Fiche Ad 3
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LA POLICE ADMINISTRATIVE
L’ESSENTIEL
La police administrative est une activité de service public dont l’objet est de prévenir les atteintes à l’ordre
public et d’y mettre fin. C’est essentiellement une activité de réglementation et non de prestations. Définie
comme une « condition d’exercice des libertés et de la réduction des inégalités » la police administrative se
manifeste à la fois par des activités matérielles (vérification d’identité) et par l’édiction de normes juridiques
de caractère réglementaire (réglementation de la circulation et du stationnement). A la diversité des mesures
de police il faut ajouter celle des autorités ayant compétence pour les édicter. Aussi étant une activité porte
souvent atteinte aux libertés, les pouvoirs de polices sont rigoureusement encadrés et contrôlés par le juge.
La jurisprudence, par deux arrêts de 1951 (CE, 11 mai 1951, Consorts Baud, et TC,
7 juin 1951, Dame Noualek), a érigé le critère finaliste pour distinguer la police
administrative de la police judiciaire. Ainsi, la police administrative a un rôle préventif
et de surveillance, elle est destinée à maintenir l’ordre public. À l’inverse, la police
judiciaire, à la lumière des dispositions du Code de procédure pénale, doit rechercher et
constater les infractions, rassembler les preuves et identifier les auteurs en les
appréhendant. Dès lors, la police judiciaire exerce sa mission sous la direction du
procureur de la République.
Limite de la distinction
L’ordre public est susceptible de revêtir deux formes. Il est « général » lorsque l’autorité de
police, en dehors de toute habilitation textuelle comme dans le cas du président de la République
et du Premier ministre, exerce sa compétence sur un territoire donné à l’égard de toute activité
et de toute personne. Il est « spécial » si un texte précise le champ d’application, le contenu ou
les modalités de mise en œuvre des pouvoirs de police. Cette distinction est fondamentale car
les procédures de police générale et de police spéciale sont le plus souvent distinctes. Par
ailleurs, toute autorité de police administrative n’est pas investie d’un pouvoir de police
spéciale.
Inversement, des autorités de police spéciale sont incompétentes pour garantir l’ordre public
général.
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La nature de la distinction
Par nature, et au contraire de l’ordre public spécial, l’ordre public général ne doit pas
nécessairement être défini, le juge s’assurant simplement que l’acte de police vise à prévenir
une atteinte à la sécurité des biens et des personnes. En réalité, seuls les pouvoirs de police
générale du Premier ministre ne font l’objet d’aucune définition textuelle. Il peut donc
déterminer les « mesures de police qui doivent, en tout état de cause, être appliquées dans
l’ensemble du territoire » (CE, 8 août 1919, Labonne). Comme la police administrative
générale, les polices administratives spéciales sont des activités de surveillance qui visent à
maintenir la paix sociale. Mais alors que la première remplit cette mission en protégeant
l’«ordre public», les secondes l’assurent généralement en régissant certaines activités
(affichage, cinéma, taxis, etc.) ou certaines catégories d’administrés (les étrangers, par exemple,
avec la police de l’expulsion des étrangers, réglementée par l’ordonnance du 2 novembre 1945
en France), ou en poursuivant des buts particuliers (protection de l’esthétique, de
l’environnement, du patrimoine culturel notamment) selon des procédures spécifiques (par
exemple, la police des édifices menaçant ruine).
Les titulaires du pouvoir de police administrative sont toujours des représentants d’une
personne publique. La jurisprudence refuse en effet que l’on puisse confier des pouvoirs de
police à une personne privée. La police administrative constitue une activité de service public,
qui ne peut faire l’objet d’une délégation à une personne privée. Ainsi, en matière de
stationnement, si l’exploitation du stationnement payant souterrain et en surface peut être
déléguée, la convention de délégation ne peut prévoir de mettre à la disposition du délégataire
les agents municipaux chargés de constater les infractions (CE, 1er avril 1994, Commune de
Menton). En outre, l’exercice de la police municipale, notamment en vue d’assurer la sécurité
sur les voies publiques, n’est pas délégable (CE, 29 décembre 1997, Commune d’Ostricourt).
L’arrêt du Conseil d’État Labonne du 8 août 1919 a dévolu initialement le rôle d’autorité de
police administrative générale au nom de l’État au président de la République, en lui assignant
la mission, « en dehors de toute délégation législative et en vertu de ses pouvoirs propres », de
prendre les règlements de police applicables à l’ensemble du territoire national. Cette
jurisprudence relative aux pouvoirs propres en matière de police a été confirmée par la
jurisprudence du CE, Ass., 13 mai 1960, SARL Restaurant Nicolas et celle CE, 2 mai 1973,
Association cultuelle des israélites nord-africains de Paris mais le bénéficiaire des pouvoirs est
devenu le Premier ministre, et non plus le président de la République. Le Conseil constitutionnel
a considéré que « l’article 34 de la Constitution n’a pas retiré au chef du gouvernement les
attributions de police générale qu’il exerçait antérieurement en vertu de ses pouvoirs propres »
(Cons. Const., 20 février 1987). Contrairement à une idée très répandue, le ministre de
l’Intérieur n’est pas une autorité de police générale, ce qui n’enlève rien à son rôle quant à la
direction des services de police et à la supervision du maintien de l’ordre public.
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b) Les préfets
Le préfet exerce le pouvoir de police au sein de son département (par exemple, la police de la
circulation sur les sections de routes nationales situées hors des agglomérations, en vertu du
CGCT) et dans certaines circonstances (maintien de l’ordre public si le champ d’application
des mesures dépasse le territoire d’une commune) ou en cas de carence de l’autorité municipale.
c) Les maires
Malgré tout, dans certaines hypothèses, lorsqu’une même menace de trouble à l’ordre public
est susceptible d’intéresser le maire au niveau municipal, le préfet au niveau départemental et
le Premier ministre au niveau national, il peut y avoir une action concurrente des autorités de
police. Dans ce cas, l’autorité de police la plus étroite géographiquement peut aggraver une
mesure de police prise par l’autorité de police générale ayant une compétence géographique
plus large, à condition que des circonstances locales justifient cette aggravation (CE, 18 avril
1902, Commune de Néris-les-Bains). Le cumul est donc possible, mais uniquement dans le
sens de l’aggravation. Une autorité territorialement plus étroite ne peut toutefois pas alléger
une mesure prise par une autorité à compétence territoriale plus large.
Le régime juridique
Si l’autorité de police peut réglementer même sévèrement des activités privées, elle ne doit pas,
en principe, aller jusqu’à adopter des interdictions générales et absolues. Plusieurs exemples
peuvent être cités : l’interdiction de vendre des journaux «aux abords » du stade Roland-Garros
pendant le tournoi (CE, 22 juin 1984, Société Le monde du tennis), l’interdiction des activités
musicales et des attractions de toute nature dans l’ensemble des voies et places de Paris
réservées aux piétons (CE, Sect., 4 mai 1984, Préfet de police c/ Guez) par exemple. Cependant,
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le principe de l’interdiction des mesures générales peut être écarté dans le cas où il est
impossible de maintenir l’ordre public par des mesures moins contraignantes.
Le juge administratif veille, quant à lui, à ce que les autorités de police administrative générale
ne portent pas atteinte à l’exercice d’une liberté publique, au-delà de ce qui est nécessaire au
maintien de l’ordre. Afin d’empêcher tout arbitraire de l’administration en la matière, il soumet
les actes à un contrôle dit « maximum ». Celui-ci consiste à vérifier la proportionnalité de la
mesure de police attaquée par rapport au motif invoqué par l’autorité administrative pour la
justifier. Toute disproportion, même légère, entraîne la censure de la mesure (CE, 19 mai 1933,
Benjamin). Pour le juge administratif, la liberté est la règle et la restriction de police l’exception.
Il vérifie si des mesures moins sévères n’auraient pas été suffisantes pour maintenir l’ordre
public. Dans le cas où des mesures moins contraignantes ne sont pas applicables, le juge peut
admettre la légalité d’une interdiction.
Au Sénégal, le juge a considéré que s’il incombe à l’autorité administrative compétente de
prendre les mesures qu’exigent le maintien de l’ordre public, elle doit concilier l’exercice de ce
pouvoir avec le respect de la liberté garantie par la Constitution (VOIR les affaires CS, 13
octobre 2011, Alioune Tine ; CS, 13 janvier 2015, Sidiya Bayo ; CS, 09 juin 2015, Lamine Bâ
et autres).
Le juge sénégalais a de façon constante rappelé à l’autorité administrative (le préfet en matière
de manifestation publique) que la loi 1978-02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions
publiques lui permet à son article 14d’interdire toute réunion publique (mais que) cette
interdiction ne peut intervenir que s’il existe les deux conditions cumulatives :
1----menace de trouble à l’ordre public
2----insuffisance des forces de l’ordre