouvelle tangente de
chacun des systèmes distincts des sections coniques cherchées, on n'a pas
pour cela avancé de beaucoup la solution du problème; car il est visible
qu'on n'aura encore aucun moyen d'obtenir d'autres points des sécantes de
contact que ceux 1 et L.
Il n'en serait plus de même si, au lieu de deux tangentes et un point ou
de deux points et une tangente, on s'était donné, à la fois, soit trois tan-
gentes, soit trois points; car chaque paire de ces tangentes ou de ces points
fournissant, au moyen des points 1 et L qui lui correspondent, deux nou-
velles tangentes ou deux nouveaux points, on aurait, en tout, neuf tangentes
ou neuf points qui, pris six à six dans un certain ordre, appartiendraient aux
quatre sections coniques distinctes qui résolvent le problème. On aurait donc
ainsi une nouvelle solution des problèmes déjà résolus aux articles 418 et
424, laquelle donnerait lieu à des remarques non moins intéressantes que
celles que nous avons eu occasion de faire alors. Comme il est facile d'y ar-
river au moyen de tout ce qui précède, nous les supprimerons, dans la crainte
d'allonger par trop ce Chapitre, où il nous reste beaucoup de choses essen-
tielles à dire.

Nouvelles propriétés de la section conique doublement tangente à une autre, et


description de cette courbe par l'intersection continuelle de ses tangentes.

431. Les considérations qui viennent de nous occuper ne pouvant suffire


pour résoudre les questions où l'on se donne deux tangentes et un point ou
deux points et une tangente de la section conique au double contact, nous
sommes naturellement amenés à exposer quelques nouveaux principes tou-
chant les lignes du second ordre qui ont une sécante dr. contact commune;
nous verrons, dans la suite, comment ces mêmes principes peuvent conduire
simplement aux propriétés des foyers des sections coniques et à celles des
polygones variables qui leur sont inscrits et circonscrits.
Soit 0 (jig. 64) le centre commun des deux cercles concentriques, projec-
tions des deux sections coniques au double contact que l'on considère; soit
AB une corde quelconqueinscrite à celui qui est extérieur, et touchant l'autre
au point t, milieu de AB; soit enfin ACB un angle inscrit à la circonférence
extérieure, et dont les côtés s'appuient aux extrémités A et B de la corde
dont il s'agit; il est évident que, si l'on fait mouvoir cet angle de façon qu'il
demeure toujours inscrit, et que ses côtés restent constamment parallèles à
eux-mêmes, ou pivotent sur des points fixes P, P' placés sur la sécante de
contact, à l'infini, commune aux deux cercles, il est évident, dis-je, que la
corde AB roulera, de son côté, sur la circonférence du cercle qui lui corres-
pond.
Ces conséquences pouvant s'étendre, d'une manière analogue, au cas de
deux sections coniques doublement tangentes (138), il en résulte un moyen
très-simple de construire l'une des courbes par l'autre et par l'intersection
continuelle de ses tangentes. Car AB (jig. 65) étant l'une de ces tangentes,
terminée à la courbe extérieure, TT' la sécante commune de contact, réelle
ou idéale, si, d'un point quelconque C de cette courbe, on mène les droites
CA et CB aux extrémités de la corde AB" elles couperont la direction de TT'
aux points P et P', qui seront tels, qu'en faisant mouvoir l'angle inscrit ACB
de façon que ses côtés pivotent respectivement sur chacun de ces points, la
corde AB, qui le sous-tend, demeurera, dans toutes ses positions, tangente
à la section conique intérieure. Ce théorème, qui nous sera utile, peut s'é-
noncer ainsi :
Un triangle ABC étant inscrit à une section conique quelconque, si on vient à
.
le faire varier de façon qu'étant toujours inscrit, deux de ses côtés CA, CB pivotent
constamment sur les pointsfixes P et P', pris arbitrairement sur leurs directions
respectives ; le côté libre AB enveloppera, dans toutes ses positions, une autre sec-
tion conique, ayant avec la premie're un double contact, réel ou idéal, suivant la
droite PP' qui renferme les deuxpointsfixes dont il s'agit.
432. Il résulte de ce théorème, qu'ayant une fois construit, au moyen des
deux points donnés P, P', un triangle quelconque ABC, on trouvera autant
d'autres systèmes de points fixes que l'on voudra, qui donneront tous lieu à
la même courbe; car, en formant à volonté un nouveau triangle inscrit
ABC' qui ait le côté AB en commun avec le premier, ses deux autres côtés
AC', BC' iront rencontrer la droite indéfinie PP' aux points p et p', qui pour-
ront être pris pour les nouveaux pôles ou points fixes, sans que la courbe
ainsi construite varie : puisqu'en touchant AB comme la première, elle aura
encore les points de contact T et T' en commun avec elle (191). La même
chose résulte d'ailleurs de la projection ci-dessus de la figure.
Il est clair que l'un des points p, p' peut être choisi à volonté sur la droite
PP', et que l'autre s'ensuit nécessairement au moyen de la construction qui
précède. Or cette remarque conduit immédiatement au théorème sur les
quadrilatères inscrits, déjà démontré de plusieurs manières différentes dans
la Section II (180, 276, 287), et sur lequel il devient ainsi. inutile d'insister
davantage pour le moment.
433. Si l'on voulait, dans le cas ci-dessus, déterminer, pour chaque posi-
tion de la tangente mobile AB, le point t où elle touche la courbe d'enve-
loppe, on y parviendraitaisément au moyen des points fixes P, P' qui dirigent
le mouvement de l'angle ABC; car, dans la projection (fig. 64) de cette
courbe et de la proposée suivant des cercles concentriques, le point t occu-
pant le milieu de la corde AB, si l'on mène par les extrémités de cette corde
les droites BP, AP' parallèles aux côtés AC et BC de l'angle correspondantC,
et concourant par conséquent avec eux sur la sécante de contact à l'infini,
elles donneront lieu au parallélogramme ACBR, dont la diagonale CR passera
par le point t dont il s'agit. Tirant donc, dans la fig. 65, les droites AP' et BP,
elles se croiseront en un point R de la droite Ct qui renferme le point de
contact de AB avec l'enveloppe.
434. La proposition de l'article 431 donne évidemment lieu à la réci-
proque suivante, qui pourrait d'ailleurs se démontrer dela même manière :
Un triangle ABC étant inscrit à une conique, si on vient à le faire varier de
telle sorte que, demeurant toujours inscrit à la même courbe, l'un, AB, de ses
côtés enveloppe continuellement une autre conique ayant un double contact
avec la première suivant la direction de TT', tandis qu'un autre côté quel-
conque AC pivote sans cesse sur un point fixe P placé sur cette direction ; le der-
nier côté BC du trianglepivotera aussi constamment sur un troisièmepoint fixe P'
¡dace, de même que le premier, sur la direction TT' dont il s'agit.

Description de la section conique doublement tangente à une autre par le


mouvement continu d'un point.
435. Supposons maintenant qu'on circonscrive à la courbe proposée un
triangle abc, dont les côtés touchent cette courbe aux sommets du triangle
inscrit ABC ; il est visible que, dans le mouvement de ce dernier triangle,
les sommets a et b, qui sont les pôles respectifs des cordes de contact AC et
BC, décriront des droites OM et OM', polaires (195) des points fixes P et P',
et se rencontrant -au point 0, pôle de la sécante de contact TT' des deux sec-
tions coniques ci-dessus ; quant au dernier sommet c, il décrira évidemment
une troisième section conique, polaire réciproque (231) de celle qu'enve-
loppe AB dans son mouvement, et ayant même sécante de contact TT' avec la
proposée.
On s'en rendra raison à priori, en se reportant à la fig. 64, projection
de celle qu'on considère; car, tandis que la corde mobile AB roule sur un
cercle concentrique au proposé, les sommets a et b du triangle circonscrit
abc décrivent des diamètres OM, OM', et le dernier sommet c parcourt, en
vertu du même mouvement, un troisième cercle concentrique aux deux
autres.
Comme les points P, P' (jig. 65), qui dirigent le mouvement des côtés de
l'angle inscrit ACB, sont arbitraires, les directrices OM et OM', polaires de
ces points par rapport à la courbe donnée, le sont également; on peut donc
déduire, de ce qui précède, ce nouveau théorème :
Si un triangle abc, perpétuellement circonscrit à une section conique quel-
conque, est assujetti à avoir constamment deux de ses sommets a et b sur deux
directrices droites OM et OM', d'ailleurs arbitraires, le troisième sommet c par-
courra, dans toutes ses positions, une autre section conique, ayant un double
contact avec la première, suivant la droite qui est la polaire du point d'intersec-
tion 0 des deux directrices.
Cette proposition est évidemment susceptible d'une réciproque analogue
à celle de l'article 434, dont elle pourrait d'ailleurs se déduire directement
au moyen de la théorie des pôles.
436. De même qu'il y a une infinité de systèmes de points directeurs P et
P',P et p', etc., à l'aide desquels on peut tracer la courbe enveloppe de AB.
de même aussi il y a une infinité de systèmes de directrices correspondantes
OM et OM', propres à construire une même courbe par le mouvement du som-
met c, mais tous ces systèmes ont évidemment le point 0 commun. On voit,
au surplus, ce qu'il y aurait à faire si, une directrice quelconque étant don-
née, on voulait trouver celle qui lui est conjuguée ; et l'on remarquera, il Ct'
sujet, qu'à une même directrice OM, ou à un même pôle P, il en correspond
toujours deux autres qui lui sont respectivement conjugués, selon la façon
dont on construit les triangles ABC, abc au moyen de ce premier pôle et de
cette première directrice.

Cas où la courbe décrite se réduit à un point ou dégénère en des droites.

437. La section conique qu'enveloppe le côté AB du triangle inscrit ABC


se réduira évidemment (192) au point 0, pôle de PP', quand les deux points
P et P' seront tels, que « la polaire de l'un quelconque d'entre eux passera
» par
l'autre. » Pareillement, quand les deux directrices OM, OM' auront
.
été choisies de façon que chacune d'elles passe réciproquement par le pôle
de l'autre, la section conique parcourue par le sommet c du triangle mobile
et circonscrit abc dégénérera en une simple ligne droite (192), qui sera la
sécante de contact elle-même, ou la polaire du point d'intersection 0 de ces
directrices.
Il résulte delà des paradoxes assez étranges ; car, puisque l'une et l'autre
des deux courbes engendrées, soit par la droite AB, soit par le point c, doi-
vent avoir un double contact, suivant la ligne PP', avec la section conique
proposée, on est conduit à admettre qu'une droite et un point peuvent
avoir un double contact avec une section conique, ce qui paraît tout à fait
absurde.
Mais, en premier lieu, on peut très-bien concevoir qu'une section conique,
doublement tangente en T et T' à une autre se réduise à une portion finie
ou infinie de ligne droite, quand c'est une ellipse ou une parabole, et à deux
portions infinies et non contiguës d'une pareille droite, quand c'est une
hyperbole : il suffit, pour cela, de supposer que, l'un des axes de la courbe'
demeurant le même, l'autre devienne infiniment petit, de façon que la
courbe s'aplatisse le long du premier.
En second lieu, un point se trouvant dans l'intérieur d'une section conique,
peut très-bien être censé avoir u.n double contact idéal avec elle, suivant la
polaire qui lui correspond, pourvu qu'on le considère lui-même comme une
section conique infiniment petite; au contraire, s'il est extérieur à cette
courbe, la sécante de contact ou polaire correspondantedonnant deux points
d'intersection réels, il faudra nécessairement le regarder comme le sommet
d'une hyperbole qui s'est confondue avec les deux tangentes issues de ce
p
point, ou avec ses asymptotes; et en effet, dans ce cas, toutes les tangentes à
l'hyperbole passent (184, note) par le sommet de l'angle de ces asymptotes,
qui représente ainsi les deux sommets réels de la courbe réunis en un seul.
Quand le système des tangentes qui enveloppent une section conique vient
à passer par un même point, on ne doit donc pas toujours regarder la courbe
comme une section conique qui s'est elle-même réduite à ce point ; car ce
qui précède prouve qu'elle peut, dans certains cas, se réduire aussi au sys-
tème de deux droites passant par ce point, et qu'il n'y a de différence entre
les deux cas, qu'en ce que dans le premier ces droites sont imaginaires, et
qu'elles sont réelles dans le second : les conditions particulières du système
primitif et la loi de continuité suffiront d'ailleurs pour lever les doutes dans
chaque cas.

Remarques relatives aux théore'mes qui précédent, et extension de ces


mêmes théorèmes.
438. Puisque, dans le théorème ci-dessus (431), la courbe qu'enveloppe
le côté variable et mobile AB (fig. 65) a un double contact avec la section
conique proposée à laquelle est incrit ce côté, elle doit jouir, à l'égard de
celle-ci, de toutes les propriétés exposées dans les précédents articles sur les
sections coniques au double contact : ainsi, par exemple, si l'on considère
un second côté A'B' tangent à la courbe d'enveloppe, les droites AB', BA',
qui joignent les extrémités, d'espèces différentes, de ces côtés, devront con-
courir constamment en un point L de la sécante de contact TT (424).
J'ai dit d'espèces différentes, car il est facile de voir, en se reportant à la
fig. 64 projection de celle que l'on considère, qu'en effet il n'y a que les
droites qui appartiennent à des extrémités différentes, quant au mode par-
ticulier de génération de la courbe enveloppe, qui puissent jouir de la pro-
priété dont il s'agit. Les deux autres droites AA', BB', qui joignent des posi-
tions homologues des sommets A et B, concourent évidemment en un
point I, qui, conjointement avec le point K d'intersection des deux côtés
générateurs AB, A'B', appartient à la polaire de L passant par le pôle com-
mun 0 de la sécante de contact des deux courbes.
Des remarques analogues sont évidemment applicables au théorème de
l'article 435.

439. Les considérations qui viennent d'être présentées, en dernier lieu,


sur les sections coniques à double contact, conduisent immédiatement aux
théorèmes suivants, qui sont des extensions de ceux des articles 431, 434
et 435 :
Si un triangle, variable de forme, est assujetti à demeurer inscrit à une même
section conique, tandis que l'un de ses côtés pivote constamment autour d'un
point fixe quelconque, et qu'un autre de ces côtés roule en enveloppant une
seconde section conique doublement tangente à la premie're, le dernier côté du
triangle enveloppera lui-même, dans son mouvement, une troisième section
conique ayant un double contact avec la premie're.
Pareillement :
Si un triangle, variable de forme, demeure perpétuellementcirconscrit à une
section conique, et qu'en même temps l'un de ses sommets soit assujetti à par-
courir une droite quelconque donnée, tandis qu'un autre sommet parcourt une
seconde section conique doublement tangente à la première, le troisième som-
met décrira également une troisie'me section conique ayant un double contact
avec la première.
La démonstration de l'une de ces propriétés se ramenant immédiatement
à celle de l'autre, au moyen de la théorie des pôles (435), il suffira simple-
ment de s'occuper de celle de la première.
Soit abc (fig. 66) le triangle, variable de forme, assujetti à demeurer
inscrit dans l'une des deux sections coniques dont il s'agit; soit p le point
sur lequel doit pivoter le côté ab, tandis que le côté bc roule sur l'autre sec-
tion conique, ayant un double contact avec la première suivant ML ; il s'agit
de prouver que, dans ce mouvement, le dernier côté ac du triangle mobile
enveloppera une troisième section conique doublement tangente à celle abc
dans laquelle il est inscrit.
Traçons la droite indéfinie Op, qui passe par le point fixe p et par le pôle
0 de la sécante de contact ML, commune aux deux courbes directrices; par
le sommet b du triangle mobile, opposé au côté ac, menons bb' passant par
le point L, pôle commun (322) de Op par rapport aux deux courbes, et ren-
contrant de nouveau celle à laquelle est inscrit le triangle abc en b'; le
troisième côté ab' du triangle abb' sera constamment dirigé (437) vers un
troisième point fixe P, pôle de la droite L p, et qui se trouve placé sur la
direction de Op, polaire du point L.
Maintenant, si l'on achève le triangle inscrit ab'c, il sera facile de prouver
que, dans le mouvement auquel il est assujetti, le côté b'c devra se diriger
constamment vers un dernier point fixe P' situé sur la sécante de contact ML
commune aux deux courbes proposées. En effet, le triangle bcb', inscrit à
l'une de ces courbes, a déjà un de ses côtés bb' assujetti à pivoter sur un point
fixe L placé sur cette sécante, et son second côté bc demeure, par hypothèse,
tangent à l'autre de ces mêmes courbes; donc (434) le troisième côté b'c de
ce triangle doit aussi pivoter sur un point P' de la sécante de contact ML. Or
il suit de là que le triangle ab' c, en demeurant inscrit à la courbe extérieure,
aura constamment deux de ses côtés ab', b'c dirigés vers des points fixes
P et P'; donc enfin (431) le troisième côté ac de ce triangle roulera en
enveloppant une section conique doublement tangente à cette courbe sui-
vant la droite qui joint les deux points fixes P etP', comme il s'agissait de
le démontrer.

440. Supposons que, du point fixe p, l'on mène deux tangentes à


la section conique qu'enveloppe bc dans son mouvement, elles rencontreront
la -section conique extérieure aux points respectifs B et A, C et D : or, en
suivant attentivement le mouvement de l'angle b du triangle mobile abc, on
verra qu'il existe deux positions, C et B, de son sommet, pour lesquelles cet
angle devient nul ainsi que le côté ac qui lui est opposé ; donc alors ce côté
est tangent en D et en A à la section conique abc, et par conséquent la
droite AD est la sécante de contact de cette section conique et de celle
qu'enveloppe ac, laquelle, d'après ce qui précède, doit renfermer aussi les
points P et P'.
D'après la remarque déjà faite art. 438, on obtiendrait d'ailleurs immé-
diatement autant de points qu'on voudrait de la sécante de contact AD dont
il s'agit, en considérant le côté ac dans deux de ses positions quelconques ;
car, en joignant par des droites les extrémités de ces côtés quiisont d'es-
pèces différentes, ou qui ne proviennent pas des mêmes côtés ab, bc du
triangle mobile abc, ces droites iraient concourir constamment en des points
appartenant à cette sécante de contact.
Comme à une même position du sommet b, sur la courbe extérieure, cor-
respondent toujours deux tangentes bc, bc' à l'autre, il existe nécessairement
aussi deux sections coniques distinctesrelativement à ce sommet, l'une enve-
loppée par la droite ac, l'autre par la droiteac': la première touchant la
section conique extérieure aux points A et D, la seconde la touchant aux
points B et C opposés à ceux-ci sur les tangentes AB et CD. On voit, en effet,
que, dans aucune de ses positions, le triangle mobile abc ne pourra se con-
fondre avec celui abc' qui répond à la seconde tangente bc', de sorte qu'il
appartient nécessairement à un autre mode de génération et à une autre
courbe; c'est ce qu'on pourrait, au reste, démontrer directement en répé-
tant sur ce triangle le raisonnement qui a déjà été fait sur le premier. Ainsi
donc il est très-essentiel, lorsqu'il s'agit de décrire les sections coniques
enveloppes, de ne point confondre entre eux ces deux modes de génération,
et de bien suivre attentivement le mouvement de l'angle abc.
441. Supposons que, dans le premier des théorèmes de l'article 439, le
p,
point au lieu d'être quelconque, se trouve placé (fig. 67) sur la section
conique que touche ab dans le mouvementdu triangle abc; alors les points A
et D (fig. 66) se confondront en un seul A (jig. 67), et la sécante de con-
tact PP' deviendra une tangente commune aux deux courbes qui lui corres-
pondent; donc la section conique, enveloppe du côté ac, sera osculatrice du
troisième ordre de celle acb au point A, où elle est coupée par la tangente
en p à l'autre section conique donnée ; et, comme il y aura encore deux séries
distinctes de triangles variables abc, il y aura aussi deux sections coniques
osculatrices, l'une au point A dont il s'agit, l'autre au second point B d'in-
tersection de la tangente en p avec la courbe qui contient déjà A.
Je crois assez inùtile d'entrer dans de nouveaux détails relativement au
second des théorèmes de l'article 439, lequel donne lieu à des remarques en-
tièrement analogues, et qui peuvent se déduire immédiatement des premières
à l'aide de la théorie des pôles et polaires réciproques. Si l'on suppose par
exemple, dans le théorème cité, que la droite qui dirige le mouvement de
l'un des sommets du triangle mobile, au lieu d'être entièrement arbitraire,
soit tangente à la courbe que décrit le deuxième sommet, la section conique
parcourue par le troisième, ou par le sommet libre, sera également oscu-
latrice du troisième ordre de celle sur laquelles'appuient les côtés du triangle,
en un point qu'il est très-facile de reconnaître, etc.
Construction de la section conique doublement tangente à une autre, quand
on se donne, soit un point et deux tangentes, soit une tangente et deux
points appartenant à son périmètre.
442. Les corollaires qui précèdent nous fournissent un moyen très-simple
de résoudre les questions dont il a été parlé art. 430.
Par exemple : qu'il s'agisse de mener une section conique doublement
tangente à une section conique décrite, qui, touchant deux droites données,
passe en outre par un point donné. En admettant que abc (jig. 67) soit la
section conique décrite, etp le point donné, tout consistera évidemment (424)
à trouver la tangente AB qui correspond à ce point; or c'est à quoi l'on par-
viendra aisément au moyen de ce qui précède.
En effet, par hypothèse, on a deux tangentes ab, a'b' de la section co-
nique qui doit avoir un double contact avec la proposée et passer par le
point p, et, par suite, on a deux positions abc, a'b'c' d'un triangle mobile,
dont le côté ac ou a'c' enveloppe (441) une section conique osculatrice de
la proposée au point A qui appartient à la tangente cherchée; donc enfin
tout se réduit à trouver le point d'osculation A au moyen de ac, a'c'; ce qui
est facile, puisque les droites ac', ca', qui joignent leurs extrémités d'espèces
différentes, doivent concourir (438) en un point l de la tangente ou sécante
de contact relative à ce point.
Au point /, ainsi obtenu, correspondent en général deux tangentes de la
section conique proposée abc ; donc il existe aussi, en général, deux tan-
gentes AB pour le point donné, et par conséquent deux sections coniques
distinctes remplissantles conditions du problème ci-dessus proposé, lesquelles
correspondent aux deux triangles abc, a'b'c' qu'on vient d'examiner en par-
ticulier, et qui sont déterminés au moyen des tangentes ab, a'b' et du point
donné p.
Cela posé, puisqu'il y a deux triangles analogues à abc, pour chaque tan-
gente donnée, selon qu'on joint le point p avec l'une ou l'autre de ses extré-
mités, on aura quatre triangles pareils à considérer, et, en combinant deux
par deux ceux de ces triangles qui ne correspondent pas à une même tan-
gente, il en résultera quatre paires de triangles, et par conséquent quatre
paires de côtés ac, a'c'; d'où il semblerait naturel de croire qu'il existe aussi
quatre paires de sections coniques touchant doublement la proposée; mais
il est évident que, tandis qu'une paire de triangles, tels que ceux abc, a'b'c',
donne l'extrémité A de la tangente en p, la paire des deux triangles restants
doit donner aussi l'autre extrémité B de cette tangente (441); en sorte que
le nombre total des solutions distinctes du problème se réduit, en dernière
analyse, à quatre seulement, puisqu'on sent bien d'ailleurs qu'à une même
tangente en p il ne peut correspondre qu'une seule section conique ayant
un double contact avec la proposée, et qui touche en même temps les
droites ab, a'b' .
Pour déterminer entièrement la section conique dont il s'agit, il faudra
appliquer aux trois tangentes ab, a'b', AB et à la section conique don-
née abc les constructions relatives au problème de l'article 424. Mais, comme
les sections coniques qui en résultent, en général, sont au nombre de quatre,
et qu'il n'y en a qu'une seule d'entre elles qui touche réellement la tan-
gente AB au point p, il sera nécessaire de distinguer : à cet effet, on remar-
quera que l'on connaît déjà un point L de la sécante de contact ML qui lui
correspond ; car, d'après ce qui a été dit ci-dessus (439), le point L [fig. 66
et 67) est, par rapport à la section conique donnée, le pôle de la droite PM
qui passe par le point donné p et par le point P devenu, pour le cas actuel,
le pôle de la tangente AB. Ainsi on ne devra admettre, parmi les quatre
sécantes de contact que donnent (424) les tangentes ab, a'b' et AB, que celle
qui passe par le point L dont il s'agit.
On obtiendra d'ailleurs de suite un second point L' (jig. 67) de cette
sécante de contact, en réunissant (440), par de nouvelles droites b'a, ba',
chacune des extrémités b', b des tangentes données avec les extrémités a
qui leur sont opposées; mais il faudra avoir soin de prendre, pour les pre-
mières extrémités, celles b, b' qui ont servi à tracer les droites bpc, b'pc' de
la combinaison dont on s'occupe (*) : l'intersection des droites b'a, ba', ob-
tenues de cette manière, donnera le point L' demandé, lequel évidemment
appartiendra à la fois aux deux sécantes de contact des sections coniques
doublement tangentes à la proposée, et qui sont relatives à cette même com-
binaison.
Enfin, en traçant les nouvelles droites aa', bb' qui joignent, dans un autre
ordre, les extrémités qui appartiennent aux deux tangentes proposées, elles
donneront, par leur intersection en L", un point appartenant à la fois aux
sécantes de contact des deux sections coniques qui répondent aux triangles
de la seconde combinaison.

(*) En effet, tous les raisonnements qui précèdent et sont relatifs à cette combinaison suppo-
sent que les points a et a' d'une part, b et b' de l'autre, sont de même espèce (438), ou appar-
tiennent au même mode de mouvement continu de la tangente ab autour de la courbe qu'on
cherche.
443. Si, au lieu de deux tangentes et d'un point, on se donnait deux
points et une tangente de la section conique au double contact, on pourrait
rechercher d'abord une seconde tangente de la courbe (430); au moyen de
quoi le problème serait ramené directement à celui qui précède, pourvu
qu'on ait soin ensuite de n'admettre que les systèmes de solutions qui ré-
pondent exactement aux données primitives, ce qui est assez facile pour que
nous puissions nous dispenser d'entrer dans de plus longs développements à
ce sujet.
On pourrait également, dans le cas où l'on se donne un point et deux
tangentes, se procurer de nouvelles tangentes au moyen de celles AB déjà
trouvées, comme il a été expliqué ci-dessus, car on aurait tout ce qu'il faut
pour construire immédiatement, par la règle seule (213), les quatre seétions
coniques distinctes qui résolvent le problème.

Réflexions sur les diverses constructions qui précèdent.

444. Toutes les solutions qui viennent de nous occuper en dernier lieu
ne sont applicables qu'au cas où les tangentes et les points donnés sont in-
térieurs à la courbe proposée; s'ils lui étaient à la fois extérieurs, il faudrait
avoir recours à d'autres procédés, faciles à découvrir au moyen de ce qui
précède et de la théorie des pôles (423). Le problème ne cesse, suivant la
remarque déjà faite plus haut (420), d'avoir des solutions réelles, qu'autant
que certaines tangentes ou certains points donnés sont entièrement exté-
rieurs à la section conique proposée, tandis que le contraire a lieu pour
d'autres; et, comme nous n'avons constamment employé que des construc-
tions purement linéaires pour le cas où la section donnée est supposée en
même temps décrite, il en résulte que nous avons complétement résolu ce
problème général :
Une section conique étant donnée et décrite sur un plan, mener, avec la
règle seulement, une autre section conique qui ait un double contact avec elle,
et, de plus, touche des droites ou passe par des points, les uns et les autres
donnés de position sur le plan de la figure, et au nombre de trois seulement.
445. Enfin, les observations déjà plusieurs fois faites dans le cours de ces
recherches, et notamment celles de l'article 407, étant directement appli-
cables aux diverses propositions qui font le sujet de ce Chapitre, les construc-
tions auxquelles nous sommes parvenus embrassent, dans leur généralité, la
solution de toutes les questions particulières, analogues à celles qui pré-
cèdent, qu'on pourrait avoir à se proposer sur les sections coniques qui ont
un double contact ou qui sont osculatrices du troisième ordre : ainsi elles
conviennent parfaitement au cas où les sections coniques cherchées doivent
être des hyperboles ou des paraboles, dont on se donne soit des asymptotes,
soit des parallèles aux diamètres, concourant avec eux en un point de la
courbe situé à l'infini, etc.
Cependant ces mêmes constructions cessent d'être applicables aux cas par-
ticuliers de la question générale ci-dessus, pour lesquels deux des tangentes
ou des points donnés doivent être à la fois imaginaires; et il resterait égale-
ment à résoudre celui où, la courbe cherchée devant être osculatrice du troi-
sième ordre de la proposée, on se donne seulement un point et une tangente
pour la déterminer. Mais ces différents cas exigeraient de nouvelles re-
cherches et des principes tout autres que ceux mis en usage jusqu'ici pour
résoudre la question générale, ce qui allongerait singulièrement ce Chapitre.
et ne présenterait pas d'ailleurs un assez grand intérêt.
SECTION IV.
DES ANGLES ET DES POLYGONES.

CHAPITRE PREMIER.
DES ANGLES CONSTANTS OU VARIABLES SUIVANT CERTAINES LOIS, DONT LE SOMMET
S'APPUIE AU FOYER, AU PÉRIMÈTRE DES SECTIONS CONIQUES, OU EN UN POINT
QUELCONQUE DE LEUR PLAN.

446. Quoique les propriétés des foyers, et celles des angles d'une ouver-
ture donnée ou constante, semblent ne pas faire partie de celles que nous
avons appelées projectiles, et qu'elles soient, en quelque sorte, étrangères au
but réel de cet ouvrage, elles découlent néanmoins d'une manière si simple
des principes qui en font la base, et particulièrement de ceux qui ont été
exposés dans le précédent Chapitre, que je ne crois pas qu'aucune autre
théorie géométrique puisse y conduire d'une manière à la fois plus directe et
plus facile.
On n'en sera nullement étonné, si l'on considère que les propriétés pro-
jectives des figures sont nécessairement les plus générales de celles qui
peuvent leur appartenir; en sorte qu'elles doivent comprendre, comme
simples corollaires, toutes les autres propriétés ou relations particulières de
l'étendue : déjà on en a rencontré un grand nombre d'exemples dans le
cours de cet ouvrage, et notamment à la fin du Ier Chapitre de la Ille Sec-
tion. En nous occupant spécialement, dans celui-ci, des relations d'an-
gles qui peuvent appartenir aux figures, relations non moins importantes
et non moins nombreuses que celles qui concernent la simple disposition
des points et des lignes, nous en déduirons des méthodes souvent utiles
dans les arts, pour la description des sections coniques, et nous serons ainsi
amenés à exposer quelques-uns des beaux résultats auxquels sont parvenus
d'anciens géomètres; résultats presque oubliés de nos jours, par suite de
l'entraînement général des esprits vers les applications de l'Analyse algé-
brique.
Propriétés principales des foyers des sections coniques.

447. Nous établirons, en premier lieu, un théorème fort beau et fort gé-
néral, énoncé d'abord par Mac-Laurin (*), et qui a été reproduit dernière-
ment par M. de Prony (**), dans un article d'Analyse qui a pour objet le tracé
en grand des voûtes elliptiques,paraboliques, etc.
Sur le grand axe TT [fig. 68) d'une section conique, comme diamètre,
soit décrite une circonférence de cercle qui, par conséquent, touchera la
courbe aux extrémités T et T' de cet axe; AB étant une tangente quelconque
de la section conique, terminée à la circonférence du cercle, soit inscrit à
ce cercle le triangle ABC, dont le côté AC passe par le centre 0 commun aux
deux courbes, l'autre côté BC rencontrera le diamètre de contact TT' en un
point F, qui demeurera invariable (434) quelle que soit la tangente AB ;
d'ailleurs l'angle en B, opposé au diamètre AC du cercle, est droit; donc :
Ayant déterminé, une fois pour toutes, le point F, comme il vient d'être dit,
si l'on fait mouvoir l' équerre ou angle droit ABC, de façon que l'un, BC, de ses
côtés passe constamment par ce point, tandis que le sommet B parcourt la cir-
conférence décrite sur le grand axe de la courbe, comme diamètre, l'autre côté
AB de l'équerre demeurera perpétuellement tangent à la section conique.

448. Cette description des sections coniques par l'enveloppe de leurs tan-
gentes n'est, comme on voit, qu'une conséquence très-simple de celle ex-
posée art. 431, et on pourrait aisément l'étendre au cas où l'on remplacerait
l'équerre par un angle constant quelconque, au moyen du principe beau-
coup plus général de l'article 439; tout consiste, en effet, à substituer au
point 0 un cercle quelconque concentrique au premier, pour faire rouler
sur lui le côté AC qui sous-tend l'angle B. On voit même que, dans ce cas,
le point F et le cercle auquel est inscrit le triangle ABC pourraient être
arbitraires, pourvu cependant que ce dernier eût un double contact, réel ou
idéal, avec la courbe à décrire. Mais revenons à notre première description.
449. Comme, avec la même tangente AB de la courbe, on peut former
deux triangles ABC, ABC' qui remplissent les conditions ci-dessus prescrites,
il y a aussi deux points F, F', placés symétriquement de part et d'autre du
centre 0 sur le diamètre principal TT', qui jouissent de la propriété énoncée;

(*) Geometria organica) sine descriptio linearum curmrum universalis, sect. III, p. io2.
(**) xr Cahier du Journal de l'École Polytechnique.
or il n'est pas difficile de reconnaître que ce sont les foyers mêmes de la sec-
tion conique.
En effet, pour obtenir le point de contact t de la tangente AB, il faudra (433 )
tracer les droites AF, BO, puis joindre le sommet C du triangle corres-
pondant ABC au point R, intersection de ces droites, par une nouvelle
droite CR qui ira concourir au point demandé. Si donc on tire le rayon vec-
teur Ft, il sera parallèle à la base AC du triangle ABC, car la droite BO, qui
part du sommet opposé B, divise, par hypothèse, cette base en deux parties
égales au point 0. Mais on prouverait de même que le rayon vecteur F 't,
correspondant à l'autre point fixe F' et à t, est parallèle au diamètre BC' qui
appartient à la seconde extrémité B de la corde AB du cercle; donc les deux
rayons vecteurs dont il s'agit sont également inclinés sur cette corde, et par con-
séquent sur la tangente de la courbe; propriété connue des foyers, et d'où l'on
déduit sans peine celle par laquelle on a coutume de les définir dans les
Traités des sections coniques.
Que l'on prolonge, en effet, la distance FB d'une quantité BK égale à elle-
même; d'après ce qui précède, la direction du rayon vecteur Ft ira passer
parle t
point K; donc F sera égal à tK, et par conséquent la somme des
rayons vecteurs F£, F't sera égale à F'K pour le cas actuel où la courbe est
une ellipse; mais F'K = BC' = TT', puisque le quadrilatère BCF/K est visi-
blement un parallélogramme; donc enfin :
Dans 1 ellipse, la somme des rayons vecteurs, correspondantsà un point quel-
conque de la courbe, est constante et égale au grand axe de cette courbe.
Il est visible que, dans le cas où F et F' seraient extérieurs à TT', c'est-
à-dire pour l'hyperbole, ce ne serait plus la somme, mais la différence des
rayons vecteurs, qui serait constante et égale au grand axe, ou à l'axe réel
de la courbe.
Quelle que soit d'ailleurs l'espèce particulière de la courbe, on conclut
sans peine, de ce qui précède, que les deux rayons vecteurs, la tangente
et la normale, relatifs à un point quelconque de cette courbe, forment (199)
un faisceau harmonique; ainsi donc, trois de ces droites étant données,
la quatrième s'ensuit nécessairement par une construction purement li-
néaire (155).

450. Le point F ci-dessus étant donc un foyer de la section conique, on


conclut, du théorème de l'article 447, cette réciproque qui a été connue
des anciens :
Si, de l'un des foyers d'une section conique, on abaisse des perpendiculaires
sur toutes les tangentes, les pieds de ces perpendiculaires appartiendront à la
circonférence décrite sur le grand axe de la courbe comme diamètre.
Au moyen de la remarque de l'article 448, il serait facile d'étendre ce
théorème au cas où les droites abaissées du foyer, au lieu d'être perpen-
diculaires sur les tangentes, formeraient avec elles un même angle d'ailleurs
quelconque; mais alors la circonférence, lieu des pieds de ces droites, tou-
cherait la courbe en deux points autres que les extrémités de l'axe principal
de cette courbe.
D'ailleurs ces propriétés du foyer des sections coniques se modifient, pour
le cas de la parabole, d'une manière qu'il est aisé de reconnaître à l'aide de
la loi de continuité : en effet, alors l'une des extrémités T ou T' du grand
axe passe à l'infini, aussi bien que la tangente qui lui correspond et le centre 0
de la courbe; une ptrtion tout entière du cercle décrit sur TT', comme dia-
mètre, dégénère en une ligne droite, à l'infini, qui se confond (95) avec la
tangente dont il s'agit, tandis que l'autre portion de ce cercle se confond,
au contraire, avec la tangente qui appartient au sommet opposé du grand
axe, et continue ainsi à jouir des mêmes propriétés qu'auparavant. Quant
aux foyers de la courbe, on voit qu'un seul d'entre eux subsiste à distance
donnée, et que l'autre s'éloigne a l'infini sur le grand axe; en sorte qu'il
peut être censé confondu soit avec le centre, soit avec le sommet à l'infini de
la courbe.

451. Supposons que, dans le cas général de la fig. 68, l'on prolonge la
droite AF jusqu'à sa nouvelle intersection en B' avec le cercle décrit sur le
grand axe de la courbe comme diamètre; l'angle AB'C, inscrit à la demi-
circonférence, étant droit, B'C sera (447) une seconde tangente à cette courbe,
en un point t' pour lequel le rayon vecteur sera encore parallèle au dia-
mètre AC du cercle, de même que l'est déjà (449) celui Fi qui correspond
à la première tangente AB ; donc ces deux rayons vecteurs se confondront,
quant à la direction, en une même droite tt', corde de contact ou polaire du
point P où se coupent les tangentes AB et B'C. Mais, dans le triangle APC,
les droites CB, AB' sont les perpendiculaires abaissées des sommets C et A
sur les côtés opposés; donc la droite PF est aussi perpendiculaire sur le
troisième côté AC du triangle (*), et par conséquent sur sa parallèle ttf. Or

(*) Ceci suppose, d'après un théorème connu, que les trois hauteurs d'un triangle quelconque
se coupent en un même point: or la chose est facile à prouver directement; car, si sur chaque
côté du triangle, comme diamètre, on décrit un cercle, il renfermera les pieds des perpendiculaires
de la suit cette autre propriété des foyers des sections coniques, qui est due,
je crois, à de Lahire (*) :
Dans toute section conique, la ligne droite quijoint le foyer au pôle d'une
sécante quelconque passant par ce foyer est perpendiculaire à cette sécante.
452. Il est aisé de s'assurer que, pour le cas de la parabole, l'angle APC
des deux tangentes aux extrémités de la corde tt' est également droit; en
effet, alors le point A passe à l'infini (450), en même temps que F' et 0,
c'est-à-dire que B'F devient parallèle à la tangente AB; donc on peut con-
clure ce corollaire également dû à de Lahire (**) :
Dans la parabole, les sommets de tous les angles droits, circonscrits à la
courbe, sont sur une même droite (195), polaire du foyer de cette courbe.
Cette droite est ce qu'on appelle la directrice de la pg^abole, et il n'est pas
difficile d'en découvrir les diverses propriétés, au moyen de ce qui précède.
Dans le cas général d'une section conique quelconque, la polaire de l'un des
foyers se nomme également la directrice de la courbe relative à ce foyer; il
paraît plus convenable de la désigner en général par l'expression de polaire
focale, qui en rappelle la nature d'une manière plus complète et plus ab-
solue que le mot commun et générique de directrice, et c'est ainsi'que nous
en userons dans ce qui va suivre.
Du foyer commun des sections coniques, considéré comme centre de projection
ou d'homologie.
453. Le théorème démontré ci-dessus (451) va nous conduire à une pro-
priété bien caractéristique des foyers des sections coniques, et qui en rat-
tache immédiatement la théorie à celle des centres d'homologie ou points de
concours des tangentes communes.
Supposons, en effet, que deux sections coniques tracées sur un même
plan, mais d'ailleurs quelconques, aient un foyer commun; d'après le théo-
rème cité, toute transversale, menée par ce foyer dans le plan des deux
courbes, sera telle, que les pôles correspondants seront situés sur une autre
droite perpendiculaire à la première et passant par le foyer dont il s'agit.
Or cette propriété ne convient qu'aux seuls points de concours des tangentes
communes aux sections coniques (258 et 367) ; donc, en effet :
abaissées sur les deux autres côtés; en sorte que les trois perpendiculaires seront les cordes deux
à deux communes aux trois cercles ainsi construits, lesquelles se couperont nécessairement en un
même point ( 71 ).
(*) Sectiones conicce, etc., in-fol., lib. 8, Prop. XXIII.
(**) Ibid., Prop. XXVI.
Lefoyer commun au système de deux sections coniques, tracées sur un même
pldn, est pour elles un centre d'homologie ou de projection, c'est-à-dire un
point de concours ( ici nécessairement idéal) des tangentes communes aux deux
courbes,
D'après l'article 293, on peut encore, si l'on veut, considérer les deux
courbes comme la projection, sur un plan unique, de deux sections planes
faites dans une même surface conique du second ordre, qui aurait pour
sommet, un point représenté, en projection, par le foyer commun des deux
courbes dont il s'agit; c'est-à-dire, en un mot, que ce foyer jouit, à l'égard
de ces courbes, de toutes les propriétés qui font le sujet du Chapitre Ier de
la Ille Section : or cette remarque conduit à un grand nombre d'applica-
tions utiles et curieuses.
454. Il en résulte, en premier lieu, que, quand deux sections coniques
situées sur un même plan ont un foyer commun, on peut déterminer direc-
tement (292, 305, etc.) tout ce qui concerne leur intersection mutuelle et
leurs tangentes communes, sans employer autre chose que la simple ligne
droite dans le cas où, les sections coniques n'étant pas décrites, mais seu-
lement données par certaines conditions, on connaît un seul cercle (353;
tracé sur le plan de la figure et le centre de ce cercle.
455. Lorsque trois cercles quelconques sont donnés sur un plan, le centre
de l'un de ceux qui sont tangents à la fois à ces trois cercles doit, comme
l'on sait, se trouver à l'intersection commune de trois sections coniques,
dont les foyers sont précisément les centres des cercles donnés; on pourra
donc, d'après ce qui précède, obtenir directement, au moyen de la théorie
des figures homologiques, le centre de chacun des cercles tangents aux pro-
posés.
Cela donnerait lieu, au besoin, à une nouvelle solution du problème du
cercle tangent à trois autres, qui ne le céderait en rien, du côté de l'élégance,
à celles qui ont été exposées au Chapitre III de la lIe Section, et cela peut en
même temps servir à expliquer clairement pourquoi la solution du problème
se réduit finalement au premier degré, et peut s'exécuter à l'aide de la simple
ligne droite, quoiqu'il y ait huit cercles distincts tangents aux proposés. Du
reste, les constructions qu'on obtiendrait ainsi demeureraient également ap-
plicables aux cas particuliers où les cercles proposés se réduiraient, en tout
ou en partie, à des points, à des droites, etc.
456. Il résulte encore de ce qui précède que, si le centre d'homologie de
deux sections coniques tracées sur un plan est le foyer de l'une, il sera en
même temps le foyer de l'autre; car, jouissant de la propriété ci-dessus (451)
par rapport à la première de ces courbes, il en jouira de même (367) par
rapport à la seconde. Pareillement, si un nombre quelconque de sections
coniques ont un foyer commun sur un plan, ce foyer peut être considéré
comme le point de concours de deux tangentes à la fois communes à tout
leur système, et, sous ce rapport, elles jouissent de propriétés aussi inté-
ressantes que multipliées (400 et 402).
Enfin, si deux ou plusieurs sections coniques, ayant déjà un foyer com-
mun, ont en outre même polaire focale (ou même directrice), elles auront
un double contact (322), réel ou idéal, suivant cette polaire, qui ainsi sera
une sécante commune de contact pour toutes les courbes. Ce foyer, cette po-
laire et ces deux courbes jouiront donc alors de toutes les propriétés qui
font le sujet du dernier Chapitre de la Ille Section, propriétés sur lesquelles
je crois d'ailleurs inutile de revenir.

Cas où l'une des combes est un cercle; conséquences qui en résultent pour la
description des sections coniques dont le foyer est donné, etc.

457. Pour la circonférence du cercle, le foyer n'est évidemment autre


chose que le centre même de la courbe, et on peut le regarder comme la
réunion en un seul des deux foyers qui appartiennent en général aux sec-
tions coniques. Si donc l'on suppose qu'autour de l'un des foyers d'une sec-
tion conique donnée, comme centre, avec un rayon arbitraire, on décrive
une circonférence de cercle, elle aura ce foyer pour centre d'homologie ou
de projection avec la section conique; en d'autres termes, elle pourra être
considérée comme la projection, sur le plan de la figure, d'une section plane
faite dans un cône du second degré, qui aurait la section conique proposée
pour base et pour sommet un point de l'espace représenté, en projection,
par le foyer que l'on considère (*).
Tel est donc le caractère du foyer des sections coniques ; et ce caractère
se conserve, comme on voit, en vertu du principe de continuité, même quand

(*) Cette remarque peut servir à simplifier la construction ci-dessus (455) du problème du
cercle tangent à trois autres sur un plan. Il serait facile, au reste, d'étendre ces diverses considé-
rations au cas où l'on'remplacerait les cercles par des sphères quelconques: alors les sections
coniques, lieux des centres, se changeraient en des surfaces du second ordre de révolution, ayant
deux à deux un foyer commun, et se coupant (587), comme telles, suivant deux sections planes
dont l'une nécessairement idéale : on voit ce qu'il y aurait à faire si le rayon du cercle ou de la
sphère tangente était donné, ou si, en général, on connaissait une ligne ou une surface qui dût
renfermer son centre.
on suppose le cercle infiniment petit, auquel cas l'une des sécantes, qui lui
est commune avec la section conique, se confond évidemment avec la polaire
focale de cette section conique.

458. Il suit de ce qui précède, qu'ayant seulement soit trois points, soit
trois tangentes, soit deux points et une tangente, soit enfin deux tangentes
et un point avec l'un des foyers d'une section conique quelconque, on
pourra (303 etsuiv.) déterminer immédiatement tout ce qui la concerne,
et résoudre linéairement tous les problèmes du second degré qu'on peut
avoir à se proposer sur elle, pourvu qu'on suppose décrit le cercle, de rayon
arbitraire, qui a ce foyer pour centre: ainsi l'on obtiendra directement (344)
son centre, ses axes, ses asymptotes, son autre foyer, ses intersections avec
des droites données, etc., etc.
Dans le cas de la parabole, deux conditions suffiront évidemment, attendu
que la tangente à l'infini est naturellement donnée (331).

459. Pour montrer avec quelle facilité ces notions conduisent à la plupart
des théorèmes connus sur les foyers des sections coniques, et à beaucoup
d'autres qui ne le sont pas encore, supposons d'abord que, pour le foyer F
(fig. 69) d'une section conique (0), on ait tracé, comme on vient de le
dire, une circonférence de cercle arbitraire, ayant ce point pour centre,
lequel est ainsi un centre d'homologie commun à la fois à ce cercle et à la
section conique. Soient T, T' deux points quelconques, homologues directs,
appartenant au rayon d'homologie FT'T; les tangentes en ces points iront
se rencontrer en un nouveau point P' appartenant à l'une, M'N', des sécantes
communes aux deux courbes, sécante qui est évidemment perpendiculaire
au grand axe AB de la section conique, puisque tout est symétrique de
chaque côté de cet axe. D'un autre côté, si l'on prolonge la tangente TP' à la
section conique jusqu'à sa rencontre en P avec la polaire focale MN, qui est
évidemment parallèle à la sécante commune M'N', la droite PF sera (451)
perpendiculaire au rayon d'homologie FT et, par suite, parallèle à la tan-
gente T'P'du cercle.
Maintenant, si, du point T de la section conique, on mène la parallèle TM
à l'axe AB, elle rencontrera, à angles droits, la sécante M'N' et la polaire
focale MN aux points respectifs M', M ; donc on conclura, à cause des diffé-
rentes parallèles, que le rapport de FT' à FT, qui est le même que celui de
PP' a TP, est constamment égal au rapport de MM' à MT ; mais FT' est con-
stant, aussi bien que MM' qui mesure la distance des parallèles MN, M'N' ;
donc le rapport de FT à MT est invariable pour tous les points de la section
conique, c'est-à-dire, en d'autres termes, que :
Le rapport des distances d'un point quelconque d'une section conique aufoyer
et à la polairefocale correspondante demeure toujours le même, quel que soit ce
point.
Cette propriété du foyer et de la directrice des sections coniques est très-
anciennement connue, et le rapport qu'elle indique devient évidemment
celui de l'égalité, pour le cas particulier de la parabole (450).
460. Supposons encore (fig. 70) que l'on inscrive à une section conique
quelconque un quadrilatère ABCD, dont les diagonales AC etBD se croisent
en l'un, F, de ses foyers, et qu'on lui en circonscrive un autre A'B'C'D',
dont les côtés aient pour points de contact les sommets du premier; il exis-
tera entre ces deux quadrilatères les diverses relations signalées art. 186.
Cela posé, si l'on considère le cercle, de rayon arbitraire, qui a F pour centre,
et que l'on construise, pour ce cercle, les deux quadrilatères, inscrit et cir-
conscrit, qui sont homologiques ou projections des premiers par rapport à F,
et dont l'un est nécessairement un rectangle et l'autre un parallélogramme,
on conclura sans discussion que :
«
Les droites FP, FQ, qui joignent le foyer aux points de concours P et Q
»
des côtés respectivement opposés du quadrilatère incrit ABCD, et se con-
)
fondent, pour la direction, avec les diagonales du quadrilatère circonscrit
»
AIB'C'D', se coupent à angle droit et divisent en deux parties égales:
» io
l'angle et le supplément de l'angle formé par les diagonales AC, BD
*
du quadrilatère inscrit, c'est-à-dire les cordes de contact des côtés opposés
»
du quadrilatère circonscrit ; 2° l'angle et le supplément de l'angle formé
» par
les droites FP', FQ' qui partent du foyer et vont au point de concours P'
» et
Q' des côtés opposés du quadrilatère circonscrit A'B'C'D'. Enfin tous
»
les points de concours P, Q, P', Q' sont rangés sur la polaire focale MN,
»
laquelle a pour homologue ou projection dans le cercle la droite à l'infini
»
du plan. »
De là suit immédiatement ce corollaire déjà connu (') :
Une corde quelconque AB étant inscrite à une section conique, si, de l'un F
des foyers, on mène des rayons vecteurs, tant aux extrémités de cette corde
qu 'au point P, où sa direction rencontre la polairefocale correspondante, et au
pôle A' sommet de l'angle circonscrit qui lui appartient, 1° ces deux rayons vec-

(*) De Lahire et le marquis de l'Hôpital ont donné, chacun à sa manière, ces propriétés dans
leurs Traités des Sections coniques.
teurs se couperont sans cesse à angle droit ; 2° ils diviseront respectivementen
parties égales l'angle et le supplément de l'angle AFB formé par les deux
autres.
Des angles dont le sommet s'appuie au foyer des sections coniques.

461. On voit, par cette application du principe de l'article 457, que toutes
les relations, qui concernent les angles au centre dans le cercle, s'étendent,
d'une manière analogue, aux angles dont le sommet s'appuie aux foyers des
sections coniques; et il n'est pas besoin pour cela d'examiner, à chaque fois,
les relations projectivesqui lient le cercle, dont ce foyer est le centre, avec la
section conique; il suffit de se rappeler, en général, que l'une des deux
courbes peut être envisagée comme la projection de l'autre par rapport au
point dont il s'agit : ainsi, par exemple', on aperçoit de suite, sans qu'il soit
nécessaire de passer par tous les raisonnements qui précèdent, que :
Si un angle q'uelconque est circonscrit à une section conique, la droite quijoint
le sommet de cet angle au foyer de la courbe, divise en deux parties égales
l' angle formépar les deux rayons vecteurs qui aboutissent au point de contact
des côtés du premier.
D'après cela, on pressentira sans peine l'étendue des conséquences qui
peuvent découler du principe de l'article 457; car chaque théorème connu,
sur les angles au centre du cercle, fournira un théorème analogue pour les
angles au foyer des sections coniques.
462. Soit TCT' (jig. 71) un angle quelconque circonscrit au cercle qui a
F pour centre; soit AB une troisième tangente de ce cercle, terminée en A
et B aux deux premières; supposons d'abord que les points A et B soient sur
les tangentes mêmes CT et CT', comprises entre le sommet C de l'angle que
l'on considère et les points de contact T, T' des côtés de cet angle. Cela posé,
joignons par des droites le centre F aux extrémités A et B de la tangente AB;
il est clair que, dans le triangle ABF formé par ces droites et cette tangente,
l'angle en F est supplément de la somme des angles en A et B; donc le double
de cette somme est supplément, pour quatre droits, de la somme des angles
TAB, T'BA extérieurs au triangle ABC, et par conséquent égal à la somme
des angles intérieurs A et B de ce triangle ; mais la somme des angles A et B,
dont il s'agit, est supplément de l'angle en C du même triangle; donc enfin
le double de l'angle au centre AFB, qui embrasse la tangente AB par ses
extrémités, est égal au supplément de l'angle C compris entre les deux
autres tangentes, et par conséquent l'angle au centre dont il s'agit doit
demeurer constant pour toutes les positions de la tangente AB autour du
cercle proposé.
Cette conséquence nécessaire de la loi de continuité offre cependant une
difficulté pour le cas où la tangente AB se trouve en A'H', au delà des points
de contact T, T' par rapport au sommet C de l'angle fixe ; car, en répétant
les raisonnementsci-dessus pour cette nouvelle hypothèse, on trouve que ce
n'est plus le double de l'angle même A'FB' qui est égal au supplément de
l'angle C, mais bien le double du supplément de cet angle.
Mais si, en partant du premier cas, on fait varier successivement, toujours
dans le même sens et par degrés insensibles, la position de la tangente AB
autour du cercle qui appartient aux deux autres tangentes supposées fixes,
qu'on ait soin en même temps d'observer attentivement les variations de
sens et de grandeur des côtés FA et FB, qui comprennent l'angle au centre
AFB, on reconnaîtra sans peine que le théorème, tel qu'il a d'abord été
énoncé, s'applique à la fois à toutes les positions possibles de la tangente AB.
Il est évident en effet que, chaque fois que l'un des côtés dont il s'agit devient
infini, c'est-à-dire change de sens à l'égard du sommet F, l'angle corres-
pondant se change aussi en celui qui est adjacent à l'angle même formé par
la direction des nouveaux côtés : c'est au moins ainsi qu'on doit entendre la
loi de continuité, qui veut qu'on ne perde pas de vue un même objet dans les
diverses transformations du système primitif. Or, si l'on place des lettres G, H
sur la direction des côtés de l'angle AFB, hors du champ de la figure, il sera
facile de voir que, passé l'instant où le côté FB, par exemple, est devenu
parallèle à CT', et où AB se change par conséquent en A'B', ce n'est plus
l'angle même des côtés FA', FB' que l'on a à considérer, mais bien celui A'FG'
qui est le supplément de cet angle.

463. En partant de ces principes et de la propriété établie ci-dessus pour


le cas du triangle circonscrit au cercle, il nous serait facile de nous élever
successivement aux relations d'angles qui concernent les polygones circon-
scrits d'un nombre de côtés quelconque. Par exemple, nous pourrions dé-
montrer ce théorème général, qui s'étend également aux polygones de rang
impair, à l'aide du principe de continuité (160) :
Dans tout polygone, d'un nombre de côtés pair, circonscrit à un cercle, la
somme des angles au centre, sous lesquels on voit les côtés, soit de rang pair,
soit de rang impair, équivaut toujours à deux droits, et par conséquent ces deux
sommes sont égales entre elles, pour les différentespositions du système.
Mais quoique, d'après l'article 457, ces diverses relations s'appliquent
immédiatement aux polygones circonscrits à une section conique quelconque,
en substituant l'un des foyers de la courbe au centre du cercle ci-dessus,
nous croyons devoir laisser au lecteur le soin de faire lui-même ces dévelop-
pements, qui nous entraîneraient nécessairement dans des longueurs, et
nous feraient perdre de vue le cas simple du triangle, dont nous voulons spé-
cialement nous occuper, à cause des conséquences qui en dérivent.
Quant à la remarque qui a été faite relativement à la manière de généra-
liser l'énoncé du théorème ci-dessus (462), elle pourra paraître pour le
moins peu importante, eu égard à l'objet qui nous occupe; mais elle est
indispensable pour répandre de la clarté sur ce qui suit, et elle est bien pla-
cée dans un ouvrage destiné, en grande partie, à faire connaître les applica-
tions dont est susceptible le principe de continuité.

464. Quoi qu'il en soit, il résulte de cette remarque qu'en supposant que
l'un quelconque AB (jig. 71) des côtés d'un triangle ABC circonscrit au
cercle (F) devienne mobile, en demeurant constamment tangent à ce cercle,
les deux autres côtés AC et BC restant fixes, l'angle au centre AFB, corres-
pondant à ce côté, pourra être regardé comme invariable de grandeur dans
toutes les positions qu'il est susceptible de prendre autour du point F. Ainsi
on aura ce théorème très-beau et très-général, en se reportant (461) à la
section conique quelconque qui a pour foyer le centre F du cercle :
L'angle sous lequel on voit, de l'un desfoyers d'une section conique, la partie
d'une tangente mobile, interceptée entre deux tangentesfixes, est toujours con-
stant pour toutes les positions de cette premie're tangente.

Cas particulier de la parabole.

465. Dans le cas particulier de la parabole, la tangente mobile peut passer


tout entière à l'infini, et, pour cette position, les côtés de l'angle mobile de-
viennent parallèles à ceux de l'angle fixe; donc le premier de ces angles est
égal à l'autre ou au supplément de cet autre, selon le sens dans lequel a pu
s'opérer le mouvement de la première à la seconde position. Or, il sera facile
de voir, en suivant avec attention ce mouvement, que l'angle au foyer, cor-
respondant à une position quelconque de la tangente mobile, est effective-
ment égal au supplément de l'angle formé par les deux tangentes fixes du
côté de la courbe.
Désormais nous appellerons angle vecteur d'une droite, terminée par deux
points quelconques, l'angle sous lequel on voit cette droite du foyer de la
section conique; nous pourrons donc énoncer ainsi le théorème relatif à la
parabole :
Dans la parabole, l' angle vecteur, correspondant à une tangente mobile ter-
minée à deux tangentes fixes quelconques, est toujours constant, et supplément
de F angle formé, par ces dernières tangentes, du côté de la courbe.
466. On peut déduire de là plusieurs corollaires remarquables, dont la
plupart ont été donnés par Lambert, dans un ouvrage qui a pour titre : Insi-
gniores orbitœ cometarum proprietates, Section 1.
Soient CM et CN (jig. 72) deux tangentes fixes quelconques d'une parabole
ayant F pour foyer, AB une troisième tangente, mobile autour de cette
courbe, et terminée en A et B aux points de sa rencontre avec les premières ;
d'après le théorème qui précède, l'angle vecteur AFB est supplément de
l'angle MCN des tangentes fixes, qui embrasse la courbe par ses côtés; c'est-
à-dire qu'il est égal à l'angle ACB qui lui est adjacent dans le triangle formé
par les trois tangentes ; donc, si l'on trace la nouvelle droite FC, le quadrila-
tère ABCF serainscriptible au cercle; .d'où suit ce théorème :
Un triangle quelconque étant circonscrit à une parabole, si on lui circonscrit,
à son tour, une circonférence de cercle, cette circonférencepassera nécessairement
par le foyer même de la courbe.
Il suit de là réciproquement que :
Toutes les paraboles, tangentes aux côtés d'un même triangle quelconque,
ont leurs foyers sur la circonférence du cercle circonscrit à ce triangle.
Si donc l'on se donnait, à volonté, une quatrième tangente A'B' à la para-
bole, on obtiendrait de suite le foyer de la courbe, en circonscrivant des
circonférences de cercle à deux quelconques des quatre triangles formés par
la rencontre mutuelle de cette nouvelle tangente et des trois autres. Le point
ainsi obtenu serait évidemment unique, et appartiendrait à la fois aux quatre
circonférences de cercle décrites comme celles qui précèdent : ce serait, sur
le plan de quatre droites arbitraires, le point duquel on verrait la partie inter-
ceptée par deux quelconques d'entre elles sur la troisième, sous un angle égal
au supplément de celui que forment ces deux mêmes droites du côté du point
dont il s'agit :
467. Puisque le quadrilatère ABCF est toujours inscriptible au cercle,
quelle que soit la tangente mobile AB, l'angle FCA sera toujours égal à
l'angle FBA qui s'appuie sur la même corde AF ; mais l'angle FCA est inva-
riable, puisque par hypothèse CM et CN sont fixes; donc :
Si l'un des côtés d'un angle quelconque, de grandeur invariable, passe con-
stamment par le foyer d'une parabole, et que son sommet parcoure une tan-
gente quelconque à la courbe, l'autre côté de l'angle mobile sera aussi constam-
ment tangent à la courbe (*).
On peut encore énoncer ce théorème ainsi qu'il suit :
Si du foyer d'une parabole on abaisse, sous un même angle donné, et tou-
jours dans le même sens,, des obliques sur toutes les tangentes, les pieds de ces
diverses obliques se trouveront appartenir à une même droite, tangente elle-
même à la courbe.
Ces deux théorèmes sont évidemment des cas particuliers de ceux dont la
démonstration a été indiquée aux articles 448 et 450.
468. En rapprochant entre eux le dernier de ces théorèmes et celui qui
a été établi un peu plus haut (466), on est conduit à ce corollaire remar-
quable :
Si, d'un point quelconque d'une circonférence de cercle circonscrite à un
triangle donné, on abaisse sous un même angle, d'ailleurs arbitraire, des
obliques sur les directions des trois côtés de ce triangle, leurs pieds seront situes
sur une seule et même ligne droite.
C'est l'extension du théorème connu relatif au cas particulier où l'on rem-
place les obliques par des perpendiculaires, théorème que M. Servois attri-
bue àR. Simson (H).

Conséquences relatives au cas général d'une section conique quelconque; des-


cription organique des sections coniques par le mouvement des angles dou-
verture donnée.
469. Revenons au cas général d'une section conique quelconque, et soit
F (fig. 73) son foyer, CM, CN deux tangentes fixes et AB une tangente mo-

(*) Ces corollaires faciles de notre théorie se trouvent consignés, ainsi que quelques-uns de
ceux qui précèdent et de ceux qui suivent, dans un article inséré à la page première du tome VIII
des Annales cle Mathématiques ; en les publiant, nous ignorions que ceux relatifs à la parabole
eussent été le sujet des recherches de Lambert, et c'est à l'érudit bibliothécaire du Musée central
d'Artillerie, M. Terquem, que nous devons cette remarque, dont nous nous empressons, comme on
voit, de profiter, en lui témoignant ici toute notre reconnaissance. Au reste, on a pu s'apercevoir
que, partout dans cet ouvrage, nous n'avons rien négligé pour rendre aux anciens comme aux
nouveaux auteurs de Traités de Géométrie tout ce qui peut leur appartenir.
(**) M. Servois s'est servi du théorème de Simson pour résoudre cet intéressant problème de
Géométrie pratique: Prolonger une droite accessible au delà d'un obstacle qui borne la vue, en
n'employant que l'equerre d'arpenteur, et sans faire aucun chaînage (tome IV des Annales de
Mathématiques, p. 25o ) ; ce qui précède fait voir qu'on pourrait se servir également de la fausse
équerre (357.).
bile de la courbe, terminée en A et B aux deux autres; d'après le théorème
(464), l'angle vecteur AFB, mobile en même temps que la tangente AB, con-
servera toujours la même grandeur; si donc on admet que, dans une de ses
positions, AB vienne s'appliquer sur l'une des deux tangentes fixes, sur CM
par exemple, ses extrémités A et B se confondront alors, la première avec
le point de contact T de cette tangente, la seconde avec le sommet C de l'angle
fixe. Pareille chose ayant lieu quand la tangente mobile se confond avec
l'autre CN des tangentes fixes, on en conclut de suite ce corollaire, dont la
première partie a déjà été établie directement art. 461 :
Lorsque deux tangentes d'une section conique se terminent, d'une part à la
courbe, de l'autre au point de leur intersection mutuelle, les angles vecteurs,
qui leur correspondentpar rapport à l'un des foyers, sont égaux entre eux et à
l'angle vecteur qui correspondrait à une troisième tangente quelconque terminée
à celles-là.

470. Le théorème devant avoir lieu quelle que soit la position des parties
de la figure, il sera vrai encore dans le cas où certains points et certaine
droite qu'on y considère se trouveront situés à l'infini. Supposons, par
exemple (fig. 74), que les deux tangentes en question soient précisément
celles aux extrémités T et T' du grand axe de la courbe; dans ce cas, le point
C est à l'infini, et les angles TFC, T'FC sont droits ; donc l'angle vecteur AFB,
qui correspond à une troisième tangente quelconque AB terminée aux deux
premières, est aussi droit. Cette circonstance devant avoir lieu également
pour l'angle vecteur AF'B de cette même tangente, relativement à l'autre
foyer F' de la courbe, il en résulte un moyen très-simple d'obtenir simulta-
nément ces foyers par le cercle décrit sur la portion AB de la tangente,
comme diamètre.
Si l'on exécutait les mêmes constructions relativement à l'autre axe de la
courbe, lorsqu'il existe, et il n'y a pas de raison pour ne point le faire, la
circonférence cesserait de rencontrer cet axe; mais il est évident qu'un sim-
ple allongement ou rétrécissement de la courbe pouvant rendre les points
d'intersection tour à tour possibles et impossibles pour un même axe, il n'y
a pas de distinction nécessaire à établir entre les deux cas, si ce n'est sous
le point de vue purement physique; en sorte que l'on peut dire, d'une ma-
nière figurée et en admettant, comme nous l'avons fait jusqu'ici, la consi-
dération des points imaginaires, que :
«
Les sections coniques ont, généralement parlant, quatre foyers situés
J)
deux à deux sur chaque axe de la courbe, et appartenant respectivement à
»
deux séries de cercles ayant ces axes pour sécantes communes réelles ou
»
idéales; de plus, il est aisé de prouver que ces deux séries sont orthogo-
»
nales réciproques l'une de l'autre (73). »
471. Le théorème et la construction d'où nous croyons pouvoir déduire
cette conséquence ont été connus des anciens et font partie des Coniques
d'Apollonius : nous aurons occasion d'en faire usage par la suite. Ce même
théorème n'est, au surplus, qu'un cas particulier de celui où la corde de
contact TT' (fig. 73) de l'angle des deux tangentes CM, CN que l'on consi-
dère, passe par le foyer correspondant F; car, d'après ce qui a été prouvé
art. 451, les angles vecteurs TFC, T'FC étant encore droits, il en doit être de
même (469) de tous ceux AFB qui s'appuient sur une troisième tangente
quelconque AB terminée aux deux autres (*).
472. Si l'on se donnait le foyer F (jig. 73) d'une section conique et trois
tangentes quelconques AB, AC, BC, formant, par leurs intersections mu-
tuelles, le triangle circonscrit ABC, l'angle vecteur AFB du côté AB serait
donné de grandeur, et par conséquent, en le faisant mouvoir autour du
foyer F, la droite AB, qui le sous-tend ainsi que l'angle fixe ACB formé par
les deux autres côtés du triangle, deviendrait mobile et roulerait (464) sur
la section conique elle-même, dont on aurait ainsi une infinité de tangentes.
Le théorème de l'article 469 donnerait ensuite, pour chacune des tangentes
mobiles et des tangentes fixes, le point où cette tangente vient toucher la
courbe.
Au lieu de se donner une position de la tangente mobile, on peut ne se
donner que la grandeur de l'angle vecteur AFB, et alors, en faisant mou-
voir cet angle autour de son sommet F, sans en changer la grandeur, les
conséquences seront encore les mêmes; donc :
Si, sur le plan d'un angle donné de position, on fait mouvoir autour d'un
point arbitraire et fixe pris pour sommet, un angle quelconque de grandeur
invariable, qu'on trace ensuite, pour chacune de ses positions, les deux droites
qui sous-tendent à la fois l'anglefixe et l' angle mobile, chacune de ces deux
séries de droites enveloppera, en particulier, une seule et même section conique,
ayant précisément pour foyer le sommet fixe de l'angle mobile, et les deux
côtés de l'angle fixe pour tangentes.
473. Il suit de là que, si l'on abaisse du sommet fixe ou foyer des per-

(*) Cette extension se trouve consignée dans l'ouvrage de Guido Grandus, qui a pour titre:
. Sectiollllnl conicorum synopsis, imprimé à Naples en 1737.
pendiculaires, tant sur les côtés de l'angle donné que sur les droites mo-
biles appartenant à une même série, les pieds de ces perpendiculaires
seront (450) sur un même cercle, ayant pour diamètre le premier axe de
la section conique qu'enveloppent ces droites, etc.
Il est évident encore que, dans le cas particulier où l'angle mobile est
égal à l'angle fixe ou en est le supplément, l'une des deux courbes devient
une parabole (465); en sorte que le cercle qui lui correspond dégénère en
une tangente au sommet de cette parobole.
474. Revenons au cas où le côté AB (jig. 73) du triangle mobile AFB
roule sur une section conique quelconque, ayant le point F pour foyer; il
est clair que, si l'on assujettit l'angle vecteur AFB à demeurer constant,
comme ci-dessus, et le sommet A à parcourir les divers points d'une tan-
gente quelconque MC de la courbe, le dernier sommet B du triangle décrira
lui-même une seconde tangente NC de cette courbe; or, en menant, à chaque
instant, de l'autre foyer F' de la courbe, des droites AF, BF vers A et B,
elles formeront un angle AF'B qui demeurera invariable de grandeur, aussi
bien que le premier AFB (464); donc, la grandeur de ce nouvel angle étant
une fois déterminée, le mouvement de la tangente AB autour de la courbe
pourra être remplacé par le mouvement simultané des angles vecteurs en F
et F', dont deux côtés se couperaient, à chaque instant, en des points A de
la tangente donnée MC; de plus, selon ce qui précède, l'autre extrémité B
de cette tangente, commune à la fois aux seconds côtés FB, F'B des angles
mobiles, parcourra la tangente CN dans ses diverses positions.
On voit que, pour déterminer la relation de grandeur des angles en F
et F' pour laquelle ce théorème aura lieu, il faudra avoir l'une des positions
de la tangente mobile AB, autour de la courbe; car, en se donnant arbitrai-
rement l'angle en F, la position du point correspondant B en résultera au
moyen de la tangente fixe MC, et, par suite, la grandeur même de l'angle
en F'. Mais on arrivera évidemment au même but, sans recourir directement
à la tangente AB, en remarquant qu'il doit exister une position de cette tan-
gente, pour laquelle le point B soit en N sur la direction de F'F; en effet,
il en résulte que, les côtés FB, F'B des angles mobiles en F et F' étant appli-
qués à la fois sur cette droite, les deux autres côtés de ces mêmes angles
devront concourir en un point de la tangente donnée MC. Donc enfin nous
pouvons conclure ce théorème dû à Mac-Laurin (*) :

(*) Voyez la Géométrie organique de cet auteur, Ire partie, p. 7, Prop. III.
Si deux angles, de grandeur invariable, tournent sur deux points fixes oit
pôles quelconques pris pour sommets, tandis que deux de leurs côtés se coupent
continuellement sur une droite de position donnée, le point d'intersection des
deux autres côtés se mouvra constamment sur une autre ligne droite, quand
les angles générateurs seront tels, que, dans une certaine position, leurs côtés
puissent s'appliquer à la fois sur celle qui renferme les deux points fixes ou
pôles.
Il résulte, en outre, de ce qui précède que la droite, qui joint à chaque
instant les points d'intersection des côtés des angles, enveloppe alors dans
toutes ses positions une même section conique, ayant la directrice ainsi que
la droite parcourue pour tangentes, et. les deux points fixes pour foyers.
475. Dans le cas général où les deux angles sont entièrement arbitraires,
la ligne des points B cesse d'être une droite, et devient alors une section
conique.
Soient, en effet, F et F' (fig. 75) deux angles constants quelconques dont
les côtés FA, F'A se coupent sans cesse sur la droite MC, tandis que les deux
autres FX, F'X se coupent en des points X de la courbe qu'il s'agit d'exa-
miner. En concevant, comme ci-dessus, la section conique qui a F et F'
pour foyers et MC pour tangente, il résultera de ce qui précède que, si l'on
mène de chaque point A une tangente AB à la courbe, elle ira rencontrer les
côtés FX, F'X en des points B, B', qui demeureront invariablement sur deux
autres tangentes CN, C'N' de la courbe; ainsi le mouvement du point X sera
remplacé par celui de l'un des sommets du triangle BB'X, dont les deux
autres sommets B, B' parcourent les tangentes en question, tandis que les
côtés BX, B'X, adjacents à X, passent constamment par les points fixes F
et F', et que le troisième côté BB' roule sur la section conique proposée.
Or si, pour savoir le degré de la courbe que parcourt le sommet X, on
trace à volonté une droite KL sur le plan de la figure, ce degré sera évi-
demment marqué par le nombre des positions distinctes du point X sur cette
droite. Mais, si l'on oblige le sommet X du triangle BB'X à parcourir la
droite KL dont il s'agit, en rendant libre le côté BB', et assujettissant, du
reste, le mouvement du triangle aux mêmes conditions qu'auparavant, ce
côté libre enveloppera évidemment (210) une nouvelle section conique, tan-
gente aussi aux directrices CN, C'N', et qui n'aura plus ainsi que deux autres
tangentes communes avec la proposée, lesquelles étant prises successivement
pour la direction du côté BB' ne donneront, en tout, que deux triangles BB'X
et, par suite, deux sommets distincts X remplissant les conditions du pro-
blème; donc aussi la droite arbitraire KL ne peut rencontrer qu'en deux
points seulement la courbe que décrit en général le point X; donc, enfin,
cette courbe est du second degré, et l'on peut énoncer, par conséquent, ce
théorème :
Si l' on fait mouvoir sur un plan deux angles, de grandeur invariable mais
quelconque, autour de deux points fixes comme sommets, de telle sorte que
deux de leurs côtés se coupent sans cesse sur une droite donnée de position, l'in-
tersection de deux autres côtés de ces angles décrira une section conique pas-
sant évidemment par les points fixes dont il s'agit (*).
476. Telle est la description organique des lignes du second ordre, donnée
par Newton dans ses Principes mathématiques de la Philosophie naturelle; des-
cription qui sert de base à la Géométrie organique de Mac-Laurin. Il ne serait
pas difficile de faire voir, d'après ces illustres géomètres, comment on peut
s'en servir, de même qu'on a fait depuis de l'hexagramme mystique de Pascal,
soit pour mener des tangentes aux sections coniques, soit pour faire passer
une telle courbe par cinq points donnés sur un plan, etc. Notre but n'étant
ici que de montrer avec quelle simplicité nos principes peuvent conduire
directement aux principaux théorèmes connus sur les angles, nous n'entre-
rons pas dans de plus grands développements à ce sujet et nous terminerons
tout ce que nous avions à dire sur la description organique des lignes du
second ordre, en faisant remarquer, avec Mac-Laurin, que, dans les raison-
nements ci-dessus (475), le mouvement de la tangente ou du côté BB' peut
être remplacé (464) par celui de l'angle BFB', invariable de grandeur, qui a
son sommet appuyé au foyer F, ce qui donne lieu à ce corollaire :
«
Si l'un, F, des angles d'un triangle B'FX est constant de grandeur, en
» tournant sur un
point fixe F, comme sommet, tandis que le côté B'X
»
opposé à cet angle pivote, dans toutes ses positions, sur un autre point
»
fixe F', et que l'un, B', des sommets adjacents à ce même côté est assujetti
s
à parcourir une droite donnée C'.N', le troisième sommet X du triangle
»
décrira, par le même mouvement, une section conique passant par les
»
points fixes F et F'. »
Relations d'angles qui appartiennent simultanément au système des deux
foyers d'une section conique; des angles constants et des polygones équiangles
circonscrits à une telle courbe.
477. Considérons maintenant les relations d'angles qui peuvent appar-
(*) Nous donnerons, dans le Ille Chapitre de'cette Section (550) une démonstration beaucoup
plus directe de ce théorème, et qui s'étend au cas général où l'on considère un nombre quel-
conque d'angles et de directrices.
,
tenir simultanément au système des deux foyers F etF (jig. 73) d'une section
conique; joignons, par des droites, chacun de ces foyers avec les points de
contact T, T' et le point d'intersection C de deux tangentes quelconques CM
et CN de la courbe, que nous supposerons être ici une ellipse. D'après la pro-
priété connue des foyers (449), les angles FTC, F'TC sont suppléments l'un
de l'autre, et leur somme vaut deux droits ; par la même raison, la somme
des angles FT'C, F'T'C vaut aussi deux droits; donc la somme de tous ces
angles réunis, qu'on peut appeler angles de contact, vaut quatre angles
droits.
D'après ce corollaire, on peut déjà prévoir que le système des foyers F et
F' doit jouir, par rapport aux angles, de propriétés exactement semblables
à celles qui ont lieu pour le centre du cercle, supposé double; et, en effet,
si nous considérons les deux quadrilatères CTFT', CTF' T' formés par les deux
tangentes ci-dessus et par les rayons vecteurs qui partent de chaque foyer et
vont aux points de contact de ces tangentes, la somme de tous leurs angles
réunis vaudra huit droits; retranchant donc les angles en T et T', qui sont
ceux du contact et valent ensemble quatre droits d'après ce qui précède, il
restera quatre angles droits pour la somme des angles en F et F' joints au
double de l'angle en C des deux tangentes ; en sorte que :
La demi-somme des angles vecteurs TFT', TF'T', qui répondent aux deux
foyers et à la corde de contact de deux tangentes quelconques, est toujours sup-
plément de l' angle même formé par ces tangentes, du côté de la courbe.
Autre propriété tout à fait analogue à celle qui a lieu pour le cas particu-
lier du cercle.
Pour l'hyperbole, ce n'est plus la demi-somme, mais la demi-différence
des angles vecteurs qui est supplément de l'angle formé par les tangentes, du
côté de la courbe (*) : quel que soit, au reste, celui de ces cas que l'on con-
sidère, il faut avoir égard (462) à la diversité de position des lignes et des
angles pour appliquer le théorème, c'est-à-dire à la variation de signe des
angles auxquels il est relatif.
Maintenant, si l'on remarque que l'angle TF1' est double ( 461 ) de l'angle
TFC ou TTC, et qu'il en est de même de l'angle TF'T' à l'égard de TF'C ou
de T'F'C, on conclura de ce qui précède que la somme des angles TF'C,
TFC, pour l'ellipse, et leur différence, pour l'hyperbole, est exactement le
supplément de l'angle MCN des tangentes que l'on considère ; mais les angles

(*) Guido Grandus a donné, pour l'hyperbole, un théorème qui revient à celui-ci. Voyez l'ou-
vrage déjà cité plus haut (471).
dont il s'agit sont respectivement égaux (469) aux angles AF'B, AFB, sous
lesquels on voit, des foyers F' et F, la partie AB d'une troisième tangente
terminée aux deux autres ; donc nous pouvons énoncer ce théorème général,
dont l'analogie avec celui qui a lieu (449) entre les rayons vecteurs partant
d'un même point de la courbe est digne de remarque :
Lorsqu'une tangente d'une section conique se termine à deux autres tangentes
de la même courbe, la somme des angles vecteurs de cette tangente, dans l'ellipse,
et leur différence, dans l'hyperbole, est constante et égale au supplément de
l' angle formépar les deux tangentes fixes, du côté de la courbe.
Dans le cas de la parabole, l'un des angles vecteurs est nul, et dans celui
du cercle il se confond avec l'autre ; en sorte qu'on retombe directement sur
les propositions déjà établies plus haut (462 et 465). Le cas où les deux tan-
gentes fixes sont parallèles ou perpendiculaires offre aussi des circonstances
remarquables, sur lesquelles il est assez inutile d'insister.

478. Pour compléter ce parallèle entre les propriétés des sections coniques
et celles du cercle, relatives aux angles et aux foyers, nous remarquerons
que, dans les triangles CFT, CF'T, les sommes d'angles adjacents aux bases
CF et CF' sont respectivement égales aux angles de contact MTF, MTF' exté-
rieurs à ces triangles : or ces angles sont suppléments l'un de l'autre ; donc
ces deux sommes, prises ensemble, valent deux droits; donc aussi la somme
des angles vecteurs TFC, TF'C, est supplément de celle des angles TCF,TCF'.
On prouverait de la même manière, pour la tangente CT', que la somme des
angles vecteurs T'FC, TF'C est supplément de celle des angles T'CF, T'CF';
d'ailleurs ces deux sommes d'angles vecteurs sont égales entre elles (461 ) ;
donc enfin l'angle T'CF + rCF' = TCF + TCF', et par conséquent, en ôtant
de part et d'autre la partie FCF' commune à ces sommes, il restera l'angle
a . FCT' = 2 . F'CT, théorème qu'on peut énoncer de la manière sui-
vante :
Si l'on joint par des droites le sommet d'un angle quelconque circonscrit à
une section conique avec les deux foyers de la courbe, ces deux droites forme-
ront respectivement des angles égaux avec les tangentes, et par conséquent avec
la droite qui divise, soit l'angle, soit le supplément de l'angle de ces tangentes,
en deux parties égales.
Ce théorème est évidemment analogue à celui qui a lieu dans le cercle;
seulement, alors, les droites CF, CF' se confondent. Dans le cas de la parabole,
l'un des foyers passe à l'infini, et la droite qui le joint au sommet de l'angle
des deux tangentes devient parallèle à l'axe de la courbe, ce qui offre quel-
ques conséquences qu'il est inutile d'examiner, attendu la facilité avec
laquelle on peut les déduire de ce qui précède.
479. Des théorèmes qui viennent d'être exposés, on passerait de suite
aux relations d'angles qui peuvent appartenir aux polygones inscrits et cir-
conscrits aux sections coniques : ainsi, par exemple, il en résulte que :
«
Si l'on considère un polygone circonscrit à une section conique, dont
tous les angles soient égaux, et qu'on inscrive à la courbe un autre polygone
qui ait pour sommets les points de tangence des côtés du premier :
«
i° Les sommes ou différences d'angles vecteurs (selon que la courbe
est une ellipse ou une hyperbole), qui répondent aux deux foyers et aux dif-
férents côtés du polygone circonscrit, sont toutes égales entre elles et au
double de l'angle extérieur du polygone. »
«
2° La même chose a lieu à l'égard des côtés du polygone inscrit, pour
lequel d'ailleurs les sommes ou différences d'angles vecteurs sont exactement
égales à celles qui répondent au polygone circonscrit. »
«
3° Les sommes ou différences d'angles vecteurs appartenant aux diffé-
rents segments formés sur chaque côté du polygone circonscrit, à partir du
point de contact, sont aussi égales entre elles et moitié des premières, de
sorte qu'elles ont pour mesure l'angle extérieur du polygone circonscrit. »
«
4° Etc. »
Dans le cas de la parabole, l'un des foyers passe à l'infini, et les angles
vecteurs qui lui correspondent sont tous nuls, en sorte que si, de l'autre
foyer, l'on mène des rayons vecteurs tant aux sommets qu'aux points de con-
tact des côtés du polygone circonscrit, tous les angles formés par deux rayons
consécutifs seront égaux entre eux : propriété parfaitement analogue à celle
qui a lieu pour les polygones équiangles circonscrits au cercle.

Nouvelles propriétés des angles constants dont le sommet s'appuie au foyer des
sections coniques, ou qui sont circonscrits à ces courbes.

480. Ce rapprochement entre les propriétés des foyers des sections coni-
ques et celles du centre de la circonférence du cercle peut se pousser beau-
coup plus loin encore, à l'aide des considérations de l'article 457.
Supposons, en effet, qu'ayant décrit un cercle, du foyer F (fig- 76) d'une
section conique quelconque, comme centre, avec un rayon arbitraire, on
fasse mouvoir, autour du point F comme sommet, un angle TFT'de grandeur
quelconque, mais constante, et qu'on trace, à chaque instant, la corde tt' qui
sous-tend cet angle dans le cercle, et celle TT' qui le sous-tend dans la
courbe ; supposons enfin qu'on circonscrive à ce cercle et à la courbe les
angles tat', TAT' qui ont leurs points de contact aux extrémités respectives
des deux cordes, on conclura immédiatement, du principe de l'article 457 et
de la doctrine des figures homologiques, que :
* 1°
Le sommet A de l'angle circonscrit à la section conique parcourra
une autre section conique, jouissant absolument des mêmes propriétés pro-
jectives que la première, par rapport au foyer F, et ayant par conséquent (456)
ce foyer et la polaire focale correspondante MN en commun avec elle, puisque
d'ailleurs cette polaire est une sécante de contact commune aux deux
courbes. JJ
«
La corde TT', qui sous-tend l'angle de grandeur invariable F, roule,
de son côté, sur une troisième section conique, ayant avec chacune des deux
autres absolument les mêmes relations que celles-ci ont entre elles; de plus,
le point de contact de la corde mobile, avec la section conique qu'elle enve-
loppe, se trouve précisément sur la droite FA qui joint le foyer au sommet A
de l'angle circonscrit correspondant, et divise par conséquent l'angle vecteur
TFT' en deux parties égales, etc. »

481. Dans le cas particulier de la parabole, les angles vecteurs égaux TFT'
correspondent aussi (465) à des angles circonscrits TAT' égaux entre eux,
et réciproquement; donc on a ce théorème fort remarquable :
Si l'on fait mouvoir autour d'une parabole un angle circonscrit quelconque,
de grandeur invariable, le sommet de cet angle parcourra, dans toutes ses posi-
tions, une section conique ayant même foyer et même polaire focale que la
parabole. Par suite du même mouvement, la corde de contact de l'angle roulera
sur une troisièmesection conique, ayant encore ce foyer et cette polaire en com-
mun avec la parabole.
De Lahire a, le premier, démontré par le calcul (*) que les sommets des
angles égaux circonscrits à la parabole sont sur une autre section conique,
et il ne paraît pas que personne ait encore établi ce théorème d'une manière
purement géométrique, comme on vient de le faire. Au surplus, quand l'angle
circonscrit est droit, on retombe directement sur la propriété de la polaire
focale de la parabole (452); car alors la section conique, décrite par le som-
met de cet angle, devient une ligne droite.

(*) Voyez le Traité in-fol. des Sections coniques par cet auteur, liv. VIII, Prop. 29.
Des angles constants, ou variables suivant certaines lois, dont le sommet
s'appuie en un point quelconque du périmètre d'une section conique.

482. Les propriétés qui viennent de nous occuper en dernier lieu, rela-
tivement aux angles constants qui se meuvent autour du foyer d'une section
conique, subsistent, d'une manière analogue, pour le cas où le sommet de
l'angle est en un point quelconque du périmètre de la courbe ; si l'on décrit,
en effet, un cercle, de rayon arbitraire, touchant cette courbe au point dont
il s'agit, il aura avec elle (319) ce même point pour centre d'homologie ou
de projection; donc il sera, à son égard, dans une situation analogue à celle
où se trouve, par rapport à la courbe, le cercle de rayon quelconque, décrit
du foyer de cette courbe comme centre.
Or, en faisant mouvoir autour du point de contact du cercle et de la co-
nique, comme sommet, un angle de grandeur invariable, la corde qui sous-
tend cet angle dans le cercle roulera encore, dans toutes ses positions, sur
un nouveau cercle concentrique au premier, et il en sera de même du som-
met de l'angle circonscrit, ou du pôle qui correspond à la corde génératrice.
De plus, quand l'angle invariable est droit, le cercle qu'enveloppe cette même
corde se réduit à un point, placé sur la normale de la section conique qui
répond au sommet commun des angles; donc on peut énoncer ces théorèmes
analogues à ceux de l'article 480 :
cc
Si, autour d'un point quelconque du périmètre d'une section conique.
pris pour sommet, on fait mouvoir un angle constant, de grandeur arbi-
traire, et qu'on détermine successivement les cordes qui sous-tendent cet
angle et les pôles qui leur appartiennent :
« ]0 Le système de ces cordes enveloppera une seule et même section
conique qui, dans le cas où l'angle générateur sera droit, se réduira à un
point, placé sur la normale relative à la courbe proposée et au sommet com-
mun des angles, et qui, dans le cas général où l'angle générateur sera quel-
conque, aura avec cette proposée un double contact suivant la polaire du
point dont il s'agit. »
«
2° Le système des pôles appartenant à ces mêmes cordes sera situé
sur une troisième section conique, ayant un double contact avec la proposée
suivant la polaire qui sert déjà de sécante de contact commune aux premières,
et qui se réduira a cette polaire elle-même, quand l'angle générateur sera un
angle droit. »
483. Il est essentiel de remarquer que, dans le cas actuel, chacune des
courbes engendrées par suite du mouvement de l'angle constant, appartient
à la fois à cet angle lui-même et à celui qui en est le supplément, ce qui
n'a pas lieu pour le cas où le sommet fixe des angles est placé au foyer
même de la courbe; car alors l'un de ces angles donne lieu à des courbes
tout à fait différentes de celles qui répondent à l'autre.
D'ailleurs, puisque les cordes passent toutes par un même point placé sur
la normale qui répond au sommet commun des angles, quand ces angles
sont droits et que leur sommet est sur la courbe, il en résulte un moyen fort
élégant, proposé par M. Frégier, à la page 23, du tome VI des Annales de
Mathématiques, pour mener, avec l'équerre seule, une tangente et une normale
en un point donné quelconque d'une section conique déjà décrite sur un
plan {*).
D'après ce qui précède, on voit qu'on arriverait au même but, quoique
d'une manière un peu plus pénible, en se servant de la fausse équerre ou
d'un angle quelconque; car ayant tracé à volonté trois cordes au moyen
de cet angle, et de la manière dont il a été expliqué ci-dessus, on détermi-
nera sans peine (424) le pôle de la sécante de contact commune à la sec-
tion conique proposée et à celle qu'enveloppent ces cordes dans toutes leurs
positions; joignant ensuite ce pôle par une droite avec le sommet commun
à tous les angles, ce sera, d'après ce qui précède, la normale qui correspond
à ce point.

484. Quand, au lieu d'être constant, l'angle générateur est variable sui-
vant certaines lois, la corde mobile qui sous-tend cet angle dans la section
conique donnée peut encore tourner autour de points fixes dans plusieurs
circonstances remarquables, dont quelques-unes ont été également signalées
par M. Frégier, dans le volume déjà cité des Annales de Mathématiques.
Supposons, par exemple, qu'on remplace l'angle générateur par un angle
variable, de façon qu'une droite tixe quelconque, menée par son sommet, le
divise toujours en deux parties égales; il est visible que, pour le cercle auxi-
liaire tangent en ce sommet à la section conique, les cordes qui sous-tendent

(* ) Frégier a fait voir, à l'endroit cité, que la construction s'étendait, d'une manière analogue,
M.
aux surfaces du second ordre, en remplaçant l'angle droit par un angle trièdre trirectangle ; la
même remarque peut s'appliquer aux théorèmes qui précèdent et à ceux qui suivent. Voici, au
sujet de cette construction, une propriété qui peut être utile : Si l'on inscrit, à une surface du
second ordre quelconque) un angle trièdre trirectangle, ayant son sommet en un point de cette
surface, la normale en ce point sera la droite de concours unique des trois plans menés respecti-
vement par chaque arête et par la normale à la section que détermine la face opposée à cette
arête.
cet angle demeureront toutes parallèles à elles-mêmes et à la tangente au
point où la droite fixe rencontre de nouveau le cercle ; c'est-à-dire que toutes
ces droites concourront en un même point à l'infini; donc « les cordes et
»
la tangente analogues, dans la section conique proposée, concourront
»
également en un point unique, et par conséquent les pôles de ces mêmes
»
cordes seront distribués sur une ligne droite passant par le point de con-
» tact
de cette tangente. » On voit d'ailleurs ce qui arriverait dans les cas
particuliers, examinés par M. Frégier, où la droite fixe se confondrait, soit
avec la normale, soit avec la tangente qui correspond au sommet commun
des angles.
En général, d'après ce qui a été dit ci-dessus relativement au cercle qui
toucherait une section conique en un point, il est évident que toutes les
relations projectives qui pourront appartenir à ce point, pour le cercle,
subsisteront, d'une manière analogue, pour le même point et la section
conique.

485. Il existe une circonstance générale pour laquelle la corde de l'angle


variable pivote, dans toutes ses positions, autour d'un point fixe; c'est
celle où cet angle peut être considéré comme la projection, sur un autre
plan, d'un angle constamment droit; il est évident en effet, d'après ce qui
précède, que, sur ce plan, la proposition aura lieu; donc elle aura lieu aussi
pour la figure proposée. Or, cette circonstance particulière peut se recon-
naître très-simplement et se reproduire dans un grand nombre de cas.
Supposons, par exemple, qu'on trace, quelque part sur le plan de la figure,
une autre section conique quelconque; en menant à volonté une droite
par le point de la proposée qui doit servir de sommet commun aux angles
qu'on veut lui inscrire, puis joignant, par une nouvelle droite, ce point avec
le pôle de la droite arbitraire dont il s'agit, pris par rapport à la section co-
nique auxiliaire, elle formera, avec cette même droite, un angle qui, quoi-
que variable dans ses diverses positions, pourra cependant être considéré
comme la projection d'un angle-droit.
En effet, si l'on met la figure en projection sur un nouveau plan, de façon
que la section conique auxiliaire devienne un cercle ayant pour centre (120)
le sommet commun des angles, chaque droite arbitraire étant alors un dia-
mètre du cercle, celle qui joint son pôle au centre sera un diamètre perpen-
diculaire au premier. Ainsi, en prenant dans la figure primitive l'angle de
ces droites pour angle générateur, la corde qui le sous-tend dans la section
conique proposée pivotera tonstamment autour d'un point fixe, placé évi-
demment sur la droite 'qui, passant par le sommet commun des angles, con-
tient aussi le pôle de la tangente correspondante à ce sommet et à la courbe
proposée, par rapport à la courbe auxiliaire.
Quand la section conique auxiliaire est tracée de façon qu'elle ait préci-
.
sèment pour centre le point pris pour sommet des angles variables, ces angles
deviennent précisément ceux que forment les différents systèmes de dia-
mètres conjugués de cette courbe, et ainsi se trouve démontré, en passant,
le théorème que M. Frégier a donné à la page 322 du tome VI des Annales
de Mathématiques.
Supposons encore que, par le point pris sur la section conique proposée,
on conduise une nouvelle section conique quelconque, puis qu'on lui inscrive
une suite d'angles dont le sommet soit en ce point, et dont les cordes corres-
pondantes passent toutes par un autre point fixe d'ailleurs arbitraire, il
arrivera, de même, qu'en mettant la figure en projection de façon que la
section conique auxiliaire devienne un cercle qui ait ce dernier point pour
centre, tous les angles en question seront droits; donc les cordes qui sous-
tendent les angles de la figure primitive, dans la section conique proposée,
pivoteront encore toutes sur un même point.

Des angles droits dont le sommet s'appuie en un point quelconque du plan d'une
section conique, ou qui sont circonscrits à une telle courbe, etc.

486. Il deviendrait fastidieux de multiplier davantage les exemples rela-


tifs au cas qui précède, lesquels n'offrent, comme on le voit, aucune sorte
de difficultés. Et, puisque d'ailleurs une section conique quelconque peut
toujoursêtre censée (339) l'homologique d'un certain cercle par rapport à un
point arbitraire de son plan, pris pour centre d'homologie (ou point de con-
cours des tangentes communes), on conçoit que toutes les propriétés qui
peuvent appartenir à un système d'angles constants ou variables, ayant leur
sommet en un point quelconque du plan d'un cercle, doivent s'étendre,
d'une manière analogue, au cas où le cercle est remplacé, en général, par
une section conique.
Pour offrir au moins un exemple, nous considérerons les conséquences qui
peuvent résulter du mouvement d'un angle droit AFB (fig. 77) autour d'un
point quelconque F du plan d'un cercle pris pour sommet : à cet effet, pro-
longeons les côtés de cet angle, de part et d'autre du point F, jusqu'à leurs
intersections respectives en A et C, B et D avec le cercle, et formons avec
ces nouveaux points le quadrilatère inscrit ABCD; circonscrivons enfin au
cercle le quadrilatère A/B/C'D'qui a ses points de contact aux sommets du
premier, et qui a par conséquent (186) même point de concours F de diago-
nales; je dis que, quel que soit l'angle droit AFB que l'on considère en par-
ticulier, le quadrilatère A'B'C/D', obtenu en dernier lieu, sera toujours in-
scriptible à un autre cercle, invariable de grandeur et de position en même
temps que le premier.
En effet, les quatre angles formés autour du point F, par les diagonales
AC etBD, étant droits, la demi-somme des arcs opposés AD et BC, qui me-
sure l'un de ces angles, sera égale au quart de la circonférence entière du
cercle ABCD; mais les angles opposés A' et C' du quadrilatère circonscrit,
pris ensemble, ont évidemment pour mesure la somme entière des arcs dont
il s'agit, c'est-à-dire deux angles droits; donc ces angles sont suppléments
l'un de l'autre, et partant le quadrilatère circonscrit A'B'C'D' est en même
temps inscriptible à un autre cercle.
Il est clair qu'on prouverait de même réciproquement que :
Si un quadrilatère est à la fois inscrit à un cercle et circonscrit à un autre,
les droites qui joignent les points de contact des côtés opposés de ce quadrila-
tère se coupent à angles droits.
Enfin, si le quadrilatère était seulement circonscrit à un cercle et d'ail-
leurs quelconque, le raisonnement qui précède servirait encore à établir ce
théorème, qui nous paraît digne de remarque :
Dans tout quadrilatère circonscrit à un cercle, la somme de deux angles op-
posés quelconques est égale à celle des angles, opposés au sommet, formés par
l' intersection mutuelle des deux cordes qui joignent les points de contact des
côtés opposés du quadrilatère ; pourvu toutefois qu'on ne veuille pas parler de
ceux de ces angles qui regardent les angles mêmes du quadrilatère qu 'on leur
compare.

487. Supposons maintenant qu'on prolonge les côtés opposés du quadri-


latère inscrit ABCD jusqu'à leurs intersections respectives en L et M, et ceux
du quadrilatère A'B'C'D' jusqu'à leurs intersections en N et P; les quatre
points ainsi obtenus seront (186) situés sur une même ligne droite, polaire
du point F par rapport à l'un et à l'autre des deux cercles que l'on consi-
dère. En outre, si, par le point F, on mène une parallèle FG et une perpen-
diculaire FK à cette droite, cette dernière se confondra évidemment avec la
ligne des centres des deux cercles, et aura par conséquent pour pôle com-
mun, dans ces cercles, le point situé à l'infini sur la droite LM ou sur sa pa-
rallèle FG; donc (363) les trois droites dont il s'agit sont celles qui ren-
ferment, deux à deux, les trois points de concours des sécantes conjuguées
communes aux deux cercles; c'est-à-dire (80 et 370) que les points K et F,
en particulier, seront les points limites de ces cercles.
Mais il sera démontré, dans le Chapitre 111 de cette Section (566), que,
«
quand un quadrilatère A'B'C'D' se trouve en même temps inscrit à une
»
section conique et circonscrit à une autre, il en existe une infinité de sem-
»
blables qui jouissent tous de cette propriété à l'égard des deux courbes; »
et, d'un autre côté, il résulte de ce qui précède que si, dans le cas actuel de
nos deux cercles, on trace, pour chaque quadrilatère ainsi obtenu, le qua-
drilatère qui a pour sommets les points de contact du premier, le point de
concours unique des diagonales de ces quadrilatères sera encore un point
limite du système des deux cercles; donc il devra se confondre, ainsi que
tous ses semblables, avec le point F qui appartient aux deux premiers qua-
drilatères ABCD et A'B'C'D'.
Mais, d'après le théorème déjà établi ci-dessus (486), chacun des quadri-
latères à la fois inscrits et circonscrits à nos deux cercles est tel, que les
droites AC et BD, qui joignent les points de contact des côtés opposés, se
coupent à angles droits au point F; et, par suite de ce qui précède, il n'y a,
pas de point de l'un ou de l'autre des cercles auquel ne corresponde un
quadrilatère jouissant de cette propriété; donc enfin :
Si, autour d'unpoint pris à volonté dans le plan d'un cercle, on fait mouvoir
un angle droit dont le sommet soit en ce point, et qu'on trace ensuite, pour
chaque position de cet angle, la corde qui le sous-tend dans le cercle, et les
tangentes aux extrémités de cette corde, i0 le point de concours de ces tan-
gentes ou le pôle de la corde mobile ne cessera pas de rester sur une autre cir-
conférence de cercle ; 2° le système des différentes cordes enveloppera (231) une
seule et même conique.
488. Le raisonnement, par lequel nous venons de prouver que tous les
quadrilatères A'B'C'D' sont à la fois inscrits à un même cercle, peut être
employé dans beaucoup d'autres circonstances : supposons, par exemple,
que l'on circonscrive à une section conique quelconque un quadrilatère rec-
tangle, et il en existe évidemment une infinité de pareils autour d'une même
conique, on conclura sur-le-champ, à cause de la symétrie de la courbe
par rapport à son centre, que le rectangle dont il s'agit est inscriptible à un
cercle concentrique à cette courbe ; en sorte que les axes principaux de celle-
ci et la droite à l'infini du plan sont précisément (363) les droites qui ren-
ferment, deux à deux, les trois points de concours des sécantes conjuguées
communes à la section conique et au cercle.
Or, tout quadrilatère qu'on essayerait de circonscrire à celle-là, de façon à
être inscrit en même temps à celui-ci, se fermerait naturellement, selon le
théorème (566) déjà cité, et serait tel, par conséquent, que le point de ren-
contre de ses diagonales aurait (186) la droite de concours des côtés opposés
pour polaire commune dans les deux courbes; donc (363) ce point serait
nécessairement un des trois points de concours des sécantes conjuguées
communes dont il s'agit. Mais il ne saurait évidemment être à l'infini; donc
enfin il se confondrait avec le centre commun des deux courbes, et partant
le quadrilatère auquel il appartient, et tous ses semblables, seraient rec-
tangles comme le premier.
Ainsi nous pouvons conclure ce théorème très-connu et qui appartient.
je crois, à de Lahire (*) :
Tous les angles droits, circonscrits à une même section conique, ont leur som-
met sur une circonférence de cercle concentrique à cette section conique.
Il serait facile de multiplier les exemples; mais retournons à nos premières
considérations.
489. Il existe, entre le point F qui sert de sommet commun à tous les
angles droits de la propriété énoncée ci-dessus (487), et la section conique
qu'enveloppent toutes les cordes AB qui lui correspondent, une relation
extrêmement remarquable, et que nous allons maintenant examiner.
Il est d'abord facile de voir que la droite indéfinie FF', qui joint le point F
et le centre F' du cercle ABCD, divise cette section conique en deux parties
égales et symétriques; en sorte que cette droite est un des axes principaux
qui lui appartiennent.
En second lieu, si l'on considère la position particulière de l'angle droit
AFB (jig. 78) pour laquelle ses côtés sont également inclinés sur la droite
FF', puis qu'on forme, au moyen de cet angle et de son opposé au sommet, le
quadrilatère ABCD circonscrit à la courbe et inscrit au cercle, les côtés AD,
BC de ce quadrilatère, étant perpendiculaires à l'axe FF' de cette courbe,
seront évidemment les tangentes aux extrémités T et T' de cet axe. Mais AB
est une autre tangente quelconque de la courbe, terminée aux points de son
intersection avec les premières; de plus, l'angle AFB est droit par hypo-
thèse; donc(470) lesommet communFdes angles est un desfoyers de la courbe

(*) Traité in-folio des Sections coniques, Prop. XXVI, liv. VIII. Ce théorème a été étendu de-
puis, par Monge, aux surfaces du second ordre : voyez la fin du Traité des surfaces du second
degré, par M. Hachette (1813); il est clair qu'on en pourrait faire autant de la plupart de ceux
qui précèdent et de ceux qui suivent.
que I on considère, et par conséquent la droite de concours LM (jig. 77) est
la polaire focale ou directrice qui lui correspond (487).
Maintenant si, du centre F' (jig. 78) du cercle, on mène des rayons aux
extrémités de la corde AB, l'angle AF'B qu'ils formeront entre eux aura pour
mesure l'arc AB du cercle, qui est évidemment aussi la mesure de l'angle AFB
pour la position actuelle de cet angle; donc l'angle AF'B est droit aussi bien
que l'angle AFB, et par conséquent son sommet F', qui est le centre du cercle
proposé, est Un second foyer de la courbe qu'enveloppent toutes les cordes.
490. On peut déduire de là, et des propriétés qui appartiennent aux
foyers des sections coniques, quelques conséquences remarquables, pour le
cas général de la fig. 77, et qui sont autant de propriétés du cercle.
Par exemple, si, du sommet commun F des angles droits, on abaisse des
perpendiculairessur les différentes cordes AB,BC,..., qui leur correspondent,
ou seulement des obliques qui forment avec elles un même angle quel-
conque, tous leurs pieds seront placés (450) sur une nouvelle circonférence
de cercle dont le centre, dans le premier des deux cas, sera précisément le
point milieu de la distance du point F au centre F' du cercle proposé.
Si ensuite on en fait autant pour ce dernier centre, on obtiendra encore
le même cercle, pourvu que l'angle sous lequel on abaisse les obliques soit
aussi le même de part et d'autre.
Enfin il est visible que, pour le cas où l'on abaisse des perpendiculaires,
les pieds de ces perpendiculaires, relativement au centre F', sont précisé-
ment les milieux des cordes correspondantes; de sorte que ces points mi-
lieux sont tous distribués sur une circonférence unique C).
De tout ceci on déduirait encore un nouveau moyen de démontrer le
théorème de l'article 488 ; mais c'est assez nous arrêter sur ces corollaires
qui ne présentent aucune difficulté.

491. Substituons maintenant une section conique quelconque au cercle


que nous avons considéré dans ce qui précède; on conclura encore (486)
que les cordes qui sous-tendent l'angle droit mobile autour du point fixe
enveloppent une même section conique : or je dis que cette section conique
a également pour foyer le sommet commun des angles dont il s'agit.
En effet, si l'on considère, suivant la remarque de l'article 486, l'un des
cercles qui ont, avec la section conique proposée, le point dont il s'agit pour

(*) Voyez, pour les autres propriétés des cordes orthogonales du cercle, la Géométrie de posi-
v
tion, art. 132 et sui 1
centre d'homologie, et qu'on trace, dans ce cercle, les cordes qui corres-
pondent aux diverses positions de l'angle droit, elles envelopperont, d'après
ce qui précède, une section conique qui sera l'homologique de celle qui
appartient aux cordes correspondantesde la proposée, et aura le centre d'ho-
mologie pour un de ses foyers; donc (456) ce centre d'homologie sera aussi
le foyer de la section conique enveloppe des cordes de la proposée, et par
conséquent nous pourrons énoncer ce théorème général :
Si, autour d'un point pris à volonté sur le plan d'une section conique, on
fait mouvoir un angle droit dont le sommet soit en ce point, et qu'on trace
ensuite successivement toutes les cordes qui sous-tendent cet angle dans la sec-
tion conique, le système de ces cordes enveloppera une autre section conique,
ayant pour un de ses foyers le sommet commun des angles dont il s'agit (*').
492. Je terminerai ce Chapitre, qu'on pourra peut-être me reprocher
d'avoir trop étendu eu égard à l'objet de l'ouvrage, en montrant, par un
dernier exemple, comment on peut rattacher directement à nos principes
certaines questions d'angles qui leur paraissent tout à fait étrangères au
premier aperçu.
Supposons qu'il s'agisse de résoudre ce problème :
Déterminer les pieds des normales abaissées d'un point quelconque P {fig- 79)
sur le contour d'une section conique donnée (0), ou, en d'autres termes, déter-
miner les points de la courbe qui sont les plus ou les moins éloignés de P.
Ayant mené, à volonté, une tangente TM en un point quelconque T de
la courbe, puis le diamètre indéfini OT qui passe par le point de contact ;
ayant de plus abaissé, du point donné P, une perpendiculaire indéfinie PK
sur cette tangente, elle rencontrera le diamètre OT en un point X, qui va-
riera avec la position de la tangente TM, en parcourant une certaine courbe
dont les points d'intersection avec la proposée seront évidemment les points
demandés; car, pour ces points, le pied K de la perpendiculaire sera con-
fondu avec le point de contact T. Tout consiste donc à rechercher quelle est
la nature de la courbe parcourue par le point X.
Pour cela, supposons qu'on décrive une circonférence de cercle, d'un
rayon quelconque, autour du point P comme centre; elle rencontrera chaque
perpendiculaire PK en un point T', pour lequel la tangente correspon-
dante T'M sera parallèle à celle TM de la section conique; or, il résulte de là
que la courbe des points X n'est autre chose (370) que le lieu des réci-

(* ) Nous avons énoncé, sans démonstration, ce théorème et quelques-uns de ceux qui précèdent
à la page 70 du tome VIII des Annales de Mathématiques.
proques des points M de la droite à l'infini du plan, par rapport au cercle
et à la section conique proposée; donc cette courbe est elle-même une sec-
tion conique passant par les centres 0 et P des deux premières.
La section conique des points X est évidemment une hyperbole équilatère
dont les asymptotes sont parallèles aux axes principaux de la proposée ; car,
pour les tangentes aux extrémités de l'un de ces axes, le point générateur X
passe à l'infini sur cet axe. Ainsi le problème proposé est susceptible, en
général, de quatre solutions distinctes, qu'on obtiendra en recherchant les
intersections de lajcourbe proposée et de l'hyperbole dont il s'agit (*).
Il est évident encore qu'à l'hyperbole équilatère on pourrait substituer
également la courbe que décrit le pied K des perpendiculaires abaissées du
point P sur chaque tangente de la proposée; mais cette courbe, au lieu
d'être une section conique, serait du quatrième degré, ce qui montre com-
ment le choix des auxiliaires qu'on emploie pour arriver à la solution d'un
problème géométrique peut influer sur la simplicité des constructions aux-
quelles on doit parvenir.
On trouvera, au surplus, dans la Géométrie organique de Mac-Laurin, déjà
plusieurs fois citée dans le cours de ce Chapitre, des recherches très-curieuses
sur cette courbe, et en général sur celles décrites par les pieds des perpendi-
culaires abaissées, d'un point donné, sur les diverses tangentes d'une courbe
géométrique quelconque.

CHAPITRE II.
DES POLYGONES INSCRITS ET CIRCONSCRITS A D'AUTRES POLYGONES
OU A DES SECTIONS CONIQUES.

493. Au moyen des principes posés dans le Ille Chapitre de la Ire Section,
on obtient sur-le-champ, comme on en a vu nombre d'exemples dans les

(* ) Dans le cas particulier où le point donné P se trouve sur l'un des axes principaux de la
courbe proposée, l'une des branches de l'hyperbole équilatère se confondra évidemment tout en-
tière avec cet axe; donc l'autre branche se réduira à une simple ligne droite perpendiculaire à ce
même axe, et le problème sera par conséquent du second degré seulement.
Au sujet de ces constructions, nous ferons observer que la fig. 74 indique, d'après la remarque
faite à la fin de l'article 449, un moyen simple de trouver la normale au moyen de la tangente et
des deux foyers.
sections suivantes, tout ce qui concerne les propriétés des angles et des
triangles assujettis à se mouvoir suivant certaines lois; il nous reste main-
tenant à montrer comment on peut aisément étendre ces diverses proposi-
tions, qui sont en quelque sorte élémentaires, à des polygones d'un nombre
quelconque de côtés, assujettis à des conditions analogues : or c'est à cet
objet que nous voulons consacrer ce Chapitre, en ne nous arrètant, toute-
fois, qu'aux théorèmes qui peuvent paraître les plus dignes d'intérêt.

Du lieu du sommet libre et des points de rencontre des côtés d'un polygone
variable, dont les autres sommets parcourent des droites données, tandis que
ses côtés pivotent sur des points fixes.

Considérons, en premier lieu, un quadrilatère quelconque abcd ffig. 80),


et supposons que ses différents côtés da, ab, bc, cd soient assujettis à pivoter
respectivement autour des points fixes p,p', pl!,pl/! de son plan, pris pour
pôles (196, note), tandis que tous ses sommets, le dernier d excepté, soient
astreints à glisser sur les trois droites fixes AB, BC, CD dont les directions
leur appartiennent respectivement; je dis que le sommet libre d parcourra,
dans toutes ses positions, une seule et même section conique, comme cela
a lieu (204) pour le cas particulier du simple triangle.
Traçons, en effet, les droitespp', p"p"' qui renferment les deux premiers
et les deux derniers points fixes du quadrilatère abcd; joignons, par une
nouvelle droite, le point P de leur intersection mutuelle avec le sommet b
opposé au sommet libre du quadrilatère; elle ira déterminer, sur les
côtés ad, cd adjacents à ce dernier sommet, deux points x et y, variables de
position en même temps que le point d. Or le sommet x du triangle abx
décrira évidemment (205), dans le mouvement général du quadrilatère,
une ligne droite Bx dirigée vers le sommet B de l'angle des deux direc-
trices AB et BC; car les deux autres sommets a, b de ce triangle s'appuient
constamment sur les directrices dont il s'agit, tandis que ses côtés pivotent
sur les trois points fixes p, p', P situés en ligne droite.
Par la même raison, le sommet y du triangle variable bcy, qui se trouve
dans le même cas que le premier relativement aux directrices BC, CD et aux
points fixes P,pl!,pif(, décrira aussi une ligne droite Cy, passant parle sommetC
de l'angle formé par ces directrices. Donc le point mobile d peut être con-
sidéré comme le troisième sommet d'un triangle dxy, dont les deux premiers
x et y glisseraient respectivement sur les droites connues Bx et Cy, tandis
que ses trois côtés pivoteraient sur les points fixes p,pff/, P; donc enfin (204)
le dernier sommet d du quadrilatère décrit une section conique, comme il
s'agissait de le démontrer.

494. Cette marche de raisonnement, que nous avons empruntée à M. Brian-


chon (Correspondance Polytechnique, t. 1, p. 309), sert aussi à prouver que,
dans un quadrilatère variable abcd soumis aux conditions ci-dessus, le
mouvement des côtés de l'angle adc, qui répond au sommet libre d, peut être
remplacé par celui des côtés dx, dy du triangle dxyt, qui pivotent sur les
mêmes points nxes/?, pl/l; c'est-à-dire que ce mouvement peut s'effectuer,
au moyen des trois pôles p, p"', P et des deux directrices Bx et Cy, absolu-
ment de la même manière que si l'on employait les quatre pôles et les trois
directrices qui répondent au quadrilatère abcd.
Supposons donc qu'au lieu d'un quadrilatère on considère un polygone
quelconque, dont les côtés soient encore assujettis à pivoter respectivement
sur des points fixes, tandis que tous ses sommets, un seul excepté, décrivent,
chacun en particulier, des lignes droites données prises pour directrices; en
appliquant à quatre côtés consécutifs de ce polygone, non adjacents au som-
met libre, les constructions qui viennent d'être indiquées pour le cas parti-
culier du quadrilatère, on aura remplacé le mouvement des côtés extrêmes par
celui de deux côtés pareils, faisant partie d'un triangle qui exige un pôle et
une directrice de moins que les quatre côtés correspondants du polygone ;
donc, en remplaçant ces quatre côtés par les trois côtés du triangle, on aura
diminué d'une unité le nombre des côtés et, par suite, celui des points fixes
et des directrices du polygone proposé.
D'ailleurs, dans le nouveau polygone ainsi obtenu, le mouvement du som-
met libre étant le même que dans le polygone qu'il remplace, tout ce que
l'on pourra démontrer sur l'un de ces polygones, relativement à la courbe
décrite par ce sommet, sera immédiatement applicable à l'autre. Traitant
donc, à son tour, le nouveau polygone comme le premier, et ainsi de suite,
on voit que, par des constructions purement linéaires, on parviendra à assi-
gner les trois pôles d'un dernier triangle, dont l'angle libre sera encore le
même et pivotera, par ses deux côtés, sur les mêmes points fixes que dans
le polygone primitif ; d'où résulte ce théorème très-beau et très-général,
dont Braikenridge et Mac-Laurin se sont disputé l'invention dans les Trans-
actions philosophiques de la Société Royale de Londres pour l'année 1735 :
Si tous les côtés d'un polygone quelconque, tracé dans un plan, sont assu-
jettis à pivoter sur autant de pointsfixes, pris pour pôles, tandis que ses divers
sommets, un seul excepté, parcourent respectivement des droites données, prises
\
pour directrices, le sommet libre décrira, en vertu du même mouvement, une
section conique passant par les deux points fixes ou pôles qui appartiennent à
ses côtés.
495. En joignant, deux à deux, consécutivement les pôles ou points fixes
p,p',p",... (fig. 80), il est clair qu'on formera un nouveau polygonePP]/'p"'... •,
auquel sera constamment circonscrit le polygone variable abed Pareille-
ment les directrices AB, BC, CD,..., forment, par leurs intersections consé-
cutives, une portion de polygone ABCD.... à laquelle est inscrite la portion
correspondante du polygone variable abcd...; donc on peut encore énoncer
ainsi, d'une manière abrégée, le théorème qui précède :
Si un polygone plan quelconque se meut de façon qu'il demeure perpétuelle-
ment circonscrit à un autre polygone donné, de même espèce, et qu'il ait tous
ses sommets, un seul excepté, sur les différents côtés d'un autre polygone de cette
espèce, le sommet libre décrira dans son mouvement une ligne unique qui sera
du second ordre seulement.
Supposons qu'on prolonge, jusqu'à leur intersection respective, deux côtés
quelconques du polygone variable dont il s'agit; en faisant abstraction de
tous les autres côtés compris entre ceux-là et ceux qui sont adjacents au
sommet libre, on aura formé évidemment un nouveau polygone assujetti, en
tout, aux mêmes conditions que le premier, et dont le sommet libre sera pré-
cisément le point d'intersection des deux côtés que l'on a prolongés en par-
ticulier ; donc, d'après ce qui précède, ce point d'intersection parcourra
encore une section conique, et il en sera de même par conséquent de tous les
autres points d'intersection appartenant aux différents côtés du polygone pro-
posé ; ce qui permet d'énoncer ainsi, d'une manière beaucoup plus générale,
le théorème qui précède :
Si m lignes droites, situées arbitrairement sur un plan, sont assujetties à pi-
voter sur autant de pointsfixes, pris pour pôles, tandis que m — i points d'in-
tersection de ces droites, qui n'appartiennent, en tout ou en partie, ni aux trois
sommets d'un même triangle, ni aux quatre sommets d'un même quadrila-
tère, etc., sont astreints à demeurer sur un égal nombre de droites fixes, prises

pour directrices, tous les autres points d'intersection, au nombre de ——y™——,


décriront séparément des sections coniques, passant par les deux points fixes
sur lesquels pivotent les deux droites qui appartiennent respectivement à ces
différents points.

496. Selon la remarque de Braikenridge, à qui l'on doit cet énoncé gé-
néral (*), énoncé qui lui aura sans doute été suggéré par celui d'une proposi-
tion analogue due à Pappus, et dont il sera fait mentionunpeu plus loin (498),
le théorème subsiste, même quand les m
— i
points d'intersection dont il
s'agit sont choisis sur l'une des m lignes droites mobiles : or c'est ce qui est
évident à priori, d'après le cas particulier (204) où l'on ne considère que
trois lignes droites ou un triangle mobile. On voit d'ailleurs pourquoi nous
exigeons, de plus que Braikenridge, et conformément à l'énoncé de Pappus,
que les m — i points qui doivent s'appuyer sur les directrices n'appartien-
nent ni aux sommets d'un même triangle, ni à ceux d'un même quadrila-
tère, etc.; car alors ils ne pourraient plus être censés appartenir (494) à un
polygone variable de m côtés dont le dernier sommet serait libre.
Au surplus, rien n'est plus facile que de déterminer la tangente en un
point quelconque de la section conique que décrit le sommet libre du poly-
gone variable dont il s'agit; car, en recherchant deux autres points quelcon-
ques de la courbe, outre celui qui est donné, et les deux pôles par lesquels
elle passe (49/,.), la question se trouvera ramenée de suite, et par des con-
structions purement linéaires, à une autre que l'on sait déjà résoudre (206),
en n'employant également que de simples intersections de lignes droites.

Cas pour lesquels le lieu des sommets libres et des points de rencontre des côtés
s'abaisse au premier degré.

497. La courbe que parcourt le sommet libre du polygone se réduira évi-


demment à une simple ligne droite, toutes les fois que les deux conditions de
l'article 205 se trouveront remplies par les pôles et les directrices du dernier
triangle ; or c'est ce qui aura lieu nécessairement quand, pour une certaine
position de ce triangle ou du polygone variable qu'il remplace, les deux côtés
de l'angle libre se confondront à la fois avec la droite qui renferme les pôles
correspondants à ces côtés.
D'après cela et quel que soit le polygone que l'on considère, on pourra
toujours s'assurer à priori, d'une manière très-facile, si la courbe que par-
court son sommet libre se réduit en effet àune simple ligne droite : tout
consistera à construire un polygone dont l'un des côtés, adjacents à ce som-
met, passe par le pôle qui appartient à l'autre ; car il devra arriver récipro-
quement que cet autre côté, obtenu au moyen du premier, se confonde éga-
lement avec la droite qui renferme le premier et le dernier pôle.

(*) Exercitatio geometrica de descriptionelinearum curvarum, p. 68.


Cette remarque, qui n'a point échappé à Mac-Laurin (*), résulte d'ailleurs
directement de la loi de continuité et de l'observation de ce qui se passe alors
dans la section conique que décrit en général le sommet libre ; car les deux
côtés adjacents à ce sommet venant à se confondre, quant à la direction, en
une seule et même droite avec celle qui renferme les deux pôles correspon-
dants, ne donnent plus aucun point d'intersection distinct, ou plutôt ces côtés
donnent à la fois tous les points qui appartiennent à la droite des pôles dont
il s'agit; en sorte que l'une des branches de la section conique, parcourue
en général par le sommet libre du polygone, dégénère nécessairement en
cette même droite : or il suit de là évidemment que l'autre branche de la
courbe doit aussi se réduire à une ligne droite essentiellement distincte de
la première.
Cette circonstance aura lieu, en particulier, quand les directrices concour-
ront en un point unique de la droite qui renferme les pôles des côtés adja-
cents au sommet libre du polygone.
498. Supposons encore que tous les pôles ou points fixes des côtés du po-
lygone soient situés sur une même ligne droite ; il est clair que la circon-
stance qui précède aura lieu, non-seulement pour ce polygone en particulier,
mais encore pour tous ceux qu'on pourrait former par le prolongement de
deux quelconques de ses côtés. Donc tous les sommets et tous les points d'in-
tersection des côtés de ce polygone parcourront à la fois des lignes droites
dans le mouvement général du système, en sorte qu'on aura ce beau théo-
rème dû aux anciens :
Si m + i lignes droites, tracées arbitrairement sur un plan, s'entrecoupent
d'une manière quelconque, et qu'ayant rendu fixes les m points d'intersection
qui appartiennent à l'une d'elles, choisie à volonté, on fasse mouvoir toutes
les autres autour de ces points respectifs pris pour pôles, tandis que m
— i
points de leurs intersections mutuelles, qui n'appartiennent, en tout ou en partie.
ni aux trois sommets d'un même triangle, ni aux quatre sommets d'un même
quadrilatère, etc., sont astreints à demeurer sur un égal nombre de droites
données, prises pour directrices, toutes les intersections restantes des droites
mobiles, en nombre triangulaire, décriront séparément d'autres lignes droites.
qui seront ainsi données de position en même temps que les directrices.
499. Ce théorème général, dont l'énoncé se trouve rapporté, pour ainsi
dire textuellement, dans la Préface du VIle Livre des Collections mathéma-

(* ) r
Voyez l'endroit déjà cité (494 des Transactions philosophiques.
tiques de Pappus, au sujet du Traité d'Euclide sur les Porismes, paraît être
une extension de diverses propositions contenues dans ce Traité. Cependant
Pappus ajoute : « Il n'est pas vraisemblable qu'Euclide ait ignoré cette
»
extension, mais il n'aura voulu qu'en poser le principe; et, en effet, dans
» tous
les porismes, on n'aperçoit que les principes et les germes de la
»
multitude de propositions qu'il a découvertes; en sorte qu'il ne faut pas
»
considérer chacun de ces porismes sous le rapport de la différence de
J)
position de lignes, mais bien sous celui de la différence qui peut exister
JI
dans les conditions et dans les inconnues. »
Robert Simson, dans les Transactions philosophiques (année 1723), donna
le premier, pour le cas du triangle et du quadrilatère, une démonstra-
tion du théorème de Pappus, qui fut ensuite reproduite, pour le cas général
d'un polygone quelconque, dans ses œuvres posthumes (Opera quædam
reliqua), et fait partie de son Traité sur les Porismes. Simon L'huilier repro-
cha depuis à Simson, dans ses Éléments d'Analyse géométrique et d'Analyse
algébrique, de n'avoir pas fait mention du lieu des points de rencontre des
diagonales du polygone, qu'il prétend également décrire des lignes droites
aussi bien que les points d'intersection des côtés; mais, outre que l'esti-
mable géomètre de Genève paraît ne pas avoir bien saisi le sens de l'énoncé
de Pappus, les démonstrations qu'il prétend établir manquent encore de
justesse et ne peuvent s'appliquer en toute rigueur qu'au cas particulier
où toutes les directrices concourent en un même point, ainsi que nous le
ferons voir tout à l'heure (509), au sujet d'une proposition analogue à celle
qui vient de nous occuper.
Je pense, du reste, que cette digression ne pourra que faire plaisir au
lecteur, attendu le haut degré d'intérêt qui s'attache à tout ce qui nous
vient des anciens, et qu'il n'est pas inutile, pour les progrès même de la
Géométrie pure, de faire connaître le point où ils étaient parvenus et celui
où ils en sont restés.

500. Nous venons de déduire le théorème de Pappus du cas général où


les points fixes ou pôles des côtés du polygone sont quelconques; mais on
peut aussi le démontrer directement d'une manière très-simple, et qui va
nous conduire à de nouvelles conséquences.
Prenons pour exemple le cas particulier d'un quadrilatère abcd (jig. 81),
dont les trois premiers sommets a, b, c soient astreints à parcourir les droites
ou directrices ÂB, BC, CD, tandis que ses quatre côtés pivotent respective-
ment sur les points fixes p,p',p",p"' placés sur une même droite; la dé-
monstration s'étendra facilement à un polygone plan, d'un nombre de
côtés quelconque, assujetti aux mêmes conditions.
Cela posé, prolongeons le premier côté ad de ce quadrilatère jusqu'à sa
rencontre en m avec le troisième côté bc; les trois points fixes p>p',p'' étant
en ligne droite, le sommet m du triangle mab s'appuiera constamment, dans
le mouvement du quadrilatère, sur la droite fixe mB (205) passant par le
sommet de l'angle ABC des directrices que parcourent les deux autres som-
mets a et b du triangle. Ainsi le quadrilatère mobile abcd se trouve déjà
remplacé par le triangle mcd, dont les côtés pivotent respectivement sur les
trois points fixes p,pfl,p'U, et dont les sommets m et c s'appuient constam-
ment sur les directrices données mB et CD; donc le troisième sommet d de
ce triangle, ou le sommet libre du quadrilatère, parcourt lui-même une ligne
droite AD donnée de position, et qui passe évidemment par le sommet D de
l'angle des deux premières mB et CD.
Ce raisonnement s'étendrait aisément à un polygone d'un nombre de som-
mets quelconque, en répétant convenablement (494) les opérations sur ses
côtés; donc le sommet libre de ce polygone, et, par suite (495), les divers
points d'intersection des côtés décrivent tous des lignes droites, comme il
s'agissait de le démontrer.
501. Puisque, d'après ce qui précède, les divers sommets du poly-
gone abcd décrivent à la fois des lignes droites, et que, d'un autre côté, les
points fixes ou pôles p, p', p'l, pl/l sont eux-mêmes sur une ligne droite, il
existera une certaine position de ce polygone pour laquelle les sommets se
seront à la fois confondus avec les différents points a', b', c', d', où les direc-
trices qui leur appartiennent respectivement rencontrent la droite ppl/l des
points fixes. Mais on a en général (145), quelle que soit la position du po-
lygone par rapport à la transversale ppl/l,pa.ib.pl'c.pl/ld = pd.p'a.p' b .p"'c;
donc on a aussi, d'après la loi de continuité,
Pa1. p'b'. .
plIc' pl/l ,
d' — pdl. pa'. plIb' pli, c',

relation au moyen de laquelle on pourra déterminer directement, par le


calcul, l'un quelconque des points qu'on vient de considérer sur la droite pp''',
quand tous les autres seront connus.
Supposons qu'un polygone quelconque ait ses divers sommets appuyés
sur autant de droites données dans son plan, ou, ce qui revient au même (495),
supposons qu'il soit inscrit à un autre polygone d'un même nombre de côtés;
supposons, de plus, qu'il existe sur le plan de ce polygone une droite qui
rencontre ses côtés et ceux du polygone circonscrit en des points tels, que
la relation ci-dessus ait lieu ; il résultera de ce qui précède qu'on pourra
former une infinité de polygones inscrits analogues au premier, et dont les
côtés passeront respectivement par les mêmes points de la transversale.
En supposant d'ailleurs que cette transversale passe à l'infini, il sera aisé
de reconnaître ce que deviennent ces diverses propriétés, et on pourra même
partir de là (105) pour arriver à la démonstration du cas général.

Des courbes enveloppes des côtés libres et des diverses diagonales du polygone.

502. Il serait facile de démontrer que les diverses diagonales du poly-


gone abcd, qu'on vient de considérer dans le précédent article, roulent
toutes sur des sections coniques, dans le mouvement commun du système;
mais, pour plus de généralité, nous considérerons un polygone plan quel-
conque, dont tous les sommets soient astreints à parcourir autant de droites
données comme directrices, tandis que tous ses côtés, à l'exception d'un
seul, pivotent sur des points fixes entièrement arbitraires. Il est clair que
le théorème en question revient à prouver que le côté libre de ce dernier
polygone enveloppera, dans ses diverses positions, une seule et même sec-
tion conique : or c'est ce qui résulte immédiatement du principe de l'ar-
ticle 494, combiné avec la théorie des pôles et polaires réciproques des sections
coniques (229 et suivants).
Supposons, en effet, qu'ayant tracé à volonté un cercle ou une section
conique sur le plan de la figure, on détermine le polygone qui est le réci-
proque polaire du proposé, ses différents côtés auront pour pôles (*) les
sommets de ce dernier, et vice versâ; mais, par hypothèse, ces sommets
demeurent sur des droites données de position; donc (195) les différents côtés
du polygone réciproquepivoteront sur des points fixes, pôles de ces droites.
D'une autre part, tous les côtés du polygone proposé, un seul excepté,
pivotent sur des points fixes; donc les sommets du polygone réciproque,
dont ils sont les polaires, parcourront, un seul excepté, autant de droites
fixes, polaires des points fixes du premier polygone : c'est-à-dire que le po-
lygone réciproque sera tout à fait dans les circonstances de celui de l'ar-
ticle 494, en sorte que le sommet libre de ce polygone et les divers points
d'intersection des côtés décriront séparément autant de sections coniques,
passant par les points fixes qui servent de pivots aux côtés correspondants.
Mais le sommet libre dont il s'agit est le pôle du côté libre du polygone
proposé, et les points de rencontre des différents côtés du polygone réci-

(*) Voyez la note de l'article 196.


proque sont (229) les pôles des diagonales de ce même polygone; donc ce
côté et ces diagonales roulent, dans les positions qu'elles peuvent prendre,
sur autant de sections coniques tangentes aux directrices respectives qui
appartiennent aux extrémités de ce côté et de ces diagonales, c'est-à-dire
qu'on a ce nouveau théorème :
Si tous les sommets d'un polygone plan quelconque sont astreints à se mou-
voir sur autant de droites fixes, données dans ce plan, tandis que tous ses côtés,
un seul excepté, pivotent respectivement sur des points fixes, le côté libre et les
diverses diagonales de ce polygone rouleront, par suite du mouvement général
de la figure, sur des sections coniques distinctes, tangentes aux deux droites
fixes qui dirigent le mouvement de ce côté ou de ces diagonales respectives.

503. Ce théorème, que nous aurions pu énoncer d'une manière plus gé-
nérale comme celui de l'article 495, est visiblement une extension de la
propriété (210) due à M. Brianchon, et peut s'en déduire directement au
moyen du raisonnement qui suit.
Considérons d'abord, comme ci-dessus (493), le cas particulier d'un qua-
drilatère abcd (fig. 8a), dont les côtés ab, bc, cd pivotent autour des points
fixes p, p', p" respectivement, tandis que ses quatre sommets a, b, c, d sont
astreints à parcourir les droites AD, AB, BC, CD données comme directrices;
ce quadrilatère sera ainsi inscrit au quadrilatère simple ABCD formé par la
rencontre mutuelle des quatre directrices. Or, il est d'abord évident que les
deux diagonales ac et bd roulent sur des sections coniques (210), car elles
sont les troisièmes côtés de deux triangles abc, bcd dont les deux autres côtés
pivotent sur des points fixes, tandis que les sommets parcourent des droites
données : reste donc à examiner la nature de la courbe qu'enveloppe, dans
son mouvement, le côté libre ad du quadrilatère.
Soient tracées les droites indéfinies pp', p'p" qui renferment les points
p
fixes et p', p' et p";par le point x, où le côté bc, opposé à ad et passant
par p', rencontre la diagonale AC du quadrilatère ABCD des directrices, et
par chacune des extrémités a et d du côté libre ad, menons les droites indé-
finies ax, dx; leurs directions iront rencontrer celles des droitespp',p'pli
aux points respectifs P et P', qui resteront invariables dans le mouvement du
quadrilatère abcd.
En effet, le triangle abx étant assujetti à avoir ses sommets sur les droites
respectives AB, AC, AD qui sont fixes et partent du même point A, tandis
que ses deux côtés ab et bx pivotent sur les points fixes p, p', le troisième
côté ax de ce triangle devra (211) pivoter également sur un point fixe P
placé sur la droite pp' qui renferme les deux autres. En considérant le
triangle mobile cdx, on prouverait de même que le côté dx passe constam-
ment par un point fixe P' placé sur la droite p'p". Donc le côté libre ad du
quadrilatère abcd peut être considéré, dans toutes ses positions, comme le
troisième côté d'un triangle adx, dont les deux autres passent constamment
par les points fixes P, P', tandis que ses sommets s'appuient constamment
sur les directions des côtés du triangle invariable ACD; donc enfin (210) ce
troisième côté enveloppe, dans son mouvement, une section conique tan-
gente aux directrices AD etDC qui en dirigent les extrémités.
Nous venons de remplacer le mouvement du quadrilatère par celui d'un
triangle, avec deux points fixes; la même construction, appliquée à trois
côtés consécutifs quelconques d'un polygone de n côtés, et à la diagonale
qui en joint les sommets extrêmes, servira évidemment à remplacer ce poly-
gone par un autre de n — i sommets, avec un point fixe et une directrice
de moins; celui-ci pourra, à son tour, être remplacé par un polygone
de n 2 côtés avec deux directrices et deux points fixes de moins, et ainsi

-de suite; donc, par des constructions successives, on parviendra à assigner
les deux points fixes d'un dernier triangle, dont le côté libre sera le même,
pour toutes les positions du système, que celui du polygone proposé, et dont
les trois sommets s'appuieront sur trois droites fixes, du nombre desquelles
se trouveront les deux directrices qui appartiennent au côté libre du poly-
gone. Or de là résulte toute la proposition qu'il s'agissait de démontrer, et, de
plus, un moyen pour déterminer linéairement (213) le point de contact du
côté libre avec la section conique qu'il enveloppe dans ses diverses positions.
On voit aussi que, dans le théorème de l'article 494, toutes les diagonales
du polygone enveloppent également des sections coniques dans le mouve-
ment du système, excepté pourtant celles du sommet libre, qui décrivent,
en général, des lignes du troisième ordre, comme il serait aisé de l'établir
d'une manière directe. Des remarques analogues sont d'ailleurs applicables
au théorème de l'article 502, relativement aux lieux des points de rencontre
des côtés en généra), et de ceux qui appartiennent au côté libre en parti-
culier.

Cas où les courbes, enveloppes des côtés libres et des diagonales, se réduisent à
des points ; du lieu des points de rencontre des diagonales.

504. En partant de ce qui précède, on démontre sans peine, par les con-
sidérations déjà mises en usage ci-dessus (497), que la section conique
qu'enveloppe dans son mouvement le côté libre du polygone, se réduira à
un point et ne pourra se réduire à un point que quand (211), dans une cer-
taine position du polygone, ce côté libre deviendra nul, ou que sa direction
indéfinie, d'ailleurs indéterminée, passera par le sommet de l'angle des di-
rectrices qui comprennent ses extrémités : or cette circonstance aura lieu,
en particulier, lorsque, tous les points fixes étant situés sur une même
droite, cette droite viendra à passer elle-même par le sommet de l'angle des
directrices.
Cette circonstance ayant encore lieu évidemment lorsque les directrices
des sommets du polygone vont toutes concourir en un même point, on en
déduit ce nouveau théorème, non moins digne de remarque que celui de
Pappus (498), dont il peut d'ailleurs être regardé comme une conséquence
très-simple (502), au moyen de la théorie des polaires réciproques des sec-
tions coniques :
Si tous les sommets d'un polygone, mobile sur un plan, sont assujettis à par-
courir autant de droites fixes concourant en un seul et même point; que, de
plus, tous ses côtés, à l'exception d'un seul, se meuvent constamment autour
de points fixes, le côté libre et les diverses diagonales du polygone pivoteront
également sur d'autres points fixes.

505. Mais on peut aussi démontrer ce théorème directement par une


marche déjà souvent employée dans ce qui précède, et qui offre sur la pre-
mière l'avantage de faire connaître l'espèce de dépendance qui lie le point
fixe du côté libre, ou de chaque diagonale, à ceux qui appartiennent aux
divers autres côtés.
Considérons, en premier lieu, le quadrilatère abcd (fig. 83), dont les som-
mets s'appuient respectivement sur les droites fixes SA, SB, SC, SD partant
du même point S, et soientp,p', p" les points donnés autour desquels doivent
tourner les trois premiers côtés ab, bc, cd de ce quadrilatère; tirons la dia-
gonale ac, son prolongement ira rencontrer, quelque part en un point P, la
droite qui renferme les deux pôles p, p' appartenant aux côtés adjacents à
cette diagonale. Or il est visible que le point P demeurera constamment le
même pour les diverses positions du quadrilatère, car le triangle abc a ses
S
sommets appuyés sur trois droites dirigées vers un même point (211) ; donc
aussi le côté ad du triangle adc, dont les sommets s'appuient sur trois droites
dirigées vers S, pivote constamment sur un point fixe p"', placé sur la droite
qui renferme P et p".
D'ailleurs on démontrerait, de la même manière, que la seconde diagonale
bd du quadrilatère pivote sur un point fixe P' placé sur la droitep'p"\ donc
enfin le côté libre ad et les diagonales de ce quadrilatère pivotent sur des
points fixes, comme il s'agissait de le démontrer.
Supposons maintenant que les trois premiers côtés ab, bc, cd du quadrila-
tère abcd fassent partie de ceux d'un polygone quelconque assujetti aux
mêmes conditions, il résultera de ce qui précède qu'on pourra d'abord rem-
placer le mouvement des deux côtés ab, bc par celui de la diagonale ac pi-
votant sur le point P, puis remplacer le mouvement des trois côtés ab, bc, cd
par celui de la seconde diagonale ad pivotant sur le point fixe p"', et ainsi
de suite; on arrivera donc à un dernier triangle renfermant le côté libre du
polygone, lequel pivotera encore sur un point fixe.
Ainsi toutes les diagonales et le côté libre du polygone pivoteront sur des
points fixes : or il existe entre ces points fixes une relation fort simple, et
qu'il ne sera pas inutile d'examiner.
506. Considérons en effet le premier triangle abc; à cause de la transver-
sale fixe/?//P, on aura (145), pour toutes les positions de ce triangle,
-
pti. p'b Pc = pb .p'c. Va ;
le triangle suivant acd donnerait de même
p'lfd.pflc.Pa = plfla.plid, Pc,
et ainsi de suite, pour les autres triangles formés par les diverses diagonales
partant du même sommet a du polygone.
Multipliant donc entre elles toutes ces relations, après les avoir disposées
d'une manière convenable, telles que celles qui précèdent, tous les segments
appartenant aux diverses diagonales disparaîtront du résultat, et il ne restera
plus qu'une relation entre les segments relatifs aux côtés du polygone et
aux points fixes situés sur ces côtés, laquelle exprimera évidemment que le
produit de tous ceux de ces segments qui n ont point d'extrémités communes
est égal au produit de tous les autres, pour les diverses positions du polygone.
Il est clair que la même relation devra avoir lieu entre les segments rela-
tifs aux points fixes ou pôles des différents côtés d'un polygone partiel quel-
conque formé, dans le proposé, par'une ou plusieurs diagonales.
Enfin la relation analogue a lieu évidemment (17) entre les sinus des
angles projetants formés, autour du point S, et par les directrices, et par les
droites S/?, Sp',..., qui appartiennent aux divers points fixes; ce qui fait voir
que quand toutes ces droites sont données, à l'exception d'une seule, la re-
lation dont il s'agit suffira pour déterminer la grandeur des angles que celle-
ci fait avec chacune de celles SA, SB,..., qui lui sont adjacentes, d'après
l'ordre de succession des côtés du polygone.
507. Réciproquement, si l'on prend sur les différents côtés d'un polygone
plan quelconque des points fixes tels, que la relation ci-dessus ait lieu entre
les segments correspondants formés sur ces côtés, il pourra arriver qu'en
faisant mouvoir ce polygone de façon que tous ses sommets, un seul excepté,
parcourent des droites données dirigées vers un même point du plan, le som-
met qui reste libre décrive, dans le mouvement général du système, une
dernière ligne droite passant également par le point dont il s'agit. Tout dé-
pendra de la situation respective des points fixes à l'égard des directrices.
En effet, il est facile de prouver, d'après ce qui précède, que cela aura
.
lieu nécessairement : 10 toutes les fois que, le nombre des côtés du polygone
étant pair, il y aura un nombre pair de points fixes placés sur le prolonge-
ment des côtés, ou qu'il n'y en aura aucun ; 2° toutes les fois que, le nombre
de ces côtés étant impair, il y aura aussi un nombre impair de points placés
sur les prolongements de ces côtés, c'est-à-dire au moins un.
Dans tout autre cas, le sommet libre parcourra nécessairementune section
conique en général, et non plus une simple ligne droite ; car alors, en opé-
rant comme ci-dessus ( 505 et 506 ), on trouvera un dernier triangle acd dont
les pôles P, plI,plll satisferont bien à la relation proposée, mais ne seront pas,
pour cela, sur une même droite (160). Quant aux autres points de rencontre
des côtés du polygone, ils décriront toujours des sections coniques, et il en
sera de même des points de concours des diagonales.
Par exemple, dans le quadrilatère abcd (fig. 83), le point x de rencontre
des deux côtés ab et cd décrira une section conique ; car le triangle mobile
bcx a deux de ses sommets appuyés sur les directrices SB, SC, tandis que ses
côtés pivotent sur des points fixes quelconques p,p',p" (204).
Pareillement, le point d'intersection y des diagonales ac, bd de ce quadri-
latère étant le troisième sommet du triangle mobile bcy, dont les côtés pivo-
tent sur les trois points fixes quelconques p', P, P', tandis que ses sommets
b, c s'appuient sur les directrices SB, SC, ce point y, dis-je, décrit nécessai-
rement aussi une section conique.
Enfin, on remarquera que, dans les cas généraux des articles 494 et 502,
les points d'intersection des diagonales cessent de décrire des sections co-
niques.
508. Tous ces raisonnements étant indépendants de l'hypothèse que la
figure soit entièrement située sur un plan, on voit que les propriétés et les
remarques qui précèdent subsistent également pour un polygone gauche
quelconque dans l'espace, assujetti aux mêmes conditions ; de sorte que,
dans ce cas par exemple, toutes les diagonales et tous les côtés pivoteront en-
core sur des points fixes (505).
Quant à ce qui concerne les points d'intersection de deux côtés et de deux
diagonales quelconques, comme alors ils cessent en général d'être possibles,
les courbes qui leur correspondent n'ont plus lieu ; mais, si l'on conçoit la
droite qui, passant par un point fixe pris arbitrairement dans l'espace, s'ap-
puierait à la fois, et à chaque instant, sur les deux côtés ou sur les deux dia-
gonales que l'on considère, il sera aisé de prouver qu'elle décrit alors une
surface conique du second degré.
Il existe une circonstance générale pour laquelle les différents points fixes,
pris sur la direction des côtés du polygone mobile dans l'espace, satisfont à
la condition ci-dessus prescrite (507) : c'est lorsque tous ces points se trou-
vent appartenir à un même plan (146). Alors on peut tracer une infinité de
polygones fermés, quoique gauches, dont les sommets s'appuient sur autant
de directrices fixes, concourant en un même point quelconque de l'espace,
et dont les diverses diagonales pivotent par conséquent sur des points fixes
placés dans le plan de ceux qui appartiennent aux différents côtés. Mais
revenons au cas particulier où la figure est tout entière dans un seul et même
plan.

509. Il existe alors une circonstance, non moins remarquable que celle
qui précède, pour laquelle les conditions de l'article 507 sont encore satis-
faites : c'est lorsque tous les points fixes des côtés du polygone sont situés
sur une même droite. Dans ce cas, les points sur lesquels pivotent les diago-
nales sont évidemment situés (505) sur cette droite, et par conséquent les
intersections des diagonales et des côtés du polygone, au lieu de décrire des
sections coniques (507), décrivent (501) d'autres lignes droites passant par
le point de concours commun des directrices.
En terminant ce sujet, nous ferons remarquer que toutes les propositions
qui précèdent doivent subsister également, quand deux ou plusieurs des
lignes droites qui dirigent les sommets du polygone, et quand deux ou plu-
sieurs des points fixes sur lesquels pivotent les côtés, viennent à se con-
fondre en une seule et même droite, ou en un seul et même point fixe; ce qui
donne lieu à un grand nombre de relations et de propriétés fort remarquables,
sur lesquelles nous regrettons de ne pouvoir insister.
Supposons, par exemple, que toutes les directrices se réduisent à deux,
et qu'on leur inscrive une infinité de polygones, dont les sommets s'appuient
alternativement sur l'une et sur l'autre de ces droites, et dont tous les côtés,
un seul excepté, passent respectivement par des points donnés ; le côté qui
reste libre passera lui-même (505) par un dernier point invariable de position
comme tous les autres, et qui, dans le cas particulier où ces points seront en
ligne droite, se trouvera lui-même placé sur cette droite, etc.

Des courbes enveloppes du côté libre et des diverses diagonales d'un polygone
variable inscrit à une conique et dont les autres côtés pivotent sur des points
fixes quelconques.
510. Les propriétés qui viennent de nous occuper en dernier lieu (509)
peuvent s'étendre, de la manière suivante, au cas où l'on remplace le système
de deux directrices uniques par une section conique quelconque :
Soit abcde...f (fig. 84), un polygone quelconque inscrit à une section co-
nique; prenons, sur ses différents côtés ab, bc, cd,..., des points fixes arbi-
traires p, p', p",..., excepté sur le dernier côté af qui restera libre; supposons
enfin que le polygone vienne à se mouvoir d'après ces conditions, le côté libre af
et les diverses diagonales ac, bd, ae,..., envelopperont, dans le mouvement gé-
néral du système, certaines courbes, que je dis être autant de sections coniques
ayant un double contact, réel ou idéal, avec la proposée.
j t
La chose est évidente (431) pour les diagonales ac, bd, ce,..., qui oignen
les extrémités de deux côtés consécutifs quelconques qui ne sont pas libres,
ou qui sont astreints à pivoter sur des points fixes. Voyons comment elle
peut le devenir aussi pour une diagonale quelconque ae, et, par suite, pour
le côté libre aflui-même.
Pour cela, considérons d'abord le pentagone abcde formé par les quatre
premiers côtés du polygone en question et la diagonale ae qui joint son pre-
mier et son cinquième sommet. Par les points fixes p et p' des deux pre-
miers côtés ab, bc, faisons passer la droite indéfinie pp' ; traçons pareille-
ment celle qui passe par les points fixes, p", p'", des deux côtés suivants, elle
coupera la première en un point P. Par ce point et le sommet c du pentagone,
opposé à ae, menons, pour chaque position du système, la droite Pc, qui ira
rencontrer la courbe proposée au nouveau point x; traçons enfin les cordes ax
et ex, dont la première rencontrera pp', prolongée, en P', et l'autre p"pm en
P", nous aurons ainsi formé les quadrilatères inscrits abcx, cdex, dont les
trois premiers côtés pivotent constammentsur des points fixes situés en ligne
droite; donc (180 et 432) les quatrièmes côtés ax, ex de ces quadrilatères
pivoteront aussi constamment sur des points invariables P' et P" placés sur
ces mêmes droites.
Il suit de là encore que le mouvement de la diagonale ae du polygone pro-
f,
posé abcd.. c'est-à-dire celui du cinquième côté du pentagone abcde,.est
le même que celui du côté libre du triangle inscrit axe dont les deux autres
côtés ax, ex, pivotent sur les points fixes P' et P"; donc (431) cette diago-
nale roule sur une section conique. Donc aussi le mouvement de la portion
abcde du polygone proposé peut être remplacé par celui de l'angle inscrit
axe dont les côtés pivotent sur les points fixes P' et P" ; en sorte que le poly-
gone proposé abcd...J se trouvera lui-même remplacé par un polygone
axe...f, qui a deux côtés et deux points fixes de moins que le premier, et
dont la partie commune avec celui-ci se mouvra absolument d'après les mêmes
conditions et suivant les mêmes lois.
En traitant, à son tour, le nouveau polygone comme le premier, on aura
diminué de quatre le nombre des côtés et des points fixes; et par consé-
quent, si le polygone proposé est d'un nombre de côtés impair, on arri-
vera, en continuant d'opérer ainsi, à remplacer ce polygone par un triangle
inscrit avec deux points fixes, dont le côté libre sera constamment le même;
donc alors ce côté roulera sur une section conique, comme nous l'avions
annoncé.
Au contraire, le nombre des côtés du polygone proposé étant pair, on
finira par arriver à une figure de quatre côtés afex, avec trois points fixes,
à laquelle il sera impossible d'appliquer la construction qui précède, puis-
qu'elle exige au moins quatre points fixes et cinq côtés. En conséquence, il
faudra, de toute nécessité, recourir alors à un autre procédé, qui n'ait pas
le même inconvénient que le premier.

511. Soient donc abcd (fig. 85) le quadrilatère inscrit dont il s'agit,
p,p',p" les points fixes sur lesquels doivent pivoter constamment ses trois
premiers côtés ab, bc, cd; soit, en outre, PP" la polaire du point fixe plI du
troisième côté, rencontrant en P la droite pp' qui passe par les points fixes
des deux premiers. Ayant mené, par le point P et par le troisième sommet c
du quadrilatère, la droite indéfinie Pc rencontrant de nouveau la courbe
proposée en x, et ayant tracé les cordes ax et dx, la première ira couper pp'
prolongé au point P', et la seconde PP" au point P", qui demeureront, l'un et
l'autre, invariables dans les diverses positions que pourra prendre le qua-
drilatère inscrit abcd.
La chose est d'abord évidente pour le point P', car les trois premiers côtés
du quadrilatère abcx pivotent respectivement sur les points fixes p,p', P
situés en ligne droite, en sorte que le côté libre ax doit de même (432)
pivoter sur un dernier point fixe placé sur cette droite. Or, elle ne l'est pas
moins pour le point P"; car les deux points P et p", sur lesquels pivotent les
côtés ex et cd du triangle inscrit cdx, étant tels, d'après ce qui précède,
que la polaire de l'un quelconque d'entre eux passe réciproquement par
l'autre, le troisième côté dx du triangle doit aussi passer constamment (192j
par un dernier point fixe placé sur la polaire PP" de p". Donc enfin le qua-
drilatère mobile abcd peut être remplacé par le triangle inscrit axd, dont
les côtés ax, dx pivotent constamment sur les points fixes P' et P", et dont
le côté libre ad est précisément le même que celui du quadrilatère.
Concluons de là et de tout ce qui précède que, quel que soit le polygone
inscrit que l'on considère, on parviendra toujours, par des constructions
successives, à assigner les deux points fixes d'un dernier triangle, dont le
côté libre prendra successivement toutes les positions du côté libre du poly-
gone en question; en sorte que ce même côté roulera, dans tous les cas, sur
une section conique (431) ayant un double contact avec la proposée, sui-
vant la droite qui renferme les deux derniers points fixes; et, comme chaque
diagonale du polygone proposé divise ce polygone en deux autres, dont l'un
est en tout assujetti aux mêmes conditions que le premier, et a la diago-
nale en question pour côté libre, on voit que cette diagonale et toutes ses
semblables doivent rouler aussi sur des sections coniques, ainsi qu'il s'agis-
sait de le démontrer.
Enfin les procédés qu'on vient de mettre en usage pourront également
servir, dans tous les cas, à faire trouver la sécante de contact de la section
conique proposée et de celle qu'enveloppe, dans son mouvement, le côté
libre du polygone que l'on considère.

512. Quant aux courbes parcourues par les divers points d'intersection
des côtés, il est possible de prouver qu'elles sont en général du quatrième
degré ; mais cette discussion nous jetterait dans des longueurs que nous vou-
lons éviter, et n'offrirait pas en elle-même assez d'intérêt. Nous ferons
d'ailleurs connaître, un peu plus loin, quelques-unes des circonstances où
la courbe s'abaisse à un degré inférieur de deux unités.
On remarquera, sans doute, qu'il existe une singulière analogie entre la
marche de raisonnement que nous venons de mettre en usage, et celle par
laquelle nous sommes parvenus précédemment à établir les diverses pro-
priétés des polygones variables inscrits ou circonscrits a d'autres polygones.
Avant d'arriver à ce mode particulier de démonstration pour les sections
coniques, nous nous étions servi du principe de l'article 439, dont l'appli-
cation à la proposition qui vient de nous occuper est assez évidente pour
qu'il suffise de la signaler.

Cas oÙ les courbes enveloppes se réduisent à des points, et où les pôles des côtés
sont en ligne droite.
513. La section conique, qu'enveloppe dans son mouvement le côté
libre af du polygone inscrit à la proposée, se réduira évidemment à un
point (437) quand les points fixes du dernier triangle, obtenu au moyen des
constructions ci-dessus (510), seront tels que « l'un quelconque d'entre eux
» sera
le pôle d'une droite passant par l'autre, » ou lorsque les trois points
fixes du dernier quadrilatère (511) seront situés sur une même droite (432).
Ainsi, en recherchant ces trois ou ces deux derniers points fixes, il sera
toujours facile de s'assurer directement, et à l'aide de constructions pure-
ment linéaires, si la courbe enveloppée par le côté libre du polygone se
réduit effectivement à un point unique.
Il existe une circonstance générale, très-remarquable et très-facile à re-
connaître à priori, où cette réduction a lieu, c'est lorsque, le polygone étant
d'un nombre pair de côtés, les points fixes sur lesquels ces côtés pivotent,
à l'exception du dernier, se trouvent tous distribués sur une même ligne
droite.
Considérons, par exemple, l'hexagoneinscrit abcdef{fig. 86), dontles côtés
successifs ab, bc,..., efpivotent respectivement sur les points fixesp,p', ...,plV
situés en ligne droite, à l'exception du dernier côté af qui reste libre; tra-
çons la diagonale ad, formant avec les trois premiers côtés le quadrilatère
inscrit abcd. Puisque les trois points fixes p, p',p'I sont en ligne droite, le
côté ad de ce quadrilatère passera lui-même (432), dans toutes ses positions,
par un quatrième point fixe P, placé sur la droite pplJ des premiers. Par la
même raison, si l'on considère le quadrilatère suivant adef, son côté libre al,
qui est le même que celui de l'hexagone proposé, pivotera constamment sur
un point fixe py placé également sur la droite qui renferme tous les autres,
comme il s'agissait de le démontrer.
Or il est visible que la même démonstrations'appliquera à un polygone
quelconque, d'un nombre pair de côtés, avec un point fixe de moins qu'il
y a de côtés; car on pourra toujours le partager en une suite de quadrila-
latères, par des diagonales partant toutes du premier sommet a du polygone
et qui pivoteront respectivement sur autant de points fixes placés sur la
droite pp"; donc la proposition qui nous occupe a lieu dans toute sa géné-
ralité, c'est-à-dire que :
Un polygone quelconque, d'un nombre pair de sommets, étant inscrit à une
section conique, si on vient à le faire varier de façon que, demeurant constam-
ment inscrit à la courbe, tous ses côtés, un seul excepté, pivotent sur autant de
points fixes placés sur une même droite, le dernier côté pivotera également sur
un point fixe placé sur cette droite.
514. Considérons maintenant un polygone inscrit abcde, d'un nombre im-
pair de côtés, assujetti aux mêmes conditions, et soit ae son côté libre; en
traçant la diagonale ad, qui en retranche le triangle ade dans lequel se trouve
compris le côté ae, il restera un polygone abcd, d'un nombre pair de som-
mets et dont tous les côtés, excepté ae, pivoteront sur des points fixes placés
sur la droite pp". Donc, d'après le théorème qui précède, le côté libre ad de
ce polygone pivotera lui-même sur un dernier point fixe P, placé sur la
droite dont il s'agit; et partant le triangle inscrit ade sera tel, que deux de
ses côtés, ad et de, pivoteront sur les points fixes P, pl/l, d'ailleurs indé-
pendants entre eux. Donc enfin le troisième côté ae ou le côté libre du
polygone abcde, au lieu de pivoter comme ci-dessus sur un point fixe,
roulera (431) sur une section conique ayant un double contact avec la pro-
posée, suivant la droite pp" des points fixes.
Cela posé, prenons qu'ayant inscrit à une section conique, selon les con-
ditions qui précèdent, un polygone quelconque d'un nombre de côtés pair
ou impair, on numérote ses différents sommets suivant la série des nombres
naturels, de façon que les sommets adjacents au côté libre soient, l'un le
premier, et l'autre le dernier de cette série; il est évident que, en joignant
par un ligne droite deux sommets quelconques portant des numéros dont
l'un soit pair et l'autre impair, cette droite partagera le polygone en deux
autres, dont l'un au moins aura un nombre pair de sommets et sera assu-
jetti aux mêmes conditions que le proposé ; donc la droite dont il s'agit pivo-
tera sur un point fixe. Au contraire, toute diagonale qui joint deux sommets
de numéros à la fois pairs ou impairs, appartenant nécessairement à des
polygones partiels assujettis aux mêmes conditions que le proposé et
dont le nombre des sommets est impair, roulera dans toutes ses positions,
selon ce qui précède, sur une section conique ayant un double contact avec
la proposée.
Si donc nous nommons sommets de même espèce ceux qui portent des
numéros à la fois pairs ou à la fois impairs, et au contraire sommets d'espèces
différentes ceux qui portent des numéros non à la fois pairs ou impairs, nous
pourrons énoncer le théorème général qui suit :
Un polygonequelconque étant inscrit à une section conique, sil'onvient faire à
glisser ses sommets sur la courbe, de façon que tous ses côtés, un seul excepté,
pivotent sur autant de points fixes placés sur une même droite, il arrivera que,
1° toute droite qui réunira deux sommets d'espèces différentes pivotera sur un
point fixe placé sur la droite qui renferme déjà ceux qui appartiennent aux
différents côtés ; 20 toute droite qui réunira, au contraire, deux sommets de
même espèce roulera sur une section conique ayant un double contact avec la
proposée, suivant la droite des pointsfixes dont il s'agit.

Propriétés des polygones inscrits aux sections coniques, d'un nombre pair de
sommets.
515. Puisque, dans le cas où le polygone inscrit abcdef a un nombre
pair de sommets, tous les côtés sont susceptibles de pivoter à la fois sur des
points fixes, placés sur une même droite pp", et que l'un quelconque d'entre
eux se trouve déterminé dès l'instant où l'on connaît tous les autres, il doit
exister une relation, analogue à celle de l'article 501, entre les diverses
distances qui lient ces points, soit entre eux, soit à la courbe.
Nommons, en effet, t et t' les points où la droite pp" rencontre, en géné-
ral, la section conique; on aura d'abord, en tant que cette droite est une
transversale dans le polygone abcdef (145),
pa.p'b p"c.p"'d.p'ye.pyf =pb.p'c .p"d.p'e .p,vf pVa,

relation qui, en vertu de la loi de continuité, doit avoir lieu, quelle que soit
la position particulière du polygone à l'égard des points fixes et de la courbe.
Or, quand l'un des sommets vient à être pris sur la droite pp", tous les
autres s'y trouvent nécessairement aussi, et se confondent alternativement
avec les points t et t' : par exemple, le sommet a étant appliqué en t, le
suivant b le sera en t', le sommet c le sera à son tour en t, et ainsi de suite
alternativement. Donc on aura, d'après l'observation qui précède,
. .
pt.p't' p'lt.p"'t' plVt.pVt' = pt'.p't.p"t'. p'''t,PlVt'. pVt,
relation qu'on peut écrire ainsi :
et d'où résulte ce théorème, qui est une extension de l'un de ceux exposés,
art. 177, sur le quadrilatère inscrit :
Si, ayant inscrit à une section conique un polygone quelconque d'un nombre
pair de côtés, on trace à volonté une transversale indéfinie rencontrant la courbe
en deux points, le produit de tous les segments interceptés sur celte transversale
entre l' un de ces points et chacun des côtés de rang pair du polygone, sera, au
produit semblable des segmentsformés, à partir de ce poàlt) par les côtés de
rang impair, dans un l'apport qui restera le même pour le second de ces points.
516. Supposons que l'un des côtés du polygone devienne infiniment petit.
sa direction sera tangente à la courbe, et le polygone se trouvera réduit, en
faisant abstraction de ce côté, à un polygone d'un nombre impair de som-
mets, ce qui fait voir que la proposition peut aussi s'étendre a un polygone
de rang impair, pourvu qu'on en modifie convenablement l'énoncé.
La proposition subsistant de même toutes les fois qu'on remplace les dif-
férents côtés du polygone inscrit par des tangentes à la courbe, il sera facile
d'en déduire un grand nombre de corollaires.
Par exemple : ayant inscrit un polygone quelconque à une section co-
nique, si on lui en circonscrit un autre qui ait pour points de contact les
sommets du premier, on pourra considérer l'ensemble de ces polygones
comme un nouveau polygone d'un nombre de côtés double, et par consé-
quent d'un ordre pair, pour lequel la relation ci-dessus aura lieu entre les
différents segments appartenant aux côtés de rang impair, qui seront, si
l'on veut, tous ceux du polygone inscrit, et les segments analogues des côtés
de rang pair qui seront, par là même, ceux du polygone circonscrit. Si, en
outre, les deux polygones sont de rang pair, on pourra faire disparaître de
la relation ci-dessus, et au moyen de celle qui appartient au polygone inscrit,
tous les segments relatifs aux côtés, soit de rang pair, soit de rang impair,
de ce dernier polygone, etc.

517. Ces propositions pourraient d'ailleurs s'établir directement, au


moyen de celle qui leur correspond pour le cas particulier du quadrila-
tère (177). En effet, le polygone abedef ayant un nombre pair de côtés, on
pourra le partager exactement en plusieurs quadrilatères abcd, adef,..., par
des diagonales ad,..., partant d'un même sommet a; or, en écrivant pour
chaque quadrilatère la relation qui lui appartient, puis multipliant entre
elles toutes ces relations dans un ordre convenable, les divers segments qui
correspondent aux intersections des diagonales et de la transversale pp" dis-
paraîtront, et il ne restera plus qu'une relation entre ceux qui sont relatifs
aux côtés mêmes du polygone inscrit, laquelle sera précisément la relation
ci-dessus énoncée (515).
On voit, d'après cela, que nous aurions pu partir du principe de l'ar-
ticle 177 pour établir celui de l'article 513. Car, la relation qui vient d'être
démontrée apprenant que l'un quelconque des pointsp, est connu
quand les autres le sont, il en résulte immédiatement qu'en inscrivant à la
courbe une suite de polygones de rang pair, dont les côtés passent respec-
tivement par les points dont il s'agit, à l'exception d'un seul, ce dernier
côté devra passer de lui-même par le point restant.
Il est évident encore que de ces diverses propriétés on déduirait sur-le-
champ celles des quadrilatères, des pentagones et des hexagones inscrits ou
circonscrits aux sections coniques qui nous ont déjà occupés dans le IIe Cha-
pitre de la Section II.
518. Les polygones inscrits d'un nombre pair de côtés, coupés par une
transversale quelconque, jouissent de plusieurs autres propriétés dignes de
remarque.
Supposons que la transversale/?/?" se meuve parallèlementà elle-même sur
le plan de la section conique, on aura évidemment (35), K, K', K",...,
étant des constantes,
pt.pt' =K .pa.pb, * p't.p't' =K'.p'b.p'c,
p" t.p'I t'= K"'. p" c. p" d, = K"!. p'!' d. plll e,
pll/t .p"'t'
plVt.plVt' = KIV.plVe.plVf, pVt. t' = Ky.p"a.pyf.
pV

Multipliant séparément entre elles toutes les équations de la première co-


lonne et toutes celles de la seconde; divisant ensuite, l'une par l'autre, les
deux nouvelles équations ainsi obtenues, il viendra :

Mais la transversalepp" se mouvant parallèlement à elle-même, les rap-


ports pa àpva, pb à plb,plIC àplc,..., plvfàpVf, qui se trouvent multipliés
entre eux dans le second membre de cette équation, demeurent évidemment
constants ; donc ce second membre est lui-même constant, et par consé-
quent, en le représentant par C2, on pourra écrire ainsi notre première
relation :
d'où l'on tire, à cause de la relation déjà établie ci-dessus (515),

c'est-à-dire que :
Si l'on inscrit à une section conique un polygone quelconque d'un nombre
pair de côtés, et qu 'on mène une transversaleparallèle à un axefixe, laquelle
coupe cette courbe et chacun des côtés prolongés au besoin, le produit de tous
les segments commefacteurs, entre un des points où la courbe est coupée par la
transversale, et chacun des côtés pairs du polygone, est en raison donnée avec le
produit de tous les segments commefacteurs, interceptés entre le même point de
la courbe et chacun des côtés impairs.
519. Ce théorème a été démontré par M. Carnot, aux pages 449 et sui-
vantes de la Géométrie de position, en partant de l'un de ses cas particuliers
établi directement au moyen du calcul algébrique. En y appliquant la re-
marque de l'article 516, ainsi que l'a fait lui-même M. Carnot, on voit qu'il
s'étend au cas où l'on suppose qu'un ou plusieurs des côtés du polygone
deviennent infiniment petits ou tangents à la courbe, ce qui conduit im-
médiatement, comme corollaires, aux théorèmes analogues de l'endroit déjà
cité.
Au surplus, toutes les propositions qui ont été démontrées dans ce qui
précède, sur les polygones d'un nombre pair de côtés inscrits aux sections
coniques, demeurent également applicables au cas particulier où l'on rem-
place la section conique par le système de deux droites quelconques tracées
dans un plan; ce qui conduit à quelques-unes des conséquences déjà éta-
blÍes directement (509), d'après le cas beaucoup plus général où les sommets
du polygone, d'ailleurs en nombre pair ou impair, s'appuient sur autant de
droites fixes dirigées vers un même point du plan.

Du lieu des points de rencontre des côtés et des diagonales d'un polygone va-
riable inscrit à une section conique sous les conditions déjà prescrites dans ce
qui préeède.
520. Revenons maintenant à notre polygone mobile inscrit à une section
conique quelconque, et dont tous les côtés, un seul excepté, sont assujettis
à pivoter sur des points fixes placés en ligne droite; et, après avoir examiné
la nature des lignes qu'enveloppent le côté libre et les diagonales de ce poly-
gone, occupons-nous de celles que parcourent les divers points d'intersec-
tion de ses côtés.
Considérons, par exemple, la courbe parcourue par le point d'intersec-
tion a, (fig. 86) des côtés ab et ef assujettis à pivoter, dans toutes leurs
positions, sur les points fixes p et pll ; joignons, par une ligne droite ae, deux
des sommets qui appartiennent à ces côtés: ce sera évidemment ou un côté
ou une diagonale du polygone proposé; donc, comme telle (513 et 514),
elle pivotera sur un point fixe placé sur la droite pp", ou roulera sur une
section conique ayant un double contact avec la proposée suivant cette même
droite. En conséquence, si nous supposons qu'on mette la figure en projec-
tion sur un nouveau plan, de façon (109) que la droite dont il s'agit passe à
l'infini, et que la section conique proposée devienne un cercle, il arrivera,
dans le premier cas, que la droite ae, en se mouvant, demeurera constam-
ment parallèle à elle-même (105), et, dans le second, que cette droite enve-
loppera constamment un même cercle concentrique au premier (131). La
question qui nous occupe se trouvera ainsi ramenée aux deux suivantes :
«
Quelle est la courbe que parcourt le troisième sommet a, (fig. 87) d'un
»
triangle aeat, dont les deux autres sont assujettis à se mouvoir sur un
»
cercle donné (C), tandis qne ses trois côtés demeurent constamment paral-
»
lèles à eux-mêmes? »
«
Quelle est la courbe que parcourt le troisième sommet a, d'un triangle
»
ae' a" dont les deux autres sont assujettis à se mouvoir sur un cercle
»
donné (C), tandis que les côtés aa, et e'a,, adjacents à ces sommets, de-
» meurent constamment
parallèles à eux-mêmes, et que le troisième côté
»
ae' roule sans cesse sur une circonférence de cercle concentrique à la
»
première? »

521. On voit d'abord que l'un^de ces questions se ramène directement à


l'autre; car, si nous considérons le triangle ae'al et que nous prolongions le
côté e'a, jusqu'à sa nouvelle intersection en e avec le cercle qui dirige les
sommets a et e' ; que nous tracions, de plus, la corde ae, elle devra demeurer
constamment parallèle à elle-même dans le mouvement du triangle aela,"
En effet, d'après la condition à laquelle est assujetti le côté ae' de ce triangle,
l'angle aee',est constant, mais ee' reste parallèle à lui-même; donc ae reste
aussi parallèle à lui-même, et partant le sommet a, du triangle ae'al, dont
le côté ae' roule sur un- cercle concentrique au proposé, est aussi celui
d'un autre triangle aea, dont les côtés restent constamment parallèles à eux-
mêmes.
Maintenant, soit tracé le diamètre fixe bc, qui divise à la fois en parties
égales, aux points i, tous les côtés parallèles ae; soit menée ensuite, pour
chaque triangle aeat, la droite ia,; tous ces triangles demeurant semblables
et semblablement placés entre eux, il en sera évidemment de même des
triangles partiels eiat, aiar Donc les carrés des droites parallèles ia, seront
entre eux comme les carrés des demi-cordes ai, ou comme les rectangles des
segments bi et ic formés sur le diamètre fixe bc; d'où il suit évidemment (39)
que la courbe parcourue par le point a, est une ellipse ayant bc pour dia-
mètre commun avec le cercle (C), et qui est concentrique à ce cercle.
On peut remarquer, de plus, que cette ellipse et ce cercle ont un autre
diamètre commun, dont les extrémités appartiennent à la position du
e
point ap pour laquelle le triangle aa, est réellement inscrit au cercle : on
voit d'ailleurs ce qu'il y aurait à faire pour déterminer directement, soit sur
la figure primitive, soit sur sa projection circulaire, les quatre points de
l'intersection mutuelle des deux courbes dont il s'agit.
Si l'on se reporte maintenant à la fig. 86, d'où nous sommes partis, on
conclura de ce qui précède que le point d'intersection a, des deux côtés ab
et ef décrit généralement une section conique dans le mouvement du poly-
gone abcdef, dont le pôle relatif à la droite pp" est le même que pour la sec-
tion conique proposée, et appartient à la mutuelle intersection de deux
sécantes conjuguées communes de ces courbes, etc.
Cette démonstration étant d'ailleurs applicable au point de rencontre de
deux autres côtés quelconques du polygone ou de deux de ses diagonales,
pourvu que ces côtés ou ces diagonales pivotent constamment sur des points
fixes, et ne roulent point sur des sections coniques, comme il arrive (514)
quand leurs extrémités respectives appartiennent à des sommets de même
espèce, on en conclura que :
Dans tout polygone variable assujetti aux mêmes conditions que celui du.
théorème de l'article 514, les points de rencontre des droites qui appartiennent
à des sommets d'espèces différentes décrivent des sections coniques passant evi-
demment par les points fixes qui servent de pivots à ces droites.
522. En prolongeant deux côtés quelconques ab, ef du polygone in-
scrit abcdef jusqu'à leur rencontre mutuelle en a,, on a formé naturellement
un nouveau polygone albcdea, dont tous les côtés pivotent à la fois sur des
points fixes p,p',.... placés en ligne droite, mais qui, au lieu d'être entiè-
rement inscrit à la section conique comme celui d'où il provient, a un de ses
sommets libre et placé hors de la courbe; donc on a ce nouvel énoncé dû à
M. Brianchon, qui l'a démontré dans un Mémoire inséré au Xe Cahier du
Journal de l'École Polytechnique, par des considérations fort simples d'Al-
gèbre, combinées avec le principe de l'article 105 :
Si tous les sommets d'un polygone, un seul excepté, sont assujettis à
demeurer sur une section conique donnée, d'ailleurs quelconque, tandis que
tous ses côtés pivotent sur autant de points fixes placés sur une même droite,
le sommet libre parcourra, dans toutes ses positions, une autre section conique
passant par les points fixes adjacents à ce sommet.
523. D'après ce qui précède, il est évident qu'il en sera encore ainsi de
tous les autres points de rencontre des côtés, pris deux à deux, et de ceux
des diagonales qui tournent (514), dans le mouvement général du polygone,
autour de points fixes. Quant aux courbes que parcourent les divers points
de rencontre des autres espèces de diagonales, il y a des raisons de croire
qu'elles sont, en général, du quatrième degré, comme cela a lieu, ainsi que
nous l'avons déjà fait observer (512), pour les points de rencontre mêmes
des côtés, lorsque les points fixes, au lieu d'appartenir à une même droite,
sont quelconques.
Néanmoins, pour le cas général dont il s'agit, il sera encore facile de
reconnaître, à priori, quand la courbe des points de rencontre des côtés
s'abaisse au second degré. En effet, au moyen des constructions indi-
quées (510 et 511), on pourra remplacer le mouvement de toute la portion
de polygone abcde (fig. 84), terminée aux deux côtés bat, aa, que l'on con-
sidère, par celui de l'angle inscrit axe ou axd (fig. 85), dont les côtés
pivotent sur les points fixes P' et pli; si donc il arrive que ces points soient
placés sur la même droite que les points fixes p,plV (fig. 84) des deux
côtés bat, ean il en résultera évidemment que le point de rencontre a, de
ces côtés parcourra une section conique, car le quadrilatère a,axeal sera
alors dans les circonstances du théorème de l'article 522.

Des polygonesvariables circonscrits à une conique, dont les sommets parcourent


des droites données comme directrices.

524. Ayant établi, dans ce qui précède, les propriétés des polygones va-
riables inscrits aux sections coniques, il ne nous sera pas difficile de passer
à celles des polygones variables dont les côtés sont assujettis à demeurer tan-
gents à de telles courbes; tout consiste, en effet, à se rappeler la théorie des
pôles, exposée à la fin du Chapitre II de la IIe Section.
Supposons, par exemple, qu'un polygone quelconque abcde (fig. 88) étant
inscrit à une section conique, on en circonscrive un autre ABCDE à cette
courbe, dont les côtés aient pour points de contact les sommets du premier;
ces polygones seront polaires réciproques l'un de l'autre. Si donc on oblige
le polygone abcde à se mouvoir suivant les conditions du théorème de l'ar-
ticle 510, il en résultera évidemment (195 et 231), pour le polygone cir-
conscrit ABCDE, cette nouvelle proposition, qui est une extension de celle
déjà exposée (435), et d'où on pourrait la déduire directement par des con-
sidérations analogues à celles employées ci-dessus pour le théorème 510,
mais relatives aux polygones circonscrits :
Si tous les sommets d'un polygone quelconque ABCDE, perpétuellement cir-
conscrit à une section conique, sont, à l'exception d'un seul E, assujettis à
parcourir autant de droites MN, NP,..., données comme directrices, le sommet
libre et les différents points de rencontre des côtés parcourront, dans les posi-
tions successives du polygone, autant de sections coniques avant un double
contact avec la proposée.

525. Pour avoir la sécante de contact, on pourrait rechercher, au moyen


des procédés décrits art. 510 et 511, qui n'exigent tous que l'emploi d'une
simple règle, celle qui appartient à la section conique qu'enveloppe, dans
son mouvement, le côté libre ou la diagonale du polygone inscrit ayant pour
pôle (229) le sommet ou point de rencontre que l'on considère; car, d'après
ce qui précède et d'après la remarque de l'article 423, la droite ainsi obtenue
sera la sécante de contact demandée.
Au surplus, quand tous les points fixes p, p',...., piv (jig. 89) des
côtés du polygone inscrit abcdef sont sur une même droite, les direc-
trices MA, NB,..., RE, sur lesquelles s'appuient les sommets respectifs du
polygone circonscrit ABCDEF, se croisent toutes (196) en un même point 0,
pôle de la droite/?/?" dont il s'agit; mais alors, en supposant le polygone
inscrit de rang pair, le côté libre af de ce polygone pivote sur un dernier
point fixe pV (513) placé sur cette même droite; donc aussi le sommet
libre F du polygone circonscrit, du même ordre que le premier, décrit une
dernière ligne droite OS, passant par le point 0 commun à la fois à toutes
les directrices, c'est-à-dire que :
Si tous les sommets d'un polygone de rang pair, perpétuellement circonscrit
à une section conique, sont assujettis, un seul excepté, à parcourir autant de
droites données comme directrices et passant toutes par un même point, le
sommet libre décrira lui-même une dernière droite dirigée vers le point dont
il s'agit.

526. Ce théorème pourrait s'établir directement et d'une manière très-


simple, comme on l'a fait (513) pour celui d'où on vient de le déduire au
moyen de la théorie des pôles, en partant du cas particulier (435) du qua-
drilatère circonscrit.
On pourrait également le démontrer en se servant du théorème de l'ar-
ticle 504, pour lequel la section conique, qui dirige le mouvement des côtés
du polygone, se trouve remplacée par des points fixes; car, si l'on suppose
que le polygone circonscrit ABCDEF se déplace infiniment peu sur la courbe,
de manière à satisfaire aux conditions ci-dessus prescrites, ses divers côtés
tendront évidemment à pivoter sur les points de contact a, qui leur
correspondent; donc, en vertu du principe cité, le sommet libre F tendra
aussi à parcourir une droite FS dirigée vers le point de rencontre 0 des
directrices, et en parcourra, en effet, un élément infiniment petit. Mais une
seule position du polygone suffit poùr déterminer celle de la droite FS; donc
cette droite sera constamment parcourue par le sommet F dans toutes les
positions successives qu'il peut prendre autour de la courbe.
Enfin on pourrait encore démontrer simultanément le théorème qui nous
occupe et celui (513) d'où nous l'avons déduit, en s'appuyant sur les prin-
cipes établis au Chapitre III de la Ire Section : il suffit, pour cela, de sup-
poser la figure mise en projection sur un nouveau plan, de façon (109) que,
la section conique proposée devenant un cercle, la droite pp", qui renferme
les points fixes des côtés dLI polygone inscrit, passe à l'infini; car alors le
point 0 de croisement des directrices du polygone circonscrit deviendra le
centre même du cercle de projection (115), et les différents côtés du poly-
gone inscrit, le côté libre excepté, seront assujettis à se mouvoir parallèle-
ment à eux-mêmes dans les diverses positions du système.
Ce n'est pas sans dessein que nousvarions ainsi la démonstration de chaque
théorème qui se présente; car s'il est surtout essentiel, dans un ouvrage de
science, d'augmenter le nombre des vérités déjà connues, il ne l'est guère
moins, sans doute, de montrer l'espèce de dépendance et d'analogie qu'elles
ont entre elles. Or rien n'est certes plus propre, pour y parvenir, que de
s'attacher à faire voir comment on peut les déduire les unes des autres ; et
l'on aura remarqué, par tout ce qui précède, que le principe de continuité,
employé comme il convient, offre, sous ce rapport, des ressources que les
principes du raisonnement ordinaire ne sauraient à coup sûr suppléer.
Outre que cette marche présente l'avantage d'éclairer les vérités les unes
par les autres, et d'en faire voir la fécondité, elle a encore celui d'agrandir les
ressources de la Géométrie. Il est rare, en effet, qu'un tour particulier de
démonstration ou de raisonnement ne soit applicable qu'à un seul objet; et
s'il le devient à plusieurs, s'il embrasse tout un corps de doctrine, comme le
principe d exhaustion des anciens, celui des infiniment petits et des infiniment
grands, etc., principes qui dérivent tous directement de la loi de continuité,
alors son introduction dans la science aura considérablement augmenté les
moyens de découvrir et de démontrer.
527. Revenons maintenant à notre polygone circonscrit, d'un nombre
pair de côtés.
Puisqu'il arrive, quand t.ous les sommets, moins un, sont assujettis à par-
courir des droites données dirigées vers un même point, que le dernier par-
court lui-même une droite passant par ce point, et déterminée de position
en même temps que toutes les autres, on conçoit qu'il doit exister, entre
les angles qui fixent la position de ces droites, soit entre elles, soit à l'égard
de la courbe, une relation analogue à celle qui a lieu (515) pour les points
fixes sur lesquels pivotent les côtés du polygone inscrit abedef.
Supposons, en effet, que l'on nomme P, P', P",..., les différents points
d'intersection des directrices OA, OB, OC,..., avec la droite pp", directrices
qui sont (524) les polaires des points fixes p,p',pli,..., qui leur correspon-
dent respectivement dans le polygone inscrit; supposons, de plus, que
l'on continue, comme dans l'article 515, à appeler t, t'les points, soit réels,
soit imaginaires, où la transversale pp" rencontre la courbe, on aura évi-
demment (194) :
Combinant ces relations avec celle de l'article 515, il viendra, entre autres,

C'est-à-dire que les points P, P', Pli,..., ont entre eux, par rapport aux
points t et t' de la courbe, la même corrélation que les points p, p', p'
qui leur répondent respectivement et sont les pôles des, droites d'où ils pro-
viennent.
Supposons, d'après cela, qu'aux points t et t' on mène deux tangentes à la
courbe, elles iront évidemment concourir en 0 avec les autres directrices, car
le pointOestle pôle (525) de la droite pp"; or, la relation ci-dessus, étant
projective (20), aura lieu entre les segments formés sur une transversale
quelconque, coupant le faisceau des directrices et des tangentes qui se réu-
nissent au point 0, aussi bien (18) qu'entre les sinus des angles projetants
formés par ces mêmes droites ; donc on peut énoncer ce théorème général :
Si, ayant circonscrit à une section conique quelconque un polygone d'un
nombre pair de côtés, on mène, d'un point pris à volonté sur le plan de la courbe,
des droites aux différents sommets du polygone et des tangentes à cette courbe,
le produit des sinus de tous les anglesprojetants, compris entre l'une quelconque
de ces tangentes et chacune des autres droites qui appartiennent à des sommets
de rang pair du polygone, sera au produit semblable, relativement à la même
tangente et aux droites qui appartiennent aux sommets de rang impair, dans un
rapport qui ne changera pas, quand on substituera la seconde tangente à la
première. Enfin si l'on mène, à travers le faisceau de toutes ces droites, une
transversale arbitraire, la même relation aura encore lieu entre les segments qui
correspondent aux différents anglesprojetants.
528. Au surplus, ces propriétés s'étendent à des polygones circonscrits,
d'un nombre pair ou impair de côtés, en supposant (516) que les points de
contact de deux côtés contigus quelconques viennent à se réunir en un seul.
Dans ce cas, ces deux côtés se sont confondus avec les deux segments formés,
sur le côté unique qui les remplace, à partir du point de contact, et la direc-
trice de l'angle de ces mêmes côtés passe évidemment par le point de contact
commun dont il s'agit.
En ayant égard à cette remarque, on voit que la proposition subsistera
toujours, d'après la loi de continuité, quel que soit le nombre des côtés du
polygone inscrit qu'on suppose devenir infiniment petits, ou tangents à la
courbe; ce qui donne lieu à plusieurs propriétés particulières analogues à
celles déjà signalées art. 516, et qui peuvent en être considérées comme les
réciproques.
529. La proposition de l'article 525 ne saurait plus avoir lieu quand le
polygone circonscrit ABCDEF est dr'un nombre impair de côtés; la courbe que
décrit le sommet libre F est évidemment alors une section conique quel-
conque (514), touchant la proposée aux deux points où elle est rencontrée
par la polaire du point 0 commun à toutes les directrices.
Quant à ce qui concerne les lignes que décrivent les divers points de ren-
contre des autres côtés du polygone et celles qu'enveloppent dans leur mou-
vement ses diverses diagonales, qu'il soit d'ailleurs de rang pair ou impair,
on pourra aisément en déterminer l'espèce particulière au moyen de la
théorie des pôles et des propositions analogues relatives aux polygones
inscrits.
Il paraît donc fort inutile d'entrer dans plus de développements à ce sujet,
et nous nous contenterons, pour terminer, de faire remarquer, en général,
que toutes les propriétés qui viennent de nous occuper conduisent à beau-
coup d'autres particulières, quand on suppose que deux ou plusieurs points
fixes, deux ou plusieurs directrices se confondent, soit en un seul point
fixe, soit en une seule directrice, à distance donnée ou infinie. Ainsi, par
exemple :
«
Si un polygone ABCDEFA (fig. go), variable de forme et perpétuelle-
» ment
circonscrit à une section conique quelconque, est assujetti à avoir
» ses sommets
alternatifs sur deux droites fixes OM et ON, à l'exception du
»
dernier sommet F qui reste libre, il arrivera que la ligne, décrite par ce
» sommet, sera
du premier ou du second ordre, selon que le polygone sera
»
lui-même de rang pair ou impair. De plus la droite décrite dans le premier
» cas passera par
le sommet 0 de l'angle des directrices, et la section co-
»
nique décrite dans l'autre aura une sécante de contact commune avec la
)J
proposée, polaire du point 0 dont il s'agit. x
Ce corollaire, qui a son analogue pour les polygones inscrits, pourrait, au
surplus, se démontrer directement, en mettant la figure en projection sur
un nouveau plan, de façon (109) que la polaire du point 0 passe à l'infini,
et que la section conique proposée devienne un cercle, ayant par consé-
quent (116) le point dont il s'agit pour centre.

Des polygones vari'ables, à la fois inscritsà des sections coniques et


circonscrits à d'autres.

530. Pour compléter entièrement l'objet de ce Chapitre, il nous reste à


considérer les polygones à la fois inscrits à une section conique et circonscrits
à une autre ; car nous avons successivement envisagé les cas où, soit les di-
rectrices des sommets, soit les points fixes des côtés du polygone variable
sont remplacés par une seule et même section conique. Or cet examen est on
ne peut plus facile quand on suppose que les deux sections coniques ont entre
elles un double contact.
En effet, alors (131) on peut, en général, mettre la figure en projection
sur un nouveau plan, de façon qu'elles deviennent des circonférences de
cercle concentriques. Supposons donc qu'on inscrive à volonté, à celle qui
est extérieure, un polygone dont tous les côtés, un seul excepté, touchent
l'autre, il arrivera évidemment que, faisant mouvoir ce polygone en l'assu-
jettissant toujours aux mêmes conditions, le côté libre enveloppera, dans
toutes ses positions, une troisième circonférence de cercle concentrique aux
premières; et par conséquent, en exécutant les mêmes opérations pour nos
deux sections coniques, « le côté libre du polygone inscrit à l'une, et dont
» tous
les autres côtés touchent la seconde, roulera, dans ses diverses posi-
»
tions, autour d'une troisième section conique, ayant même sécante de con-
» tact commune avec
chacune des premières. »
Mais cette propriété et toutes ses analogues peuvent être étendues, comme
on va le voir, à des sections coniques quelconques, toujours à l'aide des
principes de projection qui font la base de ce travail.

Cas particuliers où les sections coniques directrices sont des cercles, et où le


polygone est un simple triangle.

531. Pour remplir avec simplicité le but qui vient d'être indiqué, nous
considérerons d'abord le cas particulier du triangle et du cercle ; il nous sera
facile ensuite de passer de là aux polygones et aux sections coniques en gé-
néral, par la marche déjà si souvent employée dans ce qui précède.
Établissons en premier lieu ce théorème :
Trois cercles (c), (c'), (c"),fig. 92, situés sur un même plan, ayant une
sécante commune mn, réelle ou idéale, si l'on inscrit à l'un d'eux (c") une
suite de triangles ABC dont les côtés AB, AC touchent respectivement les deux
autres ( c' ) et ( c ), le troisième côté BC de ce triangle ne cessera pas d'être tan-
gent à un quatrième cercle, ayant la sécante mn en commun avec les proposés.
Pour le démontrer, commençons par rechercher le point de contact A,du
côté BC avec la courbe qu'il enveloppe dans ses diverses positions. J'observe
d'abord que, si l'on imprime au triangle ABC un mouvement infiniment
petit, ou qu'on le dérange infiniment. peu de sa position actuelle, il arrivera
que les côtés de ce triangle tourneront, ou tendront à tourner autour des
points de contact A', B', C' qui leur appartiennent respectivement. Mais, en
faisant abstraction, pour un moment, de la courbe qu'enveloppe en général
le côté BC, il est visible que ce côté tendra aussi à rouler (431 ) autour d'une
section conique ayant un double contact avec le cercle ABC; donc le point
de contact de cette section conique et du côté BC est aussi celui de ce même
côté avec la courbe inconnue; et par conséquent, si l'on trace les droitesBB',
CC', et qu'on joigne le point D de leur croisement avec le sommet A, par la
droite AD, sa direction indéfinie ira rencontrer celle de BC au point de con-
tact A' dont il s'agit (433).
Cette construction très-simple du point de contact de la courbe inconnue
et de BC conduit sur-le-champ à une propriété caractéristique de cette
courbe; car, M, N étant les points communs à la fois à nos trois cercles, sur
la direction de mn, et F, G, H étant les points où cette même direction ren-
contre les côtés respectifs AC, AB etBC du triangle ABC, on aura, d'après la
propriété connue du cercle,

donc on a aussi (162 et 163), puisque d'ailleurs les trois points F, G, H sont
en ligne droite, et que les trois droites AA', RB', CC'se croisent en un même
point D,

propriété qui ne saurait appartenir qu'à un cercle, ayant la corde MN en


commun avec les proposés.
Supposons, en effet, qu'on trace le cercle passant par A', M, N ; d'après
ce qui vient d'être démontré, ce cercle touchera le côté générateur BC au
point A', et par conséquent il aura un élément commun avec la courbe cher-
chée. Si donc cette courbe ne se confondait pas en entier avec le cercle dont
il s'agit, elle serait au moins l'enveloppe de tous ceux qui, tels que celui-là,
ont la corde MN en commun avec les proposés, ce qui est absurde, car ces
cercles ne sauraient avoir d'enveloppe commune; et comme toutefois la
courbe enveloppe existe, on en doit conclure forcément qu'elle se confond
avec le cercle A'MN, ou, plus généralement, que c'est un cercle unique ayant
même corde commune avec les proposés, comme il s'agissait de le dé-
montrer.
Ce raisonnement suppose, il est vrai, que les cercles (c), (c'), (Cil) aient
deux points communs réels ; mais, en vertu du principe de continuité, on
peut l'étendre directement à celui où ces points deviennent imaginaires, et
où par conséquent la droite mn est une sécante idéale commune aux cercles
proposés. Ainsi notre théorème est général et comprend tous les cas, soit
que d'ailleurs le cercle ABC ou (c") embrasse à la fois les deux autres (fig. 93),
ou n'en embrasse qu'un seul (fig. 94), ou n'en embrasse aucun (fig. 95),
soit qu'enfin il ne renferme seulement qu'une portion de chacun de ces
cercles, comme il arrive (fig. 92) lorsque la sécante commune mn est réelle.
532. Puisque le cercle, qu'enveloppe dans son mouvement le côté BC, fait
partie de la suite que déterminent les proposés, il s'ensuit que, dans certains
cas, il pourra dégénérer en deux lignes droites (95) se confondant, l'une
avec la sécante mn, à distance finie, commune à ces cercles, l'autre avec la
sécante commune qui leur appartient à l'infini. Cette circonstance aura lieu
en particulier quand, dans une de ses positions, le côté générateur BC sera
susceptible de se confondre avec la corde commune MN, et que cette corde
sera par conséquent réelle : alors ce côté générateur, pour toucher constam-
ment la courbe enveloppe, devra passer (194, note), dans toutes ses autres
positions, par le point d'intersection des deux sécantes communes dont il
s'agit, c'est-à-dire qu'il se mouvra parallèlement à celle, mn, qui est à dis-
tance donnée.
Quand, au contraire, la sécante commune mn est idéale, le côté généra-
teur BC ne peut plus se confondre avec cette sécante dans aucune de ses posi-
tions, et par conséquent le cercle qu'il enveloppe ne saurait dégénérer en
deux lignes droites; mais alors il peut fort bien se confondre avec l'un des
cercles limites de la suite dont il fait partie (76), et se réduire par consé-
quent à un point, circonstance qui aura lieu évidemment quand le côté gé-
nérateur BC se confondra avec lui-même dans deux positions distinctes du
triangle ABC.
Comme les deux points limites du système des cercles proposés et le point
à l'infini où se coupent leurs sécantes communes doivent jouer (80 et 370)
absolument le même rôle à l'égard de ces cercles, on voit que la condition
qui précède peut fort bien convenir aussi à ce dernier point; en sorte que le
côté générateur BC, au lieu de pivoter sur l'un des points limites, demeurera
parallèle à la sécante commune ordinaire, ainsi-que cela avait lieu dans le
cas ci-dessus où cette sécante était supposée réelle; mais alors il arrive né-
cessairement que, dans les deux positions distinctes du triangle ABC pour
lesquelles le côté BC est le même, ce triangle change de forme, l'un des
côtés AB, AC devenant infiniment petit, et sa direction devenant par consé-
quent tangente à la fois aux deux cercles qui lui appartiennent.
Il serait d'ailleurs aisé de s'assurer, par la discussion directe, que cette
dernière circonstance revient exactement à celle dont il a été question ci-
dessus, relativement au cas où la corde commune MN est réelle; et l'on voit,
de plus, que, pour que le côté BC du triangle demeure constamment parallèle
à la corde commune MN, il n'est pas même nécessaire que cette corde soit
réelle; il suffit que la circonstance du parallélisme subsiste pour la position
du triangle qui vient d'être indiquée en dernier lieu.
Nous n'entrerons pas dans de plus longs détails sur ces circonstances par-
ticulières dont l'examen est on ne peut plus facile d'après ce qui précède.
Au reste, ces circonstances se reproduisent, d'une manière analogue, dans
toutes les propositions qui suivent; et, comme les remarques générales que
nous venons de faire leur sont immédiatement applicables, nous nous dis-
penserons désormais de les répéter.
533. Puisque, d'un même point A du cercle (c"), fig. 93, on peut me-
ner deux tangentes à chacun des autres cercles (c) et (c'), et que par con-
séquent il en résulte quatre triangles distincts analogues au triangle ABC et,
par suite, quatre cordes génératrices BC, il semblerait qu'on est en droit de
conclure qu'il existe aussi quatre cercles correspondants, enveloppes de ces
cordes; mais il est évident qu'à chaque triangle ABC il en correspond tou-
jours un autre, placé symétriquement par rapport à la ligne des centres cc",
et dont le côté générateur touche le même cercle que celui du premier;
donc ce cercle appartient à la fois à deux modes de génération distincts et
par conséquent aussi à deux des quatre triangles dont le sommet est en A.
Or il est aisé de reconnaître, d'après cela, qu'un même cercle est décrit,
savoir : par les deux triangles dont les côtés AB, AC touchent, de la même
manière, les cercles (c) et (c'), et par les deux triangles dont les côtés AB et
AC touchent ces cercles de différentes manières; donc enfin les quatre
triangles, formés autour d'un même point A de (c"), ne donnent lieu qu'à
deux cercles distincts.
Maintenant, si l'on suppose que le cercle (c') vienne à se confondre avec
le cercle (c), le côté générateur BC des deux premiers triangles deviendra
nul dans toutes ses positions, et son enveloppe ne sera par conséquent autre
chose que le cercle (c") lui-méme. Quant au côté générateur des deux autres
triangles, comme il ne devient pas nul, et que ces triangles ne font simple-
ment que se confondre, il enveloppera encore, dans ses diverses positions,
un cercle distinct des cercles proposés, et qui aura même sécante commune
avec eux, c'est-à-dire que :
Un angle BAC (fig. 96) étant à la fois inscrit à un cercle (c") et circonscrit à
un autre (c), si on vient à le faire mouvoir en l'assujettissant toujours aux
mêmes conditions, la corde BC, qui le sous-tend dans le premier de ces cercles,
en enveloppera un troisième passant par les points d'intersection de ceux-là,
ou ayant mêmes sécantes, soit réelles, soit idéales, communes avec eux.

Cas général où l'on considère des sections coniques directrices et des polygones
quelconques.
534. D'après les principes posés dans la Ire Section (121 et 122), il
est clair que la propriété établie en dernier lieu et celle (531.) d'où nous
l'avons déduite subsistent, d'une manière analogue, pour deux sections co-
niques quelconques tracées dans un même plan, et pour trois sections co-
niques également quelconques, quand elles ont mêmes points d'intersection
ou mêmes sécantes communes.
Cela posé, considérons un nombre arbitraire de sections coniques ou de
circonférences de cercle situées dans un même plan, et ayant mêmes sécantes
communes, réelles ou idéales; supposons qu'on inscrive à l'une d'elles un
polygone dont les différents côtés, un seul excepté, touchent respectivement
les autres; je dis que si l'on vient à faire varier ce polygone sous les mêmes
conditions, le dernier côté, ou le côté libre, enveloppera lui-même, dans
toutes ses positions, une section conique ou une circonférence de cercle
ayant mêmes sécantes communes avec les premières.
En effet, si l'on mène de l'une des extrémités du côté libre considéré
comme dernier côté du polygone, des diagonales aux divers autres sommets
de ce même polygone, elles le partageront en plusieurs triangles dont les
extrêmes renfermeront, l'un les deux derniers, l'autre les deux premiers
côtés. Or, il suit de ce qui précède (531) que la diagonale qui appartient à
celui-ci roulera, dans toutes ses positions, sur une section conique ou une cir-
conférence de cercle, ayant mêmes sécantes communes avec les proposées;
donc le second triangle sera absolument dans les mêmes circonstances que le
premier, et par conséquent la seconde diagonale jouira de la même propriété
que la première, et ainsi de suite jusqu'au dernier côté ou au côté libre du
polygone, qui roulera, ainsi que toutes les diagonales, sur une section co-
nique ou une circonférence de cercle ayant mêmes sécantes communes que
les proposées.
Cette démonstration ne suppose aucune disposition particulière des
courbes données à l'égard du polygone; elle serait vraie, même quand l'une
d'entre elles serait touchée à la fois par plusieurs côtés ou par tous les côtés
excepté celui qui reste libre; enfin elle s'appliquerait également à des dia-
gonales quelconques du polygone; donc on peut énoncer généralement la
proposition suivante :
Ayant inscrit, à une section conique quelconque, un polygone dont les diffé-
rents côtés, un seul excepté, touchent d'autres sections coniques ayant mêmes
sécantes communes entre elles et avec la premie're, soit que dailleurs une même
section conique touche plusieurs côtés, soit que ces sectionsconiques se confondent
toutes en une seule, qui alors peut être quelconque comme la première, il arri-
vera qu en faisant varier le polygone d après ces conditions, le côté libre et
toutes les diagonales rouleront également sur d autres sections coniques, ayant
mêmes sécantes communes avec les proposées, et qui deviendront des courbes s. et
s. p. (91), soit entre elles, soit à regard de celles-ci, toutes les fois qu'il en sera
ainsi de ces dernières.
535. D'après les remarques de l'article 532, il est clair qu'une ou plusieurs
des sections coniques enveloppes pourront, dans certaines circonstances
particulières, se réduire à des points isolés, au nombre de trois seulement,
ou à des systèmes de lignes droites ou de sécantes conjuguées communes
passant par ces points (370).
Il serait d'ailleurs aisé (531) de construire, dans le cas général, les points
de contact appartenant aux différentes courbes et aux cordes génératrices
qui leur correspondent.
Supposons maintenant que l'on construise, par rapport à la section co-
nique sur laquelle s'appuient à la fois les sommets du polygone que l'on
considère, le polygone circonscrit qui est (229) le polaire réciproque du
premier; d'après les conditions auxquelles est assujetti celui-ci, tous les
sommets de l'autre, un seul excepté, devront (231) constamment appartenir
à des sections coniques, polaires réciproques de celles sur lesquelles roulent
les côtés du polygone inscrit. D'ailleurs, ces sections coniques, ainsique celle
qui sert de directrice, devront avoir mêmes tangentes communes (400).
Enfin il résulte pareillement du théorème qui précède que le sommet libre
du polygone circonscrit et les divers points d'intersection de ses côtés, qui
sont les pôles du côté libre et des diagonales de l'autre (229), décriront aussi
des sections coniques ayant mêmes tangentes communes avec les premières
et la section conique directrice; donc on peut énoncer généralement le théo-
rème qui suit :
Ayant circonscrit à une section conique quelconque un polygone dont les

r
différents sommets, à exception d'un seul, appartiennent à d'autres sections
coniques ayant mêmes tangentes communes avec la première, soit que d'ailleurs
une même section conique ne dirige qu'un seul sommet, soit qu'elle en dirige à la
fois plusieurs, soit qu'enfin toutes ces sections coniques se confondent en une
seule qui alors peut être quelconque comme la première, il arrivera qu'enfai-
sant varier le polygone d'après ces conditions, le sommet libre et tous les points
de concours des côtés décriront également d'autres sections coniques ayant
mêmes tangentes communes avec les proposees.
536. Le cas particulier des théorèmes qui précèdent, où l'on n'envisage
que deux sections coniques, est surtout remarquable, comme on l'a vu, en ce
que ces sections coniques sont parfaitement indépendantes entre elles et de
toutes conditions particulières. Or, il est essentiel de remarquer que le po-
lygone de l'un quelconque de ces théorèmes participe, sous un certain rap-
port, des propriétés qui appartiennent à celui de l'autre, c'est-à-dire qu'il
existe toujours une certaine portion de l'un de ces polygones, qui se trouve
exactement dans les circonstances qui sont relatives à l'autre.
Soit, par exemple, ABCDEFA (fig. 97) un polygone entièrement inscrit à
une section conique, et dont tous les côtés, un seul AF excepté, soient tan-
gents à une autre section conique; en prolongeant les côtés AB et EF, adja-
cents à celui-là, jusqu'à leur rencontre en G, on formera le nouveau polygone
GBCDE entièrement circonscrit à la seconde des deux courbes, et dont tous
les sommets, excepté le sommet G, appartiendront à la première; donc, non-
seulement toutes les diagonales du polygone ABCDEF rouleront sur des
sections coniques ayant mêmes sécantes communes avec les proposées, mais
encore tous les points de concours des côtés, en faisant toutefois abstraction
du dernier côté AF, parcourront d'autres sections coniques ayant mêmes
tangentes communes avec celles dont il s'agit.
Il est évident que les mêmes choses ont lieu, d'une manière analogue,
pour le polygone du théorème de l'article 535, quand on ne considère que
deux directrices; c'est-à-dire que non-seulement le sommet libre et les
différents points de concours des côtés décrivent des sections coniques, mais
qu'encore les diagonales de ce polygone, excepté celles qui partent du som-
met libre, roulent également sur d'autres sections coniques ayant mêmes
sécantes communes avec les deux proposées.
Enfin on remarquera que, quand les sections coniques proposées sont des
cercles, il n'y a que les courbes sur lesquelles roulent les diagonales qui en
soient aussi ; les autres sont nécessairement des sections coniques en géné-
ral puisque quatre lignes droites ne sauraient être touchées à la fois par
,
plus de deux cercles, qui, dans le cas actuel, ne sont autres évidemment
que les cercles mêmes sur lesquels s'appuie le polygone.
Dans le Chapitre suivant, nous aurons occasion d'exposer quelques nou-
velles propriétés relatives à la théorie précédente, en nous occupant des
problèmes qui s'y rapportent, problèmes dont nous ne pouvions ici donner
les solutions sans allonger par trop ce Chapitre.
CHAPITRE III.
EXTENSION DES THÉORIES PRÉCÉDENTES AU CAS OU LES DIRECTRICES SONT DES
COURBES D'ORDRE QUELCONQUE, ET OU CERTAINS ANGLES SONT CONSTANTS.
APPLICATION DES MÊMES THÉORIES A LA SOLUTION DE QUELQUES PROBLÈMES QUI
-
S'Y RAPPORTENT.

537. Dans ce qui précède, nous nous sommes occupés presqueunique-


ment des polygones variables dont les sommets s'appuient sur des lignes
droites ou sur une section conique; il nous reste à examiner comment on
peut étendre la plupart des résultats obtenus au cas où l'on emploierait,
pour directrices du polygone, des courbes géométriques (p. 3) d'un ordre
quelconque, afin de donner une idée des intéressantes recherches de Brai-
kenridge et de Mac-Laurin, et de montrer ainsi comment la simple Géomé-
trie, traitée d'une manière convenable, peut, a l'aide du seul principe de
continuité, atteindre sans peine les questions les plus générales et les plus
relevées. En nous efforçant surtout d'être très-courts, nous ne négligerons
pourtant pas l'occasion d'ajouter quelques nouveaux résultats à ceux de ces
célèbres géomètres. Nous terminerons ensuite par donner quelques applica-
tions intéressantes des principales propriétés qui ont été exposées dans le
précédent Chapitre.

Du lieu du sommet libre et des points de rencontre des côtes d'un polygone
variable, dont les autres sommets parcourent des directrices courbes données,
et dont les côtés pivotent sur des points fixes quelconques.

538. Considérons un polygone plan quelconque abcde (fig. 98) dont les
différents sommets, un seul e excepté, sont assujettis à parcourir respecti-
vement des courbes géométriques am, bn, cq, dr d'ordres quelconques m, n,
q, r, tandis que les côtés successifs ae, ab, bc, cd, de de ce polygone sont
astreints à pivoter constamment sur les points fixes p,p', p", p"', plV qui leur
correspondentrespectivement, et cherchons quel doit être, en conséquence,
le degré de la courbe que parcourt, dans toutes ses positions, le sommet
libre e du polygone; il sera facile ensuite (495) d'en déduire celui des courbes
décrites par les points de rencontre des différents côtés.
Pour plus de simplicité, examinons d'abord le cas où toutes les direc-
trices, une seule nb exceptée, sont des lignes droites, et supposons que n
soit toujours le degré de celle décrite par le sommet b dont il s'agit; il est
évident, d'après la définition des courbes géométriques, que le plus grand
nombre de points suivant lesquels la ligne parcourue par le sommet e pourra
être coupée par une droite arbitraire, telle que AB par exemple, indiquera
aussi le degré de cette ligne : or, si, laissant libre un instant le sommet b du
polygone, on astreint celui e à décrire tous les points de la droite AB, le
sommet b parcourra, dans toutes ses positions, une section conique (494)
rencontrant la courbe (n) en un certain nombre de points, qui correspon-
dront évidemment à autant de positions distinctes du polygone, pour les-
quelles le sommet b sera à la fois sur (n) et le sommet e sur AB; donc,
comme il est impossible qu'il y ait d'autres positions pour lesquelles la même
chose ait lieu, ce nombre indiquera précisément en combien de points la
droite AB peut, en général, être rencontrée par la courbe que parcourt le
sommet libre e, et par conséquent ce sera le degré même de cette courbe.
Mais on sait que « deux courbes géométriques, tracées sur un même plan,
» ne peuvent
jamais se rencontrer en un plus grand nombre de points que
»
celui qui est marqué par le produit-des nombres qui expriment le degré
»
de ces courbes; » et ce principe, qu'on regarde d'ordinaire comme une
conséquence de l'Analyse algébrique, pourrait tout aussi bien s'établir en
invoquant la loi de continuité (*); donc enfin le degré de la courbe par-
courue par le sommet libre e du polygone sera, en général, exprimé par 2n.
Supposons maintenant qu'on remplace pareillement la directrice droite
d'un autre sommet c du polygone par une directrice courbe d'un ordre q, il
arrivera qu'en traçant une nouvelle droite arbitraire AB dans le plan de la
figure, et contraignant le sommet e, d'abord libre, à la parcourir tout entière,
en rendant libre, à son tour, le sommet c qui précédemment était contraint
à parcourir la courbe (q), il arrivera, dis-je, comme on vient de le prouver
à l'instant, que ce dernier sommet décrira une courbe de degré m, rencon-
trant celle (q) en 2nq points; d'où l'on conclura, par un raisonnement ana-
logue à celui déjà employé ci-dessus, que la courbe parcourue par le som-
met e, dans l'hypothèse où les directrices bn et cq sont des courbes de
degrés n et q, ne peut elle-même rencontrer la droite arbitraire AB en plus
de 2nq points, et que par conséquent tel est aussi le degré de cette courbe.
Le raisonnement peut se continuer indéfiniment pour tous les autres som-

(*) Nous donnerons, dans le Supplément (598), une idée de cette démonstration, pour le cas
particulier des sections coniques.
mets du polygone, en remplaçant successivement les directrices droites par
de nouvelles directrices de degrés quelconques; et l'on voit que ce même
raisonnement, appliqué au cas où tous les points fixes p, p',pli,... sont dis-
tribués sur une même droite, conduira (498) à des courbes de degré moitié
de ceux des courbes qui viennent de nous occuper; donc on peut énoncer
ce théorème général dû à Mac-Laurin, et démontré ensuite, pour le cas du
triangle, par Braikenridge (*) :
Si l'on fait mouvoir un polygone plan quelconque, en assujettissant ses
différents côtés à pivoter respectivement sur autant de points fixes donnés
comme pôles, et chacun de ses sommets, un seul excepté, à parcourir des
directrices courbes quelconques, de degrés m, n, p, q,..., le sommet libre dé-
crira lui-même, dans toutes ses positions, une courbe qui sera, en général et
au plus, du degré 2mnpq..., et qui se reduit-asimplement au degré mnpq...,
quand tous les points fixes seront placés sur une même ligne droite.

539. Les raisonnements par lesquels nous sommes parvenus à la démons-


tration de ce théorème sont conformes à ceux employés par Braikenridge
et Mac-Laurin; ils sont simples, comme on voit, mais on peut leur en sub-
stituer d'autres qui ont l'avantage de ne point exiger l'emploi de proposi-
tions auxiliaires, et de mieux faire connaître la nature particulière de la
courbe.
Pour cela, il est essentiel de remarquer qu'en vertu du principe de con-
tinuité, une droite, tracée arbitrairement dans le plan d'une courbe d'un
certain degré, doit toujours être censée rencontrer cette courbe en un nombre
de points réels, imaginaires, multiples ou situés à l'infini, égal au nombre qui
exprime le degré de cette courbe; de sorte que, si l'on peut prouver rigou-
reusement qu'une certaine droite et une certaine courbe, tracées dans le
même plan, n'ont en commun que m points, soit réels, soit imaginaires,
situés ou non à l'infini, confondus en un seul ou réunis par groupes séparés
de deux ou de plusieurs points, il sera par là même démontré que la courbe
est effectivement du degré marqué par le nombre m (**).
Cela posé, considérons notre polygone variable abcde, dont les différents
sommets a, b, c, d parcourent respectivement des courbes de degrés m, n,

(*) Transactions philosophiques delà Société Royale de Londres; année 1735, n° 439- Voyez
aussi l'ouvrage de Braikenridge, déjà souvent cité : Exercitatio gcometrica, etc.
(**) On remarquera que ce raisonnement,appliqué aux résultats de l'Analyse algébrique, condui-
rait aisément à l'erreur, d'après la manière dont on la traite d'ordinaire, car il arrive souvent qu'on
néglige des facteurs; ici, au contraire, on ne peut rien négliger.
q, r. Supposons qu'on trace à volonté l'un, ae, des côtés adjacents au som-
met libre e; sa direction indéfinie ira rencontrer la courbe du sommet a en
un nombre de points réels, imaginaires, etc., marqué par m; et, si l'on
joint chacun de ces points avec le pôle ou point fixe p' du côté suivant ab,
il en résultera m directions indéfinies pour ce côté, dont chacune corres-
pondra à un polygone particulier ayant la droite ae pour direction du pre-
mier côté; de plus, il ne saurait évidemment y en avoir d'autres qui jouis-
sent de cette propriété.
Mais chacune des directions ainsi obtenues pour «5, etqui sont en nombrem,
rencontrera la courbe du sommet b en n points, d'où résultera mn positions
différentes de ce sommet sur la courbe (n), et par suite mn directions indé-
finies du troisième côté bc, dont chacune correspondra à un polygone parti-
culier remplissant les conditions prescrites, et ayant la droite ae pour direc-
tion du premier côté; donc, en continuant ainsi, on parviendra à prouver
que le nombre total des directions possibles du dernier côté de du polygone
sera égal au produit mnqr des dimensions de toutes les directrices ; de sorte
que tel sera aussi le nombre des polygones distincts qu'il est possible de
construire, sous les conditions prescrites, en prenant ae pour direction du
premier côté; donc enfin il y a au plus, sur la droite ae, mnqr points réels,
imaginaires, etc., différents du point/?, et qui appartiennent véritablement
à la courbe que parcourt le sommet e.
On ne peut pas encore inférer de là que mnqr exprime réellement le degré
de la courbe inconnue ; car il peut se faire que, pour une certaine position
particulière du côté ae, les points de cette courbe, qui lui correspondent, se
confondent tous, ou eQ. partie, avec le point p, lequel étant d'ailleurs fixe,
serait ainsi un point multiple de la courbe, dont l'ordre serait marqué par le
nombre des points d'intersection ou des sommets e qui y auraient successi-
vement passé. Dans ce cas, évidemment. le nombre des points de la courbe,
qui se trouvent sur chacune des droites ae, ne serait pas simplement mnqr,
mais ce nombre augmenté d'autant d'unités qu'il y aurait de points de la
courbe confondus en un seul au point p. Reste donc à rechercher s'il en
est réellement ainsi dans le cas actuel, et quel est l'ordre de multiplicité du
point p.
Or le point e et tous ses semblables se confondront évidemment avec p,
toutes les fois que la direction du dernier côté de passera elle-même par ce
point. Supposons donc qu'on prenne, en effet, la direction de la droite qui
passe par les points fixes extrêmes p et plV pour celle de ce dernier côté, et
qu'on recherche, par des constructions successives inverses de celles ci-dessus,
la direction ou les directions correspondantesdu premier côté ae; elles seront
évidemment en tout au nombre de mnqr, réelles, imaginaires, etc. D'ailleurs,
si ce n'est dans des cas tout à fait particuliers, dont quelques-uns seront exa-
minés plus loin, les directions ainsi obtenues ne se confondront pas en gé-
néral avec celle de la droitepplv ou du premier côté du polygone; donc enfin
elles rencontreront ce même côté en un nombre mnqr de points confondus en
un seul au point p, qui est ainsi un point multiple de la courbe, d'un ordre
représenté par ce nombre.
Concluons de là que, puisque chaque droite passant par p rencontre la
courbe des points e en 2 mnqr points réels, etc., et ne peut la rencontrer en
un plus grand nombre de points, ce nombre est aussi celui qui exprime, en
général, le degré de cette même courbe, ainsi qu'il s'agissait de le dé-
montrer.

540. On remarquera que les mnqr directions du premier côté ae, corres-
pondantes à celle où le dernier côtéde s'applique surppxv, sont précisément
les tangentes aux diverses branches de la courbe qui passent par le point
fixe p.
On prouverait de même d'ailleurs que le point fixeplV du dernier côté du
polygone est aussi un point multiple de l'ordre mnqr, ayant pour tangentes
les mnqr directions du dernier côté, qui correspondent à celle où le premier
ae s'applique sur ppiy; ainsi, non-seulement nous arrivons au résultat dé-
montré plus haut (538), relativement au degré de la courbe parcourue par
le dernier sommet du polygone, mais nous reconnaissons, de plus, que les
points p,plV lui appartiennent, et sont les croisements respectifs de mnqr
branches de cette courbe, dont les tangentes sont faciles à déterminer.
Quant au moyen de construire la tangente en un point quelconque e de la
courbe dont il s'agit, il résulte très-simplement de l'application de la loi de
continuité. En effet, si l'on suppose que le polygone abcde, qui correspond
au point e que l'on considère en particulier, se dérange infiniment peu de la
position actuelle qu'il occupe, il est clair que chacun de ses sommets, y com-
pris le sommet e, tendra à décrire l'élément correspondant de la courbe sur'
laquelle il se trouve, c'est-à-dire la tangente même en ce sommet. Mais,
d'après le théorème de l'article 494, le sommet e tendra aussi à décrire
une section conique ayant un élément commun avec la courbe proposée;
donc (496) il sera facile de déterminer la tangente au point e de la courbe
dont il s'agit ; le tout, comme on voit, par des constructions purement
linéaires.
Cas pour lequel, tous les points fixes étant sur une même droite, la courbe
décrite par le sommet libre s'abaisse à un degré moindre.
541. Supposons maintenant que tous les points fixesp1 p',pli, p"', piv soient
situés sur une même ligne droite, les raisonnements qui précèdent demeu-
reront toujours applicables, sauf ceux qui concernent l'ordre de multiplicité
des points p et plv ; car, non-seulement ces points ne seront plus multiples,
mais encore ils n'appartiendront plus, en général, à la courbe des points e.
En effet, dans ce cas, il arrivera qu'en prenant la direction de pplv pour
celle du dernier côté de du polygone, toutes les directions correspondantes
du premier côté ae se confondront en une seule et même droite avec la
droitepplV dont il s'agit; d'où il suit qu'il n'y aura plus aucun point d'in-
tersection distinct entre ces diverses droites, ou plutôt que la droite pplVtout
entière fera alors elle-même partie de la courbe, et jouera le rôle des mnqr
branches passant, dans le cas général, par p et par plv. Donc aussi la courbe,
en faisant abstraction de ces branches toutes confondues en une seule suivant
la droite ppiy, devra n'être plus que du degré marqué par mnqr; conséquence
qui résulte d'ailleurs également de ce qu'alors cette courbe, ainsi décrite,
n'est plus rencontrée qu'en mnqr points par une droite quelconque ae.
De ce que les points multiples p et plV n'existent plus dans le cas où les
points fixes des côtés sont en ligne droite, il ne faut pas inférer toutefois que
la courbe ne rencontre plus en aucun point la droite pplv qui a cessé d'en
faire partie ; car cette courbe, étant de degré mnqr, devra encore la couper,
en général, en un nombre mnqr de points. C'est ce qu'au reste la discussion
directe apprend très-bien, puisque, un instant avant et un instant après
celui où la droite ae se confond avec pplV, elle renferme encore, en général,
mnqr points distincts de la courbe; ce qui ne peut avoir lieu, à cause de la
continuité, qu'autant que, dans la position intermédiaire dont il s'agit, elle
n'ait un égal nombre de points sur cette courbe, soit réels, soit imagi-
naires, etc.
Par exemple, quand toutes les directrices sont des lignes droites, la ligne
des sommets e est elle-même une droite (498), laquelle rencontre celle des
points fixes jf?,pivenun point nécessairement distinct de l'un ou de l'autre de
ceux-ci ; autrement, en effet, cette droite serait déterminée de situation indé-
pendamment de la direction des autres droites données qui dirigent le som-
met du polygone, ce qui est absurde CJ.

(*) Il serait facile de déterminer directement, au moyen du calcul, dans le cas général où le?
542. Au surplus, on voit que les démonstrations qui précèdent peuvent
servir à établir directement la proposition relative au cas particulier (494) où,
les points fixes étant quelconques, les directrices sont d'ailleurs des lignes
droites : or cette proposition, pour le cas du triangle, conduit immédiatement
à la propriété de l'hexagramme mystique de Pascal, et par suite à toute la
théorie des pôles et polaires des sections coniques (207), théorie d'où dérive
aussi l'élégant théorème de M. Brianchonsur l'hexagonecirconscrit (208), etc.;
donc on pourrait partir de là pour établir, à priori, toutes les propriétés qui
font le sujet des deux premiers Chapitres de la Section II, et qui n'ont trait
qu'à la direction indéfinie des lignes et non à leur mesure.
Pour étendre ensuite ces conséquences à toutes les lignes possibles du
second degré, il faudrait nécessairement admettre en principe que « par cinq
»
points, pris à volonté sur un plan, on ne peut faire passer qu'une seule
»
ligne de ce degré, » ou, ce qui revient au même, il faudrait admettre que
deux telles lignes ne peuvent jamais se rencontrer en plus de quatre points ;
principe qui repose lui-même directement sur la loi de continuité, comme on
l'a déjà observé (538, note première). Déjà aussi nous avons vu (294) qu'à
l'aide de ce principe seul on pouvait établir sur-le-champ toute la théorie
des centres et axes d'homologie des sections coniques : telle est donc l'in-
fluence que peut exercer l'admission de la loi de continuité dans les recher-
ches géométriques, influence qui peut très-bien être comparée, ce me semble,
à celle qu'y exerce elle-même l'Analyse algébrique, par sa grande géné-
ralité.

543. D'après tout ce qui a été dit (541 ) du cas particulier où les points
fixes, sur lesquels pivotent les différents côtés d'un polygone variable, sont
placés sur une même droite, je pense qu'il ne sera pas difficile de reconnaître
les diverses circonstances où le degré de la courbe, parcourue par le sommet
libre, s'abaissera d'une ou de plusieurs unités : on voit, par exemple, que
cela arrivera toutes- les fois que les côtés extrêmes ae et de (fig. 98) du poly-

directrices sont de degrés quelconques, les points où la courbe parcourue par le sommet libre
rencontre la droite des points fixes, en considérant, ainsi qu'on l'a déjà fait (501) pour le cas par-
ticulier que nous venons de citer, la droite dont il s'agit comme une transversale par rapport à
chacun des polygones remplissant les conditions prescrites; car il en résultera une certaine rela-
tion entre les segments formés par les divers points fixes sur les côtés correspondants. Supposant
ensuite que les côtés de ce polygone viennent tous s'appliquer sur la transversale, on obtiendra
autant de relations particulières qu'il y a de points à déterminer sur cette transversale, c'est-
à-dire mnqr.
gone seront susceptibles de s'appliquer en même temps sur la droite pplv
qui renferme les points fixes de ces côtés.
Le nombre des directions du côté de, relatives à une même direction quel-
conque de ae, étant (539), en général, mnqr, s'il arrive que, pour celle où
ae se confond avec ppxv, t directions correspondantes de de s'y confondent
également, ce sera évidemment un signe que le degré de la courbe se sera
lui-même abaissé d'un nombre t d'unités ; et alors le point plV, et par suite
le point p, ne seront plus que des points multiples de l'ordre mnqr t; car

ce qui est arrivé au point plV, en prenant la droite pplv pour direction du
premier côté ae du polygone variable, doit arriver évidemment aussi pour
le point p, en prenant cette même droite pour la direction du dernier côté de.

Cas pour lesquels un ou plusieurs des points fixes se trouvent placés sur les
directrices adjacentes des sommets du polygone.

544. Supposons maintenant que, dans le cas général de l'article 539, le


point fixe p' de l'un quelconque ab des côtés du polygone mobile soit pris
sur l'une des courbes qui dirigent les extrémités de ce côté, par exemple
sur la courbe (n), le nombre des points de la ligne que parcourt le sommet e,
et qui se trouvent placés sur une droite quelconque ae passant par le pôle p,
sera toujours 2mnqr, savoir : mnqr réunis en un seul au point multiple p,
et mnqr à l'intersection de ae et des diverses directions correspondantes du
dernier côté de du polygone.
Mais, en répétant les raisonnements déjà établis (539) pour le cas géné-
ral, on verra que mqr de ces directions appartiennent au point fixe p', qui,
dans le cas actuel, est un des n points d'intersection du côté ab avec la
courbe (n), et peut être pris pour le sommet b du polygone; donc il en
résultera mnqr — mqr = mqr (yz—i) directions relatives aux n — i autres
points d'intersection de ce côté avec la courbe dont il s'agit : or il est
visible que les mqr premières directions sont invariables, quelle que soit
d'ailleurs celle qu'on attribue au premier côté ae du polygone; car, pour
toutes, le côté bc du polygone correspondant passe à la fois par les points
fixes p', p", et par conséquent ce côté et la portion restante bcde du polygone
sont eux-mêmes fixes. Donc mqr branches de la courbe (e) sont devenues
des lignes droites passant par le point plv, desquelles d'ailleurs qrsont seu-
lement distinctes entre elles, à cause que chacune d'elles correspond à la
fois aux m intersections du premier côté ae et de la courbe am, et repré-
sente ainsi véritablement m droites confondues en une seule.
Il suit de là évidemment et de ce qui précède que, si l'on fait abstraction
des mqr branches linéaires dont il s'agit, le nombre des points effectifs de la
courbe (e), qui seront situés sur une direction quelconque du premier côté ae
du polygone, sera égal à mnqr -+- mqr (n — 1) — mqr (2n -i); tel sera
donc aussi le degré effectif de la courbe dont il s'agit, en ne tenant pas
compte des branches qui sont devenues des lignes droites.
Quant à l'ordre de multiplicité des points p et plv, on voit qu'il est en-
core mnqr pour le premier et seulement mnqr — mqr = mqr (n — 1) pour le
second, toujours en faisant abstraction des mqr autres branches linéaires de
la courbe qui passent par ce dernier point.
545. On pourrait encore, avec Braikenridge et Mac-Laurin, démontrer
les mêmes choses par une marche analogue à celle déjà mise en usage
ci-dessus (538), en recherchant en combien de points la courbe des points e
rencontre une droite arbitraire AB tracée sur son plan; car, en contraignant
le sommet e du polygone à parcourir cette droite, le sommet b qui corres-
pondait à la courbe (n), devenu libre, parcourra, d'après le théorème de
l'article 538 déjà cité, une courbe du degré 2mqr qui aura (539) mqt
branches passant par le point fixe p, et rencontrera par conséquent la

-
courbe (n), en faisant abstraction des points qui se confondent avec p',
STiimnqr—mqr= mqr (2n J) points; tel est par conséquent aussi le
nombre des points d'intersection distincts de la courbe (e) et de la droite AB.
ou le degré de cette même courbe dans le cas qui nous occupe.
Si tous les points fixes p,p', étaient placés, en outre, sur une même
...,
ligne droite, le degré de la courbe serait encore mnqr, comme dans le cas
général où le point p' est quelconque, parce qu'alors la courbe parcourue
par le sommet b, quand on contraint le sommet libre e à s'appuyer sur la
droite AB, cesserait de passer par p' (541), et rencontrerait par conséquent
la courbe (n) en mnqr points, en général distincts. C'est aussi ce qu'on peut
voir, à priori, au moyen du raisonnement employé en premier lieu (51,,4).
Néanmoins on ne saurait conclure, dans le cas actuel, comme dans
celui (541) où le point p' était indépendant de la directrice (n), que la
courbe décrite par le dernier sommet e du polygone ne passe pas par le
point fixe p du premier côté ; il serait, au contraire, facile de prouver
qu'elle a encore mqr branches passant par ce point, dont les tangentes s'ob-
tiendraient en conduisant des lignes droites par le point p et par les m points
d'intersection de la tangente en p' avec la courbe (m) du sommet a. On
remarquera d'ailleurs que cette construction ne donnant que m tangentes
pour les mqr branches passant par p, une même tangente appartient néces-
sairement à qr branches distinctes; en sorte que toutes ces branches se
touchent entre elles au point p, en les prenant m par m.
546. Mais revenons au cas général de l'article 544, dans lequel les points
fixes qui servent de pôles aux côtés du polygone ne sont pas placés en ligne
droite, et supposons que le point p', pris sur la directrice (n), au lieu d'être
un point simple, comme cela a été admis dans ce qui précède, soit un point
multiple de l'ordre k. D'après le raisonnementdéjà employé ci-dessus (545),
il sera facile de prouver qu'il existera kmqr branches linéaires de la courbe (e)
passant toutes par le point fixe p; de sorte que, en en faisant abstraction, le
degré de cette courbe sera simplement 2mnqr — kmqr = mqr (2n —k), au
lieu de mqr (2n — r ), comme cela a lieu pour le cas particulier où le point p'
est un point simple de la courbe (n).
Il est visible d'ailleurs que l'ordre de multiplicité du point p est tou-
jours mnqr, tandis que celui du point plV n'est plus que
-
mnqr — hmqr= mqr(n k).
Si plusieurs des points fixesp,p',...,étaient placés à la fois sur les courbes
qui leur correspondentrespectivement ; si même deux de ces points, adjacents,
par les côtés sur lesquels ils se trouvent, à une même courbe ou directrice,
étaient à la fois placés sur cette courbe, on obtiendrait en suivant la même
marche, et le degré de la courbe que décrit le sommet libre du polygone,
en faisant abstraction de toutes ses branches devenues des lignes droites, et
l'ordre de multiplicité des points fixes extrêmes du polygone.
Enfin, si tous les points fixes ou seulement une partie de ces points se
trouvaient à la fois en ligne droite avec les deux extrêmes p,plV, il faudrait,
de plus, avoir égard aux observations déjà faites ci-dessus (545) ; au moyen
de quoi il serait toujours facile de résoudre les questions qui viennent de
nous occuper, et dont plusieurs, relatives au cas particulier du triangle, ont
été traitées fort au long par Braikenridge, dans l'ouvrage déjà souvent cité.

Cas pour lequel toutes les directrices du polygone variable se trouvent remplacées
par une directrice unique.
547. Je crois inutile d'entrer dans plus de détails relativement aux diffé-
rents cas qui nous ont occupés dans ce qui précède, et je vais passer de suite
à celui où l'on remplace à la fois toutes les directrices des sommets du po-
lygone par une même courbe géométrique d'un ordre quelconque.
Soit abcde (fig. 99) un polygone plan quelconque dont les différents som-
mets, un seul e excepté qui reste libre, s'appuient constamment sur une courbe
géométrique d'un ordre quelconque m, tandis que ses côtés successifs ae, ab,
bc, cd, de sont astreints à pivoter respectivement sur les points fixes p, p', p",
plll, plv : je dis que le sommet libre e du polygone parcourra lui-même, dans
le mouvement général du système, les différents points d'une courbe du
degré 2m (m — 1)"-2 (n étant le nombre des points fixes ou des côtés du
polygone), laquelle se réduira simplement à une courbe du degré m (m — 1 )n-',
quand tous ces points seront places sur une seule ligne droite.
Tout consistant à prouver (539) qu'il n'existe, en général, qu'un pareil
nombre de points de cette courbe, situés sur la direction du côté ae adja-
cent au sommet libre du polygone, j'observe qu'en prenant arbitrairement
cette direction, il en résultera, en général, m sommets correspondants a sur
la courbe donnée; menant donc, par le pôle suivant p' et par chacun de ces
sommets, une ligne droite ab, elle ira rencontrer de nouveau la courbe
donnée en m 1 points b, qui pourront être pris pour les troisièmes som-

mets d'autant de polygones correspondants à la même direction ae du pre-
mier côté; donc les points ou sommets b ainsi obtenus seront, en tout, au
nombre de m (m — 1).
En continuant à opérer ainsi de proche en proche, et n étant le nombre
total des côtés du polygone, on voit qu'on obtiendra enfin (m 1)n-2 som-

mets surd la courbe donnée, et par conséquent un égal nombre de direc-
tions du dernier côté de et de sommets e correspondant à la direction choisie
pour le premier côté ae du polygone.
On peut d'ailleurs s'assurer, par un raisonnement tout à fait analogue à
celui déjà employé plus haut (539), qu'il passe, en général, m (m It-2

branches de la courbe inconnue par chacun des points fixes extrêmesp et plV,
et non davantage; donc il existe, en tout, im (m 1 - t-2 points de cette
courbe sur une même direction ae, lesquels d'ailleurs peuvent être réels,
imaginaires, etc.; et partant tel est aussi, en général, le degré de la courbe
que parcourt le sommet e du polygone dans les diverses positions qu'il peut
prendre.
548. D'après tout ce qui a déjà été dit (540 et 541) pour le cas général
où les directrices des sommets du polygone sont quelconques, je crois inu-
tile de m'étendre sur les moyens de construire, soit la tangente en un point
quelconque e de la courbe que décrit le sommet libre du polygone, soit les
tangentes aux diverses branches de cette courbe qui passent parles points
fixes p et plV. Quant aux cas particuliers où plusieurs des points fixes se
trouveraient à la fois sur la droite qui renferme les points extrêmes p et plv,
ou sur la courbe unique qui dirige les sommets du polygone, on ne saurait
éprouver plus de difficultés, attendu que les raisonnements sont absolument
les mêmes que pour le cas général cité.
Ainsi, par exemple, que tous les points fixes soient placés sur une seule
droitepplV, il paraîtra évident ( 541) que m (m 1)n-2 branches de la courbe,

décrite par le sommet e, deviendront des lignes droites confondues en une
seule avec celle dont il s'agit, et que par conséquent le degré de cette courbe
-
se réduira simplement à m (m 1)n-2.
Pareillement encore, supposons que, dans le cas où les points fixes sont
quelconques, l'un d'eux,pl, soit placé sur la courbe qui dirige les sommets
du polygone; il est facile de voir que ce point pourra être pris pour le som-
metbdu polygone, lorsqu'on se donne la direction deae, ou pour le sommeta,
lorsqu'on se donne celle de de, ce qui n'a pas lieu pour le cas où (544)
les directrices de ces sommets sont indépendantes entre elles : or, il résulte
de là et des raisonnements de l'endroit cité, que non-seulementm (m i )n~3

branches passant par plv deviennent des droites, mais qu'il en est ainsi en-
core pour l'autre point fixe p; la courbe se réduit donc alors au degré
im (._ i)"-2 — 2m (ln- I)n-a = im{m — (m — i)w_3.
Enfin si, revenant au cas général où les points fixes sont quelconques, on
suppose qu'une partie seulement des sommets du polygone s'appuient sur
une même courbe, tandis que les directrices qui appartiennent aux autres
sont indépendantes entre elles, on prouvera sans peine, au moyen des con-
sidérations qui précèdent, que le théorème de l'article 538 aura encore lieu,
pourvu qu'on remplace le degré de chacune des directrices des différents
sommets, qui appartiennent actuellement à une même courbe, par le degré
de cette courbe diminué d'une unité; si ce n'est toutefois pour la directrice
du premier de ces sommets, qui devra conserver le degré même qui lui est
propre.
549. Pour compléter le sujet qui nous occupe, il nous resterait à exami-
ner la nature de la courbe sur laquelle roule le dernier côté, supposé libre,
ou les diagonales d'un polygone d'ailleurs assujetti à des conditions ana-
logues à celles admises dans ce qui précède. Nous aurions aussi à examiner
ce qui arrive dans le cas beaucoup plus général où, les directrices des som-
mets du polygone étant toujours quelconques, les côtés rouleraient sur des
courbes de degrés donnés, au lieu de pivoter simplement sur des points
fixes. A cet effet, nous établirions d'abord les trois principes généraux qui
suivent :
« 10
D'un point donné à volonté, sur le plan d'une courbe géométrique
»
du degré m, on peut mener, en général et au plus, — tangentes
à
» cette
courbe. »
«
2° Le degré d'une courbe géométrique donnée sur le plan d'une section
»
conique arbitraire étant m, celui de sa polaire réciproque (232 et suivants)
» est en
général et au plus m (n2 — i ). JJ
«
3° Deux courbes géométriques, l'une du degré m, l'autre du degré n,
»
étant tracées sur un même plan, le nombre des tangentes qui leur sont
» communes est, en
général et au plus, iîîji (m — i) (n — i). »
De ces trois principes (*) le premier a sa démonstration dans la loi de con-
tinuité; le second dérive immédiatement du premier (234); le troisième ré-
sulte du second et du principe qui a été cité (538) combiné avec la théorie
des polaires réciproques; ce dont on a déjà vu un exemple particulier,
art. 400, à l'occasion des courbes du deuxième degré.
Mais il est aisé de pressentir, au simple énoncé de ces principes, que les
résultats auxquels on parviendrait, quant au degré des courbes parcourues,
seraient nécessairement fort compliqués et n'offriraient ainsi qu'un bien
faible intérêt. C'est pourquoi, au lieu de nous engager dans ces nouvelles
recherches, nous allons terminer en montrant, d'une manière succincte,
comment, de ce qui précède, on peut passer de suite au cas où certains
angles des polygones que l'on considère sont constants, quoique mobiles
autour de leurs sommets ; ce qui embrassera naturellement les principaux
résultats énoncés par Mac-Laurin, dans le numéro déjà cité (538, note 2e)
des Transactionsphilosophiques.

Cas où certains sommets du polygone restentfixes, en même temps que leurs


angles mobiles conservent une ouverture constante.

550. Commençons par ne considérer qu'un seul angle ACB (fig. 100),
mobile autour de son sommet C, dans le plan d'une figure quelconque; tra-
çons, de ce sommet comme centre, une circonférence de cercle d'un rayon
d'ailleurs arbitraire; menons-y une tangente quelconque ad terminée aux
deux côtés de l'angle ACB, considéré dans une de ses positions autour du
centre C; achevons, à volonté, l'hexagone circonscrit abpp'cd; les diagonales
qui joignent les sommets opposés de cet hexagone viendront se couper en un
même point e (208).

(*) Nous avons démontré ces principes dans un article inséré à la page 208 du tome VIII des
Annales de Mathématiques.
Cela posé, si, laissant fixes les cinq premiers côtés ab, bp, pp', p'c, cd de
cet hexagone, et par conséquent aussi la diagonale bc, on contraint le
sixième côté ad à se mouvoir entre ceux qui lui sont adjacents, de façon que
le croisement e des diagonales ap',pd qui lui appartiennent soit sur la troi-
sième diagonale bc qui reste fixe, le côté ad, dont il s'agit, roulera perpé-
tuellement sur le cercle proposé. Or il suit de là (462) que l'angle au centre
ACB, qui répond à ce côté, demeurera invariable de grandeur en occupant
successivement toutes les positions possibles autour du point C; donc le
mouvement d'un angle constant quelconque, qui tourne autour de son som-
met considéré comme point fixe ou pôle, peut être remplacé par celui de
l'angle aCd d'un quadrilatère aCdea dont le sommet C, appartenant à cet
angle, est fixe, tandis que les trois autres s'appuient respectivement sur les
droites ab, bc, cddonnées de position, et que, d'ailleurs, les côtés ae et de,
non adjacents à cet angle, pivotent sur les points fixesp' etp, également don-
nés de position sur le plan dela figure.
Supposons maintenant que l'angle constant ACB, mobile autour de son
sommet C, fasse partie de ceux d'un polygone variable dont les sommets A
et B, adjacents à cet angle, soient astreints à parcourir des lignes courbes
quelconques; il est clair, d'après ce qui précède, que le mouvement des
côtés de cet angle, et par conséquent celui des sommets A etB sur les courbes
dont il s'agit, pourra être exactement remplacé par le mouvement de la
portion de polygone AaedB dont les quatre côtés A a, ae, ed, dB pivotent
respectivement sur les points fixes C,p',p, C, et dont les sommets intermé-
diaires a, e, d sont astreints à décrire les droites données ab, bc, cd.
Par conséquent, si le polygone variable que l'on considère possède un
nombre quelconque d'angles constants, mobiles autour de leurs sommets, et
dont les côtés s'appuient, par leurs extrémités respectives, sur des courbes
de degrés quelconques, on pourra le remplacer par un autre polygone, dans
lequel tous les côtés pivoteront sur des points fixes et dont tous les sommets,
à l'exception du sommet libre, s'appuieront sur des directrices données, les
unes courbes et qui appartiennent à l'ancien polygone, les autres droites et
qui y auront été introduites par les opérations qui précèdent. Donc on pourra
toujours déterminer le degré de la courbe que décrit, dans son mouvement,
le sommet libre, au moyen des principes posés dans ce qui précède; et l'on
voit que ce degré ne dépendra absolument que du degré des directrices du
polygone primitif, puisque toutes celles qu'on y aura introduites subsidiaire-
ment seront des lignes droites. Par exemple, on pourra énoncer, entre autres,
ce théorème général (538) :
Si l'on suppose que tous les angles, de rang pair, d'un polygone variable qui
a lui-même un nombre pair de côtés, soient constants et se meuvent autour de
leurs sommets respectifs considérés comme pôles, tandis que tous les sommets de
rang impair, un seul excepté, soient astreints à demeurer sur des lignes courbes
de degré m, n, p,..., prises pour directrices, le sommet libre décrira lui-même
une courbe de degré 2mnp..., et qui passera mnp... fois par chacun des som-
mets fixes qui lui sont adjacents dans le polygone.
551. Ainsi, quandtoutes les directrices seront des lignes droites, la courbe
décrite par le sommet libre du polygone sera simplement une section co-
nique, comme cela a lieu (494) pour le cas où tous les côtés dIl polygone
pivotent sur des points fixes et où tous les angles sont variables. Quel que
soit d'ailleurs le degré des diverses directrices, on voit que celui de la courbe
du sommet libre s'abaissera d'autant d'unités (543) que les côtés extrêmes,
adjacents à ce sommet, seront de fois susceptibles de s'appliquer ensemble
sur la direction de la droite qui renferme les deux points fixes ou pôles aux-
quels appartiennent ces mêmes côtés.
Au surplus, ces divers théorèmes et tous ceux auxquels est parvenu Mac-
Laurin, tant dans l'endroit déjà cité (549) que dans sa Géométrie organique,
pourraient s'établir directement, soit au moyen du principe de l'article 475,
dû à Newton et qui est un cas particulier de celui qui précède, soit plus
généralement en s'appuyant sur les considérations qui viennent d'être mises
en usage dans le précédent Chapitre, lesquelles ne reposent absolument que
sur l'emploi du principe de continuité et sur quelques notions qui se rap-
portent à la Géométrie de situation. Ces théorèmes une fois établis, on en
déduirait ensuite aisément ceux qui leur sont analogues et où il n'est point
question d'angles constants, en supposant ces angles nuls ou égaux à deux
droits; et c'est ainsi qu'en a agi Mac-Laurin pour arriver à quelques-uns de
dit (204 et 494), lui été
ces théorèmes, dont la découverte, avons-nous a
contestée par Braikenridge.
Comme notre objet n'est point le même que celui de ces géomètres, puis-
que nous n'avons pas prétendu faire un Traité sur la description des lignes
courbes, nous croyons ce qui précède plus que suffisant pour donner une
idée des méthodes qu'ils ont employées, et mettre le lecteur sur la voie d'e
découvrir, dans le besoin, beaucoup de théorèmes qui peuvent leur ètre
échappés.
Inscription et circonscription d'un polygone à des polygones donnés.
552. Conformément à ce qui a été annoncé (537), nous allons terminer
ces recherches par quelques applications des diverses propriétés établies
dans le précédent Chapitre, applications dont, pour la plupart, nous avons
déjà énoncé les résultats, sans démonstration,dans un article qui a été inséré
à la page i/ji du tome VIII des Annales de Mathématiques.
On voit d'abord que rien n'est plus facile que de résoudre la question sui-
vante :
A un polygone, donné à volonté sur un plan, inscrire un nouveau polygone
qui soit en même temps circonscrit à un troisième, c "est-à-dire tracer un poly-
gone dont les sommets s'appuient respectivement sur les côtés du premier, et
dont les côtés passent respectivementpar les sommets du second.
Supposons, en effet, qu'on rende libre l'un quelconque des sommets du
polygone cherché, en faisant, pour un instant, abstraction de la droite don-
née sur laquelle il doit se trouver ; ce sommet décrira une section co-
nique (491,.), rencontrant généralementla droite dont il s'agit en deux points,
qu'il sera aisé de construire (344) en déterminant seulement trois points de
la courbe, ou trois positions quelconques du sommet libre, outre les deux
pôles ou points fixes adjacents à ce sommet, qui appartiennent égale-
ment (494) à cette courbe. Ayant ainsi la position de l'un des sommets du
polygone cherché, on obtiendra successivement, et de proche en proche,
celle de tous les autres par des constructions purement linéaires.
Le principe de l'article 502 conduirait également à des constructions fa-
ciles à exécuter.

553. Ce problème a déjà occupé plusieurs géomètres distingués, notam-


ment MM. Servois, Gergonne et Simon Lhuilier, qui en ont offert des solu-
tions plus ou moins élégantes, qu'on trouve insérées dans le IIe volume des
Annales de Mathématiques; celle que nous venons d'offrir est conforme à la
solution donnée par M. Servois à la page 116 du même volume. On voit
qu'elle s'exécutera avec la règle seulement dans les deux cas suivants :
« 10
Quand les points donnés ou les sommets du deuxième polygone
donné, par lesquels doivent passer les côtés du polygone qu'on cherche,
seront situés sur une seule et même ligne droite (498).
En supposant d'ailleurs que la droite qui contient tous ces poins passe à
.
l'infini, la solution reviendra à celle qui a été donnée, par M. Gergonne, à la
page 285 du tome II du recueil cité.
«
2° Quand les côtés du polygone donné, auquel doit être inscrit celui
qu'on cherche, iront tous concourir en un même point (505). »
Il est évident que, dans ces divers cas, plusieurs des droites ou des points
donnés peuvent se confondre en une seule et même droite ou en un seul et
même point, sans que le nombre des sommets du polygone cherché diminue,
et sans que la solution cesse de rester la même (509).
554. Dans ce qui précède, nous n'avons point eu égard à l'ordre particu-
lier dans lequel se succèdent les sommets et les côtés du polygone inconnu,
relativement à la disposition des droites et des points donnés sur lesquels
ils doivent s'appuyer respectivement. Or il est évident que chacun des arran-
gements possibles et différents, soit de ces sommets, soit de ces côtés, par
rapport aux droites et aux points donnés, conduira à un problème particu-
lier, tout à fait distinct des autres, et dont la solution devra proprement
appartenir à la Géométrie ordinaire.
La question qui nous occupe, prise dans toute sa généralité, se partage
donc en deux autres qu'il est essentiel de ne pas confondre : l'une apparte-
nant à la Géométrie de situation, et l'autre, dépendant simplement de Sa
Géométrie ordinaire, que nous venons déjà de résoudre. Celle qui est entiè-
rement relative à la Géométrie de situation se divise elle-même évidem-
ment en deux questions essentiellement distinctes : l'une qui consiste a re-
chercher
Quel est le nombre de polygones réellement différents, quant à la succession
des côtés, qu'il est possible deformer en assujettissant ces mêmes côtés à passer
respectivementpar un nombre m de points donnés ;
Et l'autre où l'on se propose de trouver
Quel est le nombre des polygones réellement différents, quant à la succes-
sion des sommets, qu'il est possible de former en assujettissant ces mêmes
sommets, un seul excepté, à s'appuyer respectivement sur m — i droites
données.
Or il est aisé de voir que le nombre des premiers polygones est, en général,

Quant à la manière de les former, on appellera a, b, c, d,...,f les points


par où doivent passer les divers côtés du polygone, et l'on supposera que
ces mêmes lettres appartiennent aussi aux côtés correspondants; puis on pla-
cera arbitrairement trois de ces lettres, celles a, b, c par exemple, sur le pé-
rimètre d'un premier cercle; le nombre des divers arrangements de ces trois
lettres ne saurait évidemment surpasser i, parce qu'ici on peut les lire
indifféremment de droite a gauche ou de gauche à droite.
Pour passer de ce premier cas à celui où il y a quatre lettres a, b, c, d, il
faudra intercaler la lettre d successivement entre deux des trois premières,
ce qui ne donnera évidemment que trois arrangements possibles et réelle-
ment différents, qu'il faudra écrire séparément sur trois nouvelles circonfé-
rences, afin de ne point les confondre entre eux.
On trouvera pareillement les arrangements qui correspondent à une cin-
quième lettre e, introduite parmi les autres, en l'intercalant, pour chacune
des circonférences dont il vient d'être question, entre deux lettres consécu-
tives des arrangements de quatre lettres qu'elles représentent séparément :
on obtient ainsi quatre arrangements possibles de cinq lettres, pour chacune
de ces circonférences ; d'où il suit que le nombre total de ces divers arrange-
=
ments est 3.4 12. Pour les distinguer les uns des autres, on pourra les
écrire, à leur tour, sur autant de circonférences particulières.
En continuant ainsi de proche en proche, on parviendra enfin à obtenir
tous les arrangements possibles et différents qui correspondentaux m points
donnés, et l'on voit que leur nombre sera égal en général à 3.4. 5....(m — 1),
ainsi que nous l'avions annoncé.
Rien n'est plus facile que de concevoir l'usage qu'on pourra faire de cette
espèce de tableau artificiel. Supposons, par exemple, que l'on considère, en
particulier, un arrangement abcd...f; en se reportant à la figure du pro-
blème, cela signifiera qu'en faisant passer par a le premier côté du polygone
à construire, le second devra passer par b, le troisième par c, le quatrième
par d, et ainsi de suite, et enfin le dernier par f.
555. Pour résoudre la seconde question, prenons, à volonté, l'un des po-
lygones particuliers ainsi obtenus, qui diffère de tous les autres, quant à
l'arrangement des côtés relativement aux points donnés, par exemple celui
abcd...f que nous venons de considérer en dernier lieu. Prolongeons son
premier côté a jusqu'à sa rencontre avec les m- 1
droites données, il en
résultera m — i points distincts qu'on pourra prendre pour les deuxièmes
sommets d'autant, de polygones différents; faisant donc passer le second
côté b par chacun de ces sommets, et prolongeant, à son tour, ce côté jus-
qu'à sa rencontre avec les m — u droites données restantes, et qui ne con-
tiennent pas le deuxième sommet appartenant déjà à ce côté, il en résultera
m — 2 points distincts qu'on pourra prendre pour les troisièmes sommets de
chacun des polygones différents qui correspondent aux m— 1 deuxièmes
sommets déjà trouvés; c'est-à-dire qu'on aura, en tout, (m — 1) (m 2) -
troisièmes sommets pouvant appartenir à un égal nombre de polygones essen-
tiellement différents.
Traçons de nouveau chacun des troisièmes côtés c qui correspondent aux
(m — i )(/M — 2) troisièmes sommets trouvés, et prolongeons-le également
jusqu'à sa rencontre avec les m -3droites données, qui ne renferment
ni le troisième, ni le deuxième sommet d'où il provient; il en résultera,
-
pour ce troisième côté c,m 3 points qu'on pourra prendre pour les qua-
trièmes sommets de chacun des polygones différents qui correspondent
aux (m — i) (m — i) troisièmes sommets déjà trouvés, c'est-à-dire en tout
(m- i) (m-2) (m-3) quatrièmes sommets appartenant à un égal nombre
de polygones essentiellement différents.
En continuant ainsi, de proche en proche, jusqu'au dernier côtéf, on trou-
vera évidemment que le nombre des polygones essentiellement différents
qu'on peut former, pour un même arrangement abcd...fdes côtés relative-
ment aux droites données, est égal à
(m — 1 )
.
(m — 2 ) (m — 3 ). 3.2.1.
Il suit de là que le nombre total des polygones essentiellement différents
que l'on peut former, relativement à l'ordre particulier de succession des
sommets et des côtés par rapport aux droites et aux points donnés, est, en
tout ( 554),

Mais, d'après ce qui précède, pour un ordre quelconque de succession des


côtés et des sommets par rapport aux droites et aux points donnés, le pro-
blème de l'article 552 a, en général, deux solutions distinctes ; donc le
nombre total des solutions effectives de ce problème, pris avec toute l'exten-
sion qui lui est propre, est en général 1.22.32...(m — 1)2.
556. Si l'on admettaitqu'une même droite donnée pût renfermer plusieurs
sommets du polygone, et que le nombre de ces droites fût d'ailleurs n, on
trouverait, par le raisonnement qui précède, que le nombre des polygones
essentiellement différents, qui ont leurs sommets sur ces droites et qui répon-
dent à un même ordre de succession des points donnés, est égal à n (n- 1)m-i;
le nombre des solutions effectives du problème serait donc alors

nombre qui se réduira à la moitié toutes les fois (553) que les points donnés
seront sur une même droite, ou que les droites données convergeront en un
même point. C'est ce qui aura lieu en particulier (509), quand n sera
égal à 2, ou que le polygone devra être inscrit dans un angle donné ;
ainsi le nombre des solutions effectives du problème sera alors simple-
.
ment i 2.3.... (m — i).

Inscription aux sections coniques de polygones dont les côtés passent


par des
points donnés.
557. Les considérations précédentes, qui sont entièrement analogues à
celles mises en usage art. 547, s'appliquent également au cas où l'on
rem-
place les droites données par une section conique quelconque; mais alors il
ne peut plus être question que de l'ordre de succession des côtés par rap-

-
port aux points proposés, lequel donne évidemment toujours lieu (554) à
3.4.... (m 1) polygones différents et distincts. Si l'on ne considère, en
particulier, qu'un seul de ces polygones, la partie purement géométrique
du problème relatif au cas dont il s'agit pourra s'énoncer ainsi qu'il suit :
A une section conique donnée et décrite sur un plan, inscrire un polygone
de m sommets, dont les côtés, prolongés s'il le faut, passent respectivement, et
dans un ordre assigné, par autant de points donnés arbitrairement sur un
plan.
Ce problème est célèbre et a exercé la sagacité d'un grand nombre de
savants géomètres : Pappus le résout, dans ses Collections mathématiques,
pour le cas particulier du cercle et du triangle, lorsqu'on suppose les trois
points donnés en ligne droite. Cramer ayant proposé depuis le problème de
Pappus à Castillon, en étendant l'énoncé au cas où les trois points sont quel-
conques, ce dernier en donna une solution fort compliquée, qui se trouve
imprimée dans les Mémoires de l'Académie de Berlin pour 1776, et qui n'a
guère d'autre mérite que celui d'avoir été obtenue par l'Analyse géométrique
des Grecs. Lagrange en donna peu après une autre solution très-belle, mais
purementalgébrique, qui est insérée dans le même volume, et qu'on retrouve
dans la Géométrie de position, simplifiée et étendue au cas où l'on deman-
derait d'inscrire au cercle un polygone d'un nombre quelconque de côtés,
passant par un égal nombre de points donnés. Le cas particulier du triangle
a encore occupé Euler et ses disciples Fuss et Lexell (*).
Giordano di Ottaïano, jeuhe Napolitain, fut le premier qui trouva une
solution géométrique et simple du cas général de l'inscription au cercle d'un
polygone quelconque; mais, quoique fort élégante, elle exige l'emploi du
compas et une suite d'opérations qui, même pour le cas particulier du
triangle, sont encore assez compliquées. Malfatti parvint peu de temps après

(*) IVe volume des Nouveaux Mémoires de Pétersboulg.


à la même solution, en partant de principes analogues et, à ce qu'il paraît,
sans avoir eu connaissance des résultats de Giordano : les recherches de ces
deux géomètres se trouvent imprimées dans le IVe volume des Mémoires de
la Société Italienne, et ont été reproduites depuis par S. Lhuilier, dans ses
Éléments d'Analyse géométrique et d'Analyse algébrique, § i ZjB.
Enfin ce problème a aussi occupé M. Brianchon, pour le cas où, les points
donnés étant sur une même droite, on substitue au cercle une section conique
quelconque. Sa solution, qui est. entièrement basée sur le principe de l'ar-
ticle 522, se trouve imprimée dans le Xe Cahier du Journal de rÉcole Poly-
technique, parmi d'autres recherches intéressantes qui, pour la plupart, ont
déjà été signalées dans le cours de cet ouvrage.
Les solutions que nous allons offrir et que nous avons énoncées, sans
démonstration, dans un article inséré à la page 147 du tome VIII des Annales
de Mathématiques, paraîtront surtout dignes de remarque en ce que, s'appli-
quant à une section conique en général, elles n'exigent que l'emploi de con-
structions linéaires fort simples, même pour le cas de l'inscription à la courbe
d'un polygone d'un nombre quelconque de côtés.

558. La question se réduit évidemment à assigner l'un des sommets du


polygone demandé, attendu que, ce sommet une fois déterminé, la solution
s'achève, avec la règle seulement, de la manière la plus simple, soit que
d'ailleurs la courbe soit entièrement décrite ou seulement donnée (204) par
cinq points quelconques de son périmètre.
Supposons donc qu'on inscrive à volonté, à la section conique, une por-
tion de polygone dont les côtés, en nombre égal a celui des points donnés,
passent respectivement, et dans l'ordre assigné, par ces points. Soient a et k
la première et la dernière extrémité de cette portion de polygone; s'il arrive
que a et k se confondent, et que ak touche par conséquent la section conique,
c'est-à-dire si la portion de polygone se ferme d'elle-même sur la courbe,
le polygone ainsi obtenu sera évidemment un de ceux que l'on cherche.
Si au contraire, comme il arrive en général, les extrémités a et k ne se
confondent pas, en les joignant par une droite ak et faisant varier la portion
de polygone correspondante, de toutes les manières possibles, d'après les
mêmes conditions, cette droite roulera en enveloppant dans ses diverses po-
sitions (510) une même section conique doublement tangente à la pro-
posée. Or, la question qui nous occupe revenant à chercher la position de
la corde ak pour laquelle cette corde est nulle ou tangente à la courbe pro-
posée, et cette circonstance ne pouvant avoir lieu évidemment que pour les
seuls points de contact de la section conique qu'elle enveloppe avec celle
dont il s'agit, on voit que tout consiste simplement a déterminer ces deux
points decontact ou la sécante qui leur appartient; car, en prenant ensuite
l'un quelconque de ces points pour la première ou la dernière extrémité
d'une portion de polygone correspondante, il arrivera nécessairement que
cette portion de polygone se fermera d'elle-même sur la courbe proposée.
La question à laquelle se réduit, en dernière analyse, celle qui nous
occupe se trouve résolue tout entière dans le précédent Chapitre (510
et 511), et sa solution est, comme on l'a vu, assez simple et n'exige que des
constructions purement linéaires; mais, comme cette solution est indirecte
et manque de symétrie, il ne sera pas hors de propos de faire voir qu'on
peut la remplacer par une autre beaucoup plus élégante.

559. En effet, pour obtenir la sécante de contact de la section conique


proposée avec celle qu'enveloppe la corde ak dans toutes ses positions, on
peut aussi se servir du procédé général indiqué art. 424, qui exige simple-
ment que l'on connaisse trois positions quelconques et distinctes de ak, les-
quelles sont ici faciles à obtenir. Cela posé, tout consistera, comme on le
voit, à inscrire à la courbe proposée un hexagone dont ces trois cordes soient
précisément les diagonales joignant les sommets opposés; car, d'après ce
qui a été dit à l'endroit cité, la droite qui renfermera les points de con-
cours des côtés opposés de cet hexagone sera précisément la sécante de con-
tact demandée.
Comme cette construction donne lieu à quatre hexagones et à quatre sé-
cantes de contact répondant à autant de sections coniques doublement tan-
gentes à la proposée, il est bon de remarquer qu'il n'y a qu'une seule de
ces solutions qui doive appartenir à la question qui nous occupe, attendu
que la corde ak ne peut également envelopper, dans ses diverses positions,
qu'une seule et même courbe. Or, cette courbe devant nécessairement être
intérieure à la proposée, il sera facile de voir, en se servant des considéra-
tions de l'article 438, que les premières extrémités a des trois portions de
polygones qui ont donné les trois cordes ak devront être prises pour les trois
sommets de rang impair de l'hexagone ci-dessus, et les dernières k pour les
trois sommets de rang pair qui leur sont opposés respectivement; donc on a
cette nouvelle solution du problème général que nous avons en vue :
«
Inscrivez à volonté et successivement, à la section conique proposée,
»
trois portions de polygones dont les côtés, en nombre égal à celui des
»
points donnés, passent respectivement, et dans l'ordre assigné, par ces

s
»
points. Soient a, a', a" les premières extrémités de ces portions de poly-
> gones, et k, k', k" les dernières, respectivement. Soient considérés ces six
»
points comme les sommets d'un hexagone inscrit a la section conique,
y> ayant pour sommets opposés a et k, a' et k', a" et k", et les trois points a,
» a', a" pour sommets de rang impair; les trois points de concours de ses
»
côtés opposés seront, comme on sait, sur une même droite, et cette droite
» coupera, en général, la section conique en deux points, dont chacun
» pourra être pris pour le sommet cherché du polygone. »

560. On voit que cette construction revient, en définitive, à joindre par


de nouvelles droites les extrémités d'espèces différentes appartenant à deux
quelconques des cordes ak, a'k', dlk'l,obtenues comme il vient d'être expli-
qué; car leur point de rencontre sera précisément un des points de concours
des côtés opposés de l'hexagone, c'est-à-dire (438) un des points de la
sécante de contact cherchée.
Quelque incontestable que soit la supériorité de cette seconde solution
sous le rapport de la généralité et de la symétrie, nous croyons cependant
devoir observer que, lorsque les points donnés sont peu nombreux, l'autre
semble lui être préférable sous le rapport de la simplicité, attendu qu'elle
exige le tracé d'un moindre nombre de lignes.
Toutes ces constructions ayant d'ailleurs une partie arbitraire, on peut
profiter de ce qu'elles présentent d'indéterminé pour les rendre plus simples.
On peut, par exemple, faire passer l'un des côtés extrêmes de la portion de
polygone par les deux premiers ou les deux derniers des points donnés. Ce
côté comptera alors pour deux, et l'origine de la portion de polygone pourra
être indistinctement supposée à l'une ou à l'autre de ses extrémités. En
appliquant cette remarque au cas du triangle, dans la première solution, on
aura deux manières de déterminer le point P" (511, fige 85) sur la polaire
de p". On pourra donc se dispenser de construire cette polaire, et la recherche
du sommet inconnu se réduira ainsi au tracé de neuf lignes droites seulement.
Cette remarque, appliquée également au cas du triangle dans la seconde so-
lution, conduira précisément aux mêmes résultats.
On voit au surplus, par ce qui précède, que pour un ordre de succession
quelconque des points donnés, le problème peut avoir, en général, deux
solutions distinctes; donc, pris dans toute son universalité, le nombre de
ses solutions distinctes pourra s'élever (556) à 1.2.3... (m — i).
Circonscription, aux sectionsconiques, de polygones dont les sommetss'appuient
sur des droites données.
561. Les considérations qui viennent d'être exposées conduisent immé-
diatement, au moyen de la théorie des pôles, à la solution complète de cet
autre problème, qui peut être considéré, en quelque sorte, comme le réci-
proque du premier :
A une section conique donnée et décrite sur un plan, circonscrire un polygone
de m côtés, dont les sommets s'appuient respectivement sur un même nombre de
droites données, tracées arbitrairementsur ce plan.
En effet, si l'on construit les pôles des droites données, et qu'on leur ap-
plique la question résolue en dernier lieu; si l'on circonscrit ensuite, à la
section conique, les polygones qui ont pour points de contact des côtés les
sommets des polygones inscrits ainsi obtenus, il est évident que les sommets
de ces nouveaux polygones appartiendront respectivement (524) aux diverses
droites données. D'après cela, le nombre de ces polygones sera encore égal
à 1.2.3... (m- I), comme ci-dessus.
Cette solution est indirecte; mais soit qu'on applique aux solutions du
problème de l'article 557 les principes de la théorie des polaires réciproques,
soit qu'au contraire on se serve immédiatement des principes établis, dans
le précédent Chapitre (524 et suivants), sur les polygones circonscrits, en
les combinant avec les résultats obtenus art. 418 et 419, on parviendra,
d'une manière également facile, aux diverses constructions qui résolvent le
nouveau problème sans aucune opération auxiliaire. Ainsi, par exemple, on
arrivera à cette solution qui ne le cède en rien, pour l'élégance et la simpli-
cité, à celle de l'article 559, relative aux polygones inscrits dont l'ordre de
succession des côtés et des points fixes est assigné :
cr
Circonscrivez à volonté et successivement à la section conique propo-
»
sée trois portions de polygones d'autant de sommets qu'il y a de droites
i données, et
dont les sommets soient respectivement, et dans l'ordre assi-
»
gné, sur ces droites. Soient a, a', a" les premiers côtés de ces portions de
»
polygones, et k, k', k" les derniers respectivement. Soient considérées ces
»
six droites comme les côtés d'un hexagone circonscrit à la courbe, ayant
> pour ses
côtés opposés a et k, a' et k', a" et k", et les trois côtés a, a', a"
» pour
côtés de rang impair; les trois diagonales, joignant les sommets
JI
opposés de cet hexagone, se couperont, comme l'on sait (208), en un
»
même point; et la polaire de ce point déterminera, par son intersection
» avec la courbe, deux points dont chacun pourra être pris pour le point de
» contact de cette courbe avec le côté cherché du polygone. »

562. Le problème que nous venons de résoudre en dernier lieu a aussi


occupé plusieurs géomètres de mérite : il a d'abord été proposé par M. Ger-
gonne, pour le cas particulier du triangle et du cercle, à la page 17 du
tome Ier des Annales de Mathématiques. M. Encontre a ensuite fait voir,
page 122 du même volume, que sa solution, pour le cas général de la cir-
conscription au cercle d'un polygone quelconque, pouvait se ramener, au
moyen de la théorie des pôles, au problème analogue relatif aux polygones
inscrits, déjà résolu par les géomètres.
Cette solution, comme on voit, était indirecte et exigeait l'emploi de la
règle et du compas réunis, ainsi que celle d'où on la déduisait; M. Gergonne,
quelques pages après, en énonça une autre entièrement directe, relative au
cas particulier du triangle, et qui fut étendue aux sections coniques et dé-
montrée enfin géométriquement par MM. Servois et Rochat, aux pages 338
et 342 du volume déjà cité : comme elle est fort élégante, je crois qu'on
verra avec plaisir comment elle peut se déduire des principes qui précèdent.
Soient AB, BC, AC (fig. 85) les droites données sur lesquelles doivent
s'appuyer les sommets respectifs du triangle circonscrit à la courbe; soient
p, p', p" les pôles respectifs de ces droites, par lesquels doivent passer les
côtés du triangle polaire inscrit qui a ses sommets aux points de contact des
côtés du premier (524); en traçant à volonté le quadrilatère inscrit abcd,
comme il a été expliqué (511), tout consistera (558 et 561) à rechercher la
sécante de contact commune dela section conique proposée et de celle qu'en-
veloppe le côté libre ad de ce quadrilatère dans les diverses positions qu'il
peut prendre. A cet effet, on pourrait construire les deux points P' et P"
comme à l'endroit cité (511), puisqu'ils appartiennent à la direction de la
droite dont il s'agit; mais on arrivera encore au même but à l'aide des con-
sidérations suivantes.
D'après la construction, les trois points P, p", P" sont tels, que l'un quel-
conque P d'entre eux est le pôle de la droite p"P" qui renferme les deux
autres; donc cette droite pllplI doit (196) renfermer le pôle de toute droite
Pp'p passant par P; or le pôle de pp' est évidemment à l'intersection B des
polaires AB et BC de p et p'; donc les trois points B, p" et P" sont sur une
même droite, et par conséquent on peut obtenir immédiatement le point P"'
au moyen des deux autres et sans passer par les constructions de l'ar-
ticle 511 ; on aura donc ainsi un des points de la sécante de contact cherchée.
Maintenant, si l'on joint le sommet C du triangle donné ABC avec le pôle
p du côté AB, qui lui est opposé, par une droite Cp, on prouvera de la même
manière que le point où elle ira rencontrer ce côté appartiendra également
à la sécante qui renferme le point de contact du côté du triangle circonscrit
dont les extrémités sont sur les droites AB et AC; donc cette droite sera en-
tièrement connue de position aussi bien que le côté dont il s'agit, et par con-
séquent le problème proposé sera complétement résolu par des constructions
purement linéaires.
Ces résultats, qui sont exactement conformes à ceux obtenus par MM. Ger-
gonne, Servois et Rochat aux endroits cités des Annales de Mathématiques,
peuvent évidemment s'énoncer ainsi :
«
Ayant déterminé (fig. 91) les pôles respectifs p, p', p" des côtés du
»
triangle donné ABC, par rapport à la section conique, on joindra chacun
»
de ces pôles, par une droite, avec le sommet opposé au côté d'où il pro-
>
vient; cette droite ira déterminer sur ce côté un point, ce qui donnera en
> tout
trois points pareils A', B', C' : or ces trois points étant joints, deux à
»
deux, par de nouvelles droites, donneront lieu à un triangle A/B'C', in-
»
scrit au proposé, dont les côtés détermineront, parleurs intersections avec
»
la courbe, les six points de contact appartenant aux deux triangles à la
*
fois circonscrits à cette courbe et inscrits au proposé. »
Il est évident que ces relations font partie de celles qui appartiennent au
système de trois points, pris à volonté sur le plan d'une section conique, et
aux polaires de ces trois points; relations qui ont été exposées, pour la plu-
part, aux articles 419 et 424.
Cas où les points donnés sont sur une même droite, et où les droites données
concourent en un mêmepoint.
563. Parmi le grand nombre de cas particuliers que peuvent offrir les pro-
blèmes généraux des articles 557 et 561, il en est deux qui paraîtront tout
à fait dignes d'intérêt, soit par les circonstances qu'ils présentent, soit par
la simplicité de la solution qui leur est relative ; l'un et l'autre sont des con-
séquences tellement évidentes des principes établis art. 513, 525 et 529 du
précédent Chapitre, que je crois pouvoir me borner au simple énoncé des
résultats.
A une section conique donnée inscrire un polygone de tant de sommets qu'on
voudra, dont les côtés passent respectivement et dans un ordre assigné, par au-
tant de points donnés, situés sur une même ligne droite.
Solution. Inscrivez à volonté, à la courbe, une portion de polygone, dont
les côtés passent respectivement par les points donnés. Le nombre de ces
points pourra être pair ou impair.
Le nombre des points donnés étant pair, si le polygone ne se ferme pas de
lui-même, le problème ne pourra être résolu; et si, au contraire, il se ferme
de lui-même, tout autre se fermera également, et par conséquent le problème
sera susceptible d'un nombre indéfini de solutions, c'est-à-dire qu'il sera
indéterminé.
Le nombre des points donnés étant impair, la corde qui joindra les deux
extrémités de la portion de polygone ira couper la droite unique, qui con-
tient les points donnés, en un nouveau point dont la polaire, par son inter-
section avec la courbe, déterminera deux points, dont chacun pourra être
pris pour le dernier sommet du polygone demandé.
A une section conique donnée circonscrire un polygone de tant de côtés
qu'on voudra, dont les sommets s'appuient respectivement, et dans un ordre
assigné, sur un égal nombre de droites données, concourant toutes en un seul
et mêmepoint.
Solution. Circonscrivez à volonté, à la courbe, une portion de polygone
dont les sommets s'appuient respectivement sur les droites données. Le
nombre de ces droites pourra être pair ou impair.
Le nombre des droites données étant pair, si les deux côtés extrêmes de la
portion de polygone ne se confondent pas en un seul, le problème ne pourra
être résolu; et si, au contraire, ils coïncident de manière à former un poly-
gone fermé, ce polygone et tous les autres qu'on pourra construire sous les
mêmes conditions que celui-là résoudront le problème, qui aura ainsi un
nombre indéfini de solutions.
Le nombre des droites données étant impair, la droite qui joindra le point
de concours des côtés extrêmes de la portion de polygone avec le point de
concours des droites données coupera la section conique en deux points,
dont chacun pourra être pris pour le point de contact de cette courbe avec le
dernier côté du polygone cherché.

564. La solution du premier des deux problèmes qui précèdent conduit


directement à la démonstration de la propriété suivante, qui mérite d'être
citée en passant :
Si deux polygones, d'un même nombre impair cle sommets, à la fois inscrits
à une même section conique, sont tels, que leurs côtés correspondants,pris deux
à deux, se coupent en des points appartenant à une même droite, je dis que
les droites qui joindront, dans le même ordre, les sommets opposés aux diffé-
rentes paires de côtés dont il s'agit, iront toutes passer par un point unique
ayant pour polaire la droite qui renferme les points de concours ci-dessus ; c'est-
à-dire, en d'autres termes, que les deux polygones auront (298) ce pôle et
cette droite pour CENTRE et AXE D'HOMOLOGIE.
Considérons le cas particulier de deux triangles inscrits ABC, A'B'C'
(fig. loi) dont les côtés correspondants concourent, deux à deux, aux trois
pointsp,p', pl' situés en ligne droite; la démonstration s'appliquera, dela
même manière, à des polygones quelconques inscrits, de même ordre, et
d'un nombre impair de côtés.
Puisque les points de concours p, p', p" sont situés en ligne droite et appar-
tiennent a la fois aux côtés de l'un et de l'autre triangle inscrit, on peut
regarder ces deux triangles comme les deux solutions du problème cité,
appliquées à ces trois points; or il suit de là que deux sommets, tels que
ceux B et B' qui sont opposés à des côtés AC et A'C' concourant vers un
même point donné p", doivent appartenir à une droite BB', dont le pôle est
sur la droite qui renferme les pointsp,p',plI; donc (196) cette droite passe
réciproquement par le point P qui est le pôle de pp' ; et, comme il en est de
même de chacune des deux autres AA', CC', on voit que toutes ces droites
doivent se couper en un même point ; ce qu'il s'agissait de démontrer.
Quant au cas où les Côtés des deux polygones seraient en nombre pair, on
voit que le même raisonnement ne serait plus applicable, puisqu'il pourrait
exister alors une infinité de polygones inscrits dont les côtés iraient (513)
respectivement concourir aux mêmes points que ceux des deux premiers. Le
contraire a évidemment lieu pour la proposition réciproque de celle qui
précède ; car il résulte de la théorie des pôles (194), ou de celle des centres
et axes d'homologie (296), que, si les sommets respectifs de deux poly-
gones inscrits quelconques appartiennent, deux à deux, à des droites qui
passent par un même point P, les côtés homologues doivent aussi concourir,
dans le même ordre, sur la polaire de ce point.
Au surplus les considérations qui précèdent, ou leurs analogues déduites
du second des problèmes ci-dessus, conduiraient à des propriétés exactement
semblables pour les polygones d'un nombre impair de côtés, circonscrits
aux sections coniques : c'est-a-dire que deux tels polygones sont nécessaire-
ment homologiques, dès l'instant où les droites qui joignent leurs sommets
homologues concourent en un même point.
Inscription, à une section conique donnée, d'un polygone qui soit en même
temps circonscrit à une autre.

565. Nous allons terminer ces applications par l'examen de la question


suivante, qui présente des circonstances non moins dignes de remarque que
celles auxquelles nous avons été conduits ci-dessus (563) :
Deux sections coniques étant données sur un même plan, inscrire à l'une
d'elles un polygone de tant de côtés qu'on voudra, qui soit en même temps cir-
conscrit à l'autre.
Solution. Inscrivez à volonté, à la première des deux courbes, une por-
tion de polygone dont les côtés, en nombre égal à celui des côtés du poly-
gone demandé, soient tous tangents à la seconde. Si cette portion de poly-
gone ne se ferme pas d'elle-même sur la courbe à laquelle elle est inscrite,
c'est-à-dire si ses sommets extrêmes ne se confondent pas en un seul et
même point, le problème ne pourra être résolu en aucune manière ; et si, au
contraire, cette portion de polygone se ferme d'elle-même, toute autre, qu'on
essayerait de construire d'après les mêmes conditions, se fermera également,
et conséquemment le problème sera susceptible d'un nombre indéfini de so-
lutions, c'est-à-dire qu'il sera indéterminé.
Pour le prouver, considérons d'abord le cas particulier du triangle, et sup-
posons qu'ayant essayé d'inscrire, à volonté, à une section conique une telle
figure, dont les côtés touchent une autre section conique quelconque, il se
l
trouve que les conditions du problème soient remplies : ABC (fig. 02) étant
ce triangle, et A', B', C' les points de contact, avec l'une des deux courbes,
des côtés respectivement opposés aux sommets A, B, C, je dis que, si l'on
vient ensuite à faire varier l'angle BAC de façon qu'il soit constamment cir-
conscrit à cette courbe et inscrit à l'autre, le côté BC, qui sous-tend l'angle
BAC dans celle-ci, demeurera lui-même perpétuellement tangent à la pre-
mière.
En effet, s'il n'en était pas ainsi, le côtéBC envelopperait, dans ses diverses
positions, une troisième section conique distincte des autres (533 et 534),
qui aurait mêmes sécantes communes qu'elles ou mêmes points d'intersec-
tion, et dont le point de contact avecBC serait placé, à chaque instant (531
et 535), sur la droite AA' qui joint le sommet A de l'angle avec le point de
croisement D des droites BB', CC' qui vont des extrémités de BC aux points
de contact B' et C' des côtés opposés de cet angle. Or, pour la position
actuelle du triangle ABC, qu'on suppose à la fois inscrit à l'une des courbes
proposées et circonscrit à l'autre, cette construction est précisément (161)
celle au moyen de laquelle on obtiendrait le point de contact du côté BC avec
la courbe qui dirige les côtés AB et AC; donc cette courbe et celle qu'enve-
loppe, par hypothèse, le côté BC dans le mouvement de l'angle A, se touche-
raient au point A', ou auraient deux points confondus en un seul avec celui-
là, ce qui est visiblement absurde, à moins qu'elles ne se confondent en une
seule et même courbe.
En effet, les deux points dont il s'agit devant, en même temps, appar-
tenir (533 et 534) à la troisième courbe qui dirige le sommet A de l'angle
que l'on considère, les deux sections coniques proposées auraient, contre
l'hypothèse, un élément commun, et ne seraient pas quelconques. Bien plus,
en supposant même que cette circonstance particulière eût lieu pour les
courbes proposées, on voit que le côté BC devrait être nul, ce qui exigerait,
contrairement encore à l'hypothèse, que le triangle dont on s'occupe en par-
ticulier s'évanouît ou qu'il cessât d'exister.
Ainsi donc, que les sections coniques proposées s'entrecoupent ou se tou-
chent, s'il arrive qu'on puisse inscrire à l'une d'elles un triangle qui soit
en même temps circonscrit à la seconde, il en existera, par là même, une
intinité d'autres qui jouiront tous de la même propriété.

566. Considérons maintenant un quadrilatère ABCD (fig. io3), à la fois


inscrit à une section conique et circonscrit à une autre dont A',B', C', D'
soient les points de contact avec les côtés respectifs AB, BC, CD, DA de ce
quadrilatère. Supposons que l'on fasse varier la portion de quadrilatère CBAD,
composée des trois côtés CB, BA, AD, en l'assujettissantà demeurer toujours
inscrite et cirsonscrite aux deux courbes proposées; le dernier côté CD, de-
venu ainsi libre, enveloppera, en général, une nouvelle section conique pas-
sant par les points d'intersection commune des deux autres (534); or je dis
que cette nouvelle section conique se confondra nécessairement avec celle
des proposées sur laquelle roulent déjà les autres côtés du quadrilatère.
Pour le prouver, il suffit évidemment, comme ci-dessus, de montrer que
C' est le point de contact du côté CD avec la nouvelle courbe. A cet effet, je
trace d'abord la diagonale AC du quadrilatère, formant avec les côtés AB, BC
le triangle ABC, et j'observe que, dans le mouvement général de la figure,
cette droite enveloppera une quatrième section conique (534), dont le point
de contact K avec AC s'obtiendra, à chaque instant, comme il a déjà été
expliqué ci-dessus, en traçant les droites CA', AB' qui vont des extrémités de
la diagonale aux points de contact des côtés, opposés AB etBC, puis menant,,
par le point de croisement H de ces droites et par le sommet opposé B, la
droite BH, qui coupera ACau point K dont il s'agit.
Pareillement, les côtés de l'angle inscrit CAD demeurant constamment tan-
gents à deux sections coniques qui ont mêmes sécantes communes avec les
proposées, et dont K et D' sont les points de contact avec les côtés de cet
angle, on obtiendra, à chaque instant, par une construction semblable (531)
et qu'on trouve indiquée sur la figure, le point de contact C' du côté libre CD
du quadrilatère, qui sous-tend l'angle CAD dont il s'agit. Mais il est aisé de
se convaincre, par des considérations analogues à celles employées dans le
Chapitre II de la IIe Section (185), que les constructions qui précèdent,
pour trouver le point de contact du côté CD avec la courbe qu'il est censé
envelopper quand il devient libre, sont précisément celles par lesquelles 0.1.1
pourrait aussi obtenir le point de contact de ce même côté, avec la section
conique proposée, pour la position actuelle du quadrilatère où il est circon-
scrit entièrement à cette section conique ; donc nos deux prétendues courbes
distinctes se touchent nécessairement au point commun C' dont il s'agit; ce
qui ne peut avoir lieu, par les raisons déjà déduites ci-dessus (565), sans
qu'elles se confondent en une seule et même courbe, et sans que par con-
séquent le quadrilatère ABCD demeure perpétuellement circonscrit à la pro-
posée.
Il ne serait pas difficile d'étendre cette démonstration à un polygone d'un
plus grand nombre de côtés; mais on remarquera, en général, qu'en ren-
dant libre l'un des côtés de ce polygone, et le faisant mouvoir de façon que
tous les autres demeurent, comme auparavant, a la fois inscrits et circon-
scrits aux sections coniques proposées, ce côté s'appliquera nécessairement,
dans certaines positions du polygone, sur les différents côtés de celui duquel
on est parti, et qu'on suppose exactement inscrit et circonscrit aux deux
premières; donc la conique distincte, qu'il est censé envelopper dans son
mouvement, aurait autant de tangentes communes avec l'une des proposées
qu'il y a de côtés dans le polygone; ce qui ne saurait être sans qu'elles se
confondent en une seule et même courbe (209), puisqu'ici le nombre des
côtés est plus grand que quatre. Concluons donc que :
«
Quand un polygone quelconque est à la fois inscrit à une section conique
) et
circonscrit à une autre, il en existe une infinité de semblables qui
»
jouissent de la même propriété à l'égard des deux courbes; ou plutôt
> tous ceux
qu'on essayerait de décrire à volonté, d'après ces conditions,
» se
fermeraient d'eux-mêmes sur ces courbes.
»-
Et réciproquement, s'il arrive qu'en essayant d'inscrire à volonté, à une
11
section conique, un polygone dont les côtés en touchent une autre, ce
11
polygone ne se ferme pas de lui-même, il ne saurait nécessairement y en
»
avoir d'autres qui jouissent de cette propriété. »

567. Toutefois, on ne doit pas conclure de là qu'en joignant, par une


droite, les deux extrémités d'une portion de polygone quelconque, entière-
ment inscrite à l'une des courbes proposées et circonscrite à l'autre, et qu'en
faisant mouvoir le polygone formé d'après ces conditions, le côté libre dont
il s'agit ne puisse jamais devenir tangent à la section conique qu'enveloppent
les autres côtés; le contraire a évidemment lieu, puisque ce côté roule sur
une troisième section conique distincte des deux proposées, et qui doit
avoir, en général, des tangentes communes avec chacune d'elles. Mais il est
facile de voir aussi que, pour ces positions particulières du polygone, il doit
nécessairement changer de forme et se réduire à un plus petit nombre de
côtés.
Supposons, par exemple, que les courbes proposées étant entièrement ex-
térieures l'une à l'autre, et le polygone dont il s'agit ayant un nombre im-
pair de sommets, on considère celles des positions de ce polygone pour les-
quelles l'un quelconque des côtés, adjacents au sommet opposé au côté libre,,
soit nul ou tangent à la fois aux deux courbes proposées; il arrivera (*) évi-
demment que les côtés qui occupent de part et d'autre le même rang à compter
de celui-là se confondront deux à deux en un seul, et partant que le côté
libre se confondra aussi avec l'un de ses, adjacents, et sera par conséquent
tangent à la section conique que touchent les autres côtés; or on voit qu'alors
même le polygone aura changé de forme et se sera réduit véritablementà une
portion ouverte de polygone d'un nombre moindre de côtés, ce qui d'ail-
leurs aura lieu évidemment pour quatre positions distinctes du polygone
variable que l'on considère.

Propriétés des polygones à la fois inscrits à une section conique et circonscrits


à une autre.
568. Nous pouvons tirer de tout ce qui précède quelques conséquences
faciles et remarquables.
Soit ABCD (fig. io3) un quadrilatère à la fois inscrit à une section conique

(*) On se rendra aisément compte de tout ceci à l'aide d'une figure, et en se rappelant que

3...
nous prenons, comme partout dans cet ouvrage, le mot polygone dans son acception la plus géné-
rale. Voyez p.
et circonscrit a une autre; nous venons de voir qu il peut en exister une in-
finité de semblables jouissant de cette propriété, ou plutôt que tous ceux qu'on
essayerait de construire d'après les mêmes conditions se fermeraient natu-
rellement autour des deux courbes, et seraient par conséquent à la fois inscrits
et circonscrits a ces courbes; or on remarquera que, dans cette infinité de
positions du quadrilatère ABCD, les diagonales AC et BD, qu'on peut regar-
der comme les cordes qui sous-tendent chacune des paires d'angles respec-
tivement opposés, on remarquera, dis-je, que ces diagonales enveloppent
toutes une seule et même section conique (533), appartenant au mouvement
d'un angle générateur unique, à la fois inscrit à l'une des courbes et circon-
scrit à l'autre. D'ailleurs chaque diagonale AC répond à la fois à deux posi-
tions distinctes ABC, ADC de l'angle générateur dontil s'agit; donc la courbe
unique qu'enveloppent ces diagonales est infiniment petite (532), 011 se con-
fond avec le point K de leur intersection commune, lequel demeure ainsi
invariable de position durant le mouvement du quadrilatère.
On peut encore démontrer les mêmes choses, d'une manière entièrement
directe et générale, en observant que le point de contact K de la diagonale
AC avec la section conique qu'elle enveloppe, point qui a déjà été construit
ci-dessus (566), est précisément celui de son intersection avec la seconde
diagonale BD du quadrilatère (*). Car le point K étant, par la même raison,
le point de contact de la diagonale BD avec la section conique qu'elle enve-
loppe dans son mouvement, et, d'après ce qui a été dit plus haut, cette sec-
tion conique se confondant avec celle qui appartient à la diagonale AC, il
faut nécessairement que cette section conique se réduise à un point unique.
Donc enfin :
Si un quadrilatère simple quelconque est en même temps inscrit à une section
conique et circonscrit à une autre, tous les quadrilatères semblables auront même
point de croisement des diagonales, et ce point sera (532) un des points de con-
cours des sécantes conjuguées communes aux deux courbes.
569. Des considérations particulières, et d'un autre genre que celles qui
précèdent, nous ont déjà conduits à ce théorème (487). En le démontrant,
nous avons aussi remarqué que le point d'intersection unique des diagonales,
qui est en même temps (186) le point de croisement des cordes de contact
appartenant aux côtés respectivement opposés du quadrilatère, a même po-
laire par rapport aux deux courbes; en sorte que c'est un (363) des points
de concours des trois systèmes de sécantes conjuguées communes qui leur

(*) C'est ce dont on s'assurera aisément à l'aide des considérations employées art. 185.
correspondent, tandis que cette polaire elle-même est précisément la droite
qui renferme les deux autres de ces points.
Ainsi, quand deux sections coniques, tracées sur un même plan, seront
telles, qu'un quadrilatère soit à la fois inscriptible à l'une et circonscriptible
a l'autre, on pourra, par des constructions purement linéaires, obtenir di-
rectement l'un des points de concours de leurs sécantes conjuguées com-
munes, et, par suite, ces sécantes elles-mêmes quand elles existeront (373
et 379). C'est une nouvelle circonstance à ajouter à toutes celles qui ont
déjà été signalées, soit dans la précédente Section, soit dans le 1er Cha-
pitre de celle qui nous occupe, pour lesquelles les sécantes et tangentes
communes au système de deux sections coniques, données sur un plan,
peuvent s'obtenir directement par des constructions du second degré, et qui
n'exigent que l'emploi de la règle et du compas.

570. Soit maintenant ABCDEF (fig. io4) un hexagone quelconque à la


fois inscrit à une section conique et circonscrit à une autre; supposons que
l'on trace les diagonales qui joignent ses sommets respectivement opposés;
d'abord elles se croiseront toutes, comme l'on sait (208), en un seul et même
point K : or le raisonnement général de l'article 568 peut, de nouveau, ser-
vir à prouver que la courbe unique qu'enveloppent ces diagonales, dans le
mouvement possible (566) du polygone autour des deux courbes, doit né-
cessairement être infiniment petite ou se réduire à un point, qui est évidem-
ment encore ici le point de croisement K de ces diagonales.
D'ailleurs, la portion de quadrilatère ABCD, par exemple, composée de
trois côtés consécutifs quelconques de l'hexagone proposé, s'appliquant
successivement, dans les diverses positions du système, sur les cinq portions
semblables déterminées par les autres diagonales de cet hexagone, on voit,
à priori, que la section conique unique (534), enveloppée par la diagonale
AD ou le côté libre du quadrilatère, devra toucher à la fois et doublement
cette diagonale et chacune des deux autres; ce qui ne peut être évidemment,
à moins que cette section conique ne soit infiniment petite et ne se con-
fonde avec le point K.
La même démonstration s'appliquant, mot à mot, à un polygone quel-
conque, d'un nombre pair de sommets, qui serait à la fois inscrit à une sec-
tion conique et circonscrit à une autre, on peut conclure le théorème général
qui suit :
Un polygone quelconque, d'un nombre pair de sommets, étant inscrit à la
fois à une section conique et circonscrit à une autre, î0 toutes les diagonales
qui joignent les sommets respectivement opposés de ce polygone se croiseront en
un seul et même point ; 2° ce point demeurera invariable de position, quand on
viendra àfaire mouvoir le polygone entre les deux courbes, d'après les condi-
tions primitives (566); 3° ce point sera (532) l'un des points de concours des
sécantes conjuguées communes à ces courbes.
571. Supposons, en outre, qu'on forme le nouveau polygone A'B'C'D'E'FI,
dont les sommets sont précisément les points de contact des côtés du pre-
mier ABCDEF; il résultera de la théorie des polaires réciproques (230)
qu'il sera en même temps circonscriptible à une troisième section conique,
et que par conséquent il se trouvera absolument dans la même situation que
l'autre à l'égard des courbes respectives auxquelles il appartient. Donc les
diagonales qui joignent ses sommets opposés, et qui sont en même temps les
cordes de contact des côtés opposés du premier, se croiseront également en
un même point. Or je dis que ce point se confondra précisément avec le
point K où se croisent déjà toutes les diagonales des sommets opposés du
polygone ABCDEF.
Pour le prouver, considérons deux côtés contigus quelconques, AB et BC,
de ce dernier polygone, ainsi que les côtés DE et EF qui leur sont respecti-
vement opposés, et supposons qu'on prolonge jusqu'à leurs intersections en H
et G ceux qui ne sont pas opposés; on formera le quadrilatère BGEH, cir-
conscrit à l'une des sections coniques proposées, dans lequel (186) les dia-
gonales BE, GH et les cordes de contact B'E', A'D', qui appartiennent aux
côtés respectivement opposés, devront se croiser en un même point. Ainsi
chaque diagonale BE, joignant deux sommets opposés du polygone ABCDEF,
passe par le point d'intersection des cordes de contact A'D', B'E' relatives
aux côtés, adjacents à ces sommets, qui sont opposés; c'est-à-dire que
chaque diagonale BE passe par le point commun à toutes les cordes de con-
tact des côtés opposés du polygone dont il s'agit; donc enfin ce point est
aussi celui où concourent toutes les diagonales de ce polygone, comme il
s'agissait de le démontrer.
Concluons encore, d'après la théorie des pôles etpolaires (186 et 194), que
les points de concours des côtés opposés du polygone ABCDEF, ainsi que
ceux du polygone polaire A'B'C'D/E'F', sont tous rangés sur une même droite,
ayant le point K pour pôle, tant dans les sections coniques proposées que
dans celle qui est inscrite au dernier de ces polygones.
572. Maintenant, soit formé le nouveau polygone polaire AIIB"C'DIIEIIF/'
qui a pour côtés les tangentes aux sommets du premier ABCDEF; il sera
évidemment (230), à son tour, inscriptible à une quatrième section conique;
donc il devra encore jouir de toutes les propriétés qui précèdent, à l'égard
de cette nouvelle section conique et de celle des proposées à laquelle il est
circonscrit. On voit qu'en continuant de traiter ainsi, soit le dernier poly-
gone extérieur AflBIIG/DflE'/FII, soit le dernier polygone intérieur A'B'C'D'E'F',
il en résultera une suite de sections coniques et de polygones jouissant, à
l'égard de ceux qui les précèdent et les suivent immédiatement, de propriétés
analogues à celles qui viennent de nous occuper. On voit, de plus, que le
point K, commun à tous les polygones, aura même polaire dans toutes les
courbes.
Enfin le point K dont il s'agit est évidemment (363 et 532), pour toutes
les sections coniques à la fois, un point de concours de sécantes conjuguées
communes. Or on peut observer que, quand ces courbes ont même centre,
ce centre se confond nécessairement avec le point dont il s'agit, puisque les
deux autres points de concours de sécantes conjuguées communes sont à
l'infini. De là résulteraient donc beaucoup de conséquences relatives aux poly-
gones inscrits et circonscrits à la fois au système de deux sections coniques
concentriques; mais, sans nous arrêter sur ces conséquences, nous allons
terminer par quelques réflexions générales qui ne seront pas dénuées de tout
intérêt.
Réflexions générales sur ce qui précède.

573. D'après ce qui précède et d'après tout ce qui a déjà été dit au Cha-
pitre II de la Ille Section, on a dû voir que les points de concours des sé-
cantes conjuguées communes aux sections coniques jouissent de propriétés
non moins singulières que les points de concours des tangentes communes ou
centres d'homologie qui leur appartiennent, et l'on aura même pu remar-
quer que ces propriétés ont entre elles une sorte d'analogie. Et en effet,
relativement aux arcs opposés de chacune des deux courbes, ce point est
un centre d'homologie (248 et 296) dont la polaire, commune à ces courbes,
est l'axe d'homologie ou l'axe de concours unique des droites homologues.
Seulement, de l'une à l'autre courbe, les points homologues ne sont plus
nécessairement rangés sur les mêmes rayons.
Quant à ce qui concerne proprement les figures à la fois inscrites et cir-
conscrites aux deux courbes, on voit que leurs propriétés doivent venir se
fondre, pour ainsi dire, dans celles des figures pareilles relatives aux cercles
concentriques, puisque le centre commun de ceux-ci est nécessairement à la
fois un point de concours de tangentes et de sécantes conjuguées communes.
D'ailleurs, si l'on suppose que les sections coniques proposées aient un double
contact, soit réel, soit idéal, le point que l'on considère devient en même
temps un centre d'homologie, et il jouit alors (138) de toutes les propriétés
projectives qui appartiennent au centre commun de deux cercles concen-
triques.
Ainsi toutes les propriétés de cette espèce, relatives aux polygones régu-
liers a la fois inscrits et circonscrits à un système de cercles pareils, subsistent

également pour les polygones, d'un nombre de sommets d'ailleurs quelconque
et non plus simplement pair, qui seraient en même temps inscrits et circon-
scrits à deux sections coniques ayant un double contact. La seule différence
consiste en ce que, dans le premier cas, la sécante de contact ou polaire du
point que l'on considère est à l'infini, et qu'ici, au contraire, cette même
droite est à distance donnée, ce qui fait que les côtés opposés des polygones
convergent réellement sur elle au lieu d'être simplement parallèles, et que
les rapports d'égalité et de proportionnalité sont remplacés par les rapports
beaucoup plus généraux qui nous ont occupés dans les Chapitres 1 et II de
la IIe Section; de telle sorte, par exemple, que la division en parties égales
se trouve remplacée par la division harmonique, etc.
Cette différence disparaît entièrement quand la polaire dont il s'agit passe
à l'infini, et que les sections coniques sont par conséquent (92) concen-
triques, semblables et semblablement placées; alors les polygones inscrits
et circonscrits à la fois aux deux courbes deviennent des espèces de polygones
parallélogrammiques,dont les côtés opposés sont égaux et parallèles, et
sont divisés également au point de contact qui leur appartient respectivement.
Dans la même hypothèse, les angles opposés sont évidemment aussi égaux,
mais c'est la seule relation de cette nature qui leur soit commune avec les
polygones réguliers, susceptibles, de leur nature, d'être inscrits et circon-
scrits en même temps à deux cercles concentriques.
Les relations d'angles appartiennent essentiellement, comme nous l'avons
vu (IIe Chapitre de cette Section), aux polygones à la fois inscrits et circon-
scrits à deux sections coniques qui ont un foyer commun, foyer qui est aussi
pour elles un centre d'homologie, ou point de concours de tangentes com-
munes; et si, de plus, il arrive que les deux courbes aient en même temps
un double contact, c'est-à-dire (456) même polaire focale, ces polygones,
sans avoir leurs côtés opposés parallèles comme dans le cas où ils sont con-
centriques, offriront dans leurs propriétés la plus grande analogie possible
avec les polygones réguliers inscrits et circonscrits en même temps à deux
cercles, soit sous le rapport des relations d'angles, soit sous celui de la simple
direction des lignes ; cette analogie serait pour ainsi dire parfaite, si les sec-
tions coniques pouvaient devenir en même temps concentriques sans se con-
fondre, ou si seulement elles étaient à la fois des paraboles.
574. Mais nous ne pousserons pas plus loin ce rapprochement, ni l'exa-
men des différentes propriétés qui peuvent appartenir aux polygones à la
fois inscrits à une section conique et circonscrits à une autre. Quelque attrait
que puissent présenter de telles propriétés pour ceux qui aiment les spécu-
lations géométriques, on nous reprochera peut-être d'avoir déjà trop insisté,
dans ce qui précède, sur ces propriétés, eu égard au degré de mérite ou
d'utilité qui peut leur être propre. Celles surtout que nous avons présentées,
au commencement de ce Chapitre, sur les polygones variables dont les som-
mets parcourent des directrices courbes quelconques, pourront paraître,
jusqu'à un certain point, oiseuses aux personnes qui aiment, avant tout, les
résultats susceptibles d'une application immédiate et journalière. Mais nous
ferons observer que, si de pareilles recherches ne semblent pas, à cause de
leur généralité, inspirer autant d'intérêt que celles qui ne concernent que
les lignes droites et les sections coniques, lesquelles, à raison de l'élégante
simplicité de leur forme et de la facilité de leur description, sont presque
les seules employées dans les arts qui se fondent sur le dessin linéaire, elles
ont au moins l'avantage d'exercer heureusement l'imagination, d'agrandir
le champ de la Géométrie, et de montrer la hauteur à laquelle elle est par-
venue de nos jours.
Il serait même à désirer qu'à l'exemple de nos voisins on ne laissât pas
autant dans l'oubli certains résultats des travaux géométriques des siècles
passés, et qu'on revînt un peu sur les principes, presque toujours faciles et
souvent ingénieux, à l'aide desquels les grands hommes de ce temps-là y
étaient parvenus; car ce ne sont pas tant les vérités particulières que les
méthodes qu'il ne faut pas laisser périr : peut-être aussi que ceux qui cul-
tivent l'Analyse algébrique, pour ainsi dire exclusivement, acquerraient,
par là, cette habitude de pressentir à l'avance les résultats du calcul, que
possèdent encore si bien nos grands géomètres modernes; car on ne peut
se le dissimuler, et Newton lui-même l'a dit, « la méthode de découvrir est
presque tout entière dans la Géométrie. »

FIN DE LA IVe ET DERNIÈRE SECTION.


SUPPLÉMENT

SUR LES

PROPRIÉTÉS PROJECTIVES DES FIGURES

DANS L'ESPACE.

575. Nous n'avions d'abord eu l'intention que de parler d'une manière


subsidiaire des propriétés projectives de l'espace, en indiquant, chemin fai-
sant et à l'aide de quelquesmots, l'extension dont pouvaient être susceptibles
les divers théorèmes relatifs aux figures planes qui nous ont occupés jusqu'à
cette heure; mais, ayant réfléchi que cette partie de notre travail pourrait
être celle qui offrirait le plus d'intérêt aux yeux de ceux qui cultivent la
Géométrie descriptive, nous avons cru devoir rejeter dans un article à part
tout ce qui concerne les figures dans l'espace, en nous bornant toutefois aux
considérations les plus générales et les plus dignes d'être remarquées. En
entrant dans de plus grands développements, nous aurions fait de cette par-
tie de nos recherches un véritable Traité, qui nous eût fait excéder de beau-
coup les bornes dans lesquelles nous avons voulu nous renfermer.

Des figures homologiques dans l'espace, ou de la perspective relief; application


au tracé des bas-reliefs,
576. La première question qui se présente, c'est de voir comment on
pourra étendre aux figures situées en général dans l'espace les considéra-
tions offertes, art. 297 et suivants, sur les figures homologiques considérées
dans un même plan, ou, tout au plus, dans deux plans différents. Pour y
parvenir, rappelons-nous d'abord le cas particulier où les figures sont s. et
s. p.; car puisque, d'après la définition que nous avons donnée, aux en-
droits cités, de l'homologie des figures situées dans un plan, cette homolo-
gie n'est qu'une sorte de similitude, dans laquelle les lignes homologues, au
lieu d'être parallèles, concourent à des distances données et finies, il nous
sera très-aisé de passer d'une manière analogue, des propriétés déjà éta-
blies (241) pour les figures s. et s. p. dans l'espace, aux propriétés qui
doivent être relatives aux figures homologiques en général.
Si l'on admet, pour définition des polygones s. et s. p. dans l'espace,
que ces polygones soient tels, que les droites qui joignent les points homo-
logues concourent en un même point, et que les droites homologues soient
parallèles, conditions évidemment nécessaires et suffisantes pour remplir cet
objet, et pour déterminer d'espèce l'un des polygones au moyen de l'autre,
il faudra aussi admettre en premier lieu, pour le cas de l'espace comme pour
celui du plan, que, dans les figures homologiques, les points homologues
doivent être rangés sur des droites concourant en un même point, centre
d'homologie des deux polygones, c'est-à-dire que les figures homologiques
doivent être projections relief (13) les unes des autres.
Reste à voir quelle condition particulière on doit adopter pour fixer le
lieu des points de concours des droites joignant des points homologues, afin
que les figures qui en résultent aient la plus grande conformité de nature
possible avec les figures semblables de grandeur et de position; en un mot,
il s'agit d'examiner quelle espèce de condition doit remplacer celle du pa-
rallélisme de ces dernières figures. Or, l'une des conditions essentielles à
remplir, c'est que tout ce qui est plan dans l'une des figures reste plan dans
l'autre; c'est-à-dire que, si l'on conçoit un plan quelconque pour l'un de
nos polygones, toute figure tracée dans ce plan devra être représentée, pour
l'autre polygone, par une figure plane homologique ou perspective ordinaire
de la première par rapport au centre de projection : de là, en effet, dérive
immédiatement la condition demandée, comme on va le voir.
Il en résulte d'abord que tous les points de concours des lignes homo-
logues, qui appartiennent à ces plans respectifs, sont sur une même droite
ou axe d'homologie, intersection commune de ces plans; la surface unique
lieu des points de concours, si elle existe, doitdonc être telle, que tout plan,
mené arbitrairement dans l'espace, aille la rencontrer suivant une droite;
premier caractère qui n'appartient qu'aux surfaces planes. Reste donc à
prouver que cette surface existe réellement, ou, ce qui revient au même, il
reste à prouver que les différents axes de concours ou d'homologie des plans
homologues de nos deux polygones se coupent deux à deux en un point. Or
c'est ce qui est évident à priori, d'après ce qui se passe pour les plans homo-
logues respectifs auxquels appartiennent les paires d'axes dont il s'agit.
Concevons, en effet, deux plans quelconques pour l'un de nos polygones, et
les deux plans qui leur sont homologues pour l'autre; d'après ce qui pré-
cède, les différents points de la droite d'intersection des deux premiers au-
ront pour homologues ceux de la droite, intersection des deux autres; ces
droites appartiennent donc au même plan projetant, donc elles se coupent
en un point; donc il en est de même des deux paires de plans homologues
que l'on considère et des deux axes de concours ou d'homologie qui leur
appartiennent. Mais un point de concours quelconque de deux droites ho-
mologues peut toujours être censé appartenir à la droite de concours de deux
plans homologues appartenant respectivement à ces deux droites; donc enfin
tous les points de concours possibles des droites homologues de l'une et de
l'autre figure déterminées par nos deux polygones doivent appartenir à un
seul et même plan, qu'on peut appeler le plan d'homologie ou de concours de
ces figures.

577. Réciproquement, si l'on admet, pour condition de l'homologie de


deux figures rectilignes ou polyédrales situées dans l'espace, que les points
homologues sont rangés sur des droites dirigées vers un même centre, et
que les droites homologues concourent, deux à deux, sur un plan unique;
si l'on observe, en outre, que toutes les propriétés de situation des figures
s. et s. p. dans l'espace dérivent uniquement de la définition admise ci-
dessus jointe à la propriété (168) des triangles situés dans l'espace ou sur un
plan, propriété qui est la même, soit que la droite de concours se trouve ou
non a l'infini, on en conclura aisément que les propriétés purement des-
criptives des figures homologiques sont exactement conformes à celles qui
ont lieu pour les figures s. et s. p., si ce n'est toutefois que les lignes homo-
logues, au lieu d'être parallèles, sont concourantes, comme il résulte de la
définition même admise pour ces sortes de figures.
Des figures rectilignes et polyédrales, on passe d'ailleurs immédiatement
aux lignes et aux surfaces courbes quelconques; en sorte que les consé-
quences qui précèdent sont générales et s'appliquent à toutes les figures
possibles décrites ou données à volonté dans l'espace. Ainsi les figures ho-
mologiques, telles que nous venons de les définir en dernier lieu, et quelle
que soit la manière dont elles se composent, ont entre elles des relations
absolument analogues à celles des figures homologiques décrites sur un
plan; c'est-à-dire qu'elles sont encore des espèces de perspectives ou de
projections les unes des autres, pour lesquelles la droite de concours ou
l'axe d'homologie des deux figures est remplacé par un plan, sur lequel
viennent s'entrecouper également toutes les lignes et toutes les surfaces ho-
mologues de l'une et de l'autre figure, et qui est ainsi le lieu des points de
l'espace qui sont leurs propres homologues par rapport à ces figures.
578. Pour établir ces diverses conséquences, il n'est pas plus nécessaire,
dans le cas de l'espace que dans celui du plan (300), de recourir aux pro-
priétés déjà établies pour les figures s. et s. p. ; car ce qui précède montre
assez (") comment on peut y arriver directement, sans s'appuyer sur autre
chose que sur la propriété évidente des triangles homologiques, et sur la
définition que nous venons de donner des figures homologiques en général.
Bien plus, si l'on suppose que le plan d'homologie s'écarte à l'infini dans
l'espace, on retombera, comme on voit et ainsi que nous l'avons déjà fait
remarquer (301) pour le cas des figures planes homologiques, sur toutes les
propriétés des figures s. et s. p., qui ne concernent que la direction indé-
finie des lignes et non leur mesure, lesquelles peuvent ainsi être établies
indépendamment de toute relation métrique, ou sans recourir au principe
de la proportionnalité des lignes homologues.
Il serait d'ailleurs inutile d'insister sur ce rapprochement entre les figures
homologiques et les figures s. et s. p. dans l'espace, soit qu'on compare
entre elles leurs propriétés métriques ou leurs propriétés descriptives, puis-
que nous ne pourrions que répéter ici, en des termes un peu plus généraux,
ce qui a déjà été dit à l'occasion des figures tracées dans un plan; nous nous
bornerons en conséquence à énoncer simplement quelques-unes des propo-
sitions qui résultent immédiatement 'de celles établies (241) relativement
aux figures s. et s. p. dans l'espace, lesquelles s'appliquent, comme nous
venons de le faire observer, d'une manière analogue aux figures homolo-
giques en général.
579. Considérons, par exemple, deux surfaces quelconques ayant un
centre et un plan d'homologie; il est clair, d'après tout ce qui précède, que :
« la
Ces surfaces, nécessairement du même ordre, auront une section
plane commune, réelle ou imaginaire, suivant le plan d'homologie, qui ainsi
est un plan de section, réelle ou idéale, des deux surfaces. »
« a0
Ces surfaces seront susceptibles d'être enveloppées par un même
cône, réel ou imaginaire, qui aura pour sommet le centre d'homologie. »
( 3° Le plan tangent à l'une
des surfaces aura, pour homologue, le plan
tangent à la seconde, au point homologue à celui de contact du premier, et
ces deux plans se couperont sur le plan d'homologie. >

(*) Nous reviendrons sur ce sujet un peu plus loin (583), à l'occasion du tracé de la figure
homologique d'une figure donnée dans l'espace.
«
4° Toute section plane de l'une des surfaces aura pour homologue une
section plane de l'autre, du même ordre, et qui appartiendra au même cône
de projection ou d'homologie; de plus, les plans de ces deux sections iront
s'entrecouper, sur le plan d'homologie, suivant une droite qui sera une sé-
cante, réelle ou idéale, commune aux deux courbes correspondantes. »
«
5° Si l'on circonscrit un cône à l'une des surfaces, son homologue
sera aussi un cône, du même ordre, circonscrit à l'autre, et ayant, avec le
premier, le plan d'homologie pour section plane commune, réelle ou
idéale. »
«
6° Etc. »

580. Toutes ces propriétés étant, en quelque sorte, évidentes d'après le


rapprochement que nous venons d'établir entre les figures homologiques en
général et les figures s. et s. p., il sera très-facile de les multiplier indéfini-
ment. Il résulte d'ailleurs, de ce rapprochement, cette notion nouvelle et
paradoxale, quoique fort exacte :
Tous les points à l'infini de l'espacepeuvent être censés appartenir à un seul et
même plan, nécessairement indéterminé de situation.
Ce principe n'est qu'une extension de celui de l'article 96, et peut s'en
déduire directement, au moyen du principe de continuité. En effet, une sur-
face plane a pour caractère principal d'être toujours coupée, par une autre
surface pareille, suivant une ligne droite unique, située à distance donnée
ou infinie; or c'est là ce qui a lieu précisément à l'égard de celle qu'on
peut concevoir renfermer tous les points à l'infini de l'espace; puisque déjà,
en vertu du principe cité, tous les points à l'infini d'un plan doivent être
regardés comme distribués sur une seule et même ligne droite.
D'ailleurs, deux droites quelconques, situées à l'infini, pouvant être cen-
sées les concours respectifs de deux paires de plans parallèles, et ces quatre
plans s'entrecoupant en outre suivant quatre droites qui sont parallèles ou
concourent en un même point, à l'infini, appartenant aux deux droites en
question, on voit que toutes les droites à l'infini peuvent être censées s'en-
trecouper deux à deux; donc enfin toutes ces droites, et par conséquent tous
les points à l'infini de l'espace, peuvent être considérés comme appartenant
à un même plan. Déplus, comme un plan quelconque peut se transporter,
d'une infinité de manières différentes, à l'infini, et qu'alors il peut être
censé renfermer tous les points de concours des droites parallèles, on voit
que la direction du premier est nécessairement arbitraire ou plutôt indéter-
minée.
581. Ce qui précède peut servir à justifier à posteriori, et d'une manière
pour ainsi dire entièrementrigoureuse, l'exactitude de cette notion générale,
et il est fort inutile, pour notre objet actuel, d'en apporter des exemples
particuliers, dont le nombre, au surplus, n'est pas moins considérable que
pour le cas où les points à l'infini que l'on considère sont tous situés dans un
plan donné, et qui, pour la plupart, présentent des circonstances entière-
ment analogues. Nous nous bornerons seulement à remarquer que, de la
même manière que deux systèmes différents de parallèles, tracés sur un
plan, déterminent complétement (198) la droite à l'infini de ce plan, pareil-
lement trois systèmes de parallèles quelconques de l'espace doivent déter-
miner entièrement le plan à l'infini qui leur correspond. Ainsi l'on doit pou-
voir résoudre le problème suivant, sans employer autre chose que le plan et
la ligne droite :
Par un point, donné à volonté dans l'espace, mener une droite parallèle à
une droite donnée, ayant d'ailleurs à sa disposition trois systèmes quelconques
de parallèles situées dans des plans différents et non parallèles ?
Quand on ne se donne qu'un seul système de parallèles, il ne détermine
qu'un seul point à l'infini, et l'on ne peut mener que des droites qui aillent
concourir en ce point ou qui soient parallèles aux premières; mais la solu-
tion se réduit alors à quelque chose d'extrêmement simple pour le cas de
l'espace : en effet, si, par ce point et par chacune des parallèles données, on
mène deux plans, leur intersection commune sera la droite demandée. On
observera d'ailleurs que, pour que la construction s'exécute, dans ces divers
cas, avec la règle seulement, il est nécessaire qu'on prenne, pour y rapporter
les objets de la figure, deux plans et deux centres de projection quelcon-
ques (*) ; mais quelque intérêt que présentent ces dernières considérations,
nous ne devons pas oublier que notre objet véritable est l'homologie des
figures dans l'espace.

582. D'après les diverses remarques qui précèdent, il est évident que tout
ce que nous avons dit (Sect. III, Chap. I) sur la manière de décrire, dans
le cas du plan, l'une des figures homologiques au moyen de l'autre et de
certaines données, comme aussi de trouver directement, et par des procédés

(*) Dans la Géométrie descriptive, on prend d'ordinaire deux plans de projection rectangulaires
entre eux, et l'on y rapporte tous les points de l'espace par des perpendiculairesabaissées de ces
points sur chaque plan; c'est-à-direque l'on prend un cenlre de projection particulier pour chaque
plan, et que ce centre est situé à l'infini dans une direction qui lui est perpendiculaire. On voit,
d'après cela, quelle sorte d'opérations on aurait à exécuter pour le cas général dont il s'agit.
purement graphiques, tout ce qui lui appartient, s'applique, d'une manière
analogue, au cas où les figures sont situées dans l'espace, pourvu toutefois
qu'on remplace l'axe d'homologie par un plan, et que le nombre des don-
nées soit suffisant pour faire trouver, avec le centre et l'axe d'homologie, au
moins un point de la figure non décrite et l'homologue de ce point.
Ainsi, par exemple, trois paires de points homologues quelconques et le
centre d'homologie ne suffiraient plus pour déterminer entièrement l'une des
figures au moyen de l'autre, il en faudrait nécessairement quatre. Or on peut
remarquer qu'en joignant deux à deux, par des droites, les quatre points de
chaque figure, on obtiendra six lignes droites, de part et d'autre, qui for-
meront deux tétraèdres et iront se couper en six points appartenant au plan
d'homologie; de plus, ces six points seront, trois par trois, sur quatre droites
intersections des faces homologues des tétraèdres. Les mêmes choses ayant
lieu nécessairement pour deux tétraèdres quelconques dont les sommets
seraient, deux à deux, sur six droites convergeant en un même point de
l'espace, il en résulte, comme on voit, un théorème fort beau, sur ces figures,
et entièrement analogue à celui (167) qui est relatif aux simples triangles
homologiques, c'est-à-dire que :
Deux tétraèdres quelconques qui ont un centre d'homologie ou de projection
ont aussi un plan d'homologie ou de concours, et vice versâ.

583. Je reviens à la théorie générale des figures homologiques, et, pour


confirmer ce qui n'a été simplement qu'avancé au commencement de l'ar-
ticle 578, j'observe qu'en partant de la construction qui sert à décrire l'une
des figures au moyen de l'autre, quand on en a un point avec son homologue,
et qu'on connaît en outre le centre et le plan d'homologie, il serait très-aisé
d'établir, à priori, toutes les propriétés de ces sortes de figures.
En effet, il résulte de cette construction que, si l'on imagine dans l'espace
une suite de triangles dont les côtés respectifs ou leurs prolongements pivo-
tent constamment sur le point donné, sur l'homologue à ce point et sur le
centre d'homologie, tandis que deux des sommets de ces triangles s'ap-
puient sans cesse, l'un sur le plan d'homologie, l'autre sur la figure
donnée, le troisième sommet parcourra lui-même successivement tous les
points de la figure homologique.
Or il est évident à priori, et d'après les notions les plus simples du plan et
de la ligne droite, que, si le sommet qui appartient à la figure directrice de-
meure sur une droite, l'autre demeurera pareillement sur une droite; que
s'il demeure sur un plan, l'autre demeurera également sur un plan, et tra-
cera la perspective ou projection centrale ordinaire des points contenus dans
le premier; qu'enfin, si ce point est assujetti à demeurer sur une ligne ou
surface courbe d'un certain ordre, l'autre décrira pareillement une ligne ou
surface courbe de cet ordre, comprise dans le même cône enveloppe ou pro-
jetant, et ayant la même section suivant le plan d'homologie, etc. En gé-
néral, on voit qu'il existera, entre la figure primitive et sa dérivée, une cor-
rélation de propriétés et de construction entièrement analogue à celle qui a
lieu pour le cas de la projection ou perspective ordinaire sur un plan, c'est-
à-dire que les deux figures jouiront exactement des mêmes relations pro-
jectives dans le sens indiqué au commencement de cet ouvrage.
Il est sans doute inutile de dire que les mêmes choses auront lieu égale-
ment pour les relations projectives qui sont purement métriques (13).

584. Quand il s'agit de représenter une scène quelconque dela nature au


moyen d'un relief, le parti le plus convenable et qui est le plus susceptible
de remplir complétement l'effet désiré est, sans contredit, de représenter les
objets dans leur grandeur et leur disposition naturelles, ou tout au moins de
les exécuter en petit exactement comme ils se trouvent en grand; c'est-à-dire
qu'alors tous les objets du relief doivent être s. et s. p. relativement à
ceux qu'ils représentent dans la nature. Mais, quand on est contraint, par
quelques raisons particulières, de restreindre la profondeur du tableau, et
qu'on veut cependant conserver aux figures une certaine dimension en hau-
teur et en largeur, on a recours alors à ce qu'on nomme des bas-reliefs, les-
quels ne sont, à proprement parler, que des reliefs très-aplatis et fixés
d'ordinaire contre une surface plane, sur laquelle ils saillent d'une certaine
quantité : telles sont, par exemple, les figures qui se trouvent sur les mé-
dailles, et celles qu'on aperçoit sur les murs de certains édifices publics, etc.
Il est évident que, dans ce cas, l'artiste n'a plus qu'un seul parti à prendre,
c'est celui de construire le relief de façon que les apparences des formes
géométriques, sinon celles dues aux effets de lumière, soient rigoureuse-
ment observées, dans le tableau, pour une position particulière donnée de
l'oeil de l'observateur; car on sent assez qu'il en doit être ici comme de la
perspective linéaire sur une surface plane ou courbe, qui ne peut produire un1
effet entièrement satisfaisant que pour un point de vue unique.
Le bas-relief devra donc être construit de telle sorte que, du point de vue
donné, les points, les lignes, les figures rectilignes ou polyèdrales, etc., aient
entre elles, par rapport à l'œil du spectateur, la même disposition que les
objets de la nature qu'on suppose placés en arrière, c'est-à-dire qu'ils de-
vront appartenir aux mêmes rayons, aux mêmes plans, aux mêmes cônes
visuels. Il faudra, en outre, si le fond du bas-relief est une surface plane, il
faudra, dis-je, pour éviter autant que possible les effets désagréables de lu-
mière, que les droites demeurent des droites, que les figures contenues dans
un plan, comme la façade d'une maison, la section ou le contour apparent
d'une certaine surface, etc., conservent cette propriété sur le tableau comme
dans la nature ; en un mot, il faudra que chaque partie plane dont il se com-
pose puisse être considérée comme une perspective ordinaire de celle qu'elle
représente, et qu'elle ait avec elle la plus grande analogie de forme possible.
.
Or il est évident que toutes ces conditions ne peuvent être remplies qu'au-
tant que l'on considère le bas-relief et la scène comme deux figures homo-
logiques, dans le sens que nous venons d'envisager précédemment.
585. La scène et le plan par lequel on la suppose limitée étant donnés,
aussi bien que l'œil et le fond du tableau, qui peut être censé représenter ce
plan limite, et qui est par conséquent le plan homologue du premier (*), on
aura déjà une droite, intersection de ces deux plans, située tout entière dans
le plan d'homologie ou de concours des lignes homologues ; de sorte qu'il
suffira de rechercher un autre point quelconque de ce plan pour qu'il
soit entièrement déterminé de position par rapport aux deux figures. Or il
reste encore une condition essentielle à remplir relativement au bas-relief',
c'est celle de sa plus grande saillie sur le plan du fond, laquelle est toujours
fixée par quelque raison particulière de convenance ou de localité.
Supposons donc qu'on se donne le point le plus saillant du bas-relief,
représentant le point le plus avancé de la scène, vers l'œil du spectateur, on
aura tout ce qu'il faut pour fixer la position des diverses parties du tableau
ou du bas-relief.
En effet, ayant déjà deux plans homologues déterminés selon ce qui pré-
cède, on aura, par là même, une infinité de paires de points homologues
appartenant à ces plans; joignant donc, par une droite, le point le plus
avancé de la scène avec l'un quelconque des points du plan limite qui lui
correspond, et construisant de même, pour le bas-relief, la droite qui joint
les points homologues aux premiers, ces deux droites iront se rencontrer
en un point appartenant (577) au plan d'homologie, dont on connaîtra ainsi
la position absolue dans l'espace, et qui servira à construire, au moyen du

(*) Il convient sans doute, dans la pratique, de supposer ces deux plans parallèles, et alors le
plan d'homologie leur est nécessairement aussi parallèle, de même que tous les systèmes de deux
plans homologues dont l'un quelconque jouirait de cette propriété.
point de vue et du point donné sur le bas-relief, toutes les parties dont
celui-ci se compose.
Il est évident que c'est d'après des principes analogues que l'on doit dis-
poser les décors de théâtre, la scène elle-même et la salle tout entière, afin
de rendre l'illusion la plus complète possible pour les spectateurs.
586. Au reste, mon objet n'est pas d'écrire un traité suivi sur cette ma-
tière; je me contenterai d'avoir posé les principes, qui ne me paraissaient
établis nulle part, et qui sans doute n'étaient suppléés, dans les divers cas,
que par des méthodes particulières basées sur des règles de convenance et
de goût, connues seulement du petit nombre des vrais artistes (*). On sen-
tira facilement que les constructions générales qui précèdent peuvent être
remplacées, dans certaines circonstances, par d'autres beaucoup plus courtes
et plus faciles pour la pratique; de la même manière que, dans la perspec-
tive ordinaire, il existe des méthodes particulières beaucoup plus expédi-
tives que la méthode générale indiquée par la Géométrie descriptive.
Ainsi, par exemple, on pourra considérer la scène comme coupée par
une suite de plans équidistants, parallèles au plan du fond du tableau, et
construire leurs perspectives, également parallèles à ce fond (art. 584, note),
au moyen de l' échelle fuyante ou harmonique (27). Construisant ensuite,
sur ces derniers, la perspective linéaire des intersections qui correspondent
aux autres, on aura les intersections relatives au bas-relief ou tableau. On
voit, d'après cela, ce qu'il y aurait à faire si le fond du tableau ou le plan
contre lequel il s'appuie était une surface courbe donnée. Mais nous laisse-
rons aux artistes instruits le soin de développer ces idées de la manière
convenable, pour les mettre à la portée du grand nombre de ceux qui exé-
cutent.

Des centres et plans d'homologie, des points, lignes et surfaces polaires des
surfaces du second ordre. — Contacts et osculations de ces surfaces.

587. D'après les principes exposés aux articles 578 et 583, la surface ho-
mologique d'une surface donnée du second ordre est une autre surface du
second ordre ayant nécessairement une section plane commune avec la pre-

( *) Je ne connais aucun Traité de perspective où l'on ait posé des règles fixes pour la construc-
tion des bas-reliefs ; l'Encyclopédie elle-même, qui traite de tout, ne parle que d'une manière
vague, d'harmonie, de dégradation des objets, d'effets de lumière, etc., en se contentant, pour le
reste, de renvoyer aux règles de perspective ordinaire.
mière suivant le plan d'homologie, et qui est enveloppée par un même cône
ayant son sommet au centre d'homologie; or je dis que, si seulement deux
surfaces du second ordre (C), (C') sont enveloppées par un même cône, ces
surfaces seront nécessairementhomologiques, et cela de deux manières dif-
férentes, par rapport au sommet du cône dont il s'agit; de telle sorte que
les plans d'homologie correspondants se confondront, pour la direction,
avec l'une ou l'autre des branches de pénétration des deux surfaces (C)
et (C'), branches qui sont ainsi nécessairement planes dans le cas qui nous
occupe.
On pourrait aisément démontrer ce théorème en partant des propriétés
relatives au cas particulier de deux sections coniques tracées sur un même
plan; mais on peut aussi y arriver d'une manière entièrement directe, ainsi
qu'il suit.
En effet, le cône circonscrit à la fois aux deux surfaces (C) et (C') déter-
mine sur elles deux courbes de contact, dont l'une est nécessairement l'ho-
mologique de l'autre .par rapport au sommet de ce cône; et, si l'on prend
à volonté, sur la surface (C), un point quelconque a, et qu'on mène, par ce
point et par le sommet du cône, une droite, elle ira déterminer, sur la sur-
face (C'), deux nouveaux points a', a", dont l'un quelconque pourra être
censé l'homologue du premier. Or les deux courbes de contact, qui sont
planes, et les deux points homologues a et a', ainsi choisis, déterminent un
plan d'homologie (585), au moyen duquel et des points a et a' on pourra
construire (582) la surface du second ordre réellement homologique de (C'),
laquelle passera évidemment par le point a et touchera le cône enveloppe
suivant la même courbe que (C).
D'ailleurs deux surfaces du second ordre, qui ont une section plane de
contact commune et passent, de plus, par un même point quelconque, doi-
vent nécessairement se confondre en une seule et même surface, puisqu'il
en doit être ainsi (294) de l'infinité de sections planes faites dans ces sur-
faces par le point commun a; donc la surface du second ordre (C) est réel-
lement l'homologique de celle (C'), ainsi qu'il s'agissait de le démontrer.
D'après la loi de continuité, cette conséquence s'étend même au cas où le
centre d'homologie cesse d'être un sommet de cône enveloppe réel; et,
comme il y a deux points al et a" qui correspondent à un même point a
de (C), sur (C'), on voit qu'il existe aussi deux plans distincts d'homologie,
ou de section commune, qui jouissent de propriétés pareilles à l'égard des
deux surfaces proposées et du sommet dont il s'agit. Donc enfin :
Quand deux surfaces du second ordre ont un sommet de cône enveloppe com-
mun, soit réel, soit idéal, elles sont, de deux manières différentes, homologiques
ou projections l'une de l'autre par rapport à ce sommet, qui ainsi est un centre
d 'homologie; de plus, ces surfaces ont alors deux sections planes communes,
réelles ou idéales, dont les directions indéfinies se confondent
avec celles des
plans d'homologie conjugués à la fois (292) au sommet du cône.
588. On remarquera, en passant, que, lorsque les deux surfaces propo-
sées sont deux surfaces coniques, le cône enveloppe de ces surfaces dégé-
nère en deux plans tangents à la fois à chacune d'elles, et qu'alors il y a
une infinité de centres d'homologie, tous placés sur la droite d'intersection
de ces plans, lesquels jouissent individuellement des mêmes propriétés par
rapport aux deux surfaces proposées. C'est ce qu'au reste on pourrait con-
clure immédiatement des propriétés établies, dans le Ier Chapitre de la
Ille Section, pour le système de deux lignes quelconques du second ordre
tracées sur un plan commun.
589. Supposons maintenant qu'on applique au cas général qui nous
occupe les raisonnements établis, art. 247, pour le centre de similitude de
deux circonférences de cercle quelconques tracées sur un plan, il en résultera
évidemment le théorème qui suit :
Un point quelconque de l'espace peut être considéré, par rapport à une surface
du second ordre quelconque, comme le centre d'homologie ou de projection des
deux nappes qui ont leurs courbures dirigées en sens contraire à l'égard de ce
point, et le plan d'homologie ou de concours n'est autre chose alors que le plan
polaire ou de contact relatif à ce même point, pris pour pôle ou pour sommet
d'une surface conique enveloppe de la proposée.
590. Ainsi les propriétés du pôle et du plan polaire des surfaces du second
ordre et celles des droites polaires qui en dérivent immédiatement, propriétés
qui ont été établies par MM. Monge, Livet, Briancho-n et Chasles, dans les
recueils de l'École Polytechnique (*), ne sont que des cas particuliers des
propriétés du centre et du plan d'homologie; et cette conséquence subsiste
évidemment, d'une manière analogue, quand on suppose la surface rem-
placée par le système de deux plans arbitraires, dont l'un quelconque peut
d'ailleurs passer tout entier à l'infini, sans que les propriétés cessent
d'exister.
L'énoncé qui précède indique même beaucoup plus que ce qu'on a cou-

(*) Géométrie descriptive, par G. Monge, §§ 38 et suiv.; XIIIe Cahier du Journal de l'École
Polytechnique, p. 270 et 297; Correspondancesur la même Ecole, t. II, p. 322, et t. III, p. II.
tume de considérer, et l'on doit ajouter, comme chose évidente d'après le
principe (155) relatif au quadrilatèrê plan avec ses trois diagonales, que
toute transversale passant par le pôle (ou centre d'homologie) détermine, sur
la surface proposée et sur le plan polaire (ou plan d'homologie), trois points
qui, avec le premier, forment un groupe harmonique.
591. Quand le plan polaire passe à l'infini, l'homologie devient simili-
tude (578) ou, plus exactement encore, symétrie; le pôle se confond donc
alors avec ce qu'on nomme le centre de figure de la surface, centre qui,
comme on voit, est lui-même situé à l'infini toutes les fois que le plan polaire
dont il s'agit est tangent à la surface proposée, ou que cette surface est du
genre des paraboloïdes (132).
De là aussi on déduirait immédiatement toutes les propriétés connues des
diamètres, des plans diamétraux, des sections parallèles, etc., des surfaces
du second ordre, sur quelques-unes desquelles nous nous proposons de
revenir un peu plus loin.
La facilité avec laquelle nous venons de passer des propriétés du pôle à
celles du centre, au moyen de la notion établie art. 580, est très-propre
d'ailleurs à faire sentir la justesse et l'utilité de cette notion, qui peut même
servir, comme on vient de le voir par l'exemple qui précède, à établir le cri-
térium de chaque genre particulier des surfaces du second ordre, aussi bien
que leurs différents modes de génération au moyen des lignes droites et des
sections coniques; mais je n'entrerai pas, pour le moment, dans le détail de
cette discussion, qui est facile.
592. Enfin on déduirait encore de ce qui précède toute la théorie des
polaires réciproques des surfaces du second degré, que nous n'avons jus-
qu'ici établie (Section II, Chapitre II) que pour le cas particulier des sections
coniques tracées sur un plan, ce qui conduirait à une foule de conséquences,
aussi neuves qu'intéressantes, sur les figures situées en général dans l'espace :
par exemple, on en déduirait avec facilité la démonstration du beau théorème
de M. Brianchon, cité à l'article 231. Mais il serait aussi long que superflu
de nous arrêter au développement de ces diverses conséquences, qui ne pré^-
senterait qu'une répétition continuelle, ou plutôt qu'une extension facile
des principes déjà posés pour le cas particulier des sections coniques; nous
ferons seulement remarquer qu'en appliquant la théorie des polaires réci-
proques, ainsi généralisée, aux considérations qui précèdent (587), on serait
conduit immédiatement à la proposition inverse qui suit :
Quand deux surfaces du second ordre ont un plan de section commune,
réelle ou imaginaire, elles ont, par là même, deux centres d'homologie con-
jugués, sommets des cônes qui enveloppent à la fois ces surfaces, et jouissant
à leur égard de toutes les propriétés nombreuses qui appartiennent en général
à ces sortes de points ; de plus, elles ont une autre section plane commune, réelle
ou imaginaire, conjuguée à la premie're.
593. Pour le cas particulier de deux sphères ou de deux surfaces du se-
cond ordre s. et s. p., ce que nous avons nommé (291) l'homologie directe
devient similitude, comme pour le cas des sections coniques, et le plan
d'homologie correspondant ou de section commune passe tout entier à l'in-
fini. De là résulte donc, pour les sphères et les surfaces du second ordre s. et
s. p., les diverses notions et propriétés analogues à celles établies en parti-
culier (Section II, Chapitre III) pour les cercles et les sections coniques
également s. et s. p. Ainsi l'on voit que deux telles surfaces ont toujours une
section plane commune à l'infini, réelle ou idéale, et qu'elles en ont néces-
sairement une autre, de cette espèce, située en général à distance donnée et
finie, sur le plan de laquelle concourent les droites et plans inversement
homologues, etc., etc.
594. Enfin les propriétés générales des surfaces du second ordre, qui ont
un centre d'homologie, conduisent encore sans peine, comme conséquence
particulière, à la théorie des contacts et des osculations de ces sortes de sur-
faces; mais il est à remarquer qu'ici il n'en est pas de même que pour le
cas de deux sections coniques, qui ne peuvent se toucher en un point sans
que ce point soit un centre d'homologie (319); car deux surfaces du second
ordre ne sont pas toujours susceptibles d'être enveloppées par un même
cône de cet ordre, ou d'avoir un centre d'homologie ; il faut nécessaire-
ment (587), pour que cela ait lieu, que leurs courbes d'intersection soient
planes.
Puisque deux surfaces du second ordre, qui ont un point de contact com-
mun, ne sont pas nécessairement homologiques par rapport à ce point,
recherchons quelle espèce de conditions elles doivent remplir pour que cela
ait lieu.
Remarquons d'abord que deux surfaces quelconques peuvent être tan-
gentes de deux manières différentes en un point commun. Dans l'une, elles
peuvent n'avoir aucun autre point commun aux environs du premier; et
alors elles doivent être censées avoir une branche de pénétration infiniment
petite confondue avec ce point. Dans l'autre, les deux surfaces peuvent se
pénétrer en plusieurs branches de courbes, dont deux au moins passent par
ce point, qui est ainsi multiple; il est, en effet, évident que, dans ces divers
cas, les surfaces auront également un élément ou un plan tangent commun
au point dont il s'agit.
Cette remarque s'applique même au cas particulier du plan tangent à une
surface donnée; et. alors, si cette surface est du second degré, le plan tan-
gent déterminera sur elle, dans la première hypothèse, une section plane
infiniment petite, dont les sections parallèles seront elliptiques ; dans l'autre,
les deux branches de pénétration, appartenant au point de contact, devront
nécessairementse réduire au système de deux droites passant par ce point et
parallèles aux asymptotes des sections hyperboliques de la surface, qui sont
elles-mêmes parallèles au plan tangent; car une ligne du second ordre ne
peut évidemment avoir deux branches distinctes passant par un point, à
moins qu'elle ne se confonde entièrement avec les tangentes en ce point. Les
deux droites en question pouvant d'ailleurs être censées imaginaires pour la
première hypothèse, il est permis de conclure, en général (111), que par un
point quelconque pris sur une surface du second ordre, il passe deux lignes
droites, réelles ou imaginaires, situées tout entières dans cette surface, et
que par conséquent une telle surface peut, aussi en général, s'engendrer de
deux manières différentes, par le mouvement de simples lignes droites.
Pour l'ellipsoide, l'hyperboloïde à deux nappes et le paraboloïde elliptique
qui présentent partout leur convexité au plan tangent, les deux modes de
génération sont imaginaires, mais ils sont évidemment réels pour l'hyperbo-
loïde à une nappe et pour le paraboloïde hyperbolique dont le plan tangent en
un point quelconque pénètre nécessairement la surface. On voit même que
ce dernier ayant (591) un plan tangent à l'infini, a également deux généra-
trices à l'infini, qui sont tout entières sur sa surface; or, de là et du principe
de l'article 107 résulte immédiatement tout ce que l'on connaît sur la géné-
ration du paraboloïde hyperbolique au moyen de deux droites.
595. Revenons maintenant à notre premier objet, et remarquons que,
lorsque deux surfaces du second ordre ont un point de contact commun, il
ne suffit même pas, pour pouvoir affirmer qu'elles ont ce point pour centre
d'homologie, qu'elles aient simplement des sections planes communes, et
qu'elles soient aptes par conséquent à avoir en général deux centres d'homo-
logie (587); car deux surfaces quelconques du second ordre, qui se coupent
suivant deux lignes planes, et qui ont ainsi deux centres d'homologie dis-
tincts non situés sur ces surfaces, ont cependant, pour points de contact
communs, ceux où se rencontrent, en général, les deux courbes des sections
planes dont il s'agit. Or, pour peu qu'on réfléchisse aux propriétés du centre
et du plan d'homologie, il sera aisé de voir que deux surfaces du second
ordre, qui ont un point de contact commun, ne pourront être homologiques
par rapport à ce point qu'autant que le plan tangent qui lui correspond ne
puisse être regardé comme un plan d'homologie ou de section commune à
la fois à ces surfaces.
Cela posé, si nous considérons deux surfaces du second ordre ainsi tan-
gentes en un point commun, il est clair, d'après ce qui précède (594), que,
pour que le plan tangent en ce point puisse être censé une section plane
commune aux deux surfaces, il faut que les deux génératrices, réelles ou
imaginaires, qui correspondent au plan tangent, se confondent pour l'une
et l'autre surface, ou soient les mêmes; c'est-à-dire que les sections planes,
parallèles au plan tangent commun, devront être s. et s. p.: elliptiques d'ail-
leurs si le plan tangent détermine une section plane commune infiniment pe-
tite dans les surfaces; hyperboliques si, au contraire, ce plan renferme deux
génératrices communes à ces surfaces.
Enfin les mêmes conditions seront évidemment remplies, en général, si
les deux surfaces du second ordre ont une section plane commune unique,
indépendante du point de contact; car le plan de section ou d'homologie,
conjugué à celui-là, renfermera ce point et ne pourra être évidemment
autre chose que le plan tangent même qui lui correspond; autrement, en
effet, il serait sécant et donnerait une seconde branche de pénétration des
deux surfaces, ce qui est contre l'hypothèse.

596. Dans les deux cas précédents, qui reviennent identiquement au


même comme on voit, et qui ne peuvent exister l'un sans l'autre, les deux
surfaces du second ordre proposées auront le point de contact commun pour
centre d'homologie, et le plan de section commune correspondante pour
plan d'homologie conjugué à ce centre; par conséquent on pourra se servir
des procédés indiqués ci-dessus (582 et 583), soit pour construire l'une des
deux surfaces au moyen de l'autre et de certaines données, soit pour déter-
miner directement tout ce qui lui appartient.
Or je dis que les mêmes choses auront lieu encore, pourvu seulement que
les surfaces proposées aient un contact du second ordre au point commun
dont il s'agit.
En effet, quelle que soit alors la courbe de pénétration des deux surfaces,
on pourra toujours prendre sur elle deux points autres que le point de con-
tact, et qui détermineront avec lui un plan, lequel rencontrera ces surfaces
suivant deux lignes du second ordre ayant cinq points communs, dont trois
confondus en un seul au point de contact; or c'est ce qui ne peut être évidem-
ment (203), à moins qu'elles ne se confondent en une seule et même courbe,
commune à la fois aux deux surfaces proposées, et par conséquent sans que
la courbe d'intersection de ces surfaces soit plane. On voit d'ailleurs que
les deux surfaces ne sauraient avoir d'autre branche d'intersection, si ce n'est
celle infiniment petite qui se trouve confondue avec le point de contact;
donc ce point sera un centre d'homologie de ces surfaces, conjugué au plan
de section distincte dont il s'agit, et par conséquent, comme tel, il jouira
des diverses propriétés déjà souvent signalées.
597. Pour passer de là au contact du troisième ordre, il suffit évidemment
de supposer que la seconde section plane devienne infiniment petite comme
la première, ou se confonde avec le plan tangent, qui sera ainsi devenu
doublement un plan d'homologie des deux surfaces. Dans ce même cas, une
seule condition, comme celle de passer par un point quelconque donné,
suffira pour construire entièrement la surface osculatrice par le procédé in-
diqué (art. 582 et 583). Il en faudrait nécessairement deux pour le contact
du second ordre, et trois pour celui du premier, tout comme cela a lieu pour
le cas particulier des lignes du second ordre.
Il est facile, au surplus, d'étendre ces considérations à des surfaces quel-
conques, et de voir, pour le cas actuel, ce que devient le second centre d'ho-
mologie.
Enfin, de ces différentes remarques on déduirait immédiatement toutes
les notions relatives aux surfaces du second degré qui sont mutuellement
osculatrices en un point; mais, au lieu de nous arrêter davantage à cet
examen, il vaudra beaucoup mieux que nous revenions sur le cas général
des surfaces du second degré homologiques, pour y ajouter quelques éclair-
cissements que nous avons dû négliger dans ce qui précède, afin de ne pas
partager inutilement l'attention.

Application de la loi de continuité à la démonstration des principales propriétés


des sections planes des surfaces du second degré.

598. La démonstration d'où nous sommes partis, art. 587, pour établir
les divers théorèmes qui précèdent, est entièrement analogue à celle qui a
été mise en usage à l'article 294 pour le cas des sections coniques, et l'on
voit qu'elle repose sur les mêmes principes et offre les mêmes restrictions.
Les conséquences qui en résultent ne peuvent recevoir toute leur extension
qu'en invoquant la loi de continuité; comme elle, elle repose, en dernière
analyse, sur ce principe que, « par cinq points pris à volonté sur un plan,
» ne passe
jamais qu'une seule et même ligne du second ordre, » principe
qui peut, à la rigueur, être regardé comme une autre conséquence de la loi
de continuité.
En effet, si l'on suppose que l'une des deux courbes change de forme, par
succession insensible, de façon qu'en conservant toujours le même degré ou
la même nature, elle tende sans cesse à dégénérer en deux lignes droites;
par suite de la loi de continuité (539), elle devra aussi sans cesse conserver
le même nombre de points d'intersection réels, imaginaires, etc., avec l'au-
tre; or il est évident que, à la limite, ce nombre ne saurait surpasser quatre,
d'après la définition même adoptée pour les lignes du second ordre; donc
pareillement les courbes proposées ne peuvent avoir plus de quatre points
communs, et, si elles en ont réellement cinq, elles se confondent nécessai-
rement en une seule et même courbe. Ce tour de démonstration pourrait
encore servir évidemment à prouver que toutes les lignes du second ordre sont
nécessairement des sections coniques.

599. Ainsi, les diverses propriétés des surfaces du second ordre, qui
viennent de nous occuper précédemment, dérivent immédiatement et uni-
quement des premières notions du plan et de la ligne droite, pourvu qu'on
admette, dans toute leur étendue, les conséquences du principe de conti-
nuité. A la vérité, la démonstration de l'article 587 repose encore sur ce
théorème, que la courbe de contact de deux surfaces quelconques du second
ordre est plane; mais il est aisé de voir que la démonstration de ce dernier
théorème peut également être établie au moyen des mêmes principes.
Que l'on prenne, en effet, trois points quelconques de la courbe de contact
pour y faire passer un plan; ce plan coupera les deux surfaces suivant deux
lignes du second ordre, qui se toucheront aux trois points dont il s'agit, ou
auront six points communs confondus, deux à deux, en un seul; ce qui ne
peut être, selon ce qui précède, à moins que les deux courbes ne se confon-
dent en une seule et même courbe commune à la fois aux deux surfaces.
Mais celles-ci ne sauraient évidemment avoir d'autres points communs que
ceux de la courbe de contact; donc cette courbe se confond tout entière avec
la précédente; donc enfin elle est plane.
On serait arrivé plus ^directement au but, en observant que la courbe de
contact est nécessairement telle, que tout plan transversal arbitraire ne la
rencontre qu'en deux points seulement; or cela ne peut avoir lieu que pour
les seules lignes du second ordre, qui d'ailleurs sont toutes planes : s'il était
possible, en effet, qu'il y eût des lignes du second ordre à double courbure,
on pourrait toujours mener, par trois points quelconques d'une telle courbe,
un plan transversal, ce qui est contre l'hypothèse, à moins que la courbe ne soit
comprise tout entière dans le plan transversal. (Annotations de VErrata.)
600. On démontre d'ailleurs, avec une égale facilité, les diverses autres
propriétés générales des surfaces du second ordre et des lignes qui s'y
le
trouvent renfermées, pourvu qu'on admette toujours principe de continuité.
Remarquons d'abord que deux sections planes quelconques d'une surface
du second ordre ont, en général, deux points réels communs situés sur la
droite d'intersection de leurs plans; c'est-à-dire que cette droite est une
sécante commune, qui devient idéale quand les deux points en question sont
impossibles ou imaginaires, et qui, en vertu du principe cité, n'en conserve
pas moins toutes ses propriétés primitives (*).
Cela posé, considérons, par exemple, deux surfaces du second ordre ayant '
une section plane commune, réelle ou idéale; je dis que, conformément à
ce qui a déjà été établi, d'une manière différente, dans ce qui précède (592),
ces surfaces auront nécessairement une autre section plane commune con-
juguée à la première; ou, en d'autres termes :
Si l'une des branchesd'intersection de deux surfaces du second ordre est plane,
ïautie le sera pareillement.
Pour le prouver, supposons que l'on prenne, à volonté, trois points sur
la seconde branche, pour y faire passer un plan ; il ira déterminer deux
points réels ou imaginaires sur l'autre, qui seront communs à la fois aux
deux surfaces, et par lesquels devront passer, aussi bien que par les trois pre-
miers, les deux lignes du second ordre qui résultent de l'intersection de ces
surfaces respectives par le plan transversal; ces deux lignes auraient donc
cinq points communs : or, cela ne peut être à moins qu'elles ne se con-
fondent en une seule et même courbe avec la seconde branche dont il s'agit,
laquelle est ainsi nécessairement plane, comme la première.
601. Considérons encore ce beau théorème, dû à Monge et que M. Chasles
a ensuite démontré (**) en se servant du principe de l'article 428, relatif au
cas particulier des sections coniques :
Quand deux surfaces quelconques du second degré sont circonscrites à une

(*) Nous avons démontré les mêmes choses rigoureusement, art. 65, sans recourir au principe
de continuité.
(**) CorrespondancePolytechnique) t. III, p. 3a8 et suiv.
même troisième surface de ce degré, elles ont toujours deux sections planes
communes, réelles ou idéales, dont les plans passent par la même droite que
ceux de contact de ces surfaces.
En effet, les deux courbes planes de contact de ces surfaces, étant à la fois
sur la troisième, ont deux points communs, réels ou imaginaires, situés sur
la droite d'intersection de leurs plans, pour chacun desquels les trois surfaces
ont évidemment à la fois même plan tangent; or, ces deux points apparte-
nant à la courbe de pénétration dont on recherche la nature, il arrivera
qu'en prenant, à volonté, un troisième point sur cette courbe, pour déter-
miner avec les deux autres un plan, ce plan produira, dans les deux sur-
faces correspondantes à cette courbe d'intersection, deux lignes du second
degré qui auront trois points communs, dont deux seront doubles ou des
points de contact; ce qui ne peut être à moins que les deux courbes ne se
confondent en une seule et même section conique commune à la fois aux
deux surfaces que l'on considère, c'est-à-dire sans qu'une, au moins, des
branches d'intersection de ces surfaces soit plane; donc l'autre le sera égale-
ment (600), comme il s'agissait de le démontrer. On voit, de plus, que ces
deux sections et celles de contact des surfaces qui leur correspondent ont,
toutes quatre, une sécante réelle ou idéale commune.
602. On prouverait, d'une manière tout aussi simple, que, réciproque-
ment, quand deux surfaces du second ordre ont deux sections planes com-
munes, il en existe une infinité d'autres qui leur sont à la fois circonscrites,
et parmi lesquelles il en est deux qui sont des surfaces coniques du second
ordre.
Cette dernière partie du théorème revient d'ailleurs à ce qui a déjà été
dit précédemment (592) sur les surfaces du second degré homologiques.
603. Les raisonnements qui précèdent peuvent évidemment servir aussi
à établir cet autre théorème, également dû à Monge et démontré ensuite
par M. Chasles, à l'endroit déjà cité :
Quand deux surfaces du second ordre ont deux points de contact communs,
elles s'entrecoupent suivant deux courbes planes, réelles ou imaginaires, passant
par ces deux points, de telle sorte que la droite d'intersection de ces plans a pour-
polaire réciproque la droite d'intersection des plans tangents aux points de
contact communs.
La proposition inverse est en quelque sorte évidente à priori (595 ) ; cepen-
dant, comme les sections planes des deux surfaces peuvent ne pas s'entre-
couper, on voit qu'alors ces deux surfaces ont un double contact idéal suivant
la droite commune aux deux plans de section, laquelle, étant réelle, n'en
conserve pas moins sa polaire réciproque, bien que celle-ci soit devenue le
concours idéal de deux plans tangents imaginaires communs aux deux sur-
faces. [Annotations de l'Errata.)
604. Considérons encore deux sections planes quelconques d'une surface
du second degré, elles auront (600) deux points réels ou imaginaires com-
muns, c'est-à-dire une sécante commune placée à l'intersection des deux
plans; menons les plans tangents aux points communs correspondants, ils se
rencontreront suivant une droite polaire réciproque de la première; par cette
droite et par un point quelconque de l'une des deux courbes, menons, de
nouveau, un plan, il ira déterminer sur l'autre courbe deux points; joignons
enfin, par une droite, l'un de ces points avec le premier, elle rencontrera
celle d'intersection des plans tangents en un point qui sera le sommet d'un
cône du second ordre renfermant à la fois les deux courbes proposées.
En effet, si l'on projette, de ce point, l'une d'elles sur le plan de l'autre,
il est évident que la projection aura, avec cette autre, trois points communs,
dont deux, appartenant à la sécante commune ci-dessus, sont des points de
contact de ces courbes, ce qui ne peut être, à moins qu'elles ne se cpnfondent
en une seule et même courbe.
Comme au point, pris à volonté sur l'une des deux courbes proposées,
correspondent toujours deux points sur l'autre, on voit qu'il existe
pareillement deux cônes passant par ces courbes, lesquels sont par consé-
quent conjugués. La démonstration s'appliquant d'ailleurs, mot à mot, au
cas de deux sections coniques quelconques ayant une sécante réelle ou
idéale commune dans l'espace, il en résulte immédiatement ce théorème
connu :
Par deux sections coniques, situées ou non situées sur une surface du second
ordre, mais ayant une sécante réelle ou idéale commune, on peut toujoursfaire
passer deux cônes de cet ordre.
605. Ainsi deux semblables courbes sont, de deux manières différentes,
projections l'une de l'autre par rapport au sommet de chaque cône, c'est-à-
dire qu'elles jouissent, comme telles, des propriétés que nous avons déjà
souvent signalées. Si donc on suppose que ces courbes appartiennent à une
même surface du second ordre, et qu'on conçoive, par le centre de cette
surface et par le sommet de l'un quelconque des cônes, une suite de plans
sécants, il en résultera, sur cette surface, des sections coniques diamétrales
passant toutes par un ou deux mêmes points, lesquels jouiront, par rapport
aux courbes proposées, de toutes les propriétés projectives qui appartiennent
au centre d'homologie des figures simplement décrites sur un plan, pourvu
qu'on remplace toujours les lignes droites par des sections diamétrales.
On arriverait encore au même but, en observant que ces propriétés appar-
tiennent (290) aux sections coniques qui, sur un plan quelconque, sont la
projection des deux premières par rapport au centre de la surface. On voit,
de plus, que la même extension a lieu pour toutes les autres propriétés pro-
jectives qui peuvent appartenir individuellement à chacune de ces sections
coniques ou à leur système commun. Enfin on remarquera que les sommets
de deux cônes ainsi conjugués sont réciproquement tels, que le plan polaire
de l'un, relativement à la surface, passe par l'autre et par la sécante com-
mune des deux courbes planes que l'on considère, en sorte que la distance
de ces sommets est divisée harmoniquement(590), et par les deux plans des
courbes dont il s'agit, et par la surface du second ordre qui renferme à la
fois ces deux courbes.

606. Considérons trois sections coniques quelconques dans l'espace, ap-


partenant ou non à une surface du second ordre, mais ayant, deux à deux,
une sécante commune, réelle ou idéale, située à l'intersection de leurs plans
respectifs; on voit que les trois sécantes dont il s'agit iront concourir en un
même point de l'espace. Cela posé, concevons les trois systèmes de cônes
conjugués qui renferment, deux à deux, les trois courbes proposées; il est
évident que le plan tangent à deux de ces cônes, non conjugués entre eux,
sera tangent à la fois aux trois courbes, et par conséquent à un troisieme
cône non conjugué au premier; donc les sommets de ces six cônes, c'est-à-
dire les six centres d'homologie ou de projection des trois courbes, sont,
trois par trois, sur quatre droites et par conséquent dans un même plan.
Si maintenant on combine cette remarque avec ce que nous venons de
dire pour le cas de deux courbes, on verra, en examinant ce qui se passe
dans les différents plans qui appartiennent à une même droite des centres
d'homologie, que les propriétés projectives de nos trois courbes sont entiè-
rement analogues'à celles (Section II, Chapitre III) qui concernentles sécantes
communes, les axes et les centres de similitude de trois cercles quelconques
tracés sur un même plan; avec cette différence cependant que ces courbes,
au lieu d'avoir une autre sécante commune conjuguée à la fois aux trois
premières, comme cela a lieu dans le cas particulier des cercles, n'en auront
aucune de cette sorte. On pourra même en conclure que :
Trois lignes du second ordre, situées à volonté dans l'espace, mais ayant,
deux à deux, une sécante commune intersection de leurs plans, sont toujours
susceptibles d'appartenirà une seule et même surface du second ordre.
607. Supposons enfin, comme ci-dessus (605), que l'on projette, sur une
surface du second ordre et à partir de son centre, les différents points et les
différentes droites relatives aux trois sections planes arbitraires qui s'y
trouvent renfermées; on conclura encore, de ce qui précède, que ces
courbes jouiront entre elles des diverses propriétés qui appartiennent au
système de trois cercles quelconques tracés sur un plan, pourvu qu'on rem-
place par des sections diamétrales les lignes droites qui appartiennent a ce
dernier système.
La même remarque s'étend évidemment, en général, à un nombre quel-
conque de sections planes d'une surface du second ordre; c'est-à-dire que
les propriétés projectives d'un tel système sont entièrement analogues à
celles d'un système pareil de cercles tracés à volonté sur un plan.
608. Nous avons déjà observé (406) que toutes ces choses ont lieu éga-
lement pour le système de sections coniques quelconques tracées sur un
même plan, lorsqu'elles ont une sécante commune, réelle ou idéale; mais
cette condition n'est pas même nécessaire, ou plutôt on peut la remplacer
par une autre tout à fait différente; car on prouve aisément, par un raison-
nement souvent mis en usage (587, 601, etc.) dans ce qui précède, que:
Trois sections coniques quelconques, tracées sur un même plan et qui ont
trois de leurs sécantes communes, non conjuguées entre elles, concourant en un
point unique, peuvent toujours être considérées comme la projection de trois
autres sections coniques, dans l'espace, ayant deux à deux une sécante com-
mune à l'intersection de leurs plans respectifs.
De plus, puisque, selon ce qui précède, ces dernières sections coniques
appartiennent toujours à une même surface du second ordre, et que, d'une
autre part, toute courbe tracée sur cette surface touche, en projection, son
contour apparent (* ) aux deux points communs à ce contour et à la première
courbe, on voit que nos trois sections coniques sont susceptibles d'être en-
veloppées, à la fois, par une même quatrième section conique, ou d'avoir un
double contact avec elle, soit réel, soit simplement idéal.
609. En général, lorsqu'une section conique a un double contact, réel ou

(*) Cette expression, qui se rapporte essentiellement au cas de la perspective, désigne ici la
courbe de contact du cône, enveloppe de la surface, qui a son sommet au centre de projection; en
d'autres termes, c'est la section relative au plan polaire du centre de projection.
idéal, avec une autre section conique tracée sur son plan, on peut toujours
la considérer comme la projection d'une section plane d'une surface du se-
cond ordre, qui aurait l'autre pour contour apparent, et vice versâ. Imagi-
nons en effet, par celle-ci, une surface quelconque du second ordre, et il y
en a évidemment une infinité; concevons (599) le cône tangent à cette sur-
face le long de la courbe qu'elle renferme; son sommet étant pris pour centre
de projection ou point de vue, il est évident que la courbe de contact sera le
contour apparent de la surface. Cela posé, concevons que, par un point de
cette surface, projection d'un point quelconque de la courbe qui a un double
contact avec la première, on mène un plan qui renferme en même temps la
sécante de contact commune à ces courbes; il rencontrera la surface en une
nouvelle courbe dont la projection, sur le plan du contour apparent, aura
avec l'autre trois .points communs, dont deux doubles ou appartenant aux
mêmes éléments; donc ces courbes ne font véritablement qu'une seule et
même courbe, ainsi qu'il s'agissait de le démontrer.
Il suit de la évidemment, et de ce qui précède (606), que le système d'un
nombre quelconque de sections coniques, ayant un double contact, réel ou
idéal, avec une même section conique donnée sur un plan, jouissent exacte-
ment entre elles des mêmes propriétés projectives que le système pareil d'un
nombre quelconque de cercles tracés sur un plan commun, si ce n'est tou-
tefois qu'elles n'auront pas, comme ceux-ci, une sécante commune en
même temps à tout leur système (94).
Ainsi, par exemple, si l'on en considère trois à volonté, leurs centres
d'homologie, pris dans un certain ordre et de façon qu'il n'y en ait pas
deux qui soient conjugués entre eux, seront, trois par trois, en ligne
droite, etc., etc.
D'après l'article 608, les mêmes choses ont lieu aussi pour le cas où les
sections coniques proposées sont seulement telles, que trois de leurs sécantes
communes, non conjuguées entre elles, concourent en un point unique du
plan qui les renferme.
610. Toutes ees propriétés pourraient d'ailleurs s'établir directement au
moyen de celles qui ont déjà été démontrées, par une autre marche, dans le
Chapitre III de la Ille Section, et celles-ci sont évidemment, à leur tour, com-
prises implicitement dans les précédentes. Or, il est à remarquer que cette
correspondance est indépendante de la réalité ou de la non-réalité du double
contact des sections coniques que l'on considère ; c'est-à-dire que les diverses
propriétés qui précèdent subsistent également pour le cas où le double con-
tact est idéal. En effet, les propriétés des sections planes d'une surface du
second ordre sont elles-mêmes indépendantes de la position particulière de
ces sections sur la surface; et, pour que la projection d'une certaine section
sur le plan du contour apparent ait un double contact idéal avec ce contour,
il suffit qu'elle n'ait aucun point commun avec lui; ce qui est possible évi-
demment d'une infinité de manières différentes. Bien plus, de ces considé-
rations relatives à l'espace on pourrait déduire l'interprétation, en quelque
sorte rigoureuse, de tout ce qui a été dit sur le double contact idéal des sec-
tions coniques; et l'on voit même comment il serait possible de les étendre
au cas où certaines lignes deviendraient entièrement imaginaires, et à celui
où ces lignes, au lieu d'être simplement des sections coniques, seraient d'un
ordre quelconque, etc.
Mais revenons aux propriétés des sections coniques qui ont un double
contact avec une section conique donnée sur un plan, et supposons que cer-
taines d'entre elles se réduisent à des points isolés, à des systèmes de deux
droites indéfinies, à des portions de lignes droites (437) inscrites ou termi-
nées à la courbe dont il s'agit; cela reviendra à admettre que les plans des
sections, qu'elles représentent sur la surface qui a la conique proposée pour
contour apparent, soient les uns tangents à cette surface, les autres sécants
suivant deux de ses génératrices (595), les autres enfin dirigés vers le point
de vue ou centre de projection qui lui est relatif; or il en résultera une infi-
nité de propositions, fort élégantes, du genre de celles déjà établies dans
la IIe Section de cet ouvrage. Ainsi, par exemple, en supposant que deux
ou trois sections coniques, doublement tangentes avec la proposée, se ré-
duisent au système de deux ou trois cordes, on retombera directement (424;
sur les propriétés du quadrilatère et de l'hexagone inscrits aux sections
coniques, etc., etc.
Au surplus, nous ne devons pas oublier, en terminant ce sujet vraiment
digne d'intérêt, et qui nous semble bien propre à montrer toutes les res-
sources qu'on peut tirer du principe de continuité, nous ne devons pas ou-
blier, dis-je, de rappeler que M. Chasles (*) et, avant lui, le savant auteur
des Développements de Géométrie, M. Dupin (**), avaient déjà indiqué, à l'oc-
casion du problème où il s'agit de mener une section plane tangente à trois
autres sections planes quelconques d'une surface du second ordre, comment
on pouvait passer de là aux propriétés des figures rectilignes inscrites aux
sections coniques.
Nous ajouterons à tout ce qui précède qu'on obtiendrait aisément les pro-

(*) Correspondance Polytechnique, t. III, p. 17.


(**) Même recueil, t. II, p.421.
priétés des figures circonscrites aux surfaces du second ordre, en consi-
dérant, sur une telle surface, les cônes circonscrits qui ont ses diverses sec-
tions planes pour lignes de contact avec elle ; car, d'après le théorème de
Monge (601), tous ces cônes s'entrecouperont suivant des courbes planes,
dont les propriétés, à l'égard des sommets correspondants, seront faciles à
découvrir au moyen de celles qui appartiennent aux courbes de contact tra-
cées sur la surface, et de la théorie des polaires réciproques (592). Tout
consiste, en effet, à remarquer que le sommet d'un cône quelconque, cir-
conscrit à une surface du second ordre, est le pôle du plan de contact cor-
respondant, et que la surface même du cône est polaire réciproque de la
courbe contenue dans ce plan; que les courbes d'intersection de deux cônes
circonscrits sont réciproques polaires des surfaces coniques qui renferment
les deux courbes de contact correspondantes, etc., etc.

Des courbes d'intersection des surfaces du second degré en général, de leurs


droites diamétrales conjuguées communes, de leurs sections circulaires et de
leurs axes principaux.
611. Au lieu de considérer, comme dans tout ce qui précède, des sections
planes faites dans une surface du second ordre, occupons-nous des courbes
à double courbure qui résultent, en général, de l'intersection de cette sur-
face par une autre surface quelconque du second ordre; nous trouverons
encore que les branches d'une telle courbe jouissent entre elles de propriétés
analogues à celles qui appartiennent au système de deux des premières :
c'est-à-dire que ces branches sont susceptibles d'être placées sur une même
surface de cône, et sont par conséquent aussi homologiques par rapport au
sommet de ce cône; car il est visible (589) que leurs droites homologues
concourront sur un même plan d'homologie, qui sera évidemment ici,
comme dans ce qui précède, le plan polaire du sommet du cône relative-
ment à chacune des deux surfaces.
Remarquons d'abord que la courbe de pénétration est, en général, com-
posée de deux branches, l'une d'entrée, l'autre de sortie, et que son degré
est nécessairement le quatrième, puisque tout plan transversal ne peut
jamais déterminer plus de quatre points d'intersection, communs aux deux
surfaces, appartenant aux deux lignes du second ordre qui sont dans ce
plan. Cela posé, considérons un plan tangent quelconque T (*) aux deux

(*) Nous n'avons pas décrit la figure, à cause de sa complication, mais il sera facile de la sup-
pléer au besoin.
branchesdont il s'agit : il coupera les surfaces suivant deux lignes du second
ordre (U) et (V) ayant un double contact entre elles aux points communs à
ces branches et au plan tangent, points que nous nommerons a et b. Con-
cevons pareillement un second plan tangent T' à ces branches, et soient (U')
et (V'), a' et b' respectivement les nouvelles lignes du second ordre et les
points de contact qui en résultent. Il est évident que les courbes (U) et (U')
auront une corde commune mn (600) sur la droite d'intersection des deux
plans T, T, et que celles (V) et (VI) en auront pareillement unepq sur cette
droite; donc, d'après un théorème que nous avons fait connaître (429), et
qu'il serait facile d'établir directement au moyen des considérations qui pré-
cèdent, chacune des sécantes de contact ab et a'b' devra, selon l'espèce du
contact (415), concourir en l'un ou en l'autre des points K et L qui, sur la
droite d'intersection des plans T, T', divisent à la fois harmoniquement les
cordes mn,pq, et sont ainsi déterminés de position sur cette droite.
Mais il existe nécessairement une infinité de plans tangents pour lesquels
le contact est de l'une des deux espèces, et il en existe aussi une infinité dont
le contact est de l'autre de ces espèces; en sorte que les paires de plans tan-
gents T et T', qui leur appartiennent respectivement, donneront lieu à des
sécantes de contact ab, a'b' concourant, les unes en des points K, les autres
en des points L de la droite d'intersection de ces paires de plans. Supposons
donc qu'on ne considère, en particulier, que la suite des plans tangents de
la première espèce, et soit T" un troisième plan tangent qui ait cette propriété
avec ceux T et T'; soient a" et b" les points de contact correspondants; il
résultera de ce que nous venons de dire que les droites ab, a'b', a"b" de-
vront se croiser, deux à deux, sur les intersections des plans T, T', T", ce qui
ne peut être évidemment, à moins que ces droites n'appartiennent à un qua-
trième plan, ou qu'elles ne concourent au point commun à la fois aux trois
autres; or la première hypothèse est inadmissible, puisqu'on serait amené .t
conclure que l'infinité de points a, b, af, b',..., serait située sur un même
plan; donc la seconde seule subsiste.
Mais nous venons de montrer que le point d'intersection K des trois
droites et des trois plans que l'on considère est entièrement déterminé de
position au moyen de deux de ces droites ou de ces plans; de plus, il est
assez évident que tous les plans, assujettis à la même loi et qui sont en
nombre infini, doivent se succéder sans interruption ou d'une manière con-
tinue; donc enfin, si l'on fait rouler convenablement le troisième des plans
dont il s'agit sur les branches de pénétration des deux surfaces, il ne cessera
pas de passer par le point fixe K, aussi bien que la sécante de contact qui
lui correspond ; et par conséquent ce plan et cette sécante décriront un même
cône, qui renfermera à la fois les deux branches dont il s'agit.
Concluons donc, conformément à ce qui a été avancé au commencement
de cet article, que ces deux branches sont homologiques l'une de l'autre par
rapport au sommet du cône, et qu'elles ont pour plan d'homologie le plan
polaire relatif à ce sommet, et qui est nécessairement commun à la fois aux
deux surfaces proposées.
612. Réciproquement, si un point quelconque de l'espace est tel, qu'il ait
même plan polaire dans deux surfaces du second ordre, ce point sera néces-
sairement le sommet d'un cône passant par la courbe de pénétration des
deux surfaces; car tout plan renfermant ce point déterminera deux courbes
du second degré dans ces surfaces, lesquelles auront même polaire par rap-
port au point en question, ce qui ne peut être à moins qu'il ne soit (363.) le
point de concours de deux de leurs sécantes conjuguées communes, d'ail-
leurs réelles, idéales ou imaginaires.
Je dis, en outre, que le cône, formé par la suite de tous ces systèmes de
sécantes conjuguées communes, et celui qui renferme en général les deux
branches de pénétration de deux surfaces quelconques du second ordre, se-
ront eux-mêmes du second ordre seulement : en effet, un plan quelconque,
passant par le sommet de l'un de ces cônes, ne déterminera jamais plus de
deux arêtes sur la surface de ce cône, et, par suite, une droite quelconque
ne pourra jamais rencontrer cette surface en plus de deux points.
613. Enfin, puisque, par la courbe de pénétration de deux surfaces du
second degré, on peut faire passer un cône de ce degré, sur lequel elle se
trouve comprise tout entière, à plus forte raison doit-on pouvoir y faire pas-
ser, et d'une infinité de manières différentes, une nouvelle surface du se-
cond degré; mais c'est ce qu'on peut aussi démontrer directement, ainsi
qu'il suit : prenons un point quelconque de l'espace pour y faire passer la
nouvelle surface, et concevons, par une droite menée arbitrairement de ce
point, une suite de plans, ils couperont la courbe de pénétration des sur-
faces proposées chacun en quatre points. Concevons, pour chaque plan, la
ligne du second ordre qui renferme ces quatre points et le point pris à vo-
lonté, la suite de ces lignes formera une certaine surface continue qui sera
nécessairementdu second degré; car tout plan transversal déterminera, dans
cette surface, une courbe qui aura au plus quatre points communs, réels ou
imaginaires, avec la courbe correspondante formée, dans l'une des surfaces
proposées, par le plan transversal, et qui ne pourra être par conséquent que
du second degré; donc il en sera de même aussi de la surface à laquelle cette
courbe appartient.

614. Les raisonnements établis ci-dessus (611), laissent assez apercevoir


qu'il y a plus d'un cône du second degré renfermant à la fois les branches
de la courbe de pénétration des deux surfaces qu'on y considère, et que
chacun de ces cônes doit provenir d'un même mode de mouvement continu
du plan tangent T autour de ces deux branches. Or, si l'on suppose ces deux
branches fermées, ce qui n'ôte rien à la généralité des conséquences qui
vont suivre, il sera aisé de s'apercevoir que, par la tangente en un point
quelconque de l'une d'elles, on peut mener au moins deux plans tangents '-Il
la seconde; or je dis qu'il existera également au moins un plan doublement
tangent à la branche qui lui appartient.
En effet, cette dernière étant supposée fermée, il existera toujours une
infinité de plans tangents, en un de ses points, qui la rencontreront en deux
nouveaux points, et, comme il en existe également une infinité qui ren-
contrent la seconde branche en deux points, en cessant par conséquent de
rencontrer la première, on voit qu'il y aura nécessairement une position
intermédiaire du plan en question pour laquelle il sera doublement tangent
à la branche qui lui appartient : on pourrait même ajouter qu'il existe, en
général, deux plans tangents pareils, puisqu'il doit y avoir au moins un
point d'entrée et un point de sortie du plan tangent.
Quoi qu'il en soit, puisqu'un cône du second ordre ne peut avoir qu'un
seul plan tangent en un point donné sur sa surface, il est clair que les quatre
plans tangents que nous venons de considérer, pour un même point de la
courbe de pénétration, doivent appartenir à quatre cônes ou à quatre modes
de mouvement distincts du plan tangent. Je dis, en outre, qu'il ne saurait y
en avoir plus de quatre.

615. Pour le prouver, concevons la droite qui renferme les sommets de


deux cônes quelconques; il est clair que tout plan passant par cette droite
rencontrera les cônes suivant deux systèmes de sécantes conjuguées com-
munes aux deux sections qui correspondent à ce plan et aux surfaces pro-
posées; donc (360) chaque sommet aura, dans ces courbes, même polaire
passant réciproquement par l'autre; donc pareillement le plan polaire, com-
mun à la fois aux deux surfaces et à l'un des sommets de cônes, passera
réciproquement par l'autre sommet; or de là on conclut d'abord ce théorème,
dont la remarque de l'article 605 n'offre qu'un cas particulier, et qui est
entièrement analogue à celui de l'article 360 relatif aux simples lignes du
second ordre :
Les sommets des différents cônes, qui renferment la courbe d'intersection de
deux surfaces quelconques du second ordre, sont tels, que le plan polaire de
l'un quelconque d'entre eux passe à lafois par tous les autres.
616. Donc aussi :
Le nombre de ces sommets est, au plus, de quatre, et le tétraèdre qui leur
appartient est tel, qu une arête quelconque apour polaire réciproque, dans l'une
et dans l'autre surface, l'arête respectivement opposée de ce tétraèdre.
S'il pouvait y avoir un cinquième sommet, il faudrait nécessairement,
d'après ce qui précède, qu'il fût le pôle du plan qui renferme trois quel-
conques des autres sommets, c'est-à-dire qu'il devrait se confondre avec le
quatrième. Donc entin il existe, en général, quatre cônes renfermant la
courbe d'intersection, et il ne peut jamais en exister plus de quatre qui
jouissent de cette propriété.
On voit, en outre, que, quand trois des quatre sommets de cônes sont
donnés, le quatrième s'ensuit nécessairement, puisque, d'après ce qui pré-
cède, il doit être le pôle du plan qui renferme à la fois les trois autres.

617. De là on déduirait immédiatement, comme cas particulier, tous les


théorèmes de Monge sur les droites diamétrales conjuguées communes des sur-
faces du second ordre, théorèmes qui ont été ensuite démontrés analyti-
quement, par M. Chasles, à l'endroit déjà cité (601) de la Correspondance
Polytechnique.
En effet, lorsque deux surfaces quelconques du second ordre sont con-
centriques, elles ont même plan polaire à l'infini (580 et 591) par rapport
au centre commun ; donc (612) ce centre est le sommet d'un cône du second
ordre qui renferme la courbe de pénétration des deux surfaces, et par con-
séquent, les trois autres sommets étant nécessairement à l'infini (615), les
cônes qui leur correspondent sont des cylindres du second ordre aussi bien
que ceux qui, ayant mêmes sommets qu'eux, sont circonscrits respective-
ment aux deux surfaces. Enfin on voit que les deux surfaces proposées ont
trois plans diamétraux conjugués communs, ayant pour pôle, à l'infini, les
sommets dont il s'agit, et ces plans deviennent évidemment des plans dia-
métraux rectangulaires de l'une des surfaces du second ordre, quand l'autre
est une sphère.
Il est d'ailleurs facile de prouver que, dans ces divers cas, les sommets
de cônes, à l'infini, sont toujours réels.
En effet, il est évident que l'on pourra toujours concevoir une troisième
surface du second ordre concentrique aux deux proposées, c'est-à-dire ayant
même plan polaire à l'infini par rapport au centre commun, et qui, étant
s. et s. p. par rapport à l'une de ces surfaces, aura avec l'autre deux branches
distinctes de pénétration commune, et par conséquent trois sommets réels
de cônes (614) circonscrits à ces branches et placés à l'infini, outre celui
qui se confond avec le centre commun; c'est-à-dire qu'elle aura, avec cette
autre surface, trois plans diamétraux conjugués communs. Or les deux sur-
faces s. et s. p. ont évidemment les mêmes systèmes de plans diamétraux
conjugués; donc ceux dont il s'agit sont communs à la fois aux trois sur-
faces que l'on considère, et par conséquent aux deux proposées; donc enfin
il existe toujours pour celles-ci trois points à l'infini qui ont mêmes plans
polaires dans chacune d'elles, et qui peuvent être considérés, au moins idéa-
lement, comme le sommet d'autant de cônes renfermant les branches, réelles
ou imaginaires, de pénétration des deux surfaces.

618. Puisque tout plan diamétral détermine, dans les deux surfaces, deux
lignes du second ordre concentriques, qui ont au moins deux sécantes idéales
conjuguées communes (365 et 384 ), il est aisé de prouver que, parmi les
quatre cônes ou cylindres du second ordre qui renferment l'intersection des
deux surfaces concentriques proposées, il en existe également au moins deux
qui demeurent réels, même lorsque cette intersection est entièrement ima-
ginaire. Ainsi cette courbe a toujours au moins deux de ses projections, sur
un plan quelconque, qui sont des sections coniques réelles : quant aux deux
autres cylindres ou cônes, ils doivent nécessairement être impossibles ou
imaginaires en même temps que la courbe de pénétration dont il s'agit,
puisque autrement les sections planes, passant par le centre commun des
surfaces proposées, auraient plus de deux sécantes communes, ce qui est
impossible dans l'hypothèse dont il s'agit.
Ces raisonnements s'appliquant, d'une manière analogue, au cas où les
deux surfaces du second ordre, sans être concentriques, ont cependant un
pôle commun relatif à un même plan, il en résulte que, dès qu'elles ont un
tel point, elles en ont nécessairement trois autres qui sont réels en même
temps que le premier, et qui peuvent être considérés, avec ce point, comme
les sommets d'autant de cônes renfermant les branches d'intersection des
surfaces proposées : on voit, de plus, que deux de ces quatre points appar-
tiennent nécessairement à des cônes imaginaires, quand ces surfaces cessent
de s'entrecouper.
Je ne crois pas devoir m'étendre davantage sur ces considérations, mon
but n'étant ici que de faire voir comment on peut arriver facilement, au
moyen des principes posés dans cet ouvrage, aux différents théorèmes sur
les surfaces du second ordre qu'on a coutume de traiter par l'Analyse algé-
brique; je me contenterai, pour terminer ce sujet, de présenter un dernier
exemple relatif à la recherche des sections circulaires des surfaces du second
ordre, laquelle se rattache évidemment à celle des axes principaux et des
ombilics de ces surfaces.

619. Concevons donc une surface du second ordre quelconque, et pro-


posons-nous de rechercher directement si une telle surface a des sections
circulaires, et en quel nombre sont ces sections.
Traçons à volonté une sphère dans l'espace; les sections circulaires de la
surface proposée, si elles existent, auront, avec les sections qui leur sont
parallèles dans la sphère, une sécante idéale commune située à l'infini, ou,
si l'on veut, elles auront à l'infini deux points imaginaires communs, car
(241 et 600) elles appartiendront, deuxà deux, à un même cône comme étant
s. et s. p.
Tout consiste donc à rechercher les points, à l'infini, communs aux deux
surfaces, ou les sécantes communes qui les renferment; car tout plan, pas-
sant par l'une de ces sécantes, coupera nécessairement la sphère et la sur-
face proposée suivant deux courbes s. et s. p., c'est-à-dire suivant des
cercles : or le plan qui renferme (580) tous les points à l'infini de l'espace
coupe idéalement la sphère et la surface proposée suivant un cercle et une
conique qui ont quatre points imaginaires communs, et par conséquent six
sécantes communes, dont deux nécessairement réelles, comme on va le dé-
montrer dans ce qui suit.
Cela posé, imaginons, dans le plan à l'infini, une droite quelconque dont
la direction peut d'ailleurs être censée appartenir à l'intersection de deux
plans parallèles; les points réciproques (388) de ceux de cette droite, par
rapport aux sections, à l'infini, des surfaces proposées, seront (370) sur une
troisième section conique qu'il s'agit actuellement de construire, bien que
l'une, au moins, des deux autres soit imaginaire, afin d'obtenir (371 et 373)
les sécantes communes demandées, qui sont nécessairement toutes deux
idéales.
Prenons, à volonté, un point sur la droite dont il s'agit; construisons,
pour chaque surface, le plan polaire de ce point : il ira rencontrer le plan à
l'infini suivant une droite qui sera évidemment la polaire du point en ques-
lion par rapport à la section correspondante du plan à l'infini. Les deux
polaires ainsi obtenues, étant réelles, iront se rencontrer en un point qui sera
le réciproque du proposé; donc on peut construire le lieu des points réci-
proques de ceux d'une droite, donnée sur le plan à l'infini, sans connaître
les deux sections coniques qui leur appartiennent, et quoique ces sections
coniques soient imaginaires, en tout ou seulement en partie.
En répétant les mêmes opérations pour une autre droite quelconque à
l'infini, il en résultera une nouvelle réciproque, qui ira rencontrer la pre-
mière en quatre points (371), dont un sera le réciproque de l'intersection
commune des deux directrices, et dont un, au moins, des trois autres sera
réel et le concours de deux des sécantes communes cherchées. Je dis, de
plus, que les deux derniers points d'intersection seront aussi réels en même
temps que les premiers.
En effet, si l'on construit, comme ci-dessus, la polaire du second point
réel déjà trouvé par rapport aux deux courbes proposées, polaire qui est
commune (360) à leur systéme, elle déterminera dans ces courbes deux
cordes qui devront être divisées a la fois harmoniquement (361) par les
deux derniers points cherchés. Supposons donc que, par cette polaire, on
mène un plan transversal arbitraire, il rencontrera la surface du second
ordre suivant une section conique, et la sphère suivant un cercle, qui auront
les cordes ci-dessus en commun avec les sections relatives au plan à l'infini :
or les deux points qu'on cherche, sur la direction commune de ces cordes,
doivent évidemment être tels (194), d'après la propriété dont ils jouissent de
diviser ces cordes harmoniquement, que la polaire de l'un quelconque
d'entre eux passe par l'autre; mais ils sont à l'infini, et ces polaires sont des
diamètres du cercle et de la section conique en question ; donc ces points
appartiennent à la direction des diamètres conjugués parallèles des courbes
dont il s'agit, c'est-à-dire aux axes rectangulaires ou principaux de celle
qui est une section conique quelconque; donc enfin ces axes vont rencontrer
la direction de la droite à l'infini aux deux points demandés, qui ainsi sont
toujours réels, en même temps que celui d'où cette droite dérive.
Ces mêmes considérations pourront servir, comme on voit, à construire
l'un des trois points de concours des sécantes conjuguées communes aux
sections à l'infini des deux surfaces, quand le troisième sera donné, le tout,
comme on voit, par des opérations qui n'exigent que l'emploi de la règle et
du compas. Les considérations des articles 379 et 380 conduiraient évidem-
ment encore au même but.
620. Remarquons, avant d'aller plus loin, que la droite qui renferme
l'un des trois points ainsi trouvés et le centre de la surface du second ordre
étant, d'après ce qui précède, la mutuelle intersection de deux sections dia-
métrales circulaires de cette surface, doit nécessairement être perpendicu-
laire à la fois à ces sections, et par conséquent normale à la surface pro-
posée. Donc cette droite est un des axes principaux de la surface, et les
directions de ces axes, au nombre de trois seulement, pourront se construire
très-simplement à l'aide des procédés qui viennent d'être indiqués.
621. Maintenant que nous connaissons les trois points de concours réels
des sécantes conjuguées communes aux sections planes qui sont à l'infini
sur les surfaces, il nous sera très-facile de trouver ces sécantes elles-mêmes,
et de prouver que deux d'entre elles sont réelles et conjuguées, le système
des quatre autres étant nécessairement imaginaire; il est évident, en effet,
que tout ce que nous avons dit (384) du cas où les sections coniques appar-
tenant à ces trois points sont réelles, mais n'ont aucun point d'intersection
commune, s'applique mot à mot à celui qui nous occupe, et dans lequel on
suppose les sections coniques, en tout ou en partie, imaginaires. Concluons
donc enfin que :
Toute surface du second ordre a généralement des sections planes circu-
laires C'), dont deux réelles et conjuguées, et quatre imaginaires également
conjuguées deux à deux; or les droites de concours des plans, qui appartiennent
respectivement à ces trois systèmes, sont toujours réelles, et leurs directions sont
parallèles à celles des trois axes principaux de la surface.
622. Quand la surface proposée est un paraboloïde, le plan à l'infini lui
est tangent, et alors la section correspondante se réduit à un point ou au
système de deux lignes droites (594), faciles à construire au moyen de deux
sections parallèles quelconques faites dans la surface. Or ce point, ou celui
de rencontre des deux droites, est évidemment un des trois points de con-
cours des sécantes communes aux sections planes, à l'infini, tant de la sphère
que de la surface proposée; donc il sera facile d'obtenir les deux autres de
ces points au moyen de celui-là et du procédé
indiqué à la fin de l'article 619,
et, par suite (620), on aura la direction des trois axes principaux de la sur-
face proposée, dont la construction n'est ainsi, pour le cas des paraboloïdes,
que du second degré seulement.
Ayant les axes de la surface proposée ou les trois points qui leur corres-

(*) M. Hachette a, je crois, le premier démontré, à l'aide du calcul, que, par un point donné à
volonté sur une surface du second ordre, passent en général deux sections circulaires de cette
surface. Voyez le Traité des surfaces du second clegré, publié par cet estimable professeur.
pondent à l'infini, on en déduira sans peine (621) la direction des plans de
sections circulaires, sections qui se réduisent évidemment à de simples lignes
droites (95) dans le cas du paraboloïde hyperbolique, puisque, selon ce qui
précède, ces plans doivent renfermer respectivement les deux droites à l'in-
fini de la surface, desquelles il a déjà été parlé ci-dessus; c'est-à-dire que,
dans ce cas, les sections circulaires se réduisent à des systèmes de deux
génératrices de la surface, dont l'une à distance donnée et l'autre à distance
infinie.
623. Il sera d'ailleurs facile d'exécuter les diverses opérationsindiquées,
soit dans le cas général, soit dans le cas particulier, en concevant qu'on mène,
par un point pris à volonté dans l'espace, des droites, des plans et des cônes,
passant par les points, les droites et les courbes situées dans le plan à l'infini,
et observant, en outre, que le plan polaire d'un point à l'infini, pour l'une
des surfaces proposées, se confond avec le plan diamétral conjugué à la direc-
tion du diamètre qui renferme ce point.
Par exemple, si l'on mène, pour un même point à l'infini, les plans po-
laires diamétraux qui lui correspondent dans les deux surfaces, et sont par
conséquent conjugués à une même direction de diamètres parallèles appar-
tenant à ce point, ces plans iront se rencontrer en une droite, dont la paral-
lèle, menée par le point pris pour auxiliaire, renfermera avec elle le point,
à l'infini, réciproque de celui d'où l'on est parti; construisant donc ainsi
une suite de droites passant par le point auxiliaire dont il s'agit et renfer-
mant les différents points réciproques de ceux d'une droite quelconque, à
l'infini, prise pour directrice et qu'on suppose donnée par le système de
deux plans diamétraux parallèles des deux surfaces, elles formeront un pre-
mier cône du second ordre renfermant la section conique à l'infini, lieu des
réciproques de cette droite.
Un second cône semblable, construit pour une autre directrice à l'infini,
ou pour une autre direction de plans diamétraux parallèles des deux sur-
faces, donnera, par son intersection avec le premier, quatre arêtes communes
à ces cônes, dont une sera connue à l'avance (619), et dont les trois autres,
d'après ce qui précède, se confondront, en direction, avec les trois axes
principaux de la surface proposée, si l'on a choisi le centre de cette surface
pour sommet auxiliaire, ou seront seulement parallèles à ces axes si, ce
centre étant à l'infini, on a choisi un autre point quelconque de l'espace pour
sommet auxiliaire.
624. Ces dernières considérations font voir qu'on peut aisément se passer
du secours de la sphère, pour trouver les axes principaux et les sections
circulaires de la surface du second ordre. En effet, puisque tout plan dia-
métral de cette sphère, conjugué à la direction d'une droite donnée, est per-
pendiculaire à cette droite, on voit que, pour obtenir successivement toutes
les arêtes de l'un des cônes, relatives à une directrice quelconque donnée à
l'infini, ou au plan diamétral qui la contient, il suffira de tracer, à volonté,
un diamètre de la section comprise dans ce plan, et de rechercher ensuite les
plans diamétraux dont l'un est conjugué et l'autre perpendiculaire à ce dia-
mètre; car, selon ce qui précède, ces deux plans devront se rencontrer sui-
vant l'arête du cône, réciproque du diamètre choisi en particulier.
Il est évident d'ailleurs que l'on arriverait de suite aux mêmes consé-
quences, à l'aide de la loi de continuité, en supposant que la sphère auxi-
liaire, au lieu d'être quelconque, soit infiniment petite, sans être précisément
un point.
Comme on connaît à l'avance l'une des arêtes communes des deux cônes,
puisqu'elle répond (619) au réciproque du point d'intersection des deux
directrices à l'infini d'où les cônes proviennent, et que d'ailleurs ces cônes
sont du second ordre, on voit qu'il suffira de rechercher seulement quatre
autres arêtes quelconques de chacun d'eux, pour qu'ils soient entièrement
déterminés de grandeur et de position, ainsi que les trois arêtes communes
qui leur appartiennent outre celle déjà donnée. En effet, si l'on considère ce
qui se passe dans un plan sécant quelconque, on aura cinq points de chacune
des sections coniques qui en résultent dans les cônes; au moyen de quoi on
pourra (203) les décrire entièrement, et obtenir, par suite, leurs points
d'intersection appartenant aux arêtes cherchées (*).
625. D'après la construction indiquée en dernier lieu pour les arêtes de
chaque cône, il résulte immédiatement que, si l'on considère, en particu-
lier, l'un de ces cônes et la section diamétrale de la surface, qui contient la
directrice à l'infini correspondante, 1° les deux axes principaux de cette
section; 2° le diamètre qui lui est conjugué; 3° la perpendiculaire élevée à
son plan par son centre, appartiennent à la surface de ce cône ou sont quatre

(*) On peut éviter de décrire à la fois les deux courbes par points, en recherchant, d'après le
principe de l'article 339, un cercle homologique à l'une d'elles, et construisant les cinq points qui,
par rapport à ce cercle, sont homologues ou projections des points donnés de l'autre courbe; car
la question sera ramenée à celle de trouver les intersections du cercle et de la conique homologi-
ques des courbes proposées; projetant ensuite ces intersections sur les courbes dont il s'agit,
on aura évidemment les points demandés.
arêtes qui, avec celle déjà commune à ce cône et à l'autre, suffisent pour le
déterminer complétement.
Ce qui précède offre donc une solution, aussi simple que possible, du pro-
blème où il s'agit de trouver les axes principaux d'une surface du second ordre
quelconque; et l'on voit même comment, par des constructions analogues,
on peut trouver les sections circulaires réelles de cette surface, lesquelles
donnent, par l'intersection des deux diamètres conjugués à leurs plans res-
pectifs, les quatre seuls ombilics qui peuvent exister en général sur cette
surface, les huit autres étant nécessairement imaginaires en même temps
que les plans des sections circulaires qui leur correspondent.
Je dis que les points ainsi déterminés seront des ombilics de la surface,
car il est visible que, pour un tel point, il existera toujours (595) une sphère
osculatrice pour laquelle les rayons de courbure seront tous égaux autour
du point de contact commun, ce qui est le caractère principal des ombilics.
Le cas des paraboloïdes est surtout remarquable en ce que, pour le parabo-
loïde elliptique, deux des ombilics de la surface sont nécessairement con-
fondus en un seul avec le point à l'infini de cette surface, et que, dans le
paraboloïde hyperbolique, tous les ombilics sont a la fois impossibles comme
pour l'hyperboloïde à une nappe.
626. Il nous serait facile de montrer l'identité des résultats auxquels
nous ont conduits, presque forcément, les principes qui font la base de ces
recherches, avec ceux obtenus par M. Dupin, dans son Mémoire sur les sur-
faces du second ordre (*), pour la détermination des axes pricipaux de ces
surfaces; car la méthode de ce géomètre consiste à abaisser, du centre de la
surface proposée, des normales aux différentes courbes résultantes de deux
systèmes quelconques de sections planes parallèles faites dans cette surface :
la suite de toutes ces normales forme deux cônes distincts du second ordre,
dont la pénétration mutuelle contient les axes principaux demandés. Or, en
rapprochant ces conséquences de celles qui précèdent, au moyen du principe
de l'article 492, il paraîtra évident que les mêmes cônes ont été obtenus de
part et d'autre; seulement il nous semble que les constructions que nous
avons mises en usage offrent quelques légers avantages sous le rapport de
la simplicité et de la généralité, en ce qu'elles sont toujours applicables, et
qu'elles donnent immédiatement, par des intersections de plans, autant
d'arêtes que l'on veut de chaque cône.

(*) XIVe Cahier du Journalde l'École Polytechnique, p. 66 à 68.


627. On remarquera, au surplus, que la question qui nous a occupés dans
ce qui précède (619) et les diverses constructions correspondantes reviennent
exactement à trouver les diamètres conjugués parallèles de deux surfaces du
second ordre (617), en remplaçantla sphère auxiliaire par une surface quel-
conque de cet ordre; or, quand ces surfaces sont concentriques, ce dernier
problème revient lui-même à cet autre :
Étant donné l'un des sommets de cônes qui renferment la courbe d'intersec-
tion de deux surfaces quelconques du second ordre, ou, si on l'aime mieux, le
plan polaire commun de ce somrnet, déterminer directement les trois autres som-
mets semblables, à l'aide du premier.
Donc, les raisonnements établis sur le cas particulier demeurant appli-
cables au cas général dont il s'agit, pourvu qu'on remplace le plan à l'in-
fini par le plan polaire qui lui correspond, les constructions qui viennent de
nous occuper pourront aussi servir à résoudre le problème énoncé en der-
nier lieu, en les généralisant de la manière convenable, d'après les nouvelles
données.
628. Mais, si l'on ne connaissait aucun des sommets des cônes qui ren-
ferment la courbe de pénétration des deux surfaces, ni aucun des plans po-
laires qui correspondent à ces sommets, il faudrait nécessairement avoir
recours à d'autres procédés et à d'autres principes plus généraux encore que
ceux employés dans ce qui précède, principes qu'il est d'ailleurs aisé de
deviner et de découvrir, d'après tout ce qui a déjà été dit sur la question
analogue relative aux simples lignes du second ordre.
Enfin il ne nous serait pas difficile de nous élever, à l'aide des considé-
rations qui font le sujet du présent paragraphe, à la théorie générale des
lignes de courbure des surfaces du second degré. A cet effet, nous remarque-
rions, avec M. Dupin, comme chose en quelque sorte évidente d'après la
définition de ces lignes, que deux surfaces quelconques ne peuvent s'entre-
couper partout à angles droits ou être orthogonales sans que l'intersection
qui en résulte soit à la fois une ligne de courbure de ces surfaces; nous
prouverions ensuite, avec le même auteur, que, pour une surface donnée du
second degré, on peut concevoir deux groupes distincts de surfaces du même
ordre, orthogonales entre elles et à la première, et qu'il suffit que les sections
diamétrales principales s'entrecoupent respectivement à angles droits, etc.
Mais c'est dans les ouvrages mêmes de ce profond géomètre (*) qu'il faut

(*) Développements de Géométrie, IVe Mémoire; XIVe Cahier du Journal de I'L,"cole Poly-
technique. (Voir, à l'Errata du présent volume, une Lettre de M. Ch. Dupin, datée de 1822. )
aller étudier les principes et les développements de ces belles vérités géo-
métriques, présentées avec autant de simplicité que d'élégance; et je me
hâte de terminer le sujet qui m'a occupé, peut-être trop longuement, dans
ce qui précède, en présentant une dernière réflexion qui se rattache immé-
diatement au fond de cet ouvrage.
Il résulte en effet, des raisonnements et des constructions mis en usage
dans les articles 619 et suivants, que l'on peut opérer sur les lignes du
second ordre imaginaires, situées ou non à l'infini, au moyen des plans et
des surfaces de cet ordre qui les contiennent et les définissent, comme on
peut opérer sur les simples points imaginaires à l'aide des sections coniques
et des droites qui renferment deux à deux ces points (342, 376, 389, etc.) ;
car nous venons de montrer, en particulier, comment on peut déterminer
les pôles, polaires et sécantes communes de semblables lignes données dans
un même plan. Or il est évident que, de là, il serait facile de passer aux sur-
faces imaginaires du second ordre, et, par suite, aux notions qui concernent
les lignes et les surfaces courbes géométriques d'un ordre quelconque, dont
la description, purement graphique, a toujours pour éléments celle de quel-
ques-unes des premières; mais il est sans doute fort inutile que je m'ap-
pesantisse davantage sur ces idées, dont les applications ne sauraient man-
quer au lecteur géomètre.

De la projection ou perspective-reliefdes surfaces du second ordre les unes dans


les autres, et des propriétés générales qui en découlent.

629. Je reviens maintenant à l'objet que j'avais principalement en vue


dans ce Supplément, c'est-à-dire à l'homologie ou perspective-relief des
surfaces du second ordre, théorie d'où doit résulter nécessairement l'ex-
tension des propriétés des surfaces individuelles de cet ordre aux surfaces
les plus générales qu'il concerne; car c'est un complément nécessaire de
tout ce que j'avais à dire sur les propriétés projectives des figures, et de ce
que j'ai déjà dit, en particulier, sur les lignes droites et les sections co-
niques.
Puisqu'une surface du second ordre quelconque a, en général, des sec-
tions circulaires, il en résulte qu'on peut tracer une infinité de sphères qui
aient avec elle deux sections planes communes, réelles ou idéales; car si,
par un cercle de la surface proposée, on mène une sphère quelconque, la
surface de cette sphère aura (600) une nouvelle section plane, et par con-
séquent circulaire, commune avec cette surface, laquelle sera conjuguée à la
première sans lui être parallèle ; donc cette sphère aura nécessairement (592)
deux centres d'homologie conjugués avec la surface proposée; donc enfin :
La surface du second ordre peut, en général, être considérée comme la pro-
jection-relief d'une sphère, et doit, comme telle, jouir des mêmes propriétés
projectives.

630. On devine toutes les conséquences de ce théorème; mais pour-


suivons.
Nous venons de voir que la sphère peut avoir, avec une surface du second
ordre quelconque, deux sections communes circulaires et non parallèles; or
chacun des plans de ces sections est parallèle (620) à l'un des axes princi-
paux de la surface du second ordre, et par conséquent perpendiculaire au
plan principal conjugué à cet axe; donc ce plan diamétral est un plan com-
mun de symétrie des deux surfaces que l'on considère, et doit contenir leurs
centres d'homologie ou sommets de surfaces coniques enveloppes communes.
Il n'en est donc pas ici comme du cas des sections coniques, qui peuvent
avoir tous les points de l'espace pour centres de projection circulaire; néan-
moins, si l'on conçoit tant de surfaces du second ordre que l'on voudra,
toutes s. et s. p,, il sera encore facile de prouver qu'elles peuvent, en géné-
ral être considérées comme les homologiques ou perspectives-relief d'un
,
égal nombre de sphères.
Remarquons d'abord que des surfaces du second ordre s. et s. p., et par
conséquent des sphères situées à volonté dans l'espace, peuvent toujours être
considérées comme ayant une section plane commune à l'infini, soit réelle,
soit idéale; car, d'après les notions déjà établies pour les sections coniques
et les cercles (89 et 90), toutes sections, faites à la fois dans les unes ou les
autres de ces surfaces par un même plan arbitraire, étant nécessairement
s. et s. p. entre elles, ont deux points, réels ou imaginaires, à l'infini dans ce
plan, appartenant à tout leur système, et au plan qui contient les points à
l'infini de l'espace.
Cela posé, puisque les surfaces du second ordre que l'on considère sont,
deux à deux, s. et s. p., ou ont un centre de similitude, tous les axes et
plans principaux de ces surfaces sont nécessairement parallèles entre eux,
et il en est de même aussi des sections circulaires qui leur appartiennent;
donc les plans principaux qui, d'après ce qui précède, contiennent tous les
centres d'homologie ou de projection des différentes sphères ayant des sec-
tions planes communes avec les surfaces proposées, sont parallèles entre eux
ou vont concourir en une droite, à l'infini, sur laquelle doit nécessairement
se trouver le centre d'homologie susceptible de projeter à la fois, suivant
des sphères, toutes les surfaces du second ordre proposées. Or, je dis qu'il
existe, en général (111) et notamment pour les ellipsoïdes, un tel point sur
la droite dont il s'agit.
Concevons en effet, par le centre de l'une des surfaces proposées, les sec-
tions circulaires qui appartiennent à ce centre, et la sphère qui les renferme
à la fois; cette sphère déterminera, sur le plan diamétral qui est perpendi-
culaire aux sections circulaires, un cercle concentrique à la section de ce
plan diamétral, et qui aura avec elle, en général, deux systèmes de tangentes
communes parallèles, appartenant aux deux cylindres du second ordre cir-
conscrits à la fois à la surface proposée et à la sphère. Mais, par hypothèse,
à
toutes les autres surfaces du second ordre sont s. et s. p. par rapport celle-
ci; donc tous les cylindres, analogues aux premiers, ont leurs arêtes respec-
tivement parallèles, ou, en d'autres termes, ce sont des cônes circonscrits
ayant mêmes sommets à l'infini, comme il s'agissait de le démontrer.
Maintenant concevons, pour chaque cylindre ou cône, l'infinité de sphères
qui lui sont inscrites; il est évident (587) qu'elles auront toutes des sec-
tions planes communes avec la surface du second ordre correspondante; en
sorte qu'il n'est aucune section circulaire de cette surface par laquelle on ne
puisse concevoir passer une sphère inscrite au cône dont il s'agit. Donc, la
même chose ayant lieu pour toutes les autres surfaces, et leurs sections circu-
laires étant parallèles, si l'on conçoit, dans l'espace, un plan quelconque
parallèle à l'une de ces sections et les différentes sphères passant par les
cercles qu'il détermine dans les surfaces proposées et qui sont inscrites aux
cônes respectifs ci-dessus, chacune de ces sphères pourra être considérée
comme l'homologique ou la projection relief d'une surface du second ordre
correspondante, par rapport au sommet commun, à l'infini, à tous les cônes,
pris pour centre d'homologie ou de projection, et au plan commun de sec-
tion circulaire, pris pour plan de concours ou d'homologie.
Mais ce n'est pas tout, il faut encore prouver (582 et 583) que, dans ces
différents systèmes de projection, qui ont même centre et même plan d'ho-
mologie, un même point, appartenant au système général des sphères, a
pour homologue le même point appartenantau système général des surfaces
qu'elles représentent; or c'est ce qu'il est très-facile de prouver à l'aide du
principe de continuité, puisque les sphères peuvent être considérées, selon
la remarque déjà faite au commencement de cet article, comme ayant une
infinité de points imaginaires communs à l'infini, tous distribués sur un
même plan, et par conséquent sur un même cercle imaginaire, et que l'un
quelconque de ces points répond nécessairement à un point homologue
unique, également commun à toutes les surfaces du second ordre.
On arriverait d'ailleurs au même but, en observant que deux sphères
quelconques, et les surfaces qu'elles représentent, sont nécessairement dans
le cas du théorème, puisque ces sphères ont des points communs, à distance
donnée, qui peuvent être réels dans certaines positions générales des sur-
faces correspondantes; car, la même chose ayant lieu pour une de ces sphères
combinée successivement avec chacune de toutes les autres, la proposition
ci-dessus en résulte nécessairement.
Enfin, si les surfaces proposées étaient en outre concentriques, c'est-à-
dire (591) si elles avaient à l'infini un plan de contact commun, réel ou
idéal, il en serait de même évidemment des sphères qui les représentent;
concluons donc ce théorème :
Le système d'un nombre quelconque de surfaces du second ordre s. et s. p.
dans l'espace, c 'est-à-dii-e ayant un plan de section commune à l'infini, peut,
en général, être considéré, de deux manie'res différentes (587), comme la pro-
jection relief d'un égal nombre de sphères ayant, de même, une section plane
idéale commune à l'infini; de plus, quand le plan de section q, l'infini de l'un de
ces systèmes devient un plan de contact, il en arrive autant pour l'autre système,
et les surfaces respectives dont ils se composent sont concentriques.
631. N'oublions pas que, dans le dernier des cas dont il s'agit, comme dans
le cas général, le centre de projection est nécessairement à l'infini; en sorte
que la projection cesse proprement d'être ce qu'on nomme centrale, et se
fait par des systèmes de parallèles, ce qui n'empêche nullement d'ailleurs
que les deux figures ne jouissent encore des mêmes propriétés projectives.
Air surplus, M. Chasles a déjà remarqué (*), à l'aide de considérations
déduites du calcul, qu'on pouvait étendre, aux ellipsoïdes s. et s. p., cer-
taines propriétés qui appartiennent aux sphères; et, pour y parvenir, il sup-
pose que l'on fasse croître ou décroître, dans un certain rapport, les ordon-
nées abaissées, des différents points d'une surface du second degré, sur les
plans principaux de cette surface. M. Dupin, avant lui, avait employé un
mode analogue de transformation pour arriver aux beaux théorèmes sur la
courbure des surfaces du second ordre qui font la base de ses Développements
de Géométrie (**), et il s'en était servi également pour établir quelques autres

(*) CorrespondancePolytechnique, t. III, p. 326 et 341.


(**) Section 1, Ier Mémoire.
propriétés de ces surfaces, dans son Mémoire inséré au XIVe Cahier du Jour-
nal de l'École Polytechnique. Ce qui précède nous semble plus général, outre
que cela laisse apercevoir tout de suite (578 et suivants) quelle espèce de
dépendances graphiques conservent entre elles la figure primitive et sa
dérivée.
Je crois d'ailleurs inutile d'examiner le cas général des figures quel-
conques dont le centre d'homologie ou de projection est à l'infini; et je me
dispenserai pareillement de montrer comment, des considérations relatives
à ce cas, découle immédiatement tout ce qui appartient au mode de transfor-
mation dont il vient d'être parlé, ainsi qu'à quelques autres, souvent em-
ployés dans les arts, et dont M. Dupin s'est également servi avec avantage
aux endroits déjà cités; ce que je pourrais dire à ce sujet ne serait qu'une
application ou une extension facile de la théorie des figures homologiques en
général, et de ce qui a été exposé, art. 326 et suivants, pour le cas particu-
lier des figures homologiques décrites sur un plan.

632. Quant aux relations purement métriques concernant les figures ho-
mologiques dont le centre de projection est à l'infini, il est certain que, si
elles satisfont aux diverses conditions établies au commencement de cet ou-
vrage, notamment aux articles 11, 20 et 47, elles auront lieu en même
temps pour la figure primitive et pour sa dérivée; mais ces relations ne sont
pas les seules qui subsistent, dans le cas actuel, entre les deux figures; il en
est un grand nombre d'autres particulières qui, pour la plupart, sont faciles
à découvrir au moyen des principes posés art. 47. Ainsi, par exemple, on
voit que les distances homologues seront divisées en parties respectivement
proportionnelles par les points homologues; les distances parallèles de l'une
des figures resteront parallèles entre elles dans l'autre et proportionnelles
aux premières, et les mêmes choses auront encore lieu pour les aires de la
figure primitive qui seront contenues dans un seul plan ou dans des plans
parallèles ; c'est-à-dire que les aires de la nouvelle figure seront elles-mêmes
dans un seul plan ou dans des plans parallèles, et qu'elles seront de plus
proportionnelles aux premières. Or, de cette correspondance entre les
figures que l'on considère, découlent plusieurs corollaires remarquables :
ainsi l'on voit que les centres, les axes, les plans de symétrie, enfin les
centres de gravité des lignes, des aires, des volumes homologues seront
homologues, ou placés sur les mêmes droites et les mêmes plans proje-
tants, etc.
Les relations entre les volumes homologues sont encore plus simples que
celles entre les aires. A cet effet, on remarquera que le plan de concours
de deux figures homologiques, dont le centre est à l'infini, divise (326) en
parties proportionnelles les projetantes ou distances parallèles comprises
entre les différents points homologues; or, si l'on considère le prisme trian-
gulaire formé par trois quelconques de ces projetantes et par les triangles
homologues qui les terminent sur chaque figure, on verra sans peine que
le plan d'homologie partagera de même ce prisme et tous ses semblables en
deux autres, dont les volumes seront entre eux dans un rapport constant,
égal à celui des ordonnées ou segments formés sur chaque arête à partir du
plan dont il s'agit : en effet, d'après les éléments, « tout prisme triangulaire,
»
terminé par des bases quelconques, a pour mesure le produit de la sur-
»
face de sa section perpendiculaire aux arêtes par le tiers de la somme de
» ces
arêtes. » Donc il en sera généralement ainsi de tout prisme projetant
terminé par des faces planes ou courbes, homologues des deux figures; et
partant les volumes homologues quelconques seront encore entre eux dans ce
même iapport.
En appliquant ces diverses considérations aux figures qui nous ont occu-
pés art. 630, on en déduira, comme on voit, une infinité de théorèmes rela-
tifs aux surfaces du second ordre en particulier, dont un grand nombre ont
été énoncées sans démonstration, par M. Dupin, dans les Notes IV et V du
Mémoire inséré au XIVe Cahier du Journal de l'École Polytechnique, et qui,
pour la plupart, ont été reproduits depuis, par M. Chasles, dans le Ille vo-
lume de la Correspondance sur la même École. Nous regrettons que l'espace
nous manque pour entrer dans quelques développements sur ce sujet aussi
utile qu'intéressant, et nous nous contenterons, pour terminer, de dire
quelques mots sur la cubature des volumes ou portions de volumes des sur-
faces du second degré.
En considérant, en effet, que le parallélipipède rectangle, construit sur
les trois axes principaux d'un ellipsoïde quelconque, a pour homologue un
cube circonscrit à la sphère homologique de cette surface, on en conclura
que les volumes homologues quelconques appartenant à ces surfaces res-
pectives sont entre eux comme le produit des trois demi-axes de la première
au cube du rayon de la seconde, ou, à cause que le moyen axe égale (630)
le diamètre de la sphère, comme le rectangle des demi-axes extrêmes est au
carré du rayon dont il s'agit : ainsi, par exemple, le volume d'un ellipsoïde
quelconque égale A rcabc, a, b, c étant les demi-axes principaux, etc., etc.
633. Nous venons de prouver (630) que les propriétés projectives des
surfaces du second ordre s. et s. p. sont les mêmes que celles qui appar-
tiennent en général à un système de sphères quelconques; or il est à remar-
quer qu'il n'est pareillement aucune des propriétés nombreuses des cercles,
établies Section II, Chapitre III, qui ne puisse s'étendre, d'une manière ana-
logue, aux sphères et par suite aux surfaces du second ordre s. et s. p. On
en sera parfaitement convaincu, si l'on réfléchit que les propriétés des sys-
tèmes de sphères doivent dériver uniquement, ainsi que cela a lieu (285)
pour le cas particulier des cercles, de celles qui appartiennent à leurs centres
de similitude ou d'homologie; car ces dernières sont exactement sembla-
bles (593) pour le plan et pour l'espace.
Plusieurs de ces propriétés des sphères étant déjà connues des géomètres,
nous renverrons aux ouvrages mêmes où elles sont exposées C'), en nous
contentant, pour les autres, de montrer, par quelques exemples, comment
peut avoir lieu l'extension dont il vient d'être parlé; le peu que nous en
dirons, joint aux considérations générales exposées pour le cas particulier
des cercles, suffira pour mettre le lecteur sur la voie des démonstrations.
Considérons donc quatre sphères (C), (C'), (Cff), (C"') situées arbitraire-
ment dans l'espace, dont .les centres de similitude, au nombre de douze,
étant distribués, deux par deux, sur les six arêtes du tétraèdre qui a pour
sommets les centres de ces sphères, et divisant ces arêtes en segments har-
moniques, auront entre eux les relations indiquées dans la note de l'ar-
ticle 162, comme cela a déjà été exposé par les géomètres qui viennent d'être
cités C"). Ainsi ces douze centres de similitude seront situés, trois par trois,
sur une même droite, et six par six sur un même plan, ce qui fait, en tout,
seize axes (269) et huit plans de similitude renfermant, quatre à quatre, ces
seize axes, et s'entrecoupant par conséquent suivant chacun d'eux.
Cela posé, si l'on a choisi arbitrairement un plan de similitude, et dans

(*) Voyez plus particulièrement, à ce sujet, la Notice publiée, par M. Dupin, à la page 420 du
tome II de la Correspondance Polytechnique, et les Mémoires de MM. Gergonne et Gaultier, déjà
cités art. 271, Section II. Enfin, pour la manière dont ces propriétés des sphères doivent s'étendre
aux surfaces du second degré s. et s. p., consultez le Mémoire de M. Chasles, dont il a été fait
mention art. 631.
(**) Voyez aussi une démonstration, par les principes de la Théorie des transversales, dans
l' Essai sur cette Théorie, par M. Carnot. On connaît d'ailleurs l'élégante démonstration que Monge
a, le premier, donnée de ce théorème; elle est fondée sur la considération du plan tangent
commun aux cônes enveloppes des sphères, et repose ainsi, pour certains cas, sur l'admission dela
continuité ; on pourrait aisément lui en substituer d'autres exemptes de ce reproche, si toutefois
on peut le croire fondé, ce que nous ne pensons pas ; et ces démonstrations, simples et générales
comme celles de Monge, auraient l'avantage de s'étendre à des figures quelconques ayant, deux à
deux, un centre de similitude ou d'homologie.
ce plan les quatre centres de similitude provenant des sphères prises dans
un ordre quelconque de succession, tel que (C), (C'), (C"), (C'"), sans que
cependant une même sphère se trouve trois fois employée, ces quatre points
appartiendront aux sommets de l'un des trois quadrilatères simples formés
par la mutuelle intersection des axes de similitude renfermés dans le plan
dont il s'agit. Or, si l'on prend, à volonté, un point quelconque sur la sur-
face (C) de l'une de ces sphères, puis l'homologue inverse (242) de celui-ci
sur la sphère (C'), puis le point inversement homologue à ce dernier sur (Cil),
et ainsi de suite, il pourra arriver que le cinquième point, obtenu de cette
manière sur la sphère (C), se confonde avec le point de départ. Cela étant,
les sommets du quadrilatère gauche, ainsi tracé, seront les points de contact
de l'une des sphères tangentes à la fois aux proposées.
Dans le cas contraire, en traçant la droite indéfinie qui renferme le pre-
mier et le dernier points trouvés sur la sphère (C), cette droite ira percer le
plan de similitude en un point qui demeurera invariablement le même, quel
que soit le point de départ, et sera tel, que son plan polaire (589), par rap-
port à (C), renfermera le point de contact de cette sphère avec l'une de
celles qui la touchent en même temps que les trois autres, et dont le con-
tact est relatif au plan de similitude dont il s'agit.

63lj,. Si, au lieu de s'arrêter ainsi au cinquième point trouvé, on conti-


nuait indéfiniment, et toujours dans le même ordre, à rechercher les points
consécutivement homologues du premier, la suite de tous ces points appar-
tiendrait à une même cinquième sphère, en général variable avec le point
de départ, et qui aurait le plan de similitude correspondant pour plan de
section commune, réelle ou idéale, avec toutes ses semblables, parmi les-
quelles se trouvent nécessairement deux des sphères tangentes à la fois aux
proposées. La cinquième sphère variable dont il s'agit ira donc déterminer,
sur chacune de celles-ci, un cercle renfermant tous les points homologues
relatifs a cette dernière, et dont le plan rencontrera celui de similitude en
une droite invariable en même temps que le point de départ; de telle sorte
qu'en menant, par cette droite, deux plans tangents à celle des sphères
proposées qui lui correspond, pour obtenir la sécante de contact ou, plus
généralement (590), la polaire réciproque de la première par rapport à cette
sphère, polaire toujours constructible d'après les propriétés qui lui appar-
tiennent, cette polaire ira déterminer, sur cette même sphère, deux points
qui seront les points de contact de deux des sphères à la fois tangentes aux
proposées.
Enfin les quatre polaires ou cordes de contact dont il vient d'être parlé,
et qui renferment évidemment les pôles respectifs du plan de similitude, se
rencontreront au point de concours unique des six plans de section com-
mune, réelle ou idéale, des quatre sphères proposées, prises deux à deux.
Ce point unique, que M. Gaultier nomme le centre radical des sphères, est
donc tel aussi que, si l'on détermine les quatre plans polaires relatifs à ce
point et à ces sphères, ces plans passeront réciproquement par les quatre
droites invariables ci-dessus, placées sur le plan de similitude que l'on con-
sidère en particulier; et, comme ce point doit jouer absolument le même
rôle par rapport à tous les plans pareils, on voit que les plans polaires dont
il s'agit vont déterminer trente-deux droites sur les huit plans de similitude,
dont les polaires réciproques, par rapport aux sphères respectives, appar-
tiendront, quatre à quatre, aux points de contact des seize sphères tangentes
à la fois aux proposées (*).

635. Quatre points, consécutivement homologues inverses par rapport


aux quatre sphères (C), (C'), (C"), (C'"), suffisant pour déterminer entiè-
rement la cinquième sphère variable dont il a été parlé plus haut, et par
conséquent pour construire, sur le plan de similitude correspondant, les
droites fixes qui lui appartiennent ainsi qu'à toutes ses semblables, il en
résulte qu'on pourra ne construire que ces quatre points, si l'on veut faire
usage directement de la cinquième sphère qui les renferme; autrement il
faudra construire douze points consécutivement homologues par rapport
aux proposées, lesquels seront situés, trois par trois, sur ces sphères, etc.
Ces diverses constructions ont, comme on voit, la plus grande analogie
avec celles que nous avons exposées à l'occasion des cercles, et elles dis-
pensent de recourir directement aux plans de section commune des sphères;
on pourrait pareillement éviter l'usage des plans de similitude (284); mais
je pense en avoir dit assez pour montrer l'esprit de ces recherches, et mettre
le lecteur à même de trouver les diverses autres propositions relatives aux
sphères dans l'espace, et qui ne sont que des extensions faciles de celles qui
concernent le cas particulier des cercles décrits sur un plan. Je ferai cepen-

(*) On comparera aisément ces diverses constructions avec celles obtenues.par les géomètres
déjà cités, art. 633, et.il sera facile de reconnaître ce qu'elles peuvent avoir de commun.
Il est à remarquer d'ailleurs que, jusqu'à ces derniers temps, il n'existait que des solutions pu-
rement géométriquesdu problème dela sphère tangente à quatre autres, et que c'est à MM. Poisson,
Français, Gergonne et J. Binet que l'on doit les premières solutions algébriques satisfaisantes de
ce problème.
dant encore une remarque, en terminant ici à regret ce sujet intéressant,
c'est qu'en appliquant, aux propositions dont il s'agit, les conséquences qui
résultent du principe de continuité, de la même, manière que nous l'avons
déjà fait (287) dans le cas précité des cercles, on arrive, directement et très-
simplement, à plusieurs propriétés des figures inscrites et circonscrites à la
sphère, et par conséquent (629) aux surfaces du second ordre en général,
qui me semblent mériter l'attention des géomètres, et par leur généralité et
par les conséquences qu'on en peut tirer. Je me propose de revenir, par la
suite, sur ce sujet entièrement neuf, si j'en ai le loisir et si l'on juge qu'après
tout ce qui a déjà été dit pour le cas particulier du cercle, la chose puisse
encore valoir la peine d'être développée.
636. D'après ce qui précède (630), toutes les propriétés des sphères qui
viennent de nous occuper subsistent, de la même manière, pour les surfaces
du second ordre s. et s. p., lesquelles, d'après nos principes, ont comme
elles une section plane commune à l'infini; or je dis qu'à leur tour les pro-
priétés projectives des systèmes de surfaces du second ordre s. et s. p. s'ap-
pliquent aux systèmes de surfaces quelconques de cet ordre, pourvu seule-
ment que celles-ci aient, comme les premières, une section plane commune,
réelle ou idéale. Tout consiste, en effet, à prouver que l'un de ces systèmes
peut être considéré comme la projection ou perspective-relief de l'autre,
c'est-à-dire comme l'homologique de cet autre.
Considérons donc le système d'un nombre quelconque de surfaces du
second ordre ayant une section plane commune ; prenons, pour centre de
projection ou d'homologie, un point quelconque de l'espace, et, pour plan
d'homologie, un plan parallèle à celui qui contient la section commune dont
il s'agit ; prenons enfin un point, à l'infini, pour représenter un point quel-
conque du plan de cette section ; ces deux derniers points appartiendront
par conséquent au même rayon d'homologie. Cela posé, au moyen de ce
couple de points et du plan d'homologie, on pourra construire (582 et 583),
dans toutes ses parties, la figure homologique de la proposée, laquelle sera
composée, comme elle, de surfaces du second ordre ayant nécessairement une
section plane commune : or je dis que le plan de cette section sera à l'infini,
et que les surfaces correspondantesseront par conséquent s. et s. p. En effet,
le plan de cette section devra concourir, avec son homologue, sur le plan
d'homologie; mais, par hypothèse, ces derniers plans sont parallèles entre
eux ; donc le plan de section commune des nouvelles surfaces leur sera aussi
parallèle, ou aura une droite, à l'infini, commune avec ces plans ; d'un autre
côté, il doit aussi passer par un point quelconque à l'infini ; donc enfin il est
lui-même situé tout entier à l'infini.
Si les surfaces du second ordre proposées, au lieu d'avoir simplement une
section plane commune, avaient un contact, réel ou idéal, suivant cette sec-
tion, il est évident (590) que leurs homologiques seraient à la fois concen-
triques, s. et s. p. Donc on peut énoncer ce théorème général :
Le système d'un nombre quelconque de surfaces du second ordre, ayant une
section plane commune, réelle ou idéale, peut toujours être considéré comme
la projection d'un égal nombre de surfaces de cet ordre s. et s. p., qui devien-
nent concentriques quand les proposées se touchent suivant la section qui leur
est commune, c 'est-à-dire (104) qu elles sont alors asymptotiques.
637. Nous avons démontré (630) que les propriétés projectives des sur-
faces du second ordre s. et s. p., ayant ou non un centre commun de symé-
trie, sont les mêmes que celles des sphères quelconques concentriques ou
non concentriques; donc il en est encore ainsi des propriétés des surfaces du
second ordre qui ont une section plane commune, soit de contact, soit
quelconque, et qui s'enveloppent ou se coupent suivant la courbe, réelle ou
imaginaire, appartenant à cette section.
Au surplus, de la même manière que nous sommes déjà parvenus (587)
aux propriétés projectives du système de deux surfaces du second ordre
quelconques qui ont un sommet de cône enveloppe commun, sans recourir
a celles des figures s. et s. p. dans l'espace, pareillement aussi l'on peut éta-
blir directement les propriétés générales de situation d'un nombre quel-
conque de surfaces du second ordre s. et s. p., ou ayant, plus généralement,
une section plane commune, sans s'appuyer, en aucune manière, sur celles
qui ont été démontrées pour les sphères en particulier. Car, ces surfaces
jouissant des mêmes propriétés projectives à l'égard de leurs centres et plans
d'homologie individuels, on voit que les mêmes raisonnements sont égale-
ment applicables à tous les cas,

CONCLUSION.
638. Je crois avoir donné, dans ce Supplément, une idée de la manière
dont les propriétés et les notions, relatives aux figures situées dans un plan,
peuvent s'étendre, en général, à celles qui appartiennent à la fois aux trois
dimensions. On pourrait multiplier presque indéfiniment le nombre des ap-
plications particulières, et faire voir qu'il n'est, pour l'espace comme pour
le plan lui-même, presque aucune des propriétés générales, découvertes par
les géomètres, qui n'ait sa source, soit dans la loi de continuité, soit dans
quelqu'un des principes de la doctrine des projections ou des figures homo-
logiques, étendue ainsi que nous venons de le faire en dernier lieu; et
comme, en vertu de la loi dont il s'agit, les propriétés générales des figures
demeurent immédiatement applicables à tous les états particuliers du sys-
tème, peut-être aussi sera-t-on en droit de conclure que les recherches qui
font le sujet de ce travail embrassent implicitement, dans leur objet, à peu
près toutes les propriétés générales et particulières des lignes et des surfaces
du second ordre indéfinies, combinées soit entre elles, soit avec les lignes
droites et les surfaces planes.
C'est surtout pour les figures dans l'espace que le principe de continuité
est, pour ainsi dire, indispensable : c'est aussi là, comme on vient de levoir,
qu'il présente les applications les plus intéressantes et les plus multipliées.
En effet, à l'aide de ce principe seul, et sans nous appuyer sur aucune
description, ni aucune définition particulière des surfaces du second ordre,
autre que celle qui exige qu'une droite arbitraire ne puisse les rencontrer en
plus de deux points, nous venons d'établir les propriétés les plus générales
de ces surfaces, celles qui, par leur nature compliquée, semblent plus spé-
cialement rentrer dans le domaine de l'Analyse algébrique.
On peut croire d'ailleurs qu'après tous les exemples particuliers répandus
dans le cours de cet ouvrage, on ne saurait éprouver aucune sorte de diffi-
cultés à appliquer les notions qui résultent de ce principe aux différents
cas qui peuvent se présenter. Ainsi une ligne ou une surface du second
ordre pourra perdre successivement une, deux, trois de ses dimensions, ou
cesser tout à fait d'exister; c'est-à-dire que, dans ce dernier cas, elle devien-
dra imaginaire, et que, dans les autres, elle se réduira à un point, à un
cône, à des portions de droites (437) et de plans, finies ou infinies, à des
systèmes de deux droites ou de deux plans, soit que l'une de ces droites, ou
l'un de ces plans, se confonde entièrement avec l'autre, soit qu'au contraire
il s'en trouve à une distance infinie. Tout consistera, dans chaque cas, à
examiner quelles sont les propriétés que peuvent encore conserver ces objets,
soit individuellement, soit à l'égard des autres objets de la figure, et quelle
espèce de modification particulière ont dû subir les propriétés de la figure
générale et primitive à laquelle il faut nécessairement et toujours se repor-
ter si l'on ne veut pas courir le risque de se jeter dans des conséquences, ou
tout à fait absurdes, ou tout au moîns paradoxales.
Pour y parvenir, il faudra, les propriétés de la figure primitive étant bien
connues, il faudra, dis-je, supposer, ainsi que nous l'avons indiqué dès le
commencement de cet ouvrage, que cette figure varie par degrés insensibles,
ou d'une manière continue, sans rien changer aux lois ou à la relation gé-
nérale qui lie entre elles les diverses parties de cette figure. Ainsi une sur-
face du second ordre, qui se sera évanouie, ne devra pas être considérée
simplement comme un point mathématique et absolu; il faudra lui attribuer
mentalement des dimensions distinctes comme à la surface primitive; mais
ces dimensions, comparables entre elles, seront censées infiniment petites
ou nulles relativement aux grandeurs finies; en un mot, le rapport de ces
dimensions restera exactement le même que dans une surface ellipsoïde
donnée, prise pour objet de comparaison; c'est-à-dire que la surface infini-
ment petite sera, en tout, s. et s. p. à l'égard de celle-ci; elle aura mêmes
rapports, mêmes directions de diamètres conjugués, etc.
Pareillement encore une surface du second ordre, qui se sera changée en
une surface de cône par suite des modifications survenues au système, n'aura
pas cessé de conserver un centre, des diamètres, des axes, etc.; le nombre
de ses sections diamétrales, de ses plans tangents, etc., ne devra pas être
borné simplement à celui des plans qui rencontrent ou touchent réellement
ce cône suivant des arêtes; on devra le considérer idéalement comme un
hyperboloïde à une ou deux nappes dont les diamètres, sauf ceux qui appar-
tiennent à la surface même du cône asymptote, seront devenus infiniment
petits sans que leurs rapports de grandeur et de direction aient cessé d'exis-
ter. Enfin on devra envisager toute ligne ou toute surface, menée par le
sommet du cône limite que l'on considère, comme étant tangente en ce
sommet, et comme déterminant une section infiniment petite dans sa sur-
face, etc., etc. (*).
Toutes ces choses se sentent encore mieux qu'on ne peut les rendre par
le discours, et s'expliquent toujours d'une manière claire et satisfaisante sur

(*) C'est airzsi, dit M. Vallée (Traite de la Géométrie descriptive, p. 316, art. 786), après avoir
présenté sur le cône des réflexions analogues à celles qui précèdent, c'est ainsi que les cas parti.
culiers retiennent toujours, par des propriétés singulières, une sorte d'empreinte de celles qui appar-
tiennent aux cas généraux. On sentira aisément ce que ces idées ont de commun avec celles que
renferme la note de l'article 184 de la IIe Section, relativement aux simples sections coniques; et, en
les rapprochant de la remarque faite vers la fin de l'article 55, généraliséeconvenablement pour les
surfaces, on verra qu'il doit régner la plus grande analogie entre le cas pour lequel une ligne ou
surface du second ordre se réduit à un point, et celui où elle se change simplement en un système
de deux droites ou en un cône; de plus, on aura sur-le-champ l'ensemble des propriétés qui
appartiennent à la fois à une telle ligne, ou à une telle surface, et au système de ses asymptotes,
ou à son cône asymptotique, en considérant que ceux-ci ont respectivement une sécante ou une
section plane de contact, commune, à l'infini, avec cette ligne ou cette surface.
chaque exemple particulier; après quelque exercice, il ne sera jamais pos-
sible de se tromper, car la loi de continuité, entendue comme il convient,
et bornée, dans ses applications, à tout ce qui est essentiellement continu de
sa nature, ou dont la génération peut être conçue s'opérer par une loi tou-
jours la même, et il en est ainsi des êtres géométriqueslorsqu'on les consi-
dère dans leur cours indéfini; la loi de continuité, disons-nous, n'est point
une simple analogie, une simple hypothèse, ni même une induction quelque
forte qu'on veuille bien la supposer; elle est une conséquence rigoureuse,
immédiate, et de la nature des objets que la Géométrie considère, et de la
manière dont il nous est possible de concevoir les lois générales de la gran-
deur abstraite et figurée. La loi de continuité est constatée d'ailleurs par
toutes les découvertes des modernes dans la science de l'étendue: on lui
doit le calcul infinitésimal qui, cherchant dans l'infiniment petit la généra-
tion de toutes les grandeurs finies, s'applique, avec une merveilleuse facilité,
à tout ce qui ressort du domaine des sciences. physiques et mathémati-
ques. Enfin c'est à elle que l'on doit les plus belles recherches géométri-
ques de Monge, celle des Malus, des Meusnier, des Dupuis, des Lancret,
des Dupin et d'une foule d'autres disciples de cet illustre professeur.

FIN DU SUPPLÉMENT.
ANNOTATIONS (iC)
DE LA

SECONDE ÉDITION DU TRAITÉ DES PROPRIÉTÉS PROJECTIVES DES FIGURES.

Pages XXVIII de l'Introduction et 91 du texte. —Sua DESARGUES ET PASCAL.

Au commencement de ce siècle et vers la fin du précédent, les écrits de Desargues paraissaient


entièrement oubliés des géomètres, lorsque Brianchon, dans son élégant Mémoire sur les lignes
du second ordre, rappela en peu de mots les écrits de Pascal et du graveur Bosse, disciple de
Desargues, écrits où il était question du livre perdu de ce dernier géomètre sur les Sections co/zi-
ques. En partant de ces simples indications, j'ai pu retrouver, en 1822, sinon cet ouvrage, dont
on possède aujourd'hui seulement une copie de la main de Ph. de Lahire, commentée et annotée
avec soin par M. Poudra, du moins quelques fragments épars mentionnés dans le Traité des Pro-
priétés projectiles des figures, et qui ont dû fournir d'utiles renseignements pour des écrits histo-
riques postérieurs. Car je n'aurais pas osé affirmer, comme je l'ai fait, que Desargues, l'ami de
Descartes et de Pascal, méritât l'épithète de Monge de son siècle, si je n'avais, au préalable, soi-
gneusement compulsé les écrits des contemporains de ce grand géomètre: Descartes, Pascal, Mer-
senne, Leibnitz, Beaugrand, Curabelle, Bosse et autres, dont je conserve encore les extraits ma-
nuscrits, et qui, depuis, ont été aussi consultés par mes successeurs.
Quant aux témoignages contradictoires de Clerselier, Périer, Baillet, Bavle, etc., rapportés dans
une Notice historique fort étendue et pleine d'érudition, sur l'origine de l'ancienne Académie des
Sciences de Paris ( voyez les Comptes rendus de notre Académie, t. LIV, séance du 31 mars 1862),
je ne puis pas admettre la valeur que son savant auteur semble leur accorder, et je crois ces té-
moignages plutôt propres à jeter du doute et de la confusion sur les droits respectifs de Desargues
et de Pascal à notre admiration scientifique,qu'à agrandir et fortifier l'illustration du premier; car je
n'avais pas négligé d'en appuyer les titres de preuves multipliées, comme pourraient le faire croire
les courtes citations contenues dans la Notice que je viens de citer, l'auteur s'étant contenté d'extraire-
4 lignes de la p. XL de l'Introduction du Traité des Propriétés projectives, sans recourir au texte
même de ce Traité, et en les faisant suivre immédiatement de diverses autres citations d'écrits
étrangers, antérieurs ou postérieurs, qui n'ajoutent rien d'essentiel aux miennes propres, sauf
sur un seul point tiré de l'Examen des oeuçi-es du sieur Desargues, par Curabelle (1644). Dans cette
diatribe aussi passionnée que diffuse, dirigée contre la Perspective de Desargues, se trouve répétée,
d'après le graveur Bosse, une phrase relative à la grande proposition nommée la Pascale par
Desargues; phrase rapportée tout au long par l'auteur de la Notice précitée, qui ne s'est pas aperçu
qu'elle condamnait positivement son opinion sur les mérites respectifs de Desargues et de Pascal,
tirée de la correspondance de 1639 entre le P. Mersenne et notre grand Descartes, fort dédaigneux
d'ailleurs, en sa qualité d'algébriste, de tout ce qui se rattachait à la Géométrie des Anciens. Des-

(*) Le mot ERRATA, conforme aux renvois abréviatifs du texte, a été supprimé de ce titre, parce qu'il
aurait pu être mal interprété par beaucoup de lecteurs, et qu'il ne s'agissait point de simples erreurs ou
négligences typographiques, trop souvent et fort injustement mises sur le compte des compositeurs et cor-
recteurs, mais qui ne sauraient être imputées à l'imprimerie modèle de M. Gauthier-Villars; il s'agissait
là en effet de fautes réelles ou apparentes, d'oublis et omissions volontaires ou non, sur lesquels il était
important, au point de vue scientifique ou historique, d'appeler l'attention du lecteur. Or ce but ne pouvait
être rempli par des corrections apportées au texte même de la première édition.
cartes, évidemment, n'avait pris connaissance que des premiers écrits du jeune Pascal, et non de
son Traité manuscrit sur les Coniques, analysé soigneusement en 1676 par le grand Leibnitz, et
où se trouve mentionnée, très-explicitement, la proposition del'hexagrammum mysticum, que Des-
cartes et le P. Mersenne semblaient ignorer ou ne pas comprendre, et qui n'est nullement une
déduction évidente des œuvres d'Apollonius et de Pappus, pas même du livre aujourd'hui bien
connu de Desargues.
Quoi qu'il en soit, la sentence hâtive appliquée par Descartes aux écrits géométriques de Pascal,
faussement interprétée par d'ignorants détracteurs, a détourné les héritiers de ce grand homme
d'en entreprendre la publication, malgré l'avis motivé et très-pressant de Leibnitz; omission bien
regrettable pour les amis de la science et de la vérité historique.
En se bornant, comme l'ont fait l'auteur de la Notice et d'autres avant lui, à lire l'Introductionbeau-
coup trop rapide du Traité des Propriétés projectives, où des esprits impatients et distraits auraient
voulu trouver la citation de tout ce que renferme de neuf un livre in-4° de près de 5oo pages,
dans lequel je me suis, à tort peut-être, presque toujours eSacé; en m'adressant à cette occasion
des reproches plus ou moins détournés, on a été d'autant plus injuste à mon égard, que j'avais, à
tout propos, amplement cité les ingénieuses découvertes de Desargues, relatives aux involutionsde
quatre, cinq Olt six points; découvertes dont cet esprit fécond, comme le témoignent ses propres
paroles rapportées par Bosse, n'avait pas tiré toutes les conséquences géométriques que des per-
sonnes mal éclairées ou inattentives lui supposent encore aujourd'hui, et que je me plaisais moi-
même à lui attribuer, à une époque où je ne connaissais pas le principal titre de Desargues à l'es-
time de la postérité. En effet, dans cet écrit de 1639, qui nous a été transmis par de Lahire, on ne
rencontre rien sur l'hexagone inscrit au système de deux droites ou à une conique, ni rien qui
concerne les courbes géométriques en général, comparées à des systèmes de droites concourant
ou non à l'infini avec les branches de ces courbes; enfin, il ne renferme qu'un mot relatif au
concours unique d'un faisceau de droites parallèles, quoiqu'on puisse bien admettre que Desar-
gues ait eu, par la perspective, l'intuition plus ou moins nette du concours des faisceaux ou sys-
tèmes distincts de parallèles (horizontales) sur une ligne droite contenant les points à l'infini de
l'espace qui y correspondent. Si j'ai eu tort en 1822 de trop généraliser mes éloges, j'en demande
pardon aux lecteurs géomètres; mais ceux qui m'ont tout récemment suivi dans cette voie, bien
qu'ayant en main des moyens plus complets de connaître l'exacte vérité, me semblent passibles
de plus graves reproches encore.
Qu'on me permette à propos de ces réflexions critiquesqui portent sur des personnes que j'aime
et estime de longue date, de rappeler, après tant d'autres, les paroles si connues du grand orateur
romain : Amicus Plato, sed magis arnica veritas.

Page 34, ligne ge. — SUR LA GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE ET ANALYTIQUE


L'ÉCOLE
A DE MONGE.

Au sujet de l'épure de Géométrie descriptive qui concerne l'intersection des surfaces de révolu-
tion dont les axes se rencontrent, j'ai avancé inconsidérément que, dans le cas de deux ellipsoïdes,
la projection de la courbe d'intersection sur le plan commun des axes s'étend à l'infini, et que
c'est une hyperbole lorsque ces axes servent d'axes principaux aux ellipses méridiennes; mais
c'est là une erreur, un lapsus currente calamo, qu'il était facile de corriger dans la présente édi-
tion, en remplaçant cette affirmation, trop absolue, par l'indication d'une simple possibilité, et le
mot infini par celui d'indéfini. Si je n'ai pas apporté à l'ancien texte ces faciles corrections, c'est
parce que M. de la Gournerie, le savant successeur,pour l'enseignementdela Géométrie descriptive,
de feu Leroy à l'École Polytechnique et d'Olivier au Conservatoire des Arts et Métiers, dans une
Note manuscrite qu'il avait eu l'obligeance de me transmettre dès 1860, me signalait cette confu-
sion d'idées, en s'appuyant d'une discussion analytique approfondie dont les résultats essentiels
sont reproduits dans une autre note insérée au bas de la p. ioi de son Traité in-4° de Géométrie
descriptive (Ire partie, 1860) (* ).
Convaincu de l'importance que l'auteur y attachait, non sans raison, pour l'enseignement de la
Géométrie descriptive, j'ai préféré n'apporter aucune correction au texte du présent Traité, afin
d'appeler encore mieux l'attention du lecteur sur les rectifications de M. de la Gournerie, résumées
en ces termes:
« 1° La courbe des points 1 ne s'étend pas toujours à l'infini ;
» 2° Cette courbe n'est pas nécessairement une hyperbole. »
Pour se convaincre de leur rigoureuse exactitude, avec ou sans calcul algébrique, il suffirait
en effet de considérer quelques cas très-simples, tels que celui où les axes des ellipses méridiennes
servant d'axes respectifs de révolution, se rencontrentà angle droit ou sont parallèles; cas dont le
second offre cela de remarquable dans l'hypothèse de deux courbes méridiennes quelconques,
que les constructions par la sphère et les cercles de rencontre auxiliaire se trouvent en défaut, à
moins encore de recourir aux données de la Géométrie moderne, qui assigne une sécante com-
mune, au moins idéale, aux couples respectifs de cercles d'intersection de cette sphère, alors infinie
et plane, avec les deux surfaces de révolution considérées, dont on suppose les axes paral-
lèles dans l'espace.
Qu'on me permette à cette occasion de présenter sur l'enseignement de la Géométrie descriptive
et sur l'École Polytechnique, à des époques déjà loin de nous, quelques réflexions émanées de
l'un de ses plus anciens élèves, qui a eu l'honneur de la commander en 1848, 1849 et i85o, dans
un moment bien difficile pour tous, où des hommes politiques puissants, en dehors et" dans le
sein de l'Assemblée Constituante, ne songeaient à rien moins qu'à désorganiser, sinon détruire
entièrement, la plus belle de nos institutions scientifiques, mais que d'autres plus modérés, mieux
intentionnés envers cette mère-école, ont soutenue et défendue tout en y apportant des réformes in-
dispensables et universellement réclamées par les services publics et les chefs de famille; réformes
auxquelles, je l'avoue, j'ai pris la plus grande part en tout ce qui concerne la discipline et les
études intérieures ou extérieures, sans jamais me laisser influencer par aucune considération étran-
gère au but réel de l'institution. On me rendra en effet, je l'espère, cette justice, que peu ambi-
tieux de renommée et de faveurs, puisque nommé par le ministre Arago, près de la limite d'âge du
grade de colonel, à celui de général de brigade commandant l'École Polytechnique, j'ai quitté le
commandement de cette École dans le même grade, et portant depuis onze ans la simple croix
d'Officier de la Légion d'honneur, dont j'avais été fait Chevalier en mars i8i5, n'ayant jamais
cherché à saisir et encore moins à faire naître des occasions d'avancement toujours faciles lors-
qu'on se montre à propos obséquieux ou sévère, et qu'on ne recule pas devant des mesures de
rigueur générales, intempestives, qui frappent aveuglément l'innocent et le coupable, embarras-
sent le pouvoir et sont bien souvent, plutôt un signe d'impéritie ou de faiblesse que de véritable

(*) Indépendamment des considérations de cette Note, dont le contenu pourrait donner lieu à quelques
observations de ma part, des études analogues fort simples et purement analytiques ont été développées
à la p. 29 du t. XIX. des Nouvelles Annules de Mathématiques, par M. Gros, professeur à Paris. J'ai reçu
égalementcommunicationd'une autre Note, toute récente, due à M. Godart, jeune professeurplein d'avenir,
sorti de la nouvelle École Polytechnique, Note où le même problème se trouve résolu avec élégance et
sans calcul, par la théorie même des cordes idéales exposée dans le Traité des Propriétés projectives.Mais je
ferai observer que de telles questions, quelque intérêt qu'elles présentent au point de vue de la
Géométrie spéculative, ne se rattachent que bien indirectement à la Géométrie descriptive, comme
l'entendaient Monge et Lagrange, qui prétendaient la faire servir à priori à la résolution purement gra-
phique et approximative de toutes les questions qui concernent les arts de précision et même les
applications de l'Analyse algébrique et transcendante : résolution des équations numériques, problème des
cordes vibrantes, intégration des équations aux dérivées partielles, etc.
1
prudence et de loyale fermeté, quand il s'agit d'une jeunesse éclairée, généreuse et patriotique
comme celle de l'École Polytechnique, la poule aux œufs d'or de Napoléon Ier.
Monge, cette illustre et loyale victimepolitique de l'imagination et du cœur, sortait, comme tant
d'autres géomètres célèbres, d'Alembert, Lagrange, Laplace, Bezout, Borda, Coulomb, Carnot,
Malus, etc., des anciennes Écoles militaires, où tous se sont perfectionnés par l'esprit d'ordre, de
discipline, et le sentiment du vrai et de l'utile; Monge, sous le premier Empire, grand cordon de
la Légion d'honneur, sénateur libéral et dévoué, l'ami généreux, le protecteur tout-puissant
de ses élèves, dessinateur et artiste par excellence, peintre heureux et enthousiaste des formes
géométriques et analytiques de l'espace; Monge enfin, dont des disciples ingrats, jaloux et pas-
sionnés ont vainement tenté de rabaisser non-seulement le caractère de probité politique, mais
aussi le talent oratoire et mimique de professeur, n'avait jamais confondu, dans ses admirables
leçons de l'École Polytechnique,les deux manières également puissantes de découvrir et de démon-
trer les propriétés des formes géométriques. Il se gardait bien surtout, en Géométrie descriptive,
de recourir aux théorèmes ou problèmes particuliers relatifs aux épures; il préférait de beaucoup
les méthodes d'intuition et les procédés graphiques également recommandés par Lagrange, Clai-
rault, Bezout, Lacroix ( Applications d'Analyse et de Géométrie, t. II, p. 58i).
Voilà, me semble-t-il, ce qu'on ne devrait jamais perdre de vue dans cette Géométrie descriptive,
« langue de l'artiste et de l'homme de génie, » comme disait Monge, où les théories relatives
à des questions et des données d'épures variablesà l'infini, ne peuvent être l'objet d'un cours oral,
ni d'un ouvrage ex professo sur cette même Géométrie, mais bien d'un Traité à part, auquel lès
élèves pourraient recourir au besoin dans leurs exercices graphiques. Or, c'est précisément ce qui
a été recommandé avec instance dans les programmes de l'École Polytechniquede i85o, rédigés
par une Commission ministérielle dont j'avais l'honneur de faire partie, et qui fut continuée par le
Conseil (-/c perfectionnement, qui n'a pas su toujours respecter ce que ces programmes offraient
de vraiment utile ; notamment en ce qui concerne l'enseignement de la Mécanique, laissant au-
jourd'hui, dans les programmes d'admission, une lacune regrettable sur laquelle je reviendrai un
jour, et qui m'a contraint, non sans regret je l'avoue, de me retirer d'un Conseil où j'avais l'in-
signe et souvent pénible privilége de siéger depuis plus de 27 ans.
Sous le rapport des anciennes traditions de l'École du Génie de Mézières, on ne pouvait adresser
aucun reproche à l'enseignement de MM. Ferry et Hachette, successeurs de Monge à l'École
Polytechnique, auxquels l'intelligent, modeste et habile Girard était d'un si utile secours, ni à celui
de M. Leroy, représentant d'une réforme plutôt politique que scientifique, comme MM. Cauchy
etBinet dont il suivait scrupuleusement les inspirations dans son Traité d'Analyse appliquée à la
Géométrie des trois dimensions; sorte de complément et d'appui, étranger mais pourtant indis-
pensable à ses Leçons de Géométrie descriptive, dans lesquelles il adoptait une marche plutôt syn-
thétique qu'analytique, plutôt mnémonique que théorique. C'est aussi dans ces dernières leçons
se succédant identiquement et périodiquement d'année en année, comme les éditions mêmes du
livre qui les contenait, que figurait cet ensemble d'épures en quelque sorte stéréotypées depuis
1795 jusqu'à la sortie de l'honorable M. Leroy de l'École Polytechnique, en 1849, alors qu'effrayé de
la réforme qu'allaient subir les programmes de son Cours jugé par les Écoles d'application insuf-
fisant sous le rapport de l'exercice intellectuel des élèves, il se crut obligé de donner sa démission
d'un enseignementexercé, je dois le dire, en conscience et non sans succès, pendant plus de trente
années, mais dont les débuts ne prouvaient pas qu'on eût eu raison de le préférer comme profes-
seur à des ingénieurs aussi savants et expérimentés que les Dupin et les Vallée, dont certes il ne
viendrait à personne aujourd'hui l'idée de comparer le mérite scientifique à celui de Leroy, de
Hachette, ni même d'Olivier, son prolixe continuateur, qui tous néanmoins ont rendu des services
incontestables à l'enseignementet étaient supérieurs de beaucoup à l'ingénieur Cousinery, l'auteur
de la Géométrie perspective, trop favorablement apprécié dans l' Aperçu historique de 1837, sur
l'origine et les développements des méthodes en Géométrie.
Quant au Cours de Géométrie descriptive publié par le successeur immédiat de Leroy, M. de
la Gournerie, choisi parmi tant d'autres comme ingénieur et savant distingué, c'est sans contredit
le Traité le plus rationnel, le plus complet et le plus correct de tous ceux qui ont paru jusqu'à ce
jour sur la Stéréotomie, constituant, avec l'Application de VAnalyse à la Géométrie, par Monge.
la plus directement utile des importations de l'École de Mézières.

Page 139, NOS 271 et suivants. — SUR LA NOUVELLE SOLUTION DU PROBLÈME


DES CERCLES ET DES SPHÈRES TANGENTS.

Jusqu'à la page 139 la rédaction du texte est, à quelques variantes près, conforme à celle que
j'avais adoptée dans VEssai sur les Propriétés projectivesdes sections coniques,soumis en mai 1820
au jugement de l'Académie des Sciences de l'Institut, et qu'on trouve imprimé textuellement
au Ye Cahier du tome II des Applications d'Analyse et cle Géométrie (1864) ; mais les nos 272 et
suivants, relatifs aux cercles et aux sphères tangents à d'autres, s'écartent notablement de la
rédaction primitive, et se trouvent exactement conformes au texte d'un article rédigé exprès pour
les anciennes Annales de Mathématiques de Montpellier, d'après la demande du Rédacteur,
désireux de prendre immédiatement connaissance des solutions mentionnées dans le Rapport aca-
démique de M. Cauchy sur l'Essai dont il vient d'être parlé, afin de le comparer aux siennes
propres : M. Gergonne m'avait en effet adressé cette demande l'année même (1821) où il faisait
paraître dans ses Annales ce Rapport qu'on trouvera textuellement reproduit à la p. 555 du
tome II des Applications, etc., accompagné de récents commentaires. En mentionnant favorable-
ment, comme j'en ai fait ailleurs la remarque, la nouvelle solution du problème du cercle tangent à
trois autres sur un plan, le Rapporteur n'avait rien ajouté qui eût trait à l'extension considérable
et jusque-là inaperçue que cette solution pouvait acquérir par l'application immédiate des principes
de la projection centrale aux systèmes de coniques en général; application évidente à priori, pour
quiconque ne voulait pas demeurer dans la région de la Géométriesynthétique ou élémentaire. Nulle
part d'ailleurs, dans mon Traité de 1822, je n'ai prétendu faire un simple manuel à l'usage des
artistes et des ingénieurs ; je m'y suis eflorcé, au contraire, d'élever et d'étendre les doctrines de
manière à agrandir le champ des idées géométriques, tout en exposant des vérités essentiellement
utiles et d'une application élégante et facile.
Il est peu nécessaire, sans doute, de faire remarquer que la nouvelle rédaction des théories ci-
dessus, relatives aux cercles et aux sphères tangents, insérée aux anciennes Annales de Mathé-
matiques, se trouvant littéralement transcrite dans le texte du Traité des Propriétés projectives
des figures, ne devait pas, à cause du double emploi, figurer au nombre des articles extraits de
ces Annales, et qui composent presque en entier le VIe Cahier du tome II de mes récentes
Applications d'Analyse et de Géométrie.
Page 176. — SIMPLE INDICATION OU RENVOI.
Les lecteurs qui n'auraient pas sous la main la collection des anciennes Annales de Mathéma-
tiques, citées au bas de cette page, pourront recourir au tome II, YIe Cahier, des Applicatioll.f
d'Analyse et de Géométrie (1864), où se trouvent rapportées les recherches relatives à l'hyper-
bole équilatère dont il s'agit, recherches précédées ou suivies dans ce VIe Cahier d'articles spé-
ciaux adressés de 1816 à 1822 à M. Gergonne, sur diverses questions qui ont été le point de départ
du Traité des Propriétés projectiles; notamment sur les propriétés angulaires des foyers de la para-
bole et des autres coniques, sur les polygones inscrits et circonscrits à ces courbes, la théorie des
polaires réciproques, le lieu des centres des coniques assujetties à quatre conditions, etc.
Page 184, n° 357. — SUR LES GÉOMÉTRIES DE LA RÈGLE ET DU COMPAS.
La Géométrie du compas, due au célèbre géomètre italien Mascheroni, traduite en français par
Carette, officier du Génie (1798), est un ouvrage remarquable non-seulement au point de vue ma-
thématique, mais aussi pour Futilitéde ses applications à la division des instrumentsd'astronomieet
de géodésie. A cause do cela même, il a été souvent consulté par les artistes instruits, malgré
les savantes et délicates discussions géométriques qu'il renferme, et qui ne sont plus à la mode
de nos jours, précisément à cause de leur tendance essentiellement utilitaire. Quant à la Géométrie
de la règle, cultivée avec faveur et succès par Servois, par Brianchon et par moi-même, elle ne
pourrait évidemment servir à la division précise des instruments de mathématiques; mais on
ne saurait méconnaître son importance et son utilité pour la solution d'un grand nombre de pro-
blèmes relatifs aux épures de Géométrie descriptive, à certaines opérations et tracés sur le ter-
rain, etc., où elle est souvent suppléée par ce qu'on pourrait nommer la Géométrie de l'équerre ou
généralement des angles invariables non gradués.
En insistant plus particulièrement sur ces instruments et ces méthodes aux pages 180 et sui-
vantes du texte (n°' 351 à 358), je me suis suffisamment étendu sur la possibilité de résoudre
linéairement tous les problèmes du second degré, au moyen d'un cercle une fois tracé ou d'un
angle d'ouverture donnée ; or cette proposition a été justifiée et approfondie depuis, par Steiner,
célèbre à divers titres (voir Applications d'Analyse et de Géométrie, t. I, 1862, p. 480), dans
l'intéressant écrit allemand intitulé: Geometrische Constructionen mittelst des Lineals und eines
festen Kreises (Berlin, 1833) ; ouvrage qui, bien que publié onze ans après le Traité des Propriétés
projectiles, n'a pas suffi pour attirer l'attention des géomètres;peut-être encore parce que, essen-
tiellement ou simplement utile, il ne renferme aucun de ces théorèmes à combinaisons, si fort
recherchés de nos jours par les adeptes, et dont M. Steiner a le premier offert depuis 1833 de
nombreux exemples.
Quant au problème qui consiste à décrire une section conique assujettie à quatre ou cinq con-
ditions distinctes ou non, il ne concernait jusqu'au Chapitre II de la IIIe Section, que des solutions
fort simples, linéaires et pour ainsi dire élémentaires; mais il n'en est plus de même dans les
Chapitres suivants, où les points, les droites, les intersections et contacts divers des sections
coniques peuvent à volonté être réels ou imaginaires, simples, doubles ou multiples, à distances
données ou infinies; généralisation tant reprochée autrefois à l'auteur de cet ouvrage par les géo-
mètres et algébristes puritains, qui, goûtant peu les doctrines platoniciennes, contraires à l'em-
ploi de tout signe hiéroglyphique, alphabétique ou algorithmique, se servent de tels signes comme
seuls propres à diriger avec certitude l'esprit et le raisonnement géométrique, et adoptent par
exemple, avec une confiance entière, la forme symbolique x::!::yv=ï appliquée à la conception
des rencontres idéales d'une droite et d'un cercle, etc.
Que penseraient et diraient aujourd'hui ces sévères censeurs, s'ils venaient à prendre connais-
sance des questions géométriques, d'un genre beaucoup plus complexe ou relevésil'on veut, que
poursuit non sans succès l'école si féconde des Steiner et des Chasles? N'est-il pas à craindre
qu'ils ne se laissassent effrayer par la multiplicité et l'étrangeté, pour aiusi dire, des généralisations,
des symboles et des combinaisons que de telles questions supposent?

Page 209, nos 391 et suit;. — SUR LES POINTS OU PÔLES RÉCIPROQUES DES CONIQUES.

Lorsque, en 1822, je présentai comme un simple corollaire le beau théorème de M. Lamé sur
le concours des diamètres conjugués à des diamètres parallèles d'un système de lignes du second
ordre, il était certes loin de ma pensée de vouloir rabaisserl'importance du cas particulier envisagé
par cet habile géomètre algébriste, jeune alors et dont l'excellent ouvrage in-8° ne paraissait point
encore apprécié à sa juste valeur; je voulais simplement montrer la fécondité et la généralité de
mes principes de projection,dont j'aurais pu immédiatement étendre l'application à plusieurs autres
théorèmes de l'auteur, sans y employer aucun nouvel effort d'esprit; mais tel n'était pas mon but,
et je dois déclarer ici que, en m'occupant, dans les n0! 78 et suivants de ce Traité, du cas élémen-
taire relatif aux cercles, je n'avais aucunement sous les yeux le livre de M. Lamé, et que, dès
mon séjour en Russie, je m'étais déjà vivement préoccupé des théorèmes et des problèmes rela-
tifs aux' systèmes de deux ou d'un nombre quelconque de coniques s'entrecoupant ou non sur un
plan. Ces théorèmes et problèmes constituent d'ailleurs l'objet spécial de la sect. III du présent
volume, qui comprend en particulier les remarquables propriétés, aujourd'hui fort répandues, du
système triple de pôles et polaires conjugués d'un faisceau de coniques à cordes communes sur un
plan; propriétés que, dans le Supplément et dans la sect. II, t. II de ce Traité (n° 104), j'ai éten-
dues au système quadruple de pôles et plans polaires conjugués des surfaces du second degré ayant
les mêmes lignes d'intersection ou enveloppes développables communes, en recourant aux nouveaux
principes de projection perspective ou homologique et de réciprocité polaire, que j'aurais pu éga-
lement appliquer aux beaux théorèmes de Monge sur les droites diamétrales conjuguées communes
(Correspondance polytechnique, t. 11, p. 31g), jamais cités et qui eussent mérité de l'être.
En entrant dans ces explications, j'ai uniquement l'intention de préciser mes droits à la décou-
verte d'une proposition dont M. Lamé n'avait pu entrevoir le cas général, et qui lui a été exclu-
sivement et à tort attribuée dans la séance du 3o mai 1853 de l'Académie des Sciences de
l'Institut (t. XXXVI, p. 948 des Comptes rendus) ; car ni lui ni d'autres avant moi n'avaient
posé les principes qui pouvaient servir à passer directement du cas particulier au cas général, par
voie géométrique ou autrement, quelque simple et naturel que cela puisse paraître depuis la pu-
blication du Traité des Propriétésprojectiles des figures.
Au surplus, quand l'assertion dont je viens de parler fut avancée, j'étais occupé de l'accomplis-
sement d'une tàche bien lourde et pour ainsi dire encyclopédique, entreprise au sujet de l'Expo-
sition universelle de l'Industrie à Londres, en 1851 ; tâche dont l'utilité et l'importance me parais-
saient fort supérieures à celle d'une infime et pénible revendication scientifique, que, par cela
même; j'ai dû ajourner à un moment plus favorable.
Pages 374 et 377, nos 599 et 603 (Supplément). — PROPOSITIONS ANOMALES OU
DÉFECTIVES CONCERNANT LES COURBES ET SURFACES DU SECOND DEGRÉ.

La composition et l'impression de ce Traité ayant eu lieu pendant l'accomplissement même


des devoirs que m'imposait le service d'ingénieur militaire, on s'explique le laconisme et la rapi-
dité des démonstrations dont j'ai usé, surtout dans le Supplément relatif aux figures dans l'es-
pace; je ne suis donc nullement surpris que ce laconisme, indépendant de ma propre volonté,
ait pu détourner certains lecteurs, même géomètres, de se livrer aux applications de la méthode
exclusivementgéométriqueet intuitive qui s'y trouve exposée en prenant pour exemples quelques-
uns des théorèmes sur les surfaces du second degré, dus aux inspirations du génie de Monge,
si éloquemment et justement défendu, en des temps difficiles ( 1818), par M. Charles Dupin,
l'un de ses plus illustres et de ses plus savants interprètes. Au surplus, dans cette rapide excursion
en des région~ de l'espace si peu explorées encore, surtout préoccupé de la méthode de découvrir en
Géométrie, je m'inquiétais peu des difficultés que comporte l'application du principe général de
continuité à des cas spéciaux, et qui ne se laissent pas apercevoir d'une manière aussi évidente
dans les résultats de l'Analyse algébrique, où elles existent néanmoins pour les esprits pénétrants
et exercés. Il se peut aussi que cette méthode jusque-là inusitée, ait détourné les géomètres d'a-
dopter explicitement et franchement les procédés rapides de démonstration exposés dans le Sup-
plément de ce Traité, et ait mème encouragé quelques-uns d'entre eux à les combattre vaguement,
après avoir essayé sans succès de les mettre à profit d'une manière peu propre à honorer le carac-
tère et le talent géométrique des auteurs ( voy. notamment la Correspondance Mathématique de
Bruxelles, t. III, 1827, p. 195 ).
Je ne puis donc qu'être extrèmement reconnaissant envers les modestes et savants professeurs
qui, à l'exemple 'de M. de la Gournerie, ont bien voulu m'avertir, en diverses circonstances, des
difficultés qu'ils éprouvaient dans l'application des méthodes d'intuition géométrique dont il vient
d'être parlé.
M. de la Gournerie, en effet, plus récemmentencore, m'a fait l'honneur de m'adresser une seconde
Note {voir la première, p. 4io) pleine d'intérêt, dans laquelle il fait voir, par la voie du calcul algé-
brique, que le théorème du n° 603, dû à Monge, et démontréanalytiquementavec beaucoup d'autres
fort importants, par M. Chasles, dans la Correspondance sur l'Lcolc Polytechnique(t. III, 1813,
p. 3o2 à 342), se trouve soumis à une restriction particulière et fort remarquable pour le système
de deux hyperboloïdes gauches ou à une nappe, qui ont une génératrice commune, et par là même
deux plans tangents également communs en des points différents de cette génératrice, ici prise
pour directrice fixe de tous les couples de droites mobiles de l'autre système de génération des
deux surfaces, lesquelles, au lieu de s'entrecouper suivant des plans comme le veut le théorème de
Monge, ont en commun, outre la directrice mentionnée, une courbe à double courbure du troi-
sième ordre, nommée dans ces dernières années cubique gauche.
Comme le fait observer justement M. de la Gournerie, « ce cas défectif doit tenir à une res-
» triction qu'il serait nécessaire d'apporter à l'énoncé du théorème de l'art. 603, et il est d'ail-
» leurs facile de voir que le mode de raisonnementappliqué à l'art. 601 se trouve complétement
» en défaut dans ce cas. »
Ici le mot complètement est de trop, car il est aisé d'apercevoir, en suivant attentivement le
genre de raisonnement employé à partir du n° 598 jusqu'à la fin du Supplément, et qui s'ap-
puie sur le principe ou loi de continuité, qu'on s'y place toujours dans les conditions les plus gé-
nérales du système considéré, et non dans des circonstances exceptionnelles. Ainsi, par exemple,
dans ce même n° 598, il est bien évident que parmi les cinq points considérés, censés appartenir à
la même section conique, il ne saurait y en avoir plus de trois en ligne droite, puisque l'on tombe-
rait dans l'indétermination relative au système de deux droites : ou superposéesentre elles, ou
l'une donnée et l'autre entièrement arbitraire autour du cinquième point, non situé en ligne droite
avec les autres. Néanmoins il peut arriver que l'on n'aperçoive plus aussi nettement cette source
d'erreurs dans l'application du principe général établi au n° 598.
Pareillement, on ne saurait conclure, d'une manière absolue et générale, comme on le fait à
la fin du n° 599 et des suivants, que les lignes de contact des surfaces du second degré soient
toujours et essentiellement planes, par cela seul qu'elles ne peuvent être coupées par un plan
transversal arbitraire qu'en deux points seulement; car le système de deux droites dans l'es-
pace, qui ne seraient ni parallèles ni convergentes, satisfait précisément à cette condition, et
ne saurait être pourtant considéré comme une simple conique, continue dans toutes ses parties,
c'est-à-dire assujettie à un mode unique de génération ou description; chose permise pour
un couple de droites situées dans un même plan, pourvu que, ainsi que dans le cône à nappes
opposées par le sommet, on ne considère qu'un seul système d'angles non supplémentaires,
et figurant une hyperbole dont les axes seraient parvenus à la limite de petitesse. (Voir
le IIIe Cahier du tome II des Applications d'Analyse et de Géométrie, sur la loi des signes de
position. )
En général, les raisonnements employés dans le Supplément du Traité des Propriétés projec-
til'es supposent implicitementque les lignes d'intersection des surfaces considérées sont continues,
rentrantes sur elles-mêmes, à distance donnée ou infinie, et généralement du quatrième degré,
comme l'indique le nombre possible de leurs rencontres avec un plan transversal arbitraire, ou
la somme des degrés des sections déterminéespar ce plan dans les deux surfaces. C'estune consé-
quence des définitions premières aussi bien en Analyse qu'en Géométrie ; seulement le mot de
courbe, généralement appliqué à l'intersection de deux surfaces, peut paraître fautif dans quel-
ques cas et prêter à équivoque.
Ainsi notamment, dans le cas examiné par M. de la Gournerie, il arrive que l'intersection mu-
tuelle des deux surfaces gauches renferme une branche rectiligne isolée, qui ne saurait former une
courbe assujettie à la loi de continuité avec le surplus de cette intersection, nécessairement du
troisième degré, et qui peut, elle-même, être composée de lignes droites formant au fond un système
discontinu; car, pour toute direction du plan transversal contenant l'une de ces droites, elle échappe
à notre définition fondamentaledu degré des courbes et des surfaces.
Dans tous ces cas, non-seulement le résultat des démonstrations fondées sur l'hypothèse de la
continuité parfaite des diverses parties subit des modifications essentielles, mais les conditions
mêmes de la continuité des surfaces du second degré sont changées; ce qui arriverait aussi dans
l'hypothèse d'une seule branche rectiligne isolée. Car, dès qu'une telle surface renferme une
droite assignée déposition, elle doit en contenir une infinité d'autres déterminées par les plans qui,
renfermant la première, la rencontrent et recouvrent la surface entière ; caractère qu'on reconnaît
appartenir exclusivement aux surfaces réglées ou plans gauches, comme l'entendaient nos bons
ancêtres, ou aux hyperboloïdes à une seule nappe et à génération double, selon l'École de Monge
( Correspondance polytechnique, t. I, 1808, p. 3oi; t. II, 1812, p. 331 et 439 à 447).
D'autre part, il est bien clair que deux surfaces de cette espèce, qui auraient en commun une
seule droite ou directrice rectiligne, pourraient encore s'entrecouper suivant une seconde branche
continue, quoique détachée de la directrice; mais dans tous les cas, essentiellement du troisième
degré, et susceptibled'être construite par points en conduisant, par cette même directrice, dans les
deux surfaces, des plans transversaux qui y déterminent séparément autant de couples de géné-
ratrices ou intersections rectilignes, dont la rencontre toujours réelle et unique sur chaque plan
ne dépend nullement de la réalité propre des points de contact communs aux deux surfaces sur la
directrice considérée.
Ce tracé, purement linéaire, rappelle les belles épures de notre ancien et habile dessinateur
Girard, à l'École Polytechnique, relatives aux intersections des cylindres et des cônes du second
degré ; épures qui ne sont que des modifications particulières de celles que donneraient les inter-
sections des surfaces gauches en général, mais dont les accidents pour les lignes du quatrième degré
seulement, ont été discutés à la page 368 du tome 1 (1808) dela Correspondance sur VEcole Poly-
technique; M. Hachette n'ayant fait qu'indiquer le cas de deux cônes à génératrices communes, qui
donne lieu aux intersections du troisième degré, sur lesquelles, si je ne me trompe, il n'est jamais
revenu, sans doute à cause des difficultés que leur examen présente.
Au surplus, il parait évident que si deux cônes ou deux surfaces gauches quelconques du second
degré avaient en commun deux droites ou génératrices quelconques, leur ensemble, d'après le
principe rappelé, étant du second degré, le reste de l'intersection mutuelle de deux surfaces serait
par là même aussi de ce degré, et constituerait une courbe de sortie, dont le système des deux
premièresgénératrices communes aux surfaces serait la courbe d'entrée: plane, ainsi que la première,
d'après un autre théorème de Monge, si leurs couples respectifs de droites, appartenant à des
modes différents de génération, s'entrecoupaient; gauches si elles-mêmes, appartenant à un mode
unique de génération, elles n'avaient aucun point commun. En supposant que ces derniers couples
des directrices vinssent à se rapprocher jusqu'à se confondre par voie de continuité, les deux
surfaces se toucheraient le long de leur direction commune. Enfin, si ces mêmes surfaces gauches
étaient assujetties à avoir en commun une troisième directrice de même mode de génération, et
par conséquent non concourante avec les deux autres, mais constituant toutes trois par leur en-
semble une ligne du troisième ordre, les deux surfaces coïncideraient dans toute leur étendue par
simple définition, et le surplus de leur intersection commune, réduit au premier degré, cesserait
d'être une droite de position déterminée et distincte.
Le cas de deux droites communes directrices, ou non concourantes, donne lieu visiblement à un
second couple de droites de l'autre génération, réelles ou imaginaires, et qui peuvent se super-
poser quand il en est ainsi des deux premières, ou que les surfaces se touchent le long des couples
de directrices ou génératrices coïncidantes (*). Des considérations, d'une autre espèce sans doute,

(* ) STEINER, Systematische Entwickelung, erster Theil, Berlin, septembre I832, p. 245-247 : Projectivischer
ont conduit M. Moutard à cet énoncé général en lui-même fort remarquable :
Toute surface algébrique du degré m, qui renferme m génératrices du meme système d'un
hyperboloïde, renferme nécessairementaussi m génératrices de l'autre système de cet hyperboloïde.

En général, on voit comment nos raisonnements et les théorèmes généraux énoncés par Monge
sur les surfaces du second ordre, peuvent cesser de s'appliquer directement au cas particulier des
hyperboloïdes; mais parce qu'il y a, dans les systèmes de lignes qui constituent chaque mode
séparé de génération de ces surfaces, une cause naturelle de discontinuité, ce n'est pas un motif
pour accuser en soi le principe général de continuité. Car, d'une part, les conditions imprescriptibles
de ce principe sont violées dans l'intersection mutuelle de deux surfaces gauches ayant une direc-
trice ou génératrice commune; d'autre part, comme on sait, il n'y a pas de règle générale sans
exception; enfin il est aisé de se convaincre, sur l'exemple même du n° 603, choisi par M. de la
Gournerie pour base de ses observations et calculs, que le genre de raisonnement employé dans
le Supplément du Traité des Propriétés projectives trouve son application quand on tient compte
de la nature particulière des surfaces ici considérées, et dont le couple de plans à la fois sécants
et tangents ont pour droites de leur double contact une directrice commune, comprise dans leur
intersection mutuelle du quatrième ordre; la portion gauche, du 3e ordre seulement, pouvant
se construire séparément et linéairementd'après nos précédentes observations.
Cette courbe gauche, dont M. de la Gournerie a démontré l'existence par la voie du calcul algé-
brique et en choisissant convenablement la position des axes coordonnés, cette courbe, dis-je,
et la directrice des points communs de contact qui lui est associée, par cela même qu'elles font sys-
tème et représententl'intersectionde deux surfaces du second degré, doiventjouir dans leur ensemble
de propriétés analogues à celles qui ont été démontrées au n° 611, dans les hypothèses générales
de continuité de deux surfaces de ce degré. Ainsi, par exemple, elles doivent pouvoir se placer de
plusieurs manières sur des cônes du second degré, etc.; mais on ne saurait aller au delà à pre-
mière vue, parce que les raisonnements du n° 611 et des suivants ne s'appliquent pas sans restric-
tion aux hypothèses qui viennent de nous occuper, et qu'elles définissent les courbes et les surfaces
par un caractère trop général, à savoir : le nombre de leurs intersections avec une droite ou un
plan transversal arbitraire. Seulement, en considérant les choses d'un peu plus près, il devient
évident que les cônes, réduits au nombre de deux, doivent avoir pour arête commune la direc-
trice commune même dont il a été parlé, et pour sommets respectifs les deux points, réels ou ima-
ginaires, où cette droite rencontre simultanément les deux surfaces qui définissent la branche du
troisième degré et son annexe rectiligne; or cette annexe pouvant être prise en un lieu quel-
conque, de manière cependant à s'appuyer sur deux des points de la courbe, cela montre qu'il
existe une infinité de couples de cônes de second degré, réels ou imaginaires, susceptibles de
redonner cette courbe gauche, par leurs intersections mutuelles, etc.
De toutes manières, je le répète, dans de pareilles occasions, l'Analyse des coordonnées de Des-
cartes n'offre aucun privilège spécial sur la Géométrie pure, à part toute réserve hypothétique et

Gebilde, etc.; c'est-à-dire Figures projectives.... Ce livre, qui m'a été transmis par M. de Humboldt, est
entièrement fondé sur la considération des faisceaux projectifs de droites ou de plans rayonnant autour
d'un point ou d'une droite, etc.; il a paru dix années après le mien, et se ressent encore du doute et de
la confusion qu'avait jetés dans les esprits le spirituel mais effronté plagiat de Gergonne et de ses adhé-
rents, relatif à la réciprocité polaire, dont Steiner, aux p. VII et VIII de sa préface, veut bien le premier,
mais avec circonspection, prendre la défense tout en se servant du mot dualité, sorti des inspirationsmétaphy-
siques de Kant et de Wronski, comme j'en ai fait la remarque ailleurs (Applications d'Analyse et de Géo-
métrie, t. 11, 1861, p. 571, et note de la p. 488). Mais les avantages inhérents au laconisme de ce mot,
et les droits que pouvait avoir l'auteur du Calcul barycentrique à la démonstrationà posteriori, par l'Ana-
lyse algébrique, du principe un peu vague qu'il sous-entend, n'auraient pas dû faire oublier à l'éminent et
ancien élève de Môbius que 1817, 1822 et 1824 sont antérieurs à l'année 1827 où parut ce Calcul.
préconçue relative à la rigueur et à la clarté réciproque des démonstrations ou des déductions.
On peut même dire qu'elle lui est inférieure dans beaucoup de circonstances : notamment, cette
Analyse, essentiellement algébrique, ne saurait représenter les courbes gauches dans l'espace à
trois dimensions, sans l'intermédiaire d'un système d'équations ou de surfaces continues qui les
donnent par leur combinaison ou celle de leurs cylindres de projection sur les plans coordonnés.
lesquels impliquent, dans leurs équations algébriques, des complications bien connues, prove-
nant de facteurs étrangers à la courbe vraie de l'espace.
Dans l'autre manière de raisonner, au contraire, la nature des courbes gauches censées continues
dans leur génération et description, se trouve définie à priori par le nombre de leurs rencontres
avec un plan arbitraire; ce qui ne saurait amener de confusion, dès qu'on en distrait les droites
ou branches détachées, sans concours ni lien de continuité avec les proposées, mais auxquelles
elles pourraient ètre accidentellement associées.
A la vérité, il ne paraît pas que les courbes gauches d'un certain ordre continues et ainsi dé-
finies géométriquement, soient d'une nature aussi générale que les lignes planes de même ordre.
Mais c'est là une question qui, jusqu'ici, ne paraît pas avoir été suffisamment élucidée par nos
plus habiles géomètres; question dont je me suis préoccupé dès l'époque où j'étudiais, par la voie
purement intuitive du n° 611, les propriétés des courbes à double courbure du quatrième degré, ré-
sultant de la rencontre mutuelle de deux surfaces du deuxième degré. C'est même ce qui m'a con-
duit, dans le Mémoire sur l'Analyse des transversales, lu en 183o à l'Académie des Sciences de
l'Institut (Crelle, t. VIII), à m'occuper du problème de tracer linéairement la courbe continue
censée du troisième ordre passant par huit points donnés arbitrairement dans l'espace, en recou-
rant aux propriétés, également linéaires et les plus générales, des projections planes de cette
courbe; c'est-à-dire sans supposer aucun accident de forme particulier à ces projections, sim-
plement définies par des relations métriques projectives, elles-mèmestout à fait générales (voyez
aussi le n° 163 du tome II du présent Traité ).
Ces constructions purement linéaires s'écartent tellement de celles qui se déduisent des consi-
dérations relatives aux rencontres des cônes ou des hyperboloïdes du second degré à généra-
trice commune, qu'il me paraîtrait important pour le progrès des sciences géométriques que mes
savants successeurs, dont la plupart semblent ignorer mes propres travaux sur les courbes
gauches résultant de l'intersection des surfaces du deuxième degré ou de leurs enveloppes déve-
loppables communes, etc., consentissent à interrompre un instant l'étonnante profusion de leurs
récentes et multiples découvertes, pour approfondir davantage la partie métaphysique ou phi-
losophique des théorèmes qu'ils se contentent trop souvent d'énoncer, et dont les développe-
ments indéfinis, la diversité des méthodes ou les néologismes ne permettent guère aux vrais
amis de la science de suivre la progression de ces découvertes, essentiellement géométriques,
avec tout l'intérêt qu'elles méritent.
Probablement aussi, les doutes que j'éprouvais dès l'époque de 1822 à i83o, à propos de la
véritable nature des courbes gauches, auront depuis préoccupé M. Steiner, dont, qu'on me per-
mette de le dire, je dois la connaissance scientifique à l'amitié de l'illustre philosophe voyageur de
Humboldt, et l'auront empêché de s'occuper davantage de la curieuse étude des propriétés géo-
métriques de ces courbes, qui, jusqu'à présent du moins, ne paraissent pas devoir offrir d'application
directe aux arts purement graphiques ou descriptifs.

Page 394, n° 628. -Lettre de M. Charles Dupin adressée en 1822 à l'auteur du


TRAITÉ DES PROPRIÉTÉS PROJECTIVES DES FIGURES.

J'ai jugé à propos de transcrire ici une lettre que l'illustre auteur des Développements et
des Applications de Géométrie (1813 et 1822) m'a fait l'honneur de m'adresser il y a quarante-
deux ans, époque où, jeune encore et attaché au service du Génie militaire, j'éprouvais le vif
besoin d'être soutenu et protégé contre d'injustes préventions scientifiques. Je m'y suis d'autant
plus volontiers déterminé, avec l'autorisation amicale de l'auteur, que cette lettre toute sponta-
née, si honorable et si flatteuse pour mon amour-propre, renferme, sur les dernières pages du
Traité des Propriétés projectives, écrites beaucoup trop à la hâte, diverses indications ou réflexions
scientifiques qui pourront offrir un intérêt réel aux lecteurs, en les avertissant de quelques
négligences de style que j'ai cru devoir laisser subsister dans la nouvelle édition, afin de n'ap-
porter aucune altération au texte dont cette même lettre pourra être considérée comme un
véritable erratum.
a Paris, i3 novembre 1822.
» Monsieur,
» J'ai voulu sur-le-champ prendre une connaissance au moins générale de votre bel ouvrage
« sur les propriétés projectives des figures.

» Je commence d'abord par vous remercier de la bienveillance avec laquelle vous avez bien
1)
voulu citer mes travaux dans beaucoup de passages. Vous m'avez trop bien traité.
» Je vous loue beaucoup d'avoir aussi rappelé honorablement les travaux de tous vos prédéces-
» seurs;
croyez-moi, cela n'ôte rien à votre mérite, et donne une haute idée de votre caractère.
»
Vous prouvez par là que vous n'avez rien de commun avec cette école égoïste qui voudrait faire
» un
monopole de la célébrité mathématique. Qu'ils maigrissent à leur gré de l'embonpoint
»
d'autrui, et faites-les maigrir.
» J'avais eu l'idée de faire entrer en considération
les imaginairesdans la Géométrie descriptive;
» je
l'avais même fait au sujet de la sphère tangente à trois et à quatre autres, mais mon Mémoire
D
s'est perdu, il y a dix-huit ans, et depuis lors je n'ai plus repris ce sujet. Heureusement, vous
»
l'avez fait d'une manière qui ne me laisse rien à regretter.
» M. Poisson m'a déjà dit que vous aviez publié un bien gros volume; on jugera qu'il ne l'est
» pas trop pour le nombre de choses utiles et neuves qu'il renferme. Vous en avez fait, d'ailleurs,
,)
le système complet des recherches de vos prédécesseurs et de vous-même sur les propriétés
» projectives des figures.
» Lorsque je réimprimerai mes Essais sur Monge, vous m'aurez fourni les moyens d'ajouter un
» beau chapitre aux travaux de ses élèves ; les vôtres y devront désormais figurer dans les rangs
» les plus distingués. Vous verrez, par les considérations préliminaires de mes Applications de
» Géométrie, que j'avais l'idée du problème des bas-reliefs dont vous avez donné
la solution; je
» ne l'aurais pas donnée comme vous, mais j'en ai la
clef par les méthodes que je me suis faites.
» Je dois vous faire une petite observationsur un passage (p. 4o3). Vous dites que deux surfaces
» quelconques ne peuvent s'entrecouper partout à angles droits, sans que
l'intersection qui en
» résulte ne soit à la fois une ligne de courbure de ces surfaces. Vous sous-entendez
à coup sûr
» à
surfaces quelconques(surfaces du second degré) ; mais votre phrase, présentée sans restriction,
» pourrait avoir l'air d'une erreur.
» J'aurai soin de faire valoir votre livre auprès des géomètres analystes, qui se garderont bien
» de vous lire, parce qu'ils ne lisent qu'eux seuls.
» Continuez, Monsieur, à cultiver la Géométrie, et venez enfin nous joindre à Paris. Nous ferons
» tous nos efforts pour vous admettre au nombre de nos
collègues de l'Institut, où vous soutiendrez
a l'honneur de la bonne Géométrie.
» J'ai l'honneur, Monsieur,

» de vous
saluer avec la plus haute considération,

» Ca. DUPIN. »
TABLE DES MATIÈRES
DU TOMEPREMIER.

Pages.
PRÉFACE de la première édition v
AVERTISSEMENT de la seconde édition vu
INTRODUCTION. — CONSIDÉRATIONS sur les moyens de perfectionner la méthode géo-
métrique, sur la loi de continuité, sur la doctrine des projections, etc. — Historique
des recherches entreprises jusqu'ici sur les propriétés projectives des figures
....... xi à xxxn

SECTION PREMIÈRE.
PRINCIPES GÉNÉRAUX.

Considérationspréliminaires
................................................... i à 3

CHAPITRE Ier. — Notions préliminaires sur la projection centrale.


N°' —Pag.
Définitions de la projection centrale, des figures et des propriétés projectives 1 3
Signes auxquels on peut reconnaître qu'une relation métrique est projective 8 6
Relations projectives qui subsistent entre les sinus des angles projetants et des arcs
de grands cercles de la sphère qui a son centre au centre de projection 16 9
Relations projectives à deux termes 20 11
Exemple relatif à la division harmonique des lignes droites. — Propriétés du faisceau
harmonique, notions qui en résultent 21 12
Nouvelle application relative aux propriétés fondamentales des sections coniques 33 18
Notions qui en résultent pour la similitude des sections coniques 42 21
Des relations projectives entre les aires des figures planes; conclusion 45

CHAPITRE II.

Notions préliminaires sur les sécantes et les cordes idéales
des sections coniques.
Définitions de la sécante idéale, de la polaire et du pôle, des cordes imaginaires, etc.,
des sections coniques 48 25
De la corde idéale d'une section conique, et de la section conique supplémentaire qui
la donne 54 28
De la sécante et de la corde idéale communes au système de deux sections coniques
situées sur un plan; moyen de prouver, en général, leur existence 56 3o
Aperçu sur l'utilité de la considération des cordes idéales, d'après un exemple tiré de la
Géométrie descriptive 60 33
Des sécantes et des cordes idéales communes de contact 63 35
Réflexions sur les sécantes communes idéales des sections coniques, et origine de ces
sécantes dans le cône et les surfaces du second ordre 64 36
Propriétés fondamentalesde la sécante, réelle ou idéale, commune au système de deux
cercles décrits sur un plan 68 38
Des suites de cercles qui ont une sécante commune sur un plan, et de leurs suites or-
thogonales réciproques. — Principales propriétés de ces suites
................... 73 40
N" — Pag.
Des points réciproques sur le plan de deux ou de plusieurs cercles qui ont une sécante
commune. — Principales propriétés de ces points 81 43
Notions relatives aux sections coniques semblables et semblablement placées, et à leur
sécante, réelle ou idéale, commune à l'infini 89 46
.
Cas particulier des cercles décrits sur un même plan 94 47
Réflexions sur les notions métaphysiques qui découlent de ce qui précède 96 48

CHAPITRE III.

Principes relatifs à la Projection des Figures planes les unes
dans les autres.

Objet et utilité de ce Chapitre 99 5o

l'infini
-
Principes fondamentaux relatifs à la projection des systèmes de lignes convergentes,
en des systèmes de lignes parallèles, et viceversâ. Notions qui en résultent pour
101 51
Projection d'une section conique donnée suivant un cercle, de façon qu'une droite
quelconque de son plan passe à l'infini. — Lieu des centres de projection 108 53
Cas général où la section conique de projection doit être semblable à une section conique
donnée. Lieu des centres auxiliaires de projection 112 54
De ce que deviennent, en projection,le centre, le pôle, la polaire d'une section conique,
enfin la droite à l'infini de son plan 116 5y
Projection d'une section conique suivant un cercle, de façon qu'il ait, pour centre, la
projection d'un point donné sur le plan de cette section conique 120 58
Projection du système de deux ou de plusieurs sections coniques, ayant une sécante
commune* suivant des cercles ou des sections coniques semblables et semblablement
placées, et pour lesquelles la sécante a passé à l'infini. — Lieu des centres auxiliaires
de projection .
121 59
De ce que deviennent, en projection, les sécantes, réelles ou idéales, à distance donnée
ou infinie, communes au système de deux ou de plusieurs sections coniques situées
sur un plan 125 61
Cas où les sections coniques proposées ont un double contact, soit réel, soit idéal, et où
les courbes de projection sont concentriques 129 63
Principes particuliers de projection auxquels donnent lieu les principes généraux qui
précèdent. 132 64
Réflexions générales sur les moyens d'étendre les conséquences qu'on peut déduire des
principes de projection posés dans ce Chapitre, et conclusion ....................135 65

NOTES DE LA PREMIÈRE SECTION.

NOTE I.
Démonstration directe du théorème de l'article 84, pour le cas où les points limites de
la suite des cercles proposés deviennent imaginaires » 69

NOTE Il.
Sur le lieu des points de l'espace, susceptibles de projeter une section conique donnée
et une droite tracée dans son plan, de façon que, la droite passant à l'infini sur le
nouveau plan, la section conique y devienne, en même temps, une ellipse semblable
à une ellipse donnée. » 7l
SECTION II.
PROPRIÉTÉS FONDAMENTALES DES LIGNES DROITES,
DES SECTIONS CONIQUES ET DES CERCLES.

CHAPITRE Fr. — Géométrie de la Règle et des Transversales.


N" — Pag.
Réflexions et remarques préliminaires 142 73
Relations métriques qui résultent d'un polygone, plan ou gauche, coupé par une droite
ou un plan, un système de droites ou de plans, une section conique ou une surface
du second ordre quelconques 145 75
Extension de ces théorèmes aux lignes et surfaces d'ordre quelconque 150 76
De quelques corollaires de ces mêmes théorèmes, relatifs aux polygones circonscrits
aux lignes et aux surfaces du second ordre 152 77
Propriétés générales du quadrilatère complet avec ses trois diagonales 454 78
Identité de ces propriétés avec celles du triangle, des sommets duquel on aurait abaissé,
sur les côtés opposés, des droites passant par un point donné, pour former, avec les
pieds de ces droites comme sommets, un nouveau triangle inscrit à l'autre 457 80
Autre propriété de ces figures, et extension aux polygones plans quelconques 158 81
Les mêmes propriétés subsistent pour un triangle, circonscrit à une section conique
quelconque, dont les points de contact des côtés sont pris pour sommets d'un nou-
veau triangle inscrit au premier et à la courbe, etc 161 82
Nouvelles propriétés des quadrilatères complets et des quadrilatères simples, plans ou
gauches 163 83
Des triangles qui sont projections l'un de l'autre sur un plan ou dans l'espace 168 85
Propriétés des hexagones plans 169 86
Relations métriques générales qui résultent du quadrilatère simple avec ses deux diago-
nales, lorsqu'on le coupe par une transversale droite quelconque 172 88
Identité de ces relations avec celles du quadrilatère, inscrit au système de deux droites
ou à une section conique, coupé également par une transversale arbitraire 176 90
Propriétés, soit graphiques, soit métriques, qui résultent de là pour les quadrilatères,
les triangles et les angles inscrits ou circonscrits aux sections coniques 179 92
Réflexions sur l'usage des relations métriques dans la démonstration des propriétés de
situation, et sur la facilité avec laquelle la loi de continuité permet de descendre, des
propriétés générales des figures, aux propriétés individuelles qui les concernent 183 93

CHAPITRE II.

Continuation du même sujet. — Des figures inscrites et
circonscrites aux sections coniques. — Questions qui s'y rapportent.

Théorie des Pôles et Polaires réciproques.
Nouvelles propriétés des quadrilatères inscrits et circonscrits aux sections coniques.... 185 95
Construction graphique des tangentes, du pôle et de la polaire d'une section conique
donnée et décrite. — Construction, par points ou par l'enveloppe des tangentes, des
sections coniques données par certaines conditions, dans la plupart des cas où le pro-
blème n'est que linéaire ou n'exige que l'emploi de la règle 187 97
Propriétés des triangles et des quadrilatères variables, inscrits ou circonscrits aux sec-
tions coniques, d'après certaines conditions particulières, et conséquences qui en
résultent pour la description des sections coniques, au moyen de certaines données. 192 99
Théorie des pôles et polaires des sections coniques et du système de deux droites.... 194 100
Conséquences qui en résultent pour la détermination des droites, ou des points qui
appartiennent à un point, ou à une droite, supposés tous deux inaccessibles, invisi-
bles ou placés à l'infini
- .................. 197 102
N°"
— Pag.
Propriétés des hexagones et des pentagones inscrits aux sections coniques, et consé-
quences qui en résultent pour la description de ces courbes par points, pour la dé-
termination de leurs tangentes, etc 201 104
Propriétés analogues et conséquences relatives aux hexagones et aux pentagones cir-
conscrits 208 1°7
Relations métriques appartenant à ces mêmes figures, et solutions, au moyen du calcul,
des diverses questions qui précèdent sur la description des sections coniques 215 11°
Application de la loi de continuité aux propositions générales contenues dans ce Cha-
pitre; exemples relatifs à l'hyperbole et à la parabole 221 113
Théorie générale des pôles et polaires réciproques 227 II6
Réflexions sur les conséquences qu'on en peut déduire, pour les propriétés de certaines
figures, et sur l'usage des principes de la Géométrie de la règle et de la Théorie
des transversales, dans la solution des diverses questionsqu'on se propose d'ordinaire
sur le terrain 235 119

CHAPITRE III. — Du centre de similitude en général et de celui de deux


cercles en particulier. — Des cercles qui se coupent ou se touchent sur
un plan. — Des
coniques semblables et semblablement placées, en général.
Notions préliminairesrelatives aux points de concours des tangentes communes, ou cen-
tres de similitude de deux cercles 236 121
Définition et propriétés générales du centre de similitude des figures semblables et sem-
blablement placées, soit sur un plan, soit dans l'espace 239 123
Nouvelles notions et propriétés relatives aux centres de similitude, ou points de con-
cours des tangentes communes au système de deux cercles, considérés comme cen-
tres de projection de ces cercles 242 ia5
Conséquences particulières qu'on en peut déduire par l'application de la loi de con-
tinuité " 247 127
Examen de quelques-unes des conséquences qui découlent du cas général, et construc-
tion, avec la règle et au moyen de certaines conditions, des centres de similitude ou
de symétrie et des sécantes, réelles ou idéales, communes au système de deux cer-
cles donnés sur un plan, etc 249 128
Propriétés des polairesdu centre de similitude de deux cercles, et des pôles relatifs aux
différents rayons de similitude, appartenant à ce centre 256 131
Examen de quelques propriétés particulières, déjà connues, du centre de similitude des
cercles, et théorie générale du contact de ces cercles 2e1 134
Nouvelles propriétés du cercle tangent à trois autres sur un plan, relatives aux centres,
axes de similitude, et sécantes communes de ces cercles. — Constructions qui en dé-
rivent 272 139
Des droites et des points périodiquementhomologuesd'une certaine espèce, par rapport
au système de trois cercles tracés sur un plan. — Conséquences qui en résultent... 280 142
Extension de ces diverses théories à un nombre quelconque de cercles tangents à deux
autres sur un plan, et conséquence qu'on en peut déduire, par l'application de la loi
de continuité, relativement aux propriétés projectives individuelles de la circonférence
du cercle, et par suite des sections coniques en général. 286 146
Extension des diverses théories contenues dans ce Chapitre aux sections coniques sem-
blables et semblablement placées sur un plan.. 288 147
SECTION III.
DES SYSTÈMES DE SECTIONS CONIQUES.
CHAPITRÉ Ier. d'homologie ou de projection des figures planes
— Du centre
en général et de celui des sections coniques en particulier. — Application
à diverses questions qui s'y rapportent.
IV' — l'ag.
Propriétés des sécantes communes et des points de concours des tangentes communes
des sections coniques 290 151
Des figures lwmologiqztes, du centre et de l'axe d'hoi)zologie 297 154
Construction de la figure homologique d'une figure donnée, au moyen de certaines con-
ditions 302 J57
Cas où la figure donnée est une section conique 305 159
Applicationà la théorie des contacts des sections coniques 318 166
Cas où, soit le centre, soit l'axe d'homologie, soit tout autre objet des deux figures, est
situé à l'infini 326 169
Cas où la section conique, homologique d'une autre, doit être s. et s. p. relativement
à une troisième section conique 332 172
Usage des théories précédentes pour la construction des sections coniques assujetties
à certaines conditions 338 jy5
Construction graphique du centre, des axes, des asymptotes, etc., d'une section conique
donnée par certaines conditions 344 178
Réflexions sur la possibilité de résoudre linéairement tous les problèmes du second
degré, au moyen d'un seul cercle une fois tracé, ou d'un angle d'ouverture donnée.. 351 18l

CHAPITRE II. — Propriétés et construction du système complet des sécantes


et des tangentes communes à deux sections coniques situées sur un plan.
— Des systèmes
de sections coniques qui ont des sécantes et des tangentes
communes, etc.
Du système complet des sécantes et des tangentes communes à deux sections coniques
situées sur un même plan 359 185
Cas où les tangentes et les points communs au système de deux sections coniques
deviennent en partie imaginaires 364 188
Cas où les tangentes et points communs au système de deux sections coniques sont
à la fois imaginaires ." 369 191
Nouvelles propriétés et construction générale des points de concours des sécantes con-
juguées communes 370 192
Construction des sécantes conjuguées communes dont le point de concours est donné. 373 194
Recherche des diamètres conjugués parallèles des sections coniques, et construction
directe des points de concours des sécantes conjuguées communes, quand l'un d'entre
eux est donné 377 196
Cas où le point de concours donné est à la fois intérieur aux deux sections coniques, ou
leur sert de centre commun 382 200
Construction générale des sécantes et des tangentes communes au système de deux
sections coniques; récapitulation des cas de possibilité et d'impossibilité du pro-
blème, et de ceux où il s'abaisse au second degré 384 202
Solution du dernier des problèmes énoncés art. 305, et de quelques autres qui s'y
rapportent; des points réciproques dans le plan d'un système de sections coniques
ayant mêmes sécantes communes
............................................ 387 205
Propriétés des diamètres conjugués parallèles des sections coniques qui ont quatre
N" - Pa?.
points communs, réels ou imaginaires, sur un plan 391 209
Du lieu des pôles d'une droite donnée sur le plan d'une conique variable assujettie à
certaines conditions; du lieu du centre de cette conique; de l'enveloppe de ses po-
laires relatives à un point quelconque de son plan 396 211
Nouvelles propriétés des sections coniques assujetties à certaines conditions sur un plan,
des sections coniques s. et s. p. et du cercle osculateur en un point donné d'une telle
courbe 402 215
Réflexions générales sur l'objet du présent Chapitre et sur les moyens d'étendre, aux
sections coniques en général, les propriétés des cercles qui se coupent ou se touchent
sur un plan, etc 406 218
CHAPITRE III. — Théorie des doubles 1contacts des sections coniques et
solutions des problèmes qui s'y rapportent.
Propriétés générales et construction de la sécante de contact commune au système de
deux sections coniques doublement tangentes et données sur un plan 410 220
Des sections coniques doublement tangentes à une section conique donnée, et assu-
jetties à passer par deux points aussi donnés 412 222
Cas pour lesquels l'un des points de contact est donné ou se confond avec l'autre 416 224
Des sections coniques doublement tangentes à une section conique donnée, et assu-
jetties à passer par trois points aussi donnés 418 225
Des sections coniques doublement tangentes à une autre, et qui touchent, de plus, trois
droites données 423 229
Cas où, les droites données étant au nombre de deux seulement, l'un des points de
contact des deux courbes est assigné, se confond avec l'autre, ou est variable avec lui
sur l'une de ces courbes 425 231
Des sections coniques doublement tangentes au système de deux sections données sur
un plan 427 232
Considérations relatives au cas où l'on connaît, soit un point et deux tangentes, soit
une tangente et deux points, de la section conique doublement tangente à une autre. 430 234
Nouvelles propriétés de la section conique doublement tangente à une autre, et des-
cription de cette courbe par l'intersection continuelle de ses tangentes 431 236
Description de la section conique doublement tangente à une autre par le mouvement
continu d'un point 435 238
Cas où la courbe décrite se réduit à un point ou dégénère en des droites 437 239
Remarques relatives aux théorèmesqui précèdent, et extension de ces mêmes théorèmes. 438 240
Construction de la section conique doublement tangente à une autre, quand on se
donne, soit un point et deux tangentes, soit une tangente et deux points, apparte-
nant à son périmètre 442 244
Réflexions sur les diverses constructions qui précèdent 444 246

SECTION IV.
DES ANGLES ET DES POLYGONES.

CHAPITRE Ier. — Des angles constants ou variables suivant certaines lois,


dont le sommet s'appuie au foyer, au périmètre des sections coniques,
ou en un point quelconque de leur plan.
Propriétés principales des foyers des sections coniques 447 249
Du foyer commun des sections coniques, considéré comme centre de projection ou d'ho-
mologie .................................................................. 453 252
N0' — Pag.
Cas où l'une des courbes est un cercle ; conséquencesqui en résultent pour la descrip-
tion des sections coniques dont le foyer est donné, etc 457 254
Des angles dont le sommet s'appuie au foyer des sections coniques 461 257
Cas particulier de la parabole 465 a5g
Conséquences relatives au cas général d'une section conique quelconque; description
organique des sections coniques par le mouvement des angles d'ouverture donnée.. 469 261
Relations d'angles qui appartiennent simultanément au système de deux foyers d'une
section conique; des angles constants et des polygoneséquiangles, circonscrits à une
telle courbe 477 266
Nouvelles propriétés des angles constants dont le sommet s'appuie au foyer des sec-
tions coniques, ou qui sont circonscrits à ces courbes 480 269
Des angles constants, ou variables suivant certaines lois, dont le sommet s'appuie en un
point quelconque du périmètre d'une section conique 482 271
Des angles droits dont le sommet s'appuie en un point quelconque du plan d'une sec-
tion conique, ou qui sont circonscrits à une telle courbe, etc 486 274

CHAPITRE II. — Des


polygones inscrits et circonscrits à d'autres polygones
ou à des sections coniques.
Du lieu des sommets libres et des points de rencontre des côtés d'un polygone variable,
dont les autres sommets parcourent les droites données, tandis que leurs côtés pi-
votent sur des points fixes 493 281
Cas pour lesquels le lieu des sommets libres et des points de rencontre des côtés
s'abaisse au premier degré 497 284
Des courbes enveloppes des côtés libres et des diverses diagonales du polygone 502 288
Cas où les courbes, enveloppes des côtés libres et des diagonales, se réduisent à des
points; du lieu des points de rencontre des diagonales 504 290
Des courbes enveloppes du côté libre et des diverses diagonales d'un polygone variable
inscrit à une conique, et dont les autres côtés pivotent sur des points fixes quelconques. 510 295
Cas où les courbes enveloppes se réduisent à des points, et où les pôles des côtés sont
en ligne droite 513 298
Propriétés des polygones inscrits aux sections coniques, d'un nombre pair de sommets. 515 3oo
Du lieu des points de rencontre des côtés et des diagonales d'un polygone variable,
inscrit à une section conique sous les conditions déjà prescrites dans ce qui précède. 520 3o3
Des polygones variables circonscrits à une conique, dont les sommets parcourent des
droites données comme directrices 524 3o6
Des polygones variables, à la fois inscrits à des sections coniqueset circonscrits à d'autres. 530 311
Cas particulier où les sections coniques directrices sont des cercles, et où le polygone
est un simple triangle 531 312
Cas général où l'on considère des sections coniques directrices et des polygones quel-
conques 534 315

CHAPITRE III. — Extension des théories précédentes au cas où les directrices


sont des courbes d'ordre quelconque, et où certains angles sont constants.

Application des mêmes théories à la solution de quelques problèmes qui
s'y rapportent.
Du lieu du sommet libre et des points de rencontre des côtés d'un polygone variable,
dont les autres sommets parcourent des directrices courbes données, et dont les
côtés pivotent sur des poinls fixes quelconques 537 319
-
Cas pour lequel, tous les points fixes étant sur une même droite, la courbe décrite
par le sommet libre s'abaisse à un degré moindre. 541 324
Cas pour lesquels un ou plusieurs des points fixes se trouvent placés sur les directrices - Pag.
adjacentes des sommets du polygone 544 326
Cas pour lequel toutes les directrices du polygone variable se trouvent remplacées par
une directrice unique 547 328
Cas où certains sommets du polygone restent fixes, en même temps que leurs angles
mobiles conservent une ouverture constante 550 331
Inscription et circonscriptiond'un polygone à des polygones donnés
... 552 333
Inscription, aux sections coniques, de polygones dont les côtés passent par des points
donnés 557 338
Circonscription, aux sections coniques, de polygones dont les sommets s'appuient sur
les droites données 561 342
Cas où les points donnés sont sur une même droite, et où les droites données con-
courent en un même point 563 344
Inscription, à une section conique donnée, d'un polygone qui soit en même temps cir-
conscrit à une autre 565 347
Propriétésdes polygones à la fois inscrits à une sectionconique et circonscritsà une autre. 568 35o
Réflexions générales sur ce qui précède 573 354

SUPPLÉMENT
SUR LES PROPRIÉTÉS PROJECTIVES DES FIGURES DANS L'ESPACE.

Des figures homologiquesdans l'espace, ou de la perspective-relief;application au tracé


des bas-reliefs 576 357
Des centres et plans d'homologie, des points, lignes et surfaces polaires des surfaces
du second ordre. — Contacts et osculations de ces surfaces 587 366
Application de la loi de continuité à la démonstration des principales propriétés des
sections planes des surfaces du second degré 598 3?3
Des courbes d'intersection des surfaces du second degré en général; de leurs droites
diamétrales conjuguées communes; de leurs sections circulaires et de leurs axes prin-
cipaux 611 382
De la projection ou perspective-reliefdes surfaces du second ordre les unes dans les
autres, et des propriétés générales qui en découlent 629 3g5
CONCLUSION
................................................................. 638 4o5

ANNOTATIONS de la seconde édition du Traité des Propriétés projectives des figures.


Renvois au corps de l'ouvrage
-
Pages XXVIII de l'Introduction. et 91 du texte. Sur Desargues et Pascal
Page 34. — Sur la Géométrie descriptive et analytique à l'école de Monge
409 -410
Page à page

4r° — 413
Page 139. — Sur la nouvelle solution du problème des cercles et des sphères tan-
gents 4i 3 — 4i 3
Page 176. — Simple indication ou renvoi 413 413-
Page 184. — Sur les Géométries de la règle et du compas 413 — 414
Page 209. — Sur les points ou pôles réciproques des coniques 414 — 415
Page 374. — Propositions anomales ou défectives concernant les courbes et sur-
faces du second degré 4i5 -419
Page 394. — Lettre de M. Charles Dupin adressée en 1822 à l'auteur du Traité des
Propriétés projectives des figures
........................................... 419 — 420
PLANCHES 1, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XI, XII.

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