Notes Semaine 1
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SECTION 1 – MODULE 1
Le système solaire est divisé en deux parties : une région interne incluant les planètes telluriques et une
région externe incluant les planètes gazeuses. Cette dichotomie est issue des processus de formation ini-
tiaux influencés par la différence de température à l’intérieur de la nébuleuse solaire.
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Ga = milliard d’années (Ma = millions, Ka = milliers)
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On accepte aussi 4,56 Ga qui est le moment où la planète avait probablement terminé sa croissance par accrétion de
matière.
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Famille de minéraux très abondante dans le manteau et la croûte terrestre (voir le module sur les minéraux).
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Silicium et aluminium
1914
1936
Accompagnant les ondes de volume, il y a aussi les ondes de surface (non représentées dans cette figure)
qui se regroupent en deux types : Love et Rayleigh. Celles-ci sont décrites dans la figure 1.2.15.
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La cartographie géologique, les forages en milieux océanique et continental et l’étude de la chimie des laves ou des
gaz s’échappant des volcans sont des moyens qui nous permettent de connaître la composition chimique de la lithos-
phère ou du manteau terrestre mais pour aller plus profondément, vers le centre de notre planète par exemple, nous
avons recours aux ondes sismiques.
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Figure 1.1.5 – La structure interne de la Terre déduite de l'analyse du comportement des ondes sis-
miques.
Les sismologues Mohorovicic, Gutenberg et Lehmann ont réussi à déterminer l'état et la densité des
couches de la Terre par l'étude du comportement des ondes sismiques, car leur vitesse de propagation est
fonction de l'état et de la densité de la matière. De plus, les ondes P se propagent dans les solides, les
liquides et les gaz, alors que les ondes S ne se propagent que dans les solides. Enfin, on sait aussi que
la vitesse de propagation des ondes sismiques est proportionnelle à la densité du matériel dans lequel elles
se propagent. La brusque interruption de propagation des ondes S à la limite entre le manteau et le noyau
indique que le noyau externe est liquide. L'augmentation progressive de la vitesse des ondes P et S en
fonction de la profondeur dans le manteau indique une augmentation de densité du matériel. La chute su-
bite de la vitesse des ondes P au contact manteau-noyau est reliée au changement d'état de la matière (de
solide à liquide), mais les vitesses relatives continuent d'augmenter, indiquant une augmentation des den-
sités. Le noyau contient une forte concentration d’éléments très lourds dont le fer et le nickel ce qui ex-
plique sa masse volumique élevée (>10 g/cm3) 5. La pression dans le noyau interne est si élevée que, même
avec des températures de plus de 4700°C, la matière s’y trouve à l’état solide. Par contre, la pression
moins importante dans le noyau externe pour des températures relativement similaires expliquerait l’état
liquide de cette enveloppe terrestre.
Plus en détail, au contact lithosphère-asthénosphère, on note également une légère chute des vitesses de
propagation des ondes P et S correspondant au passage d'un matériel solide (lithosphère) à un matériel
plastique (asthénosphère). (A) Structure interne de la Terre. (B) Vitesse de propagation des ondes sis-
miques de volume. (C) Densité du matériel déduite des vitesses de propagation des ondes sismiques.
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Le noyau est plus de 10 fois plus dense que l’eau.
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Il fallut attendre 1915 pour que soit évoquée l’hypothèse de la dérive des continents formulée par Al-
fred Wegener. Wegener (1880-1930 / photo A) était un scientifique possédant une large gamme de con-
naissances en géologie, géophysique, astronomie et météorologie. Armé de tout ce bagage, il a pu formu-
ler son hypothèse sur le déplacement des continents. Il avait observé la complémentarité des lignes cô-
tières entre l'Amérique du Sud et l'Afrique; il y conçut l'idée qu'autrefois l'Afrique et l'Amérique n'avaient
été qu'un seul et même bloc qui se serait fragmenté en deux parties pour s'éloigner l'une de l'autre. C'est
l’hypothèse de la dérive des continents. Wegener avançait des « preuves » pour appuyer sa « théorie »
mais il serait plus juste de dire qu'il apportait des faits d'observation qui pouvaient être expliqués par une
dérive des continents et non pas une théorie au sens strict. Ses observations reposaient sur quatre évi-
dences géologiques notées sur plusieurs continents et décrites dans les pages suivantes 6. Il faut dire qu’à
son époque les géologues et géophysiciens croyaient que la Terre, initialement en fusion, continuait à se
contracter dû au refroidissement. Cette perte de chaleur créait des forces de compression en surface en-
gendrant des plissements ce qui, à grande échelle, formait les bassins océaniques par affaissement et les
continents là où les terres émergeaient. (B) Croquis fait par Wegener montrant son idée de la Pangée.
Aussi, le géophysicien Wegener était bien au fait que la croûte continentale était plus épaisse sous les
chaînes de montagnes que sous les plaines, et que cette situation répondait au principe de l'isostasie qui
veut qu'il y ait un équilibre entre les divers compartiments de l'écorce terrestre dû aux différences de den-
sité. Il en conçut l'idée que les continents « flottaient » sur un médium mal défini et qu'ainsi ils pouvaient
dériver les uns par rapport aux autres.
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Wegener n’est pas celui qui a développé la théorie de la tectonique des plaques car, bien qu’il ait fait des observa-
tions et donner quelques hypothèses, il n’a pas su expliquer les mécanismes à l’origine de la dérive des continents.
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La reconstitution moderne, faite selon les limites des marges continentales plutôt que selon les lignes de
rivage, est présentée à la figure 1.1.9B.
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Pour comprendre ce principe de la fragmentation des masses continentales menant à la formation des océans, réfé-
rez-vous au module sur la tectonique des plaques.
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Figure 1.1.12 – La correspondance des structures géologiques entre l'Afrique et l'Amérique du Sud.
Enfin le quatrième argument de Wegener correspond au fait qu’en plus de la concordance entre les côtes
des continents, il y a aussi une concordance entre les structures géologiques à l'intérieur des conti-
nents, un argument lourd en faveur de l'existence du mégacontinent Pangée. (A) Situation géographique
actuelle des deux continents montrant la distribution des anciens blocs continentaux (boucliers) ayant plus
de 2 Ga. Autour de ces boucliers, les chaînes de montagnes plus récentes ont des âges allant de 450 à 650
Ma. Les traits indiquent le « grain » tectonique de ces chaînes, soit grosso modo l’alignement des mon-
tagnes. À remarquer, dans les régions de São Luis et de Salvador au Brésil (voir un atlas géographique), la
présence de petits morceaux de boucliers. (B) Le rapprochement des deux continents montre qu'en fait les
deux petits morceaux des zones de São Luis et de Salvador se rattachent respectivement aux boucliers
ouest-africain et angolais, et qu'il y a aussi une certaine continuité dans le grain tectonique des chaînes
plus récentes qui viennent se mouler sur les boucliers. L'image du puzzle planétaire est cohérente.
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Figure 1.1.13 – La correspondance des structures géologiques entre l'Amérique du Nord, l'Europe
et le nord de l’Afrique.
Les trois chaînes de montagnes, Appalaches (Est de l'Amérique du Nord), Mauritanides (nord-ouest de
l'Afrique) et Calédonides (Îles britanniques, Scandinavie), aujourd'hui séparées par l'océan Atlantique, ne
forment qu'une seule chaîne continue si on rapproche les continents à la manière de Wegener. Les géo-
logues savent depuis longtemps qu'effectivement ces trois chaînes ont des structures géologiques iden-
tiques et qu'elles se sont formées en même temps il y a entre 470 et 350 Ma.
Cependant, les contemporains de Wegener n'ont pas été convaincus de cette proposition révolutionnaire de
la dérive des continents et l'opposition fut vive. En fait, Wegener a démontré de façon assez convaincante,
qu'un jour, les continents actuels ne formaient qu'un seul mégacontinent, mais il ne démontrait pas que
ceux-ci avaient dérivé lentement depuis les derniers 200 Ma. Il démontrait bien que la répartition actuelle
de certains fossiles, de traces d'anciennes glaciations ou de certaines structures géologiques soulevaient
des questions importantes auxquelles il fallait trouver des explications. Mais ces constatations ne sont pas
suffisantes pour démontrer que les continents ont dérivé. Notons, qu'à l'inverse, si les continents ont déri-
vé, il est nécessaire qu'il y ait une continuité entre les structures géologiques, la répartition des fossiles, les
traces d’anciennes glaciations et les lignes de rivage. En conclusion, il faut signaler que l'hypothèse de
Wegener était une hypothèse génératrice de science, parce que les questions soulevées sont suffisamment
sérieuses et fondées sur des faits réels pour qu'on s'attaque à y répondre. Mais il aura fallu attendre plus de
quarante ans pour que les idées de Wegener refassent surface et qu'on se mette à la recherche du méca-
nisme de dérive qu'il lui manquait.
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Au milieu de l’océan Atlantique se trouve la crête médio-océanique qui correspond à une chaîne de mon-
tagnes s’étirant de l’est du Groenland jusqu’au sud de l’Afrique, dans l’océan Austral. Cette crête a un
relief de 2 000 à 3 000 m et une largeur est-ouest atteignant 1 500 km. Une étroite vallée, délimitée par des
parois abruptes, occupe le centre de cette crête. Des fractures ouvertes et des cônes volcaniques marquent
le centre de cette vallée qui se caractérise par la présence de coulées de laves relativement récentes. Cette
vallée est connue comme le rift océanique. Au-delà de la crête médio-océanique, on retrouve les plaines
abyssales au gradient de pente relativement nul et à des profondeurs de l’ordre de 4 000 à 6 000 m. Loca-
lement, des monts sous-marins isolés forment des pics étroits (attention à l’échelle verticale de la figure
qui étire verticalement les éléments identifiés) en s’élevant au-dessus de la plaine. Quelques-uns de ces
monts émergent comme ceux des Bermudes et du Cap-Vert, dans l’Atlantique, ou les îles d’Hawaii, dans
le Pacifique. À l’approche des continents, les fonds océaniques remontent relativement rapidement le long
de la pente continentale (ou talus continental) pour atteindre le plateau continental à pente presque nulle
et, enfin, le littoral.
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Le plancher océanique est fabriqué au niveau des dorsales par l’expulsion sur le fond marin de la roche en
fusion (magma). Le nouveau plancher océanique, créé par le refroidissement du magma, dérive de part et
d’autre des dorsales et va ultimement disparaître, plusieurs millions d’années plus tard, en plongeant dans
le manteau au niveau des fosses océaniques 8. Tout ce processus correspond à l’étalement des fonds océa-
niques et se déroule dans la presque totalité des cas en milieu océanique ce qui permet la déposition de
sédiments marins. Ainsi, l’épaisseur des sédiments à proximité des dorsales est très faible, voire nulle, car
les coulées volcaniques sont plus jeunes que celles situées à proximité de la fosse où cette couverture sé-
dimentaire est plus importante.
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Le terme géologique qui définit le plongement de la lithosphère océanique dans le manteau terrestre au niveau des
fosses océaniques profondes est « subduction ».
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Figure 1.1.16 – Les résultats des programmes DSDP (Deep Sea Drilling Project) et ODP (Ocean Dril-
ling Project).
Les résultats issus des deux programmes de forages en milieu océanique DSDP (initié en 1970) et ODP
(1983-2003) sont venus appuyer l’idée de l’étalement des fonds océaniques. Tous ces forages ont permis
de bien connaître la composition de la croûte et des sédiments qui la recouvrent, ainsi que l’acquisition
d’un volume important de données sur les âges des roches et des sédiments concernés. Ainsi, on a pu dé-
montrer que l’âge des basaltes 9 du plancher océanique ainsi que des sédiments les recouvrant sont de plus
en plus vieux à mesure que l’on s’éloigne d’une dorsale (concept de l’étalement des fonds océaniques).
Prenons comme exemple une carotte de forage provenant d’un site de la dorsale (Atlantique ou Pacifique,
peu importe) et qui aurait traversé toute la couche sédimentaire jusqu’aux laves (communément des ba-
saltes) de la croûte océanique à cet endroit. Supposons qu’on ait obtenu un âge de 5 Ma pour les basaltes;
il en sera ainsi pour les sédiments qui se trouvent immédiatement au-dessus des basaltes puisqu’ils se sont
déposés immédiatement après la formation des basaltes. Au fur et à mesure que l’on datera les sédiments
vers le sommet de la carotte, on obtiendra des âges de plus en plus jeunes, jusqu’à des âges récents. Pre-
nons la carotte d’un deuxième forage situé cette fois un peu plus loin de la dorsale; les basaltes y seront
plus vieux, ainsi que les sédiments immédiatement sur les basaltes, par exemple, 50 Ma. L’âge des sédi-
ments s’étalera de 50 Ma à aujourd’hui (récent) étant donné que ces derniers continuent à s’accumuler au
fond de la mer. Dans un troisième forage, plus près du continent que de la dorsale, l’âge des basaltes pour-
rait être de 110 Ma; l’âge des sédiments variera de 110 Ma à aujourd’hui. Cette répartition des âges de la
croûte océanique et des sédiments, de plus en plus vieux en s’éloignant de la dorsale, se vérifie dans des
centaines de forage, à la grandeur des océans, et vient appuyer la thèse de l’étalement des fonds océa-
niques.
Les sédiments qui s’accumulent en domaine océanique, loin des littoraux, sont essentiellement des parti-
cules pélagiques composées des restes d’organismes planctoniques (origine biogénique) et des argiles
rouges. Ces argiles sont des particules très fines produites lors de l’érosion continentale et entraînées vers
l’océan profond par les courants marins et, même, par les masses d’air.
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Un basalte est une roche volcanique foncée à grains fins (<1 mm) formée, dans bien des cas, au niveau des dorsales
océaniques.
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C’est ce puissant champ magnétique terrestre, qui s’étend jusqu’à environ 50 000 km en altitude, qui nous
protège des rayons cosmiques. Sans lui, le développement de la vie telle que nous la connaissons n’aurait
certainement pas été possible. On lui doit aussi la formation des aurores boréales (ou australes dans
l’hémisphère sud), résultat de l’interaction entre les particules chargées du vent solaire et la magnétos-
phère terrestre.
Pour des raisons qui nous sont encore inconnues, il semble que le champ magnétique terrestre a la capacité
de s’inverser de façon très rapide en termes de temps géologiques. De façon simple, le Nord magnétique
devient le Sud magnétique [Sm], et vice-versa. Ceci se traduit par une inversion des lignes de force. On
parle alors d’inversion du champ magnétique. Lorsque la polarité magnétique est dans le même sens
qu’aujourd’hui, elle est dite normale. Pendant les époques où elle est de sens opposé, elle est dite inverse.
Il y a cependant une légère subtilité : le pôle Nord magnétique actuel correspond en réalité au pôle Sud
d’un aimant situé au centre de la Terre avec des lignes de force émergeant plutôt au pôle Sud magnétique.
Le pôle Sud géographique est identifié comme Sg.
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Figure 1.1.18 – Les inversions du champ magnétique sur les planchers océaniques.
Les roches, par la présence de minéraux contenant du fer (p. ex. magnétite), enregistrent l’intensité et la
direction du champ magnétique au moment de leur formation. Par exemple, les cristaux de magnétite
dans une lave s’orientent selon le champ magnétique en vigueur au moment de la cristallisation du mag-
ma. (A) Lors des premières phases de l’exploration des fonds océaniques, les relevés de l’intensité du
champ magnétique à l’aide d’un magnétomètre toué par un bateau avaient montré l’existence sur ces fonds
d’une alternance de bandes parallèles où alternaient magnétisme faible et magnétisme élevé. On
s’expliquait mal cette situation. (B) Au début des années 1960, trois chercheurs (Vine, Matthews et Mor-
lay) en ont apporté l’explication et ont montré que l’existence de ces bandes d’anomalies magnétiques
venait supporter l’hypothèse de l’étalement des fonds océaniques. La formation de la lithosphère océa-
nique à la dorsale enregistre la polarité du champ magnétique terrestre au moment où cristallisent les
laves. Le plancher océanique qui s’étale se comporte comme la bande magnétique d’un magnétophone qui
fixe le son (ici, la polarité du champ magnétique) au fur et à mesure de son déroulement. Ce sont ces diffé-
rences de polarité magnétique qui sont responsables des anomalies de l’intensité du champ. La polarité
actuelle étant normale, les bandes d’intensité élevée correspondent aux bandes de polarité normale (résul-
tant d’un effet d’addition), alors que les bandes d’intensité faible correspondent aux bandes de polarité
inverse (résultant d’un effet de soustraction). Le schéma B montre comment se construit dans le temps un
plancher océanique constitué de bandes parallèles de polarité magnétique normale et inverse disposées
symétriquement de part et d’autre d’une dorsale.
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Mises à part les références citées ci-dessous, toutes les images proviennent du cours Planète Terre (GLG-
1000).