Maboa 2002
Maboa 2002
Maboa 2002
"'
COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE
IFORD
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
INSTirUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES
(IFORD)
Année académique 2000-2001
Présenté par :
Pages
GraphiqueNOI.2.1 Le schémas conceptuel. ............................................................. 26
Graphique NOI.4.1 Le cadre d'analyse des variables ................................................... 35
GrapluqueNOII.l Courbe de la répartition des femmes selon l'âge déclaré ......................... 40
Graphique NOII.2. Courbe de la répartition des femmes par groupe d'âge quinquennaL ......... 40
GraphiqueN03.1.1 Répartition des femmes selon l'accès à la planification familiale ................ 50
Graphique N,03.2.1Répartition des femmes selon les intentions contraceptives ..................... 61
Tableau NOI.l Répartition des effectifs selon les variables opérationnelles ......................... 36
Tableau NOI.2 Couverture des variables ............................................................... .40
Tableau NO 3.1.1. Répartition de l'accès à la pf selon le statut économique ........................ .52
Tableau N03.1.2 Répartition de l'accès à la pf selon les facteurs démographiques ................ .54
Tableau N03.1.3 Répartition de l'accès à la pf selon les facteurs culturels ........................... 57
Tableau N03.1.4 Répartition de l'accès à la pf selon L'impact du système sanitaie ................. .59
TableauN03.1.5 Répartition de l'accès à la planification familiale selon les motivations ........... 60
TableauN03.2.1 Répartition des intentions contraceptives selon le statut socio-éconornique...... 64
TableauN03.2.2 Répartition des intentions contraceptives selon facteurs démographiques ......... 65
TableauN03.2.3 Répartition des intentions contraceptives selon facteurs culturels .................68
TableauN03.2.4 Répartition des intentions contraceptives selon le système sanitaire ............... 69
TableauN03.2.5 Répartition des intentions contraceptives selon Les motivations .................. 71
Tableau N04.1 Risques relatifs à l'accès à la planification familiale ................................... 81
Tableau N04.2 Risques relatifs aux intentions contraceptives ......................................... 88
11
1
La population du monde.
2
Medard Fotso, EDSCII, Cameroun.
La planîfïcatJon Humliale au Cameroun: Les facteurs limitants 3
théoriques et la pratique. Les niveaux de fécondité sont restés élevés tandis que
la prévalence contraceptive, est demeurée lamentablement faible. Pendant les
années 1980, alors que le Cameroun est en pleine prospérité économique, la
baisse attendue n'a pas lieu dans ce contexte marqué par la modernisation et la
multiplication des modes de communication tels que, l'avènement de la
télévision, la création de nombreuses radio F.M., la multiplication de journaux
étrangers et nationaux utilisés en majorité pour l'éducation des masses, qui, à
l'origine d'une modification du contexte socioculturel auraient pu permettre une
attitude favorable à la planification familiale par le recours à la contraception
'
moderne.
3,1 alors que le monde rural plafonne à 5,8 contre 4,5 pour l'ensemble des
autres villes, où la descendance finale (5, 1) n'est bien guère supérieure à l'indice
synthétique de fécondité. Parallèlement à cette tendance générale à la baisse, le
grand Nord s'illustre par une hausse de la parité atteinte des femmes surtout
celles n'ayant aucun niveau d'instruction. Dans cette partie du pays, la
descendance finale est égale à 6,8 enfants tandis que l'indice conjoncturel de
fécondité a été évalué à 6,6 enfants par femme. Les régions de tradition angle-
saxonne quant à elles, ont des indices conjoncturels minimums de 4,6 enfants
par femme.
Par ailleurs lors de la CIPD de 1995 au Caire, il a été demandé d'identifier dans
tous les pays, les facteurs qui entravent la planification familia)e (Louise
Lassonde, 1996) dans tous les pays dont le Cameroun.
Quels sont donc les facteurs qui ont servi de limite à la planification familiale au
Cameroun jusqu'en 1998 ? L'échec de la planification familiale est - il une
question de choix individuel, de contrainte culturelle, de politique ou de
génération ?
I . 1 . LA REVUE DE LA LITTÉRATURE.
a) Le statut socio-économique
et comment ces avantages peuvent être obtenus par l'usage approprié des
contraceptifs(Bulatao, 1983).
-L'instruction de la femme :
Synonyme de modernisation, l'instruction de la femme agit de plusieurs
manières sur le recours à la planification familiale. Elle améliore son statut dans
la société ainsi que son pouvoir de décision dans le couple. Les femmes
instruites ont de nombreuses caractéristiques qui servent d'atouts au recours à
la planification familiale, comparativement à celles qui le sont moins. Elles sont
plus réce,ptives aux normes et valeurs de la modernisation. Certaines études ont
démontré que l'instruction arrive même souvent à surplanter le milieu de
résidence(Hoang Ngân Vu, 1998), ainsi, les femmes instruites, parcequ'elles ont
un meilleur statut social, subissent moins les pressions culturelles qu'elles ont
même la capacité de critiquer (Mburano.R,1994) ). Elles possèdent une meilleure
connaissance de~ méthodes de planification familiale, ont un accès plus facile
aux services de santé car mieux informées , et approuvent conséquemment plus
la planification familiale (Nations unies, 1980). Fortes de tous ces atouts, les
femmes instruites, plus éduquées et plus éclairées sur l'utilisation des
contraceptifs y réussissent mieux que leurs consœurs qui sont moins instruites
et donnent des raisons plus réalistes de non utilisation. La proportion des
femmes qui rejettent la contraception est moins élevée parmi les jeunes femmes
éduquées {Neal Kar, 1984). Elise.F, et al in bulletin démographique,1984 a
d'ailleurs souligné que, les différences d'échec concernent l'éducation, et l'âge au
mariage. On sait par ailleurs que, les niveaux d'instruction bas sont associés
aux mariages en bas âge puis à un taux d'échec élevé d'utilisation de la
contraception moderne.
Si l'influence positive de l'instruction a été prouvée, celle-ci n'agit pas toujours
comme un facteur discriminant surtout en ce qui concerne l'utilisation
fructueuse des méthodes de contraception moderne. Toute femme, qu'elle sache
lire ou pas, peut oublier de prendre la pilule et avoir un besoin non satisfait. En
Thaïlande, et en Colombie, des études ont permis de mettre en évidence,
l'absence du déterminisme catégorique de l'instruction sur la planification
familiale. En Inde par exemple, l'association entre l'instruction et la taille désirée
de la famille paramètre déterminant en planification familiale est négative. Dans
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 11
plusieurs autres pays, les effets de l'instruction sont estompés par l'âge
(Neal.Kar, 1984).
-L'instruction du conjoint :
En Afrique, Il est reconnu le rôle prépondérant des hommes dans le processus
décisionnel dans un couple. Une étude des préférences de la taille de la famille ,
réalisée en 1991 au Nigeria ( ROUDE.F et ASHFORD.L, 1996 ) ont démontré que,
90% des hommes ont une plus grande influence sur les décisions familiales que
les femmes. Empiriquement, les hommes ont des désirs plus élevés en fécondité
que leurs épouses et en agissant sur leurs attitudes et préférences, l'instruction
des hommes permet d'ôter cet obstacle, l'un des plus sérieux aux programmes
de régulation des naissances puisqu'elle le rend plus réceptif au même titre que
les femmes, aux normes et valeurs de la modernisation. Les hommes instruits
ont d'avantage tendance a recourir à la contraception que ceux qui le sont moins
ou a avoir une épouse qui l'applique(United Nations, 1976). Ainsi, si l'instruction
influence positivement le recours à la planification familiale il en est de même
que la discussion dans le couple. Admettons que, les hommes instruits discutent
en moyenne plus que les autres car plus informés. Le hommes les moins.
instruits développent plus de préjugés sur la planification familiale et la
contraception féminine. Les préjugés portent sur les craintes d'infidélité des
femmes, la conviction que l'utilisation des préservatifs conduira à la promiscuité
et aux vagabondage sexuel. Certains pensent même que les effets secondaires
sont nocifs à la santé de leurs épouses.
L'instruction du conjoint est un élément d'influence déterminant sur son
attitude en planification familiale. Les hommes éduqués approuvent d'avantage
la planification familiale et sont plus nombreux a avoir une épouse qui utilise
une méthode contraceptive. Une étude réalisée au Ghana a démontré que, 61%
des hommes ayant achevé leurs études secondaires contre seulement 35% de
ceux n'ayant pas dépassé le primaire et 10% seulement des analphabètes
recourent à la planification familiale(United Nations, 1976). Dans plusieurs pays,
l'importance de la contribution des hommes a été démontré par les études.
Celles-ci révèlent que, un partenaire qui participe à la sélection et l'utilisation de
la contraception influence positivement la durée d'utilisation d'une méthode
contraceptive par sa conjointe (population report,N°48) puisque cette
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 12
femme. Les femmes âgées sont moins fécondes mais plus expérimentées que les
jeunes femmes. Elles enregistrent conséquemment des taux de satisfaction plus
élevés( Elise.F.Jones et al, 1984) tandis que, celles qui veulent retarder,
englobent la plus basse proportion des femmes âgées sujettes aux échecs en
planification familiale. Ces dernières ont cependant la demande non satisfaite la
plus élevée car elles utilisent plus des méthodes traditionnelles connues pour
leur moindre efficacité comparativement aux méthodes modernes (Elise.F. et al
1984 ).
Il s'est par é.'illeurs développé des schémas particuliers, parfois contradictoires,
en fonction de l'âge des femmes. Delaunay.V, citant Odile Frank (1990) in Arlette
Gautier 2000, soutient que, les jeunes femmes avant 25 ans sont moins bien
informées sur l'usage des contraceptifs. Ceci peut s'expliquer par le fait pour les
centres de santé d'être exclusivement fréquentés par les femmes adultes en
union, et ley.rs enfants(G.L. Menye,1999). L'analyse situationnelle du Cameroun
a d'ailleurs fait ressortir les difficultés rencontrées par les jeunes dans les points
de prestation. Ces derniers y sont refoulés pour jeunesse et célibat.
La demande d'enfants évolue en fonction inverse de l'âge et, Nations
Unies, 1980 soutient que, l'effet de génération favorise par ailleurs une plus
grande fréquentation des centres de santé par les jeunes cohortes, ce qui
contribue à améliorer leur statut en planification familiale.
En Egypte et au Ghana, la prévalence est plus élevée chez les personnes ayant
atteint la quarantaine(United Nations, 1976). Il apparaît aussi d'après Odile
Frank 1990, in Arlette Gautier 2000, que, à âge égal, les femmes qui ont au
moms atteint le primaire sont plus informés que celles qui n'ont jamais été
scolarisées.
+ L'âge aux premiers rapports sexuels :
Au Cameroun, l'âge moyen d'entrée en activité sexuelle est de 15,2 ans(EDSC.II).
Compte tenu du fait de l'absence de communication entre parents et enfants, et,
étant donnés les problèmes rencontrés par les jeunes dans les points de
prestations, l'initiation bute sur de multiples contraintes. La grande partie des
connaissances se fait par des canaux informels qui véhiculent habituellement
des informations de qualité douteuse. L'entrée en vie sexuelle s'effectue donc
pour la majorité des camerounais en l'absence de connaissances suffisantes sur
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 15
font plus d'enfants que celles qui montrent une indifférence à la religion.
D'après Morris et al 1981 in Moni Nag(1984),un couple peut pour une raison
quelconque, vouloir limiter les naissances mms ne pas recourir à la
contraception pour éviter de violer les croyances religieuses. En république du El
Salvador, et dans l'état de Piani au Brésil, 15% environ des femmes exposées 1au
risque de conception et ne désirant pas avoir d'enfants ne recourent pas à la
contracepti,on pour croyances religieuses (Morris et al, 1988 in Moni nag, 1984).
Parmis les chrétiens, les coûts psychiques liés à l'emploi de la contraception sont
plus élevés chez les catholiques. Or Stycos, 1968 in Moni nag, 1984 soutient
qu'il n'existe pas de différence entre catholiques et non catholiques en ce qui
concerne le comportement anticonception nel.
En Yougoslavie, les musulmanes font en moyenne 1,5 enfants de plus que les
orthodoxes ou les catholiques. Les religions musulmanes sont moins ouvertes
aux changements( Schoenmakers in Libité, 1995) et compte tenu de certaines
dispositions culturelles, les musulmanes sont plus sujettes aux besoins non
satisfaits que les autres. les perturbations du cycle, associés aux méthodes
hormonales constituent une question sérieuse car les croyances les concernant
imposent aux femmes, divers types d'attitudes particulières . (Nations
unies, 1976). En effet, les effets secondaires associés aux méthodes hormonales
comprennent des saignements anormaux, ces saignements sont incompatibles
avec la prière. Ne pas assister à la prière des semaines entières peut alerter
l'époux et devenir une contrainte, surtout dans le cas où le recours à la
contraception s'est fait en l'absence de son consentement ou contre sa volonté.
En Inde, par exemple, une femme qui saigne n'a pas le droit de toucher à ses fils
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 18
favorable mais le décalage est moins grand que pour les autres variables. Au
Cameroun, le fait de vivre en ville favorise avant tout la pratique de la
contraception moderne alors que au Botswana, au Kenya et au Zimbabwe des
études ont fait ressortir une influence négative de la ville sur la pratique
contraceptive(Ngueyap.F, in Pillon 2000).
La différence entre la ville et le monde rural s'appuie aussi sur les différences de
scolarisation et d'emploi. Les paysans du monde rural font en moyenne plus
d'enfants que les cadres en milieu urbain. Au Brésil, la transition a commencé
chez les femmes scolarisées des villes et des groupes sociaux défavorisés
(COSIO-ZAVALLA in pillon 2000). Des études récentes tenant compte des
changements actuellement en cours dans le monde rural, ont fait res.sortir des
modifications de comportement parmi les femmes éduquées du monde rural par
le processus de la diffusion. Les nouveaux comportements des femmes rurales
sont calqués sur ceux des femmes éduquées des villes.
+ Le milieu de socialisation
Le milieu de la socialisation est celui dans lequel l'individu a passé ses douze
premières années. Il traduit une inculcation des normes et valeurs et se
matérialise par leur accumulation tout au long du cycle de vie. La socialisation
détermine les attitudes et comportements futurs. Les normes et valeurs reçues
lors de la socialisation proviennent de l'ethnie ou du milieu de résidence.
Finalement, la socialisation rend compte de la culture et marque l'appartenance
à un groupe quelconque. Elle isole deux catégories de femmes. Les femmes
moderne socialisées en milieu urbain et les femmes rurales socialisées dans le
monde rural. Les deux groupes ont des comportements différents en fécondité.
Du fait de la socialisation, les femmes du secteur moderne font moins
d'enfants(Assogba, 1990)et les femmes du monde rural, compte tenu des
conditions précédemment citées, dans les autres sections, à savoir, la mise en
place de stratégies de remplacement des enfants(Assogba, 1990) en présence
d'une mortalité élevée sont plus procréatrices . Elles sont par ailleurs
défavorisées car moins instruites que leurs consœurs du monde urbain par la
communication. Elles reçoivent donc moins d'informations sur la planification
familiale et ont une faible prévalence contraceptive (Ngom.P in pillon 2000)ainsi
qu'une proportion élevée de besoins non satisfaits.
La planitïcation familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 20
La motivation peut dépendre des coûts liés aux méthodes de régulation. Il existe
des coûts objectifs mais aussi subjectifs. Les coûts objectifs comprennent le
temps la distance, l'argent qui jouent sur l'acquisition des connaissances, l'accès
à la régulation et les effets secondaires associés à l'utilisation d'une méthode.
Les coûts subjectifs sont ceux qui concernent notre étude. Ils comprennent entre
autres, les intentions futures en fécondité. Le coût influence beaucoup les
décisions même si une disponibilité limitée de l'offre se traduit par une fécondité
élevée(Bulatao, 1983).
Les intentions futures en fécondité influencent le recours à la contraception par
'
le biais du nombre d'enfants survivants(Easterlin, in Bulatao, 1983). La
fécondité varie selon des choix individuels sur la taille de la famille. Lorsque ce
nombre est inférieur aux attentes, l'espacement désiré des naissances lui-mêtne
est rapproché (Moni Nag, 1984).Le couple ne recours alors à la planification
familiale que si la motivation en vue de limiter la taille de la famille ou d'espacer
les naissances est suffisamment forte pour contrebalancer les coûts entraînés
par cette utilisation. Une telle motivation dépends de la demande d'enfants du
couple et la «production potentielle )) ou l'offre (Easterlin, 1975 ; Bernalin, 1983 in
Mo ni nag, 1984). Lorsque cette offre tenant compte de la mortalité infantile égale
ou dépasse la fécondité désirée, les désirs de procréer baissent et entraînent une
volonté d'utilisation de la contraception moderne pour limiter ou espacer les
narssances.
Sans tenir compte de la méthode, de l'âge, la religion et autres, les couples qui
veulent limiter les naissances échouent moins que ceux qui veulent simplement
retarder( Élise.F Jones). Et, comparativement au deux premiers groupes, les
femmes qui sont indécises ont un taux plus élevé d'échec en planification
familiale.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 25
I. 2.1-LES HYPOTHESES :
~ Hypothèse principale
Compte tenu du contexte pronataliste africain, le succès du programme de
planification familiale doit s'appuyer sur la modernisation qui, véhicule des
normes nouvelles, tout en permettant une amélioration des connaissances
attitudes et pratiques, qui aboutissent à une révision des désirs en fécondité vers
la bais~e. Ceci suppose une volonté plus accrue des désirs d'utilisation de la
contraception moderne pour espacer ou limiter les naissances. Alors, soit la
planification familiale n'arrive pas à faire le poids face aux cultures en place,
soit pour diverses autres raisons peut - être inhérentes à l'individu, il n'a pas eu
l'impact attendu. L'échec peut aussi provenir des limites du système sanitaire.
Puisque les facteurs culturels à eux seuls ne peuvent aboutir à un succès total
en l'absence d'un système de santé performant qui soit capable d'offrir aux
citoyens, les meilleurs soins possibles.
+ Hypothèses secondaires :
I. 2. 2 - Le cadre conceptuel
Graphique NO 1.2.1 Le schémas conceptuel.
,,
Motivations
.... r
isolée l'individu dans un groupe. Ces éléments font de lui un cas atypique
dont la somme des caractéristiques détermine un comportement particulier
en fécondité.
contraception moderne. Elle a été dans notre étude a été saisie par deux
variables : L'accès à la planification familiale et les intentions contraceptives.
Notre cadre conceptuel s'inspire du cadre élaboré dans Bulatao et al, 1983 sur
les déterminants de la pratique contraceptive il diffère cependant de lui
parcequ'il intègre le système sanitaire. L'objectif de notre étude étant d'identifier
les facteurs qui limitent le succès de la planification familiale au Camero1 m,
notre schéma analytique donne les liens qui existent entre les concepts
concernés par l'étude pour comprendre l'enchaînement des mécanismes
conduisant à l'échec de la planification familiale.
Le poids des valeurs culturelles peut avoir une influence sur la fréquentation des
systèmes sanitaires(Akoto, 1983). La non fréquentation soustrait certains
individus aux avantages du système sanitaire et aboutit à une absence de
connaissances et de motivations, à un mauvais suivi conduisant à l'existence de
besoins non satisfaits et une augmentation de la mortalité infantile.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 29
+ Constitution du fichier.
Pour les analyses, nous avons utilisé le fichier femmes de l'EDSCU de 1998.
Grâce à lui, nous avons sélectionné des variables qui ont constitué notre sous
fichier d 'analyse. Le sous fichier d'analyse ne comporte que les femmes déjà
sexuellement actives et involontairement exposées aux risques de conception.
Pour avoir ce sous groupe, nous avons recouru à la procédure sélect if qui
nous a permis d'ôter de nos analyses, les femmes qui n'ont pas encore eu des
rapports sexuels, celles qui ne sont pas sous contraception pour un désir
d'enfant supplémentaire dans un délai inférieur à deux ans, mais aussi celles
qui ont été déclarées infécondes et en ménopause. Ainsi nos analyses concernent
2552 femmes sur les 5500 du départ.
Pour notre étude, quatre types de variables ont été retenues. En amont, nous
avons les variables indépendantes, en aval, les variables dépendantes, et entre
les deux , figurent les variables intermédiaires et de control.
comprennent celles qui sont dans le domaine agricole et celles qui sont dans le
commerce, tandis que les femmes du secteur moderne comprennent les cadres
de l'administration. Ces femmes ont été regroupées selon qu'elles possèdent un
emploi salarié ou pas. Ainsi, les femmes du secteur non moderne comprennent
celles du secteur agricole et commercial le plus souvent majoritaires dans
l'informel et celles du secteur moderne qui regroupent l'ensemble des femmes
qui ont un emploi salarié.
Les facteurs démographiques :
L'âge de l'enquêtée : L'âge de l'enquêtée a été regroupé par groupes
quinquennaux excepté le dernier groupe où la faiblesse des effectifs nous a
obligés pour remplir les conditions requises pour le test du chi deux à avoir un
groupe décennal.
L'âge aux premiers rapports sexuels : Pour cette variable, nous avons
identifié trois modalités : Les femmes ayant une sexualité précoce (Avant 16 ans)
celles ayant eu le premier rapport pendant l'adolescence(de 16 à 19ans). Le reste
des L:.~mes (Après 19ans). Il faut noter ici, l'absence de la modalité pendant le
manage considérée par nous comme mauvaise réponse. (Confère paragraphe
II.2.2)
Les facteurs culturels comprennent deux groupes de variables. Les variables qui
permettent l'identification sociale de l'individu et celles qui sont liées à
l'environnement social.
Les variables d'identification sociale :
Parmi les variables d'identification sociale, nous avons l'ethnie et la religion.
L'ethnie a été regroupée selon les usages traditionnels. Ce, regroupement ne
tient pas compte des religions mais surtout de la répartition géographique. Ainsi
nous avons les ethnies du nord, les anglophones, les Bamiléké, les côtiers, les
bétis bulu fang.
La religion : Pour cette variable, les modalités ont été conservées telles quel
pour les religions classiques. La modalité sur les « sans religion>> regroupe tous
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 33
ceux qui disent croire en ia religion traditionnelle et ceux qui ont déclaté ne pas
. avoir de religion du tout.
L'environnement social :
Dans ce groupe, nous avons le milieu de résidence et celui de socialisation. Les
deux variables ont chacune été regroupées de la même façon en deux modalités.
L'urbain et le rural. L'urbain comprend les deux grandes villes, à savoir Douala
et Yaoundé puis, les villes secondaires. Le rural ne contient que la zone rurale.
Pour ces deux variables, le regroupement tient compte des dénominations
contenues dans l'EDSCII. Au Cameroun le statut de ville rte tient pas compte de
•
l'architecture urbaine ou du type d'activité, mais plutôt du nombre de personnes
recensées. On comprend alors aisément que le nombre de villes soit
paradoxalement plus élevé que les région rurales. Tenant compte des
dénominations, les vocables, Town, City, large City ont été regroupées sous
urbain. Et Countryside représente le monde rural.
- Les variables de contrôle
Les variables de contrôle sont celles par lesquelles passent les variables
indépendantes pour expliquer la variable dépendante. En principe, elles agissent
sur le lien entre ces deux car leur absence peut se traduire par une absence de
liaison entre la variable explicative et expliquée. Dans le cadre de notre étude, les
variables de contrôle comprennent celles liées à l'efficacité du système sanitaire
qui permettent de contrôler la motivation des femmes à limiter ou espacer les
nrussances.
L'efficacité du système sanitaire :
Nous avons choisi une seule variable pour rendre compte de la capacité
fonctionnelle des centres de santé. Cette variable n'est valable que pour les
femmes ayant répondu de façon positive à la question sur la fréquentation d'un ••
centre de santé les douze derniers mois. Noton;s cependant des taux de
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 34
fréquentation assez bas. Sur les 5500 femmes, seules 145:' ~nt été dan s un
centre de santé.
Et par la question vous a-t-on parlé de pl anification familiale · ..1 centre de santé
? nous nous proposons de mesurer l'efficacité du système sé Ltaire et la qualité
des services en posant les hypothèses selon lesquelles l'offre . le comportement
des prestataires dépendent de la disponibilité de servie· de planification
familiale. Et si ces services existent, forcément le fait pour l' dividu d'avoir été
entretenu sur la planification familiale implique des conv . sations sur les
méthodes existantes, et les autres servict-s nécessaires.
La survie des enfants : Cette variable d'après Bulatao (1 ~ · 3), rends compte
de l'efficacité du système sanitaire. C'es t sans doute l'une les raisons pour
laquelle les services intégrés de planification familiale inch.:; tt prioritairement
des activités de la S.M.I. destinés à arr éliorer la survie d e · enfants. Pour la
mortalité infantile, nous utiliserons la variable sur le ..ombre d'en fants
survivants puisque d'après Bulatao 1982. , le recours à la plé · ification familiale
dépend non pas du nombre d'enfants nés vivant, mais du n _. :1bre d'enfant qui
survit. jusqu'à un âge pouvant atteindre 20 années.
- Les variables ~ ntermédiaires
La motivation :
i
'(
'
1
v
v
- Accès à la planification familiale.
-Intentions futures en contraception
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 36
Pour vérifier les hypothèses schématisée·: dans notre cadre conceptuel, nous
avons parfois eu à modifier la configuration des variables contenues dans
l'EDSCII en regroupant les modalités de ; variables retenues pour l'étude. Le
tableau suivant donne les modalités des di Œérentes variables et leur répartition.
N°I .1 Répartition des effec ':ifs selon les variables
opérationr.elles.
LES CARACTER1ST 1QUES IND I VIDUELLES
Les fac t eur s é(' · nom i que s
Variables Etfec t i' ' Pourc entages
Inst ruction de l a fem.me
Sans i nstruction 299 11 7
Pr)maire 879 34 4
Secondai r e 1280 50 2
Supérieur 94 3 7
J nstnJction d u ~ o n ioi nt
Sans instruction 24 4 14 4
Primaire 504 29 7
Secondaire 70 4 41 5
S!!.Q_érieu r 170 10
Occupation de :. fenune
sans emp l oi 1 781 30 6
E'!'E} oi moderne 1 4 63 18 2
Emploi non moderne 1305 51 2
Les caract é r is t i aue f. .i érno gra e hi gues
L'âae de 1 ' l :Juêtée
15- 19 1140 44 7
20-2 4 442 17 3
25- 29 31 4 12 3
30-34 325 12 7
35- 39 225 8 8
40- 49 106 4 2
A e au oremie r s r a:.. )Orts s exuels
Avant 15 ans 52 4 20 5
16-19 14 32 56 1
20 et __e_lus 233 9 1
363
- 14'1,
En mari~ge
ia"'l'-''- - - - - - - - - -- -- - - - 1 1
L' env i r onne mer _._;s,_,o:.;c.o,
Le milieu de ·_c_ nc"-'e=--~--------------il
-': s"'i"'d"'e""
Variables E f fec ~.l ~s Pou rc e nt~ s
Urbain 1 5~ 61
Rural 99 ~ 39
Le mi l ieu de 3 0cialisation
Ur bain 5 7, 8
Rural 1 o; 42 2
L' identifie ·.: ion s ociale
Catholiques 11 ~ r, 45 ,4
1~
~~-------2P7r~o~te~s~t~an~t~s~-------+--------~ 0 · ----------r---------~4~0~9 ---------~l
Musulmans 2.J · 9 7
San s re ligion l OL· 3 9
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 37
-
LE SYSTEME SANITAIRE
La survie a~s enfants
Nombre d ' enfan ts survivants
Var1ables ['ffeCtlfS Pour . ~ntaa e s
0-2 773 :· 0 3
3- 5 1140 t,4 7
6 et__])_lUs 639 ?5
La capa c i té :onctionne l le
No n H80 6 <, 2
LA MOT:VAT!ON
Intentlons en fécondité
Variab l es Effectifs Pou rcen
taqes
Veut un autre enfant 17 1 5 67 2
Ne veut plus 716 28 1
Indécis 1 21 4, 7
ln/entions contraceptives
1 4501
-~
Veut des méthodes modernes 10941
1
Ne veut pas de méthodes modernes 14581 57,1
1
La planification familiale au Cameroun: Les tàctcurs limitants 38
Les données utilisées dans notre étude prNiennent essentiellE ment de sources
secondaires, elles sont relatives aux diffé: entes publications faites dans notre
domaine d'étude mais aussi la Base de données de l'EDSCII.
L'échantillonnage : L'EDSCII a été rée- cisé à partir d'un éch 3..ntillon d'environ
6000 femmes de 15 a 49 ans et 3000 hor mes de 15 a 59 ans sur la base d'un
sondage par grappes stratifié à deux degn s. Au premier degré 203 grappes ont
été tirées à partir de la liste des zones de dénombrements établie lors du
recensement général de la population de 1987. Les 203 grappes étaient
composées de l'ensemble de l'échantillon (' e la première enquê1 e démographique
de santé, soit 1545 grappes plus un écha ·üillon supplémentai:-e de 49 grappes.
Les grappes sélectionnées ont fait ; objet d'une cartofraphie et d'un
dénombrement exhaustif des ménages. At deuxième degré, le::. ménages ont été
tirés à partir des listes établies lors des pérations de dénorr.brement. Toutes
les femmes qui se trouvaient dans les IL ~nages ont été enqu §tées et dans un
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 39
ménage sur deux, tous les hommes de 15 a 59 ans ont été enquêtés. Les
principaux domaines d'étude retenus sont: Yaoundé/Douala, les autres villes,
et le milieux rural. Ces zones ont constitué chacune un domaine l'études pour
obtenir des résultats statistiquement représentatifs au niveau de ct.acune des 10
provinces, les groupes de province ont été constitues pour former : ~s régions de
Douala, Yaoundé; Adamawa, Nord, Extreme-nord ; Centre, sud Est; Ouest,
Littoral; Nord-ouest et sud-ouest.
, '
Evaluation des données : Habituellement, les données de l 'EDSCII sont
corrigées avant d'être publiées. Nous pouvons donc à priori affirmer que les
données que nous utilisons sont de bonne qualité. Nous now~ attarderons
cependant sur l'évaluation de la couverture en ce qui concerne les variables
sélectionnées pour notre fichier d'analyses, mais aussi une vari 1.ble capitale
pour notre étude qui est l'âge de l'enquêtée.
8, ~:~~
J!l 4,00
5i 3,00
~ 2,00
&. 1 ,00
0,00
0 20 40 60
Age de l'enquêtée.
individuel déclaré
Après regroupement des femmes par groupes d'âges nous avOJ tS obtenu la
courbe lissée suivante.
. -- ------ ------·-----
Répartition des femmes par groupes d'âges
quinquenaux
Ill
&30 ~------------~--~~
~ 20 r-----~-:;;....:~:.:..:31
~ 10
5 0 -~--~----~~--~~~~~~~~~
Q. 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49
Groupes d'âges
Sur les 6000 femmes recensées, 5501 ont été enquêtées soit un taux de
couverture égal à 95%. Dans l'ensemble, le taux de couverture e: t acceptable
mais plusieurs variables telles celles liées à l'exposition aux médias, celles liées à
l'efficacité du système sanitaire ont enregistré des taux assez élevé~ de réponses
négatives ce qui les rends non pertinentes pour l'explication ·ies modèles
retenus. Ces variables ont par conséquent été suppriméés. Le tatleau suivant
donne la répartition des variables selon les effectifs de personnes a:, ant répondu
par variable spécifique.
Des taux de non-réponse très élevés nous ont obligé à ne pas tenir en
considération des variables déterminantes pour notre étude. C'est le cas des
variables relatives à l'exposition aux médias et aux types de méthodes de
contraception modernes utilisées.
Une autre limite à notre étude est l'inadaptation de l'EDSCII à nos objectifs. La
définition d'un besoin non satisfait qui est l'écart entre les aspirations et les
réalisations des femmes en fécondité suppose que les besoins r on satisfaits
soient exprimés en termes de grossesses non désirées en tant qu~ résultat de
difficultés d'accès proprement dits aux méthodes de planitïcation familiale en
l'absence de la cause. Une difficulté d'accès peut se traduire par l'absence de
connaissance des méthodes ou des points d'approvisionnement, uais aussi le
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 43
l'EDSCII disposait de deux variables qui nous ont permis de mesurer l'échec de
la planification familiale. Et leur configuration nous a obligé à séparer les
besoins non satisfaits se traduisant par des grossesses non désirées que nous
avons appelé besoins non satisfaits des autres qui se retrouvent mêlés au non
recours volontaire à la contraception moderne.
Nous allons recourir pour L'analyse des données, à deux logiciels, EXCEL pour
la construction des courbes, et autres graphiques puis à SPSS /PC sous DOS
pour les analyses. Conformément à nos objectifs, nos analyses seront non
seulement descriptives mais aussi explicatives.
Y/X Tl 'n YJ
la procédure suppose qu'on résolve le problème selon la logique suiv mte du test
d'hypothèses :
HO : X et Y sont indépendantes.
Si les variables X et Y sont indépendantes, l'effectif nij qui désigne les individus
qui présentent simultanément la modalité xi de la variable X et la m0dalité yj de
..
la variable Y peut être obtenu à partir des effectifs marginaux ni. et n.j par la
La planification tàmiliale au Cameroun: Les facteurs limitants 45
relation nij =nj.* n.j/ni. Or pour l'instant on ne sait pas encore si X et Y sont
indépendantes. C'est ce qu'on cherche à vérifier.
La distance d ainsi calculée suit une loi de chi2 à (k-1)(p-1), degrés de liberté (les
tables des valeurs et de probabilité de cette loi de chi2 existent).
Au seuil de signification (ou d'erreur) de niveau (très souvent & = 5%) fixé par le
chercheur, on entre dans la table de chi2 à (k-1)(p-1) degrés de liberté pour lire
la valeur de chi2 théorique. On la compare avec la distance d calculée. Le chi2
théorique vérifie la relation suivante : P(x2>x2t) =$.
Cela signifie que les écarts entre les effectifs théoriques n'ij et les effectifs
observés nij ne sont pas très différents (statistiquement ). Ces écarts sont
imputés aux seules fluctuations de l'échantillon et non à une réalité du
phénomène étudié. Dans ce cas, on ne peut rejeter l'hypothèse nulle selon
laquelle X et Y sont indépendantes au seuil de signification&.
Ici par contre, la distance dépasse le chi2 lu. Donc les écarts entre les effectifs
..
théoriques n'ij et les effectifs observés nij sont si statistiquement différents qu'on
ne peut les attribuer aux simples fluctuations de l'échantillon. En réalité, il y a
beaucoup de chance que X et Y soient liées statistiquement au seuil d'erreur &
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 46
(on ignore cependant la nature de la relation, ce n'est même pas l'objet du test
de CHI2 . Donc on rejette l'hypothèse nulle selon laquelle X et Y sont
ir:dépendantes.
La validité du test de chi2 dépend des effectifs observés nij. Il faut que les
effectifs de chaque case du tableau croisé dépassent 4;(nij>4). Ainsi, il est
parfois nécessaire de faire le regroupement de certaines modalités pour pallier
au contra\re. Mais souvent, il suffit de pondérer l'échantillon par une constante
n pour rendre le test du chi deux valide.
Le test du chi d eux n'est qu'une analyse bivariée entre deux variables. Or, la
réalité étant complexe, on cherche à appréhender à travers un certain nombre de
variables la réalité pour en apprécier les interactions.
- La régression Logistique :
Soit une variable dépendante et Xi (i=1,2, ... ,n) n variables indépendantes. Les
variables utilisées (Y) sont dichotomiques (Prends la valeur 1 pour la modalité
étudiée et 0 si non). Soit Pla probabilité pour que l'événement Y=1 se réalise.
Pour ce modèle, il y a une probabilité de chi2 qui est fournie dont l'interprétation
est semblable à celle du modèle de régression linéaire. Pour chaque coefficient
Bi est associé une probabilité qu'on compare au seuil de signification fixé. Tout
comme pour la régression linéaire, la variable indépendante Xi a une incidence
significative sur Y si la probabilité associée à Bl est significative par rapport au
seuil d'erreur (C'est- à- dire que cette probabilité est inférieure au seuil fixé par
le chercheur).
Les coefficients Bi (i=l,2, ... ,n) permettent d'obtenir les Odds c'est à dire eBk qu1
sont faciles à interpréter. Si Bi est positif. eBi est supérieur à 1, cela signifie
que les individus de la modalité considérée de la variable explicative ont (ebi.l)
plus de chances que leurs homologues de la modalité de référence de subir
l'événement étudié (Plus de chances pour que l'événement Y=l se produise. En
revanche, si Bi est négatif, les individus de la modalité considérée de la variable
explicative ont (eBi.l) plus de chances que leurs homologues de la modalité de
référence de subir l'événement étudié (en fait, les premiers ont (1-eBi) moins de
chances que les seconds de subir l'événement étudié Y=l). Les résultats de la
régres~ion logistique s'interprètent de la manière suivante : Si la variable
dépendante Xi augmente de eBi unités traduisant ainsi les influences de la
variable Xi sur la variable dépendante. D'où l'interprétation du signe (-) pour
signifier la baisse du risque moyen et le signe (+) l'augment. ttion du risqùe
moyen. Par ailleurs, si le modèle comporte une seule variable indépendante X
avec des modalités Xl, On peut calculer le risque de connaître l'événement si
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 48
Si nous notons ai, le risque relatif de la modalité Xj, alors aij vaut :
Pour calculer aij, on remplace Bj par 0 dans l'expression de aij (Xr désignant la
modalité de référence de la variable indépendante X).
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 49
Dans notre échantillon, on note un grand déséquilibre entr!=! les femmes qui ont
un besoin non satisfait et celles qui ont recours avec succès à la contraception
moderne. Effectivement la grande majorité des femmes qui, au moment de
l'enquête ont eu à utiliser ou utilisaient une méthode moderne de contraception
pour espacer ou limiter les naissances ont un besoin non satisfait; Soit 82,4%
des femmes d'après les données et 17,6% seulement qui utilisent avec succès la
--·- ---..1
.,._. non -•ils
[;_;
.,._. Mlilf-'11
'.
--- -- --- ·-
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 50
En général, ce sont les femmes dont le niveau d'instruction est le plus élevé qui
ressentent plus les besoins non satisfaits. Ainsi, les femmes qui ont atteint un
niveau d'instruction supérieur enregistrent 86, 17% de besoins non satisfaits
contre 84,8% pour celles ayant atteint le niveau secondaire. Les femmes qui ne
sont jamais allées à l'école expriment par contre plus de besoins LOn satisfaits
81,77% que celles qui ont atteint le niveau d'instruction primaire 78,73%. Le
test du Chi2 qui révèle d'autre part, une forte association entre l'instruction de
l'enquêtée et son accès à la planification familiale donne 0,00218.
Comme pour les femmes, peu de conjoints ont franchi le cap du supérieur. La
plus part, c'est à dire 41,5% des conjoints ont un niveau d'instruction
secondaire, 29% ont un niveau d'instruction primaire 14% des conjoints n'ont
aucun niveau d'instruction alors que 10% seulement des conjoint:;; ont atteint le
supérieur.
l'occupation révèle de faibles différences, les femmes qui exercent d '1ns le secteur
non moderne enregistrent le plus de besoins non satisfaits 84,45 Yo de besoins
non satisfaits. Les femmes sans emploi semblent par contre
proportionnellement moins nombreuses à avoir des besoins n )ll satisfaits,
81,43% comparativement à celles du secteur moderne 82,15.
Tableau 3.1.1 : La r é partition d e l'accès des femmes à la planificat i on famil i ale selon le
statut socio-économique.
ACCES A LA PLANIFICATION FAMILIALE
o=
Le statut socio-économique
Chi2
Instruction conjoint
Cbi2
Occupation
·-
sans emploi 145 18,57 636 81 ,43 781 30,6
Chi2 0,38834
un âge compris entre 20 et 24ans. Les femmes d'âge égal à 25-2Ç ans et celles
qui au moment de l'enquête avaient un âge compris entre 30-34 ans sont
représentées à des proportions presque égales; 12,3% et 12,7% respectivement.
Les femmes qui sont âgées de 35-39 ans comptent pour 8,8% et celles qui ont
un âge compris dans le dernier groupe décennal comprenant dans l'~nsemble les
femmes les moins représentées, elles comptent pour 4,2%.
Les tendances pour l'âge confirment les faits suivants, à l'exemptio~ du dernier
groupe, plus l'âge augmente plus les femmes ont des besoins non satisfaits. Il
est donc -normal que, les adolescentes enregistrent le moins de besoins non
satisfaits. Elles comptent pour 78,96% de besoins non satisfaits, elles sont
suivies par les femmes d'âge compris entre 20-24ans suivent avec 84,39% de
besoins non satisfaits. Dans le groupe d'âge suivant, (25-29a ns), Il é été recensé
84,08% de besoins non satisfaits. Viennent ensuite logiquement, les femnies
d'âge compris entre 30-34 ans avec 86,46% de besoins non satisfa its. La plus
forte proportion de besoins non satisfaits (87, 11 %) a été enregistrée dans le
groupe des 35-39 ans. Chez les femmes les plus âgées (40-49ans ) il a été
recensé 83,96% de besoins non satisfaits contre 16,04% de besoins satisfaits.
On peut dire d'après cette répartition qui privilégie les adolescentes e t d'après la
revue de la littérature, que ces femmes sont par effet de génération plus
accoutumées à la contraception moderne parcequ'elles fréquentent plus les
centres de santé. L'explication que l'on peut donner à la tendance observée pour
la catégorie des femmes dont l'âge est compris entre 20-24ans e ~t que, ces
femmes, ont déjà une certaine parité survivante et, presque fin de vie génésique,
veulent marquer une pause. Il ne sera pas étonnant que l'on retrou ve dans ce
groupe, la majorité de celles qui sont indécises en termes de mot ivations en
1écondité.
Dans notre écha ntillon, on note cependant une précocité des rapports sexuels.
Pour 76,6% des femm·es, les premiers rapports sexuels ont lieu avant 20 ans
dont 20% avant 15 ans et 56,1% entre 15 et 19 ans. Une proportion très faible
de femmes a son premier rapport après 19 ans, soit 9,1%.
chi2 0,0019
Chi2 0,20093
connaissances au même titre que celui qui a été socialisé sous des cieux plus
favorables.
Les femmes du nord qui 79,33% de besoins non satisfaits constituent le groupe
qui recoure le plus avec succès à la planification familiale. Ces femmes sont
suivies par les femmes anglophones, qui enregistrent 80,16% de besoins non
satisfaits, viennent ensuite, les femmes bétis, avec 81, 65% de besoins non
satisfaits, puis, les femmes du littoral et les bamiléké . Ces deux groupes
enregistrent les résultats les moins performants en termes de besoins satisfaits.
Les femmes du littoral enregistrent 84,8% de besoins non satisfaits. Tandis que
les femmes de l'ethnie bamiléké enregistrent 85,06% de besoins non satisfaits.
Le test du Chi2 qui donne 0,092 rend compte de l'association à 10% entre
l'ethnie et l'accès à la planification familiale.
Les tendances selon l'ethnie nous amènent à penser que, les besoins non
satisfaits sont en moyenne plus élevées dans les ethnies qui empiriquement
rassemblent la majorité des femmes instruites (Bamiléké, littor;d,. bétis) et
localisées en milieu urbain. Ceci vient confirmer l'évolution observée selon le
niveau d'instruction selon lequel, plus le niveau d'instruction est ékvé, plus les
femmes ont un besoin non satisfait car désireuse d'une faible parité.
Pour les femmes de :r:eligion musulmanes on peut faire une relation avec l'ethnie,
les femm~s du nord étant celles qui ont le plus de besoins non satisfaits, on
comprend aisément que ce soit la même chose pour les musulma:res. Pour les
protestantes, la revue de la littérature nous a révélé que, ces femmes recourent
plus en moyenne à la contraception et que leur religion est plus perr.üssive.
L'environnement social
Chi2 0,00165
Milieu de socialisation
Chi2 0,17105
L'ethnie
Chi2 0,0917
La r•ligion
CatholiqUes 182 15,7 977 84.3 1159 45,4
Chi2 0,0056
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 58
dire 68,2% n'ont pas été entretenues de planification familiale dans un centre de
santé, 31,8% y ont effectivement été entretenues de planification farr .iliale.
Le système sanitaire
La survie des enfants
Chi2 0
-
--
La capacité fon ctionnelle
a entendu parler de planning familial dans un centre de santé
Chi2 0,2975
-
femmes qui ne veulent plus d'enfants aient les mveaux les plùs élevés de
besoins non satisfaits puisque les besoins non satisfaits sont en n :oyenne plus
élevés là où les désirs d'arrêt de la procréation sont êlevés.
Tableau 3.1.5 La réparti ti on de 1' accès des fenunes à la planificê ti on familia:. e selon les
motivations en fécondité.
La motivation
veut encore des eniants 328 19,13 1387 80,87 1715 67,2
Chi2 0,01442
..
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 61
-- ··-·-- -------- -·
~
-
'.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 64
Tableau 3.2.1: La répartition des intentions contraceptives selon le statut socioéconom~ ·ue.
Chi2 0.00001
Instruction du conjoint
Chi2 0,00003
Occupation de l'enquêtée
Chi2 0,04095
L'âge de 1' enquêtée : Le test du Chi2 révèle une absence d'asso~ :iation
L'âge aux premiers rapports sexuels : Le test du chi2 révèle un·~ forte
association (0,00021) entre l'âge aux premiers rapports sexuels et les vc ontés
futures des femmes en matière de contraception. 56, 1% des femmes onl eu le
premier rapport pendant l'adolescence, 20,5% des femmes ont commencé la vie
sexuelle avant 15 ans et, 9,1% après 19 ans.
La répartition des femmes selon l'utilisation des méthodes modernes, révèJ : que,
les femmes qui ont débuté leur vie sexuelle pendant l'adolescence enregist ~nt le
meilleur score favorable aux méthodes modernes,45,46% de ces femmes v ~ulent
des méthodes modernes contre 42,94% des femmes à début précoce (av< nt 15
ans) de sexualité. Ces dernières sont suivies par les femmes qui eu les pr< miers
rapports sexuels après 19ans et qui comptent pour 42,92%.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 65
Tenant compte du fait que nous utilisons les données du moment, les f ~mmes
concernées ici peuvent être au moment de l'enquête dans le même groupe d'âge.
Si elles ont eu le premier rapport pendant l'adolescence et elles ont 1<? meilleur
écart favorable aux besoins non satisfaits, c'est parce que en général i:. existe
des informations pour elles dans la plupart des programmes, leur entrée en vie
sexuelle se fait généralement sous la pression des amis qui leur ~>ervent
Tableau 3.2.2: répartition des intentions contraceptives des femmes selon les facte~ s
démographiques.
Chi2 0,34603
Chi2 0,00021
aux · méthodes modernes. Ces deux groupes de femmes sont représentées selon
les proportions suivantes respectivement 46,92% de femmes Bétis qui veulent
utiliser des méthodes modernes et 46,50 pour celles du ·littoraL Elles sont
suivies de près par les femmes des ethnies situées dans les provinces
anglophones qui recensent 45,78% de femmes qui veulen : les méthodes
modernes Viennent ensuite, les bamiléké qui ont 40,53% des femmes désireuses
de recourir à la contraception moderne. Les femmes du nord avec 30,70% de
femmes qui veulent des méthodes modernes constituent le groupe le moins
réceptif aux méthodes modernes.
Les femmes Bétis et les femmes du littoral sont des ethnies localisées dans les
deux grandes métropoles du pays. On peut penser ici à l'influence du milieu de
résidence urbain plus favorable (F. Ngueyap in pillon 2000) à l'utilisation de la
contraception moderne. Les femmes anglophones, tiennent la palme pour le
deuxième groupe ces femmes sont même plus réceptives aux méthodes
modernes que les bamiléké, généralement plus instruites mais .dont le contexte
culturel pronataliste détermine sans doute le rejet de la contraception moderne.
Les femmes anglophones, empiriquement sont plus mêlées aux problèmes
d'émancipation de la femme et il est normal qu'elles soient plus réceptives aux
méthodes de planification familiale.
..
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 68
Tableau 3.2.3: répartition des intentions contraceptives selon les facteur ; culturels.
l'enwonnement social '=
~anables Veut des méthodes modernes Veut des méthodes non modernes total
Milmres1d Effect1fs Pourcentages Effect1fs Pourcentages effectifs pourcentages
Urbain 674 43,29 883 56,71 1557 61
Chi2 0,5917
le milieu de socialisation
Chi2 0,29710
L'ethnie
Le Chi2 0,00002
Religion
atholiques 501 43,23 658 56,77 1159
--15.4
!Protestants
·-
469 44,92 575 55,08 1044 !0,9
1Chi2 0,00549
Cette tendance plutôt normale nous amène à penser que, plus la 1 "lrité
survivante est grande, plus les femmes veulent recourir à la contrace .Jtion
moderne parce qu'ayant atteint leurs objectifs en fécondité, et ne veulent plus
d'enfants.
Tableau 3 .. 2.4 : répartition des intentions contraceptives des femmes selon l'influence du sy tème
sanitaire.
Le système sanitaire
Le nombred'enfants survivants
rvariable Veut des méthodes modernes Veut des méthodes traditionnelles Total
Chi2 0
La capacit~ fonctionnelle
A entendu parler de planification familiale dans un centre de santé
Chi2 0,297
3.2.4.Les mot~vat~ons :
3.2.4.1. Préférences en fécondité
Les intentions futures Cette variable qui rend compte des intenr ons
futures des femmes en fécondité révèle qu'elles sont fortement corre .ées
(0,0002%) au recours à la planification familiale. Par ailleurs, 67,5% des fen: nes
veulent un autre enfant. 28,1% n'en veulent plus et 4, 7% sont indécises.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 70
Variable Veut des méthodes modernes Veut des méthodes traditionnelles Total
Voulez vous un autre enfants effectifs Pourcentages Effectifs pourcentages effectifs pourcentage!
Chi2 0,()()()()
CONCLUSION PARTIELLE :
La description des variations différentielle de l'échec de la planification familiale
dont il était question dans ce chapitre nous aura permis de dégager les variables
indépendantes significativement corrélées avec la variable dépendante. Les
tendances observées nous font croire que, les besoins non satisfaits sont plus
répandus chez les personnes qui présentent les caractéristiques de la
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 71
modernisation, mais aussi, celles qui sont plus désireuses d'une faible parité, et
plus susceptibles de recourir à la contraception moderne.
On a donc pu constater une association significative au seuil de 5% entre les
variables dépendantes et la plupart des variables explicatives à l'exemption du
milieu de socialisation qui n'est même pas significatif à 10%,ainsi que la capacité
fonctionnelle . Ces deux variables ne sont corrélées à aucune des deux variables
dépendantes. En dehors de ces deux variables non corrélées aux deux variables
dépendantes, l'occupation de l'enquêtée et l'âge au premier rapport sexuel
n'influencent pas l'accès à la planification familiale tandis que pour le recours à
la contraèeption moderne, l'âge de l'enquête et le milieu de résidence ne sont pas
significatifs. Les relations décelées sont simplement brutes dans la mesure où
les variables n 'ont été prises que deux à deux. Le chapitre suivant se préoccupe
de d'intégrer les effets des autres variables.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 72
Les variables sont intégrées progressivement car nous avons opté pour la
procédure cc pas à pas ,. qui consiste à introduire jusqu'à la dernière les variables
l'une après l'autre dans le modèle de façon à évaluer l'effet de chacune d'elle sur .•
les autres. La méthode pas à pas nous est d'autant plus importante qu'elle
permet d'avoir une idée du mécanisme d'action des facteurs concernés par
l'itinéraire qu'elle trace. Ainsi, lorsque nous introduisons une variable dans le
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 73
.
moins à l'explication de la variable dépendante. Si par contre, le niveau de
prédiction du modèle reste statique cela veut dire que, cette variable ne
contribue pas plus que les précédentes à l'explication du modèle.
Nous aurions pu opérer le choix des variables à inclure dans le modèle explicatif
à partir des variables ayant un lien significatif au seuil de 5% qui est le seuil
généralement admis pour les études en sciences sociales. Le choix aurait pu
consister à éliminer toutes les variables non significatives. Il s'agit
indépendamment de la variable dépendante concernée, du milieu de
socialisation, de l'occupation de l'enquêtée, du nombre d'enfants survivants, de
l'âge aux premiers rapports sexuels, ainsi que les intentions en fécondité.
Nous avons choisi de les maintenir dans le modèle pour ne pas perdre des
informations peut être utiles pour notre étude, car des variables non
significatives au niveau des effets bruts, peuvent en présence d'autres variables,
influer sur la variable dépendante de façon indirecte. Ce qui signifie que, la
relation entre une variable non significative au niveau des effets bruts avec la
variable dépendante passe par une autre, ou alors, le lien entre cette variable et
la variable dépendante dépends des autres variables.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 74
4. 3. Interprétation des
résultats
Nous savons grâce à la revue de la littérature que, les hommes sont en moyenne
plus informés que les femmes et que leur apport est très important pour la
jugulation des besoins non satisfaits. Tous ces acquis étant corrélés à
l'instruction, on peut dire que, plus les hommes sont instruits, mieux ils sont
informés, approuvent la planification familiale et y participent. Les résultats
précédents rendent donc compte de l'absence de l'apport qu'aurait pu apporté
un mari plus instruit mais aussi, des limites liées à la faiblesse de son
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 75
L'occupation n'est pas significative à 10% pour les effets bruts. Son influence
se ressent en présence des autres variables dès l'introduction de l'instruction
des conjoints. Et, de manière générale, les femmes sans emploi n'ont pas un
comportement différent de celles qui exercent dans le secteur non moderne.
Celles par contre, qui exercent dans le secteur moderne ont moins de chances
que les femmes qui ont un emploi non moderne d'avoir un besoin non satisfait.
Les deux groupes de femmes sont les plus concernés par les besoins non
satisfaits car c'est dans ces groupes que les désirs de procréation sont le moins
grand . Ces désirs sont soit liés à l'espacement des naissances soit à la limitation
des naissances. Les femmes de la classe intermédiaire (25-29 ans), ayant atteint
une certaine parité veulent marquer une pause en espaçant tandis que, celles de
la dernière cl~sse d'âge veulent limiter les naissances(Nations unies, 1980). Et,
compte tenu de l'effet de génération qui défavorise les femmes âgées, il est
normal que les femmes du dernier groupe d'âge, dans leur tentatives d'arrêt de
la procréation, enregistrent des niveaux plus élevés de besoins non satisfaits.
C'est à dire 3,33 fois plus de chances que les femmes dont l'âge est compris
entre 15-19 ans d'avoir un besoin non satisfait.
..
En présence du nombre d'enfants survivants, les besoins non satisfaits
augmentent avec l'âge tandis que pour le reste on observe une évolution en
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 77
courbe. Cette tendance qui confirme la liaison entre l'âge et la parité, nous
amène à dire que, les femmes de 25-29 ans sont les plus sujettes aux besoins
non satisfaits parmis les cohortes les plus jeunes. L'explication que nous
pouvons donner est puisque celles-ci sont encore en âge de procréer ont réalisé
un niveau déterminé de fécondité et veulent marquer une pause.
Pour les effets bruts, où l'on peut considérer que tous les autres facteurs sont
égaux, c'est à dire que le contexte culturel est le même, ainsi que l'accès aux
services de santé, et à motivations égales, les femmes qui entrent précoc'ement
en activité sexuelle c'est à dire avant 15 ans ont comparativement aux autres
femmes 0, 25 fois plus de chances d'avoir un besoin non satisfait.
En gros, la tendance générale pour les modalités significatives révèle que, les
femmes dont l'âge aux premiers rapports sexuels est supérieur à 19 ans ont un
risque plus élevé que les autres d'avoir un besoin non satisfait. Ce risque
augmente progressivement à chaque fois qu'une variable socioculturelle est
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 78
Cette situation peut s'expliquer par le fait pour les femmes bétis d'être en
moyenne plus précoces que les autres. Ces femmes sont en activité sexuelle
assez tôt et atteignent conséquemment une parité élevée lorsqu'elles sont
encore très jeunes d'où sans doute les désirs d'arrêt de procréation et les
résultants risques élevés de besoins non satisfaits comparativement à celles de
l'ethnie bamiléké où les femmes sont plus instruites et où par ailleurs, les fortes
parités sont encouragées.
Le modèle final suggère au contraire que les femmes du nord ont le risque bien
que faible de 1,01 fois plus de chances d'avoir un besoin non satisfait .•
comparativement aux femmes bamiléké. Cette inversion s'observe dès
l'introduction dans le modèle de la capacité fonctionnelle du centre de santé et
de la motivation. On peut alors dire que les tendances observées pour les
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 79
femmes bétis s'améliorent avec l'offre des services tandis que ce même
paramètre agit en défaveur des femmes du nord. Le fait pour les femmes du nord
d'être plus sujettes aux problèmes de besoins non satisfaits que les autres
soulève un problème culturel très crucial. Dans ces cultures très pudiques, et
conservatrices les attouchements auxquels se livrent les prestataires sont mal
accueillis ce qui n'encourage pas toujours les femmes à recourir à la
planification familiale. Par ailleurs, ces femmes sont en moyennes moins
instruites que les femmes des autres ethnies et du fait de leurs activités
culturelle~ plus exposées aux risques d'arrêt d'utilisation de la contraception
moderne pour les effets secondaires. Avec ces handicaps, les effets du
programme de planification familiale jadis institué dans cette partie du pays ne
sont pas très perceptibles.
Pour la même religion musulmane, les risque pour la femme d'avoir un besoin
non satisfait baisse en présence du système sanitaire. Pour cette modalité, les
musulmanes ont comparativement aux catholiques, 0,68 fois plus de chances
d'avoir un besoin non satisfait.
Le milieu de résidence agit cependant pour les effets bruts mais aussi en
présence du système sanitaire si l'on ne tient pas compte de la motivation. Et la
tendance dit que, les femmes qui résident dans le monde rural enregistrent des
risques plus élevés d'avoir un besoin non satisfait. Ceci vient confirmer les
résultats précédemment tirés des tableaux croisés entre l'instruction et le milieu
de résidence. Les femmes sans niveau d'instruction et celles de niveau
d'instruction primaire résident en majorité dans le secteur rural. Il se pourrait
donc que, les tendances observées pour le monde rural soient liées au fait que
ces femmes soient de niveaux d'instruction bas. Comparativement à celles qui
résident en ville et dont la majorité a atteint le secondaire ou le supérieur.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 81
LE STATUT ECONOMIQUE
L'INSTRUCTION DE L'ENQUETEE
Secondaire ret ret ret ret Ref Ref ret ret ret ret ret re
Superieur 0,8987 0,7036 0,7381 0,7726 0,7238 0,7581 0,742 0,7434 0,7294 0,6589 0,6723 0,6845
Instruction du conjoint
Sans 1,8667""" 1,1667 1,139 1,1176 1,1454 1,079 1,013 0,9642 0,9599 0,9566 0,6399 0,6369
instruction
Primaire 0,9842 0,7444 0,729 0,7239 0,7358 0,741 0,7323 0,715 0,7174 0,7622 0,845 0,8427
Secondaire ret ret ret ret Ref R"ef ret ret ret ret ret re
Superieur 0,7211 0,9547(ns) 1,0176 1,0133 0,9845 0,9817 0,9999 1,0165 1,0171 0,9142 0,7873 0,7813
Occupation de l'enquètêc
Sans emploi 1,0489 0,9113 0,9003 0,8911 0,8831 0,8324 0,8773 0,8823 0,8672 0,8185 0,8192
Emploi non ret ret ret ret Ref ret ret ret ret ret ret ret
modeme
Emploi 0,8474 0,6271" 0,6167" 0,5901" 0,5793"" 0,5738"" 0,5985" 0,6042" 0,5423 .. 0,4291"" 0,4209""
moderne
L'Age de l'enquêtée
15-19 ans ret ret ret ret Ref ret ret ret ret ret ret re
20-24 0,6901". 0,6758 0,6585" 0,6481" 0,6386" 0,6509" 0,663 0,8729 0,891 0,8789
25-29 0,7065". 1,0497 1,0109 1,0211 1,0202 1,0393 1,0705 2,0241""" 2,3886".. 2,2520..
30-34 0,5841··· 0,8196 0,799 0,8183 0,8081 0,8345 0,8584 2,0446 .. 2,0002" 1,845
35-39 0,5519""" 0,9084 0,8772 0,9084 0,9035 0,9258 0,9533 2;7276"" 3,1586··· 2,7493
40-49 0,7125 1,1498 1,1173 1,1992 1,2195 1,2496 1,2646 3,7515- 4,9143- 4,3269...
Avant 15 ans 1,25" 1,1258 1,1126 1,1183 1,1187 1,1191 1,1208 0,9949 0,9749
Entre 15-19 ret ref ret ret Ref ret ret ret ret ret ret re
ans
Après 19 ans 1,23 1,8045"" 1,8626"" 1,8712"" 1,8750.. 1,9031 .. 1,5833 1,7409 1,7281
L'ethnie
La religion
Catholiques Ref ret ret ret Ref ret ret ret ret ret ret ret
Le milieu de résidence
Urbain Ref ret ret ret Ref ret ret ret ret ret ret ret
Le milieu de socialisation
Urbain Ref ret ret ret Ref ret ret ret ret ret ret ret
Entre 3 et 5 Ret rel rel ret Ret rel rel rel ret rel ret ret
,
Plus de 5 0,37 0,2911- 0,2131·~ 0, 1977~·
enfts survivts
La capacité fonctionnelle
Non Rel rel ret ret Ret ret rel rel rel rel rel re
• significatif à 10% •• Significatif è 5% ·-significtif è 1% , Le reste des variables ne sont pas signiifcatives. Rel =modalités de référence.
Pouvoir 0,82,37% 88,14 88,13% 88,13% 88,12% 88,12% 88,11% 88,11% 88,11% 88,29'.4 89,64% 89,45%
prédictif du
modèle
..
·,
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 83
D'après l((s tendances, les femmes qui ont entre 0 et 2 enfants survivants ont
un risque à chaque fois plus élevé, celles ayant 6 enfants et plus un risque
moins élevé d'avoir un besoin non satisfait. Les risques sont moins élevés au
dernier modèle pour les femmes qui ont moins de deux enfants survivants soit
1,17 fois plus de chances et 0,80 fois moins de chances pour celles qui ont les
parités survivantes les plus élevées, d'avoir un besoin non satisfait. Cette
situation apparemment contraire aux attentes peut s'expliquer par l'effet de
génération. Les femmes les plus âgées sont peut être celles des périodes ou
l'infécondité sévissait en afrique.
On peut ici parler de l'effet de génération qui se traduit par l'absence pour les
femmes âgées, comparativement à celles qui le sont moins, de connaissances,
d'habitudes.
Cette variable enregistre aussi l'un des niveau de prédiction les plus élevés
89,45% mais la variable n'est significative qu'au niveau des effets bruts. Et
d'après les tendances, les femmes qui ne veulent encore des enfants ont des
risques plus élevés que les autres d'avoir un besoin non satisfait. En effet, les
femmes qui ne veulent plus d'enfants ont 0,26 fois moins de chances et, celles
qui sont indécises, 0,40 fois moins de chances que celles qui veulent un autre
enfant d'avoir un besoin non satisfait.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 85
'.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 88
du mo Ml M2 M3 MS M4 MS MS M7 M8 M9 MIC
L'instruction de l'enquêtée
1,67".. 1,4406** 1,4449** 1,5091** 1,5152** 1,2913 1,2761 1,1937 1,2009 1,2664 1,0086 1,022€
ion
'
0,91 0,9366 0,9406 0,9621 0,97 0,9357 0,9419 0,9027 0,9086 0,9521 O,ll699 1,00Q;;
~
Ret rel rel ret Rel Rel rel rel rel ret rel re!
0,61 .. 0,5199- 0,5207** 0,5189 .. 0,5148** 0,5129** 0,5234- 0,5232.. 0,5209* 0,4oso-· 0,2916 0,2724* ..
L'instruction du conjoint
1,84*.. 1.4381* 1,4189. 1,4397" 1,4381* 1,3191 1,3131 1,2614 1,2611 1,2569 1,0758 1,08
0,84 0,8321 0,8411 0.8466 0,8432 0,6525 0,8511 0,6346 0,8355 0,8605 0,8435 0.8395
~
Secondaire Rel ret rel rel Rel Rel ret ref rel ret ref
L'occupation de !m'enquêtée
loi 1,23** 1,1228 1,078 1,0746 1,0417 1,0563 1,1048 1,1065 1,0781 1,2354
Ref ret rel rel Ref Ret ref ret ret ref ref
moderne
Emploi 0,97 0.9767 0,9876 0,9723 0,9665 0,9738 1,0092 1,0106 0,9611 1,17 1,2019
mode me
Les caractéristiqes démographiques
15-19 ans Rel rel ret rel Rel Rel rel rel rel rel rel ret
20-24 0,87 0,9825 0,9705 0,9815 0,987 1,0003 1,0034 1,3272* 1,5171 .. 1,6113*
25-29 0,82 0,8206 0,8135 0,8189 0,6256 0,6366 0,6411 1 ,3593* 1,4581* 1,7546..
34 0,80* 0,8424 0,6361 0,8623 0,6743 0,8955 0,9002 1,6020** 1,5240• 2, 1659**•
39 0,80 0,7623 0,75487812 0,7889 0,8011 0,806 1,5156* 1,8051** 2,9900 ...
0,92 0.8652 0,8591 0,9422 0,956 0,9762 0,9781 1 ,8196** 1,6014 2,9226*..
15- Rel rel rel rel Rel Rel ret rel rel ret rel re
du
~1
0,9755
~~;:es 1,57*.. 1,1472 1.22 1.2114 1,2126 1,264
d
~
0,82 0,7996 0,8306 0,807 0,8063 0,8145 0,8534
Rel rel rel rel Rel Rel rel rel rel rel rel rel
la religion
~
rel eff Rel
·~~
catholiques rel rel Rel rel rel rel
E
1,21
!
l'enVIronnement social
le milieu de rés1dencEJ
!Urba•n Rel rel rel rel Ref Rel rel rel ref rel rel Re
1.~
!Urba1n Rel rel rel rel
le système saniyta~re
~
s
3 Rel rel ref re
la motivation
Conclusion générale et
recommandations
CONCLUSION GENERALE : Notre étude avait pour but, d'identifier les facteurs
qui ont limité le succès de la planification familiale au Cameroun. Pour le faire,
nous sommes partis de trois hypothèses. Premièrement, nous avons supposé
que le contexte socioculturel camerounais habituellement pro-nataliste était la
'
cause de l'échec, deuxièmement nous avons pensé au temps. Nous avons enfin
pensé à l'influence que pouvait avoir le système sanitaire sur la planification
familiale. Noss hypothèses ont été testée grâce à la deuxième enquête
démographique du Cameroun.
Notre étude s'est articulée autour de quatre chapitres, dont le premier concerne
le cadre Théorique. Le chapitre comprends deux parties, la revue littéraire qui
nous a permis d'avoir une idée de ce qui a été fait auparavant dans le domaine
d'études qui nous intéresse; le cadre conceptuel qui rend compte de la logique de
notre étude. Le deuxième chapitre concerne la méthodologie que nous avons
choisie, le troisième chapitre traite de l'étude descriptive des femmes selon leur
comportement en planification familiale. Le quatrième chapitre traite des
déterminant de l'échec de la planification familiale. Il incorpore la conclusion et
..
les recommandations.
De la revue de la littérature sur l'échec de la planification familiale, nous avons
retenu les variables suivantes : L'instruction des conjoints et l'occupation pour
rendre compte du statut économique. L'âge au pre~ier rapport sexuel et au
moment de l'enquête comme caractéristiques démographiques. Les deux
ensembles de variables ont été regroupées sous le vocable des caractéristiques
individuelles.
En ce qui concerne le contexte socioculturel, les variables ont été réparties en
deux groupes : Les variables d'identification sociale (L'ethnie et la religion) ainsi
que l'environnement social(Le milieu de résidence et de socialisation). Pour le
système sanitaire, nous avons retenu la survie des enfants et la· capacité
fonctionnelle des centres de santé. Ces deux variables constituent le groupe des
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 93
L'amélioration des niveau d'instruction des couples surtout dans le grand nord
où l'on recense la majorité des femmes sans niveau d'instruction et qui
enresistrent les niveau les plus bas d'acceptation de la contraception moderne.
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 95
..
La planification familiale au Cameroun: Les facteurs limitants 96
I . RÉFÉRENCES .
ELISE .F. Jet al (1980), "Contraceptive efficacity: The significance of method and
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MONI NAG ( 1984), « Certains facteurs culturels influant sur les coûts de la
régulation de la fécondité >> in bulletin démographique des Nations unies NO 17,
Nations unies, pp.l7 -38.
NATIONS UNIES (1980), Facteurs qui exercent une influence sur l'emploi et le
non-emploi de méthodes de contraception. Résultats d'une analyse comparée de
certaines enquêtes KAP, Département des affaires économiques et sociales
'
internationales. Etudes démographiques NO 69, New York, 123 pages.
NEAL Kar Nair et Smith.L (1984), << Reason for not using contraceptives: An
international Comparison >> Studies in family planning vol15, No2 March/ April,
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Population reports, été 2000, « Helping women use the pill » Vol. XXVIII, N02, ,
series A No10, 31 pages.