La Peau de Chagrin Balzac Fiche de Lecture

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La peau de chagrin, Balzac : fiche de lecture

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Par Amélie Vioux

Voici une
fiche de
lecture
(résumé et
analyse)
du roman
La peau
de
chagrin
d’Honoré
de Balzac
au programme du bac de français, avec le parcours « Les romans de l’énergie : création
et destruction ».

La Peau de chagrin est une pièce clé de La Comédie humaine. Balzac l’a classée dans
la partie Etudes philosophiques de sa fresque romanesque car il y expose sa conception
de l’existence humaine.

Selon lui, notre vie disposerait d’un capital d’énergie que le désir et la volonté
consument et détruisent peu à peu.

Cette philosophie est le moteur de La Comédie humaine qui met en scène les ravages
du désir.

De plus, La Peau de chagrin est un des premiers romans de Balzac qui tente de
dépeindre la société toute entière : la mansarde du jeune étudiant désargenté, les
orgies parisiennes, les salons, le monde du jeu, l’aristocratie, la science, le monde rural.
Cette volonté d’embrasser toutes les classes sociales donne à voir un roman
foisonnant.

La Peau de chagrin : fiche de lecture en vidéo

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Watch Video At: https://youtu.be/PciMF7_NSOg

Analyses d’extraits de la Peau de chagrin


La découverte de la peau de chagrin chez l’antiquaire (partie I)
La leçon de sagesse du vieillard (vouloir, pouvoir et savoir) (partie I)
La Peau de chagrin, Raphaël scelle le pacte avec la peau (partie I)
La Peau de chagrin, réponse du vieillard suite au pacte maudit (partie I)
Le portrait d’Euphrasie (partie I)
La Peau de chagrin, dialogue entre Raphaël et Emile (partie I)
Foedora, la fascination d’un nom (partie II)
Le portrait de Foedora (partie II)
Raphaël et Foedora, deux mondes incompatibles (partie II)
La peau de chagrin à l’épreuve de la science (partie III)
La Peau de chagrin, l’agonie de Raphaël, excipit (partie III)

Qui est Balzac ?


Né en 1799, Honoré de Balzac fait des études de droit mais s’oriente rapidement vers
une carrière littéraire.

Il est l’auteur d’une œuvre romanesque monumentale composée de plus de 90 romans


rassemblés dans une structure qu’il nomme La Comédie humaine. Son but est de
« faire concurrence à l’état civil » et à l’Histoire grâce à une description minutieuse
de la société de son époque.

Ses romans les plus connus sont La Peau de chagrin (1831), Eugénie Grandet (1833),
Le Père Goriot (1834-1835) et Les Illusions perdues (1837-1843). Il meurt en 1850.

Comment résumer La Peau de chagrin ?


Ce roman comprend trois parties : « La Talisman », « La femme sans cœur » et
« L’agonie ».

Partie 1 : Le Talisman

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Dans la première partie, « Le Talisman », le jeune Raphaël de Valentin entre dans une
maison de jeu et y perd son dernier louis d’or.

Prêt à se suicider, il découvre chez un vieil antiquaire la Peau de chagrin, peau de bête
mystérieuse qui réalise tous les souhaits de son propriétaire. Mais à chaque vœu
réalisé, la peau rétrécit, et avec elle, la vie de son propriétaire. Raphaël accepte le
pacte.

Lui qui rêve d’une fête, son premier vœu se réalise lorsqu’il croise en sortant de chez
l’antiquaire des amis écrivains qui l’invitent à un festin. Le dîner se transforme en orgie,
avec l’arrivée de filles de joie, notamment Aquilina et Euphrasie avec qui Raphaël et son
ami Emile font connaissance.

Partie 2 : La femme sans coeur

La deuxième partie, « La femme sans cœur », est constituée du long récit que Raphaël
fait de sa vie à Emile, à la fin de la soirée.

Ruiné à la mort de son père, Raphaël, d’origine noble, est condamné à une existence
misérable.

Il s’installe dans une modeste chambre d’hôtel et y rédige une comédie et une Théorie
de la volonté. Il est aidé dans sa vie matérielle par Mme Gaudin, l’hôtelière, et sa fille
Pauline, à qui il donne des cours.

Sous l’influence de son ami Rastignac, il est présenté à la haute société parisienne et
fait la connaissance de la comtesse Foedora, une coquette capricieuse et
indépendante, dont il tombe amoureux bien qu’elle mette froidement fin à ses espoirs
amoureux.

Il entre dans la spirale de la dette pour alimenter ses désirs de luxe et de débauche.

À la fin de son récit, Raphaël souhaite la fortune. Presque aussitôt, un notaire lui annonce
qu’il hérite d’une fortune considérable suite à la mort d’un lointain parent aux Indes.
Avec effroi, Raphael se rend compte que la Peau de Chagrin s’est réduite.

Partie 3 : L’Agonie

Dans la troisième partie, « L’Agonie », nous découvrons que Raphaël vit désormais
retranché dans un hôtel particulier et s’interdit tout désir.

Il se rend pourtant un soir au théâtre, y revoit Foedora qu’il ignore, et retrouve Pauline,
la fille de son ancienne logeuse, devenue riche suite au retour de son père.

Animés d’un amour sincère, les deux jeunes gens se demandent en mariage, mais
Raphaël remarque que la peau de chagrin s’est encore rétrécie. Il la jette au fond d’un
puit ; le jardinier la lui ramène.

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Raphaël se tourne alors vers la science – il consulte un naturaliste, un professeur de
mécanique et un chimiste – mais aucun savant ne parvient à donner une explication
rationnelle au rétrécissement de la peau.

Il fuit Paris, demeure un temps dans une famille rurale, mais finit par revenir dans la
capitale et révéler à Pauline le pouvoir du talisman. Affaibli, il meurt dans les bras de
Pauline qu’il désire.

Quels sont les thèmes importants dans La Peau de chagrin ?

Le jeu
Le thème du jeu est essentiel dans La Peau de Chagrin et ouvre d’ailleurs le roman.

Raphaël de Valentin joue sa dernière pièce et la perd, ce qui entraîne son envie
suicidaire. Le jeu semble être un symbole de la roue de Fortune qui distribue honneurs
et richesse presque par hasard, dans un monde aléatoire.

Ainsi, lorsque Raphaël joue, il perd. Lorsqu’il ne joue pas, il gagne, comme en témoigne
la venue du notaire un lendemain de débauche pour lui annoncer son héritage de 6
millions de francs.

Le jeu est une tentation permanente qui mène à la dépossession des individus : «On
ne s’appartient plus» mentionne Balzac au début du roman. Il symbolise la perdition, le
risque de gaspiller son énergie vitale en se laissant balloter au gré des hasards.

Le désir destructeur

Balzac montre comment le désir est une énergie destructrice qui entame et dévore la
vie.

La peau de chagrin symbolise l’existence de Raphaël qui s’amenuise à chaque acte


de désir ou de volonté.

Face à l’énergie implacable du destin, impossible de lutter. La dénégation et la fuite


ne fonctionnent pas, comme le souligne l’épisode où la peau de chagrin, jetée par
Raphaël dans un puit, est repêchée par un domestique.

Les efforts et la raison échouent. Ainsi, Raphaël a beau s’enfermer dans un hôtel et
récuser de son vocabulaire toute référence au désir, la volonté se manifeste toujours et
finit par l’emporter.

Enfin, la science est impuissante. Raphaël est puni d’avoir préféré le VOULOIR et le
POUVOIR, incarnés par la peau, à la sagesse de l’antiquaire. Ce choix irréversible
consume sa vie.

L’argent

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L’argent est omniprésent dans le roman, soit par son absence cruelle (avant son
héritage, Raphaël est toujours en quête d’argent) soit par sa prolixité (après son
héritage, Raphaël est saturé d’argent).

Balzac n’idéalise toutefois pas la pauvreté. Il l’envisage comme une prison qui enferme
les personnages dans la recherche monomaniaque de la survie : «“Pendant les dix
premiers mois de ma réclusion, je menai la vie pauvre et solitaire que je t’ai dépeinte.”»

Balzac oppose malgré tout la simplicité généreuse de la pauvreté à la sécheresse


froide du luxe. Ainsi, Raphaël reçoit de l’argent de Pauline, alors que cette dernière ne
possède rien et qu’il dépense tout pour la riche et insensible Foedora.

Les valeurs sont inversées. Dans ce monde corrompu, le pauvre donne et le riche
reçoit.

La science

Raphaël veut obtenir une explication rationnelle au rétrécissement surnaturel de la


peau de chagrin. Il fait donc le tour des scientifiques pour se « rendre maître et
possesseur de la nature », selon l’idéal du philosophe et scientifique Descartes.

Mais les savants sont incapables de freiner la réduction du talisman. Balzac fait preuve
d’ironie face à l’impuissance des scientifiques. Ainsi, le naturaliste Lavrille, qui dresse
une nomenclature de l’existant sans pouvoir en comprendre le fonctionnement : «“en
laissant le bon Lavrille au milieu de son cabinet rempli de bocaux et de plantes séchées.
Il remportait de cette visite, sans le savoir, toute la science humaine: une nomenclature
!”»

Balzac montre la supériorité de l’énergie vitale, à la fois créatrice et destructrice, sur la


science.

Quelles sont les caractéristiques de l’écriture dans La Peau de


chagrin ?
On retrouve dans ce roman des descriptions minutieuses et le souci du détail, par
exemple dans la tenue vestimentaire de Foedora où la moindre nuance de couleur est
saisie. Les thèmes de l’économie et de l’argent constituent un fil conducteur qui
témoigne du souci de Balzac de décrire l’aspect matérialiste et prosaïque de la vie
bourgeoise.

Il ne faudrait toutefois pas inscrire trop rapidement ce roman dans le courant réaliste,
d’autant que ce mouvement n’était pas encore né en 1831.

C’est la dimension fantastique qui est la plus saillante dans cette œuvre où la frontière
entre le réel et l’imaginaire tend à s’effacer.

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Le fantastique repose tout d’abord sur l’objet central du roman : la peau de chagrin dont
le rétrécissement résiste à toutes les explications rationnelles.
Balzac puise également son inspiration dans les contes des Milles et une nuit et
transpose le rêve oriental à Paris. Si la peau de chagrin fait songer à la lampe d’Aladin,
le festin auquel participe Raphaël évoque les orgies orientales, où les courtisanes
parisiennes forment une sorte de « sérail ».

Que signifie le parcours « Les romans de l’énergie : création et


destruction » ?
Dans ce roman, Balzac essaie de saisir l’énergie qui anime l’âme humaine.

Une théorie sur l’énergie humaine exposée au début du roman

Il a une théorie bien précise à ce sujet, exposée dans le roman à travers la voix de
l’antiquaire : «“Je vais vous révéler en peu de mots un grand mystère de la vie humaine.
L’homme s’épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de
son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes
de mort : VOULOIR et POUVOIR. […] Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ; mais
SAVOIR laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme.”»

Beaucoup d’autres romans sont habités par une philosophie similaire et montrent
comment le désir et la volonté consument l’énergie vitale : La Princesse de Clèves de
Madame de La Fayette, Les Liaisons dangereuses de Laclos, Les Illusions perdues de
Balzac, Le Rouge et le Noir de Stendhal, Madame Bovary de Flaubert, Bel-ami de
Maupassant…

Le SAVOIR : une énergie créatrice

Pour Balzac, l’énergie qui anime l’Homme est à la fois source de création et de
destruction.

La SAVOIR est une énergie créatrice à laquelle Raphaël s’adonne dans sa chambre
d’étudiant lorsqu’il travaille sur son Traité de la Volonté.

Elle lui permet de se dépasser et lui donne une créativité philosophique et poétique
réelle.

L’antiquaire incarne la sagesse, qui emprunte la voie du savoir. Ainsi, il doit sa


longévité extraordinaire (120 ans) à son renoncement au plaisir des sens et à la
possession matérielle. «“Je possède le monde sans fatigue”» dit-il, car ses jouissances
sont intellectuelles.

Il incarne la figure de l’artiste dont le pouvoir est créateur. Mais le vieillard se cantonne
à une vie retirée au milieu des vestiges du temps.

Le POUVOIR et le VOULOIR : des énergies destructrices

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Le POUVOIR et le VOULOIR alimentent en revanche des désirs excessifs et sont des
énergies destructrices.

La peau de chagrin symbolise ce désir dévastateur, qui consume Raphaël à mesure


que sa volonté se manifeste. Ainsi, dès que le jeune homme exerce son vouloir, en
souhaitant la richesse par exemple, son capital d’énergie, symbolisé par la peau de
chagrin, diminue.

Deux choix s’offrent donc à Raphaël :

Gaspiller son capital d’énergie dans une existence de plaisirs et de débauche,


comme Rastignac ou les prostituées Aquilina et Euphrasie : « “Nous vivons plus en
un jour qu’une bonne bourgeoise en dix ans. ”» dit Aquilina.
Ou, comme l’antiquaire, choisir la sagesse, l’étude, la jouissance intellectuelle
et préserver ainsi son capital d’énergie et sa puissance créatrice.

L’amour : une énergie ambiguë

L’amour lui-même est une énergie ambiguë, plus destructrice que créatrice.

Au début du roman, l’amour de Pauline semble pouvoir préserver Raphaël d’une vie
d’excès.

Mais sur les conseils de Rastignac, Raphaël entre dans le monde pour y séduire
Foedora. La passion devient alors une énergie destructrice qui entraîne une perte
incessante d’argent et un aveuglement perpétuel.

Foedora est comme un trou noir qui retient toute la lumière, une sorte de matière noire
que Balzac nomme la « Femme sans cœur ».

À la fin du roman, l’amour pour Pauline, malgré sa pureté et sa réciprocité, ne peut plus
rien pour Raphaël et précipite même sa mort.

Suggestions de romans à lire dans le cadre du parcours « Les


romans de l’énergie : création et destruction » :
Le Rouge et le Noir, Stendhal
La Princesse de Clèves, Madame de la Fayette
Madame Bovary, Flaubert
Un barrage contre le Pacifique, Duras
Liaisons dangereuses, Laclos
Petit Pays, Gaël Faye
Manon Lescaut, Abbé Prévost
Mémoires de deux jeunes mariées, Balzac

7/7

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